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COURS DU DROIT PRNAL GENERAL

Partie I. Les principes généraux de droit


pénal
Chapitre 1. Le principe de la légalité des délits et des peines

-Pas de crime, pas de peine sans la loi, c’est ainsi que l’on exprime généralement le principe de la
légalité des délits et des peines. Au Maroc le principe de la légalité criminelle est consacré par la
constitution (art 10) et par l’art 3 du code pénal.

A. Justifications du principe :

-Le principe constitue une garantie fondamentale contre l'injustice, l'arbitraire et l'inégalité de
l’ancien régime, le principe de la légalité criminelle limite le rôle du juge à l’application et a
l’interprétation seulement. Le principe vise à porter à la connaissance des citoyens les actes
interdits afin de les éviter et assurer la fonction dissuasive du droit pénal. Aussi il concrétise le
respect du principe de la séparation des fonctions (législatif, exécutif et judiciaire). Il trouve
également sa justification dans l’intérêt de la société en plaçant le délinquant potentiel devant
ses responsabilités. Il a également un rôle éducatif en permettant aux individus de connaître
les prescriptions de la loi pénale.

B. Contenu du principe :

Le principe de légalité criminelle généralement exprimé à travers l'adage « nullum crimen nulla poena
sine lege» trouve sa source historique dans l'œuvre de Beccaria et de Montesquieu. Il signifie que
l'infraction doit être créée uniquement par la loi : seule la loi en tant que manifestation de la volonté
générale, dispose de la légitimité démocratique suffisante pour crée des infractions et des sanctions.
(L'objectif était d'éviter l'arbitraire judiciaire de l'Ancien Régime)

Ce principe intéresse aussi bien les incriminations que les sanctions :S’agissant de la légalité des
incriminations, il est nécessaire de soumettre à la répression pénale uniquement les faits qui
réunissent les éléments précis définis préalablement par la loi. S’agissant de la légalité des sanctions,
aucune sanction ne peut être infligée si elle n’est pas expressément prévue et déterminée avec
précision dans sa nature et sa mesure.
Ce principe de la légalité est étudié par la doctrine soit sous le volet des principes généraux du droit
pénal ou bien en tant qu’élément constitutif de l’infraction, à savoir l’élément légal ou textuel. Le
choix de l’étudier sous le premier volet dans ce cours réside dans la considération que le principe des
délits et des peines est l’un des principes phares en la matière et que la division de l’infraction en trois
éléments constitutifs : élément légal, élément matériel et élément moral est une autre
question qui sera étudiée dans l partie réservée à l’infraction nonobstant le fait que l’infraction n’exige
pour sa constitution que deux éléments à savoir , l’élément matériel et l’élément moral.

Au-delà de la légalité formelle et matérielle, le principe de légalité comprend deux corollaires : la non-
rétroactivité de la loi pénale, et l'interprétation stricte de la loi pénale ou l’interdiction
de l’interprétation par analogie.

Le principe de légalité formelle est consacré par le Code pénal (art 3) Il trouve à s'appliquer en droit
pénal de fond mais aussi en procédure pénale. Et pour la procédure pénale, aucun acte ne peut être pris
s’il n’est pas exclusivement exigé par la loi.

C. Conséquences du principe à l’égard du législateur :

C'est alors qu'est apparu le principe de légalité matérielle, selon lequel le texte d'incrimination doit être
clair et précis pour permettre la détermination des auteurs d'infractions et exclure l'arbitraire dans le
prononcé des peines.

1) La source en matière pénale, c’est la loi

2) Les qualités exigées de tout texte de loi

1) La source en matière pénale c’est la loi

Le principe de légalité signifie l’exclusivité du pouvoir législatif dans la création de la loi


pénale. Les sources du droit pénal sont exclusivement le texte de la loi. Si ces sources créent
directement la matière pénale. Indirectement, d’autres sources peuvent être utiles (coutume,
religion, principes généraux du droit) Par exemple pour déterminer l’infraction d’acte
attentatoire à la pudeur (art 483 CP) il faut revenir à la coutume/ De même la religion explique
certaines infractions (art 491: adultère) (art 222: rupture du jeune dans un lieu public pendant

la journée du mois de ramadan1.

1
2) Les qualités exigées de tout texte pénal

Article 2 du CP : « nul ne peut invoquer pour son excuse l'ignorance de la loi pénale ». Mais si
la loi n'est pas suffisamment claire et précise, il est difficile de reprocher au justiciable son ignorance.
Pourtant, la qualité de la norme pénale ne cesse de diminuer2.

La proportionnalité de la peine : La déclaration universelle des droits de l’homme de 1789 a proclamé


déjà la formule célèbre selon laquelle la loi ne peut éditer que les peines strictement et évidemment
nécessaires. La peine ne doit pas être d’une sévérité excessive au regard de la gravité du comportement
prohibé.

Le contrôle des qualités exigées : Le contrôle de la qualité de la loi par le conseil constitutionnel
depuis la constitution de 2011 à priori et a postériori par la règle d’inconstitutionnalité de la loi ou la
question prioritaire de constitutionnalité.

D. La conséquence du principe à l’égard du juge pénal :

Le juge n’a pas le pouvoir de créer la loi et cela à propos des incriminations et à propos des sanctions.
Il ne peut poursuivre ni juger un comportement qui n’est pas interdit par la loi tout en ayant
l’obligation de qualifier les faits selon la loi. Le juge a également l’obligation d’interpréter
strictement la loi.

La qualification des faits signifie la nécessité pour le juge de rechercher le texte applicable
aux faits poursuivis. Le juge apprécie le caractère répréhensible du comportement en référence
aux lois d’incrimination.

Le juge pénal dispose d’un pouvoir interprétatif. Le juge pénal dispose d’un pouvoir
d’interprétation pour l’application de la loi aux faits. La loi est par définition un texte abstrait
et général. Il contient parfois certaines lacunes ou même des citations larges et non
exhaustives. Le juge doit donc interpréter le texte ‫ تفسيرالنص‬. Il n’est pas contraire au principe
de la légalité des délits et des peines

2
Ce qui est interdit pour le juge, c’est l’interprétation par analogie sauf lorsqu’elle est favorable
à la personne poursuivie « in favorem » Le juge pénal interprète les lois d’incrimination cad en
recherchent le vrai sens. Quatre modes d’interprétation existent :

Interprétation littérale : le juge doit s’attacher exclusivement à la lettre de la loi ,


L’interprétation littérale a été critiquée car le principe de la légalité criminelle ne l’impose pas
nécessairement et puis de toute évidence la loi n’est pas toujours parfaitement claire et
facilement adaptée à la situation exposée devant le juge. Il lui est préférable une autre
interprétation.

L’interprétation téléologique : elle se fonde sur la volonté déclarée ou présumée du législateur


(la ratio legis) cette volonté résulte le plus souvent des travaux préparatoires des lois. Lorsque
le texte est obscur, le juge doit s’attacher à lui faire produire son plein effet en considérant les

raisons qui ont présidé à son adoption. Par exemple appliquer le vol à un cas de soustraction
d’énergie. (F. DESPORTES F. Legunehec, Droit pénal général, 16e éd. Economica, coll corpus
droit privé, p. 161. Un autre exemple en matière de vol, la nuit est considérée comme
circonstance aggravante du vol art 509 et 510 cp sans pour autant qu’il soit défini par le
législateur. le sens de la nuit peut avoir deux interprétation la première liée à l’astronomie
c’est-à-dire la période qui se situe entre le coucher et la levée du soleil, la deuxième en
utilisant la ratio legis à savoir l’aggravation de la peine dans cette période serait de considérer
la nuit comme le temps où il fait obscur et noir même avant ou peu après le coucher du soleil.

Interprétation systématique : grâce à laquelle le sens d’un texte pour être reconnu doit être
replacé dans le système d’ensemble d’un droit ; interprétation historique qui se fonde sur la
genèse de la loi sur les travaux préparatoires, enfin l’interprétation téléologique qui se fonde
sur la volonté déclarée ou présumée du législateur.

La règle générale dans l’immense majorité des droits, par respect au principe de légalité est
l’interprétation stricte de la loi et l’interdiction d’une interprétation par analogie en droit
pénal. L’interprétation par analogie invite par une extension- une analogie- à remédier aux
lacunes voire aux oublis du législateur. Dans le cas d’un texte non précis, le juge n’a en
principe pas de pouvoir d’appréciation pour étendre ce texte à un cas non prévu. C’est le
corolaire du principe de la légalité des délits et des peines qui interdit aux juges de créer des
infractions.
Ex : utiliser le vol pour un cas de filouteries d’aliments ou de transport. Utiliser l’art 571du
code pénal sur le recel pour les contraventions alors que le texte vise seulement les crimes et
les délits seulement.

Outre l’interdiction par analogie et l’interprétation stricte de la loi, le juge doit faire une
interprétation favorable à la personne poursuivie. En effet, dans le texte obscur, le juge ne
doit pas choisir automatiquement le sens le plus rigoureux ou le plus favorable à la personne
poursuivie. Il doit rechercher le sens véritable du texte (travaux préparatoires). S’il n’y parvient
pas, et seulement dans ce cas, il retiendra l’interprétation la plus favorable à l’accusé.

Le législateur accorde au juge pénal différents pouvoirs si le juge ne peut pas créer une peine,
il a néanmoins le pouvoir d’en individualiser le prononcé. Plusieurs possibilités sont offertes :

• La peine édictée par le législateur est fixée entre un maximum et un minimum

• Les circonstances aggravantes et atténuantes

• La peine est soit un emprisonnement soit une amende

• Le pouvoir de prononcer une peine avec sursis

Application de la loi pénale


-L’application de la loi suppose son interprétation puis la qualification des faits .
-Dans ce processus intellectuel, l’interprétation tend à cerner la portée exacte de la règle de
droit (ex du vol: la soustraction frauduleuse suppose t elle la volonté de s’approprier
définitivement la chose; tandis que la qualification est l’opération qui, par le rapprochement
de la règle de droit interprétée à l’espèce conduit à la conclusion (X a commis un vol).
-Appliquer la loi pénale, c’est souvent choisir entre plusieurs lois en conflits, qu’il s’agisse
d’un conflit qui oppose deux lois distinctes par leur contenu (conflit de qualification); d’un
conflit dans le temps qui oppose deux lois successives (conflits de lois dans le temps);d’un
conflit de lois dans l’espace qui oppose la loi nationale à une loi étrangère

Chapitre II. Application de la loi pénale dans le temps et dans l’espace


Au regard de la temporalité, la question majeure est de savoir si la loi nouvelle (selon qu’elle
est plus douce ou plus sévère) est susceptible d’être appliquée alors que les faits ont été
commis avant son entrée en vigueur et que la procédure judiciaire n’est pas achevée.
Du point de vue de l’espace, il est important de se demander si la loi pénale interne est
toujours applicable lorsque tous les éléments ne sont pas situés sur le territoire du Maroc :
L’infraction commise à l’étranger par un marocain ou par un étranger.

Section 1: Application de la loi pénale dans le temps

L’application de la loi pénale dans le temps soulève deux questions :


✓ La première est relative à la durée d’application de la loi (début et fin).

✓ La deuxième est celle du champ d’application de la loi dans le temps.

On va étudier spécifiquement le premier problème - dit de droit transitoire ou de conflit de


lois dans le temps – :
• Que doit-on faire lorsque la loi change (loi nouvelle ou modification des textes) entre le
moment où l'infraction est commise et celui où elle est définitivement jugée, voire celui
où la peine
prononcée est entièrement exécutée ?
DEUX TEMPS :

1. Le moment de la commission de l’infraction et de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.


2. Le moment où la décision de justice est devenue définitive.
CONFLITS DE LOIS :
Si l'évolution législative est intervenue avant l'infraction, elle s’y applique naturellement.
Si elle intervient après que le jugement soit devenu définitif et que la peine a été
entièrement exécutée, il n'y a pas de remise en cause de la justice rendue.
• Faut-il appliquer la loi (ancienne) qui existait au jour de l'infraction
ou celle (nouvelle) qui existe au jour du jugement ?
DEUX SOLUTIONS :
Soit l’évolution s’applique soit elle ne doit pas s’appliquer.
Le critère c’est la nature de la loi
Il faut distinguer entre les lois de fond et les lois de forme car la solution au conflit de loi
n’est pas la même.
Lois de fonds :
Objet de ces lois: définition des infractions et des sanctions,
L’évolution doit s’appliquer c'est-à-dire rétroagir sur des faits antérieurs si la loi nouvelle est
plus douce.
Le principe est la non rétroctivité de la loi nouvelle sauf lorsqu’elle est plus douce
C’est le principe de la rétroactivité de la loi pénale plus douce.
Lois de forme :
Objet: organisation et compétence des juridictions, modalités des poursuites, formes de
procédure, manière d'exécuter des peines...,
Sont d’application immédiate les lois nouvelles de forme. Elles peuvent s'appliquer aux
procédures en cours, les améliorer pour la suite, sans effet rétroactif, c'est-à-dire sans revenir
sur les étapes
antérieures, sans effacer les actes déjà accomplis.
Les fondements de ces deux solutions :
Article 4 CP
« Nul ne peut être condamné pour un fait qui, selon la loi en vigueur au temps où il a été
commis, ne constituait pas une infraction. »
Article 6
« Lorsque plusieurs lois ont été en vigueur entre le moment où l'infraction a été commise et
le jugement définitif, la loi, dont les dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir
application. »

Le principe de non rétroactivité et ses exceptions :


La loi pénale doit s’appliquer aux faits commis alors qu’elle est en vigueur c’est le principe de
la non rétroactivité de la loi pénale .
Cette règle malgré quelle est une conséquence du principe de la légalité criminelle a des
exceptions.

I-Le principe de la non rétroactivité des lois de fond :


En matière d’incriminations et de sanction, c'est la loi existante à la date de la commission de
l’infraction qui s'applique.
Donc la loi nouvelle ne rétroagit pas SAUF lorsqu’elle est moins sévère.
On parle en doctrine de rétroactivité « in mitius» des lois pénales « plus douces ».

A. Justifications du principe :
Conséquence du principe de la légalité criminelle.
La raison d’être de la non rétroactivité est la protection de la personne poursuivie.
La protection des membres de la société contre l’arbitraire et l’injustice: une loi ne peut
s’appliquer à des faits commis antérieurement à son entrée en vigueur.

B. Conditions d’application du principe :


1° Localisation dans le temps
C'est le problème du moment et de la durée des infractions. Quand l’infraction est-elle
commise ?
2°L’entrée en vigueur de la loi nouvelle
Quelle est la date d’application d’une loi nouvelle ?

1-Temps de l’infraction :
Le temps de l’infraction est lié à l’élément matériel de l’infraction.
L’élément matériel : acte, causalité et résultat pour les infractions matérielles permet de
classer les infractions.
Cette classification a beaucoup d’intérêt notamment sur l’application de la loi dans le temps.
Une loi nvelle ne peut s'appliquer aux infractions commises antérieurement.
Il faut déterminer, pour ces infractions, si elles ont été entièrement commises sous l'empire
de la loi ancienne ou si elles continuent de se commettre sous l'emprise de la nouvelle loi.
Tout est en relation avec l’élément matériel. C’est quoi élément matériel : acte plus
dommage plus causalité.

a) Situation ordinaire
L'infraction est alors dite de commission, simple et instantanée. Elle ne soulève pas de
problèmes particuliers de localisation dans le temps : c'est ici et maintenant.
b) Situations complexes
Infraction CONTINUE (SUCCESSIVE).
Infraction complexe
Infraction d’habitude
• Infraction continue
EX : Ce sont le port illégal de décoration () et le recel (). « Porter » une décoration, «
dissimuler », « détenir » une chose que l'on savait provenir d'une origine délictueuse sont
des comportements qui peuvent durer. C'est une activité et non seulement un acte qui est
incriminé.
Le temps de l’infraction : Consommée dès le départ (port illégal de décoration dont l'auteur ne
serait apparu qu'une poignée de secondes à la télévision).
Conséquences : si le comportement se prolonge, le point de départ de la prescription est
repoussé d'autant
Si le comportement se prolonge après la promulgation de la loi nouvelle, l’infraction tombe
sous le coup de celle-ci fut elle plus rigoureuse que l’ancienne.

• Infraction complexe
L'infraction qui se réalise par des actes différents.
L'escroquerie en est un exemple. Si le voleur est celui qui prend, l'escroc, plus malin, est celui
qui se fait remettre l'objet convoité par la victime qui ne se rend pas compte, à ce moment-là,
qu'elle est victime d'une infraction. Car, préalablement, l'auteur a « préparé son coup » par
différentes manœuvres ou mises en scène qui sont des premiers actes d'exécution. Se faire
remettre la chose ou l'argent par ladite victime elle-même, c'est un nouvel acte qui achève
l'infraction.
Le temps de l’infraction : Il n'y a pas de consommation, donc pas de poursuites
possibles, tant que le dernier acte n'a pas été accompli.
Ce dernier, qui consomme, instantanément, l'infraction, est le point de départ de la
prescription de l'action publique.
La loi qui s’applique est celle qui est en vigueur au moment de la commission du dernier acte.
• Infraction d’habitude
Une fois ne suffit pas pour qu'il y ait infraction. Il faut habitude, répétition.
Ex : L'exercice illégal de la médecine. Aussi la mendicité.
Le temps de l’infraction : l'infraction est consommée dès le deuxième acte (jurisprudence
sévère)
Si une loi nouvelle est promulguée après le deuxième acte, elle doit s’appliquer même si plus
rigoureuse. Le point de départ de la prescription est repoussé tant que l'habitude n'a pas
cessé ( = infraction continue)

2- La date de la loi et du jugement définitif :


Le conflit de loi dans le temps exige de déterminer l’entrée en vigueur de la loi nouvelle et le
jugement s’il est définitif ou non.
La loi entre en vigueur à la date de sa publication au bulletin officiel après sa promulgation.
Généralement la durée de vie d’une loi est fixée entre le jour de sa publication au BO et le jour
de son abrogation. Dans certains cas, il se peut que la loi nouvelle fixe une date pour son entrée
en vigueur. En France, un délai de 24heures après la publication de la loi est exigé pour son
entré en vigueur.
Pour appliquer la rétroactivité de la loi nouvelle plus douce, le jugement ne doit pas être
définitif c-a-d il est susceptible de voies de recours et n’ayant pas une autorité de chose jugée.
II-Les exceptions au principe de la non rétroactivité de la loi nouvelle :
-Lois d’interprétation ou lois interprétatives
-Lois sur les mesures de suretés
-Lois temporaires
-Lois plus douces

A) Lois interprétatives :
Echapperaient à la non rétroactivité des lois de fond des lois dites « interprétatives » dont
l'objet ne serait pas de modifier le droit applicable, mais seulement d’éclairer, de préciser la
signification, d’interpréter une loi antérieure sans en modifier le contenu.

B) Lois sur les mesures de suretés :


Échapperaient au principe les lois introduisant non pas de nouvelles peines, mais des «
mesures de sûreté ».
Il existe un débat doctrinal sur la nature de la loi relative aux mesures de sûretés, s’agit-il
d’une loi de fond ou de forme ?
En France le conseil constitutionnel décide que « le principe de non rétroactivité de la loi
répressive plus sévère ne s’applique qu’aux peines et aux sanctions ayant le caractère d’une
punition » c. constit8déc 2005
C’est la position de la majorité de la doctrine. Les mesures de sûreté, par ex l’obligation de
résidence, la fermeture d’un établissement, l’interdiction d’entrée en relation avec la victime
de l’infraction, ont pour objectif non pas la répression mais le reclassement du délinquant et
la protection de la société contre certains états dangereux.
Solution de l’article 8 du code pénal :
Nulle mesure de sûreté ne peut être prononcée que dans les cas et conditions prévus par la
loi.
Les mesures de sûreté applicables sont celles édictées par la loi en vigueur au moment du
jugement de l'infraction.
C’est-à-dire non au moment de la commission de l’infraction

C)Lois temporaires :
Article 7 CP : : « Les dispositions des articles 5 et 6 ci-dessus ne concernent pas les lois
temporaires. Celles-ci, même après qu'elles aient cessé d'être en vigueur, continuent à régir
les infractions commises pendant la durée de leur application ».
Il se peut que des circonstances sociales ou politiques exige l’adoption des lois pénales qui
prévoient l’application de ses dispositions à des faits commis antérieurement à son adoption
même lorsqu’elles sont plus rigoureuses. (Dahir 29 octobre 1959 à l’occasion du procès des
huiles nocives.
Ex : certaines lois étrangères ont abrogé la peine de mort pour une certaine durée ou encore
celles qui ont pénalisé l’avortement.
Constitue une loi temporaire celle qui interdit à la population d’une ville de quitter le
périmètre de la ville pendant une durée déterminée pour ne pas propager la pandémie.

D)Lois plus douces :


Article 6 CP : « Lorsque plusieurs lois ont été en vigueur entre le moment où l'infraction a
été commise et le jugement définitif, la loi, dont les dispositions sont les moins rigoureuses,
doit recevoir application. »
D’abord la rétroactivité des lois pénales « plus douces » est une exception au principe général
de la non rétroactivité de la loi. Mais il n'est pas en contradiction ni avec ce principe ni avec le
principe de la légalité.
Là où s'arrête la raison d'être de la non rétroactivité, qui est la protection de la personne
poursuivie, doit s'arrêter l'application de la rétroactivité.
Conditions d’application de l’article 6 :
1 Il faut que la loi nouvelle soit favorable au prévenu.
2 Il faut que cette loi nouvelle plus favorable entre en vigueur avant le prononcé d’un
jugement définitif cad jugement n’ayant pas autorité de chose jugée.
Il existe des situations où il est difficile de déterminer si la loi nouvelle est plus douce ou plus
sévère notamment lorsqu’elles coexistent dans une seule loi.
En cas de coexistence, la solution adoptée en jurisprudence est d’apprécier si la loi nouvelle
est divisible ou indivisible.

Les diverses solutions :


Le texte est divisible : la jurisprudence applique de manière divisée rétroactivement la
partie douce sans la partie sévère. Pour apprécier la divisibilité, la tendance est d’apprécier la
divisibilité ou non d’un texte en se fondant sur des critères intellectuels tirés du lien relationnel
existant entre les diverses dispositions en présence, de l’équilibre recherché par le législateur,
des conséquences pour la politique criminelle. Tout en négligeant pas la perspective d’une
application concrète d’un texte à un individu déterminé.

Le texte est indivisible : le critère est celui de la partie principale : par exemple si la loi
nouvelle correctionnalise un crime et au même temps refuse les circonstances atténuantes :
Rétroactivité de cette loi car c’est la partie principale du texte (peine principale) qui est plus
douce que la partie secondaire (circonstances).

Coexistence de dispositions sévères et plus douces dans une loi divisible


La loi nouvelle est divisée en partie sévère et partie douce.
Par exemple une loi qui correctionnalise un crime et incrimine la complicité.
Solution appliquer rétroactivement les dispositions plus favorables seulement.

Exemples de coexistence de dispositions sévères et plus douces :

EXEMPLE 1 :
Hypothèse de loi indivisible : La loi nouvelle a augmenté le minimum et a diminué le
maximum de la peine prévue dans l’ancienne loi
Ex : loi nouvelle : max emprisonnement 3ans et minimum 1an alors que loi ancienne max
4an et minimum 6 mois
Solution :
La loi favorable à la personne poursuivie est la loi ancienne car son minimum est inférieur à la
loi nouvelle. Cependant, s’il y a des circonstances aggravantes, la loi favorable serait la loi
nouvelle car son max est inférieur à la loi ancienne
EXEMPLE 2 :
Hypothèse : La loi nouvelle augmente le max de la peine prévue (2ans) et accorde au juge le
pouvoir d’un sursis. Sursis qui n’était pas possible dans l’ancienne loi qui prévoit une peine
d’un an seulement
Solution :
Soit apprécier la tendance dominante du texte (plus douce ou plus sévère)
Soit apprécier l’application concrète du texte à la personne poursuivie : par ex si les
conditions du sursis sont présentes dans l’affaire, la loi nouvelle s’applique car favorable. Si
pas de conditions de sursis, la loi ancienne doit s’appliquer car la peine prévue est inférieure
à la loi nouvelle (1an au lieu de 2ans).

Exception de la rétroactivité in mitius


La rétroactivité in mitius cad de la loi pénale favorable ne concerne pas les lois temporaires
(Art 7 CP)
Une infraction commise sous l’empire de la loi temporaire continent à tomber sous le coup
de cette loi temporaire malgré qu’elle a cessé d’être en vigueur et qu’une nouvelle loi
dépénalise cette infraction ou en atténue la répression.

. Application immédiate des lois de forme :


Certains auteurs considèrent les lois de forme comme une exception à la règle de la non
rétroactivité de la loi pénale alors que d’autres considèrent l’application immédiate de la loi
de forme comme principe autonome ayant aussi des limites.
L’application immédiate des lois de forme se justifient par la nature protectrice des droits et
libertés des citoyens puisque la procédure pénale dispose des règles relatives à la
compétence, à l’organisation des juridictions bref au bon déroulement du procès pénal.
Cependant, tel n’est pas toujours le cas, c’est pour cela qu’il existe des limites à l’effet
immédiat des lois de forme.
Fondements du principe :
Il résulte de l’article 4 selon lequel : « Nul ne peut être condamné pour un fait qui, selon la loi
en
vigueur au temps où il a été commis, ne constituait pas une infraction. »
La non rétroactivité de la loi pénale concerne uniquement les lois de fond cad relatives à
l’incrimination et à la sanction et non à la procédure.
En principe, les lois de forme seront également exclues de la règle de rétroactivité des lois
pénales plus douces puisqu’elle concerne uniquement les lois de fond (voir article 5 CP)
Cependant ce n’est pas toujours le cas. Les lois qui édictent une nouvelle mesure sévère
relative à l’exécution des peines ; à la prescription de l’action publique ou de la peine ; aux
voies de recours ne doit pas s’appliquer immédiatement alors que celle qui sont douces vont
rétroagir.

A. Effet immédiat des lois de forme :


1° Les lois de compétence et d'organisation judiciaire, tant qu'un jugement au fond n'a pas
été rendu en première instance.
2° Les lois fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure.
3° Les lois relatives au régime d'exécution et d'application des peines.
4° Lorsque les prescriptions ne sont pas acquises, les lois relatives à la prescription de l'action
publique et à la prescription des peines.
B. Les exceptions à l’application immédiate :
Il existe un débat sur la nature des lois relatives à la prescription de la peine, à l’exécution de
la peine. Quoiqu’il en soit, ces lois sont des lois de forme et elles sont soumises à l’effet
immédiat.
Cependant, il existe des limites à cette application immédiate limites relevées de la
jurisprudence et des dispositions étrangères. Le législateur marocain ne s’est pas prononcé
clairement sur la question.

Régime d’exécution des peines :


- Pas d’application immédiate donc pas d’effet rétroactif lorsqu'il apparaît qu’il résulterait de
la nouvelle loi une aggravation de la situation du condamne. Les dispositions nouvelles plus
sévères ne seront applicables qu'aux condamnations prononcées pour des faits commis
postérieurement à leur entrée en vigueur (Art 112-2, 3 du code pénal français)
- Limite fondée sur une présomption d'amélioration de l'exécution des peines.

Lois sur la prescription :


Lorsque les prescriptions de l’action publique ou de la peine sont acquises, la règle est que la
loi nouvelle n’a aucun effet sur les prescriptions acquises. Les prescriptions étant déjà «
acquises », sorte de droit « acquis » à ne pas ou ne plus être poursuivi. Cela que la loi
nouvelle soit plus sévère ou plus douce (Art 112-2, 4 du code pénal français).
Lorsque les prescriptions sont en cours, la loi nouvelle est d’application immédiate sauf si les
nouvelles prescriptions sont pour nature à aggraver la situation de l’intéressé (Art 112-2, 4
du code pénal français).

Les lois sur les voies de recours :


Pas de texte spécifique en droit marocain
Article 112-3 du code pénal français prévoit : « Les lois relatives à la nature et aux cas
d’ouverture des voies de recours ainsi qu’aux délais dans lesquels elles doivent être exercées
et à la qualité des personnes admises à se pourvoir sont applicables aux recours formés
contre les décisions prononcées après leur entrée en vigueur ». Donc pas d’effet immédiat sur
les instances en cours.
Le recours dans les instances en cours demeure régi par la loi ancienne en vigueur lors du
prononcé de la décision même si une loi nouvelle intervient pendant le délai de recours et
modifie ses conditions.
Une limite existe : La loi ancienne continuera à s’appliquer uniquement pour la définition du
droit de recours mais les règles de forme du recours tomberont sous l’effet de la loi en
vigueur au moment où il est formé.

Section 2 : application de la loi pénale dans l’espace


A. Souveraineté étatique :
Le droit (voir l'obligation) et le pouvoir de punir des Etats sont considérés comme une des
marques fortes de leur souveraineté. Ils sont très liés au territoire national. Egalité,
territorialité et souveraineté.
Mais cela n'a jamais interdit ni au Maroc ni ailleurs qu'un État tente d'appliquer sa loi pénale
à ses propres nationaux se trouvant à l'étranger voire à des étrangers qui agissent à
l'étranger contre des nationaux.
B. Compétence législ / jud :
Chaque État détermine ainsi souverainement, donc unilatéralement sauf à respecter les
conventions internationales qu'il aurait acceptées de signer, le domaine d'application de sa
loi dans l'espace.
Compétences territoriale, personnelle, réelle et universelle.

Critères de rattachement de l'infraction à sa souveraineté :


En fonction du critère utilisé, chaque titre de compétence reçoit une appellation. Ce sont des
qualifications le plus souvent doctrinales mais qui sont toutefois très classiques et connues
dans la plupart des langues.

1. Compétence territoriale :
On parle de compétence « territoriale » lorsque c'est le lieu de commission de l'infraction qui
est pris en considération : toute infraction commise au Maroc, que ce soit par un marocain
ou un étranger.

2. Compétence personnelle :
Dans la compétence « personnelle », le rattachement se fait par la nationalité des personnes
impliquées.
La loi peut alors atteindre des infractions commises à l'étranger par un marocain (nationalité
de l'auteur : personnalité « active ») voire par un étranger contre un marocain (nationalité de
la victime : personnalité « passive »).

3. Compétence réelle :
La compétence est dite « réelle » lorsque, pour se saisir d'infractions commises à l'étranger
par des étrangers, le critère de rattachement sont les atteintes aux intérêts essentiels de
l'État (atteinte à la sûreté de l'État, fausse monnaie...).
Nature de l’infraction commise à l’étranger.

4. Compétence universelle :
Il peut arriver qu'aucun de ces critères n'entre en compte et qu'un État se déclare compétent
du seul fait de la présence et de l'arrestation des criminels sur son territoire.
Ses conditions ne sont pas déterminées par la loi marocaine.

La compétence universelle en France : Applicable à certaines infractions seulement


(torture, piraterie, trafic de matières nucléaires...) qui portent atteinte à des valeurs
considérées comme essentielles par un nombre grandissant d'État.
Les auteurs de tels crimes ne trouvent aucun État au monde où ils puissent être à l'abri des
poursuites.

Champ d’application de la loi dans l’espace :


• Infractions commises au Maroc
• Infractions commises à l’étranger
1)Infractions commises au Maroc :
Article 10 CP : « Sont soumis à la loi pénale marocaine, tous ceux qui, nationaux, étrangers
ou apatrides, se trouvent sur le territoire du Royaume, sauf les exceptions établies par le droit
public interne ou le droit international. »
Le territoire :
Définition : C’est l’étendue géographique où s’exerce la souveraineté effective de l’Etat
marocain. Extension de territoire (art 11 CP) : lorsqu’une infraction est commise sur des
navires portant le drapeau marocain même s’il se trouve à l’étranger ou sur aéronefs
immatriculés au Maroc.

Extension du territoire : Art 11 du code pénal : « Sont considérés comme faisant partie
du territoire, les navires ou les aéronefs marocains quel que soit l'endroit où ils se trouvent,
sauf s'ils sont soumis, en vertu du droit international, à une loi étrangère. »
Limites à la compétence territoriale :
• Immunité parlementaire
• Immunité diplomatique
• Prescription de l’action publique
• Amnistie
L'article 11 introduit des fictions de territorialité qui entraînent l'application de la loi comme si
l'infraction avait entièrement été commise au Maroc.
De même compétence des lois et juridictions marocaines lorsque l’infraction est commise sur
un avion ou navire marchand en stationnement au Maroc.

2)Infractions commises à l’étranger :

Il faut distinguer des cas où c’est un marocain et des cas où c’est un étranger.

Infractions commises par un marocain à l’étranger :


• Compétence des lois et juridictions marocaines
• On appelle cette compétence : compétence personnelle active
• Art 707 et 708 du code de procédure pénale

Conditions : arts 707 et 708 CPP : distinction entre les crimes et les délits en matière
de compétence personnelle
Cas des crimes et délits :
Nationalité marocaine de l’auteur
Présence au Maroc de l’auteur
La personne n’a pas été jugée définitivement à l'étranger pour les mêmes faits et, en cas de
condamnation, que la peine n’a pas été subie ou n’est pas prescrite »
Pour les délits :
En plus des dernières conditions, en cas de délit commis contre un particulier, il faut une
plainte de la victime ou une dénonciation de l'autorité étrangère ou requête du ministère
publique.

Infractions commises par un étranger à l’étranger :


• Cas de la compétence personnelle passive.
• Cas de la compétence réelle.
Compétence personnelle passive : Compétence de la loi et la juridiction marocaine lorsqu’à
l’étranger un étranger est l’auteur, coauteur ou complice d’un fait qualifié crime par la loi
marocaine si la victime est de nationalité marocaine.
Conditions art 710 CPP : la personne poursuivie n’a pas été jugée par une décision ayant la
force jugée et n’a pas subi une peine ou dont la peine est prescrite.

Conditions pour la compétence réelle : Même conditions que la compétence personnelle :


Ayant commis l’une des infractions prévues à l’article 711.
La personne poursuivie n’a pas été jugée par une décision ayant la force jugée et n’a pas subi
une peine ou dont la peine est prescrite.

Voir l’article 711 du code de procédure pénale.


Application de la loi marocaine : A l’étranger, l’étranger est un auteur, coauteur ou complice
soit d’un crime ou d’un délit contre la sûreté de l’Etat, soit de contrefaçon de sceaux de l’Etat
ou de contrefaçon ou falsification de monnaie ou de billets de banque nationaux ayant cours
légal au Maroc ou crime contre les agents ou sièges des corps diplomatiques ou consulaires
et les offices publics marocains.
L’infraction
Définition de l’infraction dans le code pénal :
« L’infraction est un acte ou une abstention contraire à la loi pénale et réprimé par elle »
(article 110 du Code Pénal marocain).
« La loi pénale détermine et constitue en infractions les faits de l’homme qui a raison du
trouble social qu’ils provoquent, justifient l’application à leur auteur de peines ou de mesures
de sûretés » l’article 1 du CP.

Définition de la doctrine :
L’infraction a pu être définie comme : « la violation d’une obligation légale de faire ou de
s’abstenir assortie d’une peine et/ou d’une mesure de sûreté » (M.Amzazi, éléments de droit
criminel, p 63).
« C’est un fait contraire à l’ordre social, qui expose celui qui l’a commis à une peine » (G.
Stéfani, G. Levasseur, B. Bouloc,Droit pénal général, n°93).
Pour qu’une infraction puisse être reprochée à une personne, il est nécessaire qu’il existe
préalablement à son geste une incrimination, donc un interdit et une peine, et inversement
une peine ne saurait être prononcée sans interdit, ni infraction.

I- Classification des infractions :


Le code pénal contient une diversité d’infractions qui nécessite une classification selon
différents critères à savoir, le degré de gravité de la peine; l’élément matériel de l’infraction et
l’élément moral de l’infraction.

1. La classification légale, tripartite :


La classification tripartite selon le degré de gravité.
L’article 111 CP distingue trois catégories d’infractions : les crimes, les délits et les
contraventions.
Cette classification selon le critère de gravité de la peine encourue cad celle prévue par la loi
et non celle effectivement exécutée (voir les 16,17 et 18 du CP).
Elle est fondamentale car son fondement domine toute la matière du droit pénal.

A. Le crime :
Le crime est l’infraction la plus grave punie des peines prévues à l’article 16 :
La mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une durée de 5 à 30 ans, la
résidence forcée (art25 CP), la dégradation civique (art 26-27)
Ex : destitution de toutes fonctions publiques.

B. Le délit :
Le délit est l’infraction de moyenne gravité punie de :
• L’emprisonnement
• L’amende de plus de 1200 dhs
• La durée de la peine d'emprisonnement est d'un mois au moins et de cinq
années au plus, sauf les cas de récidive ou autres où la loi détermine d'autres
limites. (Art 17 CP).
Délits correctionnels : (peine encourue supérieure à 2 ans)(art 17 CP)
Ils font appel à des peines d’emprisonnement dont la durée est comprise entre 2 et 5 ans.
Exp: L’article 505 CP prévoit pour le vol simple un emprisonnement d’un an à 5ans et d’une
amende
Délits de police : (peine encourue inférieur à 2 ans) ( à partir d’un mois
Ils se situent entre les délits correctionnels et les contraventions ;
La peine d’emprisonnement encourue est d’un minimum 1 mois et d’un maximum égal ou
inférieur à 2 ans et d’une amende supérieure à 1200 dhs.
Ex : l’article 506 CP prévoit pour le vol d’une chose de faible valeur (le vol larçin ) un mois à
2ans et une amende.

C. La contravention :
La contravention est l’infraction la moins grave.
Art 18 CP dispose que les peines contraventionnelles principales sont:
• La détention de moins d’un mois
• L’amende de 30 à 1200 dhs

Le calcule de la durée des PPL (art 30 CP)


Lorsque la peine prononcée est d'un jour, sa durée est de 24 heures.
Lorsqu'elle est inférieure à un mois, elle se compte par jours complets de 24 heures.
Lorsque la peine prononcée est d'un mois, sa durée est de trente jours.
La peine de plus d'un mois se calcule de date à date.

2. Intérêt de la classification tripartite :


1- au niveau de la compétence juridictionnelle :
En matière criminelle, la juridiction compétente est la chambre criminelle de la cour d’appel.
Les délits : tribunaux de première instance.
Les contraventions : tribunaux de première instance.

2- la tentative :
La tentative d’un crime est toujours punissable (art 114)
La tentative du délit n’est punissable qu’en vertu d’une disposition spéciale de la loi. ( art
115)
Pour les contraventions la tentative n’est jamais punissable ( art 116)

3- la prescription :
De l’action publique se prescrit, c’est-à-dire son exercice devient impossible en droit, dès lors
qu’un certain délai s’est écoulé. Elle est de :
• 15 ans pour les crimes;
• 4 ans pour les délits;
• Un an pour les contraventions;

4- la complicité :
En matière criminelle et délictuelle le complice est punissable de la même peine qui réprime
ce crime ou ce délit (art 130).
En revanche, la complicité n’est jamais punissable en matière de contravention (art 124)
3. Classification selon l’élément matériel :
Par opposition aux infractions de commission (violation d'une interdiction d'agir), on parle
d'infraction D’OMISSION (violation d'une obligation d'agir). Il y en a beaucoup en matière
contraventionnelle, moins en matière délictuelle.
EX : On peut citer les délits de non-assistance à personne en péril (), d'abandon de famille
qui est une infraction de non-paiement d'une pension alimentaire par exemple.

Par opposition aux infractions instantanées, on parle d'infraction CONTINUE (SUCCESSIVE).


EX . Ce sont le port illégal de décoration et le recel. « Porter » une décoration, « dissimuler »,
« détenir » une chose que l'on savait provenir d'une origine délictueuse sont des
comportements qui peuvent durer.

Par opposition à l’infraction simple, on parle d’infraction complexe lorsque le


comportement incriminé comprend plusieurs actes d’exécution.
L'infraction qui se réalise par des actes différents est dite COMPLEXE. L'escroquerie en est un
exemple.
On oppose à l’infraction simple l'infraction qui suppose la réitération d'un acte semblable est
dite D’HABITUDE. Une fois ne suffit pas pour qu'il y ait infraction. Il faut habitude, répétition.
Ex. L'exercice illégal de la médecine en est un exemple. Il en est de même de mendicité.

On oppose une infraction consommée et une infraction tentée.


La 1ère est caractérisée par l’existence de nombreuses infractions de résultat cad
comportant un résultat précis et des infractions consommées sans la nécessité d’un résultat
appelées infractions formelles comme l’empoisonnement ou infractions de mise en danger
comme le stationnement interdit

Infractions formelles s’opposent aux infractions matérielles qui nécessitent pour leur
consommation un résultat.

La 2ème infraction qui s’oppose à l’infraction consommée est l’infraction tentée ou


inachevée :
C’est lorsque le résultat n'ait pu être réalisé bien que certains agissements tendant à
l'obtenir aient été accomplis

4. Classification selon l’élément moral :


Les infractions sont classées selon l’élément moral en deux catégories :
Infractions intentionnelles et infractions non intentionnelles
Voir le paragraphe sur l’élément moral de l’infraction.

I-éléments ou structure de l’infraction :


• Traditionnellement, les manuels étudient trois éléments constitutifs de
l’infraction : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral
• D’autres auteurs présentent l’infraction en quatre éléments : les 3 derniers en plus
de l’élément injuste.
• D’autres encore ne voient que deux éléments à savoir l’élément matériel et
l’élément moral.
• Nous sommes pour ce dernier cas.
• Exclure de la structure de l’infraction l’élément légal car il est un préalable légal
• La loi précède l’infraction. Elle en est une condition.
« L’infraction est une méconnaissance, matérialisée et consciente, de l’interdit
pénal. » Matérialisée : c’est la composante matérielle (actus reus dit la doctrine
anglo-saxonne). Consciente : c’est la composante psychologique (mens rea).
A. L’élément matériel de l’infraction :
Pour qu’une infraction soit commise, il faut que le comportement se matérialise par un fait
extérieur.
Il ne suffit pas d’avoir eu une intention coupable, il faut qu’un acte matériel ait été commis.
L’infraction peut découler d’une action ou d’une omission.

• Pour les infractions dites matérielles ou de résultat, l’élément matériel se constitue


d’un comportement, d’un résultat dommageable et d’un lien de causalité entre l’acte
et le dommage.
• Pour les infractions formelles cad qui sont sanctionnées en l’absence d’un résultat
dommageable, l’élément matériel se résume au comportement permettant
d’atteindre des résultats graves.

B. L’élément moral/psychologique :
Il ne suffit pas que la norme ait été matériellement violée. Encore faut-il prendre en
considération l’état d’esprit de la personne au moment de son acte et vérifier que, jouissant
de toutes ses facultés mentales, elle a commis une faute.

Culpabilité+ imputabilité = responsabilité pénale :


La responsabilité pénale est une responsabilité subjective
On aborde maintenant l'élément moral de l'infraction, dans l'un de ses aspects que la
doctrine désigne comme étant la culpabilité. Culpa, en latin, signifie faute. La culpabilité est
ainsi la faute qui est à l'origine de la responsabilité pénale.
Dualité de l’élément moral :
L’élément moral des infractions peut être soit une intention soit une faute non intentionnelle
selon l’élément moral on peut classer les infractions en deux catégories :
Les infractions intentionnelles (homicide volontaire)
Les infractions non intentionnelles (homicide involontaire)

Les infractions intentionnelles :


L'intention (ou dol criminel) est la volonté consciente d'accomplir un acte que l'on sait
défendu par la loi pénale (tuer, voler ...). Cette volonté coupable ne peut donc animer que les
êtres humains doués de conscience et de volonté.
La volonté + la consicence= intention
On parle de dol général qui doit être distingué du dol spécial.
L’intention est « la connaissance du caractère illégal de l’acte que l’on accomplit néanmoins
en recherchant le résultat prohibé par la loi pénale ».
Intention c’est tendre vers un objectif déterminé, une volonté dirigée vers un but précis. Il y a
intention lorsque l’on veut le comportement et que l’on recherche le résultat.
L’INTENTION :
Le mobile n’est pas l’intention
Le mobile c'est-à-dire la raison ou l'intérêt qui a conduit à vouloir l’'infraction. Le mobile n'a
aucune influence sur l'existence de cette infraction et sur sa répression qu'il ait tué par
vengeance, par haine, par pitié, par colère, par jalousie, par amour, par fanatisme (ou sans
aucun mobile) le meurtrier encourt la même peine. En revanche, Il peut être pris en compte
par le juge dans le prononce de la peine (pouvoir d’individualisation de la peine).
EXCEPTIONS : Exonérer l’auteur de l’acte de toute responsabilité pénale si un certain nombre
de conditions, objectivement appréciées, sont remplies : les faits justificatifs, tels que la
légitime défense et l’état de nécessité. Beaucoup plus fréquemment le législateur se sert du
mobile pour aggraver la peine encourue.
Le mobile est pris en compte dans l’incrimination, on parle de « dol spécial »

Exemples d’exigence d’un dol spécial


Infraction d’abus de biens sociaux : il ne suffit pas que le dirigeant ait détourné de l’argent –
ou autres biens – de la société. Il faut que ce soit « à des fins personnelles ou pour favoriser
une autre société ou entreprise dans laquelle il était intéressé directement ou indirectement.
Escroquerie. En vue de se procurer ou de procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime.
Variations de l’intention (les dols)
• Dol général / dol spécial
• Dol déterminé/ dol indéterminé
• Dol dépassé
• Dol éventuel
• Dol praeter-intention
• Subdivisions de la doctrine, il n’en est rien dans les textes de lois
Faute non intentionnelle
La faute non intentionnelle prend 5 formes : (imprudence, inattention, négligence
maladresse et inobservation des lois et règlements (ex : homicide ou blessures involontaires)
Dans les contraventions, on parle de faute contraventionnelle : violation d'une prescription
légale ou réglementaire. Peu importe que cette violation ait été commise volontairement ou
par imprudence ou de bonne foi dans l’ignorance de la prescription légale ou réglementaire.
Les personnes pénalement responsables
Chapitre 1. L’auteur et les notions voisines
Chapitre 2. L’auteur dans l’infraction tentée (la tentative)
Chapitre 3. Le complice (la complicité)

I- L’auteur et les notions voisines :

L’auteur de l’infraction :
Le terme auteur de l’infraction selon l’art. 132 du Code pénal est celui qui commet (infraction
consommée ou tente de commettre l’infraction (infraction tentee. celui « qui commet »
matériellement, s’entend les faits incriminés.
L’auteur est celui qui commet les éléments constitutifs de l’infraction telles qu’ils sont définis
par le texte pénal. On parle alors d’infraction consommée.
Le problème de l'instigateur est traité par l’article 131 du code pénal.

L’auteur n’est pas L’instigateur :


Art. 131 : « Celui qui a déterminé une personne non punissable en raison d'une condition ou
d'une qualité personnelle, à commettre une infraction, est passible des peines réprimant
l'infraction commise par cette personne. »

Les Coauteurs
Il se peut que les auteurs de l’infractions soient plusieurs on parle de coaction ou
coactivité. Article 128 : « Sont considérés comme coauteurs, tous ceux qui, personnellement,
ont pris part à l'exécution matérielle de l'infraction ».

Complice
Lorsque certains ont commis les éléments constitutifs de l’infraction et d’autres ont prêté
une aide selon les conditions prévues par le code pénal. On parle de complicité (Article 129).

II- L’auteur dans l’infraction tentée (la tentative)


Il est auteur celui qui a seulement tenté de commettre une infraction sans parvenir au
résultat recherché. Il est auteur d'une tentative.

Préalable légale de la tentative


Article 114 du CP : « Toute tentative de crime qui a été manifestée par un commencement
d'exécution ou par des actes non équivoques tendant directement à la commettre, si elle n'a
été suspendue ou si elle n'a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la
volonté de son auteur, est assimilée au crime consommé et réprimée comme tel ».

1. Les conditions de la tentative :


La tentative est « constituée », et donc la personne punissable comme auteur de l'infraction,
à deux conditions :
La première : un commencement d'exécution.
La seconde : absence de désistement volontaire ou manquement d’effet qu’en raison de
circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur.
A. Le commencement d’exécution (élément matériel de la tentative) :

1°Au-delà des actes préparatoires, au moment du passage à l'acte : Acheter une arme est un
exemple d'actes préparatoires. Si l'agent va jusqu'au bout de sa décision, on saura que c'est
par là que tout a commencé. Mais, en lui-même, non éclairé par la suite, l'acte est
équivoque. L'acheteur est peut-être collectionneur d'armes ou chasseur. Peut-être a-t-il peur,
et cherche à se protéger, ou veut-il faire peur. Peut-être il veut blesser ou tuer quelqu'un.

2° lorsqu'il est clair que l'agent ne reviendra plus en arrière : C'est l’acte qui révèle de
manière univoque que l'auteur est bien engagé dans l'exécution du crime. Mais les faits ne
parlent pas toujours d’eux-mêmes. Ils s'éclairent rétrospectivement si la personne arrêtée
avoue ce qu'elle était déterminée à faire.
L’analyse du comportement de l’auteur.

B. Absence de désistement volontaire (élément moral de la tentative) :


Si c'est volontairement que l'auteur renonce à aller jusqu'au bout de ce qu'il a entrepris, il ne
faut pas le condamner. Mais, dans les autres cas, il y a tentative. Et le texte indique
clairement que deux situations différentes sont à envisager :
• Soit la tentative a été « suspendue ».
• Soit elle a « manqué son effet ».

2. Les formes de la tentative :


• Tentative suspendue
• Tentative manquée
• Infraction impossible

A- Tentative suspendue :
Le critère à mettre en œuvre est celui de l'intervention ou non d'une cause extérieure.
L'interruption est involontaire si l'auteur est neutralisé ou empêché par l'intervention d'un
tiers (par exemple l'arrivée de la police).
Elle est volontaire lorsqu'il n'y a pas de cause extérieure et quel que soit la raison pour
laquelle le délinquant suspend l'exécution (remords, pitié, peur...).

Situation complexe : interruption volontaire sous influence extérieure, la jurisprudence


condamne généralement.
Le désistement doit être non seulement volontaire mais bel et bien spontané
Ex : Deux prisonniers, ayant les mêmes appuis à l'extérieur, préparent une évasion. Selon leur
plan, l'un des deux agit le premier, mais il se fait prendre. Les gardiens se précipitent alors
chez l'autre... qui avait eu le temps de se remettre au lit. Les deux fois, il y eut condamnation.
Caractères du désistement :
• Volontaire.
• Spontanée.
• Antérieur à la consommation de l’infraction : Le repentir qui intervient
postérieurement est inopérant. De même si le repentir est « actif » (par exemple
secourir la personne que l'on vient d'agresser).
• Effet de ce désistement volontaire : pas de tentative.
B- Infraction manquée :
La personne est allée jusqu’au bout de son activité criminelle. Mais, bien malgré elle, le
résultat recherché n'a pas été atteint. Parce que le coup de feu n'est pas parti, ou que le
tireur est maladroit. Parce que la victime a bougé au dernier moment. Parce que le coffre-
fort a résisté…
La tentative est punissable.

C- Infraction impossible :
Dans l'hypothèse de l'infraction manquée, le résultat est possible, le dommage aurait pu se
réaliser, l'auteur le recherchait et c'était effectivement à craindre. Dans l’hypothèse de
l’infraction impossible, le résultat ne peut absolument pas découler du comportement de
l'agent.

Impossibilité matérielle ou impossibilité légale :


Divers cas d’impossibilité : impossibilité absolue ou relative, de fait ou de droit, tenant au
moyen ou de fait (Les époux qui cherchent à faire avorter la domestique en lui injectant de
l'eau du robinet additionné d'eau de Cologne) ou à l’objet de l’infraction (Le meurtrier dont
la victime est étendue à terre, mais... déjà morte avant qu'il ne s'acharne sur elle) . On
appelle ce dernier cas aussi impossibilité de droit.

+L’article 117 du code pénal : « La tentative est punissable alors même que le but
recherché ne pouvait être atteint en raison d'une circonstance de fait ignorée de l'auteur. »
• Le législateur réprime en tant que tentative l’infraction impossible compte tenu
de l’impossibilité de fait mais non l’impossibilité de droit.

La répression de la tentative :
L'auteur d'une tentative encourt les mêmes peines que l'auteur d'une infraction consommée
Le législateur a décidé l’identité des deux situations même si pas de résultat dans la tentative

Crime/délit/contravention :
la tentative d’un crime est toujours punissable (art 114)
La tentative du délit n’est punissable qu’en vertu d’une disposition spéciale de la loi. ( art
115)
Pour les contraventions la tentative n’est jamais punissable ( art 116)

II- Le complice :
Un mode de participation à l’infraction
Le complice est celui qui n’a pas commis les éléments constitutifs de l’infraction, mais a réuni les
conditions de la complicité prévues par l’article 129 du code pénal.

1) Théories de la complicité :
Le complice n’est pas auteur et n’est pas coauteur. Le complice est punissable des mêmes peines que
l’auteur à l’exclusion des circonstances aggravantes personnelles
Théorie de l'emprunt de criminalité. Il y a empreint de la qualification de l'infraction commise par
l'auteur et, plus ou moins, de la pénalité applicable à l'auteur. D'autres droits considèrent, au
contraire, que le complice a une dangerosité et, donc, une criminalité propre, moindre que celle de
l'auteur.
2) Les conditions de la complicité :
Art 129: « Sont considérés comme complices d'une infraction qualifiée crime ou délit ceux
qui, sans participation directe à cette infraction, ont :
1° Par dons, promesses, menaces, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices
coupables, provoqué à cette action ou donné des instructions pour la commettre;
2° Procuré des armes, des instruments ou tout autre moyen qui aura servi à l'action sachant
qu'ils devaient y servir;
3° Avec connaissance, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs de l'action, dans les faits qui
l'ont préparée ou facilitée;
4° En connaissance de leur conduite criminelle, habituellement fourni logement, lieu de
retraite ou de réunions à un ou plusieurs malfaiteurs exerçant des brigandages ou des
violences contre la sûreté de l'État, la paix publique, les personnes ou les propriétés.
La complicité n'est jamais punissable en matière de contravention. »

Deux conditions :
Il résulte de l'idée de criminalité d'emprunt que le droit de la complicité ne peut se réduire à
l'étude du comportement du complice . Il faut également prêter beaucoup d'attention au fait
principal auquel ce comportement se rattache.
A. Le comportement du complice :
Le législateur prévoit une grande variété de comportements constitutifs de la complicité.
Ils ont des caractéristiques communes

Aide ou assistance : L'assistance paraît supposer que le complice soit sur place, mais pas
l’aide. L’aide inclut en particulier la procuration de moyens.
Moyens : des armes pour faciliter l’exécution de l’infraction. Moyens au service de la
préparation de l’infraction. L’aide inclut également le fait de fournir habituellement
logement, lieu de retraite ou de réunions à un ou plusieurs malfaiteurs
Peu importe que l'action du complice ait été efficace ou non. Les moyens procurés à l'auteur
peuvent même n'avoir pas servi (jurisprudence).
Instigation :
Provocation : la personne qui incite l'auteur à commettre l'infraction exerce sur lui une
certaine pression. Le texte en énumère les moyens : don, promesse, menace, ordre, abus
d'autorité ou de pouvoir, machination ou artifices coupables
Instructions : ne sont pas des ordres, mais plutôt des directives à suivre, des renseignements
même si l'auteur ne s'en est pas vraiment saisi. Une différence importante avec la provocation
est qu'il n'est pas nécessaire que ces instructions soient accompagnées de dons, promesses...
La provocation comme les instructions doivent être adressées à une personne identifiée.
Caractéristiques communes :
Les diverses formes de la complicité présentent des caractéristiques communes :
• Comportement intentionnel
• Comportement positif ou actif
• Comportement antérieur ou concomitant au fait de l’auteur
• Comportement en lien avec le fait principal
a) Comportement intentionnel :
La complicité est une infraction intentionnelle. Le législateur ne le dit pas expressément mais
il résulte des formes précisées que le complice doit avoir conscience de ce que compte faire
l’auteur de l’infraction
Donc la conscience est nécessairement suivie de la volonté de réaliser ladite infraction au même titre
que l’auteur.

b) Comportement positif :
On ne peut être complice par omission ou abstention. La complicité sanctionne un comportement
actif.
La jurisprudence apporte quelques atténuations professionnelles qui ferment les yeux au moment
précis où ils auraient dû contrôler, vérifier, certifier... on voit qu'il y a « des inactions chargées
d'actions ».

c) Antérieur ou concomitant :
La provocation à commettre et les instructions pour commettre sont nécessairement
antérieures à ce qu'elles induisent. Et l'aide ou l'assistance doivent faciliter « la préparation
ou la consommation » de l'infraction.
Ex : Le conducteur qui, passant devant la banque, accepte de prendre comme passager le
voleur qui s'enfuit, n'est pas complice du vol qui est déjà consommé (le vol : infraction
instantanée).
Atténuation de ce principe par la jurisprudence si le comportement accompli
postérieurement a été concerté à l'avance ou par la loi (ex infraction de recel).

d) Comportement en lien avec le fait principal :


Le lien paraît clair dans l’article 129 puisque le comportement du complice tend
nécessairement à accomplir l’infraction par l’auteur principal.
Des auteurs pensent que si le moyen d’aide n’a pas été suivi par l’auteur, la complicité n’a pas
lieu alors que d’autres pensent l’inverse.

B. Le fait principal :
La répression de la complicité suppose des conditions tenant au fait principal.
a° Qualification: Le texte dit complicité d'une « action qualifiée crime ou délit ». Les
contraventions sont exclues. il semble que les infractions non intentionnelles sont également
exclues même si admises parfois en jurisprudence.
b° Nécessité d’un fait principal punissable.

Nécessité d’un fait principal : Il suffit que le fait principal soit punissable et non d’un fait
principal effectivement poursuivi ou puni.

a) Nécessité d’un fait principal punissable :


Le problème abordé ici est celui d’une provocation non suivie d’effet

Exemples en jurisprudence : un médecin qui, voulant faire tuer sa femme, prend contact
avec un homme, lui montre le trajet de chaque jour accompli par son épouse, lui verse une
première partie du prix convenu et lui donne rendez-vous, « quand tout sera fini », pour le
règlement du solde. Mais l’exécuteur pressenti prévient l’épouse, la persuade de disparaitre
un temps pour se protéger et… va encaisser le reste de l’argent.
Solutions de la jurisprudence : Le mari, bien qu’il ait tout mis en œuvre pour que sa
femme disparaisse, ne peut pas être condamné pour provocation au meurtre (pas de
meurtre). Ni pour tentative car que des actes préparatoires
Absence d’un fait principal punissable : pas de condamnation. La complicité de tentative
aurait été punie sans difficulté, mais – le jeu de mot est facile – il n’y a pas de « tentative de
complicité ».

b) Pas nécessairement poursuivi ou puni :


Lorsque pour une raison subjective, qui lui est propre, que l’auteur n’est pas poursuivi. Cela
ne profite pas au complice.
ex: l’auteur de l’infraction principale est inconnu, en fuite ou décédé ; l’auteur est mineur ou
bénéficie d’une cause de non imputabilité (maladie mentale, contrainte)

3) la répression de la complicité :
Article 130 CP.
« Le complice d'un crime ou d'un délit est punissable de la peine réprimant ce crime ou ce
délit.
Les circonstances personnelles d'où résultent aggravation, atténuation ou exemption de
peine n'ont d'effet qu'à l'égard du seul participant auquel elles se rapportent… »
La répression : « ….. Les circonstances objectives, inhérentes à l'infraction, qui aggravent ou
diminuent la peine, même si elles ne sont pas connues de tous ceux qui ont participé à cette
infraction, ont effet à leur charge ou en leur faveur. »

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