Vous êtes sur la page 1sur 13

L’auteur et le complice

Master Sciences juridiques – S1

Réalisé par :

AOUAD Lina – BOULAADAS Zineb – EL AOUFIR Hiba –

EL AROUSSI Hiba

Encadré par :

Professeur LFERKLI Aida

Année Universitaire :

2023/2024

1
Sommaire :

Introduction générale :........................................................................................................................ 4


Chapitre 1 : L’auteur et le complice ; équité de la sanction judiciaire : .............................................. 5
Section 1 : La théorie de l’emprunt : ............................................................................................... 5
Section 2 : L’individualisation de la peine, principe universel :....................................................... 7
Chapitre 2 : Divergences jurisprudentielles en matière de complicité en droit marocain : ............... 9
Section 1 : Une théorie relative et non absolue : ........................................................................... 9
Section 2 : Un Cas exceptionnel de complicité en droit marocain : .............................................. 11

2
« L’auteur et le complice d’une infraction vont être cousus dans le
même sac »
Doyen Carbonnier

3
Introduction générale :

En règle générale, la responsabilité pénale s'attache à toute personne physique qui se rend coupable
d'un acte antisocial sanctionné par la législation en vigueur. Cette responsabilité peut découler de son
statut en tant qu'auteur unique, ce qui signifie qu'il a agi en solitaire dans l'exécution de l'infraction, ou
bien en qualité de partie prenante directe de l'acte criminel. Il convient de souligner que la notion
d'auteur peut revêtir une dimension individuelle lorsque l'infraction est le fait d'une personne agissant
isolément, ou collectivement, englobant ainsi plusieurs individus contribuant à la commission de
l'infraction.

Le complice ne s'associe à la préparation ou à l'exécution de l'entreprise criminelle que d'une façon


indirecte ou accessoire notamment en donnant des instructions, en dispensant une assistance, en
fournissant des moyens... (Art 129 CP).

Cependant, Il existe, au niveau doctrinal, deux conceptions antagonistes de la complicité:


Certains positivistes et auteurs contemporains pensent que le complice doit être puni en fonction de sa
propre criminalité, sans référence à l'auteur principal de l'infraction ; c’est la théorie de la criminalité
d’emprunt D'autres pénalistes voient que le complice doit être puni par référence à la criminalité de
l'auteur principal. Sa peine doit être semblable à celle prévue vis-à-vis de l'auteur principal de l'acte
incriminé.

Pour que soit établie une complicité, il faut absolument la réunion de trois éléments essentiels, d’abord
l'élément légal (l'incrimination du fait principal), si le fait commis par l'auteur principal n'est pas
incriminé par la loi pénale, celui qui en est le complice n'est pas puni. Chaque fois que la tentative
d'infraction (le fait principal) est punissable, le complice dans cette tentative est, pour sa part, passible
de poursuite. En revanche, la simple tentative de complicité n'est pas punissable car la loi pénale,
d'interprétation restrictive, ne réprime que la complicité et non la tentative de complicité. Ensuite,
l'élément matériel (l'acte de complicité) qui doit être positif et enfin, l’élément moral (l'intention
coupable).

Pour que la personne soit déclarée complice et qu'elle encourt les peines prévues à cet égard par la loi,
elle doit avoir contribué à la commission de l'acte délictueux en toute connaissance de cause.
En droit pénal, la distinction entre l'auteur et le complice revêt une importance fondamentale dans la
détermination des responsabilités criminelles, mais également en ce qui concerne la sphère des peines
et sanctions.
Les sanctions imposées à l'auteur et au complice d'une infraction peuvent varier en fonction de la
nature de l'infraction et des circonstances entourant leur participation respective. Généralement, les
sanctions visent à refléter le degré de la culpabilité individuelle et la gravité de l'infraction commise ,
c’est pour cette raison que le juge a recours à l’individualisation de la peine pour assurer un maximum
d’équité judiciaire.

Comment l'interaction entre l’auteur et le complice modifie-t-elle les mécanismes de sanctions


dans le cadre de poursuites pénales?

L’enjeu de cette étude est double, d’une part assurer l'équité de la sanction judiciaire pour l’auteur et le
complice, et d’autre part explorer les divergences jurisprudentielles en matière de complicité en Droit
Marocain.

4
Chapitre 1 : L’auteur et le complice ; équité de la sanction judiciaire :

Section 1 : La théorie de l’emprunt :

En principe et d’après l’article 132 du Code pénal marocain, toute personne physique qui commet une
action antisociale sanctionnée par la loi pénale est généralement tenue responsable, que cette personne
ait agi seule, de manière matérielle, pour commettre l'acte répréhensible, ou qu'elle ait agi en
collaboration avec d'autres individus. Cette collaboration peut consister à participer directement à la
commission de l'infraction en tant qu'auteur principal ou coauteur, ou à contribuer indirectement à sa
réalisation en tant que complice.

Il convient d'observer attentivement qu'une dichotomie juridique prévaut principalement dans


l'examen de la responsabilité des complices, se traduisant par deux systèmes distincts. D'une part, le
système de la criminalité d'emprunt établit un lien étroit entre la responsabilité du complice et celle de
l'auteur. D'autre part, le système du délit distinct qui envisage la responsabilité du complice de manière
indépendante de celle de l'auteur.

Dans le cadre du système de la criminalité d'emprunt, son fondement conceptuel réside dans
l'observation selon laquelle les actes perpétrés par le complice sont généralement dépourvus
d'intrinsèque criminalité. Ils revêtent un caractère pénal uniquement par le biais de leur corrélation
avec l'infraction commise par l'auteur, empruntant ainsi la qualification criminelle de ce dernier. Par
conséquent, le complice se trouve assujetti aux mêmes qualifications et sanctions pénales que l'auteur.

A contrario, le système du délit distinct, par sa dénomination même, réside dans la considération de la
responsabilité du complice de manière autonome par rapport à celle de l'auteur. En vertu de ce
système, le complice encourt des sanctions pour ses propres actes, pourvu que ces derniers soient
prévus et réprimés par la législation pénale.

Dans le contexte juridique marocain, l'article 130 du code pénal revêt une importance substantielle en
consacrant la théorie de la criminalité d'emprunt de manière absolue. Selon cette disposition, le
complice d'un crime ou d'un délit est passible de la peine prévue pour l'auteur principal de l'infraction.
Cependant, il convient de noter que cette théorie n'est pas exempte de nuances, puisque des
atténuations ont été introduites au fil du temps. Particulièrement notable est l'emploi exceptionnel, par
la loi, d'autres systèmes de complicité envisageables, notamment le recours au système du délit
distinct. Un exemple éclairant de cette modulation se trouve dans l'article 308-01, qui réprime les actes
violents perpétrés lors ou à l'occasion de compétitions ou de manifestations sportives. L'examen
approfondi de ces nuances offre un aperçu précieux des subtilités entourant la responsabilité pénale
des complices dans le cadre du droit pénal marocain.

Ainsi, la complicité entraîne une criminalité d'emprunt et n'est pas punissable en raison d'une
criminalité qui lui serait propre. Il faut donc que l'acte poursuivi au titre de la complicité se réfère à
une infraction principale elle-même punissable ce qui ne veut pas totalement dire que l'auteur principal
le soit lui-même ; il doit s'agir d'une infraction objectivement punissable dont l'auteur peut échapper
pour une raison ou une autre à la répression.1 C’est dans ce sens, qu’il ne peut y avoir complicité d'une
infraction amnistiée, prescrite ou couverte par un fait justificatif.

1
( Dalloz - Encyclopédie-droit criminel - v° complicité _ n°34 )

5
De même quelque soit la flagrance de l'intention criminelle du complice,il demeure exempt de toute
peine si l'auteur principal n'a pas franchi le seuil des actes préparatoires, ou s'il a délibérément renoncé
à son dessein. Dans de tels cas, la qualification de tentative de complicité se révèle inapplicable.

C'est ce que la Cour de Cassation française a rappelé à l'occasion d'une affaire dans laquelle un
individu avait donné à une personne, mandat de tuer un de ses parents, lui versant même à l'avance une
somme d'argent à cette fin. Celui qui avait reçu cet argent s'étant volontairement abstenu de commettre
le crime, il n'y avait donc pas d'infraction principale; dès lors, l'instigateur devait échapper aux
poursuites.2

Toutefois, une dérogation à cette norme a été introduite par le biais de l'article 407 du Code Pénal
Marocain, lequel réprime l'assistance au suicide, tandis que l'acte de suicide en soi demeure non
incriminé. Il convient toutefois de noter que cette disposition se distingue davantage comme une
infraction sui generis, caractérisée par des éléments constitutifs distincts et proprement définis, plutôt
que comme un acte de complicité conventionnel.

En ce qui concerne l'application de la peine, l'article 130 dispose que le complice d'une infraction
pénale est passible de la même peine que celle prévue pour l'auteur principal de ladite infraction. Il
découle de cette disposition que l'identité de la peine à infliger est consubstantielle pour le principal et
le complice.

D’une part, les situations des participants peuvent être modulées par diverses influences,
conformément à l'article 130, alinéa 2, qui énonce que "Les circonstances personnelles d'où résultent
aggravation, atténuation, ou exemption de peine, n'ont d'effet qu'à l'égard du seul participant auquel
elles se rapportent... ».A titre d’exemple, une circonstance telle que la parenté, engendrant une
aggravation de la peine en cas de parricide, n'aura d'incidence que sur le fils en tant qu'auteur
principal, et non sur le complice impliqué dans l'homicide volontaire perpétré contre le père, ce dernier
étant uniquement exposé à une peine de réclusion à perpétuité. De manière similaire, dans les affaires
d'atteintes aux mœurs, les circonstances aggravantes énoncées à l'article 487 ne s'appliquent pas au
complice.

Il est important de noter que le décès de l'auteur principal ne constitue pas un obstacle aux poursuites
engagées à l'encontre du complice, de même que l'ignorance persistante de l'identité de l'auteur
principal n'entrave pas les procédures judiciaires.

Dans l'éventualité où l'auteur principal échappe à la répression en raison de troubles mentaux, la


culpabilité du complice demeure inchangée. En outre, la grâce accordée à l'auteur principal ne se
répercute pas sur le statut du complice, tout comme l'amnistie personnelle.

D’autre part, l’alinéa 3 du même article énonce « Les circonstances objectives, inhérentes à
l'infraction, qui aggravent ou diminuent la peine, même si elles ne sont pas connues de tous ceux qui
ont participé à cette infraction, ont effet à leur charge ou en leur faveur »

Si la prescription est acquise à l'égard de l'auteur principal, elle confère simultanément des avantages
au complice. La cessation de la prescription à l'encontre de l'auteur principal engendre une interruption
concomitante à l'encontre du complice, et réciproquement. Cette interruption demeure opérante même
dans le cas de poursuites distinctes.

2
(Cas. Cr. 23 octobre 1962 - D.1963 -р.221)

6
Dans l'éventualité où l'auteur principal invoque un moyen de justification, tel que la légitime défense,
le complice bénéficie également de cette justification. Cette règle s'applique de manière similaire à
l'excuse de provocation.

En ce qui concerne les circonstances aggravantes entraînant une augmentation de la peine, celles-ci
affectent également le complice, même s'il était dans l'ignorance de leur existence. À titre d'exemple,
dans le domaine du vol, les circonstances telles que la nuit, la réunion, l'habitation occupée, l'escalade,
l'effraction, le port d'armes, et les violences sont susceptibles de s'appliquer au complice, même s'il
était absent lors de la commission de l'infraction et demeurait dans l'ignorance de ces circonstances.

Section 2 : L’individualisation de la peine, principe universel :

Le principe selon lequel l’égalité́ dans la peine se traduit par « la même peine pour le même acte », est
contradictoire au principe de l’individualisation de la peine par la formule « à chacun sa peine selon sa
personnalité́ », celle-ci étant choisie par le juge dans un large éventail de peines ou de mesures de
sureté́ légale.

Il faut d'abord souligner que la complicité n'est punissable que lorsque le fait principal est qualifié de
crime ou de délit L'article 129 du CP précise que la complicité n'est jamais punissable en matière de
contravention.

Il faut signaler en premier temps que les circonstances personnelles d'où résulte aggravation,
atténuation, ou exemption de peine, n'ont d'effet qu'à l'égard du seul participant auquel elles se
rapportent et dans un deuxième temps les circonstances objectives inhérentes à l'infraction aggravent
ou diminuent la peine, même si elles ne sont pas connues de tous ceux qui ont participé à cette
infraction ont effet à leur charge ou en leur faveur.

La relation entre l'auteur d'une infraction et son complice soulève cette question de l'individualisation
de la peine dans le système judiciaire.

Un des problèmes les plus délicats qui se posent à la conscience du juge est celui de la détermination
de la sentence pénale, tout en tenant compte des facteurs atténuants et aggravants et également compte
tenu de la personnalité́ de l’auteur dans un souci d’individualisation. Par conséquent, il est plausible
que l'auteur et le complice ne soient pas condamnés de manière identique. Cependant, cette flexibilité
peut engendrer des failles dans le système, notamment lorsque des jugements arbitraires sont rendus,
et il peut être difficile d'établir des critères objectifs pour différencier les peines. Par exemple, si deux
complices sont impliqués dans un vol, le juge pourrait accorder une peine plus clémente à l'auteur
principal en fonction de facteurs subjectifs tels que la coopération avec les autorités, ou même des
considérations personnelles du juge, ce qui pourrait être perçu comme une incohérence dans
l'application de la justice. Si l’on entend rendre une Justice humaine et dont le but n' est pas
simplement de punir, mais d’amender l' agent et de favoriser son reclassement éventuel, une fois sa
dette acquittée envers la société.

C’est dans ces conditions que l’article 141 du CP énonce un principe essentiel dans le système
judicaire, celui de l’individualisation de la peine dispose : « Dans les limites du maximum et du
minimum édictes par la loi réprimant l'infraction, le juge dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour
fixer et individualiser la peine en tenant compte d'une part, de la gravité de l'infraction commise,
d'autre part, de la personnalité́ du délinquant »

7
Cependant, l’article peut être critiqué pour son manque de précision concernant les critères spécifiques
qui doivent guider le juge dans l'exercice de son pouvoir discrétionnaire.

Mais l’article 142 édicté immédiatement une limite à cette liberté́ , en imposant au juge certaines
obligations : « Le juge est tenu d'appliquer au coupable une peine atténuée ou aggravée chaque fois
que sont prouvés, soit un ou plusieurs faits d'excuse atténuante, soit une ou plusieurs des circonstances
aggravantes prévues par la loi. Il est tenu de prononcer l'absolution lorsque la preuve est rapportée de
l'existence en faveur du coupable d'une excuse absolutoire prévue par la loi. »

Une formulation qui peut être considérée comme relativement rigide et pourrait soulever des
préoccupations quant à la flexibilité nécessaire pour tenir compte de circonstances exceptionnelles. Par
exemple, des situations particulières qui ne correspondent pas exactement aux critères d'excuse
atténuante ou absolutoire prévus par la loi pourraient ne pas être adéquatement prises en compte. De
plus, la question de la subjectivité dans l'interprétation des faits d'excuse ou des circonstances
aggravantes pourrait être soulevée, ce qui pourrait potentiellement entraîner des variations dans
l'application de la peine. Une révision qui permettrait au juge de considérer d'autres facteurs pertinents
au cas par cas pourrait renforcer la souplesse nécessaire pour garantir une justice équitable dans toutes
les circonstances.

En outre, une particularité tirée de l'article 397 al2 du CP mérite d'être signalée:

Dans le cas du meurtre ou de l'assassinat d'un nouveau-né (infanticide) Si la mère est complice, sa
peine est moins sévère que celle de l'auteur principal ; si elle est l'auteur principal, sa peine est moins
lourde que celle du complice. Cette distinction démontre comment la justice prend en compte les
nuances de responsabilité.

Un enfant nouveau-né , présumé avoir été tué par sa mère, une mendiante, et son compagnon. La mère
a emmené l'enfant inconscient à l'hôpital, prétendant une chute dans les escaliers. Cependant, des
signes de violence détectés par un médecin ont soulevé des suspicions quant à leur lien avec le décès.
Le médecin a informé le parquet. Lors de son interrogatoire par la gendarmerie, la mère a avoué avoir
tué l'enfant, issu d'une liaison hors mariage, dans le but d'épouser son fiancé. Les deux ont été arrêtés,
mais le fiancé (complice) a reçu une peine plus sévère que la mère. La juridiction a pris en compte des
circonstances atténuantes, notamment le fait que la mère souffrait de troubles mentaux profonds. Ces
éléments ont été pris en considération car une mère normalement constituée ne peut, selon la loi,
causer la mort de son enfant sans être mentalement perturbée.

Reste à préciser que la règle, selon laquelle le complice d'un crime ou d'un délit encourt la peine
prévue pour ce crime ou ce délit (Art 130) ne signifie pas que le complice se voit appliquer strictement
et systématiquement la même peine prononcée contre l'auteur principal. Dans la réalité, par le jeu,
rappelons-le, des circonstances atténuantes ou aggravantes et des causes personnelles d'exemption,
mais aussi compte tenu de la marge de manœuvre du minimum et du maximum de la peine prévue par
la loi.

8
Chapitre 2 : Divergences jurisprudentielles en matière de complicité en
droit marocain :

Section 1 : Une théorie relative et non absolue :

La théorie de la criminalité d’emprunt constitue un domaine complexe et fascinant, où la frontière


entre le concept même de la théorie et les pratiques juridiques prend une dimension particulière.

L'étude d’arrêts offre l'opportunité d'explorer les nuances de la théorie de l'emprunt dans le contexte
juridique marocain. À travers cette analyse, nous plongerons dans les interstices des dispositions
légales, examinant comment les tribunaux interprètent et appliquent ces principes dans des situations
spécifiques.

Ainsi, plongeons nous dans l’analyse de l’arrêt 9220/6/4/2020 n°1191 du 16 Décembre 2020.

En ce qui concerne le seul moyen de cassation invoqué en raison de la faiblesse de la motivation et de


la violation substantielle de la loi, il réside dans le fait que la chambre criminelle de la Cour d'appel
s'est basée dans sa justification de l'acquittement des accusés en cassation sur le déni de l’auteur
principal de l’infraction de toutes accusations contre lui et sur les conclusions de l'expert, puis sur
l'absence de tout argument dans le dossier sur lequel on pourrait s'appuyer, et que les actes de
complicité ne peuvent être envisagés que par la commission du crime initial.

Aprèsl’examen des documents du dossier, notamment l'expertise manuscrite réalisée par l'expert, il a
conclu dans son rapport l'existence d'une différence substantielle dans les caractéristiques manuscrites
entre la signature de l'accusé et les signatures de comparaison émanant de lui. Par conséquent, il n'est
pas possible d'attribuer la signature contestée figurant dans l'illustration des preuves à la main de la
personne concernée. Ainsi, les articles de poursuite sont établis à juste titre, ce qui a conduit le tribunal
à déclarer la fausseté de la représentation contestée. En même temps, le tribunal prononce
l'acquittement des autres complices en raison de l'impossibilité d'envisager une participation à
l'absence du crime initial.Ce qui amène le tribunal à se contredire dans sa justification. Bien qu’il ait le
droit d'utiliser son pouvoir discrétionnaire pour évaluer les preuves qui lui sont présentées, il est
impératif qu'il fonde sa conviction sur des moyens suffisants et justifie sa décision de manière
adéquate. De plus, l'équité a été négligée à toutes les étapes, et l'expertise réalisée sur sa signature s'est
limitée à la reproduction du tracé et à l'enregistrement de l'annexe détenu par le tribunal sans se référer
à la note de conservation, considérée comme l'original, pour confirmer sa présence lors de la session
du contrat en raison de son absence.

La Cour de Cassation a statué sur l'annulation du jugement rendu par la chambre criminelle de la cour
d'appel de Fès, qui avait acquitté les accusés en cassation. Elle a donc renvoyé l'affaire à la même cour
autrement composée, pour statuer sur la partie annulée, tout en rejetant la demande concernant
l’auteur et en concluant qu'il n'y avait pas lieu d'extraire les écritures le concernant.

C’est dans ce sens que la sanction du complice dans le crime ne dépend pas de la poursuite de l'auteur
principal et de sa sanction, tant que la commission de l'acte criminel et la participation à celui-ci ont
été établies conformément aux dispositions de l'article 129 du Code pénal.

Cette idée suggère que la responsabilité pénale du complice dans un crime au Maroc n'est pas
conditionnée par la poursuite de l'auteur principal ni par la nature de sa sanction. Cela signifie que

9
même si l'auteur principal n'est pas poursuivi ou n'est pas sanctionné, le complice peut toujours être
tenu responsable, pourvu que les conditions spécifiées soient remplies.

Alors qu’en principe, la sanction du complice repose sur deux éléments spécifiques : la commission de
l'acte criminel et la participation du complice.

Cet arrêt énonce donc un principe d'indépendance de la responsabilité du complice par rapport à
l'auteur principal, mettant en avant l'importance de prouver la commission du crime et la participation
du complice conformément aux dispositions spécifiques de l'article 129 du Code pénal marocain.

Passons maintenant à l’analyse de l’Arrêt 23152/6/5/2022 n°294 du 16 Mars 2022.

L'arrêt concernant la préméditation, le guet-apens et l'intention de commettre un meurtre implique


deux frères qui ont causé la mort d'un homme suite à un différend avec leur sœur. Le tribunal de
première instance a condamné les deux accusés, l'auteur principal et le complice, à une peine
d'emprisonnement à vie. Cette décision s'appuie sur le constat établi selon lequel les deux accusés
avaient planifié calmement cette action, ayant préparé deux armes à feu, notamment un fusil d'assaut
Kalachnikov, et se transportant dans un véhicule militaire, une Toyota et un véhicule Infinity noir, en
collaboration avec un groupe de personnes.

La cour d'appel a réduit la peine de l'auteur principal à vingt-cinq ans et celle du complice à vingt ans.
Cette réduction s'est justifiée par le fait que la préméditation et l'intention de commettre le meurtre
n'ont pas été clairement établies. De plus, il n'existait aucune preuve matérielle les incriminant. Les
témoins ont attesté que le différend était spontané et non prémédité. Lorsque l'homme a commencé à
se disputer avec la sœur, les frères sont intervenus et l'ont tué. L'un des frères a été considéré comme
l'auteur et l'autre comme le complice.

Le ministère public a demandé un pourvoi en cassation afin d'augmenter la durée de la peine.


Cependant, la Cour de cassation a rejeté cette demande, estimant qu'une justification correcte avait été
fournie par la cour d'appel, qu’elle a exercé son autorité en la matière conformément à la loi et n'a pas
enfreint les articles 394 (La préméditation consiste dans le dessein, formé avant l'action, d'attenter à
la personne d'un individu déterminé́ , ou même de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce
dessein dépendrait de quelque circonstance ou de quelque condition.) et395 (Le guet-apens consiste à
attendre plus ou moins de temps, dans un ou divers lieux, un individu, soit pour lui donner la mort,
soit pour exercer sur lui des actes de violences.)

Dans ce deuxième arrêt, la Cour d'appel a adopté une interprétation distincte de celle de l'arrêt
précédent dans cette affaire de préméditation et de guet-apens. La décision de réduire les
peines de l'auteur principal et du complice, bien que différente de l'approche précédente, a été
validée par la Cour de cassation, démontrant ainsi la souplesse du système juridique, ainsi que
sa capacité à s'adapter et prendre des décisions adaptées aux circonstances spécifiques de
chaque cas.

10
Section 2 : Un Cas exceptionnel de complicité en droit marocain :

Le droit marocain réprime la complicité comme une infraction spécialedépendant de l’infraction principale
(article 129 CP), cependant l’article 130 du mêmetexte instituant des peines, opte lui pour un emprunt de
pénalité et non de criminalité.

Cependant, il s’avère opportun de mentionner que la complicitéprésente un élément distinct propre à elle,
qui se traduit par la consommation d’un des élémentsprévus à l’article 129 du CP par un acte positif
extériorisable et par conséquent suppose un acte de participation à l’infraction principale, mais attention ,
pas n’importe quel acte. Car il faut selon le principe de la légalitéavoir commis un des actes limitativement
énumères par la loi (aide, assistance ou donner des instructions) soit antérieurement, soit en concomitance
a l’infraction principale.

Cependant, est-ce que cet article, qui liste normalement les cas où une complicité peut légalement être
établie, est réellement exhaustif et limité uniquement aux situations expressément indiquées ? Pour
répondre à cette question de manière approfondie, il est essentiel de se baser d'abord sur un cas concret, en
l'occurrence, un arrêt de la Cour de cassation du 11 novembre 2015. Dans cette affaire, la Cour de
cassation a rejeté la demande de pourvoi en cassation et confirma la décision de la cour d'appel du 8 mai de
la même année concernant une affaire d'adultère. Selon cette décision, une femme avait trompé son
conjoint avec un autre homme (Monsieur A). La femme était considérée comme l'auteur principal de
l'infraction, tandis que Monsieur A, avec qui la femme avait trompé son mari, était considéré comme le
complice (le demandeur en pourvoi). Ce dernier a été condamné à 8 mois de prison ferme pour le délit de
complicité pour adultère.

En ce qui concerne le premier moyen invoqué pour soutenir le pourvoi en cassation : la violation des
dispositions de l'article 491 du Code pénal qui prévoit « qu’Est puni de l'emprisonnement d'un à deux
ans toute personne mariée convaincue d'adultère. La poursuite n'est exercée que sur plainte du
conjoint offensé. » Il est établi que, conformément aux principes juridiques doctrinales et judiciaires,
les crimes intentionnels ne se limitent pas à la matérialité des actes, mais exigent également la
présence de l'intention criminelle en l’occurrence le dol général chez l'accusé, prouvée par sa
connaissance de violation a la loi pénale. Dans le cas de l'adultère, le coupable doit être conscient que
l'auteur principal est marié, et comme quoi en revenantà la décision de la juridiction de fond attaquée,
il est constaté que celle-ci n'a pas explicitement abordé cet aspect lors de l'examen des éléments
constitutifs de l'infraction. Mais elle s'est contentée de mentionner que l'accusé avait eu des relations
sexuelles avec l'auteure principale, bien qu'elle soit mariée, notamment parce que le demandeur avait
répondu aux questions de la police judiciaire en indiquant qu'il ignorait son statut matrimonial.

Il est généralement reconnu en droit et dans la jurisprudence que les crimes intentionnels exigent un
dol général pour être constitués, mais dans le cas spécifique de l'adultère, ce dol revêtun caractère
spécial, notamment ;la conscience d’atteindre un résultat déterminé, c’est un niveau plus élevé de
l’élément moral qu’ est en effet que la relation sexuelle en dehors du cadre du mariage est considérée
en elle-même comme un acte illégitime et qui doit être incriminé du point de vue légal. La décision de
la cour d'appel condamnant le demandeur en tant que complice a implicitement mis en évidence ce dol
spécial, notamment à travers la flagrance de la relation sexuelle avec l'auteure principale, ainsi que par
les aveux du demandeur concernant sa relation sexuelle avec elle en dehors du cadre institutionnel
légal du mariage. En conséquence, le moyen invoqué pour se pourvoir en cassation manque de solidité
juridique et ne repose sur aucune base légale solide.

11
En ce qui concerne le deuxième moyen invoqué pour soutenir le pourvoi : la violation des dispositions
de l'article 129 du Code pénal. D’ailleurs, le fondement juridique de l'article 129 du Code pénal, ainsi
que les interprétations juridiques généralement acceptée, s'accordent sur l'absence de complicité à un
crime après la commission des actes matériels qui la constitue. Et quel'article en question indique que
la complicité concerne uniquement ceux qui contribuent directement à son exécution, en s'engageant
dans l'un des actes spécifiquement et exhaustivement énumérés par le même article. Et donc la cour a
outrepassé cette disposition en condamnant le demandeur en pourvoi pour complicité d’adultère après
la commission de l'acte matériel, rendant ainsi le jugement juridiquement infondé.

La cour de cassation a rendu que dans la mesure où la participation à un crime d'adultère est
spécifiquement définie par l'article 492 du Code pénal, cela s'écarte des principes et des dispositions de
la complicité limitativement énoncés à l'article 129 du Code pénal, notamment en ce qui concerne le
timing de la commission de l'acte. En effet, si l'une des parties est mariée et a des relations sexuelles
avec l'autre qui n'est pas marié ( Monsieur A) , l'action de ce dernier, qui est égalementune relation
sexuelle, est considéré comme ayant commis une partie de l’acte matériel simultanément et en
concordance avec l’acte matériel positif constituant un délit qu’a commis l’auteur principal, selon la
perspective du législateur marocain. Ainsi, lorsque la juridiction a condamné Monsieur A de
complicité à l'adultère dans cette affaire, a correctement appliqué la disposition légale, rendant ainsi
l’arrêt légalement fondé.

C’est pour ces raisons que la cour de cassation a rejeté la demande en pourvoi en cassation.

À partir de ce cas spécifique, il est manifeste que la juridiction n'a pas hésité à condamner la tierce
partie avec laquelle la personne mariée a trompé son conjoint, en la considérant complice d'adultère en
raison de sa participation matérielle simultanée à la relation sexuelle. La condamnation ne s'est pas
limitée uniquement aux dispositions de l'article 129.

Il est important de noter que la relation sexuelle en elle-même est qualifiée comme un acte illégitime.
Ainsi, même si la personne invoque son ignorance du statut matrimonial de l'autre partie, elle devrait
être condamnée au moins pour l'acte illégitime de la relation sexuelle, qui constitue en soi une
violation de la loi pénale.

12
Bibliographie :
Ouvrage :

- Code pénal annoté d’Adolf Ruolt


- Dalloz - Encyclopédie-droit criminel

Thèse :

- Manon Leblond, Le principe d’individualisation de la peine en droit pénal


français(th), disponible sur : https://theses.hal.science/tel-03605518/document

Jurisprudences :

- Cas. Cr. 23 octobre 1962 - D.1963 -р.221


- Arret n° 1191 du 16 Decembre 2020 du dossier pénal n° 9220/6/4/2019
- Arret n° 294 du 16 Mars 2022 du dossier pénal n° 23152/6/5/2022
- Arret n° 2196 du 11 Novembre 2015 du dossier pénal n° 13152/6/3/2015

13

Vous aimerez peut-être aussi