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Les réseaux sociaux sont un frein pour la

démocratie
I/ Ils nuisent à la pratique intellectuelle nécessaire à l’exercice de la
démocratie

- Arg. 1 : Les algorithmes conduisent à une concentration des mêmes opinions, en ne


proposant que du contenu conforme à celles de l’utilisateur, à travers la bulle de
filtres. Cela nuit à la diversité des opinions et à l’esprit critique.

Contre-argument : Les réseaux sociaux constituent cependant une source d’informations


presque illimitée, qui n’a jamais existé dans les siècles précédents. Chacun peut la consulter
pour forger sa conscience politique, et cette abondance d’informations constitue une chance
pour des citoyens démocratiques.

Réponse au contre-argument : Sur des sites web, l’utilisateur est libre de rechercher les
informations qu’il souhaite, mais pas sur des réseaux sociaux. Certes, ils constituent une
grande source d’informations, mais ces dernières lui sont imposées par des algorithmes. Il
ne les contrôle pas, et subit un apport d’information décidé par autrui, ce qui constitue une
perte de liberté à même de freiner l’exercice démocratique.

Sources :
- Article de Franceinfo : La bulle de filtres : comment les réseaux sociaux nous
confortent dans "nos propres croyances et opinions", publié en 2023 :
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-fil-des-reseaux/la-bulle-de-filtres-les-
reseaux-sociaux-nous-confortent-dans-nos-propres-croyances-et-
opinions_6260406.html
- Article e-serial, Les algorithmes des réseaux : les comprendre pour mieux les
manipuler : https://e-serial.fr/2022/01/20/les-algorithmes-des-reseaux-les-
comprendre-pour-mieux-les-manipuler/
- Entretien avec le mathématicien David Chavalarias, Réseaux sociaux : les rouages
de la manipulation de l’opinion, Journal du CNRS :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/reseaux-sociaux-les-rouages-de-la-manipulation-de-
lopinion
- Algocratie : Vivre libre à l’heure des algorithmes, Arthur Grimonpont, Édition Actes
Sud.

- Arg.2 : Ils regorgent de fake news propres à tromper l’opinion et à leurrer sur des
sujets de société qui revêtent la plus grande importance.

Contre-argument : Les réseaux sociaux ont mis en place des instances de fact checking
pour lutter contre toutes ces fake news, dans le but de garantir la véracité des informations
qui circulent en ligne. Ces fact checkers garantissent l’intégrité intellectuelle des réseaux
sociaux, et s’affirment comme des garants des valeurs démocratiques.

Réponse au contre-argument : Face à l’immensité du net, les instances de fact-checking


ne sont pas à même d’empêcher la propagation des fake news. De plus, leur création pose
un problème éthique : jusqu’où placent-ils le curseur de la vérité ? Ils sont libres d’établir la
véracité d’une information, et d’en décrédibiliser une autre; ils peuvent donc se livrer à des
fins de manipulation et frapper du sceau du mensonge toutes les informations contraires aux
intérêts du pouvoir, au politiquement correct, pour servir des intérêts. Cela constitue une
réelle menace envers la démocratie.

Sources :
- Article du journal Jeunes et Médias : “Les réseaux sociaux : un terreau fertile pour
les fake news” , 2023
https://www.jeunesetmedias.ch/blog/detail/social-media-naehrboden-fuer-fake-news
- Article du journal Ouest France, “Repérer les fausses informations, un défi
permanent à relever”, https://nouveau.europresse.com/Search/ResultMobile/0
- Émission Le dessous des Cartes, Arte : “Rudy Reichstadt - Fake news : une guerre
du XXIe siècle ?” : https://www.youtube.com/watch?v=QZi9NkDOoTg
- Article du Journal Contrepoints, “Fact-checking : attention à l’excès” :
https://www.contrepoints.org/2023/03/03/451633-fact-checking-attention-a-lexces
- Article de Science Presse, “Qui “Fact check” les “Fact chekers” ?, 2022
https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2022/02/14/fact-check-fact-checkers

- Arg.3 : Ils sont un espace propice à la manipulation des radicalisés de tout genre
(politiques, religieux,...) et des populistes.

Contre-argument : Les manipulations de tout genre ont toujours existé, bien avant les
réseaux sociaux, ainsi que les populismes. Le XXème siècle regorge d’exemples
d’idéologies haineuses et extrémistes auxquelles ont pourtant adhéré des populations
entières. La susceptibilité à être manipulé est un des traits phares de la nature humaine, qui
a toujours existé et existera toujours, et qui n’a rien à voir avec les réseaux sociaux.

Réponse au contre-argument : Certes, la susceptibilité à la manipulation est une


caractéristique inhérente à la nature humaine, mais les réseaux sociaux l’ont exacerbée au
plus haut point. En jouant sur des images choquantes, sur l’émotion, sur des discours
manipulatoires qui se répandent de manière exponentielle, ils conduisent de nombreuses
personnes à se soumettre à l’influence d’idéologies ou de manipulateurs néfastes.

Sources :
- Entretien de Giuliano da Empoli, écrivain, à propos de son essai Les Ingénieurs du
Chaos, qui traite de cette question, sur l’OBS, 3/01/2024 :
https://nouveau.europresse.com/Search/ResultMobile/1
- Article de l’Institut Montaigne, Échange entre Asma Mhalla et David Chavalarias, Les
réseaux sociaux nourrissent-ils les populismes ?,
https://www.institutmontaigne.org/expressions/les-reseaux-sociaux-nourrissent-ils-
les-populismes
II/ Les libertés et droits de tous se retrouvent menacés

- Arg.1 : Les réseaux sociaux se livrent à une censure souvent illégitime de tout ce qui
va à l’encontre du politiquement correct. Parfois, cette censure se fait à l’insu de
l’utilisateur et sans qu’il en soit informé, ce qui constitue une véritable atteinte à la
liberté d’expression.

Contre-argument : Dans un espace propice aux déchaînements de violences


psychologiques et verbales, une censure est indispensable pour assurer le respect de
chacun et empêcher la haine de se déployer librement. Cette censure, dans une société
démocratique, ne touche pas les différences d’opinions, nos institutions s’en portent
garantes.

Réponse au contre-argument : Les réseaux sociaux sont gérés indépendamment de nos


institutions, qui n’ont un contrôle que limité sur ces derniers. Ils ont leurs propres instances
de censure, qui dépasse le cadre de la haine pour s’attaquer aux atteintes faites aux intérêts
de certains, où à ceux d’opposants. La liberté d’expression se retrouve encadrée et
menacée par des instances autres que celles de notre démocratie, ce qui constitue une
véritable menace.

Sources:
- Article du journal Village-Justice, “Jusqu’où peuvent aller les plateformes dans la
censure des contenus ?” https://www.village-justice.com/articles/jusqu-peuvent-aller-
les-plateformes-dans-censure-des-contenus,40219.html Extrait : “Côté français, le
gouvernement a soutenu en 2020 le projet de loi de la députée Laetitia Avia qui visait
à réguler les réseaux sociaux pour mieux lutter contre la haine en ligne. Mais adopté
par le Parlement, le texte [1] a été censuré par le Conseil constitutionnel, au motif
qu’il présentait trop de risques pour la liberté d’expression, notamment sur
l’obligation pesant sur les réseaux sociaux de retirer en 24h les contenus illégaux.”
- Journal Entreprendre, “Pourquoi François Asselineau est censuré par les médias ?” :
https://www.entreprendre.fr/pourquoi-francois-asselineau-est-censure-par-les-
medias/
- Article Numerama, “Qu’est-ce que le shadow ban sur Instagram, et comment s’en
sortir ?” : https://www.numerama.com/politique/696740-quest-ce-que-le-shadow-ban-
sur-instagram.html

- Arg.2 : Ils donnent libre cours, et parfois favorisent des discours de haine et
d’exclusion, contraires aux valeurs de la république, qui conduisent à la
stigmatisation de certaines minorités.

Contre-argument : Ces discours de haine sont présents dans l’ensemble de la société, et


les réseaux sociaux sont une plateforme comme une autre où ils peuvent se déployer. De
plus, les réseaux sociaux permettent au contraire d’appeler à la paix, et de transmettre des
appels à la tolérance que certains médias traditionnels, s’ils ne correspondent pas à leur
ligne éditoriale, omettent de transmettre.
Réponse au contre-argument : Les médias traditionnels (journaux, télévisions,...) sont
soumis à une forme plus restreinte de contrôle, parfois étatique, ce qui n’est pas le cas des
réseaux sociaux. Dans les médias traditionnels, les intervenants sont souvent reconnus, et
le plus souvent détenteurs d’une formation et d’un savoir qui légitime leur parole, ce qui n’est
pas le cas des réseaux sociaux, et peut pousser n’importe quelles personnes à tenir des
propos haineux.De par leur tendance à favoriser tout ce qui fait le “buzz”, les discours
haineux, polémiques, vont connaître une propagation bien plus importante que les appels à
la paix.

Sources :
- Entretiens salutaires, “Les réseaux sociaux et les propos haineux”,
https://rcrcconference.org/fr/trail/digital-expo/hate-speech/
- LCP - Assemblée nationale, “Réseaux sociaux : comment stopper la haine ? | Les
débats de Débatdoc” https://www.youtube.com/watch?v=kwfadTtSa5c
- Le Cairn Info, “Violence et discours de haine sur les réseaux sociaux”, Extrait :
https://www.cairn.info/revue-alternatives-non-violentes-2020-4-page-9.htm
- Fondation Descartes, MÉDIAS SOCIAUX ET DISCOURS DE HAINE ANTI-
MUSULMAN, 2020 : https://www.fondationdescartes.org/2020/09/medias-sociaux-et-
discours-de-haine-anti-musulman/
- Le Figaro, “L'antisémitisme atteint les jeunes sur les réseaux sociaux, selon une
étude” , 2021 : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-antisemitisme-atteint-les-
jeunes-sur-les-reseaux-sociaux-selon-une-etude-20211013

- Arg. 3 : De nombreuses personnes se voient victimes de cyber-harcèlement du fait


de leur appartenance religieuse, de leur ethnie, de leur orientation sexuelle,... et
subissent ainsi des discriminations.

Contre-argument : Les réseaux sociaux, malgré quelques dérives, ont conduit à une
véritable libération de la parole, pour tous. Dans une société où la pression du jugement
peut devenir étouffante, ils ont permis à chacun de s’exprimer, de se libérer du poids des
autres, de s’assumer pleinement. Sans eux, cela n’aurait sans doute pas été possible. Ils ont
conduit à une acceptation de tous conforme aux valeurs de notre démocratie.

Réponse au Contre-argument : Cette libération de la parole correspond en réalité à une


tendance sociétale initiée depuis les années 80 par la génération des baby-boomers, puis
reprise par la nôtre. Il s’agit là d’une évolution de la société, débutée avant les réseaux
sociaux, et qui serait advenue sans eux. Ils ont certes pu l’aider, mais restent un véritable
vecteur d’exclusion. Les masses se déchaînent sur quiconque ose montrer sa différence, et
l’harcèlement à même de s’y déchaîner peut prendre de telles ampleurs qu’il crée de
terribles souffrances psychologiques chez les victimes; certaines franchissent même le pas
du suicide.

Sources :
- Journal Ouest-France, Témoignages de victimes : « Le cyberharcèlement, c’est faire
face à un bulldozer », 2023 : https://nouveau.europresse.com/Search/ResultMobile/0
- Article Europe 1 : “Suicide de Lucas : des influenceurs se mobilisent contre le
harcèlement des élèves LGBT”
- https://www.europe1.fr/societe/suicide-de-lucas-des-influenceurs-se-mobilisent-
contre-le-harcelement-des-eleves-lgbt-4165362
- Article Cairn Info, “Le cyberharcèlement chez les jeunes”, 2018 :
https://www.cairn.info/revue-enfance-2018-3-page-421.htm
- DUMAS, Thèse de médecine : “Cyberharcèlement chez les adolescents : impacts
psychopathologiques, émotionnels et cognitifs : revue de littérature”, 2018 :
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02014346

III/ Ils constituent une nouvelle source de pouvoir, qui n’appartient pas
toujours au peuple ou aux dirigeants conventionnels, et qui peut subir
des dérives..

- Arg. 1 : Un immense pouvoir d’orientation de l’opinion publique se retrouve concentré


entre les mains de quelques patrons, qui peuvent en user pour servir leurs propres
intérêts.

Contre-argument : Toutes les instances médiatiques (journaux, médias, réseaux


sociaux,...) sont presque exclusivement détenues aujourd’hui par des groupes privés et
soumis à des intérêts particuliers, et donc susceptibles d’être orientées. Cela se caractérise
notamment par une différence de ligne éditoriale entre les instances. Néanmoins, les
nombreux journalistes assurent une diversité d’opinions que chacun est à même de
constater. Il en va de même pour les réseaux sociaux : l’énorme diversité d’opinions qui y
est présente nous préserve d’une monopolisation de l’opinion par quelques patrons.

Réponse au contre-argument : Quelque soit la diversité des opinions présente, de


nombreux réseaux sociaux sont détenus par un patron, comme c’est le cas avec X, possédé
par Elon Musk. Ces patrons peuvent tout simplement entraîner une censure plus ou moins
importante des opinions, organiser le fonctionnement de leur réseau sur lequel les
utilisateurs n’ont aucun accès pour servir leurs intérêts.

Sources :
- Rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk
- Journal La Croix, “Réseaux sociaux : faut-il quitter X (ex-Twitter) ?” https://www.la-
croix.com/debat/Reseaux-sociaux-faut-quitter-X-Twitter-2023-10-18-1201287370
- Journal Nonfiction, “Réseaux sociaux et démocratie : l'analyse d'Habermas”,
https://www.nonfiction.fr/article-11669-reseaux-sociaux-et-democratie-lanalyse-
dhabermas.htm

- Arg. 2 : La possession de nos données personnelles confère à ces patrons un levier


de taille sur la population.
Contre-argument : Chacun, en utilisant les réseaux sociaux, adhère à leurs conditions
d’utilisations, et acceptent donc en leur âme et conscience de les donner à ses réseaux
sociaux. Ils en sont responsables, et s’ils ne le souhaitent pas ils peuvent tout simplement
cesser l’utilisation de ces réseaux.
Réponse au contre-argument : Les conditions d’utilisation des réseaux sociaux sont
rédigées dans un langage visant à leurrer les utilisateurs, à les lasser au bout de quelques
lignes, pour s'assurer qu’ils ne les parcourent pas en entier. De plus, l’utilisation faite de ces
données dépasse parfois le cadre défini dans les conditions d’utilisation. Enfin, une large
part de mineurs utilise les réseaux sociaux, qui ne peuvent se montrer légalement
responsables de l’acceptation de ces utilisations. Les réseaux sociaux se livrent donc à une
dérive.

Sources :
- Article du Monde, Données personnelles : Instagram se voit infliger une amende de
405 millions d’euros au nom du droit européen, 2022 :
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/05/donnees-personnelles-instagram-
se-voit-infliger-une-amende-de-405-millions-d-euros-par-l-
ue_6140309_4408996.html
- Fondation MAIF, “Les réseaux sociaux et les données personnelles : quels
dangers ?” https://www.fondation-maif.fr/article-1-258.html

- Arg. 3 : Les dirigeants au pouvoir peuvent en user pour défendre leur pouvoir, leurs
intérêts, en influençant à grande échelle les masses du peuple. Leurs adversaires ne
disposent pas des mêmes moyens, et subissent une réelle inégalité. Ils sont dans
l’incapacité de promouvoir leur pensée et leurs idées de la même manière que le
ferait un président.

Contre-argument : Les médias traditionnels définissent une répartition du temps de parole


pour chaque personnalité politique. Cela n’est pas le cas pour les réseaux sociaux, car c’est
alors la popularité de l’individu qui prime, et si un président apparaît plus populaire qu’un de
ses détracteurs, à cela il n’y a rien à faire. Chaque personnalité politique est libre de
travailler son image pour susciter le plus d’audience.

Réponse au contre-argument : Dans les médias traditionnels subsistent toujours des


inégalités de temps de parole qui ont donc logiquement une influence sur l’opinion publique.
Quant aux réseaux sociaux, ils sont devenus un facteur de l’influence des personnalités
politiques françaises. Du moment qu’ils puissent entretenir un quelconque lien avec le
pouvoir et l’exercice de la démocratie, ils doivent être régulés, ce qui n’est pas le cas pour
les campagnes politiques. Les politiciens n’ont pas à se livrer à une guerre de l’opinion
comme de simples influenceurs. De plus, les grands partis politiques possèdent des fonds
considérables pour se promouvoir, ce qui n’est pas le cas de politiciens plus modestes, qui
font alors face à l’impossibilité de développer leur popularité.

Sources :
- Article Le Monde, “Emmanuel Macron sermonné pour son usage des réseaux
sociaux, son équipe demande que les candidats élus soient soumis aux mêmes
règles”, https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2022/03/11/le-
candidat-emmanuel-macron-sermonne-par-la-commission-nationale-de-controle-de-
la-campagne-electorale-pour-son-usage-des-reseaux-
sociaux_6117105_6059010.html
- RadioFrance, “Réseaux sociaux : le candidat Macron peut-il utiliser les comptes du
président Macron pour faire campagne ?”,
https://www.radiofrance.fr/franceinter/reseaux-sociaux-le-candidat-macron-peut-il-
utiliser-les-comptes-du-president-macron-pour-faire-campagne-9170009
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