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Chapitre 1 - La classification des infractions pénales

Classifier consiste à répartir méthodiquement par classe selon des critères


préétablis. Au critère légal fondé sur la gravité de la sanction (Section 1), s’ajoutent
le critère fondé sur le mode de réalisation des infractions (Section 2) et le critère
fondé sur la nature des infractions (Section 3).

Section 1 – Le principe légal de la classification tripartite des infractions


pénales

§1-. Le critère de classification

Le code pénal dispose en son article 1er: « L'infraction que les lois punissent de
peines de police est une contravention.
L'infraction que les lois punissent de peines correctionnelles est un délit.
L'infraction que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante est un crime».

D’après les termes de cet article, les infractions sont classées en fonction de la
gravité de la peine.

Les infractions punies d’une peine de police, en d’autres termes un


emprisonnement allant d’un jour à un mois et d’une amende de 200 FCFA à 20 000
FCFA, sont des contraventions.

Les délits sont punis d’une peine correctionnelle. L’article 9 du code pénal énumère
les peines en matière correctionnelle : l'emprisonnement à temps dans un lieu de
correction, l'interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille et
l'amende.

Enfin, les crimes, selon l’article 6 du code pénal, sont punis de peines qui sont « ou
afflictives et infamantes, ou seulement infamantes ».

L’article 7 énumère les peines afflictives et infamantes, qui sont au nombre de


quatre : la mort, les travaux forcés à perpétuité, les travaux forcés à temps et la
détention criminelle.

§2 -. L’intérêt de la classification

L'intérêt principal de la distinction tient dans la détermination de l'autorité


compétente pour créer les infractions.

Selon l’article 67 de la Constitution, la loi fixe les règles concernant la détermination


des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont applicables.

L’article 76 dispose quant à lui que les matières qui ne sont pas du domaine
législatif en vertu de la Constitution ont un caractère réglementaire.
La loi détermine les éléments constitutifs des crimes et délits et le règlement
détermine le contenu des faits constitutifs d’une contravention.

Du point de vue procédural, l’intérêt de la distinction tient de la prescription de


l’action publique, de la juridiction matériellement compétente.

Le délai de prescription de l'action publique pour les crimes est de dix ans, article
7 du code de procédure pénale.

Le délai de prescription de l'action publique pour les délits est de trois ans, article
8 du code de procédure pénale.

Le délai de prescription de l'action publique pour les contraventions est d’un an,
article 9 du code de procédure pénale.

Il ne faut pas confondre le délai de prescription de l'action publique et le délai de


prescription de la peine. Le délai de prescription de la peine est celui à partir duquel
un individu étant définitivement condamné ne pourra plus être obligé d'exécuter sa
peine. Ce délai est également variable en fonction du type d'infraction.

Section 2 – Le critère fondé sur le mode de réalisation des infractions

Les infractions peuvent être classées selon le mode de réalisation par l’auteur en
plusieurs catégories.

§ 1 -.Les infractions de commission et les infractions d’omission

Les infractions de commission ou d’action consistent en la commission d’un fait


positif qui constitue l’élément matériel de l’infraction.

Les infractions d’omission consistent en une abstention. Exemple : l’omission de


porter secours à une personne en péril.

§2 -.Les infractions instantanées et les infractions continues

Les infractions instantanées s’exécutent en un instant plus ou moins long. La durée


de l’infraction n’est pas incluse dans la définition légale de l’infraction.

Les infractions continues ou successives supposent une exécution qui s’étale dans
le temps, et la persistance corrélative de l’intention coupable. Exemple : le recel.

§3 -.Les infractions permanentes et les infractions d’habitude.

Les infractions permanentes sont des infractions instantanées dont les effets
perdurent dans le temps. Elles se distinguent des infractions continues car elles ne
supposent pas une persistance de l’intention coupable. Exemple : la bigamie.
Les infractions d’habitude supposent plusieurs faits semblables, dont chacun
isolément ne serait pas punissable. L’habitude est caractérisée dès le second acte
semblable. Ainsi, la prescription pour l’action publique commence à courir dès le
second acte, la loi pénale de fond nouvelle s’applique également dès le second
acte. Exemple . L’exercice illégal de la profession de médecin.

§4 -.Les infractions simples et les infractions complexes

L’infraction simple est caractérisée par un fait matériel unique. Exemple : le vol

L’infraction complexe est caractérisée par l’existence d’actes matériels distincts.


Exemple : l’escroquerie qui suppose des manœuvres frauduleuses émanant de
l’escroc, ainsi qu’une remise par la victime.

§5 -.L’l’infraction matérielle et l’infraction formelle

L’infraction matérielle est celle dans laquelle la loi exige un résultat dommageable
pour que l'infraction soit consommée. Le résultat représente un élément constitutif.
Exemple : le meurtre n’est consommé que si la victime meurt.

Quand l'infraction est matérielle, la séparation est plus nette entre le délit
consommé et le délit tenté.

L’infraction formelle est celle qui est consommée indépendamment du résultat. Elle
n’inclut pas dans sa définition le résultat dommageable. Exemple :
l’empoisonnement est constitué par la seule administration de substances
mortifères.

Quand l'infraction est formelle, la séparation est moins nette entre le délit
consommé et le délit tenté puisque l'infraction est consommée par sa seule
commission, indépendamment du résultat.

Section 3 - Les classifications fondées sur la nature de l’infraction

La classification fondées sur la nature de l’infraction porte sur une distinction entre
infractions de droit commun et infractions politiques, infractions terroristes et
infractions de la criminalité organisée.

§1 -.Les infractions de droit commun et les infractions politiques

Selon le critère objectif, une infraction est politique lorsque son objet est politique.
Par exemple, le complot en vue de changer le régime constitutionnel est
objectivement politique.

Selon le critère subjectif, une infraction est politique lorsque le mobile de son auteur
est de nature politique.

En pratique, certaines situations peuvent mêler le politique et le non-politique.


Premier exemple : l’assassinant d’un chef de l’Etat. Objectivement, l’assassinat est
une infraction de droit commun, cependant la qualité de la victime révèle un mobile
politique. Dans ce cas, l’infraction est dite complexe.

Second exemple : le vol d’armes dans une armurerie lors d’une insurrection.
Objectivement, le vol est une infraction de droit commun, mais le contexte révèle
un mobile politique. Dans ce cas, l’infraction est dite connexe, on tient en compte
le critère subjectif relatif au mobile de l’auteur de l’infraction. (Cass. crim. 18 nov.
1959, JCP, 1960, II, 11475, note A Légal. En France, lors de la guerre d’Algérie,
des algériens condamnés pour divers crimes et délits de droit commun ont été
dispensés de la contrainte par corps car ces infractions étaient connexes à
l’infraction politique principale qui était l’insurrection. Ainsi en découle que le sort
réservé aux auteurs d’infraction politique est plus favorable aux auteurs d’infraction
de droit commun).

§2 -.Les infractions terroristes et les infractions de la criminalité organisée

L’infraction est terroriste lorsque, quelle que soit sa forme, elle est commise
« intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant
pour but de troubler l’ordre public ou le fonctionnement normal des institutions
nationales ou internationales, par l’intimidation ou la terreur » (Art. 279-1 et
suivants du CP).

La criminalité organisée renvoie à la notion de bande organisée qui est définie dans
le code de procédure pénale français à l’article 132-71 comme « tout groupement
formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou
plusieurs faits matériels, d'une ou de plusieurs infractions. »

Le législateur sénégalais considère la criminalité organisée comme une


circonstance aggravante selon les infractions. Ainsi, la conséquence principale est
au niveau de la peine car la peine encourue est aggravée.

Dans la loi uniforme n°2009-16 du 2 mars 2009 relative à la lutte contre le


financement du terrorisme, l’article 32 fixe les sanctions pénales encourues par les
personnes physiques coupables d’une infraction de financement du terrorisme et
l’article 34 prévoit que « les peines prévues à l’article 32 de la présente loi sont
portées au double (…) lorsque l’infraction de financement du terrorisme est
commise en bande organisée ».

La Loi uniforme n°2004-09 du 6 février 2004 relative à la lutte contre le blanchiment


des capitaux prévoit à son article 39 que les sanctions applicables aux personnes
physiques pour l’infraction de blanchiment de capitaux sont portées au double
« lorsque l’infraction de blanchiment est commise en bande organisée ».

Des exemptions et atténuations de sanctions pénales sont également prévues au


profit des repentis dans les conditions prévues par la loi. L’exemption est prévue
pour le repenti qui révèle l’existence de la bande organisée aux autorités judiciaires
permettant d’identifier les membres et d’éviter la réalisation de l’infraction.
L’atténuation est prévue pour le repenti qui permet ou facilite l’identification des
autres coupables avant toute poursuite, ou leur arrestation après le début des
poursuites.

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