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INTRODUCTION GENERALE

Le droit pénal général porte sur l’étude du régime juridique commun applicable
à l’ensemble des infractions et des sanctions. Il se distingue du droit pénal spécial
qui est relatif à l’étude de chacune des infractions, de leurs éléments constitutifs et
de leurs sanctions.

En matière pénale on distingue le droit pénal de fond et le droit pénal de forme.


Le droit pénal de fond est constitué par l’ensemble des règles de droit ayant pour
objet la définition des infractions ainsi que des sanctions qui leur sont applicables.
Ces règles sont dites loi pénale de fond.

Une infraction est une action ou omission violant une norme de conduite
strictement définie par un texte d'incrimination entraînant la responsabilité pénale
de son auteur. Elle peut être constitutive d'un crime, d'un délit ou d'une
contravention en fonction des peines prévues par les textes.

La responsabilité pénale c’est l’« obligation de répondre de ses actes délictueux en


subissant une sanction pénale dans les conditions et selon les formes prescrites
par la loi ». Elle est engagée suite à la commission d’une infraction. Si la
responsabilité pénale est engagée, une sanction punitive peut être prononcée.
La responsabilité pénale se distingue de la responsabilité civile qui peut être définie
comme l’obligation de répondre civilement du dommage que l’on a causé à autrui.
On indemnise la victime, souvent en lui versant des dommages-intérêts.
Une sanction punitive est qualifiée comme telle par le législateur, infligée par une
juridiction répressive au nom de la société, à l'auteur d'une infraction. On distingue,
selon leur gravité, les peines criminelles, les peines correctionnelles et les peines
contraventionnelles en fonction de la classification des infractions en crime, délit et
contravention.

Le droit pénal de forme concerne l’ensemble des règles relatives à la procédure et


à l’exécution des peines. C’est normes sont appelées loi pénale de forme. Elles
visent à assurer l’application du droit pénal de fond dans le respect des droits du
mis en cause et de la victime tout en préservant les intérêts de la société. Un tel
objectif ne saurait être atteint qu’en garantissant un équilibre entre sécurité et
liberté.

Le droit pénal de fond et de forme sont contenus dans deux codes qui regroupent
des lois pénales de fond, le code pénal (I), et des lois pénales de forme, le code de
procédure pénale (II).

I – Le code pénal

Le code pénal du Sénégal a été consacré par la loi n°65-60 du 21 juillet 1965
portant code pénal et le décret n°65-557 du 21 juillet 1965 portant code des
contraventions qui sont entrés en vigueur le 1er février 1966.
Le code pénal est constitué par un ensemble de normes, établies par l’autorité
publique, qui posent les principes généraux qui s’appliquent à la répression et
déterminent les éléments constitutifs des infractions ainsi que les sanctions qui leur
sont applicables. Ces règles sont regroupées en deux parties, la partie législative
et la partie réglementaire. Cette division correspond à la répartition du domaine de
la loi et du règlement posée par la Constitution. En effet, selon les termes de l’article
67 de la Constitution, la loi détermine les crimes et délits ainsi que les peines qui
leur sont applicables. L’article 76 de la Constitution précise que les matières qui ne
sont pas du domaine de la loi ont un caractère règlementaire.

La loi, au sens formel, est votée par le pouvoir législatif alors que le règlement est
édicté par le pouvoir exécutif. Les règles générales ainsi que les crimes et délits
sont du domaine de la loi et sont condensés dans la partie législative alors que les
règles d’application et les contraventions sont du domaine du règlement et sont
regroupées dans la partie réglementaire.

La partie législative comporte trois livres. Le premier et le deuxième livre portent


sur les règles générales alors que le livre trois est relatif aux crimes et délits ainsi
que leur punition. Ce dernier livre est subdivisé en trois titres portant
successivement sur les « crimes et délits contre la chose publique », « crimes et
délits contre les particuliers » et « les infractions liées aux technologies de
l’information et de la communication ». Cette disposition des livres met en évidence
la primauté de la sauvegarde des intérêts de l’Etat par rapport à l’intégrité de la
personne qui apparaît comme une valeur secondaire protégée. Cette disposition
des livres était justifiée juste après l’indépendance, pour mettre en évidence le
besoin d’un Etat fort. Cependant, de nos jours, la personne humaine est sacrée et
cela doit se traduire par une mise en avant de la protection de la valeur humaine
et du droit de propriété.

La partie réglementaire comporte des dispositions préliminaires et deux titres


relatifs aux « contraventions contre la chose publique » et les « contraventions
contre les particuliers ».

Il importe de préciser que le code pénal ne comporte pas toutes les incriminations
et sanctions actuellement en vigueur en droit positif. Des incriminations et
sanctions sont également prévues dans d’autres codes comme le code de la route,
le code des douanes, le code forestier. Il existe également des incriminations
prévues dans des lois spéciales et qui ne sont pas intégrées dans le code pénal. A
titre d’exemple, on peut citer les incriminations prévues par les Actes uniformes de
l’OHADA et dont les sanctions sont prévues par la loi n°98-22 du 26 mars 1998
portant sur les sanctions pénales applicables aux infractions contenues dans l’acte
uniforme relatif aux droits de sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique, la loi uniforme n°2004-09 du 6 février 2004 relative à la lutte contre le
blanchiment de capitaux, la loi uniforme n°2008-48 du 3 septembre 2008 relative à
la répression des infractions en matière de chèque, de carte bancaire et d’autres
instruments et procédés électroniques de paiement, la loi uniforme n°2009-16 du
2 mars 2009 relative à la lutte contre le financement du terrorisme.
Malgré cette disparité des normes créatrices des infractions et sanctions, l’exercice
légitime du droit de punir qui appartient exclusivement à l’Etat doit respecter
plusieurs principes de valeur constitutionnelle : ceux de la légalité des délits et des
peines, de nécessité et de proportionnalité des peines, de personnalité des peines
et de non rétroactivité des lois pénales de fond plus sévères notamment.

Ces principes sont développés dans certains textes à valeur constitutionnelle :

1°) Le principe de légalité de la répression et ses corollaires. Ce principe est issu


de l'article 8 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen qui proclame
que « nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée
antérieurement au délit et légalement appliquée ».

L’article 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples dispose que
« nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constituait
pas, au moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune
peine ne peut être infligée si elle n'a pas été prévue au moment où l'infraction a été
commise. La peine est personnelle et ne peut frapper que le délinquant ».

Ces deux textes sont inclus dans le préambule de la Constitution qui en est une
partie intégrante et assure au principe de la légalité une valeur fondamentale.

En dépit de cette consécration, l’article 9 de la Constitution dispose sous forme de


rappel que « nul ne peut être condamné si ce n’est en vertu d’une loi entrée en
vigueur avant l’acte ».

Le principe de la légalité a pour corollaire le principe de la non-rétroactivité de la loi


pénale de fond sévère qui est un principe absolu, le principe de la prévisibilité de
la répression, le principe de l’interprétation restrictive de la loi pénale.

2°) Le principe de nécessité et de proportionnalité des peines. Ce principe est aussi


fondé sur l'article 8 de la Déclaration de 1789, aux termes duquel « la loi ne doit
établir que des peines strictement et évidemment nécessaires ».

3°) Le principe de personnalité des peines. En vertu du principe de la personnalité


des peines qui découle des articles 8 et 9 de la Déclaration de 1789, « nul n'est
punissable que de son propre fait ».

II – Le code de procédure pénale

Le code de procédure pénale actuellement en vigueur a été consacré par la loi


n°65-61 du 21 juillet 1965 portant code de procédure pénale. Il regroupe toutes les
dispositions de procédure pénale et d’exécution des peines, c'est-à-dire les lois
pénales de forme.

Le code de procédure pénale s’articule autour d’un titre préliminaire consacré à


l’action publique et à l’action civile, et de cinq livres portant respectivement sur :
1. L’exercice de l’action publique et de l’instruction (Livre 1). Les autorités
chargées de l’action publique sont d’une part la police judiciaire chargée de mener
l’enquête, le ministère public chargé de diriger l’enquête et le juge d’instruction dont
la saisine est obligatoire en matière criminelle et facultative en matière délictuelle.
Il peut être saisi par le ministère public par réquisitoire introductif ou par la victime
par plainte avec constitution de partie civile. Le juge d’instruction a une double
casquette, magistrat et enquêteur. En sa qualité de magistrat, il rend des décisions
juridictionnelles susceptibles de faire l’objet d’un appel devant la chambre
d’accusation de la cour d’appel. En sa qualité d’enquêteur, il peut délivrer une
commission rogatoire à la police et diriger l’enquête menée. L’enquête de la police
peut s’effectuer sous la forme de flagrance ou sous forme préliminaire.

Lorsque l’enquête est clôturée, le suspect peut être mis hors de cause par un
classement sans suite ou une décision de non-lieu, il peut faire l’objet d’un
classement sans suite conditionnel sous forme de médiation pénale. Il peut
également être mis en cause ou inculpé et renvoyé devant une juridiction de
jugement (Livre 2).

2. Les juridictions de jugement (Livre 2). Les juridictions de jugement de droit


commun sont les Chambres criminelles et les chambres correctionnelles près des
tribunaux de grande instance et qui sont compétentes en matière criminelle et
délictuelle, et les tribunaux de police compétents en matière contraventionnelle. A
ces juridictions de droit commun s’ajoutent des juridictions spécialisées comme le
tribunal pour enfant, la cour de répression de l’enrichissement illicite et la Haute
cour de justice. En vertu du principe de double degré de juridiction, les juridictions
de jugement statuent au premier degré à charge d’appel. Cependant, certaines
juridictions spécialisées comme la CREI statuent en premier et dernier ressort. En
tout état, s’ouvrent aux intéressés des voies de recours extraordinaires (Livre 3).

3. Les voies de recours extraordinaires (Livre 3). Ces voies de recours sont le
pourvoi en cassation et les demandes en révision. Cette dernière est assez
particulière. Elle est régie par la loi organique sur la Cour suprême, contrairement
à d’autres procédures particulières (Livre 4).

4. Quelques procédures particulières (Livre 4). L’adjectif indéfini « quelques »


est assez trompeur en l’espèce puisque ce livre traite pas moins d’une quinzaine
de procédures particulières réparties dans quinze titres dont le premier traite « de
l’enfance délinquante et en danger ». Le titre XII est relatif à l’application de la loi
pénale dans l’espace. La mise en œuvre de la loi pénale peut aboutir à une
condamnation de l’intéressé à une peine qui devra faire l’objet d’une exécution
(livre 5).

5. Les procédures d’exécution (livre 5). L’exécution d’une peine peut s’effectuer
en milieu libre comme en milieu fermé. Dans ce dernier cas, la peine s’exécute
dans un endroit réservé à la détention à savoir un camp pénal, une maison de
correction ou une maison d’arrêt. Cette dernière catégorie de lieu de détention est
en principe réservée aux inculpés, prévenus et accusés soumis à la détention
provisoire, c'est-à-dire à une incarcération provisoire avant toute décision de
condamnation, de relaxe ou d’acquittement. En pratique, la règle de spécialisation
des milieux fermés n’est pas respectée et des condamnés définitifs peuvent
exécuter leur peine dans des maisons d’arrêts. En tout état, un détenu provisoire
peut obtenir une liberté provisoire tout comme un condamné définitif peut obtenir
une libération conditionnelle ou des mesures d’aménagement des peines.

Le code pénal et le code de procédure pénale ont fait l’objet de plusieurs


modifications qui ont eu pour objet d’adapter le besoin de répression à l’évolution
de la délinquance, et de moderniser les outils de mise en œuvre de la loi pénale.

La première partie de ce cours sera consacrée au droit pénal général et elle se


découpera en deux sous-parties portant respectivement sur la loi pénale et sa
transgression (l’infraction) et sur la responsabilité pénale.

La deuxième partie de cours qui sera traitée dans un autre support portera sur la
procédure pénale et comportera deux sous parties relatives à la phase de l’enquête
et à celle du jugement.

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