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La légalité des délits et des peines – nullum crimen nulla poena sine lege – (nulle
crime, nulle peine sans loi) est un principe fondamental en droit pénal ; il a une
valeur constitutionnelle. Ce principe traduit la nécessité de la préexistence d’une
norme définissant clairement et précisément les éléments constitutifs de chaque
infraction et fixant la sanction correspondante. Le principe de la légalité vise à éviter
l’arbitraire des juges, en ce sens qu’ils doivent appliquer la loi. En effet, la création
de la norme répressive appartient au législateur, seul habilité à restreindre la liberté
individuelle.
Le principe de la légalité est issu de l’œuvre de Beccaria, le traité Des délits et des
peines, qu’il a publié en 1764 alors qu’il était âgé de 26 ans. Il était fortement
influencé par les travaux de Montesquieu et de Rousseau, à savoir la théorie de la
séparation des pouvoirs et le contrat social. Il construit son raisonnement en
considérant que les hommes sont passés de l’état de nature à l’état sociétal.
Légitimée par un pacte social qui traduit la volonté générale, la loi doit assurer à
chacun le respect de deux principes fondamentaux que sont: la liberté et la
sécurité. Il en résulte que « les lois seules peuvent déterminer les peines des délits
et que ce pouvoir ne peut résider qu’en la personne du législateur qui représente
toute la société unie par un contrat social ».
A l’origine, le principe de la légalité signifiait que seule la loi peut déterminer ce qui
constitue une infraction et la peine applicable. De nos jours, le domaine de la loi a
été réduit par le règlement.
Art. 67 de la Constitution
La loi fixe les règles concernant :
les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour
l'exercice des libertés publiques, les sujétions imposées par la Défense nationale
aux citoyens en leur personne et en leurs biens ;
(...)
la détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont
applicables; la procédure pénale ; l'amnistie, la création de nouveaux ordres de
juridictions et le statut des magistrats ;
(...)
Art. 76 de la Constitution
Les matières qui ne sont pas du domaine législatif en vertu de la présente
Constitution ont un caractère réglementaire.
Ainsi, les deux sources du droit pénal sont la loi et le règlement. La distinction
entre ce qui relève de la loi et ce qui relève du règlement est prévue aux articles
67 et 76 de la Constitution :
L’égalité : par la préexistence des textes d’incrimination, tous les citoyens ont la
même connaissance des interdits. La légalité impose aussi une égalité des
poursuites exercées.
Section 3 – La soumission du juge au principe de la légalité de la répression
Le contrôle de la qualité de la loi vise à vérifier la validité de la loi. Une loi est valide
lorsqu’elle s’incorpore dans le système de la pyramide des normes.
Il peut s’agir également d’un contrôle de la légalité des actes administratifs exercé
par les juridictions du fond.
Les juges doivent apprécier si le comportement est constitutif d’une infraction. Cet
exercice suppose, lorsque le texte n’est pas clair et précis, une part d’interprétation
de la part des juges.
Cependant, en l’absence d’un texte ou en présence d’un texte pas clair et précis, il
est formellement proscrit au juge de procéder à une interprétation par analogie
défavorable.