Vous êtes sur la page 1sur 5

Université Mundiapolis

Année universitaire 2023 - 2024

DROIT DES OBLIGATIONS


ETUDE DE CAS PRATIQUE

La société Air Nanterre est une compagnie aérienne qui effectue des
liaisons
entre l’aéroport d’Orly et plusieurs aéroports européens. Comme toutes
les compagnies aériennes, elle est soumise à l’obligation, avant chaque
décollage, de faire réaliser un contrôle technique de l’appareil par une
société de maintenance. Depuis 2016, la société Globu se charge de cette
tâche. Le dernier contrat qui a été conclu entre Air Nanterre et Globu est
daté du 1er novembre 2018. Sa durée est d’un an.

Le 1er septembre 2019, Air Nanterre a envoyé une proposition de


nouveau contrat (dont le contenu était identique au précédent) à la
société Globu. Cette dernière n’a pas répondu. Le commercial de la société
Globu a été contacté par Ai Nanterre, par téléphone, le 15 octobre 2019 ;
il a répondu « oui, oui, le projet est dans les tuyaux ».

Le 31 octobre 2019, la société Globu envoie un autre projet de contrat : le


contenu est le même que celui du contrat précédent mais le prix a
doublé ! Dans le mail, il est précisé par la société Globu : « si cela ne vous
convient pas, libre à vous d’aller voir ailleurs ».

La société Air Nanterre est furieuse. Elle ne s’attendait pas à une telle
augmentation ! Si elle ne conclut pas de nouveau contrat, dès le
lendemain, c’est-à-dire, dès le 1er novembre 2019, elle ne pourra plus
faire décoller ses avions. Il est totalement illusoire de penser qu’un contrat
pourra être conclu dans les prochaines 24 heures avec une autre société
de maintenance. Elle n’a donc aucun choix : elle signe le contrat.

Quelques jours plus tard, le directeur de la société Air Nanterre vient vous
voir pour vous demander si des possibilités juridiques s’offrent à lui. En
effet, il a vraiment le sentiment d’avoir été dupé. Et ce d’autant qu’il a
appris, quelques jours après avoir accepté de signer avec la société Globu,
que le prix qu’il a accepté est vraiment excessif. Ses concurrents ont
réussi à obtenir des conditions nettement plus avantageuses de la part
d’autres sociétés de maintenance.

1
Université Mundiapolis
Année universitaire 2023 - 2024

CORRIGE DU CAS PRATIQUE


Dans cette affaire :

- La compagnie aérienne AIR NANTERRE a conclu un contrat


avec la société de maintenance GLOBU le 1er novembre
2018 pour un an (Durée fixe) afin qu’elle réalise un
contrôle technique des appareils aériens avant chaque
décollage.

- Le 1er septembre 2019, (deux mois avant le terme du


contrat) la société AIR NANTERRE a envoyé une
proposition de nouveau contrat à la société GLOBU.

- La société GLOBU malgré les sollicitations (Preuves) de la


compagnie aérienne ne va renvoyer une proposition de
contrat que le 31 octobre 2019 (à l’arrivée du terme qui
est le 01 Novembre 2019).

- Dans cette proposition le prix de la prestation a


doublé.

- La compagnie aérienne doit alors trouver une société de


maintenance avant le 1er novembre 2019 car dans le cas
contraire elle ne pourra pas faire décoller ses avions.

- Elle décide donc de conclure le contrat.

- La société AIR NANTERRE veut savoir si elle peut


agir juridiquement.

Quel est le droit applicable ? Régime marocain

Les contrats conclus dans ce cadre sont soumis au régime du


droit des contrats, donc au DOC du 12 Aout 1913, Art. 19,
20, 23, 39 et ss.

Comment peut-on qualifier le contrat

Il s’agit d’un contrat d’adhésion qui contient un ensemble de


clauses sont considéré comme non négociables.
2
Université Mundiapolis
Année universitaire 2023 - 2024

Le contrat conclu est-il valide ?


En vertu des dispositions du DOC, les conditions de validité du
contrat sont :
 le consentement des parties non vicié ;
 la capacité des contractants à contracter ; et
 le contenu licite et certain du contrat.

Dans cette affaire, le consentement des parties au contrat ne


semble pas vicié par l’erreur ou le dol.

Mais en vertu des articles 39, 46, 47, 49 et 50 du DOC, il y a


violence et donc vice du consentement lorsque l’une des parties
est en état de dépendance par rapport à l’autre et que l’autre
partie profite de son état de dépendance de façon
manifestement excessive.

Il faut également que cet abus soit déterminant du


consentement, c’est-à-dire que le cocontractant n’aurait pas
contracté sans cet abus.

En l’espèce, la société AIR NANTERRE est dépendante de


GLOBU car sans cette société de maintenance, elle ne peut pas
faire décoller ses avions.

GLOBU abuse de cet état de dépendance car elle attend le


dernier moment pour envoyer sa proposition et double le prix.

De plus, la société GLOBU a prévenu tardivement (au dernier


moment) la société AIR NANTERRE.

Cette dernière n’a donc pas eu le temps de chercher une autre


société de maintenance, ce qu’elle aurait fait en temps normal.

Ceci est déterminant du consentement. Article 19 du DOC


qui prévoit que la convention n’est parfaite que par l’accord des
parties sur les éléments essentiels de l’obligation, ainsi que sur
toutes les autres clauses licites que les parties considèrent
comme essentielles.

3
Université Mundiapolis
Année universitaire 2023 - 2024

Enfin, on peut considérer que l’abus est manifestement excessif


car ses concurrents ont des conditions nettement plus
avantageuses.

Par conséquent, on peut considérer qu’AIR NANTERRE a subi


une violence économique, et que son consentement est
vicié. Ainsi, le contrat n’est pas valide.

Par ailleurs, dans ce contrat on suppose :


 que le contenu est licite en vertu de l’article 62 du DOC,
car il ne déroge pas à l’ordre public ; et
 qu’il est certain (articles 58 et 59) car il est possible et
déterminé ou déterminable.

Peut-on considérer qu’une des clauses de ce contrat est


abusive ?

Dans un contrat d’adhésion, toute clause qui crée un


déséquilibre significatif entre les parties est réputée non
écrite sauf si elle porte sur l’objet principal ou le prix.

En l’espèce, au vu des conditions beaucoup plus avantageuses


offertes par les sociétés de maintenance aux autres compagnies
aériennes par rapport à celles offertes par la société GLOBU à la
société AIR NANTERRE, on pourrait considérer que la clause qui
fixe le prix est déséquilibrée.

En principe, engage la responsabilité de son auteur et l’oblige à


réparer le préjudice causé le fait de soumettre ou de tenter
de soumettre l’autre partie à des obligations créant un
déséquilibre significatif. Cela vaut dans le cadre d’un contrat
entre deux professionnels.

En l’espèce, le contrat est conclu entre deux professionnels


et la clause qui fixe le prix pourrait sembler significativement
déséquilibrée.

En effet, le prix fixé est doublé par rapport à l’ancien contrat et


les concurrents d’AIR NANTERRE ont obtenu des conditions
nettement plus avantageuses.

4
Université Mundiapolis
Année universitaire 2023 - 2024

GLOBU engagerait alors sa responsabilité et devrait réparer le


préjudice causé à AIR NANTERRE.

Quelles sanctions encoure GLOBU si la violence


économique était retenue ?

En vertu des articles 306 à 310 du DOC, un contrat est nul


lorsque ses conditions de validité ne sont pas remplies.

En l’espèce, si on admet qu’il y a eu violence économique, alors


le consentement est vicié et le contrat ne remplit pas les
conditions de validité.

Donc le contrat est considéré comme nul.

En vertu de la loi, la nullité est absolue lorsque l’obligation


violée protège l’intérêt général et elle est relative lorsqu’elle
protège un intérêt particulier.

En l’espèce, l’obligation violée protège l’intérêt d’AIR


NANTERRE, un intérêt particulier.

Donc la nullité du contrat est relative.

La nullité relative ne peut être demandée que par la partie


lésée.
En l’espèce, la partie lésée est AIR NANTERRE. Elle peut donc
demander la nullité relative du contrat.

Dans cette affaire, AIR NANTERRE pourrait donc demander la


nullité relative du contrat du fait de la violence économique.

De plus, si elle arrivait à faire valoir une clause abusive, elle


pourrait obtenir le dédommagement du préjudice occasionné.

Vous aimerez peut-être aussi