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SÉQUENCE 6: LES PERSONNES PENALEMENT

RESPONSABLES

Durée : en semaine (par défaut 1 semaine par séquence)

Objectifs spécifiques :

 Savoir distinguer auteur coauteur et complice


 Connaître les conditions de la complicité et le mécanisme de répression de la
complicité

Titre I - Chapitre 1 : Les personnes physiques responsables

Sommaire

Section 1 - L’auteur et le co-auteur

Section 2 - Le complice
§.1- Les conditions de la complicité
1) Un fait principal punissable
2) Un acte matériel de complicité
3) Une participation intentionnelle
§.2- La répression de la complicité
DEUXIEME SOUS-PARTIE – LA RESPONSABILITE PENALE

En principe, l’établissement de la culpabilité d’une personne pour des faits


constitutifs d’une infraction entraine des sanctions punitives (Titre I).
Cependant, la culpabilité n’entraine pas nécessairement une imputabilité, c'est-à-
dire l’aptitude à recevoir une peine. L’imputabilité suppose, outre le fait de
disposer de la capacité à discerner, le fait de disposer de son libre arbitre. Par
ailleurs, la responsabilité pénale suppose également l’absence de faits
justificatifs, c'est-à-dire l’absence de circonstances qui rendent légal un
comportement prévu et réprimé par la loi (Titre II).

Titre I – Les personnes pénalement responsables

Pour mettre en œuvre la responsabilité pénale d’une personne, il faudrait


commencer par l’identifier. Celle-ci peut être une personne physique (Chapitre
1) ou, dans les cas prévus par la loi, une personne morale (Chapitre 2).

Chapitre 1 : Les personnes physiques responsables

Lorsque plusieurs personnes interviennent à des degrés divers, et plus ou moins


directement dans la commission d’une infraction, il n’est pas toujours aisé de
déterminer quelles personnes peuvent être déclarées pénalement responsables
des infractions commises.

Cependant, un principe général est applicable dans toutes les situations : la


responsabilité individuelle/personnelle. L’article 45 du code pénal dispose que
« les complices d’un crime ou d’un délit seront punis de la même peine que les
auteurs même de ce crime ou de ce délit, sauf les cas où la loi en aurait disposé
autrement ».
On est responsable de son propre fait, soit en qualité d’auteur ou de co-auteur
(Section 1) soit en qualité de complice (section 2). L’on relève dans le cadre
d’une entreprise, la possibilité d’une existence de la responsabilité pénale du fait
d’autrui, c'est l’hypothèse du dirigeant qui doit répondre d’une infraction
commise par un préposé en raison d’une faute qui lui est imputable en sa qualité
de dirigeant, lorsqu’il ne justifie pas avoir délégué ses pouvoirs à un de ses
préposés. Cette hypothèse de responsabilité pénale du fait d’autrui apparaît en
réalité comme une variante de la responsabilité du fait personnel.

Section 1 - L’auteur et le co-auteur

L’auteur de l’infraction est celui qui commet personnellement les faits


incriminés, tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un
délit.

La personne qui a commis l’infraction doit être déclarée responsable. Ce


principe de la responsabilité personnelle doit être associé au principe de la
personnalité des peines.

Le coauteur est celui qui a commis ou tenté de commettre les mêmes éléments
matériels et intellectuels prévus par la loi que ceux commis par l’auteur.
Exemple : Un individu entre dans une maison, il est suivi d’un autre et à deux ils
se livrent à un vol.

La coaction peut entraîner une aggravation de la peine dans certains cas :


Exemple : infraction commise en réunion. Cette aggravation doit être
spécifiquement prévue par la loi pour chaque infraction, sinon le fait d’être en
groupe n’a aucune incidence sur la peine.
Dans une coaction, il est parfois difficile de déterminer qui a fait quoi.
Cependant, concernant les infractions intentionnelles, des violences collectives
par exemple, chacun des coauteurs sera tenu pour responsable de l’intégralité du
dommage.

Concernant les infractions non intentionnelles, les coauteurs sont tenus


responsables car chacun d’eux a commis une imprudence fautive. Exemple :
deux chasseurs qui tuent quelqu’un. On peut également citer le cas des
infractions imputables aux dirigeants et commises par un préposé. Le dirigeant
est également responsable au même titre que le préposé en ce sens qu’il a
commis une faute personnelle qui résulte de l’inobservation au sein de son
entreprise de règles de sécurité ou de prudence qu’il était chargé de faire
exécuter.
On distingue l’auteur matériel celui qui a commis ou tenté de commettre lui-
même les actes matériels, de l’auteur intellectuel ou auteur moral, celui qui fait
accomplir les actes matériels par un tiers. Même si l’auteur intellectuel
accomplit tout de même des actes positifs (exemple : ordres, instructions), il ne
commet pas l’acte qui constitue le corps de l’incrimination. Exemple : diriger ou
organiser un groupement ayant pour objet le trafic de stupéfiants. L’auteur
intellectuel est considéré comme un complice par instigation, par opposition au
complice par collaboration (Section 2).
Section 2 - Le complice
Contrairement à la coaction, le complice est une personne qui n’a pas commis
les éléments constitutifs de l’infraction tels que définis par la loi ou le règlement,
mais qui a toutefois participé, dans certaines conditions, à la commission d’une
infraction qualifiée de crime ou délit. La frontière entre coaction et complicité
est toutefois difficile à délimiter en raison des assimilations possibles entre les
deux notions et l’absence d’une définition légale de la notion de coaction.
En France, depuis l’arrêt Igneux du 9 juin 1948, la Cour de cassation affirme
que « le coauteur d’un crime aide nécessairement l’autre coupable dans les faits
qui consomment l’action et devient, par la force des choses légalement son
complice ».
C’est la théorie de la « complicité corespective » qui présentait deux avantages :
- l’emprunt de pénalité (complice puni comme l’auteur), mais ce n’est plus le
cas aujourd’hui (complice puni comme auteur donc plus d’emprunt des
circonstances aggravantes propres à l’auteur).
- le second intérêt demeure : pour les violences commises à plusieurs, lorsqu’on
ne sait pas qui a porté les coups, on peut avancer que tous les participants sont
complices les uns des autres, afin que chacun encoure la peine maximale.
Au Sénégal, le cadre de la complicité est défini à l’article 46 du code pénal qui
distingue la complicité par instigation (art. 46 al. 1 du CP) de la complicité par
collaboration (art. 46, al. 2 et al. 3 du CP). Ces deux formes de complicité ne
s’appliquent qu’aux crimes et délits. Elles ne s’appliquent pas aux
contraventions et elles supposent des conditions précises (§.1) dont la réunion
entraine des sanctions sur le fondement de l’article 45 du code pénal (§.2).
§1- Les conditions de la complicité
Selon l’article 46 du code pénal, « Seront punis comme complices d'une action
qualifiée crime ou délit ceux qui, par dons, promesses, menaces, abus d'autorité
ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables, auront provoqué à cette
action ou donné des instructions pour la commettre.
Ceux qui auront procuré des armes, des instruments, ou tout autre moyen qui
aura servi à l'action sachant qu'ils devraient y servir.
Ceux qui auront, avec connaissance, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs de
l'action, dans les faits qui l'auront préparée ou facilitée, ou dans ceux qui
l'auront consommée, sans préjudice des peines qui seront spécialement portées
par le présent Code contre les auteurs de complots ou de provocations
attentatoires à la sûreté de l'Etat, même dans le cas où le crime qui était l'objet
des conspirateurs ou des provocateurs n'aurait pas été commis ».
La complicité existe dés lors que sont réunies trois conditions : un fait principal
punissable (1°), un acte matériel de complicité (2°), une participation
intentionnelle (3°).
1) Un fait principal punissable
Le fait principal punissable est l’infraction réalisée par l’auteur matériel. Pour
que la complicité soit applicable, le fait principal punissable doit être un fait
grave de nature criminelle ou délictuelle.
NB : Au Sénégal, la complicité n’est pas prévue pour les contraventions
alors qu’en France la complicité est punissable en matière de contravention
uniquement en cas de provocation ou instruction.
Le fait principal peut être une infraction consommée ou tentée. Ainsi, pour qu’il
y ait complicité punissable, il faut qu’une infraction principale ait été commise
ou tentée.
On utilise souvent la métaphore de « l’emprunt de criminalité ». L’acte du
complice emprunterait en quelque sorte sa criminalité à l’infraction principale.
Si le fait principal doit être punissable, c’est tout simplement parce que le
complice participe à une infraction unique, la complicité étant l’accessoire de
l’action principale.
Par conséquent, le complice n’est pas punissable si l’infraction à laquelle il est
associé n’est plus punissable à la suite de l’abrogation de la loi, de l’amnistie ou
de la prescription. De même, l’infraction n’est pas punissable si le fait principal
est couvert par un fait justificatif ou n’est pas incriminé. Exemple : il est
impossible d’être complice d’un suicide.
Le fait de vouloir contribuer à la réalisation d’un crime ou d’un délit auquel
l’auteur renonce avant tout commencement d’exécution, pose la question de la
tentative de complicité, qui n’est pas non plus répréhensible sur le fondement de
l’article 46 du code pénal.
De manière générale, il faut retenir que la tentative de complicité n’est pas
punissable, contrairement à la complicité de tentative, c'est-à-dire une complicité
dont le fait principal est une infraction tentée, qui elle est toujours punissable.
Il conviendra de préciser que le caractère punissable de l’infraction est
indépendant du sort de l’auteur principal. En effet, il faut distinguer la
culpabilité de l’auteur de la culpabilité du complice. Le complice peut être
poursuivi alors même que l’auteur principal est acquitté ou relaxé pour un défaut
d’imputabilité, mais qui ne fait pas disparaître l’infraction. Exemple : un auteur
principal atteint de troubles mentaux au moment de l’infraction.
Au fait principal punissable, s’ajoute un acte matériel de complicité (2).
2) Un acte matériel de complicité
Le complice doit avoir participé à l’infraction suivant un mode légal de
complicité.
L’article 46 du code pénal distingue la complicité par instigation de la
complicité par collaboration.
- la complicité par instigation
Cette forme de complicité consiste à se comporter en auteur intellectuel de
l’infraction. Elle est prévue à l’alinéa 1 de l’article 46 du CP qui parle de ceux
qui « auront provoqué » ou « donné des instructions ». Ainsi, la complicité par
instigation peut prendre deux formes : la provocation ou la fourniture
d’instructions.
Concernant la provocation, l’article 46 du code pénal dit qu’elle doit avoir été
effectuée par dons (remise d’une somme d’argent), promesses (promesse de
rémunération), menaces, abus d’autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices
coupables. En matière d’abus d’autorité ou de pouvoir, il faut que le donneur
d’ordre dispose d’un réel pouvoir qui peut être légal ou moral
(employeur/employé, parents/enfant). Il ne s’agit pas d’une simple suggestion, la
provocation doit être suivie d’effets.
S’agissant de la fourniture d’instructions, ou fourniture de moyens intellectuels,
elle consiste à fournir des renseignements destinés à faciliter l’infraction. Les
renseignements doivent être suffisamment précis pour être nécessaires à la
commission de l’infraction. Exemple : adresse, heures de passage....
- La complicité par collaboration
Cette complicité est prévue aux alinéas 2 et 3 de l’article 46 du CP qui visent
successivement « ceux qui auront procuré des armes, des instruments, ou tout
autre moyen » et ceux qui auront « aidé ou assisté l’auteur ou les auteurs de
l’action ». La complicité par collaboration peut consister en un apport logistique
ou en un apport personnel. Cela permet de distinguer deux formes de
collaborations, la fourniture de moyens (al. 2) ou l’aide et l’assistance (al.3).
Toutes ces formes de complicité doivent résulter d’un acte matériel qui doit être
un acte positif (a), antérieur ou concomitant à l’infraction (b).
a)L’acte matériel de complicité doit être un acte positif. En principe, il n’y a
pas de complicité de la part de la personne qui s’abstient ou assiste passivement
à la commission d’une infraction.
Cependant il faut nuancer, on peut reprocher à l’auteur le délit de non-assistance
à personne en danger. Le législateur peut réprimer de manière autonome une
abstention ou une attitude passive. A défaut d’une prévision légale, la complicité
pour ce comportement n’est pas envisageable.
En outre l’abstention peut être punissable au titre de la complicité si elle révèle
une collusion punissable : lorsque l’auteur avait le pouvoir (légal ou contractuel)
de s’opposer effectivement à l’infraction, la volonté de laisser l’auteur principal
accomplir les actes délictueux, et la connaissance que les actes se commettent
actuellement ou vont se commettre prochainement. Exemple : la complicité par
abstention a ainsi pu être retenue en cas de présence dans un groupe
d’agresseurs qui peut constituer une aide morale (abstention participative).
b) L’acte matériel de complicité doit être un acte antérieur ou concomitant
à la commission de l’infraction. Cependant, si la complicité postérieure résulte
d’un « accord antérieur », elle demeure punissable.

3) Une participation intentionnelle


Dans tous les cas, la complicité n’est punissable que si le complice s’est associé
« avec connaissance » au fait principal, c'est-à-dire en sachant que ses actes ou
paroles serviraient à commettre une infraction.
L’élément intentionnel est aisé à relever dans certains cas mais pour la
complicité par aide ou assistance, il faudra montrer que le complice a agi
sciemment, c'est-à-dire qu’il avait la conscience et la volonté de s’associer au
fait principal. Il n’est pas nécessaire de démontrer un accord complet et direct
entre l’auteur et le complice. En conséquence, il est possible de se rendre
complice par l’intermédiaire d’un autre complice dès lors qu’on a conscience de
participer à l’infraction.
Il peut exister une discordance entre l’intention de l’auteur principal et celle du
complice. Si l’infraction réalisée est d’une autre nature que l’infraction projetée,
dans ce cas le complice n’est pas punissable. Si l’infraction réalisée est de même
nature que celle initialement prévue mais d’une gravité différente, ou si
l’infraction réalisée est de même nature que l’infraction projetée mais réalisée
d’une manière différente, dans ces cas le complice est punissable.
L’exigence d’une action du complice en connaissance de cause ne l’empêche
pas de devoir répondre des circonstances aggravantes qu’il ignorait.
§2- La répression de la complicité
Selon l’article 45 du code pénal, « les complices d'un crime ou d'un délit seront
punis de la même peine que les auteurs même de ce crime ou de ce délit, sauf les
cas où la loi en aurait disposé autrement. »
D’abord du point de vue de l’incrimination, on peut considérer que le sort du
complice est en partie lié à celui de l’auteur principal puisque le complice n’est
pas puni si la disparition de l’infraction principale est fondée sur une cause
objective d’irresponsabilité. Exemple : la légitime défense.
Cependant, le complice peut être puni même si l’auteur principal bénéficie d’une
cause subjective d’irresponsabilité. Exemple : la démence.
Ainsi, le complice est passible des peines principales et complémentaires
encourues pour l’infraction principale, comme s’il était lui-même auteur de cette
infraction. « L’emprunt de criminalité » ne signifie pas « un emprunt de
pénalité ».
Le complice doit être puni comme s’il était l’auteur de l’infraction mais sa peine
peut être largement différente de celle réellement infligée à l’auteur.
Le juge pénal est libre d’adapter la peine en fonction de la personnalité
criminelle et du rôle de chacun dans l’entreprise criminelle. Le complice pourra
donc être traité de manière plus ou moins favorable que l’auteur.
La mesure de la peine est relative au caractère accessoire de la complicité : le
complice supportera les circonstances aggravantes liées à la matérialité de
l’infraction (circonstances aggravantes dites réelles) car il a souhaité s’associer
à une infraction déterminée et il doit en subir toutes les conséquences même s’il
les a ignorées.
Pour les circonstances aggravantes mixtes, c'est-à-dire tenant à la fois à l’état
d’esprit de l’auteur principal et à la façon dont l’infraction a été réalisée, la
solution est plus discutée. Exemple : la préméditation. On admet que le complice
ait eu connaissance de la circonstance en question car il est puni « de la même
peine que les auteurs », donc comme s’il avait lui-même commis matériellement
le fait principal punissable.
SÉQUENCE 7: LES PERSONNES PENALEMENT
RESPONSABLES (SUITE)

Durée : en semaine (par défaut 1 semaine par séquence)


Objectifs spécifiques :

 Comprendre la notion de responsabilité des personnes morales


 Connaître les personnes morales responsables
 Connaître les conditions de la responsabilité des personnes morales

Titre II - Chapitre 2 : Les personnes morales responsables

Sommaire :
Section 1 - Le domaine de la responsabilité pénale des personnes morales
A) La détermination des personnes morales pénalement responsables
B) Le principe de spécialité
Section 2 - Les conditions de la responsabilité pénale des personnes
morales
A) Une infraction commise par un organe ou un représentant de la per-
sonne morale
B) Une infraction commise pour le compte de la personne morale
Section 3 – La mise en œuvre de la responsabilité pénale des personnes
morales
A) Le cumul de responsabilité entre les personnes physiques et les
personnes morales
B) Les peines applicables

Chapitre 2 - Les personnes morales responsables

La notion de personne morale est une fiction juridique. Sont considérés comme
une personne morale toute entité, tout groupement de personnes physiques doté
de la personnalité juridique. La différence entre personne physique et personne
morale est d’ordre matériel. On peut serrer la main du Maire de la Commune de
Dakar (personne physique) mais on ne peut pas serrer la main de la Commune
de Dakar, qui est une personne dont l’existence réelle est exclusivement
juridique.
La responsabilité civile des personnes morales existe depuis toujours, cependant
la responsabilité pénale des personnes morales est récente. Elle est délimitée
dans un cadre précis (Section 1) et sa mise œuvre (Section 3) obéit à des
conditions précises (Section 2).
Section 1 - Le domaine de la responsabilité pénale des personnes morales
L’article 431-62 du code pénal prévoit la responsabilité pénale des personnes
morales. Cette responsabilité pénale n’est pas générale. Elle est spécifique quant
aux personnes pénalement responsables (A) et quant aux infractions susceptibles
d’être commises (B).
A : La détermination des personnes morales pénalement responsables
Les personnes morales concernées sont les groupements qui sont dotés de la
personnalité juridique. Ce qui exclut par exemple les sociétés créées de fait et les
sociétés en participation.
Ensuite on distingue les personnes morales de droit privé et les personnes
morales de droit public.
- S’agissant des personnes morales de droit privé : elles sont susceptibles de
voir leur responsabilité pénale engagée dès lors qu’elles ont la personnali-
té juridique. Pour une société, il faut qu’elle ait fait l’objet d’une immatri-
culation. Les personnes morales visées peuvent être des personnes mo-
rales à but lucratif ou non lucratif. Les associations ne sont pénalement
responsables que si elles sont déclarées.
- S’agissant des personnes morales de droit public, leur responsabilité pé-
nale n’est pas envisagée par le législateur sénégalais. L’article 431-62 ali-
néa 1 du code pénal prévoit clairement cette irresponsabilité pénale des
personnes morales de droit public.
A : Le principe de spécialité
La responsabilité pénale de la personne morale doit avoir été expressément
prévue par le texte qui définit et réprime l’infraction.
Pour chaque infraction, il faut vérifier si un article prévoit la responsabilité
pénale des personnes morales ou non. C’est ce qu’on appelle le principe de
spécialité.
Ainsi, la loi a consacré le principe de la responsabilité pénale des personnes
morales en matière de cybercriminalité, de financement du terrorisme, ou encore
en matière de blanchiment d’argent.
Section 2 - Les conditions de la responsabilité pénale des personnes morales
La responsabilité pénale des personnes morales est une responsabilité par
ricochet en ce sens qu’elle suppose une infraction commise pour son compte (B)
par un organe ou un représentant (A). Ainsi, on considère que « la responsabilité
de la personne morale se fonde sur un emprunt de criminalité fait à la personne
physique » (Pradel).
A : Une infraction commise par un organe ou un représentant de la per-
sonne morale
L’infraction doit être réalisée par un individu, une personne physique. L’organe
désigne une formation collégiale (Assemblée générale, Conseil
d'administration).
Le représentant désigne les personnes physiques qui ont compétence pour
engager la personne morale. Ce sont des individus déterminés qui peuvent se
confondre avec les organes de la personne morale comme le gérant, le directeur
général, etc.
Sont donc a priori exclus les salariés et les préposés sauf en cas de délégation de
pouvoir de la part des organes de la personne morale.
A : Une infraction commise pour le compte de la personne morale
La mise en cause de la personne morale est exclue, si l’organe ou le représentant
a agi pour son propre compte ou pour le compte d’un tiers (distinct de la
personne morale) ou contre l’intérêt de la personne morale.
La mise en cause de la personne morale suppose que son organe ou son
représentant ait agi de telle façon que la personne morale ait retiré ou aurait dû
retirer un avantage de la commission de l’infraction. Il peut s’agir d’un bénéfice
matériel, moral, actuel, éventuel, direct, indirect.
De même, dans l’expression « pour le compte de », il y a également les
hypothèses dans lesquelles l’organe ou le représentant agit au nom de la
personne morale sans forcément rechercher un quelconque bénéfice pour elle.
Enfin la responsabilité de la personne morale suppose que la personne morale
existe toujours.
Section 3 – La mise en œuvre de la responsabilité pénale des personnes
morales
Il peut exister un cumul de responsabilité de la personne morale et de personnes
physiques pour les mêmes faits (A). Cependant, les sanctions applicables seront
nécessairement différentes (B).
A : Le cumul de responsabilité entre les personnes physiques et les
personnes morales
L’alinéa 2 de l’article 431-62 du code pénal dispose que « la responsabilité
pénale des personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques
auteurs ou complices des mêmes faits ». Il ne faut pas que la responsabilité
pénale des personnes morales empêche l’engagement de la responsabilité pénale
des personnes physiques. Les deux responsabilités pénales coexistent donc, on
peut parler de cumul de responsabilités.
La personne morale et la personne physique peuvent donc être poursuivies pour
une même infraction.
A : Les peines applicables
Deux types de sanction: les peines classiques adaptées aux personnes morales et
les peines spécifiques aux personnes morales.
- les peines classiques adaptées aux personnes morales : la première est
l’amende. Le taux de l’amende applicable aux personnes morales peut at-
teindre le quintuple de celui prévu pour les personnes physiques pour le
même délit. Exemple : en matière d’infraction de financement du terrorisme.
- les peines spécifiques aux personnes morales : Exemple: l’article 38 de la loi
sur la lutte contre le financement du terrorisme prévoit:
- « l’exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée détermi-
née;
- la confiscation du bien qui a servi ou était destiné à commettre l’infraction
ou du bien qui en est le produit;
 le placement sous surveillance judiciaire pour une durée de cinq ans au plus;
 l’interdiction, à titre définitif ou pour une durée déterminée d’exercer directe-
ment ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales à l’
occasion de laquelle l’infraction a été commise ;
 la fermeture définitive ou pour une durée déterminée des établissements ou de
l’un des établissements de l’entreprise ayant servi à commettre les faits incrimi-
nés ;
 la dissolution, lorsqu’ elles ont été créées pour commettre les faits incriminés;
 l’affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci par la presse
écrite ou par tout moyen de communication audiovisuelle, aux frais de la per-
sonne morale condamnée.

SÉQUENCE 8 : LES CAUSES D’IRRESPONSABILITE OU


D’ATTENUATION DE LA RESPONSABILITE PENALE

Durée : en semaine (par défaut 1 semaine par séquence)

Objectifs spécifiques :

 Comprendre ce qu’est une cause subjective d’irresponsabilité pénale


 Identifier les différentes causes subjectives d’irresponsabilité pénale et leurs
conditions

Titre II - Chapitre 1 Les Causes subjectives d’irresponsabilité pénale

Sommaire :

Section 1 – La démence
Section 2 – La contrainte
§1.- La contrainte physique.
A) La contrainte physique externe.
B) La contrainte physique interne.
§2.- La contrainte morale.
A) La contrainte morale externe.
B) La contrainte morale interne.
Section 3 - L’erreur

Section 4 - La minorité
Titre 2 - Les causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité
pénale

On distingue les causes objectives de non-responsabilité, encore dites faits


justificatifs (Chapitre 2) et les causes subjectives de non-responsabilité dites
causes de non-imputabilité (Chapitre 1).

Chapitre 1 – Les causes subjectives de non-responsabilité ou


d’atténuation de la responsabilité
Les causes subjectives d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité
pénale sont relatives à l’aptitude de la personne pénalement responsable à
recevoir une peine en raison de l’absence ou de la faiblesse de l’intention
coupable. Dans ces hypothèses les actes matériels d’infractions commises par
l’auteur ne lui sont pas imputables. Les causes de non imputabilité concernent la
démence (Section 1), la contrainte (Section 2), l’erreur (Section 3), et la minorité
pénale (Section 4).
Section 1 – La démence
Selon l’article 50 du code pénal, « il n'y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu
était en état de démence au temps de l'action (…)».
Bien que la personne ait commis une infraction, elle ne sera pas responsable
pénalement car elle est considérée comme démente, or, la responsabilité pénale
suppose la capacité à discerner. La démence supprime le libre arbitre en
abolissant la faculté de discernement et la conscience.
Il résulte de la lecture de cet article deux conditions : d’abord une démence,
ensuite une démence qui doit exister au moment de la commission de
l’infraction.
1. La démence désigne toutes les formes de l’aliénation mentale qui enlèvent
à l’individu le contrôle de ses actes au moment même où il les a commis. Il im-
porte donc peu que ce trouble soit continu ou intermittent. A partir du moment
où l’acte a été commis sous l’influence de ce trouble, alors la personne est irres-
ponsable.
Il n’existe pas de présomption d’irresponsabilité, de présomption de trouble
mental. C’est au juge répressif de l’apprécier.
En pratique, le juge fait appel à des experts (psychiatres…) mais il n’est pas lié
par l’avis de ces derniers.
2. la personne doit être atteinte du trouble au moment des faits, ni antérieure-
ment, ni postérieurement.
Lorsque les 2 conditions sont réunies, la personne est pénalement irresponsable.
Dans ce cas, il y a une décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement.
Section 2 - La contrainte
La contrainte est également prévue à l’article 50 du code pénal qui dispose : « il
n'y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu (…) a été contraint par une force à
laquelle il n'a pu résister. »
La contrainte, oblige l’auteur de l’infraction à adopter un comportement qui est
différent de celui qu’il aurait voulu. L’acte délictueux a donc été accompli sans
que l’auteur ait pu avoir un autre comportement. La contrainte fait disparaître la
volonté de l’auteur. Elle pourrait être assimilée à la force majeure.
La contrainte supprime la responsabilité, à la fois la responsabilité pénale et la
responsabilité civile. La contrainte est une cause de non imputabilité, qui opère «
in personam » c'est-à-dire qu’elle supprime seulement la responsabilité pénale
de la personne contrainte mais n’a pas d’influence sur l’infraction elle-même qui
demeure objectivement punissable.
Le complice d’une personne contrainte demeure punissable. La contrainte peut
être physique ou morale.

§1.- La contrainte physique.


Elle s’exerce indirectement sur la volonté de la personne en ne produisant un
effet que sur le corps de la personne. Elle résulte d’une force qu’il est impossible
de maîtriser et qui impose un comportement délictueux.
A) La contrainte physique externe.
Cette force est extérieure à la personne de l’auteur de l’infraction. Il peut s’agir
des forces de la nature. Exemple : La contrainte peut être retenue à l’égard du
propriétaire d’un mur qui s’est effondré à cause de pluies torrentielles.
La contrainte peut être du fait d’un tiers : Exemple : une personne déshabillée de
force par des tiers ne sera pas responsable d’exhibition sexuelle.
Elle peut résulter enfin de l’autorité publique ou du fait du prince. Exemple :
sous réserve qu’aucune faute ne lui soit imputable un militaire n’ayant pas pu
rejoindre sa caserne pourra être déclaré irresponsable de l’infraction de désertion
s’il a été placé en garde à vue.
B) La contrainte physique interne.
La force peut être interne. C’est l’état physique de la personne qui empêche
d’adopter un comportement normal. Exemple : la maladie.
§2.- La contrainte morale.
Elle s’exerce directement sur la volonté de la personne, en l’obligeant à
commettre l’infraction. Elle n’est admise comme cause d’irresponsabilité que
lorsqu’elle est externe à l’auteur de l’infraction. L’explication tient au fait que la
contrainte morale n’est jamais complètement absolue. L’individu pourrait
toujours résister et refuser de commettre l’infraction.
A) La contrainte morale externe.
Il s’agit d’une pression extérieure qui pèse sur la volonté de la personne. Un
individu agit sous la menace d’un tiers. Il s’agit en particulier des menaces de
mort dirigées contre l’auteur des faits ou contre ses proches ou contre des tiers
(des otages par exemple).

La contrainte n’est admissible qu’en fonction du degré de la gravité de la


menace. Les menaces doivent être suffisamment pressantes pour supprimer la
liberté d’esprit de l’intéressé. Pour être exonératoire la menace doit supprimer
toute liberté de choix.
B) La contrainte morale interne.
Il s’agit de certains sentiments, qui peuvent expliquer le comportement sans
pour autant entrainer l’irresponsabilité. Exemple : les convictions politiques,
religieuses, philosophiques, la passion.
La contrainte morale interne n’est pas considérée comme une cause
d’irresponsabilité pénale sauf lorsqu’elle peut être assimilée à la démence En
effet la position de la jurisprudence est de considérer qu’une personne qui agit
en raison de ses convictions n’est pas privée de son libre arbitre mais qu’au
contraire, son infraction est le fruit d’un choix délibéré.
Cependant les juges peuvent accorder des circonstances atténuantes à l’auteur
d’un crime passionnel. Les juges peuvent également retenir l’excuse de
provocation telle qu’elle est prévue à l’article 309 du code pénal.
La contrainte doit être imprévisible et irrésistible. L’auteur doit avoir été dans
l’impossibilité absolue de résister à la force. Il n’a pas pu adopter un autre
comportement que celui qui l’a amené à commettre l’infraction. La contrainte
est appréciée in abstracto sans tenir compte de la personne en cause. La
condition d’imprévisibilité n’est pas prévue par la loi mais est exigée par la
jurisprudence.
L’auteur ne doit pas avoir commis une faute. Par conséquent, si une faute
antérieure a été commise et qu’elle est à l’origine de la contrainte, celle-ci
empêche l’auteur de se prévaloir de l’irresponsabilité pénale.
Section 3 - L’erreur
Le code pénal du Sénégal ne mentionne pas l’erreur comme une cause
d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité. Il ne faut pas confondre
l’erreur de droit avec l’erreur de fait. L’erreur de fait est admise en droit positif.
Cette dernière ne porte que sur l’une des circonstances de l’infraction (condition
préalable ou un des éléments constitutifs de l’infraction) et peut dans certaines
conditions, soit transformer un crime en simple délit soit faire disparaître
totalement l’infraction et donc la responsabilité pénale.
L’erreur de fait peut transformer un crime en délit. Exemple : Lors d’une partie
de chasse, un chasseur pense tirer sur un gibier alors qu’en réalité il a tiré sur un
autre chasseur qui meurt immédiatement. Si la thèse de l’erreur de fait est
acceptée, il ne pourra pas être poursuivie pour le crime de meurtre. Cependant, il
sera poursuivi et condamné pour le délit d’homicide involontaire, une infraction
non-intentionnelle.
L’erreur de fait peut faire disparaître une infraction. Elle doit porter sur un
élément déterminant d’une infraction intentionnelle. Exemple : A la gare
routière, un passager pressé de prendre son taxi et de rejoindre sa famille
confond sa valise noire avec une autre valise également noire d’un autre
voyageur. Arrivé à son domicile, il se rend compte de son erreur et revient sur
ses pas alors que la police venait d’enregistrer la plainte de la victime pour vol.
Cette infraction ne sera pas retenue contre lui en raison de l’absence d’une
intention coupable.
Lorsque l’erreur porte sur un élément subsidiaire d’une infraction non
intentionnelle, l’infraction subsiste. Exemple : Erreur sur la personne. Tuer A
alors que l’on visait B. Il s’agit d’une erreur de fait inopérante.
En France, le code pénal de 1994 a prévu l’erreur de droit à l’article 122-3 du
code. Il s’agit d’une exception à l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ». Des
conditions de recevabilité sont requises : l’erreur de droit doit être inévitable et
invincible en ce sens qu’elle suppose une information erronée de l’autorité
administrative ou de l’administration, ou elle suppose un défaut de publicité du
texte litigieux.
Section 4 - La minorité
La minorité est, selon les circonstances, une cause d’irresponsabilité pénale, ou
seulement une cause d’atténuation de la responsabilité pénale.
La minorité est une cause d’irresponsabilité pénale lorsque le mineur ne dispose
pas de la capacité à discerner. L’âge minimum requis pour être supposé capable
à discerner n’est pas prévu par la loi. Mais, en principe l’infans, voire un mineur
de 7 ans est concerné par cette cause subjective d’irresponsabilité pénale. Le
code pénal ne prévoit de sanctions pénales qu’à partir de 13 ans. Cependant,
entre 7 ans et 13 ans, le mineur ne pourra faire l’objet que de « mesures de
protections, d’assistance, de surveillance et d’éducation qui semblent
appropriées » (Art. 567 du CPP).
La minorité est une cause d’atténuation de la peine. L’article 52 du code pénal
dispose que, « si, en raison des circonstances et de la personnalité du
délinquant, il est décidé qu'un mineur âgé de plus de treize ans doit faire l'objet
d'une condamnation pénale, les peines seront prononcées ainsi qu'il suit:
S'il a encouru la peine de mort, des travaux forcés à perpétuité, il sera
condamné à une peine de dix à vingt ans d'emprisonnement.
S'il a encouru la peine des travaux forcés à temps de dix à vingt ans ou de cinq
à dix ans, de la détention criminelle de dix à vingt ans ou de cinq à dix ans, il
sera condamné à l'emprisonnement pour un temps égal à la moitié au plus de
celui pour lequel il aurait pu être condamné à l'une de ces peines.
S'il a encouru la peine de la dégradation civique il sera condamné à
l'emprisonnement pour deux ans au plus ».
L’article 53 dispose quant à lui que : « Si l'infraction commise par un mineur
âgé de plus de treize ans est un délit ou une contravention, la peine qui pourra
être prononcée contre lui dans les conditions de l'article 52 ne pourra, sous la
même réserve, s'élever au-dessus de la moitié de celle à laquelle il aurait été
condamné s'il avait eu dix-huit ans ».
Ainsi, lorsqu’ils sont jugés coupables, les mineurs sont condamnés à une peine
moins lourde que celle des majeurs.
SÉQUENCE 9 : LES CAUSES D’IRRESPONSABILITE OU
D’ATTENUATION DE LA RESPONSABILITE PENALE (SUITE)

Durée : en semaine (par défaut 1 semaine par séquence)

Objectifs spécifiques :

 Comprendre ce qu’est une cause objective d’irresponsabilité pénale


 Savoir distinguer les causes subjectives d’irresponsabilité pénale des causes
objectives d’irresponsabilité pénale
 Identifier les différentes causes objectives d’irresponsabilité pénale et leurs
conditions

Titre II - Chapitre 1 Les Causes objectives d’irresponsabilité pénale

Sommaire
Section 1 - L’ordre ou l’autorisation de la loi, ou le commandement de
l’autorité légitime
§1- L’ordre de la loi
A) L’injonction de la loi
B) L’autorisation de la loi
§2.- Le commandement de l’autorité légitime
A) La légitimité de l’autorité
B) L’illégalité de l’ordre
Section 2 - La légitime défense
§.1.-Les conditions de la légitime défense
A) L’agression
B) La défense
§2.- La preuve de la légitime défense
Section 3 - L’état de nécessité
Section 4 – Le consentement de la victime

Chapitre 2 : les causes objectives d’irresponsabilité pénale

Ce sont les faits justificatifs qui font disparaître, sous certaines conditions,
l’élément légal de l’infraction. Il s’agit de l’ordre ou de l’autorisation de la loi, le
commandement de l’autorité légitime (Section 1), la légitime défense (Section
2), l’état de nécessité (Section 3), l’autorisation de la victime (Section 4).
Section 1 - L’ordre ou l’autorisation de la loi, ou le commandement de
l’autorité légitime

Selon l’article 315 du code pénal, « il n'y a ni crime ni délit, lorsque l'homicide
les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par
l'autorité légitime. »
§1- L’ordre de la loi
De façon exceptionnelle, la loi comme le règlement peuvent contenir des
exceptions aux textes d’incriminations. L’acte qui est permis par la loi ou le
règlement va faire perdre le caractère infractionnel d’un comportement.
Ces exceptions peuvent se présenter sous deux formes :
- Le texte oblige son destinataire à effectuer un acte entrant dans le champ
d’application d’une incrimination
- Le texte permet à son destinataire d’effectuer cet acte.
Qu’il soit permis ou imposé, l’acte perd son caractère d’infraction. On dit qu’il
est justifié.
A) L’injonction de la loi
La loi va prévoir une exception à l’incrimination. C’est un ordre de la loi et cet
ordre de la loi peut viser plusieurs catégories de personnes. Tout d’abord il peut
s’adresser aux agents de l’autorité publique qui agissent dans le cadre de leur
fonction. Exemple : un officier de police judicaire place une personne en garde à
vue, un juge place un individu en détention provisoire, on ne peut reprocher aux
agents publics une séquestration arbitraire.
Le fait justificatif n’existe que si les conditions imposées par la loi pour
l’exercice de ce pouvoir sont bien respectées. Exemple : les heures légales de
perquisition.
L’ordre de la loi peut aussi s’adresser à de simples particuliers en leur imposant
d’intervenir y compris en commettant une infraction. Exemple : l’obligation de
porter secours à une personne en danger, au besoin en commettant une
infraction. Exemple : Pour secourir une personne en danger on pourrait pénétrer
dans une habitation pour chercher de l’aide sans qu’il y ait de violation de
domicile.
Cependant l’ordre de la loi ne produit un effet exonératoire que si les
agissements de la personne n’ont pas dépassé ceux qui étaient nécessaires pour
répondre aux exigences de la loi.
B) L’autorisation de la loi
La loi peut permettre à une personne d’effectuer un acte qui a la nature d’une
infraction mais qui ne sera pas considéré comme une infraction. Cette
permission s’est largement développée dans les textes.
En guise d’exemple, tout particulier peut appréhender l’auteur d’un crime
flagrant ou d’un délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement pour le
conduire auprès du commissariat le plus proche.
Dans ce cas, la personne ne sera pas l’auteur d’une arrestation illégale.
Appréhender le malfaiteur est considéré comme une mesure de police provisoire
pour placer le délinquant entre les mains de la justice. L’usage de la force peut
être nécessaire, mais il devra être proportionné aux conditions de l’arrestation.
Autre hypothèse, la violation du secret professionnel. Le médecin qui, avec
l’accord de la victime, porte à la connaissance du procureur de la république, les
sévices ou privations qu’il a constatés dans l’exercice de sa profession et qui
permettent de préciser que des violences physiques ou psychiques de toute
nature ont été commises.
En matière de lutte contre le blanchiment d’argent, l’obligation de déclarer les
opérations litigieuses.
§2.- Le commandement de l’autorité légitime
L’autorité légitime : toute autorité publique, civile ou militaire à condition
qu’elle soit légitime.
Il y aura donc irresponsabilité pénale lorsque l’ordre de l’autorité légitime est en
apparence légal, mais pas lorsque l’ordre est manifestement illégal.
A) La légitimité de l’autorité
La loi vise une autorité publique, qu’elle soit administrative, judiciaire ou
militaire. En revanche, l’exécution d’un ordre émanant d’une autorité privée
n’est pas une cause d’irresponsabilité même s’il existe un véritable lien de
subordination.
B) L’illégalité de l’ordre
C’est la question de l’influence de l’exécution d’un ordre illégal sur la
responsabilité pénale de son auteur.
Pour répondre à cette question plusieurs systèmes ont été proposés :
- La solution de l’obéissance passive ou aveugle n’a jamais été considérée
comme une solution satisfaisante. On considère qu’un tel système autorise tous
les abus.
- La théorie de l’obéissance raisonnée a été proposée => « théorie des
bâillonnettes intelligentes ». Cette théorie considère que l’auteur d’une
infraction commise en exécution d’un ordre illégal reste pénalement
responsable. Selon cette théorie le subordonné doit s’assurer de la légalité de
l’ordre avant de l’exécuter. Le problème de ce système est qu’il empêche tout
commandement efficace. La solution va dépendre de la conscience plus ou
moins grande du caractère illégal de l’acte.
Finalement c’est une théorie intermédiaire entre ces deux solutions qui a été
adoptée. Le subordonné doit refuser d’exécuter l’ordre manifestement illégal. Le
système se distingue sur le caractère manifestement illégal ou non. Par
conséquent, l’exécution d’un ordre illégal sera justifiée si cette illégalité n’est
pas manifeste. Exemple : l’exécutant met en œuvre une garde à vue qui est
apparemment régulière.
Section 2 - La légitime défense
La légitime défense est prévue par les articles 316 et 317 du code pénal.
Article 316 du code pénal: « Il n'y a ni crime ni délit, lorsque l'homicide, les
blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime
défense de soi-même ou d'autrui ».
Article 317 du code pénal: « Sont compris dans les cas de nécessité actuelle de
défense, les deux cas suivants:
1° Si l'homicide a été commis, si les blessures ont été faites, ou si les coups ont
été portés en repoussant, pendant la nuit, l'escalade ou l'effraction des clôtures,
murs ou entrée d'une maison ou d'un appartement habité ou de leurs
dépendances;
2° Si le fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vols ou de pillages
exécutés avec violence. »
Ces deux textes posent, d’une part, les conditions de la légitime défense (§1) et
d’autre part, une présomption simple de légitime défense (§2).
§1.-Les conditions de la légitime défense
Les conditions de la légitime défense sont relatives à l’agression (A) et la
défense (B).
A) L’agression
L’agression doit être dirigée contre une personne (soi-même ou autrui) ou contre
les biens.
L’agression doit être actuelle (l’article 317 parle de « nécessité actuelle »), on
parle d’un mal imminent. Donc il ne s’agit pas d’une attaque déjà passée ou
d’une menace sur un mal futur.
L’agression doit être réelle, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas exister uniquement
dans l’imagination de l’agent, on parle d’un mal imminent objectivement
vraisemblable.
Il n’est cependant pas nécessaire que le péril soit un péril de mort.
L’agression doit être injuste, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être fondée en droit,
autorisée ou ordonnée par la loi.
B) La défense
- La défense doit être nécessaire pour la légitime défense des personnes et
strictement nécessaire pour la légitime défense des biens. Autrement dit, l’acte
accompli doit constituer le seul moyen de se défendre contre l’agression.
L’appréciation de la nécessité est donc spécialement précise en ce qui concerne
la légitime défense des biens.
- La défense doit être concomitante à l’attaque : caractère actuel de la défense
(différent de vengeance car on ne peut se faire justice soi-même). L'article 316
exige que la défense soit accomplie dans le même temps que l'atteinte. Si la
défense a lieu après l'attaque, il ne s'agit plus d'une défense, mais d'une
vengeance. La défense ne peut intervenir avant une atteinte éventuelle, dans le
but de la prévenir. Exemple : la victime des menaces n'a pas le droit de se
protéger de façon préventive en allant frapper l'auteur de menaces.
- La défense doit être mesurée, c’est à dire proportionnée à la gravité de l’attaque.
Le mal infligé à l’agresseur ne doit pas être sans proportion avec le mal auquel
on était exposé et qu’on a voulu éviter. Ainsi, pour la légitime défense des biens,
la proportionnalité doit être particulièrement appréciée. Si la défense est
démesurée par rapport à l’attaque alors il y a excès de légitime défense et donc
pas de fait justificatif.
§2.- La preuve de la légitime défense
Il revient à la personne qui invoque la légitime défense de la prouver, autant en
ce qui concerne l’acte d’agression qu’en ce qui concerne l’acte de défense.
Cependant, l’article 317 pose des présomptions de légitime défense (appelées
cas privilégiés de légitime défense). Il s’agit néanmoins de présomptions
simples, donc on peut rapporter la preuve contraire (contrairement aux
présomptions irréfragables) :
- pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un
lieu habité (1°)
- pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec
violence (2°).
Lorsque la légitime défense est retenue, il y a irresponsabilité pénale et civile.
Section 3 - L’état de nécessité
L'état de nécessité représente la situation dans laquelle une personne commet
volontairement une infraction afin d'éviter, pour elle-même ou pour autrui, un
péril actuel imminent. Il s’agit d’un fait justificatif d’origine prétorienne.
En droit sénégalais, il n’existe pas de disposition générale expresse sur l’état de
nécessité. Cependant, la responsabilité pénale de l’auteur d’un délit nécessaire
est exclue par le biais d’une interprétation analogique favorable des articles 316
et 317 relatifs à la légitime défense.
L’état de nécessité obéit à des conditions :
- Le danger : c’est une question de fait appréciée souverainement par les
juges du fond.
 le danger doit être actuel, imminent
 le danger concerne l’auteur, autrui ou des biens
 le danger doit être présent et certain, en d’autres termes une simple crainte
ne suffit pas.
- L’absence de faute antérieure de l’agent : l’agent ne doit pas être respon-
sable de la situation dont découle l’état de nécessité.
- La nécessité de l’acte : l’acte effectué face au danger imminent doit être
nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, il doit être l’unique moyen
d’éviter le danger.
- Proportionnalité de l’acte : il faut une proportionnalité entre les moyens
employés et la gravité de la menace.
Section 4 – Le consentement de la victime
Le consentement de la victime est un fait justificatif qui n’est pas autonome et il
suppose une autorisation préalable de la loi.
On rencontre ce fait justificatif en matière de médecine et de sport. En effet,
pour soigner un patient, un médecin peut effectuer des actes qui, lorsqu’ils sont
sortis de ce contexte, seraient des infractions punissables. Exemple : un acte de
chirurgie médicale. Au delà du consentement de la victime, le médecin est
épargné de poursuites en raison des règles qui gouvernent sa profession.
Autre exemple : les coups violents reçus par un boxeur lors d’un match de
boxe. A coté du consentement du boxeur qui accepte de se livrer à un combat, il
faut relever aussi les règles qui entourent la pratique de ce sport et qui rendent
légales les violences légitimes administrées lors d’échanges de coups.
Il importe de relever que le consentement de la victime n’autorise pas une
atteinte à la vie. Le consentement de la victime n’autorise pas l’euthanasie, ni le
duel jusqu’à la mort dans un combat. L’infraction serait retenue contre l’auteur
malgré le consentement de la victime.

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