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-Pas de crime, pas de peine sans la loi, c’est ainsi que l’on exprime généralement le principe de la
légalité des délits et des peines. Au Maroc le principe de la légalité criminelle est consacré par la
constitution (art 10) et par l’art 3 du code pénal.
A. Justifications du principe :
-Le principe constitue une garantie fondamentale contre l'injustice, l'arbitraire et l'inégalité de
l’ancien régime, le principe de la légalité criminelle limite le rôle du juge à l’application et a
l’interprétation seulement. Le principe vise à porter à la connaissance des citoyens les actes
interdits afin de les éviter et assurer la fonction dissuasive du droit pénal. Aussi il concrétise le
respect du principe de la séparation des fonctions (législatif, exécutif et judiciaire). Il trouve
également sa justification dans l’intérêt de la société en plaçant le délinquant potentiel devant
ses responsabilités. Il a également un rôle éducatif en permettant aux individus de connaître
les prescriptions de la loi pénale.
B. Contenu du principe :
Le principe de légalité criminelle généralement exprimé à travers l'adage « nullum crimen nulla poena
sine lege» trouve sa source historique dans l'œuvre de Beccaria et de Montesquieu. Il signifie que
l'infraction doit être créée uniquement par la loi : seule la loi en tant que manifestation de la volonté
générale, dispose de la légitimité démocratique suffisante pour crée des infractions et des sanctions.
(L'objectif était d'éviter l'arbitraire judiciaire de l'Ancien Régime)
Ce principe intéresse aussi bien les incriminations que les sanctions :S’agissant de la légalité des
incriminations, il est nécessaire de soumettre à la répression pénale uniquement les faits qui
réunissent les éléments précis définis préalablement par la loi. S’agissant de la légalité des sanctions,
aucune sanction ne peut être infligée si elle n’est pas expressément prévue et déterminée avec
précision dans sa nature et sa mesure.
Ce principe de la légalité est étudié par la doctrine soit sous le volet des principes généraux du droit
pénal ou bien en tant qu’élément constitutif de l’infraction, à savoir l’élément légal ou textuel. Le
choix de l’étudier sous le premier volet dans ce cours réside dans la considération que le principe des
délits et des peines est l’un des principes phares en la matière et que la division de l’infraction en trois
éléments constitutifs : élément légal, élément matériel et élément moral est une autre
question qui sera étudiée dans l partie réservée à l’infraction nonobstant le fait que l’infraction n’exige
pour sa constitution que deux éléments à savoir , l’élément matériel et l’élément moral.
Au-delà de la légalité formelle et matérielle, le principe de légalité comprend deux corollaires : la non-
rétroactivité de la loi pénale, et l'interprétation stricte de la loi pénale ou l’interdiction
de l’interprétation par analogie.
Le principe de légalité formelle est consacré par le Code pénal (art 3) Il trouve à s'appliquer en droit
pénal de fond mais aussi en procédure pénale. Et pour la procédure pénale, aucun acte ne peut être pris
s’il n’est pas exclusivement exigé par la loi.
C'est alors qu'est apparu le principe de légalité matérielle, selon lequel le texte d'incrimination doit être
clair et précis pour permettre la détermination des auteurs d'infractions et exclure l'arbitraire dans le
prononcé des peines.
1
2) Les qualités exigées de tout texte pénal
Article 2 du CP : « nul ne peut invoquer pour son excuse l'ignorance de la loi pénale ». Mais si
la loi n'est pas suffisamment claire et précise, il est difficile de reprocher au justiciable son ignorance.
Pourtant, la qualité de la norme pénale ne cesse de diminuer2.
Le contrôle des qualités exigées : Le contrôle de la qualité de la loi par le conseil constitutionnel
depuis la constitution de 2011 à priori et a postériori par la règle d’inconstitutionnalité de la loi ou la
question prioritaire de constitutionnalité.
Le juge n’a pas le pouvoir de créer la loi et cela à propos des incriminations et à propos des sanctions.
Il ne peut poursuivre ni juger un comportement qui n’est pas interdit par la loi tout en ayant
l’obligation de qualifier les faits selon la loi. Le juge a également l’obligation d’interpréter
strictement la loi.
La qualification des faits signifie la nécessité pour le juge de rechercher le texte applicable
aux faits poursuivis. Le juge apprécie le caractère répréhensible du comportement en référence
aux lois d’incrimination.
Le juge pénal dispose d’un pouvoir interprétatif. Le juge pénal dispose d’un pouvoir
d’interprétation pour l’application de la loi aux faits. La loi est par définition un texte abstrait
et général. Il contient parfois certaines lacunes ou même des citations larges et non
exhaustives. Le juge doit donc interpréter le texte تفسيرالنص. Il n’est pas contraire au principe
de la légalité des délits et des peines
2
Ce qui est interdit pour le juge, c’est l’interprétation par analogie sauf lorsqu’elle est favorable
à la personne poursuivie « in favorem » Le juge pénal interprète les lois d’incrimination cad en
recherchent le vrai sens. Quatre modes d’interprétation existent :
raisons qui ont présidé à son adoption. Par exemple appliquer le vol à un cas de soustraction
d’énergie. (F. DESPORTES F. Legunehec, Droit pénal général, 16e éd. Economica, coll corpus
droit privé, p. 161. Un autre exemple en matière de vol, la nuit est considérée comme
circonstance aggravante du vol art 509 et 510 cp sans pour autant qu’il soit défini par le
législateur. le sens de la nuit peut avoir deux interprétation la première liée à l’astronomie
c’est-à-dire la période qui se situe entre le coucher et la levée du soleil, la deuxième en
utilisant la ratio legis à savoir l’aggravation de la peine dans cette période serait de considérer
la nuit comme le temps où il fait obscur et noir même avant ou peu après le coucher du soleil.
Interprétation systématique : grâce à laquelle le sens d’un texte pour être reconnu doit être
replacé dans le système d’ensemble d’un droit ; interprétation historique qui se fonde sur la
genèse de la loi sur les travaux préparatoires, enfin l’interprétation téléologique qui se fonde
sur la volonté déclarée ou présumée du législateur.
La règle générale dans l’immense majorité des droits, par respect au principe de légalité est
l’interprétation stricte de la loi et l’interdiction d’une interprétation par analogie en droit
pénal. L’interprétation par analogie invite par une extension- une analogie- à remédier aux
lacunes voire aux oublis du législateur. Dans le cas d’un texte non précis, le juge n’a en
principe pas de pouvoir d’appréciation pour étendre ce texte à un cas non prévu. C’est le
corolaire du principe de la légalité des délits et des peines qui interdit aux juges de créer des
infractions.
Ex : utiliser le vol pour un cas de filouteries d’aliments ou de transport. Utiliser l’art 571du
code pénal sur le recel pour les contraventions alors que le texte vise seulement les crimes et
les délits seulement.
Outre l’interdiction par analogie et l’interprétation stricte de la loi, le juge doit faire une
interprétation favorable à la personne poursuivie. En effet, dans le texte obscur, le juge ne
doit pas choisir automatiquement le sens le plus rigoureux ou le plus favorable à la personne
poursuivie. Il doit rechercher le sens véritable du texte (travaux préparatoires). S’il n’y parvient
pas, et seulement dans ce cas, il retiendra l’interprétation la plus favorable à l’accusé.
Le législateur accorde au juge pénal différents pouvoirs si le juge ne peut pas créer une peine,
il a néanmoins le pouvoir d’en individualiser le prononcé. Plusieurs possibilités sont offertes :
A. Justifications du principe :
Conséquence du principe de la légalité criminelle.
La raison d’être de la non rétroactivité est la protection de la personne poursuivie.
La protection des membres de la société contre l’arbitraire et l’injustice: une loi ne peut
s’appliquer à des faits commis antérieurement à son entrée en vigueur.
1-Temps de l’infraction :
Le temps de l’infraction est lié à l’élément matériel de l’infraction.
L’élément matériel : acte, causalité et résultat pour les infractions matérielles permet de
classer les infractions.
Cette classification a beaucoup d’intérêt notamment sur l’application de la loi dans le temps.
Une loi nvelle ne peut s'appliquer aux infractions commises antérieurement.
Il faut déterminer, pour ces infractions, si elles ont été entièrement commises sous l'empire
de la loi ancienne ou si elles continuent de se commettre sous l'emprise de la nouvelle loi.
Tout est en relation avec l’élément matériel. C’est quoi élément matériel : acte plus
dommage plus causalité.
a) Situation ordinaire
L'infraction est alors dite de commission, simple et instantanée. Elle ne soulève pas de
problèmes particuliers de localisation dans le temps : c'est ici et maintenant.
b) Situations complexes
Infraction CONTINUE (SUCCESSIVE).
Infraction complexe
Infraction d’habitude
• Infraction continue
EX : Ce sont le port illégal de décoration () et le recel (). « Porter » une décoration, «
dissimuler », « détenir » une chose que l'on savait provenir d'une origine délictueuse sont
des comportements qui peuvent durer. C'est une activité et non seulement un acte qui est
incriminé.
Le temps de l’infraction : Consommée dès le départ (port illégal de décoration dont l'auteur ne
serait apparu qu'une poignée de secondes à la télévision).
Conséquences : si le comportement se prolonge, le point de départ de la prescription est
repoussé d'autant
Si le comportement se prolonge après la promulgation de la loi nouvelle, l’infraction tombe
sous le coup de celle-ci fut elle plus rigoureuse que l’ancienne.
• Infraction complexe
L'infraction qui se réalise par des actes différents.
L'escroquerie en est un exemple. Si le voleur est celui qui prend, l'escroc, plus malin, est celui
qui se fait remettre l'objet convoité par la victime qui ne se rend pas compte, à ce moment-là,
qu'elle est victime d'une infraction. Car, préalablement, l'auteur a « préparé son coup » par
différentes manœuvres ou mises en scène qui sont des premiers actes d'exécution. Se faire
remettre la chose ou l'argent par ladite victime elle-même, c'est un nouvel acte qui achève
l'infraction.
Le temps de l’infraction : Il n'y a pas de consommation, donc pas de poursuites
possibles, tant que le dernier acte n'a pas été accompli.
Ce dernier, qui consomme, instantanément, l'infraction, est le point de départ de la
prescription de l'action publique.
La loi qui s’applique est celle qui est en vigueur au moment de la commission du dernier acte.
• Infraction d’habitude
Une fois ne suffit pas pour qu'il y ait infraction. Il faut habitude, répétition.
Ex : L'exercice illégal de la médecine. Aussi la mendicité.
Le temps de l’infraction : l'infraction est consommée dès le deuxième acte (jurisprudence
sévère)
Si une loi nouvelle est promulguée après le deuxième acte, elle doit s’appliquer même si plus
rigoureuse. Le point de départ de la prescription est repoussé tant que l'habitude n'a pas
cessé ( = infraction continue)
A) Lois interprétatives :
Echapperaient à la non rétroactivité des lois de fond des lois dites « interprétatives » dont
l'objet ne serait pas de modifier le droit applicable, mais seulement d’éclairer, de préciser la
signification, d’interpréter une loi antérieure sans en modifier le contenu.
C)Lois temporaires :
Article 7 CP : : « Les dispositions des articles 5 et 6 ci-dessus ne concernent pas les lois
temporaires. Celles-ci, même après qu'elles aient cessé d'être en vigueur, continuent à régir
les infractions commises pendant la durée de leur application ».
Il se peut que des circonstances sociales ou politiques exige l’adoption des lois pénales qui
prévoient l’application de ses dispositions à des faits commis antérieurement à son adoption
même lorsqu’elles sont plus rigoureuses. (Dahir 29 octobre 1959 à l’occasion du procès des
huiles nocives.
Ex : certaines lois étrangères ont abrogé la peine de mort pour une certaine durée ou encore
celles qui ont pénalisé l’avortement.
Constitue une loi temporaire celle qui interdit à la population d’une ville de quitter le
périmètre de la ville pendant une durée déterminée pour ne pas propager la pandémie.
Le texte est indivisible : le critère est celui de la partie principale : par exemple si la loi
nouvelle correctionnalise un crime et au même temps refuse les circonstances atténuantes :
Rétroactivité de cette loi car c’est la partie principale du texte (peine principale) qui est plus
douce que la partie secondaire (circonstances).
EXEMPLE 1 :
Hypothèse de loi indivisible : La loi nouvelle a augmenté le minimum et a diminué le
maximum de la peine prévue dans l’ancienne loi
Ex : loi nouvelle : max emprisonnement 3ans et minimum 1an alors que loi ancienne max
4an et minimum 6 mois
Solution :
La loi favorable à la personne poursuivie est la loi ancienne car son minimum est inférieur à la
loi nouvelle. Cependant, s’il y a des circonstances aggravantes, la loi favorable serait la loi
nouvelle car son max est inférieur à la loi ancienne
EXEMPLE 2 :
Hypothèse : La loi nouvelle augmente le max de la peine prévue (2ans) et accorde au juge le
pouvoir d’un sursis. Sursis qui n’était pas possible dans l’ancienne loi qui prévoit une peine
d’un an seulement
Solution :
Soit apprécier la tendance dominante du texte (plus douce ou plus sévère)
Soit apprécier l’application concrète du texte à la personne poursuivie : par ex si les
conditions du sursis sont présentes dans l’affaire, la loi nouvelle s’applique car favorable. Si
pas de conditions de sursis, la loi ancienne doit s’appliquer car la peine prévue est inférieure
à la loi nouvelle (1an au lieu de 2ans).
1. Compétence territoriale :
On parle de compétence « territoriale » lorsque c'est le lieu de commission de l'infraction qui
est pris en considération : toute infraction commise au Maroc, que ce soit par un marocain
ou un étranger.
2. Compétence personnelle :
Dans la compétence « personnelle », le rattachement se fait par la nationalité des personnes
impliquées.
La loi peut alors atteindre des infractions commises à l'étranger par un marocain (nationalité
de l'auteur : personnalité « active ») voire par un étranger contre un marocain (nationalité de
la victime : personnalité « passive »).
3. Compétence réelle :
La compétence est dite « réelle » lorsque, pour se saisir d'infractions commises à l'étranger
par des étrangers, le critère de rattachement sont les atteintes aux intérêts essentiels de
l'État (atteinte à la sûreté de l'État, fausse monnaie...).
Nature de l’infraction commise à l’étranger.
4. Compétence universelle :
Il peut arriver qu'aucun de ces critères n'entre en compte et qu'un État se déclare compétent
du seul fait de la présence et de l'arrestation des criminels sur son territoire.
Ses conditions ne sont pas déterminées par la loi marocaine.
Extension du territoire : Art 11 du code pénal : « Sont considérés comme faisant partie
du territoire, les navires ou les aéronefs marocains quel que soit l'endroit où ils se trouvent,
sauf s'ils sont soumis, en vertu du droit international, à une loi étrangère. »
Limites à la compétence territoriale :
• Immunité parlementaire
• Immunité diplomatique
• Prescription de l’action publique
• Amnistie
L'article 11 introduit des fictions de territorialité qui entraînent l'application de la loi comme si
l'infraction avait entièrement été commise au Maroc.
De même compétence des lois et juridictions marocaines lorsque l’infraction est commise sur
un avion ou navire marchand en stationnement au Maroc.
Il faut distinguer des cas où c’est un marocain et des cas où c’est un étranger.
Conditions : arts 707 et 708 CPP : distinction entre les crimes et les délits en matière
de compétence personnelle
Cas des crimes et délits :
Nationalité marocaine de l’auteur
Présence au Maroc de l’auteur
La personne n’a pas été jugée définitivement à l'étranger pour les mêmes faits et, en cas de
condamnation, que la peine n’a pas été subie ou n’est pas prescrite »
Pour les délits :
En plus des dernières conditions, en cas de délit commis contre un particulier, il faut une
plainte de la victime ou une dénonciation de l'autorité étrangère ou requête du ministère
publique.
Définition de la doctrine :
L’infraction a pu être définie comme : « la violation d’une obligation légale de faire ou de
s’abstenir assortie d’une peine et/ou d’une mesure de sûreté » (M.Amzazi, éléments de droit
criminel, p 63).
« C’est un fait contraire à l’ordre social, qui expose celui qui l’a commis à une peine » (G.
Stéfani, G. Levasseur, B. Bouloc,Droit pénal général, n°93).
Pour qu’une infraction puisse être reprochée à une personne, il est nécessaire qu’il existe
préalablement à son geste une incrimination, donc un interdit et une peine, et inversement
une peine ne saurait être prononcée sans interdit, ni infraction.
A. Le crime :
Le crime est l’infraction la plus grave punie des peines prévues à l’article 16 :
La mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps pour une durée de 5 à 30 ans, la
résidence forcée (art25 CP), la dégradation civique (art 26-27)
Ex : destitution de toutes fonctions publiques.
B. Le délit :
Le délit est l’infraction de moyenne gravité punie de :
• L’emprisonnement
• L’amende de plus de 1200 dhs
• La durée de la peine d'emprisonnement est d'un mois au moins et de cinq
années au plus, sauf les cas de récidive ou autres où la loi détermine d'autres
limites. (Art 17 CP).
Délits correctionnels : (peine encourue supérieure à 2 ans)(art 17 CP)
Ils font appel à des peines d’emprisonnement dont la durée est comprise entre 2 et 5 ans.
Exp: L’article 505 CP prévoit pour le vol simple un emprisonnement d’un an à 5ans et d’une
amende
Délits de police : (peine encourue inférieur à 2 ans) ( à partir d’un mois
Ils se situent entre les délits correctionnels et les contraventions ;
La peine d’emprisonnement encourue est d’un minimum 1 mois et d’un maximum égal ou
inférieur à 2 ans et d’une amende supérieure à 1200 dhs.
Ex : l’article 506 CP prévoit pour le vol d’une chose de faible valeur (le vol larçin ) un mois à
2ans et une amende.
C. La contravention :
La contravention est l’infraction la moins grave.
Art 18 CP dispose que les peines contraventionnelles principales sont:
• La détention de moins d’un mois
• L’amende de 30 à 1200 dhs
2- la tentative :
La tentative d’un crime est toujours punissable (art 114)
La tentative du délit n’est punissable qu’en vertu d’une disposition spéciale de la loi. ( art
115)
Pour les contraventions la tentative n’est jamais punissable ( art 116)
3- la prescription :
De l’action publique se prescrit, c’est-à-dire son exercice devient impossible en droit, dès lors
qu’un certain délai s’est écoulé. Elle est de :
• 15 ans pour les crimes;
• 4 ans pour les délits;
• Un an pour les contraventions;
4- la complicité :
En matière criminelle et délictuelle le complice est punissable de la même peine qui réprime
ce crime ou ce délit (art 130).
En revanche, la complicité n’est jamais punissable en matière de contravention (art 124)
3. Classification selon l’élément matériel :
Par opposition aux infractions de commission (violation d'une interdiction d'agir), on parle
d'infraction D’OMISSION (violation d'une obligation d'agir). Il y en a beaucoup en matière
contraventionnelle, moins en matière délictuelle.
EX : On peut citer les délits de non-assistance à personne en péril (), d'abandon de famille
qui est une infraction de non-paiement d'une pension alimentaire par exemple.
Infractions formelles s’opposent aux infractions matérielles qui nécessitent pour leur
consommation un résultat.
B. L’élément moral/psychologique :
Il ne suffit pas que la norme ait été matériellement violée. Encore faut-il prendre en
considération l’état d’esprit de la personne au moment de son acte et vérifier que, jouissant
de toutes ses facultés mentales, elle a commis une faute.
L’auteur de l’infraction :
Le terme auteur de l’infraction selon l’art. 132 du Code pénal est celui qui commet (infraction
consommée ou tente de commettre l’infraction (infraction tentee. celui « qui commet »
matériellement, s’entend les faits incriminés.
L’auteur est celui qui commet les éléments constitutifs de l’infraction telles qu’ils sont définis
par le texte pénal. On parle alors d’infraction consommée.
Le problème de l'instigateur est traité par l’article 131 du code pénal.
Les Coauteurs
Il se peut que les auteurs de l’infractions soient plusieurs on parle de coaction ou
coactivité. Article 128 : « Sont considérés comme coauteurs, tous ceux qui, personnellement,
ont pris part à l'exécution matérielle de l'infraction ».
Complice
Lorsque certains ont commis les éléments constitutifs de l’infraction et d’autres ont prêté
une aide selon les conditions prévues par le code pénal. On parle de complicité (Article 129).
1°Au-delà des actes préparatoires, au moment du passage à l'acte : Acheter une arme est un
exemple d'actes préparatoires. Si l'agent va jusqu'au bout de sa décision, on saura que c'est
par là que tout a commencé. Mais, en lui-même, non éclairé par la suite, l'acte est
équivoque. L'acheteur est peut-être collectionneur d'armes ou chasseur. Peut-être a-t-il peur,
et cherche à se protéger, ou veut-il faire peur. Peut-être il veut blesser ou tuer quelqu'un.
2° lorsqu'il est clair que l'agent ne reviendra plus en arrière : C'est l’acte qui révèle de
manière univoque que l'auteur est bien engagé dans l'exécution du crime. Mais les faits ne
parlent pas toujours d’eux-mêmes. Ils s'éclairent rétrospectivement si la personne arrêtée
avoue ce qu'elle était déterminée à faire.
L’analyse du comportement de l’auteur.
A- Tentative suspendue :
Le critère à mettre en œuvre est celui de l'intervention ou non d'une cause extérieure.
L'interruption est involontaire si l'auteur est neutralisé ou empêché par l'intervention d'un
tiers (par exemple l'arrivée de la police).
Elle est volontaire lorsqu'il n'y a pas de cause extérieure et quel que soit la raison pour
laquelle le délinquant suspend l'exécution (remords, pitié, peur...).
C- Infraction impossible :
Dans l'hypothèse de l'infraction manquée, le résultat est possible, le dommage aurait pu se
réaliser, l'auteur le recherchait et c'était effectivement à craindre. Dans l’hypothèse de
l’infraction impossible, le résultat ne peut absolument pas découler du comportement de
l'agent.
+L’article 117 du code pénal : « La tentative est punissable alors même que le but
recherché ne pouvait être atteint en raison d'une circonstance de fait ignorée de l'auteur. »
• Le législateur réprime en tant que tentative l’infraction impossible compte tenu
de l’impossibilité de fait mais non l’impossibilité de droit.
La répression de la tentative :
L'auteur d'une tentative encourt les mêmes peines que l'auteur d'une infraction consommée
Le législateur a décidé l’identité des deux situations même si pas de résultat dans la tentative
Crime/délit/contravention :
la tentative d’un crime est toujours punissable (art 114)
La tentative du délit n’est punissable qu’en vertu d’une disposition spéciale de la loi. ( art
115)
Pour les contraventions la tentative n’est jamais punissable ( art 116)
II- Le complice :
Un mode de participation à l’infraction
Le complice est celui qui n’a pas commis les éléments constitutifs de l’infraction, mais a réuni les
conditions de la complicité prévues par l’article 129 du code pénal.
1) Théories de la complicité :
Le complice n’est pas auteur et n’est pas coauteur. Le complice est punissable des mêmes peines que
l’auteur à l’exclusion des circonstances aggravantes personnelles
Théorie de l'emprunt de criminalité. Il y a empreint de la qualification de l'infraction commise par
l'auteur et, plus ou moins, de la pénalité applicable à l'auteur. D'autres droits considèrent, au
contraire, que le complice a une dangerosité et, donc, une criminalité propre, moindre que celle de
l'auteur.
2) Les conditions de la complicité :
Art 129: « Sont considérés comme complices d'une infraction qualifiée crime ou délit ceux
qui, sans participation directe à cette infraction, ont :
1° Par dons, promesses, menaces, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices
coupables, provoqué à cette action ou donné des instructions pour la commettre;
2° Procuré des armes, des instruments ou tout autre moyen qui aura servi à l'action sachant
qu'ils devaient y servir;
3° Avec connaissance, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs de l'action, dans les faits qui
l'ont préparée ou facilitée;
4° En connaissance de leur conduite criminelle, habituellement fourni logement, lieu de
retraite ou de réunions à un ou plusieurs malfaiteurs exerçant des brigandages ou des
violences contre la sûreté de l'État, la paix publique, les personnes ou les propriétés.
La complicité n'est jamais punissable en matière de contravention. »
Deux conditions :
Il résulte de l'idée de criminalité d'emprunt que le droit de la complicité ne peut se réduire à
l'étude du comportement du complice . Il faut également prêter beaucoup d'attention au fait
principal auquel ce comportement se rattache.
A. Le comportement du complice :
Le législateur prévoit une grande variété de comportements constitutifs de la complicité.
Ils ont des caractéristiques communes
Aide ou assistance : L'assistance paraît supposer que le complice soit sur place, mais pas
l’aide. L’aide inclut en particulier la procuration de moyens.
Moyens : des armes pour faciliter l’exécution de l’infraction. Moyens au service de la
préparation de l’infraction. L’aide inclut également le fait de fournir habituellement
logement, lieu de retraite ou de réunions à un ou plusieurs malfaiteurs
Peu importe que l'action du complice ait été efficace ou non. Les moyens procurés à l'auteur
peuvent même n'avoir pas servi (jurisprudence).
Instigation :
Provocation : la personne qui incite l'auteur à commettre l'infraction exerce sur lui une
certaine pression. Le texte en énumère les moyens : don, promesse, menace, ordre, abus
d'autorité ou de pouvoir, machination ou artifices coupables
Instructions : ne sont pas des ordres, mais plutôt des directives à suivre, des renseignements
même si l'auteur ne s'en est pas vraiment saisi. Une différence importante avec la provocation
est qu'il n'est pas nécessaire que ces instructions soient accompagnées de dons, promesses...
La provocation comme les instructions doivent être adressées à une personne identifiée.
Caractéristiques communes :
Les diverses formes de la complicité présentent des caractéristiques communes :
• Comportement intentionnel
• Comportement positif ou actif
• Comportement antérieur ou concomitant au fait de l’auteur
• Comportement en lien avec le fait principal
a) Comportement intentionnel :
La complicité est une infraction intentionnelle. Le législateur ne le dit pas expressément mais
il résulte des formes précisées que le complice doit avoir conscience de ce que compte faire
l’auteur de l’infraction
Donc la conscience est nécessairement suivie de la volonté de réaliser ladite infraction au même titre
que l’auteur.
b) Comportement positif :
On ne peut être complice par omission ou abstention. La complicité sanctionne un comportement
actif.
La jurisprudence apporte quelques atténuations professionnelles qui ferment les yeux au moment
précis où ils auraient dû contrôler, vérifier, certifier... on voit qu'il y a « des inactions chargées
d'actions ».
c) Antérieur ou concomitant :
La provocation à commettre et les instructions pour commettre sont nécessairement
antérieures à ce qu'elles induisent. Et l'aide ou l'assistance doivent faciliter « la préparation
ou la consommation » de l'infraction.
Ex : Le conducteur qui, passant devant la banque, accepte de prendre comme passager le
voleur qui s'enfuit, n'est pas complice du vol qui est déjà consommé (le vol : infraction
instantanée).
Atténuation de ce principe par la jurisprudence si le comportement accompli
postérieurement a été concerté à l'avance ou par la loi (ex infraction de recel).
B. Le fait principal :
La répression de la complicité suppose des conditions tenant au fait principal.
a° Qualification: Le texte dit complicité d'une « action qualifiée crime ou délit ». Les
contraventions sont exclues. il semble que les infractions non intentionnelles sont également
exclues même si admises parfois en jurisprudence.
b° Nécessité d’un fait principal punissable.
Nécessité d’un fait principal : Il suffit que le fait principal soit punissable et non d’un fait
principal effectivement poursuivi ou puni.
Exemples en jurisprudence : un médecin qui, voulant faire tuer sa femme, prend contact
avec un homme, lui montre le trajet de chaque jour accompli par son épouse, lui verse une
première partie du prix convenu et lui donne rendez-vous, « quand tout sera fini », pour le
règlement du solde. Mais l’exécuteur pressenti prévient l’épouse, la persuade de disparaitre
un temps pour se protéger et… va encaisser le reste de l’argent.
Solutions de la jurisprudence : Le mari, bien qu’il ait tout mis en œuvre pour que sa
femme disparaisse, ne peut pas être condamné pour provocation au meurtre (pas de
meurtre). Ni pour tentative car que des actes préparatoires
Absence d’un fait principal punissable : pas de condamnation. La complicité de tentative
aurait été punie sans difficulté, mais – le jeu de mot est facile – il n’y a pas de « tentative de
complicité ».
3) la répression de la complicité :
Article 130 CP.
« Le complice d'un crime ou d'un délit est punissable de la peine réprimant ce crime ou ce
délit.
Les circonstances personnelles d'où résultent aggravation, atténuation ou exemption de
peine n'ont d'effet qu'à l'égard du seul participant auquel elles se rapportent… »
La répression : « ….. Les circonstances objectives, inhérentes à l'infraction, qui aggravent ou
diminuent la peine, même si elles ne sont pas connues de tous ceux qui ont participé à cette
infraction, ont effet à leur charge ou en leur faveur. »