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1
Introduction :
L’étude du contenu du droit pénal spécial permet de se pencher d’une part, sur la
présentation que le législateur fait des infractions dans le code pénal, d’autre part,
sur les divisions internes du droit pénal spécial.
La présentation formelle des incriminations par le code pénal n’est pas anodine,
loin s'en faut, de sorte que l'évolution de la discipline devient plus facile à
appréhender au travers des mouvements de pénalisation et de dépénalisation.
Le droit pénal spécial reste une branche du droit pénal qui se rattache
naturellement au droit pénal général1.
Le droit pénal général a pour objet de fixer les règles relatives à la classification
des infractions, à leurs éléments constitutifs (matériel et moral), à l’interprétation
de la loi pénale, à son application dans le temps et l’espace 2.
La plupart des systèmes juridiques à travers le monde utilisent le droit pénal. Cette
branche du droit qualifie certains actes de crimes et les sanctionne d’une manière
unique à certains égards.
Ainsi, par exemple, les comportements punis par le droit civil ou le droit des
contrats forcent l’auteur d’un préjudice à payer des dommages à sa victime ou
parfois à être empêcher de persévérer ou répéter un certain acte. Mais, dans tous
les cas, c’est la victime qui intente un procès.
1
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013, p. 87.
2
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd., Ellypses, 2021,
p. 39.
2
Les crimes, quant à eux, déclenchent une action en justice de la part de l’Etat, et
le criminel est force de payer une amende à l’Etat ou de subir une sanction non-
monétaire, comme l’emprisonnement.
L’infraction est un acte ou une abstention contraire à la loi pénale et réprimé par
elle.
En vertu des dispositions juridiques de l’article 111 du code pénal, les infractions
sont qualifiées crime, délit correctionnel, délit de police ou contravention :
L’infraction que la loi punit d’une des peines prévues à l’article 16 est un crime
qui sont sont : la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une
durée de cinq à trente ans, la résidence forcée, la dégradation civique, l’infraction
que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe le maximum à plus
de deux ans est un délit correctionnel; L’infraction que la loi punit d’une peine
d’emprisonnement dont elle fixe le maximum à deux ans ou moins de deux ans,
ou d’une amende de plus de 200 dirhams est un délit de police; L’infraction que
la loi punit d'une des peines prévues à l’article 18 est une contravention.
Le droit pénal spécial va nous dire pour chaque infraction considérée ce que
recouvrent ces éléments constitutifs.
3
- Thierry MOREAU, Damien VANDERMEERSCH, Éléments de droit pénal, éd. La Charte,
2019, p. 56.
3
Il le fait en fonction de leur gravité et c’est donc la nature des peines qui nous
permet de dire en présence de quel type d’infraction nous nous trouvons :
contravention, délit ou crime.
Le droit pénal spécial va ainsi déterminer pour chaque infraction considérée les
peines applicables.
Chacune des infractions du droit pénal spécial vient protéger une valeur
essentielle.
Le terme infraction est défini par le législateur marocain, comme étant un acte ou
une abstention contraire à la loi pénale et réprimé par elle (l’article 110 Code
procédure pénale).
On pourrait définir ainsi l'infraction comme étant, une action humaine qui réalise
les faits constitutifs de l’infraction (premier élément), qui est illicite, c'est-à-dire
contraire au droit (deuxième élément) et qui est reprochable ou blâmable
(troisième élément).
Aucun individu ne peut invoquer pour son excuse l'ignorance de la loi pénale
(article 2 du code pénal).
Nul ne peut être condamné pour un fait qui n’est pas expressément prévu comme
infraction par la loi, ni puni de peines que la loi n’a pas édictées.
4
Nul ne peut être condamné pour un fait qui, selon la loi en vigueur au temps où il
a été commis, ne constituait pas une infraction.
Nul ne peut être condamné pour un fait qui, par l'effet d'une loi postérieure à sa
commission, ne constitue plus une infraction ; si une condamnation a été
prononcée, il est mis fin à l'exécution des peines tant principales qu'accessoires.
Sont soumis à la loi pénale marocaine, tous ceux qui, nationaux, étrangers ou
apatrides, se trouvent sur le territoire du Royaume, sauf les exceptions établies
par le droit public interne ou le droit international.
Aux termes de l’article 11 du code pénal, sont considérés comme faisant partie du
territoire, les navires ou les aéronefs marocains quel que soit l'endroit où ils se
trouvent, sauf s'ils sont soumis, en vertu du droit international, à une loi étrangère.
Notre étude portera sur les incriminations qui protègent la personne et ses droits
particuliers et notamment le droit à la vie et le droit à la propriété :
5
I- Les atteintes volontaires à la vie
Il est opportun d’analyser de point de vue juridique ce que c’est que l’infraction
d’homicide volontaire et ses éléments constitutifs.
L’homicide volontaire est défini par le code pénal dans son article 392 comme
étant le fait que tout individu qui donne intentionnellement la mort à autrui est
coupable de meurtre et puni de la réclusion perpétuelle.
6
En d’autres termes, l’action de préméditer c’est l’intention mûrie, délibérée,
c’est avoir la volonté criminelle mure et réfléchie de commettre l’acte.
A titre d’exemple, le fait qu’un individu ait déposé chez un tiers un explosif
destiné à le tuer, ou encore qu’une personne ait chargée une autre de tuer un tiers.
Pour ce qui est du guet-apens cela consiste à attendre plus ou moins de temps,
dans un ou divers lieux, un individu, soit pour lui donner la mort, soit pour exercer
sur lui des actes de violences.
D’après les dispositions de l’article 396 du code pénal, toute personne qui donne
intentionnellement ou volontairement la mort à son père, à sa mère ou à tout autre
ascendant est coupable de parricide et puni de la peine de mort.
Il y a également un autre cas d’homicide appelé infanticide prévu par les termes
de l’article 397 du code pénal qui dispose en substance que lorsqu’une personne
donne volontairement la mort à un enfant nouveau-né est coupable d’infanticide
4
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, « L’originalité de la circonstance aggravante de guet-
apens », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, n°3, 2010, p. 547.
5
- Yves MAYAUD, Carole GAYET, Code pénal annoté, éd., 2021, p. 68.
7
et puni, suivant les distinctions prévues aux articles 392 et 393, des peines édictées
à ces articles.
Quant à ceux qui réalisent un crime en employant des tortures ou tous autres actes
de barbarie se verront sanctionné d’une peine lourde qui est la peine de mort et
c’est ce qui ressort des dispositions de l’article 399 du code pénal.
Il est à souligner qu’il y a également des homicides involontaire par le fait d’une
personne qui par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou
inobservation des règlements, commet involontairement un homicide ou en est
involontairement la cause est puni de l'emprisonnement de trois mois à cinq ans
et d’une amende de 250 à 1.000 dirhams.
Les peines prévues aux deux articles précédents sont portées au double lorsque
l’auteur du délit a agi en état d’ivresse, ou a tenté, soit en prenant la fuite, soit en
modifiant l’état des lieux, soit par tout autre moyen, d’échapper à la responsabilité
pénale ou civile qu’il pouvait encourir.
8
Quant en France, aux termes de l’article 221-6 du code pénal, l’homicide
involontaire est le fait de causer par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui 6.
Dès lors, il résulte que si le comportement fautif n’a pas eu pour conséquence de
donner la mort alors l’infraction involontaire n’est pas constituée.
C’est à partir du moment où le résultat s’est réalisé que l’infraction est constituée.
- la maladresse ;
- l’imprudence ;
- l’inattention ;
- la négligence ;
- un manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la
loi ou le règlement.
6
- Jean PRADEL, Droit pénal général, 22 e m e éd., Cujas, 2019, p. 48.
9
d’abstention (par exemple, le chef d’entreprise qui omet d’appliquer les normes
d’hygiène et de sécurité)7.
Cette faute ne doit pas être confondue avec l’erreur de diagnostic qui n’engage la
responsabilité pénale du médecin que dans des cas exceptionnels.
Cependant dans des cas particuliers, cette erreur peut devenir fautive, et par
conséquent, entraîner la responsabilité pénale de son auteur lorsqu’elle est le
résultat d’une ignorance manifeste ou d’une négligence caractérisée de la part des
7
- Jean PRADEL, Droit pénal comparé, 4 é m e éd., Dalloz, 2019, p. 78.
10
praticiens (Absence de tout examen ou examen sommaire et hâtif, ignorance des
données élémentaires de la science médicale, absence de recours aux moyens
d’exploration).
Dans ces conditions, la faute résulte d’une erreur qui est dite « qualifiée », c’est-
à-dire d’une « erreur grossière ».
B- L’empoisonnement
L’empoisonnement c’est le fait d’une personne qui porte atteinte à la vie d’autrui
par l’emploi ou l’administration de substances toxiques qui peuvent donner la
mort plus ou moins promptement. L’auteur de cet acte se verra coupable
d'empoisonnement et puni de mort (article 398 du code pénal).
En France c’est un peu plus différent, car l’article 221-5 al. 2 du Code pénal
dispose que : « L’empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle».
Il s’agit là d’un autre point commun avec le meurtre, à ceci près l’existence d’une
période de sûreté obligatoire pour l’empoisonnement (C. Pén, art. 221-5 al. 4).
Lorsque l’empoisonnement se combine avec un autre crime (C. Pén, art. 221-2
al. 1er et art. 221-5 al. 3), avec préméditation (C. Pén, art. 221-3 al. 1er et art.
221-5 al. 3) ou lorsqu’il se commet sur un mineur de quinze ans ; sur un
ascendant légitime ou naturel ou sur les père ou mère adoptifs ; sur une personne
d’une particulière vulnérabilité (âge, maladie, infirmité, etc) ou sur une personne
ayant une certaine fonction (magistrat, juré, avocat, etc) alors la peine applicable
8
- Trib. Civ. de Lille, 30 juillet 1952, D, 1953, somm. p. 32.
9
- Trib. Civ. de Seine, 27 mai 1958, D, 1959, Somm. p.7 ; Cass. Civ. 1ère , 21 février 1984 ;
Cass. Crim., 20 avril 1982, D, 1983, Somm. p. 379.
10
- TGI Paris, 19 mars 1974, J.C.P. 1975.
11
est la réclusion criminelle à perpétuité 11.
L’élément matériel, c’est tout d’abord, il faut qu’il y ait eu un emploi ou une
administration. Peu importe la façon dont l’auteur a fait prendre le poison
(nourriture, breuvage, piqûre, absorption par la respiration, imprégnation par la
peau, etc.)13.
Si le poison doit être administré, il n’est pas indispensable qu’il le soit par la
personne même qui sera poursuivie pour empoisonnement.
En effet, pour qu’il y ait empoisonnement, il faut que la substance utilisée soit
objectivement mortelle. Pour le reste, peu importe sa consistance : solide, gazeuse,
en poudre ou même à l’état naturel (inoculation d’un virus).
11
- C. Pén, art. 221-4 et art. 221-5 al. 3.
12
- C.Pén, art. 131-38 al. 2.
13 Hurtado POZO, José GODEL, Droit pénal général, éd., Schulthess Verlag, 2019, p. 34.
-
12
Quantitativement, il y a empoisonnement non seulement à administrer en une
seule dose la qualité mortelle d’un produit, mais aussi à administrer sur une longue
période de temps des doses qui, prises isolément, ne sont pas mortelles 14.
14
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, op. cit., p. 49.
13
n'excédant pas vingt jours, est puni d’un emprisonnement d'un mois à un an et
d’une amende de 200 à 500 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.
Lorsque les blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait ont entraîné
une incapacité supérieure à vingt jours. Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-
apens ou emploi d’une arme, la peine est l’emprisonnement de deux à cinq ans et
l’amende de 250 à 2.000 dirhams.
Le coupable peut, en outre, être frappé pour cinq ans au moins et dix ans au plus
de l’interdiction d’un ou plusieurs des droits mentionnés à l’article 40 du code
pénal et de l’interdiction de séjour (Article 401 du code pénal).
Pour ce qui des blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait qui ont
entraîné une mutilation, amputation ou privation de l’usage d’un membre, cécité,
perte d’un œil ou toutes autres infirmités permanentes, la peine est la réclusion de
cinq à dix ans. Lorsqu'il y a eu préméditation ou guet-apens, ou emploi d'une
arme, la peine est la réclusion de dix à vingt ans (Article 402 du code pénal).
Lorsque les blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait, portés
volontairement mais sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée,
la peine est la réclusion de dix à vingt ans.
En vertu de l’article 404 du code pénal, tout individu qui porte des coups ou fait
des blessures volontairement à l'un de ses ascendants, à son kafil ou à son époux,
est sanctionné :
14
- Dans les cas et selon les distinctions prévues aux articles 400 et 401, du
double des peines ;
- Dans le cas prévu à l’alinéa 2, de la réclusion de vingt à trente ans ;
- Dans le cas prévu à l’alinéa 1 de l’article 403, de la réclusion de vingt à
trente ans et dans le cas prévu à l’alinéa 2, de la réclusion perpétuelle.
Selon le système français, cette infraction est prévue par le code pénal
aux articles 222-7 et suivants.
Il s’agit d’une infraction pouvant avoir plusieurs niveaux de gravité et pouvant
par conséquent revêtir la qualité de contravention, de délit ou de crime.
Pour ce qui est de l’élément matériel constitutif des coups et blessures, il faut
qu’il y ait la présence d’un acte de violence physique.
Les dispositions juridiques des articles 400 et suivants ne donnent pas une
définition exhaustive des violences, un comportement violent pouvant revêtir de
très nombreuses formes.
Sont alors réprimés tous les actes ayant entraîné un contact entre l’agresseur et la
victime, tels que les coups de poing, coups de pied, claques, gifles, etc15.
15
- André KUHN, Quelle avenir pour la justice pénale ?, Éd., L’Hébe, 2011, p. 78.
15
L’acte de violence constitutif des coups et blessures doit avoir eu pour
conséquence de porter atteinte à l’intégrité physique de la victime. Les coups
doivent donc avoir blessé la personne victime qui les a reçus.
Ainsi, afin de pouvoir condamner une personne pour coups et blessures, il faudra
simplement prouver que l’auteur des coups et blessures a eu l’intention de porter
des coups à sa victime.
Nous allons aborder les infractions des menaces, l’omission de porter secours à
personne en péril ou omission de porter secours. Ces atteintes de mise en danger
d’une personne sont prévues à partir de l’article 425 à 431 du code pénal.
A- Les menaces
Les menaces sont le fait qu’un individu menace d’un crime contre une personne
ou les propriétés par le moyen d’un écrit anonyme ou signé, image, symbole ou
emblème. L’auteur est puni de l’emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende
de 200 à 500 dirhams (Article 425 du code pénal).
Une menace est un message adressé par un écrit, une image ou tout autre objet à
une personne, lui faisant savoir qu’il sera porté atteinte à sa vie, éventuellement
sous certaines conditions souvent liées à ce que fera ou non cette personne,
généralement dans l’intérêt de l’auteur du message 16.
16
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, op. cit., p. 52.
16
Si la menace a été faite avec ordre de déposer une somme d’argent dans un lieu
indiqué, la peine est l’emprisonnement de deux à cinq ans et l’amende de 250 à
1.000 dirhams.
Si la menace a été faite avec ordre a été verbale, la peine est l’emprisonnement de
six mois à deux ans et l’amende de 200 à 250 dirhams.
D’après le code pénal français l’article 223-6, quiconque pouvant empêcher par
son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un
délit contre l’intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le
faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d'amende 17.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait
lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.
Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende
lorsque le crime ou le délit contre l’intégrité corporelle de la personne mentionnée
au premier alinéa est commis sur un mineur de quinze ans ou lorsque la personne
en péril mentionnée au deuxième alinéa est un mineur de quinze ans.
17
- Modifié par la loi n°2018-703 du 3 août 2018 - art. 5.
18
Les conditions concernant l’auteur de l’infraction :
En vertu des dispositions juridiques de l’article 352 du code pénal, est puni de la
réclusion perpétuelle tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout notaire ou adel
qui, dans l'exercice de ses fonctions, a commis un faux :
De plus, est punie de la réclusion de dix à vingt ans, toute personne autre que
celles désignées à l’article précédent qui commet un faux en écriture authentique
et publique :
Est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500
dirhams toute personne non partie à l’acte qui fait par-devant adoul une
déclaration qu'elle savait non conforme à la vérité. Toutefois, bénéficie d’une
excuse absolutoire dans les conditions prévues aux articles 143 à 145, celui qui,
ayant fait à titre de témoin devant adoul une déclaration non conforme à la vérité,
s’est rétracté avant que ne soit résulté de l’usage de l'acte un préjudice pour autrui
et avant qu’il n'ait lui-même été l'objet de poursuites (Article 355 du code pénal).
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B- Faux en écritures privées, de commerce ou de banque
Aux termes des dispositions juridiques de l’article 357, toute personne qui
commet ou tente de commettre un faux en écritures de commerce ou de banque
est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 250 à 20.000
dirhams. Le coupable peut, en outre, être frappé de l’interdiction de l’un ou
plusieurs des droits et d’une interdiction de séjour qui ne peut excéder cinq ans.
La peine peut être portée au double du maximum prévu au premier alinéa lorsque
le coupable de l'infraction est un banquier, un administrateur de société et, en
général, une personne ayant fait appel au public en vue de l’émission d’actions,
obligations, bons, parts ou titres quelconques, soit d’une société, soit d’une
entreprise commerciale ou industrielle.
21
V-Les atteintes aux biens
Le code pénal prévoit de nombreuses infractions relatives aux atteintes aux biens.
Les infractions relatives aux atteintes aux biens sont diverses. Les nuances entre
ces infractions voisines sont minces. La qualification de l’infraction est une étape
importante puisque la durée de prescription et la nature des éléments nécessaires
à la constitution de l’infraction en dépendent.
A- Le vol
Le vol est définit par la législation comme étant le fait que quand une personne
soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable de vol et
puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams
(Article 505 du code pénal).
L’article 311-3 du code pénal français dispose que : « Le vol est puni de trois
ans d’emprisonnement et de 45.000€ d’amende ».
Néanmoins, le régime est complexe puisque le code pénal prévoit beaucoup de
circonstances aggravantes.
Aux termes de l’article 506, est qualifié larcin et puni de l’emprisonnement d’un
mois à deux ans et d’une amende de 200 à 250 dirhams la soustraction frauduleuse
d’une chose de faible valeur appartenant à autrui. Les larcins commis avec les
circonstances aggravantes constituent des vols punis des pénalités édictées par la
législation en vigueur.
22
les coupables ou l’un d’eux détenaient l’arme dans le véhicule motorisé qui les a
conduits sur le lieu de l’infraction ou qu’ils auraient utilisé pour assurer leur
fuite18.
Sont punis de la réclusion de vingt à trente ans, les individus coupables de vol
commis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport des
voyageurs, des correspondances ou des bagages, ou dans l’enceinte des voies
ferrées, gares, ports, aéroports, quais de débarquement ou d’embarquement,
lorsque le vol a été commis avec l’une au moins des circonstances19.
Il convient de noter que sont punis de la réclusion de dix à vingt ans les individus
coupables de vol commis avec deux au moins des circonstances suivantes :
18
- Article 507 du code pénal.
19-
Yves MAYAUD, Carole GAYET, op. cit., p.68.
23
- Si le voleur est un ouvrier ou apprenti, dans la maison, l’atelier ou magasin
de son employeur ou s’il est un individu travaillant habituellement dans
l’habitation où il a volé.
En vertu des dispositions juridiques de l’article 510 du code pénal, sont punis de
la réclusion de cinq à dix ans les individus coupables de vol commis avec une
seule des circonstances suivantes :
Il est à préciser qu’est réputée maison habitée, tout bâtiment, logement, loge,
tente, cabine même mobile, qui, même sans être actuellement habité, est destiné
à l’habitation et tout ce qui en dépend comme cours, basses cours, granges,
écuries, édifices qui y sont enfermés, quel qu'en soit l'usage et quand même ils
auraient une clôture particulière dans la clôture ou enceinte générale.
Ils sont qualifiés fausses clés, tous crochets, clés imitées, contrefaites ou altérées
ou qui n’ont pas été destinées par le propriétaire ou locataire aux fermetures
quelconques auxquelles le coupable les a employées.
Est également considérée comme fausse clé, la véritable clé indûment retenue par
le coupable.
Quiconque contrefait ou altère des clés est puni de l’emprisonnement de trois mois
à deux ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams.
Sont considérés comme chemins publics, les routes, pistes, sentiers ou tous autres
lieux consacrés à l’usage du public, situés hors des agglomérations et où tout
individu peut librement circuler à toute heure du jour ou de la nuit, sans opposition
légale de qui que ce soit.
20
- Harald RENOUT, op. cit., p. 89.
25
Pour ce qui est de l’élément moral c’est la soustraction frauduleuse.
Il faut bien saisir que pour être caractérisé, le vol implique nécessairement la
preuve d’une volonté d’appropriation effective de la chose, de sorte que le vol est
une infraction matérielle qui implique un résultat.
Le vol est un délit puni de peine d’emprisonnement. Les sanctions pénales varient
en fonction des circonstances et des modalités du vol (usage d’une arme, bande
organisée, dissimulation du visage…).
- Le vol est commis par plusieurs personnes, sans qu’il s’agisse d’une bande
organisée ;
- Le vol est commis par une personne dépositaire de l’autorité publique
(fonctionnaire…) dans l’exercice de ses fonctions ;
- Le vol est commis par une personne qui se fait passer pour une personne
dépositaire de l’autorité publique ;
- Le vol est accompagné de violences sur autrui n’ayant pas entraîné
d’incapacité totale de travail ;
- Le vol est commis dans un transport en commun ou dans un établissement
scolaire ;
- Le vol s’accompagne de destructions, de dégradations ou de
détériorations ;
- Le vol à un motif raciste ;
- Le voleur a dissimulé volontairement son visage pour ne pas être reconnu.
26
B- L’escroquerie
La victime doit avoir agi volontairement après avoir été trompée sur les intentions
de l’auteur qui lui dissimule la vérité.
27
L’escroc peut tromper sa victime à l’aide d’un des moyens suivants :
L’escroquerie peut prendre des formes très simples ou parfois être de véritables
manœuvres frauduleuse avec d’éventuelles mises en scène et interventions de tiers
(complice). Un simple mensonge n’est pas de l’escroquerie. L’escroc doit avoir
imaginé son action (ruses, mise en scène, etc.).
28
- Arnaque à la romance (escroquerie aux sentiments) qui vise à obtenir une
somme d'argent de la victime qui a développé des sentiments envers
l’escroc.
D’après le droit français l’article 313-1 du code pénal énonce que l’escroquerie
« est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus
d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une
personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au
préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à
fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge ».
De plus, aux termes des dispositions juridiques de l’article 542 du code pénal, est
puni des peines de l’escroquerie prévue à l’alinéa premier de l’article 540,
quiconque de mauvaise foi :
Il faut noter ici qu’il y a une différence entre escroquerie et vol, dans ce dernier la
notion de soustraction est importante. Quant à l’escroquerie, on trouve la notion
de tromperie.
29
L’escroquerie ne peut résulter que d’un acte positif et non d’une simple omission.
L’élément matériel est donc l’un des trois éléments constitutifs de l’escroquerie.
Pour mieux comprendre cet élément, nous allons l’aborder par des cas de
décisions judiciaires. Nous verrons les différents procédés de tromperie auxquels
peut recourir l’auteur.
L’usage d’un faux nom consiste en un mensonge par l’escroc sur son identité. Le
faux nom « s’entend d’un faux nom patronymique ou d’un faux pseudonyme »
(Crim., 27 octobre 1999, n°98-86.017). Il n’est pas nécessaire que ce mensonge
soit accrédité par l’usage de manœuvres frauduleuses (Crim, 26 novembre 1891).
Constitue dès lors l’usage de faux nom le fait de changer de nom en vue de faire
croire à sa solvabilité (Crim., 26 octobre 1934).
Pour que l’abus de qualité vraie soit caractérisé, il est nécessaire qu’il soit utilisé
au détriment de victimes qui ne connaissent pas l’étendue exacte des pouvoirs que
confère la qualité dont l’escroc se targue (T. corr. Paris, 23 janvier 1984).
30
ne peut pas être simplement une série de mensonges (Crim., 30 juin 1971). Il peut
s’agir par exemple de la simulation d’un faux cambriolage afin de toucher
l’assurance (Crim., 19 juin 1931).
C- L’abus de faiblesse
Le droit pénal des affaires est, donc, du droit pénal, s’appliquant au monde des
affaires. Il emprunte ainsi aux grandes branches du droit pénal.
31
consommateur, lequel se réserve le droit de se faire rembourser les sommes
payées et d’être dédommagé sur les préjudices subis». En conséquent, il
appartiendra aux juridictions judicaires de caractériser cette infraction.
Ensuite, la même notion est reprise par le code pénal, notamment l’article 552 qui
sanctionne l’abus des besoins, des passions ou de l’inexpérience d’un mineur pour
lui faire souscrire à son préjudice, des obligations, décharges ou autres actes
engageant son patrimoine.
32
agent d’une société ou d’une entreprise commerciale ou industrielle, la remise de
fonds ou valeurs à titre de dépôt, de mandat ou de nantissement.
Les éléments constitutifs de l’abus de faiblesse sont, l’élément matériel qui est
tout d’abord la situation de la victime. Elle doit se trouver dans un état d’ignorance
ou dans une situation de faiblesse.
Il est judicieux que le législateur prévoit d’autres raisons pour justifier cet abus de
faiblesse comme à titre d’exemple en raison de la minorité, sa vulnérabilité due à
son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique
ou à un état de grossesse, sa situation psychologique ou physique résultant de
l’exercice de pressions graves ou réitérées altérant son jugement.
L’acte auquel a été conduite la personne vulnérable peut être tant matériel que
juridique. (Cass. Crim. française, 19 fév. 2014, n°12-87558).
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La Cour de cassation française rappelle que pour retenir l’abus de l’état
d’ignorance ou de la situation de faiblesse il faut un acte de nature à causer un
grave préjudice à la victime mais elle précise que cet acte ne doit pas pour autant
être valable ni le dommage réalisé. (Cass. Crim. française, 12 janv. 2000, n°99-
81.057).
Est passible de la même peine toute personne qui se maintient dans tout ou partie
d’un système de traitement automatisé de données auquel elle a accédé par erreur
et alors qu’elle n’en a pas le droit.
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supposé contenir des informations relatives à la sûreté intérieure ou extérieure de
l’Etat ou des secrets concernant l'économie nationale.
Aux termes des dispositions de l’article 607-8 du code pénal, la tentative des délits
est punie des mêmes peines que le délit lui-même.
D’après l’article 607-10 du code pénal, est puni d'un emprisonnement de deux à
cinq ans et d'une amende de 50.000 à 2.000.000 de dirhams le fait, pour toute
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personne, de fabriquer, d'acquérir, de détenir, de céder, d'offrir ou de mettre à
disposition des équipements, instruments, programmes informatiques ou toutes
données, conçus ou spécialement adaptés pour commettre les infractions prévues
au présent chapitre.
Le coupable peut, en outre, être frappé pour une durée de deux à dix ans de
l’interdiction d’exercice d’un ou de plusieurs des droits.
L’incapacité d’exercer toute fonction ou emploi publics pour une durée de deux à
dix ans ainsi que la publication ou l’affichage de la décision de condamnation
peuvent également être prononcés (Article 607-11 du code pénal).
Les peines et mesures de sûreté édictées sont applicables aux majeurs de dix-huit
ans.
Le droit pénal s’inscrit dans le droit des peines applicables aux délinquants. Il
englobe l’incrimination et la sanction.
La peine, pour ce qui la concerne, revêt plusieurs caractères : tout d’abord, elle
poursuit un but rétributif. Son objet demeure donc de châtier, de punir le criminel.
La peine constitue ainsi une sorte de compensation par rapport à l’infraction
commise. La peine est proportionnée à la culpabilité du délinquant.
Aux termes de l’article 16 du code pénal, les peines criminelles principales sont :
- La mort ;
- La réclusion perpétuelle ;
- La réclusion à temps pour une durée de cinq à trente ans ;
- La résidence forcée ;
- La dégradation civique.
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La peine de la réclusion s’exécute dans une maison centrale avec isolement
nocturne toutes les fois que la disposition des lieux le permet et avec le travail
obligatoire, hors le cas d’incapacité physique constatée.
Cette durée ne peut être inférieure à cinq ans, quand elle est prononcée comme
peine principale.
La peine de la détention s’exécute dans les prisons civiles ou dans leurs annexes,
avec travail obligatoire à l’intérieur ou à l’extérieur, hors le cas d’incapacité
physique constatée.
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Quand il y a eu détention préventive, celle-ci est intégralement déduite de la durée
de la peine et se calcule à partir du jour où le condamné a été, soit gardé à vue,
soit placé sous mandat de justice pour l'infraction ayant entraîné la condamnation.
- L’interdiction légale ;
- La dégradation civique ;
- La suspension de l’exercice de certains droits civiques, civils ;
- La perte ou la suspension du droit aux pensions servies par l’Etat et les
établissements publics.
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L’interdiction légale et la dégradation civique quand elle est accessoire, ne
s’attachent qu’aux peines criminelles. Elles n’ont pas à être prononcées et
s’appliquent de plein droit (Article 37 du code pénal).
En vertu de l’article 49 du code pénal, tout condamné doit subir entièrement les
peines prononcées contre lui, à moins que n’intervienne l’une des causes
d’extinction, de suspension ci-après :
- La mort du condamné;
- L’amnistie;
- L’abrogation de la loi pénale;
- La grâce;
- La prescription;
- Le sursis à l'exécution de la condamnation ;
- La libération conditionnelle;
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- La transaction lorsque la loi en dispose expressément.
Elle repose non pas sur la notion de culpabilité, mais sur la notion d’état
dangereux. Elle constitue cependant, de même que la peine, une sanction
puisqu’elle vise à protéger la société contre une action nuisible.
Aux termes de l’article 61 du code pénal, les mesures de sûreté personnelles sont
:
- La relégation ;
- L’obligation de résider dans un lieu déterminé ;
- L’interdiction de séjour ;
- L’internement judiciaire dans un établissement psychiatrique ;
- Le placement judiciaire dans un établissement thérapeutique ;
- Le placement judiciaire dans une colonie agricole;
- L’incapacité d’exercer toutes fonctions ou emplois publics ;
- L’interdiction d’exercer toute profession, activité ou art, subordonnés ou
non à une autorisation administrative ;
- La déchéance des droits de puissance paternelle.
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Quant aux mesures de sûreté réelles sont la confiscation des objets ayant un
rapport avec l’infraction ou des objets nuisibles ou dangereux, ou dont la
possession est illicite et la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre
une infraction.
- La mort du condamné ;
- L’amnistie ;
- L’abrogation de la loi pénale ;
- La grâce ;
- La prescription ;
- La libération conditionnelle ;
- La réhabilitation ;
- La transaction, lorsque la loi en dispose expressément. Le sursis à
l’exécution de la peine n’a pas d’effet sur les mesures de sûreté.
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Bibliographie :
Ouvrages :
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013.
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd.,
Ellypses, 2021.
- André KUHN, Quelle avenir pour la justice pénale ?, Éd., L’Hébe, 2011.
- Hurtado POZO, José GODEL, Droit pénal général, éd., Schulthess Verlag,
2019.
- Jean PRADEL, Droit pénal comparé, 4 eme éd., Dalloz, 2019.
- Jean PRADEL, Droit pénal général, 22 e éd., Cujas, 2019.
- Yves MAYAUD, Carole GAYET, Code pénal annoté, éd., 2021.
- Thierry MOREAU, Damien VANDERMEERSCH, Éléments de droit
pénal, éd., La Charte, 2019.
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013.
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd.,
Ellypses, 2021.
Revues :
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, « L’originalité de la circonstance
aggravante de guet-apens », Revue de science criminelle et de droit pénal
comparé, n°3, 2010.
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