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Cours :

Droit pénal spécial

Filière : Droit en français


Semestre : 4

Professeure Khadija ANOUAR

Année universitaire 2022-2023

1
Introduction :

L’étude du contenu du droit pénal spécial permet de se pencher d’une part, sur la
présentation que le législateur fait des infractions dans le code pénal, d’autre part,
sur les divisions internes du droit pénal spécial.

La présentation formelle des incriminations par le code pénal n’est pas anodine,
loin s'en faut, de sorte que l'évolution de la discipline devient plus facile à
appréhender au travers des mouvements de pénalisation et de dépénalisation.
Le droit pénal spécial reste une branche du droit pénal qui se rattache
naturellement au droit pénal général1.

Le droit pénal général a pour objet de fixer les règles relatives à la classification
des infractions, à leurs éléments constitutifs (matériel et moral), à l’interprétation
de la loi pénale, à son application dans le temps et l’espace 2.

La plupart des systèmes juridiques à travers le monde utilisent le droit pénal. Cette
branche du droit qualifie certains actes de crimes et les sanctionne d’une manière
unique à certains égards.

Ainsi, par exemple, les comportements punis par le droit civil ou le droit des
contrats forcent l’auteur d’un préjudice à payer des dommages à sa victime ou
parfois à être empêcher de persévérer ou répéter un certain acte. Mais, dans tous
les cas, c’est la victime qui intente un procès.

1
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013, p. 87.
2
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd., Ellypses, 2021,
p. 39.

2
Les crimes, quant à eux, déclenchent une action en justice de la part de l’Etat, et
le criminel est force de payer une amende à l’Etat ou de subir une sanction non-
monétaire, comme l’emprisonnement.

Le droit pénal spécial détermine en particulier pour chaque infraction ce


qu’énonce le droit pénal général : les éléments constitutifs, dont l’élément
matériel et l’élément moral, ainsi que la peine encourue.

L’infraction est un acte ou une abstention contraire à la loi pénale et réprimé par
elle.

En vertu des dispositions juridiques de l’article 111 du code pénal, les infractions
sont qualifiées crime, délit correctionnel, délit de police ou contravention :
L’infraction que la loi punit d’une des peines prévues à l’article 16 est un crime
qui sont sont : la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une
durée de cinq à trente ans, la résidence forcée, la dégradation civique, l’infraction
que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe le maximum à plus
de deux ans est un délit correctionnel; L’infraction que la loi punit d’une peine
d’emprisonnement dont elle fixe le maximum à deux ans ou moins de deux ans,
ou d’une amende de plus de 200 dirhams est un délit de police; L’infraction que
la loi punit d'une des peines prévues à l’article 18 est une contravention.

Le droit pénal spécial va nous dire pour chaque infraction considérée ce que
recouvrent ces éléments constitutifs.

De la même manière, le droit pénal général détermine la classification tripartite


des infractions 3.

3
- Thierry MOREAU, Damien VANDERMEERSCH, Éléments de droit pénal, éd. La Charte,
2019, p. 56.

3
Il le fait en fonction de leur gravité et c’est donc la nature des peines qui nous
permet de dire en présence de quel type d’infraction nous nous trouvons :
contravention, délit ou crime.

Le droit pénal spécial va ainsi déterminer pour chaque infraction considérée les
peines applicables.

Chacune des infractions du droit pénal spécial vient protéger une valeur
essentielle.

Cette valeur demeure la raison pour laquelle le comportement est défendu.


Certaines infractions vont défendre la même valeur essentielle, mais de manière
différente.

Le terme infraction est défini par le législateur marocain, comme étant un acte ou
une abstention contraire à la loi pénale et réprimé par elle (l’article 110 Code
procédure pénale).

On pourrait définir ainsi l'infraction comme étant, une action humaine qui réalise
les faits constitutifs de l’infraction (premier élément), qui est illicite, c'est-à-dire
contraire au droit (deuxième élément) et qui est reprochable ou blâmable
(troisième élément).

La loi pénale détermine et constitue en infractions les faits de l’homme qui, à


raison du trouble social qu'ils provoquent, justifient l’application à leur auteur de
peines ou de mesures de sûreté.

Aucun individu ne peut invoquer pour son excuse l'ignorance de la loi pénale
(article 2 du code pénal).

Nul ne peut être condamné pour un fait qui n’est pas expressément prévu comme
infraction par la loi, ni puni de peines que la loi n’a pas édictées.

4
Nul ne peut être condamné pour un fait qui, selon la loi en vigueur au temps où il
a été commis, ne constituait pas une infraction.

Nul ne peut être condamné pour un fait qui, par l'effet d'une loi postérieure à sa
commission, ne constitue plus une infraction ; si une condamnation a été
prononcée, il est mis fin à l'exécution des peines tant principales qu'accessoires.

Sont soumis à la loi pénale marocaine, tous ceux qui, nationaux, étrangers ou
apatrides, se trouvent sur le territoire du Royaume, sauf les exceptions établies
par le droit public interne ou le droit international.

Aux termes de l’article 11 du code pénal, sont considérés comme faisant partie du
territoire, les navires ou les aéronefs marocains quel que soit l'endroit où ils se
trouvent, sauf s'ils sont soumis, en vertu du droit international, à une loi étrangère.

La loi pénale marocaine s'applique aux infractions commises hors du Royaume


lorsqu'elles relèvent de la compétence des juridictions répressives marocaines.

Notre étude portera sur les incriminations qui protègent la personne et ses droits
particuliers et notamment le droit à la vie et le droit à la propriété :

Le contenu du cours de droit pénal spécial :

- Les atteintes volontaires à la vie : l’homicide volontaire et involontaire,


l’empoisonnement.
- Les atteintes volontaires à l’intégrité physique : les violences ou coups et
blessures.
- Les atteintes de mise en danger de la personne : menaces, l’omission de
porter secours à personne en péril ou omission de porter secours.
- Les atteintes aux personnes : Faux en écritures.
- Les atteintes aux biens : le vol, le larcin, l’escroquerie, l’abus de faiblesse
- Les atteintes aux systèmes de traitement automatisé des données.

5
I- Les atteintes volontaires à la vie

Nous allons aborder l’homicide volontaire, l’empoisonnement et des violences


qui sont édictées à partir des articles 392 à 424 du code pénal.

Qu’est-ce que les atteintes volontaires à la vie : l’homicide volontaire et


l’empoisonnement ?

A- L’homicide volontaire, l’empoisonnement

Il est opportun d’analyser de point de vue juridique ce que c’est que l’infraction
d’homicide volontaire et ses éléments constitutifs.

L’homicide volontaire est défini par le code pénal dans son article 392 comme
étant le fait que tout individu qui donne intentionnellement la mort à autrui est
coupable de meurtre et puni de la réclusion perpétuelle.

Toutefois, le meurtre est puni de mort :

- Lorsqu’il a précédé, accompagné, ou suivi un autre crime ;


- Lorsqu’il a eu pour objet, soit de préparer, faciliter ou exécuter un autre
crime ou un délit, soit de favoriser la fuite ou d’assurer l’impunité des
auteurs ou complices de ce crime ou de ce délit.

Notons qu’il est qualifié d’assassinat le meurtre commis avec préméditation ou


guet-apens et réprimé de la peine de mort.

Il est nécessaire d’apporter quelques précisions concernant ce que c’est que la


préméditation, cela consiste dans le dessein, formé avant l’action, d'attenter à la
personne d'un individu déterminé, ou même de celui qui sera trouvé ou rencontré,
quand même ce dessein dépendrait de quelque circonstance ou de quelque
condition.

6
En d’autres termes, l’action de préméditer c’est l’intention mûrie, délibérée,
c’est avoir la volonté criminelle mure et réfléchie de commettre l’acte.

Aussi, plusieurs formules sont proposées par la doctrine :

 « le dessein mûrement réfléchi et persistant d’attenter à la vie d’autrui par des


moyens soigneusement choisis dans l’intention de réussir l’entreprise coupable4.
» (A. VITU) ;
 « la volonté qui se manifeste de façon durable et organisée avant l’action ». (J.
PRADEL)5.

A titre d’exemple, le fait qu’un individu ait déposé chez un tiers un explosif
destiné à le tuer, ou encore qu’une personne ait chargée une autre de tuer un tiers.

Pour ce qui est du guet-apens cela consiste à attendre plus ou moins de temps,
dans un ou divers lieux, un individu, soit pour lui donner la mort, soit pour exercer
sur lui des actes de violences.

Le fait d’attendre quelqu’un dans un endroit afin de l’attaquer par surprise.

En outre, la législation en vigueur prévoit d’autres cas un peu plus spécifique.

D’après les dispositions de l’article 396 du code pénal, toute personne qui donne
intentionnellement ou volontairement la mort à son père, à sa mère ou à tout autre
ascendant est coupable de parricide et puni de la peine de mort.

Il y a également un autre cas d’homicide appelé infanticide prévu par les termes
de l’article 397 du code pénal qui dispose en substance que lorsqu’une personne
donne volontairement la mort à un enfant nouveau-né est coupable d’infanticide

4
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, « L’originalité de la circonstance aggravante de guet-
apens », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, n°3, 2010, p. 547.
5
- Yves MAYAUD, Carole GAYET, Code pénal annoté, éd., 2021, p. 68.

7
et puni, suivant les distinctions prévues aux articles 392 et 393, des peines édictées
à ces articles.

Toutefois, si la mère est auteur principal ou complice du meurtre ou de l'assassinat


de son enfant nouveau-né, est punie de la peine de la réclusion de cinq à dix ans.

Quant à ceux qui réalisent un crime en employant des tortures ou tous autres actes
de barbarie se verront sanctionné d’une peine lourde qui est la peine de mort et
c’est ce qui ressort des dispositions de l’article 399 du code pénal.

Il est à souligner qu’il y a également des homicides involontaire par le fait d’une
personne qui par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou
inobservation des règlements, commet involontairement un homicide ou en est
involontairement la cause est puni de l'emprisonnement de trois mois à cinq ans
et d’une amende de 250 à 1.000 dirhams.

De plus, quand un individu par maladresse, imprudence, inattention, négligence


ou inobservation des règlements, cause involontairement des blessures, coups ou
maladies entraînant une incapacité de travail personnel de plus de six jours est
puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 200 à 500
dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement (Article 433 du code pénal).

Les peines prévues aux deux articles précédents sont portées au double lorsque
l’auteur du délit a agi en état d’ivresse, ou a tenté, soit en prenant la fuite, soit en
modifiant l’état des lieux, soit par tout autre moyen, d’échapper à la responsabilité
pénale ou civile qu’il pouvait encourir.

Quiconque provoque involontairement un incendie qui entraîne la mort d’une ou


de plusieurs personnes ou leur cause des blessures, est coupable d'homicide ou de
blessures involontaires et puni comme tel en application des trois articles
précédents (Article 435 du code pénal).

8
Quant en France, aux termes de l’article 221-6 du code pénal, l’homicide
involontaire est le fait de causer par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui 6.

L’élément matériel de l’infraction suppose tout d’abord, un résultat : la mort de


la victime, ensuite, un comportement fautif (maladresse, une imprudence, une
négligence…)
Le résultat c’est la mort de la victime qui suppose que cela soit caractérisé par le
décès de la victime. Ce n’est donc pas la faute elle-même qui est réprimée mais la
faute en ce qu’elle a eu pour conséquence d’aboutir à ce résultat.

Dès lors, il résulte que si le comportement fautif n’a pas eu pour conséquence de
donner la mort alors l’infraction involontaire n’est pas constituée.
C’est à partir du moment où le résultat s’est réalisé que l’infraction est constituée.

Les comportements fautifs incriminés sont divers. La législation ne décrit pas un


comportement précis mais vise plusieurs catégories :

- la maladresse ;
- l’imprudence ;
- l’inattention ;
- la négligence ;
- un manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la
loi ou le règlement.

Les comportements fautifs peuvent recouvrir à la fois des actes de commission


(par exemple un automobiliste qui roule trop vite) mais aussi des actes

6
- Jean PRADEL, Droit pénal général, 22 e m e éd., Cujas, 2019, p. 48.

9
d’abstention (par exemple, le chef d’entreprise qui omet d’appliquer les normes
d’hygiène et de sécurité)7.

Pour l’élément moral de l’infraction d’homicide involontaire. Ce dernier relève


des infractions non intentionnelles. Elles sont involontaires parce que le résultat
en l’occurrence l’homicide n’a en rien été voulu par l’auteur. Cela les distingue
des infractions intentionnelles que sont le meurtre ou les violences par exemple.
Cependant, cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont dépourvues de toute
volonté mais c’est une volonté qui ne porte pas sur le résultat mais sur le
comportement.

A titre d’exemple, un automobiliste qui roule trop vite circule en connaissance du


caractère excessif de sa vitesse : il a voulu rouler trop vite mais n’a en rien voulu
porter atteinte à la vie du piéton.

De plus à titre d’illustration également, la responsabilité pénale du praticien peut


être engagée bien que ce dernier n’est pas voulu causer le dommage. En effet la
loi pénale sanctionne même en l’absence d’intention délictueuse, dès lors qu’est
retenue une faute non intentionnelle.

Cette faute ne doit pas être confondue avec l’erreur de diagnostic qui n’engage la
responsabilité pénale du médecin que dans des cas exceptionnels.

La faute non intentionnelle doit être distinguée de l’erreur de diagnostic. Le


principe est que l’erreur simple de diagnostic ne constitue pas une faute pénale
non intentionnelle.

Cependant dans des cas particuliers, cette erreur peut devenir fautive, et par
conséquent, entraîner la responsabilité pénale de son auteur lorsqu’elle est le
résultat d’une ignorance manifeste ou d’une négligence caractérisée de la part des

7
- Jean PRADEL, Droit pénal comparé, 4 é m e éd., Dalloz, 2019, p. 78.

10
praticiens (Absence de tout examen ou examen sommaire et hâtif, ignorance des
données élémentaires de la science médicale, absence de recours aux moyens
d’exploration).

Dans ces conditions, la faute résulte d’une erreur qui est dite « qualifiée », c’est-
à-dire d’une « erreur grossière ».

La jurisprudence française des cours et tribunaux a en effet sanctionné une telle


erreur révélant une ignorance ou une négligence inadmissible 8, un médecin qui a
fait preuve d’une méconnaissance grossière de son art9, une erreur inexcusable 10.

B- L’empoisonnement

L’empoisonnement c’est le fait d’une personne qui porte atteinte à la vie d’autrui
par l’emploi ou l’administration de substances toxiques qui peuvent donner la
mort plus ou moins promptement. L’auteur de cet acte se verra coupable
d'empoisonnement et puni de mort (article 398 du code pénal).

En France c’est un peu plus différent, car l’article 221-5 al. 2 du Code pénal
dispose que : « L’empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle».

Il s’agit là d’un autre point commun avec le meurtre, à ceci près l’existence d’une
période de sûreté obligatoire pour l’empoisonnement (C. Pén, art. 221-5 al. 4).

Lorsque l’empoisonnement se combine avec un autre crime (C. Pén, art. 221-2
al. 1er et art. 221-5 al. 3), avec préméditation (C. Pén, art. 221-3 al. 1er et art.
221-5 al. 3) ou lorsqu’il se commet sur un mineur de quinze ans ; sur un
ascendant légitime ou naturel ou sur les père ou mère adoptifs ; sur une personne
d’une particulière vulnérabilité (âge, maladie, infirmité, etc) ou sur une personne
ayant une certaine fonction (magistrat, juré, avocat, etc) alors la peine applicable

8
- Trib. Civ. de Lille, 30 juillet 1952, D, 1953, somm. p. 32.
9
- Trib. Civ. de Seine, 27 mai 1958, D, 1959, Somm. p.7 ; Cass. Civ. 1ère , 21 février 1984 ;
Cass. Crim., 20 avril 1982, D, 1983, Somm. p. 379.
10
- TGI Paris, 19 mars 1974, J.C.P. 1975.

11
est la réclusion criminelle à perpétuité 11.

Si la responsabilité pénale d’une personne morale s’avère engagée, celle-ci ne


pourra bien évidemment pas se voir condamnée à une peine d’emprisonnement
mais à une amende. Dans le cas des crimes comme l’emprisonnement, la loi
prévoit une amende encourue d’un million d’euros 12.

L’élément matériel, c’est tout d’abord, il faut qu’il y ait eu un emploi ou une
administration. Peu importe la façon dont l’auteur a fait prendre le poison
(nourriture, breuvage, piqûre, absorption par la respiration, imprégnation par la
peau, etc.)13.
Si le poison doit être administré, il n’est pas indispensable qu’il le soit par la
personne même qui sera poursuivie pour empoisonnement.

En effet, pour qu’il y ait empoisonnement, il faut que la substance utilisée soit
objectivement mortelle. Pour le reste, peu importe sa consistance : solide, gazeuse,
en poudre ou même à l’état naturel (inoculation d’un virus).

Qualitativement, la nature du produit ne dépend pas de ses caractéristiques


intrinsèques mais de l’usage qui en est fait.

Pour mieux comprendre, un ensemble de produits anodins est un poison si leur


mélange les rend mortels, même chose pour un produit dont l’auteur a
connaissance de l’allergie de la victime pour ce dernier.

11
- C. Pén, art. 221-4 et art. 221-5 al. 3.
12
- C.Pén, art. 131-38 al. 2.
13 Hurtado POZO, José GODEL, Droit pénal général, éd., Schulthess Verlag, 2019, p. 34.
-
12
Quantitativement, il y a empoisonnement non seulement à administrer en une
seule dose la qualité mortelle d’un produit, mais aussi à administrer sur une longue
période de temps des doses qui, prises isolément, ne sont pas mortelles 14.

L’élément moral c’est le fait que l’empoisonnement est une infraction


intentionnelle qui suppose nécessairement, d’une part, la connaissance du
caractère mortel du produit et, d’autre part, le caractère volontaire de
l’administration.

II- Les atteintes volontaires à l’intégrité physique

Il est opportun d’analyser les coups et blessures et ses éléments constitutifs.

L’élément légal d’une infraction est le texte décrivant le comportement


répréhensible et prévoit la peine associée à ce comportement. Toute infraction
nécessite un élément légal pour pouvoir être reprochée à un individu. En droit
pénal, les infractions puisent leur élément légal dans le code pénal.

Les coups et blessures s’avèrent définis comme l’infraction d’atteintes volontaires


à l’intégrité physique de la personne, ou encore de violences physiques, et
trouvent leur fondement dans les articles 400 et suivants du code pénal.

Aux termes des dispositions de l’article 400 du code pénal, quiconque,


volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toutes
autres violences ou voies de fait, soit qu'ils n’ont causé ni maladie, ni incapacité,
soit qu’ils ont entraîné une maladie ou une incapacité de travail personnel

14
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, op. cit., p. 49.

13
n'excédant pas vingt jours, est puni d’un emprisonnement d'un mois à un an et
d’une amende de 200 à 500 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.

Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-apens ou emploi d’une arme, la peine est


l’emprisonnement de six mois à deux ans et l’amende de 200 à 1.000 dirhams.

Les coups et blessures sont sanctionnées d’une peine d’emprisonnement d’un à


trois ans et l’amende de 200 à 1.000 dirhams

Lorsque les blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait ont entraîné
une incapacité supérieure à vingt jours. Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-
apens ou emploi d’une arme, la peine est l’emprisonnement de deux à cinq ans et
l’amende de 250 à 2.000 dirhams.

Le coupable peut, en outre, être frappé pour cinq ans au moins et dix ans au plus
de l’interdiction d’un ou plusieurs des droits mentionnés à l’article 40 du code
pénal et de l’interdiction de séjour (Article 401 du code pénal).

Pour ce qui des blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait qui ont
entraîné une mutilation, amputation ou privation de l’usage d’un membre, cécité,
perte d’un œil ou toutes autres infirmités permanentes, la peine est la réclusion de
cinq à dix ans. Lorsqu'il y a eu préméditation ou guet-apens, ou emploi d'une
arme, la peine est la réclusion de dix à vingt ans (Article 402 du code pénal).

Lorsque les blessures ou les coups ou autres violences ou voies de fait, portés
volontairement mais sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée,
la peine est la réclusion de dix à vingt ans.

Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-apens ou emploi d’une arme, la peine est


la réclusion perpétuelle.

En vertu de l’article 404 du code pénal, tout individu qui porte des coups ou fait
des blessures volontairement à l'un de ses ascendants, à son kafil ou à son époux,
est sanctionné :

14
- Dans les cas et selon les distinctions prévues aux articles 400 et 401, du
double des peines ;
- Dans le cas prévu à l’alinéa 2, de la réclusion de vingt à trente ans ;
- Dans le cas prévu à l’alinéa 1 de l’article 403, de la réclusion de vingt à
trente ans et dans le cas prévu à l’alinéa 2, de la réclusion perpétuelle.

Selon le système français, cette infraction est prévue par le code pénal
aux articles 222-7 et suivants.
Il s’agit d’une infraction pouvant avoir plusieurs niveaux de gravité et pouvant
par conséquent revêtir la qualité de contravention, de délit ou de crime.

Pour ce qui est de l’élément matériel constitutif des coups et blessures, il faut
qu’il y ait la présence d’un acte de violence physique.
Les dispositions juridiques des articles 400 et suivants ne donnent pas une
définition exhaustive des violences, un comportement violent pouvant revêtir de
très nombreuses formes.

Ainsi, le seul élément matériel nécessaire à la qualification de l’infraction de


coups et blessures est un acte de violence.

Sont alors réprimés tous les actes ayant entraîné un contact entre l’agresseur et la
victime, tels que les coups de poing, coups de pied, claques, gifles, etc15.

Les violences sont également qualifiées lorsque le contact entre l’agresseur et la


victime n’est pas direct, mais est réalisé au moyen d’un objet (arme, animal,
voiture, ou tout autre objet de la vie courante).

15
- André KUHN, Quelle avenir pour la justice pénale ?, Éd., L’Hébe, 2011, p. 78.

15
L’acte de violence constitutif des coups et blessures doit avoir eu pour
conséquence de porter atteinte à l’intégrité physique de la victime. Les coups
doivent donc avoir blessé la personne victime qui les a reçus.

Quant à l’élément moral constitutif des coups et blessures c’est également


nommé élément intentionnel, représente la volonté de l’agresseur de porter des
coups sur la personne de sa victime, donc d’attenter à son intégrité.
Cet élément intentionnel n’est que le fait de vouloir l’acte de violence, et non de
désirer le dommage, la blessure que cet acte a infligé à la victime.

Ainsi, afin de pouvoir condamner une personne pour coups et blessures, il faudra
simplement prouver que l’auteur des coups et blessures a eu l’intention de porter
des coups à sa victime.

III- Les atteintes de mise en danger de la personne

Nous allons aborder les infractions des menaces, l’omission de porter secours à
personne en péril ou omission de porter secours. Ces atteintes de mise en danger
d’une personne sont prévues à partir de l’article 425 à 431 du code pénal.

A- Les menaces

Les menaces sont le fait qu’un individu menace d’un crime contre une personne
ou les propriétés par le moyen d’un écrit anonyme ou signé, image, symbole ou
emblème. L’auteur est puni de l’emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende
de 200 à 500 dirhams (Article 425 du code pénal).

Une menace est un message adressé par un écrit, une image ou tout autre objet à
une personne, lui faisant savoir qu’il sera porté atteinte à sa vie, éventuellement
sous certaines conditions souvent liées à ce que fera ou non cette personne,
généralement dans l’intérêt de l’auteur du message 16.

16
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, op. cit., p. 52.
16
Si la menace a été faite avec ordre de déposer une somme d’argent dans un lieu
indiqué, la peine est l’emprisonnement de deux à cinq ans et l’amende de 250 à
1.000 dirhams.

Si la menace a été faite avec ordre a été verbale, la peine est l’emprisonnement de
six mois à deux ans et l’amende de 200 à 250 dirhams.

Comment prouver les menaces ?


Pour être caractérisé, le délit de menaces nécessite la preuve des éléments
suivants.

Qu’en est-il de l’élément matériel de l’infraction de la menace ?

En ce qui concerne les menaces sans ordre ni condition,


il faut tout d’abord une menace de commettre un crime ou un délit contre les
personnes.

En second lieu, la menace doit s’adresser à une personne déterminée ou aisément


déterminable.
Enfin faite avec l’ordre de remplir une condition. L’ordre peut être un ordre de
faire ou de s’abstenir de faire quelque chose.

L’élément moral de l’infraction de la menace, il s’agit d’infractions


intentionnelles, il est nécessaire de déterminer l’intention de nuire de l’auteur.

B- L’omission de porter secours

Quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance


que sans risque pour lui, ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action
personnelle, soit en provoquant un secours. Cette infraction est prévue par l’article
431 du code pénal.
17
La peine encourue est l’emprisonnement de trois à deux ans et d’une amende de
2000 à 10.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.

Cette infraction incrimine le fait de ne pas porter volontairement secours à une


personne en péril, alors qu’il aurait pu le faire sans risque pour lui ou pour les
tiers. Il aurait dû lui prêter assistance par son action personnelle ou en provoquant
le secours.

D’après le code pénal français l’article 223-6, quiconque pouvant empêcher par
son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un
délit contre l’intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le
faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d'amende 17.

Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait
lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.

Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende
lorsque le crime ou le délit contre l’intégrité corporelle de la personne mentionnée
au premier alinéa est commis sur un mineur de quinze ans ou lorsque la personne
en péril mentionnée au deuxième alinéa est un mineur de quinze ans.

Les conditions relatives au péril dans non-assistance à personne en péril :

 En premier lieu, il faut que la personne en péril soit vivante ;


 En second lieu, le péril auquel est exposé la personne doit être réel ;
 Puis, la vie, la santé ou l’intégrité physique de la personne doivent être en danger ;
 Aussi, le péril peut avoir de nombreuses origines : une maladie, la faute d’un tiers,
un accident, un fait extérieur (tempête…), la faute du débiteur… ;
 Également, le péril doit être immédiat.

17
- Modifié par la loi n°2018-703 du 3 août 2018 - art. 5.

18
Les conditions concernant l’auteur de l’infraction :

 D’abord, l’auteur de l’infraction doit avoir connaissance du péril ;


 Ensuite, il aurait pu porter secours sans qu’il en résulte un risque pour lui-même
ou pour autrui ;
 De plus, il n’a pas porté secours à la victime de façon volontaire ;
 Enfin, on est en présence d’un délit formel, c’est-à-dire que la personne doit faire
tout son possible pour aider la victime.
Il est indifférent qu’il réussisse à la sauver ou pas. Il faut cependant utiliser les
moyens appropriés pour mettre fin au péril.

IV- Les atteintes à la personne

En tant qu’infractions pénales, le faux et l’usage de faux ont plusieurs éléments


constitutifs. Tout d’abord, le faux est un délit sanctionné dans le code pénal.

Toutefois, la falsification de n’importe quel écrit ou tout autre support


d’expression de la pensée ne permet pas de caractériser un faux.

A- Le faux en écriture publique ou authentique

Le faux en écritures est l’altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un


préjudice et accomplie dans un écrit par un des moyens déterminés par la loi.

En vertu des dispositions juridiques de l’article 352 du code pénal, est puni de la
réclusion perpétuelle tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout notaire ou adel
qui, dans l'exercice de ses fonctions, a commis un faux :

- soit par fausses signatures ;


- soit par altération des actes, écritures ou signatures ;
- soit par supposition ou substitution de personnes ;
- soit par des écritures faites ou intercalées sur des registres ou sur d'autres
actes publics, depuis leur confection ou clôture.
19
En outre de l’article 353 du code pénal, est puni de la réclusion perpétuelle, tout
magistrat, tout fonctionnaire public, tout notaire ou adel qui, en rédigeant des actes
de sa fonction, en dénature frauduleusement la substance ou les circonstances, soit
en écrivant des conventions autres que celles qui ont été tracées ou dictées par les
parties, soit en constatant comme vrais des faits qu'il savait faux, soit en attestant
comme ayant été avoués ou s'étant passés en sa présence des faits qui ne l'étaient
pas, soit en omettant ou modifiant volontairement des déclarations reçues par lui.

De plus, est punie de la réclusion de dix à vingt ans, toute personne autre que
celles désignées à l’article précédent qui commet un faux en écriture authentique
et publique :

- soit par contrefaçon ou altération d'écriture ou de signature ;


- soit par fabrication de conventions, dispositions, obligations ou décharges
ou par leur insertion ultérieure dans ces actes ;
- soit par addition, omission ou altération de clauses, de déclarations ou de
faits que ces actes avaient pour objet de recevoir et de constater ;
- soit par supposition ou substitution de personnes (Article 354 du code
pénal).

Est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500
dirhams toute personne non partie à l’acte qui fait par-devant adoul une
déclaration qu'elle savait non conforme à la vérité. Toutefois, bénéficie d’une
excuse absolutoire dans les conditions prévues aux articles 143 à 145, celui qui,
ayant fait à titre de témoin devant adoul une déclaration non conforme à la vérité,
s’est rétracté avant que ne soit résulté de l’usage de l'acte un préjudice pour autrui
et avant qu’il n'ait lui-même été l'objet de poursuites (Article 355 du code pénal).

20
B- Faux en écritures privées, de commerce ou de banque

Aux termes des dispositions juridiques de l’article 357, toute personne qui
commet ou tente de commettre un faux en écritures de commerce ou de banque
est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 250 à 20.000
dirhams. Le coupable peut, en outre, être frappé de l’interdiction de l’un ou
plusieurs des droits et d’une interdiction de séjour qui ne peut excéder cinq ans.

La peine peut être portée au double du maximum prévu au premier alinéa lorsque
le coupable de l'infraction est un banquier, un administrateur de société et, en
général, une personne ayant fait appel au public en vue de l’émission d’actions,
obligations, bons, parts ou titres quelconques, soit d’une société, soit d’une
entreprise commerciale ou industrielle.

De plus, toute personne qui commet ou tente de commettre un faux en écritures


privées est punie de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 250 à
2.000 dirhams (Article 358 du code pénal).

Le coupable peut, en outre, être frappé de l’interdiction de l’un ou plusieurs des


droits et d’une interdiction de séjour qui ne peut excéder cinq ans.

21
V-Les atteintes aux biens

Le code pénal prévoit de nombreuses infractions relatives aux atteintes aux biens.

Les infractions relatives aux atteintes aux biens sont diverses. Les nuances entre
ces infractions voisines sont minces. La qualification de l’infraction est une étape
importante puisque la durée de prescription et la nature des éléments nécessaires
à la constitution de l’infraction en dépendent.

A- Le vol

Le vol est définit par la législation comme étant le fait que quand une personne
soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable de vol et
puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams
(Article 505 du code pénal).

L’article 311-3 du code pénal français dispose que : « Le vol est puni de trois
ans d’emprisonnement et de 45.000€ d’amende ».
Néanmoins, le régime est complexe puisque le code pénal prévoit beaucoup de
circonstances aggravantes.

Aux termes de l’article 506, est qualifié larcin et puni de l’emprisonnement d’un
mois à deux ans et d’une amende de 200 à 250 dirhams la soustraction frauduleuse
d’une chose de faible valeur appartenant à autrui. Les larcins commis avec les
circonstances aggravantes constituent des vols punis des pénalités édictées par la
législation en vigueur.

En outre, toute personne est puni de la réclusion perpétuelle les individus


coupables de vol, si les voleurs ou l’un d'eux étaient porteurs de manière apparente
ou cachée d’une arme, même si le vol a été commis par une seule personne et en
l’absence de toute autre circonstance aggravante. La même peine est applicable si

22
les coupables ou l’un d’eux détenaient l’arme dans le véhicule motorisé qui les a
conduits sur le lieu de l’infraction ou qu’ils auraient utilisé pour assurer leur
fuite18.

Sont punis de la réclusion de vingt à trente ans, les individus coupables de vol
commis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport des
voyageurs, des correspondances ou des bagages, ou dans l’enceinte des voies
ferrées, gares, ports, aéroports, quais de débarquement ou d’embarquement,
lorsque le vol a été commis avec l’une au moins des circonstances19.

Il convient de noter que sont punis de la réclusion de dix à vingt ans les individus
coupables de vol commis avec deux au moins des circonstances suivantes :

- Si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences, ou port


illégal d’uniforme, ou usurpation d’une fonction d’autorité ;
- Si le vol a été commis la nuit ;
- Si le vol a été commis en réunion par deux ou plusieurs personnes ;
- Si le vol a été commis à l’aide d’escalade, d’effraction extérieure ou
intérieure, d’ouverture souterraine, de fausses clés, ou de bris de scellés,
dans une maison, appartement, chambre ou logement, habités ou servant à
l’habitation ou leurs dépendances ;
- Si les auteurs du vol se sont assurés la disposition d'un véhicule motorisé
en vue de faciliter leur entreprise ou de favoriser leur fuite ;

- Si l’auteur est un domestique ou serviteur à gages, même lorsqu’il a


commis le vol envers des personnes qu’il ne servait pas, mais qui se
trouvaient soit dans la maison de son employeur, soit dans celle où il
l’accompagnait ;

18
- Article 507 du code pénal.
19-
Yves MAYAUD, Carole GAYET, op. cit., p.68.
23
- Si le voleur est un ouvrier ou apprenti, dans la maison, l’atelier ou magasin
de son employeur ou s’il est un individu travaillant habituellement dans
l’habitation où il a volé.

En vertu des dispositions juridiques de l’article 510 du code pénal, sont punis de
la réclusion de cinq à dix ans les individus coupables de vol commis avec une
seule des circonstances suivantes :

- Si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences, ou port


illégal d’uniforme, ou usurpation d’une fonction d’autorité ;
- Si le vol a été commis la nuit ;
- Si le vol a été commis en réunion, par deux ou plusieurs personnes ;
- Si le vol a été commis à l’aide d’escalade, d’effraction extérieure ou
intérieure, d’ouverture souterraine, de fausses clés ou de bris de scellés,
même dans un édifice ne servant pas à l’habitation ;
- Si le vol a été commis au cours d’un incendie ou après une explosion, un
effondrement, une inondation, un naufrage, une révolte, une émeute ou tout
autre trouble ;
- Si le vol a porté sur un objet qui assurait la sécurité d’un moyen de transport
quelconque, public ou privé.

Il est à préciser qu’est réputée maison habitée, tout bâtiment, logement, loge,
tente, cabine même mobile, qui, même sans être actuellement habité, est destiné
à l’habitation et tout ce qui en dépend comme cours, basses cours, granges,
écuries, édifices qui y sont enfermés, quel qu'en soit l'usage et quand même ils
auraient une clôture particulière dans la clôture ou enceinte générale.

Est qualifié effraction le fait de forcer ou de tenter de forcer un système


quelconque de fermeture soit en le brisant ou le détériorant, soit de toute autre
manière afin de permettre à une personne de s’introduire dans un lieu fermé, ou
de s’emparer d’une chose contenue dans un endroit clos ou dans un meuble ou
récipient fermé.
24
Est qualifiée escalade, toute entrée dans les maisons, bâtiments, cours, basses-
cours, édifices quelconques, jardins, parcs et enclos, exécutée par-dessus les murs,
portes, toitures ou toute autre clôture.

Ils sont qualifiés fausses clés, tous crochets, clés imitées, contrefaites ou altérées
ou qui n’ont pas été destinées par le propriétaire ou locataire aux fermetures
quelconques auxquelles le coupable les a employées.

Est également considérée comme fausse clé, la véritable clé indûment retenue par
le coupable.

Quiconque contrefait ou altère des clés est puni de l’emprisonnement de trois mois
à deux ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams.

Si le coupable est un serrurier de profession, l’emprisonnement est de deux à cinq


ans et l’amende de 250 à 500 dirhams à moins que le fait ne constitue un acte de
complicité d’une infraction plus grave.

Sont considérés comme chemins publics, les routes, pistes, sentiers ou tous autres
lieux consacrés à l’usage du public, situés hors des agglomérations et où tout
individu peut librement circuler à toute heure du jour ou de la nuit, sans opposition
légale de qui que ce soit.

Les éléments constitutifs du vol sont, l’élément matériel est la soustraction.


D’après la conception de la soustraction, il n’y a vol au sens de la loi que si la
chose passe de la possession du légitime détenteur dans celle de l’auteur du délit,
à l’insu et contre le gré du premier.
Ainsi, pour soustraire, il faut prendre la chose, l’enlever20.

20
- Harald RENOUT, op. cit., p. 89.

25
Pour ce qui est de l’élément moral c’est la soustraction frauduleuse.

Il faut bien saisir que pour être caractérisé, le vol implique nécessairement la
preuve d’une volonté d’appropriation effective de la chose, de sorte que le vol est
une infraction matérielle qui implique un résultat.

Le vol est un délit puni de peine d’emprisonnement. Les sanctions pénales varient
en fonction des circonstances et des modalités du vol (usage d’une arme, bande
organisée, dissimulation du visage…).

Il existe de très nombreuses circonstances aggravantes. Celles-ci sont toutes


présentées dans les articles 311-4 à 311-11 du code pénal.

Citons-en quelques-unes. Voici des circonstances aggravantes ayant pour


conséquence de porter les sanctions à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros
d’amende :

- Le vol est commis par plusieurs personnes, sans qu’il s’agisse d’une bande
organisée ;
- Le vol est commis par une personne dépositaire de l’autorité publique
(fonctionnaire…) dans l’exercice de ses fonctions ;
- Le vol est commis par une personne qui se fait passer pour une personne
dépositaire de l’autorité publique ;
- Le vol est accompagné de violences sur autrui n’ayant pas entraîné
d’incapacité totale de travail ;
- Le vol est commis dans un transport en commun ou dans un établissement
scolaire ;
- Le vol s’accompagne de destructions, de dégradations ou de
détériorations ;
- Le vol à un motif raciste ;
- Le voleur a dissimulé volontairement son visage pour ne pas être reconnu.

26
B- L’escroquerie

L’escroquerie consiste pour l’escroc à obtenir un bien, un service ou de l’argent


par une tromperie (faux nom, manœuvres frauduleuses...).

En effet, en vertu de l’article 540 du code pénal, quiconque, en vue de se procurer


ou de procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime, induit astucieusement en
erreur une personne par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation de
faits vrais, ou exploite astucieusement l’erreur où se trouvait une personne et la
détermine ainsi à des actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d'un
tiers, est coupable d'escroquerie et puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et
d’une amende de 500 à 5.000 dirhams.

La peine d’emprisonnement est portée au double et le maximum de l’amende à


100.000 dirhams si le coupable est une personne ayant fait appel au public en vue
de l’émission d’actions, obligations, bons, parts ou titres quelconques, soit d’une
société, soit d’une entreprise commerciale ou industrielle.

L’escroquerie consiste pour l'escroc à tromper une personne physique : Individu


qui possède une personnalité juridique et qui lui permet de conclure des actes
juridiques ou morale : Structure, comme une association, à qui la loi donne la
possibilité de passer des actes juridiques (contrat) et d’exercer des actions en
justice. Une personne morale peut également supporter des obligations et voire sa
responsabilité engagée.

La victime doit avoir agi volontairement après avoir été trompée sur les intentions
de l’auteur qui lui dissimule la vérité.

27
L’escroc peut tromper sa victime à l’aide d’un des moyens suivants :

 Utilisation d’un faux nom ;


 Utilisation d’une fausse qualité (en prétendant être un professionnel du
droit ou de la santé ou en se servant d’une fausse situation de famille
comme se dire veuf alors que l’époux est toujours vivant) ;
 Utilisation abusive de la confiance attachée à certaines professions,
certaines fonctions (gouverneur, délégué syndical, président
d'association...) ;
 Utilisation d’un faux document (un faux diplôme ou une fausse facture par
exemple).

L’escroquerie peut prendre des formes très simples ou parfois être de véritables
manœuvres frauduleuse avec d’éventuelles mises en scène et interventions de tiers
(complice). Un simple mensonge n’est pas de l’escroquerie. L’escroc doit avoir
imaginé son action (ruses, mise en scène, etc.).

A titre d’illustration voici quelques exemples :

- Vente de faux billets de concert ;


- Dégradation ou faux vol d'un bien pour obtenir une indemnisation de
l’assurance ;
- Appel ou SMS d'une personne se présentant comme étant de la plateforme
ANAPEC afin d'inscrire la victime à une formation factice ou frauduleuse ;
- Fausse convocation à la police ou gendarmerie reçue par mail afin de
réclamer de l'argent à la victime ;
- Fausse vente en ligne ;

28
- Arnaque à la romance (escroquerie aux sentiments) qui vise à obtenir une
somme d'argent de la victime qui a développé des sentiments envers
l’escroc.

D’après le droit français l’article 313-1 du code pénal énonce que l’escroquerie
« est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus
d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une
personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au
préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à
fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge ».

Pour sa constitution l’infraction d’escroquerie nécessite la preuve d’éléments


matériels et d’un élément moral.

De plus, aux termes des dispositions juridiques de l’article 542 du code pénal, est
puni des peines de l’escroquerie prévue à l’alinéa premier de l’article 540,
quiconque de mauvaise foi :

- Dispose de biens inaliénables ;


- En fraude des droits d’un premier contractant, donne des biens « en rahn »
ou usufruit, en gage ou en location ou en dispose d’une façon quelconque ;
- Poursuit le recouvrement d’une dette déjà éteinte par paiement ou novation.

Il faut noter ici qu’il y a une différence entre escroquerie et vol, dans ce dernier la
notion de soustraction est importante. Quant à l’escroquerie, on trouve la notion
de tromperie.

Concernant ce délit, il faut cumuler un élément matériel et un élément


intentionnel.

29
L’escroquerie ne peut résulter que d’un acte positif et non d’une simple omission.

L’élément matériel est donc l’un des trois éléments constitutifs de l’escroquerie.
Pour mieux comprendre cet élément, nous allons l’aborder par des cas de
décisions judiciaires. Nous verrons les différents procédés de tromperie auxquels
peut recourir l’auteur.

L’usage d’un faux nom consiste en un mensonge par l’escroc sur son identité. Le
faux nom « s’entend d’un faux nom patronymique ou d’un faux pseudonyme »
(Crim., 27 octobre 1999, n°98-86.017). Il n’est pas nécessaire que ce mensonge
soit accrédité par l’usage de manœuvres frauduleuses (Crim, 26 novembre 1891).
Constitue dès lors l’usage de faux nom le fait de changer de nom en vue de faire
croire à sa solvabilité (Crim., 26 octobre 1934).

L’usage de la fausse qualité n’a pas besoin d’accréditation par l’usage de


manœuvres frauduleuses (Crim., 2 mars 1933).

A titre d’illustration, le fait de se prétendre à tort mandataire constitue une prise


de fausse qualité (Crim., 12 juin 1936).

Pour que l’abus de qualité vraie soit caractérisé, il est nécessaire qu’il soit utilisé
au détriment de victimes qui ne connaissent pas l’étendue exacte des pouvoirs que
confère la qualité dont l’escroc se targue (T. corr. Paris, 23 janvier 1984).

Les astuces ou manœuvres frauduleuses sont variées. Néanmoins, la


jurisprudence française impose l’obligation d’un acte positif et non d’une simple
omission (Crim., 5 juillet 1956). De plus, les juges français considèrent que le
simple mensonge non accompagné d’un acte extérieur ne peut être qualifié de
manœuvres frauduleuses (Crim., 20 juillet 1960).

Les manœuvres frauduleuses peuvent consister en une mise en scène ou une


machination ayant pour objectif de donner crédit au mensonge. Cette machination

30
ne peut pas être simplement une série de mensonges (Crim., 30 juin 1971). Il peut
s’agir par exemple de la simulation d’un faux cambriolage afin de toucher
l’assurance (Crim., 19 juin 1931).

Ensuite, l’élément matériel représente le fait commis. Il s’agit donc, pour


l’escroquerie, de tromper une personne selon un procédé afin qu’elle opère une
remise.

Enfin, l’élément moral de l’escroquerie représente simplement l’intention de


commettre une telle tromperie. C’est donc l’intention coupable de l’auteur.

L’escroquerie est un délit intentionnel. L’auteur doit avoir utilisé un procédé de


tromperie dans le but précis de tromper une personne physique ou morale.

La preuve de l’intention résulte la plupart du temps de la seule constatation des


moyens matériels mis en œuvre (en particulier lors de mises en scène
particulièrement élaborées). Peu importent les mobiles ayant inspiré l’auteur de
ces actes.

C- L’abus de faiblesse

Le droit pénal des affaires est, donc, du droit pénal, s’appliquant au monde des
affaires. Il emprunte ainsi aux grandes branches du droit pénal.

La loi n°31-08 fixant des mesures de protection du consommateur interdit l’abus


de faiblesse ou d’ignorance afin de renforcer la protection des consommateurs
les plus vulnérables.

Au Maroc, le dispositif de protection des consommateurs sanctionne les


fournisseurs qui exploitent la faiblesse ou l’ignorance des consommateurs en
frappant de nullité le contrat conclu avec le consommateur. La loi n° 31-08 ne
prévoit aucune définition légale de l’abus de faiblesse du consommateur elle a
juste incriminé ce délit en disposant dans son article 59 : « Est réputé par la force
de la loi tout engagement né d’un abus de la faiblesse ou de l’ignorance du

31
consommateur, lequel se réserve le droit de se faire rembourser les sommes
payées et d’être dédommagé sur les préjudices subis». En conséquent, il
appartiendra aux juridictions judicaires de caractériser cette infraction.

Sur le plan pénal, le professionnel risque un emprisonnement d’un mois à cinq


ans et d’une amende de 1 200 à 50 000 de DH ou de l’une de ces deux peines
seulement. Si le contrevenant est une personne morale, il sera puni d’une amende
de 50 000 dirhams à 1million de dirhams.

Ensuite, la même notion est reprise par le code pénal, notamment l’article 552 qui
sanctionne l’abus des besoins, des passions ou de l’inexpérience d’un mineur pour
lui faire souscrire à son préjudice, des obligations, décharges ou autres actes
engageant son patrimoine.

Le législateur n’a cependant pas précisé les conditions d’application de ce


principe, laissant un large pouvoir d’appréciation aux tribunaux.

En vertu des dispositions juridiques de l’article 549 du code pénal, si l’abus de


confiance est commis :

- Soit par un adel, séquestre, curateur, administrateur judiciaire agissant dans


l’exercice ou à l’occasion de leurs fonctions ;
- Soit par un administrateur, employé ou gardien d'une fondation pieuse, au
préjudice de cette fondation ;
- Soit par un salarié ou préposé au préjudice de son employeur ou
commettant, la peine est l’emprisonnement d’un à cinq ans et l’amende de
200 à 5.000 dirhams.

Et d’après l’article 550 du code pénal, la peine de l'emprisonnement édictée à


l’article 547 est portée au double et le maximum de l’amende à 100.000 dirhams
si l’abus de confiance a été commis par une personne faisant appel au public afin
d’obtenir, soit pour son propre compte, soit comme directeur, administrateur ou

32
agent d’une société ou d’une entreprise commerciale ou industrielle, la remise de
fonds ou valeurs à titre de dépôt, de mandat ou de nantissement.

D’après le droit français, l’article 223-15-2 du Code pénal incrimine l’abus


frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse soit d’un mineur,
soit d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie,
à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse,
est apparente ou connue de son auteur, soit d’une personne en état de sujétion
psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées
ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette
personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables.

Les éléments constitutifs de l’abus de faiblesse sont, l’élément matériel qui est
tout d’abord la situation de la victime. Elle doit se trouver dans un état d’ignorance
ou dans une situation de faiblesse.

Il est judicieux que le législateur prévoit d’autres raisons pour justifier cet abus de
faiblesse comme à titre d’exemple en raison de la minorité, sa vulnérabilité due à
son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique
ou à un état de grossesse, sa situation psychologique ou physique résultant de
l’exercice de pressions graves ou réitérées altérant son jugement.

Ainsi, l’auteur doit avoir profité de l’ignorance ou de la faiblesse de la personne


pour la conduire à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement
préjudiciables.

L’acte auquel a été conduite la personne vulnérable peut être tant matériel que
juridique. (Cass. Crim. française, 19 fév. 2014, n°12-87558).

Constitue un acte préjudiciable le fait, pour une personne vulnérable, de disposer


de ses biens par testament en faveur de la personne qui l’a obligée à cette
disposition. (Cass. Chambre criminelle française, 15 novembre 2005, n°04-
86051).

33
La Cour de cassation française rappelle que pour retenir l’abus de l’état
d’ignorance ou de la situation de faiblesse il faut un acte de nature à causer un
grave préjudice à la victime mais elle précise que cet acte ne doit pas pour autant
être valable ni le dommage réalisé. (Cass. Crim. française, 12 janv. 2000, n°99-
81.057).

Quant à l’élément moral, le délit d’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la


situation de faiblesse est une infraction intentionnelle.

En ce sens, il faut démontrer que l’auteur de l’infraction a eu connaissance de


l’état de la victime et qu’il a voulu en tirer avantage pour conduire la victime à
réaliser un acte ou une abstention qui lui sont préjudiciables.

VI-Les atteintes aux systèmes de traitement automatisé des données

Le fait d’accéder, frauduleusement, dans tout ou partie d’un système de traitement


automatisé de données est puni d'un mois à trois mois d’emprisonnement et de
2.000 à 10.000 dirhams d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.

Est passible de la même peine toute personne qui se maintient dans tout ou partie
d’un système de traitement automatisé de données auquel elle a accédé par erreur
et alors qu’elle n’en a pas le droit.

La peine est portée au double lorsqu’il en est résulté soit la suppression ou la


modification de données contenues dans le système de traitement automatisé de
données, soit une altération du fonctionnement de ce système (Article 607-3 du
code pénal).

La peine encourue est de six mois à deux ans d’emprisonnement et de 10.000 à


100.000 dirhams d’amende quiconque commet les actes prévus à l’article
précédent contre tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données

34
supposé contenir des informations relatives à la sûreté intérieure ou extérieure de
l’Etat ou des secrets concernant l'économie nationale.

La sanction est portée de deux ans à cinq ans d’emprisonnement et de 100.000 à


200.000.

Le fait d’entraver ou de fausser intentionnellement le fonctionnement d’un


système de traitement automatisé de données est sanctionné d’un an à trois ans
d'emprisonnement et de 10.000 à 200.000 dirhams d'amende ou de l'une de ces
deux peines seulement.

Le fait d’introduire frauduleusement des données dans un système de traitement


automatisé des données ou de détériorer ou de supprimer ou de modifier
frauduleusement les données qu’il contient, leur mode de traitement ou de
transmission, est puni d’un an à trois ans d'emprisonnement et de 10.000 à
200.000 dirhams d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement.

Le faux ou la falsification de documents informatisés, quelle que soit leur forme,


de nature à causer un préjudice à autrui, est puni d’un emprisonnement d'un an à
cinq ans et d’une amende de 10.000 à 1.000.000 de dirhams. Sans préjudice de
dispositions pénales plus sévères, la même peine est applicable à quiconque fait
sciemment usage des documents informatisés visés à l'alinéa précédent.

Aux termes des dispositions de l’article 607-8 du code pénal, la tentative des délits
est punie des mêmes peines que le délit lui-même.

Quiconque a participé à une association formée ou à une entente établie en vue de


la préparation, concrétisée par un ou plusieurs faits -226 - matériels, d'une ou de
plusieurs infractions prévues au présent chapitre est puni des peines prévues pour
l’infraction elle-même ou pour l’infraction la plus sévèrement réprimée.

D’après l’article 607-10 du code pénal, est puni d'un emprisonnement de deux à
cinq ans et d'une amende de 50.000 à 2.000.000 de dirhams le fait, pour toute

35
personne, de fabriquer, d'acquérir, de détenir, de céder, d'offrir ou de mettre à
disposition des équipements, instruments, programmes informatiques ou toutes
données, conçus ou spécialement adaptés pour commettre les infractions prévues
au présent chapitre.

Le tribunal peut prononcer la confiscation des matériels ayant servi à commettre


les infractions et de la chose qui en est le produit.

Le coupable peut, en outre, être frappé pour une durée de deux à dix ans de
l’interdiction d’exercice d’un ou de plusieurs des droits.

L’incapacité d’exercer toute fonction ou emploi publics pour une durée de deux à
dix ans ainsi que la publication ou l’affichage de la décision de condamnation
peuvent également être prononcés (Article 607-11 du code pénal).

VII- La sanction pénale

Les peines et mesures de sûreté édictées sont applicables aux majeurs de dix-huit
ans.

Mesure contraignante prise en situation d’autorité à l’égard d’un auteur, et reliée


directement à une infraction à un règlement ou à un comportement inacceptable.

Le droit pénal s’inscrit dans le droit des peines applicables aux délinquants. Il
englobe l’incrimination et la sanction.

L’incrimination demeure le fait de prévoir les éléments constitutifs d’une


infraction. La sanction consiste à envisager la peine applicable.

L’objectif de la répression est de :

- Faire cesser le comportement sanctionné ;


- Le désapprouver officiellement ;
- Éviter sa répétition dans l’avenir.
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D- Les peines

La peine, pour ce qui la concerne, revêt plusieurs caractères : tout d’abord, elle
poursuit un but rétributif. Son objet demeure donc de châtier, de punir le criminel.
La peine constitue ainsi une sorte de compensation par rapport à l’infraction
commise. La peine est proportionnée à la culpabilité du délinquant.

Les peines sont principales ou accessoires. Elles sont principales lorsqu’elles


peuvent être prononcées sans être adjointes à aucune autre peine. Elles sont
accessoires quand elles ne peuvent être infligées séparément ou qu’elles sont les
conséquences d’une peine principale.

Les peines principales sont : criminelles, délictuelles ou contraventionnelles.

Aux termes de l’article 16 du code pénal, les peines criminelles principales sont :

- La mort ;
- La réclusion perpétuelle ;
- La réclusion à temps pour une durée de cinq à trente ans ;
- La résidence forcée ;
- La dégradation civique.

Quant aux peines délictuelles principales sont : l’emprisonnement, l’amende de


plus de 1.200 dirhams.

La durée de la peine d’emprisonnement est d’un mois au moins et de cinq années


au plus, sauf les cas de récidive.

En vertu de l’article 18 du code pénal, les peines contraventionnelles principales


sont : la détention de moins d'un mois ; l’amende de 30 dirhams à 1.200 dirhams.

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La peine de la réclusion s’exécute dans une maison centrale avec isolement
nocturne toutes les fois que la disposition des lieux le permet et avec le travail
obligatoire, hors le cas d’incapacité physique constatée.

En aucun cas, le condamné à la réclusion ne peut être admis au travail à l’extérieur


avant d’avoir subi dix ans de sa peine s’il a été condamné à perpétuité ou le quart
de la peine infligée s’il a été condamné à temps.

Pour la résidence forcée consiste dans l’assignation au condamné d’un lieu de


résidence ou d’un périmètre déterminé, dont il ne pourra s’éloigner sans
autorisation pendant la durée fixée par la décision.

Cette durée ne peut être inférieure à cinq ans, quand elle est prononcée comme
peine principale.

La décision de condamnation à la résidence forcée est notifiée à la direction


générale de la sûreté nationale qui doit procéder au contrôle de cette résidence.
En cas de nécessité, une autorisation temporaire de déplacement à l’intérieur du
territoire peut être délivrée par le ministre de la justice.

La peine de l’emprisonnement s’exécute dans l’un des établissements à ce


destinés ou dans un quartier spécial d’une maison centrale, avec travail obligatoire
à l’intérieur ou à l’extérieur, hors le cas d’incapacité physique constatée (Article
28 du code pénal).

La peine de la détention s’exécute dans les prisons civiles ou dans leurs annexes,
avec travail obligatoire à l’intérieur ou à l’extérieur, hors le cas d’incapacité
physique constatée.

La durée de toute peine privative de liberté se calcule à partir du jour où le


condamné est détenu en vertu de la décision devenue irrévocable.

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Quand il y a eu détention préventive, celle-ci est intégralement déduite de la durée
de la peine et se calcule à partir du jour où le condamné a été, soit gardé à vue,
soit placé sous mandat de justice pour l'infraction ayant entraîné la condamnation.

La durée des peines privatives de liberté se calcule comme suit :

- Lorsque la peine prononcée est d’un jour, sa durée est de 24 heures ;


- Lorsqu’elle est inférieure à un mois, elle se compte par jours complets de
24 heures ;
- Lorsque la peine prononcée est d’un mois, sa durée est de trente jours ;
- La peine de plus d’un mois se calcule de date à date.

Lorsque plusieurs peines privatives de liberté doivent être subies, le condamné


exécute en premier la peine la plus grave, à moins que la loi n'en dispose
autrement.

Aux termes de l’article 36 du code pénal, les peines accessoires sont :

- L’interdiction légale ;
- La dégradation civique ;
- La suspension de l’exercice de certains droits civiques, civils ;
- La perte ou la suspension du droit aux pensions servies par l’Etat et les
établissements publics.

Toutefois, cette perte ne peut s’appliquer aux personnes chargées de la pension


alimentaire d’un enfant ou plus.

- La confiscation partielle des biens appartenant au condamné,


indépendamment de la confiscation ;
- La dissolution d'une personne juridique ;
- La publication de la décision de la condamnation.

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L’interdiction légale et la dégradation civique quand elle est accessoire, ne
s’attachent qu’aux peines criminelles. Elles n’ont pas à être prononcées et
s’appliquent de plein droit (Article 37 du code pénal).

L’interdiction légale prive le condamné de l’exercice de ses droits patrimoniaux


pendant la durée d’exécution de la peine principale. Cependant, il a toujours le
droit de choisir un mandataire pour le représenter dans l’exercice de ses droits,
sous contrôle du tuteur désigné.

La confiscation consiste dans l’attribution à l’Etat d’une fraction des biens du


condamné ou de certains de ses biens spécialement désignés.

En cas de condamnation pour fait qualifié crime, le juge peut ordonner la


confiscation, au profit de l’Etat, sous réserve des droits des tiers, des objets et
choses qui ont servi ou devaient servir à l’infraction, ou qui en sont les produits,
ainsi que des dons ou autres avantages qui ont servi ou devaient servir à
récompenser l’auteur de l’infraction.

Il est judicieux de citer les causes d’extinction, d’exemption ou de suspension des


peines.

En vertu de l’article 49 du code pénal, tout condamné doit subir entièrement les
peines prononcées contre lui, à moins que n’intervienne l’une des causes
d’extinction, de suspension ci-après :

- La mort du condamné;
- L’amnistie;
- L’abrogation de la loi pénale;
- La grâce;
- La prescription;
- Le sursis à l'exécution de la condamnation ;
- La libération conditionnelle;
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- La transaction lorsque la loi en dispose expressément.

Il est à souligner que la mort du condamné n’empêche pas l’exécution des


condamnations pécuniaires sur les biens provenant de sa succession.

B- Les mesures de sûreté

Les mesures de apparaissent en fait des sanctions à caractère préventif. La mesure


de sûreté revêt plusieurs buts. Contrairement à la peine, la mesure de sûreté existe
donc préventive, elle ne semble dès lors ni afflictive ni infamante.

Elle repose non pas sur la notion de culpabilité, mais sur la notion d’état
dangereux. Elle constitue cependant, de même que la peine, une sanction
puisqu’elle vise à protéger la société contre une action nuisible.

Il y a diverses mesures de sureté personnelles ou réelles réglementées par les


articles 61 à 92 du code pénal.

Aux termes de l’article 61 du code pénal, les mesures de sûreté personnelles sont
:

- La relégation ;
- L’obligation de résider dans un lieu déterminé ;
- L’interdiction de séjour ;
- L’internement judiciaire dans un établissement psychiatrique ;
- Le placement judiciaire dans un établissement thérapeutique ;
- Le placement judiciaire dans une colonie agricole;
- L’incapacité d’exercer toutes fonctions ou emplois publics ;
- L’interdiction d’exercer toute profession, activité ou art, subordonnés ou
non à une autorisation administrative ;
- La déchéance des droits de puissance paternelle.

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Quant aux mesures de sûreté réelles sont la confiscation des objets ayant un
rapport avec l’infraction ou des objets nuisibles ou dangereux, ou dont la
possession est illicite et la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre
une infraction.

Il existe des causes d’extinction, d’exemption ou de suspension des mesures de


sûreté.

En vertu des dispositions de l’article 93 du code pénal, les causes d'extinction,


d'exemption ou de suspension des mesures de sûreté sont :

- La mort du condamné ;
- L’amnistie ;
- L’abrogation de la loi pénale ;
- La grâce ;
- La prescription ;
- La libération conditionnelle ;
- La réhabilitation ;
- La transaction, lorsque la loi en dispose expressément. Le sursis à
l’exécution de la peine n’a pas d’effet sur les mesures de sûreté.

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Bibliographie :

 Ouvrages :
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013.
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd.,
Ellypses, 2021.
- André KUHN, Quelle avenir pour la justice pénale ?, Éd., L’Hébe, 2011.
- Hurtado POZO, José GODEL, Droit pénal général, éd., Schulthess Verlag,
2019.
- Jean PRADEL, Droit pénal comparé, 4 eme éd., Dalloz, 2019.
- Jean PRADEL, Droit pénal général, 22 e éd., Cujas, 2019.
- Yves MAYAUD, Carole GAYET, Code pénal annoté, éd., 2021.
- Thierry MOREAU, Damien VANDERMEERSCH, Éléments de droit
pénal, éd., La Charte, 2019.
- Harald RENOUT, Droit pénal général, 18ème éd., Larcier, 2013.
- Annie BEZIZ-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd.,
Ellypses, 2021.

 Revues :
- Camille DE JACOBET DE NOMBEL, « L’originalité de la circonstance
aggravante de guet-apens », Revue de science criminelle et de droit pénal
comparé, n°3, 2010.

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