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LICENCE II – AMPHI B
INTRODUCTION GENERALE
Le droit pénal est bien souvent aux yeux du profane le seul droit connu, car il est spectaculaire
et largement médiatisé. Cette connaissance se comprend aisément dans la mesure où, c’est un
droit qui pose les interdits fondamentaux, et qui constitue le reflet des valeurs de la société.
Cependant, il s’agit là, d’une connaissance tout à fait approximative et souvent déformée.
Parmi la pluralité des définitions du droit pénal, nous retiendrons celle adoptée par les auteurs
Merle et Vitu qui le définissent comme « l’ensemble des règles juridiques qui organisent la
réaction de l’Etat vis-à-vis des infractions et des délinquants ». 1
Cette définition plus large du droit pénal prend en compte l’apparition d’une législation, dite de
défense sociale, visant à la rééducation du délinquant, non à sa punition, et où la mesure est
dépouillée de toute idée de blâme. C’est cette idée qui est notamment traduite dans l’article 6
al. 2 du nouveau code pénal qui dispose que : « La peine a pour but la répression de l’infraction
commise et doit tendre au reclassement de son auteur qu’elle sanctionne soit dans sa personne,
soit dans ses biens, soit dans ses droits ou son honneur ».
Ainsi donc, la « réaction sociale » comprend d’une part, la répression, et, d’autre part, la
prévention et la rééducation.
Le présent cours a donc pour objet d’étudier donc pour objet d’étudier les conditions dans
lesquelles il y a infraction et les sanctions qui y sont rattachées. Seront alors examinées les
thématiques de la structure de l’infraction, la tentative, la complicité, la récidive etc.
Outre sa définition, une meilleure compréhension du droit pénal nécessite un examen de son
objet, de ses principes et de sa place : il sera donc donné, dans cette introduction une première
idée du droit pénal avant d’en établir ses sources.
1
R. Merle et A. Vitu : Le droit pénal est le « droit de l’infraction et de la réaction sociale qu’elle engendre », in
Traité de droit criminel, Editions Cujas, 7ème édition.
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A - L’infraction
L’infraction est un phénomène observable dans toutes les sociétés de tous les types, et remonte
aux temps les plus anciens. A l’exemple du célèbre du meurtre d’Abel par Caïn, on ajoutera les
prescriptions sanctionnatrices du code d’Hammurabi à Babylone, le code Hittite du 15ème siècle
avt JC, les prescriptions du Deutéronome et des Nombres chez les Hébreux.
L’existence de telles règles pénales démontre, si besoin en est, que le crime a existé dans les
plus anciennes sociétés, sinon, elles n’auraient pas été écrites. Et, le phénomène criminel
continue d’exister.
A cette permanence de l’infraction, s’ajoute son importance : même s’il est difficile d’avoir des
statistiques fiables en ce qui concerne notre pays, il est loisible de constater, empiriquement, le
développement et l’accroissement des infractions.
Variabilité dans l’espace en ce que des faits incriminés ici, ne le sont pas ailleurs. Par exemple,
la bigamie est une infraction en Côte d’Ivoire, elle n’en est pas une au Mali, ni au Sénégal, ni
non plus au Gabon ; l’avortement est un délit dans notre pays, il n’est pas punissable en France
etc. L’homosexualité non incriminé en CI, est incriminé ailleurs, dans certains pays d’Afrique.
Variabilité dans le temps, car par l’effet de modification des normes pénales, (même si certains
comportements demeurent immuablement incriminés, tels le meurtre, le vol par ex.), ce qui
constitue à un moment donné une infraction, peut devenir légitime à un autre moment, ou
inversement (dépénalisation/criminalisation). Ou bien, le législateur peut faire preuve de
sévérité en érigeant un délit en crime ou une contravention en délit, ou au contraire de souplesse,
en correctionnalisant des crimes.
Au regard de ce qui précède, et du point de vue juridique, l’infraction est multiforme et variable.
Elle est aussi un phénomène social, et intéresse donc la sociologique qui en donnera sa
définition.
L’infraction touche aussi aux domaines de la morale et de la religion, c’est un péché, la violation
d’un interdit.
Pour contourner cette difficulté, le législateur ivoirien a adopté une définition formelle de
l’infraction, laquelle définition a été reprise à peu de mots près, par le nouveau code pénal en
ces termes : (Article 2) : « Constitue une infraction tout fait, action ou omission, qui trouble ou est
susceptible de troubler l'ordre ou la paix sociale en portant ou non atteinte aux droits des personnes
et qui comme tel est légalement sanctionné ».
Cette nouvelle définition prend en compte la répression des comportements à risque qui n’aboutissent
pas forcément à la production d’un dommage : les infractions de mise en danger de la personne d’autrui.
De cette définition légale, il faut retenir que l’infraction est un comportement interdit, sous la
menace d’une peine, tel qu’il est défini de façon générale et impersonnelle par la loi pénale.
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B - La sanction pénale
La sanction pénale est la mesure prononcée par une juridiction pénale en raison de la
commission d’une infraction (cf. article 6 CP). Plus exactement, c’est elle qui permet d’attribuer
la qualité d’infraction à l’ensemble qu’elle constitue avec l’incrimination. La sanction est donc
la « punition ».
Sous le vocable de « sanction pénale » sont réunies les peines et mesures de sûreté. Ces deux
types de sanctions pénales doivent être distingués, car ils n’engendrent pas les mêmes
conséquences juridiques.
Théoriquement dépourvues de caractère afflictif, à la différence des peines, les mesures de
sûreté sont, comme l’indique l’article 6 al. 3 du code pénal, de simples précautions de protection
sociale destinées à prévenir la récidive d’un délinquant, ou à neutraliser l’état dangereux. Quant
à la peine, elle vise la répression de l’infraction, ainsi que l’amendement du délinquant (art. 6
al. 2CP).
Certaines visent la liberté physique du délinquant, telles les peines privatives de libertés
(emprisonnement perpétuel ou à temps), d’autres sont restrictives de liberté, comme
l’interdiction de séjour ou de paraître en certains lieux ; certaines sont privatives de droits, par
exemple, l’interdiction professionnelle (banquier qui aurait commis des malversations,
enseignant qui aurait commis une infraction à l’égard de personnes sous son autorité, etc.), la
déchéance de l’autorité parentale, la privation de droits civiques ; quant à d’autres, elles
touchent le patrimoine de la personne reconnue coupable, notamment, la condamnation à la
peine d’amende etc.
La première fonction que lui attribue le législateur est donc une fonction rétributive :
l’infraction ayant causé un mal à la société, celle-ci réagit, afin que ‘’justice soit faite’’, en
infligeant au délinquant un autre mal destiné à rétablir une sorte d’équilibre. Par le moyen de la
peine, le délinquant paie donc sa dette à la société comme le débiteur paie la sienne à son
créancier.
En conséquence de cette fonction de rétribution, la peine doit être proportionnée à la gravité de
l’infraction commise. Elle doit donc servir d’exemple. La peine doit faire peur à celui qui la
subit. En cela, la peine remplit aussi une fonction d’intimidation individuelle ; on espère ainsi
que celui qui subit une peine n’aura pas envie de récidiver.
La peine aurait aussi une fonction d’élimination. En raison des normes fixées par la
Constitution, il ne s’agit évidemment pas de l’élimination totale de la personne, mais plutôt de
son élimination provisoire ou partielle (notamment : emprisonnement, interdiction d’exercice
d’une profession, interdiction de retour dans un certain lieu) de la vie sociale.
Enfin, orientée vers l’avenir, la fonction d’amendement est désormais expressément admise par
le nouveau code pénal : il s’agit de tenter de transformer le délinquant pour en faire un être
social, un honnête citoyen, en lui appliquant des mesures visant à remédier aux causes de son
inadaptation. Telle la peine de travail d’intérêt général (TIG), désormais prévue à l’art. 36-3°
CP. La peine doit permettre la « réadaptation sociale » du délinquant.
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II – LES BRANCHES DU DROIT PENAL
Le droit pénal se distingue ainsi fondamentalement des autres branches de droit.
A- Le droit pénal et les autres branches de droit
Par rapport aux autres branches de droit, le droit pénal présente quelques traits caractéristiques,
et montre une certaine autonomie.
a) Les traits caractéristiques du droit pénal
Le droit pénal se caractérise d’abord par sa fonction répressive (cf. art. 6 al. 2 CP). Il s’agit de
sanctionner ; c’est ce qui fait l’identité du droit pénal. En effet, le Droit Pénal ne pose pas
d’obligations effectives, mais se compose d’une liste d’interdits. 2
Il a pour rôle d’édicter les sanctions qui doivent s’’appliquer lorsque les règles issues des autres
branches du droit sont violées. On dit alors du droit pénal qu’il est le gendarme du droit.
Ce caractère sanctionnateur permet de le distinguer du droit civil et du droit disciplinaire, car
le droit pénal n’a pas le monopole de la sanction.
Le droit pénal sanctionne les comportements les plus graves, il se caractérise par un degré de
faute plus élevé qui exprime un jugement de valeur qu’exprime très peu, le droit civil
Le second trait caractéristique du droit pénal est sa place originale par rapport aux grandes
divisions du droit : relève-t-il du droit privé ou du droit public ?
Les arguments en faveur du Droit Pénal dans le Droit Public :
- le droit de punir (droit pénal) appartient exclusivement à l’Etat qui l’exerce au nom de
l’ensemble de la société, par l’intermédiaire du ministère public.
- le droit pénal repose sur des fondements constitutionnels. Ce fondement s’explique par
la nécessité d’encadrer les pouvoirs publics, car le Droit Pénal est susceptible de porter
atteinte aux libertés fondamentales de l’individu, et en particulier à la liberté d’aller et
venir par la privation de liberté. Les principes constitutionnels vont permettre d’encadrer
le droit de punir de l’Etat, de lui donner des fondements rationnels, afin que le Droit
Pénal ne devienne pas un outil d’oppression des citoyens.
Ainsi, dans la mesure où le droit pénal a pour but de régler les rapports entre un particulier et
l’Etat, on peut le classer dans le droit public.
Cependant :
Les arguments en faveur du Droit Pénal dans le Droit Privé:
- le plus souvent, l’infraction naît dans le cadre de rapports entre les particuliers. Dans la
plupart des cas, l’infraction lèse un intérêt d’ordre privé. Le Droit Pénal apparait ainsi
comme la prolongation du Droit Civil ou du Droit Commercial. Il sanctionne aussi bien
les règles de droit privé que de droit public. Par exemple, à l’occasion de relations
contractuelles, lorsque le consentement de l’un des cocontractants a été obtenu de façon
abusive, des poursuites pénales pourront être engagées (abus de confiance, escroquerie,
extorsion etc).
- le droit pénal utilise les méthodes de raisonnement et les techniques du droit privé. Les
juridictions pénales qui sont amenées à trancher un procès de l’Etat avec un individu
2
Cf. Durkheim, « le Droit Pénal n’édicte que des sanctions, ne dit rien des obligations auxquelles elles se
rapportent, ne commande pas de respecter la vie d’autrui mais de frapper de mort l’assassin ».
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appartienne aux juridictions de l’ordre judiciaire. Les magistrats civils et les magistrats
en matière pénale sont recrutés de la même façon.
En définitive, le Droit Pénal échappe à cette dichotomie Droit privé/Droit public : il doit être
considéré comme un ensemble cohérent qui ne ressemble à aucune autre branche du droit et qui
de ce fait, jouit d’une véritable autonomie.
Il constitue un troisième domaine du Droit qui utilise des concepts juridiques qui lui sont
propres et qui poursuit des objectifs qui lui sont spécifiques.
L’autonomie du droit pénal se manifeste surtout dans l’application de certains concepts issus
des autres disciplines du droit.
Les incriminations prévues par la loi pénale se réfèrent souvent à des notions définies par les
autres disciplines juridiques, telles que le droit civil, le droit commercial etc. (Ex. : la bigamie
ne se conçoit que s’il y a mariage, la qualité de fonctionnaire est une condition préalable de
certaines infractions…).
Toutes ces notions extra-pénales font partie de la qualification pénale, et dès lors, le problème
suivant se pose au juge pénal : doit-il se référer aux définitions internes du droit privé ou du
droit public pour apprécier ou qualifier le fait ?
La réponse est que la jurisprudence criminelle s’écarte volontiers des définitions extra-pénales :
elle a notamment sa conception particulière du « fonctionnaire », ou du « domicile » : ainsi,
pour le juge pénal, le domicile c’est la demeure permanente ou temporaire occupé par celui qui
y a droit ; cela peut être une tente, et, si quelqu’un y entre sans autorisation, c’est une violation
de domicile, alors qu’en matière civile, le domicile est défini par le code civil comme le lieu où
la personne a son principal établissement.
Les tribunaux répressifs sont souvent appelés, à statuer sur l’incidence pénale de la nullité des
actes ou des titres juridiques qui commandent la répression.
Sur ce point encore, l’autonomie du droit pénal a été nettement affirmée par la Cour de
cassation française : « la loi civile, ne détermine les causes de nullité ou d’annulation (...) qu’au
point de vue des intérêts civils abstraction faite des éléments délictueux et de leurs
conséquences». Cass. crim. 25 juillet 1912 (S. 1914, I, 116)
Sur cette base, le juge pénal a décidé que l’irrégularité d’un chèque ne fait pas obstacle à la
répression du défaut de provision « si le titre émis (...) présente toutes les apparences d’un
chèque » et s’il a été accepté comme tel. De même, il a été jugé que, il importe peu en matière
d’abus de confiance que le contrat qui a donné lieu au détournement soit frappé d’une cause de
nullité etc.
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Cette autonomie du droit pénal a pour but d’assurer une meilleure répression. Il s’agit d’éviter
que des délinquants habiles ne s’abritent derrière les règles du droit civil pour échapper à la
répression.
C - Les ramifications du droit pénal
Sous une unité apparente, le Droit Pénal ne se constitue pas de façon uniforme. Il se subdivise
en plusieurs sous branches :
Le droit pénal général qui vise à étudier l’ensemble des règles communes à toutes les
infractions. Ce sont les règles qui fixent les grands principes en matière d’infractions,
de responsabilité pénale et de sanction pénale.
Le droit pénal spécial est constitué des règles particulières à chaque infraction. Il
applique et adapte aux différentes infractions les règles et principes prévus par le droit
pénal général.
La procédure pénale est constituée des règles qui gouvernent la manière dont la justice
est saisie ainsi que la manière dont les infractions vont être prises en compte,
référencées, puis traitées.
Le droit pénal international : les sources internationales de droit pénal tendent à se
multiplier, d’où l’importance grandissante du droit pénal international. C’est la branche
du droit pénal qui règle l’ensemble des problèmes pénaux qui se posent au plan
international. Il est constitué de deux composantes :
- La première a trait à la répression de l’infraction présentant un élément
d’extranéité conduisant à se trouver en relation avec un ordre juridique étranger
à l’ordre ivoirien. Par ex., la compétence des tribunaux ivoiriens pour juger une
infraction commise à l’étranger, la compétence de la police et juridictions
ivoiriennes pour mener des enquêtes pénales à l’étranger, les règles d’extradition
des délinquants étrangers présents sur le territoire ivoirien etc.
- La seconde, appelée droit international pénal a trait à la répression des
infractions pénales définies par les conventions internationales : crime de guerre,
génocide, crime contre l’humanité etc. ce droit se manifeste à travers l’institution
des tribunaux pénaux ad-hoc (Rwanda, ex-Yougoslavie) et la Cour pénale
internationale.
• La pénologie qui est l’étude des sanctions encourues, leur mode d’exécution et
d’extinction.
• La criminologie qui étudie le phénomène criminel dans sa réalité sociale et individuelle
(étude des causes et des conséquences de la criminalité).
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Nouveau code pénal issu de la loi n° 2019-574 du 26 juin 2019 portant Code pénal :
le code pénal de 1981 connaissait sur divers points un vieillissement certain et était
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insuffisant à faire face à de nouvelles formes de criminalité (cybercriminalité,
criminalité d’affaires, mise en danger, terrorisme etc.). Le nouveau code, qui constitue
moins une révolution qu’un ajustement du droit pénal aux exigences de la société
ivoirienne moderne, tend à assurer la défense des valeurs essentielles de notre époque
et une répression appropriée de ceux qui viendraient à méconnaître les interdits qu’elles
impliquent. En la forme, il s’efforce d’atteindre ces objectifs en manifestant dans la
présentation un souci de clarté et de simplicité.
Jean Pradel, Droit pénal général, éd. CUJAS, 21ème éd. 2016.
B. Bouloc, G. Stéphani & G. Levasseur, Droit pénal général, coll. précis Dalloz, Dalloz-
Sirey, 20ème éd., 2007.
Pradel, Jean, Varinard, André et al., Les grands arrêts du droit pénal général, Paris :
Dalloz, 2007, 734 p.
P. Conte, J. Larguier & P. Maistre du Chambon, Droit pénal général, Dalloz, 22ème éd.,
2014.
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PREMIERE PARTIE : LA
NORME PENALE
La loi est le relais nécessaire au droit pénal. Il ne saurait y avoir de crimes ou de délits sans une
définition préalable contenue dans un texte destiné à en fixer les éléments constitutifs. C’est ni
plus ni moins que l’affirmation du principe de légalité des délits et des peines.
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Chapitre 1 : LE PRINCIPE DE LA
LEGALITE DES DELITS ET DES
PEINES
Le principe de la légalité des délits et des peines est une règle cardinale en droit pénal en ce
qu’il dessine la logique de la matière pénale et son application.
Le principe « nullum crimen, nulla poena sine lege », signifie que le juge ne peut retenir la
culpabilité d’un individu et prononcer des peines que si cela a été prévu par la loi. En d’autres
termes, tout le droit pénal est exprimé dans la loi.
Le code pénal ivoirien reprend ce principe, en son article 14.
Après avoir apprécié les fondements et corollaires du principe, les sources de l’infraction seront
ensuite analysées.
C’est chez les philosophes du 18e siècle, notamment chez le juriste italien Cesare Beccaria et
Montesquieu, qu’on trouve la première expression systématique et raisonnée du principe de la
légalité.
Pour Beccaria, « les lois seules peuvent ordonner les peines applicables aux délits et ce pouvoir
ne peut résider que dans la personne du législateur qui représente toute la société unie par un
contrat social ». (Il en a fait la base d’un petit livre intitulé « Traité des délits et des peines »
(chap. III, 1764) qui fut le premier traité de Droit Pénal raisonné).
Dans la même veine, dans son ouvrage intitulé « De l’esprit des Lois », Montesquieu déclare
que « les juges de la nation ne sont que la bouche qui prononce les paroles de la loi » et « il
n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative ».
Le principe de la légalité criminelle ainsi établi, sera repris par la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen (DDH&C) du 27 août 1789, qui lui donnera sa forme définitive, et lui
assurera l’universalité et la pérennité qu’on lui connaît actuellement.
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L’article 7 DDHC proclame : « Nul homme ne peut être arrêté ni détenu que dans les cas
déterminées par la loi et dans les formes qu’elle a prescrites », et l’article 8 ajoute : « la loi ne
peut établir que des peines strictement et évidemment nécessaires et nul ne peut être puni qu’en
vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée ».
Ce principe était tellement évident que sa diffusion à l’étranger sera immense ; presque tous les
pays civilisés le consacreront et y verront l’un des fondamentaux les plus assurés du droit
criminel moderne.
Il sera formulé tantôt dans les codes pénaux, tantôt dans les constitutions. On le retrouve aussi
dans les textes internationaux essentiels tels que la DUDH de 1948, le Pacte international relatif
aux droits civils et politiques (1966), la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples
de 1981 etc.
§2 - Fondements du Principe
• le principe de la légalité assure aussi l’égalité des citoyens devant la loi pénale. La
préexistence des textes pénaux permet aux citoyens d’avoir tous, à égalité la même
connaissance des textes. Cf. notamment article 17 al. 1 CP : « La loi pénale s’applique à
tous également ».
• la nécessité d’encadrer le pouvoir de l’Etat : il importe que la collectivité n’abuse pas des
prérogatives qu’elle possède sur les êtres qui la composent : son pouvoir doit être contenu
dans certaines limites, qui garantissent la liberté et l’indépendance de chacun. Le principe
de la légalité est le rempart contre l’arbitraire du pouvoir. Il rejoint la théorie de
Montesquieu sur la séparation des pouvoirs : le juge empiéterait sur le pouvoir législatif
s’il pouvait librement créer des incriminations, choisir des peines et juger sans respecter
des règles de compétence ou de procédure impérativement fixées.
Enoncé à l’article 14 du code pénal (« Le juge ne peut qualifier d'infraction et punir un fait qui
n'est pas légalement défini et puni comme tel. Il ne peut prononcer d'autres peines et mesures
de sûreté que celles établies par la loi et prévues pour l'infraction qu'il constate »), le principe
légaliste signifie que les individus doivent connaître non seulement les actes prohibés, mais
aussi les peines auxquels ils s’exposent en enfreignant les interdits.
Ce principe implique donc des conséquences tant sur l’incrimination que sur la peine.
§1 : Le principe de la légalité criminelle : nullum crimen sine lege
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A- Exposé du principe
Le principe de la légalité criminelle signifie qu’une infraction n’est punissable que si elle a été
définie par la loi. Il n’y a pas d’infraction sans texte.
Ainsi, tout acte, tout comportement qui cause un trouble à l’ordre public même très grave, ne
donnera pas nécessairement lieu à une sanction pénale, s’il n’est pas légalement incriminé. Ce
principe emporte des conséquences, tant à l’égard du juge que du législateur.
Le juge est obligé de se livrer à une opération importante : la qualification des faits.
Avant de prononcer toute décision de culpabilité ou non, le juge, doit constater l’existence d’un
texte répressif antérieur aux faits poursuivis et vérifier que sont réunis les éléments constitutifs
exigés par la loi pour que le fait soit punissable. Si le fait n’est susceptible d’aucune
qualification pénale, il ne peut donner lieu ni à poursuite ni évidemment à condamnation même
s’il est moralement ou socialement réprouvé. Par exemple, parce que précisément la loi ne l’a
pas réprimé, le suicide n’est pas pénalement punissable. Idem pour la prostitution.
Le principe de la légalité criminelle fait aussi interdiction au juge de donner aux textes de loi
une portée rétroactive. En effet, le principe de la légalité criminelle implique que nul ne peut
être puni pour un comportement qui, au moment où il a été commis ne constituait pas une
infraction.
En outre, le juge doit appliquer la loi de manière restrictive, comme l’exige l’article 16 CP.
Le principe de la légalité criminelle exprime le besoin de qualité de la loi pénale : la loi pénale
doit être claire et prévisible.
L’infraction doit être clairement définie par la loi pour que le « justiciable puisse savoir à partir
du libellé de la clause pertinente […] quels actes et omissions engagent sa responsabilité ». En
d’autres termes, le texte d’incrimination doit être explicite sur les éléments constitutifs de
l’infraction.
Le principe de la légalité s’impose au législateur :
- d’une part en tant que principe à valeur constitutionnelle (article 7, loi n° 2016-
886 du 8 novembre 2016 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire –
révisée par la loi constitutionnelle n°2020-348 du 19/3/2020 – : « Nul ne peut être
poursuivi, arrêté, gardé en vue ou inculpé, qu’en vertu d’une loi promulguée
antérieurement aux faits qui lui sont reprochés ») ;
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- d’autre part, en tant que disposition supra légale : il figure dans les textes
internationaux signés et ratifiés par la CI (Pacte International relatif aux Droits Civils et
Politiques (articles 9, 10, 14, 15) ; charte africaine (art. 6) etc.
L’article 123 de la constitution consacre l’autorité supérieure des traités sur les textes
nationaux.
Mais, parfois, on constate que les obligations ci-dessus mentionnées qui pèsent sur le législateur
ne sont pas toujours respectées de sorte que le principe de la légalité est égratigné.
Le nouveau code pénal a tenté de corriger certaines imperfections de l’ancien code pénal dont
certaines incriminations demeuraient floues ou vagues. Par exemple, il a défini l’incrimination
de viol (art. 403 CP), ce qui n’était pas le cas auparavant alors même que cette infraction était
qualifiée de crime.
Les limites au principe de la légalité criminelle se perçoivent aussi à l’égard des juges.
En effet, le principe n’oblige pas le juge à réprimer les faits prévus par la loi. Par exemple, les
magistrats du parquet ne sont pas tenus d’engager des poursuites.
De même, le principe ne s’oppose pas à ce que le juge requalifie l’infraction sous une
qualification moins grave que celle résultant de la stricte application des dispositions légales.
Ex. viol souvent requalifié d’attentat à la pudeur pour palier des problèmes de preuve.
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A- Exposé du principe
Il ne peut pas y avoir de peine si cette peine n’est pas prévue et déterminée par la loi, selon les
dispositions de l’article 14 al. 2 CP.
Ainsi, pour chaque infraction, le législateur doit prévoir à l’avance une peine déterminée.
Aussi, le juge ne peut-il prononcer que les peines prévues par la loi, pour l’infraction qu’il
retient et, dans les limites et conditions légales :
o il ne peut inventer une peine ;
o il ne peut prononcer une peine supérieure au maximum légal ;
o il ne peut prononcer une peine complémentaire qui n’aurait pas été prévue par
l’infraction jugée ;
o il ne peut s’abstenir de prononcer une peine complémentaire lorsque celle-ci est
obligatoire etc.
B- Atteintes au principe
En matière de sanction, le législateur procède parfois par renvoi, ce qui constitue une atteinte
au principe de la légalité.
La sanction à une incrimination pouvant figurer dans un autre texte, il faut consulter plusieurs
textes pour connaître la sanction, alors que l’incrimination et la sanction sont indissociables.
Le principe de la légalité des peines est aussi atténué par le pouvoir qui est conféré au juge
d’individualiser les peines : le code pénal prévoit un maximum et un minimum pour les peines,
ce qui laisse au juge une grande marge de manœuvre. Ainsi, le juge peut en diminuer le
quantum, écarter certaines d’entre elles ou les assortir de diverses modalités prévues par la loi.
Par ailleurs, même en présence d’un texte clair, l’interprétation du juge se révèle nécessaire :
par exemple, bien que précisément défini, l’incrimination de vol a suscité et suscite encore
aujourd’hui, des problèmes : qu’est-ce qu’une chose ? Photocopier sans autorisation du
propriétaire constitue-t-il un vol ?
Le juge, obligé de juger sous peine d’être sanctionné pour déni de justice, dispose de plusieurs
méthodes d’interprétation. Toutefois, dans la mesure où seule la loi a la légitimité pour créer
les infractions, le principe de l’interprétation stricte des lois pénales s’impose conformément à
l’article 15 du nouveau code pénal qui consacre formellement cette interprétation.
• La première est que le juge ne peut appliquer un texte qu’aux cas prévus par ce texte.
Cela exclut l’interprétation par analogie, comme il est expressément dit à l’article 16
alinéa 2 : « L’application par analogie d’une disposition pénale à un fait qu’elle n’a
pas prévu est interdite ». Il en résulte que le juge n’a pas le droit de combler les lacunes
du législateur. Cette interdiction explique la jurisprudence qui a refusé d’appliquer le
vol à la grivèlerie (ou filouterie) d’aliment, comportement qui ressemble à du vol mais
qui n’en est pas. Par exemple, la Cour suprême a considéré qu’on ne peut pas appliquer
le délit relatif à la publicité des marchandises aux prestations de service qui ne sont pas
des marchandises : CS, 9 /11/1973, RID 1974, n°3, p. 45.
• La seconde est que le juge doit appliquer le texte à toutes à les hypothèses que loi
prévoit : l’interprétation stricte n’est pas une interprétation restrictive qui consisterait à
adopter systématiquement une application minimale de la loi pénale.
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Ainsi, le juge pénal est autorisé à recourir à l’interprétation téléologique, car cette
méthode lui permet de combler les lacunes de la loi nées avec l’évolution de la technique
(progrès techniques imprévisibles pour le législateur) et de prendre en compte les
nouvelles formes de criminalité.
• A ces deux sens, on peut ajouter un troisième : le juge a la possibilité de corriger les
erreurs matérielles commises par le législateur. Il n’est pas obligé de s’arrêter à la lettre
de la loi. En effet, le texte de loi peut être mal rédigé, comporter des erreurs
grammaticales ou des erreurs de syntaxe et que ces erreurs qui ont pour effet de le rendre
confus ou absurde. Dans ces cas, l’application du texte au pied de la lettre conduit à des
absurdités. Ex. selon un règlement sur la police des transports ferroviaires « il est
interdit aux voyageurs de monter ou de descendre ailleurs que dans les gares et lorsque
le train est complètement arrêté ». Alors, un citoyen s’est permis de descendre du train
en marche, en se prévalant de la loi qui l’y autorisait. La cour de cassation a déclaré
que le texte est absurde et qu'il est évident qu'il est interdit de descendre avant l'arrêt
complet et non pas pendant l'arrêt complet. (ch. Crim. 1930). En d’autres termes, le
juge n’a pas besoin d’interpréter la loi littéralement, il peut corriger les erreurs du
législateur.
Chaque fois que la lettre de la loi est claire et précise, l’interprétation littérale ou l’application
restrictive telle que édictée à l’article 16 CP reste une garantie contre des interprétations plus
ou moins arbitraires du juge.
Mais, dans le cas où la loi est obscure, le juge doit un effort pour percer l’intention du législateur
en s’aidant au besoin des travaux préparatoires. Si malgré tous les efforts du juge, l’obscurité
persiste, le juge doit se refuser à condamner : le doute doit profiter à l’accusé.
La jurisprudence approuvée par la doctrine a admis l’interprétation par analogie dans deux
hypothèses : il s’agit des lois pénales de fond favorables aux personnes poursuivies et des lois
pénales de forme :
• en ce qui concerne les lois pénales de fond favorables aux prévenus (analogie in
favorem) : la jurisprudence a fait l’application par analogie en matière de faits
justificatifs. En effet, l’art. 329 de l’ancien code pénal de 1810 ne prévoyait la légitime
défense que pour les coups et blessures et l’homicide volontaires. Le code pénal ne visait
que les crimes et délits en matière de faits justificatifs. L’interprétation stricte aurait
conduit à restreindre le domaine des faits justificatifs en excluant les contraventions, et
à admettre la légitime défense uniquement pour les infractions de coups et blessures et
d’homicide volontaires. Pourtant, la jurisprudence a étendu les faits justificatifs à toutes
les infractions volontaires y compris les contraventions.
Elle a même inventé de toutes pièces un nouveau fait justificatif que le législateur
n’avait pas prévu : l’état de nécessité. Ces décisions jurisprudentielles ont pas la suite
été entérinées par le législateur ivoirien dans le code pénal de 1981 (Cf. articles 100 et
104 ancien CP).
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• en ce qui concerne les lois pénales de forme, la jurisprudence admet presque
systématiquement l’interprétation par analogie. La justification de cette solution est que
les lois pénales de forme ont pour but d’assurer une meilleure administration de la
justice pénale, et par conséquent, elles ne peuvent pas nuire aux parties. Par exemple,
l’interprétation par analogie a été utilisée pour étendre à tous les experts l’obligation
du serment qui n’était prévu qu’en matière de fragrant délit.
§ 1 – La loi
Il s’agit non seulement de la loi au sens strict, mais aussi de toutes les règles qui sont assimilées
à la loi par la constitution.
A/ La loi au sens strict
Prise dans ce sens, la loi désigne une disposition générale et abstraite votée par le parlement
transmise au Président de la République (PR), puis promulguée par lui. Elle est ensuite publiée
au journal officiel (JO) et entre en vigueur trois jours francs après cette publication.
La loi est la principale source du droit pénal. En effet, l’article 101 de la constitution réserve au
législateur le pouvoir de déterminer « les crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont
applicables, la procédure pénale, l’amnistie ». C’est dire que le législateur a le monopole de la
répression, exception faite des contraventions qui relèvent du pouvoir réglementaire selon
l’article 103 de la constitution.
Les incriminations sont essentiellement contenues dans le code pénal : loi n°2019-574 du 26
juin 2019 portant code pénal qui abroge la loi n°81-640 du 31 août 1981 instituant le code
pénal.
Pour rappel, le principe de la légalité des délits et des peines oblige le législateur à définir
strictement les éléments constitutifs de l’infraction.
Mais, il arrive que le législateur vote des lois imprécises dans lesquelles les juges peuvent faire
entrer tout ce qui veut. Dans ce cas de figure, ces lois entachées d’un motif d’annulation peuent
faire l’objet d’un contrôle de constitutionnalité, soit par la voie de l’action (avant la
promulgation, la loi peut être déférée devant le Conseil Constitutionnel qui en apprécie la
conformité avec la constitution (art. 126, Const.)), soit par la voie de l’exception
d’inconstitutionnalité (l’article 135 Const.).
L’exception peut être invoquée par tout plaideur dès qu’un acte relève dans son application un
motif d’inconstitutionnalité.
Le juge répressif, devant lequel l’exception d’inconstitutionnalité est soulevée doit surseoir à
statuer et saisir le conseil constitutionnel.
Toutefois, la décision du juge constitutionnel a un caractère relatif dans le cadre du recours en
exception : seul l’acte pris en application de la loi déclarée inconstitutionnelle est annulée, la
loi subsiste.
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B/ Les règles assimilées à la loi
Deux types de règles sont assimilés à la loi au sens strict. Il s’agit des ordonnances ratifiées et
des mesures exceptionnelles de l’article 73.
1) Les ordonnances ratifiées
Elles sont prévues par l’article 106 de la constitution. Ce texte prévoit que pour l’exécution de
son programme, le PR peut demander au parlement l’autorisation de prendre par des
ordonnances, pendant un délai limité, de mesures qui relèvent normalement du domaine de la
loi.
Ces ordonnances sont prises en Conseil des Ministres et entrent en vigueur dès leur publication.
Mais, elles doivent ensuite être ratifiées par le parlement. Avant la ratification, elles ont la
même valeur qu’un règlement. Le projet de loi de ratification doit être déposé au parlement
avant l’expiration de la loi d’habilitation. Si le projet de loi de ratification n’est pas déposé dans
le délai, l’ordonnance devient caduque, c’est-à-dire, qu’elle ne peut plus être appliquée pour
l’avenir. Il en est de même si le parlement refuse la ratification.
Mais si le parlement vote la loi de ratification, l’ordonnance devient une loi et ne peut être
modifiée que par la loi, du moins, en ce qui concerne les dispositions relevant du domaine de
compétence du législateur. Cela signifie qu’à partir de la ratification, le juge répressif ne pourra
plus contrôler la conformité de l’ordonnance à la loi ou à la constitution.
Ex. Ordonnance du 21 mars 2012 relative aux Télécommunications et aux Technologies de
l’Information et de la Communication. Elle comporte de nombreuses dispositions pénales (cf.
chap. 2).
§2 – Le règlement
Au niveau interne, il n’y a pas que la loi au sens strict qui soit la source du droit pénal. Le
pouvoir exécutif joue un rôle dans l'édiction du droit pénal, par le biais d’ordonnances et de
règlements administratifs qui sont soumis au contrôle de la légalité de la part du juge répressif.
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On peut distinguer diverses sortes de règlements que sont les ordonnances non encore ratifiées,
les décrets règlementaires, les arrêtés pris par les AA et les circulaires.
Les décrets pris en Conseil de Ministre définis par l’article 103 ne peuvent intervenir qu’en
matière de contraventions, les crimes et délits relevant du domaine exclusif de la loi (art.
101/103 constitution).
En principe, les contraventions relèvent du domaine exclusif du règlement, mais le législateur
peut prévoir des contraventions.
Les autres règlements administratifs tels les arrêtés ministériels, municipaux ou préfectoraux
constituent également une source du droit pénal. Ils sont pris par l’administration, le
gouvernement, leurs agents d’exécution. Ces arrêtés peuvent interdire certains comportements,
mais ne peuvent jamais fixer des peines.
Pour autant, les agissements ainsi interdits ne resteront pas impunis, car il existe une sanction
sui s’applique à toute violation d’un règlement. Cette sanction est prévue à l’article 2-1° du
décret du 31 juillet 1969 déterminant les contraventions de simple police et les peines qui leur
sont applicables : « Sera puni d’une amende de 5 000 à 50 000 F CFA inclusivement quiconque
aura contrevenu au décret ou arrêté légalement fait par l’autorité administrative ou
municipale ».
Le règlement peut être par exemple annulé pour les motifs suivants :
- l’incompétence de l’autorité administrative ;
- le non - respect des conditions de procédure fixées par la loi : vice de forme. Ex : absence
de publicité, de motivation… ;
- la violation de la loi ;
- le détournement de pouvoirs : le juge vérifie que l’auteur de l’acte a respecté le but qui
lui est assigné par la loi.
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Le texte répressif jugé illégal est annulé, il ne peut plus s’appliquer, et est censé n’avoir jamais
existé.
Ce qui n’est pas le cas lorsque les juridictions répressives procèdent à un contrôle de légalité
par voie d’exception.
2) Le contrôle par voie d’exception
Toute personne poursuivie devant les juridictions répressives peut invoquer l’illégalité du
règlement qui sert de fondement aux poursuites pour échapper à la répression.
Lorsque le juge répressif constate l’illégalité d’un texte réglementaire qui sert de base à des
poursuites pénales, il doit refuser de l’appliquer dans le cadre du procès en cours. Il n’a pas le
pouvoir de l’annuler, le texte reste en vigueur.
Bien que son rôle soit l’organisation politique du pays et la répartition des pouvoirs d’Etat, la
constitution constitue une source du droit pénal.
Elle intéresse le droit pénal dans la mesure où, elle énonce quelques-uns de ses principes
fondamentaux, tel que le principe de la légalité des délits et des peines, elle détermine les
compétences pénales du pouvoir exécutif et législatif, et comporte une déclaration des droits de
l’homme, laquelle déclaration constitue les bornes au catalogue des incriminations contenues
dans le code pénal.
Chapitre 2 : L’APPLICATION DE LA
NORME PENALE
La loi pénale a un triple champ d’application :
- en premier lieu, selon le principe de la légalité, il n’y a pas d’infraction ni de peine sans
texte : le juge doit donc qualifier les faits ; c’est le champ d’application légal ;
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- en deuxième lieu, la loi pénale s’applique pendant un certain temps ; c’est le champ
d’application temporel de la loi ;
- en troisième lieu, la loi pénale s’applique sur un territoire donné : il s’agit du champ
d’application spatial.
La qualification est, en, tout cas, le premier acte que doit faire n’importe quel rouage de la
justice répressive à partir du moment où il semble qu’une infraction ait été commise. En effet,
selon les dispositions de l’article 14 du code pénal, « Le juge ne peut qualifier d'infraction et
punir un fait qui n'est pas légalement défini et puni comme tel ».
Le juge a donc l'obligation de qualifier les faits.
La qualification est l'opération intellectuelle par laquelle le juge va tenter d'établir si des faits
particuliers reprochés à une personne entrent dans le domaine d’application d’une incrimination
légale.
Dans cet exercice, le juge se heurte parfois à une grande difficulté : celle du nombre de
qualifications à retenir lorsque les faits reprochés tombent sous le coup de plusieurs
incriminations légales.
Avant de chercher à répondre à cette question, il convient d’énoncer d’abord, les principes
généraux applicables à la qualification des faits.
Question principale : à quel moment le juge pénal se situe-t-il pour qualifier pénalement
les faits ?
Le principe est celui du temps de l’action, les faits sont qualifiés au moment où ils sont commis.
L’infraction est qualifiée au moment des faits, alors même que postérieurement à
l’accomplissement des faits, la situation juridique qui commandait la qualification pénale des
faits se soit modifiée.
B/ Le pouvoir de qualification
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Ainsi, chaque intervenant peut donner sa qualification sur les faits commis au moment de
l’action. C’est ce qu’on appelle le devoir de requalification, si la qualification initiale n’a pas
été retenue.
Cependant, la requalification est possible, seulement à la condition que le prévenu ait été en
mesure de présenter sa défense sur la nouvelle qualification envisagée.
L’opération de qualification opérée par le juge n’est pas totalement libre, la Cour de cassation,
juge du droit, exerçant un contrôle sur la qualification retenue par les juridictions inférieures.
La qualification est en effet une question de droit : si donc les faits souverainement constatés
par les juges du fond ont reçu de ceux-ci une qualification qui ne correspond pas aux exigences
de la loi, la qualification retenue constitue une fausse interprétation des textes d’incrimination
utilisés, ou qui auraient dû être utilisés, et il y a là un moyen de cassation. La décision du juge
de fond pourra être annulée pour violation de la loi, laquelle peut résulter entre autres, du défaut
ou de l'insuffisance des motifs pour justifier la décision, par exemple.
Le contrôle de la motivation est le moyen pour la Cour de cassation d’effectuer son contrôle de
l’application et d’interprétation de la loi.
Le choix d’une qualification pénale n’est pas toujours évident, surtout lorsque plusieurs textes
sont applicables à un même fait délictueux.
C’est par exemple le cas, lorsqu’un individu porte volontairement des coups sur une personne
(délit de violences volontaires : art. 381 cp) et le laisse sans soins (délit d’omission de porter
secours : art. 391 cp) ; ou le voleur qui est forcément receleur.
Poursuivra-t-on cumulativement pour omission de porter secours dans le premier cas, et pour
recel dans le second cas ? Ou négligera-t-on cette deuxième qualification ?
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Après avoir hésité, la jurisprudence a retenu que les qualifications de vol et de recel étaient
exclusives l’une de l’autre ; pareillement pour les qualifications d’abus de confiance et de
receleur (Crim. 2/12/1971, B.C 337 ; D. 1972, p.24 ; Crim. 6/6/1979, Bulletin Criminel Cour
de Cassation Chambre criminelle N. 193 P. 534).
Il est d’autres hypothèses où le conflit de qualifications n’est pas effectif, c’est notamment le
cas lorsque les qualifications sont alternatives.
Certaines infractions sont très proches : ainsi, face à la mort d’un individu, le code pénal
propose plusieurs qualifications : assassinat (art. 378-2°), meurtre (art. 378-1°) s’il est
démontré que l’agent avait l’animus necandi (intention de donner la mort) ; l’infraction est
réprimée sous la qualification de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans
intention de la donner (art. 381-1°), ; si la mort est le fruit d’une imprudence, seul l’homicide
involontaire (art. 392) sera retenu.
Ces qualifications sont dites alternatives dans le sens où si l’une ne peut être retenue, ce sera
l’autre. Le choix de la qualification dépend ici de l’appréciation de la faute, de l’élément
intentionnel des infractions concernées.
Le problème s’est posé de savoir si dans l’hypothèse d’une décision de relaxe ou d’acquittement
sur l’une des qualifications, une poursuite sur une autre incrimination était possible.
La réponse se trouve dans la règle non bis in idem qui s’oppose en principe à toute nouvelle
poursuite : Selon l’article 117CP, « Nul ne peut être puni deux fois pour le même fait ».
Dans ce cas de figure, il y a pluralité, concurrence de qualifications. Un même fait peut être
punissable par le moyen de textes différents, car ce seul fait possède plusieurs caractères
délictueux. La doctrine parle de cumul de qualifications.
Cette hypothèse est celle de l’auteur d’un d’accident mortel de la circulation intervenu suite à
une vitesse excessive causant la mort de l’autre automobiliste ; le responsable de l’accident se
rend non seulement coupable d’infraction pour vitesse excessive et dangereuse selon le Code
de la route, mais également coupable d’homicide involontaire selon le Code Pénal ; usage de
faux réalisé pour commettre une escroquerie.
Il ressort de cette disposition que le juge peut relever plusieurs déclarations de culpabilité, mais,
seulement, dans le cadre d’une poursuite unique.
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En outre, la loi exige que les qualifications en conflit protègent des valeurs sociales différentes :
en effet, le fait unique doit être constitutif d’une pluralité d’éléments moraux.
Cette exigence reprend les critères posés dans la décision de la chambre criminelle rendue dans
l’arrêt Ben Haddadi.
Si les juges peuvent retenir plusieurs déclarations de culpabilité, ils ne peuvent pas cependant
prononcer plusieurs peines et mesures de sûreté : aux termes de l’alinéa 2 de l’article 118, « Les
peines et mesures de sûreté encourues pour la qualification passible des peines principales les
plus sévères parmi celles visées par la poursuite et retenues par le juge sont seules
prononcées ». C’est le principe du non cumul des peines.
L’article 120 détermine les conditions d’appréciation de la sévérité de la peine principale prévue
pour l’infraction la plus sévèrement sanctionnée.
Lorsque les deux qualifications en concours sont de gravité égale (sanctions égales), ce qui est
rare en pratique, la jurisprudence constante retient « l’infraction – fin » sur « l’infraction -
moyen ». Cf. par ex., la décision du 3/3/1966 de la chambre criminelle de la cour de cassation
française punissant comme escroquerie, l’escroquerie commise à l’aide de l’émission d’un
chèque sans provision : BC n°79.
« Specialia generalibus derogant » : lorsqu’il y a concurrence entre une infraction générale et
une infraction spéciale, on retient l’infraction spéciale. Exemple : violences volontaires sur
mineure et infraction de mutilation génitale.
Il ne faut pas confondre le conflit de qualifications avec le concours réel d’infractions. Dans ce
dernier cas, l’individu a commis un ou plusieurs actes différents avant que le premier ait donné
lieu à une condamnation définitive. En ce cas, peu importe que ces actes aient été commis quasi-
simultanément ou à des moments différents. C’est la situation prévue à l’article 119 du code
pénal. Par exemple, une personne commet un vol aujourd’hui, puis le lendemain, un meurtre.
Il s’agit d’un concours réel d’infractions.
Parfois, il se peut que deux lois coexistent simultanément : il peut avoir alors conflit de lois
dans le temps.
La loi existe entre son entrée en vigueur et son abrogation. Pour qu’un tribunal de répression
puisse prononcer une condamnation, il faut donc que le fait incriminé ait été commis dans
l’intervalle qui sépare deux dates : l° le temps où la loi qui le punit est devenue obligatoire par
sa promulgation et sa publication ; 2° le temps où elle a cessé de l’être par son abrogation.
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A/ L’entrée en vigueur
Les principes qui régissent l’entrée en vigueur des lois sont contenus dans le décret n°61-175
du 18 mai 1961 fixant les modes de publication des lois et règlements modifié par le décret
n°81-894 du 28/10/1981.
Au terme de l’article 1 du décret précité, « Les lois, ordonnances, les décrets et arrêtés sont
exécutoire sur le territoire de la République 3 jours francs après leur publication au JO ».
B/ L’abrogation
Les lois pénales cessent d’être obligatoires, par leur abrogation. L’abrogation consiste à
supprimer un texte pour l’avenir.
L’abrogation peut être expresse, c’est-à-dire, lorsque le texte nouveau déclare expressément
que le texte ancien ou tel texte, est abrogé. Le texte abrogé ne peut plus s’appliquer.
De même, un texte peut être implicitement abrogé lorsque ses dispositions anciennes sont
contraires aux dispositions nouvelles.
L’abrogation peut enfin survenir en cas de lois temporaires, par l’expiration du temps pour
lequel elles sont établies.
La date d’entrée en vigueur étant établie, se pose la question, en droit pénal, de savoir quels
faits peuvent être régis par la nouvelle loi.
Il arrive que plusieurs lois se succèdent avec la vocation de régime sur une même situation
juridique. Si la situation juridique a été définitivement tranchée par les juridictions pénales
avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle, il n’y a pas de problème, car la loi nouvelle ne peut
pas s’appliquer.
En revanche, le problème se pose lorsqu’une infraction est commise sous l’empire d’une loi
ancienne et n’a pas été définitivement jugée au moment de l’entrée en vigueur d’une loi
nouvelle. Il y a alors un conflit de loi dans le temps.
Les solutions du droit positif en la matière diffèrent selon qu'il s'agisse d'une loi de fond ou
d'une loi de forme.
En ce qui concerne les lois pénales de fond, c’est-à-dire, les lois qui incriminent les infractions
et fixent les peines, le principe est la non-rétroactivité de la loi pénale nouvelle (ou non-
rétroactivité in pejus), mais, ce principe est atténué dans certaines circonstances.
1) Le principe de la non-rétroactivité
Ce principe signifie que la loi applicable est la loi en vigueur au moment de la commission de
l’infraction : c’est le corollaire du principe de la légalité des délits et des peines (Portalis : « la
loi qui sert de titre à l’accusation doit être antérieure à l’action pour laquelle on accuse »).
Art. 24 al.2 CP.
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2) Les atténuations du principe
En vertu de l’art. 24.1 CP, la loi pénale nouvelle plus douce s’applique non seulement aux faits
commis avant sa mise en vigueur et non encore jugés, mais également aux faits déjà jugés en
première instance et qui peuvent encore être soumis à la juridiction d’appel ou à la Cour de
cassation : la loi nouvelle plus douce s’applique donc aux affaires en cours.
L’article 24.1 consacre ainsi une exception au principe de la non-rétroactivité : de l’application
immédiate des lois nouvelles plus douces ou la rétroactivité in mitius. La rétroactivité in mitius
est un corollaire du principe de nécessité des délits et des peines.
Cette exception est une faveur pour la personne poursuivie. La raison en est que la société n'a
plus intérêt à appliquer une peine plus sévère. Le législateur estime que l'ancienne peine n'est
plus nécessaire à la société.
L’art. 24 al.1 assortit l’application de la rétroactivité de la loi nouvelle plus douce d’une
condition : l’infraction ne doit pas avoir donné lieu à une condamnation passée en force de
chose jugée Ainsi, la loi nouvelle plus douce ne s’applique pas si l’infraction a déjà donné lieu
à une condamnation définitive avant la loi nouvelle.
Selon les termes de l’article 25 CP, la décision est irrévocable ou définitive lorsque les voies de
recours ordinaires et extraordinaires sont épuisés ou leur délai écoulé.
Le problème que pose est la rétroactivité in mitius est la détermination du caractère plus doux
ou plus sévère de la loi nouvelle.
S’agissant de l’incrimination, la loi nouvelle sera considérée pus douce, par exemple :
si elle supprime une incrimination ou en retreint son champ d’application (ex.: lorsqu’un
texte ajoute des conditions, des éléments à la définition d’infraction. Cas de la
dépénalisation envisagée à l’article 19.1 CP).
si elle supprime une circonstance aggravante pour la qualification de l’infraction ;
Exemple de la qualité de domestique auparavant prise en compte pour l’infraction de
vol.
si elle ne retient plus, en matière correctionnelle, la tentative
lorsque le texte nouveau admet une nouvelle cause d’irresponsabilité etc.
S’agissant de la sanction, la loi nouvelle sera considérée plus douce :
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Des difficultés peuvent survenir dans un certain nombre d’hypothèses : le texte nouveau est
complexe. Ce sont des textes qui comportent à la fois des dispositions plus douces et des
dispositions plus sévères par rapport aux textes antérieurs.
La jurisprudence va distinguer selon que le texte est divisible ou indivisible.
Le texte est divisible, c’est-à-dire, quand elle porte sur des objets distincts : on va pouvoir
distinguer entre ce qui est plus doux et ce qui est plus sévère. La jurisprudence va faire une
application distributive du texte, c’est-à-dire, faire rétroagir les dispositions nouvelles plus
clémentes et conserver les dispositions anciennes en écartant donc les dispositions nouvelles
plus sévères. Le risque de l’application distributive est de dénaturer le texte.
Le texte est indivisible : le texte comprend à la fois des dispositions plus douces et des
dispositions plus sévères, mais elles forment un tout autour d’une disposition principale.
Pragmatisme de la jurisprudence. Elle fait une lecture globale le juge pourra s’attacher à
déterminer l’économie générale de la réforme, ou la disposition principale qui déterminera le
régime de l’ensemble en étudiant par exemple, les travaux parlementaires. La jurisprudence va
parfois porter une appréciation globale. Le juge va comparer entre l’ancien texte et le nouveau
texte.
b – l’application immédiate des lois instituant les mesures de sûreté et des lois interprétatives
L’article 24 al. 3 CP dispose que toute loi prévoyant une mesure de sûreté est immédiatement
applicable aux infractions qui n’ont pas fait l’objet d’une condamnation devenue définitive
même dans le cas où la législation ancienne prévoyait l’application d’une peine aux lieu et place
de la mesure de sûreté.
On justifie l’application immédiate de la loi nouvelle prévoyant des mesures de sûreté par
l’idée qu’une mesure de sûreté n’a pas pour objet de punir, donc elle ne peut être plus sévère :
les mesures de sûreté ont essentiellement pour but d'éviter que de nouvelles infractions soient
commises. La mesure de sûreté est une mesure dont le but est de protéger la société, par
conséquent, on peut les appliquer immédiatement dès leur entrée en vigueur.
L’application immédiate concerne également la loi interprétative. La loi interprétative est la loi
interprétant/précisant une loi antérieure. Elle va faire corps avec la loi précédente. Elle va
s’appliquer selon les mêmes modalités que le texte antérieur, il y aura donc une forme de
rétroactivité.
Le cas de la loi temporaire : une loi temporelle est la loi dont la durée d’application a été
préalablement définie par le législateur. La loi fixant elle-même un terme à son application,
elle ne peut donc pas survivre au-delà de son terme expresse et quel que soit son caractère.
Toutefois, l’article 23.3 CP prévoit : « en cas d'infraction à une disposition pénale sanctionnant
une prohibition ou une obligation limitée à une période déterminée, les poursuites sont
valablement engagées ou continuées et les peines et mesures de sûreté exécutées, nonobstant
la fin de cette période ».
Ainsi, la loi continue d’exister mais ne elle peut s’appliquer qu’à des faits commis pendant sa
durée d’application. Si un individu commet un acte interdit pendant la durée d’application d’un
texte temporaire, il pourra être poursuivi et puni après l’expiration de la période d’application
du texte.
Cette solution se justifie par l’idée que les lois nouvelles de procédure sont techniquement
supérieures aux lois anciennes, elles améliorent donc le fonctionnement de la justice.
Les infractions et les conditions de la répression ne sont pas identiques d’un pays à un autre.
Or, de plus en plus, la criminalité ne connait plus de frontières !
Il se peut donc que l’infraction soit susceptible d’être jugée par les juridictions de différents
pays, et en vertu des lois en vigueur dans ces pays : il se pose alors un problème de conflit de
lois dans l’espace.
Il a conflit de lois dans l’espace dès qu’un élément d’extranéité existe. Il peut être de trois
sortes : le territoire sur lequel l’incrimination est commise, la nationalité de l’auteur délinquant
et la nationalité de la victime.
Pour résoudre ce conflit, il existe plusieurs systèmes conçus par la doctrine parmi lesquels le
droit ivoirien a opéré un choix.
Globalement, le domaine d’application d’une loi pénale nationale (loi de fond) peut être
déterminé selon trois critères différents :
A/ Le système de la territorialité
Dans ce système, la loi applicable est la loi du lieu de commission de l’infraction,
indépendamment de la nationalité de l'auteur ou de la victime.
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Deux raisons justifient ce système :
• ce système se justifie par l’idée de la souveraineté nationale : les questions de droit pénal
sont des questions d’ordre public. Et, il appartient à chaque Etat de faire la police chez
lui. Un Etat ne peut pas faire la police dans un autre Etat sans porter atteinte à la
souveraineté de cet Etat.
• le principe se justifie aussi par la connaissance que l’individu a ou doit avoir de la loi
du pays où il a agi.
Le système de la territorialité présente un inconvénient. Par exemple, dans le cas où un Ivoirien
après avoir commis un crime au Sénégal, se réfugierait en CI, toute répression serait impossible
car, la CI n’extrade pas ses nationaux.
D’où la proposition d’un autre système.
B/ Le système de la personnalité
C’est le système en vertu duquel la loi d’un pays s’applique à tous les nationaux, même en
dehors du territoire, et ne s’applique qu’à ces nationaux à l’extérieur du territoire.
Dans cette hypothèse, on peut s’attacher soit à la loi nationale de l’auteur (personnalité active)
soit à celle de la victime (personnalité passive).
Selon ce système, c’est le tribunal du lieu d’arrestation qui est compétent : on ne tient compte
ni de la personnalité de l’auteur, ni de celle de la victime, ni du lieu de l’infraction.
Lorsqu’une juridiction est saisie, elle applique sa loi nationale.
Le premier et subsidiairement le second système sont largement consacrés par le législateur
ivoirien.
§ 2 – Les solutions du droit positif ivoirien
Le code pénal ivoirien a adopté comme principe, le système de la territorialité, mais il n’est pas
d’application absolue, car il comporte quelques exceptions.
A/ Le principe de la territorialité
Il est contenu à l’art. 19 CP : « la loi s’applique à toutes les infractions commises sur le
territoire.
La mise en œuvre du principe de la territorialité nécessite la connaissance de deux éléments :
- la détermination du territoire ivoirien ;
- le lieu de commission de l’infraction.
1) Le territoire de la République
Il est défini à l’article 19 al.1 CP :
- il s’agit de l’espace terrestre délimité par les frontières ;
- de l’espace maritime composé des eaux territoriales constituées par une
bande parallèle à la côte, des installations et plateformes pétrolières, ainsi
que les ports ;
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- de l’espace aérien, à savoir, l’espace au-dessus des frontières terrestres et
maritimes jusqu’au ciel ;
- navires et aéronefs immatriculés en CI
Le territoire de la République comprend aussi les aéronefs et navires immatriculés en CI quels
que soit l'endroit où ils se trouvent.
3
Art. 703 cpp : « tout ressortissant de Côte d'Ivoire qui en dehors du territoire de la République s'est rendu
coupable d'un fait qualifié "crime" puni par la loi de Côte d'Ivoire peut être poursuivi et jugé par les juridictions de
Côte d'Ivoire. Pour les délits commis à l'étranger par un auteur ivoirien, les dispositions pénales [sous entendues
ivoiriennes] ne peuvent s'appliquer que si le fait est incriminé dans le pays où il a été commis,
peu importe s'il a été incriminé comme délit ou comme contravention ».
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La première exception est constituée par les immunités diplomatiques. Les infractions
commises en Côte d’Ivoire par les personnes bénéficiant de l’immunité diplomatique telle que
résultant des conventions internationales ne peuvent pas être poursuivies devant les juridictions
ivoiriennes.
L’immunité diplomatique vise les ressortissants diplomatiques étrangers pendant la durée de
leur mission. Elle ne s’applique pas au personnel ivoirien des ambassades, ni aux organisations
internationales accréditées en CI. Elle se justifie par la nécessité de respecter la souveraineté
étrangère.
La seconde exception résulte des accords militaires passés entre la CI et la France. La loi
française est compétente pour les infractions commises par les membres des forces armées
françaises à l’intérieur des bases et des installations militaires qui leur sont concédées, ou
commises dans le cadre de leur service.
DEUXIEME PARTIE
L’OBJET DE LA NORME
PENALE : L’INFRACTION
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L’objet du droit pénal, c'est l'infraction définie comme un fait ou acte ou omission contraire à
l'ordre social et qui est prévu et puni par la loi pénale. 4 C’est un comportement positif ou négatif
– action ou omission – dont la loi frappe l’auteur d’une peine ou pour lequel elle lui impose une
mesure de sûreté.
L’infraction constitue donc le pivot même du droit pénal, en ce sens que, en l’absence
d’infraction, il n’y a pas de répression, et donc, pas d’application des règles du droit pénal.
Avant de délimiter cette notion d’infraction en précisant ses éléments constitutifs (titre 2), il
convient d’examiner ses différentes catégories élaborées par la loi, la jurisprudence et par la
doctrine (titre 1).
TITRE I – LES
CLASSIFICATIONS DES
INFRACTIONS
Il existe plusieurs catégories de classification des infractions : l’une est opérée par la loi, c’est la classification
tripartie des infractions (chapitre I), d’autres sont proposées par la jurisprudence et la doctrine, parmi lesquelles,
la distinction fondée sur la nature de l’infraction (chapitre II).
4
Cf. art. 2 CP.
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Chapitre 1 : LA CLASSIFICATION
TRIPARTITE DES INFRACTIONS
Hérité du droit français, la classification tripartite des infractions est la summa divisio : c’est
une distinction cardinale du droit pénal ivoirien.
Elle figure à l’article 3, et distingue les crimes des délits et des contraventions.
§1 – La gravité de l’infraction
La gravité s’exprime à travers la peine qui est encourue.
La première difficulté vient de ce que le législateur prévoit parfois des peines hybrides ou « à
cheval », c’est-à-dire des peines où le maximum se situe dans une catégorie et le minimum dans
une autre catégorie. Par exemple, le viol est puni de l’emprisonnement de 5 ans à 20 ans : par
le minimum, la peine est une peine correctionnelle et par son maximum, une peine criminelle
(art. 403 al.4 CP).
Dans une telle situation, la jurisprudence retient le maximum pour qualifier la peine.
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L’article 5 CP a répondu à cette question en énonçant que la qualification n’est pas modifiée
lorsque, le jeu des règles relatives à la récidive, aux circonstances ou excuses atténuantes, est
applicable. Ainsi, le mineur, auteur d’un meurtre qui est puni d’une peine d’emprisonnement
correspondant à un délit n’a pas pour autant commis un délit. Dans le même sens, l’application
de circonstances aggravantes ne change pas la nature de l’infraction.
Enfin, il y a la pratique de la correctionnalisation judiciaire qui vient altérer la classification
tripartie des infractions.
Qu’elle soit légale ou judiciaire, la correctionnalisation consiste en une altération du critère sur
lequel repose la classification tripartite.
S’agissant de conflits de lois dans l’espace, les règles sont différentes selon les classes.
Les crimes et délits commis à l’étranger pourront relever de l’action de la loi ivoirienne,
sous certaines conditions, tandis que les contraventions commis à l’étranger sont exclus
de l’application de la loi ivoirienne.
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§2 – les intérêts attachés aux règles de forme
Intérêts quant à la compétence du juge : les crimes sont jugés par le tribunal criminel,
les délits par le tribunal correctionnel, et les contraventions par le tribunal de police.
La distinction entre ces différentes infractions présente des intérêts cependant, le critère de
distinction reste indéterminé.
Le problème du critère de distinction ne se pose pas dans les mêmes termes selon qu’il s’agit
de distinguer les infractions politiques des infractions de droit commun, d’une part, et les
infractions militaires des infractions de droit commun, d’autre part.
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C’est la doctrine qui avait tenté de définir le critère de distinction de l’infraction politique de
l’infraction de droit commun à partir des dispositions légales.
Toutefois, l’importance de la distinction avait été très atténuée par l’effet de la loi n° 95-522
du 6 juillet 1995, portant modification de la loi n° 81-640 instituant le code pénal. De plus,
depuis la loi n°2015-134 du 9 mars 2015, plus aucune référence n’était faite à l’infraction
politique dans le code pénal de 1981.
La situation est demeurée la même sous l’empire du nouveau code pénal. Cf. art. 37.
Désormais, la distinction entre infraction politique et infraction de droit commun a perdu toute
valeur.
Toutefois, celle relative à l’infraction militaire et infraction de droit commun conserve tout son
sens.
§2– La distinction infraction militaire / infraction de droit commun
La lecture du code pénal et du code de procédure militaire invite à faire les constatations
suivantes.
Le code pénal prévoit que les infractions punies de la détention militaire sont des infractions
militaires (article 37-2°CP).
Il incrimine aux articles 498 et suivants une série d’infractions qu’il qualifie d’infractions
militaires. Il s’agit des infractions relatives à l’inexécution des obligations militaires, contre le
devoir ou l’honneur militaire, contre la discipline militaire et les abus d’autorité commis par
des militaires sur leurs subordonnés.
En outre, l’article 9 du code de procédure militaire, 5 donne compétence aux tribunaux militaires
pour juger toute infraction commise par un militaire, soit dans le service, soit à l’occasion du
service, soit dans le cas du maintien de l’ordre, soit à l’intérieur d’un établissement militaire.
La lecture combinée des dispositions du code pénal et du code de procédure pénale permet
donc, de distinguer 3 critères de l’infraction militaire :
5
Lorsque le prévenu ou tous les prévenus sont militaires, les juridictions militaires connaissent:
1° Des infractions militaires prévues par le Code pénal non connexes à une ou plusieurs infractions relevant de la
compétence d'autres juridictions ;
2° Des infractions contre la sûreté de l'Etat ;
3° De toute infraction commise :
a) soit dans le service ou à l'occasion du service. Le présent alinéa est inapplicable aux infractions autres que
militaires commises par les militaires de la Gendarmerie dans l'exercice de leurs attributions de Police judiciaire
civile ou de Police administrative ;
b) soit en maintien de l'ordre ;
c) soit à l'intérieur d'un établissement militaire. Sont, pour l'application du présent alinéa, considérés comme
établissements militaires, toutes installations même temporaires utilisées par les Forces armées et la Garde
républicaine, les bâtiments de la Marine nationale et les aéronefs militaires.
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le second critère, est le lien entre l’infraction et le service militaire : ainsi, on doit
considérer comme infraction militaire, toute infraction commise à l’occasion ou dans le
cadre du service militaire ;
6
Art. 8, CPM.
7
Art. 30 et s. CPM.
8
Art. 31 et s. CPM.
9
Art. 39-5° CP.
10
Art. 205 Code de procédure militaire.
11
Art. 204 Code de procédure militaire.
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TITRE II – LES ELEMENTS DE
L’INFRACTION
D’après l’article 2 CP, « Constitue une infraction tout fait, action ou omission, qui trouble ou
est susceptible de troubler l'ordre public ou la paix sociale en portant ou non atteinte aux droits
des personnes et qui comme tel est légalement sanctionné ».
Ce texte ne vise que la manifestation extérieure de l’infraction, ce que la doctrine traditionnelle
appelle l’élément matériel. La manifestation extérieure de l’infraction est essentielle et, elle
seule, permet d’éviter les procès d’intention.
Mais la doctrine ajoute à cet élément matériel, un autre élément : l’élément moral. Cet élément
se rapporte davantage à la psychologie du délinquant. C’est l’aspect intellectuel de l’infraction.
D’après l’article 26 al. 1 CP, l’infraction est réputée commise quand tous ses éléments
constitutifs sont réunis et réalisés. Dans ce cas, on parle d’infraction consommée.
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En principe, seule l’infraction consommée doit être punie, mais ce principe comporte une
exception importante. En effet, dans certains cas, la simple tentative d’infraction est punie par
le législateur.
En dehors de cas exceptionnels, les comportements érigés en infraction sont des comportements
qui produisent des résultats ou sont susceptibles d’en produire. Ces comportements se
présentent sous divers aspects mais d’une façon ou d’une autre, leur résultat est toujours pris en
compte.
D’après l’article 2 CP, l’infraction est constituée par un acte ou une omission. Cette définition
permet de distinguer les infractions selon leur contenu. Le contenu des actes permet une sous-
distinction en fonction de deux critères : le critère de la nature des actes et le critère de leur
nombre.
1) La nature des actes
L’analyse de l’article 2 CP permet de constater que certaines infractions sont constituées par
des actes positifs tandis que d’autres sont constitués par de simples omissions : il existe donc
des infractions de commission et les infractions d’omission.
Les infractions de commission sont celles qui consistent à commettre positivement un
acte ou un fait prohibé par la loi. Tel est le cas du vol qui se traduit par une soustraction.
Il en est de même du meurtre qui se traduit par la mort de la victime. Pour qu’une
infraction de commission soit consommée, cela suppose :
1 – tout d’abord un comportement actif de l’auteur qui peut être un geste, un écrit ou
même tous simplement des paroles.
2 – un résultat constituant un dommage, pouvant être matériel, comme par exemple, le
décès d’une victime de meurtre, ou immatériel comme peut l’être, la diffamation.
L’infraction d’omission est constituée par une simple abstention, une inertie.
Ex. : l’abandon d’enfant ou d’incapable (art. 422 CP), l’omission de porter secours à
une personne en péril (art. 391 CP), la privation de soins sur un enfant au point de
compromettre sa santé, conformément à l’article 452-5° du Code Pénal ; le
délaissement par le mari de sa femme enceinte comme il est prévu à l’article 452-3° du
Code Pénal ; l’abandon de famille (art. 452-1° CP) ; la non-dénonciation de
crime (art. 303 CP)… En matière de circulation routière : refus d’obtempérer, délit de
fuite, défaut de casque, de ceinture ou d’assurance….
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L'intérêt de cette distinction est que les infractions d'omission sont généralement moins
sévèrement sanctionnées que les infractions de commission.
Par ailleurs, la tentative des infractions d'omissions n'est jamais punissable, contrairement à la
tentative des infractions de commission.
Enfin, les infractions d’omission sont localisées au lieu où l’exécution du devoir aurait dû se
produire ; ce qui présente un vif intérêt au regard de la compétence territoriale et du domaine
d’application de la loi ivoirienne.
le second est relatif à l’application de la loi dans le temps : la loi applicable est la loi en
vigueur au jour du dernier acte, car l’infraction complexe et d’habitude ne peut être
consommée que lorsque tous ses éléments matériels ont été accomplis. En outre, la
prescription ne peut donc commencer à courir qu’à partir du dernier acte constitutif et,
s’il y a eu plusieurs remises à la suite de manœuvres frauduleuses, à partir de la dernière
remise seulement. Pour le délit d’habitude, la prescription de l’action publique ne
commence à courir qu’à compter du jour ou est commis le second acte.
§ 2 – Le résultat
Dans la plupart des cas, le résultat est un élément constitutif de l’infraction. Cependant, les
infractions sont parfois incriminées indépendamment de résultat. Le résultat est ainsi un critère
pour distinguer les infractions matérielles des infractions formelles.
A/ les infractions matérielles
L’infraction matérielle est une infraction dont la réalisation suppose un dommage. Dans ces
infractions, un résultat dommageable est exigé pour qu’une infraction soit consommée, c'est-à-
dire, que le résultat est alors un élément de l’infraction. Ainsi de l’exemple classique du meurtre
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incriminé à l’article 378-1° du code pénal dont la consommation suppose la mort de la victime.
Ainsi également d’un grand nombre d’atteintes aux biens.
Le résultat ne doit pas être envisagé du côté du délinquant, mais de la victime : il consiste en
un préjudice pour cette dernière.
Le préjudice est apprécié de manière large. En effet, peu importe la nature du préjudice :
matériel, moral, socio etc. De même, l’insignifiance du préjudice n’est pas de nature à exclure
la punissabilité du délinquant.
Certaines infractions matérielles sont dites infractions de résultat. Celles-ci correspondent à des
actes dont la qualification varie en fonction de la gravité du préjudice engendré. Dans ce genre
d’infraction, le préjudice influence le quantum de la peine.
L’exemple des violences volontaires fournit une parfaite illustration de cette catégorie
d’infraction. En effet, à un comportement invariable dans son principe, à savoir exercer des
actes de violence attentatoires à l’intégrité physique ou psychique d’autrui, peuvent
correspondre une pluralité de résultats. Si ces violences n’ont entraîné aucune incapacité de
travail pour la victime, l’infraction est alors un délit (article 381-4° du code pénal) ; il s’agira
toujours d’un délit dès lors qu’une telle atteinte est constatée ou qu’est constatée une mutilation
ou infirmité permanente (article 381 2° et 3° du code pénal) ; enfin, il s’agira d’un crime si ces
violences ont entraîné la mort sans intention de la donner (article 381-1° du code pénal).
Dans la majorité des cas, le lien de causalité entre le comportement et le résultat ne posera pas
de difficulté majeure, ce lien étant évident. Cependant, la difficulté va se présenter lorsque
plusieurs facteurs ont contribué à la réalisation du dommage.
Il va falloir déterminer le lien de causalité pour décider du degré d’incrimination de
l’automobiliste. Le problème du lien de causalité se pose principalement pour les homicides ou
blessures involontaires.
Cas : une personne est frappée à coup de couteau, conduite à l’hôpital et opérée. Mais la
victime décède peu après des suites d’une infection causée par imprudence médicale. Va-t-on
admettre un lien de causalité entre le coup et la mort pour retenir les coups mortels (art. 381-
1°) ?
La doctrine, notamment allemande a proposé trois théories :
La théorie de l’équivalence des conditions : selon cette doctrine, tous les évènements
qui ont concouru à la réalisation du dommage sont équivalents. Le juge doit se demander
si la faute pénale a été la condition sine qua non du dommage.
La théorie de la proximité de la cause : on ne retient parmi les faits ayant conditionné le
dommage que celui qui est le plus proche dans le temps, celui qui est en relation directe
et immédiate avec le résultat.
La théorie de la causalité adéquate : la cause adéquate est celle qui normalement entraîne
le dommage. En somme, la question est de savoir ce qu’un homme raisonnable aurait
envisagé comme conséquence naturelle ou probable d’une faute.
Ces trois systèmes présentés n’impliquent évidemment pas la même sévérité.
L’examen de la jurisprudence révèle que la préférence va à la théorie de l’équivalence des
causes.
Les témoignages de cette préférence sont variés : Un homme est blessé par une automobile,
subit une opération de réduction de fracture de la hanche pratiquée d’abord sans anesthésie,
Page 43 sur 81
puis sous anesthésie, et meurt au cours d’une syncope ; la Chambre criminelle laisse entendre
que l’automobiliste est responsable dès l’instant que l’opération était nécessitée par l’état du
blessé (Cass.crim. 10 juillet 1952, JCP 1952.11.7272, note Cornu).
Il en résulte d’une part, qu’il importe peu que la faute du délinquant soit suivie d’une
circonstance fortuite. Ex : à l’occasion d’une partie de chasse, un chasseur tire en l’air pour
prévenir ses compagnons. Ce tir sectionne un câble électrique. Un autre chasseur s’approche
et est électrocuté. Le premier chasseur a été condamné pour homicide involontaire.
D’autre part, il importe peu que la faute du prévenu soit précédée ou suivie d’une faute de la
victime ou d’un tiers. Tel est le cas d’un chirurgien de garde dans un hôpital qui reçoit une
personne blessée par balle dont l’état est grave et qui retarde l’intervention chirurgicale au
lendemain ; décès de la victime qui aurait pu être évité sans ce retard ; condamnation du
chirurgien pour homicide involontaire : Crim.7/2/1973.
En réalité, l’infraction formelle est une tentative érigée en infraction consommée. Cela ne
signifie pas qu’il n’y pas de tentative d’infraction formelle : le commencement d’exécution
apparait plus tôt que dans l’infraction matérielle. C’est ainsi que la cour d’assises d’Abidjan,
dans sa décision du 15 /7/1986, a jugé que le fait d’asperger de poison les aliments conservés
dans un congélateur alors même que ce fait est découvert par hasard constitue une tentative
d’empoisonnement.
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comme le crime lui-même si elle n’a été suspendue ou si elle a manqué son effet que par des
circonstances indépendantes de la volonté dudit auteur ».
A la lecture de cet article, il apparait que deux conditions doivent être réunies pour que la
tentative soit punissable : d’une part, un acte impliquant sans équivoque, l’intention irrévocable
de son auteur de commettre l’infraction, que la doctrine résume sous l’expression de
‘’commencement d’exécution’’, et, d’autre part, l’absence de désistement volontaire.
1) La nécessité d'un acte matériel tendant à la commission de l'infraction ou le
commencement d’exécution
La nécessité de caractériser le commencement d’exécution est importante dans la mesure où,
les actes préparatoires ne sont pas punissables, selon les dispositions de l’article 27 CP. Sauf,
si le législateur les atteint.
N’est punissable, au titre de la tentative d’infraction, que l’ «acte impliquant sans équivoque,
l’intention irrévocable de son auteur de commettre l’infraction ».
Deux éléments doivent donc être remplis pour qu’il y ait tentative d’infraction :
L’affaire Lacour illustre bien cette exigence : en l’espèce, le Docteur Lacour a payé un
tueur à gages pour éliminer le fils de son amie. Finalement, le tueur à gages s’est abstenu
d’exécuter son acte alors même qu’il avait déjà été payé pour accomplir le forfait. La
chambre criminelle a conclu que le fait de remettre des fonds à un tueur à gages est trop
éloigné de la consommation de l’infraction. La remise de l’argent n’a pas pour
conséquence directe et immédiate de commettre le meurtre ; à ce titre, il constitue plutôt
un acte préparatoire dès lors que l’exécutant matériel s’est abstenu.
En revanche, ont extériorisé leur intention irrévocable de commettre le délit de vol, des
individus munis d’un arsenal de cambrioleur, suivant un encaisseur dans sa tournée et se
postant en embuscade en un lieu où il devait passer. 12
2) Le désistement involontaire
12
Crim. 3/1/1913, aff. Du faubourg St-Honoré, d.1914.I.41.
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C’est l’élément moral de l’infraction de tentative.
Comme le rappelle l’article 28 al. 1er CP la tentative est punissable uniquement « si elle n’a été
suspendue ou si elle n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances indépendantes de la
volonté de son auteur ».
La tentative n’est donc pas punissable si l’agent s’est volontairement désisté de son entreprise
criminelle.
L’interruption de l’action du délinquant est volontaire si elle n’a été provoquée par aucune cause
extérieure. Ainsi, celui qui s’apprête à commettre une infraction et y renonce de lui-même, sans
intervention d’une cause extérieure, n’est pas punissable. Peu importe la cause de cette
renonciation (pitié pour la victime, remords, crainte du châtiment,…..).
En revanche, lorsque le désistement est déterminé par une cause extérieure, le désistement de
la personne est involontaire. La tentative est alors punissable. C’est le cas lorsque l’individu est
surpris par une intervention extérieure (police, passants..), par la résistance de la victime ou
encore par un obstacle matériel (alarme, résistance du coffre-fort..).
Il existe des situations délicates dans lesquelles il est difficile de déterminer le caractère
volontaire ou involontaire du désistement, notamment, lorsque l’évènement extérieur ne
présentant pas les effets de la contrainte, a cependant décidé l’agent à renoncer à son entreprise.
C’est le cas de celui qui, pris de peur, quitte l’appartement parce qu’il a entendu le téléphone
sonner. Dans cette espèce, le juge a considéré que le désistement était volontaire.
Pour que la tentative soit impunie, le désistement doit être antérieur à la consommation de
l’infraction. Ainsi, celui qui se repent après la consommation de l’infraction (repentir actif) en
tentant de réparer les conséquences de son acte ne peut échapper à la répression.
B/ L’infraction impossible
Par délit impossible, l’on désigne une infraction qui n’a pas abouti parce qu’elle était
matériellement irréalisable en raison d’une circonstance ignorée par l’agent. Tel est le cas de
l’individu qui pratique des manœuvres abortives sur une femme non enceinte.
Dans une telle hypothèse, le résultat espéré est insusceptible de se produire, cependant
l’individu à manifesté une volonté criminelle irrévocable. Alors, la difficulté est de savoir s’il
faut punir l’auteur du délit impossible.
La répression du délit impossible a donné naissance à deux théories opposées entre lesquelles
prennent place des voies moyennes.
La théorie objective soutient la thèse de l’impunité du délit impossible, quelle que soit la cause
de l’impossibilité, qu’elle tienne à l’objet ou au moyen employé. L’argument de cette doctrine
est fondé sur le fait que l’on ne saurait commencer à exécuter quelque chose d’impossible.
Selon cette doctrine, l’agent a suffisamment démontré sa volonté coupable et son état
dangereux.
La doctrine a recherché des solutions intermédiaires, les deux premières présentant chacune des
limites. Ainsi, une partie de la doctrine a proposé de distinguer entre les cas d’impossibilité
punissables et non punissables.
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La première des théories intermédiaires distingue l’impossibilité absolue non punissable de
l’impossibilité relative qui est punissable. L’impossibilité absolue résulte d’une part de
l’inexistence de l’objet (ex. le meurtre d’un cadavre) et d’autre part, de l’inefficacité totale des
moyens utilisés (ex. fusil non chargé, empoisonnement avec des substances inoffensives).
L’impossibilité relative, c’est lorsque les moyens utilisés sont efficaces en eux-mêmes, mais
ont été mal utilisés (erreur commisse par le tireur) ou lorsque, l’objet du délit existe réellement
mais ne peut être momentanément atteint (la personne visée est fortuitement absente, caisses
vides etc.)
Cette première théorie intermédiaire qui, à priori, parait satisfaisante est artificielle et souvent
difficile à mettre en œuvre, car il n’existe pas de degré dans l’impossibilité puisque dans tous
les cas, le résultat est impossible à atteindre.
Alors une autre théorie médiane a été proposée : elle consiste à distinguer l’impossibilité de
droit de l’impossibilité de fait.
L’impossibilité de droit s’entend de l’absence d’un élément constitutif de l’infraction, par ex.,
l’infanticide suppose un enfant vivant, le vol suppose un bien d’autrui etc. Dans un tel cas, il y
a impunité, si l’un de ces éléments constitutifs fait défaut.
En revanche, toutes les autres hypothèses d’impossibilité, dites impossibilité de fait (moyens
inefficaces etc.) parce qu’elles dépendent du hasard ou des circonstances fortuites, ne sauraient
exclure la répression.
Cette dernière distinction est celle admise par le législateur ivoirien. En effet, l’art. 28 CP in
fine réprime le délit impossible au titre de la tentative. Il ajoute en son alinéa 3 que la tentative
est punissable alors même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d’une
circonstance de fait. A contrario, si la circonstance est de droit, la répression est écartée.
A/ Le domaine de la tentative
Toute tentative n’est pas punissable. La loi exige un certain degré de gravité. Au regard de
l’article 28 al. 1 CP, toute tentative de crime est punissable : « toute tentative de crime (…) ».
La tentative du délit n’est punissable que dans les cas prévus par la loi (art. 28 al. 2) : par ex.,
pour le vol (cf. art. 461 al 3), l’attentat à la pudeur (art.405 al. 25), les délits de détournements
de deniers ou titres publics ou encore le délit d’évasion etc. La tentative n'est pas prévue pour
d'autres délits comme pour le faux témoignage (art.324) la dénonciation calomnieuse (art. 446)
ou l'atteinte au secret professionnel (art. 447-448), les violences volontaires etc.
Enfin, la tentative n'est pas punissable en matière de contraventions.
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B/ La répression de la tentative
Selon l’article 8 du Code Pénal, l’auteur de la tentative est assimilé à l’auteur de l’infraction :
« toute tentative de crime (…) est considérée comme le crime lui-même (…).
L’auteur de la tentative d’infraction punissable encourt les mêmes peines que l’auteur d’une
infraction entièrement consommée.
Cette volonté criminelle n’est pas identique selon qu’il s’agit d’une infraction intentionnelle ou
d’une infraction non intentionnelle. Dans l’infraction intentionnelle, l’élément moral consiste
en une intention criminelle ou dol criminel, et dans les infractions non intentionnelles, l’élément
moral consiste en une simple faute pénale.
Dans les infractions volontaires, l’élément moral est l’intention délictueuse dite encore dol
criminel. La Cour de cassation française a reconnu « un principe général d’après lequel
l’intention criminelle est un élément constitutif de l’infraction ». 13
Il convient de définir ce dol criminel avant d’en préciser les différentes formes qu’elle peut
revêtir et enfin, les moyens de sa preuve.
C’est la doctrine classique qui a défini cette notion en la considérant comme « la volonté de
l’agent de commettre le, délit tel qu’il est défini par la loi » et la « conscience chez le coupable
13
Crim.30/03/1944, D. 1945.247, note H. Desbois.
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d’enfreindre les prohibitions légales ». C’est, disent d’autres auteurs, « la conscience et la
volonté infractionnelles ». 14
Cette définition fait ressortir deux éléments du dol criminel : la connaissance de ce qui est
interdit et la volonté d’enfreindre l’interdit (sciens et volens).
Le premier élément, c’est-à-dire, la conscience de violer la loi (la connaissance), est présumé
en droit pénal en vertu du principe, « nul n’est censé ignorer la loi » (nemo censetur ignorare
legem). Toute personne est censée connaître la loi et comparer la loi à son activité.
L’erreur de droit qui consiste soit dans l’ignorance de la loi, soit dans sa mauvaise
interprétation, fait-elle disparaître l’intention ?
L’article 95 CP répond par la négative en énonçant que l’ignorance de la loi pénale est sans
conséquence sur l’existence de la responsabilité pénale.
La réponse n’est pas identique en ce qui concerne l’erreur de fait. Tel est le cas de l’agent qui
se méprend sur la nature véritable de l’acte qu’il commet et n’a donc pas conscience qu’il viole
la loi pénale. Ainsi, n’est pas coupable celui qui se croit à tort propriétaire de la chose dont il
s’est emparé.
Le second élément du dol criminel, c’est-à-dire la volonté, est le fait de vouloir un acte que l’on
sait interdit, le fait d’agir de manière consciente et libre avec le discernement.
En cela, la volonté est différente des mobiles qui sont les sentiments particuliers qui inspirent
l’acte criminel : la jalousie, la cupidité, la vengeance, la haine etc.
La distinction entre l’intention et le mobile est importante dans la mesure où si la volonté est
nécessaire à l’établissement de l’infraction, le mobile est indifférent sauf exception.
En effet, l’article 95 CP déclare que le mobile est juridiquement indifférent, c’est-à-dire, qu’il
est sans conséquence sur la responsabilité pénale. Ainsi, une infraction commise dans un but
licite ou noble n’en demeure pas moins punissable.
En réalité, le mobile aura une influence sur le montant de la peine : en effet, les juridictions
pénales prennent en considération les mobiles dans le prononcé des peines, bien entendu dans
les limites fixées par la loi. Un délinquant qui a agi pour une cause noble ou généreuse
bénéficiera de l’indulgence du juge tandis que celui qui a été guidé par des motifs crapuleux
subira la sévérité des juges.
Le dol général est l’élément psychologique commun à toutes les infractions intentionnelles,
c’est la volonté de réaliser une action que l’on sait prohibée par la loi.
14
Merle et Vitu.
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Pour certaines infractions, en plus du dol général, le texte d’incrimination exige une intention
particulière appelée dol spécial. C’est l’intention d’atteindre un résultat déterminé prohibé par
la loi.
Dans le dol général, il y a volonté de l’acte alors que dans le dol spécial, il y a en outre volonté
d’un résultat. C’est pourquoi, le dol spécial ne peut être qu’envisagé dans les infractions de
résultat.
Par ex, l’article 136 CP qui prévoit l’infraction de génocide exige un dol spécial : ce crime
contre l’humanité a pour but particulier de détruire totalement ou partiellement un groupe de
personnes en raison de leur appartenance nationale, ethnique, confessionnel ou religieux. Idem
pour le crime contre l’humanité. Le dol spécial requis en cas de meurtre (art. 378-1°) est
l’intention de tuer.
Afin de déterminer si une infraction exige seulement un dol général ou en plus un dol spécial,
il faut examiner le texte d’incrimination : le dol spécial résulte soit de la description des faits
matériels, soit de la référence à un mobile particulier.
Le dol simple est caractérisé par une détermination spontanée par opposition au dol aggravé ou
prémédité qui résulte d’un dessein formé avant l’action de commettre le crime ou le délit
déterminé.
La préméditation entraîne une augmentation de la peine car, on considère que l’agent qui a
prémédité son action est socialement plus dangereux et moralement plus coupable. Ex. :
l’assassinat qui est un meurtre prémédité (art. 378-2° CP) est puni plus sévèrement (art. 379
CP) que le simple meurtre.
Le dol est déterminé lorsque le résultat correspond exactement à l’intention de l’agent. Mais
parfois, il y a discordance entre l’intention de l’agent et le résultat obtenu : dans ce cas, on parle
de dol indéterminé.
- la première situation concerne l’agent qui a la volonté de commettre un délit mais qui
ne peut imaginer par avance quel sera le résultat exact de son acte. Par exemple, dans
l’infraction de coups et blessures volontaires, le résultat visé est imprécis. On ignore si
les coups et blessures volontaires entraîneront de simples ecchymoses ou la mort de la
victime. Dans ce cas, on parle de dol imprécis. Le dol imprécis est puni comme le dol
déterminé.
- la seconde hypothèse est celle du dol dépassé ou dol praeterintentionnel : dans ce cas,
le résultat obtenu dépasse les prévisions de l’agent. Tel est le cas d’une personne qui
désire procurer un avortement à une femme mais la tue.
§ 3 – La preuve du dol
En réalité, ce qui pose difficulté c’est la preuve de la volonté, la connaissance de la loi étant
présumée. Il appartient au ministère public d’apporter la preuve de l’intention criminelle.
L’élément moral étant un élément psychologique, immatériel. Sa preuve est donc délicate.
Faute d’aveu, la preuve de l’élément moral se fait généralement de manière indirecte, par
déduction. La preuve de l’intention est déduite du comportement de l’agent.
Ainsi, l’épouse d’un voleur ne peut ignorer l’origine délictueuse des objets d’art de grande
valeur accumulés par son mari dans leur domicile commun alors que le revenu du ménage était
modeste. De tels faits, le juge peut légitimement déduire l’intention de recel chez l’épouse :
crim. 6/1/1992, GP, 16/7/1992.
Parfois, l’infraction peut exister même si l’agent ne recherche aucun résultat. Mais, il commet
une faute et celle-ci est suffisante à caractériser l’infraction.
Cette faute consiste soit en une imprudence, en un défaut de précaution et plus généralement
en une indiscipline à l’égard de la société.
§ 1 : L a faute ordinaire
Le nouveau code pénal de 2019 consacre une nouvelle modalité de la faute ordinaire : la faute
de mise en danger délibérée d’autrui (art. 393 CP).
Aussi, peut-on distinguer deux formes de fautes ordinaires : la faute simple d’imprudence ou
de négligence et la faute de mise en danger délibérée
Tel est le cas du conducteur roulant à grande vitesse dans un centre-ville ; le propriétaire d’une
embarcation vétuste qui la laisse partir rempli de passagers alors qu’il sait qu’elle est en
mauvaise état ; l’individu qui jette par la fenêtre des objets n’ignorant pas qu’ils peuvent
tomber sur la tête d’un passant ; celui qui a à la suite d’un pari, circule à contre-sens sur une
autoroute et cause un accident mortel, faire une course de voiture dans un quartier où des
enfants jouent au ballon, etc.
On le voit bien, il s’agit d’une infraction de prévention. L’objectif de la loi est ici de protéger
une personne et de prévenir les blessures et homicides involontaires, en sanctionnant les
situations d’inobservations d’une législation de prévention.
La faute de mise en danger d’autrui est constituée par la réunion de deux conditions : une
condition préalable et un élément constitutif :
1) l’existence préalable d’une obligation particulière de sécurité et prudence prévue par la
loi ou le règlement
L'article 393 du code pénal exige, d'une part, que l'obligation dont la violation est l'un des
éléments constitutifs du délit ait été prévue par la loi ou par le règlement ; d'autre part, que cette
obligation revête un caractère particulier.
une obligation prévue par la loi ou le règlement
Si la violation porte sur une règle de conduite non écrite, elle ne pourra être réprimée aucune
disposition formelle n'interdisant un tel agissement. La notion de règlement doit être entendue
au sens constitutionnel et administratif du terme : elle couvre les règles édictées par le Président
de la République, le Premier ministre, les ministres, les préfets et les diverses autorités
territoriales à l'exclusion des actes qui n'émanent pas de l'autorité publique -règlement intérieur
d'une entreprise, règles professionnelles, déontologiques ou sportives. La jurisprudence a
précisé ce principe : la règle doit présenter un caractère impersonnel (tel n'est pas le cas d'un
arrêté préfectoral déclarant un immeuble insalubre et imposant au propriétaire la réalisation de
travaux - Cass. Crim., 10 mai 2000) et absolu -ce qui exclut les actes qui n'ont qu'une valeur
normative relative comme les circulaires et les instructions.
l'obligation doit en outre présenter un caractère suffisamment précis et imposer
un mode de conduite circonstancié
Le texte doit être suffisamment précis pour que soit déterminable sans équivoque la conduite à
tenir dans telle ou telle situation et pour que les écarts à ce modèle puissent être aisément
identifiés comme hypothèses de mise en danger.
A titre d'exemple, la méconnaissance par un médecin des obligations du code de la santé
publique définissant les règles générales de conduite -engagement à assurer des soins
consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, soin dans l'élaboration
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du diagnostic- ne répond pas à ces conditions (Cass. Crim., 18 mars 2008) ; en revanche,
l'article 12 du décret du 11 février 2002 qui impose au chirurgien l'assistance d'infirmiers
qualifiés édicte une obligation particulière (Cass. Crim., 18 mai 2010).
La mise en danger délibérée ne se confond pas avec une simple négligence ou imprudence. En
revanche, à la différence des délits intentionnels, elle ne vise pas à provoquer un dommage
particulier. Ainsi, pour qualifier cette faute non intentionnelle, il faut mettre en lumière ou
démontrer un comportement hautement blâmable, une violation intentionnelle, voulue,
délibérée du texte. Cette condition constitutive est rappelée de manière régulière aux cours
d’appel.
A titre d'exemple, la Cour de cassation a confirmé l'arrêt d'une cour d'appel qui déclare
coupable de mise en danger délibérée d'autrui des prévenus qui ont provoqué une avalanche
dans une station de sport d'hiver, en pratiquant le surf sur une piste interdite par un arrêté
municipal, pris pour la sécurité des skieurs, l'un des prévenus ayant récidivé deux jours plus
tard. La cour d'appel avait motivé sa décision en indiquant que les services météorologiques
signalaient le jour des premiers faits, un risque maximum d'avalanche et que les intéressés,
pratiquants expérimentés, s'étaient engagés sur une piste barrée par une corde et signalée par
des panneaux d'interdiction règlementaires, en dépit d'une mise en garde du conducteur du
télésiège (Cass. Crim., 9 mars 1999).
La mise en danger délibérée n'implique pas que l'auteur du délit ait eu connaissance de la nature
du risque particulier effectivement causé par son manquement (Cass. Crim., 16 février 1999).
L’article 392 qui incrimine les infractions d’homicide et de blessures involontaires dégage deux
formes d’imprévoyance : d’une part, la faute de maladresse, imprudence, inattention,
négligence, et d’autre part, l’inobservation des règlements. Quoique placées sur le même plan,
ces deux modalités d’imprévoyance doivent être distinguées.
La faute d’imprudence consciente consiste au fait pour le délinquant qui a pris un risque de
croire que le dommage ne surviendra pas. C’est par exemple, le fait le fait de laisser en liberté
des chiens que l’on sait méchants : CA Abidjan, 13/10/1971, RID 1971, n°3, p.74
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La faute d’imprudence inconsciente ou faute d’imprévoyance est moins grave que la première.
Tel est le cas de l’agent qui n’a pas prévu la possibilité du préjudice mais a cependant commis
un oubli. Est coupable d’une faute de cette nature, un fonctionnaire de police qui a remis à un
menuisier une armoire pour qu’il la répare sans avoir préalablement vérifié son contenu,
laquelle armoire contenait des grenades qui ont éclaté et blessé l’artisan : CA Abidjan,
3/2/1975, Recueil Pendant, 1978, p.285.
L'inattention se manifeste par une attitude distraite, étourdie. Par exemple « Constitue une faute
d’inattention, engageant sa responsabilité pénale pour homicide involontaire, le fait pour un
chauffeur d’autobus de n’avoir pas évité un enfant qui traversait la chaussée de droite à
gauche, dans le sens de marche du véhicule alors qu’il résulte des circonstances de faits relevés
sur les lieux de l’accident, que si le chauffeur avait été plus diligent le choc aurait pu être
évité ». (C. A. ABJ, ch. correct., arr. du 13/01/1969, RID- I -1970)
Quant à la négligence, elle est constitutive d’une absence de précaution résultant plutôt de
l'impéritie de l'agent ou de son mépris d'autrui.
A été ainsi condamné pour une telle faute, le président du comité d'organisation des
compétitions à la Fédération ivoirienne de football, Albert Anzouan Kacou, a été condamné
par le tribunal correctionnel d'Abidjan à 6 mois de prison ferme et à une amende de 500
000 francs CFA (750 euros) pour sa responsabilité dans la bousculade du 29 mars au stade
Félix Houphouët-Boigny qui avait fait 20 morts et plus de 130 blessés. Le tribunal
correctionnel d’Abidjan, en son audience du 24 juillet 2009 a considéré que le manque de
coordination et la négligence dans la sécurisation du stade, aggravée par la mise en place
d’une billetterie parallèle ont été les causes du drame.
Il est important de retenir que seul peut être considéré comme fautif un comportement qui n’est
pas celui d’une personne normalement diligente au regard des circonstances de l’espèce. La
faute s’apprécie au regard de l’obligation de diligence qui s’impose à tous : le bon sens, la
prudence du « bon père de famille ».
Cette faute suppose l’existence d’un texte particulier et la volonté réfléchie de le violer en
sachant qu’un dommage peut se produire sans que ce dommage ait été recherché.
Contrairement à la faute de mise en danger, les règlements doivent être entendus dans le sens
le plus large possible : il s’agit non seulement des actes émanant du pouvoir exécutif (décrets
et arrêtés : code du travail, code de la route etc.) mais aussi des règles professionnelles (usages
professionnels, règles de l’art etc.).
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On retrouve de nombreuses applications de cette faute dans les accidents de la circulation :
excès de vitesse, état défectueux ou non entretien du véhicule automobile, véhicule dépourvu
de visite technique et de vignette défaut de maîtrise du véhicule, prêter le véhicule à un enfant
mineur etc.
Il y a faute contraventionnelle dès lors que le délinquant commet matériellement le fait ou l’acte
interdit sans que le juge ait à rechercher si le résultat était ou non voulu. Bien que l’élément
moral soit très réduit, il existe tout de même et, consiste au fait d’être libre et conscient. On
parle également de faute matérielle.
La faute contraventionnelle est présumée et elle est insusceptible de preuve contraire. Par
exemple, le fait de ne pas respecter les feux tricolores.
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TROISIEME PARTIE : LA
RESPONSABILITE PENALE
Il s’agit d’étudier une notion essentielle en droit pénal : la responsabilité pénale. Elle se définit
comme « l’obligation pour une personne impliquée dans une infraction d’en assumer les
conséquences pénales », c’est-à-dire, de subir la sanction pénale attachée à cette infraction.
Cette notion suscite deux interrogations : qui peut être déclarée responsable ? N’existe-t-il pas
des circonstances qui suppriment cette responsabilité ?
Les réponses à ces deux questions constitueront l’objet des deux prochains chapitres.
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CHA PITRE 1 : LE DELINQUANT
Traditionnellement, le délinquant est une personne physique, mais le droit positif admet
désormais le principe de la responsabilité pénale des personnes morales.
Aux termes de l’article 94 CP, « La personne physique responsable de ses actes est seule
soumise à une sanction pénale ».
C’est l’énonciation d’un principal fondamental régissant la responsabilité pénale, celui selon
lequel la responsabilité est personnelle : nul n’est responsable pénalement que de son propre
fait (Crim. 28/2/1956, JCP 1956, II, n° 9304).
Cependant, ce principe connait quelques tempéraments : dans certains cas exceptionnels, une
personne répond pénalement d’une infraction matériellement commise par une autre
(pratiquement l’employé) : on parle de responsabilité pénale du fait d’autrui.
Le nouveau code pénal a procédé à une reformulation des articles consacrés à la participation à
l’infraction afin d’assurer plus efficacement et de manière plus pertinente, toutes les situations
caractéristiques des degrés de participation que sont désormais l’action et la complicité. La
coaction a été ainsi extraite du code pénal, le législateur de 2019 ayant estimé que son intérêt
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juridique réside moins dans l’utilité et l’efficacité pratiques que dans les débats d’ordre
théorique.
Le nouveau code pénal, en ses articles 29 à 30 CP, laisse donc subsister que les deux autres
degrés de participation à l’infraction que sont l’action et la complicité.
§1 : L’auteur
L’article 29 CP distingue trois types d’auteurs : l’auteur matériel, l’auteur moral ou intellectuel
et l’instigateur.
l’auteur matériel, c’est l’agent qui a réalise lui-même tous les actes matériels prévus
par le texte d’incrimination (art. 29-1°). Ex. : dans le meurtre, c’est celui qui tue.
l’auteur moral (art. 29-2°), c’est celui qui n’accomplit pas personnellement le fait
incriminé, mais participe soit directement soit de façon déterminante, avec l’auteur
matériel, à la réalisation de l’infraction. Cette définition recouvre l’ancienne hypothèse
de la co-action.
L’auteur moral, c’est aussi celui qui se sert est servi d’un être pénalement irresponsable
(par ex. d’un dément ou d’un mineur de 10 ans), ainsi que celui qui contraint sciemment
autrui (par ex. sous l’effet de la menace d’une arme).
La provocation doit se faire par l’un des moyens énumérés par l’article 29-3° : dons,
promesses, menaces, usage d’artifices coupables, abus d’autorité ou de pouvoir.
L’instruction est une forme de provocation. Il s’agit de procurer au tiers des consignes,
ou de lui donner des directives en vue de la commission de l’infraction. Les instructions
doivent contenir un certain degré de précision pour rendre possible l’infraction ou en
faciliter sa commission. Il ne pourra y avoir instigation par instructions que dans le cas
où les renseignements donnés présentent une utilité certaine pour le tiers incité à réaliser
l’acte délictueux.
Aux termes de l’article 29-3°, il importe peu que la provocation ou les instructions soiten
suivies ou non d'effet. En effet, il y est précisé « même si l’infraction n’a été ni tenté ni
commise ». Ce texte vise l’hypothèse de l’instigateur qui n’a pas obtenu le résultat
escompté : il s’agit en réalité d’une hypothèse de complicité non suivie d’effet.
La délinquance est souvent le résultat d'une entreprise commune, et elle apparaît alors d'autant
plus grave pour l'ordre social, car elle suppose en général une entente préalable, une
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concertation. C'est pourquoi, le législateur montre une volonté de sévérité. C’est la situation
juridique de la complicité.
Le complice, selon l’article 30 CP, c’est celui qui aide à la réalisation de l’infraction. L’article
30 CP précise que le complice contribue à la réalisation de l’infraction sans y prendre une part
directe et déterminante. Ce qui veut dire que le complice n’a qu’un rôle accessoire dans la
réalisation de l’infraction.
Ainsi lorsque l’infraction a été commise à la suite d’une entente préalable, par des protagonistes
qui sans l’accomplir personnellement, en ont favorisé la commission par l’auteur, il y a
complicité
Il n’est pas nécessaire que l'infraction principale ait été consommée. La complicité de tentative
est punissable (cf. art. 31 CP). Mais si l'auteur principal n'a effectué que des actes préparatoires
ou s'est désisté volontairement, le complice ne peut être poursuivi. On dit alors que "la tentative
de complicité" n'est pas punissable.
L’infraction principale ne doit pas forcément être intentionnelle. Bien plus rare, la complicité
peut exister à l’égard des infractions non intentionnelles.
Il résulte de l’article 30 alinéa 1, que l’acte de complicité comporte, comme tout acte
infractionnel, à la fois un élément matériel et un élément moral. Par rapport à l’ancien article
27 CP, les changements sont notables.
1) L’élément matériel de la complicité
L’article 30 CP définit les différentes modalités de la complicité punissable. Ainsi, d’un point
de vue matériel, la complicité peut se présenter sous deux formes (contrairement à trois formes,
sous l’empire de l’ancien code).
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1.1 La complicité par fourniture de moyen
La complicité par fourniture de moyens consiste pour le complice à fournir à l’auteur du fait
principal les moyens qui vont lui permettre de commettre l’infraction, par exemple, la remise
d’une arme, d’un code secret etc.
Le problème qui s’est posé par cette forme de complicité est celui concernant la répression du
complice lorsque les moyens fournis n’ont pas été utilisés pour commettre le crime projeté.
La jurisprudence considère que la complicité par fourniture est punissable même lorsque les
moyens n’ont pas été utilisés, ou ont été impropres à sa réalisation parce que l'auteur principal
savait pouvoir compter sur le moyen matériel. Toutefois, il faut que l'auteur principal se soit
rendu sur les lieux avec le moyen fourni.
C/ La répression de la complicité
Le complice est puni de la même façon que l’auteur principal : c’est l’expression de l’emprunt
de criminalité (article 32 CP). Cf. Doyen Carbonnier : Le complice et l’auteur principal sont
« cousus dans le même sac »
Les conséquences de cette théorie apparaissent notamment lorsque les faits réalisés par l’auteur
principal ne sont pas exactement ceux qui avaient été prévus. Elles sont plus atténuées au niveau
de la sanction applicable.
Cela dépendra des circonstances et s’il y a suffisamment de cohérence entre l’infraction prévue
et l’infraction commise.
En effet, selon l’article 30 CP, la réponse à la question ci-dessus est positive, mais à certaines
conditions :
En premier lieu, l’article 30 n’est applicable qu’aux complices dont il faut que
l’infraction projetée ait été commise ou tentée ;
En second lieu, l’infraction réalisée doit être une conséquence prévisible de l’infraction
projetée, c’est-à-dire qu’il doit avoir un lien entre la commission de l’infraction projetée
et celle de l’infraction effectivement commise.
A cet égard, cf. arrêt Nicolaï 13/01/1955 Cass Crim 1955 BC n° 34. Un créancier veut
effrayer son débiteur pour qu'il se hâte de payer, mais l'homme de main se trompe et
tue le débiteur. La Cour de Cassation ne rend pas complice le créancier, car il y a
discordance totale entre les instructions et le résultat.
Enfin, l’infraction réalisée peut être un crime ou un délit ou une contravention, la loi
n’opère aucune distinction.
En droit civil, les père et mère sont responsables des dommages causés par leurs enfants
mineurs, et à ce titre, sont donc tenus à réparation.
En droit pénal, il ne saurait en être de même. Le principe de la personnalité des peines s’oppose
en effet à la condamnation d’un individu qui n’a été ni l’auteur ni le complice d’une infraction.
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Toutefois, le principe de la responsabilité personnelle donne lieu à des applications nuancées
dans lesquelles la responsabilité pénale peut naître du fait d’autrui.
Ces hypothèses sont de deux ordres :
Les exceptions légales : il existe quelques textes particuliers qui prévoient une
responsabilité pénale du fait d’autrui. Dans ces situations, on reproche en fait à autrui,
la commission d’une négligence. Cf. notamment, l’article 103 de la loi n°2017-867 du
27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse qui prévoit que le directeur de
publication de presse est responsable des délits de presse commis par le journaliste,
auteur direct des fait.
La jurisprudence admet toutefois que le patron ne pouvant tout faire et tout surveiller
lui-même puisse déléguer à l’un de ses préposés certains services. Ainsi, le dirigeant
d’une société peut s’exonérer de sa responsabilité pénale de chef d’entreprise en
apportant la preuve qu’il a délégué ses pouvoirs à un préposé pourvu de compétence, de
l’autorité et des moyens nécessaires pour exercer les pouvoirs délégués : crim.19/9/2007
pourvoi n° 06-85.899.
Question : en août 2006, le cargo ‘’probo koala’’ appartenant à la société pétrolière suisso-
néerlandaise Trafigura avait déchargé dans la métropole ivoirienne plus de 500 mètres cubes
de déchets hautement toxiques issus d’hydrocarbures. Conséquences : décès et graves
intoxication des populations riveraines du site de déversement.
Peut-on poursuivre pénalement Trafigura ? En somme, la personne morale ?
« Societas delinquere non potest », disait-on : les sociétés (à savoir les personnes morales)
n'ont pas le pouvoir de commettre un délit, selon notre droit. Ainsi, au regard des anciens
articles 95 et 97 du code pénal, la personne physique demeurait seule responsable pénalement
des agissements visés par les textes répressifs. Ce code consacrait donc le principe de
l’irresponsabilité pénale des personnes morales. La personne morale n’est pénalement
responsable que dans les cas prévus par une disposition spéciale de la loi.
Cependant, tenant compte de l’évolution de la criminalité, qui ne concerne plus seulement les
Etats mais qui est observée de plus en plus dans le cadre des entreprises ou des organisations,
la responsabilité pénale de la personne morale est désormais admise, à titre principal et non plus
à titre exceptionnel, à l’exclusion bien entendu de l’Etat et de ses démembrements.
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§ 1 : Rappel du débat d’idées sur l’admission ou non de la responsabilité pénale
des personnes morales
Deux positions doctrinales se sont opposées quant à l’admission de la responsabilité pénale des
personnes morales.
Pendant longtemps, l’idée de la mise en jeu d’une action pénale à l’encontre d’une personne
morale était rejetée. Les partisans de l’irresponsabilité se fondaient sur des arguments textuels
et extra textuels :
les arguments textuels : l’ancien code pénal (le code pénal de 1810) n’a pas prévu cette
forme de responsabilité. La loi pénale étant d’interprétation stricte, la responsabilité
pénale de la personne morale ne pouvait être recherchée.
les arguments extratextuels :
- la principale spécificité de la personne morale tient à ce qu’elle ne peut
s’exprimer, agir et donc exister qu’au travers des personnes physiques qui la
représentent... (toute faute suppose une volonté, or la personne morale en est
dépourvue, c’est l’attribut des seuls individus) ;
- en outre, les peines prévues par le code pénal sont inapplicables à la personne
morale, et,
- enfin, le groupement n’accède à la vie juridique qu’en vue d’un objet social
qui ne saurait être la commission d’une infraction.
Mais ces arguments ont été critiqués par la doctrine favorable à l’admission de la responsabilité
pénale des groupements, laquelle va tenter de démonter les arguments excipés par les partisans
de la thèse du rejet :
constat empirique : existence d’une criminalité commise par des groupements, aux
conséquences très préjudiciables. Généralement, elles portent atteinte à l’ordre
économique, financier et social : travail illégal, infraction à la législation sur la
concurrence et les prix, contrefaçon de marques et de modèles, fraudes fiscales,
douanières ou encore ; pollution des eaux et sols, infractions de coups et blessures
involontaires (accidents du travail), abus de confiance, escroquerie etc.
le groupement a une volonté propre : elle résulte de la rencontre de plusieurs volontés
individuelles. L’élément psychologique de l’infraction n’est donc pas nécessairement
absent.
à l’argument tiré de la spécialité, on oppose un argument de bon sens : même si la
commission de l’infraction n’entre pas statutairement dans l’objet du groupement, il se
trouve qu’en pratique, certains groupements peuvent mener des activités contraires à
leur objet social et donc commettre des infractions. Par ex, l’affaire des déchets
toxiques, précitée. Il n’y a alors aucune raison de ne pas retenir la responsabilité de cette
entreprise.
Concernant l’argument lié à la nature des peines, cette doctrine considère qu’il n’y a pas
de difficultés insurmontables. En effet, d’autres peines comme les amendes, les
confiscations, la fermeture, l’interdiction d’exercer telle activité ou la dissolution
peuvent s’appliquer (peine de mort).
Ces arguments ont convaincu de nombreux législateurs. Ainsi, à compter des années 70 du
20ème siècle, le principe de la responsabilité pénale des personnes morales, est bien ancré dans
des Etats comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, les Pays-Bas vont
consacrer. L’Etat français va emboîter le pas, en 1994. De nombreux autres Etats suivront.
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Notre législateur qui adoptera le code pénal en 1981 ainsi que des réformes pénales notamment
en 2015, demeurera hermétique à ce courant doctrinal et législatif favorable à l’admission de la
responsabilité pénale des personnes morales.
Ainsi, l’ancien article 97 CP énoncera que : « Les personnes morales ne sont pénalement
responsables que dans les cas prévus par une disposition spéciale de la loi ».
En matière de responsabilité pénale de la personne morale, le législateur ivoirien opte donc pour
le principe de la spécialité au détriment du principe de la généralité : ainsi, la personne morale
n’est responsable pénalement que dans les cas où le texte d’incrimination prévoit expressément
une telle responsabilité, pour une infraction ou plusieurs infractions considérées par ledit texte.
Cette exception a été pour la première fois admise par l’art. 70 de la loi n°2013-451 du 12 août
2013 relative à la lutte contre la cybercriminalité, désormais intégrée dans le code pénal :
« Toute personne morale, à l’exception de l’Etat est pénalement responsable des infractions
prévues par la présente loi, lorsqu’elles ont commises pour son compte par ses représentants.
La peine encourue par les PM responsables est le double de l’amende prévue pour la personne
physique ayant commis l’infraction ».
En sus de cette responsabilité pénale spéciale, le code pénal punissait les infractions commises
dans le cadre de l’activité des personnes morales. Aux termes de l’article 98 CP, « Lorsqu'une
infraction est commise dans le cadre de l'activité d'une personne morale, la responsabilité
pénale incombe à celui ou à ceux qui ont, en connaissance de cause, commis l'infraction.
La responsabilité pénale du représentant légal ou statutaire de la personne morale en cause,
n'est pas présumée et ne peut être recherchée qu'à raison des infractions personnellement
commises par celui-ci ».
Dans cette dernière hypothèse, l’article 99 CP ajoute : « La personne morale en cause, eu égard
aux circonstances de l'infraction, peut par décision motivée, être déclarée responsable,
solidairement avec le ou les condamnés du paiement de tout ou partie des amendes, frais et
dépens envers l'Etat ainsi que des réparations civiles ».
Aujourd’hui, notre Etat, à travers le nouveau code pénal, reconnait la responsabilité pénale des
personnes morales, à titre principal. Exit, l’exception de la responsabilité pénale spéciale.
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en effet, d’une part, il vise les personnes morales ; ce qui signifie que les groupements
dépourvus de la personnalité juridique ne sauraient être pénalement condamnés. Il en
est ainsi des sociétés créées de fait 15, des sociétés en participation 16, des associations
dont la déclaration de constitution n’a pas fait l’objet d’une publication au JO. 17
Hormis ces limitations et exclusions, toutes les autres personnes morales de droit privé peuvent
être pénalement responsables : sociétés commerciales, sociétés civiles, associations, syndicats
etc. Les personnes morales ivoiriennes mais aussi, le cas échéant, étrangères (application des
principes de l’application de la loi pénale dans l’espace).
Selon l’article 96 qui n’opère aucune distinction, la personne morale peut engager sa
responsabilité pénale pour toutes les catégories d’infractions (contraventionnelle, délictuelle ou
criminelle) quel que soit leur mode de commission.
Selon l’article 96 al. 1 du Code pénal, les personnes morales sont responsables des infractions
commises pour leur compte par leurs organes ou représentants. L’énoncé de l’article 96 al. 1
fait apparaître deux conditions de mise en œuvre de la responsabilité pénale de la personne
morale.
1) Les personnes morales ne sont responsables que par l’intermédiaire de leurs organes
ou représentants
15
Cf. 115 AUSC.
16
Cf. art. 854 AUSC.
17
Art. 11-12 , loi n°60-315 du 21/9/1960 relative aux associations.
Page 66 sur 81
La personne morale n’est pénalement responsable que si les faits reprochés ont été commis par
son organe ou son représentant, qui sont nécessairement des personnes physiques (Crim. 18
janv. 2000). Ainsi, la responsabilité de la PM en droit ivoirien est indirecte ; la PM est
responsable par représentation ou par ricochet.
Les personnes susceptibles d’engager la personne morale sont celles qui exercent certaines
fonctions de direction ou d’administration, de gestion ou de contrôle. Par ex., le gérant de
société, le PCA, le PDG, l’administrateur, le président de l’association etc.
Le texte de l'article 96 al.1 du Code pénal impose que l’infraction ait été commise par une
personne physique, afin de rendre responsable la personne morale pour le compte de laquelle
les faits ont été réalisés.
2) Les personnes morales ne sont responsables que des infractions commises pour « leur
compte »
Pour engager la responsabilité pénale de la personne morale, il faut non seulement que les
organes et représentants de la personne morale commettent des agissements délictueux mais
encore que ces agissements aient été commis pour le compte de la personne morale, c’est-à-
dire dans son intérêt, à son profit (Crim.7 juill. 1998). A titre d’exemple, le dirigeant qui coopte
irrégulièrement un collaborateur pour obtenir un marché ou qui procède à une publicité fausse
pour nuire à une société concurrente.
Toutefois, la responsabilité pénale de la personne morale pourra également être engagée lorsque
les actes répréhensibles de l’organe ou du représentant auront été commis dans l’exercice
d’activités ayant pour objet d’assurer l’organisation et le fonctionnement de la personne morale,
sans rechercher le moindre bénéfice, même moral ou éventuel. Par exemple, un directeur de
société néglige de s’assurer que les ouvriers portent bien un casque sur les chantiers alors
même que l’entreprise en a acquis un stock suffisant. La survenance d’un accident corporel
peut entraîner la poursuite de la PM.
L’article 96 in fine du Code pénal précise que « la responsabilité pénale des personnes morales
n’exclut pas celle des personnes physiques, auteurs ou complices des faits».
La loi offre donc au juge pénal la possibilité du cumul les poursuites de la personne morale
avec celle du dirigeant fautif.
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Cette possibilité de cumul existe pour éviter une complète absorption de la responsabilité pénale
des personnes physiques par les personnes morales. La responsabilité de l’être moral ne doit
pas faire écran à celle de ses dirigeants.
Il reviendra aux tribunaux de se déterminer (cumul ou non des poursuites) selon les
circonstances de l’espèce.
Les peines applicables sont déterminées à l’article 96 al.2 : 1a personne morale qui a commis
une infraction, peut être condamnée à une amende d’un montant maximal cinq fois supérieur à
celle encourue pour la même infraction par une personne physique.
les causes subjectives ou causes de non imputabilité : il s’agit de causes amenant à une
irresponsabilité ou à une diminution de la responsabilité déterminée en fonction de la
personne, de son état et de ses capacités intellectuelles.
Outre ces causes d’irresponsabilité, il existe certaines circonstances qui paralysent la mise en
œuvre de la responsabilité pénale du présumé au délinquant.
Le système des causes d’irresponsabilité n’a pas été modifié par le nouveau code pénal. Les
solutions données sous l’empire de l’ancien code demeurent valables.
Au nombre de quatre (4), certains faits justificatifs sont fondés sur une injonction de la loi,
d’autres enlèvent le caractère injuste de l’infraction. Il s’agit de l’ordre de la loi, du
commandement de l’autorité légitime, de la légitime défense et de l’état de nécessité.
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Ex. : violation par le médecin de son obligation de secret professionnel.
Dans ce contexte, la loi s’entend au sens formel, c’est-à-dire, l’acte voté par l’assemblée
nationale et les textes qui sans émaner du pouvoir législatif ont cependant valeur de loi.
Ainsi, les dispositions règlementaires ne constituent pas une cause faisant obstacle à la
qualification, à moins que la loi y renvoie expressément.
Enfin, il s’agit d’une loi pénale. La loi civile ne constitue pas un fait justificatif.
L’article 99 vise aussi les permissions ou autorisations légales. Elles produisent exactement les
mêmes effets que l’ordre de la loi : elles justifient l’infraction.
Ex. : l’article 88 CPP 18 autorise, en cas d’infraction flagrante, toute personne à appréhender
l’auteur. Celui qui, en pareil cas procède à une arrestation ne peut avoir commis l’infraction
de séquestration.
Tel est aussi le cas du juge d’instruction qui décerne un mandat de dépôt : il n’est pas coupable
du délit d’arrestation ou de détention arbitraire.
Les domaines de prédilection des permissions légales sont la médecine et le sport.
En effet, les lois relatives à l’exercice de la profession médicale autorisent les médecins et les
chirurgiens à procéder des opérations sur leurs patients, lesquelles constitueraient des coups
volontaires sans cette habilitation. Sur ce même fondement, sont justifiés les coups que se
portent les sportifs exécutant des jeux violents (boxe, football, le rugby, le judo etc.).
« Il n'y a pas d'infraction lorsque l'homicide, les blessures ou les coups résultent :
1° d'actes médicaux, à condition que ceux-ci soient :
a) conformes aux données de la science, à l'éthique médicale et aux règles de l'art ;
b) effectués par une personne légalement habilitée à les pratiquer ;
c) accomplis avec le consentement du patient ou si celui-ci est hors d'état de consentir, avec le
consentement de son conjoint, ou de celui qui en a la garde sauf s'il est impossible, sans risque
pour le patient, de communiquer avec ceux-ci.
2°d'actes accomplis au cours d'une activité sportive à condition que l'auteur ait respecté les
règles du sport pratiqué ».
18
« Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d'une peine d'emprisonnement, toute personne a
qualité pour en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche ».
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du 29 septembre 2012 portant interdiction des violences physiques et humiliantes à l’endroit
des enfants en milieu scolaire).
Il est important de noter que l'ordre de la loi n'exonère l'auteur des faits que s'il respecte une
proportion dans ce que la loi requiert, s’il reste dans les limites des impératifs légaux.
§2 – Le commandement de l’autorité légitime
L’acte délictueux va perdre son caractère d’infraction, lorsqu’il est commandé par l’autorité
légitime : « Il n'y a pas d'infraction lorsque l'auteur agit sur ordre de l'Autorité légitime »
(art.100 al.1 CP).
Mais deux conditions sont exigées ; elles portent sur la notion d’autorité légitime et les
caractères de l’ordre :
en premier lieu, l’autorité doit être légitime. C’est avant tout, une autorité publique
(civile ou militaire). Ainsi, l’infraction n’est pas justifiée si, elle est ordonnée par une
autorité privée, par ex., par un patron commandant son préposé. L’autorité légitime est
ensuite, une autorité compétente pour donner l’ordre.
en second lieu, l’acte du subordonné ne doit pas dépasser l’ordre ; autrement, celui qui
a donné l’ordre ne sera pas punissable (art.100 al.2 CP).
De même, le fait justificatif ne couvre l’acte du subordonné que si l’ordre donné n’est
pas manifestement illicite (art. 100 al.3). Ce qui implique que le subordonné qui exécute
un ordre manifestement illégal soit responsable de l’infraction commise.
Le caractère manifestement illégal de l’ordre est une question de fait que le subordonné
doit déduire de son expérience, d’où la prise en considération par la jurisprudence des
capacités de réflexion du subordonné, de sa position sociale, de sa culture juridique, son
grade etc..
§3 – La légitime défense
Il s’agit de la faculté pour une personne de résister, au besoin, par la force à une agression
injuste dont elle est l’objet. La carence des autorités publiques compétentes et l’urgence sociale
justifient la défense individuelle, en principe prohibée. Il en résulte que la personne qui a agi en
état de légitime défense ne peut se voir reprocher aucune infraction.
De plus, parce que la personne n’a commis aucune faute en se défendant, elle ne peut d’avantage
voir sa responsabilité civile engagée : la légitime défense exonère l’auteur de sa responsabilité
civile des conséquences de sa nécessaire protection.
A/ les conditions d’admission de la légitime défense
Aux termes de l’article 97 CP, « Il n'y a pas d'infraction lorsque les faits sont commandés par
la nécessité actuelle de défense de soi-même ou d'autrui ou d'un bien juridiquement protégé
contre une attaque injuste, à condition que cette dernière ne puisse être écartée autrement et
que la défense soit concomitante et proportionnée aux circonstances, notamment au danger et
à la gravité de l'attaque, à l'importance et à la valeur du bien attaqué ».
Il ressort de cette disposition que l’admission de la légitime défense est soumise à des conditions
relatives, d’une part, à l’acte d’attaque, et, d’autre part, à l’acte de défense.
L’acte d’agression peut tout d’abord concerner la personne : l’article 97 du Code Pénal, affirme
que la légitime défense existe, en cas d’atteinte injustifiée envers la personne. Le texte précise
que la légitime défense existe, tant quand on est soi-même victime de l’agression que lorsque
c’est une autre personne qui est victime de l’atteinte. Le code pénal reconnait ainsi
explicitement la situation de légitime défense de celui qui agit pour interrompre l’agression
d’autrui.
L’acte d’agression peut être physique ou morale : le code pénal, de par son silence, n’exclut pas
la possibilité que l’agression ait pour objet l’honneur, la réputation, ou la moralité d’une
personne. Ainsi, selon la jurisprudence, le danger moral couru par un garçon de 16 ans peut
constituer une excuse suffisante de la gifle donnée par sa mère à une jeune fille de 18 ans qui,
par ses assiduités, risquait de compromettre l’avenir de son fils : T.pol. Valence, 19/5/1960,
GP 1960, 2, 28.
L’acte d’agression peut aussi être dirigé vers les biens, toutefois, la légitime défense y est
appréciée plus rigoureusement, lorsqu’elle s’exerce à l’encontre de l’intégrité physique de
l’agresseur. Le cas de légitime défense des biens doit être strictement nécessaire et ne doit en
principe jamais consister en l’homicide de l’agresseur.
L’agression doit avoir été injuste et actuelle pour que la défense soit légitime.
L’agression ou l’attaque doit être injuste (selon l’art. 97), c’est-à-dire contraire au droit
ou interdit par la loi. Si l’acte est juste, on doit la subir, il exclut la légitime défense. Il
en est notamment ainsi lorsque un agent de police muni d’un mandat d’arrestation
régulier arrête une personne. Celui qui résisterait donc violemment à un tel acte ne serait
pas justifié.
Cela a pu poser des difficultés en pratique, notamment lorsque l’individu se défend
contre une agression illégale commise par un agent de l’autorité (par ex., brutalités
policières au cours d’une arrestation d’un suspect, passage à tabac par les policiers au
cours d’une arrestation).
Le fait de s’opposer par une résistance à un agent de l’autorité publique selon le Code
Pénal (art. 277/282 cp par ex.), est illégale. D’un autre côté, le code pénal (cf. art. 247
et s.) et le CPP punissent de peines aggravées les agents de l’autorité qui, dans le cadre
de leur fonction vont faire usage de violences qui ne sont pas nécessaires. Selon une
jurisprudence constante, il n’y a jamais légitime défense contre un acte de l’autorité
même si cet acte est illégal : crim. 1/10/1979, D.1980, IR 334.
Il y aurait comme une sorte de présomption de régularité des actes de l’autorité publique,
et il est nécessaire sous peine de désordre, que ces actes ne soient pas contestés. Il
n’appartient donc pas au citoyen de se faire juge de cette illégalité. Sauf dans des cas
extrême.
Une autre difficulté posée par cette condition est celle de l’attaque dont une personne
pénalement irresponsable est l’auteur, soit un dément soit un mineur de 10 ans. Dans
une très ancienne décision, les juges de la cour de cassation française ont considéré que
la cause d’irresponsabilité n’efface pas le caractère injuste de l’acte. Est donc légitime,
la riposte à l’acte injuste d’un dément : crim. 11/1/1896, D.1896, I, 368.
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L’agression doit être réelle et actuelle, c’est-à-dire que la menace doit être concrète et
contemporaine à la réaction: l’article 97 évoque la « nécessité actuelle de défense ».
Réelle signifie que l'agression doit exister de manière certaine, les objectifs de
l'agresseur étant univoques. Elle doit exister au moment de la réaction, il faut que
l’agression ait déjà commencé.
Cependant, la légitime défense est admise en cas d'agression simplement apparente et
vraisemblable, c’est-à-dire, l’agent, s’appuyant sur des indices concrets, des gestes a pu
croire raisonnablement à un péril. Par ex., est justifié par la légitime défense, le père
qui tire un coup de feu en direction d’un tiers qu’il prenait pour un malfaiteur, mais qui
en réalité agissait par jeu en brandissant un pistolet en direction de son fils :
crim.5/6/1984, BC n°209.
L’agression imaginaire ou putative (c’est-à-dire qu’elle a existé seulement dans
l’imaginaire de l’agent) est exclue du bénéfice de la légitime défense. Si l’agression est
seulement éventuelle, il n’y a pas de légitime défense.
Actuelle signifie que l'agression et la riposte doivent se situer dans une même unité de
temps, il faut une concomitance entre ces deux actes. Dès lors qu'un temps trop long
s'est écoulé entre l'agression et la riposte, ce laps de temps est incompatible avec la
permanence ou la présence du danger. Le danger doit exister au moment de la défense.
La fuite de l'agresseur semble en conséquence exclure la légitime défense. Ainsi,
l'agression n'est plus actuelle lorsqu'un propriétaire, après avoir ouvert sa porte et
rencontré un cambrioleur qui tente de tirer sur lui avec une arme à feu enrayée puis
s'enfuit, rentre chez lui, prend un fusil, ressort et fait feu sur le voleur (Paris, 22 juin
1988).
La légitime défense justifie toutes les infractions : l’article 97 déclare qu’ « il n’y a pas
d’infraction ».
Cependant, l’acte de défense doit être un acte volontaire. Cette conditions a été posée par la
jurisprudence, dans un arrêt de principe rendu en 1967 : «La légitime défense est inconciliable
avec le caractère involontaire de l’infraction poursuivi» (Cass. Crim, 16 Février 1967,
Cousinet).
La riposte doit être nécessaire, c’est-à-dire que l’individu ne disposait pas d’autres moyens pour
éviter l’attaque que de commettre l’infraction. Par exemple, la fuite ou le recours à la police ne
sont envisageables. La défense est nécessaire quand elle constitue le seul moyen pour la
personne d’échapper à l’agression. Une personne ne peut être en état de légitime défense quand
elle a le choix entre la fuite et la défense.
L’acte de défense doit être simultané ou concomitant à l’attaque, c’est-à-dire, exercé dans le
même temps.
Enfin, la riposte doit être mesurée c’est-à-dire proportionnée à la gravité de l’attaque. Il s’agit
d’une condition essentielle. La légitime défense est exclue, s’il y a disproportion entre les
moyens de défense employés et la gravité de l’attaque. On peut par exemple accepter qu’une
femme victime d’un viol tue son agresseur. Cependant, on ne peut admettre la LD lorsqu’on
répond à une gifle par un coup de revolver.
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Si la défense est excessive, la justification est exclue. Mais, en pratique, les juges peuvent retenir
l’excuse de provocation ou des circonstances atténuantes pour diminuer l’infraction ou
disqualifier l’infraction en homicide ou blessures involontaires.
L’appréciation du caractère proportionné ou non de l’acte de défense est une question de faits,
on doit donc vérifier l’adéquation de la défense à l’agression.
§4 – L’état de nécessité
L’état de nécessité, c’est la situation dans laquelle se trouve une personne qui, pour éviter un
péril imminent, en vient à commettre une infraction. Par, exemple, l’automobiliste qui pour
éviter un piéton donne un coup de volant et percute un autre véhicule en stationnement.
L’état de nécessité doit être distingué de la légitime défense qui suppose une attaque injuste.
L’état de nécessité doit être aussi distingué de la contrainte qui, elle annihile la volonté, alors
que dans l’état de nécessité, l’agent fait délibérément le choix de commettre une infraction pour
écarter un danger.
Le code pénal réglemente l’état de nécessité à l’art. 101 : « Il n'y a pas d'infraction lorsque les
faits sont commis pour préserver d'un danger grave et imminent la vie, l'intégrité corporelle,
la liberté ou le patrimoine de l'auteur de l'acte ou d'un tiers, et à la condition que le danger ne
puisse être écarté autrement et que l'auteur use de moyens proportionnés aux circonstances ».
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L’admission de l’état de nécessité obéit donc à des conditions : les conditions relatives au
danger et les conditions relatives à l’infraction commise pour éviter le danger :
Il faut que l’infraction commise par l’agent soit nécessaire, c’est-à-dire, qu’il n’existait pas
d’autre moyen pour éviter le danger le menaçant. L’infraction commise doit être pratiquement
le seul moyen qui permette d’échapper au péril.
Il faut ensuite que l’acte soit proportionné aux circonstances. En pratique, il faut que l’infraction
commise préserve un intérêt supérieur ou à tout le moins égal à l’intérêt sacrifié Est par exemple
admis au bénéfice de l’état de nécessité l’agent qui, pour éviter à un piéton d’être écrasé par
une voiture qui survient à toute allure, le tire brutalement et lui casse le bras.
En fait, la difficulté en matière d’état de nécessité apparaît dès lors qu’il y a une égalité des
intérêts en conflit. Tout est ici une question d’appréciation de la part des tribunaux.
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La contrainte est une excuse absolutoire selon l’article 109 CP et non une cause de non-
imputabilité. Toutefois, à notre sens, parce qu'elle supprime la volonté de l'auteur des faits, elle
est assimilable à une cause subjective d'irresponsabilité.
une altération des facultés mentales ou d'un retard anormal de son développement
d’abord :
L’altération des facultés est vue au sens large par le législateur qui consacre ainsi
l’interprétation extensive que la jurisprudence en faisait.
C’est, toute atteinte des facultés intellectuelles telles que la personne n’a plus de discernement
ou le contrôle de ses actes.
De nombreuses décisions de justice ont donné des exemples d’altération des facultés mentales.
Ainsi, ont été considérées comme une altération des facultés mentales : une psychose maniaco-
dépressive non stabilisée avec propos incohérents ou menaçants ; une schizophrénie paranoïde
grave; des troubles cognitifs, amnésiques et du langage etc. En revanche, les troubles du
comportement tels que la perversion (par ex. un pervers psychopathe), le délire, la fabulation,
les troubles obsessionnels compulsifs… ne constituent pas nécessairement une altération des
facultés mentales.
Par retard anormal du développement, la loi vise aussi la débilité ou l’arriération mentale ; ezn
résumé, l'insuffisance du développement des facultés intellectuelles qui atteint la volonté.
La détermination du trouble doit être prouvée. Elle peut l’être par tous indices que le juge
apprécie souverainement. En réalité, les magistrats s’appuient sur des expertises faites par les
médecins spécialistes. Ils ne sont pas toutefois liés par leurs avis.
ensuite, un trouble mental ayant aboli la volonté :
Le trouble mental doit avoir provoqué la disparition du discernement. Cela signifie, la nécessité
de perdre soit la capacité de vouloir, c’est-à-dire, la capacité des contrôler ses actes, soit la
capacité de comprendre, à savoir, la capacité d’interpréter ses actes dans la réalité. Seule
l’absence d’un de ces deux éléments suffit à entraîner l’irresponsabilité. Cela suppose aussi une
certaine gravité du trouble psychique
La responsabilité présente des aspects temporels mais également causal, ce qui implique que
ces aspects doivent être en lien avec l’infraction. Par exemple, un individu atteint d’un délire
de persécution va tuer la personne dont il croit qu’elle est celle qui le persécute. Ici, il sera
déclaré irresponsable. En revanche, s’il commet un vol, malgré cette atteinte, il sera reconnu
responsable.
L’irresponsabilité pour trouble mental pourra être constatée à tous les stades de la procédure.
Si elle intervient lors de l’instruction, une décision de non-lieu sera prononcée par le juge
d’instruction. Si elle intervient lors du jugement, l’intéressé fera l’objet d’une décision de relaxe
si c’est le tribunal correctionnel, ou d’acquittement, si c’est le tribunal criminel. Le parquet peut
aussi décider de classer sans suite l’affaire et renoncer à engager des poursuites tout en amont
de la procédure.
Le trouble mental étant une cause subjective et non objective, les complices du malade
demeurent responsables.
§2 – La minorité
La matière de la responsabilité pénale des mineurs est contenue à l’article 113 CP et aux articles
796, 820 et 827 du code de procédure pénale.
Selon l’art. 18 CP, est mineur toute personne âgée de moins de 18 ans au moment de la
commission de l’infraction.
Le système ivoirien de la responsabilité pénale des mineurs est fondé sur la notion de tranches
d’âge.
A/ le mineur de 13 ans
Les mineurs de 13 ans sont présumés irresponsables pénalement ; cette présomption est absolue.
Elle signifie, qu’ils ne peuvent être soumis à aucune peine.
Il faut toutefois distinguer le mineur de 10 ans du mineur dont l’âge est compris entre 10 et 13
ans.
Le mineur de 10 ans, d’après l’article 113 al.1er, ne peut en aucun cas commettre d’infraction.
En effet, il est indiqué que les faits commis par le mineur de 10 ans ne sont pas susceptibles de
qualification pénale et, partant de là, il ne peut jamais faire l’objet de poursuites pénales.
Il s’agit d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité. On considère que ce très jeune enfant
n’a pas le discernement suffisant pour comprendre et vouloir son acte. (Aff. Laboube)
Quant au mineur de plus de 10 et de moins de 13 ans, l’article 113, en ses alinéas 2 et 3 dispose
qu’ils bénéficient de droit en cas de culpabilité, de l’excuse absolutoire de minorité. Aucune
peine ne peut être prononcée à leur égard. Ils ne sont justiciables que de mesures de protection,
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de surveillance et d’éducation prévues par la loi : remise à parents, admonestation (réprimande),
confiscation (du bien ayant servi à la commission de l’infraction)…
B/ Le mineur de 13 à 18 ans
Ils sont susceptibles de bénéficier de l’irresponsabilité pénale dans la mesure où l’article 113
n’exclut pas à leur égard le bénéfice de l’excuse absolutoire de minorité.
Dans ce cas, comme le souligne l’article 796 al. 1 CPPP, les juridictions pour mineurs prennent,
suivant le cas, les mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation
appropriées.
Néanmoins, cette présomption d’irresponsabilité est simple dans la mesure où, l’article 796 al.
2 CPP prévoit que, lorsque les circonstances et la personnalité du délinquant l’exigent, les
juridictions peuvent prononcer à leur égard une condamnation pénale. Mais, dans ce cas,
l’excuse absolutoire ainsi écartée est remplacée par l’excuse atténuante de minorité.
En effet, aux termes de l’alinéa 3 de l’article 113, les mineurs de 16 à 18 ans bénéficient de
l’excuse atténuante de minorité.
L’excuse atténuante de minorité intéresse exclusivement la peine privative de liberté selon les
modalités définies à l’article 112 CP. Cela entraîne une réduction de la peine privative de
liberté. L’excuse atténuante de minorité n’influence donc pas les peines complémentaires ni les
mesures de sûreté.
En matière de contravention, le bénéfice de l’excuse atténuante de minorité exclut toute peine
privative de liberté (art. 113 al. 6 CP).
§3 – La contrainte
C'est l'hypothèse où une personne commet une infraction sous l'emprise d'une force irrésistible ;
elle est irresponsable parce qu'elle a été privée de sa volonté. Ex: personne convoquée en justice
mais séquestrée.
La contrainte peut être physique ou morale.
La contrainte physique est plus facilement admise que la contrainte morale. C’est une force ou
un événement qui agit sur le corps de la personne. Cette contrainte peut être d'origine externe
(force de la nature), comme par ex., la tempête qui a fait s'effondrer un mur dont l’écroulement
a blessé des passants. Elle peut être aussi d'origine interne, comme par ex. la maladie.
Quant à la contrainte morale, c'est une pression exercée sur la volonté ou sur l'esprit de l'auteur
de l'infraction qui le conduit à commettre une infraction. Cette contrainte morale peut être
d'origine externe (menaces émanant d'un tiers) ou d'origine interne.
Aux termes de l’art. 109 CP, « bénéficie de l’excuse absolutoire prévue par l’article 10 CP,
celui qui commet une infraction sous l’empire d’une contrainte irrésistible à laquelle il lui est
impossible de résister ».
La contrainte, quelle que soit sa forme entraîne donc l’irresponsabilité sous certaines
conditions :
il faut que la contrainte soit irrésistible : cela signifie que le fait, doit avoir détruit en
totalité la liberté de l’agent. La jurisprudence est intransigeante concernant cette
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condition, elle exige que l’individu se soit trouvé dans l’impossibilité absolue de se
conformer à la loi. Ainsi, dans une célèbre affaire, une personne d’origine russe
poursuivie pour non-respect d’un arrêté d’expulsion du territoire français a réclamé la
clémence du juge en offrant de prouver qu’elle avait été successivement refoulée par
les gouvernements de tous les pays limitrophes de la France. La Cour de cassation a
jugé cela insuffisant en répondant qu’il fallait qu’elle prouve qu’aucun pays au monde
n’avait accepté de la recevoir pour que la contrainte soit retenue à son profit. Il n’existe
pas à proprement parler de critères objectifs d’appréciation du caractère irrésistible,
c’est une question de fait que les juges du fond apprécient souverainement.
Ces différentes conditions s’apprécient in concreto, selon l’art. 109 alinéa 2 qui dispose que la
contrainte est appréciée en tenant compte de la nature de l’infraction et de sa gravité eu égard à
la situation existante entre l’auteur et la victime en raison de leur âge, de leur sexe et des rapports
de force ou de dépendance existant entre eux.
Le champ d’application de l’immunité familiale est limité aux infractions contre la propriété et
à certaines infractions spécifiques.
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Les aggravations des infractions ci-dessus sont également visées par l’immunité sauf si, la
circonstance aggravante accompagnant l’infraction constitue en elle-même une infraction
distincte non couverte par l'immunité. Par exemple, le vol avec violence ayant entraîné la mort,
commis par le fils sur son père ; le vol est couvert par l’immunité, mais, les poursuites possibles
pour le fils pour les faits de violences volontaires ayant entraîné la mort.
Trois catégories de personnes bénéficiaires de l’immunité familiale sont énumérées à l’article
106 CP :
Ascendants : l'immunité s'applique aux enfants pour les infractions précitées commises
au préjudice de leurs père, mère, grands-parents, aïeuls, quel que soit le degré.
L'immunité n'est pas limitée à la seule famille légitime. Elle s'applique également à la famille
adoptive, toutefois en cas d’adoption simple, l'immunité se limite aux rapports entre l'adopté et
l'adoptant.
Pour les enfants naturels, l'immunité ne joue, pour tous les ascendants, que lorsque la filiation
est juridiquement établie.
2) Les conjoints :
Indépendamment du choix du régime matrimonial, le principe dominant est qu’il n’y a pas
d’infraction contre la propriété entre conjoints pendant la durée légale du mariage, c’est-à-dire,
tant que les époux ne sont pas divorcés ou séparés de corps.
L’immunité est également garantie au veuf ou à la veuve qui commet une soustraction sur les
biens ayant appartenu à l'époux décédé.
3) Les alliés
Les infractions à la propriété commises par des alliés aux mêmes degrés sont couvertes par
l’immunité. L’alliance est le lien juridique qui existe entre un époux et les parents de son
conjoint. Par exemple, n’est pas punissable, le gendre qui vole sa belle-mère, pareillement,
n’est pas punissable le second mari d'une femme qui commet un vol au préjudice des enfants
du premier lit de cette dernière.
L’immunité entre alliés n’opère que pendant la durée du mariage, et en dehors d’une période
pendant laquelle les époux ont été autorisés à vivre séparément.
Les collatéraux, frères et sœurs, oncles et neveux, cousins germains sont exclus du bénéfice de
l'immunité familiale.
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B/ les infractions spécifiques visées par l’immunité familiale
Dans ces hypothèses, le bénéfice de l’immunité familiale exprime la solidarité morale entre
membres d’une famille.
Le code pénal a une notion extensive de l’immunité pour ces infractions. Sont ainsi visés, d’une
part, les parents et leurs conjoints, frères et sœurs et leurs conjoints, de l’auteur ou du complice
et, d’autre part, le conjoint de l’auteur ou du complice.
Les effets produits par l'immunité familiale varient selon qu'ils bénéficient à l'auteur ou aux
autres protagonistes d'une affaire pénale.
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