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M.

RAKOTOMANANA Honoré

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CHAPITRE PRLIMINAIRE

INTRODUCTION
DEFINITION DU DROIT PENAL SPECIAL

Le droit pénal spécial est une branche du droit qui étudie en détail les diverses infractions
du droit criminel positif, leurs éléments constitutifs, les peines qui les sanctionnent et le régime
particulier de leur répression.
L’étude du droit pénal spécial est une étude assez ingrate car il faut passé en revue toutes
les diverse catégories d’infractions avec le tarif des peines qui leur sont applicables.

PRINCIPE LIMINAIRE DU DROIT PENAL

Le principe de la légalité des délits et des peines.


Ce principe signifie en quelque sort que tout ce qui n’est pas défendu par la loi pénale est
permis. Toutefois, on ne peut être condamne que pour avoir enfreint un texte prévu par la loi
pénale.
Ce principe de la légalité est posé par l’article 4 C.P. qui dispose que « nulle
contravention, nul délit, nul crime ne peuvent être punis de peines qui n’étaient pas prononcées
par la loi avant qu’ils fussent commis ». Et l’article 42 de la Constitution de la RDM précise que
« nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi promulguée et publiée antérieurement à la commission
de l’acte punissable ».
Le problème posé par la loi pénale est le problème de qualification des infractions.
Il faut connaître le catalogue que constitue le code pénal pour pouvoir faire fonctionner
la répression. Dès l’instant que le fait n’est pas prévu dans le catalogue, on ne peut pas en
poursuivre l’auteur, d’où l’importance de la qualification des faits.
Ce chapitre va comprendre des sections :
Section 1 : Rapports du droit pénal spécial avec le droit pénal général.
Section 2 : Problème posé par la qualification.

SECTION 1
RAPPORTS DU DROIT PENAL SPECIAL AVEC LE DROIT PENAL GENERAL

§ 1 – A PROPOS DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION


On apprend en droit pénal général que toute infraction, quelle qu’elle soit, exige, pour
être constituée, 3 éléments. Si l’un de ces éléments fait défaut, la présence des autres n’empêche
pas de poursuivre l’auteur pour d’autres infractions.
Ces éléments sont :
- l’élément légal,
- l’élément matériel
- l’élément moral.
Le droit pénal général s’articule au droit pénal spécial pour chacun des éléments suivants :
A/ - LE DROIT PENAL SPECIAL FOURNIT L’ELEMENT LEGAL
C’est lui en effet qui va permettre la qualification des faits poursuivis. Il va fournir le
texte qu’on reproche au délinquant d’avoir enfreint. En effet, en feuilletant le catalogue, on doit
trouver dans quelle rubrique rentrent les agissements qu’on reproche à l’individu.
Le droit pénal spécial va permettre de localiser le texte précis dont la justice pénale va
avoir à faire application. Où est le texte ? Quel est ce texte ?

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B/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA PERMLETTRE DE PRECISER ET DE
DECRIRE L’ELEMENT MATERIEL QUI CONSTITUE L’INFRACTION
En effet, toute infraction suppose un élément matériel, c'est-à-dire quelque chose de
concret. Il faut que la volonté criminelle de l’auteur de l’infraction se soit manifestée.
On dit alors que la simple pensée criminelle d’un individu ne suffit pas pour retenir sa
culpabilité. Mais son comportement peut être positif ou négatif (délit de commission ou délit
d’omission).
Le droit pénal spécial va nous dire en quoi consiste l’élément matériel. L’élément matériel
d’une infraction est donc quelque chose d’extérieur, de tangible.
C/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA NOUS PERMETTRE DE PRECISER
L’ELEMENT MORAL SDE TOUTE INFRACTION
Il s’agit du domaine psychologique, de la volonté de l’individu.
Dans toute infraction, il faut une faute imputable à son auteur et qui peut être :
1) – une faute intentionnelle, avec ou sans préméditation ;
2) – une faute par imprudence : ex. le voisin qui emporte le manteau de son camarade
par négligence ;
3) – une faute par ignorance ;
4) – une faute présumée en cas de force majeure (contravention).
L’élément moral peut donc avoir des degrés variés. Pour chaque infraction déterminée, il
faut chercher le degré de la faute commise. Et c’est le droit pénal spécial qui va nous l’apprendre.
*
* *
Une infraction est une action ou une omission prévue et punie par la loi pénale, ne se
justifiant pas par l’exercice d’un droit, et l’imputable à son auteur.
Ces précisions fournies par le droit pénal spécial vont commander toute la répression des
faits matériels d’une infraction.
Ex : assassinat, meurtre, homicide involontaire, coups et blessures volontaires sans
intention de donner la mort.
D/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA FOURNIR DES ELEMENTS
SUPPLEMENTAIRES QUI SONT PROPRES A UNE INFRACTION
DETERMINEE : C’EST CE QU’ON APPELLE PARFOIS LES CONDITIONS
PREALABLES
1) – Conditions préalables
On suppose que certaines circonstances étaient réalisées avant que les faits reprochés au
délinquant se déroulent.
Ex : Abus de confiance. Le délit d’abus de confiance suppose que quelqu’un a détourné
un objet qui lui avait été confié. Pour qu’il y ait abus de confiance, il faut que la remise de l’objet
ait lieu en vertu d’un des contrats énumérés dans l’article 408 di Code pénal. Si la chose avait été
remise à quelqu’un mais à un autre titre que l’un des contrats prévus à l’article 408 ci-sus, il n’y a
pas d’abus de confiance.
Autre exemple : Abandon de famille (non paiement de pension alimentaire). Le fait d’être
condamné à une pension alimentaire et le fait de na pas la payer constituent un délit. Il faut que le
débiteur ait été condamné par un tribunal à payer la pension alimentaire.
2) – Circonstances (conditions préalables aussi mais d’un genre différent)
a) – tenant à la personnalité de l’auteur
- attentant à la pudeur sans violence sur une personne âgée de plus de 14 ans n’est pas
incriminé par la loi ;

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- attentat à la pudeur commis par le père sur la personne de sa fille de plus de 14 ans
devient punissable ;
- si la victime est un ascendant de meurtrier → parricide.
b) – tenant à la personnalité de la victime
- ne pas donner à manger à quelqu’un si cette personne est jeune enfant ;
- violences à un agent de la force publique.
c) – tenant à l’importance du préjudice
- incapacité de travail en cas de blessures involontaires.
§ 2 – A PROPOS DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
A/ - NOTIONS DE CIRCONSTANCE AGGRAVANTES
Article 379 C.P : « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient
pas est coupable de vol ».
Au moment de la Révolution française, on envisageait la chose de façon abstraite. Tous
les vols étaient punis de fer.
Les circonstances aggravantes s’ajoutent aux éléments constitutifs.
Ex. escalades, effraction, la nuit.
Les peines varient selon le nombre et selon la nature des circonstances aggravantes.
Ces circonstances aggravantes ne peuvent faire partie que du droit pénal spécial.
Les circonstances atténuantes, au contraire, ressortent de l’étude du droit pénal général.
Ces circonstances atténuantes qui permettent de descende au-dessous du minimum légal
s’appliquent en effet à n’importe quelle infraction en principe. C’est donc le Droit Pénal Général
qui étudie la nature et les effets des circonstances atténuantes.
Les circonstances aggravantes ne sont jamais générales.
On dit que la récidive est une circonstance aggravante générale (ce n’est pas l’avis du
Professeur LEVASSEUR).
Toutes les circonstances aggravantes sont spéciales, c'est-à-dire qu’elles n’existent que
pour certaines infractions. C’est le Droit pénal spécial qui va nous apprendre si, pour telle
infraction, il y a ou non circonstance aggravante.
B/ - DISTINCTION D’AVEC LES ELEMENTS CONSTITUTIFS
1) – Ne pas les confondre
Les éléments constitutifs forment un bloc tandis que les circonstances aggravantes
viennent s’ajouter aux éléments constitutifs, mais d’une façon distincte.
C’est quelque chose d’extérieur aux éléments constitutifs.
2) – Intérêts de la distinction
) – Absence d’un élément constitutif
Ex. – L’élément moral, faute intentionnelle, fait défaut : étudiant qui a commis une
effraction, une escalade pour prendre son manteau oublié en classe, mais qui a emporté par erreur
le manteau d’un autre → pas de poursuite possible car le délit de vol n’est pas caractérisé.
) – Absence d’une circonstance aggravante
Tous les éléments constitutifs sont réunis tandis qu’une circonstance aggravante fait
défaut.
L’infraction existe et peut être l’objet d’une poursuite. L’absence d’une circonstance
aggravante ne fait pas obstacle à la poursuite.

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C/ - SITUATION DU COMPLICE
1) – Tous les éléments constitutifs s’appliquent au complice.
2) – Quant aux circonstances aggravantes, il faut faire une distinction entre les
circonstances aggravantes réelles et les circonstances aggravantes personnelles ;
- Les circonstances aggravantes réelles tiennent aux circonstances matérielles de
l’infraction. La jurisprudence dit qu’elles se communiquer au complice même s’il les ignore.
- Les circonstances aggravantes personnelles, subjectives, tiennent à la personnalité de
l’auteur : elles ne se communiquent pas au complice.
§ 3 – RAPPORTS ENTRE LE DROIT PENAL GENERAL ET LE DROIT PENAL
SPECIAL EN CE QUI CONCERNE LES MODALITES DE LA REPRESSION.
1) – tentative
2) – complicité
INCRIMINATION 3) – excuses absolutoires
(fond du droit) 4) – excuses atténuantes
5) – immunités
6) – particularités de la procédure :
- déclenchement de l’action publique
PROCEDURE - prescription de l’action publique
(forme de procédure) - règles de preuve
- compétence.
7) – peines principales
PEINES
8) – peines complémentaires

SECTION 2
PROBLEME POSE PAR LE QUALIFICATION

La qualification, c’est le choix de l’incrimination parmi tous les textes du droit positif.
Il s’agit, en effet, dans chaque espèce, de trouver le texte qui s’applique (Cf. élément légal
de l’infraction) ; il faut trouver l’élément légal, le texte qui contient lui-même la description de
l’élément matériel et de l’élément moral.
Le droit pénal spécial nous apprend à faire la qualification nécessaire dans chaque affaire.
Si on trouve le texte applicable au cas d’espèce, il n’y a qu’à l’appliquer. Si aucun texte
n’est applicable, le fait ne peut par être réprimé et l’individu ne peut pas être poursuivi.
Notre cours va comporter sept chapitres :
- Chapitre I : les infractions contre l’intégrité corporelle ;
- Chapitre II : les infractions contre les biens ou les atteintes à la propriété ;
- Chapitre III : les infractions contre les mœurs ;
- Chapitre IV : les atteintes à la famille, à l’enfance et à la natalité ;
- Chapitre V : les atteintes à la vérité et à la justice ;
- Chapitre VI : les crimes et délits contre la chose publique ;
- Chapitre les infractions aux lois spéciales (infractions spéciales).

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CHAPITRE I
LES INFRACTIONS CONTRE L’INTEGRITE CORPORELLE

L’intégrité corporelle des citoyens est le premier des biens à sauvegarder.


Les atteintes à l’intégrité corporelle sont des faits graves, toujours punis dans toutes les
sociétés, dans toutes les civilisations car elles portent atteinte :
- à la santé d’une personne
- à la vie, à la liberté
- à l’intégrité physique.
Depuis longtemps, l’atteinte à la vie humaine a été punie à raison de son résultat et sans
distinguer si ce résultat avait été voulu ou non.
Plus tard, on a différencié l’homicide volontaire de l’homicide par imprudence et on a
réservé au premier toutes les rigueurs de la loi.
Donc il faut distinguer deux catégories d’atteintes :
- les atteintes volontaires,
- les atteintes involontaires.

SECTION 1
LES ATTEINTES VOLONTAIRE A L’INTEGRITE CORPORELLE

Elles sont des faits particulièrement graves puisqu’elles ont été portées volontairement,
intentionnellement, exprès.
Ce sont des agissements d’un individu violent, qui cause un trouble dans la société et qui
cause des dommages.
Les atteintes volontaires comprennent deux catégories :
- celles dirigées contre les particuliers
- celles dirigées contre les représentants de l’autorité publique.

SOUS SECTION 1
ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE

Le régime de répression des atteintes à l’intégrité corporelle des représentants de


l’autorité publique est particulier : c’est en tant que représentant de l’autorité publique que l’agent
a été frappé ; par exemple, celui qui a agi a lancé un défi à l’autorité publique car c’et en raison de
ses fonctions que la victime été frappée → peines plus fortes.
L’étude de la présente sous-section est donc spéciale : les textes spéciaux, et ne figurent
pas dans la même rubrique.
Nous examinerons la question en 3 catégories :
- les homicides (atteintes les plus graves)
- les coups, blessures, violences et voies de fait
- l’abstention de porter secours à une personne en danger.
- LES HOMICIDES
L’homicide, c’est le fait de donner la mort à autrui.
Il s’agit de quelqu’un qui a volontairement donné la mort à autrui ou tout au moins qui
s’est comporté volontairement de manière à donner la mort à autrui (tentative).
Notre droit pénal réglemente plusieurs formes d’homicide :
- le meurtre simple
- les meurtres aggravés
- l’empoisonnement, l’infraction voisine du meurtre.

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A/ - LE MEURTRE SIMPLE
Il ne faut pas confondre le meurtre simple avec les coups mortels, lesquels sont des
atteintes à l’intégrité corporelle d’autrui sans avoir l’intention de le tuer : ce n’est pas un homicide
volontaire au sens juridique. Quand il a frappé volontairement sa victime, l’auteur n’a pas voulu
lui donner la mort ; ce sont des coups mortels, des coups ayant entraîné la mort sans intention de
la donner (art. 309, al. 3 C.P.).
1) – Eléments constitutifs du meurtre simple
a) – Elément légal
Art. 295 du Code pénal qui dispose que « L’homicide commis volontairement est qualifié
meurtre ». Le meurtre est donc le prototype de l’homicide volontaire.
b) – Elément matériel
Consiste en un acte homicide, et pour qu’il y ait homicide il faut :
- soit avoir donné la mort à une personne humaine
- soit avoir tenté de donner la mort, acte positif susceptible de donner cette mort. Il faut
avoir atteint la victime de façon à porter atteinte à sa vie.
) – Il faut qu’il s’agisse d’une personne humaine déjà née.
Problème de l’enfant simplement conçu : le fait de priver de la vie cet enfant n’est pas un
meurtre : c’est l’avortement prévu et puni par l’art. 317 C.P.
Si la personne que l’on veut tuer est déjà décédée, on ne peut pas commettre un meurtre
car l’élément matériel ne peut pas porter son effet : l’infraction est légalement impossible.
Cependant, la Chambre d’accusation de la Cour de Paris (9.4.46) Rev. Sc. Crim. 1948, p. 147) a
renvoyé devant la Cour d’Assises un individu qui avait essayé de donner la mort à une personne
qui vraisemblablement était déjà décédée. Deux personnes avaient fait feu successivement sur le
même victime, et il était établi par la rapport médico-légal que lorsque la victime avait reçu le 2ème
projectile, elle était déjà morte par l’effet du 1er.
) – Il faut un acte positif matériel
On ne peut pas tuer quelqu’un par une simple abstention. L’abstention avec méchanceté
(noyade) ne constitue pas un acte positif. Cependant, l’auteur d’une telle abstention peut être
poursuivi à raison d’un autre texte (art. 63 C.P.).
- Des insultes, des tortures morales qui font souffrir psychologiquement, qui amèneront
peut-être l’individu (sous l’influence de ce souci qui le mine) à perdre s santé et dépérir, et peut-
être à en mourir, constituent des agissements positifs mais no matériels de nature à porter atteinte
à l’intégrité physique.
- Homicide en commun de deux individus. L’un veut tuer l’autre et va se tuer ; il se peut
qu’il manque son suicide ; il peut être puni pour avoir tué l’autre. Des deux personnes qui veulent
se suicider par asphyxie, c’est celle qui ouvert le robinet de gaz qui est punissable. Celui qui a été
simplement passif ne commet pas l’élément matériel.
) – Il faut un rapport de cause à effet.
L’agissement matériel et concret reproché à l’individu doit être dans un rapport de cause
à effet avec le décès qui est survenu (ou qui aurait pu survenir). Au besoin on aura recours à une
expertise médicale, à une autopsie.
c) – Elément moral, intentionnel.
C’est l’intention de provoquer la mort « l’animus necandi » (l’art. 295 nous dit, en effet,
que « le meurtre est l’homicide commis volontairement ».

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La jurisprudence estime même qu’il y a meurtre même si l’auteur n’avait pas prévu les
conséquences de son acte, ni voulu les obtenir mais qu’il aurait qu les prévoir et par conséquent
aurait dû les prévoir.
Systèmes étrangers de présomptions légales (utilisation dépendra de l'intime) : moyens
employés, parties du corps frappées.
Systèmes étrangers de présomptions de fait puisque tout dépendra de l’intime conviction
du juge : arrêt 20 octobre 1956 (Bull. crim. P. 733) blessure par armes à feu et d’une partie
essentielle du corps : homicide volontaire.
- Crim. 5 février 1957 (Bull. Cass. P. 188) : a refusé de casser un arrêt qui constatait que
l’auteur avait fait usage d’une arme dangereuse et avait frappé la victime à une partie du corps
particulièrement exposée.
Peu importe le mobile c'est-à-dire la raison pour laquelle on a voulu donner la mort à
quelqu’un ; le plus souvent, c’est pour une raison immorale, anti-sociale (vengeances, cupidité,
jalousie, sauver son honneur, vengeance d’un membre de sa famille), ou même dans une bonne
intention de délivrer un individu d’une vie insupportable (l’euthanasie). Peu importe ce mobile, du
moment qu’on a voulu tuer, il y a meurtre.
L’intention de donner la mort est appréciée souvent par les juges.
Peu importe l’erreur sur la personne qui peut prendre plusieurs formes :
- Erreur sur l’identité – Il y a méprise (error personae) : intention de tuer PAUl et non
PIERRE qui devient la victime : peu importe cette erreur sur l’identité.
- « Aberratio Ictus » - cela se présente aussi en cas de maladresse : dans une réunion,
c’était PAUL qui était visé mais c’est PIERRE qui fut atteint.
Cela constitue en principe :
- une tentative de meurtre sur PAUL
- un homicide par imprudence sur PIERRE.
Mais la jurisprudence décide que l’individu sera poursuivi pour meurtre sur la personne
de PIERRE : peu importe la personne victime du moment qu’il y a intention.
Peu importe le consentement de la victime
C’est l’une des formes d l’euthanasie : celle ou celui qui a tué la personne dont les
souffrances apparaissent vaines, l’a fait non pas de sa propre initiative, mais à la demande expresse
et instante de la victime.
En tout cas, c’est au Ministère public à faire la preuve, et il peut le faire par tous les
moyens : le système qui domine est le principe de l’intime conviction. En cas de doute, il faut
acquitter : « in dubio pro reo ».
2) – Répression et régime juridique du meurtre simple
a) – Peine normale
Art. 304 – al. 3 qui dispose que : « En tout autre cas, le coupable de meurtre sera puni de
travaux forcés à perpétuité ».
En France, cette peine a changé de nom depuis 1960 : réclusion criminelle à perpétuité
(sans changer de nature) et ce depuis l’ordonnance du 4 juin 1960.
Auparavant (antiquité) celui qui a donné la mort doit mourir. Mais depuis assez
longtemps, c’est la réclusion (notamment depuis 1791).
Notons que le complice est puni des mêmes peines.
Coaction ou complicité : dès qu’il y a participation personnelle, volontaire et directe à
l’action criminelle, il y a coaction et non pas seulement complicité (cf. crim. 25 janvier 1962 –
Bull. n° 68, p. 138 dans l’affaire de l’assassinat de Me POPIE à Alger où une femme se plaignait
d’être poursuivie comme coauteur ; or elle avait demandé un rendez-vous à la victime, s’y était
rendue et avait pu ainsi s’introduire et faire introduire chez la victime ceux qui devaient la tuer ;

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elle avait même pris soin de refermer la porte et de bloquer la serrure, elle a participé
personnellement, volontairement et directement à l’action criminelle).
b) – Circonstances atténuantes.
Elles permettent au juge d’appliquer une peine inférieure, de descendre au-dessous du
minimum légal.
Le juge peut prendre en considération n’importe quelle circonstance.
Le meurtre est justiciable de la Cour Criminelle composé d’éléments professionnels et de
citoyens.
A Madagascar :
- si le crime est passible de mort, la Cour appliquera les travaux forcés à perpétuité ou
les travaux forcés à temps ;
- si le crime est passible des travaux forcés à perpétuité ou du maximum des travaux
forcés à temps, la peine peut être abaissée jusqu’à 5 ans de travaux forcés ;
- si le crime est puni de toute autre peine, celle-ci peut être abaissée jusqu’à 3 années
d’emprisonnement.
c) – Excuse atténuante de provocation
Celui qui a tué avait été provoqué, ce qui explique son geste.
Ce ne sont pas des injures. D’après l’article 321, ce sont des coups ou des violences graves
contre des personnes.
Art. 321 : coups et violences graves.
Si le fait de la provocation est démontré, la peine sera atténuée. Son effet est prévu par
l’article 326 : descente jusqu’à 1 an d’emprisonnement pour peine de mort et peines perpétuelles
(1 à 5 ans).
Le meurtre du conjoint : cas de l’uxoricide (les conjoints doivent nourrir l’un pour l’autre
des sentiments affectueux et non pas se livrer à des violences corporelles) n’est pas excusable sauf
dans une hypothèse prévue par l’art. 324 al. 2 : le mari a surpris sa femme en flagrant délit
d’adultère dans la maison conjugale.
La parricide n’est jamais excusable (art. 323).
Cas spécial aussi dans l’art. 322 : (escalade ou effraction de jour d’une maison habitée) –
meurtre commis en repoussant pendant le jour l’escalade ou l’effraction d’une maison habitée ou
de ses dépendances.
Si le cas de produit la nuit, on bénéficie d’une impunité, car on était en état de légitime
défense d’après l’art. 329 du Code pénal.
d) – Faits justificatifs
- Légitime défense :
Article 328 – « Il n’y a ni crime ni délit, lorsque l’homicide, les blessures et les coups
étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi même ou d’autrui.
Article 329 (nouveau) (ord. 77-051 du 16.9.77 JO 22.9.77 p.2471 ratifiée par Loi n° 78-
039 du 13.7.78 JO 22.7.78, p. 1331).
Sont compris dans les cas de nécessité actuelle de légitime défense, les trois cas suivants :
1) – si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été commis
en repoussant pendant la nuit l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrée d’une maison
ou d’un appartement ou de leurs dépendances, ou d’un magasin, d’un entrepôt, d’une usine, d’une
banque, d’une pavillon de commerce, d’un parc à bœufs, d’une étable, d’une porcherie ou d’une
basse-cour, en empêchant le vol dans les champs des récoltes ou autres production utiles de la
terre, déjà détachées du sol, ou des meules de grains faisant partie des récoltes ;

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2) – si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été commis
en repoussant pendant le jour tout vol avec effraction, tout vol avec violence, toute attaque ou vol
en bande ou tout vol avec port d’armes apparentes par nature ;
3) – si les coups ont été portés, si les blessures ont été faites, si l’homicide a été commis
sur les malfaiteurs au moment des faits ou au cours de leur poursuite par les membres du
Fokonolona ou des agents de la force publique, en se défendant contre les auteurs de la vols ou des
pillages ou de tout autre acte de banditisme, exécuté avec violence, ou en bande ou avec port
d’armes apparentes ou cachées, sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par
l’usage qui en est fait, ou à l’aide de véhicule motorisé.
3) – Ordre de la loi et commandement de l’autorité légitime (art. 327 du code pénal)
Manifestation d’émeute : la force publique est contrainte d’utiliser des armes pour
disperser les manifestants, pour rétablir l’ordre afin que force reste à la loi.
Bourreau qui exécute.
B/ - LES MEUTRES AGGRAVES
Ce sont des homicides qui comprennent tous les éléments constitutifs du meurtre simple
auxquels s’ajoutent une ou plusieurs circonstances aggravantes.
La peine va donc se trouver aggravée → peine de mort, celle qui se trouve au-dessus des
travaux forcés à perpétuité.
L’aggravation tient à certaines circonstances :
1) – L’aggravation tenant au lien de parenté
Article 299 – « Est qualifié parricide le meurtre des pères ou mères légitimes, naturels ou
adoptifs ou de tout autre ascendant légitime ».
C’est le meurtre d’un ascendant assez éloigné.
Quel que soit l’âge du descendant (même majeur), cela constitue le parricide.
Depuis 1958, on a supprimé le cérémonial qui a entouré l’exécution du parricide (cf. art.
13 du code pénal) ; l’exécution du condamné n’a plus lieu publiquement ; ce cérémonial qui avait
pour but de démonter la réprobation sociale, n’a plus sa raison d’être.
Tout coupable de parricide est puni de mort (art. 302).
Le parricide n’est jamais excusable (art. 323).
Cependant, si le fils se trouve en état de légitime défense de lui-même ou d’autrui (devant
le père en état d’ivresse ou de folie), il bénéficie de l’impunité.
2) – Circonstance aggravante tenant à l’intention de tuer
Si l’intention de tuer existait déjà bien avant la commission du crime, il y a préméditation.
« Tout meurtre commis avec préméditation est qualifié assassinat (art. 296 du code
pénal).
C’est un meurtre aggravé et non une qualification différente.
« La préméditation, selon l’art. 297, Consiste dans le dessein formé, avant l’action,
d’attenter à la personne d’un individu quand même ce dessein serait dépendant de quelque
circonstance ou de quelque condition ».
La Cour de cassation : (crim. 5 juin 1956) la considère comme une circonstance mixte
qu’elle traite comme une circonstance réelle ; elle considère qu’il s’agit d’une communique au
complice.
Peine de mort (art. 302) ; cependant l’excuse de provocation est applicable :
emprisonnement de 1 à 5 ans.
En cas de circonstance atténuante, la Cour criminelle pourra descendre jusqu’à 5 ans de
travaux forcés.

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3) - Aggravation tenant à l’âge de la victime
a) - L’infanticide
1) - Elément légal
Article 301 C.P qui dispose que l’infanticide est le meurtre ou l’assassinat d’un nouveau-
né. C’est une infraction spéciale, sui generis.
2) - Elément matériel
C’est un homicide volontaire, comportant les mêmes éléments que ce crime et soumis
aux mêmes causes d’aggravation.
Le seul élément particulier est que la victime est un enfant nouveau-né. Cette notion est
assez précise car cela tient surtout à l’organisation de l’état civil. L’infanticide est surtout commis
par les filles mères délaissées par leurs séducteurs pour cacher la naissance de l’enfant. L’enfant
nouveau-né est celui non encore déclaré à l’état civil. Mais l’enfant cesse d’être un nouveau-né,
d’une part dès qu’il est déclaré, d’autre part, même s’il n’est pas déclaré, mais que le délai de
déclaration de 12 jours est expiré.
Il faut et il suffit que l’enfant soit né vivant. Il n’est pas nécessaire, en outre, qu’il fût
viable.
En tout cas, il faut rappeler l’exigence d’un fait matériel, positif que nous avons déjà vu
dans l’étude du meurtre simple, étant précisé toutefois, que l’omission volontaire des soins
indispensables à la vie de l’enfant qui vient de naître doit être considérée comme un fait positif.
Ainsi seraient coupables d’infanticide ceux qui laisseraient volontairement un enfant nouveau-né
mourir de faim ou de froid.
3) - Elément moral
Il faut un élément intentionnel, l’animus necandi.
4) - Répression
La peine applicable aux auteurs ou complice du crime d’infanticide est celle, suivent le
cas, du meurtre ou de l’assassinat. Le seul intérêt de distinguer l’infanticide de l’homicide
volontaire proprement dit consiste dans la circonstance que la mère bénéficie d’une véritable
excuse légale qui, d’ailleurs, lui est toute personnelle car qu’il s’agisse d’un meurtre ou d’un
assassinat, elle encourt seulement les travaux forcés de 5 à 20 ans.
b) - Mauvais traitement à enfants de moins de quinze ans
Cette infraction est prévue et punie par l’article 312, alinéa final du code pénal.
Il faut des violences, de mauvais traitements destinés à provoquer la mort. Il s’agit de
violences positives mais la simple privation d’aliments ou de soins est aussi constitutive de
l’élément matériel.
Les parents conservent sans doute le droit d’infliger à leurs enfants des corrections légères
qui se traduisent d’ailleurs, dans la pratique, plutôt par des coups (gifles ou « fessées »), que par
des violences. Mais les corrections entrent dans les prévisions de la loi dès qu’elles sont anormales.
En tout cas, dès que les violences ont été pratiquées avec l’intention de provoquer la mort,
l’auteur encourt la peine de mort, qu’il soit un tiers ou un parent ou assimilé.
4) - Aggravation tenant aux circonstances matérielles extérieures dans lesquelles
l’infraction a été commise
a) - Le guet-apens (art. 296, 298)
C’est le fait d’attendre plus ou moins de temps dans un ou divers lieux, un individu, soit
pour lui donner la mort, soit pour exercer sur lui des actes de violences : la victime a été prise en
traître : cela suppose donc préméditation.

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Régime applicable : celui de l’assassinat dû à la préméditation : la peine est celle de
l’assassinat (art. 296).
b) - Concomitance du meurtre avec un autre crime commis par le même individu
(art. 304, al. 1)
Le meurtre a été précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime. Ex. de celui qui, au
cours d’un vol qualifié, tue une personne qui est survenue à ce moment là.
La réunion de ces 2 infractions fait que la peine applicable est la peine de mort (cumul
réel d’infraction à première vue, mais il y a lieu d’appliquer ici le procédé dit du cumul juridique :
les 2 infractions ne donnent lieu qu’à une seule peine, mais cette peine sera supérieure à la plus
forte encourue). Si l’autre crime est lui-même un meurtre, la circonstance aggravante ne joue pas
si l’un des deux meurtres est excusé par provocation et devient délit (crim. 24 mai 1930, s
1932.1.35).
c) - Connexité entre le meurtre et un délit (Art. 304, al. 2)
Il ne suffit pas d’une concomitance, il faut une connexité. S’il y a un lien entre le meurtre
et le délit, l’un étant commis pour préparer, faciliter la commission de l’autre (ou pour favoriser la
fuite ou assurer l’impunité des auteurs ou complices, l’auteur encourt la peine de mort. Le meurtre
demeure aggravé même si le délit connexe est couvert par l’immunité de l’article 380 car les
agissements demeurent délictueux (cas de vol commis par le fils au détriment de son père crim. 17
février 1944) : la soustraction forme ici une circonstance accessoire aggravante de l’homicide
volontaire, objet de l’accusation (crim. 17.7.76, Bull. n° 257 Rev. sc. crim. 1977 p. 333).
5) - Aggravation tenant aux moyens employés
Il y a des moyens odieux employés par l’auteur qui encourt la peine de mort :
- torture, actes de barbaries (art. 303)
- dépôt d’explosifs sur la voie publique ou privée (art. 435, al. 2) : la loi prévoir une
excuse absolutoire au profit du dénonciateur (art. 435, al. 2). Les malfaiteurs sont punis
comme coupables d’assassinat, disent les articles 303 et 435 al. 3 du code pénal.
C/ - LES INFRACTIONS VOISINES
1) - L’empoisonnement (art. 301)
C’est un des crimes les plus redoutés par les pouvoir publics de tout temps. C’est le fait
d’administrer à quelqu’un une substance susceptible de donner la mort. Il y a empoisonnement
même si la victime ne l’absorbe pas, car il s’agit d’une infraction formelle.
a) - Elément légal
Art. 301 C.P. aux termes duquel « est qualifié empoisonnement, tout attentat à la vie d’une
personne par l’effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou promptement, de quelque
manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles qu’en aient été les
suites ».
b) - Elément matériel
C’est l’administration de ces substances toxiques, il est réalisé dès que le poison a été
versé.
Peu importe :
- le résultat
- que la victime n’ait pas absorbé le breuvage
- la rapidité de l’effet du poison
- le genre de substance : liquide, solide, gazeuse ou microbienne…
- le mode d’administration : ingestion, piqûre, inhalation etc. dès lors qu’elles sont
susceptibles de donner la mort.

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La tentative consistera en ce qu’on commence l’exécution (fiole surpris entre les mains
de l’auteur, envoi d’un paquet de friandises empoisonnée mais que le destinataire n’a pas encore
goûtée).
Il faut une substance susceptible de donner la mort.
c) - Elément moral
L’administration a eu lieu volontairement, l’auteur de l’acte connaissait la toxicité des
produits.
d) - La peine
C’est la peine de mort selon l’art. 302 « tout coupable d’assassinat, de parricide et
d’empoisonnement sera puni de mort ».
2) - L’incendie volontaire entraînant un atteinte à l’intégrité corporelle notamment la
mort (art. 434, al. Final).
La peine est la mort : le décès ou l’infirmité de la victime ici le rôle de circonstance
aggravante, l’incendie ayant été provoqué volontairement.
3) - L’enlèvement d’enfant – kidnapping (art. 355 C.P.)
Si le mineur enlevé a moins de 15 ans → travaux forcés à perpétuité. La même peine est
applicable quel que soit l’âge du mineur, si le coupable s’est fait payer une rançon.
Mais si le mineur est retrouvé vivant avant l’arrêt de condamnation, le coupable n’encourt
que les travaux forcés à temps.
Si l’enfant vient à mourir → peine de mort des ravisseurs (l’homicide volontaire est là
encore une circonstance aggravante).
§ 2 - LES VIOLENCES DIVERS (COUPS, BLESSURES, VIOLENCES ET VOIES DE
FAIT)
Ce sont des atteintes volontaires à l’intégrité corporelle et manifestées par des actes
positifs : ce sont des délits d’action. Un comportement négatif (manque de soins) peut aboutir à
une atteinte aussi grave, mais il s’agira alors d’une infraction voisine mais différente.
A/ - INCRIMINATION DE CES AGISSEMENTS
1) - Elément légal : texte divers (cf. répression)
2) - Elément matériel
Il peut prendre des formes diverses.
a) - Blessures :
Généralement blessures ouvertes : c'est-à-dire avec rupture des téguments, avec effusion
de sang.
Blessures faites généralement : à l’aide d’une arme à l’aide d’un objet, aussi à l’aide d’un
instrument quelconque piquant ou coupant.
Ex. de cas limite : une dentiste critiquée par son client sur les qualités des soins et qui,
profitant de l’immobilisation du client sur le fauteuil, lui avait arraché avec une grande violence
plusieurs des dents jackets qu’elle avait posées.
- Paris 9 janvier 1959 avait admis le fait justificatif de l’exercice d’une profession.
- Crim. 9 novembre 1961 a cassé : Bourges, Cour de renvoi, a condamné le 16 juin 1962
(Gaz. Pal. 19.101962).
b) - Coups :
Pas de rupture de téguments ou d’effusion de sang : ils impliquent un contact du corps de
la victime avec celui de son agresseur ou avec l’instrument manié par l’agresseur (Ex. le fait de
donner coup de pied, simple gifle).
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Il y a contusion. Les instruments dont l’agresseur s’est servi sont dits instruments
contondants opposés aux instruments piquants ou coupants.
c) - Voies de fait (non prévues par le code pénal primitif)
Elles constituent une variété d’atteintes à l’intégrité corporelle.
Prévue par la loi du 13 mai 1863 et maintenue en 1958.
Elles ressemblent aux coups (bousculer quelqu’un, lui fermer la porte au nez pour qu’il
la reçoive dans la figure, lui cracher au visage) mais peuvent ne pas laisser des traces sur le corps
de la victime.
d) - Violences stricto sensu
) - Elles présentent cette particularité qu’elles peuvent être réalisées sans qu’il y ait
contact entre le corps de l’agresseur ou un instrument manié par lui et le corps de la victime.
) - C’est un trouble physiologique : La victime a été profondément impressionnée sans
avoir été frappée ou bousculée.
Sa santé a été altérée : il faut en effet une altération, un trouble physiologique.
Néanmoins, on retiendra l’âge et le sexe de la victime : ce qui fait peur à un enfant ne fera pas
peur à un adulte.
En tout cas, si l’attitude ou le geste est de nature à impressionner une personne normale,
elle constitue la violence stricto sensu.
Ex. – menace d’une arme à feu même sans l’utiliser (à plus forte raison si on tire en l’air)
crim. 7.4.1934.
- instrument dangereux comme fourche, alors jurisprudence tient compte de la distance
qui sépare les deux antagonistes ;
- fait de faire exploser des pétards sur la porte de quelqu’un (crim. 3.1.1936, D.H. 1936,
p. 150)
- fait du voisin irascible qui frappe des coups au plafond (crim. 22.10.1936, D.H. 1937,
p.38).
) - Il faut que cette atteinte se manifeste par une acte positif
L’altération de la santé par un acte négatif ne réalise par l’incrimination de la violence
(Cour de Poitiers 20.11.1901, S. 1902.2.305 : jeune femme séquestrée dite « La séquestrée de
Poitiers » : une simple privation d’aliments, fait négatif, ne serait pas de nature à réaliser la
violence, quelle que soit la gravité des conséquences qu’elle a eues sur la santé de l’individu) ; de
même ne suffisent pas les simples tortures morales, des contrariétés répétées, des chagrins
continuels.
) - Un simple trouble psychique ne suffit pas, dit la jurisprudence (Seine 23.2.48 J.C.P.
1948 2 N° 4786) – affaire Gens, se prétendant aphasique – Personne aphasique → piqûre faite
avec consentements → sous l’influence du penthotal, il a parlé. Donc le médecin constatait qu’il
pouvait parler. Mécontent, il poursuit le médecin pour violation du secret professionnel (ce qui ne
tenait pas car les experts doivent informer la justice) et violences. Le médecin a été acquitté des
deux chefs : pas de violences physique car il a eu consentement et la piqûre ne causait pas de
perturbation insiologique en raison de son caractère bénin.
c) - Violence légères
Ce sont des atteintes plus atténuées et qui constituent une simple contravention.
Elles faisaient l’objet d’une incrimination particulière antérieure au code pénal (art. 601
et 605 du code brumaire au IV), incrimination intégrée au code pénal français dans l’art. 483.
C’est depuis la reforme de 1958 (art. R. 38, 1°) que cette violence légère apparaît : article 473 –
11° du C.P. Malagasy.
Ex.

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- jeter des corps divers en direction de quelqu’un
- jeter des immondices sur quelqu’un
- tirer légèrement les cheveux de quelqu’un
- cracher en direction de quelqu’un sans l’atteindre, tandis que le fait de cracher sur la
figure constitue une voie de fait (art. 314).
3) - Elément moral
Il consiste dans une faute intentionnelle.
L’acte doit avoir été conscient et volontaire ; il doit avoir été fait exprès, dans l’intention
de nuire.
Même si le résultat qu’il escomptait était dépassé, peu importe : l’élément moral est
réalisé.
Dans certains cas, cet élément moral est renforcé ; quand il y a eu une action préméditée,
la préméditation est une circonstance aggravante.
Il faut souligner qu’ici s’applique la règle selon laquelle le mobile qui a fait agir l’individu
n’a aucune importance (rancune, vengeance,…) ; il suffit de frapper volontairement.
De même, peu importe que la victime ait consenti à être frappée ou blessée (ex.
L’euthanasie reste une infraction ; il en est de même ici ; opération chirurgicale pour empêcher de
procéder : c’est un détournement de la fonction médicale).
4) - Causes de justification
1) – La légitime défense justifie un homicide plus forte raison, elle justifie les violence
(art ; 328, 329).
2) – Ordre de la loi et commandement de l’autorité légitime (art. 327).
3) – Autorisation de la loi. C’est ainsi que certaines personnes sont autorisées lorsqu’elles
le font dans l’exercice de leurs fonctions :
- parents : à condition que les châtiments corporels aient été nécessaires et
proportionnées ; ils doivent se maintenir dans l’exercice du droit de correction.
- profession médicale ou chirurgicale : but curatif, thérapeutique et non but esthétique ou
matière d’avortement.
- sportifs : pour les atteintes à l’intégrité corporelle d’autrui, exercice normal des sports
et exercice régulier, selon les règles du jeu.
On peut appliquer ici la théorie de l’abus du droit.
B/ - REPRESSION DE CES AGISSEMENTS
La répression est variable selon la gravité matérielle des conséquences des coups et
violences. Les peines s’échelonnent sur une gamme très étendue, de simple police aux peines
criminelles le plus graves, car :
- C’est en fonction du résultat de la violence en question que la peine est fixée ;
- Il faut tenir compte de l’intention de l’auteur. L’auteur avait-il seulement voulu
frapper ou y a-t-il une préméditation ? S’il y a préméditation → circonstances
aggravantes.
- Il faut également tenir compte de la personnalité de l’auteur, si l’auteur est un
descendant de la victime (article 312 et suiv.).
Coups, blessures, a) Peines sans b) Avec préméditation c) commis par
violences, voies de faits, circonstances ou guet-apens descendant
violences légères aggravantes
1) Simple I.T.T de 20 j. au - 6 j. à 2 ans - 2 à 5 ans - 2 à 5 ans
plus - 25000 à 90000 F - 25000 à 150000 - Priv. Droits art. 42

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- I.S. (art. 311, al. 1 - I.S. (art. 311, al. 2 et - I.S. (art. 312, al. 2,
et 44 – 5°) 44 – 5°) 314, 44 – 5°)
2) Entraînant maladie ou - 2 à 5 ans - 5 à 10 ans - 5 à 10 ans
incapacité de travail - 25000 à 100000 - Priv. Droits de l’art. - Priv. Droits art. 42
pendant plus de 20 jours - Priv. Droits art. 42 42 - I.S. (art. 312, al. 3,
- I.S. (art. 309, al. 1- - I.S. (art. 310, 3°, 314 314, 44 – 5°)
3-4 et 44-5°) 44 – 5°)
3) Entraînant une infirmité - 5 à 10 ans - T.F 5 à 20 ans - T.F. 5 à 20 ans
permanente - Priv. Droits art. 42 - I.S. (art. 310, 2°, 44) - I.S. (art. 312, al. 4,
- I.S. (art. 309, al. 2, 44
314, 44 – 5°)
4) Ayant occasionné la - T.F. 5 à 20 ans - T.F. à perpétuité (art. - T.F. à perpétuité
mort sans intention de la - I.S. (art. 309, al. 3,
310, 1°) (art. 312, al. 4, 44)
donner 44)
5) Violences légères :
Elles sont punies d’une amende jusqu’à 25000 F et éventuellement d’un emprisonnement jusqu’à
29 jours (art. 473 – 11°).
C/- INFRACTIONS VOISINES
1)- Mauvais traitements à enfants (art.312, al.6 à 11).
a)- Elément légal :
Art.312, al.6 à 11. Ces textes répriment les agissements commis par ceux que l’on a
appelés « les bourreaux « d’enfant ».
b)- Elément matériel :
Violences de la même nature que celles énumérées tout à l’heure (blessures ou coups
portés à enfant, voies de fait).
Le texte en vigueur à Madagascar est plus complet : il peut s’agir également de voies de
fait ou de violences strictes.
Originalité : l’élément matériel peut être aussi constitué par des abstentions, des
agissements négatifs :
- privation d’aliments) de nature à compromettre
- privation de soins ) la santé de l’enfant.
Elément supplémentaire constitutif de l’infraction : il faut que la victime ait été un enfant
au-dessous de l’âge de 15 ans accomplis.
c)- Elément moral :
Il consistera dans une faute intentionnelle, volontaire, en ayant pleinement conscience de
ce qu’on faisait et des conséquences de son agissement. Le tribunal de Dunkerque (30.10.53,
D.1954, P.270) a relevé que l’élément moral faisait défaut et, en conséquence, a relaxé les prévenus
dans une affaire où les parents, poursuivis pour absence de soins à leur enfant, avaient invoqué
pour leur défense que leurs croyances religieuses leur interdisaient de faire appel à un médecin.

d)- Répression :
Emprisonnement de 1 à 5 ans et amende de 25.000 à 750.000 FMG (art.312, al.6).
En plus, certaines circonstances aggravantes sont prévues et auront pour effet
d’augmenter la peine ordinaire : en cas de maladie ou d’incapacité de 20 jours, ou ‘s’il y a eu
préméditation ou guet-apens, ou si l’infraction a été commise par un ascendant ou toute autre
personne ayant autorité sur l’enfant ou ayant sa garde, la peine sera un emprisonnement de 3 à 10
ans, et une amende de 25.000 à 100.000 Francs (art.312, al.7). Normalement, l’emprisonnement
ne dépasse pas 5 ans. Ici on prévoit une durée particulière pour enlever compétence à la Cour
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criminelle et pour avoir une peine plus large (système de l’entresol). Ensuite, emprisonnement de
5 à 10 ans si les violences sont exercées par un ascendant et quand l’I.T.T. dépasse 20 jours ou
quand il y a eu préméditation ou guet-apens (art.312, al.8).
S’il y a infirmité permanente ou coups mortels ; T.F. 5 à 20 ans. Si le coupable est un
ascendant m : T.F.P. (art.312, al.9).
Si les violences ou les privations ont été pratiquées avec l’intention de provoquer la
mort…) peine de mort (art.312, al.10).
2)- Administration de substances nuisibles à la santé.
a)- Elément légal
(art.317, al. Finaux : 7 à 9).
C’est une sorte de diminutif de l’emprisonnement. C’est en 1832 seulement qu’on avait
fait prévoir le cas d’administration de substances toxiques insusceptibles de donner la mort.
L’incrimination se trouvait dans le même texte que celui prévoyant l’avortement. C’est
toujours le cas à Madagascar.
b)- Elément matériel :
Avoir administré des substances nuisibles à la santé. Peu importe le moyen employé pour
administrer la substance.
Il faut que l’absorption ait entraîné une maladie, une incapacité de travail personnel.
c)- Elément moral :
Faute intentionnelle. Il faut que l’agissement soit volontaire.
d)- Répression : variable.
ORDINAIRE VICTIME : ASCENDANT
6 I.T.T. moins de 20 jours 1 mois à 5 ans + Réclusion 5 à 10 ans (art.317, al.9)
amende et même interdiction de séjour
(art.317, al.7)
- I .T.T. plus de 20 jours réclusion de 5 à 10 travaux forcés 5 à 20 ans (art.317, al
ans (art.317, al.8)
§ 3 – ABSTENTION DE PORTER SECOURS A UNE PERSONNE EN DANGER
C’est une infraction de création récente, apparue pour la première fois avec la loi du 25
octobre 1941, annulée à la libération, remplacée par l’ordonnance du 25 juin 1945 relative « au
concours des citoyens à la justice et à la sécurité publique », placée dans l’article 63 du code pénal.
L’infraction n’a pas été introduite dans certains pays notamment.
Pour une atteinte à l’intégrité corporelle, il fallait un agissement positif ; ici au contraire,
l’atteinte est obtenue par simple abstention.
3 hypothèses où l’abstention de porter secours est incriminée, quand la victime est
exposée à un péril certain, péril qui varie :
▪ Art.63, al.1 : péril qui résulte d’une infraction imminente (crime ou délit contre intégrité
corporelle)
▪ Art.63, al.2 : personne menacée d’un péril quelconque d’ordre général.
▪ Art.63, al.3 : péril résultant d’une erreur judiciaire : personne incarcérée alors qu’elle est
innocente, elle risque d’être condamnée. Quelqu’un pourrait apporter son témoignage et
s’abstient de le faire.
A/- INCRIMINATION
1)- Conditions préalables
a)- Péril menaçant la personne :

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L’art.63 prévoit 3 sortes de péril menaçant la personne :
- Le péril qui résulte d’une infraction imminente contre l’intégrité corporelle (al.1) : vont
être poursuivis ceux qui sont restés passifs et ont laissé faire ;
- Le péril résultant du risque d’erreur judiciaire (al.3) ; celui qui sait que la personne
poursuivie est innocente doit apporter un témoignage pour essayer que cette erreur jud. Soit évitée
ou réparée au plus vite ;
- Le péril indéterminé (al.2).
b)- Le secours possible de la part du prévenu
1)- empêcher l’infraction d’être commise (art.63, al.1)
2)- (art.63, al.3) apporter un témoignage, faire connaître ce que l’on sait : (pas de peine si
le témoignage est tardif mais spontané).
3)- (art.63, al.2), péril non défini : venir à son secours, il faut une intervention directe (soi-
même, on va pouvoir écarter le péril), soustraire la personne en péril ou lutter contre le péril ; il
faut donc une compétence matérielle ou technique, sinon, il faut une intervention indirecte en
appelant, en provoquant, le secours de quelqu’un de compétent, de la police par exemple.
c)- Absence de risque.
Quand il y a un risque sérieux, certains hésiteront à porter secours. Il faut donc une
absence de risques. Ceci résulte de l’article 63.
)- Il ne faut pas prendre cette expression à la lettre. Il faut l’entendre dans risque sérieux.
Un risque anodin, légin ne suffit donc pas.
Mais le risque moins sérieux peut être suffisant. Tout est affaire de comparaison en la
circonstance.
Comparaison avec l’état de nécessité : L’infraction était nécessaire et pour savoir cela, il
faut faire une comparaison entre le bien sacrifié et le bien sauvegardé.
Dans le domaine de l’abstention de secours, il faut invoquer aussi le risque que courait la
victime et le risque que prendrait l’auteur de l’abstention.
)- Il faut un risque qui ferait reculer un homme normal, honnête et pondéré à condition
que cet homme ait été doté des mêmes capacités matérielles ou techniques (professionnelles) que
le prévenu.
Les pompiers, les policiers et les gendarmes doivent courir un risque plus grave que la
généralité des citoyens.
)- Certains risques ne doivent pas être pris en considération.
La présence de la personne en certains endroits l’exposerait à certains ennuis (ex.
d’argument embarrassant : un automobiliste trouve sur la route un blessé ; craignant que le blessé
le prenne pour celui qui l’a renversé, il s’abstient de porter secours au blessé).
De même, le risque de ternir sa réputation (présence à la suite d’une liaison coupable).
2)- Eléments constitutifs proprement dits
a)- Elément légal (art.63 du code pénal)
b)- Elément matériel :
Le comportement délictueux consiste en une abstention. Il s’agit d’un comportement
passif.
Dans certains cas, cette abstention est plus caractérisée (cas du médecin que l’on appelle
pour venir au chevet d’un malade et qui s’y refuse en se contentant de fournir une indication
quelconque ou de demander que l’on prévienne un confère ; arrêt du 9 octobre 1956 Gas. Pol.
1956.2.248).

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Le simple fait de s’être rendu compte du péril et de n’avoir rien fait suffit : on n’exige pas
un refus exprès.
La jurisprudence a admis que certains croyants de certaines sectes peuvent rester impunis
(cas de ceux qui refusent de chercher un médecin car leurs croyances religieuses le leur
interdisaient). Mais il faut alors des gens relativement simples.
Les tribunaux se montrent assez souples dans l’appréciation de cet élément matériel : ce
qui compte surtout, c’est l’élément moral.
3)- Elément moral.
Il faut qu’il s’agisse d’une véritable abstention, d’une abstention consciente :
- il faut que le prévenu se soit rendu compte du péril qu menace la victime ;
- il faut que le prévenu se soit rendu compte qu’il pouvait porter secours ; mais la
jurisprudence est plus sévère ;
- il faut que le prévenu se soit rendu compte de l’absence de risque : qu’il a cru qu’il y
avait un risque qui, en réalité, n’existait pas, les tribunaux apprécieront.
Les médecins disent qu’il leur appartient d’apprécier l’utilité et l’urgence de leur
intervention. Mais les tribunaux estiment qu’ils peuvent apprécier quand le médecin manque à ses
obligations professionnelles.
Peu importe le mobile, quel que soit le tort que la personne en péril puisse avoir.
B/- REGIME JURIDIQUE ET REPRESSION
1)- Régime juridique
a)- Il s’agit d’un délit distinct
Fin XIXème et début XXème siècle se posait le problème d’infraction de commission par
omission (cas d’une personne qui s’abstient de porter secours à une personne en train de se noyer) :
le résultat est obtenu comme si l’on avait commis, un acte positif quand l’individu est décédé). Tel
n’est pas du tout le parti adopté par le législateur de 1945 qui y voit un délit distinct : on ne sera
pas poursuivi pour avoir commis un meurtre ou des blessures volontaires, mais pour s’âtre abstenu
d’intervenir.
Celui qui n’a pas porté secours n’a pas porté atteinte à l’intégrité physique d’une
personne.
D’où, peines sensiblement différentes. Il en résulte aussi qu’il n’y a toujours pas de
complicité par abstention.
b)- Il s’agit d’une infraction instantanée :
C’est au moment opportun qu’il faut porter secours.
c)- Est-ce une infraction intentionnelle :
Délit d’omission mais peut être intentionnel. Ici il s’agit d’une abstention volontaire.
d)- C’est une infraction formelle.
Peu importent les suites de l’infraction, de l’abstention.
e)- Causes d’impunité
)- Contrainte ou force majeure : La jurisprudence se montre assez difficile (cas d’une
auto qui passe auprès d’un blessé sans porter secours : pas de problème pour le chauffeur qui aurait
renversé ; problème quant au passager qui dit qu’il n’est pas en faute car ce n’est pas lui qui tenait
le volant et ne pouvait sauter de la voiture en marche, elle s’est trouvée dans un cas de force
majeure.- seulement, il aurait pu téléphoner à la gendarmerie lorsque l’automobiliste s’était arrêté
et que pour se remettre de son émotion, il avait été prendre une consommation dans un café).
)- Exclusion de la légitime défense et de l'article 327.
)- La seule cause d’impunité est l’immunité familiale (art.63, al.4).
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Sont exceptés de la disposition de l’alinéa précédent (abstention de témoigner) :
- le coupable du fait qui motivait la poursuite
- ses coauteurs, ses complices
- et les parents ou alliés de ces personnes jusqu’au 4ème degré inclusivement.
2)- Répression
a)- Peines principales
- emprisonnement de 3 mois à 5 ans
- amende : 18.000 à 750.000 FMG.
b)- Conséquences civiles
Préjudice : c’est l’aggravation de l’état de l’individu, d’où estimation très difficile.
L’auteur du secours est maladroit et a porté ainsi un préjudice à la victime : dans quelle
mesure est-il responsable ?
Si le risque prévu est plus grave, l’auteur est-il admis à demander des dommages intérêts.
Ce sont des points non tranchés par la jurisprudence.
C/- APPRÉCIATION CRITIQUE DU TEXTE
Ce texte est très fréquemment utilisé et n’échappe pas à la critique selon laquelle le
législateur n’a pas à intervenir dans le domaine moral.
Ce texte est utilisé pour permettre d’atteindre ceux qui ne veulent pas porter secours alors
qu’ils peuvent bien le faire sans risque pour eux. En effet, on ne pouvait pas poursuivre pour
homicide car celui-ci exige un acte positif.
Ce texte est utilisé aussi dans des cas où un individu assiste passivement un autre qui est
en train de se suicider.
Dans certains cas, on prononce des peines rigoureuses. Dans d’autres, on inflige des
peines de principe, surtout conte ceux qui font preuve de manque de courage, de lâcheté.
Pour les professionnels, les peines sont destinées à leur rappeler leur devoir, donc une
sorte de sanction disciplinaire, pour obtenir une exécution plus humaine des devoirs
professionnels. Ici, l’élément moral existe dans l’appréciation trop désinvolte que l’intéressé a faite
de ses devoirs.

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SOUS-SECTION 2
LES ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE PHYSIQUE DES
REPRESENTANTS DE L’AUTORITE PUBLIQUE

Ce sont d’autres textes qui s’appliquent ici (art.228 et suiv. du code pénal).
§ 1 – QUELLE SONT LES PERSONNES PROTÉGÉES
Il faut consulter les articles 222 et suivants du code pénal.
A/- LES MAGISTRATS AU SENS LARGE DE L’ART.222
Magistrats de l’ordre judiciaire ou administratif et les administrateurs eux-mêmes.
La jurisprudence étend la protection aux magistrats consulaires, et aux assesseurs.
Quid des jurés, magistrats d’occasion ?
Selon GARCON et VOIRIN, ils devaient être écartés de la protection.
Selon le professeur LEVASSEUR, ils méritent la protection.
Fondement de la protection. Les violences sont considérées comme s’adressant à
l’autorité publique elle-même. Pas de violences légères à leur égard. Toutes les violences exercées
sur eux, si légères soient-elles, sont incriminées par la loi à titre délictuel ou criminel.
B/- LES OFFICIERS MINISTERIELS (art.230)
- greffiers, notaires, huissier, avoués en France,
- leur personne ne bénéficie pas de cette protection,
- de même les avocats ne sont pas des officiers ministériels.
C/- LES AGENTS DE LA FORCE PUBLIQUE (art.230)
Autrefois, on faisait une distinction entre commandants et agents de la force publique
(peine plus sévère dans le premier cas).
Distinction disparue aujourd’hui.
Ils sont exposés à susciter des mécontentements parmi les justiciables et administrés
contre lesquels ils sont amenés à agir.
D/- LES CITOYENS CHARGES D’UN MINISTÈRE DE SERVICE PUBLIC
Mission qui peut être permanente ou temporaire. Ce sont des gens qui ne sont pas
fonctionnaires, qui ne participent pas non plus comme officier ministériel à l’exécution d’une des
fonctions de l’Etat.
D’après la jurisprudence, les syndics de faillite, les agents de contributions indirectes ou
les membres d’un personnel de contrôle des administrations (ponts et chaussées, sécurité sociale
– CNAPS, chemin de fer) bénéficient de la protection. De même, les examinateurs au permis de
conduire. Facteurs, conseillers municipaux sauf mission spéciale, autres agents de chemin de fer,
ne sont pas des citoyens chargés d’un ministère de service public.
§ 2 – DANS QUELLES CIRCONSTANCES S’APPLIQUE CETTE PROTECTION ?
1)- DANS L’EXERCICE DE LEURS FONCTIONS OU DE LEUR MISSION
Il est manifeste que c’est aux fonctions exercées par eux que l’auteur de l’infraction a
voulu s’en prendre :
- Magistrats à l’audience,
- Huissiers en train d’instrumenter.
2)- A L’OCCASION DE L’EXERCICE DES FONCTION OU DE LEUR MISSION
Ex. Magistrat amené à condamner un individu qui, trois jours plus tard, le frappe en raison
du ressentiment.

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- Agent de police qui a dressé un procès-verbal et qui a été attaqué alors qu’il était déjà
en tenue civile.
Le problème est de savoir si les violences ont été exercées à l’occasion ou tout en dehors
de l’exercice de ses fonctions ; il faut qu’elles aient leur origine dans le comportement dans le
service.
§ 3 – ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION
1)- Elément légal : Art.228 et suiv. C.P.
2)- Elément matériel : nature des violences.
- Blessures, coups, voies de fait, violences stricto sensu, voire les violences simples.
Cependant, quand il s’agit de particulier, certaines violences sont bénignes et considérées comme
violences légères (contravention). Ici cela constitue toujours un délit.
- Il faut des violences contre la personne et non contre les choses (ex. la personne a jeté
des pierres et brisé les vitres de la gendarmerie). Crim. 15 mai 1952, Gaz. Pal. 1952.2.33.
3)- Elément moral : l’intention mauvaise
Il faut toujours une faute intentionnelle car il s’agit d’atteintes volontaires.
Mais il faut surtout la connaissance de la qualité de l’individu que l’on a frappé. Il n’y a
pas de problème quand l’agent est revêtu de l’uniforme, mais le problème se pose seulement quand
il ne porte aucun signe distinctif.
Peu importe le mobile qui a poussé le prévenu à agir.
§ 4 – REPRESSION
Elle est graduée selon le dommage subi, donc il n’y a pas de différence, sur le principe,
avec les atteintes contre les particuliers.
Quand il s’agit de l’intégrité physique des représentants de l’autorité publique, il faut
distinguer selon qu’il y a eu ou non effusion de sang.
1)- Sans effusion de sang ni maladie (230)
- emprisonnement : 1 mois à 3 ans + 25.000 à 150.000 FMG – 2 ans à 5 ans pour
magistrats + D.D.42 et I.S. (228)
- réclusion : de 5 à 10 ans quand il y a guet-apens ou préméditation (232).
2)- Avec effusion de sang ou maladie (art.231)
- Réclusion de 5 à 10 ans quelle que soit la victime (art.228 ou 230) ; qu’il y ait ou non
guet-apens ou préméditation.
3)- Mort dans les 40 jours (art.231 in fine et 233)
- Travaux forcés à perpétuité (art.231 in fine)
- Quelle que soit la victime (magistrats ou autres)
. Qu’il y ait ou non guet-apens ou préméditation
. Suppose une absence d’intention de donner la mort.
- Peine de mort quand il y a intention de donner la mort (art.233).
4)- Différences avec la répression des infractions contre les particuliers
a)- Les divers degrés de répression ne correspondent pas dans les deux cas :
-les circonstances aggravantes ne sont pas tirées exactement des mêmes éléments.
-il est ici fait allusion à l’effusion de sang et à la mort dans les 40 jours non prévues dans
l’autre cas.

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b)- L’excuse de provocation n’est pas applicable. Dans les articles 222 et suivants, rien
n’est prévu en matière de provocation comme cela est prévu dans les articles 321 et
suivants.
c)- Par contre, la légitime défense est admise, s’agissant d’un fait justificatif à caractère
général.
d)- L’infraction n’aurait-elle pas un caractère politique étant donné que le prévenu a
marqué, par ses agissements, son hostilité à l’autorité de l’Etat ?
Non, dit la J.P. (crim.14 janv. 1958, Bull. p.93).

SECTION 2
LES ATTEINTES INVOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE

Il n’y a pas ici à distinguer selon la qualité de la personne qui a été victime : en effet,
puisqu’il s’agit d’atteintes involontaires, l’hypothèse est que la personne n’a pas fait exprès. Peu
importe donc qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un représentant de l’autorité publique.
Dans l’étude de l’incrimination, nous ne distinguons pas selon qu’il s’agit d’homicide ou
de blessures. En effet, les éléments constitutifs de l’infraction sont les mêmes dans les deux.
C’est dans l’étude de la répression qu’une distinction est nécessaire car l’étendue du dommage
est différente.
Les infractions de la présente espèce sont fréquentes dans les pays largement développés.
Elles se multiplient en fonction du développement de l’industrialisation :
- le travail comporte l’intervention de nombreuses machines ;
- le travail comporte l’intervention de nombreux produits le plus souvent dangereux.
D’où source d’accidents du travail.
La seconde source est l’intensité de la circulation et des moyens puissants utilisés par les
particuliers pour circuler.
Tout cela constitue un danger sérieux pour la société. Pour réduire ce danger, des moyens
divers sont employés.
On se demande si on n’a pas fait preuve d’une grande indulgence à l’égard des atteintes
involontaires à l’intégrité corporelle.
On sépare nettement le cas des atteintes volontaires et des atteintes involontaires, le
danger social étant beaucoup plus grave dans le premier cas. Ne fallait-il pas créer une catégorie
intermédiaire entre les atteintes volontaires et les atteintes involontaires dues à des imprudences
impardonnables ? Cas de l’automobiliste qui prend un risque là où la visibilité n’est pas bonne.
C’est un problème de politique criminelle. C’est au législateur de décider selon l’état de
la nécessité sociale.
§ 1 – LES CONDITIONS D’INCRIMINATION
Les règles du droit pénal ne paraissent pas suivies de façon rigoureuse.
Le texte d’incrimination doit décrire avec précision les éléments matériels.
Il doit également indiquer en quoi consiste l’élément moral.
A/- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS
1)- Élément légal
-art.319 – 320 et 320-bis du code pénal
-art.473 – 120 du code pénal (contravention)
2)- Elément matériel
a)- Il faut un agissement positif ou négatif

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- Il va consister dans le fait d’avoir causé une atteinte à l’intégrité corporelle d’autrui par
un agissement qui sera tantôt un agissement positif tantôt un agissement négatif.
L’article 319 nous dit : « Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence
ou inobservation des règlements, aura commis involontairement un homicide ou en aura été
involontairement la cause, sera puni… »
L’article 320 ajoute : « S’il est résulté du défaut d’adresse ou de précautions, des
blessures, coups ou maladies … »
Tout le monde s’accorde à reconnaître que la maladresse constitue un agissement positif :
que la négligence, le défaut de précautions constituent des agissements négatifs.
Mais il y a des termes susceptibles de recouvrir les deux sortes d’agissements :
- S’il y a une imprudence, elle a pu consister à faire quelque chose qu’il n’aurait pas fallu
faire ou à ne pas faire quelque chose qu’il aurait fallu faire.
- L’inobservation des règlements, acte positif ou négatif, est facile à constater, à
caractériser et à prouver (le règlement interdit ou ordonné).
- En réalité, c’est l’ensemble du comportement de l’individu qui se trouve incriminé et
non tel ou tel point bien précis de son comportement. Son comportement n’a pas été un
comportement correct ; il aurait pu être correct s’il y a quelques adjonctions ou au contraire
quelques suppressions. (Ex. si l’automobiliste n’avait pas serré exagérément sur sa droite au
moment où il dépassait un cycliste …).
L’individu ne s’est pas comporté selon l’expression romaine en « bon père de famille »,
comme un individu normal.
- Ce que l’on va reprocher au prévenu, c’est d’avoir commis une faute aussi vague que
celle sur laquelle repose la responsabilité civile (art.1382 du code civil ou 204 L.T.G.O).
D’après la jurisprudence, il y a identité ici entre faute génératrice de responsabilité civile
et faute génératrice de responsabilité pénale. Du moment qu’un prévenu a été relaxé au pénal, il
ne peut y avoir faute au civil (sauf action basée sur l’article 2384, al.1 ou art.206 LTGO).
L’élément matériel, c’est, somme toute, la faute, la faute très grave de l’article 1382 du
code civil (art.204 LTGO).
- Mais il faut aussi préciser quel comportement a constitué la faute et que ce
comportement constitue l’un des agissements prévus par les art.319 et 320, c’est-à-dire une
négligence, une inobservation des règlements, une maladresse, une imprudence…
b)- Le résultat de l’agissement : Il faut qu’il y ait eu atteinte à l’intégrité corporelle.
Cette responsabilité pénale ne va jouer que si elle a engendré un dommage à l’intégrité
corporelle d’une personne (ici la tentative n’est pas incriminée par la loi).
En quoi pourra consister cette atteinte ? Elle revêt les mêmes formes que comme s’il s’agit
d’atteintes volontaires : homicide, blessures, coups ou voies de fait.
Il faut ajouter même que depuis sa modification en 1935, l’article 320 permet d’incriminer
des agissements ayant entraîné une maladie.
Point de départ de la prescription au cas où le décès de la victime s’est produit longtemps
après l’accident : (ex. du chirurgien qui a oublié une pince dans le ventre du patient : la prescription
court du jour du décès et non du jour de l’inattention).
3)- Elément moral
Il se trouve lié de façon très étroite à l’élément matériel. En effet, l’élément matériel est
un comportement fautif. Or, l’élément moral c’est une faute mais une faute non intentionnelle.
a)- C’est une faute d’imprudence, mais il faut que le Ministère public en apporte la
preuve. C’est dans les contraventions seulement que la faute est généralement
présumée.

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Le Ministère public doit démontrer qu’un homme normal aurait eu un comportement
différent.
Cette preuve est assez difficile, sauf dans un cas : quand l’imprudence résulte de
l’inobservation des règlements.
L’homme modèle n’est pas unique, il comporte plusieurs variétés dues à l’âge, au sexe, au degré
d’instruction …
b)- L’élément moral peut aussi résulter d’une erreur de fait. Le pharmacien s’est
trompé en préparant le médicament ; la garde-malade a fait absorber un autre
médicament que celui qui était prescrit.
Il aurait peut-être été possible d’entrer dans le détail des comportements (cas de l’incendie
par imprudence : la loi énumère les cas de comportement imprudent alors qu’ici le législateur s’est
contenté d’une formule générale).
D’où la nécessité de l’existence d’un élément supplémentaire.
4)- Relation de cause à effet entre l’élément matériel et l’élément moral
a) Nécessité d’un lien entre la faute et le dommage qui, ici doit être un dommage
corporel
Ex. accident de travail : enquête. Il y a eu inobservation des règlements mais il est possible
que cette inobservation n’ait pas engendré le dommage.
Accident de circulation : Voiture ne possédant pas certaines pièces réglementaires : il y a
un lien de cause à effet si la voiture est stationnée au bord de la route alors qu’elle ne comporte
pas de surface réfléchissante à l’arrière et qu’une autre est entrée en collision la nuit. Mais si
l’accident s’est produit en plein jour, il n’y a pas de lien de causalité.
Il faut indiquer que ce lien de causalité est souvent quelque chose de complexe.
Il n’est pas nécessaire que la faute reprochée au prévenu soit la cause unique de
l’accident ;
b)- La jurisprudence estime qu’il suffit que la faute ait joué un certain rôle dans la
réalisation du dommage ; c’est l’application de la « théorie de l’équivalence des
conditions ».
Accident : Ce peut être dû à la faute du conducteur ; mais si la voiture heurte un piéton la
nuit, il se peut que l’automobiliste ait été ébloui par le phare d’une automobile venant en sens
inverse ; il y a alors faute de part et d’autre des deux automobilistes ; les deux vont être poursuivis
pour blessures ou homicides par imprudence.
La faute d’un tiers, quand bien même elle serait prédominante, n’a pas d’influence sur la
responsabilité pénale du prévenu.
De même, la faute de la victime n’exclut pas automatiquement la responsabilité pénale
de l’automobiliste mais il y aura partage de faut dont 9/10 à la charge de la victime par exemple.
C’est quand il est manifeste que le dommage est dû exclusivement à la faute d’un tiers ou
de la victime que l’automobiliste peut s’en décharger.
c)- La preuve du lien de causalité est très difficile notamment :
Si le piéton est mort à la suite de complications diverses. En effet, il arrive que la victime
ait dû subir une opération au cours de laquelle (ou postérieurement à elle), elle est décédée.
Souvent, des expertises seront nécessaires pour savoir dans quelle mesure il s’agit là
d’une suite suffisamment nette de la faute qui avait été commise.
On pourra rechercher très loin dans le temps et dans l’espace les fautes qui sont en rapport
avec le dommage corporel, d’où :

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B/- LES PERSONNES RESPONSABLES
Les personnes susceptibles d’être poursuivies sont nombreuses. Toutes les personnes qui
ont commis une faute petite ou grande qui a contribué à l’atteinte à l’intégrité corporelle
« quiconque … en aura été involontairement la cause » :
1)- Auteur matériel et direct.
On peut poursuivre non seulement l’auteur du dommage matériel mais aussi d’autres
personnes ;
2)- Auteur indirect. (ex. de l’automobiliste qui a ébloui un second, lequel a commis le
dommage).
De même, si une personne se trouve là où elle ne devait pas être et que pour éviter de
l’écraser, l’automobiliste a fait une manœuvre conduisant la voiture contre un arbre, c’est le piéton
qui est responsable du dommage quand il y a eu des blessés.
3)- Auteur médiat
C’est-à-dire celui qui aurait pu empêcher le dommage de survenir mais qui n’a pas pris
les mesures nécessaires (cas de celui qui confie un travail à celui qui n’a pas les capacités requises
- Ex. Confier une auto à quelqu’un qui n’a pas de permis (crim. 30.10.58, Bull. p.162).
De même est en faute l’employeur qui impose un nombre d’heures de travail considérable
à un chauffeur si celui-ci a causé un accident en raison de sa fatigue.
4)- Auteur intellectuel
Le fait d’avoir poussé quelqu’un au suicide sans peut être s’en rendre compte : le lien de
causalité est ici difficile à établir.
§ 2 - LA REPRESSION
Cette répression va dépendre de la gravité de l’atteinte à l’intégrité corporelle.
A/- Il faut distinguer trois degrés :
1)- L’atteinte entraîne une incapacité de travail ne dépassant pas 6 jours : amende de 500
à 25.000 FMG et éventuellement emprisonnement jusqu’à 29 jours (art.473 – 12°).
2)- Si l’atteinte a entraîné une I.T.T. de plus de 6 jours ou une I.P.P. : emprisonnement de
15 jours à 1 an et amende de 25.000 à 750.000 FMG (art.320).
A titre palliatif, le législateur a prévu et retenu certaines circonstances aggravantes :
- ivresse ) Le juge peut doubler les peines.
- délit de fuite )
3)- S’il y a mort d’homme : emprisonnement de 3 mois à 2 ans et amende de 50.000 à
1.000.000 FMG (art.319).
B/- PRESCRIPTION DE L’ACTION PUBLIQUE
Délai de 3 ans car c’est un délit partant du jour où le dommage a été subi ; mais si la mort
s’ensuivit, le délai court du jour du décès.
Exemple du chirurgien qui a oublié une pince à l’intérieur du corps du patient ; la seconde
opération a lieu plus de 3 ans plus tard ; pas de prescription car délai court du décès du patient à la
suite de la 2ème opération.
1 an dans le cas de blessures involontaires : contravention.
§ 3 – LES IFNRACTIONS VOISINES
1)- La conduite en état d’ivresse
Le seul fait d’avoir conduit en état d’ivresse même sans accident, constitue un délit ; 1
mois à 1 an – 25.000 à 100.000 (art.L. 1er du code de la route) ou l’une de ces deux peines
seulement.

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- En cas d’homicide involontaire ) 6 mois à 4 ans ) Art. L 1er C.R.
) 100.000 à 2.000.000 ) 319 C.P.
- En cas de blessure involontaire ITT de + de 6 jours ) 1 mois à 2 ans ) Art. L 1er C.R.
) 50.000 à 1.500.000 ) 320 C.P.
- Avec ITT de moins de 6 jours ) 15 jours à 1 an ) Art. L 3 C.R.
) 25.000 à 750.000 ) 320 C.P.
Difficulté de savoir s’il y a état d’ivresse
La loi punit l’ivresse quand elle est publique et manifeste : cas de l’individu qui zigzague
sur la route.
La loi y assimile celui qui conduit en état d’imprégnation éthylique.
Il faudrait alors un prélèvement de sang pour permettre contrôler la dose absorbée.
2)- LE DELIT DE FUITE
Il remonte à une loi spéciale de 1908 non incorporée dans le code pénal. A Madagascar,
il est incriminé et réprimé par l’art. L. 2 du code de la route.
Il consiste à ne pas s’arrêter alors qu’on s’aperçoit qu’on a causé un accident. Cet accident
n’est pas forcément corporel, il peut être simplement matériel.
Il faut qu’on se soit rendu compte de l’accident.
Il faut ensuite qu’on se soit soustrait à la responsabilité pénale ou civile qu’on peut avoir
encourue.
Répression
- Après accident matériel ) 1 mois à 1 an ) art. L.2
) et 25.000 à 250.000 )
)
- Après accident corporel ) 15 jours à 1 an et 25.000 à 750.000 FMG ) art. L.3
) et 320
3)- L’abstention de porter de secours
Si, après s’être arrêté au lieu de l’accident, l’automobiliste est reparti sans porter secours,
il peut être poursuivi en vertu de l’article 63 du code pénal.
- Emprisonnement : 3 mois à 5 ans
- Amende : 18.000 à 750.000 FMG.
4)- Défaut de permis de conduire
- 10 jours à 1 an ; 25.000 à 200.000
(art. L. 12 et R.306)

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CHAPITRE II
LES ATTEINTES A LA PROPRIETE

Ce sont principalement :
-le vol
-l’abus de confiance
-l’escroquerie
-les infractions voisines
-le recel
-l’incendie et les destructions.

SECTION 1
LE VOL

Nous verrons successivement :


-l’incrimination du vol
-le régime juridique de cette infraction
-la répression.
Cette répression est très variable ; elle dépend de toutes sortes de circonstances et
s’échelonne depuis les simples contraventions jusqu’aux crimes punis des peines les plus graves,
mais la notion même de vol est la même : les éléments constitutifs sont les mêmes et les seuls
éléments constitutifs supplémentaires ou les circonstances aggravantes vont modifier la
qualification.
§ 1 – INCRIMINATION DU VOL
A/- L’ELEMENT LEGAL
Art.379 et suivants : vol et diverses catégories de vols.
Vol en général : « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient
pas est coupable de vol ».
Dans certains cas, s’ajoutent des éléments constitutifs supplémentaires.
Dans d’autres cas, s’ajoutent des circonstances aggravantes.
B/- L’ELEMENT MATERIEL
Il comporte trois aspects :
- Il faut avoir soustrait
- Il faut avoir soustrait une chose
- Il faut que la chose soustraite ait appartenu à autrui.
1)- La soustraction
Etymologiquement, soustraire veut dire : tirer quelque chose par dessous, donc implique
un déplacement (soustraction vient de subtrahere, substractum : c’est le fait de déplacer, d’enlever
quelque chose).
Pour donner une idée juridique parfaite, il faut reprendre l’analyse qu’en donne le
professeur GARÇON, analyse qui suppose qu’on connaît le droit civil et la notion de possession : la
soustraction est l’usurpation de la possession.
D’après la jurisprudence (qui paraît confuse à première vue), il y a vol quand la chose
passe de la possession de son propriétaire ou de son légitime détenteur dans la possession de
l’auteur du délit.
Il faut qu’il y ait usurpation de la possession (conception juridique plutôt que matérielle).
Or, la possession au sens juridique comprend deux éléments :

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- un élément matériel dit corpus : il consiste à avoir la chose entre les mains, s’il n’y a
que cet élément, il y a détention ;
- un élément psychologique dit animus, c’est l’intention de se comporter sur la chose
comme un propriétaire.
Si ces deux éléments sont réunis, on est en possession de la chose, mais on n’en est pas
propriétaire. Le voleur réunit ces deux éléments, donc il est possesseur mais un possesseur de
mauvaise foi ; le possesseur de bonne foi est celui qui se croit véritablement propriétaire.
Le vol va donc consister à usurper la possession d’une chose qui ne vous appartient pas.
L’usurpation de la possession par l’auteur du délit peut ainsi se réaliser de diverses
façons :
a)- Usurpation par appréhension et déplacement de la chose
- Au moment du paiement du prix de vente, l’acheteur, après avoir versé la somme
représentant ce prix, la reprend et s’enfuit avec ; en effet, il n’en avait plus la possession, il avait
entendu transmettre la possession des deniers à son vendeur et en reprenant cet argent, il a usurpé
la possession, il a commis une soustraction.
- Inversement, si le vendeur ayant déposé la quittance du prix a l’intention de l’acheteur
prend l’argent que lui tend l’acheteur et reprend en même temps sa quittance et s’enfuit avec, il a
commis un vol portant sur le morceau de papier, qu’est la quittance.
- Vol à la titre : vol qui consiste à tirer des poches, les objets qu’on dérobe.
- Vol à l’esbroufe : vol qu’on pratique en bousculant la personne qu’on veut dévaliser.
- Vol à l’américaine : qui consiste essentiellement à se faire remettre une somme
importante en échange d’objets sans valeurs laissés à la dupe. Il s’agit en réalité d’une escroquerie.
b)- A défaut d’appréhension et de déplacement de la chose, peut-on encore parler
de vol ?
(1)- En principe, il n’y a pas soustraction.
- La rétention malhonnête n’est pas une soustraction : cas de celui qui a vendu une chose
et qui n’accomplit pas son obligation de délivrance ; ou de l’acheteur qui, ayant repris la chose, ne
versait pas son prix.
- Il n’y a pas soustraction en cas de remise par erreur par le traders : le fait par l’accisiens,
d’avoir reçu une somme plus élevée que celle qui lui était due ne constitue pas une soustraction
car on lui a remis la possession(corpus et animus) de ces deniers qu’il a perçus. La chambre
criminelle a fait application de ce principe à l’occasion de la remise par erreur d’une
correspondance qui n’était pas destinée à celui qui l’avait reçue ; le fait d’avoir conservé cette
correspondance, même de mauvaise foi, n’est pas une soustraction (crim. 22 janvier 1948 D. 1948.
143).
(2)- Exceptionnellement, il peut y avoir soustraction si la possession est usurpée.
Quoiqu’il n’y ait eu appréhension et déplacement, il peut se fait qu’il y ait quand même
soustraction parce qu’il y a eu usurpation de la possession du fait que la remise n’avait porté que
sur le corpus et non sur l’animus.
)- Il y a le cas de remise involontaire
- Remise sous la contrainte. « La bourse ou la vie » dit le malfaiteur ; la remise de la
bourse n’est pas volontaire et tout se passe comme si la bourse avait été appréhendée par le
malfaiteur lui-même (crim.22.2.1894).
- Remise faite par un enfant ou un dément : une telle remise ne peut pas être considérée
comme une remise qui transfère la possession ; l’animus n’est pas transféré. (crim.18 mai 1876)
S. 1876 I.317 ; D.1877, J.95 ; Rev. Sc. Crim. 1977 p.341).
- Vol au rendez-moi : qui consiste à demander la monnaie d’un billet important et à
profiter de l’inadvertance du commerçant pour ramasser à la fois le billet et la monnaie. Si le

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malfaiteur avait déposé le billet et l’a ensuite ramassé avec la monnaie, il a entendu transférer la
possession du billet, donc il y a vol. S’il n’ait pas déposé le billet, il n’en aurait pas transféré la
possession et son agissement ne pourrait alors être incriminé que comme escroquerie à la suite des
manœuvres frauduleuses (Cass. 12 déc. 1856, S. 1857.1.239 ; crim. 29 spt. 1898, S.1900. 1. 249.
note Roux).
)- Il y a remise « nécessaire et forcée », remise provisoire, temporaire et précaire.
Celui qui avait fait la remise n’avait jamais entendu conférer la possession de telle sorte
qu’en gardant la chose et en se l’appropriant, on usurpe la possession (cas de celui qui a demandé
un document pour le vérifier, pour y jeter un coup d’œil, et qui l’empêche) ; de même le joaillier
à qui on remet un bijou pour l’estimer et qui l’ayant démonté, garde la pierre en la remplaçant par
une fausse commet un vol parce que la remise qui lui avait été faite n’était que provisoire (crim.
2.6.1876, Bull. n°131).
)- Il y a remise sous condition
Le cas le plus fréquent est celui de la vente au comptant, le vendeur remet la chose à
l’acheteur qui l’emporte sans la payer. La jurisprudence a dit qu’il y avait là un vol et qu’il était
d’ailleurs absolument nécessaire de la considérer ainsi afin d’éviter les pires abus.
Tant que le paiement n’est pas encore intervenu, la remise reste limitée au corpus. Par
suite, si l’acheteur conserve la chose sans la payer, il usurpe l’animus et il commet une
soustraction. (cass. 15 juin 1915, D.1921.159, S.1918. 1919.I.225).
Application aux ventes dans les magasins de libre service, cas de l’acheteur qui dissimule
les objets au moment de son passage à la caisse. (crim. 14 mai 1958. D.58 p.513) Gaz. Pal
1958.2.18 ; 30 mai 1958. D.1958.573).
Il ne suffit pas qu’il y ait soustraction pour qu’il y ait vol, il faut une soustraction de la
chose d’autrui. L’élément matériel comporte donc 2 autres éléments :
2)- La chose, objet du vol
a)- Il faut que la soustraction porte sur une chose susceptible de déplacement.
Il faut un meuble corporel.
b)- On ne peut donc pas voler un immeuble parce qu’il ne peut pas être déplacé.
On ne peut pas voler un immeuble par nature, mais si on démonte la construction pierre
par pierre et si on emporte ces pierres, les portes, fenêtres, on se rend coupable de vol de choses,
mobiliers, car on a mobilisé les éléments constituant l’immeuble.
Les immeubles par destination sont susceptibles de déplacement : poissons des étangs,
pigeons des colombiers, bestiaux attachés à l’exploitation des fonds, matériel d’un hôtel.
c)- Mais il peut y avoir vol de courant électrique (crim. 8.1.1958 JCP 1958.2.10546°
et vol d’eaux.
d)- On ne peut pas voler une créance car celle-ci est un meuble incorporel alors que le
vol ne peut porter que sur un meuble corporel, mais on peut voler le titre de
créance.
Ex. B est créancier de C et une personne malhonnête. A s’en va trouver C et se fait payer,
par un moyen ou un autre, la dette que C a envers B. A s’est en quelque sorte approprié la créance
de B, il a usurpé la qualité de créancier et obtenu le paiement de la créance de B. Il n’a pas volé la
créance de B mais peut être aura-t-il commis une escroquerie aux dépens de B et C si c’est à la
suite de manœuvres frauduleuses qu’il s’est fait remettre la créance.
3)- La propriété d’autrui (condition négative)
a)- Si c’est sa propre chose que l’on a soustraite, il n’y a pas délit de vol : (objet égaré, je
trouve un objet qui s’y ressemble bien ; je le prends en pensant que c’est une bonne affaire et qu’il
remplace le mien ; or, il se trouve qu’en fait c’est le mien).

29
Mais il faut être propriétaire véritable et exclusif de la chose. S’il y a copropriété il peut
y avoir vol (copropriété de bijoux entre héritiers) ; il y a vol si le copropriétaire s’attribue
l’intégralité du bien sur lequel il n’avait qu’un droit de copropriété ; une propriété partielle sur la
chose ne suffit pas.
La question s’est posée aussi pour le cas de découverte d’un trésor. Si c’est le propriétaire
du sol qui trouve le trésor dans son terrain, il en est propriétaire intégralement, mais si cette
découverte est faite par quelqu’un d’autre, cet « inventeur » n’a droit qu’à la moitié du trésor.
Cas du contrat de métayage (Trib. Grasse, 19.2.47 Gaz . Pal. 1947 2.21) ; un métayer
travaillait dans une exploitation de fleurs : au lieu de partager la récolte comme il le devait, avec
le propriétaire, il l’avait vendue et s’en était approprié le prix ; le tribunal a décidé qu’il avait ainsi
commis un vol.
b)- 2 catégories de choses n’appartenant à personne. Cas où l’auteur devient propriétaire
par la soustraction, c’est-à-dire quand la chose est un meuble susceptible d’appropriation par
occupation :
- les res nullius ; choses n’appartenant et n’ayant jamais appartenu à personne (gibier)
- les res derelictae : choses qui ont appartenu à un moment donné à quelqu’un qui les a
abandonnées (choses qu’on trouve dans les poubelles). Par contre les choses perdues appartiennent
encore à autrui : vol.
Cas où le propriétaire de la chose est mal déterminé. Cas de l’argent déposé dans le tronc
d’église (C. cur décide qu’il y a vol car l’argent appréhendé par l’individu ne lui appartient pas).
On peut être poursuivi du moment qu’on n’est pas propriétaire même si on ne sait pas à
qui cette chose appartient mais comme une soustraction même frauduleuse ne constitue le vol que
si la chose soustraite appartient à autrui, la décision de condamnation doit préciser que la
soustraction frauduleuse a été commise au préjudice d’une personne dénommée ou qui n’a pu être
identifiée (C.S. arrêt n°194 du 18.4.67, BIMJ n°13, Som. P.77).
C/- L’ELEMENT MORAL, FAUTE INTENTIONNELLE
En principe, c’est le texte lui-même qui doit nous fournir cet élément moral dans l’article
379 : « Frauduleusement ».
C’est une faute intentionnelle, une intention caractérisée de dérober la chose d’autrui.
1)- Il faut avoir su que la chose était la chose d’autrui.
Si l’on ne s’en rend pas compte ; il n’y a pas vol.
De même si quelqu’un trouve un objet et qu’il croit que c’est un objet de petite valeur
abandonnée par son propriétaire, il n’y a pas vol.
Il est possible que l’erreur commise soit :
a)- une erreur de fait sur la propriété
- Non, en matière pénale. En principe nul n’est censé ignorer la loi, donc en matière
pénale, l’erreur de droit n’a pas en principe d’influence : cas du vendeur impayé qui reprend son
objet ou soulevant qu’il croyait que la loi lui donnait ce droit et qu’il pouvait automatiquement
reprendre sa chose (crim. 20 novembre 1947 S.1948.I. 176).
- Oui, en matière civile. Exceptionnellement, on admet que si l’erreur de droit porte non
sur une loi pénale mais sur une loi civile (ex. règles civiles sur l’attribution de propriété : cas de
l’ouvrier ou entrepreneur qui, en travaillant sur un terrain, trouve du trésor ; il peut avoir cru que
le trésor appartient intégralement à celui qui le trouve alors qu’il n’en était propriétaire que par
moitié ; il n’est pas punissable dit la jurisprudence car l’élément moral n’est pas réalisé (Paris, 2
décembre 1924).
2)- Il faut avoir su que le propriétaire ne consentait pas qu’on déplace la chose.
a)- Nécessité de connaître le défaut de consentement du propriétaire.

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J’emprunte une bicyclette à Pierre ; celui-ci me l’a prêtée, je prends la bicyclette au
garage : pas de vol car je pense que j’ai obtenu l’autorisation de la prendre peut-être parce que j’ai
mal compris, ou que la réponse de Pierre était équivoque et pouvait s’interpréter comme un
consentement.
S’il y a habitude, il n’y a pas vol si du fait de certaines circonstances, je n’ai pu prendre
son autorisation alors que ce jour-là Pierre n’était pas alors d’humeur à prêter sa bicyclette.
Si je prends une bicyclette aux yeux du propriétaire sans que celui-ci ne dise rien, il y a
difficulté, mais la preuve incombe au M.P.
Jurisprudence : on peut penser qu’il y a consentement tacite.
Si le propriétaire n’était pas là (cf. ci-dessus) – jurisprudence : le prévenu doit prouver
que le propriétaire était consentant étant donné les rapports antérieurs.
b)- Cas des objets pris dans un meuble confié
Quid d’un meuble laissé en dépôt et dont le tiroir contient des objets, si le dépositaire a
déplacé ces meubles, ces objets ?
Selon la jurisprudence, il faut distinguer selon qu’il y a eu remise de la clef du tiroir ou
non au dépositaire.
c)- Les fraudes dans l’usage des distributions automatiques
Quid du distributeur automatique quand quelqu’un glisse un jeton sans valeur
commerciale à la place de la monnaie ?
L’intention du propriétaire, c’est de s’en dessaisir à condition d’y glisser la monnaie
prévue, donc il y a vol (trib. Lille 15 déc. 1900, D. 1901.2.365).
d)- Il en est de même du paiement au comptant
L’acheteur comme un vol s’il prend possession de la chose sans payer.
e)- Cas du rebranchement irrégulier du compteur électrique
Truquage du compteur pour obtenir frauduleusement du courant : escroquerie et non vol
(crim. 21 déc. 1949, Gaz.Pal 1950.I.95) ; en retard probablement sur le paiement de sa quittance
d’électricité, l’individu s’est vu couper le courant par la Compagnie, il avait rétabli le courant et
rebranché son compteur électrique : il n’y a pas vol car le courant consommé avait été enregistré
au compteur et avait été par la suite payé.
f)- Le consentement donné après coup n’exonérerait pas l’auteur de l’infraction. C’est
l’histoire des flambeaux d’argent de Mrg Muriel dans les Misérables : Jean Val
Jean les a bel et bien dérobés, soustraits avec une intention frauduleuse et lorsque
les gendarmes rapportent à l’évêché les flambeaux trouvés dans ses bagages, Mrg
Myriel déclare qu’il les lui a donnés.
3)- Il faut avoir l’intention de se comporter en propriétaire, en maître de la chose.
Si celui qui a soustrait la chose n’a pas l’animus, il ne commet pas un vol, il n’usurpe pas
la possession.
- Cas de celui qui déplace la chose d’autrui pour lui faire une farce, par jeu ou plaisanterie
(crim. 22 mai 1818 : vol d’une guérite).
- Question délicate : vol d’usage
- On ne s’approprie pas la chose mais on s’en empare pour en faire usage (ex. voiture
emportée par quelqu’un pour faire une promenade).
Jurisprudence :
Si celui qui a pris la voiture l’a abandonnée ensuite, il s’est comporté en propriétaire donc,
il peut être poursuivi pour vol ; il fallait ramener la voiture à sa place. Mais même dans ce dernier

31
cas, il fallait prévoir de l’essence sinon il y a vol d’essence. On pouvait même pousser le
raisonnement jusqu’à prendre en considération l’usure des pneus.
La J.P. d’ailleurs finalement admis que le fait de s’installer au volant d’une voiture pour
s’en servir comme son propriétaire, s’en sert, constituait un vol parce que c’était une usurpation
de propriété bien que temporaire :
-19.2.59 (bull.n°123 ; D.1959 p.341) dans une hypothèse d’ailleurs où il n’y avait
seulement pas tentative mais infraction consommée.
-3.3.59 (bull n°148 ; J.C.P. 1959.2.11178) tentative
-20.10.59 (D.1960.314)
-2.11.61 (bull. n°439).
L’appropriation a pour but une constitution de gage. La jurisprudence décide que cette
prise de possession contre le gré du débiteur constituait un vol (9 mai 1851 D.1851. I.795 et crim.
7 oct. 1959, D.1960 p.9).
- Le mobile n’a aucune importance
Cas d’une vieille qui volait des choux dans le jardin d’un voisin pour faire de la soupe
aux pauvres. Il y a vol mais le juge peut accorder des circonstances atténuantes.
§ 2 – REGIME JURIDIQUE DU VOL
A/- TENTATIVE
1)- Distinction entre crime et délit (art.2 et art.3 du code pénal)
a)- Crime
Dans le cas où le vol est un crime, la simple tentative est punissable en vertu de l’art.2.
b)- Délit
S’il s’agit d’un délit, la tentative n’est punissable que si la loi le prévoit expressément. Ici
l’art. 401 le prévoit, donc la tentative de vol est bien punissable.
Mais si l’infraction devient une simple contravention, la tentative n’est pas punissable.
2)- La distinction du commencement d’exécution et actes préparatoires
A partir de quel moment ?
Il faut un commencement d’exécution (arrêt du 3 janvier 1913 a/s d’un vol). D.1914.1.41 ;
S.1913.1.281.
Un individu avait été surpris dans l’escalier d’un immeuble où un garçon de recettes
devait passer quelques instants après. Actes préparatoires, car aucun des éléments constitutifs du
vol ni de ses circonstances aggravantes n’était encore réalisé. La Cour de cassation a néanmoins
précisé que celui qui avait projeté cette infraction s’en trouvait désormais rapproché à un point tel
que l’on pouvait estimer qu’il était en action du crime tenté et par conséquent qu’il tombait sous
le coup de la loi.
3)- Vol prétendu impossible
Infractions impossibles
-Cas de celui qui introduit une baguette enduite de glu dans le trône d’une église.
-Cas de pickpocket (crim. 4 nov.1876) ; crim.14 juillet 1961, Bull n°299 en a fait une
nouvelle application à propos d’un voleur à la roulette (vol de choses qui se trouvent dans les
automobiles en stationnement). Ce voleur fut arrêté au moment où il avait pénétré dans une
automobile où il n’y avait rien à prendre ; cass. a jugé qu’il y avait néanmoins tentative de vol.
Jurisprudence :
Cette prétendue impossibilité n’a aucune importance

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B/- COMPLICITE
Il faut appliquer les règles habituelles de la complicité.
(1) La jurisprudence n’applique pas de façon nette la distinction entre le co-auteur et le
complice. Elle a tendance à confondre les complices et les co-auteurs ou les auteurs principaux.
Elle dit que ce sont tous des co-auteurs même ceux qui n’ont pas opéré matériellement la
soustraction.
(2) Cas de l’individu resté dehors pour faire le guet : c’est manifestement un complice.
Mais la jurisprudence estime que c’est un co-auteur dans un dessein répressif (crim. 19 nov. 1943 ;
bull. n°129) – Si le vol a été commis en réunion, il y a là une circonstance aggravante permettant
d’appliquer une peine sévère alors que la circonstance aggravant n’est pas réalisée avec un seul
auteur assisté de quelques complices.
(3) Bien entendu, il faut appliquer les règles habituelles de la complicité :
- Il faut un acte positif et une attitude passive est exclue ; pas de complicité par
abstention ;
- L’aide doit avoir été apportée exprès ;
- L’aide doit avoir été apportée avant ou au moment même où l’infraction a été
commise ; si l’aide est intervenue après → délit distinct. Depuis L.1915, le recel est
devenu un délit distinct.
(4) Il faut bien noter que la complicité légale existe dès que sont constatés les éléments
de fait qui composent l’infraction principale punissable, l’emprunt de la criminalité du complice
par rapport à l’auteur principal ne concernant que l’acte accompli et non la personne de l’auteur
principal ; c’est ainsi qu’une condamnation peut être prononcée du chef de complicité sans attendre
la mise en cause ou la condamnation de l’auteur principal, du moment qu’elle est constatée, pour
justifier la condamnation contre le complice, l’existence de l’infraction pénale (C.S. n°168 du 4
avril 1967, B.I.M.J. n°13, som. P.77).
C/- CAUSE D’IMPUNITE
1)- Faits justificatifs
a)- Légitime défense
Celui qui, se trouvant devant quelqu’un qui brandit un revolver, s’en empare et le détruit,
donc avec l’intention de s’en rendre propriétaire ne commet pas un vol. Evidemment, si on se
contente de soustraire l’arme, de l’ôter de la main de l’agresseur, il n’y aurait pas usurpation de la
possession.
b)- Ordre de la loi
L’officier ministériel qui procède à des saisies nanti d’une décision de justice, ne commet
pas de vol.
c)- Autres causes particulières au vol
1)- Exception de propriété : ce n’est pas une chose d’autrui.
2)- Consentement au déplacement
2)- Immunité de l’art.380
a)- Personnes bénéficiaires de l’immunité
Pas de poursuite pour vol dans les rapports entre époux → réparation civile seulement.
Pas de vol entre parents et enfants
Pas de vol entre alliés aux mêmes degrés.
L’immunité s’applique aussi au complice puisqu’il faut que l’acte de l’auteur principal
soit punissable.
En revanche, le coauteur ne peut revendiquer l’immunité de l’article 380 ;

33
Le receleur aussi devient punissable, car depuis L.22 mai 1915, le recel devient délit
distinct.
b)- Domaine de l’art.380 (quant aux agissements couverts : vol, abus de
confiance, escroquerie)
§ 3 – REPRESSION DU VOL
A/- VOLS – CONTRAVENTIONS (commis sans autre circonstance)
Ils portent sur des questions rurales, agricoles (fruits, récoltes).
1)- Maraudage
C’est le fait de cueillir et de consommer sur place. Art.472 9° : amende de 100 à 5.000
FMG et éventuellement emprisonnement jusqu’à 10 jours au plus.
2)- Vol de récoltes non détachées du sol
Il y a vol car on a soustrait frauduleusement une partie de la récolte. On a coupé des
récoltes alors qu’elles étaient encore sur pied, mais on n’a pu emporter qu’une partie, sinon le fait
devient un délit.
Art.473 – 21° : amende de 500 à 25.000 FMG et éventuellement emprisonnement jusqu’à
29 jours.
3)- En France, le fait de glaner dans les champs, le grappillage, le râtelage : irréguliers
quand ils sont effectués dans les champs non encore moissonnés ou vendangés : il faut que la
récolte ait été enlevée sinon le glanage ou grappillage est répréhensible, et il faut y venir
ostensiblement en plein jour car le fait de s’y rendre avant ou après le coucher du soleil est par lui-
même suspect. Le fait de cueillir et d’emporter des fruits qui n’ont pas été ramassés par leur
propriétaire n’est pas un vol, même si on ne les consomme pas sur place, mais à condition de le
faire dans des conditions régulières, c’est-à-dire après la récolte et pendant le jour.
Art. R.26 – 10° ; amende 3 à 20 NF. Et emprisonnement de 3 jours.
B/- VOLS – DELITS
1)- Vols ruraux
a)- Vol de récoltes détachées du sol
C’est un délit : il est beaucoup plus facile d’emporter ces récoltes déjà détachées du sol
puisqu’on n’a plus à les couper ou à les déterrer :
Art. 388 al.3 : emprisonnement de 15 jours à 2 ans.
La loi a prévu 3 circonstances aggravantes : la nuit, la réunion, l’aide de voitures ou
d’animaux de charge : art.388, al.4 ; emprisonnement de 1 à 5 ans.
b)- Vol de récoltes non détachées du sol avec circonstances aggravantes
C’est un délit s’il y a une des 3 circonstances aggravantes ci-après :
- la nuit, ce qui est extrêmement suspect ;
- en réunion de plusieurs personnes : c’est grave car si on est plus nombreux on peut
emporter davantage ;
- avec des paniers, des sacs ou une voiture ou des animaux de charge.
Art.388, al.5 : emprisonnement de 15 jours à 2 ans, amende de 5.000 à 150.000 FMG et
même interdiction des droits de l’art.42.

c)- Vol de bestiaux ou instruments agricoles dans les champs.


Fait psychologiquement considéré comme d’une extrême gravité, puni de mort sous le
droit romain et qualifié crime par le code pénal de 1810.

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Art.388, al.1er : emprisonnement de 1 à 5 ans, amende de 5.000 à 150.000 et même
interdiction des droits de l’art.42.
d)- Vol de bois dans les coupes, de pierres dans les carrières, de poissons dans les
étangs, viviers ou réservoirs.
Pour le bois, il s’agit du vol dans les coupes de bois, le bois étant abattu et préparé pour
être enlevé ; c’est un peu comparable au vol de récoltes détachées du sol, car c’est l’exploitation
normale de forêt de donner lieu à des coupes de bois.
Pour le vol de pierres, c’est aussi une sorte de vol de récoltes détachées du sol, les pierres
préparées pour être emportées étant devenues meubles.
Pour les poissons, il s’agit de poissons appropriés, de poissons qui appartiennent à
quelqu’un.
Cette triple incrimination est prévue par l’art. 388, al.2 : emprisonnement de 1 à 5 ans,
amende de 5.000 à 150.000 FMG et même interdiction des droits de l’art.42.
e)- Vol avec enlèvement de bornes
Crime puni de mort dans la loi des XII tables et constituait un crime dans le code pénal
de 1810 jusqu’en 1863. L’infraction est différente de l’enlèvement de bornes proprement dit prévu
par l’art.456 ; elle consiste dans un vol qui, pour être commis avec plus de facilité et rendre durable
l’appropriation commise, a comporté la suppression des bornes.
Art.389 : emprisonnement de 2 à 5 ans, amende de 25.000 à 115.000 FMG et même
privation des droits de l’art.42.
2)- Vols simples : art.401)
Ce sont les vols type ordinaire qui ne comprennent que les 3 éléments du vol non spécifié
et vol non qualifié.
- emprisonnement de 6 mois à 5 ans
- amende de 180.000 à 1.800.000 FMG
- privation des droits de l’art.42 pendant 5 à 10 ans
- I.S. pendant 2 à 5 ans.
3)- Vols aggravés mais toujours qualifiés délits
Il s’agit de vols qualifiés correctionnalisés législativement depuis l’ordonnance n°62-013
du 10 août 1962. Ils sont entourés de circonstances aggravantes réelles ou personnelles : les auteurs
ont une plus grande facilité à commettre le vol.
Art.386 : emprisonnement de 5 à 10 ans (grand correctionnel).
a)- Vols avec circonstances aggravantes personnelles
- Vols commis par un domestique ou un homme de service à gages dans la maison de son
maître, ou vol commis par un ouvrier, un apprenti … dans l’atelier ou le magasin de son maître ou
vol commis par un individu travaillant habituellement dans l’habitation où il a volé (art.386 2°).
- Vols commis par les aubergistes, les hôteliers,, les voituriers ou bateliers (art.386 – 3°)
Ces faits devaient être incriminés en tant qu’abus de confiance qualifié plutôt qu’en tant
que vol aggravé puisque les choses volées avaient été confiées à ces personnes à raison de leur
qualité, de leur profession. Il y avait donc contrat de dépôt ou de mandat et par suite c’est d’un
détournement et non pas d’une soustraction frauduleuse de la chose confiée qu’il s’agit.
Le législateur de 1969 (loi n°69-013 du 16 décembre 1969 qui a modifié les articles 381
à 386 avait dû redresser cette erreur de qualification).
- Vols commis même temps de paix par un militaire ou assimilé au préjudice de l’habitant
chez lequel il est logé ou cantonné (art.386 – 4°).

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Il est évidemment regrettable qu’un militaire muni d’un « billet de logement » et hébergé
chez tel ou tel particulier dévalise l’hôte qui lui a été attribué ; c’est pourquoi ce vol est plus
sévèrement puni que le vol ordinaire.
b)- Vol avec circonstances aggravantes réelles
)- Ce sont d’abord les vols commis avec 2 circonstances aggravantes réelles : une seule
de ces circonstances ne suffit pas à entraîner l’aggravation de la peine.
1ère circonstance : circonstance de lieu
Soustraction commise dans un lieu habité ou servant à l’habitation. L’arrêt n°486 du 30
novembre 1972 de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Madagascar a précisé la notion
de maison habitée au sens de l’article 390 du code pénal :
« Sera tenue pour maison habitée ou servant à l’habitation tout édifice quelconque, c’est-
à-dire tout endroit clos et couvert, destiné à recevoir une ou plusieurs personnes pour quelque
temps et pour quelque motif que ce soit ». Il n’est pas possible d’en donner une énumération. Elle
irait de l’immeuble de rapport urbain au baraquement de travailleurs sur un chantier ou à la cabane
que les paysans occupent aux sains des travaux des champs. Elle comprendrait domiciles,
résidences secondaires, magasins, bureaux, églises, hôpitaux ou centres de soin, écoles, temples.
Il n’y a pas lieu en effet, de s’attacher au mode de construction, ou à l’implantation ou à l’usage
particulier de l’édifice, mais seulement, comme le souligne la chambre d’accusation, à sa finalité
qui est de servir d’abri temporaire ou durable pour l’homme. Pour extensive qu’elle apparaisse, la
définition est suffisamment précise pour, dans la plupart des cas, ne pas prêter à hésitation (cf.
circulaire n°1-PP/PG du 23 janvier 1973 des chefs de la Cour d’Appel).
2ème circonstance : l’une de celles-ci :
- la réunion : le vol a été commis par plusieurs personnes qui ont participé à la
soustraction : il doit, en effet, s’agir de coauteurs ; il ne suffit pas que le voleur ait été assisté d’un
ou plusieurs complices.
- la disposition d’un véhicule motorisé, en vue de faciliter l’entreprise ou de favoriser la
fuite.
L’ancien article 386 – 1er prévoyait la circonstance aggravante de nuit, c’est-à-dire entre
le coucher et le lever du soleil.
)- Ce sont ensuite les vols qui portent sur un véhicule motorisé et qui sont rendus
possibles par quelque effraction que ce soit qui a permis de s’y introduire ou de le déplacer, ou
ont été suivis de démontage, maquillage ou autres opération ayant permis d’en faciliter la
disparition (art.386 – 5° nouveau).
C/- VOLS QUALIFIES CRIMES
1)- Vols passibles des travaux forcés à temps :
a)- Vol avec violence (art.383 – 3°)
b)- Vol commis (art.383 – 1°).
- dans une maison habitée ou servant à l’habitation,
- par deux ou plusieurs personnes,
- qui se sont assurées de la disposition d’un véhicule motorisé….
c)- Vol avec effraction même intérieure ou escalade ou avec usage de fausses clés
(art.383 – 2°)
d)- Vol commis sur un chemin public ou dans un wagon de chemin de fer et tout autre
moyen servant au transport, avec une seule des circonstances aggravantes
suivantes (art.384) :
- la nuit

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- la réunion de deux ou plusieurs personnes
- l’effraction extérieure, escalade, fausses clés, usurpation de qualité en prenant le titre
d’un fonctionnaire public ou d’un officier civil ou miliaire ou après s’être revêtu de
l’uniforme ou de costume du fonctionnaire ou de l’officier ou en alléguant un faux
ordre de route de l’autorité civile ou militaire.
Aux termes de l’article 393 « Est qualifiée effraction, tout forcement, rupture,
dégradation, démolition, enlèvement de murs, toits, planchers, portes, fenêtres, serrures, cadenas,
ou autres ustensiles ou instruments servant former ou à empêcher le passage, et de toute espèce
de clôture, quelle qu’elle soit. L’article 394 précise que « les effractions sont extérieures ou
intérieures ».
« Les effractions extérieures sont celles à l’aide desquelles on peut s’introduire dans les
maisons, cours, basses-cours, enclos ou dépendances, ou dans les appartements ou logements
particuliers (art.395) ».
« Les effractions intérieures sont celles qui, après l’introduction dans les lieux
mentionnés en article précédent, sont faites aux portes ou clôtures du dedans, ainsi qu’aux armoires
ou autres meubles fermés ».
Est compris dans la classe des effractions intérieures, le simple enlèvement des caisses,
boîtes, ballots sous toile et corde, et autres meubles fermés, qui contiennent des effets quelconques,
bien que l’effraction n’ait pas été faite sur le lieu » (art.396)
- la violence
- l’utilisation d’un véhicule motorisé pour favoriser l’entreprise ou pour faciliter la fuite.
2)- Vols passibles des travaux forcés à perpétuité
a)- Vol commis avec la réunion de trois seulement des cinq circonstances aggravantes
énumérées ci-dessus (art.382, al.1er).
b)- Vol commis avec violences ayant laissé des traces de blessures ou de contusions
(art.382, al.2)
3)- Vol emportant la peine de mort
Il suffit d’une seule circonstance aggravante : l’usage d’une arme apparente ou cachée
(art.381),
-même si le vol a été commis le jour,
-même s’il a été commis par une seule personne.
Autrement dit, le hold-up est puni de la peine de mort.
La même peine est encourue si un seul des coupables avait l’arme dans le véhicule
motorisé qui les aurait conduits sur le lieu de leur forfait ou qu’ils auraient utilisé pour assurer leur
fuite.

SECTION 2
L’ABUS DE CONFIANCE

S’il y a non soustraction mais remise volontaire de la chose par le propriétaire, celui qui
a disposé de la chose commet non un vol mais un acte malhonnête tout de même.
En effet, le propriétaire n’a confié à l’individu que la possession précaire, la détention, le
corpus de la chose. Or, celui qui a reçu la chose se l’est approprié, il a interverti sa possession, il a
interverti son titre, il a usurpé la possession, l’animus. Il a donc trompé la confiance qu’on avait
en lui, il a abusé de la confiance, le nom d’abus de confiance pour désigner le délit.
Ici, le prévenu a réalisé l’appropriation non par la violence comme un voleur mais par
l’astuce. L’agissement du coupable est différent de celui du voleur, il a commis un détournement
par des procédés habiles, astucieux.

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Il faut ici bien séparer les conditions préalables des éléments constitutifs, avant d’en
arriver au régime juridique, à la répression et aux infractions voisines.
§ 1 – INCRIMINATION
A/- LES CONDITIONS PREALABLES
Elles sont au nombre de trois :
- Il faut tout d’abord qu’il y ait eu un contrat entre l’auteur de l’abus et la victime,
- Il faut que ce contrat ait entraîné une certaine remise,
- Il faut que cette remise ait porté sur certaines choses.
1)- Existence d’un contrat entre coupable et victime
a)- Contrat qui ne transfère pas la propriété
Un contrat, c’est-à-dire un accord de volontés, contrat en vertu duquel la chose a été
remise à titre précaire, non pour devenir propriétaire, l’accipiens ne recevant que des droits limités.
Contrat qui lui confère certains droits sur la chose et non le droit de propriété, sinon il
abuse du droit qu’on lui a confié.
« Remise à charge de rendre la chose ou de le présenter ou d’en faire un usage ou un
emploi déterminé » dit l’art.408, al.1).
Pierre charge Jean de remettre une chose à Paul ; s’il utilise la chose autrement, il commet
un abus de confiance.
Pierre charge Paul qui est un artisan, de faire un travail déterminé. Il paie son salaire
d’avance ; Paul est devenu propriétaire de l’argent, s’il n’exécute pas le travail, c’est-à-dire la
commande, il ne commet ni un abus de confiance ni un vol car la propriété lui a été remise ; Pierre
peut seulement air sur le plan civil pour demander la restitution de la somme.
Toutefois, une ord. N°76-042 du 17.12.76 a incriminé cet agissement en insérant un alinéa
nouveau après l’alinéa 1er de l’art.408 : « Est puni des mêmes peines celui qui s’étant fait remettre
des avances en vue de l’exécution d’un contrat, refuse d’exécuter ce contrat ou de rembourser les
avances ».
-Tradens : celui qui remet
-Accipiens : celui qui a reçu.
Pour qu’il y ait abus de confiance, il faut que le contrat n’ait pas eu pour effet de
transmettre la propriété à celui qui a reçu la chose c’est-à-dire l’accipiens.
b)- un des contrats énumérés dans l’article 408
Est-ce n’importe quel contrat ?
)- Il faut qu’il s’agisse d’un des contrats énumérés dans l’article 408.
1)- louage
2)- dépôt
3)- mandat : cas de la personne chargé de porter une certaine somme ou un certain
objet à quelqu’un et qui a détourné cette somme ou objet à son profit ;
4)- nantissement
5)- prêt à usage : la chose avait été confiée à une personne pour qu’elle s’en serve mais
elle devait rendre cette chose-là, c’est la différence entre le prêt à usage et le prêt de
consommation
6)- contrat de travail salarié ou non salarié
Ce n’était pas le cas dans notre exemple de l’artisan, le travail qu’on lui avait commandé
n’était pas un travail salarié et il ne s’agissait pas non plus d’un objet à lui confié pour le réparer,
le détournement d’un tel objet constituerait un abus de confiance mais l’argent qu’on lui avait
remis pour la fabrication d’un objet lui était remis en pleine propriété, il a donc pu en disposer.

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Il suffit d’un accord de volontés ; il n’est pas nécessaire de rédiger un écrit ; cependant, il
faut pouvoir prouver que le contrat existe.
En principe, l’énumération de l’article 408 est une énumération limitative.
Il n’est pas nécessaire que le contrat de mandat soit l’objet principal du contrat, de la
convention ; il peut y avoir conventions complexes, réseau complexe d’obligations ; si parmi ce
réseau, il y en a qui consistent en contrat de mandat (ex. gérant d’une société), le coupable peut
être poursuivi pour abus de confiance ; de même, dans les contrats de banque entre banquier et ses
clients, il y a diverses obligations de part et d’autres et diverses opérations parmi lesquels le mandat
donné au banquier de toucher des effets de commerce pour le compte des clients.
)- Problème de la preuve du contrat
En droit civil, la preuve n’est pas libre ; le droit civil est dominé par le système de la
preuve préconstituée ; par écrit pour une valeur supérieure à 10.000 FMG (art.292 T.G.O.).
Ou tout au moins, il faut un commencement de preuve par écrit dans le sens de l’article
295 T.G.O. qui permettra d’entendre des témoins. Est un comment de preuve par écrit, l’écrit
émanant de la personne à laquelle on veut l’opposer.
Jurisprudence : les modes de preuve admis sont ceux du droit civil quand il s’agit de
démontrer l’existence du contrat.
Il y a cependant des exceptions admises par la jurisprudence consacrées dans la législation
malgache
*quand il y a impossibilité morale (art.296 – 1° TGO) ex. un domestique qui remet les
bijoux à son patron ; le témoignage suffit.
*quand le titre écrit a été perdu ou détruit par suite d’un cas fortuit ou de force majeure,
ou par le fait du débiteur (art.296 – 2° TGO)
*quand la preuve du fait litigieux ne peut être établie que par la commune renommée
dans les seuls cas où la loi admet exceptionnellement ce mode de preuve art. 296 – 3°
TGO)
*comparution personnelle des parties ;
*en matière commerciale : par tous moyens selon l’art.105 du code de commerce.
)- Validité du contrat (sans importance)
Quand la jurisprudence estime que l’existence du contrat n’est pas contestée, il y a
toujours abus de confiance ; elle n’admet pas le raisonnement du droit civil selon lequel tout
contrat nul ne peut produire aucun effet. C’est ce qu’on appelle ici la manifestation de l’autonomie
du droit pénal ; en effet, ici, l’existence du contrat n’est pas contestée, il suffit qu’il y ait eu une
apparence de contrat et que sur cette apparence de contrat la chose ait été remise à l’accipiens.
2)- Que ce contrat ait entraîné une remise
a)- Preuve de la remise
Ici va se poser le problème de la preuve de la remise. Cependant, la preuve peut se faire
ici par tous moyens.
b)- L’auteur de la remise
Peut être une personne agissant au nom et sur les ordres du propriétaire.
Il n’est pas nécessaire que la remise ait été faite directement par la victime (ex. banquier).
c)- Le destinataire de la remise
C’est l’auteur même de l’abus de confiance ou la personne agissant pour son compte et
en son nom (ex. si un domestique, un préposé, reçoit matériellement la chose pour l’apporter, à
son maître ou à son mandant, c’est celui-ci qui, juridiquement, sera l’accipiens et si ce maître ou
mandant s’approprie la chose remise à son mandataire, c’est lui, le mandant, qui commet l’abus
de confiance.

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3)- Que la remise porte sur certaines choses
a)- il faut une chose mobilière ayant une valeur par soi-même
Comme dans le vol, il faut un meuble mais non pas n’importe quel meuble ; il faut qu’il s’agisse
d’une chose qui a une valeur par soi-même. S’il s’agit de documents, d’écrits, il faut que ces
écrits aient un effet juridique sur le patrimoine. Une simple lettre missive ne peut faire l’objet
d’un abus de confiance, alors qu’elle peut faire l’objet d’un vol.
b)- Enumération de l’article 408
- Effets (papiers commerciaux)
- Deniers (de l’argent)
- Marchandises
- Billets (billets à ordre)
- Quittances
- Tous autres écrits contenant obligations ou opérant décharge ; les écrits ne contenant ni
obligations ni décharge en sont exclus même si leur détournement était susceptible de causer un
préjudice matériel ou moral.
c)- Cas où la chose était une chose fongible (surtout somme d’argent)
Il y a complication du fait que l’accipiens peut en disposer avec simplement obligation
de la remplacer ultérieurement par d’autres choses de même nature, de même qualité, de même
valeur. On ne peut pas donc vraiment savoir s’il y a abus de confiance. C’est pourquoi ici, comme
en matière de vol, l’élément moral et l’élément matériel vont être étroitement imbriqués l’un dans
l’autre.
B/- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS PROPREMENT DITS
1)- Elément légal (art.408 et 406)
- incrimination : art.408
- peine : art.406 ; système dit de la « pénalité par référence ». D’autre part, des textes
assez nombreux incriminent certains agissements comme abus de confiance en faisant référence à
l’art.408.
2)- Elément matériel
C’est un détournement ou une dissipation.
a)- Nature de l’élément matériel
C’est un fait positif consistant en un détournement ou une dissipation. Si l’accipiens
utilise la chose à son usage personnel, ou à tout autre but que celui pour lequel la chose avait été
remise, il y a détournement : une chose individualisée, on la détourne.
La dissipation concerne le fait de disposer de la chose (objet) ou le fait de consommer
(argent), de dépenser, d’aliéner.
Distinction entre détournement et dissipation
Il faut savoir de quelle nature était l’obligation de restitution :
* une chose individualisée, on la détourne ;
* des biens fongibles, on les dissipe : argent ou chose consommable à charge de restituer
une somme ou une chose équivalente ; si l’accipiens ne rend pas, il y a dissipation.
On peut aussi réserver le mot dissipation au cas où l’auteur du délit dispose de la chose
en la consommant ou en la remettant à autrui, et le mot détournement au cas où l’auteur du délit
cherche à consommer la chose pour lui.
D’ailleurs, dans les deux cas, l’accipiens s’est comporté en maître sur la chose en
intervertissant le titre ; alors que jusque là, il possédait à titre précaire, pour un autre, il va

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désormais se comporter en propriétaire, et il accomplit sur la chose des actes que seul le
propriétaire pourrait effectuer..
b)- Preuve de l’élément matériel et date
L’accipiens ne rend pas la chose : il n’est pas difficile de la savoir quand il s’agit de choses
individualisées que l’on doit restituer en nature ou de certains biens à remettre à une date
déterminée.
Pour l’usage dans un but autre que celui pour lequel la chose avait été remise, celui qui a
la chose entre les mains doit non seulement ne pas se l’approprier, mais ne doit pas en faire un
usage autre.
Lorsqu’il s’agit d’une somme d’argent à rendre en équivalent, il est beaucoup plus
difficile de situer le détournement.
A partir de quel moment peut-on dire qu’il avait l’intention de ne pas la rendre ? Le délit
n’apparaîtra de façon certaine que devant l’impossibilité dans laquelle il se trouve de restituer
parce qu’il a dissipé l’argent qu’on lui avait remis et il est dans l’impossibilité de représenter la
somme équivalente. Dans certains, il faudra faire sommation à l’accipiens d’avoir à représenter la
chose ou de rendre l’équivalent de l’argent ou de justifier de ce qu’il en a fait.
3)- Elément moral
Il consiste en une faute intentionnelle, à avoir agi sciemment ; ce qui suppose deux
choses :
a)- l’accipiens connaissait le caractère précaire de sa possession. Il peut cependant ne pas
le savoir : cas de l’héritier qui prend possession de la maison et de tout ce qui s’y trouve. L’héritier
a disposé d’une bicyclette ; or, un individu se présente disant en être propriétaire et disant qu’il y
avait un contrat entre lui et l’auteur de l’héritier. Là, il n’y a pas abus de confiance.
b)- Avoir agi sciemment, cela suppose aussi que l’auteur connaissait le caractère illicite
de l’interversion de titre à laquelle il a procédé : il a vendu la chose qui lui avait été confiée.
Difficulté encas d’une remise d’argent :
Quand il s’agit de deniers, de somme d’argent, laissés en dépôt au prévenu, celui-ci étant
gêné dans sa trésorerie, avait disposé de l’argent avec l’intention de toujours rendre le même
montant au déposant ; seulement, au jour où le déposant se présente, il n’a pas les moyens de
rendre l’argent.
Y-a-t-il abus de confiance. A quelle date se situe l’abus de confiance car le prévenu
prétendra qu’il n’a jamais eu l’intention de ne pas rendre cette somme ?
Selon la jurisprudence, le coupable doit prouver qu’il a agi de bonne foi, qu’un cas de
force majeure l’a empêché de s’exécuter. Si le prévenu sait par avance qu’il craint de ne pouvoir
rendre l’argent, il a assumé un risque qu’il doit supporter.
La jurisprudence applique la notion de dol éventuel : du moment que le prévenu sait qu’il
court un risque grave de ne pas pouvoir rembourser, le délit est constitué. Le seul fait de ne pas
restituer à la date prévue ne suffit pas ; démontrer l’abus de confiance et ne dispense pas de la
preuve de la faute intentionnelle, de même qu’il y a impossibilité certaine d’exécuter (l’objet peut
avoir été volé ou perdu).
§ 2 – LE REGIME JURIDIQUE
A/- NATURE DE L’INFRACTION
La nature juridique se caractérise en 2 propositions :
1)- C’est un délit d’action réalisé par un élément positif.
Il consiste en un détournement ou dissipation, c’est-à-dire en interversion de son titre par
le prévenu.

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Cependant, il peut y avoir doute : on serait tenté de penser que l’infraction se réalise quand
l’accipiens « ne rend pas la chose », on dirait alors qu’il y a omission. Non, c’est un délit d’action
car c’est l’événement extérieur qui va matérialiser le détournement, ce sera le fait de laisser sans
réponse la sommation ou de donner à cette sommation une réponse plus ou moins évasive, mais
qui pourra constituer une manifestation permettant de fixer à ce moment-là l’abus de confiance si
l’on ne peut pas le fixer à une époque antérieure.
2)- C’est une infraction instantanée et non pas continue.
L’infraction consommée le jour où le détournement a été commis, où l’accipiens
intervertit son titre par un acte de disposition qui va constituer un détournement ou une dissipation.
Système particulier a/s prescription de 3 ans imaginé par la jurisprudence : la prescription
commence à courir à partir du jour où l’on a pu s’apercevoir de l’abus de confiance (et non du jour
où l’on s’est aperçu) dans le cas où le coupable dit qu’il y a longtemps qu’il a commis un abus de
confiance (crim. 4 janvier 1935, Gas. Pal, 1935 1.353).
Lorsque le délit est constitué par l’absence ou la mauvaise tenue de la comptabilité, la
prescription part du jour où le commerçant est dessaisi de sa gestion par la désignation d’un syndic
(Cass. Crim. 25 fév.1962, Bull n°111). Il en est de même en matière de détournement d’actifs
(Paris 13 juin 1964, J.C.P. 1964. II. 13 880).
Ce n’est pas un délit continu mais un délit instantané (la prescription a été suspendue).
Si c’est une infraction continue, la loi d’amnistie ne peut s’appliquer quand l’infraction
continue après la loi : les poursuites restent possibles. S’il s’agit d’une infraction instantanée
réalisée avant la loi, l’infraction est effacée.
B/- TENTATIVE
Il faut qu’un texte exprès la prévoit en matière de délit.
L’article 408 ne la prévoit pas, donc tentative non punissable même s’il y a
commencement d’exécution.
C/- COMPLICITE
Pas d’observations particulières (application pure et simple du droit commun) sauf que la
complicité est assez fréquente.
D/- IMMUNITE DE L’ARTICLE 380
L’article 380 est inscrit dans le chapitre de vol et les termes du texte précisent qu’il n’est
applicable qu’aux soustractions entre proches parents.
Mais la jurisprudence (cass. 27 oct. 1916. D. 1920. 1. 92) l’applique aussi à l’abus de
confiance et celle à raison :
- car l’abus de confiance paraît moins grave que le vol.
- pour des raisons historiques car l’immunité s’appliquait tant au vol qu’à l’abus de
confiance du fait que ces délits étaient confondus.
§ - 3 REPRESSION : art.406
A/- REPRESSION NORMALE
1)- Peines principales (art.406)
- Emprisonnement : 6 mois à 5 ans.
- Amende : 180.000 à 1.800.000. Elle peut atteindre le ¼ des restitutions et des dommages
intérêts, car il était bon de proportionner la sanction pécuniaire au profit retiré.
L’abus de confiance était traité plus favorablement (emprisonnement de 2 mois à 2 ans)
que le vol car le vol est plus violent ; il faut donc des peines plus sévères pour le vol. D’autre part,
le tradens s’est laissé rouler, il était trop naïf, le droit pénal est fait pour protéger les hommes
normaux.

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Mais depuis la loi 66-009 du 5 juillet 1966 : mêmes peines que pour le vol.
2)- Peines complémentaires
- Interdiction de séjour : 2 à 5 ans (art.44)
- Privation des droits civiques, civils et de famille jusqu’à 10 ans.
B/- IL Y A DES CIRCOSNTANCES AGGRAVANTES
1)- Circonstances aggravantes tenant à la personne qui a commis l’abus de confiance
a)- abus de confiance par officier public ou ministériel (art.408, al.5 ou avant dernier
alinéa : 5 à 10 ans) ; -avocats à la CC. ou au CE – notaires – avoués – greffiers – huissiers – agents
de changes – courtiers – commissaires - dresseurs – avocats défenseurs à Madagascar. Ils
n’encourent pas l’aggravation si les fonds leur ont été remis à titre purement privé. (Abus de
confiance qualifié : art.408 avant dernier alinéa) – Réclusion de 5 à 10 ans en France.
- Emprisonnement de 5 à 10 ans à Madagascar où sont encore compris : domestique ou
apprenti, homme de service à gages, élèves, clerc, commis, ouvriers compagnon, au préjudice de
son maître (en France la loi du 21 juin 1960 a fait disparaître la circonstance aggravante
relativement à ces personnes).
b)- abus de confiance par un agent d’affaires (art.408, al.4) – courtier, intermédiaire,
conseil professionnel, rédacteur,
- Emprisonnement 10 ans
- Amende : 180.000 NF.
2)- Circonstances aggravantes tenant aux procédés employés (art.408, al.2)
Il s’agit d’abus de confiance commis en matière financière, en matière de société
(directeur, administrateur ou agent d’une société ou d’une entreprise industrielle ou commerciale) :
détournement des sommes d’argent remises par les souscripteurs. Il s’agit de la protection de
l’épargne. Les prévenus se sont fait remettre des fonds à titre de dépôt ou de mandat ou de
nantissement ; cas fréquent de la part des entreprises se livrant à des opérations bancaires, à des
spéculations sur les titres garantissant aux petits porteurs un intérêt considérable et promettant de
faire fructifier leur argent dans les meilleures conditions, ce qui se termine parfois par des
catastrophes : peines plus fortes (abus de confiance par personne faisant appel à l’épargne
publique)
- emprisonnement : jusqu’à 10 ans
- amende : jusqu’à 9 millions FMG sans préjudice des peines complémentaires ci-dessus.
§ - INFRACTIONS VOISINES DE L’ABUS DE CONFIANCE
Elles comprennent celles prévues à l’article 406 qui prévoit d’ailleurs les peines
applicables à l’abus de confiance ordinaire.
- l’abus des besoins d’un mineur
- il y a aussi l’abus de blanc seing
A/- ABUS DES BESOINS D’UN MINEUR (art.406, al.1)
Faire souscrire d’engagements patrimoniaux. Peines : celles de l’art.406.
Il s’agit d’usuriers qui profitent des besoins ou des passions des fils de famille et font
signer généralement des billets à ordre. Il n’y a plus guère à l’heure actuelle d’applications
pratiques de cette infraction.
B/- ABUS DE BLANC SEING (art.407)
Il consiste à utiliser de façon frauduleuse un document qui a été signé à l’avance en
laissant certain blanc ; on utilise ce document en remplissant le blanc de façon contraire à ce qui a
été prévu ; on va pouvoir réclamer au signataire ce qui y est souscrit et cela peut compromettre la
personne ou la fortune de la victime.

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1)- Conditions préalables
- On a remis volontairement un document signé mais incomplet, qui présentait des blancs
plus ou moins étendus, et même il est possible que l’acte est complètement en blanc.
- Ce qui doit être écrit sur le blanc dépend de la convention entre celui qui a remis le
document pour le remplir conformément à cette confiance et celui à qui le document a été remis.
2)- Eléments constitutifs proprement dits
a)- Elément légal : art.407 et 405 C.P.
b)- Elément matériel
Remplir les passages laissés en blanc dans des conditions contraires à la convention et en
inscrivant dans ce document une obligation patrimoniale que le signataire avait signée à l’avance
sans le savoir.
c)- Elément moral
Il faut que cette inscription indue ait été faite frauduleusement ; c’est une faute
intentionnelle. On savait très bien que c’était contraire à la convention intervenue.
Il y abus de blanc seing dès que l’inscription a été faite, même si l’on ne s’est pas encore
servi du document ; le délit est consommé par l’écriture frauduleuse qui a été opérée dès que le
document ainsi complété est susceptible de porter préjudice au signataire et peut compromettre sa
personne ou sa fortune ; la circonstance que l’acte ainsi complété n’a pas été utilisé ou qu’il soit
nul est indifférente. La prescription court du jour où il en a été fait usage bien que l’usage ne soit
pas considérée par la loi comme un élément constitutif du délit.
3)- Répression
Peines de l’article 405
- emprisonnement : 6 mois à 5 ans ;
- amende : 180.000 à 1.800.000.
4)- La tentative de blanc seing n’est pas incriminée.
5)- L’immunité de l’article 380 est applicable selon la jurisprudence.
C/- VOL COMMIS PAR LES BATELIERS, VOITURIERS OU AUBERGISTES ET
HOTELIERS OU LEURS PREPOSES (art.386, 3°).
En réalité, il ne s’agit pas techniquement de vol bien que prévu dans la rubrique du vol.
Il y avait remise des effets, donc il ne les a pas soustraits mais les a détournés. C’est une
infraction voisine de l’abus de confiance.
Peine : emprisonnement de 5 à 10 ans.
D/- DETOURNEMENT D’OBJETS SAISIS DE L’ARTICLE 400, al.3 et 4.
1)- Le saisi était constitué juridiquement gardien de la saisie
a)- Eléments (art.400, al.3)
Un individu a fait l’objet d’une saisie. Il dispose des objets saisis, des objets déjà mis sous
la main de la justice.
Si les objets ont été confiés à sa garde, en détruisant ou en détournant ou en tentant de les
détruire ou de les détourner, il commet une sorte d’abus de confiance :
- une saisie a été pratiquée
- fait matériel de destruction du détournement ou simple tentative
- intention délictueuse.
b)- Répression : peines de l’art.406 dit l’art.400, al.3.

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2)- Il n’était pas constitué gardien de la saisie (400, al.4)
Si les objets n’avaient pas été remis à sa garde et qu’il les a détournés, subtilisés malgré
la vigilance du gardien, il est passible des peines de l’article 401, c’est-à-dire 6 mois à 5 ans
d’emprisonnement.
Cette distinction au sujet de la répression est devenue inutile depuis la loi n°66-009 du 5
juillet 1966.
E/- DETOURNEMENT DE GAGE : art.400, al.5
Un débiteur a remis en gage son bien. Cependant, il est arrivé à le reprendre. Cela ne peut
pas être un vol car le bien lui appartient.
C’est une atteinte sérieuse au droit du créancier et la loi réprime sévèrement, avec raison,
ce genre d’agissements, par les peines de l’article 401 contre l’emprunteur, le débiteur ou le tiers
donneur de gage.
F/- ENLEVEMENT, DESTRUCTION, SOUSTRACTION DE PIECES
CONTENUES DANS LES DEPOTS PUBLICS
Il s’agit de « soustractions, destructions et enlèvements de pièces ou de procédures
criminelles, ou d’autres papiers, registres, actes, et effets, conteuse dans les archives, greffes ou
dépôts publics ou remis à un dépositaire public en cette qualité ».
1)- Cela a eu lieu par suite de la négligence du dépositaire – greffier, archiviste, notaire
ou autre dépositaire public (art.254) :
- emprisonnement de 3 mois à 1 an
- amende de 25.000 à 150.000 FMG.
Les peines sont infligées au dépositaire négligent car il y a détournement par imprudence ;
2)- Enlèvement ou destruction volontaire
Avant la loi n°66-009 du 5 juillet 1966 et l’ordonnance n°72-014 du 4 août 1972, les
peines étaient différentes suivant que l’infraction a été commise par le dépositaire lui-même (T.F
à temps ou par toute autre personne (emprisonnement de 5 à 10 ans).
Aux termes de l’article 255 nouveau (ordonnance 72-014 du 4 août 1972), sauf
application des dispositions de l’article 169 lorsqu’il y a lieu, celui qui se rend coupable des
soustractions, enlèvement et destructions mentionnés dans l’article 254, est puni de 1 à 10 ans
d’emprisonnement.

SECTION 3
L’ESCROQUERIE (art.405)

L’escroquerie diffère du vol en ce qu’il y a remise volontaire de la chose par la victime,


remise complète de la possession.
Elle diffère de l’abus de confiance en ce que cette remise de la chose a été obtenue par
des moyens frauduleux ; le consentement a été obtenu par tromperie, mais il n’y a pas convention
particulière entre le tradens et l’accipiens.
Cependant, il faut que cette tromperie ait atteint une certaine proportion.
Endroit civil, le dol est un vice du consentement qui permet de demander la nullité du
contrat.
En droit pénal, le dol ne suffit pas pour caractériser l’escroquerie ; l’idée du législateur
est que chacun doit défendre son patrimoine et que l’on ne doit pas se laisser berner par les beaux
parleurs, on ne doit pas être trop naïf. La loi pénale n’entend pas protéger les naïfs.
Lorsque les moyens, les procédés sont de nature à tromper l’homme moyen, il y a danger
pour la société et la loi pénale intervient.

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L’escroquerie est l’infraction la plus difficile du droit pénal (pour savoir s’il faut ou non
punir la personne malhonnête).
Il y a abondance de procès en cette escroquerie car les escrocs sont en effet extrêmement
nombreux ; il y a une certaine dose de bonne foi de la part de la population.
§ 1 – ELEMENTS CONSTITUTIFS
A/- ELEMENT LEGAL (art.405)
“Quiconque, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités, soit en employant
des manœuvres frauduleuses pour persuader l’existence de fausses entreprises, d’un pouvoir ou
d’un crédit imaginaire, ou pour faire naître l’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou
de tout autre événement chimérique, se sera fait remettre ou délivrer, ou aura tenté de se faire
remettre ou délivrer des fonds, des meubles ou des obligations, dispositions, billets, promesses,
quittances ou décharges, et aura, par un de ces moyens, escroqué ou tenté d’escroquer la totalité
ou partie de la fortune d’autrui, sera puni d’un emprisonnement de six mois au moins et de cinq
ans au plus, et d’une amende de 180.000 francs au moins et de 1.800.00 francs au plus ».
B/- ELEMENT MATERIEL
Il faut distinguer 3 aspects :
- la remise de la chose
- les procédés qui ont amené la remise
- résultat de la remise, c’est-à-dire le préjudice.
1)- Remise de la chose
Il faut qu’il y ait eu remise ou tentative de remise de quelque chose par la victime, que
cette remise ait été envisagée, car à défaut d’une remise, on ne conçoit pas l’escroquerie (crim. 27
mai 1959, Bull. n°282). C’est en effet, la remise qui consomme le délit et fait courir le délai de
prescription.
a)- En quoi consiste cette remise ? Tradition
Il faut avoir fait matériellement transférer dans la possession de l’auteur un élément
concret ; la remise consiste en une tradition. Il faut donc un acte positif.
(Ex. la victime voulait faire un déplacement, faire une démarche ; l’auteur a tout fait pour
la dissuader. L’auteur a obtenu un certain avantage dans ce procédé mais comme il n’y a pas
remise, il n’y a pas escroquerie ; il n’y a pas escroquerie lorsque le fait a consisté dans une
abstention.
b)- A qui la remise est-elle faite ?
L’escro peut se livrer à ses manœuvres au bénéfice d’une tierce personne, qui reçoit la
chose, quitte le plus souvent à la transmettre à l’escroc lui-même. Cela ne prouve d’ailleurs pas
que cette tierce personne soit complice de l’escroquerie.
c)- Sur quoi porte la remise ? (Énumération légale)
1)- choses matérielles, meubles corporels, fonds meubles, obligations, dispositions,
billets, promesses, quittances, décharges. Il peut donc s’agir : d’argent (fonds), d’objets
quelconques (meubles) de documents, papiers ayant une valeur, obligations … ou déchargés ».
2)- ces meubles corporels ont une valeur patrimoniale, une valeur marchande. Une simple
lettre missive ne représente pas une valeur patrimoniale bien qu’il y ait remise, et l’escroquerie
peut ne pas être constituée.
Si vous essayez d’obtenir que quelqu’un vienne témoigner en votre faveur, qui n’avait
pas accepté si vous ne lui avez pas dit des choses qui l’ont décidé, il n’y a pas escroquerie car il
n’y a pas remise ; vous n’avez pas escroqué son témoignage.

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La remise peut porter également dans d’autres droits (législation allemande) sur des
services, des prestations (transport gratuit), mais cela ne constitue pas une escroquerie en droit
malgache et en droit français.
3)- Procédés qui ont amené la remise
Il faut que les procédés soient de nature à tromper les personnes d’intelligence moyenne ;
il faut que ces procédés aient été déterminants :
- emploi de faux nom ou de fausse qualité ;
- emploi de manœuvres frauduleuses.
a)- Prise de faux nom ou de fausse qualité
Dès qu’il y a usage d’un faux nom pour obtenir une remise et que cette remise ait eu lieu,
il y a escroquerie ; en effet, si le procédé a été déterminant, l’infraction est réalisée sans qu’il soit
besoin d’autres manœuvres.
)- Un faux nom (nom patronymique ou pseudonyme)
Nom auquel celui se l’attribue n’y a pas droit (nom d’une personnalité importante ou nom
imaginaire qui sonne très bien, assorti de titres de noblesse).
Il faut que ce nom apparaisse à la victime comme inspirant une confiance particulière. Il
faut que l’auteur ait pris une attitude positive ; s’il s’est contenté, sans avoir rien affirmé en ce
sens, de ne pas détromper la victime sur ce qu’elle a pu croire quant à sa qualité, croyance qui l’a
amenée à remettre au prévenu certaines sommes, il n’y a pas escroquerie car le prévenu n’a pas eu
une attitude positive pour revendiquer en quelque sorte ce faux nom ou cette fausse qualité (crim .
22 janvier 1914, D. 1914 – 1.246 ; 23 oct. 1956, Bull. N°659).
)- Une fausse qualité
La qualité peut être soit un faux état civil (on se présente comme marié alors qu’on ne
l’est pas), soit un faux titre ou une fausse profession, soit même la fausse qualité de commerçant,
d’être titulaire de telle ou telle décoration, d’être de la fonction publique (inspecteur de police).
La jurisprudence a précisé que la prise de la fausse qualité de commerçant, en disant qu’il
est inscrit au registre de commerce sous tel numéro, suffit.
La fausse qualité peut-elle être une qualité juridique ? (Propriétaire par exemple). La
jurisprudence estime que non.
Quid de la fausse qualité de mandataire, en se prétendant être envoyé par un de ses amis
pour prendre telle ou telle chose ; la jurisprudence est sévère sur ce point et le seul fait de prendre
cette fausse qualité de mandataire suffit à constituer l’escroquerie. Il peut y avoir aussi escroquerie
par abus d’une qualité vraie : cas d’un individu qui bénéficie de ristournes fiscales à titre
d’exportateur, il était bien réellement exportateur mais il avait exporté beaucoup moins qu’il ne
disait (crim. 30 nov. 1950, Bull.550).
b)- Manœuvres frauduleuses
)- Caractères que doivent présenter les manœuvres
Il faut que ce soit un fait actif qui implique un agissement positif de la personne
poursuivie ; son silence n’est pas une manœuvre frauduleuse.
Il faut qu’elles aient un caractère déterminant, c’est-à-dire que sans ces manœuvres, la
remise n’aurait pas eu lieu. Il surtout une « mise en scène » car il s’agit généralement non pas
seulement d’un seul fait, mais d’une série de petits faits qui s’appuient les uns sur les autres pour
arriver à avoir une impression d’ensemble.
)- Nature des manœuvres
La loi dit qu’il faut une machination, une combinaison
C’est un « arrangement de stratagèmes »
C’est une « organisation de ruses ».

47
En effet, les manœuvres frauduleuses impliquent une organisation et l’expression la
meilleure serait « la mise en scène ».
1)- Le mensonge à lui tout seul n’est pas en principe une manœuvre frauduleuse ; on peut
toujours et on doit toujours craindre que celui qui dit quelque chose ne dit pas la vérité. Il en est
ainsi même quand le mensonge est écrit, (document écrit par la personne poursuivie et présentée
par elle-même).
La jurisprudence est divisée en ce qui concerne la présentation d’une facture majorée. Il
faut donc d’autres éléments qui vont corroborer le mensonge, qui vont s’ajouter au mensonge pour
le rendre vraisemblable ; documents qui peuvent être vrais ou faux (pour appuyer ses fausses
affirmations, on présente des pièces ou des écrits comme émanant d’autres personnes → cela prend
le caractère de manœuvres frauduleuses) ; il y a là en effet, une mise en scène.
2)- Lettre de change fausse
C’est-à-dire tirée sur un débiteur imaginaire : considérée comme ayant constitué une
manœuvre frauduleuse (crim.28 janv 1959, Bull n°72) alors que la traite dite de cavalerie ne
constituerait qu’un mensonge écrit.
Quid de l’effet de complaisance ?
C’est un simple mensonge écrit qui ne constitue pas une manœuvre frauduleuse, ici le tiré
existe, mais en réalité il n’est pas débiteur (il faut quelque chose de corsé et non un simple
mensonge).
3)- Il y a mise en scène quand il y a intervention matérielle d’un tiers ; il faut que le tiers
joue vraiment un rôle autonome (en effet, le tiers peut être compère mais il peut agir de bonne foi
et c’est du reste la fin des escrocs d’utiliser des personne de bonne foi qui viennent apparemment
confirmer et rendre vraisemblables, leurs allégations mensongères en les appuyant de leur autorité
personnelle (crim. 3 mars 1960, Bull 139) ; il est même possible que ce tiers soit complètement
imaginaire (l’auteur a pu faire croire qu’un tiers était intervenu).
4)- Incendie provoqué par soi-même et portant sur des choses qui n’ont pas vraiment la
valeur de la prime d’assurance en vue de se faire payer par la Compagnie : c’est une mise en scène
constituant une manœuvre frauduleuse. Le cas assez fréquent c’est celui d’un assuré qui, après
avoir simulé un incendie ou vol, organise en un mot toute une mise en scène destinée à tromper la
compagnie.
5)- Cas des magiciens : qui reçoivent leurs dupes dans un décor très particulier en vue
d’obtenir certaines remises.
6)- Pratique du vol au rendez-moi : Acheter un objet de valeur infime en présentant un
gros billet ; on détourne l’attention du commerçant qui effectue la remise de monnaie alors que
l’auteur n’avait pas encore remis en fait le billet : il n’y a pas vol car les monnaies ont été remises
volontairement et le malfaiteur ne s’est jamais, par ailleurs, dessaisi du billet.
7)- Le fait d’avoir maquillé des timbres-poste, pour les faire apparaître comme des
timbres de valeur à collectionner constitue une manœuvre frauduleuse (crim. 20 mars 1961, Bull
167) ; mais est-ce un escroc ou un faussaire ? Généralement escroquerie.
)- But des manœuvres
Trois buts possibles vont rendre délictueuses le manœuvres employées afin d’obtenir la
remise :
1)- Persuader l’existence de fausses entreprises
On peut prendre pour vraies des entreprises qui sont fictives ; ce sont des sociétés de
façade pour attirer les capitaux mais qui n’ont pas, en réalité, pour but, une exploitation
commerciale.
2)- Persuader l’existence d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire :

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- cas des magiciens qui persuadent de l’existence de certains talismans de la possibilité
de prédire l’avenir, de garantir des succès en affaires, en amour …
- Personne qui prétend avoir une influence qui n’est pas réelle ; elle prétend avoir
l’autorité nécessaire pour obtenir d’un tribunal un jugement favorable – pour faire exempter une
recrue du service militaire – pour faire décerner une décoration ; si son influence était réelle, il n’y
avait pas escroquerie, mais trafic d’influence de l’art. 177.
3)- Faire naître l’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou d’un autre
événement chimérique, c’est-à-dire de quelque chose qui n’existe que dans l’imagination fertile
de l’escroc. Ex. Recherche d’un trésor (escroquerie dite « au trésor espagnol ») ; on sait à peu près
où il se trouve, on a des plans précieux, mais il faut engager des frais, monter une expédition : ceux
qui financeront l’entreprise auront évidemment une priorité sur le partage du trésor.
Héritage pour l’obtention duquel il faut poursuivre un procès coûteux : c’est l’escroquerie
monumentale montée par THERESE HUMBERT au début de ce siècle. C’est le cas, il y a une
soixantaine d’années, d’un decujus fictif donc la récupération de la succession (succession de
Crawford) considérable nécessitait, disait-on, un procès pour lequel on demandait aux gens de
prêter de l’argent avec la promesse d’être remboursées largement sur la prétendue succession de
ce tiers fictif.
3)- Conséquence de la remise : le préjudice
Il y a eu des controverses sur la légitime du préjudice. Selon la jurisprudence, le préjudice
peut être illégitime.
a)- en tout cas, le prévenu a dû, en se faisant remettre un objet, « escroquer tout ou
partie de la fortune d’autrui ».
Il y a certainement préjudice quand il y a eu remise.
b)- Ce préjudice consiste en une lésion patrimoniale de la victime, lésion de ses intérêts
matériels fusent-ils illégitimes. Du temps où les opérations sur métaux précieux étaient interdites
par la loi, d’escrocs proposaient aux gens désirant acheter de l’or de leur en vendre, et leur
remettaient, après en avoir reçu le prix, des pièces de cuivre ou même rien du tout. Les personnes
qui s’étaient ainsi laissées prendre étaient assez embarrassées pour prévenir la police de leur
mésaventure. Les trib. Ont néanmoins décidé que bien que la spéculation envisagée par la victime
fût illégale, il y avait escroquerie. Il peut s’agir aussi d’opérations ou projets contraires aux règles
légales.
c)- Il ne peut pas s’agir d’un préjudice moral : en effet, l’art.405 vise l’escroquerie de
totalité ou partie de fortune d’autrui. Si donc l’escroquerie a port&é sur la réputation de quelqu’un,
si elle lui a occasionné un préjudice en ce domaine, l’art.405 ne semble pas pouvoir être appliqué.
C/- ELEMENT MORAL
1)- Il faut une faute intentionnelle de la part de l’escroc
L’auteur a eu la volonté d’obtenir la remise et il a voulu l’obtenir par des moyens qu’il
savait être frauduleux.
Difficulté quant au cas des guérisseurs qui peuvent avoir cru de bonne foi à la réalité de
leur pouvoir.
De toute façon, ils commettent le délit d’exercice illégal de la médecine, dans la mesure
où il y avait traitement.
Mais peuvent-ils être poursuivis pour escroquerie ? Est-ce qu’ils pensaient que le pouvoir
existait ? Si oui, on ne peut pas les poursuivre pour escroquerie.
2)- Le mobile qui a poussé le prévenu importe peu
Si quelqu’un, désirant récupérer des lettres compromettantes pour lui ou pour une tierce
personne, afin d’éviter le chantage auquel le possesseur de ces lettres ou documents pouvait se
livrer, emploie, pour obtenir leur remise, des manœuvres frauduleuses, il commet une escroquerie.

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3)- Une imprudence ou négligence ne suffit pas
Il faut une faute intentionnelle pour réaliser l’infraction (crim. 14 janv. 1941, S. 1941, J.
142. Il s’agissait d’un vendeur de dixièmes de billets de la loterie nationale qui avait négligé de se
procurer les billets dont il vendait les dixièmes. Il était établi qu’il n’y avait eu là qu’une négligence
de sa part, mais ne correspondant à rien. Il a donc était admis qu’il ne pouvait pas être condamné
du chef d’escroquerie.
§ 2 – REGIME JURIDIQUE
A/- NATURE DE L’INFRACTION
- infraction de commission ne réalisant que par un fait positif, la remise ;
- infraction instantanée (intérêts : prescription, amnistie).
B/- TENTATIVE (punissable depuis une loi de 1863)
1)- Etant une infraction de commission, la tentative d’escroquerie est punissable ;
2)- D’autre part, en matière de délit, il faut que ce soit expressément prévu par la loi : cf.
art.405 ;
3)- Conditions
a)- Il faut qu’il y ait déjà une certaine manœuvre frauduleuse ou prise de qualité ou de
faux nom ;
b)- Ces manœuvres doivent apparaître comme déterminantes. La remise aura lieu si un
événement imprévisible ne vient l’empêcher ;
c)- Le désistement volontaire garantit l’impunité ; il n’y a punition que si le désistement
a eu lieu à l’occasion de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.
La difficulté se trouve dans cette distinction entre désistement volontaire et désistement
involontaire. Un automobiliste avait endommagé sa voiture. Un de ses amis bien complaisant, lui-
même automobiliste, consent à déclarer à sa compagnie d’assurance que ces dommages étaient le
fait d’un accident dont lui-même était responsable, de façon que sa compagnie paie la réparation
du véhicule.
Un procès avait même été engagé entre les compères. La vérité ayant pu être découverte
à temps, l’escroquerie ne fut pas perpétrée, mais la Cour de cassation (5 déc. 1961, Bull. n°408) a
estimé que cela n’avait tenu qu’à des circonstances indépendantes de la volonté des compères et
qu’il y avait eu tentative d’escroquerie, les agissements étant susceptibles d’amener la compagnie
d’assurance à payer ce qu’elle ne devait pas.
C/- COMPLICITE
Les escrocs les plus habiles arrivent obtenir les services ou le crédit d’une personne qui
a été dupe.
Si cette dernière a agi avec connaissance de cause, il y a complicité punissable (crim. 24
juillet 1961, Bull 352) : un tiers de mauvaise foi avait affirmé à une personne sollicitée de faire un
prêt, la possibilité pour elle de prendre un nantissement de 1er rang pour garantir sa créance, alors
qu’il savait pertinemment que ce n’était pas possible, que déjà des créanciers étaient inscrits sur le
bien offert en gage.
D/- IMMUNITE – 380 –
La J.P. admet que l’immunité familiale joue pour l’infraction d’escroquerie.
Escroquerie au mariage : L’escroc essaie d’obtenir de la future épouse des titres, une
partie de sa fortune. S’il n’y a pas mariage : escroquerie. S’il réalise le mariage, peut-il y avoir
immunité de l’article 380 ? Oui, dit la jurisprudence.

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E/- REPENTIR ACTIF
Peu importe le repentir actif de l’escroc. Evidemment, si la restitution efface le préjudice
de la victime, pas d’action sur le plan civil, mais l’action pénale subsiste.
§ 3 – REPRESSION
A/- ESCROQUERIE SIMPLE
1)- Peines principales :
a)- emprisonnement : 6 mois à 5 ans
b)- amende forte : 180.000 à 1.800.000
2)- peines complémentaires
- Interdiction des droits civiques, civils et de famille de l’article 42 pour 10 ans au plus ;
- Interdiction de séjour de 2 à 5 ans.
B/- AVEC CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
1)- Escroquerie par appel fait au public en vue de l’émission de titres (actions, obligations,
parts, bons ou titres quelconques).
Art.405, al. 2° - (D.L. du 8 août 1935), à la suite des scandales financiers considérables
des années antérieures, ajouté à l’article 405 :
- emprisonnement jusqu’à 10 ans ;
- amende jusqu’à 9 millions.
2)- Escroquerie par faux officier civil ou militaire :
a)- L. du 8 décembre 1943 : faits dont on peut se demander si ce sont des vols ou
escroqueries ?
b)- L’auteur s’est fait passer pour un officier civil ou militaire :
- Fausse qualité ou faux titre (OPJ., agent de la force publique) ;
- port indu d’un insigne sans l’utiliser positivement, port de l’uniforme, du costume ;
- allégation d’un faux ordre d’une autorité civile ou militaire malgache ou étrangère.
c)- emprisonnement : 2 à 10 ans
- peines complémentaires applicables.
§ 4 – INFRACTIONS VOISINES DE L’ESCROQUERIE
A/- DELITS EN MATIERE DE FONDATION ET DE FONCTIONNEMENT DES
SOCIETES COMMERCIALES (art. 15 de la loi du 24 juillet 1867).
A la suite des scandales auxquels nous avons fait allusion, le législateur a non seulement
modifié l’art. 405 C.P., mais il a jugé utile de prévoir de façon expresse l’incrimination de
beaucoup d’agissements, d’irrégularités, commis dans la constitution ou le fondement des sociétés
commerciales, notamment dans la publicité dont elles doivent faire l’objet.
Il a déjà réprimé l’abus de biens ou l’abus de pouvoir commis par les dirigeants. Il a de
même posé des règles au sujet de la publicité relative à l’émission des titres.
L’établissement ou la publication de faux filan est punissable : du moment que l’on
connaît les inexactitudes qui existent dans le bilan que l’on établit ou que l’on publie, on commet
une infraction.
Elément moral très mince
Imprudence – négligence.
Le législateur déclare que les infractions en la matière sont punies de peines prévues en
l’article 405.

51
B/- EXTORSION DE SIGNATURE OU DE DOCUMENTS (art. 400, al.1) : 5 à 10 ans.
Remise de fonds, de valeurs ou de documents (caractère très général) obtenue par des
procédés violents et non par des manœuvres habiles et par l’astuce du délinquant.
C’est presque une sorte de vol car la chose a été remise sous l’empire de la contrainte.
Cette incrimination de l’art.400 est cependant utile car elle vise non seulement la remise d’une
écrit, d’un acte, etc… mais également la signature d’un tel document et que l’on n’aurait pas pu
parler de vol en ce cas. Ce qui est extorqué ici, ce n’est pas le document, c’est la remise ou la
signature qui a été obtenue par violence, force ou contrainte.
Mais il faut que le document en question compromette la fortune de celui qui a eu le tort
de la signer et de la remettre. La contrainte morale peut équivaloir à la contrainte physique.
C/- LE CHANTAGE OU EXTORSIONDE FONDS
1)- Eléments constitutifs
a)- Elément légal
Art.400, al.2. Quiconque à l’aide de la menace, décrite ou verbale, de révélations ou
d’imputations diffamatoires, aura extorqué ou tenté d’extorquer, soit la remise de fonds ou valeurs,
soit la signature ou remise des écrits énumérés ci-dessus, sera puni d’un emprisonnement d’un an
à cinq ans et d’une amende de 180.000 francs à 1.800.000 francs.
b)- Eléments matériels
Ils consistent d’une part dans une remise ou dans une signature, partant soit sur des fonds,
soit sur des documents susceptibles de compromettre la fortune d’autrui.
Cette remise ou la signature a été obtenue par une menace de révélation, de divulgation
de certains faits diffamatoires c'est-à-dire de nature à porter atteinte à l’honneur et la considération
de la personne. La menace peut aussi bien être verbale qu’écrite. Peu importe les fait diffamatoires
soient vrais ou faux, mais sous la menace de voir ainsi révélés des faits graves et gênants pour elle,
la victime du chantage est prête à payer le prix exigé pour le silence du maître chanteur.
c)- Eléments moral
Il faut la mauvaise foi, il faut que l’auteur ait volontairement exercé chantage ; sa faute
est intentionnelle : but de cupidité.
2) – Répression
- 1 à 5 ans d’emprisonnement
- 180000 à 1800000 francs d’amende.
D/ - ESCROQUERIE A LA DOT
Art. 45, al. Final de certains codes africains.
Manœuvre se rapprochant de l’escroquerie. On touche la dot alors qu’on n’a plus la
capacité de donner la fille en mariage :
- l’agent a donné ou promis la fille en mariage ;
- le mariage devrait être célébré selon la coutume locale ;
- selon la même coutume, l’agent ne pouvait pas ou ne pouvait plus disposer de la
fille ;
- par ce moyen de donner ou de promettre la fille en mariage, l’agent a perçu ou tenté
de percevoir tout ou partie de la dot fixée par la coutume.

SECTION 4
FILOUTERIE D’ALIMENTS ET AUTRES

Historiquement : agissement d’un individu qui agit avec adresse, avec habilité : le
pickpocket est un filou. On en distinguait le larcin.

52
Actuellement : plus de distinction car ce sont tous des vols donc, peines des art. 379 et
suiv.
Normalement, selon l’article 401, les filoutéries sont des vols. Mais depuis les réformes
du code pénal, les filoutérie ont leur autonomie, leurs éléments propres.
La plus ancienne est la filoutérie d’aliments ou gravèlerie.
§ 1 – LA FILOUTERIE D’ALIMENTS OU GRAVELERIE
C’est le fait d’un individu qui a commandé un repas, l’a consommé mais ne l’a pas payé
ensuite.
Autrefois, la jurisprudence était embarrassée car celui qui a pris le repas ne l’a pas
soustrait ; celui qui la remis a entendu lui remettre la pleine propriété et ce spontanément.
Ce n’est pas un abus de confiance car si on a servi le repas à un individu, c’est pour qu’il
le consomme.
Escroquerie ? Pas de fausse qualité ou de manœuvre frauduleuses.
D’où aucun texte pénal. Or tout ce qui n’est pas défendu est permis.
Le législateur est donc intervenu par la loi du 26 juillet 1873 modifié par la loi du 28
janvier 1937, insérée dans l’article 401.
A/ -ELEMENTS CONSTITUTIFS
1)- Légal (art. 401, al. 4)
2)- Elément matériel :
a)- se faire servir des aliments ou boissons
b)- Consommer totalement ou partiellement sur place dans l’établissement qui est
destiné à cela.
Pas de distinction entre restaurant ordinaire ou restaurant d’un h^tel. Cependant, depuis
L. 1937, s’il profite de la chambre et de l’aliment, il y a filoutérie d’aliments à condition que se
soit dans un bref délai.
Au delà de 10 jours (art. 401, al. 6) on ne peur plus le poursuivre pour filoutérie puisque
le propriétaire a été trop naïf, trop confiant, trop crédule, car le code pénal est fait pour protéger
un homme moyen. Evidemment, celui qui n’est pas logé dans l’établissement où il a consommé
peut être poursuivi pendant une période assez longue.
c)- Ne pas payer le prix, donc insolvabilité de l’agent.
Si l’individu a eu l’intention de ne payer un repas au moment où il l’a commandé, mais
s’il l’a payé quand même, il est alors impossible de le poursuivre.
3)- Elément moral :
Avoir su pertinemment, au moment de la commande, qu’on est dans l’impossibilité de
payer.
Il se peut qu’on ait cru avoir l’argent sur soi mais c’est seulement quand la note est
présentée qu’on est surpris de n’avoir de quoi payer (il y a eu vol ou omission du portefeuille chez
soi).
Il faut une faute intentionnelle : preuve difficile à rapporter et c’est le Ministère public
qui doit la prouver. Cependant, en matière pénale, le juge se fonde surtout sur le principe de
l’intime conviction.
B/- REGIME JURIDIQUE
La tentative n’est pas incriminée par la loi.
Procédure de flagrant délit en principe. En principe, c’est une infraction qui se poursuit
en flagrant délit, en information sommaire.

53
C/- REPRESSION
Emprisonnement : 6 jours à 6 mois
Amende : 25000 à 75000 francs.
D/- DU POINT DE VUE DE LA RECIDIVE
Non assimilé au vol pour la récidive ou la relégation, ni à l’abus de confiance ni à
l’escroquerie.
§ 2 – FILOUTERIE DE TAXI ET DE CARBURANT
1)- Elément légal
L. 31 mars 1926 (non incorporé au C.P français)
L. n° 70.024 du 23.12.70 (J.O. 26.12.70 p. 2331)
Il n’est utile de punir que dans la mesure où il y a un danger social sérieux, c'est-à-dire
quand il y a un grand scandale dans la société, lorsque les procédés de ce genre tendent à se
répandre. C’est ce qui a été fait en 1973 pour la gravèlerie et c’est ce qui a été fait à nouveau pour
la filoutérie de transport par une loi du 31 mars 1926.
2)- Eléments constitutifs :
Avoir pris place dans un taxi, sachant très bien qu’on n’a pas la possibilité de payer. Il
s’agit donc d’un moyen de transport dont le conducteur est tenu de déférer aux réquisitions des
clients qui se présentent à lui.
Comme dans le cas du restaurateur, le chauffeur de taxi ne peut pas demander à son client
de justifier de la possibilité de régler la course avant qu’elle soit effectuée, ce qui l’expose à ce
que le client abuse de la facilité avec laquelle il pourra, sans bourse déliée, faire un parcours plus
ou moins long.
- Avoir su cela au moment de monter dans le taxi,
- faute intentionnelle.
3)- Les peines :
- Emprisonnement : 6 jours à 6 mois
- Amende : 25000 à 75000 francs.
§ 3 – FILOUTERIE D’HOTEL (Art. 401, al. 5 et 6)
- 401, al. 5 :
Un voyageur s’est présenté, il loue une chambre, occupe cette chambre et ne paie pas.
L’auteur a su très bien qu’il ne pourra pas payer le loyer.
- 401, al. 6 :
Mais si l’hôtelier a été manifestement imprudent, s’il a tardé exagérément de présenter la
note… il est trop naïf, il a fait crédit, d’où impunité de l’auteur.
Durée de la présence à l’hôtel : 10 jours
Répression :
- 6 jours à 6 mois
- 25000 à 75000 F

SECTION 5
LE RECEL

Histoire :
C’st le fait d’accepter et de conserver par devers soi des choses dont on connaît l’origine
délictueuse.

54
A l’origine, c’était une forme de complicité. Ce n’est pas très logique de se rendre
complice après la commission de l’infraction.
Cela a présenté de grands inconvénients :
- a/s de la prescription de l’action publique (raisons d’ordre interne) – Le vol est un
délit instantané donc commence à se prescrire du jour de sa commission. L’inconvénient sur le
plan interne du système de la complicité pour vol, c’était qu’à partir du moment où l’infraction
originelle était prescrite, aucune poursuite ne pouvait plus être intentée contre le receleur, puisque
le complice ne peut pas être poursuivi lorsque la prescription de l’action principale est acquise.
- Raison d’ordre international
En France, on ne peut pas poursuivre les auteurs ou complice étrangers pour des
infractions commises à l’étranger. Il arrivait cependant que l’on découvre les objets volés en Italie
en France… cet agissement n’était pas punissable en France..
D’où L. du 22 mai 1915 qui a supprimé le recel comme cas légal de complicité et a créé
un nouveau délit : le recel, délit distinct qui a ses sanctions propres sa prescription propre.
Or, le recel est délit continu ; donc la prescription commence à courir au moment
seulement où le receleur s’est dépossédé de la chose.
§ 1 – INCRIMINATION
A/- CONDITION PREALABLES
1)- Une infraction antérieure a été commise.
Cette infraction a procuré certain fonds, certaines choses, certains objets ; chose enlevées
(vol) détournées (abus de confiance) obtenues (escroquerie), mais « obtenues » a ici un sens
extrêmement large : à la suite d’un faux, d’un chantage…
2)- Il faut que l’infraction primitive ait été un crime ou délit
Le juge doit préciser dans son jugement (crim. 22 juillet 1959, Bull. 571, crim. 23 mai
1962, Bull. 418) :
- que la condition préalable a été remplie « enlevé » est au sens large (escroquerie, faux
chantage, abattage clandestin, chèque sans provision). La Cour de cass. a condamné un individu
qui avait recelé des choses qu’il savait avoir été achetée contre paiement par chèque sans provision
(crim. 4 avril 1962, Bull. n° 163).
- que les choses proviennent bien d’un crime ou d’un délit.
Si les faits n’étaient pas délictueux (ex. il y a faits justificatifs, amnistie), celui qui reçoit
les choses ne peut être puni pour recel. C’est ainsi qu’encourt la cassation l’arrêt qui, pour
condamner du chef de recel, se bonne à énoncer que l’accusé a été trouvé en possession d’un
nombre de bœufs supérieur à celui pour lequel il avait été imposé, sans rechercher si les bœufs
prétendus recélés avaient une origine frauduleuse et si l’accusé avait connaissance de cette origine
(C.S. arrêt n° 170 du 4.4.67, BIMJ n° 13, Som. p.75).
3)- La chose volée puis recelée doit être une chose mobilière, une chose quelconque,
même un écrit qui ne forme pas titre comme en matière de vol.
A noter que le recel peut aussi porter sur une chose subrogée à la chose volée.
B/- ELEMENTS CONSTITUTIFS PROPREMENT DITS
1)- Eléments légal : art. 460 et 401 C.P.
2)- Elément matériel :
a)- Il consiste dans l’acceptation ou détention d’une chose qui a une origine frauduleuse
et dans le fait de conserver cette chose même si ce n’est pas l’auteur de l’infraction primitive lui-
même qui a effectué la remise au receleur ; peu importe donc la personnalité du tradens qui peut
bien avoir été de bonne foi, du moment que celui qui a reçu est de mauvaise foi. Le seul fait de

55
recevoir consciemment des choses dont on connaissait l’origine délictueuse va constituer l’acte
matériel du recel (crim. 3 avril 1936, D. 1937.1.94, note M. SILOIR arrêt rendu dans un des procès
de la fameuse affaire Stavisky : Un individu avait reçu de Stavisky un chèque qu’il avait touché,
alors qu’il ne pouvait pas ignorer que le compte sur lequel le chèque était tiré était alimenté par les
infractions que commettait Stavisky ; en acceptant de toucher ce chèque sur ce compte, l’intéressé
s’était rendu coupable de recel car il avait reçu en paiement, par la voie de l’encaissement du
chèque, des fonds, obtenus de façon délictueuse).
Et peu importe la façon dont on s’est trouvé en possession de la chose (don, achat, dépôt,
conservation pour le compte du remetteur).
Ce qui importe est qu’on a détenu, qu’on a eu le corpus.
b)- Important : selon la jurisprudence, il y a mal à recevoir et conserver aussi les choses
qui ont remplacé celles qu’on avait dérobée par exemple, remplacement par le phénomène
juridique dit subrogation réelles.
(Ex. vol de bijon : le voleur les a vendus et achète une autre avec le prix. Celui qui reçoit
l’auto devient receleur, que le voleur la lui a donnée ou vendue).
Application de la subrogation réelle même si la détention de la chose a été de courte durée.
Ex. argent volé : achat de vin : celui qui paie le vin avec l’argent volé est un receleur
même s’il n’en a pas profité directement, et qui plus est celui qui accepte de boire du vin qui a été
volé ou même du vin qui a été acheté avec de l’argent volé, commet un recel.
c)- Il faut qu’il s’agisse de choses mobilières
3)- Elément moral
a)- Ce qui est grave c’est d’en profiter en connaissance de cause. Il faut donc que l’on
sache l’origine délictuelle de la chose pour être receleur (cf. arrêt C.S. n° 170 du 4.4.67 précité).
La loi exige une faute intentionnelle : avoir su et avoir voulu tirer profit de l’infraction.
La jurisprudence a fait preuve de beaucoup de souplesse dans l’appréciation de l’élément
moral.
b)- Il n’est pas nécessaire que le receleur ait connu avec une parfaite exactitude
l’origine délictuelle de la chose. Le fait que le receleur n’ait pu douter de l’origine frauduleuse
des choses suffit à caractériser sa mauvaise foi et à justifier sa condamnation de ce chef (crim. 16
mars 1932, Gaz. Pal. 1932.2.83).
Certaines législations étrangères admettent la simple imprudence : art. 161 du code
polonais de 1932.
c)- Si le prévenu ignorait au moment de recevoir la chose, l’origine frauduleuse, il n’y
a pas rendu la chose ou s’il ne se dépossédait pas de la chose. C’est le problème de la mala fides
superveniens.
d)- La preuve de l’élément moral est délicate
Le Ministère public est souvent très embarrassé pour en faire la preuve. Cependant, la
tâche est facilitée par l’application du principe de l’intime conviction (finoana marina).
La jurisprudence a en réalité commis une altération, une déformation de l’élément moral :
le prévenu avait dissimulé les objets déposée chez lui ; de même, au cas de choses données,
comment pouvoir imaginer que telle personne ait pu vous faire un si important cadeau.
De même, si le prévenu a acheté la chose bien au-dessous de la valeur de la chose.
§ 2 –REGIME JURIDIQUE
1)- Le recel est infraction continue. Le recel commence à partir du moment où l’on a
accepté de recevoir la chose et prend fin au moment où le receleur n’en a plus la détention. Si le
recel continu après une condamnation on peut prononcer une 2ème condamnation pour les mêmes
objets recelés.

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De même, la prescription commence du jour où la détention a cessé.
La loi nouvelle s’applique au receleur s’il détient encore la chose. De même, si une loi
d’amnistie efface des délits de recel commis avant une certaine date, elle n’efface pas ceux qui,
commencés avant cette date, se sont prolongées au-delà de cette date (Paris 2 juillet 1926, D.
1927.2.17, note Henry).
Enfin, est compétent entant que tribunal de lieu de l’infraction, le tribunal dans le ressort
duquel la détention s’est accomplie.
2)- La loi n’a pas prévu que la tentative du recel est punie, sauf recel criminel car la
tentative de crime est toujours punissable.
3)- Par contre, la complicité est punie.
Notamment, par provocations. Mais l’auteur de l’infraction initiale ne peut pas être puni
comme receleur s’il détient encore les choses après prescription de cette infraction.
4)- Concours de qualifications. Il n’y a pas cumul possible de la qualification de la vol ou
de recel (vol seul : crim. 15 déc. 1959 ; Bull. n° 350).
5)- Connexité
Le recel est connexe au crime ou délit qui a procuré les choses :
- Même juridiction : le jugement de l’affaire de recel pourra être porté devant la même
juridiction que celle qui a été saisie de l’infraction initiale.
- Art. 55 prévoit qu’il y a une solidarité entre tous les auteurs et complice d’une infraction.
La jurisprudence usant d’une interprétation large duit que la solidarité a lieu dès qu’il y a
connexité. S’agissant par exemple d’un vol très important de bijoux, le receleur d’un seul de ces
bijoux pourra se voir réclamer, par la victime du vol de l’intégralité de son préjudice (crim. 30
novembre 1961, Bull. n° 492), ce qu’elle ne marquera pas de faire si ce receleur est solvable.
La victime peut s’adresser à l’un quelconque sauf à celui-ci le droit de se retourner contre
l’auteur.
6)- L’art. 380 ne s’applique pas au recel. Un fils a volé une somme d’argent au préjudice
de son père et avec laquelle il achète des bijoux donnés à sa petite amie. Celle-ci est punissable
alors que le fils n’est pas.
§ 3 – REPRESSION
1)- REGIME GENERAL
a)- Peine principale :
- Emprisonnement : 6 mois à 5 ans
- Amende : 180000 à 1800000 et peut même dépasser 1800000 et atteindre la moitié des
valeurs des choses recelées.
b)- Peines complémentaires :
- Interdiction de séjour de 1 à 5 ans
- Interdiction de l’art. 42.
2)- CRICONSTANCES AGGRAVANETES
- Circonstance aggravantes tenant au caractère criminel (461).
Faux en écriture authentique par exemple : mêmes peines que l’infraction primitive sauf
que la peine de mort est remplacée pour le receleur par les travaux forcés à perpétuité.
L’infraction primitive était elle-même entourée de circonstances aggravantes
Le receleur encourt les peines attachées par la loi aux circonstances qu’il a connues (ex.
effraction) au temps du recelé, au moment où il a accepté d’être receleur.

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§ 4 – INFRACTION VOISINES DU RECEL
1)- Recel d’objets saisis ou données en gage :
Recel à la suite du détournement de ces objets donc art. 400, al. 6 : mêmes peines que
l’auteur de l’infraction initiale.
2) Recel de cadavre :
a)- Fait matériel de cacher ou receler un cadavre.
b)- Circonstances que la personne dont le cadavre a été caché ou recelé, avait été
homicidée ou était morte des suites de coups et blessures.
c)- Intention délictueuse : avoir su qu’il s’agissait d’une personne homicidée ; 6 mois
à 2 ans et 25000 à 75000 F (art. 359).
d)- Tentative non punissable.
3)- Recel de gibiers irrégulièrement chassés (L. 3 mai 1844)
4)- Recel d’effet militaires (art. 150 et 153 C.J.S.N)

SECTION 6
L’INCENDIE

C’est également une atteinte à la propriété mais une atteinte qui porte aussi un grand
danger social surtout à l’époque où les moyens de lutter contre l’incendie étaient rudimentaires.
Actuellement, même l’incendie involontaire est réprimé par la loi car l’incendie recèle un
grave danger social.
L’incendie volontaire est réprimé plus sévèrement.
C’est une infraction très grave et dont les auteurs sont difficiles à identifier.
L'incendie volontaire comme empoisonnement, corresponds à une certaine
préméditation. Ceci explique la rigueur dont la loi fait preuve en matière d'incendie.
L’incendie volontaire est puni par l’article 434 surtout.
La loi distingue plusieurs hypothèses, selon la nature des choses incendiées :
- lieu habité ou servant à l’habitation,
- lieu non habité, la loi y assimile le cas de l’incendie portant sur des bois ou des
récoltes sur pieds,
- le feu a été mis à des récoltes ou des bois coupés.
§ 1 – L’INCENDIE DES LIEUX HABITES OU SERVANT A L’HABITATION
(art. 434, al. 1 et 2)
A/- BIENS RENTRANT DANS CETTE CATEGORIE
Il peut s’agir :
- al. 1 d’immeubles, édifices, magasin, chantiers
- al. 2 de moyens de transports : navires, bateaux, (assimilation), voitures et wagons
qui contiennent des personnes (assimilation) et même qui ne contiennent pas de personnes mais
qui font partie d’un convoi qui comprend des wagons de voyageurs.
B/- CONDITION – ETRE HABITES OU SUSCPTIBLE DE L’ETRE
Ce qui préoccupe le législateur, c’est le danger pour la vie humaine.
C/- PEINE ENCOURUE : TOUJOURS LA PAINE DE MORT (al. 1 et 2)
Peine encourue : peine de mort même si la personne n’a péri dans l’incendie.
Peu importe le point de savoir si les locaux incendiés appartiennent ou non à l’auteur de
l’incendie.

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Quand il s’agit de locaux, il n’est pas nécessaire qu’il ait à l’intérieur des personnes car
s’agissant de lieux servant à l’habitation, l’existence de personnes est toujours présumée.
§ 2 – LIEUX NON HABITES, BOIS, RECOLTES SUR PIED (art. 434, al. 3, 4, 5)
A/- LIEUX RENTRANT DANS CETTE CATEGORIES
1)- Bâtiments qui ne servent pas à l’habitation : édifices, magasins, chantiers, ni habités
ni destinés à l’habitation, navires, bateaux, non destinés à transporter des personnes et n’en
transportant pas effectivement.
2)- Forêts, bois, taillis et récoltes sur pieds (et non récoltes abattues)
Par hypothèse, il n’y a pas de danger pour la vie humaine. C’est seulement une atteinte à l
propriété. La loi va distinguer selon le propriétaire : propriété d’un tiers ou propriété de l’auteur
même de l’incendie.
B/- NECESSITE DE DISTINGUER
Selon qu’il s’agit de la chose s’autrui ou de la chose de l’incendiaire lui-même.
Les juges devront préciser dans leur décision quel est la propriétaire, et comme ces
affaires sont généralement de la compétence de la Cour d’Assise (Cour criminelle), l’une des
questions posées au jury devra porter sur la propriété de la chose incendiée (crim. 4 oct. 1956, D.
1956. p. 721).
Depuis un certain temps, il y a une autre préoccupation du législation sur la punition de
l’auteur de l’incendie sur sa propre chose car cela peut couvrir une fraude envers la Compagnie
d’assurance.
1)- De la chose d’autrui (art. 434, al. 3)
Dans une décision de condamnation, il est nécessaire de préciser si la chose incendiée
appartient à autrui ou à l’auteur lui-même.
- chose d’autrui :
* travaux forcés à perpétuité (434, al.3)
* s’il y a eu mort d’homme ou infirmité grave … (art. 434, dernier alinéa) peine de
mort.
Si l’incendie a, de façon peut-être imprévisible, causé des atteintes à l’intégrité corporelle
de quelqu’un, par exemple, à des personnes venues pour porter secours ou tenter de l’éteindre, le
texte applicable est l’art. 434, dernier alinéa.
2)- De la chose de l’incendiaire (art. 434, al.4)
Si les biens en question appartenaient à celui qui y a mis le feu, son acte peut apparaître
comme la simple manifestation de son droit de propriété, de l’abus due comporte ce droit : il avait
le droit de détruire se chose par l’incendie ou par un autre moyen.
a)- Condition pour qu’il y ait infraction : préjudice à autrui.
Cet incendie a causé un préjudice à autrui et ce préjudice a été causé volontairement car
il est possible qu’il a mis le feu à sa propriété sachant pertinemment que le feu atteindra la propriété
d’autrui.
Quelque chose appartenant à autrui peut aussi se trouver sur sa propriété.
Enfin, il y a fraude envers la Compagnie d’assurance. Le fait peut constituer une escroquerie
mais s’il est établi que l’incendiaire voulait toucher une indemnité d’assurance, il a alors
volontairement porté préjudice à autrui (Cie d’assurance) et il encourt les peines de l’incendie
volontaire de la propre chose.
b)- Répression
Peine : travaux forcés à temps.
c)- Auteur matériel et auteur intellectuel (al. 5)

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Auteur matériel et intellectuel : même peine – 5 à 20 ans de T.F.
La loi punit non seulement celui qui met le feu mais aussi celui qui fait mettre le feu. Il
suffit d’avoir demandé qu’on mette le feu sans qu’il soit nécessaire de faire pression particulière.
L’auteur intellectuel est puni même si l’on ne peut pas poursuivre l’auteur matériel ca
celui-ci s’est désisté à temps.
L’auteur matériel, lui, peut être considéré comme avoir mis le feu sur la propriété d’autrui
et pouvait encourir la peine perpétuelle. Donc une certaine injustice, d’où l’alinéa 5 qui prévoir la
même peine de travaux forcés à temps.
§ 3 – RECOLTE OU BOIS COUPES, WAGONS CHARGES OU NON DE
MARCHADISES ET AUTRES OBJETS MOBILIERS
A/- BIENS RENTRANT DANS CETTE CATEGORIE (art. 434, al.6)
1)- L’alinéa 6 prévoit l’incendie de : cabanes, paillotes ou autres constructions en
matériaux légers.
2)- Pailles ou récoltes coupées et qui sont en tas ou en meules.
3)- Bois disposés en tas ou en stères.
4)- Voitures, wagons, chargés ou non de marchandises, ou d’autres objets mobiliers du
moment que ces wagons ou voitures ne font pas partie d’un convoi contenant des personnes.
B/- REPRESSION : NECESSITE D’UNE DISTINCTION
1)- Chose d’autrui : art.434, al.6
Peine : emprisonnement de 5 à 10 ans.
2)- Chose de l’incendiaire (art.434, al.7 et 8)
Si l’incendie a causé un préjudice à autrui, la peine est également un emprisonnement de
5 à 10 ans.
- auteur matériel : (art.434, al.8)
- auteur intellectuel : (art. 434, al.7).
D’après la jurisprudence, s’il s’agit de récoltes, elles sont en tas ou en meules sur place.
Là où la récolte a été faite.
Si les récoltes sont rentrées dans un hangar attenant à la ferme par exemple, ces
dispositions ne s’appliquent pas : ce qui est laissé dans les champs est confié à la foi publique,
c’est quelque chose de sacré et celui qui y met le feu est coupable d’une infraction particulièrement
grave.
3)- Incendie de la chose d’autrui par communication (art.434, al.9)
Controverse en ce qui concerne l’avant dernier alinéa : « Celui qui aura communiqué
l’incendie à l’un des objets énumérés dans les précédents paragraphes en mettant volontairement
le feu à des objets quelconques appartenant soit à lui, soit à autrui, et placés de manière à
communiquer ledit incendie, sera puni de la même peine que s’il avait directement mis le feu à l
‘un desdits objets.
Il s’agit de l’individu qui, par exemple, ne met pas le feu à la maison d’autrui, mais qui
met le feu à une botte de paille qui lui appartient et qui est placée contre la maison d’autrui, de
sorte que le feu va fatalement se communiquer de la botte de paille à la maison d’autrui.
Cet individu ne va pas pouvoir dire ensuite qu’il n’a pas du tout mis le feu à la maison
d’autrui, qu’il a mis le feu à sa propre botte de paille.
Il faut que l’inculpé ait eu l’intention d’incendier une des choses spécifiées par l’art.434
(certains auteurs – Vouin – estiment qu’il n’est pas nécessaire que la disposition des choses ait été
intentionnelle).
Peine : 5 à 10 ans.

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4)- circonstances aggravantes : mort d’homme ou infirmité grave
C’est la peine de mort qui est encourue (434, al.10).
5)- incendie ou destruction de véhicules automobiles (458)
- Emprisonnement : 2 à 5 ans.
- Amende : 25.000 à 100.000 FMG.
En France, ordonnance du 31 janvier 1961 insérée dans le Code (art.445). Cet article 445
était disponible en France, c’est pourquoi cette disposition importante y a été insérée.
§ 4 – INFRACTIONS VOISINES DE L’INCENDIE VOLONTAIRE
A/- DESTRUCTION PAR EXPLOSIF (art.435)
1)- Assimilation à l’incendie. Rédaction différente selon les Etats africains.
- Inculpation selon les distinctions de l’art.434.
- peine sera la même d’après les distinctions faites en l’article 434).
La destruction peut être totale ou partielle.
La tentative est punie comme le crime consommé : « contre ceux qui auront détruit … ou
tenté de détruire ».
Il s’agit de locaux. A la rigueur, il peut s’agir de wagons, de voitures, et non de bois ou
de récoltes.
2)- Moyen employé : mine ou toute substance explosible
Interprétation large de la jurisprudence ; tout explosif sera assimilé à une mine.
3)- Enumération des biens ou travaux non limitative
Le texte malgache et le texte français contiennent certaines précisions :
- édifices, habitations, magasins, ou chantiers et leurs dépendances ;
- navires, bateaux, véhicules de toutes sortes ;
- digues, chaussées, ponts, voies publiques ou privées ;
- et généralement tous objets mobiliers ou immobiliers de toute nature.
4)- Dépôt d’explosifs (art.434, al.2) sur voie publique ou privée :
- assimilé à une tentative d’assassinat,
- le crime est consommé par le seul fait du dépôt,
- il faut que l’inculpé ait eu l’intention criminelle,
- la peine encourue est celle de la mort.
5)- La 3ème alinéa accorde une excuse absolutoire au dénonciateur : avant que l’infraction
soit commise et même après que l’infraction est consommée car cette dénonciation permet de
retrouver les auteurs généralement difficiles à découvrir. Si l’excuse est admise, la loi permet
néanmoins de frapper le coupable de l’interdiction de séjour (art.435, al.4).
Pour ceux qui ont déposé un engin explosif sur la voie publique : peine de mort.
B/- DESTRUCTION DE VEHICULE (art.458 de Madagascar)
Voir ci-dessus.
C/- MENACE D’INCENDIE OU DESTRUCTION PAR EXPLOSIF (v. art.436).
Peine prévue au sujet menace d’assassinat (v. art.305)
Il faut une menace d’infractions graves et notamment la menace de mort.
§ 5 – L’INCENDIE INVOLONTAIRE
En raison du danger que présente l’incendie, l’incendie même involontaire est puni par la
loi.
Autrefois, peine correctionnelle dans l’article 458.

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Actuellement, prévu et puni par l’article 473, 17° (contravention de 2ème classe) ; il s’agit
d’imprudence mais d’imprudences énumérées limitativement par la loi :
1ère imprudence incriminée : incendie provoquée par défaut d’entretien des foyers et leurs
accessoires : des fours, cheminées, forges, etc. voisins des lieux incendiés étaient en mauvais état
ou atteints de vétusté ; on ne les a pas entretenus, on ne les a pas réparés, alors qu’ils avaient besoin
de réparations et un incendie en est résulté s’il n’y a pas incendie, c’est l’art. 472 – 3° qui est
applicable.
2ème imprudence incriminée : incendie par manque de précaution « ou par des feux ou
lumières portés ou laissés sans précaution suffisante ». C’est ici encore une imprudence
caractérisée.
3ème forme d’imprudence : incendie par tir de pièces d’artifice «ou par des explosifs ou
pièces d’artifices allumées ou tirées par négligence ou imprudence ».
§ 6 – LES DESTRUCTIONS ET DOMMAGES CAUSES A LA PROPRIETE D’AUTRUI
- Atteinte à la propriété de l’Etat,
- Atteinte à la propriété privée,
- Dommage volontairement causé à la propriété immobilière d’autrui, aux animaux
domestiques d’autrui,
- Atteinte à la propriété privée rurale.
La loi protège essentiellement les récoltes : le fait de dévaster des récoltes sur pied :
emprisonnement jusqu’à 5 ans.
Le fait de couper sciemment des fourrages ou des grains.
Le fait de faire pâturer son bétail dans une prairie d’autrui (France)
Le fait de traverser un champ ensemencé.
La loi protège aussi les arbres, les greffes.
La loi protège encore les instruments agricoles (art. 457).
Jurisprudence intéressant les Etats Africains et Malgache, le maire a fait détruire une
cabane construite sur un terrain communal ; en quelque sorte, il s’est fait justice à lui-même ; il a
été condamné.
La loi protège enfin les animaux de la ferme.
L’article 453 conserve son ancienne rédaction dans les Etats Africains et Malgache. Dans
le Code français : contravention.
Les animaux domestiques ne bénéficient pas de cette protection.
A/- L’ATTEINTE A LA PROPRIETE PUBLIQUE
1)- La dégradation d’objets d’utilité publique (art.257)
a)- Elément important comme une condition préalable :
La destination du bien :
- l’utilité publique ou choses élevées par l’autorité publique avec ou sans autorisation.
- la décoration publique
1)- Utilité publique
Il s’agit de biens meubles ou immeubles, réverbères – kiosques à journaux – urinoirs,
généralement immeubles, qui servent au fonctionnement des services publics et par exemple les
lignes télégraphiques, les lignes électriques et les poteaux ou pylônes qui les supportent. La cour
de cassation (crim. 16 mars 1959, Bull. n°187) a condamné un gréviste qui, en lançant un câble
sur les lignes électriques, avait provoqué un court circuit endommageant le matériel ; elle a jugé
que l’infraction de dégradation d’objets d’utilité publique était réalisée, quel qu’ait pu être le but
du prévenu.

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2)- Décoration publique
Il pourra s’agir de statues, monuments divers, objets meubles ou immeubles.
Ex. Il a été jugé que le drapeau qui est installé occasionnellement sur le fronton d’un
édifice public constitue un objet destiné à la décoration publique (Cass. 5 juin 1885, D. 1886. 1.
140).
b)- Elément matériel proprement dit
Fait matériel qu’une chose a été abattue, détruite, mutilée ou dégradée (dommage d’ordres
divers). A/S des inscriptions tracées sur les monuments ou biens d’utilité publique, voire même
sur les chaussées : la Cour de cassation (crim ; 23 juin 1953, D. 1953, P. 556) avait été amené à
penser que si l’inscription en questions était indélébile, elle endommageait incontestablement cet
objet d’utilité publique, mais que si on pouvait aisément la faire disparaître, l’élément matériel
d’infraction de l’art.257 n’était pas réalisé. Pour éviter d’ailleurs, toute contestation sur ce point,
le législateur est intervenu et a incriminé ce genre d’activités → art.472 – 10°.
c)- Elément moral
Faute intentionnelle :
- avoir connu la destination du bien,
- l’avoir endommagé volontairement.
Peu importe le mobile, le plus souvent → mobile politique mais cette considération n’a
pas à intervenir (arrêt du 23 juin 1953 précité).
d)- Peines
- 1 mois à 2 ans
- amende 25.000 à 100.000 francs.
2)- La détérioration de site classé
- L. du 2 mai 1930 – art. 257 du C.P.F.
- art.8 Loi n°60.026 du 13.07.62 sur le classement des sites ;
- art.32 Loi n°61.031 du 15.11.61 sur les monuments historiques
- et art.257 du Code pénal.
a)- Elément légal
b)- Monument naturel et non élevé par la main de l’homme, ou site inscrit ou classé.
c)- Intention coupable
d)- Peines : 1 mois à 2 ans
25.000 à 100.000
B/- L’ATTEINTE A LA PROPRIETE PRIVEE (sauf propriété rurale)
1)- Le pillage (art.440, 441, 442) : crime
Le pillage n’implique pas par lui-même une soustraction frauduleuse ; il est possible que
celui qui s’y livre se contente d’endommager, de détériorer les choses, sans se les approprier.
a)- Fait matériel de pillage ou de dégât
b)- Ce pillage ou dégât concerne des denrées, des marchandises, des effets ou propriétés
mobilières.
c)- Les coupables ont agi en réunion ou en bande. Il n’y a pas de pillage individuel, le
pillage est quelque chose de collectif (pillage commis au cours d’un mouvement de foule).
d)- Ils ont agi à force ouverte : il s’agit d’un mouvement collectif et violent.
e)- Peines : 5 à 20 ans de T.F. plus amende : 36.000 à 900.000 (art.440).
f)- Excuse atténuante (art.441) en cas de provocation ou de sollicitation à prendre part
à ces violences, s’ils prouvent qu’ils ont été entraînés : réclusion de 5 à 10 ans.
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g)- Pour le chef du l’instigateur ou le provocateur : maximum : 20 ans de travaux forcés
(art.442) du moins si les biens pillés intéressent le ravitaillement (grains, grenailles, farines, pain,
vin ou autres boissons).
2)- La détérioration de matériel ou de marchandises (art.443)
a)- Elément matériel
- détérioration ;
- de marchandises ou de matières ou des instruments quelconques ;
- par des actes, des agissements positifs ou tout autre moyen. En condamnant des
grévistes, dont le comportement avait amené la détérioration du matériel parce qu’ils s’étaient
opposés à la coulée du métal des hauts fourneaux ou des fours électriques, la Cour de cassation a
relevé à leur encontre que l’opposition qu’ils avaient ainsi apportée à ce que des mesures soient
prises pour la conservation en bon état des fours avait été une « opposition active ».
b)- Elément moral :
Faute volontaire, intentionnelle.
Il doit s’agir d’un agissement conscient et volontaire. Peu importe que cet agissement
n’ait pas eu pour but de produire la détérioration, du moment que celle-ci s’est produite ou du
moment que le résultat, la détérioration, était aisément prévisible.
c)- Répression
- 1 mois à 2 ans
- amende : 25.000 au moins et ¼ des d.i. au plus.
d)- Circonstances aggravantes de l’alinéa 2
Délit commis par un ouvrier de fabrique ou par un commis de la maison de commerce
(emprisonnement de 2 à 5 ans) : la J.P. estime que cette formule englobe à peu près tous les salariés
puisque les travailleurs des usines métallurgiques ont pu être considérés comme des ouvriers de
fabrique.
3)- Le dommage volontaire à la propriété d’autrui
a)- Jet de pierres ou d’immondices (472 – 20°)
b)- Dommage aux propriétés mobilières (473 – 14°)
Il s’agit de dommages volontairement causés à des meubles d’autrui autres que ceux visés
par les articles 434 à 459, qui sont détériorés ou détruits autrement que par l’incendie et par dépôts
d’explosifs.
(Ex. - Individu qui avait, pour nuire à son voisin, dégonflé les pneus de son automobile
(crim.13 mai 1954, D. 1954. 457) ;
- individu qui, irrité de ce qu’une automobile était arrêtée à un endroit qui le gênait, l’avait
poussée avec sa propre voiture, ce qui avait occasionné des dégâts aux freins et à la boite de vitesse
de la voiture qui appartenait à autrui : crim. 22 octobre 1958, Gaz. Pal. 1959. 1.29).
- le fait par un maire de confisquer et de détruire la feuille de papier qui constituait une
pétition et sur laquelle étaient apposées un certain nombre de signature (Tal. Saint Mihiel,
24.12.52, D. 1953. 83).
4)- Le dommage volontaire aux animaux domestiques d’autrui.
a)- L’animal a été blessé sur le terrain de l’auteur du dommage : fait non incriminé.
b)- L’animal a été blessé ou tué chez son propriétaire (art.454)
- emprisonnement : 6 jours à 6 mois,
- amende : 25.000 au moins et ¼ des d.i. au plus.
C’est une contravention en France (art. R. 40 – 9°)

64
Le dommage doit avoir fait sans nécessité. C’est ainsi qu’a été cassé pour insuffisance de
motifs, un arrêt de la CCS qui, en présence d’un ordre de renvoi retenant que l’animal avait été
blessé par son gardien au cours d’une poursuite alors qu’ayant quitté le pâturage, il se dirigeait
vers un champ de bananiers appartenant à autrui, s’abstient de déterminer si l’acte délictueux
reproché n’avait pas eu pour but d’une part de protéger la propriété d’autrui et de l’auteur d’éviter
en cas de dommage, une action en réparation de préjudice pouvant en résulter, et ne recherche pas
si ces faits constituent ou non l’état de nécessité susceptible d’exclure la responsabilité (C.S. arrêt
n°76 du 21.02.67, BMIJ n°13, Som. P.75).
c)- L’animal appartient à l’auteur du dommage
art. R.38 – 128 du C.P. français qui a repris les dispositions de la loi Grammont du 2
juillet 1850 : 60 à 400 NF ; 8 jours.
d)- Le dommage a été causé par imprudence : art. 472 – 18° (art. R.34 – 2° - 3°).
C/- ATTEINTES A LA PROPRIETE PRIVEE RURALE
1)- Dommage aux récoltes et plantations
La dévastation des récoltes sur pieds ou de jeunes plants (art.444). Ce terme dévastation
implique évidemment que l’on s’est conduit dans le champ qui portait la récolte ou les plantations
avec soit malveillance, soit tout au moins une grande négligence. Il semble même qu’il faille exiger
une faute intentionnelle. Cependant, d’après la jurisprudence (crim.12 juin 1956, Bull. P. 830), il
suffit de s’être rendu compte qu’on causerait un préjudice, et d’avoir agi sans précaution suffisante
alors qu’on aurait dû savoir le dommage qu’on apportait.
- emprisonnement de 2 à 5 ans
- amende de 25.000 francs au moins (art.455)
Peines rigoureuses : ici apparaît le caractère quasi sacré des récoltes et le fait qu’une
atteinte à ce genre de biens apparaît particulièrement révoltante.
- le fait de couper des fourrages ou grains : art. R.40 – 8° in fine (6 jours à 2 mois)
- le fait d’avoir fait pâturer des bestiaux : art. R. 34 – 10° - 40 à 60 NF d’amende.
Le passage dans les champs ensemencés : art.472 – 12° ou art. R.26 – 13°. Il n’est pas
nécessaire que le terrain soit ensemencé, il suffit qu’il soit labouré et prêt à recevoir la semence,
mais il faut avoir agi intentionnellement (crim. 21 fév. 1952 . 292) et art. 472 – 13°).
2)- Dommage aux arbres (art.445 et 446 ou R. 40 – 8°)
Abattre, mutiler ou écorcer de manière à les faire périr. Le fait de couper les branches
d’un arbre sans que cela puisse le faire périr ne constitue pas l’infraction.
Il faut avoir su que l’arbre appartenait à autrui.
Il faut avoir agi volontairement, intentionnellement (crim. 24 juillet 1952, D. 1952. 653)
6 jours à 6 mois à raison de chaque arbre sans que la totalité puisse excéder 5 ans.
3)- Destruction de greffes
Art.447 : 6 jours à 2 mois par greffe sans que la totalité puisse excéder 2 ans.
4)- Dommage aux instruments agricoles (art.451)
Toute rupture, destruction d’instrument, d’agriculture, de parcs, de cabanes de gardiens :
arrêt C. cass. (crim. 4 mars 1959, Bulletin n°149) : les faits s’étaient passés dans un territoire
d’Outre-mer. Le propriétaire qui avait détruit une cabane de gardien édifiée sur un terrain contre
le gré dudit propriétaire, fut poursuivi et condamné, car il résultait des faits de la cause que,
néanmoins, c’étai d’une façon régulière que la cabane avait été édifiée. Ce que l’on reprochait au
propriétaire du terrain, c’était de s’être fait justice à lui-même au lieu d’avoir mis en route une
procédure destinée à l’éviction du constructeur de la cabane ; c’était là une atteinte aux
prérogatives de l’Administration, un acte de justice privée qui tombait sous le coup de l’article 451
– 1 mois à 2 ans d’emprisonnement.
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5)- Dommage aux animaux de ferme
a)- Par empoisonnement : art.452 : 1 à 5 ans plus amende.
b)- Par transmission d’une maladie épidémique
- transmission volontaire : art.454 – 1° : 1 à 5 ans plus amende.
- transmission par imprudence : art. 454, al.2 : amende de 360 à 15.000 NF.
c)- Dommage sans nécessité
C’est le fait de tuer sans nécessité les animaux de ferme en quelque lieu qu’ils se trouvent :
- chez leur propriétaire : 2 mois à 6 mois (art.453, al.2)
- sur le terrain de ce qui les tue : 6 jours à 1 mois (art.453, al.3)
- dans tout autre lieu : 15 jours à 6 semaines (art.453, al.4)
Maximum de la peine en cas de violation de clôture.

66
CHAPITRE III
LES IFNRACTIONS CONTRE LES MŒURS

SECTION 1
LES ATTEINTES A LA PUDEUR

Le principe de la liberté sexuelle


Autrefois, les infractions contre les mœurs ont fait l’objet d’une répression plus ou moins
sévère.
Mais actuellement, le principe est celui de la liberté sexuelle, notamment pour les adultes
et pour ceux qui sont libres, et à condition que l’exercice de cette liberté sexuelle :
- ne porte pas atteinte à la liberté sexuelle des autres ;
- ne trouble pas l’ordre public.
Principe donc : tant qu’il s‘agit uniquement de question de moralité, la loi ne veut pas
porter de jugement sur le plan de relations sexuelles, à moins que l’ordre public ne soit pas troublé.
Si l’ordre public est atteint, le comportement, l’activité de l’individu tombe sur le coup
de la loi.
Bien entendu, il s’agit des cas où les mœurs actuelles jouent un rôle important.
Une évolution des mœurs se produit dans les temps ; c’est donc une matière qui touche
de près l’évolution des mœurs.
Les atteintes contre les mœurs sont prévues et punies par les articles 330 et suivants C.P.
Il faut une certaine violence, violence tantôt physique, tantôt morale.
Cependant, l’attentat à la pudeur peut être puni même sans violence car les pouvoirs
publics doivent protéger les jeunes dans ce domaine.
Dans certains cas, donc, la loi présume que certaines personnes n’ont pas résisté mais
l’auteur est punissable.
Rentrent dans cette section :
- le viol,
- l’attentat à la pudeur avec violence,
- l’attentat à la pudeur sans violence,
- l’outrage public à la pudeur.
§ 1 – LE VIOL (crime ou délit)
A/- INCRIMINATION
1)- Elément légal (art.332)
« Quiconque aura commis le crime de viol sur la personne d’un enfant au-dessous de
l’âge de quinze ans accomplis subira la peine de travaux forcés à temps ».
« Dans les autres cas, le coupable de viol ou de tentative de viol sera puni de cinq à dix
ans d’emprisonnement ».
La loi ne définit pas le viol ; ce qui oblige la jurisprudence à se livrer à une interprétation
afin de donner à cette incrimination l a précision qui lui manque.
2)- Elément matériel
a)- Il faut qu’il y ait eu des relations sexuelles, consommées ou tentées, une conjonction
sexuelle.
b)- Il faut des agissements perpétrés par un homme sur une femme.
L’inverse peut seulement être qualifié d’attentat à la pudeur avec violence et non de viol.
Pas de viol aussi si un homme a des rapports contre nature avec un autre homme contre
le gré de celui-ci ; il y aura attentat à la pudeur avec violence.
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Il faut un coît illicite, le coît est ce qui distingue le viol de l’attentat à la pudeur ; le viol
suppose en effet, l’introduction du membre viril dans les parties génitales d’une femme. Le viol
ne peut être commis sur un enfant dont les parties génitales sont trop étroites pour admettre la
verge. Mais cette circonstance n’empêche pas la tentative de viol.
c)- Il faut qu’il y ait eu violence ou mieux absence de consentement de la femme.
Il faut que les relations aient été obtenues contre le gré de la femme.
Il faut une violence physique. Evidemment, l’auteur soutiendra qu’il n’a pas usé de
violences.
Mais il n’est pas nécessaire du point de vue juridique qu’il y ait violence physique : une
violence morale suffit.
La jurisprudence assimile à la violence morale le fait d’obtenir le consentement par des
manœuvres dolosives ; c’est ainsi que de nombreuses décisions avaient condamné des individus
qui avaient obtenu des relations sexuelles par surprise (individus qui se font passer à la faveur de
l’obscurité, pour leur mari) ou en abusant de la faiblesse mentale ou pendant le sommeil de la
victime : Ex. le fait de se prévaloir de qualité (fausse) de policier pour contraindre la victime,
surprise soi-disant en flagrant délit, à avoir des relations sexuelles auxquelles elle ne consentait
pas. (crim. 29 avril 1960, Gas. Pal. 1960 – 2 – 15).
3)- Elément moral
a)- C’est la faute intentionnelle. Il faut avoir l’intention de violer, de vaincre la
résistance ou de surprendre le consentement en employant ruse ou violence illégitime.
Il y a des cas où la jurisprudence décide que la violence physique est légitime ; le devoir
de cohabitation des époux impose à la femme d’avoir des relations avec son mari, sauf raison de
santé valable : donc pas de viol entre époux du moins quand ils ne sont ni divorcés ni séparés de
corps (Garcon et Garraud, mais Rousselet, Patin et Ancel n’acceptent pas cette solution).
b)- Quid de l’erreur ? L’auteur du viol prétendra que la résistance était une résistance
symbolique, feinte. Alors, l’élément moral ferait défaut : c’est une appréciation de fait de la part
des juges de fond.
La circonstance que la femme est une prostituée n’efface pas le viol si la personne n’a
pas consenti au rapport sexuel.
L’intéressé dira aussi qu’il n’avait pas l’intention de commettre, qu’il ne savait pas ce
qu’il faisait (il était par exemple dans un tel état d’ivresse, qu’il avait pu effectivement se
méprendre sur les réactions de la victime et croire qu’il s’agissait d’un véritable consentement).
B/- REGIME JURIDIQUE
1)- Tentative punissable puisqu’il s’agit d’un crime ou parce que la loi le prévoit
expressément
Il arrive généralement que les parquets poursuivent seulement sous l’inculpation
d’attentat à la pudeur avec violence et non tentative de viol quand celui-ci n’est pas consommé,
s’il y a quelque doute sur l’intention de réaliser un viol complet.
2)- Complicité (faits antérieurs ou concomitants)
Cela est bien possible dans les termes de l’article 60 du C.P.
Mais il s’agit d’une aide et assistance dans les faits qui auront aidé à la consommation ;
on peut y voir une circonstance aggravante qui transforme pour l ‘un comme pour l’autre les peines
encourues.
C/- REPRERSSION (art. 332, al.2)
1)- Peines normales
- Emprisonnement de 5 à 10 ans à Madagascar.

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Le code de 1810 prévoyait la réclusion et l’article 332, al.1 actuel du C.P. français : 10 à
20 ans de réclusion.
2)- Circonstances aggravantes
a)- provenant de l’âge de la victime (art.332, al.1)
- Cas graves, donc peine plus sévère, d’où T.F. de 5 à 20 ans.
- Age ? les pays africains ont conservé 13 ans. A Madagascar et en France, l’âge est
élevé à 15 ans.
b)- provenant de la qualité de l’auteur (art.333)
- si les coupables sont les ascendants (donc inceste) de la victime ;
- s’ils sont de la classe de ceux qui ont autorité sur elle-même ;
- s’il s’agit d’une autorité de fait :
* mari de l’institutrice (crim. 15 avril 1948, D. 1948, p.280 ;
* concubine de la mère (not. Crim. 15 octobre 1957, Bull. n°1134)
* s’il s’agit du second mari de la mère, il a une autorité légale sur l’enfant de celle-
ci (crim. 22 décembre 1892, D. 1893. 1.432)
- ou d’une autorité usurpée
- s’ils sont des instituteurs même simplement appelés dans les maisons particulières ;
- s’ils sont des serviteurs à gage et ceux de personnes ayant autorité sur lui ;
- s’ils sont fonctionnaires (à raison de leur état) ou ministres de culte.
Peine : T.F. à perpétuité dans le cas de l’article 332, al. 1er.
c)- provenant de la pluralité des participants
Art.333 in fine « ou si le coupable a été aidé pendant la consommation », pas de
circonstance aggravante si l’aide a été antérieure.
Il faut une participation directe et matérielle au fait.
Peine : T.F. à perpétuité.
§ 2 – L’ATTENTAT A LA PUDEUR AVEC VIOLENCES
A/- INCRIMINATION
1)- Elément légal (art.332, al.3) :
« Quiconque aura commis un attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence,
contre des individus de l’un ou l’autre sexe sera puni des travaux forcés à temps ».
La loi ne nous définit pas ici davantage que dans le viol en quoi consiste l’attentat à la
pudeur. Or, l’attentat à la pudeur est beaucoup plus vague.
2)- Elément matériel
a)- Il faut qu’il y ait un acte attentatoire à la pudeur.
L’attentat à la pudeur implique un contact matériel entre l’auteur et la victime, des
attouchements sur les organes génitaux de la victime.
En fonction du milieu local, on doit interpréter.
Actes accomplis sur la personne de la victime ; accomplis sur la personne de tiers
consentants (ceux-ci ne sont donc pas des victimes), en présence de témoins, ces actes pourront
constituer un outrage public à la pudeur ; ou, si ces témoins sont mineurs, une excitation de mineurs
à la débauche ; le cumul d’infraction est même possible.
b)- Que cet acte soit commis avec violence, donc contre le gré de la victime.
C’est d’abord la violence physique.
Mais aussi la violence morale.
Et également le fait de surprendre le consentement de la victime par des manœuvres
dolosives ; l’attouchement peut avoir été pratiqué sans que la victime ait pu le prévoir. Ex. du

69
dentiste dont les agissements répondaient bien à la notion de violence selon la CC bien que pour
la Chambre d’Accusation n’ait renvoyé l’individu que pour attentat à la pudeur sans violence ; il
appartiendrait à la Cours d’Assise de voir s’il n’y avait pas lieu de rectifier la qualification (crim.
1er juillet 1959, Bull. N°336).
c)- L’attentat à la pudeur peut être commis par un homme sur une femme ou
inversement ou même sexe.
C’est là une différence avec le viol.
3)- Elément moral
C’est une faute intentionnelle.
La jurisprudence dit qu’il ne peut avoir de violence légitime : le mari peut exiger des
rapports sexuels avec sa femme, mais s’il entendait imposer à sa femme des relations contre nature
et employait la violence pour y parvenir, il commettrait l’infraction d’attentat à la pudeur avec
violence dit la jurisprudence.
Il n’est pas indispensable que le juge précise l’intention coupable, du moins lorsque cet
élément moral résultait suffisamment des faits pour rendre superflu de le souligner dans la décision
(crim. 7 février 1957, Bull. 212).
B/- REGIME JURIDIQUE
1)- Tentative
Il sera rare de poursuivre pour tentative d’attentat à la pudeur avec violence.
Dès que le geste s’est précisé, l’infraction est consommée, même si le coupable voulait
encore aller plus loin. Par contre, la répression de la tentative de viol prend généralement la forme
d’une poursuite pour attentat à la pudeur avec violence consommée..
2)- Complicité
Elle se pose sur le plan de droit commun sauf que la complicité dans les faits qui ont
réalisé l’infraction pourra constituer une circonstance aggravante.
3)- Excuse de l’article 325
L’attentat à la pudeur entraîne une excuse atténuante vis-à-vis d’un crime de castration.
« Le crime de castration, s’il a été immédiatement provoqué par un outrage violent à la pudeur,
sera considéré comme meurtre ou blessures excusables ».
C/- REPRESSION
1)- Peine normale
Emprisonnement de 2 à 5 ans (art.332, al.4)
2)- Circonstances aggravantes
a)- Age de la victime (art.332, al.3)
-13 ans dans les Etats d’Afrique
-15 ans à Madagascar et en France.
Peine : de 5 à 20 ans de T.F.
Souvent, l’auteur invoque l’erreur sur l’âge de la victime, il prétend avoir cru qu’il s’agit
d’une personne plus âgée, c’est à lui de faire la preuve (in concreto) pour éviter la circonstance
aggravante résultant de l’âge ; il doit prouver qu’il a commis cette erreur et que n’importe qui
aurait pu la commettre aussi bien.

b)- Qualité de l’auteur (art.333)


cf. supra en matière de viol.

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Peine : - T.F. 5 à 20 ans dans le cas de l’art.332, al.3.
- emprisonnement de 5 à 10 ans dans le cas de l’art.332, al.4.
b)- Pluralités des participants (art.333)
Peine : - T.F. 5 à 20 ans dans le cas de l’art.332, al.3.
- emprisonnement de 5 à 10 ans dans le cas de l’art.332, al.4.
§ 3 – L’ATTENTAT A LA PUDEUR SANS VIOLENCE
(La minorité est ici un élément constitutif de l’infraction).
Non prévu dans le code pénal de 1810.
C’est par la suite que l’on s’est aperçu qu’il fallait protéger ceux qui seraient incapables
de se défendre, incapables de comprendre la gravité de l’acte ou d’avoir la force physique
nécessaire pour résister aux actes attentatoires aux mœurs commis à leur encontre.
D’où l’incrimination en 1832, incrimination qui se trouve aujourd’hui dans l’article 331.
A/- INCRIMINATION
1)- Elément légal (art.331)
Tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence sur la personne d’un enfant de
l’un ou de l’autre sexe âgé de moins de 14 ans sera puni de 5 à 10 ans d’emprisonnement.
2)- Elément matériel
Il faut un acte attentatoire à la pudeur. Donc, il faut un contact entre le corps de la victime
et celui de l’auteur ; m^me sous forme de caresse, même sans résistance de la part de la victime,
ceci s’explique en raison de son jeune âge. S’il a été accompli par surprise, il peut constituer un
attentat à la pudeur avec violence (crim. 17 nov. 1960, Bull. n°528 : il s’agissait d’un attouchement
des organes génitaux, même non mis à nu, ce qui jusqu’à présent, dans la jurisprudence française,
n’était pas considéré comme un acte de violence).
Il faut que la victime soit un enfant de moins de 14 ans (15 ans en France). Peu importe
le sexe respectif de l’auteur et de la victime.
3)- Elément moral
Il va consister en une faute intentionnelle.
Le coupable va soutenir son erreur quand la victime est adolescente en prétendant que la
victime lui paraissait avoir déjà un certain âge.
C’est surtout ici qu’il y a lieu d’appliquer la jurisprudence qui exige que le coupable fasse
la preuve et que l’erreur est invincible.
B/- REGIME JURIDIQUE
1)- Tentative – Mêmes remarques que supra.
Dès lors que le geste est suffisamment précis, il y a fait consommé quand bien même son
auteur aurait eu l’intention d’aller plus loin.
2)- Complicité
La victime a consenti par hypothèse, ne s’est-elle donc pas rendue complice ?
Une difficulté s’est posée en France où l’âge jusqu’auquel les mineurs sont protégés est
élevé à 15 ans, âge légal pour contracter mariage avec possibilité de dispenser accordée par le
Président de la République. Mais ici, c’est le P.R. qui doit demander la dispense, mais il est gêné
car normalement, il doit poursuivre l’acte criminel ; en tut cas, il est fort douteux que la
participation de la victime à l’infraction lui permette de se porter partie civile contre l’auteur. A
Madagascar, la dispense est demandée par le père ou la mère de la victime au Président du Tribunal
du lieu de la célébration du mariage.

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C/- REPRESSION
1)- Peine ordinaire (art.331, al.1)
- Emprisonnement de 5 à 10 ans.
2)- Circonstances aggravantes
- Qualité de l’auteur – mêmes personnes que supra.
Peine : travaux forcés de 5 à 20 ans.
- Pluralité des participants
Peine : travaux forcés de 5 à 20 ans.
D/- INFRACTIONS VOISINES
1)- Relations incestueuses (art.331, al.2)
La relation sexuelle ici n’est pas indispensable.
Il faut un simple attentat à la pudeur commis par un ascendant sur la personne d’un mineur
même âgé de plus de 14 ans et non marié (non émancipé par mariage).
Peine : emprisonnement de 5 à 10 ans.
2)- Relations homosexuelles avec un mineur (art.331, al. Final)
- Victime : mineure de 21 ans, l’homosexualité n’est pas punissable que si l’un des
partenaires est mineur sauf outrage public à la pudeur.
Peine :
- 6 mois à 3 ans
- 5.000 à 100.000 FMG.
§ 4 – L’OUTRAGE PUBLIC A LA PUDEUR
A/- INCRIMINATION
1)- Elément légal (art.330)
« Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur sera puni d’un
emprisonnement de 3 mois à 2 ans, et d’une amende de 25.000 à 225.000 FMG ».
2)- Elément matériel
Il y a ici une grande imprécision ; ce qui rend difficiles l’incrimination et la poursuite.
Il y a une grande différence entre outrage et attentat à la pudeur.
L’élément matériel doit comporter :
- d’une part l’outrage à la pudeur
- d’autre part la publicité de cet outrage à la pudeur.
L’acte contraire à la pudeur ne consiste pas ici, comme dans les 2 précédentes infractions
dans un contact avec le corps de la victime ; il consiste essentiellement dans une exhibition
impudique qui a ou qui aurait pu choquer la pudeur des citoyens.
a)- Il faut un acte impudique.
Cet acte va consister en une exhibition, un geste qui est susceptible de choquer, de heurter
la pudeur de ceux qui se trouvent être les témoins ou en auraient pu être témoins.
Il faut quelque chose qui choque la vue et non quelque chose qui choque seulement l’ouïe
ou l’esprit par la lecture (propos verbaux ou écrits). Ces derniers sont incriminés sous la forme
d’outrage aux mœurs, prévus dans d’autres textes.
C’est donc uniquement des spectacles choquants pour la vue.
L’acte impudique doit concerner le corps humain. Les animaux se livrant à des
accouplements ne peuvent constituer un des éléments de l’outrage à la pudeur.

72
La J.P. admet que l’exhibition des parties sexuelles, un acte sexuel, naturel ou contre
nature, ou le fait de satisfaire des besoins naturels en se plaçant à la vue du public, constituent des
outrages à la pudeur.
Les applications sont variables mais l’on constate une évolution quand on examine la
jurisprudence, car il y a une évolution des mœurs. C’est ainsi que le fait de s’embrasser
publiquement était incriminé auparavant et non plus maintenant car le public ne s’y intéresse plus
trop. La notion d’outrage à la pudeur n’est même pas forcément la même sur les différents points
du territoire. C’est, comme l’a dit un juriste, une question d’ambiance et de présentation.
Il faut donc adapter la loi répressive aux mœurs. La jurisprudence estime en particulier
que l’exhibition des organes génitaux constitue un outrage public à la pudeur et que les attitudes
simplement lascives (qui incitent à la luxure, c’est-à-dire à l’abandon aux plaisirs charnels) doivent
être considérées comme tel.
Exhibition des organes génitaux : cela pose le problème du nu intégral : pour la
jurisprudence le nu vraiment intégral constitue un outrage public à la pudeur.
Peut se poser aussi le problème de l’attitude dans les spectacles lorsque le nu n’est pas
intégral : le spectacle était-il artistique ou avait-il certains aspects lascifs ?
Le problème du naturisme : controverse pour savoir si les personnes qui pratiquent le
naturisme commettent un outrage public à la pudeur.
Une naturiste avait été aperçue, dans le plus simple appareil par conséquent, par des
gendarmes en tournée dans l’île du Levant qui, en partie tout au moins, est affecte aux naturistes,
mais sur un des chemins que les gendarmes empruntaient comme d’autres passants, auraient
également pu le faire. Ils avaient dressé procès-verbal de ces faits. Le premier juge s’était montré
bienveillant et avait prononcé l’acquittement. La Cour d’assise, le 10 décembre 1953, a au
contraire prononcé une condamnation (D.1954, P.113 – cf. aussi J.C.P. 1953 ; 1. n°7451).
b)- Il faut que cet acte ait été accompli publiquement
C’est une question de droit alors que la 1ère condition est une question de fait.
Quand peut-on dire qu’un acte a été fait publiquement ? 2 formes de publicité :
1)- Actes accomplis dans un lieu public ou accessible au public
Si l’acte est accompli dans un lieu public, il est punissable même si personne n’en a été
témoin.
*Lieux publics par nature : lieux non clos :
-voie publique, chemin, rues, routes
-places et promenades publiques
-tout ce qui se trouve à côté (bois ou champs), mais non les champs et bois éloignés
des chemins et routes.
*Lieux publics par destination : lieux clos ouverts au public
-Lieux publics à toute heure ou à certaines heures, automatiquement de lieux où le
public n’est admis qu’à certaines heures, automatiquement l’acte impudique commis
pendant ces heures là est un outrage à la pudeur, qu’il y ait ou non des témoins.
Il est admis que sur les plages, piscines, stades, solariums, etc. un homme revêtu d’un
caleçon n’offense pas la morale. De même une femme munie d’une culotte et d’un soutien-gorge.
Mais une femme déambulant les seins à nu a été déclarée coupable d’outrage à la pudeur.
Il a été jugé qu’au cours d’un spectacle (music-hall, variété, etc.) une femme entièrement nue, à
l’exception d’un cache-sexe, n’offense pas la morale si elle ne se livre pas à des gestes lascifs ou
obscènes (voir Riom, 16 nov. 1937. D.H. 1938. 109).
2)- Actes accomplis dans un lieu privé
*Lieu privé ouvert aux regards du public : fenêtres ouvertes sans rideau.
Même si personne n’a vu – ça constitue un lieu ouvert aux regards publics.

73
L’élément de publicité est même réalisé lorsque l’on pouvait voir par un trou dans le mur
ce qui se passait à l’intérieur (crim. 7 décembre 1960, Bull. n°573).
*Lieu privé clos devant des témoins non consentants.
Il y a outrage public s’il y a eu des témoins involontaires, quelqu’un malgré lui a pu être
témoin, il fallait fermer la porte à clef. (crim. 19 juillet 1956, Gaz.Pal. 1956 – 2222).
La jurisprudence relève une certaine imprudence de la part de l’auteur de l’acte
impudique.
Un seul témoin non consentant.
Il n’y a pas outrage public à la pudeur lorsque la victime était le seul témoin non
consentant de l’acte impudique, et qu’il est établi que les tiers ne pouvaient voir ce qui se passait
parce que toute précaution utile avait été prise (crim. 25 nov. 1958, D. 1959. 54).
3)- Elément moral
Il peut consister simplement en une imprudence ; il n’est pas nécessaire que l’on ait voulu
choquer le public.
Peu importe l’intention dans laquelle on a agi et ceci pose le problème de nudité. Peu
importe le mobile qui animait l’individu dans son comportement. Dans les affaires de ce genre
d’ailleurs et lorsqu’il s’agit d’actes d’exhibitionnisme, le Parquet prend en général la précaution
d’utiliser la procédure d’information et le J.I. ordonne alors, généralement, une expertise mentale,
car c’est là une des manifestations les plus fréquentes de certaines troubles et déséquilibres
mentaux.
B/- REGIME JURIDIQUE
1)- Tentative non incriminée (délit)
Tentative non punissable.
En effet, nous sommes en matière de délit et nous savons qu’en cette matière, la répression
de la tentative doit avoir été prévue expressément par la loi.
2)- Complicité
Le problème se pose dans les mêmes termes que dans le droit commun. Les actes
d’outrage public à la pudeur sont fréquemment individuels.
3)- Excuse de provocation de l’article 325
Il peut aussi justifier le crime de castration si cet outrage public à la pudeur est
particulièrement violent.
C/- REPRESSION
- Emprisonnement (330) : 3 mois à 2 ans.
En France (330, al.2) : 6 mois à 3 ans si l’outrage public à la pudeur a consisté en un acte
contre nature accompli sur un individu du même sexe, mais il faut que le partenaire soit mineur de
21 ans.
- Amende :
25.000 à 225.000 FMG
En France, 1000 à 15000 NF dans le cas d’acte contre nature ci-dessus.
Certaines particularités :
a)- C’est parfois le fait des débiles mentaux, d’où la nécessité de procéder à une
expertise mentale.
On se livre même à l’examen de personnalité.
b)- En effet, si la peine normale est faible, la loi a quand même inscrit une telle peine
au nombre de celles qui peuvent conduire à la relégation.

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§ 5 – LE PROXENETISME (art.334 et 334-bis C.P.)
L’ancien droit français punissait le proxénétisme sous le nom de maquerellage.
Sous le nom de « proxénétisme », la loi réprime tous les actes qui tendent à satisfaire ou
à exploiter les passions d’autrui de nature sexuelle ou parasexuelle.
Cette notion doit être distinguée des manœuvres tendant à la satisfaction des propres
passions, qui peuvent constituer d’autres délits.
Les actes de proxénétisme sont commis en général par des « souteneurs », hommes tirant
habituellement leurs ressources de la prostitution des femmes (la prostitution pouvant être définie
comme le fait de se prêter à une activité sexuelle contre rémunération et avec des partenaires
indifférents).
Mais ils peuvent être commis par des femmes.
Ils peuvent résulter non seulement de l’exploitation de la prostitution, mais de
l’exploitation de la débauche non rétribuée directement.
A/- LES SIX TYPES DE DELITS CONSTITUTIFS DU PROXENETISME (art.334)
1)- Aide, assistance ou protection de la prostitution d’autrui ou du racolage en vue de la
prostitution
Le texte dit « sciemment » car c’est une infraction volontaire. Ce n’est pas un délit
d’habitude : un seul acte suffit.
Ce texte vise d’abord les « souteneurs ». Mais il permet d’atteindre tous ceux qui, même
sans être intermédiaires actifs, aidant la prostitution (publicité, « boîtes à lettres » pour « call
girls », chauffeurs de taxis, loueurs de bateaux, propriétaires de roulottes ou de camions aménagés,
etc.). C’est ainsi par exemple que le débitant des boissons qui reçoit sciemment des prostituées
dans son établissement pour qu’elles y attendent et y racolent des clients, (le racolage doit
s’entendre de tout acte, même accompli par un tiers, destiné à attirer l’attention d’autrui sur une
personne prête à se livrer à la débauche) apporte une aide à la prostitution, l’apporte en
connaissance de cause et tombe sous le coup de l’article 334, al.1 (crim. 19 mars 1953, D. 1953.
p. 156).
Il n’est pas nécessaire que le prévenu profite matériellement de l’activité d’une prostituée,
du moment qu’il facilite cette activité.
2)- Partage des produits de la prostitution : activité du souteneur
Sociologiquement, le souteneur est celui qui organise et protège la prostitution d’une ou
plusieurs femmes et qui, selon les lois du milieu, leur garantit une certaine protection contre la
concurrence.
Juridiquement, le souteneur est celui qui vit de la prostitution d’autrui, celui qui, selon les
termes de l’article 334, 2° « sous une forme quelconque, partage les produits de la prostitution
d’autrui ou reçoit des subsides d’une personne se livrant habituellement à la prostitution ».
Le souteneur peut être du sexe féminin s’il profite de la prostitution d’autrui ; il peut s’agir
de prostitués du sexe masculin, car il existe actuellement une prostitution masculine.
Ce n’est pas un délit d’habitude chez celui qui reçoit les subsides ou une part des produits
de la prostitution. Mais ceux-ci doivent provenir d’une personne « se livrant habituellement à la
prostitution ». La définition est assez floue … Le juge doit constater que le bénéficiaire connaissait
l’origine des fonds, ce qui est assez délicat lorsqu’il s’agit d’une personne qui exerce 2 activités
rémunérées ; un métier avouable plus la prostitution. Il y aurait bien, pourrait-on penser, la
déposition de la prostituée elle-même, mais il est très difficile à la prostituée de faire une telle
déposition car son témoignage signerait pratiquement son arrêt de mort.

3)- Communauté de vie avec une personne se livrant habituellement à la prostitution

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Ici, le législateur a été amené à établir certaines présomptions, retournant ainsi la charge
de la preuve. Le train de vie des souteneurs est, en général, assez élevé et ils ne peuvent justifier
d’aucune ressource honnête ; l’individu qui se trouve dans ces conditions et qui, de surcroît, vit
sciemment avec des prostituées, risque d’être condamné comme souteneur.
Dans l’esprit du législateur, il s’agissait d’atteindre le concubin ou la concubine d’une
personne se livrant habituellement à la prostitution. Mais le texte interprété à la lettre permettrait
de poursuivre aussi la mère, l’enfant ou les domestiques de la prostituée…
4)- L’embauchage, l’entraînement ou l’entretien en vue de la débauche
Ce texte vise la « traite » des femmes, mais aussi des hommes, celle des majeurs aussi
bien que des mineurs.
Ce n’est pas un délit d’habitude. Un seul acte suffit. Mais c’est un délit intentionnel. La
« bonne foi » peut résulter de la preuve qu’un des intermédiaires de la « chaîne » ignorait que
l’embauchage était en vue de la prostitution, - et croyait qu’il s’agissait réellement d’un contrat de
danseuse, de commise, d’institutrice, etc.
- L’embauchage est un contrat de recrutement dont le but final (parfois ignoré de la
victime) est la prostitution de la victime, ou même sa débauche au profit des passions d’autrui ;
- L’entraînement est le déplacement, le transport de la victime, vers les lieux de
prostitution ou de débauche. Il ne s’agit pas d’un « entraînement » moral, ou d’un apprentissage ;
- L’entretien signifie la fourniture de vêtements, frais de voyage, logement, nourriture,
etc.. au profit de la victime destinée à la prostitution.
5)- Livraison à la prostitution ou à la débauche
Ce n’est pas un délit d’habitude. Il est réalisé par un seul acte, et sans que la contrainte
soit nécessaire.
C’est le cas, par exemple, d’une proche amie de la victime qui conduira, avec
préméditation, celle-ci dans un lieu de débauche ou de prostitution même sans en tirer elle-même
un bénéfice.
6)- L’office d’intermédiaire
Tous les intermédiaires sont visés, qu’ils soient rétribués, ou non. C’est un délit
d’habitude d’après le texte « … faire office de … » « Selon le professeur Levasseur cependant, il
n’est pas nécessaire qu’il y ait habitude.
Ce texte vise le démarchage, l’entremise écrite ou verbale, l’agence dissimulée sous la
fausse enseigne d’agence matrimoniale, les « pisteurs » ou »racoleurs » de clients, les portiers ou
« chasseurs » d’hôtel qui distribuent des cartes ou des adresses, les « procureuses », etc.
B/- CIRCONSTANCES AGGRAVANTES ET PEINES
1)- Sans circonstances aggravantes, la peine pour les six formes de délit est : six mois à 2
ans d’emprisonnement et 300.000 à 3.000.000 FMG d’amende.
2)- Avec circonstances aggravantes : la peine est 2 ans à 5 ans d’emprisonnement et
750.000 à 7.500.000 FMG d’amende.
3)- Les circonstances aggravantes sont au nombre de 5 (art. 354-bis C.P.)
a)- La victime est mineure ;
b)- Le délit a été accompagné de violence, abus d’autorité ou dol ;
c)- L’auteur a été porteur d’une arme apparente ou cachée ;
d)- L’auteur est époux, père, mère, tuteur de la victime ou appartient à un des catégories
visées par l’article 333 (voir ci-dessus attentat à la pudeur) ;
e)- L’auteur est appelé à participer, de par ses fonctions, à la lutte contre la prostitution,
à la protection de la santé ou maintien de l’ordre public.

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Ce dernier cas est celui des magistrats, fonctionnaires de la police, membres de la
gendarmerie et autres agents de l’autorité et aussi des médecins, pharmaciens, chirurgiens-
dentistes, sage-femme et infirmière.
L’interdiction de séjour est obligatoire pour une durée de 2 à 5 ans (art.335, al.4).
La privation des droits de l’article 42 est obligatoire pour une durée de 2 à 20 ans (cf.
art.335. al.3).
Si les faits se sont produits dans un hôtel, de débit de boissons, dancing, etc. le jugement
doit porter retrait de la licence dont le condamné est titulaire. La fermeture de l’établissement est
facultative.
C/- TENTATIVE ET COMPLICTE
La tentative est toujours punissable (art.335 dernier alinéa).
Le complice est punissable dans les conditions prévues par l’article 60 du C.P. Il suffit
donc que l’auteur principal ait agi pour satisfaire les passions d’autrui. Le complice peut avoir agi
pour satisfaire ses propres passions.
Ex. Est complice celui qui rémunère un proxénète pour qu’il lui procure une prostituée,
ou pour qu’il lui livre une mineure en vue d’une débauche personnelle.
La prostituée ou la débauchée n’est pas une complice mais une victime. Elle peut se
constituer partie civile.
§ 6 – EXCITATION DE MINEURS A LA DEBAUCHE (art.334-bis, al.2)
La débauche, dit M. Vouin, n’implique ni le caractère professionnel de l’activité, ni la
recherche d’un profit pécuniaire. Elle se distinguerait donc de la prostitution en ce que celle-ci
devrait être nécessairement habituelle, et toujours rémunérée.
Ce texte permet de réprimer tous les agissements qui tendent à corrompre la jeunesse et
qui ne tombent pas sous le coup de la répression du proxénétisme proprement dit.
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION
a)- Des actes positifs ayant pour effet d’exciter, favoriser ou de faciliter la débauche ou
la corruption de la jeunesse.
On notera qu’il ne s’agit pas ici de prostitution, mais de débauche ou de corruption. Il
s’agit d’actes, et non de propos, de conseils, d’invitations ou de promesses.
Ces actes doivent tendre :
- à exciter à la débauche – exemple : des réunions, des « parties » au cours desquelles
d’autres personnes se livrent à des actes obscènes ou immoraux en présence de
mineurs, et incitent ceux-ci à les imiter ;
- à favoriser la débauche – exemple : celui qui provoque des relations, des réunions au
cours desquelles certains mineurs pourront se trouver mêlés à des débauches
indéterminés.
- à faciliter la débauche – exemple : celui qui fournit le matériel et les subsistances
nécessaires pour créer une ambiance démoralisant : boissons alcooliques, musique,
meubles, piscine, etc. (ballets roses, etc.).
b)- une victime mineure de 21 ans
Peu importe le sexe de cette victime. Peu importe que le mineur ait succombé à la
tentation et se soit perverti. Peu importe même que le mineur ait été déjà complètement perverti.
c)- L’habitude
L’habitude est exigée chez l’auteur si le mineur victime ou les mineurs victimes ont de
16 à 21 ans. Si la victime a moins de 16 ans, un seul acte suffit ; le texte dit « occasionnellement ».

d)- L’intention coupable

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Elle résulte des actes qui, connus de l’auteur, tendent manifestement à corrompre la
jeunesse. Peu importe le mobile. On notera par exemple que le prévenu est souvent lui-même un
mineur ou une mineure, heureux de faire partager son inconduite par des camarades.
B/- PENALITES
Ce sont les mêmes que le proxénétisme sans circonstances aggravantes.
Le complice, agissant pour la satisfaction de ses passions personnelles, est punissable
dans les conditions prévues par l’art. 60 C.P.
Lorsque l’habitude est un élément nécessaire de l’infraction, les divers actes retenus
contre le prévenu peuvent avoir été accomplis dans des pays différents.
Il n’y a pas, pour cette infraction, de circonstances aggravantes.
§ 7 – EXPLOITATION DE MAISONS DE DEBAUCHE (art.335 C.P.)
Ce texte réprime deux infractions distinctes :
1)- La tenue d’une maison de prostitution
Ceci dans le but d’éviter le rétablissement des anciennes maisons de tolérance. Peu
importe que la maison de prostitution soit ouverte au public ou clandestine, que les femmes offertes
aux clients soient logées sur place, ou viennent de l’extérieur, à heures fixes ou sur convocation.
2)- La présence habituelle de personnes se livrant à la prostitution, dans certains lieux
ouverts au public
tout détenteur, gérant ou préposé d’un hôtel, maison meublée, pension, débit de boissons,
club, cercle, dancing, lieu de spectacle ou lieu ouvert au public, doit s’opposer à la présence
habituelle d’une ou plusieurs personnes se livrant à la prostitution à l’intérieur d’un tel local.
La doctrine et la jurisprudence avaient longtemps été divisées quant à l’interprétation
dudit texte.
Actuellement, la Cour de Cassation française exige que les actes de prostitution aient eu
lieu à l’intérieur dudit local : hôtel, pension, etc. »
C’est un délit d’habitude. C’est un délit volontaire (l’auteur doit avoir su que une ou des
personnes se livraient à la prostitution dans son établissement).
Mais peu importe que la prostituée ait été une cliente, une locataire, une servante, une
employée, une parente, etc.
3)- Pénalités
Renvoi à l’article 334-bis, 2 à 5 ans d’emprisonnement et amende de 750.000 à 7.500.000
FMG.
Retrait de la licence obligatoire. Fermeture définitive de l’établissement facultative. Plus
2 à 20 ans de privation des droits (art.42) plus de 2 à 5 ans d’interdiction de séjour (obligatoire).
En cas de récidive dans les dix ans, les peines sont portées au double.
4)- Complicité spéciale
Le texte est applicable à toute personne « qui assiste les détenteurs, gérants ou préposés
de l’établissement … » Il s’agit de ceux qui participent à la direction ou à la gestion de
l’établissement.

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CHAPITRE IV
LES AUTEURS A LA FAMILLE, A L’ENFANCE ET A LA NATALITE

C’est une catégorie d’infractions qui se trouvent à la limite des infractions contre les
particuliers et des infractions contre l’Etat.
-infraction conte le mariage et la famille,
-infraction contre les enfants,
-infraction contre la natalité.

SECTION 1
LES INFRACTIONS CONTRE LE MARIAGE ET LA FAMILLE

Il y a lieu de mentionner plusieurs sortes d’infractions :


-l’infraction de bigamie (principe monogamique) (art.340 du code pénal FR. et Code
pénal Malg.)
-l’adultère
-l’abandon de famille.
§ 1 – LA BIGAMIE
A/- DEFINITION
L’article 340 punit le fait de contracter mariage alors qu’on était déjà engagé dans les
liens d’un mariage précédent. En effet, le principe de la monogamie est un principe sur lequel se
fondent les pays de civilisation moderne.
Il ne faut pas être marié à plusieurs conjoints, en même temps, à la même époque.
B/- CRIME, LA BIGAMIE EST DEVENUE DELIT
Autrefois, la bigamie était un crime (C.P. 1810) puni de travaux forcé. Avec l’évolution
des mœurs, les bigames étaient jugés avec une certaine indulgence, fréquemment même les jurés
n’hésitaient pas de répondre non à la question de culpabilité.
Depuis la moitié du XIX, il était devenu très difficile d’être bigame puisque l’officier de
l’état civil envoyait une copie de l’acte de mariage à celui du lieu de naissance de chaque conjoint ;
et il fallait produire un extrait d’acte de naissance datant de moins de trois mois et en marge duquel
doit normalement se trouver la mention du mariage précédent.
La bigamie n’était possible que si l’intéressé a contracté mariage dans un pays étranger
qui n’a pas avisé l’officier de l’état civil du lieu de naissance.
A l’heure actuelle, la bigamie est plus difficile à réaliser car l’acte de naissance produit
doit dater de moins de 6 mois (art. 14 de l’ordonnance n°62-039 du 1er octobre 1962) et les jurés
sont devenus beaucoup indulgents de sorte que le législateur a correctionnalisé la bigamie :
punissable de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et de 25.000 à 1.000.000 Frs d’amende (taux
actuel) : correctionnalisation depuis la loi du 17 février 1933.
Si l’officier de l’état civil se rend complice, il est passible des mêmes peines (sachant que
la mariage et bigamique) ; art.340, al.2.
L’article 340 in fine dispose que l’art.479 du C.I.C. n’est pas applicable aux prévenus de
bigamie. Il s’agit de l’immunité de juridiction. Mais celle-ci a été modifiée à Madagascar et il y a
lieu d’appliquer actuellement les art. 511 et suivants du C.P.P.
C/- REGLES D’ORDRE GENERAL
Les règles d’ordre général concernant la bigamie sont les suivantes :
1)- La tentative n’est pas punissable puisqu’elle n’est pas prévue expressément par la loi
(délit).

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2)- C’est une infraction instantanée, consommée dès la célébration du mariage. Donc la
prescription court de ce moment-là, acquise au bout de trois ans.
On s’est demandé si le délit de bigamie n’était pas un délit continu, la bigamie étant
comparable au recel.
Finalement, la jurisprudence a décidé que l’infraction est instantanée puisqu’une fois que
l’individu est bigame, il ne peut plus cesser de l’être.
Si l’état de bigame persiste, ce n’est pas à cause de la volonté persistante du délinquant.
3)- Il y a une défense possible de la part du délinquant.
C’est de faire juger que son premier mariage était nul. Mais la preuve de nullité du
mariage serait difficile ; il y a là une exception préjudicielle. Les tribunaux répressifs doivent
surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal civil ait tranché l’exception préjudicielle. Mais il faut
que l’exception se fonde sur des arguments sérieux (art.17 C.P.P.).
Si au contraire le prévenu soutient que c’est le second mariage qui est nul et que cette
nullité a pour conséquence qu’il n’est pas bigame, la jurisprudence n’admet pas qu’il y ait
exception préjudicielle. (crim. 18 février 1942, D.A. 1942, P.83) : en effet, le délit est consommé
par la célébration du 2ème mariage ; et comme c’est le fait même délictueux, le tribunal répressif
est compétent pour juger si c’est un mariage régulier en la forme ou non.
Le deuxième mariage est nul du fait même qu’il est bigamique mais l’intention a existé
et les peines de la bigamie peuvent être appliquées.
4)- C’est une infraction intentionnelle
Il faut que l’intéressé ait toujours su qu’il a contracté mariage alors qu’il se trouve dans
les liens d’un autre mariage.
Un individu qui commet une erreur sur le sens de la loi civile, qui n’attend pas par
exemple l’inscription du jugement de divorce sur l’acte, n’est pas en général punissable, faute
d’intention coupable.
§ 2 – L’ADULTERE
C’est le fait par une personne mariée d’entretenir des relations sexuelles avec une autre
personne que son conjoint.
C’est un manquement à l’obligation de fidélité.
A/- INCRIMINATION (art. 336 à 339)
Au moment du mariage, les époux prennent l’engagement de se devoir fidélité.
Mais cette obligation n’est pas sanctionnée de la même façon en droit pénal (en droit civil :
sanctions égales depuis 1884). Les éléments constitutifs ne sont pas d’ailleurs les mêmes aussi.
L’adultère de la femme est plus sévèrement réprimé que celui du mari.
1)- Eléments communs
a)- Il faut qu’il s’agisse d’époux
Cela suppose que le mariage en question est valable.
Si le poursuivi argue de la nullité du mariage, il y a également exception préjudicielle :
sursis à statuer si l’argument est sérieux.
Une épouse séparée de corps demeure tenue au devoir de fidélité.
b)- Il n’y a de délit que si des relations sexuelles aient pris place.
Il ne suffit pas d’inconduite légère ni de tentative de relations sexuelles, la tentative de
délit n’étant punie que si elle est expressément prévue par la loi.
L’adultère n’est réalisé que par des rapports sexuels complets et par les voies naturelles
entre 2 personnes de sexe différent. Ni les caresses les plus intimes, ni les relations hom-sexuelles
ne constituent l’adultère.

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c)- Elément moral
Il faut que l’adultère ait été volontaire, le fait d’une intention coupable, que les relations
sexuelles soient pleinement conscientes.
La femme mariée violée n’est pas coupable d’adultère.
L’élément moral n’est pas réalisé quand il y a erreur de droit de la part du prévenu
(problème de la date de la dissolution du mariage : une personne qui se croyait déjà libre alors que
le divorce n’a pas encore été transcrit).
2)- Adultère de la femme
Il suffit que ces éléments existent pour que l’adultère de la femme soit punissable quel
que soit le lieu.
3)- Quand il s’agit de l’adultère du mari, il n’est punissable que s’il est habituel, que s’il
constitue l’entretien d’une concubine. Il ne suffit pas de relations occasionnelles, il faut des
relations suivies et stables. Et encore, il faut que ce concubinage ait eu lieu au domicile conjugal :
C’est toute habitation du mari où la femme aurait le droit d’être reçue.
Ex. -l’habitation principale, la maison de campagne, les résidences secondaires au bord
de la mer ; dans la montagne, etc.. pour les vacances, les pavillons de chasse ;
- le « pied à terre » occupé occasionnellement par le mari dans une ville où il se rend pour
ses affaires ;
- l’appartement meublé loué par le mari ;
- un logement occupé par le mari seul, mais en communication directe avec celui de la
concubine ;
- un appartement loué par le mari au nom de la concubine ou d’un tiers, mais dont le loyer
est payé par le mari et les meubles fournis par celui-ci ;
- un logement quelconque, dans lequel le mari vit en permanence du fait qu’il n’a pas
d’autre habitation.
Mais par contre, ne constitue pas un « domicile conjugal » un local loué à l’heure ou à la
journée : chambre d’hôtel, chambre garnie, bateau, cabine de bains, cabine meublée de « Motel »,
etc… bref, toute habitation passagère.
Il faut donc une sorte de polygamie de fait qui a lieu au domicile conjugal.
Tant que le mari n’est pas judiciairement séparé de corps (et non séparé de fait), la femme
a le droit d’y être reçue.
Quand il y a séparation de corps (séparation juridique, l’adultère de la femme continue à
être punissable puisque le devoir de fidélité subsiste. Par contre, l’adultère du mari cesse d’être
punissable puisqu’à partir de la séparation de corps, il n’y a plus de domicile conjugal.
En cas de séparation de fait, pour surveiller le mari, la jurisprudence cherche à savoir si
le bail établi au nom de la concubine n’est pas en réalité un bail passé par le mari, les loyers étant
payés par celui-ci.
B/- CERTAINES PARTICULARITES DE LA REPRESSION
1)- L’adultère de la femme est un délit instantané tandis que l’infraction du mari
consistant dans l’entretien de la concubine dans le caractère habituel et continu de cet état de vie,
est un délit continu qui, par conséquent ne commence à se prescrire que lorsque cet entretien aura
cessé.
2)- Déclenchement de la poursuite : plainte préalable
Le déclenchement de la poursuite est subordonné au dépôt d’une plainte de l’époux
offensé. Cette nécessité d’une plainte constitue une sauvegarde de l’unité du foyer ; il ne faut pas
que le ministère public provoque au sein de la famille des troubles fâcheux, par des poursuites
intempestives. L’adultère conserve le caractère de délit privé du droit romain. Le jugement doit

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viser cette plainte. Mais celle-ci n’est soumise à aucune forme particulière. Bien que la plainte ne
vise que l’époux coupable, le ministère public peut en outre poursuivre le complice non désigné.
Après mise en mouvement de l’action publique, la procédure de droit commun est suivie.
L’époux plaignant peut se constituer partie civile. S’il meurt, la poursuite continue.
3)- Preuve du délit
Preuve contre l’époux adultère : preuve par tous les moyens, selon les règles générales.
Preuve contre les complices notamment contre le complice de la femme : preuve au
moyen de constat de flagrant délit ou d’écrit, de lettre qui établissent l’existence de relations
adultères (art.338, al.2). La preuve par témoins et par présomptions est exclue.
4)- Effet du retrait de la plainte au sujet de l’action publique
Le retrait de la plainte met fin à la poursuite ; cela participe aussi du caractère privé du
délit. Le délit est effacé aussi bien pour le prévenu principal que pour le complice.
5)- Droit de grâce du mari
Le mari peut consentir à reprendre la femme (art.337, al.2) condamnée mais ce pardon ne
s’étend pas au complice de la femme. Le pardon ne peut pas émaner de la femme.
6)- Fins de non-recevoir
a)- en vertu de l’article 336 in fine, la plainte du mari peut se heurter à une fin de non
recevoir, lorsqu’il entretient une concubine au domicile conjugal ; la réciproque n’est pas vraie :
la femme adultère reste recevable à se plaindre de l’entretien d’une concubine au domicile conjugal
par son mari.
b)- Dès qu’un jugement de divorce est devenu définitif, la plainte d’un époux (pour des
faits antérieurs au divorce) n’est plus recevable : le plaignant n’est plus époux.
c)- Si la nullité du mariage est invoquée, il s’agit d’une exception préjudicielle au
jugement (art.17 C.P.P.).
d)- La même épouse peut commettre des adultères successifs. Jugée pour un premier
fait, elle peut être condamnée de nouveau pour un fait postérieur.
e)- la réconciliation des époux est un obstacle aux poursuites de l’épouse adultère. C’est
à l’épouse infidèle qu’il appartient de prouver non seulement la réconciliation mais le fait que le
mari connaissait son infidélité lors de celle-ci.
C/- PEINES
1)- Femme et son complice
L’adultère de la femme est plus sévèrement réprimé que celui du mari : emprisonnement
de 3 mois à 2 ans (art.337. al.1er).
La même peine est applicable au complice de la femme mariée adultère (art.338, al.1er).
Mais le complice est passible d’une peine plus forte que l’auteur principal puisqu’il y a
aussi une peine d’amende de 18.000 à 360.000 FMG.
2)- Mari et sa complice
L’entretien d’une concubine au domicile conjugal n’est puni que d’une peine d’amende
de 18.000 à 360.000 FMG (art.339).
La complice : même peine.
§ 3 – LES ABANDONS DE FAMILLE
- l’abandon pécuniaire ou abandon alimentaire,
- l’abandon matériel ou abandon du foyer conjugal,
- la défaillance de la puissance paternelle.

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A/- L’ABANDON PECUNIAIRE OU ABANDON DE FAMILLE PROPREMENT
DIT
Incrimination dans l’article 3 de l’ordonnance n°60-025 du 4 mai 1960 J.O. 7.5.60, p.804
(dans l’article 357 – 2° du code pénal français, depuis une ordonnance du 23 décembre 1958).
1)- Condition préalable
Il faut qu’un jugement (une décision de justice) soit intervenu condamnant un individu à
verser une pension alimentaire, soit à son conjoint, soit à ses enfants, soit même à ses ascendants.
Ce peut être aussi une ordonnance du Président du Tribunal :
- contribution aux charges du ménage de l’art .60 de l’ordonnance sur le mariage ;
- en matière de divorce (ordonnance de non-conciliation fixant les mesures
provisoires).
Il suffit que la décision de justice soit exécutoire par provision.
Ce point est important puisque le législateur a voulu réprimer non seulement le fait de ne
pas exécuter son devoir alimentaire mais aussi de ne pas exécuter une décision de justice. Il suffit
donc que la décision soit légalement exécutoire (crim. 28 avril 1953, Bull. 51). Mais le non-
paiement de la pension ne tomberait pas sous le coup de la loi si la décision de justice qui l’alloue
n’était pas exécutoire ou avait cessé de l’être s’il s’agissait, par exemple, d’une décision étrangère
non suivie d’exequatur (crim. 23 déc. 1932, Bull. 266).
La loi ne serait pas applicable au cas où la pension résulterait d’un contrat, d’un testament
ou d’une transaction.
La pension doit bénéficier à une des personnes énumérées par la loi c’est-à-dire au
conjoint, à un ascendant ou à un descendant.
Même s’il s’agit d’enfant nature, voire d’enfant adultérin à l’heure actuelle, dès lors que
la filiation est exceptionnellement établie.
2)- Elément matériel
Une omission, une abstention – on n’a pas payé la pension, l’intégralité de la pension. Un
paiement partiel ne suffit pas à exonérer de la responsabilité pénale.
Il faut verser une somme d’argent si la pension consiste en une somme d’argent ; le fait
d’avoir remplacé le montant de la pension par certaines fournitures comme des vêtements, ou une
forme quelconque d’entretien ne suffit pas pour échapper à la répression.
Il faut que ce défaut de paiement ait duré un certain temps : rester plus de 2 mois sans
payer le montant intégral.
3)- Elément moral
Sur l’élément moral, la loi se montre désormais très difficile.
L’article 3, al.2° de l’ordonnance déclare que le défaut de paiement est présumé
volontaire ; il faut donc que le poursuivi prouve qu’il est de bonne foi, d’où renversement de la
charge de la preuve : il doit prouver qu’il ne pouvait absolument pas payer cette pension.
La loi précise que certaines causes d’insolvabilité ne sont pas prises en considération :
paresse, ivrognerie, inconduite, chômage volontaire.
4)- Régime juridique de la poursuite
Certaines règles de procédure sont particulières à cette infraction :
- Tribunal compétent : tribunal correctionnel du domicile ou de la résidence du
créancier, de la victime, et ce pour faciliter à la victime d’exercer la poursuite.
- Dépôt du titre entre les mains du Procureur de la République et, généralement, la
victime porte plainte
La victime doit verser les pièces justifiant qu’elle a mise en œuvre tous les moyens pour
parvenir à l’exécution de la décision mais que tout restait infructueux.

83
- Constitution de partie civile
Le tribunal va prononcer une condamnation pour abandon de famille. Si la victime s’est
constituée partie civile, le tribunal accorde des dommages intérêts. Ce ne sera pas l’arriéré de la
pension puisque de toute façon, le prévenu doit l’arriéré de la pension en vertu du titre produit. Si
le tribunal accorde des dommages intérêts, c’est pour les dépenses (frais pour faire exécuter le
jugement, emprunt d’argent pour vivre d’où intérêts qu’elle a dû payer, frais de poursuite,
préjudice moral pour défaut de paiement de la pension).
5)- Les peines
- Emprisonnement : 3 mois à 1 an
- Et amende 5.000 à 200.000
ou l’une de ces deux peines.
En principe, en cas de récidive, la peine d’emprisonnement doit être obligatoire ; en
pratique, le Tribunal n’y est pas obligé s’il accorde des circonstances atténuantes.
- peines complémentaires facultatives
- Interdiction des droits civils, civiques et de famille, pendant 5 à 10 ans (art.7), déchéance
de la puissance paternelle (art.8 de l’ordonnance).
B/- L’ABANDON DE FOYER OU ABANDON MATERIEL
1)- Elément légal
Le fait de quitter le foyer familial est une violation du devoir de cohabitation (même si
l’on envoie des moyens de subsistance à la famille) – art. 1er – 1° et 2° de l’ordonnance ou art.357
– 1° du code pénal français.
2)- Elément matériel
L’abandon de foyer suppose qu’il y a des enfants présents dans ce foyer, ou un enfant
attendu (femme enceinte).
Le texte s’applique aussi bien au mari qu’à la femme quand il y a des enfants au foyer.
Il faut avoir abandonné le foyer pendant plus de 2 mois.
A noter que le foyer familial subsiste même après la dissolution du mariage (décès,
divorce : abandon des enfants) ; le texte actuel emploie d’ailleurs l’expression « résidence
familiale ».
Il faut avoir abandonné le foyer sans motifs graves. L’éloignement du père ou de la
famille peut en effet s’expliquer par des raisons sérieuses et louables le justifiant : raisons d’ordre
professionnel, d’ordre sanitaire, ou autres.
3)- Particularité de la procédure
La procédure de poursuite ressemble à celle de l’adultère et de l’abandon pécuniaire.
Il faut une plainte de l’époux resté au foyer. Comme en matière d’adultère, on a voulu
éviter les poursuites intempestives que pourrait entreprendre le Ministère public, poursuites qui
seraient, peut-être, susceptibles d’apporter encore plus de trouble dans un foyer déjà en péril.
Particularité
La procédure de poursuite ne sera engagée que si le prévenu persiste dans son attitude
fâcheuse. C’est pourquoi on va lui adresser une interpellation par un officier de police judiciaire :
celui-ci dresse procès-verbal. Si l’intéressé rejoint le domicile familial dans les 15 jours, il n’y aura
pas de poursuite, sinon poursuite possible.
S’il a été introuvable, on lui adressera, à son dernier domicile connu, une lettre
recommandée avec accusé de réception.
4)- Peines
Les mêmes que dans l’abandon pécuniaire ou alimentaire.

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C/- LA DEFAILLANCE DE LA PUISSANCE PATERNELLE
1)- Elément légal
- article 1er – 3° de l’ordonnance
- article 357 – 1° rubrique 3 (formule dans la loi sur la déchéance paternelle).
2)- Elément matériel
Le fait de compromettre non pas seulement la santé ou la sécurité mais aussi la moralité
de ses enfants ou d’un ou de plusieurs de ses enfants. COMPROMETTRE COMMENT ?
Par défaut de soins, soit directement, soit indirectement (mauvais exemples, exemples
pernicieux d’ivrognerie habituelle ou d’inconduite notoire).
3)- Peines
Les mêmes que dessus avec cette différence qu’il n’y a pas de règles particulières de
procédure.

SECTION 2
LES INFRACTIONS CONTRE LA NATALITE

Principalement : l’avortement.
A côté : le droit français comprend un grand nombre d’infractions annexes qui ont pour
but d’éviter que des avortements soient commis : incriminations préventives.
Pourquoi le législateur protège-il la natalité ?
- Considération d’intérêt général tirée du souci de sauvegarder la moralité et les valeurs
morales en général, notamment les conceptions chrétiennes fondamentales.
- Intérêt plus matériel : l’Etat n’a de force et de puissance qu’à raison du nombre de ses
ressortissants : « il n’est de richesse que d’hommes »…
- Protection de l’intégrité physique des individus :
* celle d’abord de la femme que des manœuvres abortives exposent à des risques
graves ;
* celle de l’embryon car là encore il y a atteinte à la vie, à l’intégrité physique de cet
être vivant déjà doué de la personnalité juridique.
§ 1 – LES INFRACTINS ANNEXES
A/- LA REPRESSION DE LA PROPAGANDE ANTICONCEPTIONNELLE, destinée
à éviter que des conceptions aient lieu : loi française du 31 juillet 1920, intégrée
successivement dans le code de famille en 1939 puis dans le code de la santé publique
en 1953 (v. art. L.647 et suivants de ce code actuellement).
Moyens : Discours proférés en public, propos tenus en public, écrits sous quelque forme
qu’ils soient et en particulier les imprimés.
Il faut que ces agissements aient eu lieu dans un but de propagande anticonceptionnelle
(poursuites rares en la matière).
Peines : 1 à 6 mois + amende ;
B/- La vente ou la distribution des produits ou objets anticonceptionnels ou abortifs ou qui
sont réputés abortifs (système des délits – obstacles).
C/- LA REGLEMENTATION DU DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE LA
GROSSESSE
En effet, plus la grossesse est récente, plus l’avortement est facile.

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Le diagnostic ne peut être opéré que dans un laboratoire agréé procédant à ce genre
d’analyse de façon que l’on puisse savoir avec certitude qui a demandé l’examen et quel en a été
le résultat. Trois infractions sont prévues :
-infraction à la réglementation de l’ouverture de laboratoires d’analyse ;
-infraction à la réglementation des examens pratiqués dans ces laboratoires ;
-fraudes ou fausses déclarations.
D/- UNE SURVEILLANCE MINUTIEUSE DES ETABLISSEMENTS
D’ACCOUCHEMENT
- Conditions particulières : autorisation préalable de l’administration ;
- Contrôle du personnel : interdiction de l’emploi dans ces établissements de personnes
condamnées pour avortement, provocation à l’avortement ;
- Est puni le fait de mettre obstacle aux fonctions des personnes autorisées à pénétrer dans
ces établissements.
*
* *
* * *
Lorsque les mesures préventives ont été inefficaces et que l’avortement que l’on voulait
éviter aura été commis ou tenté, il faut le réprimer.
§ 2 – L’AVORTEMENT PROPREMENT DIT
L’avortement consiste dans une interruption artificielle de la grossesse par opposition ç
l’interruption naturelle de la grossesse résultant d’une fausse couche.
3 infractions prévues dans l’article 317 :
- l’avortement pratiqué sur la femme par un tiers,
- l’avortement pratiqué par la femme elle-même,
- l’avortement sur les simples conseils ou indications susceptibles d’amener l’avortement
par unipersonnel appartenant au corps médical.
A/- AVORTEMENT PRATIQUE PAR UN TIERS SUR UNE FEMME
1)- Eléments constitutifs
a)- Elément légal :
L’article 317, al.1 nous dit : « quiconque, par aliments, breuvages, médicaments,
manœuvres, violences ou par tout autre moyen, aura procuré ou tenté de procurer l’avortement
d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, sera puni d’un
emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 90.000 à 1.800.000 F ».
C’est la rédaction de l’ordonnance 60.161 du 3 octobre 1960.
Ce texte est le résultat d’une assez longue évolution législative des acquittements
scandaleux.
Le code pénal de 1810 faisait de l’avortement un crime ; mais des acquittements
scandaleux s’en suivirent.
D’où correctionnalisation législative afin de parvenir à une répression plus ferme : loi du
27 mars 1923.
Le D.L. du 29 juillet 1939, dit Code de la famille entreprit de réprimer sévèrement
l’avortement.
Ce D.L. a modifié l’article 317 et a considéré qu’il fallait se montrer sévère à l’égard de
l’avorteur.

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b)- Elément matériel
1)- Peu importe que la femme soit enceinte ou simplement supposée enceinte. En effet,
si la femme n’est pas enceinte le délit est légalement impossible. Cependant, depuis 1939, il suffit
qu’elle soit supposée enceinte.
2)- Peu importe les moyens employés par l’avorteur
- moyens chimiques (breuvages, aliments, médicaments, etc.)
- moyens mécaniques (violences, manœuvres diverses tendant à assurer le décollement
de l’œuf de la paroi de l’utérus).
Il n’est pas nécessaire que l’avorteur ait mis en œuvre ces moyens, il suffit qu’il les ait
remis à la femme.
Il est prévenu d’une infraction spéciale qui consiste à procurer des moyens d’avortement,
tandis que la est coupable de délit distinct. Les éléments constitutifs ne sont donc pas dans ce cas
les mêmes et les peines sont également différentes.
3)- Peu importe que les moyens aient été dotés d’efficacité réelle : arrêt célèbre (crim. 9
nov. 1928, D.1929. 1.97 –note André Henry) d’après lequel l’impropriété absolue des moyens
employés n’empêche pas la tentative d’être réalisée.
c)- Elément moral
Pour l’élément moral, il faut qu’il y ait une faute intentionnelle de la part de l’avorteur.
C’est ainsi que celui qui a donné des coups à une femme enceinte même sachant qu’elle
est enceinte et qu’à la suite des coups, la femme a fait des fausses couches, peut ne pas être
poursuivi pour délit d’avortement.
2)- Régime de l’incrimination
a)- Tentative
La jurisprudence se montra très sévère comme la loi elle-même.
C’est ainsi que la tentative de l’avortement est réprimée dès que l’intention de l’avorteur
s’est manifestée de façon concrète et précise. Voir : crim. 30 juillet 1942, J.C.P. 1942. II. 2504,
note Brouchot.
Lyon 11 mai 1951, J.C.P. 1952. II. 4504 ; crim. 5 avril 1954, D. 1954. 404.
Mais le désistement volontaire exonère l’auteur de l’infraction (crim. 15 mai 1946, Gaz.
Pal. 1946. 1. 255).
b)- Complicité
Au point de vue complicité, la femme elle-même n’est pas complice (elle est, elle aussi,
auteur), mais tous ceux qui ont joué un rôle avec l’avorteur seraient considérés comme complice.
Complicité par aide et assistance, arrêt qui a condamné l’amant de la femme qui a
accompagné celle-ci chez l’avorteur alors qu’il faisait tous les moyens possibles pour dissuader la
femme. La C. Cass. estimait que la seule présence de l’amant suffit puisqu’il apportait un réconfort
moral (crim. 5 nov. 1941, S. 1942. 1.89, note Bouzat).
c)- Faits justificatifs
Accomplissement d’une fonction médicale : hypothèse de l’avortement thérapeutique : à
quelles conditions ?
- pratiqué par un médecin,
- qu’il soit établi que la sauvegarde de la vie même de la mère exige l’interruption de la
grossesse,
- trois certificats écrits établis par le médecin.

87
La J.P admet que, sans remplir ces formalités, un médecin puisse invoquer l’état de
nécessité où il s’est trouvé pour interrompre la grossesse (Tribunal de Châteauroux 21 décembre
1949, Gaz. Pal. 1950. I. 131).
Le Règlement du canton de Genève (Suisse) admet qu’il suffit que la santé de la mère
soit menacée.
3)- Répression
a)- Emprisonnement : 1 à 5 ans.
b)- Amende : 90.000 à 1.800.000 Frs.
Le législateur avait interdit d’accorder des circonstances atténuantes et du sursis, mais
depuis la loi du 11 février 1951, les circonstances atténuantes et sursis sont possibles dans tous les
cas.
c)- Peines accessoires ou complémentaires :
-interdiction d’exercer sa profession,
-interdiction de séjour.
d)- Circonstances aggravantes
Pratique habituelle de l’avortement, même s’il n’y a pas récidive.
- peine de 5 à 10 ans d’emprisonnement et amende de 90.000 à 3.600.000.
- la peine de relégation si la peine d’emprisonnement appliquée est supérieure à 3 ans
bien qu’il s’agisse d’une condamnation unique.
B/- AVORTEMENT PRATIQUE PAR LA FEMME ELLE-MEME
Le législateur a décidé de se montrer indulgent à son égard.
1)- Eléments de l’infraction
a)- Elément légal
Article 317, al.3 – « sera punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une
amende de 18.000 francs à 360.000 francs la femme qui se sera procuré l’avortement à elle-même
ou aura tenté de se le procurer ou qui aura consenti à faire usage des moyens à elle indiqués ou
administrés à cet effet ».
b)- Elément matériel
La loi n’a pas précisé s’il s’agit d’une femme enceinte ou supposée enceinte.
Fait actif : avoir utilisé certains moyens.
Fait passif : celui d’avoir supporté qu’on se livre sur elle-même à des moyens indiqués
ou administrés.
c)- Elément moral
Il faut une faute intentionnelle. Peu importe le mobile : crainte du déshonneur, raisons
économiques, famille déjà nombreuse, etc.
2)- Régime de l’incrimination
a)- Tentative : est punissable
Le Code a pris soin de le prévoir.
Si les moyens ont été inefficaces et que la femme a accouché normalement à terme, une
opinion était de ne pas en tenir compte. En effet, si la femme n’a pas réussi dans sa tentative
d’avortement, l’enfant pourra savoir que sa mère a été condamné pour tentative d’avortement et
pour avoir essayé de le faire disparaître, ce qui n’est peut-être pas très heureux
b)- Complicité : Application de l’article 60 du Code pénal.

88
3)- Peines :
- Emprisonnement : 6 mois à 2 ans
- Amende : 18.000 à 360.000 francs
Pas d’interdiction de séjour.
- Peine accessoire : interdiction de travailler dans une maison d’accouchement.
Pas de circonstance aggravante.
C/- CAS DE PRATIQUES ABORTIVES, DE SIMPLES CONSEILS OU
INDICATIONS
1)- Liste des personnes visées
Si une personne ordinaire donne des indications et que la femme n’a pas suivi, cette
personne n’est pas punie.
Mais si cette personne appartient au corps médical (art.317, al.4), elle est punissable
même si la femme n’a pas suivi ses indications. La liste des personnes visées englobe toutes les
personnes qui touchent le milieu paramédical.
2)- L’élément matériel est très varié
Punissables non seulement si elles ont commis l’avortement par des faits consistant à
avoir pratiqué les moyens de procurer l’avortement, mais encore en favorisant l’emploi de ces
moyens ou en donnant des indications.
3)- Elément moral
Il faut une faute intentionnelle.
4)- Répression
Mêmes peines que les avorteurs.
Peine complémentaire ; la suspension de l’exercice de leur fonction pendant 5 ans au
moins, ou même l’incapacité absolue et définitive d’exercer leur profession.
Le fait d’exercer la profession au mépris de l’interdiction dont on a été frappé, entraîne
par lui-même des peines correctionnelles de 6 mois à 2 ans d’emprisonnement ainsi qu’une amende
de 180.000 à 1.800.000 francs ; l’interdiction de séjour pourra également être prononcée.

SECTION 3
LES INFRACTIONS CONTRE LES ENFANTS

Protection des enfants


-dans leur intégrité
-dans leur état civil
-dans leur liberté.
§ 1 – LA PROTECTION DES ENFANTS CONTRE LES INFRACTIONS A LEUR
INTEGRITE CORPORELLE
Quatre secteurs :
- l’infanticide
- les mauvais traitements à enfant
- l’abstention de porter secours
- l’abandon d’enfant.

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A/- L’INFANTICIDE (art.300et 302)
1)- Incrimination
C’est le meurtre ou l’assassinat d’un enfant nouveau-né, c’est-à-dire que la mort doit avoir
été donné à l’enfant dans un temps très proche de la naissance ou même pendant l’accouchement.
Outre cet élément particulier, le crime comprend les mêmes éléments que le meurtre. Il
faut notamment que l’enfant ait été vivant lors de l’acte criminel.
Mais peu importe :
-qu’il soit né viable ou non
-ou même qu’il fût né montre dont l’aspect humain aurait été discutable.
2)- Pénalité
a)- Pour la mère : travaux forcés à temps ;
b)- Pour les autres (coauteurs, complices) : père, etc…
- travaux forcés à perpétuité pour le meurtre,
- mort pour l’assassinat.
B/- LES MAUVAIS TRAITEMENTS A ENFANTS
1)- Elément légal (article 312, al.6 et suivants)
2)- Elément matériel
Il peut s’agir ici, non seulement d’agissements positifs tels que blessures, coups, violences
et voies de fait, mais également d’agissements négatifs, de privations de soins ou d’aliments, du
moment que ces privations étaient de nature à compromettre la santé de l’enfant (Paris 15 juin
1951, D. 1951, p.568 ; il s’agissait de poursuites dirigées contre les administrateurs d’un foyer
d’enfants ; on leur reprochait d’avoir détourné des aliments qui étaient destinés aux jeunes
pensionnaires et d’avoir maintenu une hygiène insuffisante dans les locaux ; la Cour de Paris a
jugé que les faits constituaient l’élément matériel de violences à enfants entendues au sens large).
3)- Elément moral
Il faut que ce soit volontairement qu’on ait frappé, ou privé de soins et d’aliments l’enfant
au point de compromettre sa santé.
4)- Elément supplémentaire tiré de l’âge de la victime
Il faut que la victime soit un enfant de moins de 15 ans ; c’est un élément constitutif.
5)- Répression
La pénalité applicable varie suivant que l’auteur des coups ou mauvais traitements est soit
un tiers, soit les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs de l’enfant ; ou d’autres ascendants
légitimes, ou une personne ayant autorité sur l’enfant (tuteur, instituteur, etc.) ou une personne
ayant la garde de l’enfant (nourrice, maître de pension).
a)- Coups et blessures simples
- pour un tiers : 3 à 10 ans plus amende de 25.000 à 100.000.
- pour un ascendant ou assimilé : 5 à 10 ans plus amende de 25.000 à 150.000.
b)- Coups et blessures avec incapacité supérieure à 20 jours
- pour un tiers : 3 à 10 ans plus amende de 25.000 à 100.000
- pour un ascendant ou assimilé : 5 à 10 ans plus amende de 25.000 à 150.000

c)- Coups et blessures suivis d’infirmité permanente ou suivis de mort sans


intention de la donner
- pour un tiers : travaux forcés à temps
90
- pour un ascendant ou assimilé : travaux forcés à perpétuité.
d)- Violences ou privations avec intention de provoquer la mort
- Le crime est constitué quel qu’en ait été le résultat, que la mort ait été ou non obtenue,
sans considérer que le but ait été manqué par suite de circonstances indépendantes de la volonté
de l’auteur (différence avec la tentative ou le crime manqué).
- L’auteur d’un tel crime est puni de mort.
C/- L’ABSTENTION DE PORTE-SECOURS
Article 63 (voir supra, page 27).
D/- L’ABANDON D’ENFANT ET L’EXPOSITION D’ENFANT
L’abandon c’est le fait de se débarrasser de l’enfant.
Infraction se rencontrant surtout dans les pays peu développés mais aussi dans les pays
for développés.
1)- Elément légal
Article 349 et suivants : qui punissent ceux qui auront exposé ou fait exposer, délaissé ou
fait délaisser, en un lieu solitaire, un enfant ou un incapable hors d’état de se protéger eux-mêmes
à raison de leur état physique ou mental, seront, pour ce seul fait, condamnés à un emprisonnement
de un an à trois ans, et à une amende de 25.000 à 225.000 francs.
2)- Elément matériel
Exposition d’enfant
Cela suppose un enfant de très jeune âge qui n’est pas en état de se mouvoir, en état de se
déplacer.
Délaissement
Enfant plus âgé, capable de se mouvoir que l’on a laissé intentionnellement perdu.
Soit un enfant, soit un incapable.
Il est hors d’état de se protéger lui-même :
- soit en raison de son état physique,
- soit en raison de son état mental.
Le point essentiel est de savoir si l’individu laissé dans un endroit solitaire ou non solitaire
pourra se débrouiller tout seul ou non, s’il pourra trouver du secours ou non.
3)- Elément moral
Avoir volontairement perdu l’enfant mais pas forcément dans le dessein de lui faire du
mal.
*
* *
Remarquons l’expression de l’article 349 :
- exposé ou fait exposer
- délaissé ou fait délaisser.
Cet article punit aussi l’auteur intellectuel qui n’est pas simplement complice. Cet
instigateur est considéré par la loi comme un auteur principal, donc responsable même si l’action
n’est pas consommée.
4)- Régime de la répression
Deux hypothèses :
a)- Lieu solitaire
L’enfant va avoir couru un grave danger : peu de chance que quelqu’un passe rapidement.

91
Risque grave aussi pour sa santé physique.
D’où sanctions relativement fortes et en fonction des suites dont a été victime l’enfant.
1)- S’il n’y a eu aucune atteinte : 1 à 3 ans d’emprisonnement – 25.000 à 225.000 francs
d’amende.
Les peines sont différentes ici des mauvais traitements à enfant.
Circonstance aggravante personnelle
Le fait est plus grave s’il a été commis par les parents de l’enfant ou par tout ascendant
de l’enfant ou par une autre personne ayant autorité sur l’enfant ou à qui la garde de l’enfant a été
confiée (art.350).
2 à 5 ans d’empoisonnement, 25.000 à 450.000 francs d’amende.
2)- S’il y a eu atteinte à l’intégrité corporelle
)- Maladie ou incapacité de plus de 20 jours :
*article 351, al.1 – maximum de la peine c’est-à-dire 3 ans.
*circonstance aggravante personnelle (parent, ascendant).
)- Infirmité permanente, enfant mutilé, estropié, perte d’un œil :
*5 à 10 ans de réclusion : 351, al.2
*circonstance aggravante personnelle : 5 à 20 ans de travaux forcés : 351, al.3.
)- La mort de l’enfant sen est suivie
La loi dit d’appliquer la peine du meurtre. Mais l’auteur n’a pas voulu sa mort ; cependant
étant donné la gravité du fait, le seul fait que la mort s’en est suivie permet d’appliquer la peine du
meurtre, c’est-à-dire les travaux forcés à perpétuité.
b)- Lieu non solitaire (art.352)
La jurisprudence de la C.C. applique très largement cette notion de lieu non solitaire ;
prétextant faire une course, on confie l’enfant à une personne puis on disparaît (arrêt 14.1.53
C.crim.)
Répression
- S’il n’y a eu aucun dommage à l’intégrité corporelle de l’enfant : 352, al.1 = 3 mois à 1
an d’emprisonnement + 25.000 à 225.000 d’amende.
Circonstance aggravante personnelle :
* 6 mois à 2 ans d’emprisonnement
* 25.000 à 300.000 d’amende.
- Si l’enfant a été victime d’une maladie ou d’une incapacité de plus de 20 jours ou d’une
des infirmités de l’article 309, al.2 – 353, al.1 : 1 à 5 ans d’emprisonnement + 25.000 à 450.000
d’amende.
Circonstance aggravante personnelle : 353, al.3
*5 à 10 ans de réclusion.
- La mort de l’enfant s’en est suivie
*5 à 10 ans de réclusion
Circonstance aggravante personnelle
*travaux forcés à perpétuité.
§ 2 – LES INFRACTIONS CONTRE L’ETAT CIVIL
1)- Les fraudes à la naissance de l’enfant (art. 345 du C.P.)
2)- Le défaut de déclaration de l’enfant
3)- L’abandon juridique.

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A/- LES FRAUDES A LA NAISSANCE DE L’ENFANT (art.345)
1)- Naissance ou supposée naissance
- Supposition de part (partus)
- On déclare la naissance d’une enfant qui n’existe pas du tout.
2)- On déclare qu’un enfant est né de telle femme alors qu’en réalité il est né d’une autre
femme.
On prive ainsi l’enfant de son véritable état civil : c’est une suppression de part, de l’état
civil dite par le Code suppression d’un enfant.
L’enfant est effectivement privé de son état civil véritable.
Les poursuites pour suppression d’enfant ne pourront être intentées devant le tribunal
répressif avant une décision de la juridiction civile rétablissant le véritable état civil : c’est donc
une question préjudicielle.
3)- Substitution d’enfant
Deux femmes qui ont mis au monde chacune un enfant, 5 à 10 ans de réclusion.
Circonstances atténuantes dans le cas de suppression de part : 1 mois à 5 ans si l’enfant
n’a pas vécu.
Si le ministère public n’a pas pu faire la preuve que l’enfant n’a pas vécu : 6 jours à 2
mois
B/- DEFAUT DE DECLARATION DE L’ENFANT
C’est une contravention prévue et punie par l’article 473-3°.
Amende de 500 à 25.000. Et facultativement emprisonnement jusqu’à 29 jours.
C/- ABANDON JURIDIQUE (en France)
On a beaucoup développé l’adoption des enfants : on s’efforce de leur procurer un foyer.
On trouve difficilement des enfants eu égard au nombre des foyers qui veulent adopter.
Art.353 – 1 (ordonnance du 23 décembre 1958) ;
10 jours à 6 mois
500 à 10.000 NF.
3 faits sont incriminés :
- provoquer à l’abandon d’un enfant né ou à naître, dans un esprit de lucre ;
- s’entremettre pour faire recueillir ou adopter un enfant dans un but de lucre ;
- faire souscrire un engagement d’abandonner un enfant à naître, ou faire usage de
l’engagement souscrit, ou avoir eu possession dudit engagement.
Disposition n’existant pas à Madagascar.
§ 3 – LES INFRACTIONS CONTRE LA LIBERTE DE L’ENFANT
3 catégories d’infractions prévues par le droit positif.
A/- L’ENLEVEMENT OU LES FAITS QUI SUIVENT (séquestration ou recel)
1)- Incrimination : article 345
« Les coupables d’enlèvement, de recel ou de suppression d’un enfant, de substitution
d’un enfant à un autre, ou de supposition d’un enfant à une femme qui ne sera pas accouchée,
seront punis de la réclusion ».
Il s’agit d’un enfant en bas âge car le dernier alinéa semble parler des enfants placés en
nourrice.
Le seul fait de ne pas représenter l’enfant en traîne une peine criminelle (art.345 dernier
alinéa).

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2)- Répression
Réclusion de 5 à 10 ans
2 excuses atténuantes :
* non prouvé que l’enfant n’a pas vécu : la peine est de 1 mois à 5 ans (art.345, al.2)
* prouvé que l’enfant n’a pas survécu : la peine est de 6 jours à 2 ans (art.345, al.3).
Point certain : Ce texte ne peut pas s’appliquer aux parents eux-mêmes. La question s’est
posée au siècle dernier quand les parents sont séparés de corps ou divorcés (crim.223.1900.
D.1900 ; I.184).
B/- LE DETOURNEMENT OU ENLEVEMENT DE MINEURE
(art.354 et suivants)
2 catégories d’agissements :
- l’enlèvement par fraude ou violence,
- l’enlèvement sans fraude ni violence.
1)- L’enlèvement par fraude ou violence (art.354)
a)- Elément légal : art.354.
« Quiconque aura, par fraude ou violence, enlevé ou fait enlever des mineurs, ou les aura
fait entraîner, détourner ou déplacer des lieux où ils étaient mis par ceux à l’autorité ou à la
direction desquels ils étaient soumis ou confiés, subira la peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans ».
Ce texte punit l’auteur intellectuel aussi bien que l’auteur matériel.
b)- Elément matériel
A l’enlèvement avec violence, la loi assimile l’enlèvement par fraude parce que le mineur
n’a pas donné son consentement, ou s’il l’a donné, ce consentement est vicié.
L’incrimination vise ceux qui enlèvent ou détournent ou déplacent les enfants, également
ceux qui font enlever ou font déplacer.
Normalement, l’instigateur n’est incriminé par le droit malgache que comme complice.
Ici, il est auteur principal de l’infraction même si celui à qui l’ordre est donné n’exécute pas.
La victime est un mineur de 21 ans, peu importe son sexe.
Peu importe le temps que l’enlèvement aura duré.
Détourner, déplacer des lieux où les enfants étaient placés par une personne qui avait
compétence ou autorité pour le faire.
C’est une infraction qui porte atteinte au droit de garde des parents.
c)- Elément moral
Il faut avoir su que l’on allait à l’encontre de l’autorité des parents et avoir voulu néanmoins
réaliser ce déplacement.
d)- Répression
-Emprisonnement de 5 à 10 ans
-La tentative est punissable (art.354, al.2)
-Circonstances aggravantes : l’enfant était un mineur de moins de 15 ans : travaux forcés
à perpétuité (art.355).
Même si la victime a plus de 15 ans mais moins de 21 ans, c’est l’hypothèse de
Kidnapping (L. 14.1.55, modifiant art.355 C.P.). Le coupable encourt les travaux forcés à
perpétuité.
Cependant, l’alinéa 3 prévoit une excuse atténuante pour le cas où l’enfant serait retrouvé
vivant des travaux forcés de 5 à 20 ans.

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Décès de l’enfant : par contre le dernier alinéa prévoit une circonstance aggravante
supplémentaire si la mort s’en est suivie : Peine de mort.
2)- L’enlèvement sans fraude ni violence (art.356)
a)- Incrimination
C’est l’hypothèse de détournement dit autrefois rapt de séduction, c’est-à-dire que la
victime a consenti à suivre son ravisseur puisque celui-ci l’avait séduite ; avant l’ordonnance du
28 juin 1945, le coupable et la victime étaient de sexes différents.
Désormais, l’article 356 envisage un mineur de 18 ans : peu importe donc le sexe du
mineur. Le ravisseur peut d’ailleurs, lui aussi, être de l’un ou de l’autre sexe.
L’article ne punit que celui qui accomplit l’acte de séduction et non plus celui qui fait
séduire. L’auteur matériel seul peut être incriminé.
b)- Poursuite et répression
Il ne peut s’agir que d’un délit.
Le législateur a prévu la répression de la tentative.
Emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 25.000 à 150.000.
La jurisprudence applique avec rigueur ce texte. Il n’est pas nécessaire que l’enfant ait
été déplacé des lieux où il avait été régulièrement placé. Il peut se faire que l’enfant avait déjà
quitté ces lieux, il a fait une fugue au cours de laquelle il avait été rencontré par une personne qui
s’est intéressée à lui ((24.7.57 – D.1958.288 ; 23.5.1962. D.1962 – 609).
Même en dehors de toute question morale, de toute relation sexuelle ou d’attentat aux
mœurs, le ravisseur est punissable. Il s’agit d’une atteinte à la liberté (d’aller et venir).
Question préjudicielle à l’action
Art.356, al.2 ravisseur masculin. Si le ravisseur épouse la victime, on pense que tout est
bien qui finit bien ; il n’y a pas de poursuite en ce cas sur plainte des parents.
C/- NON REPRESENTATION D’ENFANT
Elle présente une certaine similitude avec l’abandon de famille.
Il s’agit souvent de l’animosité entre anciens époux divorcés et qui se sont refusés à
l’exécution d’une décision de justice.
C’est le fait de ne pas exécuter telle décision qui va constituer le délit, d’où :
1)- Condition préalable
Il faut une décision de justice ayant statué sur la garde de l’enfant.
2)- Elément matériel
Le fait de ne pas représenter l’enfant à ceux qui ont le droit de le réclamer. L’obstacle
peut être apporté aussi bien au droit de garde lui-même qu’au droit de visite. L’élément matériel
ne consiste pas forcément ici à enlever l’enfant ; il suffit d’avoir retenu l’enfant pour l’empêcher
qu’on lui rende visite. La jurisprudence a même accordé le droit de visite aux grands parents.
C’est un délit continu.
Le fait de déplacer l’enfant, a fortiori de le cacher pour ne pas exécuter la décision.
De même, le fait de faire déplacer l’enfant (instructions, mesures ordonnées).
Notons qu’il doit s’agir d’un mineur de 21 ans.
3)- Elément moral
C’est une infraction intentionnelle. Il faut une certaine mauvaise foi. Souvent, on dit que
c’est l’enfant qui refuse ; mais la jurisprudence se montre assez sévère à l’égard de ces
explications. La Cour de Cassation, très sceptique, dit que si l’enfant ne veut pas obéir, c’est la

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faute de celui qui a la garde puisque celui-là n’a donc pas d’autorité suffisante, n’a donc pas fait
preuve d’autorité antérieurement.
Il n’en serait autrement que s’il existait des raisons objectives pouvant justifier la
modification de la garde ou du droit de visite. Ce serait le cas, par exemple, si le parent qui
réclamait l’enfant vit dans des conditions scandaleuses pouvant compromettre l’éducation et la
moralité de l’enfant, si celui-ci se prêtait à l’exercice du droit de visite.
4)- Répression
Emprisonnement de 1 mois à 1 an plus amende de 25.000 à 900.000.
Circonstances aggravantes.
Si l’auteur qui a commis le délit est déchu de la puissance paternelle :
Emprisonnement jusqu’à 3 ans.

CHAPITRE V
LES ATTEINTES A LA VERITE ET A LA JUSTICE

- Le faux monnayage,
- Le faux en écriture,
- Le faux témoignage et les infractions voisines,
- La dénonciation calomnieuse.

SECTION 1
LE FAUX MONNAYAGE

L’infraction de faux monnayage doit être envisagée de façon différente selon q’il s’agit :
- de fausses monnaies métalliques
- de faux billets de banque.
§ 1 – LA FAUSSE MONNAIE METALLIQUE
A/- ELEMENT LEGAL (art.132 et suiv. du C.P.)
- la contrefaçon ou l’altération des monnaies d’or ou d’argent ;
- la fausse monnaie de cuivre ou de billon
- les monnaies étrangères.
A l’origine : différence sensible dans la répression, mais aujourd’hui même protection ;
B/- ELEMENT MATERIEL
Cinq genres d’agissements prévus par la loi :
1)- La contrefaçon
C’est le fait d’avoir fabriqué des pièces de monnaie qui ne sont pas des monnaies
véritables ; c’est l’imitation même grossière ou même parfaite. Peu importe que la pièce contrefaite
ait le même poids et le même titre de métal fin.
2)- L’altération
C’est le fait d’avoir travaillé sur des monnaies véritables mais en diminuant le poids ou
en falsifiant l’indication de la valeur, c’est la modification de la substance d’une monnaie
initialement légale (pièce limée…).
3)- L’émission de fausse monnaie
Acte de celui qui a mis la fausse monnaie en circulation, le fait de répandre ou de diffuser
la fausse monnaie – (mise en circulation par le faussaire ou par un tiers).

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4)- L’exposition de la fausse monnaie
Ne présente plus d’intérêt à l’heure actuelle. C’est l’offre aux regards du public. En tout
cas, elle risque de conduire à son acquisition et à sa diffusion.
5)- L’introduction de fausse monnaie sur le territoire malgache
L’introduction est réalisée dès l’arrivée dans les eaux territoriales malgaches.
C/- ELEMENT MORAL
L’auteur a dû agir sciemment.
Il faut avoir su que la monnaie était fausse (celui qui participe à l’émission peut, en effet,
ignorer que la monnaie est fausse).
D/- REPRESSION
1)- En ce qui concerne la peine privative de liberté, il faut distinguer suivant qu’il s’agisse
de monnaie nationale ou de monnaie étrangère.
a)- monnaie d’or ou d’argent
Travaux forcés à perpétuité.
b)- Monnaie divisionnaire (cuivre, billon)
Travaux forcés à temps de 5 à 20 ans.
2)- amende (peine complémentaire) : 18.000 à 540.000 FMG, pouvant être portée
jusqu’au ¼ du bénéfice illégitime escompté (art.164 du C.P.).
3)- Excuse absolutoire : en cas de dénonciation : le dénonciateur sera exempt de la peine
principale : art.138 qui vise deux types de coupables :
- ceux qui ont dénoncé les coauteurs avant la consommation du crime,
- ceux qui ont procuré l’arrestation des coauteurs après les poursuites commencées.
E/- INFRACTIONS VOISINES
1)- Délit de coloration de monnaies
L’article 134 du C.P. prévoit un délit qui est très improbable actuellement.
Il s’agit de colorer, c’est-à-dire d’argenter ou dorer au moyen d’une mince pellicule de
métal fin une pièce initialement légale, dans le but de tromper sur la nature du métal (le coupable
a par exemple coloré en jaune des pièces d’argent pour que l’on croie que c’étaient des pièces
d’or).
La peine est de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement.
La tentative n’est pas punissable.
2)- Délit de remise en circulation de monnaie fausse
C’est l’article 135 du code pénal qui prévoit ce délit.
C’est le fait de remettre en circulation une monnaie fausse qu’on a reçue soi-même, bien
que l’on se soit aperçu qu’elle était fausse. Les éléments constitutifs du crime d’émission de fausse
monnaie sont réunis, mais ici le législateur se montre indulgent pour ce fait évidemment regrettable
mais qui ne cause qu’un préjudice social relativement mince. Le gros reproche qu’on peut faire à
l’auteur d’une telle infraction c’est de ne pas avoir signalé aux pouvoirs publics qu’il avait reçu
une pièce fausse.
La peine est une amende triple au moins et sextuple au plus de la somme représentée par
les pièces remises en circulation, sans qu’en aucun cas, cette amende puisse être inférieure à 25.000
FMG.

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§ 2 – LES FAUX BILLETS DE BANQUE
A/- L’ELEMENT LEGAL
C’est l’article 139, al.2 du code pénal.
B/- L’ELEMENT MATERIEL
Le texte incrimine trois genres d’agissements :
- la contrefaçon (falsification)
- l’usage
- l’introduction sur le territoire malgache des billets de banque autorisés par la loi ou
des billets de même nature émis par le Trésor.
Généralement, c’est la contrefaçon de faux billets malgaches qui est incriminée par
l’article 139.
Mais en vertu de la Convention Internationale de 1929, ces textes sont applicables aux
monnaies et billets de banque étrangers.
C/- REPRESSION
La fausse monnaie est réprimée très sévèrement. La contrefaçon ou la falsification de
billets de banque est punie de la même peine que celle de faux monnayages sur des pièces d’or et
d’argent (c’est d’ailleurs écrit sur tout billet de banque). C’est la peine des travaux forcés à
perpétuité.
S’y ajoute la confiscation des faux billets et de tout le matériel qui a permis de réaliser la
contrefaçon.
D/- EXCUSE ABSOLUTOIRE
Infraction difficile à déceler. Les contrefaçons peuvent être extrêmement habiles.
Reproduction possible par la photographie.
Difficulté quant au papier employé qui est fourni par une seule entreprise faisant l’objet
d’une surveillance étroite.
Etant donné qu’il y a intérêt à découvrir le plus rapidement possible ce genre d’infraction
et en raison des difficultés que présentent les recherches en cette matière, le législateur a prévu
l’excuse absolutoire du dénonciateur (art.139 dernier al. Et art.138) : le dénonciateur est exempt
des peines mais peut néanmoins être frappé d’interdiction de séjour qui est une mesure de sûreté
(art.138, al.2).
§ 3 – LES IFNRACTIONS VOISINES DU FAUX MONNAYAGE
Les articles 139 à 144 prévoient trois groupes d’infraction :
* la contrefaçon du sceau de l’Etat, des effets publics, etc. et l’usage de ces effets
contrefaits (crime) ;
* l’usage frauduleux des timbres, marteaux, poinçons de l’Etat véritables (crime) ;
* la contrefaçon, falsification, imitation, altération et l’usage frauduleux de tous
timbres-poste, marques, papiers officiels, documents postaux, etc. (délit).
A/- CRIME DE CONTREFACON DU SCEAU DE L’ETAT, DES EFFETS PUBLICS
(art.139)
1)- Trois éléments
a)- la contrefaçon ou falsification, l’usage ou l’introduction à Madagascar des pièces
falsifiées ;
b)- le sceau de l’Etat, un bon du Trésor public ;
c)- l’intention criminelle.

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2)- Répression
- travaux forcés à perpétuité + amende de l’art.164
- l’excuse de l’art.135 n’est pas ici applicable.
B/- CRIME DE CONTREFACON DE TIMBRES, MARTEAUX, POINCONS DE
L’ETAT (art.140)
1)- Trois éléments comme ci-dessus.
L’objet est ici le timbre de l’Etat (et non le sceau) ; il ne s’agit pas non plus des timbres-
poste, mais du timbre figurant en impression sur le papier timbré.
Il s’agit ensuite des marteaux servant aux marques forestières ; dans les forêts
domaniales ; les arbres qui doivent être abattus ou ceux qui sont vendus sont marqués à l’aide d’un
marteau qui porte une certaine empreinte.
Il y a enfin, les poinçons de l’or et de l’argent. Les matières d’or et d’argent sont soumises
à une certaine vérification et portent un certain nombre de poinçons ; il y a le poinçon de l’orfèvre
qui les a fabriquées, et le poinçon de l’Etat qui garantit l’alliage dont est fait l’objet.
2)- Répression
-travaux forcés à perpétuité + amende de l’art.164
-pas d’excuse atténuante.
C/- CRIME D’USAGE FRAUDULEUX DES VRAIS TIMBRES ET MARTEAUX
(art.141)
1)- Incrimination
Il s’agit des timbres, poinçons et marteaux visés par l’article 140 du code pénal, mais
authentiques, qu’une personne se serait indûment procurée ;
Il faut une application ou un usage préjudiciable aux droits ou intérêts de l’Etat ; un
préjudice moral suffit.
2)- Répression
Réclusion de 5 à 10 ans + amende de l’art.164.
D/- DELIT DE CONREFACON DE MARQUES D’UNE AUTORITE, PAPIERS A
EN-TETE ET IMPRIMES OFFICIELS TIMBRES-POSTE, TIMBRES
MOBILES, ETC. (142)
1)- Incrimination
a)- L’article 142 donne la liste des marques, imprimés et timbres protégés :
* marques destinées à être apposées au nom du gouvernement sur les diverses espèces de
denrées ou de marchandises (ex. falsification des roulettes dont se servent les services vétérinaires
dans les services des abattoirs pour marquer la qualité de la viande) ;
* sceau, timbre ou marque d’une autorité quelconque (l’or en pièce vaut plus cher que
l’or en lingots ; pour monnayer cet or et lui donner l’apparence d’une véritable pièce d’or, on imite
ainsi sur la pièce une petite marque appelée le « différent » qui permet de différencier les diverses
émissions de la monnaie ; le fait d’imiter le différent utilisé en telle année par la Monnaie constitue,
dit la Cour de Cassation, une contrefaçon de la marque d’une autorité, le directeur de la Monnaie
pouvant être considéré comme autorité).
- papiers à en-tête ou imprimés officiels (l’individu agit ainsi pour tromper un tiers) ;
- timbres-postes, empreintes d’affranchissement, coupons-réponse émis par l’administration
malgache des postes, timbres mobiles.
b)- Sont incriminés la contrefaçon, l’usage, la vente le colportage, la distribution.

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2)- Répression
- Emprisonnement de 1 à 5 ans plus amende de 30.000 à 3.000.000 ;
- Facultativement : interdiction de séjour de 2 à 5 ans et privation pendant 5 à 10 ans
des droits de l’article 42.
- Confiscation et destruction du corps du délit.
3)- La tentative
Est punissable – art.142, dernier alinéa.
E/- DELIT D’USAGE FRAUDULEUX DE MARQUES, TIMBRES, IMPRIMES
VERITABLES (article 143)
1)- Incrimination
L’article 143 prévoit une fraude voisine de la précédent quoique moins grave. Il vise le
cas de l’individu qui s’es procuré des véritables marques, sceaux, timbres ou imprimés visés à
l’article 142 et s’en est servi de façon indue, en a fait un usage frauduleux.
2)- Répression
- Emprisonnement de 6 mois à 3 ans plus amende de 18.000 à 1.500.000 ;
- Facultativement : interdiction de séjour de 2 à 5 ans et privation des droits de l’article
42 pendant 5 à 10 ans.
F/- DELIT D’IMITATION DE DOCUMENTS OFFICIELS, D’USAGE DE
TIMBRES AYANT DEJA SERVI, DE CONTREFACON DE DOCUMENTS
POSTAUX MALGACHES OU ETRANGERS (art.144)
1)- Incrimination
Cet article groupe 6 modalités différentes d’infraction. Il répond aux buts suivants :
- éviter que des imprimés qui ressembleraient (plus ou moins) aux documents officiels
ne causent une méprise dans l’esprit du public (al.1, 2)
- réprimer l’usage de timbres-poste et timbres fiscaux ayant déjà servi, et empêcher de
truquer des timbres-poste ou valeurs postales pour leur donner une valeur qu’ils n’ont
pas (alinéa 3 et 4).
- réprimer la contrefaçon des documents postaux internationaux ou malgaches (alinéa
5 et 6).
2)- Répression
- Emprisonnement de 1 à 6 mois + amende de 15.000 à 150.000
- Confiscation et destruction du corps du délit.

SECTION 2
LE FAUX ET L’USAGE DE FAUX EN ECRITURES

SOUS-SECTION 1
LE FAUX

Définition : « Altération de la vérité dans un écrit, commise dans une intention criminelle,
ayant porté ou ayant pu porter préjudice à autrui ».
D’où trois éléments :
- altération de la vérité dans un écrit,
- possibilité d’un préjudice,
- intention coupable.

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§ 1 – LES TROIS ELEMENTS DE L’INFRACTION
A/- ALTERATION DE LA VERITE DANS UN ECRIT
a)- Altération de la vérité : donc celui qui, par des moyens dolosifs, écrirait la vérité,
ne ferait pas un faux.
b)- Dans un écrit : quel qu’il soit, c’est-à-dire imprimé, manuscrit, dactylographié, etc.
écriture conventionnelle, sténographique, sténotypique, mécanographique, carton perforé,
braille…
Mais cet écrit doit être la source ou la preuve d’un droit. Il doit donc constater une
convention, obligation, disposition ou décharge. Ou encore, il doit voir pour objet de constater des
déclarations ou des faits générateurs de droits et obligations (ex : une naissance, un mariage …).
Il faut que la falsification porte sur un de ces éléments, c’est-à-dire sur les actes juridiques
ou les faits que le document avait pour objet de recevoir ou constater.
Mais il n’est pas nécessaire que l’écrit soit un « instrument de preuve » en justice, ou fasse
foi.
Parfois, un même écrit peut ou non permettre un faux (ex. une facture n’ouvre pas droit à
une créance).
Mais entre commerçants, les factures peuvent servir de preuve d’une créance.
B/- PREJUDICE EVENTUEL
a)- Préjudice matériel :
Pas de faux sans préjudice possible. Ex. J’avais une quittance vraie. Je la perds ou elle est
détruite. J’en fabrique une fausse. Pas de préjudice.
b)- Préjudice moral : il suffit.
Ex. Atteinte à la réputation ou à l’honneur. (Fausse naissance pour déconsidérer une jeune
fille).
c)- Intérêt public : il suffit.
Ex. Fausses ordonnances médicales pour stupéfiants.
La jurisprudence admet que pour les actes public et authentiques tout faut constitue en
lui-même un préjudice car l’acte authentique ne doit pas être suspecté.
d)- Victime :
Peu importe que la victime du préjudice ne soit pas la personne dont on a falsifié
l’écriture.
e)- Validité de l’acte :
Elle est sans influence.
Même si l’acte est juridiquement nul, le faux est punissable. Ex. Un faux impute une
obligation à un aliéné interdit. L’obligation est nulle en droit civil. Mais le faux subsiste.
C/- INTENTION FRAUDULEUSE
Il faut et il suffit que l’auteur sache :
1)- qu’il altère la vérité,
2)- que cette altération puisse causer à autrui ou à la Société un préjudice matériel ou
moral,
Il n’est pas nécessaire en outre que l’auteur ait voulu effectivement nuire à autrui.
§ 2 – MODES D’EXECUTION DES FAUX
Faux matériel ou intellectuel.

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A/- FAUX MATERIEL
Ce peut être :
1)- Faux signature (même d’un imaginaire, ou illisible ou d’un prénom faux et nom
exact).
2)- Altération d’écriture : addition de mots, suppression de mots, ratures, surcharges,
grattages, interpolations ; c’est la fait d’introduire des passages, des chapitres entiers qui n’en font
pas partie (dans un ouvrage) ; etc.
L’altération peut porter sur des phrases, des mots et même des lettres. Parfois, c’est l’acte
entier qui est faux.
3)- Contrefaçon d’écriture : le faussaire imite l’écriture d’autrui. Il n’est pas nécessaire
que l’imitation soit habile et trompeuse.
B/- FAUX INTELLECTUEL
Trois types :
1)- Fabrication de conventions autres que celles tracées ou dictées par les parties. Cas
d’un notaire à qui une personne dicte une donation authentique et qui écrit en fait une donation
portant sur un montant supérieur au inférieur…
Cas d’un agent d’affaires qui écrit un acte s.s.p. de vente de fonds de commerce différent
de celui qui était convenu et le fait signer par les parties, etc.
2)- Constatation comme vrais de faits faux
Cas d’un officier d’état civil qui constate un décès alors qu’il sait que l’intéressé n’est pas
mort, etc.
3)- Supposition de personne
Ex. un notaire indique dans un acte de son ministère qu’une était présente à l’acte alors
qu’elle n’a pas comparu.
§ 3 – DIVERSES CATEGORIES DE FAUX
Trois grandes catégories :
A/- FAUX EN ECRITURES AUTHENTIQUES ET PUBLIQUES
1)- Authentiques : dressés par notaires, greffiers, huissiers, commissaires, agent de
change ;
2)- Publics judiciaires : actes de procédure (jugement, arrêt) – sentences arbitrales
revêtues de l’exequatur – rapport d’expert judiciaire déposé.
3)- Publics politiques : lois, arrêtés, décrets, traités…
4)- Publics administratifs : Registres des comptables du Trésor – registres de
Conservateur, des hypothèques, cadastres – mandats, registres, livres des P.T.T et Caisse Nationale
d’Epargne, titres et congés des régies financières, tous les registres publiques et actes des
administrations (listes électorales, état civil, certificat des maires).
B/- FAUX EN ECRITURES DE COMMERCE ET DE BANQUE
Tous les actes de commerce et de banque, malgaches ou étrangers. Peu importe que
l’auteur soit lui-même commerçant.
Notamment : livres de commerce (obligatoires ou facultatifs) – correspondance
commerciale, factures etc. effet de commerce (lettre de change ou billet).
Nota : la falsification ou contrefaçon de chèque est maintenant un délit (et non un crime)
spécial (décret loi du 24.5.38) ord. 72.041 du 16.11.72 Titres au porteur : de sociétés
commerciales, récépissés et warrants de marchandises, endossements d’effets de commerce, etc.,
assurance maritimes, assurances terrestres si elles concernent un risque commercial.

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C/- FAUX EN ECRITURES PRIVEES
Toutes les écritures qui ne sont ni authentiques ou publiques, ni de commerce et de
banque.
Ex. Registres et papiers d’un agriculteur, d’un simple particulier pouvant faire preuve
pour ou contre lui (salaires des domestiques, livraisons, …) – actes de baptême, fausse quittance,
reconnaissance de dette, police d’assurance incendie etc.
§ 4 – PENALITES
Le faux en écriture est, suivant le cas, soit un crime, soit un délit. Depuis la réforme du
code pénal malgache du 10 août 1962, on distingue :
A/- CRIMES
1)- Faux en écriture authentique par un fonctionnaire : travaux forcés à perpétuité ;
Par quiconque : travaux forcées à temps.
2)- Faux intellectuel par un fonctionnaire ou un officier public :
a)- faux en écriture authentique commis par un fonctionnaire ou officier public dans
l’exercice de son ministère (art. 145) – travaux forcés à perpétuité.
b)- faux intellectuel commis par un fonctionnaire ou officier public en rédigeant des
actes de son ministère (art. 146) – travaux forcés à temps.
3)- Faux en écriture authentique commis par toute autre personne (art. 147) – travaux
forcés à temps.
B/-DELITS
1)- Faux en écriture publique commis par un fonctionnaire ou officier public dans
l’exercice de ses fonctions (art. 145) cinq à dix ans d’emprisonnement.
2)- Faux en écriture publique, ou de commerce ou de banque commis par toute autre
personne (art. 147) – 2 à 10 ans d’emprisonnement.
3)- Faux commis dans leurs comptes par les administrateurs ou comptables militaires (art.
147) – 2 à 10 ans d’emprisonnement.
4)- Faux en écriture privée (art. 150) – 1à 10 ans d’emprisonnement.
En outre, pour tous les délits :
- cinq à dix ans de privation des droits (art. 42 C.P.)
- deux à cinq ans d’interdiction de séjour (facultatif)
C/- AMENDE (art. 164 C.P.)
Commune aux crimes et aux délits.
§ 5 – POURSUITES
- Une procédure spéciale est prévue par le CPPM dans des art. 524 à 530, dite du « faux
principal criminel ».
- La procédure de l’instruction préparatoire est obligatoire, ce qui exclut la « citation
directe » et « l’information sommaire ». Toutefois, en vertu de l’article 524, 3ème alinéa (L. 66.008
du 5.7.66). « La procédure décrite aux art. 524 à 528 n’est pas obligatoire s’il n’est pas contesté
par aucune des parties en cause que la pièce constitue un faux et qu’il n’y ait pas non plus de
contestation sur les fabrications alléguées ».
- Si un acte est reconnu faux, la Cour ou le Tribunal doit ordonner qu’il soit « rétabli, rayé
ou supprimé » (art. 530 CPPM).
- La tentative (crime ou délit) (art. 148, al. 2 C.P.) est punissable.
- Le ministère public poursuit même si aucun acte d’usage n’a suivi le faux.

103
- L’immunité de l’art. 380 C.P. ne s’applique pas (ex. dans le cas de faux commis par un
fils au préjudice de son père).
- Prescription : - crime : dix ans ;
- délits : trois ans.

SOUS SECTION 2
L’USAGE DE FAUX

La fabrication d’une pièce fausse et l’usage de cette pièce forment deux infractions
distinctes.
L’usage de faux est prévu par les articles 148 et 151 C.P. – Conséquence : celui qui fait
sciemment usage d’une pièce falsifiée est punissable même si l’auteur du faux n’est pas poursuivi
ou reste inconnu.
§ 1 – LES QUATRE ELEMENTS DE L’INFRACTION
A/- PREMIER ELEMENT : une pièce falsifiée (voir ci-dessus).
Il faut donc un écrit présent en lui-même les caractéristiques du faux criminel, abstraction
faite de la personnalité de don auteur (par ex. aliéné).
B/- DEUXIEME ELEMENT : usage de cette pièce
C’est un fait matériel, non défini a priori (distinct de la fabrication). Ex. présentation à la
caisse d’une banque d’un effet falsifié ; production en justice d’un écrit falsifié ; présentation d’un
faux récépissé à la gare, etc.
C/- TROISIME ELEMENT : usage fait en connaissance de la fausseté.
Il faut que l’agent ait connu la fausseté de la pièce. Si non, bonne foi exclusive de
l’intention criminelle.
D/- QUATRIEME ELEMENT : préjudice ou possibilité de préjudice.
Il faut que l’usage ait entraîné ou ait pu entraîner un préjudice pour autrui (voir plus haut).
§ 2 – PEINES
Le coupable d’usage est puni de la même peine que le faussaire. Dans tous les cas, en sus
de ladite peine, amende prévue par l’art. 164 C.P. (voir ci-dessus à faux).
§ 3 – POURSUITES
a)- Tentative d’usage de faux punissable (art. 148 et 151).
b)- Prescription distincte pour faux et pour usage.
c)- Possibilité » de poursuivre l’usage à Madagascar d’un acte faux fabriqué à l’étranger.
d)- Chaque acte d’usage : crime distinct.
e)- Le faussaire qui fait lui-même usage de faux peut avoir des complices distincts pour
le faux et pour l’usage.

SOUS SECTION 3
FAUX SPECIAUX

Les articles 153 à 162 du C.P. visent des faux commis dans les passeports, permis de
chasse, feuilles de route et certificats.
Les données générales du faux en écritures ci-dessus analysées sont applicables à ces faux
spéciaux.
Le code distingue :

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1)- Le faux concernant les passeports, les permis de chasse, les permis de conduire, la
carte nationale d’identité (art. 153 à 155).
2)- Le fait par un logeur ou aubergiste d’inscrire sous un faux nom sur ses registres, ou
de ne pas inscrire sur ceux-ci une personne logée (art. 154). Intention coupable nécessaire (différ.
avec contrav. Art. 472, 2ème).
3)- Le faux commis dans une feuille de route (art. 156 à 158).
4)- Le faux commis en matière de certificats médicaux, soit par une personne quelconque
(art. 159) soit par un médecin, chirurgien, dentiste ou sage-femme (art. 160).
5)- Le faux certificat de bonne conduite, d’indigence ou autre procédé pour attirer la
bienveillance (art. 161).
6)- La fausse attestation relatant des faits matériellement inexacts (art. 161).
Noter que pour tous ces faux spéciaux, le Code prévoir des peines d’emprisonnement
correctionnel (dont le taux est très diversifié) et en outre la peine d’amende prévue par l’article
164 C.P.).

SECTION 3
LE FAUX TEMOIGNAGE ET LES INFRACTIONS VOISINES
(art. 361 à 367 du Code pénal)

Le faux témoignage est une altération de la vérité susceptible de nombreuses modalités.


Le « parjure » est celui qui, après avoir juré de dire la vérité, ou attesté sous serment la
véracité d’une déclaration est convaincue d’avoir menti. Le « parjuré » est sévèrement puni, dans
tous les cas, par certaines législations étrangères, notamment les anglo-saxonnes.
Mais le Code pénal malgache ne réprime les déclarations mensongères que dans certains
cas assez limités.
Le « faux témoignage » puni par le code pénal malgache est une déposition contraire à la
vérité, devenue irrévocable, faite par un témoin, en justice, pour égarer les magistrats.
§ 1 – ELEMENTS DE L’INFRACTION
A/- UN TEMOIGNAGE RECU SOUS SERMENT
Toute déclaration reçue sans prestation de serment (« à titre de renseignement ») reste en
dehors du cadre du faux témoignage.
B/- RECU A L’AUDIENCE D’UN TRIBUNAL AYANT POUVOIR DE JUGE AU
FOND
Tribunaux répressifs, tribunaux civils ou de commerce, anciens tribunaux
d’arrondissement et de sous-préfecture, Cour d’appel, etc.
Ou encore témoignage reçu par un « délégué » de ces juridictions : juge commissaire ou
conseiller chargé soit d’une enquête civile, soit d’un complément d’information.
Mais pas devant une juridiction d’instruction pénale, ou devant un officier de police
judiciaire délégué par celle-ci, ou devant un magistrat du parquet agissant pour une information
sommaire. Même fait sous la foi du serment, faux témoignage n’est pas punissable dans ces
derniers cas. (cf. cass. Paris, 3 janvier 1859, D. 1859-1-439)
C/- TEMOIGNAGE IRREVOCABLE
Si le témoin se rétracte avant que son témoignage ne soit irrévocable, il n’est pas
punissable.
Le dernier délai sera :
- en Cour criminelle, lorsque le président déclare les débats clos ;

105
- en matière correctionnelle ou de simple police, jusqu’à la lecture du jugement ou de
l’arrêt ;
- en matière civile ou de commerce, jusqu’à la mise en délibéré de l’affaire ;
- devant un juge commissaire, jusqu’à la clôture du procès-verbal d’enquête.
Si un faux témoin ne se rétracte pas avant la lecture d’un jugement en premier ressort,
mais déclare vouloir se rétracter devant la cour d’appel après appel, cette rétractation ne fait pas
disparaître le délit.
D/- ALTERATION DE LA VERITE AYANT POUR EFFET D’EGARER LA
JUSTICE
Il faut que le mensonge ait pu exercer une influence sur l a décision au fond.
Le faux témoignage est punissable soit qu’il ait été « positif » : le témoin déclare avoir vu
ou entendu des faits inexacts ; soit qu’il ait été « négatif » : le témoin prétend n’avoir rien vu ni
entendu, alors que c’est inexact.
Peu importe le mobile.
Par contre, l’intention coupable est nécessaire, c’est-à-dire que l’agent doit avoir menti
sciemment. Mais il n’y a pas délit si le témoin se trompe de bonne foi, , ce qui est fréquent.
E/- PREJUDICE EVENTUEL
Le faux témoignage doit être susceptible de porter préjudice soit à une personne (une
partie au procès civil ou pénal) soit à la société. En conséquence, l’infraction existe aussi bien si
le faux témoin agit en faveur d’un accusé que contre lui. Mais il faut que le mensonge ait pu fausser
la décision des juges (même si ceux-ci ne se sont pas décidés d’après le faux témoignage).
§ 2 – PENALITES ET CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
A/- EN MATIERE CRIMINELLE
Emprisonnement de 5 à 10 ans (art.361 C.P.)
- Si l’accusé a été condamné à une peine plus forte que 5 à 10 ans d’emprisonnement, le
faux témoin subira la même peine (mais peut bénéficier des circonstances atténuantes …) art.361
C.P.
- Si le faux témoin a reçu de l’argent, une récompense ou des promesses : travaux forcés
à temps, ou même plus grave peine si l’accusé a été condamné à une peine supérieure (art.364
C.P.)
Confiscation de ce qu’a reçu le faux témoin.
B/- EN MATIERE CORRECTIONNELLE
Emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 25.000 à 375.000 FMG.
Facultativement :- si le prévenu a été condamné à plus de 5 ans d’emprisonnement, le
faux témoin qui a déposé contre lui subira la même peine.- Si le faux témoin a reçu de l’argent,
une récompense ou des promesses : réclusion.
Confiscation de ce qu’il a reçu (art.362 et 364 C.P.).
C/- EN MATIERE DE SIMPLE POLICE
- Emprisonnement de 1 à 3 ans et amende de 25.000 à 90.000 FMG.
- Facultativement : privation des droits (art.42, 5 à 10 ans, art.362 C.P.).
- Si le faux témoin a reçu de l’argent, une récompense ou des promesses :
emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 25.000 à 375.000 FMG. Facultativement, privation des
droits (art.42) 5 à 10 ans.
Confiscation de ce qu’il a reçu (art.364 C.P.).

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D/- DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES OU ADMINISTRATIVES
- Emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 25.000 à 100.000 FMG.
Facultativement : privation des droits (art.42) 5 à 10 ans (art.363).
- Si le faux témoins a reçu de l’argent, une récompense ou des promesses : réclusion.
Confiscation de ce qu’il a reçu (art.364).
§ 3 – PROCEDURE
A/- FAUX TEMOIGNAGE AU COURS D’UNE AUDIENCE DE JURIDICTION
REPRESSIVE : Procédure spéciale – voir C.P.P.M. art.385.
Possibilité pour le président de faire garder un témoin suspect par la force publique. Après
décision sur le fond, le président ordonne que le témoin soupçonné de faux témoignage soit
immédiatement conduit devant le procureur de la République aux fins de poursuite.
Cette procédure est applicable aux audiences des cours criminelles de la Cour d’Appel,
des tribunaux correctionnels et même simple police.
B/- FAUX TEMOIGNAGE AUX AUDIENCES CIVILES, COMMERCIALES,
ADMINISTRATIVES OU DEVANT DES JUGES COMMISSAIRES
Procédure ordinaire. En général, information sommaire car il y a « flagrant délit ». Sinon,
instruction préparatoire ou citation directe.
§ 4 – LES INFRACTIONS VOISINES
A/- LA SUBORNATION DE DEMOIN
C’est actuellement une infraction autonome, alors qu’à l’origine du code pénal, c’était
une forme de complicité du faux témoignage.
1)- Eléments de l’infraction
a)- une action en justice (déjà engagée, en tout état de cause) ou même en préparation
(en vue d’une demande ou d’une défense en justice). Peu importe la nature : civile, pénale,
administrative, etc.
b)- usage de moyens : promesses, offres ou présents, pressions, menaces, voies de fait,
manœuvres ou artifices … pour déterminer autrui.
c)- But : obtenir une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère. Ici, le
cadre est bien plus large que celui du faux témoignage. Ce texte permet d’atteindre celui qui se
fait délivrer une attestation mensongère écrite en vue d’une action devant le tribunal du Travail ou
en vue d’une demande de dommages intérêts après un accident, etc.
Peu importe que la subornation ait ou non produit son effet, le délit est consommé dès
l’usage des moyens ci-dessus. Mais la simple sollicitation n’est pas punissable.
Il peut y avoir cumul de cette infraction avec la complicité de faux témoignage (voir plus
haut, section I).
2)- Pénalités (art.365)
Un à trois ans d’emprisonnement et, ou 75.000 à 750.000 FMG d’amende.
B/- CAS DE L’INTERPRETE (art.367 C.P.)
L’interprète infidèle en justice, et la subornation d’interprète sont punis comme le faux
témoignage et la subornation de témoin, mais seulement en matière criminelle, correctionnelle ou
civile (et non, par conséquent, en matière de simple police).
C/- LE FAUX SERMENT EN MATIERE CIVILE (art.366 C.P.)
1)- Eléments constitutifs
L’art.366 du C.P. punit de peines correctionnelles le faux serment, si le serment a été
déféré ou référé en matière civile.
107
a)- Il faut un serment prêté devant une juridiction civile
Cour d’Appel, tribunal civil, tribunal de commerce, tribunal de travail, ancien tribunal de
sous-préfecture ou d’arrondissement. Il s’agit :
-soit d’un serment déféré par une partie en cause ou serment dérisoire qui entraîne la perte ou le
gain du procès et constitue une preuve absolue.
-soit du serment supplétoire déféré d’office par le juge pour fortifier sa conviction.
b)- la déclaration appuyée par le serment doit être fausse : La jurisprudence considère
que le serment étant un mode de preuve admis par la loi civile, sa fausseté ne peut résulter que de
la preuve du fait civil au sujet duquel il a été prêté ; or, les modes de preuve sont déterminés par
les articles 259 et suivants de la théorie générale des obligations. La preuve par témoins ou par
présomptions n’est admise en matière civile que si la valeur de l’objet principal de l’obligation est
inférieure à 10.000 francs (art.290 T.G.O.) ;
c)- Le faux serment doit avoir été prêté de mauvaise foi
2)- Poursuites
a)- Action publique
Le Ministère public peut exercer l’action publique dans tous les cas. Mais cet exercice est
généralement entravé par les difficultés de la preuve et la nécessité de se conformer aux règles du
droit civil pour établir la fausseté du serment.
3)- Répression
-Emprisonnement de 1 à 5 ans.
-Et amende 18.000 à 540.000 francs.
-Facultativement, privation des droits de l’article 42 pendant 5 à 10 ans à compter du jour
où le condamné aura subi sa peine.

SECTION 4
LA DENONCIATION CALOMNIEUSE

La faculté pour les citoyens de faire des dénonciations et des plaintes est un droit reconnu
par la loi et organisé par elle (art.131 C.P.).
Mais la dénonciation est punissable lorsqu’elle est calomnieuse. En effet, les fausses
dénonciations offrent des dangers particulièrement graves :
- elles exposent les particuliers dénoncés à des soupçons, à des poursuites et peut-être
à des condamnations imméritées ;
- et elles troublent directement l’ordre public en trompant la justice ; elles
l’outrageraient en lui imposant des recherches inutiles.
§ 1 – ELEMENT DU DELIT
A/- ELEMENT LEGAL – l’article 373 C.P.
« Quiconque aura, par quelque moyen que ce soit, fait une dénonciation calomnieuse
contre un ou plusieurs individus aux officiers de justice ou de police administrative ou judiciaire,
ou à toute autorité ayant le pouvoir d’y donner suite ou de saisir l’autorité compétente, ou encore
aux supérieurs hiérarchiques ou aux employeurs du dénoncé, sera puni d’un emprisonnement de
six mois à cinq ans et d’une amende de 25.000 à 750.000 francs ».
B/- ELEMENT MATERIEL
Il faut :
- qu’une dénonciation ait été faite,
- qu’elle ait été faite spontanément,
- qu’elle ait une certaine forme,
- qu’elle soit dirigée contre une ou plusieurs personnes,
108
- qu’elle impute à ces personnes un fait ou des faits susceptibles d’entraîner des
sanctions contre elles,
- que le fait imputé soit faux
- que la dénonciation ait été adressée à une autorité qui avait pouvoir d’y donner suite.
1)- Il faut une dénonciation
La dénonciation consiste à porter à la connaissance d’une autorité un fait répréhensible
(crim. 13 juillet 1922, B. cr.254). Lorsqu’elle émane de la partie lésée, la dénonciation prend le
nom de « plainte ».
Emanant d’une personne lésée par un délit, une plainte faite de bonne foi et dans laquelle
le plaignant exprime des soupçons à l’encontre de l’auteur possible du délit, constitue l’exercice
d’un droit et ne saurait autoriser la personne soupçonnée au profit de qui est intervenue une
ordonnance de non lieu à réclamer au plaignant des dommages intérêts (tribunal cantonal Ribeau-
ville, 21 avril 1950, Rev. Sc. Crim. 1950. 3 p.445).
La dénonciation est punissable, qu’elle émane :
- d’un particulier,
- ou d’un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions,
- ou même d’un organisme administratif, tel qu’un conseil municipal (cass. 4 janvier
1951, B.9).
2)- Spontanéité de la dénonciation
La dénonciation est essentiellement un acte spontané qui a pour but et pour objet de
provoquer une poursuite judiciaire ou des mesures disciplinaires contre la personne dénoncée.
Ne sont pas considérés comme dénonciateurs :
- le prévenu qui, pour se défendre, accuse, même sciemment un innocent (cass. 9 mars
1889, S. 90.1.143 ; D.89.1.387) ;
- l’individu qui, prévenu d’un délit de hausse illicite, accuse l’agent verbalisateur
d’avoir commis un faux (cass. 28 octobre 1943, B.108) ;
- le témoin entendu devant un tribunal ou une juridiction d’instruction ou au cours
d’une enquête officieuse, qui accuse un innocent (cass. 31 janvier 1859, S.60. L.746,
D.59.1.439 ; Paris 13 janvier 1904, D.1904 2.56) ;
- le témoin qui, ne pouvant comparaître, adresse une lettre au Président du Tribunal
(Cass. 8 mars 1951,
- le fonctionnaire qui, chargé d’une enquête administrative, insère dans son rapport des
dénonciations même sciemment mensongères (Cass. 18 juillet 1852, Dall. Rép., V° -
« Prise à partie », n°11).
Il suffit, du reste, qu’à son origine la dénonciation ait été spontanée. Peu importe que les
faits aient été précisés ultérieurement au cours d’une information ou au cours d’une enquête
ordonnée par le procureur de la République (cass. 30 mai 1862, D.64.5.93 ; 27 octobre 1892,
B.259).
Et la dénonciation conserve son caractère spontané même si elle vise un fait déjà connu
de l’autorité compétente (cass. Crim. 26 avril 1867, B. cr. N°101 ; 9 février 1950, D. 1950. 265, B
cr. N°45 ; contra : Paris 13 février 1904, D.P. 1904. 2.56).
3)- Forme de la dénonciation
L’article 373 du C.P. déclare que la dénonciation peut être faite par quelque moyen que
ce soit.
Avant la loi du 8 octobre 1943, la dénonciation devait avoir lieu par écrit. Depuis la
réforme introduite par cette loi, la dénonciation peut avoir été faite aussi bien verbalement que par
écrit.

109
Si elle est faite par écrit, il n’est pas nécessaire que l’écrit soit rédigé ou signé par son
auteur. Ainsi, il suffit que la dénonciation ait été consignée dans un procès-verbal par l’O.P.J. qui
l’a reçu, ou par les gendarmes chargés de la faire parvenir au parquet.
L’écrit peut être une lettre missive, une citation directe (qui constitue une sorte de plainte),
un texte imprimé ou copié à la machine à écrire.
Une lettre anonyme peut motiver une poursuite pour dénonciation calomnieuse.
4)- Dénonciation contre une personne déterminée
L’article 373 exige que la dénonciation ait été faite « contre un ou plusieurs individus ».
Mais il n’est pas nécessaire que la personne dénoncée soit expressément désignée ; il
suffit qu’elle le soit « clairement ». Il appartient aux juges du fait de décider, dans chaque espèce,
si cette désignation est suffisante.
On ne saurait considérer comme calomnieuse une plainte contre inconnu dès lors qu’il y
a doute sur l’intention du dénonciateur de viser une personne plutôt qu’une autre.
Enfin, il a été jugé qu’en dénonçant une personne morale ou un corps constitué, l’auteur
de la dénonciation avait visé les membres qui la composent et que le délit se trouve ainsi caractérisé
(cass. 1896, D.P. 1897, 1. 470).
5)- Le fait dénoncé doit être de nature à donner lieu à des sanctions.
Il faut que le fait dénoncé soit de nature à exposer la victime de la dénonciation à des
sanctions.
Mais peu importe la nature de la sanction (depuis la loi du 8 octobre 1943, car avant cette
loi, la dénonciation devait être de nature à motiver des poursuites judiciaires). Il n’est donc plus
nécessaire que cette sanction soit encourue à la suite d’une procédure pénale ou disciplinaire.
6)- Fausseté des faits dénoncés
Il faut que le fait imputé soit faux. Mais il n’esst pas indispensable que le fait soit
absolument faux ; il suffit que les circonstances indiquées comme l’ayant accompagné soient
fausses et qu’ainsi le fait ait été dénaturé (Cass. 2 mai 1919, S.1920 –1.391, D.1920, 1.64 ; 17
juillet 1947, B.180, J.C.P. 1947 ? 2.867 ? S.1948. 1.91, 24 juillet 1952, B.208) ou qu’en omettait
sciemment certains détails, le dénonciateur ait donné, en fait, une physionomie inexacte (Cass. 3
janvier 1873, D. 73. 1.169).
Le délit existe même si le dénonciateur a attribué à des faits exacts un caractère délictueux
qu’il savait ne pas exister (Cass. 20 mai 1899, S. 1901. 1.107 ; 23 juillet 1932, S. 1934. 1.118 ; 13
juillet 1950, B.211 ; S.1951. 1.39 ; 24 juillet 1950, B. 211 ; S.1951. 1.39 ; 24 juillet 1952, B.208).
La fausseté du fait dénoncé est un élément essentiel du délit. Cette fausseté doit être
constatée par la juridiction ou l’autorité compétente. Il n’en est autrement que si le fait dénoncé ne
peut plus donner lieu à sanction (amnistie, prescription, décès du prétendu auteur).
7)- Personnes auxquelles la dénonciation doit avoir été faite.
Avant la loi du 8 octobre 1943, la dénonciation devait avoir été adressée à un officier de
justice, ou de police judiciaire ou administrative, c’est-à-dire à un agent de l’autorité qualifiée, soit
pour intenter ou provoquer des poursuites, soit pour prendre ou provoquer des sanctions
disciplinaires.
Par l’expression « officiers de justice » la loi avait voulu montrer que toute dénonciation
calomnieuse fait à la justice était visée par le texte.
L’expression « officiers de police judiciaire » comprenait les officiers visés par les
articles 124 et suivants du C.P.P. et parmi eux surtout le Procureur de la République, à qui les
autres officiers transmettent les dénonciations par eux reçues ainsi que les officiers de police
judiciaire militaire ou maritime.

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Enfin, par « officiers de police administrative », la jurisprudence comprenait tous les
fonctionnaires publics qui, placés à la tête d’un service, ont un droit de surveillance sur leurs
subordonnés et peuvent, soit prendre à leur égard des mesures administratives de répression,
comme une révocation, une suspension, une privations de traitement.
Au reste, il n’était pas nécessaire que la plainte fût remise directement au fonctionnaire
qualifié. Si la dénonciation a été faite à un intermédiaire, il suffit, pour que le délit soit établi, que
l’auteur de cette dénonciation ait eu la volonté de la faire parvenir à l’autorité compétente ; et cette
volonté est présumée dès lors que l’intermédiaire était, de par les règlements, tenu de transmettre
la dénonciation à l’officier compétent (Cass. 17 janvier 1918, D.1920. 1.64 ; 19 février 1949,
B.64).
Le texte actuel vise expressément, outre les officiers de justice et de police judiciaire et
administrative, toute autorité ayant le pouvoir de donner suite à la dénonciation ou d’en saisir
l’autorité compétente, les supérieurs hiérarchiques et les employeurs du dénoncé. Ainsi, la loi
permet d’atteindre désormais les dénonciations faites aux chefs d’entreprises privées et aux
employeurs lorsqu’elles peuvent avoir pour effet d’entraîner une pénalité ou sanction quelconque.
C/- ELEMENT MORAL
Il faut que le dénonciateur ait agi de mauvaise foi, connaissant la fausseté des faits par lui
imputés à la personne dénoncée. Il ne suffirait pas qu’il ait agi à la légère ; par suite l’arrêt qui
omet de constater la mauvaise foi et se borne à affirmer que la dénonciation a été faite avec légèreté
et sous l’influence d’une animosité politique manque de base et doit être annulé (Cass. 21 mars
1884, B.99 ; 13 janvier 1944. B. 19 ; 8 mars 1951, B.72).
Cette intention est l’élément essentiel et caractéristique du délit car la dénonciation est
non seulement un acte licite, mais une obligation que la loi impose aux citoyens. Lorsque les fais
révélés sont faux, il faut distinguer trois hypothèses :
- La dénonciation par erreur excusable qui n’engage ni la responsabilité civile ni la
responsabilité pénale de son auteur puisqu’elle ne suppose ni intention coupable, ni
faute imputable ;
- La dénonciation téméraire qui est un délit civil ; celui qui accuse un innocent, le
croyant coupable, échappe à la loi pénale puisqu’il n’a pas d’intention délictueuse,
mais il doit réparer le préjudice qu’il a causé par sa faute ou son imprudence ;
- La dénonciation calomnieuse, intentionnellement mensongère ; celui qui, sciemment,
accuse un innocent mérite une peine.
La constatation de l’intention délictueuse est indépendant de la fausseté du fait dénoncé ;
elle est appréciée souverainement par les juges correctionnels qui puisent les éléments de leur
décision dans les circonstances de la cause et ne sauraient valablement motiver la condamnation
sur la seule déclaration de fausseté émanant de l’autorité compétente.
§ 2 – EXCEPTION PREJUDICIEULLE ET PROCEDURE
A/- EXCEPTION PREJUDICIELLE
Le délit de dénonciation calomnieuse n’existe qu’autant que la fausseté des faits dénoncés
a été préalablement constatée.
1)- Principe : sursis à statuer
Il faut donc que la personne dénoncée ait été irréprochable sur les faits dénoncés. Mais la
déclaration de la fausseté de ces faits par l’autorité compétente constitue une exception
préjudicielle au jugement du tribunal correctionnel.
On déroge ici donc au principe général que « le juge de l’action est juge de l’exception ».
Ce principe a été affirmé par une jurisprudence constante avant la réforme du 8 octobre
1943. Il a été notamment jugé que la vérité ou la fausseté des faits ne peut être appréciée et déclarée
que par l’autorité dans les attributions de laquelle rentre la connaissance de ces faits ; quelle a,
seule à sa disposition les documents propres à en vérifier l’existence ; que dans bien des cas
111
l’auteur judiciaire ne pourrait se livrer à des semblables investigations sans sortir des limites de
ses attributions (Cass. 22 décembre 1827, B.115 et 318, dans la célèbre affaire de MARCADIE,
Président du tribunal civil de Vervins qui avait dénoncé au Garde de Sceaux, le Procureur du Roi,
des juges de Paix et un notaire).
Le nouvel article 373, tell qu’il résulte de la rédaction de la loi du 8 octobre 1943, indique
expressément que « la juridiction saisie en vertu du présent article sera tenue de surseoir à statuer
si des poursuites concernant le fait dénoncé sont pendantes ». Cette phrase ne doit pas faire l’objet
d’une interprétation trop stricte ; en effet, le législateur a envisagé ici un simple exemple de sursis
à statuer mais il est bien certain que même si la poursuite n’est pas commencée, le tribunal saisi
de la dénonciation calomnieuse doit surseoir à statuer.
Le sursis est prononcé soit à la demande des parties, soit même d’office.
Pour ne pas suspendre indéfiniment le cours de la justice, le tribunal fixe un délai pendant
lequel la partie, à laquelle incombe la charge de la preuve, doit faire statuer sur la fausseté des faits
par la juridiction compétente. Si, à l’expiration du délai, la décision n’est pas rendue et si la partie
intéressée n’a pas fait les diligences nécessaires, le tribunal renvoie purement et simplement le
prévenu des fins de la poursuite, la preuve de la fausseté des faits, élément essentiel du délit, n’étant
pas rapportée.
C’est au poursuivant à provoquer la décision sur l’exception préjudicielle. Si la poursuite
en dénonciation calomnieuse a lieu d’office à la requête du Ministère public, celui-ci aura eu soin,
avant d’engager les poursuites de faire statuer sur la fausseté des faits. S’il a omis de le faire ou si
la décision n’émane pas d’une autorité compétente, il demandera un sursis.
2)- Exception
La règle de sursis à statuer n’est pas applicable en cas d’impossibilité légale de s’adresser
à l’autorité compétente. Il en est ainsi, par exemple, au cas où l’action publique, née du prétendu
délit dénoncé, se trouverait éteinte par l’amnistie, la prescription ou le décès de la personne
dénoncée. Dans ce cas, il appartient au tribunal de constater lui-même la fausseté des faits (Cass.
10mars 1842, S. 1842 1. 387 ; 8 novembre 1857, D.P. 1868. 1.190).
Il en est également ainsi en cas d’aveu du dénonciateur. Le sursis a pour but de vérifier et
d’établir l’existence de l’une des conditions essentielles du délit : si le prévenu l’avoue, le tribunal
peut tenir ce point pour constant et il ne lui reste plus qu’à rechercher si les autres éléments sont
réalisés et, spécialement, à apprécier si le dénonciateur a agi intentionnellement. Mais l’aveu de
l’auteur de la dénonciation relativement à la fausseté des faits ne serait pas opposable au complice
et on devrait surseoir si celui-ci prétendait qu’ils sont vrais ou même que leur fausseté n’est pas
établie.
3)- Autorité compétente pour rendre la décision préjudicielle
a)- Cas où le fait a le caractère d’un crime ou d’un délit
La fausseté de l’imputation contenue dans la dénonciation ne peut résulter que d’une
véritable décision judiciaire définitive et en dernier ressort ; arrêt d’acquittement, jugement de
relaxe, arrêt de non-lieu de la chambre d’accusation, ordonnance de non-lieu.
Depuis la loi du 8 octobre 1943, la fausseté des faits peut résulter aussi du classement
sans suite par le ministère public. Cependant, cette loi, si elle était imposée par les circonstances
et par le désir légitime de mettre un terme à l’afflux de dénonciations, n’était pas sans présenter de
graves dangers. Pour la première fois, le législateur donnait au classement sans suite la valeur d’un
acte juridictionnel. Et cependant, un tel acte ne présentait pas les mêmes garanties :
- En dehors du recours hiérarchique, aucun recours n’est possible à son encontre ;
- Il n’a pas l’autorité de la chose jugée et désormais la juridiction correctionnelle saisie
d’une poursuite en dénonciation calomnieuse est tenue de s’incliner devant cet acte si fragile qu’est
une décision de classement sans suite, qui n’a pas besoin d’être motivée qui tombera si son auteur ;
comme il en a le droit, se ravise (cf. Cass. 6 juin 1952, B. 142 en ce qui concerne le classement

112
sans suite opéré par le Procureur de la République), qui est révocable, le prévenu semblant pouvoir
faire la preuve du fait dénoncé (Bordeaux 27 avril 1944, Gas. Pal. 1944.2.26) ;
- Le classement sans suite n’indique pas toujours, comme le fait une décision de justice
rendue contre personne dénoncée, que ce qu’on impute à la personne dénoncée est inexact ou faux,
car ce classement peut avoir lieu seulement parce que les charges sont insuffisantes.
b)- Faits disciplinaires
S’il s’agit de fautes disciplinaires susceptibles d’être déférées à une juridiction
disciplinaire organisée, la fausseté de l’accusation résulte de la décision de l’organisme chargé de
statuer sur la poursuite ou de l’autorité compétente pour classer la plainte : poursuites disciplinaires
contre les magistrats, avocats, officiers ministériels, membres de l’Université…
c)- Cas où le fait au caractère d’une infraction administrative
La fausseté du fait reproché à un fonctionnaire résulte de la décision de l’autorité
compétente, ministres, préfets, recteur, maires, commandants de gendarmerie …
d)- Cas de faute reprochée à un employé d’une entreprise privée
La fausseté du fait résulte de la décision de l’employeur.
Mais comme les classements sans suite opérés par le ministère public, les décisions de
classement émanant de l’employeur sont révocables, et peuvent d’ailleurs, être prises pour des
raisons d’opportunité ; c’est donc un point discuté que de savoir si on doit les considérer comme
établissant la fausseté du fait dénoncé ou si les juges ne conservent pas sous ce rapport un pouvoir
d’appréciation. En tout cas, la juridiction de jugement concerne le droit d’apprécier la validité de
la poursuite sous le rapport de la bonne foi (Cass. 19 juin 1957, B. 499).
B/- PROCEDURE
1)- Poursuites
Le délit de dénonciation calomnieuse peut être poursuivi soit d’office par le ministère
public, soit sur la plainte de la personne dénoncée soit sur sa constitution de partie civile.
L’autorité judiciaire compétente pour instruire et statuer est celle :
- soit du lieu où le délit a été commis : lieu de la résidence de la personne à qui la
dénonciation est adressée (Cass. 13 mai 1943 ; B. 34).
- soit du lieu où le prévenu est domicilié ;
- soit, enfin, du lieu où il a été arrêté.
Il peut arriver, en pratique, que le tribunal correctionnel soit compétent pour connaître à
la fois du délit dénoncé et de la dénonciation calomnieuse et qu’il soit saisi en même temps des
deux poursuites (exemple : un individu, cité directement par une partie civile, forme
reconventionnellement contre elle une action en dénonciation calomnieuse. Le tribunal doit alors
se garder de joindre les deux affaires pour les juger par un seul et même jugement, ou même par
deux jugements rendus soit à la même audience soit la veille et le lendemain car il prendrait alors
pour base de sa décisions sur la dénonciation calomnieuse un jugement qui n’est pas définitif.
2)- Prescription
La prescription court du jour où la dénonciation a été déclarée calomnieuse et non du jour
où elle a été faite. (Cass. 6 février 1857 ; D.P. 1857. 1. 133, Chambre d’Accusation de Paris 22
juin 1951, Gas .Pal. 1951. 2.227). Certains auteurs (Rousselet et Patin) soutiennent qu’elle part du
jour où la dénonciation est parvenue à l’autorité compétente mais qu’elle est suspendue pendant
la procédure tendant à en démontrer la fausseté (Cass. 1er décembre 1945, B. 534, D. et S. 1956.
449 ; 19 juin 1956. B. 477, R.D.P. 1956. 266, 30 mai 1967, B. 165).
3)- Action civile
L’action civile en réparation du préjudice causé par le délit peut être intentée soit devant
le tribunal correctionnel, soit devant la juridiction civile.

113
a)- Action portée devant le tribunal correctionnel
La personne peut choisir la voie pénale, soit en joignant son action à l’action du ministère
public si celui-ci poursuit d’office, soit en mettant elle-même l’action publique en mouvement par
citation directe ou par constitution de partie civile devant le juge d’instruction.
Si la fausseté de l’accusation n’a pas été établie par une décision de la juridiction ou
l’autorité compétente, le tribunal correctionnel surseoit, s’il y a lieu, au jugement jusqu’à ce que
ladite décision soit rendue. Il faut accorder à la partie civile un délai pour faire statuer sur la
fausseté du fait.
b)- Action portée devant la juridiction civile
La personne lésée par la dénonciation peut se borner à demander des dommages intérêts
en s’adressant à la juridiction civile. Le juge doit surseoir à statuer jusqu’à ce que l’autorité
compétente ait statué sur le fait dénoncé (Cass. 3 août 1922, D. 1926. L. 150).
Pour un arrêt en date du 11 juin 1927, la Cour de Cassation admet que le tribunal, saisi
d’une demande d’indemnité pour dénonciation calomnieuse peut impartir au dénonciateur un délai
pour se porter partie civile devant la juridiction répressive compétente et faire statuer sur
l’exactitude de l’infraction dénoncée ; si le dénonciateur qui se prétend victime de l’infraction
dénoncée refuse d’agir, les juges peuvent en induire le caractère calomnieux de la dénonciation et
allouer des dommages intérêts au demandeur.
En tout cas, saisie d’une action en réparation du préjudice causé par une infraction, la
juridiction civile ne peut faire droit à la demande qu’autant que l’infraction est établie ; or, un des
éléments constitutifs du délit fait défaut tant qu’une décision (une simple décision de classement
sans suite suffit depuis le nouveau texte) n’est pas intervenue sur le fait dénoncé.
c)- Dommages intérêts obtenus d’une juridiction répressive qui a relaxé ou
acquitté
Les articles 190, 460, 439 al.2 du C.P.P. permettent au prévenu ou accusé qui a été relaxé
ou acquitté de demander, au tribunal de simple police, au tribunal correctionnel ou à la Cour
criminelle, des dommages intérêts contre le dénonciateur, partie civile, et ce sans préjudice d’une
poursuite pénale pour dénonciation calomnieuse.
Si c’est un tribunal de simple police ou un tribunal correctionnel qui a prononcé la
décision de relaxe, la demande est portée devant cette juridiction dans le délai de trois mois partir
du jour où celle-ci est devenue définitive. Elle est formée par conclusions du prévenu
immédiatement déposées contre la partie civile, la procédure suivie étant celle prévue pour la
poursuite des délits par voie de citation directe avec cette réserve que les débats ont lieu en chambre
du conseil.
S’il s’agit d’un accusé acquitté par une Cour criminelle, il peut demander à la partie civile
des dommages intérêts s’il établi que l’action téméraire ou dolosive de celle-ci et le ministère
public sont entendus de nouveau, une nouvelle délibération a lieu et l’arrêt est ensuite rendu
publiquement.
d)- Dommages intérêts après un non lieu
Au cas de l’ordonnance de non-lieu, l’inculpé peut également demander des dommages
intérêts contre la partie civile en saisissant par voie de citation directe la chambre de conseil du
tribunal correctionnel où l’affaire a été instruite (art.189 C.P.P.).
Il lui suffit d’établir que le dénonciateur a agi avec légèreté. Cette action n’est
évidemment pas exclusive de la poursuite en dénonciation calomnieuse.
§ 3 – PENALITES
- Emprisonnement de 6 mois à 5 ans.
- Amende de 25.000 à 750.000 francs.

114
- Eventuellement, insertion du jugement, intégralement ou par extrait, dans un ou
plusieurs journaux et aux frais du condamné.

CHAPITRE VI
LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA CHOSE PUBLIQUE

SECTION 1
LES ATTENTATS CONTRE LA SURETE DE L’ETAT

§ 1 – LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA SURETE EXTERIEURE DE L’ETAT


Les textes relatifs aux crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’Etat trouvent
actuellement leur siège dans les articles 75 et 86 du Code pénal. Ci-après un extrait du rapport de
présentation qui a mis en lumière les principes qui ont présidé à l’importante forme de 1939 :
« Les crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’Etat peuvent être répartis en deux
classes :
1)- ceux qui ont pour effet d’exposer l’Etat à un danger de guerre ;
2)- ceux qui ont pour effet d’affaiblir la défense de l’Etat, en cas de conflit. A cette
première distinction fondée sur la nationalité du coupable. Le décret, à ce point de vue
réparti les crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’Etat en trois catégories :
1)- les crimes commis par les nationaux qui constituent la trahison,
2)- les crimes commis par les étrangers qui constituent l’espionnage,
3)- les infractions d’une gravité moindre commises soit par les nationaux, soit par
les étrangers, qui constituent, en temps de paix, le délit, en temps de guerre, le crime
d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat.
« Les infractions visées par les articles 75 à 86 du C.P. peuvent se présenter sous deux
aspects différents ; ou bien elles ont pour objet et peuvent avoir pour effet de faciliter les
entreprises d’une puissance étrangère contre le pays, ou bien elles n’ont pas cet objet, mais peuvent
avoir cet effet. Le dommage causé peut être le même dans les deux cas. Il est certain, par exemple,
que celui qui, par inadvertance, divulgue un renseignement secret intéressant la défense nationale
peut causer autant de préjudice à l’Etat que l’espion qui s’assure la possession de ce secret ou que
le traître qui le livre à une puissance étrangère, mais si le dommage résultant de l’infraction est le
même, le degré de culpabilité de l’agent est variable …
par ailleurs, l’article 86 C.P. précise que les dispositions édictées par les codes de justice
militaire pour l’armée de terre et pour l’armée de mer en matière de trahison et d’espionnage,
demeurent applicables concurremment avec celles du code pénal.
A/- LA TRAHISON
C’est l’acte par lequel un malgache favorise sciemment les agissements d’une puissance
étrangère nuisibles à Madagascar.
1)- Eléments constitutifs
a)- Elément légal
Dans ses articles 184 et suivants, le Code de Justice du Service National réprime la
trahison en temps de guerre par des militaires ; dans les autres cas, les textes applicables sont les
articles 75 et 76 C.P.

115
b)- Elément matériel
L’auteur de la trahison ne peut être qu’un malgache, un militaire malgache ou au service
de Madagascar.
Les actes qui constituent les crimes de trahison sont les suivants :
- le port d’armes contre Madagascar ;
- les intelligences avec une puissance étrangère en vue de l’engager à entreprendre des
hostilités contre Madagascar ou de lui en fournir les moyens ;
- la livraison à une puissance étrangère ou à ses agents soit de troupe malgache, soit
de territoires, villes forteresses … ou de matériel appartenant à Madagascar ;
- la provocation adressée en temps de guerre, à des militaires, de passer à l’ennemi ;
- les intelligences avec une puissance étrangère en vue de favoriser en temps de guerre,
ses entreprises contre Madagascar ;
- la livraison à une puissance étrangère d’un secret de la défense nationale ;
- la destruction ou le sabotage d’un matériel employé pour la défense nationale ;
- la participation consciente à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la
nation.
c)- Elément moral
Le fait doit avoir été accompli avec l’intention coupable de favoriser les entreprises d’une
puissance étrangère.
Il n’y a pas lieu de tenir compte du mobile auquel a pu obéir l’auteur, les actes incriminés,
le crime existerait, par exemple, si l’accusé en fournissant un renseignement à une puissance
étrangère, avait pensé pouvoir obtenir, en contrepartie, des indications dont son pays pourrait
profiter (crime 1er février 1935 – D.H. – p. 181 ; cet arrêt condamne donc l’activité des personnages
dits « agents doubles ».
2)- Pénalité : peine de mort
Tous les individus, civils ou militaires, condamnés à mort pour crime contre la sûreté
extérieure de l’Etat sont fusillés (article 12 C.P. – art. 196 C.J.S.N.).
B/- L’ESPIONNAGE
L’espionnage consiste dans le fait par un étranger d’accomplir à Madagascar ou à
l’étranger, l’un des actes énumérés aux article 75 et 76 C.P. sauf celui visé à l’article 75 – 1° car
le port d’armes contre Madagascar ne constitue un crime qu’à l’égard des Malgaches. C’est tout
acte par lequel un étranger favorise par ses agissements les entreprises d’une puissance étrangère
nuisibles à madagascar.
1)- Eléments constitutifs
a)- Elément légal : art.77 C.P.
b)- Elément matériel et moral
Ce sont les mêmes que ceux du crime de trahison. Ce qui distingue l’espionnage de la
trahison, c’est que cette dernière n’est imputable qu’aux malgaches, ou assimilés, tandis que
l’espionnage n’est imputable qu’aux étrangers.
2)- Pénalité : peine de mort
C/- L’ATTEINTE A LA SURETE EXTERIEURE DE L’ETAT
1)- Généralités
C’est un acte nuisible à Madagascar accompli sans esprit de favoriser une puissance
étrangère. Cette infraction se distingue des crimes d’espionnage et de trahison :
- en ce qu’elle peut être imputée indifféremment à un malgache ou à un étranger ;

116
- en ce qu’elle n’est pas forcément perpétrée avec l’intention de nuire aux intérêts de
Madagascar, certaines négligences suffisant à constituer des infractions de cette
nature ;
- en ce qu’elle est moins grave et par conséquent moins sévèrement punie que
l’espionnage et la trahison.
Les atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat peuvent être classées en trois catégories :
1)- les atteintes à la sécurité nationale (art.79)
2)- les atteintes à l’unité nationale (art.80)
3)- les atteintes au secret de la défense nationale (art.83).
En outre, la non révélation d’actes nuisibles à la défense nationale est assimilée par les
articles 103 et 104 C.P. à une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat.
2)- Les différentes formes d’atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat
a)- Atteintes à la sécurité nationale
L’article 79 C.P. prévoit cinq cas :
- les actes hostiles non approuvés par le Gouvernement exposant Madagascar à une
déclaration de guerre ;
- les actes non approuvés par le Gouvernement, exposant à des représailles les
Malgaches ;
- l’embauchage de soldats sur le territoire malgache, en temps de paix, pour le compte
d’une puissance étrangère ;
- l’entretien en temps de guerre de relations avec les sujets d’une puissance ennemie,
sans autorisation Gouvernement ;
- le commerce (acte de commerce) avec l’ennemi en temps de guerre, au mépris des
prohibitions édictées.
b)- Atteintes à l’unité nationale
L’article 80 énumère deux cas :
- les menées séparatistes ou autonomistes (tentatives de sécessions) et quels que soient
les procédés employés ;
- l’entretien d’intelligences nuisibles à la situation militaire ou diplomatique de
Madagascar.
c)- Atteintes au secret de la défense nationale
Les articles 81 et 82 visent les cas suivants :
- la prise de possession d’un secret de la défense nationale ou le fait de le porter à la
connaissance du public ou d’une personne non qualifiée ;
- la négligence dans la garde de documents secrets ;
- la livraison ou la communication à une puissance étrangère d’une invention ou des
renseignements intéressant la défense nationale ;
- l’introduction frauduleuse dans une forteresse, un ouvrage… intéressant la défense
nationale ;
- la correspondance clandestine susceptible de nuire à la défense nationale ;
- le survol sans autorisation du territoire malgache par un aéronef étranger ;
- l’exécution de dessins ou photographies dans une zone interdite ;
- le séjour dans une zone interdite.
d)- Cas assimilés à une atteinte à la sûreté extérieur de l’Etat
Ce sont :
- la non révélation d’actes de trahison ou d’espionnage (art.103 – C.P.) ;
- la non révélation des relations avec un individu exerçant une activité nuisible à la
défense nationale (art.104 – C.P. ) ;

117
- en temps de guerre, tous autres actes sciemment accomplis de nature à nuire la
défense nationale (art.83 – al.4 C.P.).
3)- Pénalités
Voir article 83 C.P.
- En temps de guerre : travaux forcés à temps.
- En temps de paix : 1 à 5 ans d’emprisonnement – 180.000 à 1.800.000 francs d’amende.
- Tentative d’un délit punissable.
D/- REGLES DE COMPETENCE
Voir article 517 et suivant du C.P.P.
1)- Crimes
Les crimes contre la sûreté extérieure de l’Etat commis en tout temps sont jugés par le
tribunal militaire.
2)- Délits
a)- temps de guerre : tribunal militaire.
b)- temps de paix : tribunal militaire aussi, sauf pour :
- les délits prévus à l’article 80 (atteintes à l’unité nationale) commis par des personnes
autres que les militaires ou assimilés : jugés par les tribunaux correctionnels siégeant aux chefs
lieux des provinces ;
- les délits commis par l’un des moyens énumérés à l’article 53 de l’ordonnance
n° 74.014 du 21 mars 1974 portant charge de la presse : même juridiction que dessus.
§ 2 – LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT
Le processus criminel ou « iter criminis » comporte plusieurs étapes :
- une phase interne au cours de laquelle le criminel conçoit d’abord l’idée du crime à
commettre, délibère ensuite sur la conduite à tenir, arrête enfin la résolution d’agir ;
- une phase préparatoire au nom de laquelle il achète, par exemple, une arme : ce sont
les actes préparatoires, dont la caractéristique est l’équivocité ;
- une phase définitive se subdivisant en deux :
* une mise en œuvre, un commencement d’exécution que la volonté de l’auteur ou
une cause étrangère peut d’ailleurs arrêter ;
- dénouement, un résultat conforme ou non à l’intention délictuelle.
A partir de quel moment la loi peut-elle intervenir dans ce processus criminel et punir
l’agent. L’article 2 du code pénal nous donne la réponse de principe.
La loi ne réprime pas la phase interne et la phase préparatoire, elle ne retient que la phase
définitive, sous la forme de la tentative (ou du délit manqué) et du délit consommé.
Mais rien de semblable en matière de crimes contre la sûreté intérieure de l’Etat. En effet,
la forme sociale du pays, ses lois et ses institutions doivent être à l’abri de toutes les atteintes.
L’intérêt suprême de l’Etat commande ici que la loi pénale suive les progrès de la résolution
criminelle et ceux de chacune des phases de l’action que l’agent prépare ou veut accomplir.
Entre la résolution, acte interne, toujours impuni car on ne peut scruter les consciences,
et la tentative, acte d’exécution punissable, on distingue ici trois étapes intermédiaires (faits
impunis pour les crimes de droit commun, mais punissables en matière de crime contre la sûreté
intérieure de l’Etat) :
-la proposition faite et non agréée de former un complot ;
-le complot proprement dit ;
-les actes matériels commis ou commencés tendant à préparer l’exécution du complot.

118
La phase définitive, elle, comprend deux degrés, la tentative et la consommation du crime,
qui sont assimilées en notre matière et qualifiées du nom générique d’attentats. « L’exécution ou
la tentative constitueront seuls l’attentat » (art.88 C.P.).
A/- CRIMES ET DELITS TENDANT A DETRUIRE OU CHANGER LE
GOUVERNEMENT OU A EXCITER LES CITOYENS A S’ARMER CONTRE
L’AUTORITE OU A TROUBLER L’ETAT PAR LA GUERRE CIVILE
(art.87 à 91 C.P.).
1)- Proposition faite et non agréée de former un complot
a)- Eléments constitutifs de l’infraction
L’article 89, al.4 C.P. prévoit et punit toute proposition faite et non agréée de former un
complot pour arriver aux crimes mentionnés dans les articles 87 et 88 C.P.
La loi ne punit pas, on l’a vu, la simple résolution de commettre un crime d’Etat, alors
même que cette résolution serait avouée, oralement ou par écrit, donc prouvée. Il y a une différence
essentielle entre la résolution pure et simple et le fait externe prévu par l’article 89 al.4. Si un
individu qui a formé le dessein de détruire ou de changer le gouvernement, fait part imprudemment
de sa résolution à un tiers non pour lui proposer de participer au crime, mais simplement à tire
confidentiel, il ne sera pas punissable, car cette résolution est encore inactive ; mais, s’il va plus
loin, s’il essaie de trouver des auxiliaires, s’il propose à un tiers de s’associer à lui, il devient alors
pénalement répréhensible.
Pour que l’infraction soit constituée,
- il faut qu’il y ait proposition de former un complot, la proposition dont il s’agit suppose
un objet déterminé, un projet arrêté à l’avance : les propos vagues, les désirs des passion politiques,
les menaces mêmes ne suffiraient pas pour la caractériser ; par ailleurs, cette proposition doit être
précise, formelle, directe, chercher des adhérents et des complices, contenir des plans, indiquer
des moyens d’exécution et être nettement exprimée de former un complot pour arriver aux crimes
mentionnés par la loi ;
- il faut que cette proposition n’ait pas été agréée par celui auquel elle s’adresse.
b)- Pénalité
- Emprisonnement de 1 à 5 ans.
- Interdiction des droits de l’article 42 facultativement.
2)- Le complot proprement dit, suivi d’un acte préparatoire ou d’exécution
a)- Eléments constitutifs
Il y a complot dit l’article 89 – al.3 dès que la résolution d’agir est concertée entre deux
ou plusieurs personnes.
Il s’agit là d’une exception à l’article 2 du C.P. qui ne punit la tentative que lorsqu’elle se
manifeste par un commencement d’exécution. Mais tout en écartant le commencement
d’exécution, la loi exige quatre éléments pour l’existence du complot :
- une résolution d’agir, c’est-à-dire une volonté positive d’exécuter l’attentat, et non
pas un simple projet vague et incertain ;
- une résolution arrêtée, c’est-à-dire dans laquelle les agents sont d’accord sur le but et
sur les moyens du complot ;
- une résolution concertée entre deux ou plusieurs personnes : il faut qu’il y lait
association de ces personnes pour l’exécution ;
- un pacte d’association formé en vue et pour l a consommation de l’un des attentats
prévus par l’article 87.
b)- Pénalité
Détention (article 89, al.2)
119
3)-Complot suivi d’actes commis ou commencés pour en préparer l’exécution
a)- Eléments constitutifs
Il s’agit du complot prévu et réprimé par l’article 89, al.1er C.P.
C’est un complot aggravé, accompagné d’une circonstance aggravante, laquelle implique
la réunion de deux conditions :
- Il faut que le complot ait été suivi d’une acte, au sens matériel du mot ; des discours et
des écrits ne suffiraient pas (Cass. 26 mars 1817 B.33) ;
- Il faut que l’acte ait été commis ou commencé pour en préparer l’exécution, sans
constituer un acte d’exécution auquel cas le fait cesserait d’être un complot aggravé pour devenir
un attentat ; à ce sujet, M. GARRAUD a dit « tant que les conjurés n’ont pas passé à l’action, leurs
préparatifs, quelques poussés qu’ils soient,, ne constituent pas l’attentat ; ainsi l’achat de
munitions, la location d’entrepôts pour les déposer, sont des actes préparatoires. Mais si les
conjurés se réunissent, se distribuent les armes et se mettent en marche pour commencer une
attaque, ils sont en pleine période d’action et l’exécution du complot est commencée ». Bref, les
actes préparatoires sont ceux qui précèdent l’action mais n’en sont pas une partie intrinsèque,
tandis que les actes d’exécution sont ceux dont la série et l’ensemble constituent le crime même.
b)- Pénalités
Déportation (art.89 – al.1er).
4)- L’attentat proprement dit
a)- Eléments constitutifs
En poursuivant jusqu’à son terme le chemin de l’action délictueuse, on arrive aux actes
d’exécution auxquels la loi réserve la qualification d’attentat aux termes de l’article 88 C.P.
« L’exécution ou la tentative constitueront seuls l’attentat. Ainsi, le législateur a clairement
englobé dans cette expression générique « d’attentat » à la fois le crime accompli, le crime manqué
et la tentative manifestée par un commencement d’exécution dans les termes de l’article 2 du code
pénal.
L’attentat doit donc être manifesté par un acte d’exécution commencé. Ill faut noter que
les discours et écrits contenant des provocations à commettre des crimes contre la sûreté de l’Etat
ne peuvent constituer le fait matériel de l’attentat (mais ils peuvent constituer une infraction à
l’article 53 de l’ordonnance n°74-014 du 21 mars 1974 portant charte de la presse).
Le Ministère public doit prouver que les accusés ont commis certain actes matériels et
démontrer ensuite que, ce faisant, ils poursuivaient un des buts qui constituent le crime : détruire
ou changer le gouvernement, exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité (art.87) ;
exciter à la guerre civile … (art.91). L’attentat existe s’il est établi que les accusés ont accompli
des actes matériels quelconques en relation directe avec l’un de ces buts criminels.
Les articles 87 et 90 incriminent quatre sortes d’attentats :
- L’attentat ayant pour but de détruire ou de changer le gouvernement ;
- L’attentat qui a pour but d’exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité
l ; ce que la loi entend protéger ici, c’est l’autorité du chef du pouvoir exécutif quel
qu’il soit, c’est-à-dire l’exercice légal des fonctions qui lui sont dévolues par les lois
constitutionnelles en vigueur.
Le fait d’exciter à la guerre civile en armant ou en portant les citoyens ou habitants à
s’armer les uns contre les autres. La guerre civile c’est celle qui déchire entre eux les enfants d’une
même patrie, les membres d’une nation ; elle existe dès qu’il y a entre eux un état ouvert
d’hostilité ; ne sont pas considérées comme des guerres civiles les rixes isolées, les attaques
accidentelles, les séditions locales de courte durée. Peu importe le but ou le mobile (qui doit être
assez puissant pour soulever un grand nombre de citoyens) qui arme les citoyens les uns contre les
autres ; but politique ou social mais pourra être aussi l’intérêt matériel ou le fanatisme religieux.

120
Le fait de porter la dévastation, le massacre et le pillage dans une ou plusieurs communes ;
cet attentat n’est puni que s’il a eu ce triple but quoiqu’il ne l’ait pas atteint.
b)- Pénalités
Déportation (article 87) ou la peine de mort (article 91).
B/- LES CRIMES TENDANT A TROUBLER L’ETAT PAR L’EMPLOI ILLEGAL
DE LA FORCE ARMEE, LA DEVASTATION ET LE PILLAGE PUBLIC
(Art.92 à 100 C.P.)
Ces crimes qui n’ont pas reçu de la loi la qualification expresse d’attentats, sont
punissables :
1)- La levée irrégulière des troupes
L’article 92 punit « ceux qui auront levé ou fait lever des troupes armées, engagé ou
enrôlé, fait engager ou enrôler des soldats ou leur auront fourni ou procuré des armes ou munitions
sans ordre ou autorisation du pouvoir légitime ». il s’agit, quoique le texte ne le dise pas, d’un
armement dirigé contre le gouvernement et ayant pour but de troubler l’Etat par la guerre civile.
Il ne faut pas confondre ce crime (enrôlement illégal) avec l’embauchage de militaires
sous les drapeaux (art.188 C.J.S.N.) ni avec l’enrôlement de soldats pour le compte d’une
puissance étrangère (art.79, 3° C.P.).
La peine est la peine de mort.
2)- Le commandement illégal
L’art. 93 prévoit trois faits distincts d’usurpation d’un commandement militaire
(d’usurpation de fonctions militaires et non civiles) :
- le fait de prendre, sans droit ou motif d’une troupe, d’une flotte, d’une escadre, d’un
bâtiment guerre d’une place forte, d’un poste, d’un port, d’une ville ;
- le fait de retenir, contre l’ordre du gouvernement un commandement militaire
quelconque ;
- le fait, par les commandants, de tenir leur ou troupe rassemblée, après que le
licenciement ou la séparation en auront été ordonnés.
Peine : peine de mort.
3)- L’opposition à la levée des gens de guerre
L’article 94 punit et prévoit ce crime qui est constitué par la réunion de trois
circonstances :
- Il faut que l’agent ait pu disposer de la force publique à raison de ses fonction ou de
ses qualités ;
- Il faut qu’il en ait requis ou ordonne fait requérir ou ordonner l’action ou l’emploi ;
- Il faut que cette action ait été dirigée contre la levée des gens de guerre légalement
établie, c’est-à-dire contre l’exécution des lois sur le règlement.
Peine : Déportation
Peine de mort si la réquisition ou l’ordonnance ont été suivis d’effet, l’effet dont il s’agit
est le fait que la force publique aurait été employée à l’exécution de l’ordre, quel que soit le résultat
de cet emploi.
4)- L’incendie ou la destruction par l’explosion d’une mine des édifices de l’Etat
L’article 95 qui prévoit et punit ce crime doit être rapproché de l’article 435.
L’article 95 suppose que l’explosion de la mine a lieu en présence des rebelles ou pour
les servir.
L’auteur est puni de mort.

121
5)- Les bandes armées (art.96)
a)- Organisation de bandes armées
Constitue un crime si generis d’organisation des bandes armées lorsqu’elles ont pour bue
de commettre un crime contre la sûreté de l’Etat, indépendamment même de la tentation ou de
l’exécution du crime.
Ce crime nécessite la réunion de trois conditions :
- Il faut q’une bande ait été organisée. Cette organisation que la loi n’a pas décrite,
suppose une association préalable, une direction, des commandements, des fonctions subalternes :
elle suppose l’armement des hommes des munitions, des convois de subsistances. C’est pourquoi
la bande n’est pas un attroupement car elle suppose une organisation et une hiérarchie, et une
réunion n’est pas non plus une bande car elle n’implique pas, comme cette dernière, une
association préalable et un commandement.
- Il faut que la bande soit armée et l’article 101 C.P. précise que sont compris dans le
mot armes, toutes machines, tous instruments ou ustensiles tranchants, perçants ou contondants et
que les couteaux et ciseaux de poche, les cannes simples ne seront réputés armes qu’autant qu’il
en aura été fait usage pour tuer, blesser ou frapper ». Il faut noter qu’il n’est pas nécessaire que
tous les individus composant la bande soient armés.
- Il faut que la bande ait été organisée dans l’un des trois buts suivants
* soit pour envahir des domaines, propriétés ou deniers publics, places, villes,
forteresses, postes, magasins, arsenaux, vaisseaux ou bâtiments appartenant à l’Etat ;
* soit pour piller ou partager des propriétés publiques ou nationales, ou celles d’une
généralité de citoyens ;
* soit enfin pour fait attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les
auteurs de ces crimes.
Ceux qui ont exercé un commandement ou une fonction quelconque sont punis de mort.
b)- Complicité du crime d’organisation de bandes armées
L’article 96, al.2 prévoit et punit des faits de complicité qui ne tomberaient pas toujours
sous le coup des articles 59 et 60, al.2 « Ceux qui auront dirigé l’association, levé ou fait lever,
sciemment et volontairement fourni ou procuré des armes, munitions et instruments de crime, ou
envoyé des convois de subsistances ou qui auront de toute manière pratiqué des intelligences avec
les directeurs ou commandants des bandes ».
Cette disposition s‘écarte des principes des articles 59 et 60 en trois points différents :
- tandis que l’article 60 ne saisit comme complices que les individus qui ont pris part
aux préparatifs d’un crime commis ou tenté, l’article 96 inculpe la seule assistance à un acte
préparatoire, l’organisation des bandes, indépendamment de l’exécution et même de la tentative
du crime.
- la complicité s’établit, non seulement par les modes de participation énumérés dans
l’article 60, mais par le seul fait d’avoir « de toute manière pratiqué des intelligences avec les
directeurs et commandants des bandes ;
- enfin, la peine appliquée aux complices est, non celle applicable à ceux qui ont fait
partie des bandes, mais celle applicable à ceux qui y ont exercé un commandement ou une fonction.
Ces complices sont punis de mort.

122
c)- Exécution (ou tentative) des crimes prévus par les art.87 – 88 et 91 C.P.
L’article 97 prévoit le cas où la bande armée s’est livrée à l’exécution ou à la tentative de
l’un des crimes énoncés aux articles 87, 88 et 91.
Les circonstances caractéristiques de ce crime sont :
- que les inculpés aient fait partie d’une bande organisée et armée suivant les termes
de l’article 96 ;
- que cette bande ait exécuté ou tenté l’un des crimes susvisés ;
- que les délinquants aient été saisis, armés ou non armés, sur le lieu-même de la
réunion séditieuse. La circonstance de l’arrestation sur le lieu n’est pas exigée à l’égard
de « quiconque aura dirigé la sédition ou aura exercé dans la bande un emploi ou
commandement quelconque ».
Les coupables sont punis de mort.
d)- Réunion séditieuse n’ayant pas pour objet ou pour résultat les crimes énoncés
aux articles 97, 88 et 91.
L’article 98 exige les conditions suivantes :
- que les délinquants aient fait partie d’une bande armée et organisée ;
- que cette bande ait eu pour but non les crimes prévus par les articles 87, 88 et 91 mais
ceux de l’article 96 ;
- que les délinquants n’aient exercé ni commandement ni emploi ;
- qu’ils aient été saisis sur les lieux.
La peine est celle de la déportation.
e)- Recel des bandes armées
L’article 99 prévoit un recel de personnes.
Il est nécessaire pour que cette infraction soit constituée :
- que les bandes aient été organisées suivant les prévisions de l’article 96 ;
- que les inculpés aient connu le but et le caractère de ces bandes ;
- qu’ils leur aient volontairement et sans contrainte fourni des logements, lieux de
retraite ou de réunion.
La peine est celle des travaux forcés à temps.
f)- Excuse absolutoire (art.100)
L’article 100 prévoit une exemption de peine au profit de certains membres de la bande
sous condition :
- qu’ils n’y aient exercé aucun commandement ou aucun emploi : il s’agit des
subordonnés ;
- qu’ils se soient retirés au premier avertissement des autorités civiles ou militaires ou
même depuis ;
- que les rebelles aient été saisis hors des lieux de la réunion séditieuse, sans opposer
de résistance et sans ares ; il faut entendre ces derniers mots dans le sens de « sans
armes employées à faire résistance » : peu importe donc qu’ils aient gardé leurs armes
s’ils n’en font pas usage (Cass. 9 février 1832, B. 48).
Mais ils peuvent être condamnés à l’interdiction de séjour sans préjudice des peines
afférentes aux crimes particuliers qu’ils auraient personnellement commis (art.100, al.2).
C/- QUID DE L’ATTROUPEMENT
Aux termes de l’article premier de l’ordonnance n°60.104 du 21 septembre 1960 relative
aux attroupements JORM du 1.1.60, p.1947), est considéré comme attroupement toute réunion
préméditée ou occasionnelle de personnes sur une voie publique.
Par voie publique, il faut entendre les rues, places publiques et en général, les voies de
communication à l’exclusion des autres lieux publics.

123
Cependant, les lieux publics attenants directement aux voies publiques pourraient leur
être assimilés.
1)- Attroupement interdit : distinction entre l’attroupement armé et l’attroupement non
armé.
La loi interdit formellement tout attroupement armé sur la voie publique (art.2, al.1er de
l’ordonnance susvisée) mais elle prohibe aussi tout attroupement non armé qui pourrait troubler la
tranquillité publique (art.2, al.2).
Aux termes de l’article 3 de l’ordonnance, l’attroupement est armé.
a)- quand plusieurs des individus qui le composent sont porteurs, de façon apparente
ou cachée, d’armes ou d’objets pouvant en tenir lieu ;
b)- lorsqu’un seul de ces individus porteur, de façon apparente ou cachée, d’armes ou
d’objets pouvant en tenir lieu, n’est pas immédiatement expulsé de l’attroupement par ceux-là
mêmes qui en font partie.
2)- Modalités de dissolution des attroupements (article 4 de l’ordonnance)
Lorsqu’un attroupement armé ou non armé est formé sur la voie publique, le maire ou
l’un de ses adjoints, à leur défaut le chef de canton, le sous-préfet, le commissaire de police ou out
autre agent ou dépositaire de la force publique et du pouvoir exécutif, se rend sur le lieu de
l’attroupement. Si donc un attroupement se forme et devient menaçant pour l’ordre public, le
Procureur de la République ou le Président de Section, au cas où il n’y a pas de commissaire de
police ou de sous-préfet, ou lorsqu’il croit nécessaire d’agir lui-même, doit se rendre
immédiatement sur les lieux. Il va de soi qu’il devra toujours se faire assister par la gendarmerie
et que si l’effectif de ce corps ne paraît pas suffisant, il requérra l’armée ; il remettra, à cet effet,
au commandant d’armes, une réquisition écrite après, d’être, autant que possible, concerné avec
lui.
Le représentant de l’ordre public doit porter les insignes de sa fonction ou utiliser tout
moyen permettant de faire reconnaître sa qualité : le maire, par exemple, portera l’écharpe
tricolore.
A moins que l’attitude agressive de la foule n’empêche l’accomplissement e la formalité,
son arrivée sur les lieux sera annoncée notamment par haut-parleur, porte-voix, coups de sifflets,
roulements de tambour, sonneries de clairon, appels de conques, ou tout autre moyen jugé
approprié.
Si l’attroupement est armé, le représentant de l’ordre public lui fera sommation de se
dissoudre et de se retirer. Cette première sommation restant sans effet, une seconde sommation
sera faite, annoncée de la même façon que l’arrivée sur les lieux du représentant de l’ordre public,
c’est-à-dire précédée de coups de sifflets ou d’un roulement de tambour ou d’une sonnerie de
clairon, etc. En cas de résistance, c’est-à-dire si la deuxième sommation reste sans effet,
l’attroupement sera dissipé par la force.
L’ordonnance n°60-104 du 21 septembre 1960 ne donne pas de formule pour ces
sommations. Celle prescrite par l’article 26 de la loi française du 3 août 1791 est la suivante :
« Obéissance à la loi ! On va faire usage de la force : que les bons citoyens se retirent ».
L’article 12 de l’ordonnance n°73-020 du 27 août 1972 relative à la proclamation de la loi martiale
pour le maintien de l’ordre (JORM du 1.9.72 – p.2030) prévoit la formule suivante :
« La loi martiale a été proclamée : dispersez-vous – première sommation – dispersez-
vous, l’on va faire feu – deuxième sommation ; - dispersez-vous, l’on va faire feu, troisième et
dernière sommation ».
3)- Peines
a)- Attroupement armé – art.5
Si l’attroupement s’est dissipé après la première sommation et sans avoir fait usage de ses
armes :

124
- aucune peine contre ceux qui n’étaient pas personnellement armés ;
- un mois à un an d’emprisonnement contre ceux qui étaient armés et cette peine est
portée de un an à trois ans si l’attroupement s’est formé pendant la nuit ;
Si l’attroupement ne s’est dissipé qu’après la deuxième sommation mais avant l’emploi
de la force et sans qu’il ait fait usage de ses armes, la peine est de un à trois ans, et de deux à cinq
ans d’emprisonnement si l’attroupement s’est formé pendant la nuit ;
Si l’attroupement ne s’est dissipé que devant la force, la peine est de cinq à dix ans de
détention, de cinq à dix ans de réclusion si l’attroupement s’est formé la nuit ;
Si l’attroupement ne s’est dissipé qu’après avoir fait usage de ses armes, la peine est de
cinq à dix ans de réclusion.
Les peines prononcées dans ces deux derniers cas, (détention ou réclusion) ne sont
applicables aux individus non armés faisant partie d’un attroupement armé, au cas d’armes
cachées, que lorsqu’ils ont eu connaissance de la présence, dans l’attroupement, de plusieurs
personnes portant cachés des armes ou objets pouvant en tenir lieu ; mais ils restent passibles des
peines portées aux 1°, 2° et 4° de l’article 5.
b)- Attroupement non armé (article 6)
Si l’attroupement s’est dissipé après la première sommation, aucune peine n’est
prononcée ;
Si l’attroupement ne s’est pas dissipé après l’annonce de la deuxième sommation
(roulement de tambour) sonnerie de clairon, etc.) et avant que celle-ci soit formulée, tout individu
qui n’a pas abandonné l’attroupement est puni de 15 jours à six mois d’emprisonnement.
Si l’attroupement n’a pu être dissipé que par la force, la peine est de six mois à deux ans.
4)- Provocation à un attroupement
Aux termes de l’article 7, al.1 de l’ordonnance du 21 septembre 1960, toute provocation
à un attroupement armé ou non armé, par des discours proférés publiquement et par des écrits ou
des imprimés, affichés ou distribués, est puni comme le crime ou le délit selon les distinctions ci-
dessus établies.
L’article 7, al.2 punit comme complices les imprimeurs, graveurs, lithographes,
afficheurs et distributeurs lorsqu’ils ont agi sciemment.
La provocation non suivie d’effet est punie :
- de 6 mois à 1 an s’il s’agit d’une provocation d’un attroupement nocturne et armé ;
- de un à trois mois s’il s’agit d’un attroupement non armé.

SECTION 2
LES ATTENTATS A LA LIBERTE

Les principaux textes qui prévoient les attentats à liberté sont :


- les articles 114 à 122 du code pénal ;
- les articles 105, 112, 335, 558, 559 du code de procédure pénale.
INTRODUCTION
La Section II du chapitre 2 du Code pénal (Livre III, Titre 1°) est intitulé « Attentats à la
liberté ».
Elle comprend un certain nombre d’infractions qui peuvent être groupés en trois
catégories :
-les actes arbitraires attentatoires à la liberté individuelle, aux droit civiques, ou à la
Constitution (art.114) ;
-les détentions arbitraires ou effectuées hors des établissements prévus à cet effet
(art.119, 120 et 122) ;

125
-les poursuites irrégulières contre des Ministres ou des membres du Parlement et les
mises en accusation illégales contre quiconque (art.121, 122 C.P.).
Bien qu’en pratique, (l’art.114 du code pénal ne soit utilisé que pour sanctionner les
attentats à la liberté individuelle, sa rédaction permet, le cas échéant, de l’appliquer à tout acte
d’un fonctionnaire ou agent du gouvernement portant atteinte aux droits civiques d’un citoyen ou
à la Constitution.
Ce texte ne fait pas double emploi avec les articles 87 à 101 du Code Pénal concernant
les attentats et complots contre la sûreté intérieure de l’Etat. Car il permet de poursuivre les abus
de pouvoir des agents de l’autorité violant non seulement la liberté physique mais toutes celles
garanties par la Constitution (liberté de réunion, de conscience, de la presse, etc.).
(Voir sur cette question : GARCON « Code pénal annoté » Edit. 1952, art.114 n°5 à 12).
§ 1 – LES ACTES ARBITRAIRES ET ATTENTATOIRES A LA LIBERTE
INDIVIDUELLE
L’article 114 constitue la sanction pénale générale de violation d’un droit essentiel,
reconnu à tout homme par la Constitution malgache : la liberté de la personne physique, c’est-à-
dire le droit de se déplacer librement, d’aller, de venir, de partir, de rester sur le territoire national,
etc. Bref, de n’être ni arrêté, ni détenu, ni retenu, ni expulsé sauf dans les cas prévus par la loi, et
selon les formes déterminées par la Constitution.
Cf. notamment Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 – art.7.
- Pacte international relatif aux droits civique et politique, art.9 ;
- Constitution de la R.D.M. art.38 et 42.
La violation de cette liberté peut être le fait, soit d’un fonctionnaire ou agent du
Gouvernement, soit d’un particulier.
L’article 114 ne sanctionne que la première hypothèse. L’arrestation et la séquestration
arbitraire par un simple particulier sont réprimées par les articles 341 et suivants du C.P.
A/- LES QUATRE ELEMENTS DE L’INFRACTION
- un acte attentatoire à la liberté individuelle,
- la qualité de l’agent délinquant,
- le fait que l’agent a abusé de ses fonctions,
- l’intention criminelle.
1)- Premier élément : l’acte attentatoire à la liberté individuelle
Il s’agit du fait matériel de priver une personne de l’exercice de sa liberté individuelle. La
loi ne fixe pas une durée minima : une heure, un jour, un mois, etc.
On peut distinguer l’arrestation et la détention. Les deux actes rentrent dans la définition
du premier élément.
Mais le texte précise que l’acte doit être « arbitraire ». Dans quel cas l’arrestation ou la
détention seront arbitraires ? Cette notion se développe en deux sous éléments :
- la compétence de l’agent,
- le respect des formes et des cas fixés par la loi.
a)- Compétence des fonctionnaires et agents pour procéder à des arrestations
)- les mandats : Peuvent être décernés par un Juge, une juridiction ou un membre du
ministère public. Des quatre types de mandat peuvent servir de titre à arrestation. Les Préfets, dans
les cas prévus à l’article 144 du C.P.P.M. avaient les mêmes pouvoirs.
)- l’exécution des décisions de justice privatives de liberté : c’est-à-dire les
ordonnances de prise de décisions définitives assorties de la contrainte par corps. C’est au Ministre
public qu’appartient le droit de faire exécuter les décisions de justice dans ces cas (art.546
C.P.P.M.).

126
)- Les arrestations diverses
- l’arrestation à l’audience, de l’auteur d’un délit ou d’un crime commis pendant
l’audience (art.505, 506 C.P.P.MP.) ;
- l’arrestation à l’audience, d’un assistant, témoin, prévenu libre, etc. qui trouble l’ordre
ou cause du tumulte (art.359 et 360 C.P.P.M.) ;
- l’arrestation à l’audience, d’un témoin suspect de faux témoignage (art.385
C.P.P.M.) ;
- l’arrestation de certains délinquants par les agents des Eaux et Forêts, des Douanes,
des Contributions indirectes, etc. dans les cas spécialement prévus par des textes spéciaux ;
- l’arrestation par les agents de force publique de toute personne soupçonnée d’avoir
commis un crime ou un délit puni d’une peine privative de liberté (art.142 CPPM). Ce droit
d’arrestation a pour corollaire l’obligation de conduire immédiatement cette personne devant
l’Officier de P.J. dont dépendent ces agents (ce qui supposera un trajet assez long) ;
- l’arrestation de l’auteur d’un crime ou délit flagrant par toute personne (art.143
C.P.P.M.) ;
- l’ordre donné à toute personne de ne pas s’éloigner des lieux d’un crime ou d’un délit
(art.213 CPPM)
Il convient d’ajouter :
- le droit d’arrestation à l’égard des militaires et assimilés, prévu par les articles 33 et
34 du Code de Justice du Service National ;
- le droit d’arrestation reconnu aux membres des fokonolona et divers agents de
l’administration en matière de vol de bœufs ;
- le droit d’arrestation reconnu au Jude des enfants en matière de Mineurs délinquants
ou en danger moral.
B/- LE PROBLEME DE LA GARDE A VUE
Entre l’arrestation (acte quasi-instantané) et la décision du magistrat ou agent compétent
en ce qui concerne le « maintien en détention » un certain laps de temps s’écoule.
Cette période transitoire peut être rendue nécessaire.
- soit pour effectuer le trajet en vue de présenter la personne arrêtée au magistrat
compétent ;
- soit pour permettre aux officiers de la P.J. d’interroger la personne arrêtée et recueillir
les premiers renseignements sur son activité.
Sous l’empire de l’ancien code d’instr. Crim. Aucun texte ne réglementait cette période
dite alors de « l’arrestation officieuse ».
Les abus de certains agents de la P.J. : la durée anormale du maintien de certains individus
dans les locaux de la police ou de la gendarmerie avaient provoqué de vives protestations. Cf.
ouvrage de Alec MELLOR « la tortue – Son histoire – Son abolition – Sa réapparition au XXème
siècle ». 1949 –(app.236, 238, 242, 260).
A Madagascar, le C.P.P.M. réglemente strictement la « garde à vue » dans les articles 136
à 139.
(Voir cours de procédure pénale) – La durée maxima de la garde à vue est donc :
- de deux jours (ou trois, s’il y a un dimanche) à proximité du siège d’un magistrat ;
- de quatre jours (ou cinq s’il y a un dimanche) hors de la commune où siège un magistrat ;
- de douze jours si l’arrestation a eu lieu loin de cette résidence ;
- de quinze jours en matière d’attentat à la sûreté de madagascar.

127
C/- LE RESPECT DES FORMES
La loi a dû prévoir certaines formes, protections de la liberté individuelle, dont la violation
est assimilée à une détention arbitraire. Ce sont notamment :
a)- l’article 105 du C.P.P.M. La personne arrêtée en vertu d’un mandat d’amener ne
peut être maintenue en prison plus de 24 heures sans être interrogée.
b)- l’article 112 du CPPM. La violation des mesures protectrices prévues par les articles
100 à 112 du CPPM est punie des peines des articles 114 et suivants du C.P.
c)- l’article 165 du C.P.P.M. le billet d’écrou décerné par un officier du Ministère
public n’est valable que 15 jours. Passé ce délai, la personne arrêtée serait arbitrairement détenue
si un mandat de dépôt n’a pas été substitué au billet d’écrou ; l’ordonnance n°75-023 du 1er octobre
1975 (JORM du 11.10.75, p.2661) permet cependant, dans des cas exceptionnels, de prolonger la
mise sous écrou pour une nouvelle période de 15 jours.
d)- l’article 231 du C.P.P.M. Le prévenu qui fait l’objet d’une information sommaire
et d’un mandat de dépôt décerné par un magistrat du Ministère public doit obligatoirement
« comparaître » devant le tribunal dans le délai de trois mois (de cinq mois pour les affaires de
grand correctionnel dans les sections) suivant la date de son écrou. A défaut, il serait considéré
comme arbitrairement détenu après l’expiration des trois mois.
D/- AUTRES CAS ASSMILABLES A DES ARRESTATIONS OU A DES
DETENTIONS
)- L’internement administratif ;
)- L’éloignement et l’interdiction de séjourner dans une commune, par décision
préfectorale prise à la demande d’un Fokonolona ;
)- l’arrestation et l’expulsion des étrangers indésirables sur le territoire de la
République ;
)- l’arrestation en vue d’une extradition à la demande d’une puissance étrangère (voir
Loi du 10 mars 1927, Accords de coopération du 4 juin 1973).
)- L’internement des aliénés – l’hospitalisation forcée en vue d’une cure de
désintoxication.
Cette énumération n’est pas nécessairement limitative, le législateur pouvant, à chaque
instant, prévoir de nouveaux cas d’arrestation, de détention, d’internement, etc.
Cependant, il convient de poser le principe que « la liberté est la règle … l’entrave à la
liberté ne peut être qu’une exception formellement prévue par la loi, et dont l’interprétation doit
être restrictive ». (Odia restri genda sunt »).
2)- Deuxième élément : la qualité de l’agent délinquant :
L’acte doit avoir été commis par un fonctionnaire, un agent ou un préposé du
Gouvernement. Il s’agit de tous ceux qui sont dépositaires de l’autorité publique ou préposé à un
service public.
On notera entre autres :
- tous les magistrats ;
- les officiers de P.J. et agent de P.J. ;
- les fonctionnaires administratifs, les P.C.E. des collectivités décentralisées ;
- les délégués administratifs ;
- les présidents des Fokontany ;
- les agents du Trésor, percepteurs, receveurs, etc.
- les agents des Eaux et Forêts, des Contributions Indirectes, des Douanes, des Mines,
des Postes et Télécommunications, etc.
- les agents et brigadiers de police, agents de police rurale.

128
3)- Troisième élément – le fait que l’agent a agi dans l’exercice de ses fonctions
L’auteur doit avoir agi dans le cadre de ses fonctions, en abusant de celles-ci. Cette condition
soulève le problème du « droit d’arrestation ». Autrement dit, les agents de l’autorité doivent être
répartis en deux groupes :
- ceux qui possèdent le droit d’arrestation et de mise en détention ;
- ceux qui ne possèdent pas ce droit.
L’article 114 du C.P. ne serait applicable qu’aux premiers, ce qui en restreindrait
beaucoup l’utilisation.
Mais la jurisprudence est très contradictoire. Il semble que la solution qui prévaut en
France repose sur la distinction suivante :
- Si le fonctionnaire a agi pour la satisfaction de ses passions personnelles, l’article
114 ne s’applique pas. C’est l’article 341 qui est applicable ; le fonctionnaire agissant
dans un intérêt privé devrait être assimilé à un particulier (crim.23 juin 1892, 1893.
1.297).
- Si le fonctionnaire a agi dans le cadre de ses fonctions, ou même s’il a abusé de ses
fonctions en s’arrogeant un droit d’arrestation que la loi ne lui reconnaissait pas,
l’article 114 s’appliquera dès lors que l’acte arbitraire concernait le service public, et
non son intérêt personnel.
Cf. 4 déc. 1862 Roger c/ St Clair (D.1868.5.232)
Cf. Cass. 23 juin 1892 Bouis c/ Terre (D.1893.1.297)
Cf. Cass. 25 nov. 1862 Arroquassamyoullé (D.1883. 1.485).
4)- Quatrième élément : L’intention criminelle
a)- Une première opinion soutient que le fonctionnaire doit avoir su qu’il agissait
abusivement et sortait du cadre de sa compétence ou violait les formes prescrites par la loi. Dès
lors, s’il commettait l’abus de pouvoir par ignorance ou par erreur, il ne pourrait être poursuivi.
Cf. Dans ce sens Cass. 14 juillet 1827 jacques de St. Nicolas (B.186). refus de poursuivre
un Procureur du Roi qui avait fait incarcérer un condamné, alors que l’arrêt était frappé d’un
pourvoi (ignoré du Procureur).
b)- Une seconde opinion avance que l’intention criminelle existe non seulement si
l’agent a su, mais encore s’il avait pu et avait dû savoir l’illégalité de l’arrestation qu’il opérait. La
bonne foi ne saurait être admise lorsqu’un texte de loi est clair et précis, et que l’agent le connaît
nécessairement de par ses fonctions.
GARCON (art. 114, n°30) remarque que c’est aux agents de l’autorité et aux magistrats
qu’il est légitime d’appliquer la règle : « Nul n’est censé ignorer la Loi ».
B/- EXCUSES- FAIT JUSTIFICATIF
1)- Excuse prévue par 2° alinéa DE L4ART. 114 ; « si néanmoins il justifie qu’il a agi
par ordre de ses supérieurs, etc … »
L’auteur de l’infraction bénéficie d’une « excuse absolutoire ». Il est exempt de toute
peine. L’excuse ne joue que si l’ordre reçu réunit trois conditions :
- L’ordre doit être antérieur à l’acte délictueux ;
- Il doit émaner d’un supérieur hiérarchique ;
- il doit être relatif à un objet du ressort de celui-ci.
2)- Fait justificatif prévu par l’art.116, « Si les Ministres prétendent que la signature a été
surprise, etc… »
Cet article ne parle que des Ministres (car l’article 115, abrogé à Madagascar, visait le cas
spécial où l’auteur de l’acte arbitraire était un Ministre). Mais il est admis que ce texte s’applique
à tout fonctionnaire dont la signature aurait été surprise (d’après les Travaux préparatoires).

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A la différence du cas précédent, il s’agit ici d’un fait justificatif. Dès lors, le crime
disparaît et la poursuite doit être clôturée par un non-lieu.
C/- CIRCONSTANCE AGGRAVANTE
Art.118 : « Si l’acte contraire à la Constitution a été fait d’après une fausse signature du
nom d’un Ministre ou d’un fonctionnaire public, les auteurs seront punis … du maximum des
travaux forcés à temps … » (= 20 ans de travaux forcés).
Cf. art. 145 nouveau du Code pénal malgache. Le crime de faux en écriture publique est
normalement passible de 5 à 10 ans d’emprisonnement correctionnel.
D/- PENALITES
Art.114 – Peine principale : dégradation civique.
Art.115 – peine complémentaire facultative – Emprisonnement : 5 ans.
Cette dernière peine est obligatoire si le prévenu est un étranger ou un malgache ayant
perdu la qualité de citoyen.
Art.118 – Fausse signature : 20 ans de travaux forcés.
Il s’agit donc toujours d’un crime.
E/- ACTION CIVILE
L’art.117 C.P. prévoit que l’action civile peut être portée soit devant la Cour criminelle,
soit devant la juridiction civile.
L’art. 15 du C.P.P.M. prévoit exceptionnellement qu pour les infractions prévues par les
art. 114 à 133 du C.P., la responsabilité des personnes morales de droit public pourra être mise en
cause devant les tribunaux de l’ordre judiciaire. Le conflit ne peut pas être élevé.
L’art.117 précise que les dommages-intérêts ne peuvent pas être inférieurs à 25 francs par
jour de détention illégale et pour chaque individu.
Noter que si l’auteur de l’acte arbitraire est un magistrat de l’ordre judiciaire, l’action
civile exercée isolément devant la juridiction civile prend le nom de « prise partie ». elle est
réglementée par le Code de Procédure civile malgache.
§ 2 – LES DETENTIONS IRREGULIERES
A/- LA CONSTATATION D’UNE DETENTION ARBITRAIRE OU IRREGULIERE
Il convient de rapprocher :
- l’art. 559 du CPPM qui fait obligation aux magistrats ou officiers du Ministère public
et aux juges d’instruction ayant reçu une dénonciation de procéder sur-le-champ aux vérifications
nécessaires ; et qui oblige les agents de l’administration pénitentiaire à exhiber leurs registres et
montrer leurs détenus ;
- et l’art. 119 du C.P. qui vise tous les fonctionnaires négligeant de déférer à une
réclamation légale pour faire constater les détentions illégales et arbitraires.
Les autorités visées ne sont pas les mêmes. Quant aux peines :
- S’il s’agit de fonctionnaires chargés de la police administrative ou judiciaire (y compris
les magistrats du Parquet et de l’Instruction), la peine est la dégradation civique ;
- S’il s’agit de gardiens de l’administration pénitentiaire, la peine est de 6 mois à 2 ans
d’emprisonnement + 25.000 à 75.000 FMG d’amende (art. 120 C.P.).
B/- LA DETENTION ARBITRAIRE PAR LES GARDIENS DE PRISON
Ici, il faut rapprocher :
- l’art. 558 du CPPM qui fait défense aux agents de l’Administration pénitentiaire de
recevoir et détenir une personne si ce n’est en vertu d’une décision ou mandat de justice. ;
- et l’art. 120 du C.P. qui prévoit la peine susvisée.

130
C/- LA DETENTION IRREGULIERE HORS DES LIEUX PREVUS A CET EFFET
Voir art. 122 C.P. Il vise les magistrats du parquet ou du siège et les officiers publics
(fonctionnaires).
Les lieux de détention « déterminés par le Gouvernement ou par l’Administration
publique » sont :
- les établissements de l’Administration pénitentiaire (maisons de force, maisons
centrales, prisons, camps pénitentiaires, maisons de sûreté) ;
- les chambres de sûreté de la Gendarmerie ;
- les geôles municipales.
Les coupables sont punis de la dégradation civique.
§ 3 – LES POURSUITES IRREGULIERES
A/- CONTRE UN MINISTRE OU UN DEPUTE
Voir art. 121 C.P. forfaitaire – Dégradation civique.
Voir pour les Ministres, art. 511 du CPPM et pour les députés, art. 66 de la Constitution
de la République Démocratique de Madagascar).
B/- CONTRE QUICONQUE, POUR CRIME
Voir art.122 C.P. « in fine » - Nécessité d’une mise en accusation régulière. Celle-ci
résulte actuellement :
- soit d’un arrêt de la Chambre d’accusation ;
- soit d’une ordonnance du juge d’instruction ;
- soit d’un ordre du procureur de la république (cf. art. 309, 291, 238 C.P.P.M).
Ce texte n’a jamais été appliqué.
La peine prévue est celle de la dégradation civique.

SECTIION 3
CRIMES ET DELITS COMMIS PAR LES FONCTIONNAIRES PUBLICS DANS
L’EXECUTION DE LEURS FONCTIONS

Textes : articles 166 à 198 du Code pénal.


INTRODUCTION
L’article 166 C.P. déclare que tout crime commis par un fonctionnaire public dans
l’exercice de ses fonctions est une « forfaiture ».
L’article 167 ajoute que si la loi ne prononce pas de peine plus grave, la forfaiture est
punie de la dégradation civique.
Mais en fait, le cas ne se présente pas. Les articles 166 à 168 du C.P. sont dépourvus
d’intérêt.
Ce code énumère sept cas particuliers de forfaiture :
1)- la soustraction commise par les dépositaires publics ;
2)- la concussion ;
3)- l’ingérence dans des affaires ou commerces incompatibles avec la qualité de
fonctionnaire ;
4)- ma corruption (active et passive) ;
5)- les abus d’autorité ;
6)- les infractions aux règles de tenue des actes d’état civil ;
7)- l’exercice anticipé ou prolongé de l’autorité publique.
A Madagascar, la poursuite pénale contre les fonctionnaires et agents des services publics
était soumise à des conditions très strictes.

131
Art. 43.1.02 de l’instruction générale pour l’application du Code de Procédure Pénale
Malgache
Les dispositions du Titre III doivent être complétées par celles résultant de l’ordonnance
n°62-109 du 1er octobre 1962 dont l’art. 1er est ainsi conçu :
« Sauf cas de détournement de deniers publics, un fonctionnaire, un agent non encadré
occupant un emploi normalement dévolu à un fonctionnaire, un magistrat de l’ordre administratif
ou judiciaire ne pourra faire l’objet de poursuites pénales pour un crime ou un délit commis dans
l’exercice de ses fonctions ou à l’occasion préalable du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice,
du Ministre de la fonction Publique et Ministre dont relève l’intéressé ».
Ce texte ne concerne pas les contraventions.
« Il abroge expressément l’art. 1er de l’ordonnance 62-046 du 20 septembre 1962. en
conséquence, même en cas de crime ou délit flagrant commis dans l’exercice ou à l’occasion de
l’exercice des fonctions du délinquant, l’autorisation préalable est requise ».
L’ordonnance du 1er octobre 1962 a été modifiée par la loi n°67.004 du 04 juin 1967
(JORM 17.6.67, p.2008) : Il suffirait de l’autorisation du Ministre dont relève l’intéressé. Depuis
l’ordonnance n°72.009 du 11 juillet 1972 (JORM 15.7.72, P. 1424), aucune autorisation n’est plus
nécessaire.
§ 1 – LES SOUSTRACTIONS COMMISES PAR LES FONCTIONNAIRES PUBLICS ET
AUTRES
Aux termes de l’article 169 (C.P. – Ord. N°72-014 du 4 août 1972) « tout fonctionnaire
ou agent non encadré occupant un emploi normalement dévolu à un fonctionnaire, tout magistrat
de l’ordre administratif ou judiciaire, tout officier public ou ministériel, tout fonctionnaire,
employé ou agent d’une collectivité locale, tout employé d’un établissement public qui aura
supprimé détourné ou soustrait des deniers publics ou privés, des effets actifs en tenant lieu, des
pièces, titres, actes, effets, documents ou tous autres objets mobiliers qui étaient entre ses mains
en vertu de ses fonction ou à l’occasion de l’exercice de celles-ci, sera puni … ».
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION
1)- Elément légal
Art. 169 et suiv. C.P.
2)- Elément matériel
a)- Acte matériel de détournement
Il faut qu’il y ait un acte de détournement ou de soustraction. L’expression « soustrait »
est inexacte car les deniers et effets étaient déjà entre les mains de l’agent.
b)- Objet détourné
Voir la liste ci-dessus.
L’expression « effets ou objets mobiliers » permet de viser tout bien meuble y compris
les denrées.
Si le coupable est un militaire ou assimilé, l’article 171 C.P. (loi n°68.004 du 2 juillet
1968) ajoute à l’énumération ci-dessous les « armes, munitions, matières, denrées ou des objets
quelconques ».
Encore faut-il que la chose détournée ait une « valeur » qui puisse être estimée.
c)- Qualité de l’agent
Le texte dans sa rédaction actuelle, s’applique :
- à tout fonctionnaire ou agent d’un service public, c’est-à-dire à tout agent qui exerce
au nom de l’Etat une portion de l’autorité publique ;
- à tout officier public ou ministériel, notaire, greffier, huissier, commissaire-priseur ;

132
- à tout employé d’un établissement public.
Il faut noter ici que l’augmentation croissante, dans le cadre des structures économiques
actuelles, des sociétés d’Etat ou d’intérêt national, des établissements publics à caractère industriel
ou commercial, ainsi que des entreprises et sociétés dans lesquelles l’Etat, les collectivités ou
établissements publics ont une participation financière, conduit à la constatation d’une
insuffisance, au regard des textes répressifs en vigueur, de la protection des deniers publics.
L’article 169 traduit en effet, non seulement des lacunes à cet égard, mais une répression trop
restreinte, voire inadaptée à la sauvegarde l’intérêt public, compte tenu de la participation de plus
en plus importante de l’Etat, dont l’un des principaux objectifs est de s’assurer la maîtrise de
l’économie, dans la gestion des organismes industriels et commerciaux. Il en découle que cette
situation a pour corollaire un accroissement de la délinquance et une dilapidation des fonds publics,
éminemment préjudiciables au programme de redressement que s’est assigné le Conseil Suprême
de la Révolution.
Un projet d’ordonnance élargit donc le champ d’application de l’article 169 en réprimant
les malversations commises au préjudice des collectivités et établissements publics, des
entreprises, sociétés et personnes morales dans lesquelles l’Etat, ces collectivités ou établissements
publics ont une participation financière, ainsi qu’en étendant les prescriptions de cet article à toute
personne appelée à participer de quelque façon que ce soit à la marche de ceux-ci.
Ce texte n’ayant pas encore été adopté, la Cour Suprême a pris position en ce qui concerne
la notion d’établissement public.
Ci-dessous copie de la note n°259-CS/PP du 17.5.83 du P.P.C.S. sur ce point.

133
REPOBLIKA DEMOKRATIKA MALAGASY
FITSARANA TAMPONY
ANTANANARIVO
--------
N° 259-CS/PP

Antananarivo, le 17 Mai 1983

LE PREMIER PRESIDENT DE LA COUR SUPREME,


à
Messieurs LES PRESIDENTS DES TRIBUNAUX
SPECIAUX ECONOMIQUES
- ANTANANARIVO -
- ANTSIRANANA -
- FINANARANTSOA -
- MAHAJANGA -
- TOAMASINA -
- TOLIARY -

Depuis leur création par ordonnance n°76-019 du 24 mai 1976, les tribunaux spéciaux
économiques font fréquemment application de l’article 169 du code pénal, et les décisions de
condamnation ou de relaxe qu’ils rendent, font presque toujours l’objet de pourvoi en cassation.
Le moment semble venu de rendre compte de la jurisprudence de la Cour Suprême en matière de
détournement prévu par ledit article.
1)- Le jugement doit constater la qualité de l’auteur du détournement. Si la qualité de
fonctionnaire, d’agent ou employé d’une collectivité locale ne paraît pas faire de difficulté, en
revanche, il a été fréquemment soutenu dans le passé, alors que la rédaction de l’article 169 était
celle de l’ordonnance n°62-013 du 10 août 1962, que l’auteur du détournement n’était ni
percepteur, ni comptable, ni dépositaire public. La Cour Suprême a jugé à ce sujet que « doit être
considéré comme comptable ou dépositaire public, au sens de l’article 169 du Code pénal, et par
le seul fait de la remise qui lui en est faite, tout agent ayant le dépôt ou le maniement de deniers
ou valeur appartenant à l’Etat, et tenu en cette qualité de rendre compte » : Crim. 20 décembre
1966 Bull. 1966, n° 56 p.175.
2)- La victime du détournement peut être, soit l’Administration, soit une collectivité
locale, aujourd’hui collectivité décentralisée, soit un établissement public, et le jugement doit
également constater l’une de ces qualités.
La création de Sociétés dites Sociétés d’Etat a provoqué une certaine hésitation. Ces
sociétés sont-elles dés établissements publics au sens de l’article 169 du Code pénal ?
Partant du principe selon lequel la « notion d’établissements publics » est une notion
générique et non spécifique, et que cette appellation désigne aussi bien les établissements publics
à caractère administratif que les établissements publics industriels et commerciaux. La Cour
Suprême a jugé que « la SINPA », société à vocation économique, est un établissement à caractère
industriel et économique et que, par conséquent, les détournements commis à son préjudice
tombent sous le coup de l’article 169 du Code pénal » : arrêts n°293 (M.P. c/ RAMARIJAONA
Voloniara) et n°294 (M.P. c/ RAVELOSON RABEMANANTSOA) du 22 août 1978.
De même, il a été jugé par la Cour Suprême que la SONACO, société à vocation
économique, est un établissement public : arrêt n°355 du 6 novembre 1979, M.P. c/ BELAZA
Pascal François et autres.

134
En revanche, la SOCIETE COROI n’est pas un établissement public. En effet, il est
spécifié à l’article 2 de l’ordonnance n°76-026 du 9 juillet 1976 ayant nationalisé la Société
COROI et ses sociétés filiales, que ces différentes sociétés poursuivent leurs activités dans les
mêmes conditions et sous les mêmes raisons sociales : elles demeurent provisoirement soumises
au droit commun des sociétés. Ainsi, le législateur a expressément décidé que les dites sociétés
conservent provisoirement leurs statuts et activités antérieurs de sociétés anonymes. En
conséquence, en l’état actuel de la législation, et en attendant que soit déterminé le statut définitif
de la Société COROI, l’application de l’article 169 du Code pénal ne se justifie pas et que le
détournement commis à son préjudice relève des articles 406 et 408 du Code pénal : arrêt n°319
du 3 octobre 1978.
La FIKAMBANANA FAMPANDROSOANA NY LEMAK’I BETSIBOKA (FIFABE)
anciennement dénommée COMEMA, n’a pas, non plus, reçu la consacration d’établissement
public, étant, aux termes de l’article 1er du décret n°64-134 du 15 avril 1964, une société de
développement rural, d’économie mixte : arrêt n°316 du 3 octobre 1978, M.P. c/RAKOTO Jean
Cyrille.
La Société Tranombarotra « ROSO » n’est pas davantage un établissement public. En
effet, aux termes de l’article 2 de l’ordonnance n°73-020 du 29 août 1972 attribuant à l’Etat la
propriété de la Compagnie Marseillaise de Madagascar, dénommée par la suite « Tranombarotra
ROSO », cette société poursuit son activité dans les mêmes conditions que sous son régime
juridique précédent et demeure provisoirement soumise à ce droit commun des sociétés
anonymes : arrêt n°153 du 22 mai 1979, M.P. c/ ANDRIANTSILAVO ; arrêt n°383 du 20
novembre 1979, M.P. c/ KOTOLAHY.
Enfin, la Société AIR-MADAGASCAR, bien que qualifiée par ses statuts de Société
d’Intérêt National, n’est pas un établissement public au sens de l’article 169 du Code pénal,
puisqu’elle exerce ses activités selon les règles de sociétés anonymes (article 1er des statuts) : arrêt
n°383 du 24 juillet 1981, AIR-MAD c/ RANDRIANASOLO Jean Christian.
3)- Très tôt, la Cour Suprême a déclaré que le détournement prévu par l’article 169 du
Code pénal est un délit de fonction : Crim. 17 mars 1964, Bull 1964, n°17 P.17. Il s’ensuit que les
choses détournées devaient se trouver entre les mains du prévenu en vertu de ses fonctions, et non
à autre titre : crim. 21 janvier 1969, Bull. 1969, n°7 p.68.
Cette exigence permet de distinguer le détournement de l’abus de confiance : Crim.
N°238 du 6 juin 1978, M.P. c/ BENA Lucien, aux termes duquel « ledit détournement se distingue
du délit d’abus de confiance en ce que les choses détournées se trouvaient entre les mains de
l’auteur de l’acte en vertu de ses fonctions, alors que le dit délit d’abus de confiance suppose que
les choses détournées aient été remises en vertu de l’un des contrats limitativement énumérés à
l’article 408 du Code pénal ».
Le crime ou le délit de détournement suppose l’intention frauduleuse. Et il a été jugé que
l’intention de frustrer le Service, même momentanément, des sommes qui lui appartenaient, suffit
à caractériser l’intention coupable constitutive de l’infraction de détournement de deniers
publics », : Crim. 2 juillet 1968, Bull. 1968, n°48, p.149.
Cependant, le jugement peut ne pas constater expressément l’intention frauduleuse :
Crim. N°228 du 16 mai 1978, M.P. c/ RANDRIAMASIMANANA, laquelle s’induit des
circonstances retenues par le Juge : Crim. N°169 du 2 juillet 1978, P.M.P. c/ ANDRIANASOLO
Joë Bernard.

Le Premier Président
de la Cour Suprême.
RANDRIANAHINORO Sylvain.

135
d)- Détention des valeurs en raison des fonctions ou à l’occasion de l’exercice de
celles-ci
La distinction est parfois délicate.
3)- Elément moral
Il faut une intention coupable.
Il n’y aurait pas de délit si le déficit résultant d’une erreur ou d’une perte fortune. La mise
en demeure n’est pas nécessaire pour caractériser le détournement. Elle est cependant, souvent
utile pour évier l’exception de bonne foi.
En ce qui concerne les détails de l’incrimination en cette matière, il y a lieu d’appliquer
les principes juridiques dégagés par la doctrine et la jurisprudence en matière d’abus de confiance.
B/- PENALITES
Le Code pénal a proportionné la peine à la valeur des choses détournées ou soustraites
(art. 169 C.P.).
1)- Valeur au-dessus de 1.000.000 FMG, travaux forcés à temps ;
2)- Valeur inférieure à 1.000.000 FMG, mais supérieur à 200.000 FMG, 2 à 10 ans
d’emprisonnement ;
3)- Valeur jusqu’à 200.000 FMG, 2 à 5 ans d’emprisonnement.
Dans les trois cas, le condamné doit être déclaré à jamais incapable d’exercer aucune
fonction publique et sera toujours prononcé une amende de 25.000 à 1.000.000 FMG (art.172
modifié par la loi n°66.009 du 5 juillet 1966 JORM 16.7.66, p. 1510).
L’ordonnance n°72.014 du 4 août 1972 a ajouté un dernier alinéa à l’article 172 pour
rendre obligatoire l’affichage prévu par l’article 50 C.P.
Enfin, il n’y a ni circonstances atténuantes ni sursis en cette matière en vertu de
l’ordonnance n°72.023 du 18 septembre 1972 (JORM du 30.9.72 – p.2322), modifiée par
l’ordonnance n°72.050 du 26 décembre 1972 (JORM du 20.1.73, p.142).
§ 2 – LA CONCUSSION
C’est le fait, par certains fonctionnaires, de recevoir, d’exiger ou d’ordonner de percevoir
des taxes ou deniers qu’ils savent n’être pas dus ou qu’ils savent en excédent de qui est dû.
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION
1)- Elément légal
Article 174 C.P.
2)- Elément matériel
a)- Perception indue, illégale
Le code prévoit trois procédés : recevoir, exiger, ordonner de percevoir. Il faut qu’il y ait
perception. Il n’y a pas concussion dans le fait par un maire d’ordonnancer le paiement d’une
somme qui n’est pas due, car ce fait est un versement et non une perception (crime 31 mars 1905,
B. 159 ; 30 juillet 1925, B. 194, B. 1926. 1.135).
Objet : tous droits, taxes, contributions, deniers, salaires ou traitements.
Ce résultat peut être obtenu soit en faisant payer un service plus qu’il n’est dû, soit en
délivrant moins de prestations ou d’objet qu’il n’est dû. Ainsi constitue la concussion :
- le fait par une entrepositaire des tabacs de livrer à un débitant des quantités de
marchandises inférieures à celles dont il touche le prix (Crim. 18 juillet 1875, D.73.1.396).
- le fait par un fonctionnaire d’accepter des sommes supérieures à celles correspondant
au traitement ou aux indemnités auxquelles il a droit (Crim. 20 décembre 1888, B. 369).

136
Peu importe l’acquiescement de la victime.
b)- Qualité de fonctionnaire ou officier public
La concussion est caractérisée par un excès de pouvoir, par un abus de la puissance
publique. Elle ne peut donc être commise que par ceux qui exercent cette puissance.
Les agents auxquels s’applique l’art.174 sont les fonctionnaires ou magistrats et la
jurisprudence a reconnu la qualité de fonctionnaires aux maires, officiers de police judiciaire,
receveurs municipaux, gardiens des prisons, employés des Douanes, porteurs de contraintes en
matière de contributions directes…
Les officiers publics comprennent, en général, tous les officiers ministériels et les
greffiers « lorsque le fait a été commis à l’occasion des recettes dont ils sont chargés par la loi »
(art.174, al.3). Il résulte du texte que si l’officier ministériel, notaire, greffier ou huissier, exige un
salaire supérieur à celui qui lui est alloué par la loi, il ne commet qu’une faut disciplinaire
punissable d’après les textes qui ont prévu ces sortes d’infraction. Si, au contraire, il est chargé
pour le compte du Trésor comme les greffiers en ce qui concerne les droits qu’ils perçoivent pour
l’Etat, soit pour le compte des particuliers comme les commissaires-priseurs et les huissiers dans
le cas d’adjudication dont ils doivent recevoir le prix, la perception de toute somme excédant ce
qui leur est dû légitimement est une concussion.
Par ailleurs, l’article 174 place à la suite des fonctionnaires et officiers publics, « tous
percepteurs des droits, contributions ou deniers publics ».
Enfin, la dernière catégorie d’agents auxquels s’applique l’art.174 sont les commis et
préposés des fonctionnaires et officiers publics, c’est-à-dire ceux qui, non fonctionnaires ou
officiers publics, agissent au nom de leurs chefs.
3)- Elément moral
C’est la connaissance que la somme exigée était illégitime, la connaissance que le
fonctionnaire a dû avoir de l’inégalité de la perception ; il faut qu’il soit constaté qu’il a exigé ou
reçu ce qu’il savait n’être pas dû.
Il n’y a point concussion si la perception, bien qu’illégale, se fonde sur une interprétation
erronée de la loi, si le fonctionnaire a pu se croire autoriser à la faire, si, en un mot, il s’est trompé
de bonne foi. Peu importe, le désir de s’enrichir sur l’excès de zèle, etc.
B/- PENALITES
1)- Fonctionnaires, officiers publics, percepteurs
- amende de 15.000 à 1.500.000 FMG ;
- privation facultative des droits de l’article 42 pendant dix ans ou plus.
2)- Commis ou préposés
- emprisonnement de 1 à 5 ans
- amende de 15.000 à 1.500.000 FMG
- privation facultative des droits de l’art.42 pendant dix ans ou plus.
C/- INFRACTIONS ASSIMILEES
Les deux derniers alinéas de l’art.174 ont assimilé à la concussion, les actes suivants :
1)- les détenteurs de l’autorité publique qui auront, sans autorisation de la loi, ordonné
des contributions directes ou indirectes, établi les rôles de celles-ci ou effectué le recouvrement ;
2)- les détenteurs de l’autorité publique qui auront sans autorisation de la loi, sous une
forme quelconque et pour quelque motifs que ce soit, accordé des exonérations ou franchises de
droits, impôts ou taxes publics, ou délivré gratuitement des produits des établissements de l’Etat.
Il faut noter que, dans le dernier cas, les bénéficiaires de ces faveurs, sont punis comme
complices.
137
§ 3 – L’INGERENCE DE FONCTIONNAIRES DANS LES AFFAIRES
INCOMPATIBLES AVEC LEUR QUALITE
Art. 175 et 176 C.P.
Ces textes visent trois catégories. D’où trois délits :
A/- PREMIER DELIT :Eléments constitutifs
1)- un fonctionnaire, officier public ou agent du Gouvernement, c’est-à-dire toute
personne qui participe à la gestion des affaires publiques. Ex. Conseiller municipal, agent du
service vétérinaire ou agricole, agent des Ponts et Chaussées.
2)- avoir pris ou reçu (ouvertement, par personne interposée par acte simulé) un intérêt
quelconque dans les actes, adjudications entreprises régies, etc.).
3)- avoir, au moment de cette participation, la surveillance ou l’administration de cette
affaire.
4)- un préjudice quelconque puisque l’amende est proportionnée aux restitutions et
dommages intérêts.
5)- être de mauvaise foi. Mais peu importe le mobile, le bénéfice actuel, même
éventuel, n’est pas nécessaire. Il suffit que l’agent ait accompli intentionnellement l’acte interdit
par la loi.
Pénalités
6 mois à 2 ans d’emprisonnement plus amende allant du 1/12 des restitutions et
indemnités, au ¼ de celles-ci.
Le condamné doit être déclaré à jamais incapable d’exercer une fonction publique.
B/- DEUXIEME DELIT
Concerne les fonctionnaires ou préposés d’une administration qui avaient la surveillance
ou le contrôle direct d’une entreprise privée.
S’ils quittent le service (congé, retraite, démission, révocation), ils ne peuvent pas,
pendant 5 ans, prendre ou recevoir une participation dans cette entreprise, par travail, conseils ou
capitaux.
Pénalités
6 mois à 2 ans d’emprisonnement plus amende de 18.000 à 900.000 FMG. Le condamné
doit être déclaré à jamais incapable d’exercer une fonction publique.
Les dirigeants de l’entreprise privée = complices.
C/- TROISIEME DELIT
Voir art. 176 C.P.
Visent les commandants de places militaires, les préfets et les sous-préfets qui se livrent
au commerce de grains et autres denrées.
Pénalités
Amende de 90.000 à 1.800.000 FMG, plus confiscation des denrées objet de ce
commerce.
§ 4 – LA CORRUPTION ET LE TRAFIC D’INFLUENCE
La corruption met toujours en présence deux personnes : le corrupteur et le corrompu. Le
code a prévu deux infractions distinctes pour ces deux agents : la corruption « active » et la
corruption « passive ».
1)- Corruption de fonctionnaires et de personnes assimilées
a)- Trois éléments constituent l’infraction
- la qualité du coupable : voir énumération art.177 – 1er.
138
- avoir sollicité ou agréé des offres ou promesses, sollicité ou reçu des dons ou présents.
Bien que la tentative ne soit pas visée, on notera que le délit est constitué dès la sollicitation. Il
faut et il suffit que la sollicitation (ou la réception) ait précédé l’acte coupable. Un « pourboire »,
un cadeau reçu après l’acte, ne constitue pas le délit mais peut donner matière à une action
disciplinaire.
- Pour l’accomplissement ou le non accomplissement d’un acte de sa fonction ou sujet à
salaire, l’acte doit donc rentrer dans le cadre de ses devoirs, et il faut que le fonctionnaire se soit
engagé à faire ou à s’abstenir de faire un acte.
Peu importe que l’acte soit juste ou injuste, le don, la promesse, etc. sont même pour
inciter l’agent public à faire son devoir avec zèle.
Sont assimilés aux fonctionnaires
- Les arbitres ou experts : ils donnent une opinion favorable ou défavorable à une des
parties ;
- Les médecins, dentistes, sages-femmes (art.177, 2° et 3°) : ils certifient faussement ou
dissimulent l’existence de maladies ou d’infirmités ou un état de grossesse ou fournissent des
indications mensongères sur l’origine d’une maladie ou infirmité ou la cause d’un décès. Par
contre, est punis par l’article 160 CP, la délivrance d’un certificat de complaisance dans des
conditions exclusives de toute idée de lucre.
b)- Pénalités
2 à 10 ans d’emprisonnement plus amende double du montant de la corruption, sans
qu’elle puisse être inférieure à 75.000 FMG.
2)- Corruption des commis, préposés ou employés au service d’un particulier
a)- les éléments de l’infraction sont les mêmes que dans le cas précédent. Seule la qualité
de l’agent diffère car ici, il ne s’agit pas de fonctions publiques, mais d’emplois privés. La
sollicitation ou l’acceptation s’est produite à l’insu du patron.
b)- Pénalités
1 à 3 années d’emprisonnement et / ou amende de 45.000 à 450.000FMG.
3)- Corruption passive visant un acte étranger aux fonctions de l’agent, c’est-à-dire en dehors
de ses attributions personnelles (art. 177, dernier alinéa).
Si l’acte ou l’abstention coupable était cependant, facilité par la fonction ou par le service
assuré par l’agent, la corruption de celui-ci est punissable. Mais la peine est moindre que dans le
cas précédent :
a)- fonctionnaire ou assimilé : un à trois ans d’emprisonnement et amende de 30.000 à
750.000 FMG.
b)- employé privé : six mois à deux ans d’emprisonnement et/ou 15.000 à 300.000 FMG
d’amende.
B/- LA CORRUPTION ACTIVE (art.179 C.P.)
1)- Cette infraction comprend trois éléments
a)- un acte de corruption ou de contrainte : voies de fait ou menaces ; promesses, offres,
dons, présents. Il n’est pas nécessaire que l’offre soit directe. Le délit est établi si l’offre est faite
à l’épouse du fonctionnaire, ou si elle arrive par la poste, etc.
La loi punit également le corrupteur intermédiaire ; celui qui cde à des sollicitations
tendant à une corruption dont il n’aurait pas pris l’initiative.
b)- qualité des personnes corrompues : toutes les personnes visées par les art. 177
(corruption passive) et 178 (trafic d’influence).

139
c)- but recherché par le corrupteur : L’accomplissement ou l’abstention d’un des actes
visés aux art. 178 et 177, ou une faveur, ou un avantage prévu par ces textes. Peu importe le mobile.
Peu importe que le résultat final soit légitime. Peu importe que le but ait été atteint ou non, que la
contrainte ou la corruption ait produit ou non son effet.
2)- Pénalités
Les peines encourues par le corrupteur sont, dans chaque cas, les mêmes que celles
prévues contre la personne corrompue.
C/- LE TRAFIC D’INFLUENCE (art.178 C.P.)
Cet article prévoit deux hypothèses :
1)- Trafic commis par des particuliers
a)- Trois éléments
- avoir sollicité ou agréé des offres, promesses, dons ou présents ;
- pour faire obtenir ou tenter de faire obtenir des décorations, distinctions, places, emplois,
etc. (voir le texte). L’énumération est tellement large qu’elle englobe toute décision de l’autorité
publique ;
- avoir, pour ce faire, usé de l’influence (réelle ou supposée) que le corrupteur attribuait
à l’agent corrompu.
b)- Pénalité
1 à 5 ans d’emprisonnement plus amende allant de 75.000 FMG au double de la valeur
des promesses ou des choses reçues.
2)- Trafic commis par un fonctionnaire ou une personne assimilée
a)- Mêmes éléments que ci-dessus. Il faut que le coupable ait abusé de l’influence réelle
ou supposée que lui donnait son mandat ou sa qualité.
b)- Pénalité
2 à 10 ans d’emprisonnement plus amende comme ci-dessus.
D/- DISPOSITIONS COMMUNES (art. 180 à 182 C.P.)
1)- Dans les trois cas prévus aux art. 177 à 179, les coupables peuvent être, outre les
peines principales, interdits à des droits de l’article 42 C.P. pendant 5 à 10 ans ; d’après l’article
180, al.3 nouveau (ordonnance n°72.024 du 18 septembre 1972, les condamnés seront aussi
déclarés à jamais incapables d’exercer aucune fonction publique.
2)- Les choses livrées parle corrupteur doivent être confisquées au profit de l’Etat
(art.180).
3)- Lorsque la corruption ou le trafic d’influence a pour objet un fait criminel, la peine
criminelle prévue pour celui-ci doit être appliquée aux coupables.
4)- Si le coupable est un officier, il doit être, en outre, puni de la destitution.
Si le coupable est un militaire non officier, et s’il est condamné à une peine d’amende, il
est fait application de l’art. 200 du Code de Justice du service national malgache (condamnation
alternative : amende ou emprisonnement aux choix du condamné).
5)- si le coupable est un juge siégeant en matière criminelle ou un « juré » (c’est-à-dire
un assesseur tiré au sort) qui s’est laissé corrompre en faveur ou au préjudice de l’accusé, il sera
puni de la réclusion outre l’amende visée par l’article 177.
Et si par l’effet de la corruption, il y avait eu condamnation à une peine supérieure à celle
de la réclusion, cette peine sera appliquée au juge ou au juré corrompu (art. 181 – 182).

140
Ce dernier texte est difficile à appliquer car il suppose que le secret des délibérations a
été violé. A moins que les 5 membres de la cour criminelle, ou au minimum trois, aient été
corrompus.
E/- PARTIALITE DES JUGES OU DES ADMINISTRATEURS (art. 183 C.P.)
L’article 183 prévoit le cas d’un juge ou d’un administrateur qui, sans l’intervention d’un
tiers, sans se laisser corrompre, se décide pour une partie par faveur, ou contre une partie par
inimitié.
1)- L’infraction suppose 4 éléments réunis
a)- Un juge ou un administrateur pouvant rendre des décisions (décision de justice ou
ordonnance, jugement, etc.) (Décision administrative = concession, autorisation, réquisition,
remise de droits, etc.)
b)- Décision dictée par la faveur ou l’inimitié
Celles-ci peuvent avoir une origine personnelle ou familiale ou politique.
c)- Une décision prise (et susceptible d’exécution).
d)- Des preuves du crime résultant de signes extérieurs. Car il est difficile de « sonder
les cœurs et les consciences ». (Ceci rend impossible la poursuite de ce crime).
2)- La peine est celle de la dégradation civique.
§ 5 – LES ABUS D’AUTORITE
Le Code pénal divise les abus d’autorité en deux catégories :
1)- abus commis contre les particuliers (art. 184 à 187) ;
2)- abus commis contre la chose publique (art.188 à 191).
A/- LES ABUS CONTRE LES PARTICULIERS
1)- La violation de domicile (art. 184, 1°)
a)- Eléments de l’infraction
Ill y en a quatre :
)- Que le fonctionnaire se soit introduit dans le domicile d’autrui. Ici, le domicile
est pris dans un sens très large (différent de celui prévu au code civil). C’est tout lieu servant à
l’habitation, même temporaire : chambre meublée, chambre d’hôtel, palais ou chaumière. Il faut
que ce local soit normalement occupé, mais peu importe que l’occupant soit absent des lieux au
moment de la violation.
)- Que le coupable soit un fonctionnaire de l’ordre administratif ou judiciaire, un
officier de justice ou de police, un commandant ou un agent de force publique et qu’il agisse en
cette qualité.
Il faut en outre que l’agent pénètre dans le domicile d’un particulier en dehors des cas
prévus par la loi et sans les formalités qu’elle a prescrites.
Il y a lieu de se reporter sur ce point au CPPM qui vise :*-l’heure légale : de 5 h. à 19 h.
(art.110, 212, 259 CPPM) sauf réclamation faite de l’intérieur ;
- l’exécution d’un mandat d’arrêt (art.110 CPPM – la même solution semble applicable
en cas d’exécution d’un jugement ou arrêt valant titre d’écrou) ;
- la visite domiciliaire avec l’assentiment de la personne intéressée (art. 135 CPPM) ;
- la perquisition en cas de crime ou délit flagrant (art.210, 211 CPPM, art.42, al.3 de la
Constitution de 1975). ;
- la perquisition ordonnée par le Ministère public en cas d’information sommaire (art.230
CPPM).

141
Les lieux ouverts au public peuvent être visités à toute heure (art.212 CPPM, à contrario)
dans la mesure où ils sont effectivement ouverts au public : cafés, cabarets, magasins….
De nombreuses exceptions au principe de l’inviolabilité du domicile sont prévues par des
lois spéciales, et pour des cas précis :
- maison de jeux, maisons de débauche, maisons servant à l’usage des stupéfiants ;
- législation sur les Douanes, les Contributions indirectes, la réglementation du Travail,
etc.
)- Que l’introduction dans les lieux ait lieu contre la volonté de l’intéressé
Il n’est pas nécessaire qu’il y ait en outre emploi de violences ou de menaces, comme
dans le cas de la violation d’un domicile par un simple particulier.
Le refus de l’intéressé doit être présumé, dès lorsqu’il était absent, et que son domicile
n’est pas « ouvert au public ». Peu importe que la porte soit ou non fermée, avec ou sans clef (cf.
cases en matériaux légers, utilisées à Madagascar).
Mais si l’intéressé est présent, et consent à la visite, expressément ou tacitement, le délit
n’est pas établi.
)- Que l’agent ait eu l’intention criminelle
C’est-à-dire qu’il ait su qu’il violait la loi. Mais « nul n’est censé ignorer la loi », surtout
un fonctionnaire ; il faut prouver la bonne foi.
b)- Pénalité
6 mois à 5 ans d’emprisonnement et amende de 25.000 à 150.000 FMG. (Depuis
l’ordonnance n°72.051 du 26.12.72).
Si l’auteur a obéit à l’ordre d’un supérieur, celui-ci seul est puni (art. 114, 2° C.P).
La tentative n’est pas punissable.
2)- Le déni de justice (art.185).
a)- Eléments de l’infraction au nombre de trois :
-que le juge ait refusé de statuer ou de répondre à une requête ;
-que le juge ait été mis en demeure de statuer par le plaignant ;
-que le juge ait reçu un avertissement des ses chefs hiérarchiques.
Par juge, il faut entendre tout magistrat de l’ordre administratif ou judiciaire, et les
fonctionnaires ayant pouvoir de juger (anciens sous-préfets).
S’il s’agit d’une juridiction collégiale (Cour d’appel, Cour criminelle, Tribunal de
commerce, etc.) les trois ou cinq magistrats composant la chambre saisie doivent répondre du déni
de justice.
b)- Pénalité
37.500 francs à 150.000 FMG d’amende plus 5 à 20 ans d’interdiction d’exercer des
fonctions publiques.
3)- Les violences illégitimes (art. 186 C.P.)
Cet article ne crée pas une infraction distincte de l’infraction générale dite « coups et
blessures volontaires, violences, voies de fait » (art. 309 et suivants C.P.)
Mais si le fonctionnaire a usé ou fait user de violences envers les personnes « dans
l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions », la peine prévue pour tout autre coupable
est aggravée (voir art. 198 C.P.).
L’existence d’un « motif légitime » serait un fait justificatif, faisant disparaître
l’infraction.

142
4)- La violation du secret des correspondances (art. 187).
a)- Eléments constitutifs
Le premier alinéa de l’article 187 vise tout « fonctionnaire, agent du Gouvernement ou
de l’administration des Postes » qui a commis ou facilité une suppression ou une ouverture de
lettre confiée à la Poste.
La suppression concerne tout message confié à la Poste et non pas les « lettres missives »
seules : télégrammes, cartes postales, journaux, prospectus, circulaires, sont protégés par la Loi
(Cass. Paris 20 nov. 1880 – S.81. 1. 48).
L’ouverture concerne les « plis cachetés », ce qui exclut les cartes postales, les plis sous
bande, etc.
Le retard volontaire de la distribution et de la remise au destinataire est assimilé à la
suppression, par la jurisprudence (voir notamment décision concernant les campagnes électorales).
b)- Pénalités
Trois mois à cinq ans d’emprisonnement et 25.000 à 150.000 FMG d’amende.
En outre, interdiction de toute fonction ou emploi public pendant 5 à 10 ans.
B/- LES ABUS CONTRE LA CHOSE PUBLIQUE
1)- Emploi de la force publique contre l’exécution des lois ou des décisions de justice
contre la perception des contributions légales ou de tout autre ordre de l’autorité légitime (art.188
C.P.).
2)- Pénalité
Réclusion
Circonstance aggravante
- l’ordre séditieux a été suivi d’effet : la peine devient le maximum de la réclusion (=10
ans – art. 189 C.P) ;
- l’ordre séditieux a provoqué des crimes punis d’une peine supérieure à la réclusion, cette
peine plus forte est applicable au coupable (art. 189 et 191 C.P.).
§ 6 – LES CRIMES ET DELITS EN MATIERE D’ETAT-CIVIL
A/- INFRACTIONS D’ORDRE GENERAL
Les officiers de l’Etat civil sont punissables comme toute autre personne :- en cas de faux
commis dans un acte (= écriture publique).
La Cour criminelle de Tananarive a jugé qu’il s’agit d’un faux en écriture simplement
publique et non d’un faux en écriture authentique (voir Bulletin d’information du Ministère de la
Justice de Madagascar 1963, p. 35).
- en cas de destruction ou enlèvement de registres confiés à leur garde (art. 254, 255 C.P.).
B/- INFRACTIONS SPECIALES
1)- l’officier qui célèbre sciemment le mariage d’une personne déjà engagée dans les liens
d’un précédent mariage (bigamie) : art. 340 C.P. – Six mois à 3 ans d’emprisonnement plus
amende de 25.000 à 1.000.000 FMG.
2)- L’officier qui inscrit ses actes sur de simples feuilles volantes : art. 192 C.P. : 1 mois
à 3 ans d’emprisonnement plus amende de 25.000 à 50.000 FMG.
3)- l’officier qui célèbre un mariage sans s’assurer du consentement des père, mère, etc.
lorsqu’il est nécessaire : art. 193 C.P. – six mois à un an d’emprisonnement plus amende de 25.000
à 60.000 FMG.
4)- L’officier qui procède au mariage d’une femme veuve ou divorcée avant le délai de
viduité : art. 194 C.P. – amende de 25.000 à 75.000 FMG.
143
§ 7 – L’EXERCICE DE L’AUTORITE PUBLIQUE ILLEGALEMENT ANTICIPE OU
PROLONGE
Art. 196 et 197 C.P. : voir ces deux textes.
Ces infractions sont rares. Commet le délit de l’article 197, le Maire révoqué qui, après
notification de sa révocation, continue à présider le conseil municipal.
(Voir C.A. Douai, 311.1.1931, S. 1932.2.167).
§ 8 – LA CIRCONSTANCE AGGRAVANTE GENERALE TIREE DE LA QUALITE DE
FONCTIONNAIRE
Deux articles du Code pénal
A/- VOIR ARTICLE 198 C.P.
Dans certains cas, la loi prévoit une peine particulière lorsqu’une infraction déterminée a
été commise par un fonctionnaire.
Exemple : - le faux en écriture (art. 145 C.P.)
- le viol et l’attentat à la pudeur (art. 333 C.P.).
Mais en outre, pour toutes les autres infractions, la qualité de fonctionnaire constitue une
cause d’aggravation de la peine. Il faut, pour que ce texte soit appliqué :
- qu’il s’agisse d’un crime ou d’un délit (pas une contravention) ;
- que le fonctionnaire ait participé à cette infraction ;
- qu’il ait été chargé, de par ses fonctions, de surveiller ou de réprimer cette
infraction dans sa circonscription territoriale.
C’est toujours le cas des magistrats de l’ordre judiciaire, des officiers et agents de la police
judiciaire, de la gendarmerie.
C’est également le cas des fonctionnaires administratifs « officiers du ministère public ».
C’est encore le cas de tous les fonctionnaires qui tiennent de la loi un droit de constatation
ou de poursuite (contributions indirectes, douanes, Eaux et forêts, Mines, Ponts et Chaussées, etc.).
B/- PENALITES
1)- Délits
La peine est le double de la peine morale.
2)- Crime
- la réclusion si la peine normale est le bannissement ou la dégradation civique ;
- les travaux forcés à temps si la peine normale est la réclusion (ou la détention) ;
- les travaux forcés à perpétuité si la peine normale est les travaux forcés à temps (ou la
déportation) ;
- pas d’aggravation si la peine normale est celle des travaux forcés à perpétuité.
B/- VOIR ARTICLE 459 C.P.
Si un garde champêtre ou forestier ou un officier de police, commet un délit prévu au
chapitre II « Crimes et délits contre les propriétés » (art. 379 à 463), la peine d’emprisonnement
normalement applicable au délit est majorée d’un tiers, et son minimum est toujours de un mois.
Ce texte ne vise que les délits, et non les crimes ou les contraventions.

SECTION 4
L’ASSOCIATION DE MALFAITEURS ET LE VAGABONDAGE

Textes : articles 265 à 273 (les articles 265 et 266 ont été modifiés par l’ordonnance
n°77.051 du 16 septembre 1977 : J.O. 22.9.77, p. 2471).
144
§ 1 – L’ASSOCIATION DE MALFAITEURS (art. 265 à 267)
L’association, même inorganisée, la simple entente, conclue dans le but de commettre,
ou de préparer des crimes ou délits contre les personnes ou les propriétés, constituent en elles-
mêmes une infraction, infraction indépendante des crimes ou délits que les associés se proposaient
de commettre.
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION
1)- Une association ou une entente
- L’association résulte d’un accord, formé par deux ou plusieurs personnes, avec un objet
déterminé. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait un chef, un « comité directeur », une organisation
précise.
- L’entente résulte d’une décision d’agir de concert, même si chaque affilié agit
séparément.
- Peu importe le nombre des associés, la durée de l’association,, le nombre d’infractions
envisagées (deux au moins).
2)- Association ou entente établie en vue de commettre des crimes ou des délits
S’il s’agissait de simples délits, il n’y avait pas d’infraction spéciale. Mais depuis
l’ordonnance du 16.9.77, l’article 265 C.P. vise aussi les délits.
Les mots « Crimes et délits » étant écrits au pluriel, il faut que l’association ait pour but
un minimum de deux crimes ou deux délits, mais non un crime isolé ou un délit isolé.
3)- L’intention criminelle
A/- L’INTENTION CRIMINELLE
B/- EXCUSE LEGALE ABSOLUTOIRE
Articles 268, al.4 et 267, al. 2 C.P.
Concerne les coupables qui, avant toute poursuite, ont révélé aux autorités l’entente ou
l’association.
C/- PENALITES
- Membres de l’association : travaux forcés à temps si les faits commis ou projetés
constituent des crimes et 6 mois à 5 ans d’emprisonnement (et éventuellement amende de 180.000
à 1.800.000 FMG + interdiction des droits de l’article 42 + interdiction de séjour) si les faits
commis ou projetés constituent des délits.
- Ceux qui fournissent aux associés des logements, lieu de réunion, moyens de
correspondance, instruments : Réclusion. Ce sont des fauteurs qui doivent être distingués de
affiliés.
Noter que les véritables complices (au sens des art.59 et 60 du C.P.) du crime ou du délit
d’association de malfaiteurs restent punis des travaux forcés à temps.
§ 2 – LE VAGABONDAGE (art. 269 à 273)
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION
1)- Absence de domicile certain
La notion de domicile est assez différente de celle du Code civil. Il s’agit d’une résidence,
d’une demeure réelle, si modeste soit-elle. Il faut qu ‘elle soit « avouable » : n’est pas un domicile
le lit partagé avec une fille publique après départ du dernier client.
N’est pas un « domicile » un abri en planches, sous un pont, l’occupation sans droit ni
titre d’un abri à des bestiaux appartenant à autrui, etc.
C’est au prévenu à prouver qu’il a un domicile (l’absence de domicile est un fait négatif).

145
2)- Absence de moyens de subsistance
C’est une notion très relative. Un individu en possession de 50 FMG peut soutenir qu’il
a de quoi vivre … surtout s’il peut compter sur l’aide d’autrui.
Il faut que les ressources soient « avouables ». Mais peu importe leur origine, leur
périodicité, leur nature.
Doivent être écartées les ressources provenant du vol, de la mendicité, de l’exercice du
métier de sorcier, etc.
3)- Défaut habituel de métier ou de profession
Cette notion doit être soigneusement distinguée du chômage involontaire. Le fait d’être
sans travail peut être involontaire. Le défaut de métier doit être « habituel ».
Il faut, en outre, que le métier soit « avouable ». Le charlatan, le marchand de chanvre
indien ou « rongony », le devin ou interprète de songes n’exerce pas une profession.
4)- L’intention frauduleuse
Il faut que l’intéressé soit sans domicile, sans ressources et sans travail par sa faute.
N’est pas vagabond celui qui tombe dans une misère totale par suite de son état de santé,
de son âge, de ses infirmités congénitales ou acquises (amputés, estropiés) ou du chômage général.
L’individu qui vient de sortir d’un hôpital, ou d’une prison, doit disposer d’un minimum
de temps pour trouver du travail.
B/- PENALITES
1)- Vagabondage simple
Trois à six mois d’emprisonnement (art.271).
L’étranger condamné pour vagabondage peut être conduit par ordre du Gouvernement,
hors du territoire malgache.
2)- Vagabondage aggravé
Les articles 277 à 281 prévoient diverses circonstances aggravantes.
a)- Vagabond travesti d’une manière quelconque
- vagabond porteur d’armes ;
- vagabond muni de limes, crochets, etc. (instruments pour commettre des vols ou des
effractions).
Peines : deux à cinq ans d’emprisonnement.
b)- Vagabond porteur d’effets d’une valeur supérieure à 50 FMG qui ne peut
justifier d’où ils proviennent
Peines : six mois à deux ans d’emprisonnement.
c)- Vagabond qui exerce ou tente d’exercer une violence envers les personnes
- sans autre circonstance : deux à cinq ans d’emprisonnement ;
- avec une des circonstances prévues à l’art.277 C.P. : Réclusion.
d)- Vagabond porteur de faux certificats
Les peines prévues pour les faux certificats, faux passeports, et fausses feuilles de route,
sont portées au maximum quand elles s’appliquent à des vagabonds (art.281).
3)- Vagabonds nés à Madagascar réclamés par leur commune (art. 73 C.P.) ;
Dans cette hypothèse, la peine ne serait pas exécutée.

146
§ 3 – LE VAGABONDAGE SPECIAL (art. 270, 2° alinéa
Il s’agit des « gens sans aveu » définis par l’art. 270, 2° alinéa, comme ceux qui, ayant ou
non un domicile certain, ne tirent habituellement leur subsistance que du fait de pratiquer ou de
faciliter sur la voie publique l’exercice de jeux illicites.
Les « jeux illicites » sont les jeux d’argent (cartes, dés, roulettes, tourniquets, bonneteau,
etc.) pratiqués sans autorisation administrative.
La voie publique : routes, chemins, rues, places. Il ne faut pas confondre « voie » et
« lieux publics ».
Il faut que cette pratique soit habituelle. Un seul fait ne permet pas de poursuivre.
Peine : 6 jours à 6 mis.
§ 4 – L’OISIVETE
A/- LA CONTRAVENTION D’OISIVETE HABITUELLE
L’ordonnance n°60-113 du 29 septembre 1960 a créé une contravention figurant à l’art.
473, 5° du C.P. Elle vise :
« Ceux qui sont sans ressources avouables de revenus et qui, volontairement, n’exercent
habituellement ni métier ni profession ».
On remarquera que, contrairement à la plupart des contraventions, celle-ci suppose un
élément volontaire.
Les éléments sont, à peu près, ceux du vagabondage. La principale différence réside dans
l’élément « domicile ». L’individu domicilié, qui n’a pas de ressources avouables, et qui vit dans
l’oisiveté volontairement, peut être poursuivi.
Ce texte n’est, pratiquement, jamais employé contre les « oisifs purs ». Il permet
d’atteindre les trafiquants de « rongony », d’alcool clandestin, les mendiants, etc. qui ne peuvent
jamais être surpris sur le fait.
Pénalité :
Amende 500 à 20.000 FMG et, facultativement, en outre, un à vingt neuf jours de prison
de police.
B/- L’ANCIEN DELIT D’OISIVETE
Ordonnance n° 62-062 du 25 septembre 1962 tendant à la répression de l’oisiveté.
Art. 1er : Le travail constitue une obligation pour tout citoyen qui n’en est pas empêché
par l’âge ou par l’inaptitude physique.
Art.2 : tout individu âgé de moins de 55 ans qui ne pourra justifier d’un travail régulier
est réputé oisif et pourra être astreint dans les conditions qui seront fixées par arrêté du préfet,
après avis du comité régional du plan et du développement, à effectuer certains travaux agricoles
pour son propre compte, sur des terrains lui appartenant, ou sur des terrains domaniaux qui
pourraient être mis à sa disposition.
Art.3 : Les personnes réputées oisives qui refuseront d’exécuter les travaux auxquels elles
ont été astreintes par arrêté du préfet seront passibles d’une peine de un mois à trois mois
d’emprisonnement.
Art.4 : Seront passibles des mêmes peines ceux qui, par actes ou paroles, écrits, menaces
ou manœuvres de quelque nature que ce soit, auront incité les personnes oisives à ne pas exécuter
les travaux prescrits par arrêté du préfet.
Art. 5 : Un décret pris en conseil des Ministres fixera les modalités d’application de la
présente ordonnance.
LOI N° 70-013

147
Abrogeant l’ordonnance n°62-062 du 25 septembre 1962 sur la répression de l’oisiveté
ainsi que les textes subséquents.
L’assemblée nationale et le sénat ont adopté,
Le Président de la République, Chef du Gouvernement promulgue la loi dont la teneur
suit :
Article premier.- L’ordonnance n°62-062 du 25 septembre 1962 sur la répression de
l’oisiveté ainsi que les textes subséquents sont abrogés.
Article 2.- la présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République.
Elle sera exécutée comme loi de l’Etat.
Fait à Tananarive, le 15 juillet 1970
TSIRANANA Philibert.

CHAPITRE VII
LES INFRACTIONS PREVUES PAR LES LOIS SPECIALES

SECTION I
LES VOLS DE BŒUFS

Le texte de base qui prévoit le vol de bovidés est l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre
1960 modifiée par la loi n°61-030 du 18 octobre 1961, l’ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962,
l’ordonnance n°76-015 du 17 mai 1976.
Il s’agit d’une législation exceptionnelle tant en ce qui concerne les infractions qu’en ce
qui touche à la compétence et aux juridictions organisées pour la répression.
§ 1 – LES CRIMES
A/- CE SONT LES SUIVANTS :
1)- Le vol ou la tentative de vol d’un ou plusieurs bœufs ; lorsque cette infraction est
précédée, accompagnée ou suivie d’un meurtre, cette infraction est punie de mort (article 4 de
l’ordonnance n°60-106) ;
2)- Le vol ou la tentative de vol d’un ou plusieurs bœufs, lorsque cette infraction a été
commise avec trois au moins des circonstances aggravantes suivantes :
- la nuit,
- en réunion de deux ou plusieurs personnes,
- avec port d’arme apparente ou cachée sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard
entre les armes par nature et les instruments qualifiés armes par l’usage qui en est fait ;
- avec violences,
- en alléguant un faux ordre de l’autorité civile ou militaire.
La peine est celle des travaux forcés à perpétuité (article 5 de l’ordonnance n°60-106).
3)- Le vol d’un ou plusieurs bœufs sans circonstances aggravantes spéciales, commis ou
tenté en tout lieu (dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou tout autre lieu).
La peine est celle des travaux forcés de 5 à 20 ans (article 6 de l’ordonnance 60-106) ;
4)- La mise à mort, la mutilation, les blessures d’un ou plusieurs bœufs appartenant à
autrui commise sans nécessité et volontairement à condition que ces infractions de mise à mort,
mutilation ou blessures volontaires et sans nécessité se trouvent rattachées à un vol de bœufs par
un lien de connexité (arrêt n°158 du 18 mai 1971 de la Cour Suprême et circulaire n°569-PG du
26 juillet 1971 commentant cet arrêt) ; par contre, la mise à mort d’un bœuf dévastant des cultures
ne constituerait que le délit de mise à mort de bestiaux à cornes prévu et puni par les articles 452
et 453 du Code pénal (même arrêt).

148
En ce qui concerne les mêmes infractions, la Cour Suprême a déjà statué par arrêt du 31
janvier 1967 (BIMJ n°12, p. 18, Bull. S.C. 1967 – P.12) sur l’obligation de vérifier l’existence ou
la non-existence de l’état de nécessité) ;
« Sur le moyen relevé d’office, violation des articles 7 de l’ordonnance du 27 septembre
1960, modifiée par la loi du 10 octobre 1961, 94 du Code de procédure pénale, 5 de la loi du 19
juillet 1961, insuffisance de motifs, en ce que l’arrêt attaqué a retenu la prévention de mutilation
de bovidés appartenant à autrui, volontairement et sans nécessité étaient allégués par l’accusé et
expressément soumis par l’ordre de renvoi à l’examen de la juridiction de jugement ;* »Attendu
que sur la base d’aveux non contestés ni rétractés au cours de l’information, l’ordre de renvoi en
date du 6 juillet 1961, tout en déférant le demandeur au pourvoi devant la cour criminelle spéciale
de Betroka pour mutilation de bovidés avait relevé le fait qu’il avait blessé ceux-ci sous l’effet de
la colère parce qu’ils dévastaient son champ de manioc.
« Attendu qu’en s’abstenant d’examiner les faits ainsi à elle déférés, pourtant déclarés
constants par l’ordre de renvoi, et en ne recherchant pas s’ils constituaient ou non l’état de nécessité
susceptible d’exclure la responsabilité pénale de l’accusé, la cour criminelle spéciale a
insuffisamment motivé sa décision » ; (Cassation) – voir aussi arrêt C.S. du 21.2.67, Bull. C.S.
1967, P.135).
La peine est également celle de 5 à 20 ans de travaux forcés (art.7).
5)- Le recel de bœufs volés : le receleur encourt la même peine que l’auteur principal
même s’il a ignoré les circonstances aggravantes ayant accompagné le crime (article 9 – al. 1).
Toutefois, si le crime commis par l’auteur principal est passible de la peine de mort, le receleur
n’encourra que celle des travaux forcés à perpétuité (article alinéa 2).
B/- IL FAUT SIGNALER CERTAINES PARTICULARITES CONCERNANT LES
PEINES
1)- Il est interdit aux cours criminelles spéciales d’accorder des circonstances atténuantes
ou d’octroyer le sursis (art. 11 alinéa 2 de l’ordonnance n°60-106 et ordonnance n°72-023 du 18
septembre 1972) ;
2)- L’immunité familiale prévue par l’article 380 au Code pénal n’est pas applicable aux
voleurs de bœufs ou aux auteurs de toutes infractions prévues par l’ordonnance n°60-106 (art. 11
al.1er de ladite ordonnance) ;
3)- Lorsque la peine appliquée est celle des travaux forcés à temps (5 à 20 ans),
l’interdiction de séjour de 5 à 10 ans doit être obligatoirement prononcée (ordonnance n°60-106
en son article 10).
Outre les cas de complicité prévus aux articles 59 et 60 du Code pénal, l’article 8 de
l’ordonnance n°60-106 considère comme complices d’un voleur de bœufs ceux qui, sciemment,
lui auront fourni nourriture ou asile ou prêté par un moyen quelconque, même indirect mais
conscient, aide et assistance dans la préparation ou la commission de son crime, ou pour assurer
son impunité.
§ 2 – LES DELITS
Les délits sont prévus par les articles 12 et suivants de l’ordonnance n°60-106 :
1)- La non-dénonciation d’un voleur de bœufs ou de son lieu de refuge.
La peine est celle de 1 à 5 ans d’emprisonnement plus amende de 10.000 à 100.000 FMG
(article 12).
2)- La fausse accusation de vol de bœufs, de recel, de mise à mort, de blessures ou
mutilation d’un bœuf (même peine que dessus : art.13).
3)- L’abattage clandestin d’un bœuf ou tout abattage opéré sans pouvoir justifier de la
propriété du bœuf abattu : emprisonnement de 1 à 3 mois et/ou amende de 10.000 à 100.000 FMG

149
(article 14). Si ce délit est commis par les préposés d’une société civile ou commerciale, l’amende
peut atteindre le décuple de la valeur des animaux abattus.
§ 3 - LA RESPONSABILITE CIVILE
A/- Aux termes de l’article 15 de l’ordonnance n°60-106, sont déclarés civilement
responsables et condamnés solidairement de leur valeur à la restitution des bœufs ou au
remboursement de leur valeur, quand il aura été retenu à leur encontre une faute en
relation avec l’infraction commise :
- le fokonolona du village où demeurait habituellement le coupable ;
- le fokonolona du lieu où les animaux volés ont été retrouvés ;
- le fokonolona de l’endroit où la trace des bœufs volés ont abouti.
La citation des représentants de ces fokonolona peut émaner du Ministère public ou de la
partie civile lorsque leur responsabilité paraît devoir être recherchée.
B/- L’ARTICLE 16-BIS PREVOIT EGALEMENT UNE SORTE DE
RESPONSABILITE COLLECTIVE
Il est possible de saisir les biens du conjoint ou des parents du condamné si les biens de
ce dernier ne permettent pas le paiement des dommages intérêts mais à condition que ces parents
habitent, à l’époque du crime ou du délit le même canton (actuellement fokontany) que le voleur
et à condition que la parenté soit établie selon les règles coutumières.
L’exécution est autorisée par ordonnance du Président du tribunal ou du Président de
Section sur présentation de la GROSSE et des pièces justificatives, le magistrat compétent étant
celui de la situation des biens.
Il est possible de faire opposition à cette ordonnance devant la juridiction civile
compétente qui statue d’URGENCE. Pendant la duré de l’instance civile, les bœufs saisis sont
confiés par l’agent d’exécution à la garde d’un service public ou d’une personne digne de confiance
qui devra les représenter à toute réquisition de justice.
Il est possible à la partie saisie et à la partie saisissante de s’entendre sur la valeur
estimative des bœufs à saisir ; en cas d’accord et s’il y a eu remise, un procès-verbal de remise doit
être établi.
§ 4 – LA PROCEDURE (art.17 à 50)
A/- ENQUETE ET INFORMATION
1)- Les fokonolona ont reçu des pouvoirs de police judiciaire en matière de vol de bœufs
(article 18 à 20).
2)- La procédure d’information sommaire est suivie pour tus les crimes flagrants ou non
(dont les auteurs sont identifiés et contre lesquels peuvent être retenus soit des aveux
circonstanciés, soit des charges manifestes) et punis des peines autres que la mort et les travaux
forcés à perpétuité. Pour ces derniers, il faut utiliser la voie de l’Instruction préparatoire.
3)- en cas de preuve ou de toute suspicion, les fokonolona doivent, sans désemparer,
prendre toute mesure nécessaire à la découverte et à l’arrestation des coupables. Ils recherchent
les traces, recueillent les renseignements, organisent les poursuites ; ils peuvent pénétrer à
l’intérieur de toute propriété ou concession ou établissement. Les représentants du fokonolona ont
même qualité pour entendre les témoins sans que ces derniers puissent être retenus au-delà de 24
heures.
Si les opérations amènent la découverte d’un ou plusieurs bœufs dérobés ou de leurs
dépouilles, la population est rassemblée et les explications des suspects sont recueillies
publiquement ; du tout est dressé procès-verbal par un citoyen lettré. Toutes ces dispositions sont
restées lettres mortes jusqu’à ce jour.

150
La liste des O.P.J. et leur zone de compétence (art. 23) sont définies par l’ordonnance
n°60-106. En effet, l’article 22 attribue la qualité d’officier de police judiciaire subalterne aux
militaires de la Gendarmerie quelles que soient leurs fonctions qui n’ont pas normalement cette
qualité ainsi qu’aux anciens chefs de canton.
Tous O.P.J. opérant en matière de vol de bœufs ont compétence même en dehors de leur
circonscription pour suivre l’enquête commencée sur les infractions dénoncées ou pour l’exécution
de toute délégation judiciaire. Lorsque la peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité ne sont
pas encourues, signalons que la procédure d’information sommaire peut être utilisée même s’il
s’agit de crime non flagrant.
Mais si le magistrat du Ministère public qui reçoit les P.V. estime que l’information
sommaire ne peut être terminée dans un délai de trois mois, il faut utiliser l’instruction préparatoire.
4)- les dispositions de la procédure pénale relatives aux billets d’écrou ou mandats de
dépôt en matière d’information sommaire sont applicables en matière de vol de bœufs.
En ce qui concerne les mandats de dépôt délivrés par le Juge d’instruction, leur durée
n’est pas limitée comme en matière de crime ordinaire mais les inculpés peuvent être détenus
préventivement pendant une durée qui ne doit pas dépasser le maximum de la peine prévue.
Sous l’empire de l’ordonnance n°75-019 du 23 août 1975, tout suspect déféré à la Justice
devait être obligatoirement écroué et aucune mise en liberté provisoire ne pouvait être accordée.
Mais depuis la loi n°80-037 du 23 décembre 1980 (J.O. du 27.12.80, P.2303), le mandat de dépôt
n’est plus systématique. Toutefois, si le suspect déféré est placé sous mandat de dépôt, sa mise en
liberté provisoire ne saurait être accordée si les charges relevées contre lui se précisent au cours
de l’information. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si les charges ne se précisent pas, la liberté
provisoire peut être accordée par ordonnance motivée du juge d’instruction prise sur réquisitions
conformes du ministère public.
B/- COMPETENCE – COMPOSITION DE LA JURIDICTION
Les délits prévus par les articles 12 à 14 de l’ordonnance n°60-106 sont jugés par les
tribunaux correctionnels (art.2 de l’ordonnance).
Les crimes sont de la compétence de la Cour Criminelle spéciale qui siège au chef lieu de
tout tribunal et de toute section. La Cour criminelle spéciale est précisée par tout autre magistrat
désigné par le Premier Président de la Cour d’Appel.
Lorsque la peine encourue est celle des travaux forcés à perpétuité ou la peine de mort, la
Cour Criminelle Spéciale est présidée par un Conseiller à la Cour d’Appel et le Ministère public
par un Substitut Général (ou deux magistrats de grade supérieur). Dans ce cas, les assesseurs ne
sont tirés au sort qu’avant chaque audience (article 48).
Le président est assisté de 6 assesseurs ayant voix délibérative, tirés au sort sur une liste
de 39 noms de citoyens âgés de 25 ans au moins.
Le collège des assesseurs doit comprendre pour 1/3 des éleveurs de bœufs, pour 1/3 de
non éleveurs de bœufs et pour 1/3 de citoyens domiciliés en dehors du fivondronampokontany du
siège de la Cour criminelle spéciale. Six assesseurs titulaires et trois suppléants sont désignés
chaque trimestre par voie de tirage au sort sur une liste de 39 noms arrêtés annuellement.
A cet effet, 3 urnes sont déposées sur le bureau de la Cour criminelle spéciale pour
chacune des catégories d’assesseurs visés ci-dessus. Le tirage au sort est valable dès que 26
assesseurs sont présents. Les assesseurs tirés au sort siègent pour toutes les affaires appelées
pendant le trimestre considéré. Toutefois, pour les affaires expressément désignées par le
Procureur de la République, un tirage au sort spécial a lieu avant chaque audience.
Aux termes de l’article 41-bis (inséré à l’ordonnance de 1976) et par dérogation aux
prescriptions de l’article 38 de l’ordonnance n°62-038 du 19 septembre 1962 sur la protection de
l’enfance, la Cour criminelle spéciale est compétente pour statuer dans des procédures où sont
impliqués des mineurs âgés de moins de 18 ans au moment de la commission des faits ; elle statue
151
alors, sans désemparer, sur les cas des mineurs par débat et arrêt distincts. Toutefois, l’excuse de
minorité prévue par les articles 35, 37 et 46 de l’ordonnance n°62-038 demeure applicable.
C/- PROCEDURE A L’AUDIENCE ET VOIE DE RECOURS
La procédure à l’audience est la même que pour les crimes et les délits ordinaires (cf.
Code de Procédure pénale).
Toutefois, en ce qui concerne les crimes prévus par l’ordonnance n°60-106, le Procureur
Général près la Cour d’Appel peut se pourvoir en cassation contre les acquittements et son délai
de pourvoi est porté à 15 jours.

SECTION 2
LA LEGISLATION SUR LES CHEQUES

Le chèque est un écrit par lequel un tireur donne l’ordre à un banquier ou à


l’Administration des Postes Télécommunications, chez lesquels il a déposé des fonds, de les
remettre en tout ou en partie à lui-même ou à une tierce personne. C’est donc un « titre tiré sur une
banque ou un établissement assimilé pour obtenir la paiement au profit du porteur d’une somme
d’argent qui est disponible à son profit » (Ripert, DURAND et ROBLOT). Le chèque doit être
daté et signé, il doit indiquer le lieu d’émission et enfin porter la dénomination de chèque dans son
texte.
Le chèque est une véritable monnaie. Toutefois, l’habitude s’est instaurée, pour des
personnes à petits revenus, de transformer ce moyen de paiement en un instrument de crédit,
permettant par une simple post-date de garantir les dettes contractées auprès des commerçants ou
des usuriers et d’attendre le virement de salaire en fin de mois. Il suffit alors d’un retard dans les
rentrées d’argent, d’une retenue effectuée sur la solde, d’un abus de facilités qu’offre cette
pratique, pour que le compte soit insuffisamment provisionné lors de la présentation et pour que
le délit soit constitué. Or, les tribunaux étaient mal armés pour combattre ce qui peut devenir un
véritable fléau économique, les peines prévues par le décret-loi du 30 octobre 1935 étant beaucoup
trop lourdes (6 mois à 5 ans d’emprisonnement et 180.000 à 1.800.000 francs d’amende) pour
réprimer les agissements de délinquants modestes ; d’où un certain énervement de la répression
qui se traduit par un nombre important de classements sans suite et de condamnations avec sursis.
C’est ainsi que pour permettre au public de reprendre confiance dans ce moyen de
paiement moderne et efficace qu’est le chèque, les pouvoirs publics ont procédé à la refonte des
textes réglementant la matière : une ordonnance n°72-041 du 16 novembre 1972 (JORM du
25.11.72, P.3145) a prévu plusieurs moyens pour en assurer une meilleur police, cette ordonnance
ayant alors abrogé les articles 64 et 66 du chapitre XI du décret-loi du 30 octobre 1935 modifié
par le décret-loi du 24 mai 1938 ainsi que les articles 2 et 3 dudit décret-loi du 30 octobre 1935. Il
faut enfin noter que la répression prévue pour les chèques bancaires est applicable aux chèques
postaux en vertu de l’article 60 de l’ordonnance n°60-159 du 3 octobre 1960 portant création du
code malgache des Postes et Télécommunications (JORM du 29.10.60, P.2269).
§ 1 – EMISSION ET ACCEPTATION DE CHEQUE SANS PROVISION - RETRAIT DE
PROVISION ET DEFENSE DE PAYER
A/- ELEMENT LEGAL
Article 2 et 3 de l’ordonnance n°72-041 du 16 novembre 1972.
B/- ELEMENT MATERIEL
Constitue un délit le fait d’avoir, de mauvaise foi, soit émis un chèque sans provision
préalable, suffisante ou disponible, soit retiré après l’émission d’un chèque tout ou partie de la
provision, soit fait défense au tiré de payer. Constitue également un délit le fait d’avoir en
connaissance de cause, accepté de recevoir ou d’endosser un chèque dont la provision est
inexistante ou insuffisante ou indisponible.
152
1)- Emission d’un chèque
Il est indispensable qu’il s’agisse bien d’un chèque, c’est-à-dire d’un effet répondant aux
conditions de la loi du 14 juin 1865 et la jurisprudence estime qu’il y a chèque si le titre « présente
toutes les apparences d’un chèque, s’il a été remis et accepté comme tel par les parties » :
- même si le titre ne porte pas la dénomination de chèque (crim. 9 octobre 1940, B. 45,
S.1942, .149, note Hugueney),
- même si le chèque est signé en blanc (Paris 14 janvier 1925, D.H. 1925, 205),
- même s’il n’est pas daté (crim. 3 mars 1939, G.P. 1939.2.247 ou s’il est posdaté (crim.
7 août 1944, S.1945,
- même si la date n’est pas de la main du tireur ou si elle a été tapée à la machine à
écrire (crim. 8 janvier 1937, B.32),
- même si la cause du chèque est illicite (crim.22 janvier 1927, B.24, 19 juillet 1929,
B.207).
Il n’est pas indispensable que le titre ait été produit (21 juin 1951, B.184) et il a même été
jugé qu’il y avait émission d’un chèque dans le fait de remettre au bénéficiaire un chèque en blanc
même si celui-ci n’en a pas fait usage (Rouen 20 octobre 1952, J.C.P. 1953. II.7440 ; Rev. Sc.
Crim. 1953 – 315), il n’est donc pas indispensable que le chèque incriminé soit présenté au
paiement à la banque ou versé au dossier : le délit et constitué si la preuve du défaut ou de
l’insuffisance de la provision est rapportée (vérification du compte, accusation de la victime, aveux
du prévenu ou déclaration valant aveux).
La présentation tardive du chèque ne met pas obstacle à la poursuite et à la condamnation
(crim.23 mai 1952, B.129 ; 13 novembre 1952, Rev. Sc. Crim. 1953, 105 ; 19 mars 1953, B. 257).
2)- Défaut ou insuffisance, retrait ou blocage de la provision. Acceptation d’un
chèque sans provision
a)- Défaut ou insuffisance de la provision
La provision doit être préalable à l’émission car celle-ci transfère la propriété au
bénéficiaire. En pratique, il suffit que la provision existe avant la présentation au paiement, encore
que le délit n’en soit pas moins constitué si la provision a été faite seulement entre l’émission et la
présentation au paiement, (Trib. Seine 29 mars 1922, G.P. 1922.1.628). La provision doit être
disponible, c’est-à-dire certaine, liquide et exigible.
Elle doit être enfin suffisante, c’est-à-dire égale au montant du chèque.
Mais la provision ne consiste pas obligatoirement dans une somme disponible en banque,
dans un dépôt de fonds inscrit à l’actif du tireur ; elle peut résulter d’une ouverture de crédit certain,
c’est-à-dire résultant d’une convention expresse (Montpellier 18 janvier 1936, G.P. 1936.1.587).
Mais ne suppléent pas l’absence ou l’insuffisance de provision le fait de remettre à un banquier
des titres pour les faire vendre et en porter le prix de vente au crédit du compte (Paris 21 novembre
1936, G.P. 1937.1.188) ni une ouverture de crédit consentie verbalement par le banquier (Orléans
mars 1947, D. 1947.343 ; Montpellier 20 octobre 1949, G.P. 1949.2.379 ; Seine 7 juin 1950, G.P.
1950.2.186) ni les facilités de caisse consenties par une banque à son client : le tireur ne peut s’en
remettre au bon plaisir de son banquier qui a l’habitude de régler à découvert, mais reste libre de
payer ou de ne pas payer selon les circonstances (Cass. 4 janvier 1951, G.P. 5.2.51 ; 4 février 1959,
D. 1959.J.119).
C’est en principe à la date réelle de l’émission qu’il faut se placer et non à celle figurant
sur le titre (lequel peut être postdaté) pour vérifier l’existence de la provision.
b)- Retrait ou blocage de la provision
La loi assimile au défaut de provision le fait par le tireur de la rendre indisponible.

153
La provision peut devenir indisponible soit parce que le tireur en opère le retrait (résultat
d’un virement ordonné à un autre compte et surtout de l’émission d’un autre chèque dont le
paiement a épuisé la provision du premier), soit parce que le tireur s’oppose au paiement d’un
chèque (sauf dans deux hypothèses de cette opposition est permise : perte du chèque ou faillite du
porteur), soit parce qu’un tiers frappe d’opposition le compte du tireur.
Le tireur a, en effet, l’obligation de maintenir la provision car celle-ci appartient
immédiatement au porteur. L’infraction pénale suppose la mauvaise foi mais elle serait constituée
même si le retrait a lieu après le délai légal de présentation du chèque au paiement (cr. 23 juillet
1952 précisé ; 13 novembre 1952, G.P. 19.12.52 ; 19 mars 1953, J.C.P. 1953, II. 7713). Peu
importe le mobile, si justifié qu’il puisse être : ainsi, le blocage de la provision fondé sur
l’inexécution ou l’exécution défectueuse d’un marché a été considéré comme délictueux (Pau 13
mars 1951, G.P. 1951, G.P. 1951.1.321 ; Nancy 28 juin 1950, D. 1950. 728).
c)- Acceptation d’un chèque sans provision
La loi permet de comprendre dans les poursuites pour émission de chèque sans provision
les personnes qui ont accepté un chèque de cette nature. La poursuite peut être dirigée aussi bien
contre le bénéficiaire initial du chèque que contre les porteurs successifs d’un chèque endossé
crim. 7 août 1944, S. 1945. 1.6).
Le législateur a pris cette mesure afin de mettre un terme aux chantages auxquels sont
tentés de se livrer les créanciers scrupuleux à l’égard de débiteurs aux abois ou de solvabilité
douteuse.
C/- ELEMENT MORAL
Le prévenu doit être de mauvaise foi.
La mauvaise foi ne s’analyse pas ici en l’intention de nuire, mais consiste dans la seule
connaissance qu’avait ou devait avoir le tireur, lors de l’émission, de l’absence, de l’insuffisance
ou de l’indisponibilité de la provision (Cass. 3 mai 1939, G.P. 1939.2.247 : 28 février 1946, J.C.P.
1946. IV.61) et, en cas de blocage ou de retrait de la provision, dans la seule connaissance que le
chèque n’a pas encore été payé (Crim.20 juin 1936, D.H. 1936.446 et B. 72 ; crim. 6 mai 1949,
B.4).
La jurisprudence va plus loin car :
- elle fait obligation, à toute personne qui émet un chèque, de vérifier le solde de son
crédit et retient la mauvaise foi de celui qui a émis un chèque sans s’être assuré au préalable qu’il
avait provision (Cass. 3 février 1938, D.H. 1938.1.214, Cholet 14 mars 1952, G.P. 1952.1.314) ;
- elle déclare encore de mauvaise foi le tireur qui espérait pouvoir constituer provision
avant la présentation (Montpellier 20 octobre 1949, C.1950.50 ; Seine 8 novembre 1949, G.P.
1950.1.78) ; peu importe donc l’accord entre tireur et bénéficiaire, peu importe qu’il ait été
convenu que le chèque ne serait présenté qu’à une date ultérieure ou après avis du tireur ;
- elle considère comme de mauvaise foi le tireur qui s’en remet à la bonne volonté du
banquier ayant l’habitude de régler des chèques à découvert mais cesse de le faire sans
avertissement (crim. 4 janvier 1951, B. 7 ou J.C.P. 1951. II. 6558 bis ; crim. 28 janvier 1959, B.72
P.134 ; crim. 7 octobre 1959, B. 411 p. 804).
Certes, la preuve de la mauvaise foi incombe au Ministère public mais cette notion
objective adoptée par la jurisprudence allège de façon considérable le fardeau de cette preuve et la
répression s’exerce légalement de façon presque automatique. Il suffit d’ailleurs, que les juges
affirment l’existence de cette mauvaise foi sans qu’il y ait lieu de préciser les circonstances d’où
elle déroule (crim. 20 février 1925, B.64 ; crim. 9 décembre 1932, D.H. 1933.39 ; crim 27
novembre 1952, B.283). La mauvaise foi doit être appréciée au jour où a effectivement eu lieu
l’émission même si le chèque n’est pas daté ou s’il est postdaté (crim. 21 février 1929, G.P.
1929.1.516 ; 3 mai 1939, G.P. 1939.2.147 ; 28 février 1946, J.C.P. 1946. IV.61).

154
Par contre, la bonne foi résultant notamment d’une erreur sur le montant de la provision
ferait disparaître l’infraction (Crim. 20 février 1925, B.64 ; crim. 18 décembre 1924,
D.4.1924.150).
Quant au porteur du chèque, il est de mauvaise foi lorsqu’au moment où il a accepté le
chèque, il savait que la provision était inexistante, insuffisante ou indisponible.
D/- EVENEMENT SANS INFLUENCE
1)- Le préjudice effectif n’est pas nécessaire car l’éventualité d’un préjudice suffit. Et le
délit existe même si le bénéficiaire a été désintéressé, même s’il savait que la provision n’existait.
Pas, etc.
2)- L’exception de jeu n’est pas admise au pénal. La seule conséquence est que le
bénéficiaire ne peut obtenir paiement du chèque par justice.
E/- POURSUITES ET PENALITES
1)- Poursuites
Les poursuites peuvent être exercées soit sur plainte de la victime soit d’office par le
ministère public selon les procédures ordinaires : citation directe, information sommaire ou
instruction préparatoire. Les émissions de chèque sans provision sont portées à la connaissance du
ministère public grâce aux mesures édictées par l’article 6 de l’ordonnance n°72-041 : la Banque
Centrale de la R.D.M. qui centralise les déclarations d’incident de paiement des chèques « informe
le Procureur de la République de tout refus de paiement total ou partiel d’un chèque, motivé par
l’absence, l’insuffisance ou l’indisponibilité de la provision ».
Toute personne convaincue d’un acte de complicité est punissable dans les conditions du
droit commun (crim. 4 mai 1944, B. 115). Par contre, la tentative n’est pas prévue par l’ordonnance
n°72-041.
Pour sauvegarder les intérêts des tiers porteurs éventuels, l’article 380 du Code pénal
n’est pas applicable lorsque le bénéficiaire du chèque émis sans provision est le conjoint, le parent
ou l’allié en ligne directe du tireur (Nice 14 avril 1953, D. 1953.1.347).
2)- Sanctions
L’émission de chèque sans provision, le retrait de tout ou partie de la provision, la défense
au tiré de payer et l’acceptation en connaissance de cause sont punies (article 2 de l’ordonnance
n°72-041) :
- d’un emprisonnement de 1 mois à 2 ans
- et d’une amende de 20.000 à 1.000.000 frs
- ou de l’une de ces deux peines seulement
- facultativement de l’interdiction pour une durée de 6 mois à ans d’émettre des
chèques autres que ceux permettant exclusivement le retrait des fonds par le tireur
condamné lui-même auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés conformément aux
dispositions de la loi du 28 février 1941 (art.3 de l’ordonnance n°72-041).
Le tireur, même de bonne foi, est en outre passible d’une amende fiscale de 20 p. 100 de
la somme pour laquelle le chèque est tiré sans qu’elle puisse être inférieure à 1.000 francs (art.305-
II de l’ordonnance n°62-055 du 20 septembre 1962 portant Code de l’Enregistrement et du
Timbre : JORM du 5.10.62, p.2098).
En cas de récidive, la peine d’emprisonnement sans sursis est toujours prononcée (art.2 –
al.3 de l’ord.72-041) et les infractions ci-dessus d’émission, d’acceptation de chèque sans
provision, de retrait ou de blocage de la provision sont considérées comme étant un même délit au
point de vue de la récidive (art.2 al.2 de l’ordonnance 72-041).

155
3)- Action civile
Antérieurement au décret-loi du 24 mai 1924, la Chambre criminelle de la Cour de
Cassation estimait que le tribunal correctionnel était incompétent pour ordonner la restitution du
montant du chèque et pour statuer ainsi sur le montant d’une créance indépendante du délit et
antérieure à sa perpétration (Cass. 7 mai 1937, S. 1938.1.38). Le décret-loi du 24 mai 1938 et
complétant l’article 65 de la loi du 14 juin 1865, a permis au bénéficiaire du chèque qui s’est
constitué partie civile d’obtenir, de la juridiction répressive, l’allocation d’une somme égale au
montant du chèque, sans préjudice de tous dommages intérêts.
Et, aux termes de l’article 5 de l’ordonnance n°72-041 du 16 novembre 1972, « à
l’occasion des poursuites pénales exercées contre le tireur, le bénéficiaire qui s’est constitué partie
civile est recevable à demander devant les juges de l’action publique une somme égale au montant
du chèque, sans préjudice, le cas échéant, de tous dommages intérêts. Il peut, s’il le préfère, agir
en paiement de sa créance devant la juridiction ordinaire » c’est-à-dire devant le tribunal civil.
Mais, la juridiction répressive aussi bien que la juridiction civile saisies par le porteur
d’une demande en restitution d’un chèque impayé ne sont pas tenues d’accorder automatiquement
cette restitution même si le tireur a été déclaré coupable au point de vue pénal. Elles peuvent
apprécier l’existence de la créance que le chèque était destiné à régler. Elles sont même tenues de
se livrer à cette appréciation si elles en sont sollicitées par les parties élevant une contestation sur
l’existence ou sur la validité de la créance (crim. 20 mars 1952, J.C.P. 1952.II.3162 ; crim. 10 juin
1953, B/196) car elles doivent rejeter la demande des parties civiles porteuses d’un chèques sans
provision correspondant à une obligation ayant une cause illicite ou immorale, une dette de jeu par
exemple (crim.22 janvier 1927, B.24 et D.H. 1927.116 ; 11 avril 1937, G.P. 1937.1.861 ; Nancy
27 mai 1953, Rev. Sc.crim. 1954.135).
Enfin, il a été jugé que le bénéficiaire de mauvaise foi d’un chèque sans provision ne
pouvait demander le remboursement du montant du chèque mais pouvait obtenir des dommages
intérêts correspondant à un préjudice distinct, réel et actuel, qui a pu résulter pour lui de l’émission
du chèque sans provision (Cass. 7 août 1941, S. 1941.1.6).
§ 2 – CHEQUE SANS DATE OU REVETU D’UNE FAUSSE DATE
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS
C’est une nouvelle incrimination créée par l’article 1er de l’ordonnance n°72-041 du 16
novembre 1972.
L’émission, l’acceptation ou l’endossement de mauvaise foi d’un chèque non daté ou
revêtu d’une fausse date est puni même si le chèque est provisionné. Le nouveau texte a pour objet
de lutter contre l’usure en réprimant la pratique du chèque postdaté utilisé comme reconnaissance
de dette ; il remplace l’article 64 du décret-loi du 30 octobre 1935 qui ne prévoyait qu’une sanction
fiscale, en fait jamais utilisé.
B/- PENALITES
La peine est une amende de 5.000 à 50.000 FMG, sans préjudice de l’amende fiscale
prévue par l’article 305-II susvisé du Code de l’Enregistrement et du Timbre.
§ 3 – CONTREFACON ET FALSIFICATION DE CHEQUE
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS
1)- L’élément légal trouve son siège dans l’article 4 de l’ordonnance n°72-041 du 16
novembre 1972.
2)- Constitue un délit le fait :
- soit de contrefaire ou de falsifier un chèque,
- soit de faire usage ou de tenter de faire usage d’un chèque contrefait ou falsifié,
- soit d’accepter de recevoir ou d’endosser un chèque contrefait ou falsifié.

156
Les faits constituaient des faux soit en écriture de commerce soit en écriture privée. C’est
le décret-loi du 24 mai 1938 modifiant l’article 66, al.5 et 6 du décret-loi du 30 octobre 1935 qui
les a correctionnalisés mais les éléments constitutifs demeurent les mêmes, notamment il faut :
- qu’il y ait altération de la vérité à l’aide de l’un des moyens énumérés par le Code
pénal,
- que cette altération ait été accomplie dans une intention frauduleuse,
- et qu’elle soit susceptible de causer un préjudice.
3)- La mauvaise foi est donc nécessaire.
En ce qui concerne l’acceptation de chèque contrefait ou falsifié, elle a dû être en
connaissance de cause : le bénéficiaire a dû connaître l’irrégularité du chèque au moment de sa
réception ;
B/- PENALITES
Les peines sont celles de l’escroquerie (art.4 de l’ord. N°72-041, c’est-à-dire :
- emprisonnement de 6 mois à 5 ans,
- amende de 180.000 à 1.800.000 FMG, facultativement privation des droits de l’article
42 du Code pénal pendant 10 ans au plus et interdiction de séjour pendant 2 à 5 ans.
Les faits ci-dessus (A-2°) sont considérés comme étant un même délit au point de vue de
la récidive (art.4 – al.2 de l’ord. 72-041).
Enfin, il faut noter que la tentative d’usage de chèque contrefait ou falsifié est punie.
§ 4 – INFRACTION A L’INTERDICTION D’EMISSION DE CHÈQUES ORDINAIRES
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS
1)- il s’agit là, également, d’une incrimination nouvelle créée par l’art. 3 de l’ordonnance
n°72-041.
2)- Cet article 3 institue, en effet, une importante mesure de sûreté : l’interdiction,
prononcée par le tribunal, d’émettre des chèques autres que des chèques certifiés ou « de caisse ».
Le tribunal pourra ainsi protéger le délinquant contre la tentation permanente d’utiliser son
chéquier à tort et à travers.
Il faut :
- qu’il s’agisse d’un individu condamné par l’un des faits à l’article 2 de l’ordonnance
n°72.041 : émission ou acceptation de chèque sans provision, retrait ou blocage de la
provision ;
- que la peine accessoire d’interdiction ait été prononcée contre lui ;
- qu’il ait contrevenu à cette interdiction.
B/- PENALITES
La peine est de 1 mois à 1 an d’emprisonnement, sans préjudice, le cas échéant, des peines
portées à l’article 2 (art. 3. al.4).
Pas de confusion possible de cette peine avec celles de l’article 2 (art.3, al. 5).
Le condamné ne peut se faire délivrer que des formules de chèques permettant
exclusivement le retrait de fonds par le tireur. Si le tiré délivre des chéquiers ordinaires au mépris
de cette interdiction, il pourra être déclaré solidairement responsable du dommage causé par le
non-paiement d’un chèque émis au moment d’une formule délivrée postérieurement à la
notification de l’interdiction (art. 7, al. 3 de l’ord. N°72-041).
§ 5 – DELIT COMMIS PAR LE TITRE
A/- Eléments constitutifs
Cette infraction est prévue et punie par l’article 8 de l’ordonnance n°72-041 du 16
novembre 1972.
157
Constitue un délit le fait par le tiré :
- soit d’indiquer sciemment une provision inférieure à la provision existante et
disponible ; bien que le texte vise seulement le cas où le tiré indique une provision inférieure au
montant du chèque, on doit l’appliquer au cas du tiré qui déclare faussement n’avoir aucune
provision.
- soit de contrevenir aux dispositions lui faisant obligation de déclarer les incidents de
paiement de chèque ainsi que les infractions prévues à l’article 3.
Si la provision est inférieure au montant du chèque, le porteur ne peut pas en refuser un
paiement partiel ; il a même le droit d’en exiger le paiement jusqu’à concurrence de la provision
sauf à faire protéger le chèque pour le surplus (art.34 du décret-loi du 30 octobre 1935).
B/- PENALITES
La peine est une amende de 100.000 à 2.000.000 FMG.
§ 6 – QUID DES TRAVELLER’S CHEQUES ?
Les traveller’s chèques ou chèques de voyage sont émis par une banque sur l’ensemble
de ses agences ou de ses correspondants et payés à la personne qui présente à l’une quelconque
des agences ou correspondants de ladite banque, une lette dite d’indication remise par l’émetteur.
La Cour de cassation conteste aux traveller’s chèques la qualification de chèques, estimant qu’ils
expriment, non pas un mandat, mais seulement un engagement de payer contracté par le banquier
émetteur (Crim. 29 mars 1955, Rv. Banque 1956.41, note Marin ; crim 20 janvier 1960, G.P.
1960.1.276).
Mais, plusieurs cours d’appel, faisant application du décret-loi du 30 octobre 1935 pour
savoir quels actes, commis à propos des traveller’s chèques, constituent des infractions, ont décidé
que la législation pénale du chèque doit être appliquée aux traveller’s chèques (Paris 8 novembre
1950, S.1951.2.137 ou Rv. Trim. Dr. Com. 1951. 556 ; 26 novembre 1954, Rv. Trim. Dr. Com.
1955.628 ; Amiens 19 janvier 1956, J.C.P. 1956.II.9187, note Cabrillac).

SECTION 3
LES INFRACTIONS EN MATIERE DE PRESSE ET D’INFORMATION

Les « délits de presse » forment, dans l’ensemble du droit pénal, une sorte d’îlot isolé.
Les infractions visées par cette expression sont en effet, soumises à certaines règles spéciales, de
procédure notamment, dont d’aucunes s’expliquent par la nature politique qu’on leur reconnaît de
façon générale.
La plupart des règles étaient contenues dans la loi n°59-29 du 27 février 1959 portant
réglementation de la liberté de la presse (on y trouve la plupart des dispositions de la loi française
du 29 juillet 1881), complétée et modifiée par l’ordonnance n°60-035 du 25 mai 1960 et par la loi
n°60-015 du 23 décembre 1960. Des textes ont été abrogés par l’ordonnance n°74-014 du 21 mars
1974 portant Charte de la Presse à Madagascar (JORM du 6 avril 1974, p.925).
Il s’agit d’un texte complexe, concernant non seulement les organismes d’information et
le statut des journalistes mais aussi et surtout la réglementation de la liberté de la presse sous toutes
ses formes, ainsi que la liberté d’expression par discours et autres manifestations orales, par
affichage, exposition, etc. d’images, emblèmes, etc. bref, tout ce qui peut atteindre le public.
On peut distinguer, « grosso modo », dans le texte, trois groupes de dispositions :
- la police générale de l’imprimerie, de la librairie, de la presse périodique, de
l’affichage, du colportage, de la vente sur la voie publique ;
- les infractions commises par la voie de la presse, c’est-à-dire, les crimes et délits
commis par tous moyens de publication ;
- les règles de procédure et de responsabilité pénale particulière au régime de la presse.

158
§ 1 – LA POLICE GENERALE DE LA PRESSE
La presse et ses activités font l’objet d’un certain nombre de dispositions de caractère
administratif assorties de sanctions pénales.
A/- L’IMPRIMERIE
1)- Principe de la liberté
L’article 2 de la Charte de la Presse dispose en une formule lapidaire que « l’imprimerie
et la librairie sont libres ». Le législateur affirme donc que l’imprimerie est libre mais il apporte
immédiatement une certaine restriction en ajoutant que « les manifestations de cette liberté
fondamentale n’ont d’autres limites que celles qu’imposent le maintien de l’ordre social, les
nécessités de l’ordre public et de sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Le Gouvernement, les
pouvoirs publics entendent d’ailleurs contrôler ce qui s’imprime, sauf que ce contrôle, au lieu de
s’exercer à titre préventif, ne va plus être qu’un contrôle à posteriori.
L’imprimerie et les journaux sont libres, mais à la condition de ne pas commettre, par la
voie de la presse, certaines infractions. Il faut donc que l’on puisse identifier les auteurs des
infractions qui seraient commises, d’où l’exigence par l’article 3 de la mention du nom de
l’imprimeur sur « tout écrit rendu public à l’exception des ouvrages de ville ou bilboquets » c’est-
à-dire de certains imprimés sans importance (affiches, cartes de visite, lettres de faire-part, etc.).
Le nom et le domicile de l’imprimeur doivent être portés sur les documents imprimés.
La distribution d’imprimés qui ne porteraient pas ces indications est interdite et ceux qui
en distribueraient se rendraient eux-mêmes coupables des infractions commises dans les
documents en question.
2)- Incriminations et sanctions
Le fait d’avoir omis le nom de l’imprimeur est, en lui-même une infraction et le fait de
distribuer des imprimés qui ne portent pas le nom de l’imprimeur est, lui aussi, une infraction
identique, l’un et l’autre étant punis d’une amende de 3.000 à 50.000 FMG (art.3). C’est une peine
correctionnelle par conséquent, purement pécuniaire, mais, en cas de récidive s’u ajoute une peine
d’emprisonnement de 1 à 6 mois.
Pour qu’il y ait récidive, il faut que l’imprimeur ou le distributeur ait été condamné pour
les mêmes faits dans les douze mois. C’est là une règle spéciale, favorable aux prévenus, puisqu’en
matière correctionnelle, le délai dans lequel joue la récidive est en principe de cinq ans.
B/- AFFICHAGE
L’affichage est en principe libre, sous réserve de la possibilité pour le propriétaire des
emplacements sur lesquels on veut afficher de s’opposer à cet affichage.
1)- Privilèges dont bénéficie l’affichage des actes officiels
L’affichage officiel, c’est-à-dire fait à la requête des autorités publiques, ne peut avoir
lieu que dans des emplacements réservés et, inversement, ces emplacements réservés sont en
principe interdits aux particuliers. Aux termes de l’article 18 : « Dans les circonscriptions
administratives, l’autorité locale désignera, par arrêté ou par décision, les lieux exclusivement
destinés à recevoir les affiches des lois et autres actes de l’autorité publique. Il est interdit d’y
placer des affiches particulières ».
Les affiches des actes de l’autorité publique bénéficient, en outre, d’être les seuls à
pouvoir être imprimés sur papier blanc (art.18 al.2 in fine), toutes autres affiches doivent comporter
une partie colorée, d’une couleur quelconque afin précisément qu’il apparaisse qu’il ne s’agit que
d’un affichage privé.

159
2)- Incriminations et sanctions
a)- Toute contravention à ces prescriptions est punie des mêmes peines que celles qui
frappent le manquement à l’indication du nom et du domicile de l’imprimeur : amende de 3.000 à
50.000 FMG.
Les peines de la récidive s’appliquent dans les mêmes conditions.
b)- Destruction et lacération des affiches
L’article 20 prévoit par ailleurs le cas où il a été porté atteinte aux affiches qui avaient été
apposées par l’administration : « Ceux qui auront enlevé, déchire, recouvert ou altéré par un
procédé quelconque, de manière à les travestir ou les rendre illisibles, des affiches apposées par
ordre de l’Administration dans les emplacements réservés à cet effet, seront punis d’une amende
de 3.000 à 15.000 FMG ». Il s’agit donc d’une modeste contravention.
La peine devient plus forte si le fait a été commis par un fonctionnaire ou un agent de
l’autorité publique car s’ajoute à cette amende de 3.000 à 15.000 FMG un emprisonnement de 6
jours à 1 mois, mais le tribunal peut ne prononcer que l’une de ces deux peines seulement (art.20,
al.2).
Les mêmes peines que dessus et selon les mêmes distinctions (infraction commise par un
particulier ou par un fonctionnaire) sont prévues à l’encontre des auteurs de destruction ou de
lacération des affiches électorales émanant de simples particuliers apposés ailleurs que sur les
propriétés de ceux qui auront commis la lacération ou l’altération (art.20, al.3 et 4).
C/- L’OBLIGATION DU DEPOT LEGAL
La matière est actuellement réglementée par les articles 98 et suivant de l’ordonnance
portant Charte de la Presse.
1)- aux termes de l’article 98, « les imprimés de toute nature, y compris le oeuvres
multitraitements, livres, périodiques, brochures, estampes (images imprimées après avoir été
gravées sur cuivre ou sur bois), gravures, cartes postales illustrées, affiches, carte de géographie
et autres , les œuvres musicales, photographiques, les enregistrements sonores et visuels quelqu’en
soit le support, mises publiquement en vente, en distribution ou en location, ou cédées pour la
reproduction sont soumis à la formalité du dépôt légal ».
Il y a deux dépôts dont l’un est effectué en 4 exemplaires par l’imprimeur ou le producteur
(art.101) et l’autre en 8 exemplaires par l’éditeur (art.106).
Les exceptions ne concernent que les ouvrages de ville ou bilboquets dont il a été question
plus haut et ceux, en outre, qui n’ont pas de valeur et qui ne risquent pas, en principe, de contenir
des infractions à la loi. Ce sont d’après l’article 99 :
- les travaux d’impression dits de ville, tels que lettres et cartes d’invitation, d’avis,
d’adresse, de visite ;
- les lettres et enveloppes à en-tête ;
- les travaux d’impression dits administratifs, tels que modèles, formules et contextures
pour factures, actes, états, registres ;
- les travaux d’impression dits de commerce, tels que tarifs, instructions, étiquettes,
cartes d’échantillons ;
- les bulletins de votes, ainsi que les titres de publications non encore imprimés ;
- les titres de valeurs financières.
2)- tous travaux d’impression ou d’édition soumis au dépôt légal et doivent être inscrits
sur des registres spéciaux et affectés d’un numéro d’ordre suivant une suite ininterrompue
(art.102).
Aux termes de l’article 103, « sur tous les exemplaires d’une même œuvre soumise au
dépôt légal doivent figurer les mentions suivantes :

160
1)- nom et adresse de l’imprimeur ou du producteur ;
2)- nom et adresse de l’éditeur ;
3)- mois et millésime de l’année de création ou d’édition ;
4)- le chiffre du tirage ;
5)- les mots « dépôt légal » suivis de l’indication de l’année ou du trimestre au cours
duquel le dépôt a été effectué ;
6)- les numéros d’ordre dans la série des travaux de la maison d’impression et de la
maison d’édition, visés à l’article 101 de la présente ordonnance. Pour les auteurs
éditant eux-mêmes, le numéro de l’éditeur sera remplacé par le nom de l’auteur suivi
du mot « éditeur ». Pour les journaux et périodiques, le numéro d’ordre dans la série
de parution.
Les nouveaux tirages devront porter l’indication du millésime de l’année où ils sont
effectués. Ils seront revêtus des mentions énumérées ci-dessus, ainsi que de la date du dépôt
primitivement effectué.
Les photographies de toute nature, mises en vente, en distribution, en location ou cédées
pour la reproduction doivent porter le nom ou la maque de l’auteur et du concessionnaire du droit
de reproduction, ainsi que la mention de l’année de la création.
Les exemplaires déposés doivent être conformes aux exemplaires courants imprimés,
fabriqués, mis en vente, en location ou en distribution, et de nature à en permettre la conservation.
Les films cinématographiques doivent être conformes à ceux destinés à la projection.
3)- Nombre d’exemplaires à déposer
a)- L’imprimeur ou le producteur, ou, s’il s’agit d’ouvrages dont la confection nécessite
la collaboration de plusieurs spécialistes, le dernier d’entre eux qui a eu l’ouvrage en mains avant
la livraison à l’éditeur doit effectuer le dépôt en quadruple exemplaire (art.104). Pour les imprimés,
ce dépôt est effectué dès l’achèvement du tirage (art.104).
Le dépôt d’un seul exemplaire est autorisé s’il s’agit (art.105) :
- des ouvrages et de nouvelles éditions dont le tirage n’excèdent pas 300 exemplaires
numérotés et si, par leur présentation, ils peuvent être considérés comme édition de
luxe ;
- d’estampes artistiques tirées à moins de 200 exemplaires ;
- d’enregistrements sonores et visuels quel qu’en soit le support (disques
phonographiques, films cinématographiques) à la diligence des producteurs ; les
éditions musicales sont exclues du dépôt légal d’imprimeur.
b)- Tout éditeur ou toute personne physique ou morale qui en tient lieu (imprimeur,
éditeur, association, syndicat, société civile ou commerciale, auteur éditant lui-même ses œuvres,
administration publique) qui met en vente, en distribution, en location, ou qui cède pour la
reproduction une œuvre des arts graphiques portant ou non l’indication de sa firme, doit en
effectuer le dépôt légal en 8 exemplaires complets (art.106, al.1). Ce dépôt de l’éditeur doit être
préalable à la mise en vente ou en distribution sauf pour les éditions musicales dont le dépôt doit
être effectué, dans un délai de trois mois (art.106, al.2).
Les nouvelles éditions et les ouvrages de luxe, ainsi que les estampes tirées à moins de
deux cents exemplaires peuvent n’être déposés qu’en 3 exemplaires complets et en bon état. Par
ailleurs, les disques phonographiques et les films cinématographiques ne sont déposés qu’en 2
exemplaires par l’éditeur ou le distributeur. Enfin, les partitions musicales manuscrites ou
reproduites mécaniquement à moins de dix exemplaires ne sont déposées qu’en un seul
exemplaire.
c)- Les imprimeurs éditeurs et les producteurs éditeurs effectuent le dépôt en 10
exemplaires (art.108 à 110).

161
4)- Au cas d’inexécution partielle ou totale des dépôts prescrits et un mois après l’envoi
par lettre recommandée d’une mise en demeure restée infructueuse, le Ministre de l’Intérieur peut
faire procéder à l’achat dans le commerce, sur les fonds du budget de l’Etat, de l’œuvre non
déposée ou des exemplaires manquants et ce aux frais de la personne soumise à l’obligation du
dépôt légal. Le remboursement des frais d’achat est poursuivi, soit par la voie civile soit, le cas
échéant, par voie de constitution de partie civile « cas de poursuites en vertu de l’article 112 ».
L’action du Ministre de l’Intérieur se prescrit par dix ans.
5)- L’article 112 prévoit des sanctions pénales de 3.000 à 30.000 FMG pour l’individu
qui se sera volontairement soustrait aux obligations mises à sa charge par la loi ; en cas de récidive,
la peine devient une amende de 30.000 à 300.000 FMG.
Le 2° alinéa de cet article 112 prévoit que la prescription est de 3 ans et qu’elle se réalise
à partir de la publication.
D/- LE COLPORTAGE
Le colportage consiste à vendre ou distribuer une publication imprimée. La loi ne
réglemente que le colportage habituel : la distribution et le colportage accidentel ne sont assujettis
à aucune formalité (art.22, al. 1er).
1)- Réglementation du colportage
Les colporteurs habituels doivent être titulaires d’une attestation délivrée par le Directeur
du journal, l’Editeur ou le Libraire selon le cas. Aux crimes de l’article 21 en effet, « quiconque
voudra exercer la profession de colporteur ou de distributeur sur la voie publique, ou en tout autre
lieu public ou privé … sera tenu de présenter une attestation à toute réquisition de l’autorité ou il
exerce sa profession ».
L’attestation doit contenir les nom, prénoms, profession, domicile, âge et lieu de
naissance du colporteur ou du distributeur (art.21, al.3. L’âge minimum pour être colporteur ou
distributeur est de 12 ans (art.21, al.4).
2)- Incriminations et sanctions
Les infractions à la réglementation du colportage sont prévues dans l’article 22, al.2 et 3 :
le défaut de présentation de l’attestation visée ci-dessus constitue une contravention punie d’une
amende de 100 à 2.000 FMG, en cas de récidive, l’emprisonnement de 1 à 5 jours peut être
prononcé.
Si le colporteur ou distributeur a sciemment colporté ou distribué un document
délictueux, il pourra être poursuivi conformément au droit commun (art.23).
E/- REGLES RELATIVES A LA PRESSE PERIODIQUE
Aux termes de l’article 4, « est considéré comme journal ou périodique tout support écrit
paraissant régulièrement et mis en vente au public à un prix fixe dans les conditions suivantes :
- au minimum 4 fois par semaine pour un quotidien ;
- une fois par semaine pour un hebdomadaire ;
- au moins une fois par mois pour un mensuel ;
- au moins deux fois par mois pour un bimensuel ;
- une fois tous les 3 mois pour un trimestriel ;
- une fois tous les 6 mois pour un semestriel ;
- au moins 2 fois tous les trois mois pour un bimestriel.
Sont également considérés comme des imprimés au sens de l’ordonnance n°74.014, les
enregistrements sonores, disques, bandes magnétiques et supports audio-visuels.
1)- Formalités à remplir
Les articles 5 et suivants prévoient des formalités assez complexes en ce qui concerne la
presse périodique :

162
L’article 5 commence par dire que « tout journal ou périodique peut être publié sans
autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement ». Ici encore on a voulu reconnaître la
conquête de la liberté de la presse. Ill y eut, en effet, un temps où la publication ne pouvait être
faite qu’après avoir obtenu une autorisation des autorités administratives, qui était souvent
accompagnée de l’obligation de déposer un cautionnement assez élevé pour répondre
éventuellement des amendes qui pourraient être prononcées contre la direction du journal.
En principe donc, et c’est la reconnaissance du principe de la liberté de la presse
périodique, il n’y a pas besoin d’autorisation préalable, où de dépôt de cautionnement, mais cela
n’exclut pas l’accomplissement de certaines formalités destinées à informer les autorités qui
veulent savoir quels sont les responsables de cette publication périodique, afin que, si cette
publication excède les libertés accordées en matière d’information, on sache qui poursuivre. La
règle en droit malgache est en effet que les personnes pénalement responsables sont des personnes
physiques même lorsque l’infraction est imputable à une personne morale.
a)- Déclaration
La première formalité à remplir consiste à faire une déclaration informant les pouvoirs
publics que l’on va publier un journal, une publication périodique. Aux termes de l’article 8, « sept
jours francs au moins avant la publication de tout journal ou périodique, il sera fait au parquet du
Procureur de la République, au Substitut près une section du tribunal ou, à défaut, au Président de
Section, une déclaration de publication. La déclaration de publication comprend :
- le titre du journal ou périodique, son mode de publication et sa périodicité ;
- le nom et le domicile du Directeur de la publication et éventuellement du co-directeur
de la publication ;
- l’indication de l’imprimerie où se fera l’impression.
Ainsi on pourra identifier la publication et les pouvoirs publics seront informés de cette
publication et pourront suivre un peu ce qui se publie dans ce journal.
Toute modification relative au titre du journal, à la personne du directeur de la
publication, à l’imprimerie, doit être déclarée dans les mêmes conditions dans les cinq jours (art.8.
al.2).
Cette déclaration se fait au parquet, donc auprès de l’autorité judiciaire et non pas comme
la précédente auprès de l’autorité administrative. Elle est faite par écrit et sur papier timbré en
double exemplaire, signée du directeur de la publication, et il en est délivré récépissé portant date
du jour de réception sur un des exemplaires qui est retourné déclarant (art.9) ; cette date fait courir
le délai de 7 jours francs visé ci-dessus.
Parmi les mentions qui doivent faire figurer sur la déclaration, il y a le nom et le domicile
du directeur de la publication, « tout journal ou périodique doit – en effet, di l’article 6, al.1er –
avoir un directeur de la publication ». Ce directeur doit être majeur, jouir de ses droits civils et
politiques et doit avoir la nationalité malgache (art.7) : c’est là un poste assez périlleux car c’est
ce directeur qui sera poursuivi chaque fois que l’on aura quelque chose à reprocher au journal. Et
« si le directeur de la publication jouit de l’immunité parlementaire, il doit désigner un co-directeur
de la publication ne bénéficiant pas d’une telle immunité » (art.6, al.2). Le nom de ce co-directeur
doit figurer à côté de celui du directeur sur chaque exemplaire imprimé de la publication ; on les
trouve généralement en bas de la dernière page du journal ou de la revue. C’est sur cette personne
que pèse la responsabilité pénale de tout ce qui est publié dans le numéro du périodique.
b)- Dépôt d’exemplaires : dépôt administratif et dépôt judiciaire
Pour faciliter le contrôle des pouvoirs publics (contrôle judiciaire et information
gouvernementale) sur le contenu du périodique, plusieurs numéros doivent être déposés, à titre
gratuit, dont :

163
- 6 au moins sont destinés à l’autorité administrative : 2 exemplaires sont destinés au
Ministère chargé de l’Information et 4 au Ministère chargé de la Bibliothèque
Nationale et Universitaire (art.113) ;
- 2 autres sont remis au parquet du Procureur de la République ou au Substitut près
d’une section de tribunal ou au Président de section ou à défaut au Chef-lieu du
fivondronampokontany (art.114).
Le dépôt judiciaire est effectué par le Directeur de la publication ou son mandataire
spécial dûment habilité par procuration écrite notifiée au Procureur de la République.
Les articles 113 et 114 n’exigent pas que les dépôts soient préalables ; il suffit qu’ils aient
lieu « au moment de la publication de chaque feuille ou livraison de journal ou périodique ».
Conformément à l’article 1er du décret n°74-113 du 27 mars 1974, réglementant le dépôt
légal en application de l’ordonnance n°74-014 portant Charte de la Presse (JORM du 6.4.74.
P.956) les dépôts administratifs sont effectués :
- au bureau du dépôt légal du Ministère de l’Intérieur à Antananarivo lorsque le
domicile de l’imprimeur ou de l’éditeur est situé dans le Fivondronampokontany
d’Antananarivo Renivohitra ;
- aux bureaux du Faritany lorsque ce domicile est situé sur le territoire des chefs-lieux
de Faritany autres que Antananarivo ;
- aux bureaux du PCE du Fivondronampokontany dans les autres cas.
Le bureau du dépôt légal est ouvert quotidiennement le matin de 3 heures à 6 heures et
l’après-midi de 14 heures à 21 heures, dimanches et jours fériés exemptés (art.1er du décret n°75-
137 du 7 août 1975 réglementant le dépôt légal – JORM du 9.8.75, p.2045 – modifié en dernier
lieu par le décret n°75-293 du 28 novembre 1975, JORM du 6.12.75 p.3153).
La mise en vente ou la distribution pouvait suivre immédiatement de le dépôt sans aucune
formalité, mais depuis l’ordonnance n°75-015 du 7 août 1975 relative à la suspension … (JORM
du 9.8.75, P.2043), cette mise en vente ou la mise en circulation des travaux d’impression ou
d’édition ne peut avoir lieu que trois heures après le dépôt et sur visa du Ministère de l’Intérieur.
Le visa de paraître est notamment refusé quand il s’agit de publication d’articles de nature
à perturber l’ordre public, à porter atteinte aux bonnes mœurs ou à compromettre l’unité nationale
et trois refus de visa (successifs ou non) pour l’un de ces motifs peuvent entraîner la suspension
du journal ou périodique (art. 2 de l’ordonnance n°75-015).
D’autre part, aux termes de l’article 3 de cette ordonnance n°75-015, le Ministre de
l’Intérieur peut suspendre par arrêté :
- pendant une période allant de 1 à 6 mois, les journaux et périodiques quotidiens,
bihebdomadaires ou dont la périodicité est inférieure à une semaine ;
- pendant une période correspondant à la parution de 2 à 6 numéros, les journaux et
périodiques dont la périodicité est égale à une semaine.
L’article 4 de la même ordonnance ajoute que pendant la période de suspension, les
responsables de la publication ne peuvent ni diminuer le délai de périodicité ni faire paraître la
publication sous un autre titre.
Ces mesures exceptionnelles étaient édictées en raison des agissements provocateurs de
certains responsables de journaux et compte des réalités de l’époque (politique, économique,
sociale, administrative) que vivait le pays et qu’exigeait l’état de nécessité nationale. Destinées à
être provisoires, elles ont pourtant été expressément confirmées et introduites dans la législation
ordinaire par ordonnance n°77-.034 du 29 juin 1977 (JORM DU 16.7.78 ? P ; 1873° ET CE ?
POUR LA D2FENSE DES ACQUIS DE LA r2VOLUTION SOCIALISTE ET EN
APPLICATION DES ARTICLES 16 ET 117 DE LA Constitution ;

164
2)- Incrimination et sanctions
a)- Le fait de e pas avoir fait la déclaration préalable ou de ne pas avoir déclaré la
modification survenue, le fait d’avoir un directeur de publication qui n’avait pas les qualités
requises, entraînent une amende de 3.000 à 50.000FMG à l’encontre du propriétaire, du directeur
ou du co-directeur ou é d2faut à l’encontre de l’imprimeur (art.10 de l’ordonnance 74-014). C’est
la (imprimeur) un exemple de la responsabilité pénale du fait d’autrui : l’imprimeur doit se refuser
à imprimer une publication périodique qui ne comporte pas le nom du directeur de la publication.
Si la publication irrégulière continue, l’amende, qui est de 10.000 FMG par numéro
publié, est prononcée solidairement contre les mêmes personnes « pour chaque numéro ainsi
publié irrégulièrement à partir du jour de prononciation du jugement de condamnation, si ce
jugement est contradictoire, et du troisième jour qui suivra sa notification s’il a été rendu par
défaut, et ce, nonobstant opposition ou appel si l’exécution provisoire est ordonnée » (art.10, al.
1er in fine). Il s’agit d’une procédure particulière car l’appel peut être interjeté même si on a été
condamné par défaut, ce qui est contraire aux règles courantes : normalement contre une
condamnation par défaut, il faut d’abord utiliser la voie de l’opposition et en outre, l’art.10, al.2
impartit un délai très bref (3 jours) à la Cour d’Appel pour statuer.
b)- Lorsqu’on a omis d’indiquer au bas de tous les exemplaires le nom du directeur de
la publication, une amende de 3.000 à 15.000 FMG par numéro publié est prononcée contre
l’imprimeur qui aurait dû s’apercevoir que la publication était irrégulière (art.11).
c)- Si o n’a pas déposé les exemplaires qu’on devait déposer tant au parquet qu’auprès
des autorités administratives, une amende de 3.000 GMG est prononcée contre le Directeur de la
publication (art.115 de l’ordonnance 74-014) ; et l’infraction existe, non seulement quand le dépôt
n’a pas été effectué, mais encore quand il n’a pas été fait dans les conditions prescrites. Il en est
ainsi quand il a lieu tardivement ou quand il ‘a pas été déposé le nombre d’exemplaires prescrit,
ou quand les exemplaires déposés n’étaient pas revêtus de la signature du directeur de publication.
d)- Enfin, l’impression, le colportage, la vente … de tout écrit ou imprimé anonyme ou
signé, image, symbole ou emblème qui n’ont pas satisfait aux exigences des textes réglementaires,
le dépôt légal sont punis d’un emprisonnement de 8 jours à 6 mois et d’une amende de 25.000 à
1.000.000 de FMG ou de l’une de ces deux peines seulement lorsque ces écrit, imprimé, image,
symbole ou emblème sot de nature à perturber l’ordre public, à porter atteinte aux bonnes mœurs
ou à compromettre l’unité nationale (art.5 de l’ordonnance 75-016 du 7 août 1975).
Est puni des mêmes peines le fait par les responsables de publication, en cas de suspension
de journaux ou périodiques, de diminuer le délai de périodicité ou de faire paraître la publication
sous un autre titre (art.4 de cette ordonnance °75-015).
§ 2 – LES INFRACTIONS COMMISES PAR LA VOIE DE LA PRESSE
A/ LA NOTION DE « VOLS DE LA PRESSE »
L’expression « par la voie de la presse » est employée couramment et de façon abréviative
pou désigner de très nombreux moyens de diffusion de la pensée dont certains n’ont rien à voir
avec ce qu’à priori le mot de « presse » implique, c’est-à-dire avec ce qui a pu être imprimé. La
« voie de la presse », c’est en réalité un ensemble de procédés qui dépassent de beaucoup la simple
matière imprimée. Cela résulte de l’énumération faite par l’article 52 de l’ordonnance du 21 mars
1974, dont nous allons reprendre les éléments.
La première catégorie figurant dans cette énumération est constituée justement par des
éléments verbaux et non pas imprimés : il s’agit de « discours, cris ou menaces proférés dans des
lieux ou réunions publics ».
C’est donc une forme de diffusion de la pensée qui a lieu verbalement, mais dans un lieu
ou das une réunion public, de sorte que cette diffusion se produit à l’égard de tous ceux qui se
trouvent dans ce lieu, et c’est parce qu’il y a là une forme de diffusion de la pensée qu’on fait
rentrer ce procédé parmi ceux dits de « voie de la presse ».
165
La deuxième catégorie est constituée par des écrits, manuscrits ou écrits imprimés, ce qui
sera le cas évidemment le plus fréquent : « des écrits, des imprimés vendus ou distribués, mis en
vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics. Ici encore, l’élément de publicité est capital,
car c’est le fait que c’est en public que sont distribués ou vendus ces écrits ou imprimés qui va
réaliser cette diffusion de la pensée que la loi désire soumettre à un certain contrôle.
Enfin, troisième catégorie « par des placards ou affiches exposés au regard du public.
C’est ici surtout qu’il pourra s’agir de documents manuscrits qui auront été placardés dans un lieu
public ou même au regard du public, par exemple s’ils sont placardés dans un lieu privé mais que
le public peut en prendre connaissance de l’extérieur.
Importance de la notion de lieu public
Cette notion de lieu public va donc revêtir une importance considérable dans la répression
des infractions de presse. Il en est d’ailleurs ainsi pour beaucoup ne sont réprimés par la loi qu’en
raison de leur publicité ; par exemple c’est la publicité qui rend punissable de fait d’outrage à la
pudeur, de même l’ivresse ‘est punie que lorsqu’elle est publique et manifeste. La question se pose
donc de savoir quand il y a publicité.
La jurisprudence qui fait preuve à cet égard d’une certaine homogénéité, distingue deux
sortes de lieux publics.
Les deux sortes de lieux publics :
Il y a d’abord des lieux qui sont publics par nature, c’est-à-dire où il est normal que le
public se trouve, où il peut toujours survenir d’un moment à l’autre. C’est le cas, bien entendu, de
la rue, des voies publiques, mais aussi d’établissements tels que les cabarets dans lesquels tout un
chacun peut entrer librement, des bureaux de certaines administrations qui sont ouverts au public
du moins à certaines heures ; c’est donc le cas d’un certain nombre de lieux dans lesquels chacun
peut entrer sans avoir à justifier d’une qualité particulière. L’infraction commise dans un lieu
public par nature sera réprimée même si elle ‘a pas eu de témoins.
Il y a au contraire des lieux dans lesquels peut, éventuellement et exceptionnellement, ne
trouver du public. Le lieu étant par nature u lieu privé, alors c’est le fait qu’il y a eu des témoins
qui ont entendu les propos tenus ou qui ont pu prendre connaissance des documents répandus, qui
va donner à ce lieu un caractère public. Ainsi, lorsque dans un établissement privé, un
établissement d’enseignement ou autre, des propos sont tenus dans la cour de cet établissement, si
ces propos ont été effectivement entendus de personnes qui se trouveraient sur les lieux, cela
constituera des discours tenus dans un lieu réputé public.
L’important, c’est la diffusion ; c’est cette diffusion que la loi réprime, qu’elle incrimine.
B/- DANS QUELS CAS LA PROVOCATION A COMMETTRE CERTAINES
INFRACTINS EST-ELLE INCRIMINEE ?
1)- Les conditions de droit commun de la provocation ne sot pas applicables
Normalement, en droit commun, le provocateur à commettre une infraction sera considéré
comme un complice de cette infraction, à une double condition d’ailleurs :
-La première, c’est que cette provocation ait été entourée de conditions
particulièrement pressantes qu’il y ait dons, promesses, menaces, abus d’autorité,
machination ou artifice coupables ; il faut donc que la provocation ne soit entourée de
certaines circonstances ;
-La seconde condition, c’est qu’il faut que la personne à qui l’on a suggéré de
commettre une infraction l’ait commise, car si elle n’est pas passée à l’exécution, il
n’y a pas de poursuite possible de celui qui voulait se rendre complice.
Il est évident que ces règles n’étaient pas adaptées à la provocation commise par la voie
de la presse, laquelle ne s’entoure pas de circonstances telles que dons, promesses, abus d’autorité,
etc. et d’autre part c’est là un acte qui trouble gravement l’ordre public même s’il ‘est pas suivi

166
d’effet. C’est pourquoi les articles 52 et suivants de l’ordonnance du 21 mars 1974 ont organisé
un régime particulier de répression de la provocation lorsqu’elle a eu lieu par la voie de la presse.
2)- Régime particulier de répression de la provocation par la voie de la presse
a)- Cas où la provocation a été suivie d’effet
Le provocateur est ici puni comme complice. En effet, aux termes de l’article 52, « seront
punis comme complices d’une infraction qualifiée crime ou délits ceux qui, soit par des discours,
cris ou menaces proférés dans les lieux ou réunions publics soit par des écrits …, auront
directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été
suivie d’effet ». Ils seront donc considérés comme complices alors même que leur provocation
n’avait pas été accompagnée de dons, promesses ou menaces, etc.
Il y a donc là une dérogation aux règles générales de la complicité. L’expression même
de la loi manifeste d’ailleurs cette dérogation en disant qu’ils seront punis « comme complices » :
ce ne sot donc pas à proprement parler des complices. Le seul fait que l’on ait employé la voie de
la presse réalise à lui seul une certaine pression sur la volonté de ceux qui lisent ou écoutent,
analogue à la pression prévue par l’article 60 du code pénal.
b)- Cas où la provocation n’a pas eu d’effet
1)- Même s’il n’y a pas eu effet, le fait d’avoir provoqué directement, quoique sas
succès, à commettre une infraction va constituer un délit distinct dont le provocateur se sera rendu
auteur principal et qui va être puni de peines très fortes.
A vrai dire, ce n’est pas n’importe quelle infraction dont la provocation va être ainsi
sévèrement punie, il faut qu’il s’agisse d’infractions graves ». Il pourra s’agir, selon l’article 53 :
- soit de meurtre ou d’une manière générale de violences cotre les personnes (art.309 à
313 du code pénal) ;
- soit de crimes contre la propriété, notamment l’incendie, le pillage, la destruction par
explosif ;
- soit le vol, même lorsqu’il s’agit d’un simple délit ;
- soit d’infractions contre la sûreté de l’Etat.
Les peines sont sévères car il s’agit d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende
de 5.000 à 1.000.000FMG.
2)- l’article 53, al.3 a assimilé à la provocation à commettre ces infractions leur
apologie : l’infraction a déjà été commise et par la voie de la presse l’apologie est faite de ces
crimes, ce qui peut inciter, encourager d’autres à recommencer le cas échéant. Il s’agit de
l’apologie des crimes que l’on vient d’énumérer et, en plus, de l’apologie des crimes de guerre ou
des crimes ou délits de collaboration avec l’ennemi.
3)- Signalons enfin la provocation de militaires à la désobéissance prévue par
l’article 54 « toute provocation par l’un des moyens énoncés e l’article 52 adressée à des militaires
des armées de terre, de mer ou de l’air, ou à des agents de toute autre force publique constituée,
dans le but de les détourner des devoirs auxquels ils sont astreints de par leur rôle et de l’obéissance
qu’ils doivent à leurs chefs dans tous ce qu’ils leur commandent pour l’exécution des lois et
règlements qui les régissent sera punie d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de
30.000 à 4.000.000 de FMG ».
C/- ETUDE DE CERTAINS DELITS DE PRESSE CONTRE LA CHOSE
PUBLIQUE
1)- Les agissements subversifs
Les agissements subversifs sont prévus parles articles 53, al.4 et 74 de l’ordonnance du
21 mars 1974 ;

167
a)- L’article 53, al.4 dispose que « tous cris ou chants séditieux proférés dans les lieux
ou réunions publics seront punis d’un emprisonnement de 6 jours à 1 mois et d’une amende de
3.000 à 25.000 FMG ou de l’une de ces deux peines seulement ».
Un cri ou un chant séditieux, c’est le cri ou le chant qui attaque les pouvoirs publics et
qui est de nature à causer une perturbation, une subversion dans l’Etat.
b)- L’article 70 prévoit, de son côté, d’autres agissements subversifs que l’on peut
rapprocher des précédents : « il est interdit d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions
ayant pour objet d’indemniser des amendes, frais et dommages et intérêts prononcés par des
condamnations judiciaires en matière criminelle et correctionnelle sous peine d’une
emprisonnement de 8 jours à 6 mois et d’une amende de 25.000 à 4.000.000 FMG ou de l’une de
ces deux peines seulement ».
C’est une forme assez voisine de l’apologie des faits auxquels le ou les condamnés avaient
participé. Cet agissement est considéré comme subversif étant donné qu’il vise à donner une
approbation à des faits qui ont été condamnés par les tribunaux.
2)- Le manque de respect aux autorités
Cela ne va pas aussi loin que la subversion qui, elle, vise au reversement des choses
établies ; il s’agit ici d’un manque de respect envers les autorités qui représente non pas tant le
parti politique au pouvoir, mais l’Etat, le Pays lui-même.
Il faut distinguer à cet égard les autorités malgaches et les autorités étrangères.
a)- Offense ou manque de respect aux autorités malgaches
)- L’article 56 de l’ordonnance du 21 mars 1974 modifié par l’ordonnance n°77-
054 du 16 septembre 1977 punit « l’outrage ou l’offense au Président de la République
Démocratique de Madagascar, ou Conseil Suprême de la Révolution, à l’Assemblée Nationale
Populaire, au Gouvernement, au Comité Militaire pour le Développement et à la Haute Cour
Constitutionnelle », c’est-à-dire à l’une des Institutions de la R.D.M. énumérés à l’article 43 de la
Constitution, et ce par l’un des moyes énoncés dans l’article 52.
Le coupable est puni d’un emprisonnement de 6 mois à 2 as et d’une amende de 20.000
à 1.000.000 FMG ou de l’une de ces deux peines seulement.
)- Les articles 61 et 64 prévoient par ailleurs, les diffamations ou injures envers un
certain membre de collectivités, qui peuvent ne pas avoir de personnalité morale, mais dont
l’honneur et la considération peuvent être atteints. Il s’agit :
- des Cours et Tribunaux, donc des corps judiciaires ;
- des forces armées nationale ou d’un Etat ; elles n’ont pas la personnalité morale mais
constituent des corps militaires de l’Etat ;
- des corps constitués (l’Université par exemple) ;
- et enfin, des administrations publiques.
La différence être la diffamation et l’injure, c’est que la diffamation est l’imputation d’un
fait précis tandis que l’injure est un terme d’invective. Dire de quelqu’un qu’il est une crapule,
c’est une injure ; dire qu’il a détourné les fonds d’une association dont il est trésorier, c’est une
diffamation.
Les diffamations ou injures adressées à l’un des corps susvisés de l’Etat en tant que tel
constituent une atteinte au respect que l’on doit à l’organisation de l’Etat. Les diffamations sont
punies d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d’une amende de 30.000 à 1.000.000 FMG (ou
de l’une de ces deux peines seulement), et les injures d’un emprisonnement de 1 à 6 mois et d’une
amende de 5.000 à 1.000.000 FMG (ou de l’une de ces deux peines seulement.
)- Les articles 62 et 64 punissent des mêmes peines la diffamation ou l’injure
commise, par l’un des moyens énoncés en l’article 52 et en l’article 58, envers certains
représentants de l’Etat : « un ou plusieurs membres du Gouvernement, un ou plusieurs membres

168
d’une assemblée parlementaire, un fonctionnaire public, un citoyen chargé d’un service ou d’u
mandat public, temporaire ou permanent, un injurié ou un témoin à raison de sa déposition ».
Il faut, en effet, que la diffamation ou l’injure ait été lancée contre ces personnes « à raison
de leurs fonctions ou de leur qualité », comme lorsqu’il s’agit d’atteintes à l’intégrité corporelle.
Ces personnes ne profitent d’une protection spéciale que si c’est à raison ou à l’occasion de leurs
fonctions qu’elles ont été diffamées ou injuriées.
)- Enfin, les articles 63, al.2 et 64, al.2 in fine, punissent :
- la diffamation commise par les mêmes moyens envers un groupe de personnes non
désignées par l’article 62 mais qui appartiennent, par leur origine, à une race, une Nation ou à une
religion déterminée – lorsqu’elle aura pour but d’exciter à la haine entre les citoyens ou habitants
– d’un emprisonnement de 1 mois à 1 an et d’une amende de 3.000 à 5.000.000 FMG ;
- l’injure commise de la même manière envers un groupe de personnes telles que
définies ci-dessus dans le but d’exciter à la haine être les citoyens et les habitats, d’un
emprisonnement de 5 jours à 6 mois et d’une amende de 3.000 à 2.500.000 FMG.
Il ne s’agit plus ici ni d’une personne individuelle appartenant à un corps, ni d’un corps
constitué de l’Etat, mais d’un groupe de personnes, groupe ayant une certaine autonomie. Les
diffamations ou injures visées ici sont donc des propos, des articles ou des publications qui
poussent au racisme ou à l’intolérance, et sont par conséquent destinés à attaquer un groupe
ethnique, religieux, économique, etc… à exciter contre ce groupe la haine, la malveillance des
autres citoyens. Tout cela constitue aussi un manque de respect envers les autorités malgaches.
b)- Offense ou outrage aux autorités étrangères
Quant aux autorités étrangères envers lesquelles des manques de respect peuvent être
commis par la voie de la presse, on distingue parmi elles deux catégories :
- La première, qui est visée par l’article 68, est constituée par les chefs d’Etat étrangers,
les chefs de gouvernements étrangers.
L’offense faite publiquement envers ces membres d’un gouvernement étranger est punie
des peines portées à l’article 56, c’est-à-dire d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d’une
amende de 20.000 à 1.000.000 FMG ou de l’une de ces deux peines seulement.
- L’autre catégorie d’autorités étrangères, visées par l’article 69, comprend les
ambassadeurs et les ministres plénipotentiaires envoyés, chargés d’affaires ou autres agents
diplomatiques accrédités près du gouvernement de la R.D.M.
L’outrage commis publiquement à l’égard de ces personnes est puni des mêmes peines
que dessus.
3)- Les infractions constituées par des abus du droit d’information
Il y a, en effet, des informations que l’on n’a pas le droit de diffuser : ce sont d’une part
certaines fausses nouvelles et d’autre part des informations qui pourraient porter atteinte au
fonctionnement de la justice.
a)- Les fausses nouvelles
Elles sont incriminées par l’article 57 de l’ordonnance du 21 mars 1974.
L’élément matériel consiste : dans « la publication, la diffusion ou la reproduction, par
quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou
mensongèrement attribuées à des tiers … ». Lorsqu’on a ainsi diffusé, par quelque moyen que ce
soit, des nouvelles fausses, ou bien des nouvelles ou des informations qui, même si elles sont en
partie vraies, portent sur des pièces fabriquées ou falsifiées, déformées, etc. ou si on attribue, à des
tiers des informations qu’ils n’ont jamais données, on se rend matériellement coupable d’un délit,
du délit de fausses nouvelles.

169
Mais ce délit comporte aussi un élément moral, c’est la mauvaise foi de l’auteur de cette
diffusion. Celui qui, a diffusé une nouvelle fausse, mais qu’il croyait exacte, ne commet pas de
délit. En principe, il y a une présomption d’innocence et c’est donc au ministère public à faire la
preuve que celui qui a diffusé la nouvelle savait pertinemment qu’elle n’était pas exacte.
Normalement, cet élément moral implique une faute intentionnelle et ne serait pas réalisé, semble-
t-il, par une imprudence, une négligence de l’auteur qui n’a pas suffisamment veillé à vérifier ses
sources. Le fait que la nouvelle soit fausse ne crée pas de présomption en faveur de la mauvaise
foi.
Enfin, élément supplémentaire, et très important, la diffusion de fausses nouvelles, même
faite de mauvaise foi, n’est répréhensible que si elle a troublé la paix publique : « lorsque, poursuit
le texte, faite de mauvaise foi, elle (la nouvelle diffusée) aura troublé la paix publique ou aura été
susceptible de la troubler ». Ill s’agit donc ici de fausses nouvelles sur un fait d’intérêt national,
sur un fait d’une gravité telle que cela va créer une émotion considérable dans le public.
L’alinéa 2 de cet article 57 prévoit une circonstance aggravante : elle est constituée par le
fait que la nouvelle ainsi diffusée, diffusée de mauvaise fois, était de nature non seulement à
troubler la paix publique, mais de nature, ce qui est plus grave, « à ébranler la discipline ou le
moral des armées ou à entraver l’effort de guerre de la Nation ». C’est le cas des fausses nouvelles
défaitistes, et ceci touche donc un peu au domaine de la sûreté de l’Etat. Quoique le législateur
répugne à incriminer les opinions, il a ici, parce que la nouvelle était fausse et qu’on savait qu’elle
était fausse et qu’on l’a répandue de mauvaise foi, renforcé la répression. Les peines sont alors
l’emprisonnement de 1 à 5 ans et l’amende de 30.000 à 12.000.000 FMG, c’est-à-dire des peines
d’une particulière gravité.
Outre ces fausses nouvelles, il y a d’autre abus de l’information. Il s’agit d’information
portant atteinte au fonctionnement de la Justice quant au secret dont la Justice estime indispensable
de s’entourer, ou à l’indépendance de la Justice.
b)- Les atteintes au secret de la Justice
Il est certaines procédures judiciaires qui doivent rester secrètes. C’est le cas, en matière
pénale, de l’instruction (art.353 C.P.P.) et des débats devant les tribunaux répressifs lorsqu’ils ont
lieu à huis clos ou en chambre de conseil. Il en est de même en matière civile pour certains débats
qui ont lieu en chambre du conseil. Lorsque ainsi, en matière civile ou en matière pénale, la loi a
voulu éviter ou restreindre la publicité de la procédure, s’il serait inadmissible que la presse portât
à la connaissance du public des informations sur ce que la loi a voulu tenir quasi secret.
)- Le secret de l’instruction
-Aux termes de l’article 70 de l’ordonnance du 21 mars 1974, « il est interdit de publier
les actes d’accusation et tous autres actes de procédure criminelle ou correctionnelle avant q’ils
aient été lus e audience publique ». Ce texte reprend les dispositions de l’article 355, al.2 C.P.P.
qui prévoit une atténuation : « … à moins que la publication ait été faite sur la demande écrite du
juge d’instruction ou du ministère public ».
La sanction est bénigne : 3.000 à 50.000 FMG.
- Il est également interdit par l’article 355, al.1er du C.P.P. « de publier, avant décision
judiciaire, toute information relative à des constitutions initiales de partie civile, devant un juge
d’instruction ». C’est en effet un moyen de chantage : on dépose une plainte avec constitution de
partie civile ; le juge d’instruction, selon les règles de la procédure pénale, est obligé d’ouvrir une
information et d’inculper nominalement la personne désignée dans la plainte, et on publie ensuite
dans les journaux que M. UNTEL, bien connu sur la place, a été inculpé d’escroquerie, par
exemple, par le juge d’instruction, ce qui est d’un effet déplorable. Pour éviter ces publications
intempestives, il arrive que certaines personnes se laissent extorquer des sommes considérables.
L’article 155, al.1er CPP punit donc d’une amende de 25.000 à 50.000 FMG le fait de
publier dans la presse l’ouverture d’une information sur constitution de partie civile initiale. C’est

170
une disposition légale qui n’est d’ailleurs pas suffisamment respectée comme les précédentes du
reste, et également d’autres que nous retrouverons plus loin.
L’article 70, al.2 de l’ordonnance du 21 mars 1974 ajoute que « la même peine sera
appliquée pour infraction constatée à la publication, par tous moyens, de photographies, gravures,
dessins, portraits ayant pour objet la reproduction de tout ou partie des circonstances des crimes et
délits prévus aux section 1, 2, 3 et 4 du chapitre premier du titre II du livre III du Code pénal ». Il
‘s’agit des dispositions sur les infractions prévues aux articles 295 à 341 C.P. c’est-à-dire tous les
crimes et délits de sang et tous les crimes ou délits de mœurs.
Nous voyons chaque jour dans les journaux que cette règle est loin d’être scrupuleusement
respectée.
D’ailleurs, il ‘y aura pas de délit, dit l’alinéa 3 de cet article 70, « lorsque la publication
aura été faite sur la demande écrite du juge chargé de l’instruction », cette demande devant être
annexée au dossier de l’instruction. Il peut en effet, y avoir, dans certains cas, intérêt pour
l’instruction à ce que certains cas, intérêt pour l’instruction à ce que certains documents et
notamment certaines photographies soient diffusés.
La Cour de Paris a déjà été saisie d’une poursuite pour infraction à ce texte et a jugé le 22
juillet 1953 (D. 7953.725) que la publication d’une photographie représentant le corps de la
victime d’un meurtre constituait le délit de l’article 70, al.2 . Cela ne fait pas de doute mais
‘empêche nullement les publications quotidiennes ou hebdomadaires de contrevenir à cette règle
continuellement.
)- Atteintes au secret de certains débats
Parfois, ce sont les débats eux-mêmes que le législateur veut entourer d’un certain secret.
L’article 71 de l’ordonnance du 21 mars 1974 le prévoit : « Il est interdit de rendre compte des
procès en diffamation dans les cas prévus aux paragraphes a, b et c de l’article 66, ainsi que des
débats de procès en déclaration de paternité, en divorce ou en séparation de corps et de procès
d’avortement. Cette interdiction ne s’applique pas aux jugements qui pourront toujours être
publiés ».
L’alinéa 2 de cet article 71 ajoute que « dans toutes affaires civiles, les Cours et Tribunaux
pourront interdire le compte rendu du procès ».
Certaines affaires portées devant le Tribunal Militaire peuvent également faire l’objet
d’une interdiction de reproduire les débats, même quand ils ‘ont pas lieu à huis clos (l’interdiction
état de droit si le huis clos a été ordonné). L’article 66, al.2 C.J.S.N. punit toute infraction à cette
interdiction d’un emprisonnement de 10 jours à 1 mois et d’une amende de 25.000 à 200.000 FMG.
La poursuite a alors lieu devant le tribunal correctionnel (art.66, al.3 C.J.S.N.).
La loi précise que les jugements peuvent être publiés même quand ils ont été rendus à la
suite de débats à huis clos.
Donc, lorsque la presse contrevient à ces interdictions, elle dépasse les libertés de
l’information, elle en abuse, et tombe sous le coup de la loi pénale.
Les mêmes règles protègent plus énergiquement encore le secret des délibérations.
L’article 71, al.3 « interdit de rendre compte des délibérations intérieures, soit des jurys, soit des
Cours et Tribunaux ».
)- Atteintes à la dignité de la Justice
Ajoutons qu’il y a une forme de publicité des débats que la loi reprouve, c’est la
photographie ou tout autre procédé analogue, prise à l’audience. Ce procédé est considéré comme
contraire à la dignité de la justice, car on en arrive alors à transformer l’enceinte de justice en salle
de spectacle.
Ainsi, aux termes de l’article 71, al.4 de l’ordonnance du 21 mars 1974 « pendant le cours
des débats et à l’intérieur des salles d’audience des tribunaux administratifs ou judiciaires, l’emploi
de tout appareil d’enregistrement sonore, caméra de télévision ou cinéma est interdit, sauf
171
autorisation donnée, à titre exceptionnel, par le Ministre de la Justice, la même interdiction est
applicable à l’emploi des appareils photographiques ».
L’article 71, al.5 de l’ordonnance du 21 mars 1974 et l’article 358 C.P.P. prévoient une
peine d’amende de 25.000 à 1.000.000 FMG. L’article 358 CPPP permet e outre la confiscation
de l’appareil utilisé.
Les publications et journaux périodiques qui publient de telles photographies sont en état
d’infraction flagrante, et il est fâcheux que les pouvoirs publics ne réagissent pas plus
énergiquement, alors que des saisis de publication ont eu lieu pour des motifs moins fondés.
c)- Les faits pouvant porter atteinte à l’indépendance de la Justice
Il y a aussi certains aspects du fonctionnement de l’activité judiciaire que les pouvoirs
publics veulent garder secrets, ceci dans l’intérêt et pour la sauvegarde de l’indépendance de la
Justice :
)- Aux termes de l’article 227 du Code pénal « sera puni des peines prévues à
l’article 226, quiconque aura publié, avant l’intervention de la décision juridictionnelle définitive,
des commentaires tendant à exercer des pressions sur les déclarations des témoins ou sur la
décision des juridictions d’instruction ou de jugement ». Cette disposition ne manquerait pas de
créer une certaine émotion parmi les journalistes.
)- L’article 226, lui, envisage le cas où la décision a déjà été rendue : « quiconque
aura publiquement, par actes, par paroles, ou écrits, cherché à jeter le discrédit sur un acte ou une
décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité justice ou à son
indépendance, sera puni de 1 à 6 mois d’emprisonnement et de 5.000 à 100.000 FMG
d’amendes » ; Le tribunal pourra en outre ordonner l’affichage et la publication de sa décision aux
frais du condamné.
Heureusement le texte a ajouté que « les dispositions qui précédent e peuvent, en aucun
cas, être appliquées aux commentaires purement techniques, ni aux actes, paroles ou écrits tendant
à la révision d’une condamnation » (art.226, al.4 C.P.), sinon la tâche d’annotateur de décision de
jurisprudence aurait pu devenir dangereuse.
A vrai dire, l’incrimination ainsi posée est extrêmement difficile à manier. Il faut avoir
diffusé des actes, paroles ou écrits, mais il faut que ces actes, paroles ou écrits, aient non seulement
discrédité, mais aient « cherché à jeter discrédit » sur la décision de justice « dans des conditions
de nature à porter atteinte à l’autorité ou à l’indépendance de la Justice ». Tout cela est
extrêmement compliqué car viennent se superposer des conditions de buts et de mobiles assez
délicats à caractériser. Jusqu’à présent, les applications jurisprudentielles ont été assez rares (crim.
15 mai 1961, bull. n°257 et 2 mai 1963, bull. n°164).
Telles sont les diverses infractions qui peuvent être commises par la voie de la presse et
portant atteinte à la chose publique.
D/- LES INFRACTIONS CONTRE LES PARTICULIERES
Par la voie de la presse, deux séries d’infractions peuvent être commises contre les
particuliers. Ce sont l’inobservation du droit de réponse, d’une part, l’injure et la diffamation,
d’autre part.
1)- L’inobservation du droit de réponse
C’est dans la loi sur la presse que nous trouvons la réglementation actuelle du droit de
réponse, telle qu’elle résulte des articles 24 à 26 de l’ordonnance °74-014 du 21 mars 1974. Dans
les anciennes lois sur la presse, le droit de réponse n’était autorisé qu’aux fonctionnaires, aux
représentants de l’autorité publique. Désormais, outre tout dispositaire
de l’autorité publique (art.24, tout particulier peut e bénéficier (art.25).
Il faut bien distinguer l’exercice du droit de réponse du délit de diffamation ou d’injure.
Quand il y a diffamation ou injure, nous le verrons, un individu s’est trouvé atteint dans son
172
honneur et sa considération, par le comportement, les paroles, les écrits d’une personne. Dans le
cas du droit de réponse, il ‘est nullement nécessaire que l’on ait été injurié, insulté ou présenté
sous un jour défavorable, ce ‘est pas nécessaire du tout ; il suffit que l’on ait été nommé ou tout au
moins désigné dans un article de journal, de revue, de publication périodique quelconque ; cela
suffit pour que celui qui est visé ait le droit de répondre ; et si la publication qui a fait paraître cet
article n’insère pas la réponse qu’on lui a envoyée en vertu de ce droit de réponse, les dirigeants
de cette publication commettent une infraction, un délit.
Voyons successivement qui a le droit de réponse, quelle est l’étendue du droit de réponse,
et quelles sont les sanctions du droit de réponse.
a)- Qui a le droit de réponse ?
A le droit de réponse toute personne qui s’est trouvée soit nommée, soit désignée ; il ‘est
pas nécessaire qu’elle soit présentée sous son identité exacte et complète, du moment que c’est
d’elle qu’il s’agit et qu’aucun doute ne peut exister à cet égard et que tout le monde la reconnaît,
cette personne, nommée ou désignée, à condition, cependant, que son nom soit lié à un certain
comportement, a le droit de réponse.
Il n’est pas nécessaire que son nom soit lié à l’imputation d’un fait entachant son honneur
ou sa considération ; il peut se faire que l’article ait fait allusion à un fait parfaitement honorable,
à une attitude parfaitement louable, mais si cette personne estime que cela ne correspond pas tout
à fait à la vérité et que la présentation n’est pas tout à fait exacte, elle a du seul fait qu’elle a été
mise e cause, le droit d’exercer le droit de réponse. Au moins, faut-il que la mention du nom de
cette personne ait été liée à un certain comportement. C’est ainsi qu’on a refusé le droit de réponse
à une personne qui prétendant l’exercer parce qu’elle avait été candidat à une élection et que les
journaux avaient publié les résultats de l’élection et le nombre de voix que l’individu avait
obtenues ; cette personne avait prétendu exercer le droit de réponse. Cela n’avait rien à voir avec
la mention qui avait été faite de son nom. Mais il arrive fréquemment que l’auteur d’une œuvre
littéraire, artistique, dramatique … estime que son œuvre a été mal jugée, mal présentée … et
veuille exercer le droit de réponse. Il peut le faire, mais cela peut donner lieu évidemment à un
certain nombre de difficultés, étant donné qu’on ne peut pas reprocher aux critiques d’exprimer le
sentiment qu’ils ont sur l’œuvre ; le critique est là pour donner son appréciation, pour dire ce qu’il
pense, même s’il ne pense pas du bien de l’œuvre.
On estime donc que l’auteur, du fait qu’il est e cause, a le droit de faire insérer par le
journal une certaine réponse. Mais dans quelle mesure ?
b)- L’étendue du droit de réponse
)- D’abord, à quel moment a-t-on le droit de réponse ?
On peut exercer le droit de réponse dès que l’on est informé de la publication. On a intérêt
d’ailleurs, à le faire le plus rapidement possible, parce que sas cela, la réponse perdra son intérêt
et n’atteindra pas ceux qui ont lu la première information. C’est pourquoi la loi a obligé la
publication à insérer rapidement la réponse qu’elle recevait. S’il s’agit d’un journal quotidien, il
doit insérer la réponse dans les trois jours de la date où il l’a reçue ; s’il s’agit d’une publication
périodique, elle doit l’insérer dans le numéro qui suit le surlendemain du jour où la réponse est
arrivée, ce qui est assez difficile, car le numéro est peut-être déjà à l’impression. En période
électorale, il y a une particulière urgence, et la loi déclare que les journaux doivent insérer les
réponses dans les 24 heures. Voilà pour le moment.
)- Place et forme
En ce qui concerne le lieu où sera insérée la réponse, il y a à cet égard une règle formelle,
c’est que la réponse doit être publiée à la même place et dans les caractères que l’article incriminé.
Les journaux qui ont des éditions régionales et dans lesquelles certaines pages sont propres à
l’édition régionale en vente dans tel ou tel Faritany ou Fivondronampokontany doivent insérer la

173
réponse dans toutes les éditions où l’article incriminé avait figuré. La réponse doit donc, en
principe, être insérée à la même place et dans les mêmes caractères que l’article incriminé.
)- Longueur de la réponse
Le problème délicat est celui de la longueur que peut présenter la réponse ; elle peut avoir
la même longueur que l’article, mais le 5ème alinéa de l’article 25 a posé certains assouplissements.
Il faut en effet, que celui qui veut répondre à l’article ait assez de place pour le faire et l’article
peut avoir été très court. D’autre part, il e faut pas qu’on abuse de la place lorsqu’il y avait un
article long. C’est pourquoi, ayant posé rapidement que la réponse est de la même longueur que
l’article et doit avoir le même nombre de lignes, la loi ajoute que, de toute façon, celui qui répond
a droit au minimum à 50 lignes, même si l’article était plus court, et par contre il ‘a droit au
maximum qu’à 200 lignes. Si la réponse est plus longue et dépasse ce cadre, et si l’auteur de la
réponse déclare qu’il est prêt à payer le supplément, au tarif des insertions, le journal ‘est pas
obligé d’insérer une réponse dépassant ces 200 lignes.
L’insertion de la réponse est du reste toujours gratuite.
c)- Les sanctions
)- Sanction du refus d’insertion
La non observation par le journal ou la publication du droit de réponse, son refus d’insérer
la réponse qu’on lui a envoyée, est passible d’une peine d’amende allant de 3.000 à 25.000 FMG.
Cependant, en période électorale, il est plus grave de ne pas observer le droit de réponse, car on
risque de fausser la consultation électorale, les électeurs n’ayant pas été pleinement éclairés, et le
fait devient un délit, la peine étant alors l’emprisonnement de 6 jours à 3 mois et d’une amende de
10.000 à 100.000 FMG. (art.26 in fine).

174
)- Le problème des faits justificatifs
Le refus d’insérer la réponse soulève un grand problème, celui des faits justificatifs.
Souvent les publications poursuivies pour refus d’insertion ont fait valoir qu’elles ont bienfait de
ne pas insérer et quelles sont justifiées de ne pas l’avoir fait bien que les conditions du droit de
réponse aient été respectées … Il peut, en effet, se faire qu’il y ait abus du droit de réponse.
Cependant, la jurisprudence affirme que le droit de réponse est u droit absolu et général et insiste
beaucoup sur le caractère absolu de ce droit (Not. Crim. 1er juillet 1954 ; D. 1954, P.665 et 16 juin
1955, D. 1955, P.615).
)- Caractère absolu du droit de réponse
Le droit de réponse est donc absolu, mais sous réserve, malgré tout, de certaines limites.
La publication a le droit de ne pas insérer la réponse si celle-ci est injurieuse, ou si elle
est contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs, ou si elle constitue par elle-même une
infraction. On ne peut tout de même pas obliger le directeur d’une publication à insérer une telle
réponse, qui tombe sous le coup de la loi, car il est responsable de son insertion dans le journal et
il risquerait, d’être poursuivi. Il est donc placé ici devant un état de nécessité : ou il publie la
réponse et il tombe sous le coup de la loi, ou il ne publie pas la réponse et il commet le délit de
refus d’insertion ; il est préférable bien sûr, qu’il commette le délit de refus d’insertion.
De même, si la réponse met en cause une tierce personne, la publication peut ne pas
publier la réponse, ou ne pas publier la partie qui met en cause cette tierce personne, sans quoi on
n’en finirait pas ; la tierce personne à son tout pourrait invoquer le droit de réponse et un
controverse s’instituerait pour on ne sait combien de temps.
Enfin, il est admis que la réponse n’a pas à être insérée si elle attaque non pas seulement
l’information et l’exactitude et la sûreté de celle-ci, mais l’honneur du journaliste lui-même ; dans
ce cas-là cette réponse peut ne pas être insérée.
Les procès en refus d’insertion sont assez fréquents dans la pratique. Ils obéissent à la
procédure de la loi sur la presse (cf. infra).
2)- L’injure et la diffamation contre les particuliers
a)- Elément légal
Ce sont deux infractions jumelles qu’on a l’habitude de rapprocher l’une de l’autre. Leur
incrimination est prévue par les articles 63 et 64 al.2 de la loi sur la presse.
Article 63.- « La diffamation commise envers les particuliers par l’un des moyes énoncés
en l’article 23 et en l’article 28 sera punie ».
Article 64 – al.2 : « L’injure, commise de la même manière envers les particuliers …. sera
punie …. »
b)- Elément matériel
Ce que nous savons des injures et diffamations cotre les fonctionnaires et représentants
de l’autorité et les corps constitués, nous permet de comprendre d’ores et déjà de quoi il s’agit.
La différence, avons-nous dit, entre l’injure et la diffamation, c’est ce que la diffamation
est l’imputation d’un fait précis, même sous une forme dubitative. Il n‘est nécessaire qu’on affirme
que M. Untel a emporté la caisse de l’association ; il suffit qu’on dise : « Est-ce que par hasard,
dans ses fonctions de trésorier, il n’y aurait pas eu certaines choses qui … « ou telle autre formule.
La diffamation, c’est l’imputation d’un fait précis, même s’il est présenté de façon dubitative – il
peut s’agir d’une allégation, d’une imputation ou de la reproduction de bruits qui courent, fait de
nature à porter atteinte à la considération de cette personne. Il y aura diffamation si l’on dit de
quelqu’un qu’il a volé, en précisant où, comment, quoi et à quelle époque, de façon qu’il puisse
faire la preuve qu’il ‘a pas volé la chose qu’on dit qu’il a volée.
Il est d’ailleurs parfois assez difficile de dire si le fait imputé porte atteinte à l’honneur et
à la considération de la personne visée. C’est ainsi qu’un jugement a estimé qu’il y avait
175
diffamation à l’égard d’une femme mannequin de haute couture dans le fait d’avoir dit qu’elle était
plate et maigre. Effectivement, dans la profession qu’elle exerçait, cela portait atteinte, peut-être
pas à son honneur, m ais très certainement à la considération dont elle avait besoin dans son milieu,
dans sa profession. Mais le fait de dire cela à une autre personne aurait été difficilement considéré
comme une diffamation.
Ce fait précis, susceptible d’être démenti doit concerner une personne nommée ou au
moins reconnaissable.
Il n’est pas nécessaire que le fait soit faux ; même s’il est exact, c’est une diffamation.
Dire de M. Untel qu’il a été condamné telle année, par tel tribunal, c’est une diffamation ; nous
verrons qu’il peut se faire que cette diffamation ne soit pas punie, car la loi a prévu certains faits
justificatifs, notamment l’exception de vérité qui peut jouer dans certains cas. Le Code pénal
distinguait à l’origine nettement la médisance et la calomnie, mais à l’heure actuelle la diffamation
peut consister aussi bien en une calomnie qu’en simple médisance.
L’injure, au contraire, est un terme péjoratif, une invective, une insulte, qui est de nature
à porter atteinte à l’honneur et à la considération de la personne. Dire de quelqu’un qu’il est une
canaille, un voleur, un faussaire, un faux témoin …, c’est lui faire une injure ; il n’y a pas alors
imputation fait précis.
Ne constitue pas une injure le fait :
- d’appeler une personne agent de police,
- de donner à un avocat la qualification d’agent d’affaires,
- d’appliquer à une personne un qualificatif qui désigne une nation (Anglais, Allemand,
Comorien, etc.), une profession religieuse (Juif, Chrétien …), une association (franc-
maçon) ; mais il en est autrement lorsque l’expression est accompagnée d’un mot
offensant, par exemple : sale Sud-africain, Franc maçon ayant affaire avec le diable.
L’injure peut résulter d’une ironie, d’une raillerie, d’une simple allusion ; mais il faut
alors que le tribunal spécifie en s’appuyant sur les circonstances de fait, ce qu’il y a d’injurieux
dans l’expression ou dans la phrase employée par le prévenu.
L’esprit de dénigrement dans lequel a été rédigé un écrit dirigé contre une personne
désignée ne suffit pas, à lui seul, à caractériser l’injure, mais constitue une injure ; l’expression par
elle-même outrageante comportant une intention perfide et un desseins de malveillance : « Vous
n’êtes que des putains et des grues » (crim. 6 janv. 1948, rec. dr.pén.1948 – 278) ; « Vous êtes de
sales gens ».(Crim ; 14 mars 1946, rec. dr. pén. 1947 – 148) ; « Associés dans le mal ». (crim . 17
juin 1948, Rec. dr. pén. 1948 – 212).
Savoir si tel ou tel terme est injurieux parfois délicat ; cela dépend même parfois de
l’époque à laquelle l’injure a été adressée. Dire de quelqu’un qu’il est un fasciste, est-ce une
injure ? Dire de quelqu’un qu’il est un briseur de grèves, est-ce une injure, ou bien l’imputation
d’un fait précis, auquel cas ce serait une diffamation ?
Là encore, on retrouve le problème délicat du droit de critique : dans quelle mesure le
droit de critique peut-il s’exercer sans que celui qui est l’objet de critique puisse prétendre que la
critique a porté atteinte à son honneur et à sa considération ? Il semble que la profession de critique
autorise celui qui l’exerce, à condition qu’il n’ait pas été animé d’une hostilité personnelle
systématique et de mauvaise foi, à dire franchement quel est son sentiment, mais le jugement qu’il
porte sur la valeur littéraire, artistique, etc…, de l’œuvre qu’il juge ne doit pas être animé par une
hostilité personnelle.
Il y a un cas particulier d’injures et de diffamation, c’est l’injure ou la diffamation à la
mémoire des morts. Pour que des poursuites puissent être engagées, il fallait, d’après la loi de
1959, que cette injure ou cette diffamation porte préjudice à des personnes vivantes, soit parce
qu’elles sont les héritiers, soit parce qu’elles portent le nom de la personne qui en a été l’objet
(art.34 de la loi de 1959). L’art.65 de l’ord. De 1974 se contente de dire que les art. 62, 63 et 64
sont applicables aux diffamations ou injures dirigées contre la mémoire des morts.
176
c)- Elément moral
L’élément moral de l’infraction, c’est en principe une faute, ce n’est pas forcément la
mauvaise foi ; il n’est pas nécessaire d’avoir voulu nuire à la personne visée. Evidemment, en cas
d’injures, quand on insulte quelqu’un, il est difficile de prétendre qu’on fait cela innocemment :
on doit se rendre compte tout de même de la portée des termes que l’on emploie, mais en cas de
diffamation, lorsqu’on fait allusion à tel ou tel fait, il est possible qu’on n’ait pas l’intention de
déconsidérer l’individu. L’élément moral dans la diffamation, d’après la jurisprudence, est
extrêmement tenu.
L’article 67 dit que « toute reproduction d’une imputation qui a été jugée diffamatoire
sera réputée faite de mauvaise foi, sauf preuve contraire par son auteur ». Celui qui répète la
diffamation qu’il a entendue est présumé de mauvaise foi. C’est là quelque chose de grave, puisque
d’habitude, c’est au contraire la bonne foi qui est présumée. Mais de qu’il y a de plus grave, c’est
que la jurisprudence va même au-delà de ce texte qui ne vise que la reproduction d’une allégation
qui a été jugée diffamatoire, puisqu’elle déclare que, même si l’allégation n’a pas été jugée
diffamatoire, celui qui porte atteinte à l’honneur et à la considération d’autrui est présumé de
mauvaise foi, qu’il est présumé avoir su et s’être rendu compte qu’il portait atteinte à la
considération et c’est à lui à démontrer sa bonne foi. La jurisprudence a eu l’occasion de dire
maintes fois d’ailleurs, avant que la législation n’ait élargi l’exception de vérité, que le fait de
croire à l’exactitude des faits que l’on dénonçait ne suffit pas du tout à constituer la bonne fois.
C’est normal, il y a diffamation même si les faits sont exacts. Du fait qu’on a porté atteinte à la
considération de l’individu, on est présumé s’être rendu compte qu’on y portait atteinte, on est
présumé être de mauvaise foi. C’est alors au diffamateur de démontrer qu’il était de bonne, foin et
la jurisprudence admet très difficilement cette bonne foi. De sorte qu’autrefois, la condamnation
des diffamateurs était presque automatique sur la plainte de la personne diffamée dans les
conditions que nous verrons. Aujourd’hui, il n’en est plus toujours ainsi, parce que les
modifications législatives ont permis d’élargir certains faits justificatifs qui, autrefois, n’étaient
ouverts que de façon très limitée. Ces faits justificatifs sont, notamment, la provocation en cas
d’injures, et la preuve de la vérité du fait diffamatoire.
d)- Les faits justificatifs
)- La provocation en cas d’injure
En cas d’injure, le fait justificatif est la provocation. L’article 64 , al.2 de l’ord. De 1974,
porte en effet,
« L’injure commise de la même manière envers les particuliers, lorsqu’elle n’aura pas été
précédée de provocation, sera punie ».
Ainsi, l’excuse de provocation qui, d’habitude, n’est qu’une excuse atténuante, qui
d’autre part, n’existe, en droit commun, pour les infractions contre l’intégrité de la personne
physique que s’il y a eu des coups ou violences graves, a ici des effets plus étendus : elle est un
véritable fait justificatif et elle exonère de toute responsabilité.
La provocation peut, ici, être purement verbale. Qu’à une provocation verbale, on réponde
par des injures, ceci n’a rien d’étonnant et l’équilibre reste entre les adversaires.
Certains auteurs, notamment M. Vouin, considèrent qu’il s’agit ici d’une excuse
absolutaire. M.Levasseur n’est pas du même avis ; certes, sur le plan de l’impunité, dit-il, le résultat
est le même, mais l’excuse absolutaire laisse subsister la culpabilité, et notamment laisse place à
une condamnation à des dommages intérêts ; au contraire, le fait justificatif ne laisse place ni à
responsabilité pénale, ni à responsabilité civile. Telle semble bien être la solution qu’il faut
admettre en cas d’injures ayant fait l’objet d’une provocation antérieure. C’est donc bien la nature
d’un fait justificatif et non pas d’une excuse absolutaire qu’il faut reconnaître ici à la provocation.
)- La preuve de la vérité du fait diffamatoire

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La diffamation connaît, elle aussi, un fait justificatif qui est propre à la matière : c’est la
preuve de la vérité du fait diffamatoire. Le législateur a pensé que la vérité devait faire l’objet
d’une protection particulière.
*Cas où l’on peut invoquer cette vérité
Certes, la vérité n’est pas toujours bonne à dire, mais pendant longtemps on a estimé que
la diffamation des particuliers était condamnable en tout état de cause, même si le fait imputé était
vrai.
Il en était autrement lorsque la diffamation visait une personne publique. La preuve de la
vérité du fait diffamatoire faisait alors disparaître la responsabilité du diffamateur.
On estimait, en effet, qu’en l’occurrence le diffamateur ayant éclairé ses concitoyens sur
l’indignité d’un personnage public qui ne méritait pas leur confiance, avait rendu service à la
société. S’agissant au contraire de diffamation à l’égard d’un particulier, il n’y avait pas le même
intérêt social à renseigner ses concitoyens sur ce fait, fût-il vrai, de telle sorte qu’il n’y avait pas à
tenir compte de ce que le fait diffamatoire pouvait être vrai et à laisser en établir la vérité.
En ce qui concerne la diffamation des personnes publiques, les dispositions légales n’ont
pas changé, notamment celles de l’article 62. On a d’ailleurs cru devoir étendre ce bénéficie en cas
de diffamation des directeurs ou administrateurs d’entreprises industrielles faisant appel à
l’épargne publique (article 65 al.2), pensant, sans doute que, c’était là, rendre service à la Nation.
Mais en ce qui concerne les particuliers, il a fallu attendre l’ordonnance française du 6 mai 1944
pour que le fait justificatif tiré de la vérité du fait diffamatoire leur soit étendu à toutes les
hypothèses de diffamation. C’est ce que l’on a appelé l’exceptie véritatis, l’exception de vérité qui
vient permettre au diffamateur à la répression.
Il semble bien qu’il s’agisse là d’un véritable fait justificatif. Le texte actuel nous dit
simplement que « le prévenu sera renvoyé des fins de la poursuite » (art.66 al.4).
Cette modification législative autorise à dire que l’on est quelque peu revenu en arrière et que,
désormais, la médisance ne tombe plus automatiquement sous le coup de la loi. La calomnie y
tombe si l’on n’a pas pu faire la preuve de la vérité du fait diffamatoire, la médisance n’y tombe
désormais que sous certaines conditions.
*Cas exceptionnels où on ne peut faire la preuve de la vérité du fait diffamatoire
En effet, il n’est pas toujours loisible de faire la preuve du fait diffamatoire. La loi
l’autorise en général mais prévoir certaines exceptions, et si l’on est dans l’une de ces exceptions,
la médisance sera punissable.
Ces exceptions, ces cas dans lesquels on n’a pas le droit de faire la preuve de la vérité du
fait diffamatoire sont au nombre de trois. Ce sont :
- le cas où « le fait diffamatoire concerne la vie prive de la personne ». On a estimé que
l’on ne pouvait articuler des faits diffamatoires sans encourir une sanctions pénale que pour les
actes du comportement social d’un individu dans sa vie publique et officielle, même lorsqu’il s’agit
d’une personne privée. S’il s’agit du domaine de l’activité qui se déroule à l’abri du mur de la vie
privée, on n’a pas le droit de lancer des imputations de nature à nuire à l’honneur et à la
considération de la personne, quand bien même elles seraient exactes.
- Le cas où « l’imputation se réfère à des faits qui remontent à plus de dix ans. On estime
qu’il n’est souhaitable de ranimer perpétuellement ces vieilles histoires et du moment que les faits
que l’on remet à la surface remontent à plus de 10 ans on n’est pas autorisé à faire la preuve de
leur vérité, et il y a délit à les avoir avancés du moment qu’ils portent atteinte à l’honneur et à la
considération de celui à qui on les attribue.
- Le cas où « l’imputation se réfère à un fait constituant une infraction amnistiée ou
prescrite (les poursuites ne sont plus possibles) ou qui a donné lieu à une condamnation effacée
par la réhabilitation ou la révision ».

178
Dans ce cas, il n’est plus possible de faire allusion à ces faits délictueux sans risquer une
condamnation pour diffamation.
Si, au contraire, les faits délictueux que l’on dénonce étaient susceptibles d’être
poursuivis, il faut alors attendre que le ministère public ait agi et, si l’action publique est
déclenchée, il faut attendre, pour savoir s’il y a eu ou non diffamation, la décision sur l’action
publique (art.66, dernier alinéa). Si sur l’action publique la personne à qui l’on a imputé ces faits
est condamnée, c’est ce que les faits étaient exacts et il n’y a pas lieu à condamnation du
diffamateur. Dans l’hypothèse inverse au contraire, on aura la démonstration que les faits imputés
ne sont pas établis.
)- Cas de l’exercice loyal de la profession de critique
On pourrait peut-être rapprocher de ce fait justificatif de la diffamation une autre sorte de
fait justificatif, celui de l’exercice loyal de la profession de critique. Les critiques littéraires,
dramatiques, sportifs ont pour métier, pour fonction de dire ce qu’ils pensent de la qualité des
œuvres dont ils sont chargés de faire le compte rendu et notamment s’ils portent une appréciation
péjorative sur tel auteur, tel artiste, tel sportif, dira-t-on que cela porte atteinte à son honneur et à
sa considération ? Il importe à cet égard de faire preuve de certaines nuances, et la jurisprudence
admet que le critique tient de ses fonctions même un certain droit à dire du mal de celui dont il
examine l’œuvre à condition qu’il n’abuse pas de ce droit. On pourra considérer quel e compte
rendu qu’il a fait, s’il est loyal, s’il est inspiré uniquement du souci de la perfection de l’art, ne
pourra entraîner aucune poursuite pénale. Si, au contraire, il y avait abus du droit de critique,
notamment si cela trahissait une animosité personnelle à l’encontre de la personne critiquée, il
pourrait y avoir poursuite, et la jurisprudence a eu l’occasion de ce prononcer dans de multiples
hypothèses (cf. l’article de M.Lalou, D.1953, chr. P.198).
Parfois même il s’est agi de critiques juridiques
MM. Esmein est Savatier se sont trouvés poursuivis en correctionnelle à l’occasion de
notes d’arrêt qu’ils avaient rédigées, les plaideurs ayant estimé avoir été diffamés par la note en
question, mais le tribunal correctionnel a jugé qu’ils n’avaient pas dépassé le droit de critique et
qu’ils ne tombaient pas sous le coup de la loi pénale (Aix. 28 juillet 1947, Jur. 1948, II. 1031, note
Colombini).
Dans certains domaines, en matière de critiques théâtrales et chorégraphiques, on est
amené à dire que la plastique de certaines danseuses ne leur permet pas de faire une exhibition
satisfaisante pour l’esprit. Dira-t-on alors qu’on les attaque dans leurs qualités personnelles ? Il
faut, évidemment, beaucoup de nuances, il est certain que la qualité d’un danseur ou d’une
danseuse exige un mélange de qualités plastiques et d’art chorégraphique.
*chorégraphique == art de composer des ballets et de les transcrire à l’œuvre elle-même
c)- Les sanctions de la diffamation ou de l’injure
)- Pénalités
- La diffamation contre les particuliers est passible (art.63, al.1) d’un emprisonnement de
1 mois à 6 mois et d’une amende de 30.000 à 1.000.000 FMG ou de lune de ces deux peines
seulement.
- L’injure publique est passible (art.64. al.2) d’une peine de 5 jours à 2 mois mais aussi
d’une amende de 3.000 à 1.000.000 FMG mais le tribunal peut ne prononcer que l’une de ces deux
peines.
S’il s’agit d’une injure non publique, les peines sont de simples peines de police (art.64,
al.3 de l’ordonnance 74-014, art.472-24 du C.P.) ; « Ceux qui, sans avoir été provoqués, auront
proféré contre quelqu’un des injures non publiques … ».

179
)- Sanctions civiles
Dans des affaires de ce genre, il y a très fréquemment partie civile et nous verrons, en
étudiant la procédure, que les infractions de diffamation concernant les particuliers ne peuvent
d’ailleurs être poursuivies qu’à la requête de la personne lésée. L’action civile se joint alors
obligatoirement à l’action publique et il y aura condamnation à des dommages intérêts. Souvent,
comme le préjudice est d’ordre moral, la condamnation est symbolique (1 F de dommages
intérêts).
Très fréquemment aussi, la meilleure réparation de ce préjudice moral consistera en une
information du public relative à l’inexactitude du caractère diffamatoire des informations qui
avaient été publiées, la partie civile réclamera et obtiendra alors la publication du jugement dans
un certain nombre de journaux aux frais de l’auteur de l’infraction afin de réparer dans la mesure
du possible son préjudice moral. Il y aura là une forme de réparation civile, et non une peine.
)- Quid des circonstances atténuantes et du sursis.
Les règles de droit commun demeuraient applicables sauf dans les cas suivants :
- provocations aux crimes et délits prévus par les articles 52, 53 et 54 de l’ordonnance
du 21 mars 1974 ;
- publication et diffusion de fausses nouvelles (art.57) ;
- offenses et outrages envers les Chefs d’Etat … (art.56, 68 et 69) ;
- diffamations ou injures envers certains corps ou certaines personnes (art.60 61, 62,
64).
Les auteurs de ces infractions, à moins qu’ils ne soient mineurs de 18 ans, ne peuvent
bénéficier ni des circonstances atténuantes ni de sursis conformément aux dispositions de
l’ordonnance n°72-023 du 18 septembre 1972 (JORM du 30.09.72, p. 2322).
§ 3 – EXAMENS DES REGLES PARTICULIERES DE PROCEDURE
Nous trouvons ici des règles de procédure qui dérogent au droit commun à de multiples
points de vue.
A/-LES PERSONNES RESPONSABLES
Qui peut-on poursuivre pour infraction commise par la voie de presse ? Les dispositions
contenues dans la Charte de la presse diffèrent considérablement des dispositions du droit
commun.
Aux termes de l’article 77 de la loi sur la presse : « Seront passibles, comme auteurs
principaux, des peines qui constituent la répression des crimes et délits commis par la voie de la
presse dans l’ordre ci-après, savoir :
1)- Les directeurs de publication ou éditeurs quelles que soient leur profession ou le
dénomination, et dans les cas prévus au 2ème alinéa de l’article 7, les co-directeurs de la
publication ».
En principe, l’auteur responsable est d’abord le directeur de la publication. Ceci peut
surprendre parce qu’on s’attendrait plutôt à ce que ce soit l’auteur des propos ou des articles
tombant sous le coup de la loi, mais comme ce qui est grave, c’est la diffusion que ces propos ont
eue, le vrai responsable est donc logiquement le directeur de la publication ou l’éditeur s’il s’agit
d’un livre.
2)- A leur défaut, les auteurs
Les auteurs ne seront poursuivis comme auteurs principaux que s’il n’y a pas de directeur
de publication ou d’éditeur. Si au contraire, il y en a un, les auteurs seront punis comme complices
car l’article 78 le précise : « lorsque les directeurs ou les co-directeurs de la publication ou les
éditeurs seront en cause, les auteurs seront poursuivis comme complices ».

180
3)- A défaut des auteurs, les imprimeurs
En effet, si on ne sait pas qui est l’auteur, s’il n’y a pas de directeur de la publication, on
cherche un responsable, ce sera l’imprimeur car, s’il y a eu diffusion – et c’est cela qui importe –
c’est lui qui est responsable, parce qu’il n’est pas couvert par un autre, c’est lui qui supportera
l’action publique. Ce sera possible si l’imprimeur a, comme il doit le faire, mentionné son nom et
son domicile sur les documents qu’il imprime, mais s’il ne l’a pas fait, cela va le rendre coupable
d’une infraction supplémentaire.
4)- A défaut des imprimeurs, les vendeurs, les distributeurs et afficheurs
Ainsi ceux que l’on prendra à afficher ou distribuer ces documents diffamatoires sont de
toute façon responsables si on ne peut pas trouver de responsables avant eux. Il y a là une
conception extrêmement curieuse où la responsabilité comme auteur principal ne découle pas des
agissements précis que l’on a commis, mais du fait que l’on est compromis dans les agissements
punis par la loi et que le législateur veut à tout prix trouver un responsable qui sera considéré
comme auteur principal.
Bien entendu, ceux qui ont participé à la publication délictueuses de quelque façon que
ce soit, pourront être, du moment que les conditions de l’article 60 du Code pénal sont réalisées,
poursuivis comme complices des auteurs principaux, mais l’art.78, al. In fine ajoute, que cet art.60,
C.P. ne pourra s’appliquer aux imprimeurs pour fautes d’impressions, sauf dans le cas et les
conditions prévus par la législation relative aux attroupements ou à défaut de co-directeurs de la
publication, dans le cas prévu au 2ème alinéa de l’article 6 et dans le cas de désignation d’un co-
directeur si le directeur jouit de l’immunité parlementaire.
B/- LA PRESCRIPTION DES POURSUITES
Pendant combien de temps va-t-on pouvoir poursuivre ?
Il y a en cette matière une règle extrêmement importante posée par l’ord. De 1974, art.96 :
« L’action publique et l’action civile résultant des crimes, délits et contraventions prévus à la
poursuite ordonnancée, se prescriront après six mois révolus, à compter du jour où ils auront été
commis ou du jour du dernier acte de poursuite s’il en a été fait ». La durée de la prescription est
donc très courte et cette prescription s’applique même en cas de crime.
La prescription peut être interrompue par des actes de poursuite ; la loi précise en effet,
que les six mois pourront compter du « jour du dernier acte de poursuite, s’il en a était fait ». Dans
ce cas, l’interruption, d’après la jurisprudence n’est valable que pour la même durée, c’est-àdire
que la prescription interrompue recommence après cette poursuite, mais sera acquise, elle aussi,
au bout de six mois. Il faut donc, dans les procès en matière de diffamation, d’une part citer
rapidement, et d’autre part, comme ces affaires ne sont pas jugées tout de suite et qu’au jour où
elles sont appelées à l’audience, elles sont en général remises, prendre soin que la remise soit faite
à moins de six mois et exiger que cette remise soit prononcée par jugement et non par décision du
Président à tire de mesure administrative. Si l’on ne prend pas ces précautions, la prescription n’est
pas interrompue.
C/- LA PROCEDURE
1)- Compétence
L’affaire est portée en principe devant la juridiction de droit commun. S’il s’agit d’un
crime – et ce sera très rare – ce sera la Cour criminelle ordinaire ; c’était même autrefois la règle
quelle que soit l’infraction commise, on considérait que c’était une garantie de la liberté de la
presse que les affaires de diffamation soient portées devant la Cour d’assises, et il en était même
ainsi des délits. On estimait que ces affaires qui touchent de très près l’opinion, la politique,
devaient être jugées par cet élément populaire qu’est le jury. Depuis l’ordonnance française du 6
mai 1944 modifiant l’article 45 de la loi française de 1881, lesquelles dispositions ont été reprises
par la loi malgache du 27 février 1959 puis par l’art.80 de l’ordonnance du 21 mars 1974, « les
infractions aux lois sur la presse sont déférées aux tribunaux correctionnels sauf :
181
a)- « dans les cas prévus par l’article 52, en cas de crime », mais c’est très rare.
b)- « lorsqu’il s’agit de simples contraventions ».
Il y a lieu de souligner qu’en cette matière, la loi veut que les affaires soient jugées avec
célérité ; aux termes de l’article 89 : « le tribunal correctionnel et le tribunal de simple police seront
tenus de statuer au fond dans le délai maximum d’un mois à compter de la date de la première
audience ».
Ce délai n’est pas fixé à peine de nullité et en général ces affaires ne sont pas jugées aussi
rapidement.
2)- Mise en mouvement de l’action publique
a)- Rôle de la victime
La juridiction compétente est presque toujours saisie par la victime elle-même ; c’est elle
qui, généralement, met en mouvement l’action publique. Bien plus, c’est elle qui, dans de
nombreux cas, a seule la possibilité juridique de le faire ; le droit de mettre en mouvement l’action
publique est en effet enlevé au ministère public lorsque l’infraction n’a causé de dommages qu’à
une personne privée ;ceci tient à ce que, dans le cas de diffamation ou d’injures, le préjudice est
essentiellement un préjudice moral et que, dans ces conditions, c’est à la victime de décider s’il
est préférable pour elle de ne pas donner de suites à l’infraction, le fait d’intenter des poursuites
risquant de ranimer l’affaire, et même puisque à l’heure actuelle, il est possible de faire la preuve
des faits diffamatoires, de tourner finalement davantage à son détriment qu’à son profit. En matière
de diffamation contre les particuliers, c’est donc la victime et elle seule qui va pouvoir agir dans
les conditions fixées par l’article 81 – 6°.
De toute façon, qu’il s’agisse d’injures ou de diffamation à l’égard de particuliers ou de
personnes publiques, la poursuite ne peut avoir lieu que sur la plainte de la personne diffamée ou
injuriée.
b)- Rôle du ministère public
Il résulte de tout cela que le ministère public ne joue dans ces affaires qu’un rôle de second
plan. D’abord, s’il s’agit de diffamation ou d’injures contre les particuliers, le ministère public a
les mains liées ; il ne peut agir tant que la victime n’a pas porté plainte, et même, en règle générale,
tant qu’elle n’a pas procédé à une citation directe. S’il s’agit d’infractions à la loi sur la presse
autres que des infractions contre les particuliers, le ministère public peut, en principe, agir d’office,
mais il n’en est en réalité ainsi que s’il s’agit d’offenses au Chef de l’Etat ou de diffamation raciale
(art.81 – 6° in fine). Dans les autres cas, de beaucoup les plus nombreux, le ministère public ne
peut, même si la victime est une personne publique, intenter l’action de son propre chef ; il est tenu
d’attendre d’être saisi d’une demande à cette fin ou d’une autorisation à cette fin (art.81).
Notons d’ailleurs qu’il ne prendra généralement pas sur lui d’intenter une poursuite en
offense au Chef de l’Etat sans avoir pris des instructions à ce sujet, car, là encore, il y a une question
d’appréciation qu’il est préférable de laisser à la victime elle-même.
Le ministre public ne peut agir sans avoir reçu une autorisation préalable (art.81) :
1)- « Dans le cas d’injure ou de diffamation envers les cours, tribunaux et autres corps
indiqués dans l’article 59 ; la poursuite n’aura lieu que sur une délibération prise par eux en
assemblée générale et requérant les poursuites, ou, si le corps n’a pas d’assemblée générale, sur la
plainte du chef du corps du ministre duquel ce corps relève ».
2)- « Dans le cas d’injure ou diffamation envers un ou plusieurs membres d’une
assemblée parlementaire, la poursuite n’aura lieu que sur la plainte de la personne ou des personnes
intéressées ».
3)- « Dans le cas d’injure ou diffamation envers les fonctionnaires publics, les
dépositaires ou agents de l’autorité publique, autres que les ministres, et envers les citoyens
chargés d’un service ou d’un mandat public, la poursuite aura lieu soit sur leur plainte, soit d’office
182
sur la plainte du ministre dont ils relèvent ». Dans ce cas, les poursuites sont donc subordonnées
soit à la plainte de l’intéressé lui-même, soit à la plainte du ministre ; comme il s’agit d’un de ses
fonctionnaires, le ministre peut estimer qu’il y a lieu d’intenter des poursuites.
4)- « Dans le cas de diffamation envers un juré ou un témoin, délit prévu par l’article 62,
la poursuite n’aura lieu que sur la plainte du juré ou du témoin qui se prétendra diffamé ».
5)- « Dans le cas d’offense envers les Chefs d’Etat ou d’outrage envers les agents
diplomatiques étrangers, la poursuite n’aura lieu que sur leur demande adressée au représentant à
Madagascar du pays intéressé qui en informe aussitôt le chef du gouvernement malgache lequel
saisi sans délai le Ministre de la Justice de la République Malgache, qui lui-même, requerra le
représentant du ministère public intéressé d’agir.
Le droit de mettre en mouvement l’action publique obéit donc ici à des règles
extrêmement particulières.
c)- Effet du désistement du plaignant
Par ailleurs, le désistement de celui qui a mis en mouvement l’action publique par sa
plainte suffit à arrêter la poursuite. Cette règle a du reste été généralisée par le Code de procédure
pénale en son article 2, al.2 mais, avant même le code de procédure pénale, la jurisprudence avait
déjà décidé qu’il en était ainsi en cette matière très particulière des infractions de presse. Et les
dispositions de l’art.82 de l’ord. De 1974 sont claires : « dans tous les cas de poursuites
correctionnelles ou de simple police, le désistement du plaignant ou de la partie poursuivante
arrêtera la poursuite commencée ».
D/- MODES DE SAISINE DU TRIBUNAL
Le même particularisme apparaît en ce qui concerne la façon dont le tribunal compétent
va être saisi. Des formes très particulières doivent, en effet, être suivies.
1)- Cas de la citation directe
a)- Il faut, tout d’abord, que la partie poursuivante, qu’il s’agisse du ministère public ou
de la victime, précise de façon très détaillée les faits qu’elle reproche à la personne suivie, et,
comme il s’agit généralement de termes jugés diffamatoire, il faut préciser les termes mêmes que
Mentions requises à l’on reproche d’avoir employés, par exemple, dire dans la citation directe
peine de nullité que, dans l’article publié dans tel journal, telle date, telle colonne, telle
page, paragraphe commençant par tel mot et finissant par tel mot, on a
articulé telle ou telle chose, en citant textuellement les termes employés. Il en est ainsi, que ce soit
le ministère public ou la partie lésée et cette exigence est formulée à peine de nullité de la citation.
C’est là une des grandes ressources de la défense dans les affaires en diffamation : on épluche la
citation, on recherche si le requérant n’a pas omis de préciser de façon suffisamment détaillée les
faits qu’il reproche et les termes qu’il incrimine, et, si l’on réussit à faire cette preuve, il y a nullité
de la citation.
b)- La nullité peut être encourue aussi pour une autre raison, car, non seulement il faut
avoir précisé les faits incriminés, mais il faut aussi avoir donné une
La qualification
qualification très précise à ces faits, et cela qu’il s’agisse du ministère
donnée aux faits
public ou de la victime qui a lancé la citation directe.
Cela résulte de l’article 85 de l’ordonnance de 1974.
Article 85.- « La citation précisera et qualifiera le fait incriminé, elle indiquera le texte de
l’ordonnance applicable à la poursuite … » Elle doit, par ailleurs, contenir élection de domicile si
elle est à la requête du plaignant et être vérifiée tant au prévenu qu’au ministère public.
« Toutes ces formalités seront observées sous la sanction prévue à l’article 83 ».
Il y a donc également nullité de la citation si l’on a commis une erreur de qualification si
on a visé un texte qui ne s’applique pas dans la circonstance. Dans ce cas, comme en cas
d’omission, la citation est nulle et si la prescription est acquise, les poursuites en resteront là. Il y
183
a là une différence avec ce qui se passe en droit commun.- en cas d’omission ou d’erreur de
qualification, le tribunal saisi est néanmoins, en droit commun, valablement saisi des faits qui sont
portés dans la citation : peu importe que ces faits aient été mal qualifiés dans la citation, le tribunal
est là pour rectifier la qualification. En matière d’infractions de presse, au contraire, la tribunal ne
peut pas rectifier la qualification ; il est obligé d’annuler la citation s’il constate que la qualification
n’est pas exacte.
Toutefois, l’article 83, al.2 précise que l’ « omission ou l’erreur n’importera nullité que
s’il est établi que le prévenu s’est mépris sur les faits dont il est appelé à répondre et n’a pas été
ainsi mis en mesure d’organiser utilement sa défense ».
c)- Enfin, il convient de remarquer que les délais de citation ne sont pas exactement les
mêmes qu’en matière de droit commun. Ce sont les délais de l’article 86, qui sont plus longs que
ceux du droit commun, 20 jours plus 1 jour par 50 km de distance sans que le total puisse dépasser
50 jours. Bien entendu, si les délais n’ont pas été respectés, la citation est nulle.
2)- Cas de l’information préparatoire
Il est possible que les délits de presse soient poursuivis non pas par la voie de la citation
directe mais par la voie de l’information préparatoire que l’affaire soit mise à l’instruction soit par
le ministère public, soit par la victime qui peut se constituer partie civile devant le juge
d’instruction. Si même la victime est seule compétente pour mettre l’action publique en
mouvement, il lui faut utiliser le procédé de la plainte avec constitution de partie civile. Lorsque
l’affaire est ainsi poursuivie par la voie de l’information, la loi pose diverses règles particulières.
a)- Article 83.- « Si le ministère public requiert une information, il sera tenu, dans son
réquisitoire, d’articuler et de qualifier les provocations, outrages, diffamations et injures à raison
desquels la poursuite est intentée avec indication des textes dont l’application est demandée » et,
ce, à peine de nullité mais aux termes de l’alinéa 2 de l’art.83 ; de l’omission où l’erreur
n’emportera nullité ou s’il est établi que le prévenu s’est mépris sur les faits dont il est appelé à
répondre et n’a pas été ainsi mis en mesure d’organiser utilement sa défense ».
b)- Article 84.- « Immédiatement après le réquisitoire, le juge d’instruction pourra,
mais seulement en cas d’omission du dépôt prescrit… ordonner la saisie de 4 exemplaires de
l’écrit, du journal ou du dessin ou du support audio-visuel incriminé » (de façon que les éléments
de preuve ne risquent pas de disparaître).
Toutefois, dans les cas prévus aux articles 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, alinéa
2, 64, alinéa 1, 68 et 69 de la présente ordonnance, la saisie des écrits ou imprimés, des placards
ou des affiches, pourra être effectuée sur les instructions du Ministre de l’Intérieur ou, par le Chef
de Province directement ou, sur leur réquisition, par un officier de police judiciaire.
Les mêmes pouvoirs pourront être exercés lorsque les délits prévus à l’alinéa 2 du présent
article auront été commis dans les conditions prévues à l’article 76 de la présente ordonnance.
Dans le cas où la saisie prévue au second et troisième paragraphes du présent article sera
effectuée et ordonnée avant toute poursuite, le directeur de la publication aura la faculté, dans un
délai de trois jours francs, de saisir le tribunal civil, lequel statuera sur la régularité de ladite saisie.
Au cas où l’irrégularité de la saisie est constatée, l’Etat pourra être tenu de rembourser au
directeur de la publication en cause le prix de vente d’autant d’exemplaires de la publication qu’il
en aura été saisi ou réglementairement déposés.
3)- Cas de l’information sommaire
L’article 86, al.3 de l’ordonnance du 21 mars 1974 permet expressément l’utilisation de
la procédure d’information sommaire. Dans cas, si le prévenu entend faire prouver la vérité des
faits diffamatoires, un délai de 15 jours pourra lui être accordé par le Président du tribunal pour
présenter sa défense.

184
E/- REGLES CONCERNANT LA PREUVE DE LA VERITE DES FAITS
DIFFAMATOIRES
D’autres règles particulières ont trait à la preuve du fait justificatif.
Lorsque la personne poursuivie invoque le fait justificatif dont il a été question plus haut,
c’est à elle qu’en incombe la preuve, et ceci est dérogatoire au droit commun. En effet, bien qu’on
en discute beaucoup, c’est au ministère public qu’il revient, en droit commun, de faire la preuve
que les conditions du fait justificatif invoqué par l’inculpé ne sont pas réunies. Ici il en est
autrement. C’est à la personne poursuivie à invoquer le fait justificatif et à en démontrer
l’existence. Or, lorsqu’il s’agit d’invoquer le fait justificatif la personne poursuivie doit le faire en
des formes bien délimitées et prévues, elles aussi, à peine de nullité.
1)- Elle doit (art.87) demander à le faire dans les 10 jours de la citation en Justice qu’elle
a reçue et doit la faire signifier au ministère public ou au plaignant au domicile par lui élu suivant
qu’elle est assignée à la requête de l’un ou l’autre, doit, si elle entend faire cette preuve par des
documents écrits, donner la liste et la copie des pièces qu’elle veut utiliser. Si elle entend faire
cette preuve par témoins, elle doit donner la liste des noms, professions et domiciles des témoins
qu’elle envisage de faire entendre. Elle doit signifier ce document tant au ministère public qu’à
son adversaire et en faisant élection de domicile de façon qu’on puisse lui contre signifier les autres
actes de la procédure, cette élection étant exigée aussi à peine de déchéance. Tout cela est prévu
méticuleusement par l’article 55.
2)- La partie poursuivante qui entend résister à la preuve des faits diffamatoires est tenue,
elle aussi, de se soumettre à un formalisme extrêmement exigeant car (art.88) dans les cinq jours
où elle a reçu la notification faite par la partie poursuivie ou en tout cas au plus tard trois jours
francs avant l’audience, le plaignant ou le ministère public sera tenu à son tour de faire signifier
au prévenu au domicile élu par lui les copies des pièces qu’il entend utiliser, de même que « les
noms, professions et demeures des témoins par lesquels il entend faire la preuve du contraire sous
peine d’être déchu de son droit »..
Il y a là un formalisme rigide : la partie qui veut faire la preuve des faits diffamatoires est
tenue de notifier son intention dans un certain délai et l’adversaire qui prétend démontrer le
contraire de ce qu’affirme la personne poursuivie est tenu d’observer des règles analogues.
La Cour de cassation a eu l’occasion de dire que l’observation de ces règles est d’une telle
importance qu’il n’est pas permis d’essayer de les tourner. Une personne qui n’avait pas observé
les délais impartis avait essayé, ensuite à l’audience de suggérer au tribunal d’ordonner un
supplément d’information ; qui aurait abouti à faire entendre des témoins dont l’identité n’avait
pas été régulièrement notifiée (crim. 24 janvier 1952. D. 1952.285 rapport du conseiller Patin) ;
cette demande, dit l’arrêt, n’est pas recevable.
Cette rigueur de la loi en matière de procédure s’explique par le fait que, généralement,
la loi n’est pas tellement favorable à l’inflation de ces procès de presse, même lorsqu’il s’agit de
diffamation de personnes publiques. C’est pourquoi elle multiplie sous les pas des parties au procès
les causes de nullité et de déchéance possibles.
Elle estime que ces affaires de presse soulèvent généralement une certaine émotion qui
s’apaise, comme toute, assez vite. C’est aussi pourquoi elle a prévu ce délai de prescription très
court de ce genre d’infraction. On peut dire qu’il s’agit là d’une sorte d’îlot autonome dans le
domaine général du droit pénal spécial./.

185
CORRUPTION

Généralités
1. Depuis le code pénal de 1810, la notion de corruption s’est considérablement élargie.
A l’origine, seule la corruption de fonctionnaire proprement dite, c'est-à-dire le trafic de la
fonction, était réprimée. La loi du 13 mai 1863 (D.P 63.4.79) a étendu les dispositions des articles
177 à 179 aux experts nommés, soit par le tribunal, soit par les parties. La loi du 7 juillet 1889
(D.P 90.4.56) a crée une incrimination nouvelle : le trafic d’influence. Les nombreux scandales
constatés au cours de la guerre 1914-1918 sont nécessités l’extension des dispositions d’ordre
pénal concernant la corruption aux employés, commis, préposés des commerçants et industriels –
extension réalisé par la loi du 16 février 1919 (D.P 1920.4.424). La loi du 9 mars 1928 (D.P
1928.4.193), portant révision du code de justice militaire, a, dans son article 244, extrait de ce code
les dispositions jusqu’alors en vigueur concernant la corruption des militaires et étendu
l’application de l’article 177 du code pénal aux militaires et assimilés (V. actuellement C. just.
mil., art. 369 et s.). Cette même loi a rendu l’article 177 applicable au médecin qui, dans l’exercice
de ses fonctions, certifie faussement ou dissimule l’existence de maladies ou infirmités. Une loi
du Gouvernement de Vichy, du 16mars 1943 (D.A. 1943.70), a donné une définition plus large
des délits de corruption et de trafic d’influence. D’autre part, ce texte a crée une incrimination
nouvelle : la vénalité ou para-corruption de fonctionnaire employés. Enfin, l’ordonnance n° 45-
191 du 8 février 1945 (D. 1945.45) a repris, en les améliorant, les dispositions de la loi du 16 mars
1943. Elle vise expressément, dans l’article 177 nouveau, la corruption des personnes investies
d’un mandat électif, réprimée jusqu’alors par la jurisprudence à la faveur d’une interprétation très
extensive des textes en vigueur. Une rédaction nouvelle est donnée tant en ce qui concerne les
délits de corruption active et passive que le trafic d’influence et la vénalité. Cette rédaction est
conçue dans un sens extensif.
SECT. 1re – Distinction des délits de corruption et des délits voisin.
2. Avant d’entreprendre l’étude séparée des ces différentes infraction il est utile d’en
donner une définition sommaire, ainsi que des délits voisins se rapprochant de la corruption par
certains de leurs éléments constitutifs.
Art. 1er – Délit de corruption
3. 1° Corruption active. – Une personne fait des dons ou des promesses à un fonctionnaire
ou à un employé pour obtenir de lui qu’il fasse ou s’abstenir de faire un acte de ses fonctions.
4. 2° Corruption passive. – le fonctionnaire ou l’employé sollicite ou reçoit un don pour
faire un acte, ou s’abstenir de faire un acte de ses fonctions, juste ou non, mais non sujet à salaire.
5. 3° Trafic d’influence – Le fonctionnaire ou l’employé reçoit des dons ou promesses
pour user de l’influence qu’il peut avoir auprès de l’autorité publique pour en obtenir la concession
d’un avantage : par exemple, la décision souhaité dépend d’un collègue du fonctionnaire indélicat,
auprès duquel il a envisagé d’intervenir (alors que, dans la corruption, l’acte entre directement
dans les fonction normales du corrompu qui n’a pas à user de son influence).
6. 4° Para-corruption ou vénalité – le fonctionnaire ou l’employé reçoit des dons ou
promesses, pour accomplir ou s’abstenir d’accomplir un acte qui, bien qu’en dehors de ses
attributions, lui est facilité par ses fonctions, Par exemple, le fonctionnaire sollicité par un
déliquant s’offre, moyennant rémunération, à faire disparaître des bureaux où il a accès pour
l’exercice de ses fonction un document relatif à la constatation d’une infraction dont la
connaissance ne rentrait pas dans le cercle de ses attributions.
Art. 2 – Délit voisin
7. Il faut les distinguer des délits voisins suivants : 1° Décision prises par inimitié ou par
faveur par les juges et administrateurs (C. pén., art. 183). – Ce délit existe en l’absence de dons et
promesses (V. infra, n° 118).
186
8. 2° Concussion – Un fonctionnaire exige, à titre de taxes ou de traitement, des sommes
qu’il sait ne pas être dues. La concussion se distingue de la corruption par le fait que le
concussionnaire a reçu une somme en laissant entendre qu’elle lui était due légalement, alors que
dans la corruption, la somme est reçue, sans équivoque titre de don ou présent.
SECT. 2 – Corruption passive de fonctionnaires et assimilés.
9. L’article 177, alinéa 1er, du code pénal, dans sa rédaction du 8 février 1945, définit la
corruption passive de fonctionnaires et assimilés par le fait de solliciter ou agréer des offres ou
promesses, solliciter ou recevoir des dons ou présents pour : 1° étant investi d’un mandat électif,
fonctionnaire public de l’ordre administratif ou judiciaire, militaire ou assimilé, agent ou préposé
d’une administration publique ou d’une administration placée sous le contrôle de la puissance
publique ou citoyen chargé d’un ministère de service public, faire ou s’abstenir de faire un acte de
ses fonctions ou de son emploi, juste ou non, mais non sujet à salaire ; 2° étant arbitre ou expert,
nommé, soit par le tribunal, soit par les parties, rendre une décision ou donner une opinion
favorable ou défavorable à une partie ; 3° étant médecin, chirurgien, dentiste, sage-femme, certifier
faussement ou dissimuler l’existence de maladies ou d’infirmités ou un état de grossesse ou fournir
des indications mensongères sur l’origine d’une maladie ou d’une infirmité ou la cause d’une
décès.
10. La corruption dans le système du code pénal suppose, par sa nature même, deux faits
principaux, dont l’un ne saurait être considéré comme l’accessoire de l’autre, puisque chacun des
deux agents qui concourent à l’infraction, l’un en corrompant, l’autre en se laissant corrompre, y
joue un rôle égal et séparément qualifié. Il suit de là que la corruption passive prévue par l’article
177 du code pénal constitue un délit distinct de celui de corruption active prévu par l’article 179
du même code (Crim. 4 nov. 1948, Bull.crim., n° 250).
Art. 1er – Eléments constitutifs du délit.
§ 1er – Qualité de la personne corrompue.
11. La personne corrompue peut être un élu, un fonctionnaire ou agent d’une
administration, un militaire ou assimilé, un arbitre ou expert, un médecin, chirurgien, dentiste ou
sage-femme.
12. a) Les élus comprennent tous les membres des assemblées législatives ou
administratives investis d’un mandat électif (députés, sénateurs, conseillers généraux et conseillers
municipaux ; V. pour le président d’une chambre des métiers, Crim. 8 mars 1966, Bull crim.,
n°83). Les élus sont expressément visés par le texte remanié par l’ordonnance antérieure à cette
nouvelle disposition les atteignant déjà en les considérant comme des fonctionnaires publics pour
l’application de l’article 177 du code pénal (V. not. Crim. 24 févr. 1893, S ; 93.1.217, concl.
Baudion ; 3 nov. 1933, Bull. crim. N°200).
13. b) Fonctionnaires – Les différents textes qui ont modifié successivement les
dispositions du code relatives à la corruption, ont sans cesse élargi l’énumération des personnes
assimilées aux fonctionnaires, au sens de l’article 177 du code pénal, ne comprennent pas
seulement les citoyens investis d’un pouvoir procédant de la puissance publique (fonctionnaires
d’autorité), mais tous ceux qui ont le droit de concourir à la gestion des affaires publiques (V.
Crim. 20 déc. 1951, J.C.P. 1952.IV 25). Au surplus, les notions d’« agent » et de « préposé » d’une
administration publique sont suffisamment compréhensives pour englober toutes les personnes
occupant un emploi quelconque au sein de l’Administration.
14. A côté du secteur public proprement dit, les administrations placées sous le contrôle
de la puissance publique sont devenues de plus en plus nombreuses à raison de l’intervention sans
cesse croissante de l’Etat dans le secteur privé, surtout dans l’ordre économique (offices,
entreprises concédées, sociétés d’économie mixte, S.N.C.F., entreprise nationalisées : eau, gaz,
électricité, banques, compagnies d’assurances, etc.). Cette situation a paru nécessiter l’adjonction
d’une disposition spéciale pour assimiler, sur le plan répressif, le personnel de ces entreprises aux
187
fonctionnaires, la jurisprudence administrative refusant de leur attribuer la qualité de
fonctionnaires.
15. Les « citoyens chargés d’un ministère de service public » comprennent toutes les
personnes exerçant, à titre temporaire ou permanent, moyennant rétribution ou à titre gratuit
volontairement ou sur la réquisition des autorités, un service public, c'est-à-dire remplissant une
mission d’intérêt général, destinée à satisfaire aux besoins collectifs du public (Cf. GARÇON, sous
art. 177, n°24 et s.). Cette notion de « citoyen chargé d’un ministère de service public », prévue
par l’article 177 du code pénal est différente de celle de l’article 224 en matière d’outrage. On sait
que dans cette dernière hypothèse, la jurisprudence attribue cette qualité à ceux qui ont reçu une
délégation de la puissance publique, en sorte que l’outrage qui leur est adressé est un manquement
à l’autorité elle-même et rejaillit sur elle.
16. La jurisprudence a notamment considéré comme fonctionnaire ou assimilé pour
l’application de l’article 177 du code pénal : un membre du conseil de révision (Crim. 15 févr.
1828, Bull. crim. N°42 ; 16 nov. 1844, ibid., n° 376, S. 45.1.399) ; un président du tribunal de
commerce (Crim. 27 août 1896, Bull. crim., n° 277) un huissier (8 juill. 1813, ibid., n°104) ; un
syndic de faillite (23 janv. 1973, ibid., n°29) ; un commissaire de police (22 févr. 1885, ibid.,
n°54) ; un garde champêtre (7 févr. 1852, ibid., n°58) ; un garde particulier (19 août 1826, ibid.,
n°162) ; un commis greffier de justice de paix (15 avr. 1932, ibid., n°105) ; un gardien de prison
(23 févr. 1882, ibid., n°52), interprète employé, même occasionnellement, par la justice (11 mai
1876, ibid., n°117) ; un secrétaire général de mairie (Grenoble, 17 nov. 1972, Gaz. Pal. 1973.1.
Somm.155) ; un secrétaire de mairie (Crim. 17 juill. 1828, bull. crim., n°209) ; un employé de
chemin de fer (26 nov. 1943, ibid.,n°132 ; 5 févr. 1953, J.C.P. 1953IV.45) ; un agent des postes
(28 janv. 1909, bull. crim., n°55) ; un commis de perception (4 févr. 1922, ibid., n°7) un brigadier
cantonnier (19 juill. 1855, ibid., n°254, D.P. 56.5.223) ; un agent du service d’architecture (4 juill.
1974), ibid., n°249) ; un adjudicataire d’une administration (4 oct. 1856, ibid., n°330) ; un
inspecteur chargé des examens pour l’obtention du permis de conduire (11 janv. 1956, D. 1956.
Somm.126, Bull. crim., n°38) ; un agent du ministère de la Reconstruction (19 juill. 1951, ibid.,
n°220) ; mais non un président de la société anonyme de crédit immobilier, qui, est aux termes de
l’article 159 du code de l’urbanisme et de l’habitation, administrateur d’un organisme d’habitation
à loyer modéré (13juill. 1966, ibid., n°201), étant observé que le délit de corruption
d’administrateur d’un organisme d’habitation à loyer modéré est prévu et réprimé par l’article 190
de la loi du 26 juillet 1954.
17. En principe, la qualité de fonctionnaire ne cesserait pas d’appartenir à un agent qui se
serait laissé corrompre, par cela seul que sa nomination serait entachée de quelque irrégularité, si
cette irrégularité, ignorée ou insignifiante, avait laissé au prétendu fonctionnaire toute l’influence
de sa position apparente (fonctionnaire de fait) (V. GARÇON, sous art. 177, n° 74 et s.). Ainsi jugé
que pouvaient être poursuivis pour corruption passive de fonctionnaire : un garde champêtre ayant
prêté serment devant le maire alors qu’il devait prêter serment devant le juge de paix (Crim. 11
juin 1813, bull. crim., n°127) un conseiller général de la Martinique dont l’élection avait été faite
irrégulièrement et annulée par le conseil de contentieux de la colonie, étant observé que le prévenu
s’était pourvu devant le Conseil d’Etat contre la décision d’annulation (Crim. 3. nov. 1933, Bull.
crim., n°200). Par contre, l’article 177 ne serait plus applicable si l’irrégularité était telle que le
fonctionnaire ne puisse être réputé avoir exercé la fonction ou l’emploi et surtout s’il avait usurpé
une qualité qu’il n’avait jamais eue ou qu’il n’avait plus. Le fait de recevoir des dons pour un acte
de cette prétendue fonction pourrait seulement constituer le délit d’escroquerie (GARÇON, sous art.
177, n°78). Il semble cependant que l’on devrait reconnaître la qualité de fonctionnaire de fait,
tout au moins de citoyen chargé de service public, à l’individu qui, dans des circonstances
exceptionnelles (guerre, inondation, etc.), aurait assuré un service public essentiel au lieu et place
d’un fonctionnaire se trouvant dans l’impossibilité absolue d’exercer ses fonctions. Ce
collaborateur bénévole, qui assure la continuité d’un service public sans être régulièrement investi

188
de cette mission, ne saurait être assimilé à un usurpateur pour écarter l’application des dispositions
de l’article 177 du code pénal.
18. c) L’expression « militaires ou assimilés » a été ajoutée à l’article 177 du code pénal
par la loi du 9 mars 1928 (D.P. 1928.4.193). le terme « assimilés » comprend tous ceux qui sont
considérés comme tels par les lois en vigueur. Il en est ainsi des payeurs aux armées, du personnel
des poudres, du personnel de chemins de fer de campagne.
19.d) Les arbitres et expert figurent dans l’énumération des personnes pouvant faire
l’objet de corruption depuis la loi du 13 mai 1863 (D.P. 63.4.79). Il importe peu que l’expert ait
été choisi par les parties ou par l’autorité judiciaire. Jugé que les articles 177 et 179 du code pénal
visent toute corruption commise en France d’un expert remplissant officiellement sa mission sur
le territoire français. Ils concernent donc spécialement l’expert remplissant sa mission en France
en vertu d’une commission rogatoire d’un juge d’instruction belge rendue exécutoire en France
par une subdélégation d’un juge d’instruction français (Crim. 30 juin 1955, D. 1955.655, et la
note). Il semble évident que les techniciens et consultants dont la mission est prévue par les articles
232 et suivants du nouveau code de procédure civile doivent être assimilés aux experts.
20. e) Les médecins ont été compris dans les énonciations de l’article 177 par la loi du 9
mars 1928 précité, portant révision du code de justice militaire pour l’armée de terre. L’ordonnance
du 8 février 1945 (D. 1945.45) y a ajouté les chirurgiens, dentistes et sages-femmes.
Antérieurement à la loi de 1928, les médecins n’étaient justiciables de l’article 177 que dans la
mesure où les ils exerçaient un service public. On avait tiré argument de la loi du 9 mars 1928
portant révision du code de justice militaire pour soutenir que l’article 177 nouveau ne pouvait
s’appliquer qu’aux médecins militaires. Mais la Cour de cassation n’a pas admis ce point de vue
(Crim . 7 août 1936, Bull. crim., n°91, S.1936.1..59, Rev. Science crim. 1936.65, obs. L.
HUGUENEY). L’insertion de la disposition sans aucune restriction ne pouvait en effet permettre de
douter que le législateur avait entendue viser tous les médecins (V. aussi, P. HUGUNEY, Traité de
droit pénal militaire, 1933, n°658).
21. Si le médecin a délivré un faux certificat par simple complaisance, sans avoir perçu
de récompense, il n’y a pas corruption mais un délit distinct prévu par l’article 160 du code pénal
(V. Crim. 7 août 1936, préc., qui exige que le médecin ait reçu des dons ou agrée des promesses
pour l’application de l’art. 177, malgré la rédaction ambiguë de ce texte).
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable.
22. le fonctionnaire ou assimilé doit avoir reçu ou sollicité des offres, promesses, dons ou
présents avant l’accomplir l’acte ou l’abstention.
23. Les dons ou présents peuvent être constitués par des objets quelconques, des billets à
ordre ou des chèques, des versements en banque, de l’argent. Mais il n’est pas nécessaire que le
fonctionnaire ait reçu des dons ou présents, il suffit qu’il ait sollicité ou agréé des offres ou
promesses. Ces offres ou promesses peuvent consister dans une ouverture de crédit (Crim. 6 août
1924, Bull. crim., n°322), un avantage quelconque (avancement, recommandation, etc. ; V., par
ex., pour une demande de ristourne sur les fournitures formulées par un secrétaire général de
mairie, Grenoble, 17 nov. 1972, préc.). La jurisprudence y assimile même les prêts (Crim. 27 août
1896, Bull. crim., n°277 ; dans cette affaire, un président de tribunal de commerce avait fait
demander au fils d’un failli, réfugié à l’étranger, de lui consentir un prêt, en lui faisant comprendre
qu’il ferait bénéficier son père d’un sauf-conduit. Par la suite, après exécution des versement
convenus, le sauf-conduit fut accordé par ce magistrat consulaire) (V. pour l’offre de relations
sexuelles, infra, n°97).
24. il faut toutefois que l’avantage ne soit pas d’ordre purement subjectif. Ainsi jugé que
le fait pour un fonctionnaire public de solliciter un avantage consistant en « assouvissement d’une
haine » ne peut être assimilé aux sollicitations d’offres, de promesses, de dons ou de présents
(Crim. 14 oct. 1975, Bull. crim., n°214, D. 1975, nfr. Rap. 232, Rev. science crim. 1976.415, obs.
critiques A. Vitu, qui soutient « qu’au-delà des avantages matériels, le législateur a dû,
189
nécessairement, se préoccuper d’autres moyens générateurs de la corruption, qu’il s’agisse
d’avantages moraux ou de la crainte inspirée »). De même, le délit ne serait pas caractérisé si le
fonctionnaire ou, assimilé se décidait à accomplir un acte ou s’abstenir d’accomplir cet acte sur de
simples prières ou supplications.
25. Il importe peu que l’offre ou sollicitation soit faite directement ou par personne
interposée (crim. 16 juin 1887, Bull. crim., n°220 ; 27 août 1896, ibid., n°277 ; 13 janv. 1916, ibid.,
n°12).mais il faut que le fonctionnaire ait eu connaissance de l’existence des offres ou qu’il ait
entendu lui-même les solliciter (V. GARÇON, sous art. 177, n° 91 et 92).
26. le délit de corruption suppose la conclusion d’un pacte préalable, l’existence d’une
convention entre le corrupteur et le corrompu, précédant l’acte ou l’abstention qu’elle a pour objet
de rémunérer (Crim. 30 janv. 1958, Bull crim., n°109 ; 8 févr. 1966, ibid., n°35, D. 1966.
Somm.104 ; 13 déc. 1972, ibid., n°391).Mais le caractère d’antériorité des avantages reçus résulte
suffisamment du fait qu’ils ont été consentis de façon régulière et en quelque sorte permanente au
cours d’une année, de telle manière qu’il ont nécessairement précédé les agissements du corruption
à s’abstenir d’effectuer des actes de sa fonction (Crim. 6 févr. 1968, Bull crim., n°37).
27. La récompense reçue après coup, sans qu’elle ait été sollicité ou agréée auparavant
n’est pas pénalement répréhensible (Crim. 31 juill. 1962, D.H. 1926.482). Mais si l’offre ou la
sollicitation est antérieure à l’acte ou l’abstention désiré il importe peu que la remise d’un cadeau
n’intervienne que plus tard (V. cep., dans l’hypothèse où le concert frauduleux ne s’est établi
qu’ultérieurement mais à l’occasion d’affaires nouvelles, infra, n°57).
28. habituellement, les dons, présent, offres ou promesses sont offerts ou faits au
fonctionnaire par le corrupteur actif. Mais la simple sollicitation faite par le fonctionnaire ou
assimilé en vue d’obtenir ces dons, présents, offres ou promesses suffit à caractériser le délit de
corruption passive. Dans cette dernière hypothèse, il n’est plus nécessaire qu’un don soit
effectivement remis, qu’un pacte soit conclu entre le fonctionnaire et le bénéficiaire de l’acte ou
de l’abstention. La seule démarche unilatérale du corrupteur passif suffit pour constituer
l’infraction (V. GARÇON, sous art. 177, n°87).
§ 3 – Accomplissement ou abstention d’un acte de la fonction.
29. Le plus souvent, les dons ou promesse tendent à déterminer le fonctionnaire à
s’abstenir d’un acte de ses fonctions. Dans cette hypothèse il semble que le délit soit caractérisé
même si l’acte est facultatif.
30. Mais ils peuvent tendre également à faire accomplir un acte de la fonction ; cette
notion a fait l’objet d’une interprétation très extensive. La Cour de cassation estime que constitue
un acte de la fonction, l’acte que le fonctionnaire corrompu ne peut accomplir seul ; il suffit qu’il
ait trafique de sa propre part dans le pouvoir collectif (Crim. 27 août 1896, Bull. crim., n°277). Le
délit est également caractérisé si le fonctionnaire n’a qu’un rôle consultatif (Crim. 19 avr. 1894,
Bull. crim., n°101 ; V. aussi Crim. 14 janv. 1949, J.C.P. 1949.II.4866 ; note Colombini), ou un
pouvoir de contrôle (Crim. 19 nov. 1931, Bull. crim., n°266).
31. Mais la Cour suprême assimile aussi à l’acte de la fonction le simple devoir de la
fonction, tel que le secret professionnel (Crim. 5 janv. 1933, Gaz. Pal. 1933.1.411) ou même l’abus
de la fonction (Crim. 23 févr. 1882, Bull. crim., n°52,S. 84.1.351). Dans cette dernière hypothèse,
la distinction est souvent délicate avec le délit para-corruption ou vénalité des fonctionnaires
publics. Il importe d’observer que cette dernière infraction n’était pas prévue au moment du
prononcé de l’arrêt de 1882.
32. Au contraire, le délit de corruption passive ne serait pas caractérisé si l’acte était
étranger aux fonctions ou purement chimérique. Il en est ainsi dans le fait pour un garde particulier
d’exiger une somme pour s’abstenir de dresser un procès-verbal pour un délit de chasse commis
hors de l’arrondissement pour lequel il est assermenté (Ch. Réun. 31 mars 1827, Bull. crim., n°71 ;
V. aussi Crim 22 févr.1913, ibid., n°100). Dans ces hypothèses, il avait été fait application des

190
peines de l’escroquerie. Si l’acte, bien qu’étranger aux fonctions, était facilité par ces fonctions, il
serait possible d’engager des poursuites du chef de para-corruption (V. nfra, n° 82 et s.).
33. les élus se rendent coupables de corruption passive lorsqu’ils trafiquent de leur vote
ou de l’activité s’attachant à leurs fonctions. Ils commettent, au contraire, le délit de trafic
d’influence qu’ils reçoivent les dons ou promesses pour user de l’influence dont ils disposent
auprès des pouvoirs publics (Crim. 24 févr. 1893, Bull. crim., n°49 ; 28 oct.1897, ibid., n°332).
34. Il importe peur que l’acte entrant dans les fonctions soit juste ou injuste. Il suffit que
le coupable ait reçu un récompense alors que cet n’était point sujet à salaire.
35. Constatations nécessaires. – Jugé que doit être cassé l’arrêt condamnant un
fonctionnaire pour corruption, qui omet de préciser les actes des fonctions ou de l’emploi que le
prévenu a fait ou s’est abstenue de faire, et d’indiquer si la convention passée par le corrupteur et
la corrompu a précédé de l’acte ou l’abstention qu’elle avait pour objet de rémunérer (Crim. 19
févr.1953, D. 1953.284).
§ 4 – Intention coupable.
36. Le coupable doit avoir agi en connaissance de cause (Crim. 5 mai 1899, Bull. crim.,
n°112 ; 28 mars 1955, ibid., n°181). La Cour de cassation a admis que les juges n’ont pas à relever
expressément l’existence de cette intention. La constatations que le délit a été commis dans ses
divers éléments implique nécessairement que le prévenu a agi avec une intention frauduleuse
(Crim. 26 nov. 1927, Bull. crim., n°274, S ; 1929.1.236 ; 28 mars 1955, préc.). Mais jugé,
cependant, que la motivation n’est pas suffisante si l’arrêt se borne à relever qu’une promesse
agréée a eu « pour résultat » l’abstention d’un acte de la fonction sans constater, en se basant sur
les éléments de la cause, que tel était le but en vue duquel ladite promesse avait été faite et agréée
(V. Crim. 21 nov. 1972, D ; 1973. Somm. 18, Bull. crim, n°350.
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1 – Peines.
37. les peines sont les suivantes : 1° emprisonnement de deux à dix ans et amende d’un
minimum de 1500 f de d’un maximum double de la avaleur des promesse agréées ou des choses
reçues ou demandées (C. pen., art. 177, al. 1er). Le juge qui prononce une peine supérieure à 1500F
est tenu d’évaluer les promesses agréées, les choses reçues ou demandées (Crim. 1er févr. 1956,
Bull. crim., n°120 ; 30 janv. 1958, ibid., n°109 ; 6 févr. 1968, ibid., n°37). Si le prévenu vait
demandé plus qu’il n’a effectivement reçu, c’est sur le montant de la somme demandée que se
calcule le montant de l’amende encourue (Crim. 8 mars 1966, J.C.P. 1966.IV.58) ; 2°
facultativement : cinq à dix ans d’interdiction des droits civils, civiques et de famille (C. pén., art.
180, al. 3) ; 3° obligatoirement : confiscation, au profit du trésor, des choses livrées par le
corrupteur ou de leur valeur(C. pén., art. 180, al. 4) ; 4° si le coupable est officier, sous-officier de
carrière ou sous-officier servant sous contrat, toute condamnation à une peine égale ou supérieure
à trois mois d’emprisonnement, avec ou sans sursis, emporte la perte du grade. Il en est de même
si la peine prononcée, même inférieure à trois mois d’emprisonnement, s’accompagne, soit d’une
interdiction de séjour, soit d’une interdiction de tout ou partie des droits civiques, civils ou de
famille ou si le jugement déclara que le condamné est incapable d’exercer aucune fonction
publique (C. just. Mili., art. 369) ; 5° toute condamnation de même nature ou degré prononcée
dans les conditions spécifiées à l’article 369 entraîne de plein droit la perte du grade pour tous les
militaires autres que ceux désigné audit article, et la révocation s’ils sont commissionnés (C. just.
Mil., art. 370) ; 6° lorsque la peine d’amende est prononcée contre des militaires ou assimilés
n’ayant pas rang d’officier, le tribunal peut décider, par une disposition spéciale, de substituer à
cette peine un emprisonnement de six jours à six mois, le condamné conservant la faculté de payer
l’amende au lieu de subir l’emprisonnement. – Il y a lieu d’observer que l’article 180, alinéa2, du
code pénal se réfère, depuis l’intervention de la loi n° 66-1038 du 30 décembre 1966 (D. 1967.37),
à l’article 373 du code de justice militaire institué par la loi n° 65.542 du 8 juillet 1965.

191
§ 2 – Circonstances aggravantes.
38. a) Si la corruption a pour objet un fait criminel comportant une peine plus forte que
l’emprisonnement, la peine plus forte est appliquée au coupable (C. pén., art. 180, al. 1er). b) Si le
corrompu est un juge ou juré statuant en matière criminelle, que la corruption soit en faveur ou au
préjudice de la accusé, la peine prévue est la réclusion criminelle à temps de cinq à dix ans, outre
l’amende (C. pén., art. 181 et 177). Si, par l’effet de la corruption, il y a eu condamnation à une
peine supérieure à celle de la réclusion criminelle à temps, cette peine, quelle qu’elle soit, sera
appliquée au juge ou au juré corrompu (C. pén., art. 182).
§ 3 – Tentative.
39. a) lorsque le délit consiste dans le fait de recevoir des dons ou présents ou d’agréer
des offres ou promesses, le fonctionnaire ou assimilé qui refuse de recevoir ces dons ou d’agréer
les offres ne peut être incriminé même s’il avait écouté antérieurement avec complaisance les
propositions faite. Mais le délit est caractérisé si le fonctionnaire ne refuse un chèque que parce
que ce mode de paiement est compromettant et qu’il préfère de l’argent liquide (Crim. 7 sept.
1935, Gaz Pal. 1935.2.694). Il en serait de même si, après avoir accepté les offres, celles-ci
n’étaient pas tenues, car le seul agrément suffit pour constituer l’infraction. La notion de tentative
est donc inutile (V. la solution jurisprudentielle adoptée en matière de la corruption active, infra,
n°107).
40. b) Lorsque le délit consiste dans la sollicitation de dons ou présents, d’offres ou
promesses, la simple sollicitation suffit également à caractériser le délit (V. GARÇON, sous art.
177, n°87). Jugé que constitue le délit de corruption de fonctionnaire le fait, par un agent d’un
service d’architecture d’une commune, de solliciter et de recevoir des dons d’un entrepreneur pour
aviser celui-ci des projets d’adjudication de la commune et pour modifier sa façon d’exercer le
contrôle des chantiers. Il n’importe que ledit entrepreneur n’ait ultérieurement été déclaré
adjudicataire d’aucun marché, la loi punissant la convention passée entre le corrupteur et le
corrompu sans tenir compte de son exécution (Crim. 4 juill. 1974, Bull. crim., n°249).
41. La rédaction de l’alinéa 1er – 3 de l’article 177 du code pénal concernant les médecins,
chirurgiens, dentistes et sages-femmes, conduit à se demander si les certificats doivent être
effectivement délivrés pour que le délit être soit caractérisé. Il semble qu’il faille interpréter le 3°
de l’alinéa 1er de l’article 177 à la lumière des 1° et 2° en estimant que l’agrément des offres ou la
sollicitation constituent l’élément caractéristique de la corruption passive (en ce sens, GARÇON,
sous art. 177, n°143).
§ 4 – Complicité.
42. Si, par sa nature particulière, la corruption de fonctionnaires suppose deux faits
principaux, exclusifs de complicité dans leurs rapports réciproques, les règles de la complicité sont
applicables à celui qui, n’étant ni le corrupteur ni le corrompu, a aidé avec connaissance dans la
perpétration du délit (Crim. 11 juill. 1956, Bull. crim., n°526 ; Gaz. Pal. 1956.2.12, J.C.P.
1956.II.9540).
§ 5 – Prescription.
43. Lorsque le délit de corruption est caractérisé par la perception illicite de dons,
présents, commissions, escomptes ou primes, c’est seulement du jour de cette perception que court
le délai de prescription (Crim. 13 déc. 1972, Bull. crim., n° 391). L’accomplissement des divers
actes caractérisant la corruption peut constituer des délits successifs qui se renouvellent aussi
longtemps que dure le concert frauduleux qui a mis le prévenu en mesure de commettre l’infraction
(Crim. 6 févr. 1969, Bull. crim., n°67). Jugé que la série des actes par lesquels le pacte frauduleux
est mis en application constitue des faits punissables sous la qualification de corruption jusqu’au
jour où ce pacte a pris fin. Il s’ensuit que c’est cette date qui marque le point de départ de l’action
publique (paris, 27 oct. 1967, BERNARD).

192
§ 6 – Constatations et preuves.
44. La preuve du délit de corruption n’est le plus souvent établie qu’avec une grande
difficulté. Les coupables avouent rarement leur délit. Il y a donc lieu de rechercher les traces
matérielles des agissements coupables : examens de carnets de chèques et de la correspondance,
enrichissement anormal et concomitant à l’époque des faits de corruption, achats réalisés par le
corrompu ou par son entourage, etc. La preuve de l’antériorité de la sollicitation peut être établie
au moyen de présomptions graves, précises et concordantes. C’est ainsi que, dans l’affaire dite des
« S.P. », furent condamnés des policiers malhonnêtes qui, pourtant, délivraient des pièces sans
qu’il paraisse y avoir eu expressément promesse d’une rétribution ; le tribunal admit que, si la
délivrance du premier permis ne constituait pas une corruption, tous les autres actes de la série en
réunissaient bien les éléments, le fonctionnaire ayant alors tacitement escompté, pour l’acte de ses
fonctions, la même rémunération que le corruption lui avait antérieurement remise dans des
circonstances identiques.
45. Jugé que l’application des articles 177 et 179 du code pénal n’est pas subordonnée à
la décision des autorités administratives, à l’appréciation par celles-ci de la réalité et de
l’importance des sommes dues finalement par l’Administration et à un accord de l’Administration
des marchés (Crim. 30 janv. 1958, Bull crim., n°109).
SECT. 3 –Corruption passive d’employés d’entreprises privées.
46. L’article 177, alinéa 2, du code pénal, dans sa rédaction du 8 février 1945, définit la
corruption passive d’employés d’entreprises privées par le fait de tout commis, employés ou
préposé, salarié ou rémunéré sous une forme quelconque, qui, soit directement, soit par personne
interposée, à l’insu et sans le consentement de son patron, soit sollicite ou reçoit des dons, présents,
commissions, escomptes ou primes pour faire ou s’abstenir de faire un acte de son emploi. Ce délit
a été prévu à l’origine par la loi du 16 février 1919 (D.P. 1920.4.424).
Art. 1er – Eléments constitutifs du délit.
§ 1er – Qualité de la personne corrompue.
47. les termes « commis, employé, préposé, salarié ou rémunéré sous une forme
quelconque » sont extrêmement généraux et comprennent tous ceux qui, quel que soit leur emploi,
sont au service d’un particulier ou d’une personne morale de droit privé.
48. La loi du 16 février 1919, précitée, visait seulement les commis, employés ou préposés
des commerçants et industriels et ne concernait pas les commis et employés des simple particuliers.
L’ordonnance du 8 février 1945 (D. 1945.45) a comblé cette lacune.
49. La jurisprudence a notamment fait application de l’article 177, alinéa 2, du code
pénal : aux administrateurs d’une société anonyme qui perçoivent une rétribution sous forme de
tantièmes (Civ. 30 déc. 1930, D.H. 1931.82, S. 1932.1.284) ; au gérant d’une société en
commandité qui avait reçu une somme pour acquérir du matériel au nom de la société, bien qu’il
fut en fait et en droit d’un des patrons de la société (Crim. 25 mars 1929, D.P. 1930.1.22).
50. Il semble qu’un contrat de travail ne soit pas nécessaire entre l’employeur et commis.
Un simple mandat suffit, s’il comporte une rémunération (V. GARÇON, sous art. 177, n° 151). Par
ailleurs, la durée du lien de subordination importe peu.
51. Si les employés sont au service d’une firme ou d’un établissement nationalisé ou d’une
société d’économie mixte ou plus généralement au service d’une administration placée sous le
contrôle de la puissance publique, les dispositions de l’article 177, alinéa 1er, du code pénal
(corruption passive de fonctionnaires ou assimilés) sont alors applicables (V. supra, n°14).
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable.
52. L’employé doit avoir reçu, agrée ou sollicité à l’insu de son patron et sans son
consentement, des offres, promesses, dons, présents, commissions, escomptes ou primes, en vue
d’accomplir l’acte ou de en abstenir. La formule du code est très compréhensive et vise tous les
193
avantages, de quelque naute qu’ils soient, que pourrait retirer un employé de son acte ou de son
abstention malhonnête (Sur le sens d’offres ou promesses, dons ou présents et sur leur caractère
préalable, V. supra, n°26).
53. Il a été notamment fait application de l’article 177, alinéa 2, du code pénal : à un
commis laitier qui se faisait remettre par les clients une somme de 5 ou 10 centimes par litre de
lait livré (Crim. 29 nov. 1929, D.H. 1930.85, Bull crim., n°264, S. 1931.1.157) ; à l’employé d’un
industriel qui se faisait consentir un pourcentage sur la revente des marchandises effectuée par les
clients occasionnels de son patron (Crim. 20 janv. 1927, D.H. 1927.151) ; à un administrateur de
société anonyme qui se faisait verser un courtage occulte sur une promesse de vente consentie pour
le compte de la société (Crim. 30 déc. 1930 ; D.H. 1931.82) ; au directeur d’un hôtel qui recevait
d’un boucher, et sans que la société propriétaire le sache, des commissions remises dans le but de
ne pas être rayé de la lite des fournisseurs (Trib. Corr. Dax 29 juill. 1938, Gaz. Pal. 1938.2.811).
54. Il semble que le délit serait caractérisé si un employé obtenait un prêt d’argent dont il
serait tacitement entendu que le remboursement ne serait pas exigé (V. par analogie, Crim. 27 août
1896, Bull. crim., n°277), oui une ouverture de crédit (V. Crim. 6 août 1924, ibid., n°322.)
55. Par contre, le simple pourboire, c'est-à-dire les sommes modiques perçues par certains
employés, selon un usage constant, avec l’assentiment du patron, ne saurait caractériser
l’infraction. Il ne doit pas être confondu avec les « pots de vins ». Sur cette distinction, V. Crim.
3 mai 1928 (Gaz. Pal. 1928.2.147) ; 7 janv. 1927 (D.H. 1927.86) ; 6 oct. 1971. Somm. 56, Bull.
crim., n°251).
56. Les offres, promesses, dons présents, commissions, escomptes ou primes doivent
présenter un caractère occulte, être reçus, agrées ou sollicités à l’insu du patron. Mais il importerait
peu que celui-ci soit mis au courant par la suite (Trib. Corr. Seine, 11 janv. 1933, D.H. 1933.175).
57. Un pacte préalable entre le corrupteur et le corrompu est nécessaire pour constituer
l’infraction (V. supra, n° 26). Jugé que donne une base légale à se décision l’arrêt d’une cour
d’appel qui constate que s’il n’est pas établi qu’au début de leurs relation les prévenus aient conclu
un pacte de corruption, il est incontestable que, par la suite, un concert frauduleux s’est établi entre
eux pour se partager, à l’occasion de chaque affaire nouvelle, les commissions attribuées à l’un
d’eux et qu’il appartenait à l’autre de proposer à la direction de leur entreprise commune (Crim. 6
oct. 1971, préc.). Cette décision, qui concerne la corruption active, intéresse par analogie la
corruption passive.
§ 3 – Accomplissement ou abstention d’un acte de l’emploi.
58. La jurisprudence considère que caractérisent le délit non seulement les actes qui se
rapportent, à l’évidence, aux fonctions de l’employé, amis encore ceux que son devoir
professionnel lui importe ou lui commande de s’abstenir (Sur la notion de la fonction, V. supra,
n°30 et s.). Il en est ainsi, notamment, de la fourniture de renseignements à une maison concurrente
par un employé, moyennant rémunération (Crim. 12 avr. 1935, Rev. Science crim. 1936.64, obs.
L. Hugueney, S. 1936.1.113, note M.J-A.R ; 11 mai 1936, Bull. Crim., n°101; V. aussi Crim. 7
oct. 1969, ibid., n°243, D. 1970. Somm. 67; 2 avr. 1974.Bull. crim., n° 139). Mais pour la création
d’une entreprise concurrente, V. trib. Grande inst. Paris, 13 déc. 1967 (D. 1968. Somm. 43).
59. Partant du principe que parmi les actes de la fonction d’un employé figure le devoir
d’assurer son travail pendant toute la durée du contrat, la Cour de cassation a étendu l’application
de l’article 177, alinéa 2, du code pénal au débauchage d’ouvrier ou d’employés provoqué par des
dons ou promesses, mais à la condition que la rupture du contrat de travail soit irrégulière. Il en
est ainsi en cas de refuse de respecter le délai-congé (V. Crim. 22 mars 1928, D.P. 1928.1.169 ; 8
déc. 1966, D.1967146, Bull. crim., n° 285, Rev. Science crim. 1967.459, obs. Bouzat, et 651, obs.
Vitu) ou pour le préposé quittant son emploi avant le terme fixé par son contrat de travail à durée
déterminée (Crim. 22 nov. 1973, Bull. crim., n° 433).
60. En revanche, les offres ou promesses tendant au débauchage d’un employé ne
peuvent, au sens des articles 177 et 179 du code pénal, caractériser la corruption dès lors que ces
194
offres et promesses n’ont pas pour objectif la rupture illicite du contrat de travail liant le salarié à
son patron ni l’abstention par le préposé d’accomplir un acte de son emploi. Tel est le cas dans
une espèce où l’ancien contremaître d’une entreprise, nommé directeur technique d’une société
concurrente, a, de sa propre initiative, invité les ouvriers à venir le retrouver sans les inciter à
rompre le contrat de travail immédiatement et sans respecter le délai de préavis, alors qu’il n’a fait
l’objet lui-même d’aucun acte de corruption de la part de son bailleur de fond (Crim. 2 févr. 1971,
D. 1971.251, Bull. crim., n° 36, Rev. Science crim. 1971.674, obs. Vitu, et 692, obs. Bouzat, Gaz.
Pal. 1971.1.292). Jugé encore que le délit de corruption d’employé n’est caractérisé lorsque le
directeur commercial d’une société en état de cessation des paiements a accepté une promesse
d’engagement de la part d’une autre entreprise et , après avoir notifié » sa démission, a obtenu du
président de la société quittée, pendant le préavis, l’autorisation de s’absenter quotidiennement de
son service avec deux heures d’avance en vue de la recherche d’un nouvel emploi et a profité de
ce temps pour se mettre au courant des travaux effectués chez son futur employeur, étant précisé
toutefois que rien n’établit qu’il ait reçu un début de rémunération (Crim. 21 nov. 1972, D. 1973.
Somm. 18, Bull. crim., n° 350, Gaz. Pal. 1973.1.98). il a également été décidé que le quel fait
d’une personne ait offert une situation à un salarié avant même que ce dernier ait cessé d’être au
service de son précèdent employeur ne saurait constituer une corruption active et passive (Trib.
Corr. Pars, 6 nov. 1973, Gaz. Pal. 1974.2. Somm. 254).
61. La décision condamnant l’employé pour corruption doit préciser les actes de l’emploi
que le prévenu a fait ou s’est abstenu de faire (V. Crim. 19 févr. 1953, D. 1953.284).
§ 4 – Intention coupable.
62. le coupable doit avoir agi en connaissance de cause (Crim. 5 mai 1899, Bull. crim.,
n° 112). Mais les juges n’ont pas à relever expressément l’existence de cette intention (V. supra,
n° 36).
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1er – Peines.
63. les peines sont les suivantes : emprisonnement de un à trois ans, et amende de 900 à
20000 F (L. 30 déc. 1977) ou l’une de ces deux peines seulement (C. pén., art. 177, al. 2). En outre,
facultativement : cinq à dix ans d’interdiction des droits civils, civiques et de famille (C. pén., art.
180, al. 3) ; obligatoirement : confiscation, au profit du trésor, des choses livrées par le corrupteur
ou de leur valeur (C. pén., art. 180, al. 4). Pour la complicité, V. supra, n°42.
§ 2 – Circonstances aggravantes.
64. la corruption a pour objet un fait criminel comportant une peine plus forte que
l’emprisonnement : cette peine plus forte, quelle qu’elle soit, doit être appliquée au corrompu (C.
pén., art. 180, al. 1er).
§ 3 – Tentatives.
65. Elle n’est pas expressément prévue en tant que telle par la loi, mais la simple
sollicitation ou l’agrément des offres ou promesses constituent l’infraction consommée (Cf. supra,
n° 39).
§ 4 – Complicité. Prescription. Constatation et preuves.
66. V. supra, n° 42 et s.
SECT. 4 – Trafic d’influence par des particuliers et par des fonctionnaires et assimilés.
67. L’article 178 du code pénal, modifié par l’ordonnance du 8 février 1945 précitée,
définit le trafic d’influence comme le fait par toute personne de solliciter ou agréer des offres ou
promesses, solliciter ou recevoir des dons ou présents pour faire obtenir ou tenter de faire obtenir
des décorations, médailles, distinctions ou récompenses, des place, fonction ou emplois ou des
faveurs quelconques accordées par l’autorité publique, des marchés, entreprises ou autres

195
bénéfices résultants de traités conclus avec l’autorité publique ou avec une administration placée
sous le contrôle de la puissance publique ou de façon générale, une décision favorable d’une telle
autorité ou administration, et d’abuser d’une influence réelle ou supposée.
68. Ce délit a été incriminé pour la première fois par la loi du 4 juillet 1889 (D.P. 90.4.56)
qui prévoyait seulement le trafic par les élus ou par les simples particuliers. La loi du 16 mars 1943
(D.A. 1943.70), reprise par l’ordonnance du 8 février 1945, a étendu ces dispositions aux
fonctionnaires.
Art. 1er – Qualité du coupable.
§ 1er – Qualité du coupable.
69. Ainsi qu’il vient d’être indiqué (supra, n° 68), le délit peut être commis par un simple
particulier, cette infraction n’exigeant nullement le trafic d’une fonction quelconque. Mais s’il est
commis par un élu ou un fonctionnaire ou assimilé (sur ces notions, V. supra, n° 12 et s.), l’article
178, alinéa 2, du code pénal, prévoit une circonstance aggravante. Toutefois, cette circonstance ne
joue que dans la mesure où les élus et fonctionnaires ont réellement usé de l’influence que leur
donne cette qualité.
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable.
70. V. supra, n° 23 et s., l’étude de cet élément.
§ 3 – Usage d’une influence pour obtenir de l’autorité publique la concession d’un
avantage.
A. – Objet du trafic d’influence.
71. L’article 178 du code pénal donne une longue énumération des différents avantages
qui peuvent constituer le but du trafic d’influence. Les termes « décorations, médailles, distinctions
ou récompenses » sont très compréhensifs et visent toutes espèces de distinctions. Il a été fait
application de ce texte dans un cas où la décoration était étrangère (Trib. Corr. Seine, 28 juill.
1912, Gaz. Pal. 1912.1.413). De même, les termes « places, fonctions, emplois, faveurs
quelconques accordées par l’autorité publique, marchés, entreprises ou autres bénéfices résultats
traités conclus avec l’autorités publique ou avec une administration placée sous le contrôle de la
puissance publique ou de façon générale une décision favorable d’une telle autorité ou
administration » sont extrêmement généraux et ne laissent en dehors de leurs prévisions que les
faveurs qui pourraient être accordées par les simples particuliers ou par les autorités étrangères
(Paris, 15 févr. 1941, D. A. 1941.217 ; V. cep. Ci-dessus, en ce qui concerne les décorations). Jugé
que l’expression « faveurs quelconque » doit être entendue dans le sens le plus large. Elle
comprend toutes décisions favorables de l’autorité publique qui, au lieu d’être obtenues ou
poursuivies par des moyens légitimes, l’auraient été par des moyen d’influence coupable (Crim.
19 mars 1963, J.C.P. 1963.IV.59).
72. La jurisprudence a notamment fait application des peines du trafic d’influence au
trafic portant : sur une exemption du n service militaire (Crim. 9 mai 1895, Bull. crim., n° 136,
D.P. 1900.1.213) ; sur l’obtention d’un sursis à arrêté (Paris, 18 mai 1923, Gaz. Pal. 1923.2.156) ;
d’une transaction accordée par les services du contrôle économique (Crim. 20 janv. 1949, D.
1949.119, Gaz. Pal. 1949.1.137).
73. jugé que commet le délit de trafic d’influence, l’agent d’une commune qui se présente
à des personnes ayant formé des demandes de permis de construire comme étant, en raison de ses
fonctions et de ses relation, en mesure d’obtenir la délivrance des permis sollicités, et qui
détermine ainsi les dites personnes à lui confier le soin d’établir des plans et des devis en vue de
la constitution de leurs dossiers et à lui remettre diverse sommes en rémunération des ses travaux
et de ses démarches (Crim. 4 juill. 1974, Bull. crim., n° 249).
74. Le trafic peut porter aussi bien sur les décisions judiciaires que sur les décisions
administratives (Crim. 24 juin 1899, Bull. crim., n° 177). Ainsi jugé que s’était rendu coupable
196
de trafic d’influence l’avocat, député et ancien ministre, qui avait demandé une somme
considérable pour solliciter du procureur de la République une mise en liberté provisoire, en usant
de son influence de parlementaire (Crim. 10 mai 1935, Bull. crim., n° 56, S. 1936.1.396).
75. La loi du 16 mars 1943 ajoutait après les mots « faveurs quelconque accordées par
l’autorité publique » l’expression « ou par une administration placée sou le contrôle de l’autorité
publique ». Le législateur de 1945 n’ pas reproduit cette dernière disposition, mais il ne semble
pas possible de tirer argument de cette lacune, l’ordonnance du 8 février 1945 (D. 1945.45) ayant
précisé dans l’article 178, alinéa 1er in fine, que la prohibition s’étendait, de façon générale, à toute
décision favorable d’un autorité ou administration publique ou placée sous le contrôle de la
puissance publique (Crim. 20 janv. 1949, D. 1949.119, Gaz. Pal. 1949.1.137 ; V. aussi GARÇON,
sous art. 177, n° 213).
B. – Nature de l’influence.
76. Il importe peu que l’influence soit réelle ou supposée ; il suffit que les dons ou
promesses aient été sollicités ou agréés à raison de la croyance dans cette influence. Il n’est même
pas nécessaire que des démarches était faites pour faire croire à cette influence (Crim. 24 juin
1899, Bull. crim., n° 177 ; 13 févr. 1909, ibid., n° 103). Toutefois, si le corrompu a usé de
manœuvres frauduleuses pour faire croire à un pouvoir imaginaire, si des démarches ont été faites,
le délit d’escroquerie peut se trouver constitué et il peut y avoir cumul idéal d’infractions (Crim.
3 nov. 1933, Gaz. Pal. 1933.2.972 ; V. aussi Crim. 24 juin 1899 et févr. 1909, préc.).
§ 4 – Intention coupable.
77. Le coupable doit avoir agi en connaissance de cause (Crim. 5 mai 1899, Bull. crim.,
n° 112). Mais les juges n’ont pas à relever expressément l’existence de cette intention (V. supra,
n° 36).
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1er – Peines.
78. Le coupable sera puni d’un emprisonnement de un à cinq ans et de l’amende prévue
par le premier alinéa de l’article 177 du code pénal (V. supra, n° 37).
§ 2 – Circonstances aggravantes.
79. a) L’auteur est une des personnes visées au 1° de l’alinéa 1er de l’article 177 (élu,
fonctionnaire, militaire ou assimilé,…, citoyen chargé d’un ministère de service public) :
l’emprisonnement est de deux à dix ans (C. pén., art. 178, al. 2). B) Le trafic d’influence a pour
objet un fait criminel comportant une peine plus forte que celle de l’emprisonnement : cette peine
plus fort, quelle qu’elle soit, doit être appliquée au coupable (C. pén., art. 180, al. 1er).
§ 3 – Tentative. Complicité.
80. l’article 178 du code pénal prévoit expressément la tentative en ce qui concerne les
avantages que peut faire obtenir celui qui trafique de son influence. En ce qui concerne la
sollicitation ou l’agrément des offres, V. spra, n°40. Pour la complicité, V. supra, n°42.
§ 4 – Prescription. Constatations et preuves.
81. V. Supra, nos 43 et s. Doit être cassé l’arrêt qui, pour retenir contre le prévenu le délit
de trafic d’influence, se borne à reproduire les termes de l’article 178 du code pénal (Crim. 17 juill.
1957, Bull. crim., n°554).
SECT. 5 – Para-corruption ou vénalité des employés et des fonctionnaires et assimilés.
82. ce délit, qui a reçu différentes appellations suivant les auteurs : para-corruption
(HUGUENEY), vénalité (GARRAUD), trafic des facilités de la fonction (GARÇON), est définie par
l’article 177, alinéa 3, du code pénal par le fait : a) de tout commis, employé ou préposé, salarié
ou rémunéré sous une forme quelconque ; b) de toute personne investie d’un mandat électif,
fonctionnaire public de l’ordre administratif ou judiciaire, militaire ou assimilé, agent ou préposé
197
d’une administration publique ou d’une administration placée sous le contrôle de la puissance
publique ou citoyen chargé d’un ministère de service public, qui, soit directement, soit par
personne interposée, sollicite ou reçoit des dons pour l’accomplissement ou l’abstention d’un acte
qui, bien qu’en dehors de ses attributions, est ou serait facilité par sa fonction ou par le service
qu’il assure.
83. la loi du 16 mars 1943 (D.A. 1943.70) a, pour la première fois, incriminé la para-
corruption, mais celle-ci ne s’appliquait qu’aux fonctionnaires. L’ordonnance du 8 février 1945
(D. 1945.45), en modifiant le texte pour le rendre plus clair, a étendu ses dispositions aux agents,
employés et préposés des entreprises privées. Avant la création de cette infraction nouvelle,
beaucoup de faits de cette nature étaient déjà réprimés sous la qualification d’escroquerie, de
chantage, d’usurpation de fonctions, etc. D’ailleurs, l’incrimination nouvelle ne fait pas obstacle à
l’application de ces textes dans la mesure où les éléments de ces dernières infractions se trouvent
réunis.
Art. 1er – Eléments constitutifs.
84. Les éléments constitutifs du délit de para-corruption sont les mêmes que ceux de la
corruption passive (V. supra, nos 11 et s., pour les fonctionnaires et assimilés ; 47 et s. pour les
employés), avec cette différence que, dans le cas présent, l’acte recherché n’est pas un acte de la
fonction du corrompu mais un acte ou une abstention facilité par sa fonction, ou par le service qu’il
assure. Par exemple, le corrompu s’offre, moyennant rémunération, à faire disparaître des bureaux
où il a accès pour l’exercice des ses fonctions, un document relatif à une affaire dont la
connaissance ne rentre pas dans le cercle de ses attributions. Jugé que : le délit est constitué par la
promesse faite par un inspecteur de l’Enregistrement de retarder une expertise, sans qu’il importe
de savoir la part active ou passive que cet inspecteur pouvait prendre dans un acte qui, bien qu’en
dehors de ses attributions personnelles, lui était ou aurait été facilité par sa fonction (Crim. 22
juill. 1945, Bull. crim., n° 266, J.C.P. 1945.IV.133). Se rend coupable du délit l’administrateur
civil de l’agence judiciaire du Trésor qui, moyennant sommes d’argent, communique des dossiers
et des renseignements à un « bureau de défense des fonctionnaires » (Crim. 6 févr. 1969, Bull.
crim., n°67, D. 1969. Somm. 99, J.C.P. 1969.II.16004, note P. Chambon, rev. science crim.
1969.871, obs. A. Vitu).
85. Caractérise le délit prévu par l’article 177, alinéa 3, du code pénal l’arrêt qui constate
que des personnes employées à la direction d’une emploi rémunérateur dans une entreprise
concurrente, alors que cette promesse avait pour but et a eu pour résultat de les pousser à accomplir,
à l’insu et au préjudice de leur propre employeur, des actes facilités par leurs fonctions, tels d’une
part, le fait de communiquer un document appartenant audit employeur, et d’autre part, le fait
d’organiser un réunion spéciale des représentants de la société pour permettre à un délégué de la
société concurrente de prendre contact avec eux afin de les inciter à passer au service de cette
dernière (Crim. 15 nov. 1973, Bull. crim., n° 421 ; V. aussi Crim. 2 avr. 1974, ibid., n° 139, D.
1974, inf. rap. 120).
86. Si l’objet de la para-corruption consiste dans une abstention, on est très près de
l’escroquerie car il paraît difficile de s’engager à s’abstenir d’accomplir un acte pour lequel on ne
se trouve pas compétent. Toutefois, délit de l’article 177, alinéa 3, peut présenter une utilité à titre
subsidiaire, ans la mesure où l’usage d’une fausse qualité ou les manœuvres frauduleuses de nature
à faire croire à l’existence d’un pouvoir imaginaire ne seraient pas caractérisés. Jugé que l’article
177, alinéa 3, du code pénal est applicable à un inspecteur de police et à un sous-inspecteur qui
ont agréé une somme de 240 F pour s’abstenir de dresser procès-verbal pour détention illicite de
tissus, bien qu’ils n’aient pu procéder régulièrement à une perquisition, alors cependant que leurs
fonctions la leur avaient facilitée (Crim. 17 nov. 1955, Bull. crim., n° 494).
87. Il semble que ce texte permettre d’incriminer l’abstention en matière de trafic
d’influence. Il en serait ainsi dans l’hypothèse où un industriel offrirait une somme à un

198
parlementaire pour s’abstenir de recommander à l’attention des pouvoirs publics un concurrent qui
lui en aurait fait la demande (V. GARÇON, sous art. 177, n° 201).
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1er – Peines.
88. Les peines sont les suivantes : a) Le coupable est un employé d’une entreprise privée :
emprisonnement de six mois à deux ans et 300 à 8000 F (L. 30 déc. 1977) d’amende, ou l’une de
ces deux peines seulement (C. pén., art. 177, al. 3). Facultativement : cinq à dix ans d’interdiction
des droits civils, civiques et de famille (C. pén., art. 180, al. 3). Obligatoirement : confiscation, au
profit du Trésor, des choses livrées par le corrupteur ou de leur valeur (C. pén., art. 180, al. 4). b)
Le coupable est un élu, un fonctionnaire, un militaire ou assimilé : un à trois ans d’emprisonnement
et 600 à 20000 F (L. 30 déc. 1977) d’amende (C. pén., art. 177, al. 3). En outre, interdiction et
confiscation, comme ci-dessus. Pour les militaires, V ; aussi supra, n° 37, les peines prévues par
le code de justice militaire.
§ 2 – Circonstance aggravante.
89. La « para-corruption » a pour objet un fait criminel comportant une peine plus forte
que celle d’emprisonnement ; cette peine plus forte, quelle qu’elle soit, doit être appliquée au
coupable (C. pén., art. 180, al. 1er).
§ 3 – Tentative.
90. La tentative n’est pas expressément prévue en tant que telle par la loi, mais la simple
sollicitation ou l’agrément des offres ou promesses constitue l’infraction consommée (V. supra,
nos 39 et s.).
§ 4 – Complicité. Prescription. Constatation et preuves.
91. V. supra, nos 42 et s.
SECT. 6 – Corruption active de fonctionnaires et assimilés.
92. Le code pénal de 1810 prévoyait la corruption active de fonctionnaire. Les différents
textes qui l’ont modifié sur ce point (L. 13 mai 1863, D.P. 63.4.79 ; 16 févr. 1919, D.P.
1920.4.424 ; 16 mars 1943, D.A. 1943.70 ; Ord. 8 févr. 1945, D. 1945.45) ont sans cesse élargi
l’incrimination.
93. L’article 179 du code pénal définit la corruption active de fonctionnaires et assimilés
par le fait de toute personne qui : 1° Pour obtenir de quiconque : a) étant investi d’un mandat
électif, fonctionnaire public de l’ordre administratif ou judiciaire, militaire ou assimilé, agent ou
préposé d’une administration ou d’une administration placée sous le contrôle de la puissance
publique, ou citoyen charge d’une ministère de service public, qu’il fasse ou s’abstienne de faire
un acte de ses fonctions ou de son emploi, juste ou non, mais non sujet à salaire ; b) était arbitre
ou expert nommé, soit par le tribunal, soit par les parties, qu’il rende une décision ou donne une
opinion favorable ou défavorable à une partie ; c) étant médecin, chirurgien, dentiste, sage-femme,
qu’il certifie faussement ou dissimule l’existence de maladies ou d’infirmités ou un état de
grossesse ou fournisse des indications mensongères sur l’origine d’une maladie ou infirmité ou la
cause d’un décès (C. pén., art. 179 et 177, al. 1er). 2° Ou pour obtenir d’une des personnes susvisées
qu’elle accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte qui, bien qu’en dehors de ses attributions,
est ou serait facilité par sa fonction ou par le service qu’elle assure (C. pén., art. 179 et 177, al. 3).
3° Ou pour faire obtenir ou tenter de faire obtenir d’une des personnes susvisées : des décorations,
médailles, distinctions ou récompenses, des places, fonctions ou emplois ou des faveurs
quelconques accordées par l’autorité publique, des marchés, entreprises ou autres bénéfices
résultant de traités conclu avec l’autorités publique ou avec une administration placée sous le
contrôle de la puissance publique ou, de façon générale, une décision favorable d’une telle autorité
ou administration (C. pén., art. 179 et 178) : use de voies de fait ou menaces, de promesses, offres,

199
dons ou présents, ou cède à des sollicitations tendant à la corruption, même si elle n’en a pas pris
l’initiative, que la contrainte ou la corruption ait ou non produit son effet.
94. Le délit de corruption active constitue par rapport à la corruption passive un délit
distinct (Crim. 4 nov. 1948, Bull. crim., n° 250, S. 1949.1.13).
Art. 1er – Eléments constitutifs.
§ 1er – Usage, soit de voies de fait ou menaces, soit d’offres, promesses, dons ou
présents ou fait de céder à des sollicitations tendant à la corruption.
95. a) Le corrupteur actif peut user de voies de fait ou de menaces. A vrai dire, ce cas
aurait pu constituer un délit spécifique plutôt qu’une forme particulière de corruption. D’ailleurs,
cette situation est incriminée spécialement par certaines législations étrangères.
96. Le texte de l’article 179 n’exige pas de violences graves ; les simples voies de fait
suffisent. En ce qui concerne les menaces, celles-ci doivent être de nature à inspirer une crainte.
Toutefois, il nécessaire que le fonctionnaire ait réellement éprouvé cette crainte. Le délit est
caractérisé dès que dans la pensée du coupable les voies de fait ou les menaces doivent avoir pour
effet d’empêcher le fonctionnaire d’accomplir son devoir (Cf. GARÇON, sous art. 179, n° 18).
97. b) Le corrupteur actif peut également user d’offres, de promesses, de dons ou présents.
Sur ces notions, V. supra, nos 23 et s.
98. Jugé que la corruption est établie lorsqu’une jeune fille, surprise en flagrant délit
d’outrage public à la pudeur, offre au gendarme d’avoir des relations sexuelles avec lui pour qu’il
renonce à constater le délit (Tri. enf. Sarrehuemines, 11 mai 1967, J.C.P. 1968.II.15359, note
Sigalas).
99. Il importe peu qu’il y ait eu des propositions verbales ou écrites. Les offres ou
promesses, dons ou présents peuvent être transmis au fonctionnaire par des moyens indirects ou
détournés, et c’est au juge d’apprécier s’ils ont été faits ou remis dans le but de corrompre
(GARÇON, sous art. 177, n° 13). Les offres ou promesses, dons ou présents peuvent notamment
être faits ou remis par une tierce personne ou à une tierce personne placée dans l’entourage du
fonctionnaire (V. Crim. 5 mai 1899, Bull. crim., n° 112).
100. c) Le délit de corruption active peut enfin résulter du simple fait de céder à des
sollicitations émanant d’un fonctionnaire malhonnête qui désire obtenir des offres, promesses,
dons ou cadeaux.
§ 2 – Qualité de la personne corrompue.
101. La personne corrompue doit être un fonctionnaire ou assimilé (élu, militaire, expert
ou arbitre, médecin, chirurgien, dentiste ou sage-femme). Sur ces notions, V. supra, nos 12 et s.
§ 3– But recherché.
102. Le but recherché peut être : a) soit l’accomplissement ou l’abstention d’un acte de la
fonction du corrompu (V. supra, nos 29 et s.) ; b) soit l’accomplissement ou l’abstention par le
corrompu d’un acte qui, bien qu’en dehors de ses attributions, est ou serait facilité par sa fonction
(V. supra, nos 86 et s.) ; c) soit l’usage de son influence, par le corrompu, en vue de faire obtenir
au corrupteur un avantage (décoration, distinction, place, marché, décision favorable, etc. ; V.
supra, nos 71 et s.).
103. Il importe peu que le but ait été atteint ou non (V. infra, n° 107). De même, il
n’importe que les avantages recherchés aient été de nature à profiter à une autre personne que le
corrupteur (Crim. 28 mars 1955, Bull. crim., n° 181).
§ 4– Intention coupable.
104. Le coupable doit avoir agi en connaissance de fcause (Crim. 5 mai 1899, préc.). Mais
les juges n’ont pas à relever expressément l’existence de cette intention, la constatation que le délit
a été commis dans des divers éléments impliquant nécessairement que le prévenu a agi avec une

200
intention frauduleuse (Crim. 26 nov. 1927, Bull. crim., n° 274, S. 1929.1.236). V. cep. Supra, n°
36.
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1er – Peines.
105. Il faut distingue trois cas : 1° le but recherché était l’accomplissement d’un acte de
la fonction du corrompu : deux à dix ans d’emprisonnement et amende d’un minimum de 1500 F
et d’un maximum double de la valeur des promesses agréées, ou des choses données ou offertes
(C. pén., art. 179 et 177, al. 1er ; V. sur l’interprétation, supra, n° 37) ; 2° le but recherché était
l’accomplissement ou l’abstention par le corrompu d’un acte qui, bien qu’en dehors de ses
fonctions, était facilité par sa fonction : un à trois ans d’emprisonnement et 600 à 20000 F (L. 30
déc. 1977) d’amende (C. pén., art. 179 et 177, al. 3) ; 3° le but recherché était l’usage de son
influence par un élu, un fonctionnaire, un militaire ou assimilé, corrompu en vue de faire obtenir
au corrupteur un avantage (décorations, places, marchés) : un à cinq ans d’emprisonnement et
amende d’un minimum de 1500 F et d’un maximum double de la valeur des promesses faites ou
des choses données ou offertes (C. pén., art. 179, 178, 177, al. 1er – 1°). Dans les trois cas ci-
dessus, les peines sont les suivantes : facultativement : cinq à dix ans d’interdiction des droits
civils, civiques et de famille (C. pén., art. 179 et 180, al. 3) ; obligatoirement : confiscation, au
profit du Trésor, des choses livrées ou de leur valeur (C. pén., art. 180, al.4).
§ 2 – Circonstance aggravante.
106. La corruption a pour objet un fait criminel comportant une plus forte que
l’emprisonnement : cette peine plus forte sera, quelle qu’elle soit, appliquée au coupable (C. pén.,
art. 179 et 180, al. 1er).
§ 3 – Tentative. Complicité.
107. La tentative n’est pas prévue en tant que telle par la loi. Mais le simple usage de
voies de fait, de menaces ou de promesses suffit à consommer le délit, même si le fonctionnaire
n’accomplit pas l’acte souhaité ou ne s’abstient pas d’accomplir un acte, selon le vœu du
corrupteur (Crim. 10 juin 1948, Bull. crim., n° 154, D. 1949.15 ; 1er juill. 1948, Bull. crim., n° 172,
Gaz. Pal. 1948.2.90 ; 7 juill. 1949, Bull. crim., n° 229 ; 20 déc. 1951, J.C.P. 1952.IV.25). Une
circulaire de la Chancellerie du 22 février 1947 avait déjà préconisé cette solution (V. au sujet de
la controverse qui s’était élevée : R. VIENNE, La tentative de corruption active de fonctionnaires
est-elle encore punissable ? J.C.P. 1946.I.580 ; A. PIOT, La tentative de corruption est-elle
punissable ? S. 1957.2.73 ; H. CARTERET, La simple offre constitue la corruption active de
fonctionnaire, D. 1948, Chron. 45 ; L. HUGUENEY, Rev. science crim. 1947.435 et 1947.84 ;
SECHE, A propos de l’article 179 nouveau, Gaz. Pal. 1947.1, Doct. 39). – pour la complicité, V.
supra, n° 42.
§ 4 – Prescription. Constatation. Preuves. Renseignements pratiques.
108. V. supra, nos 43 et s.
SECT. 7 – Corruption active d’employés d’entreprises privées.
109. La corruption active d’employés d’entreprise privées consiste dans le fait de celui
qui, pour obtenir d’un commis, employé ou préposé, salarié ou rémunéré sous une forme
quelconque : 1° soit l’accomplissement ou l’abstention d’un acte de son emploi ; 2°soit
l’accomplissement ou l’abstention d’un acte qui, bien qu’en dehors de ses attributions
personnelles, est ou serait facilité par sa fonction ou par le service qu’il assure ; 3° soit des
décorations, médailles, distinctions ou récompenses, des places, fonction ou emplois ou des
faveurs quelconques accordées par l’autorités publique, des marchés, entreprises ou autres
bénéfices résultants de traités conclus avec l’autorité publique ou avec une administration placée
sous le contrôle de la puissance publique ou de façon générale une décision favorable d’une telle
autorité ou administration et que ce commis, employé ou préposé salarié, était supposé pouvoir
201
procurer en abusant de son influence, use de voies de faits ou menaces, de promesses, offres, dons
ou présents, ou cède à des sollicitations tendant à la corruption, même s’il n’en a pas pris
l’initiative, que la contrainte ou la corruption ait ou non produit son effet (C. pén., art. 179).
Art. 1er – Eléments constitutifs.
110. Les éléments constitutifs de ce délit sont ceux de la corruption active de
fonctionnaires (V. supra, nos 95 et s.), avec cette seule différence qu’il s’agit ici non plus de
fonctionnaires ou assimilés, mais de commis, employés ou préposés, salariés ou rémunérés sous
une forme quelconque d’entreprises privées (V. ces notions supra, nos 47 et s.) ou même de simples
particuliers, dans l’hypothèse où la corruption a pour but un trafic d’influence (V. supra, n° 69).
111. L’article 179 du code pénal est applicable notamment à ceux qui, par un des moyens
énumérés dans ce texte, amènent l’employé d’une maison concurrente à leur fournir, au mépris
des devoirs que lui commandait son emploi, des renseignements leur permettant de concurrencer
cette maison (Crim. 7 oct. 1969, Bull. crim., n° 243, D. 1970. Somm. 67).
112. Mais jugé que les conditions des articles 177 et 179 du code pénal ne se trouvent pas
réunis lorsque les prévenus se trouvent à l’origine de la création dune entreprise concurrente, où
le prétendu corrompu ne tarde pas à avoir une situation prépondérante et agir en véritable patron,
alors que le prétendu corrupteur, après avoir eu un rôle effacé, disparaît complètement (Trib.
Grande inst. Paris, 13 déc. 1967, D. 1968. Somm. 43). V. aussi Crim. 2 févr. 1971 (préc. Supra,
n° 60).
Art. 2 – Mode de répression.
§ 1er – Peines.
113. Il faut distinguer trois cas : 1° le but recherché était l’accomplissement d’un acte de
la fonction du corrompu : un à trois ans d’emprisonnement et 900 à 20000 F (L. 30 déc. 1977)
d’amende ou l’une des ces deux peines seulement (C. pén., art. 179 et 177, al. 2) ; 2° le but
recherché était l’accomplissement ou l’abstention, par le corrompu, d’un acte qui, bien qu’en
dehors de ses attributions, était facilité par sa fonction : six mois à deux ans d’emprisonnement et
300 à 8000 F (L. 30 déc. 1977) d’amende ou l’une de ces deux peines seulement (C. pén., art. 179
et 177 , al. 3) ; 3° le but recherché était l’usage de son influence par le corrompu en vue de faire
obtenir au corrupteur un avantage (décorations, places, marchés, etc.) : un à cinq ans
d’emprisonnement et amende d’un minimum de 1500 F et d’un maximum double de la valeur des
promesses faites ou des choses données ou offertes par le corrupteur (C. pén., art. 177, 178 et 179).
Dans les trois cas ci-dessus, facultativement : cinq à dix ans d’interdiction des droits civils,
civiques et de famille ; obligatoirement : confiscation au profit du trésor des choses livrées ou de
leur valeur (C. pén., art. 180, al. 4).
§ 2 – Circonstance aggravante.
114. La corruption a pour objet un fait criminel comportant un peine plus forte que
l’emprisonnement : cette peine plus forte quelle qu’elle soit, est appliquée au coupable (C. pén.,
art. 180, al. 1er).
§ 3 – Tentative. Complicité.
115. V. supra, n° 107.
§ 4– Prescription, constatations et preuves.
116. V. supra, nos 43 et s.
SECT. 8 – Régime spéciaux.
117. Il existe dans un certain nombre de matières des corruptions particulières qui sont
incriminées par des textes spéciaux : corruption électorale (C. pén., art. 113 ; Décr. 1er oct. 1956,
D. 1956.389 ; V. Elections) ; corruption et connivence en matière d’évasion (C. pén., art. 242 ; V.
Evasion) ; prévarication et corruption en matière douanière (V. Douanes) ; fraude en matière de
202
recrutement du service national (V. Recrutement du service national) ; subornation de témoins (V.
Faux témoignage, Témoin).
SECT. 9– Décisions des juges ou administrateurs prises par inimitié ou par faveur.
118. C’est un crime spécial qui se distingue de la corruption en ce qu’il n’exige pas de la
part de son auteur l’acceptation ou la sollicitation d’offres ou promesses, de dons ou présents.
119. L’article 183 du code pénal ne définit pas le fait pour un juge ou un administrateur
de se décider par faveur pour une partie ou par inimité contre elle.
Art. 1er – Eléments constitutifs.
120. a) Le fait doit être imputé à un juge ou à un administrateur ; b) ce juge ou
administrateur doit avoir pris une décision de nature à produire des effets ; c) il doit avoir agi par
faveur pour une partie ou par inimitié contre elle. La loi impose ainsi la prise en considération du
mobile ; or il est extrêmement difficile de démonter l’existence de cet élément, ce qui explique
l’absence de décisions judiciaires en cette matière.
Art. 2 – Peines.
121. La partialité des juges et des administrateurs est punie de la dégradation civique (C.
pén., art. 183).
Jean VASSOGNE, Camille BERNARD,
Premier président de la Cour Vice-Président au Tribunal de grande
d'appel de Paris instance de paris

203
TABLE DES MATIERES

Page
CHAPITRE PRLIMINAIRE ..................................................................................................... 1
INTRODUCTION DEFINITION DU DROIT PENAL SPECIAL .......................................... 1
SECTION 1 RAPPORTS DU DROIT PENAL SPECIAL AVEC LE DROIT PENAL
GENERAL ................................................................................................................................ 1
§ 1 – A PROPOS DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION .................. 1
A/ - LE DROIT PENAL SPECIAL FOURNIT L’ELEMENT LEGAL ........................ 1
B/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA PERMLETTRE DE PRECISER ET DE
DECRIRE L’ELEMENT MATERIEL QUI CONSTITUE L’INFRACTION ....... 2
C/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA NOUS PERMETTRE DE PRECISER
L’ELEMENT MORAL SDE TOUTE INFRACTION ........................................... 2
D/ - LE DROIT PENAL SPECIAL VA FOURNIR DES ELEMENTS
SUPPLEMENTAIRES QUI SONT PROPRES A UNE INFRACTION
DETERMINEE : C’EST CE QU’ON APPELLE PARFOIS
LES CONDITIONS PREALABLES ...................................................................... 2
§ 2 – A PROPOS DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES ....................................... 3
A/ - NOTIONS DE CIRCONSTANCE AGGRAVANTES ............................................. 3
B/ - DISTINCTION D’AVEC LES ELEMENTS CONSTITUTIFS ............................... 3
C/ - SITUATION DU COMPLICE .................................................................................. 4
§ 3 – RAPPORTS ENTRE LE DROIT PENAL GENERAL ET LE DROIT PENAL
SPECIAL EN CE QUI CONCERNE LES MODALITES DE LA REPRESSION. .. 4
SECTION 2 PROBLEME POSE PAR LE QUALIFICATION ............................................... 4
CHAPITRE I LES INFRACTIONS CONTRE L’INTEGRITE CORPORELLE .................... 5
SECTION 1 LES ATTEINTES VOLONTAIRE A L’INTEGRITE CORPORELLE ............. 5
SOUS SECTION 1 ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE ........ 5
- LES HOMICIDES .............................................................................................................. 5
A/ - LE MEURTRE SIMPLE ............................................................................................ 6
B/ - LES MEUTRES AGGRAVES .................................................................................. 9
1) – L’aggravation tenant au lien de parenté .................................................................. 9
2) – Circonstance aggravante tenant à l’intention de tuer .............................................. 9
3) - Aggravation tenant à l’âge de la victime ............................................................... 10
a) - L’infanticide ....................................................................................................... 10
b) - Mauvais traitement à enfants de moins de quinze ans ....................................... 10
4) - Aggravation tenant aux circonstances matérielles extérieures dans lesquelles
l’infraction a été commise ..................................................................................... 10
a) - Le guet-apens ..................................................................................................... 10
b) - Concomitance du meurtre avec un autre crime commis par le même individu . 11
c) - Connexité entre le meurtre et un délit ................................................................ 11
5) - Aggravation tenant aux moyens employés ............................................................ 11
C/ - LES INFRACTIONS VOISINES ............................................................................ 11
1) - L’empoisonnement ................................................................................................ 11
2) - L’incendie volontaire entraînant un atteinte à l’intégrité corporelle notamment
la mort. .................................................................................................................. 12
3) - L’enlèvement d’enfant – kidnapping .................................................................... 12
§ 2 - LES VIOLENCES DIVERS (COUPS, BLESSURES, VIOLENCES
ET VOIES DE FAIT) ............................................................................................... 12
A/ - INCRIMINATION DE CES AGISSEMENTS ..................................................... 12
1) - Elément légal ...................................................................................................... 12

204
2) - Elément matériel ................................................................................................ 12
3) - Elément moral .................................................................................................... 14
4) - Causes de justification ........................................................................................ 14
B/ - REPRESSION DE CES AGISSEMENTS ............................................................ 14
C/- INFRACTIONS VOISINES ..................................................................................... 15
1)- Mauvais traitements à enfants ............................................................................... 15
2)- Administration de substances nuisibles à la santé. ................................................ 16
§ 3 – ABSTENTION DE PORTER SECOURS A UNE PERSONNE EN DANGER ...... 16
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 16
1)- Conditions préalables ............................................................................................ 16
2)- Eléments constitutifs proprement dits ................................................................... 17
B/- REGIME JURIDIQUE ET REPRESSION ............................................................... 18
1)- Régime juridique ................................................................................................... 18
2)- Répression ............................................................................................................. 19
C/- APPRECIATION CRITIQUE DU TEXTE .............................................................. 19
SOUS-SECTION 2 LES ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE PHYSIQUE
DES REPRESENTANTS DE L’AUTORITE PUBLIQUE.................................................... 20
§ 1 – QUELLE SONT LES PERSONNES PROTEGEES ................................................. 20
A/- LES MAGISTRATS AU SENS LARGE DE L’ART.222 ....................................... 20
B/- LES OFFICIERS MINISTERIELS .......................................................................... 20
C/- LES AGENTS DE LA FORCE PUBLIQUE ............................................................ 20
D/- LES CITOYENS CHARGES D’UN MINISTERE DE SERVICE PUBLIC .......... 20
§ 2 – DANS QUELLES CIRCONSTANCES S’APPLIQUE CETTE PROTECTION ..... 20
1)- DANS L’EXERCICE DE LEURS FONCTIONS OU DE LEUR MISSION ........... 20
2)- A L’OCCASION DE L’EXERCICE DES FONCTION OU DE LEUR MISSION . 20
§ 3 – ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION ............................................... 21
§ 4 – REPRESSION ............................................................................................................ 21
1)- Sans effusion de sang ni maladie ............................................................................... 21
2)- Avec effusion de sang ou maladie ............................................................................. 21
3)- Mort dans les 40 jours ............................................................................................... 21
4)- Différences avec la répression des infractions contre les particuliers ....................... 21
SECTION 2 LES ATTEINTES INVOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE ..... 22
§ 1 – LES CONDITIONS D’INCRIMINATION ............................................................... 22
A/- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS ......................................................................... 22
1)- Elément légal ......................................................................................................... 22
2)- Elément matériel .................................................................................................... 22
3)- Elément moral ........................................................................................................ 23
4)- Relation de cause à effet entre l’élément matériel et l’élément moral .................. 24
B/- LES PERSONNES RESPONSABLES ..................................................................... 25
1)- Auteur matériel et direct. ....................................................................................... 25
2)- Auteur indirect. ...................................................................................................... 25
3)- Auteur médiat ........................................................................................................ 25
4)- Auteur intellectuel ................................................................................................. 25
§ 2 - LA REPRESSION ...................................................................................................... 25
A/- Il faut distinguer trois degrés : .................................................................................. 25
B/- PRESCRIPTION DE L’ACTION PUBLIQUE ........................................................ 25
§ 3 – LES IFNRACTIONS VOISINES .............................................................................. 25
1)- La conduite en état d’ivresse ..................................................................................... 25
2)- LE DELIT DE FUITE ............................................................................................... 26
3)- L’abstention de porter de secours .............................................................................. 26

205
4)- Défaut de permis de conduire .................................................................................... 26
CHAPITRE II LES ATTEINTES A LA PROPRIETE .......................................................... 27
SECTION 1 LE VOL .............................................................................................................. 27
§ 1 – INCRIMINATION DU VOL ..................................................................................... 27
A/- L’ELEMENT LEGAL .............................................................................................. 27
B/- L’ELEMENT MATERIEL ....................................................................................... 27
1)- La soustraction ....................................................................................................... 27
2)- La chose, objet du vol ............................................................................................ 29
3)- La propriété d’autrui .............................................................................................. 29
C/- L’ELEMENT MORAL, FAUTE INTENTIONNELLE ........................................... 30
1)- Il faut avoir su que la chose était la chose d’autrui................................................ 30
2)- Il faut avoir su que le propriétaire ne consentait pas qu’on déplace la chose. ....... 30
3)- Il faut avoir l’intention de se comporter en propriétaire, en maître de la chose. ... 31
§ 2 – REGIME JURIDIQUE DU VOL ............................................................................... 32
A/- TENTATIVE ............................................................................................................ 32
1)- Distinction entre crime et délit .............................................................................. 32
2)- La distinction du commencement d’exécution et actes préparatoires ................... 32
3)- Vol prétendu impossible ........................................................................................ 32
B/- COMPLICITE ........................................................................................................... 33
C/- CAUSE D’IMPUNITE ............................................................................................. 33
1)- Faits justificatifs .................................................................................................... 33
2)- Immunité de l’art.380 ............................................................................................ 33
§ 3 – REPRESSION DU VOL ............................................................................................ 34
A/- VOLS – CONTRAVENTIONS ................................................................................ 34
1)- Maraudage ............................................................................................................. 34
2)- Vol de récoltes non détachées du sol ..................................................................... 34
B/- VOLS – DELITS ....................................................................................................... 34
1)- Vols ruraux ............................................................................................................ 34
2)- Vols simples ......................................................................................................... 35
3)- Vols aggravés mais toujours qualifiés délits ......................................................... 35
C/- VOLS QUALIFIES CRIMES ................................................................................... 36
1)- Vols passibles des travaux forcés à temps : ........................................................... 36
2)- Vols passibles des travaux forcés à perpétuité ...................................................... 37
3)- Vol emportant la peine de mort ............................................................................. 37
SECTION 2 L’ABUS DE CONFIANCE ............................................................................... 37
§ 1 – INCRIMINATION ..................................................................................................... 38
A/- LES CONDITIONS PREALABLES ........................................................................ 38
1)- Existence d’un contrat entre coupable et victime .................................................. 38
2)- Que ce contrat ait entraîné une remise ................................................................... 39
3)- Que la remise porte sur certaines choses ............................................................... 40
B/- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS PROPREMENT DITS ................................... 40
1)- Elément légal ......................................................................................................... 40
2)- Elément matériel .................................................................................................... 40
3)- Elément moral ........................................................................................................ 41
§ 2 – LE REGIME JURIDIQUE ......................................................................................... 41
A/- NATURE DE L’INFRACTION ............................................................................... 41
1)- C’est un délit d’action réalisé par un élément positif. ............................................... 41
2)- C’est une infraction instantanée et non pas continue. ............................................... 42
B/- TENTATIVE............................................................................................................. 42
C/- COMPLICITE ........................................................................................................... 42

206
D/- IMMUNITE DE L’ARTICLE 380 ........................................................................... 42
§ - 3 REPRESSION ........................................................................................................... 42
A/- REPRESSION NORMALE ...................................................................................... 42
1)- Peines principales .................................................................................................. 42
2)- Peines complémentaires ........................................................................................ 43
B/- IL Y A DES CIRCOSNTANCES AGGRAVANTES .............................................. 43
§ - INFRACTIONS VOISINES DE L’ABUS DE CONFIANCE ...................................... 43
A/- ABUS DES BESOINS D’UN MINEUR .................................................................. 43
B/- ABUS DE BLANC SEING ...................................................................................... 43
1)- Conditions préalables ............................................................................................ 44
2)- Eléments constitutifs proprement dits ................................................................... 44
3)- Répression ............................................................................................................. 44
4)- La tentative de blanc seing n’est pas incriminée. ................................................. 44
5)- L’immunité de l’article 380 est applicable selon la jurisprudence. ....................... 44
C/- VOL COMMIS PAR LES BATELIERS, VOITURIERS OU AUBERGISTES
ET HOTELIERS OU LEURS PREPOSES .......................................................... 44
D/- DETOURNEMENT D’OBJETS SAISIS DE L’ARTICLE 400, al.3 et 4. .............. 44
1)- Le saisi était constitué juridiquement gardien de la saisie..................................... 44
2)- Il n’était pas constitué gardien de la saisie ............................................................ 45
E/- DETOURNEMENT DE GAGE ............................................................................... 45
F/- ENLEVEMENT, DESTRUCTION, SOUSTRACTION DE PIECES
CONTENUES DANS LES DEPOTS PUBLICS .................................................. 45
SECTION 3 L’ESCROQUERIE ............................................................................................. 45
§ 1 – ELEMENTS CONSTITUTIFS .................................................................................. 46
A/- ELEMENT LEGAL .................................................................................................. 46
B/- ELEMENT MATERIEL ........................................................................................... 46
1)- Remise de la chose ................................................................................................ 46
3)- Procédés qui ont amené la remise .......................................................................... 47
C/- ELEMENT MORAL ................................................................................................. 49
1)- Il faut une faute intentionnelle de la part de l’escroc............................................. 49
2)- Le mobile qui a poussé le prévenu importe peu .................................................... 49
3)- Une imprudence ou négligence ne suffit pas ......................................................... 50
§ 2 – REGIME JURIDIQUE ............................................................................................... 50
A/- NATURE DE L’INFRACTION ............................................................................... 50
B/- TENTATIVE............................................................................................................. 50
C/- COMPLICITE ........................................................................................................... 50
D/- IMMUNITE .............................................................................................................. 50
E/- REPENTIR ACTIF ................................................................................................... 51
§ 3 – REPRESSION ............................................................................................................ 51
A/- ESCROQUERIE SIMPLE ........................................................................................ 51
B/- AVEC CIRCONSTANCES AGGRAVANTES ....................................................... 51
§ 4 – INFRACTIONS VOISINES DE L’ESCROQUERIE ................................................ 51
A/- DELITS EN MATIERE DE FONDATION ET DE FONCTIONNEMENT DES
SOCIETES COMMERCIALES. .......................................................................... 51
B/- EXTORSION DE SIGNATURE OU DE DOCUMENTS. .......................................... 52
C/- LE CHANTAGE OU EXTORSIONDE FONDS ..................................................... 52
1)- Eléments constitutifs.............................................................................................. 52
2) – Répression ............................................................................................................ 52
D/ - ESCROQUERIE A LA DOT................................................................................... 52
SECTION 4 FILOUTERIE D’ALIMENTS ET AUTRES ..................................................... 52

207
§ 1 – LA FILOUTERIE D’ALIMENTS OU GRAVELERIE ............................................ 53
A/ -ELEMENTS CONSTITUTIFS ................................................................................. 53
1)- Légal ...................................................................................................................... 53
2)- Elément matériel : .................................................................................................. 53
3)- Elément moral : ..................................................................................................... 53
B/- REGIME JURIDIQUE.............................................................................................. 53
C/- REPRESSION ........................................................................................................... 54
D/- DU POINT DE VUE DE LA RECIDIVE ................................................................ 54
§ 2 – FILOUTERIE DE TAXI ET DE CARBURANT ...................................................... 54
1)- Elément légal ............................................................................................................. 54
2)- Eléments constitutifs : ............................................................................................... 54
3)- Les peines : ................................................................................................................ 54
§ 3 – FILOUTERIE D’HOTEL........................................................................................... 54
SECTION 5 LE RECEL ......................................................................................................... 54
§ 1 – INCRIMINATION ..................................................................................................... 55
A/- CONDITION PREALABLES .................................................................................. 55
1)- Une infraction antérieure a été commise. .............................................................. 55
2)- Il faut que l’infraction primitive ait été un crime ou délit ..................................... 55
B/- ELEMENTS CONSTITUTIFS PROPREMENT DITS ............................................ 55
1)- Eléments légal. ....................................................................................................... 55
2)- Elément matériel : .................................................................................................. 55
3)- Elément moral ........................................................................................................ 56
§ 2 –REGIME JURIDIQUE ................................................................................................ 56
§ 3 – REPRESSION ............................................................................................................ 57
1)- REGIME GENERAL ................................................................................................ 57
a)- Peine principale : ................................................................................................... 57
b)- Peines complémentaires : ...................................................................................... 57
2)- CRICONSTANCES AGGRAVANETES ................................................................. 57
§ 4 – INFRACTION VOISINES DU RECEL .................................................................... 58
1)- Recel d’objets saisis ou données en gage : ............................................................ 58
2) Recel de cadavre : ................................................................................................... 58
3)- Recel de gibiers irrégulièrement chassés ............................................................... 58
4)- Recel d’effet militaires .......................................................................................... 58
SECTION 6 L’INCENDIE ..................................................................................................... 58
§ 1 – L’INCENDIE DES LIEUX HABITES OU SERVANT A L’HABITATION ........ 58
A/- BIENS RENTRANT DANS CETTE CATEGORIE ................................................ 58
B/- CONDITION – ETRE HABITES OU SUSCPTIBLE DE L’ETRE ........................ 58
C/- PEINE ENCOURUE : TOUJOURS LA PAINE DE MORT ................................... 58
§ 2 – LIEUX NON HABITES, BOIS, RECOLTES SUR PIED ........................................ 59
A/- LIEUX RENTRANT DANS CETTE CATEGORIES ............................................. 59
B/- NECESSITE DE DISTINGUER .............................................................................. 59
§ 3 – RECOLTE OU BOIS COUPES, WAGONS CHARGES OU NON DE
MARCHADISES ET AUTRES OBJETS MOBILIERS ......................................... 60
A/- BIENS RENTRANT DANS CETTE CATEGORIE ................................................ 60
B/- REPRESSION : NECESSITE D’UNE DISTINCTION ........................................... 60
§ 4 – INFRACTIONS VOISINES DE L’INCENDIE VOLONTAIRE ............................. 61
A/- DESTRUCTION PAR EXPLOSIF .......................................................................... 61
B/- DESTRUCTION DE VEHICULE ............................................................................ 61
C/- MENACE D’INCENDIE OU DESTRUCTION PAR EXPLOSIF. ......................... 61
§ 5 – L’INCENDIE INVOLONTAIRE .............................................................................. 61

208
§ 6 – LES DESTRUCTIONS ET DOMMAGES CAUSES A LA PROPRIETE D’AUTRUI 62
A/- L’ATTEINTE A LA PROPRIETE PUBLIQUE ...................................................... 62
1)- La dégradation d’objets d’utilité publique............................................................. 62
2)- La détérioration de site classé ................................................................................ 63
B/- L’ATTEINTE A LA PROPRIETE PRIVEE ............................................................ 63
1)- Le pillage ............................................................................................................... 63
2)- La détérioration de matériel ou de marchandises .................................................. 64
3)- Le dommage volontaire à la propriété d’autrui ..................................................... 64
4)- Le dommage volontaire aux animaux domestiques d’autrui. ................................ 64
C/- ATTEINTES A LA PROPRIETE PRIVEE RURALE ............................................. 65
1)- Dommage aux récoltes et plantations .................................................................... 65
2)- Dommage aux arbres ............................................................................................. 65
3)- Destruction de greffes ............................................................................................ 65
4)- Dommage aux instruments agricoles ..................................................................... 65
5)- Dommage aux animaux de ferme .......................................................................... 66
CHAPITRE III LES IFNRACTIONS CONTRE LES MŒURS ............................................ 67
SECTION 1 LES ATTEINTES A LA PUDEUR ................................................................... 67
§ 1 – LE VIOL .................................................................................................................... 67
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 67
1)- Elément légal ......................................................................................................... 67
2)- Elément matériel .................................................................................................... 67
3)- Elément moral ........................................................................................................ 68
B/- REGIME JURIDIQUE.............................................................................................. 68
C/- REPRERSSION ........................................................................................................ 68
1)- Peines normales ..................................................................................................... 68
2)- Circonstances aggravantes ..................................................................................... 69
§ 2 – L’ATTENTAT A LA PUDEUR AVEC VIOLENCES ............................................. 69
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 69
1)- Elément légal ......................................................................................................... 69
2)- Elément matériel .................................................................................................... 69
3)- Elément moral ........................................................................................................ 70
B/- REGIME JURIDIQUE.............................................................................................. 70
1)- Tentative ................................................................................................................ 70
2)- Complicité ............................................................................................................. 70
3)- Excuse de l’article 325 .......................................................................................... 70
C/- REPRESSION ........................................................................................................... 70
1)- Peine normale ........................................................................................................ 70
2)- Circonstances aggravantes ..................................................................................... 70
§ 3 – L’ATTENTAT A LA PUDEUR SANS VIOLENCE ................................................ 71
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 71
1)- Elément légal ......................................................................................................... 71
2)- Elément matériel .................................................................................................... 71
3)- Elément moral ........................................................................................................ 71
B/- REGIME JURIDIQUE.............................................................................................. 71
1)- Tentative ................................................................................................................ 71
2)- Complicité ............................................................................................................. 71
C/- REPRESSION ........................................................................................................... 72
1)- Peine ordinaire ....................................................................................................... 72
2)- Circonstances aggravantes ..................................................................................... 72
D/- INFRACTIONS VOISINES ..................................................................................... 72

209
1)- Relations incestueuses ........................................................................................... 72
2)- Relations homosexuelles avec un mineur .............................................................. 72
§ 4 – L’OUTRAGE PUBLIC A LA PUDEUR ................................................................... 72
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 72
1)- Elément légal ......................................................................................................... 72
2)- Elément matériel .................................................................................................... 72
3)- Elément moral ........................................................................................................ 74
B/- REGIME JURIDIQUE.............................................................................................. 74
1)- Tentative non incriminée ....................................................................................... 74
2)- Complicité ............................................................................................................. 74
3)- Excuse de provocation de l’article 325 .................................................................. 74
C/- REPRESSION ........................................................................................................... 74
§ 5 – LE PROXENETISME................................................................................................ 75
A/- LES SIX TYPES DE DELITS CONSTITUTIFS DU PROXENETISME .............. 75
B/- CIRCONSTANCES AGGRAVANTES ET PEINES .............................................. 76
C/- TENTATIVE ET COMPLICTE ............................................................................... 77
§ 6 – EXCITATION DE MINEURS A LA DEBAUCHE ................................................. 77
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION .......................................................................... 77
B/- PENALITES ............................................................................................................. 78
§ 7 – EXPLOITATION DE MAISONS DE DEBAUCHE ................................................ 78
CHAPITRE IV LES AUTEURS A LA FAMILLE, A L’ENFANCE ET A LA NATALITE 79
SECTION 1 LES INFRACTIONS CONTRE LE MARIAGE ET LA FAMILLE ................ 79
§ 1 – LA BIGAMIE ............................................................................................................ 79
A/- DEFINITION ............................................................................................................ 79
B/- CRIME, LA BIGAMIE EST DEVENUE DELIT .................................................... 79
C/- REGLES D’ORDRE GENERAL ............................................................................. 79
§ 2 – L’ADULTERE ........................................................................................................... 80
A/- INCRIMINATION ................................................................................................... 80
1)- Eléments communs ................................................................................................ 80
2)- Adultère de la femme ............................................................................................ 81
B/- CERTAINES PARTICULARITES DE LA REPRESSION ..................................... 81
2)- Déclenchement de la poursuite : plainte préalable ................................................ 81
3)- Preuve du délit ....................................................................................................... 82
4)- Effet du retrait de la plainte au sujet de l’action publique ..................................... 82
5)- Droit de grâce du mari ........................................................................................... 82
6)- Fins de non-recevoir .............................................................................................. 82
C/- PEINES ..................................................................................................................... 82
1)- Femme et son complice ......................................................................................... 82
2)- Mari et sa complice................................................................................................ 82
§ 3 – LES ABANDONS DE FAMILLE ............................................................................. 82
A/- L’ABANDON PECUNIAIRE OU ABANDON DE FAMILLE PROPREMENT DIT 83
1)- Condition préalable ................................................................................................ 83
2)- Elément matériel .................................................................................................... 83
3)- Elément moral ........................................................................................................ 83
4)- Régime juridique de la poursuite ........................................................................... 83
5)- Les peines .............................................................................................................. 84
B/- L’ABANDON DE FOYER OU ABANDON MATERIEL...................................... 84
1)- Elément légal ......................................................................................................... 84
2)- Elément matériel .................................................................................................... 84
3)- Particularité de la procédure .................................................................................. 84

210
4)- Peines ..................................................................................................................... 84
C/- LA DEFAILLANCE DE LA PUISSANCE PATERNELLE ................................... 85
1)- Elément légal ......................................................................................................... 85
2)- Elément matériel .................................................................................................... 85
3)- Peines ..................................................................................................................... 85
SECTION 2 LES INFRACTIONS CONTRE LA NATALITE ............................................. 85
§ 1 – LES INFRACTINS ANNEXES................................................................................. 85
A/- LA REPRESSION DE LA PROPAGANDE ANTICONCEPTIONNELLE,. ......... 85
B/- LA VENTE OU LA DISTRIBUTION DES PRODUITS OU OBJETS
ANTICONCEPTIONNELS OU ABORTIFS OU QUI SONT REPUTES
ABORTIFS. ........................................................................................................... 85
C/- LA REGLEMENTATION DU DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE
LA GROSSESSE .................................................................................................. 85
D/- UNE SURVEILLANCE MINUTIEUSE DES ETABLISSEMENTS
D’ACCOUCHEMENT ......................................................................................... 86
§ 2 – L’AVORTEMENT PROPREMENT DIT ................................................................. 86
A/- AVORTEMENT PRATIQUE PAR UN TIERS SUR UNE FEMME ..................... 86
1)- Eléments constitutifs.............................................................................................. 86
2)- Régime de l’incrimination ..................................................................................... 87
3)- Répression ............................................................................................................. 88
B/- AVORTEMENT PRATIQUE PAR LA FEMME ELLE-MEME ............................ 88
1)- Eléments de l’infraction......................................................................................... 88
2)- Régime de l’incrimination ..................................................................................... 88
3)- Peines : ................................................................................................................... 89
C/- CAS DE PRATIQUES ABORTIVES, DE SIMPLES CONSEILS OU
INDICATIONS ..................................................................................................... 89
1)- Liste des personnes visées ..................................................................................... 89
2)- L’élément matériel est très varié............................................................................ 89
3)- Elément moral ........................................................................................................ 89
4)- Répression ............................................................................................................. 89
SECTION 3 LES INFRACTIONS CONTRE LES ENFANTS ............................................. 89
§ 1 – LA PROTECTION DES ENFANTS CONTRE LES INFRACTIONS A LEUR
INTEGRITE CORPORELLE .................................................................................. 89
A/- L’INFANTICIDE ..................................................................................................... 90
1)- Incrimination ......................................................................................................... 90
2)- Pénalité .................................................................................................................. 90
B/- LES MAUVAIS TRAITEMENTS A ENFANTS .................................................... 90
1)- Elément légal ......................................................................................................... 90
2)- Elément matériel .................................................................................................... 90
3)- Elément moral ........................................................................................................ 90
4)- Elément supplémentaire tiré de l’âge de la victime ............................................... 90
5)- Répression ............................................................................................................. 90
C/- L’ABSTENTION DE PORTE-SECOURS............................................................... 91
D/- L’ABANDON D’ENFANT ET L’EXPOSITION D’ENFANT ............................... 91
1)- Elément légal ......................................................................................................... 91
2)- Elément matériel .................................................................................................... 91
3)- Elément moral ........................................................................................................ 91
4)- Régime de la répression ......................................................................................... 91
§ 2 – LES INFRACTIONS CONTRE L’ETAT CIVIL ...................................................... 92
A/- LES FRAUDES A LA NAISSANCE DE L’ENFANT ............................................ 93

211
3)- Substitution d’enfant.............................................................................................. 93
B/- DEFAUT DE DECLARATION DE L’ENFANT .................................................... 93
C/- ABANDON JURIDIQUE ......................................................................................... 93
§ 3 – LES INFRACTIONS CONTRE LA LIBERTE DE L’ENFANT .............................. 93
A/- L’ENLEVEMENT OU LES FAITS QUI SUIVENT ............................................... 93
1)- Incrimination ........................................................................................................ 93
2)- Répression ............................................................................................................. 94
B/- LE DETOURNEMENT OU ENLEVEMENT DE MINEURE ................................ 94
1)- L’enlèvement par fraude ou violence .................................................................... 94
2)- L’enlèvement sans fraude ni violence ................................................................... 95
C/- NON REPRESENTATION D’ENFANT ................................................................. 95
1)- Condition préalable................................................................................................ 95
2)- Elément matériel .................................................................................................... 95
3)- Elément moral ........................................................................................................ 95
4)- Répression ............................................................................................................. 96
CHAPITRE V LES ATTEINTES A LA VERITE ET A LA JUSTICE ................................. 96
SECTION 1 LE FAUX MONNAYAGE ................................................................................ 96
§ 1 – LA FAUSSE MONNAIE METALLIQUE ................................................................ 96
A/- ELEMENT LEGAL .................................................................................................. 96
B/- ELEMENT MATERIEL ........................................................................................... 96
1)- La contrefaçon ....................................................................................................... 96
2)- L’altération ............................................................................................................ 96
3)- L’émission de fausse monnaie ............................................................................... 96
4)- L’exposition de la fausse monnaie ........................................................................ 97
5)- L’introduction de fausse monnaie sur le territoire malgache ................................ 97
C/- ELEMENT MORAL ................................................................................................. 97
D/- REPRESSION........................................................................................................... 97
E/- INFRACTIONS VOISINES ..................................................................................... 97
1)- Délit de coloration de monnaies ............................................................................ 97
2)- Délit de remise en circulation de monnaie fausse ................................................. 97
§ 2 – LES FAUX BILLETS DE BANQUE ........................................................................ 98
A/- L’ELEMENT LEGAL .............................................................................................. 98
B/- L’ELEMENT MATERIEL ....................................................................................... 98
C/- REPRESSION ........................................................................................................... 98
D/- EXCUSE ABSOLUTOIRE ...................................................................................... 98
§ 3 – LES IFNRACTIONS VOISINES DU FAUX MONNAYAGE ................................ 98
A/- CRIME DE CONTREFACON DU SCEAU DE L’ETAT, DES EFFETS PUBLICS98
1)- Trois éléments ........................................................................................................ 98
2)- Répression ............................................................................................................. 99
B/- CRIME DE CONTREFACON DE TIMBRES, MARTEAUX, POINCONS DE
L’ETAT ................................................................................................................. 99
1)- Trois éléments comme ci-dessus. .......................................................................... 99
2)- Répression ............................................................................................................. 99
C/- CRIME D’USAGE FRAUDULEUX DES VRAIS TIMBRES ET MARTEAUX .. 99
1)- Incrimination ......................................................................................................... 99
2)- Répression ............................................................................................................. 99
D/- DELIT DE CONREFACON DE MARQUES D’UNE AUTORITE, PAPIERS A EN
TETE ET IMPRIMES OFFICIELS TIMBRES-POSTE, TIMBRES MOBILES ...... 99
1)- Incrimination ......................................................................................................... 99
2)- Répression ........................................................................................................... 100

212
3)- La tentative .......................................................................................................... 100
E/- DELIT D’USAGE FRAUDULEUX DE MARQUES, TIMBRES, IMPRIMES
VERITABLES .................................................................................................... 100
1)- Incrimination ....................................................................................................... 100
2)- Répression ........................................................................................................... 100
F/- DELIT D’IMITATION DE DOCUMENTS OFFICIELS, D’USAGE DE
TIMBRES AYANT DEJA SERVI, DE CONTREFACON DE DOCUMENTS
POSTAUX MALGACHES OU ETRANGERS ................................................. 100
1)- Incrimination ....................................................................................................... 100
2)- Répression ........................................................................................................... 100
SECTION 2 LE FAUX ET L’USAGE DE FAUX EN ECRITURES .................................. 100
SOUS-SECTION 1 LE FAUX .............................................................................................. 100
§ 1 – LES TROIS ELEMENTS DE L’INFRACTION ..................................................... 101
A/- ALTERATION DE LA VERITE DANS UN ECRIT ........................................ 101
B/- PREJUDICE EVENTUEL ...................................................................................... 101
a)- Préjudice matériel ............................................................................................... 101
b)- Préjudice moral. ................................................................................................... 101
c)- Intérêt public . ...................................................................................................... 101
d)- Victime : .............................................................................................................. 101
e)- Validité de l’acte : ................................................................................................ 101
C/- INTENTION FRAUDULEUSE ............................................................................. 101
§ 2 – MODES D’EXECUTION DES FAUX ................................................................... 101
A/- FAUX MATERIEL ................................................................................................ 102
B/- FAUX INTELLECTUEL........................................................................................ 102
§ 3 – DIVERSES CATEGORIES DE FAUX ................................................................... 102
A/- FAUX EN ECRITURES AUTHENTIQUES ET PUBLIQUES ............................ 102
B/- FAUX EN ECRITURES DE COMMERCE ET DE BANQUE ............................. 102
C/- FAUX EN ECRITURES PRIVEES........................................................................ 103
§ 4 – PENALITES............................................................................................................. 103
A/- CRIMES .................................................................................................................. 103
B/-DELITS .................................................................................................................... 103
C/- AMENDE ................................................................................................................ 103
§ 5 – POURSUITES .......................................................................................................... 103
SOUS SECTION 2 L’USAGE DE FAUX ........................................................................... 104
§ 1 – LES QUATRE ELEMENTS DE L’INFRACTION ................................................ 104
A/- PREMIER ELEMENT ........................................................................................... 104
B/- DEUXIEME ELEMENT ........................................................................................ 104
C/- TROISIME ELEMENT . ........................................................................................ 104
D/- QUATRIEME ELEMENT . ................................................................................... 104
§ 2 – PEINES .................................................................................................................... 104
§ 3 – POURSUITES .......................................................................................................... 104
SOUS SECTION 3 FAUX SPECIAUX ............................................................................... 104
SECTION 3 LE FAUX TEMOIGNAGE ET LES INFRACTIONS VOISINES ................. 105
§ 1 – ELEMENTS DE L’INFRACTION .......................................................................... 105
A/- UN TEMOIGNAGE RECU SOUS SERMENT ..................................................... 105
B/- RECU A L’AUDIENCE D’UN TRIBUNAL AYANT POUVOIR DE JUGE AU FOND . 105
C/- TEMOIGNAGE IRREVOCABLE ......................................................................... 105
D/- ALTERATION DE LA VERITE AYANT POUR EFFET D’EGARER LA JUSTICE .. 106
E/- PREJUDICE EVENTUEL ...................................................................................... 106
§ 2 – PENALITES ET CIRCONSTANCES AGGRAVANTES ...................................... 106

213
A/- EN MATIERE CRIMINELLE ............................................................................... 106
B/- EN MATIERE CORRECTIONNELLE ................................................................. 106
C/- EN MATIERE DE SIMPLE POLICE .................................................................... 106
D/- DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES OU ADMINISTRATIVES ............... 107
§ 3 – PROCEDURE .......................................................................................................... 107
A/- FAUX TEMOIGNAGE AU COURS D’UNE AUDIENCE DE JURIDICTION
REPRESSIVE. .................................................................................................... 107
B/- FAUX TEMOIGNAGE AUX AUDIENCES CIVILES, COMMERCIALES,
ADMINISTRATIVES OU DEVANT DES JUGES COMMISSAIRES ............ 107
§ 4 – LES INFRACTIONS VOISINES ............................................................................ 107
A/- LA SUBORNATION DE DEMOIN ...................................................................... 107
1)- Eléments de l’infraction....................................................................................... 107
2)- Pénalités ............................................................................................................... 107
B/- CAS DE L’INTERPRETE ...................................................................................... 107
C/- LE FAUX SERMENT EN MATIERE CIVILE ..................................................... 107
1)- Eléments constitutifs............................................................................................ 107
2)- Poursuites............................................................................................................. 108
3)- Répression ........................................................................................................... 108
SECTION 4 LA DENONCIATION CALOMNIEUSE........................................................ 108
§ 1 – ELEMENT DU DELIT ............................................................................................ 108
A/- ELEMENT LEGAL ................................................................................................ 108
B/- ELEMENT MATERIEL ......................................................................................... 108
1)- Il faut une dénonciation ....................................................................................... 109
2)- Spontanéité de la dénonciation ............................................................................ 109
3)- Forme de la dénonciation .................................................................................... 109
4)- Dénonciation contre une personne déterminée .................................................... 110
5)- Le fait dénoncé doit être de nature à donner lieu à des sanctions. ...................... 110
6)- Fausseté des faits dénoncés ................................................................................. 110
7)- Personnes auxquelles la dénonciation doit avoir été faite. .................................. 110
C/- ELEMENT MORAL ............................................................................................... 111
§ 2 – EXCEPTION PREJUDICIEULLE ET PROCEDURE ........................................... 111
A/- EXCEPTION PREJUDICIELLE ............................................................................ 111
1)- Principe : sursis à statuer ..................................................................................... 111
2)- Exception ............................................................................................................. 112
3)- Autorité compétente pour rendre la décision préjudicielle .................................. 112
B/- PROCEDURE ......................................................................................................... 113
1)- Poursuites............................................................................................................. 113
2)- Prescription .......................................................................................................... 113
3)- Action civile ........................................................................................................ 113
§ 3 – PENALITES............................................................................................................. 114
CHAPITRE VI LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA CHOSE PUBLIQUE ............... 115
SECTION 1 LES ATTENTATS CONTRE LA SURETE DE L’ETAT .............................. 115
§ 1 – LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA SURETE EXTERIEURE DE L’ETAT 115
A/- LA TRAHISON ...................................................................................................... 115
1)- Eléments constitutifs............................................................................................ 115
2)- Pénalité : peine de mort ....................................................................................... 116
B/- L’ESPIONNAGE .................................................................................................... 116
1)- Eléments constitutifs............................................................................................ 116
2)- Pénalité : peine de mort ....................................................................................... 116
C/- L’ATTEINTE A LA SURETE EXTERIEURE DE L’ETAT ................................ 116

214
1)- Généralités ........................................................................................................... 116
2)- Les différentes formes d’atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat ....................... 117
3)- Pénalités ............................................................................................................... 118
D/- REGLES DE COMPETENCE ............................................................................... 118
1)- Crimes .................................................................................................................. 118
2)- Délits .................................................................................................................... 118
§ 2 – LES CRIMES ET DELITS CONTRE LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT . 118
A/- CRIMES ET DELITS TENDANT A DETRUIRE OU CHANGER LE
GOUVERNEMENT OU A EXCITER LES CITOYENS A S’ARMER
CONTRE L’AUTORITE OU A TROUBLER L’ETAT PAR
LA GUERRE CIVILE ........................................................................................ 119
1)- Proposition faite et non agréée de former un complot......................................... 119
2)- Le complot proprement dit, suivi d’un acte préparatoire ou d’exécution............ 119
3)-Complot suivi d’actes commis ou commencés pour en préparer l’exécution ...... 120
4)- L’attentat proprement dit ..................................................................................... 120
B/- LES CRIMES TENDANT A TROUBLER L’ETAT PAR L’EMPLOI
ILLEGAL DE LA FORCE ARMEE, LA DEVASTATION ET
LE PILLAGE PUBLIC ....................................................................................... 121
1)- La levée irrégulière des troupes ........................................................................... 121
2)- Le commandement illégal ................................................................................... 121
3)- L’opposition à la levée des gens de guerre .......................................................... 121
4)- L’incendie ou la destruction par l’explosion d’une mine des édifices de l’Etat .. 121
5)- Les bandes armées ............................................................................................... 122
C/- QUID DE L’ATTROUPEMENT ........................................................................... 123
4)- Provocation à un attroupement ............................................................................ 125
SECTION 2 LES ATTENTATS A LA LIBERTE ............................................................... 125
INTRODUCTION ............................................................................................................. 125
§ 1 – LES ACTES ARBITRAIRES ET ATTENTATOIRES A LA LIBERTE
INDIVIDUELLE .................................................................................................... 126
A/- LES QUATRE ELEMENTS DE L’INFRACTION ............................................... 126
1)- Premier élément : l’acte attentatoire à la liberté individuelle .............................. 126
B/- LE PROBLEME DE LA GARDE A VUE ............................................................. 127
C/- LE RESPECT DES FORMES ................................................................................ 128
D/- AUTRES CAS ASSMILABLES A DES ARRESTATIONS OU A DES
DETENTIONS .................................................................................................... 128
2)- Deuxième élément : la qualité de l’agent délinquant : ........................................ 128
3)- Troisième élément – le fait que l’agent a agi dans l’exercice de ses fonctions ... 129
4)- Quatrième élément : L’intention criminelle ........................................................ 129
B/- EXCUSES- FAIT JUSTIFICATIF ......................................................................... 129
C/- CIRCONSTANCE AGGRAVANTE ..................................................................... 130
D/- PENALITES ........................................................................................................... 130
E/- ACTION CIVILE .................................................................................................... 130
§ 2 – LES DETENTIONS IRREGULIERES ................................................................... 130
A/- LA CONSTATATION D’UNE DETENTION ARBITRAIRE
OU IRREGULIERE ............................................................................................ 130
B/- LA DETENTION ARBITRAIRE PAR LES GARDIENS DE PRISON ........... 130
C/- LA DETENTION IRREGULIERE HORS DES LIEUX PREVUS
A CET EFFET ..................................................................................................... 131
§ 3 – LES POURSUITES IRREGULIERES .................................................................... 131
A/- CONTRE UN MINISTRE OU UN DEPUTE ........................................................ 131

215
B/- CONTRE QUICONQUE, POUR CRIME .............................................................. 131
SECTIION 3 CRIMES ET DELITS COMMIS PAR LES FONCTIONNAIRES
PUBLICS DANS L’EXECUTION DE LEURS FONCTIONS ........................................... 131
INTRODUCTION ............................................................................................................. 131
§ 1 – LES SOUSTRACTIONS COMMISES PAR LES FONCTIONNAIRES
PUBLICS ET AUTRES ......................................................................................... 132
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION ........................................... 132
1)- Elément légal ....................................................................................................... 132
2)- Elément matériel .................................................................................................. 132
3)- Elément moral ...................................................................................................... 136
B/- PENALITES ........................................................................................................... 136
§ 2 – LA CONCUSSION .................................................................................................. 136
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION ........................................... 136
1)- Elément légal ....................................................................................................... 136
2)- Elément matériel .................................................................................................. 136
3)- Elément moral ...................................................................................................... 137
B/- PENALITES ........................................................................................................... 137
1)- Fonctionnaires, officiers publics, percepteurs ..................................................... 137
2)- Commis ou préposés ............................................................................................ 137
C/- INFRACTIONS ASSIMILEES .............................................................................. 137
§ 3 – L’INGERENCE DE FONCTIONNAIRES DANS LES AFFAIRES
INCOMPATIBLES AVEC LEUR QUALITE ...................................................... 138
A/- PREMIER DELIT ................................................................................................... 138
B/- DEUXIEME DELIT ............................................................................................... 138
C/- TROISIEME DELIT ............................................................................................... 138
§ 4 – LA CORRUPTION ET LE TRAFIC D’INFLUENCE ............................................ 138
1)- Corruption de fonctionnaires et de personnes assimilées ........................................ 138
a)- Trois éléments constituent l’infraction ................................................................ 138
b)- Pénalités ............................................................................................................... 139
2)- Corruption des commis, préposés ou employés au service d’un particulier ........... 139
B/- LA CORRUPTION ACTIVE ................................................................................. 139
1)- Cette infraction comprend trois éléments ............................................................ 139
2)- Pénalités ............................................................................................................... 140
C/- LE TRAFIC D’INFLUENCE ................................................................................. 140
1)- Trafic commis par des particuliers ...................................................................... 140
2)- Trafic commis par un fonctionnaire ou une personne assimilée ......................... 140
D/- DISPOSITIONS COMMUNES.............................................................................. 140
E/- PARTIALITE DES JUGES OU DES ADMINISTRATEURS .............................. 141
§ 5 – LES ABUS D’AUTORITE ...................................................................................... 141
A/- LES ABUS CONTRE LES PARTICULIERS ....................................................... 141
1)- La violation de domicile ...................................................................................... 141
2)- Le déni de justice ................................................................................................. 142
3)- Les violences illégitimes ..................................................................................... 142
4)- La violation du secret des correspondances ........................................................ 143
B/- LES ABUS CONTRE LA CHOSE PUBLIQUE .................................................... 143
2)- Pénalité ................................................................................................................ 143
§ 6 – LES CRIMES ET DELITS EN MATIERE D’ETAT-CIVIL .................................. 143
A/- INFRACTIONS D’ORDRE GENERAL ................................................................ 143
B/- INFRACTIONS SPECIALES ................................................................................ 143

216
§ 7 – L’EXERCICE DE L’AUTORITE PUBLIQUE ILLEGALEMENT ANTICIPE
OU PROLONGE ................................................................................................... 144
§ 8 – LA CIRCONSTANCE AGGRAVANTE GENERALE TIREE DE
LA QUALITE DE FONCTIONNAIRE ............................................................... 144
A/- VOIR ARTICLE 198 C.P. ...................................................................................... 144
B/- PENALITES ........................................................................................................... 144
1)- Délits .................................................................................................................... 144
2)- Crime ................................................................................................................... 144
B/- VOIR ARTICLE 459 C.P. ...................................................................................... 144
SECTION 4 L’ASSOCIATION DE MALFAITEURS ET LE VAGABONDAGE ............ 144
§ 1 – L’ASSOCIATION DE MALFAITEURS ................................................................ 145
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION ........................................................................ 145
1)- Une association ou une entente ........................................................................... 145
2)- Association ou entente établie en vue de commettre des crimes ou des délits .... 145
3)- L’intention criminelle .......................................................................................... 145
A/- L’INTENTION CRIMINELLE .............................................................................. 145
B/- EXCUSE LEGALE ABSOLUTOIRE .................................................................... 145
C/- PENALITES ........................................................................................................... 145
§ 2 – LE VAGABONDAGE ............................................................................................. 145
A/- ELEMENTS DE L’INFRACTION ........................................................................ 145
1)- Absence de domicile certain ................................................................................ 145
2)- Absence de moyens de subsistance ..................................................................... 146
3)- Défaut habituel de métier ou de profession ......................................................... 146
4)- L’intention frauduleuse....................................................................................... 146
B/- PENALITES ........................................................................................................... 146
1)- Vagabondage simple ............................................................................................ 146
2)- Vagabondage aggravé.......................................................................................... 146
3)- Vagabonds nés à Madagascar réclamés par leur commune ................................ 146
§ 3 – LE VAGABONDAGE SPECIAL ............................................................................ 147
§ 4 – L’OISIVETE ............................................................................................................ 147
A/- LA CONTRAVENTION D’OISIVETE HABITUELLE ....................................... 147
B/- L’ANCIEN DELIT D’OISIVETE .......................................................................... 147
CHAPITRE VII LES INFRACTIONS PREVUES PAR LES LOIS SPECIALES .............. 148
SECTION I LES VOLS DE BŒUFS ................................................................................... 148
§ 1 – LES CRIMES ........................................................................................................... 148
A/- CE SONT LES SUIVANTS : ................................................................................. 148
B/- IL FAUT SIGNALER CERTAINES PARTICULARITES CONCERNANT
LES PEINES ....................................................................................................... 149
§ 2 – LES DELITS ............................................................................................................ 149
§ 3 - LA RESPONSABILITE CIVILE ............................................................................. 150
A/- AUX TERMES DE L’ARTICLE 15 DE L’ORDONNANCE N°60-106........... 150
B/- L’ARTICLE 16-BIS PREVOIT EGALEMENT UNE SORTE DE
RESPONSABILITE COLLECTIVE .................................................................. 150
§ 4 – LA PROCEDURE .................................................................................................... 150
A/- ENQUETE ET INFORMATION ........................................................................... 150
B/- COMPETENCE – COMPOSITION DE LA JURIDICTION ................................ 151
C/- PROCEDURE A L’AUDIENCE ET VOIE DE RECOURS .................................. 152
SECTION 2 LA LEGISLATION SUR LES CHEQUES ..................................................... 152
§ 1 – EMISSION ET ACCEPTATION DE CHEQUE SANS PROVISION
- RETRAIT DE PROVISION ET DEFENSE DE PAYER ................................... 152

217
A/- ELEMENT LEGAL ................................................................................................ 152
B/- ELEMENT MATERIEL ......................................................................................... 152
1)- Emission d’un chèque .......................................................................................... 153
2)- Défaut ou insuffisance, retrait ou blocage de la provision ............................... 153
C/- ELEMENT MORAL ............................................................................................... 154
D/- EVENEMENT SANS INFLUENCE ...................................................................... 155
E/- POURSUITES ET PENALITES ............................................................................. 155
1)- Poursuites............................................................................................................. 155
2)- Sanctions .............................................................................................................. 155
3)- Action civile ........................................................................................................ 156
§ 2 – CHEQUE SANS DATE OU REVETU D’UNE FAUSSE DATE .......................... 156
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS ............................................................................... 156
B/- PENALITES ........................................................................................................... 156
§ 3 – CONTREFACON ET FALSIFICATION DE CHEQUE ........................................ 156
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS ............................................................................... 156
2)- Constitue un délit le fait : .................................................................................... 156
3)- La mauvaise foi est donc nécessaire. ................................................................... 157
B/- PENALITES ........................................................................................................... 157
§ 4 – INFRACTION A L’INTERDICTION D’EMISSION DE CHÈQUES
ORDINAIRES ........................................................................................................ 157
A/- ELEMENTS CONSTITUTIFS ............................................................................... 157
B/- PENALITES ........................................................................................................... 157
§ 5 – DELIT COMMIS PAR LE TITRE .......................................................................... 157
A/- Eléments constitutifs ............................................................................................... 157
B/- PENALITES ........................................................................................................... 158
§ 6 – QUID DES TRAVELLER’S CHEQUES ? ............................................................. 158
SECTION 3 LES INFRACTIONS EN MATIERE DE PRESSE ET D’INFORMATION .. 158
§ 1 – LA POLICE GENERALE DE LA PRESSE............................................................ 159
A/- L’IMPRIMERIE ..................................................................................................... 159
1)- Principe de la liberté ............................................................................................ 159
2)- Incriminations et sanctions .................................................................................. 159
B/- AFFICHAGE .......................................................................................................... 159
1)- Privilèges dont bénéficie l’affichage des actes officiels ...................................... 159
2)- Incriminations et sanctions .................................................................................. 160
C/- L’OBLIGATION DU DEPOT LEGAL.................................................................. 160
3)- Nombre d’exemplaires à déposer ........................................................................ 161
D/- LE COLPORTAGE ................................................................................................ 162
1)- Réglementation du colportage ............................................................................. 162
2)- Incriminations et sanctions .................................................................................. 162
E/- REGLES RELATIVES A LA PRESSE PERIODIQUE ......................................... 162
1)- Formalités à remplir ............................................................................................. 162
2)- Incrimination et sanctions .................................................................................... 165
§ 2 – LES INFRACTIONS COMMISES PAR LA VOIE DE LA PRESSE .................... 165
A/ LA NOTION DE « VOLS DE LA PRESSE »......................................................... 165
B/- DANS QUELS CAS LA PROVOCATION A COMMETTRE CERTAINES
INFRACTINS EST-ELLE INCRIMINEE ? ....................................................... 166
1)- Les conditions de droit commun de la provocation ne sot pas applicables ......... 166
2)- Régime particulier de répression de la provocation par la voie de la presse ....... 167
C/- ETUDE DE CERTAINS DELITS DE PRESSE CONTRE LA CHOSE PUBLIQUE .... 167
1)- Les agissements subversifs .................................................................................. 167

218
2)- Le manque de respect aux autorités ..................................................................... 168
3)- Les infractions constituées par des abus du droit d’information ......................... 169
D/- LES INFRACTIONS CONTRE LES PARTICULIERES ..................................... 172
1)- L’inobservation du droit de réponse .................................................................... 172
2)- L’injure et la diffamation contre les particuliers ................................................. 175
§ 3 – EXAMENS DES REGLES PARTICULIERES DE PROCEDURE ....................... 180
A/-LES PERSONNES RESPONSABLES ................................................................... 180
2)- A leur défaut, les auteurs ..................................................................................... 180
3)- A défaut des auteurs, les imprimeurs................................................................... 181
4)- A défaut des imprimeurs, les vendeurs, les distributeurs et afficheurs ............... 181
B/- LA PRESCRIPTION DES POURSUITES ............................................................. 181
C/- LA PROCEDURE ................................................................................................... 181
1)- Compétence ......................................................................................................... 181
2)- Mise en mouvement de l’action publique............................................................ 182
D/- MODES DE SAISINE DU TRIBUNAL ................................................................ 183
1)- Cas de la citation directe ...................................................................................... 183
2)- Cas de l’information préparatoire ........................................................................ 184
3)- Cas de l’information sommaire ........................................................................... 184
E/- REGLES CONCERNANT LA PREUVE DE LA VERITE DES FAITS
DIFFAMATOIRES ............................................................................................. 185
CORRUPTION ..................................................................................................................... 186
Généralités ......................................................................................................................... 186
SECT. 1re – Distinction des délits de corruption et des délits voisin. ............................... 186
Art. 1er – Délit de corruption ......................................................................................... 186
Art. 2 – Délit voisin ....................................................................................................... 186
SECT. 2 – Corruption passive de fonctionnaires et assimilés........................................... 187
Art. 1er – Eléments constitutifs du délit. ........................................................................ 187
§ 1er – Qualité de la personne corrompue. ................................................................. 187
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable. ........................................... 189
§ 3 – Accomplissement ou abstention d’un acte de la fonction. ............................... 190
§ 4 – Intention coupable. ........................................................................................... 191
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 191
§ 1 – Peines. .............................................................................................................. 191
§ 2 – Circonstances aggravantes. .............................................................................. 192
§ 3 – Tentative. .......................................................................................................... 192
§ 4 – Complicité. ....................................................................................................... 192
§ 5 – Prescription....................................................................................................... 192
§ 6 – Constatations et preuves. .................................................................................. 193
SECT. 3 –Corruption passive d’employés d’entreprises privées. ..................................... 193
Art. 1er – Eléments constitutifs du délit. ........................................................................ 193
§ 1er – Qualité de la personne corrompue. ................................................................. 193
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable. ........................................... 193
§ 3 – Accomplissement ou abstention d’un acte de l’emploi. ................................... 194
§ 4 – Intention coupable. ........................................................................................... 195
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 195
§ 1er – Peines. ............................................................................................................ 195
§ 2 – Circonstances aggravantes. .............................................................................. 195
§ 3 – Tentatives. ........................................................................................................ 195
§ 4 – Complicité. Prescription. Constatation et preuves. .......................................... 195
SECT. 4 – Trafic d’influence par des particuliers et par des fonctionnaires et assimilés. 195

219
Art. 1er – Qualité du coupable. ...................................................................................... 196
§ 1er – Qualité du coupable. ....................................................................................... 196
§ 2 – Existence d’un don ou d’une promesse préalable. ........................................... 196
§ 3 – Usage d’une influence pour obtenir de l’autorité publique la concession
d’un avantage. .................................................................................................. 196
§ 4 – Intention coupable. ........................................................................................... 197
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 197
§ 1er – Peines. ............................................................................................................ 197
§ 2 – Circonstances aggravantes. .............................................................................. 197
§ 3 – Tentative. Complicité. ...................................................................................... 197
§ 4 – Prescription. Constatations et preuves. ............................................................ 197
SECT. 5 – Para-corruption ou vénalité des employés et des fonctionnaires et assimilés. 197
Art. 1er – Eléments constitutifs. ..................................................................................... 198
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 199
§ 1er – Peines. ............................................................................................................ 199
§ 2 – Circonstance aggravante. ................................................................................. 199
§ 3 – Tentative. .......................................................................................................... 199
§ 4 – Complicité. Prescription. Constatation et preuves. .......................................... 199
SECT. 6 – Corruption active de fonctionnaires et assimilés. ............................................ 199
Art. 1er – Eléments constitutifs. ..................................................................................... 200
§ 1er – Usage, soit de voies de fait ou menaces, soit d’offres, promesses,
dons ou présents ou fait de céder à des sollicitations tendant à la corruption. 200
§ 2 – Qualité de la personne corrompue. ................................................................... 200
§ 3– But recherché. .................................................................................................... 200
§ 4– Intention coupable. ............................................................................................ 200
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 201
§ 1er – Peines. ............................................................................................................ 201
§ 2 – Circonstance aggravante. ................................................................................. 201
§ 3 – Tentative. Complicité. ...................................................................................... 201
§ 4 – Prescription. Constatation. Preuves. Renseignements pratiques. ..................... 201
SECT. 7 – Corruption active d’employés d’entreprises privées. ...................................... 201
Art. 1er – Eléments constitutifs. ..................................................................................... 202
Art. 2 – Mode de répression. ......................................................................................... 202
§ 1er – Peines. ............................................................................................................ 202
§ 2 – Circonstance aggravante. ................................................................................. 202
§ 3 – Tentative. Complicité. ...................................................................................... 202
§ 4– Prescription, constatations et preuves. .............................................................. 202
SECT. 8 – Régime spéciaux. ............................................................................................. 202
SECT. 9– Décisions des juges ou administrateurs prises par inimitié ou par faveur. ....... 203
Art. 1er – Eléments constitutifs. ..................................................................................... 203
Art. 2 – Peines. .............................................................................................................. 203

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