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AVANT-PROPOS

« Rien ne peut se faire sans un minimum d’enthousiasme. » Voltaire


Ce cours ambitionne d’offrir aux étudiants une maîtrise fondamentale du droit pénal général.
La matière enseignée n’est jamais inventée, car un Cours magistral, si perfectionné soit-il,
reste toujours un travail de synthèse réalisé à partir de documents et adapté
pédagogiquement au niveau des étudiants, à la nécessité de la formation et à l’objectif à
atteindre.
Si la matière enseignée n’exige pas la présence de l’enseignant, la manière de faire passer ou
de transmettre la matière dépend, en grande partie, de la présence de l’enseignant.

Ce que l’étudiant reçoit de son enseignant est généralement le résultat d’une contraction, de
synthèse, et d’éclaircissement dont le but est de l’aider à recevoir la matière.
Ce cours ne prétend pas à l’exhaustivité. Sur un ton résolument aisé, j’ai voulu faire entrer le
lecteur dans le droit pénal général, lui faire connaître, mais surtout comprendre cette matière.

Halassane SYLLA, Juriste en droit privé


halassanedeutsch1@gmail.com

Cours de Droit pénal général


Table des matières
Introduction ................................................................................................................................. 3
PREMIÈRE PARTIE : L’INFRACTION................................................................................................. 8
CHAPITRE I. Les éléments constitutifs de l’infraction ..................................................................... 9
SECTION 1. L’élément légal ........................................................................................................... 9
SECTION 2. L’élément matériel ................................................................................................... 12
SECTION 3. L’élément moral ....................................................................................................... 16
CHAPITRE II. Les classifications des infractions ............................................................................ 20
SECTION 1. La classification fondée sur l’élément légal ................................................................ 21
SECTION 2. La classification fondée sur l’élément matériel .......................................................... 21
SECTION 3. La classification fondée sur l’élément moral .............................................................. 23
DEUXIÈME PARTIE : LES PERSONNES PÉNALEMENT RESPONSABLES ............................................. 24
CHAPITRE I. LA MISE EN JEU DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE ....................................................... 24
SECTION 1. L’auteur de l’infraction ............................................................................................. 25
SECTION 2. La complicité ............................................................................................................ 26
La responsabilité pénale des personnes morales ......................................................................... 28
CHAPITRE II. Les causes qui affectent la responsabilité ................................................................ 28
SECTION 1. Le commandement de la loi ou l’ordre de l’autorité légitime ..................................... 29
SECTION 2. La contrainte et l’état de nécessité ............................................................................ 31
SECTION 3. La légitime défense ................................................................................................... 33
SECTION 4. Le Discernement ....................................................................................................... 35
TROISIEME PARTIE : LA SANCTION PÉNALE.................................................................................. 36
CHAPITRE I. La peine encourue ................................................................................................... 36
SECTION 1. La détermination de la peine..................................................................................... 36
SECTION 2. La mesure de la peine ............................................................................................... 39
Chapitre II. La peine prononcée et l’extinction de la peine .......................................................... 41
SECTION 1. La suspension de la peine.......................................................................................... 41
SECTION 2. La substitution de la peine ........................................................................................ 42
SECTION 3. L’extinction de la peine ............................................................................................. 45
Bibliographie .............................................................................................................................. 48

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Cours de Droit pénal général
Introduction
Le droit pénal entendu au sens large correspond à la branche du droit dont l’objet est d’étudier
et d’apporter une réponse au phénomène criminel révélé par des agissements de nature à
créer un trouble pour la société. Précisément, le droit pénal définit les infractions et les peines,
c’est-à-dire d’une part, les faits menaçant l’ordre social et d’autre part les sanctions
applicables à ces faits. Il occupe une place de choix dans le paysage juridique du fait que l’on
retrouve presque toujours des dispositions dans tous les textes de loi régissant l’organisation
de la vie sociale sous ses divers aspects. Cette situation fait que le droit pénal entretient des
liens très étroits avec la majorité des autres composantes du paysage juridique qu’il s’agisse
du domaine du droit privé ou celui du droit public.
Il se divise lui-même en différentes matières :
Le droit pénal général c’est l’étude des règles permettant de fixer les modes généraux
d’incrimination des comportements antisociaux et les sanctions qui leurs sont applicables. En
d’autres termes, c’est l’étude des règles générales applicables à toutes les infractions, quelles
qu’elles soient. On sait par exemple que la simple tentative est parfois punissable : le
problème de la tentative relève du droit pénal général, car il se pose aussi bien pour le meurtre
que pour le vol, alors même que les éléments spéciaux de ces deux infractions sont différents.
Le droit pénal spécial son objet est d’étudier chacune des diverses infractions prévues par le
législateur (ex : vol, escroquerie, abus de confiance. …).
La pénologie ou la science pénitentiaire c’est la science qui étudie l’exécution des sanctions
pénales et surtout les peines privatives de libertés qu’elles soient exécutées en milieu carcéral
(fermé) ou en milieu libre (probation, libération conditionnelle).

La criminologie elle permet l’étude du phénomène criminel dans sa réalité sociale et


individuelle (étude des causes et conséquences de la criminalité). Elle n'est pas, au sens
épistémologique, une science unique. C'est un carrefour de sciences humaines et sociales qui,
entre autres objets, s'intéressent au crime. On peut citer la sociologie, la psychologie ou la
psychiatrie... criminelle. Mais il y en a d'autres : l'histoire, la philosophie, la démographie...
Dans toutes ces disciplines, des chercheurs se sont spécialisés dans l'étude du crime, du
criminel ou des réactions qu'ils provoquent dans un groupe social donné.
La criminalistique
Ce mot désigne - même remarque que précédemment - un ensemble de sciences, dites «
exactes », en ce qu'elles s'intéressent à la preuve. Pensez à la biologie et à la recherche de
traces d'ADN. Mais il y a aussi, chez les physiciens, la balistique qui étudie les armes et le tracé
des balles, chez les chimistes, la toxicologie qui étudie les poisons, chez les médecins, des
spécialistes de l'autopsie ou de la description des blessures... Selon que ces connaissances
scientifiques sont mises en œuvre par des policiers ou des médecins, on parle de police
scientifique ou de médecine légale.

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Cours de Droit pénal général
Le droit criminel ou droit pénal. Les deux expressions sont synonymes. Crime et peine sont
indissociablement liés et l'intitulé peut mettre l'accent sur l'un ou l'autre aspect de la matière.
Alors que l'on trouve dans la criminologie des sciences cognitives et dans la criminalistique
des sciences de la preuve matérielle.
Le droit pénal reflète en général la politique criminelle préconisée par chaque État. Cette
politique criminelle se présente comme l’ensemble des mesures à l’aide desquelles l’autorité
publique s’efforce d’obtenir le respect aussi complet que possible des règles de vie sociale
dont la violation met en péril la société et appelle une sanction pénale.
En effet, on présente l’histoire de la répression suivant trois types d’époques. Il y aurait eu
d’abord une période de « vengeance privée », ou la victime d’une agression et son clan
décidaient s’il y avait ou non offense et déterminaient la mesure de la riposte. Avec la loi du
talion (« Œil pour œil, dent pour dent »), la vengeance est devenue mesurée et l’on est alors
entré dans une période de « justice privée », durant laquelle les conflits étaient réglés par les
particuliers sous forme d’une composition pécuniaire versée par l’agresseur à la victime ou à
sa famille. Enfin est apparue une période de « justice publique » où l’État a déterminé les
infractions et exercé lui-même le droit de punir. Cette évolution n’a évidemment pas été
linéaire, il y eut des périodes d’affaiblissement de l’État, et de retour en arrière, néanmoins, il
est possible de considérer que le droit pénal est né avec les premières formes de compositions
tarifiées et qu’il s’est renforcé avec la justice publique.
Le droit pénal reste tributaire des écoles doctrinales qui ont largement contribué à son
évolution.
Sans doute parce que l’idée autant que le fait précèdent le droit, on observe que les
institutions pénales ont toujours été, pour l’essentiel, le fruit d’une doctrine, c’est-à-dire le
résultat d’une conception globale du droit criminel exprimée par des penseurs ou des
techniciens qui se sont interrogés sur les finalités de la peine (pourquoi punir ?), ainsi sur ses
modalités (comment punir ?). Ces doctrines, dont les succès sont fort variables, ne reposent
pas toutes sur les mêmes présupposés idéologiques, certaines sont d’ordre philosophique,
d’autres sont d’ordre scientifique.
1. La tendance classique

Les chefs de file de cette école sont le français Montesquieu (1689- 1755), l’italien
César Beccaria (1738-1794), l’anglais Jeremy Bentham (1748-1832) et l’allemand
Feuerbach (1804-1872).
Montesquieu (l’esprit des lois, 1748) qui estimait que les peines « outrées » étaient
« impuissantes » à juguler le crime, et de Beccaria (traité des délits et des peines 1764),
il part du principe que l’État ne possède le droit de punir que dans des limites strictes.
Il ajoute que les incriminations et les peines doivent être précisées par la loi et non par
la coutume. Enfin, il annonce que la punition ne peut intervenir que dans la mesure où
elle est utile à la défense de la société. Cette doctrine utilitariste a été reprise et

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Cours de Droit pénal général
systématisée par Jeremy Bentham qui écrivait dans son traité de législation civile et
pénale en 1801 : « le crime doit se faire craindre davantage par la répression à laquelle
il expose que désirer par les satisfactions qu’il procure. » Plus généralement, pour les
utilitaristes, les lois pénales doivent remplir une fonction de prévention tant spéciale
(intimidation individuelle) que générale (dissuasion collective).

2. La tendance néo-classique du 19e siècle

Elle comporte deux variantes :


• La première, la moins décrite dans les ouvrages, est fondée sur l’idée de
sévérité. Ses principaux représentants sont deux magistrats. A. de Tocqueville
et G. de Beaumont. Ils ne croient pas à la doctrine de l’amendement, mais ils
estiment que la prison doit, avant toute chose, protéger la société contre les
criminels.
La seconde variante, plus connue, est représentée principalement par Guizot
(Traité de la peine de mort en matière politique, 1822), Rossi (Traité de droit
pénal, 1829) et Ortolan (Éléments de droit pénal, 1875). Ces auteurs veulent
fonder le droit pénal sur l’idée que la société ne peut punir « ni plus qu’il n’est
juste, pas plus qu’il n’est utile ».
De cette proposition, la doctrine néo-classique tire une politique criminelle
relative à la fois à la théorie de l’infraction et celle de la sanction. Sur le premier
point, on limite le pouvoir pour l’État de créer les infractions. Sur le deuxième
point, on pense que la peine doit être juste ; c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être
lourde et doit être individualisée. D’autre part, la peine doit être utile ce qui
veut dire qu’elle doit être un moyen de repentir et d’amendement.

3. Tendance de la justice absolue

Cette école est représentée par le philosophe allemand Kant (1724-1804) et le français
Joseph, comte De Maistre (1753-1821). Ces deux penseurs proposent un droit pénal
fondé uniquement sur les exigences de la justice absolue. L’apologie de l’île
abandonnée, imaginée par Kant à travers : « une société s’apprêtant à quitter
définitivement une île, va procéder à l’exécution capitale de l’un de ses membres,
auteur d’un crime.

4. Tendance positiviste

C’est une école presque exclusivement italienne. Elle est illustrée par César Lombroso
(1836-1909), auteur du livre « l’homme criminel 1876), Enrico Ferri (1856-1929) auteur
du livre « la sociologie criminelle (1881) et Garofalo (1851-1934) auteur d’un livre sur
criminologie (1885). En France, cette école fut représentée par Lacassagne qui devint

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Cours de Droit pénal général
célèbre avec trois citations : « les sociétés n’ont que les criminels qu’elles méritent »,
« le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité » et « le criminel est un
microbe social ».
Les positivistes entendent appliquer à l’étude du phénomène criminel la méthode
expérimentale de « Auguste compte » et de Claude Bernard ».
Cette doctrine est fondée sur deux postulats :
L’homme n’est pas libre moralement, mais il est déterminé. Par conséquent, il est
irresponsable.
L’homme criminel est socialement dangereux, et la collectivité a donc le devoir de
prendre des mesures de « défense sociale » contre ce microbe social » qui menace sa
santé. Ces mesures doivent être de deux sortes : la première sorte concerne les
mesures préventives de prophylaxie sociale dénommées par Ferri « les substituts
pénaux, car elles visent à supprimer les causes du crime ; par exemple, l’installation
d’un éclairage violent dans une rue obscure au lieu d’organiser des rondes de policiers,
la destruction des taudis, la lutte contre l’alcool, la construction des écoles, etc.). La
deuxième sorte concerne les mesures de sûreté qui sont soit réparatrices soit
éliminatrices, soit répressives.

5. Tendance de la défense sociale

Elle entend défendre la société non pas en éliminant les délinquants, mais en les
resocialisant. « C’est du positivisme à visage humain ». Il s’agit d’un courant
humaniste, qui tend plus à responsabiliser le délinquant qu’à le punir, en proposant
des mesures de resocialisation (par exemple, le travail d’intérêt général). Ce
mouvement a connu deux tendances. La défense sociale de Filippo Gramatica « la
défense sociale, 1945 », ses principes peuvent être résumés ainsi :
Il préconise l’abandon de l’ensemble du système pénal.
Il entend supprimer les notions d’infractions, de responsabilité et de peine.
Il veut remplacer le concept de délinquant par la distinction entre individus sociaux et
individus antisociaux. Ces derniers se verraient infliger des mesures de défense sociale
très individualisées à des durées indéterminées et pouvant s’exécuter partout sauf en
prison.
Aussi, on retiendra surtout le nom d’un magistrat français, Marc Ancel (1902-1990) qui
proposa une approche éclectique en publiant « la défense sociale nouvelle la 1re
édition en 1954, la 2e édition en 1966 et la 3e édition en 1981). Les idées de cette
doctrine peuvent être résumées ainsi :
La nécessité de préserver le système pénal dans son ensemble.
Une définition légale de l’infraction reste nécessaire.
Les sentences indéterminées doivent être proscrites.
Le traitement pénal doit redonner au condamné le sens de sa liberté et de sa
responsabilité.

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Cours de Droit pénal général
En d’autres termes, cette doctrine n’adhère pas au déterminisme et croit à la
culpabilité, tout en insistant sur la réinsertion par la resocialisation.

6. La tendance de la non-intervention

Elle est représentée aux U.S.A par Schur, Matza et Lemert, en Europe occidentale par
Baratta, Hulsman et Bernat.
Cette doctrine a donné lieu à plusieurs colloques notamment, la 3e conférence
internationale sur l’abolition du système pénal, organisée à Montréal en juin 1987.
Cette école repose sur les principes suivants :
Les grands crimes doivent continuer à être punis à la manière classique
Réduire au maximum l’application du droit pénal au profit des mesures non
répressives (civiles, administratives…)
Pour les infractions les moins dangereuses, c’est une vaste politique de dépénalisation
et de décriminalisation qu’il faut entreprendre, car la répression n’est pas toujours
souhaitable. Il faut cesser de faire appel au droit criminel pour « ces crimes sans
victimes » où les agissements sont voulus par les intéressés (tels, l’avortement, la
drogue ou les relations sexuelles…) et qui n’entraînent pas de préjudice pour la société.
Encourager la procédure de la médiation entre l’auteur de l’infraction et la victime
chaque fois que c’est possible.

D’une manière plus générale, toutes ces doctrines ont, à un moment ou à un autre,
influencé le droit positif. Il est cependant difficile d’évaluer cette influence sur le plan
des solutions techniques qui ont été politiquement reprises puis juridiquement
appliquées.

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Cours de Droit pénal général
PREMIÈRE PARTIE : L’INFRACTION

Une infraction pénale est un comportement interdit par la loi (au sens large) sous la menace
d’une peine. La peine étant, parmi toutes les sanctions du droit, la seule qui soit non
seulement contraignante, mais violente si nécessaire ; la seule qui soit « afflictive » : elle fait
mal, et « infamante » : elle fait honte.
On dit infraction, mais encore incrimination ou qualification pénale. Ces infractions sont
synonymes, mais il est préférable de les utiliser distinctement selon le point de vue d’où on se
place et en tenant compte de leur étymologie.

Incriminer, c’est déclarer qu’un comportement est un crime (au sens large).
Du verbe enfreindre, le mot infraction désigne à proprement parler, le comportement de celui
ou celle qui a violé l’interdiction.
Qualifier, en droit, c’est nommer (le nomen iuris), étiqueter. Les qualifications pénales sont
ainsi les noms donnés aux infractions, soit pour les soumettre à un régime particulier (crime,
délit ou contravention par exemple), soit pour les distinguer les unes des autres ; chacune leur
peine – au sein d’une même catégorie (assassinat, meurtre, viol ou vol, escroquerie, abus de
confiance par exemple).
Du point de vue juridique, l’infraction est un acte grave portant atteinte à la morale sociale ou
aux nécessités de la vie active. L’infraction est l’acte ou l’omission interdits par la loi sous
menace d’une peine.
Le péché est une notion religieuse liée à la morale personnelle. Il se traduit par une
transgression volontaire de la loi divine. Cependant, dans la religion musulmane, on constate
que l’infraction s’apparente souvent au péché du moment que les préceptes de l’islam
prohibent tout comportement qui va à l’encontre des intérêts de la société musulmane ou
menace sa sécurité.
La déviance est un concept nouveau. Utilisé par les criminologues contemporains. Elle vise des
conduites asociales non appréhendées par le droit pénal, quoiqu’immorales ou socialement
dangereuses.
Il existe en effet des infractions, moins connues il est vrai, dans d’autres branches du droit
comme le droit administratif (dans les domaines économique et financier, de
l’environnement…) et le droit disciplinaire (au sein de l’entreprise, des prisons, des écoles ou
de l’université : les « conseils de discipline »).
La différence entre ces infractions administratives ou disciplinaires et les infractions pénales
est que les sanctions des premières ne sont pas une peine et qu’elles sont prononcées par des
« commissions », « conseils », « autorités administratives indépendantes » ou non, qui ne sont
pas des juridictions pénales.

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Cours de Droit pénal général
Pour qualifier un fait d’infraction, il convient de suivre intellectuellement deux étapes, l’une
relevant de la subsomption, l’autre de la présomption. La première étape consiste à subsumer
le fait considéré sous une incrimination, c’est-à-dire à rechercher le « préalable légal » de
l’infraction (le texte d’incrimination), afin de vérifier que les faits concrets correspondent à un
type de conduite préalablement incriminé. En cas de correspondance, le fait est alors présumé
contraire à l’ordre juridique, c’est-à-dire présumé illicite. Néanmoins, cette présomption de
contrariété à l’ordre juridique peut tomber : on entre alors dans la deuxième étape du
raisonnement, qui conduira le juge à vérifier, sur les allégations de la personne poursuivie, s’il
n’existe pas des circonstances rendant le geste licite.

CHAPITRE I. Les éléments constitutifs de l’infraction


Les éléments de l’infraction sont au nombre de trois : on distingue l’élément légal, l’élément
matériel et l’élément moral

SECTION 1. L’élément légal


Le principe de la légalité des incriminations et des peines signifie qu’aucune action ou
abstention ne peut être punissable si elle n’est pas, à l’avance prévue par la loi pénale. Par
conséquent, on peut dire qu’il n’y a pas d’infraction et qu’il n’y a pas de sanction sans une loi
pénale.

L’application de la règle pénale nécessite, de la part du juge répressif, sa compréhension


précise et le respect de sa finalité. Cette situation ne posera pas de problème quand le texte
pénal est rédigé de façon claire et précise. Mais il arrive parfois que le contenu de ce texte soit
vague ou prête à confusion. Dans ce cas, le juge répressif peut-il compléter le sens ou
l’interpréter à sa façon ? Et que peut-il faire aussi en cas d’absence de texte ou d’impossibilité
de compréhension de sa finalité ? Peut-il renoncer à prononcer une décision ou procéder par
analogie ? Toutes ces questions posent le problème de l’interprétation de la loi pénale par le
juge répressif. Le principe qui a été admis, dans ce cas, est l’interprétation stricte de la loi
pénale par le juge répressif afin d’éviter tout arbitraire de ce dernier.

Quand le contenu du texte pénal est vague, le juge répressif peut recourir à l’interprétation in
favorem qui est toujours en faveur de l’accusé.
Ces principes constituent à l’évidence une garantie précieuse pour les libertés ; tout en
présentant l’inconvénient de laisser impunis nombre d’agissements malhonnêtes dès lors que
ceux-ci ne correspondent pas exactement à la définition légale.
Les atouts du principe de la légalité des délits et des peines :

• Le principe de la légalité s’impose au législateur lui-même puisqu’il est


considéré comme une règle constitutionnelle.
• Le législateur doit respecter les règles de l’application de la loi pénale dans le
temps.

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Cours de Droit pénal général
• Le législateur doit rédiger des textes précis, complets et clairs pour faciliter leur
application par les juges répressifs.
• Le juge répressif ne peut guère apprécier la constitutionnalité des textes de loi.
Cependant, il peut apprécier la légalité des actes administratifs.
• Le juge répressif doit appliquer la loi pénale de façon stricte.

Les inconvénients du principe de la légalité des délits et des peines :

• Le législateur garde le monopole de la répression.


• Le juge répressif reste limité par le principe de la légalité du moment qu’il lui
est interdit de recourir à l’interprétation par analogie.
• Le principe de la légalité reste incapable de suivre l’évolution de la société au
même rythme. De ce fait, plusieurs actes peuvent se révéler préjudiciables à la
société, mais rester en même temps impunis à cause de l’absence d’un texte
de loi. Il faut donc attendre l’intervention du législateur qui doit légiférer dans
le domaine pénal.
• Le principe de la légalité reste incapable de cerner et de contenir le phénomène
de la dangerosité criminelle que le législateur ne sanctionne guère tant qu’il n’y
a pas passage à l’acte délictueux.
Le principe de la légalité des délits et des peines entraîne des conséquences
notables chaque fois qu’il s’agit d’appliquer un texte dans le temps ou dans
l’espace.

1. L’application de la loi pénale dans le temps : non-rétroactivité de la loi pénale

Le problème - dit de droit transitoire ou de conflit de lois dans le temps – est le suivant
: que doit-on faire lorsque que la loi change (loi nouvelle ou modification des textes)
entre le moment où l'infraction est commise et celui où elle est définitivement jugée,
voire celui où la peine prononcée est entièrement exécutée ?

Précisons les deux termes. En amont, le moment où une infraction est commise, « consommée
» avons-nous dit, dépend de la nature de cette infraction, instantanée, continue d'habitude,
simple ou complexe.... En aval, le moment où une décision de justice devient définitive
intervient lorsque toutes les voies de recours ont été exercées, ou lorsque les délais pour le
faire sont expirés.

Ajoutons que, en-deçà et au-delà de ces limites, la question ne se pose pas. Si l'évolution
législative est intervenue avant l'infraction, elle s’y applique naturellement. Si elle intervient
après que le jugement soit devenu définitif et que la peine a été entièrement exécutée, il n'y
a pas de remise en cause de la justice rendue. C'est entre les deux qu’un « conflit » de lois
apparaît :

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Cours de Droit pénal général
Faut-il appliquer la loi (ancienne) qui existait au jour de l'infraction ou celle (nouvelle) qui
existe au jour du jugement ?
Il n'y a que deux solutions.

• Soit la loi nouvelle s’applique - immédiatement - à tout ce qui n'est pas encore
définitivement jugé, au motif que l'évolution législative est présumée dans le sens du
progrès et il n'y a pas de raison de retarder le moment d'en profiter.
• Soit elle s’efface, au motif qu'elle remettrait en cause des droits « acquis » et
intouchables sauf à porter gravement atteinte à la liberté des personnes ou à la
sécurité juridique nécessaire à toute vie collective.

Mais il faut distinguer entre lois de fond et lois de forme.

• Pour les premières, définition des infractions et des sanctions, s’appliquer c'est
rétroagir sur des faits antérieurs. Sinon elles ne servent rien : c'est la loi ancienne qui
s'applique.
• Pour les secondes, organisation judiciaire, modalités des poursuites, formes de la
procédure, manière d'exécuter des peines..., elles peuvent s'appliquer aux procédures
en cours, les améliorer pour la suite, sans effet rétroactif, c'est-à-dire sans revenir sur
les étapes antérieures, sans effacer les actes déjà accomplis.

En droit pénal, le principe mis en avant est celui de la non rétroactivité de la loi nouvelle, qui
serait, pour le juge, avec l'interprétation stricte, l'expression même de la légalité des délits et
des peines.
Ce principe montre que la loi pénale ne s’applique qu’aux actes postérieurs à sa promulgation.
C’est une application, en fait, de la règle de la légalité des délits et des peines. C'est la loi
existante à la date des faits qui s'applique. Donc la loi nouvelle ne rétroagit pas.
Cependant, ce principe connait certaines limites. Il s’agit de la loi la plus douce (la
rétroactivité in mitius) : le fondement libéral du principe de la non-rétroactivité de la loi
pénale conduit à l’application immédiate des lois dites plus douces parce qu’elles sont
généralement favorables aux accusées. En revanche, c’est dans un sens moins libéral que le
principe est écarté, lorsque, notamment, les sanctions nouvellement prévues sont
considérées comme des mesures de sûreté plus que comme des peines véritables. Ces
mesures peuvent alors s’appliquer même à des faits antérieurs.

2. L’application de la loi pénale dans l’espace : territorialité de la loi pénale


L’application des lois pénales peut donner lieu à des difficultés dès qu’un élément étranger
s’introduit dans le débat : cet élément étranger peut résulter du lieu où a été commise
l’infraction, de la nationalité des personnes qui ont participé à l’infraction ou de la nationalité
de celles qui en ont été victimes.

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Cours de Droit pénal général
Le principe de la territorialité des lois pénales consiste à appliquer la loi pénale à tous les
délinquants qui ont commis une infraction sur le territoire de l’Etat où cette loi est en vigueur.
L’article 113-2, alinéa 2 du Code pénal français répute commise sur le territoire de la
République l’infraction dont l’un des faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire : d’où le
problème de la localisation des infractions. Retenons quelques exemples de ce genre de
difficultés. Le délit de fraudes sur la qualité de la marchandise est réputé commis en France,
même si la marchandise est livrée à l’étranger, dès lors que les agissements frauduleux ont
été accomplis en France (France, crim. 7 juin 1967, B.178, R.1968.66, obs. Légal). Est
punissable la détention commencée à l’étranger, mais continuée en France, de produits d’une
marque contrefaite (France crim. 30 mars 1994, B. 128.).

Cependant, la notion de territoire reste subordonnée aux règles du droit international public.

SECTION 2. L’élément matériel


L’élément matériel constitue le deuxième élément constitutif de toute infraction. Cet élément
se manifeste généralement par un acte matériel commis par le délinquant et provoquant un
préjudice à autrui lié à cet acte par une relation de causalité.
Par ailleurs, bien des gens ont des pensées coupables. Mais les états d’âme sont du ressort de
la morale et de la religion : le droit pénal n’intervient que si ces mauvais desseins
s’extériorisent. Comment ces penchants peuvent-ils se manifester, et à partir de quand le droit
pénal doit-il faire jouer ses sanctions ?
L’élément matériel n’est pas le résultat de l’infraction, mais l’attitude de l’auteur de celle-ci.
On distingue dès lors, de ce point de vue, deux catégories d’infractions :
Les infractions de commission : elles consistent à commettre ce que la loi interdit (par
exemple : le meurtre, vol, escroquerie).
Il faut noter cependant, que l’infraction de commission exige que :
-l’acte de commission doit être considéré par le droit pénal comme une infraction.
-L’acte de commission doit aboutir à un résultat dommageable autant pour la victime que
pour la société. Cet acte peut être soit matériel (homicide ou viol), soit moral (diffamation) ou
le plus souvent matériel et moral (coups et blessures).
-L’existence d’un lien de causalité entre l’acte de commission et le résultat dommageable.
Les infractions d’omission : consistent à omettre ce que la loi oblige à faire (par exemple
omission de secours).

Réalisation progressive de l’infraction : la tentative


Bien aucune infraction n'ait été réellement « accomplie », l'auteur d'une tentative est
concrètement punissable parce qu'il est « passé à l'acte » et que des actes dont on a la preuve

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Cours de Droit pénal général
révèlent une intention criminelle, une dangerosité qui doit être sanctionnée. Acte et intention
sont des mots importants. La question de la tentative ne se pose que pour des infractions
intentionnelles et de commission. Elle est d'ailleurs inconcevable pour des infractions non
intentionnelles (tenter de ne pas le faire exprès ?) ou d’omission (commencer l'exécution de
rien ?).

Généralement, l’acte criminel passe par diverses étapes, d’abord psychologiques, puis
matérielles. Quand toutes ces étapes se réalisent, on dit qu’il s’agit de l’infraction consommée.
Mais, si le résultat dommageable ne se réalise pas, pour quelque raison que ce soit, on dit qu’il
s’agit d’une infraction tentée ou de la tentative.
La tentative est « constituée », et donc la personne punissable comme auteur de l'infraction,
à deux conditions.

• La première est positive : « manifestée par un commencement d'exécution ».


• La seconde est négative et restrictive ; c’est la non consommation de l'infraction qui
« n'a été suspendue ou n'a manqué son effet » « qu'en raison de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur ».

a) Condition positive : Commencement d’exécution


Par souci pédagogique, les juristes se font un peu criminologues et décrivent un « iter
criminis », chemin menant au crime. on distingue quatre étapes :
1. La pensée du crime affleurant dans la conscience comme une possibilité, une
opportunité ou une nécessité ;
2. La résolution criminelle, décision prise de le commettre (mais on rappelle que le droit
pénal « ne fait pas de procès d'intention ») ;
3. L'expression, éventuellement, de cette résolution (qui peut tomber sous le coup de
l'incrimination des menaces) ;
4. La mise en œuvre pratique cette résolution. Cette dernière étape comprend elle-
même plusieurs séquences à observer de très près : actes préparatoires ; passage à
l'acte proprement dit ; obtention du résultat recherché.
Il s’agit en fait, du comportement criminel du délinquant extériorisé par des actes d’exécution
qui ne sont pas équivoques du moment qu’ils ont un rapport direct avec l’infraction projetée.
C’est dire que de simples projets psychologiques ne sont pas une tentative punissable. Si le
droit pénal réprime certaines menaces, ou certaines formes de complot, c’est parce que ces
agissements ne sont pas de simples états de conscience, mais des actes déjà socialement
inquiétants : du reste, la menace de mort, par exemple, est réprimée en elle-même (à
certaines conditions), comme infraction indépendante, et non comme la tentative du meurtre
dont on menace la victime (elle d’ailleurs punissable même s’il est établi que son auteur
n’entendait nullement la mettre en exécution).

13
Cours de Droit pénal général
Le commencement d'exécution se situe, au-delà des actes préparatoires, au moment du
passage à l'acte, lorsqu'il est clair que l'agent ne reviendra plus en arrière.
Acheter une arme est un exemple, facile à comprendre, d'actes préparatoires. Si l'agent va
jusqu'au bout de sa décision, on saura que c'est par là que tout a commencé. Mais, en lui-
même, non éclairé par la suite, l'acte est équivoque. L'acheteur est peut-être collectionneur
d'armes ou chasseur. Peut-être a-t-il peur, et cherche à se protéger, ou veut-il faire peur. Peut-
être il veut blesser ou tuer quelqu'un...
Mais, en droit pénal général, sauf à faire état de quelques jurisprudences extensives, cela ne
suffit pas pour constituer le commencement d'exécution d'une tentative punissable. Le seuil
de répression suppose que le processus soit plus avancé.

(Achat d’arme, étude des lieux) ne sont pas des actes d’exécution : on devine que la distinction
n’est pas toujours aisée. La jurisprudence française tient compte de la « volonté délictueuse
irrévocable », et considère comme commencement d’exécution les actes qui doivent avoir
pour conséquence directe et immédiate de consommer l’infraction.
C'est l’acte qui révèle de manière univoque que l'auteur est bien engagé dans l'exécution du
crime. Mais les faits ne parlent pas toujours d’eux-mêmes. Ils s'éclairent rétrospectivement si
la personne arrêtée avoue ce qu'elle était déterminée à faire. Mais si elle nie...
Même si la jurisprudence est en réalité très casuistique, de nombreux arrêts paraissent
accorder plus d'importance à l'intention révélée par les faits constatés qu'à leur immédiate
causalité avec l'infraction redoutée.
Il faut comprendre aussi que les solutions données par les juges a posteriori conditionnent les
interventions, plus exactement le moment de l'intervention de la police judiciaire proactive.

b) Condition négative : la non consommation de l'infraction pour des raisons


indépendantes de la volonté de l'auteur
Si c'est volontairement que l'auteur renonce à aller jusqu'au bout de ce qu'il a entrepris, il ne
faut pas le condamner mais lui en être reconnaissant. Mais, dans les autres cas, il y a tentative.
Deux situations différentes sont à envisager :

• Soit la tentative a été « suspendue »,


• Soit elle a « manqué son effet ».

• Tentative suspendue

L'exécution commencée est interrompue. Il faut alors se demander si le « désistement


» est volontaire ou non.
Le critère à mettre en œuvre est celui de l'intervention ou non d'une cause extérieure.
• L'interruption est involontaire si l'auteur est neutralisé ou empêché par
l'intervention d'un tiers (par exemple l'arrivée de la police).

14
Cours de Droit pénal général
• Elle est volontaire lorsqu'il n'y a pas de cause extérieure et quelque soit la raison
pour laquelle le délinquant suspend l'exécution (remords, pitié, peur...).

Dans des situations intermédiaires, interruption volontaire sous influence extérieure,


la jurisprudence condamne généralement. En réalité, les juges attendent que le
désistement soit non seulement volontaire mais bel et bien spontané.
Dernière précision, qui va presque de soi : seule peut être pris en compte un
désistement antérieur à la consommation de l'infraction. Le repentir qui intervient
postérieurement, serait-il « actif » (par exemple secourir la personne que l'on vient
d'agresser) est inopérant. Seul le juge pourra éventuellement en tenir compte au
moment de fixer la peine.
• Tentative infructueuse

Il y a une hypothèse courante : l'infraction « manquée ». Mais la doctrine en a conçu


d'autres, parmi lesquelles nous retiendrons celle de l'infraction dite « impossible ».
Hypothèse courante : l'infraction manquée

La personne est allée jusqu'au bout de ses actes. Elle a fait tout ce qui était en son pouvoir.
Mais, bien malgré elle, le résultat recherché n'a pas été atteint. Parce que le coup de feu
n'est pas parti, ou que le tireur est maladroit. Parce que la victime a bougé au dernier
moment. Parce que le coffre-fort a résisté…

Dans une telle situation, on ne peut même pas parler de désistement. Et la volonté de
commettre l'infraction ne fait aucun doute. Dès lors que l'on admet le principe de la
répression de la tentative, la sanction va de soi de cette infraction matérielle à laquelle,
tous éléments confondus, ne manque que le résultat.

Hypothèse très particulière : l'infraction impossible


Dans l'hypothèse de l'infraction manquée, le résultat est possible, le dommage aurait pu
se réaliser, l'auteur le recherchait et c'était effectivement à craindre. Faut-il raisonner
autrement lorsque le résultat ne peut absolument pas découler du comportement de
l'agent ?

Dans le langage courant, on dit bien « tenter l'impossible ». Mais, juridiquement, peut-on
tenter de tuer un mort ? Question de légalité et de logique (les juristes adorent...). Mais
aussi enjeux philosophiques sur le fondement du droit de punir. Cela a donné lieu à de
grands débats doctrinaux et à toutes sortes de distinction : impossibilité absolue ou
relative, de fait ou de droit, tenant au moyen ou à l’objet de l’infraction…
La jurisprudence, constante, refuse de rentrer dans ces digressions. Pour elle,
l'impossibilité du résultat n'est qu'une circonstance, parmi d'autres, indépendante de la
volonté de l'auteur. L'infraction impossible n'est donc pas, quant à la solution, à distinguer
de l'infraction manquée : il y a tentative.

15
Cours de Droit pénal général
Par exemple, tirer sur une personne déjà morte ; essayer de faire avorter une femme non
enceinte), soit parce que l’infraction manque de moyens (par exemple, tirer avec un fusil
non chargé ; utiliser une substance non abortive ; « voler » dans une poche vide). Ces
comportements manifestent indéniablement une puissance de nuire, mais sont-ils pour
autant punissables au titre de la tentative infructueuse ? La jurisprudence française l’a
admise (Cass. Crim., 1849 (tentative de meurtre avec un fusil non chargé), mais la question
a toujours suscité des controverses doctrinales.
Cependant, il faut rappeler que la sanction de la tentative dépend du genre d’infraction
commise :
La tentative de crime est toujours punissable

La tentative de délit n’est punissable qu’en vertu d’une disposition spéciale de la loi.
La tentative de contravention n’est jamais punissable.

SECTION 3. L’élément moral


L’élément moral est le troisième élément constitutif de toute infraction. En effet, pour qu’un
acte soit considéré juridiquement comme infraction, il ne suffit pas que le délinquant ait
commis un acte matériel prévu et puni par la loi pénale ou se soit abstenu de le commettre,
mais il faut aussi que cette commission ou omission ait été l’œuvre de sa propre volonté.
La faute peut tout d’abord reposer sur une volonté orientée vers le but illicite : l’agent a la
volonté et la conscience du résultat illicite, on est en présence d’une faute intentionnelle. La
faute peut ensuite résider dans le fait de ne pas avoir fait preuve d’une volonté suffisante ni
d’une prise de conscience suffisante, pour éviter le résultat illicite : cette volonté non
maîtrisée constitue une faute non intentionnelle.

1. La faute intentionnelle
Il y a faute intentionnelle lorsque l’auteur de l’acte a voulu à la fois son acte et le résultat
obtenu de cet acte. La faute intentionnelle est aussi une faute abstraite. Par conséquent, c’est
elle qui est prise en considération pour déterminer l’incrimination et la répression, à
l’exclusion du mobile qui représente le sentiment déterminant de l’action délictueuse.
Définition générale de l’intention au sens pénal
Selon une formule empruntée à Emile GARÇON, l’intention est « la connaissance du caractère
illégal de l’acte que l’on accomplit néanmoins en recherchant le résultat prohibé par la loi
pénale ».

Un peu plus développée est la définition de MERLE et VITU : « l’agent s’est fidèlement
représenté l’élément matériel et l’élément légal de l’infraction commise et, connaissant ainsi
toutes les données de la responsabilité pénale, a voulu agir QUAND MEME ».

16
Cours de Droit pénal général
En résumé : l’agent sait que c’est interdit ; le sachant il veut quand même le faire ; le voulant
il tend ainsi vers le résultat que l’incrimination voulait éviter. C’est l’intention dans son sens
étymologique latin de tendre vers (tendere in) : tendre vers un objectif déterminé, une volonté
dirigée vers un but précis. Il y a intention lorsque l’on veut le comportement et que l’on
recherche le résultat.

L’intention n’inclut pas le mobile


Le mobile est la raison particulière qui pousse l’agent à commettre l’infraction, et chacun peut
avoir ses raisons. C’est le cas par exemple, du meurtre par haine, par jalousie ou par cupidité ;
c’est le cas aussi pour le vol commis dans un but philanthropique.
Mais on n’en tient pas compte, du moins à ce stade. Il intéresse, certes, le policier, car il lui
permet d’orienter ses recherches (à qui profite le crime ?). Il intéresse, certes, le juge qui en
tiendra compte au moment de fixer la peine. En revanche, le mobile est inopérant au moment
où il faut déterminer si l’infraction est intentionnelle ou non, avec les conséquences qui vont
en résulter sur le texte applicable, la peine encourue, éventuellement le juge compétent.
Cette intention s’apprécie, a-t-on dit, in abstracto : en se référant au seul texte
d’incrimination, et non pas in concreto : en tenant compte des mobiles et circonstances
variables selon les infractions commises.
La règle en question comporte cependant quelques exceptions. Il est des circonstances dans
lesquelles, le législateur tient compte du mobile pour exonérer l’auteur de l’acte de toute
responsabilité pénale si un certain nombre de conditions, objectivement appréciées, sont
remplies.

• Ce sont les faits justificatifs, tels que la légitime défense et l’état de nécessité, que nous
étudierons plus tard.
• Beaucoup plus fréquemment le législateur se sert du mobile pour aggraver la peine
encourue.
Il faut noter que l’élément moral ne doit jamais s’apparenter au mobile, et celui-ci reste
juridiquement indifférent. Cependant, l’intention demeure toujours semblable pour une
même infraction. L’intérêt de cette distinction réside dans le fait que l’intention constitue un
élément de l’infraction intentionnelle, alors que le mobile n’est pas pris en considération par
le droit pénal (exemples : vol dans un but philanthropique, le refus de payer les impôts pour
des raisons idéologiques).

Il faut remarquer enfin que le mobile peut être une cause de circonstances atténuantes quand
il est considéré comme noble ou une cause de circonstances aggravantes.
La faute intentionnelle s’appelle aussi le DOL. On distingue deux catégories de dol en matière
pénale : le dol général et le dol spécial.

17
Cours de Droit pénal général
Le dol général : se rencontre dans toutes les infractions intentionnelles, il s’agit de l’élément
moral minimal. Il est caractérisé, quel que soit le mobile qui inspire l’agent. Il s’agit de
l’intention de violer la loi pénale ou de surmonter l’interdit pénal.
Le dol spécial : le dol général n’est pas toujours suffisant pour déclencher la responsabilité
pénale. Alors, dans de nombreuses infractions, la loi pénale exige, en outre, un dol particulier
que l’on appelle le dol spécial.
Le dol spécial se présente sous plusieurs aspects :
a- Le dol éventuel : le dol éventuel correspond à la situation de l’agent qui viole
délibérément une norme de prudence, en ayant prévu les suites
dommageables possibles et en se moquant ou en s’accommodant du résultat,
c’est le cas par exemple d’un automobiliste qui dépasse dangereusement des
véhicules sur une route en ne respectant pas délibérément la ligne de conduite.
En conclusion, on peut dire que le dol éventuel est assimilé à la faute
d’imprudence.
b- Le dol indéterminé : il est des cas où l’agent commet volontairement un acte,
sans se soucier du résultat, alors qu’un tel résultat était abstraitement
prévisible. En principe, l’auteur doit répondre des conséquences prévisibles de
ces actes, on dit que le dol indéterminé est équipollent au dol général.
L’indétermination peut porter sur la survenance du résultat. Ainsi, celui qui tire
volontairement dans l’obscurité en direction d’un groupe de personnes est un
meurtrier lorsque son geste est fatal, même s’il n’a pas précisément visé une
victime car le dol indéterminé est assimilé au dol général. De même,
l’indétermination peut porter sur la gravité du résultat, l’auteur est puni
comme s’il avait voulu le résultat.
c- Le dol praeter-intentionnel : le dol praeter-intentionnel correspond à
l’hypothèse de l’auteur qui a créé une situation qui n’est pas celle qu’il avait
prévue et qui porte atteinte à un intérêt différent de celui qu’il croyait lésé.
L’auteur est littéralement « dépassé par les événements ». C’est le cas par
exemple des coups portés à une femme ignorant qu’elle est enceinte et
provoquant l’avortement. En général, le dol praeter-intentionnel reste modulé
par le résultat obtenu.
L’erreur dans les infractions intentionnelles :
Elle peut être une erreur de droit ou une erreur de fait
L’erreur de droit : elle a deux aspects :
L’ignorance de la loi pénale et l’interprétation inexacte des dispositions. Le droit pénal n’en
tient pas compte le plus souvent à cause du principe traditionnel selon lequel « nul n’est censé
ignorer la loi ». Cependant, il faut noter que le législateur français a innové dans ce domaine.
En effet, le sénat a introduit l’article 122-3 dans le code pénal français par le biais duquel

18
Cours de Droit pénal général
l’erreur de droit peut être une cause d’irresponsabilité. Cependant, l’auteur de l’infraction doit
établir qu’il n’était pas en mesure d’éviter son erreur, mais à condition qu’il montre que
l’information fournie par l’administration était erronée et qu’il y a un défaut de publication du
texte législatif. On remarque donc que les dispositions de l’article 122-3 du code pénal français
atténue la rigueur du principe traditionnel.

La législation malienne quant à elle ne s’est pas encore clairement prononcée.


L’erreur de fait :
Elle porte principalement sur la matérialité de l’acte accompli par le délinquant :
L’erreur de fait peut avoir un impact sur la responsabilité pénale lorsqu’elle porte sur un
élément essentiel de l’infraction : soit sur un élément constitutif soit sur une circonstance
aggravante. Elle transforme alors l’infraction intentionnelle en infraction d’imprudence ou
empêche l’aggravation de la peine résultant de la circonstance aggravante, c’est le cas par
exemple du pharmacien qui livre un poison, par erreur, à la place d’un médicament. Il sera
déclaré coupable non pas du crime d’empoisonnement mais du délit d’homicide par
imprudence.
Toutefois, l’erreur de fait devient inopérante chaque fois que la faute intentionnelle subsiste
c’est le cas par exemple de l’infraction impossible quand le délinquant soulève une erreur sur
la personne.

2. La faute non intentionnelle


La faute non intentionnelle est celle qui correspond à une volonté mal maîtrisée : l’auteur a
bien voulu son geste, mais il n’a eu ni la volonté ni la conscience de ses conséquences
(imprévoyance). On dira que l’auteur a été imprudent, maladroit ou négligent, bref qu’il n’a
pas fait exprès. En ce sens, l’article 210 du Code pénal malien stipule que : « Celui qui, par
maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, aura
involontairement porté des coups, fait des blessures, ou occasionné des maladies à autrui,
sera puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 20 000 à
300 000 francs ou de l’une de ces peines seulement.

La faute contraventionnelle : appelée également faute matérielle, résulte du non-respect des


prescriptions légales ou réglementaires.
Selon l’article 325 alinéa 10 du Code pénal malien : « Ceux qui, volontairement ou
imprudemment, auront jeté sur la voie publique des objets de nature à blesser les passants
par leur chute ou à souiller leurs vêtements ».

19
Cours de Droit pénal général
CHAPITRE II. Les classifications des infractions
Le législateur malien a préconisé la classification tripartite des infractions : les crimes, les délits
et les contraventions.
La division tripartite des infractions correspond à la nomenclature des peines encourues, qui
tient compte de la gravité des infractions. Il suffit donc de connaitre la peine qui s’attache au
comportement prohibé pour savoir de quelle classe d’infractions il relève.
Les intérêts de la classification
Intérêts procéduraux
Plusieurs intérêts sont d’ordre procédural. Ainsi, la distinction tripartite offre le critère de
compétence des juridictions répressives : les crimes relèvent de la cour d’assises, les délits du
tribunal correctionnel et les contraventions du tribunal de police ou du juge de proximité. De
même, la prescription de l’action publique varie suivant le cas : elle est de dix ans pour les
crimes, trois ans pour les délits et un an pour les contraventions.
Intérêts en droit pénal de fond

Quant au fond, l’intérêt est lié à la tentative : elle est toujours punissable en matière
criminelle, mais n’est punissable en matière de délits que si un texte le prévoit et elle n’est
jamais punissable en matière de contraventions. Un intérêt est également lié à la complicité
qui est punissable en principe qu’en matière de crimes et délits.

Lorsque l’on s’intéresse non plus à la gravité des infractions mais à leur nature profonde, il
faut bien reconnaitre qu’il existe un grand nombre d’infractions dont le régime de droit pénal
de fond comme de procédure est particulier. Ces catégories s’expliquent par le fait qu’en droit
toute différence de nature implique une différence de régime et réciproquement.
Principalement, on oppose les infractions de droit commun aux infractions politiques et
militaires.
Pour classer les diverses infractions, on peut se placer sur le plan de l’un ou de l’autre de leurs
éléments constitutifs : légal, matériel ou moral.

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Cours de Droit pénal général
SECTION 1. La classification fondée sur l’élément légal
• La division tripartite des infractions :
C’est la division classique des infractions en trois sortes : les crimes, les délits et
contraventions.
Ainsi, l’infraction que le présent code punit d’une peine criminelle est un crime, l’infraction
que le présent code punit d’une simple de police est une contravention et toutes les autres
infractions sont des délits, sauf si la loi en dispose autrement (cf. art 2 du code pénal malien).

• Les infractions de droit commun, les infractions politiques et les infractions


militaires :

Les infractions de droit commun s’appliquent en général à la population civile et à la sécurité


de la société.
Les infractions politiques, elles ont pour objet de porter atteinte à l’ordre politique de l’État
car le délinquant s’attaque plus au régime qu’à l’ordre social général.

Les infractions militaires sont généralement commises par des militaires. Elles constituent la
violation d’un devoir militaire c’est le cas par exemple de la désertion ou du refus
d’obéissance.

SECTION 2. La classification fondée sur l’élément matériel


Il faut noter qu’il y a lieu de faire six distinctions, à savoir :

• Les infractions de commission et les infractions d’omission :

L’élément matériel de l’infraction peut être un acte positif (une commission) ou un


comportement négatif (une abstention ou une omission). A ce titre, on distingue les
infractions d’omission (défaut de secours à personne en péril), et les infractions de
commission (le vol, les coups et blessures, le meurtre).

• Les infractions instantanées et les infractions continues :


L’infraction instantanée est celle qui se réalise en une période de temps pratiquement
négligeable, c’est le cas du vol ou du meurtre car cette infraction est consommée en un
instant. Par contre, les infractions continues (ou successives) sont celles qui se prolongent
dans le temps par une réitération constante de la volonté du coupable après l’acte volontaire
initial c’est le cas par exemple des séquestrations arbitraires), durée pendant laquelle la
volonté coupable doit persister. Cette catégorie est importante en procédure pénale, car le
point de départ de la prescription de l’action publique est, en principe, le fait initial dans les
infractions instantanées (ou plutôt sa découverte) alors qu’il s’agit du moment où cesse la
volonté coupable dans les infractions continues (la libération de l’otage séquestré). Mais la
notion est intéressante en ce qui concerne l’application de la loi dans le temps : la loi nouvelle

21
Cours de Droit pénal général
s’applique à l’infraction continue dont les effets se sont prolongés après son entrée en
vigueur, car la volonté coupable a perduré.

• Les infractions isolées et les infractions d’habitude :

L’infraction isolée est consommée par un seul acte délictueux qu’il soit instantané ou continu.
Par contre l’infraction d’habitude suppose plusieurs faits matériels qui se répètent, dont
chacun pris isolément n’est punissable : l’habitude punissable comme donc à partir du second
acte. L’exemple classique est celui de l’exercice illégal de la médecine qui suppose une
répétition d’actes médicaux. Là encore la catégorie est importante du point de vue de la
prescription de l’action publique, qui ne court qu’à partir du second acte. Mais surtout en cas
de conflit de lois : la loi nouvelle s’applique à l’infraction d’habitude si l’acte constitutif de
l’habitude est postérieur à son entrée en vigueur.

• Les infractions simples et les infractions complexes :


L’infraction simple est composée d’un seul élément matériel qui donne à l’acte sa qualification
pénale (par exemple, le meurtre résulte de l’acte qui entraine volontairement la mort de la
victime).
Les infractions sont dites complexes quand leur élément matériel est composé de plusieurs
actes c’est le cas par exemple de l’escroquerie.

• Les infractions matérielles et les infractions formelles

Il y a infraction matérielle lorsque le résultat dommageable figure parmi les éléments de


l’infraction (exemple : il n’y a meurtre que si la victime est décédée. Si non, c’est une simple
tentative de meurtre). Une infraction est dite formelle lorsqu’elle est considérée comme
consommée indépendamment du résultat dommageable voulu par son auteur (exemple : il y
a empoisonnement dès l’administration des substances toxiques indépendamment des suites
pour la victime).

• Les infractions flagrantes et les infractions non flagrantes :


L’infraction est considérée comme flagrante, conformément à l’article 65 du code de
procédure pénale, dans les cas suivants :
Lorsque le crime ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre. Il y a
aussi crime ou délit flagrant lorsque dans un temps très voisin de l'action, la personne
soupçonnée est poursuivie par la clameur publique ou est trouvée en possession d'objets, ou
présente des traces ou indices laissant penser qu'elle a participé au crime ou au délit. Est
assimilé au crime ou délit flagrant tout crime ou délit qui, même non commis dans les
circonstances prévues à l'alinéa précédent, a été commis dans une maison dont le chef
requiert le procureur de la République ou un officier de police judiciaire de le constater.

En dehors des cas prévus par l’article 65 du code de procédure pénale, l’infraction sera dite
non flagrante.

22
Cours de Droit pénal général
SECTION 3. La classification fondée sur l’élément moral
Cette classification permet de faire la distinction entre deux sortes d’infractions :

• Les infractions intentionnelles :

Elles ne peuvent être poursuivies que si la preuve d’une intention coupable est établie par le
représentant du ministère public à l’encontre du délinquant.

• Les infractions non intentionnelles :

Elles sont punies à raison de la seule violation de la règle légale sans qu’on ait à s’inquiéter de
la volonté de l’agent, à condition qu’il y ait eu une faute dans son comportement.

23
Cours de Droit pénal général
DEUXIÈME PARTIE : LES PERSONNES PÉNALEMENT RESPONSABLES
Le droit pénal part du postulat que les hommes, libres et conscients, doivent répondre de
leurs actes. L'infraction matériellement commise doit ensuite être imputée à la personne ou
aux personnes qui ont participé à sa réa-lisation. Il est donc nécessaire de déterminer ceux
qui doivent être déclarés pénalement responsables de l'infraction commise ou tentée et
contre qui doit s'orienter la répression.

La détermination de la personne responsable de l'infraction obéit à des règles précises : seul


celui qui a personnellement participé à la commission de l'infraction peut voir sa
responsabilité pénale engagée ; les personnes physiques ainsi que les personnes morales,
peuvent être déclarées pénalement responsables ; elles ne peuvent l'être que si elles ont
participé à l'infraction en qualité soit d'auteur, soit de complice ; enfin, certaines
circonstances constituent, sous certaines conditions, des causes d'irresponsabilité ou
d'atténuation de la responsabilité.

CHAPITRE I. LA MISE EN JEU DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE


Si l'infraction est souvent le fait d'un seul individu, elle peut également être commise en
groupe. Mais lorsque l’action devient participation, les choses ne sont pas si simples, car la
responsabilité est aussi fonction de l’interdépendance des différents participants. Dans ce
cas, on parle de la participation criminelle qui revêt deux formes : la participation par
concertation et la participation par négligence.
1. La participation par concertation : elle se présente sous trois formes

• L’absence d’entente préalable entre les délinquants : il s’agit, dans ce cas, de ce qu’on
appelle souvent « le crime de foule. Par exemple un pillage à l’occasion d’une
manifestation qui dégénère). D’où la nécessité de faire abstraction du phénomène
collectif, car il est purement circonstanciel, et de déterminer la responsabilité pénale
de chaque participant.

• La présence d’une entente préalable et durable entre les délinquants :

Dans ce cas, le législateur peut incriminer la seule appartenance au groupe à cause du danger
qu’il représente. Il s’agit ici essentiellement des infractions relatives au complot, à
l’organisation des bandes armées.

24
Cours de Droit pénal général
• La présence d’une entente préalable, momentanée et circonscrite à une seule
infraction : dans ce cas, si les auteurs de cette infraction sont plus de deux, ils seront
appelés coauteurs parce que chacun d’eux aurait participé à l’accomplissement des
actes matériels constitutifs de l’infraction, autrement dit le coauteur est un auteur
dont l’action est seulement juxtaposée à celle d’un ou plusieurs autres. Il s’agit donc
d’une personne qui commet l’infraction dans tous ses éléments ou tente de le
commettre. Si certains agents jouent un rôle secondaire même déterminant, ils seront
appelés complices.
2. La participation par négligence :
Quand la personne participe involontairement à l’activité délictueuse d’autrui, elle sera
considérée comme auteur indirect de l’infraction. C’est ce qu’on appelle la responsabilité du
fait d’autrui.

Si une seule personne est impliquée, elle ne pourra être poursuivie qu’en tant qu’auteur de
l’infraction. Si plusieurs personnes sont impliquées et qu’elles ne sont pas mises en cause
comme coauteurs, on utilisera les deux chefs d’imputation : un auteur (ou plusieurs) et un
complice (ou plusieurs).

SECTION 1. L’auteur de l’infraction


L'auteur d'une infraction est celui qui commet personnellement ou tente de commettre si la
tentative est réprimée, dans les conditions prévues par le texte d'incrimination, des actes
interdits et pénalement sanctionnés. En d'autres termes, il réunit les éléments matériel et
intellectuel exigés par la loi pour que l'infraction soit constituée.
Il s'agit donc d'une approche objective qui dépend en réalité du texte d'incri-mination
définissant dans quelles conditions les agissements sont prohibés.

Dans la plupart des infractions, il s'agira d'un auteur matériel, celui-ci com-mettant
matériellement des faits interdits. Parfois, il s'agira d'un auteur dit intellec-tuel ou moral, le «
cerveau » en quelque sorte, lorsque le comportement interdit par le texte d'incrimination
réside dans le fait de donner des ordres ou des instructions à un tiers en vue de
l'accomplissement d'un acte.
Par ailleurs, ce qui concerne l’imputation, le droit pénal dispose de deux formes de
participation en tant qu’auteur : la coaction, qui fait apparaître la figure du coauteur et
l’instigation, qui fait apparaître la figure de l’auteur moral.
1. Le coauteur

Est un auteur dont l’action est seulement juxtaposée à celle d’un ou plusieurs autres. Il s’agit
donc d’une personne qui commet l’infraction dans tous ses éléments ou tente de le
commettre (par exemple, chaque cambrioleur a emporté un objet).

25
Cours de Droit pénal général
Il est parfois délicat, sinon impossible, de déterminer avec précision le rôle exact joué par
chaque participant d'une infraction collective. Les tribunaux qualifient alors de coauteurs
l'ensemble des membres du groupe ayant participé à l'action délictuelle collective, sans qu'il
soit nécessaire de préciser leur part respective de responsabilité. Cette Jurisprudence est
particulièrement nette en matière de violences collectives volontaires : si plusieurs individus
ont commis ces violences, tous sont qualifiés de coauteurs, quelle que soit leur part
respective dans la réalisation du dommage (en d'autres termes, tous seront condamnés
même si certains ont frappé plus fort que d'autres et causé effectivement le dommage).
Seule compte alors la participation active à l'action commune : lorsque des blessures ont été
faites volontairement par plusieurs personnes au cours d'une scène unique de violences,
l'infraction peut être appréciée dans son ensemble, sans qu'il soit nécessaire de préciser la
nature des coups portés par chacun des prévenus à chacune des victimes (par exemple,
Crim., 23 mars 1953, Bull crim. n° 103 ; Crim., 14 décembre
1955, Bull. crim. n° 566; Crim., 19 novembre 1958, Bull. crim n° 681; Crim., 13 juin 1972, Bull.
crim. n° 195).

2. L’auteur moral
Est l’homme de l’ombre, celui qui ne réalise pas matériellement l’infraction, mais qui fait
commettre ou laisse commettre l’infraction par un autre. Sa participation est intellectuelle, il
est l’instigateur, celui qui « tire les ficelles », à la manière d’un « auteur derrière l’auteur ».
Cependant, l’auteur moral ne peut pas être traité comme un auteur, car il ne réalise pas
matériellement l’infraction. En revanche, si toutes les conditions de la complicité sont réunies
par ailleurs, l’auteur moral doit être traité comme un complice.
Il faut noter, enfin, que le délinquant peut être soit une personne physique soit une personne
morale.

SECTION 2. La complicité
Lorsque le participant à une action collective ne réalise pas lui-même les éléments constitutifs
de l’infraction, mais s’y associe volontairement, et qu’il n’est pas puni comme participant
autonome, il est un complice. Plus exactement, le complice est un participant accessoire, qui
accepte d’apporter son concours à une infraction et qui sur le plan de la répression, est
assimilé à un auteur.
L’article 24 du Code pénal malien prévoit cinq formes de complicité active. Ce sont :

• « Qui, par dons, promesses, menaces, abus d’autorité ou de pouvoir, Machinations ou


artifices coupables, conseils, injonctions, auront provoqué à cette action ou donné des
instructions, indications, renseignements, pour la commettre ;

• Ceux qui auront procuré des armes, des instruments, ou tout autre moyen qui aura
servi à l’action, sachant qu’ils devaient y servir

• Ceux qui auront, avec connaissance, aidé ou assisté l’auteur ou les auteurs de l’action
dans les faits qui l’auront préparée ou facilitée ou dans ceux qui l’auront consommée,

26
Cours de Droit pénal général
sans préjudice des peines qui seront spécialement portées par le présent code contre
les auteurs des complots ou attentats contre la sûreté de l’État, même dans le cas où
le crime qui était le but des conspirateurs ou des provocateurs n’aurait pas été commis,

• Ceux qui, sciemment auront supprimé ou tenté de supprimer des éléments de preuve
de l’action, ou qui auront avec connaissance, par quelque moyen que ce soit, aidé les
auteurs ou complices du crime ou du délit à se soustraire à l’action de la justice ;

• Ceux qui sciemment auront recelé en tout ou en partie, des choses enlevées,
détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit. »
1. Les conditions de la complicité
La complicité apparaît donc comme un mode de participation à une infraction, qui suppose
que soient réunies plusieurs conditions : les unes sont liées à l’existence même d’un fait
principal punissable, et les autres sont liées à la participation au fait principal.
a. Le fait principal :
Le caractère punissable de l’infraction principale est une condition nécessaire pour que le
complice soit soumis à la sanction pénale. Autrement dit, la punition de la complicité dépend
de l’existence d’un fait principal qualifiable. Ce qui signifie que la complicité est plus rattachée
au fait principal qu’à son auteur : le complice peut être même si l’auteur principal ne l’est pas
du moment qu’il est en fuite, inconnu, décédé….

b. La participation au fait principal :


La participation doit être intentionnelle. C’est l’élément moral de la complicité. Cela veut dire
que le complice est au courant de l’intention de l’auteur de l’infraction. Il peut s’agir de la
fourniture des moyens matériels (fournir une arme, faire du bruit pour couvrir les crimes de
la victime, etc.) ou d’un simple encouragement à commettre l’infraction (aide ou assistance
morale). L’important est que cette aide ou cette assistance résulte d’un acte positif, antérieur
ou concomitant à l’infraction. Donc, il n’y a pas de complicité postérieure à l’infraction.
Néanmoins, si la complicité postérieure résulte d’un « accord antérieur », elle demeure
punissable. ( V.cass. Crim., 30 oct. 1996, Bull. crim. N° 49.)
La participation à l’infraction doit être réalisée sous forme de faits positifs (c’est l’élément
matériel de la complicité.
2. La répression de la complicité
Le complice encourt généralement la même peine que l’auteur principal ; c’est que
l’article 24 alinéa1 du Code pénal malien stipule expressément quand il affirme que les
auteurs de fait de complicité seront punis des mêmes peines que les auteurs du crime ou du
délit dont ils se sont rendus complices.

27
Cours de Droit pénal général
La responsabilité pénale des personnes morales
Le droit pénal n'est pas resté à l'écart de la querelle sur la fiction ou la réalité des personnes
morales. Mais il avait classiquement opté pour la fiction, certes utile à la vie des affaires et
plus largement à la vie civile, contre la réalité. Il persistait à considérer ces personnes
juridiques comme insaisissables par lui, sans volonté propre à laquelle imputer une faute et
sans matérialité distincte de celle de ses membres de nature à donner prise à la peine.
Cette responsabilité est prévue par l'article 121-2 du Code pénal français qui dispose :
« Les personnes morales, à l'exclusion de l'État, sont responsables pénalement, selon les
distinctions des articles 121-4 à 121-7 et dans les cas prévus par la loi ou le règlement, des
infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants. Toutefois, les
collectivités territoriales et leurs groupements ne sont responsables pénalement que des
infractions commises dans l'exercice d'activités susceptibles de faire l'objet de conventions
de délégation de service public. La responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas
celle des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits, sous réserve des
dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3. »

La personne morale n'est pénalement responsable que si une faute peut être imputée à ses
organes ou ses représentants. En effet, ce n'est que par l'intermédiaire de ceux-ci, et donc
finalement de personnes physiques, que la personne morale exprime sa propre volonté.
Autrement dit, ce sont leurs décisions ou leur inaction qui sont seules susceptibles d'engager
la responsabilité pénale de la personne morale. Cette faute doit nécessairement être
rapportée, et les organes ou représentants fautifs doivent, en principe, être clairement
identifiés avant toute condamnation (Crim., 18 janvier 2000, Bull. crim. n° 28; 23 mai, 2006,
Droit pénal 2006, comm. n° 128; 1er avril 2008, Droit pénal 2008, comm. n° 140).
Cependant, le droit malien est encore muet sur ce domaine, il n’existe aucune disposition dans
le Code pénal qui fait référence à la responsabilité pénale des personnes morales.

CHAPITRE II. Les causes qui affectent la responsabilité


Dans certains cas limitativement prévus par loi, il arrive que le législateur intervienne pour
tolérer un acte qu’il décriminalise parce que sa commission ou son omission représente plus
d’intérêt que ce que le droit pénal tend à protéger. Ces cas constituent ce qu’on appelle les
« faits justificatifs » qui se présentent en réalité sous forme d’une autorisation du législateur
permettant d’échapper à la responsabilité pénale et à la sanction chaque fois que certaines
conditions sont réunies. Il s’ensuit que l’acte criminel commis ou omis par l’individu devient
autorisé et justifié ; ce qui entraîne automatiquement la disparition de ses éléments
constitutifs : légal, matériel et moral.
Les faits justificatifs sont régis par l’article 28 du Code pénal malien qui stipule qu’il n’y a ni
crime ni délit :

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Cours de Droit pénal général
« 1 ° Lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action ou de légitime défense
de soi-même ou d’autrui ;
2 ° Lorsqu’il a été, contraint par une force à laquelle il n’a pu résister
3 ° Lorsqu’il a agi en vertu d’un commandement de la loi ou d’un ordre de l’autorité légitime. »

SECTION 1. Le commandement de la loi ou l’ordre de l’autorité


légitime
Aux termes de l’article 28 alinéa 3 du Code pénal malien, il « n’y a ni crime ni délit lorsque le
prévenu a agi en vertu d’un commandement de la loi ou d’un ordre de l’autorité légitime ».
À partir de cet article, on comprend que ce fait justificatif est constitué de deux éléments : le
commandement de la loi et l’autorité légitime.
1. Le commandement de la loi
L’ordre de la loi peut se présenter sous deux formes différentes :
a. L’injonction ou la permission de la loi :

Par le terme loi, on doit comprendre qu’il s’agit de toute disposition législative au sens formel.
Dans ce contexte, deux situations se présentent :

Le fait justificatif s’impose aux agents de l’autorité publique :


quand ces derniers agissent dans le cadre de leurs prérogatives
professionnelles sans avoir d’ordre à recevoir de personne, ils
bénéficient de ce fait justificatif. Par conséquent, tous les actes
accomplis conformément à l’injonction de la loi ne
constitueront pas d’infraction. Ainsi, le juge d’instruction, qui
ordonne la mise en détention provisoire d’un délinquant ou qui
délivre un mandat d’arrêt contre quelqu’un, ne commet pas
d’infraction relative à la détention arbitraire ou à l’arrestation
arbitraire puisqu’il n’obéit qu’à la loi. Cependant, si un officier
de la police judiciaire accomplit un acte d’instruction tel la
perquisition sans avoir reçu de mandat à cet effet, il se rendra
coupable du délit de violation de domicile.

Le fait justificatif s’impose aux particuliers : il y a des cas où la loi


impose aux particuliers d’intervenir pour empêcher la
commission d’une infraction ou pour protéger les intérêts de la
société. Dans ce cas, ces particuliers qui agissent bénéficient de
ce fait justificatif même s’ils commettent des infractions. Ainsi,
l’obligation de porter secours à personne en danger.

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Cours de Droit pénal général
b. La tolérance coutumière :

La tolérance coutumière est considérée comme une autorisation tacite de la loi. En France, la
jurisprudence a toujours légitimé les infractions autorisées par les permissions coutumières.
La tolérance coutumière est souvent liée à quelques domaines tels que :

La violence dans la pratique de certains sports

L’autorité correctionnelle des parents sur leurs enfants….


2. L’ordre de l’autorité légitime

Il s’agit de la légitimité liée à l’autorité publique et non au concept de l’autorité privée, telle
l’autorité des employeurs.
Cependant, il faut noter que le commandement de l’autorité légitime pose un problème
quand il n’est pas accompagné de l’ordre de la loi : peut-on, par exemple, obliger les
subordonnées qui reçoivent un ordre, à vérifier la légalité ? Et en cas d’ordre illégal, le
subordonné peut-il refuser de l’exécuter ? Et s’il l’exécute commet-il une infraction ou non ?
Pour répondre à ces questions, deux thèses ont été défendues :
a- La théorie de l’obéissance passive : selon laquelle le subordonné doit toujours
obéir sous peine d’être sanctionnée et en contrepartie il sera toujours justifié pour
les infractions commises (cela évite que le militaire demande à son général si
l’attaque ordonnée est bien légale, ou que le surveillant de prison vérifie le bien-
fondé d’une condamnation…). Autrement dit de cette théorie, deux conséquences
découlent :

❖ Si l’ordre n’est pas exécuté, il y a refus d’obéissance, donc il y a


infraction
❖ Si l’ordre est exécuté, il constitue la justification de l’acte. Donc, il n’y a
pas d’infraction.

b- La théorie de l’obéissance raisonnée (ou des baïonnettes intelligentes) : en vertu


de laquelle le subordonné peut sans encourir de sanction refuser d’exécuter un
ordre qui lui paraît illégal. Cela conduit à deux résultats :
❖ Si l’ordre n’est pas exécuté, il n’y a pas de peine pour refus
d’obéissance
❖ Si l’ordre est exécuté, il n’y a pas de fait justificatif, donc, il y a
infraction punissable.
Toutefois, cette théorie semble difficile à mettre en application, car elle met en péril l’autorité
hiérarchique.

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Cours de Droit pénal général
SECTION 2. La contrainte et l’état de nécessité
L’imputabilité suppose une volonté libre, laquelle se traduit par une aptitude à résister à
l’infraction. A contrario celui qui commet l’infraction parce qu’il y est poussé par une force
doit être déclaré irresponsable.
3. La contrainte
a- Les aspects de la contrainte :

Ils sont de deux ordres :

❖ La contrainte physique Il s’agit d’une force qui s’exerce sur le corps de l’agent et
annihile sa liberté. Cette contrainte peut être externe, c’est-à-dire provenir d’un
événement naturel, d’un animal ou d’un ou plusieurs tiers ou interne, c’est-à-dire être
inhérente à l’agent lui-même.
❖ La contrainte est morale, qui consiste en une pression exercée sur la volonté de
l’agent. La contrainte morale externe, prenant la forme de menace, de sujétions ou de
provocations émanant d’un tiers, est une cause d’exonération admise. Tel est le cas du
guichetier, qui sous la menace d’une arme remet des sommes d’argent à un
« braqueur », il ne peut se voir reprocher une participation au vol ou à l’extorsion. En
revanche, la contrainte morale interne, constituée par des pulsions ou des passions
n’est pas une cause d’irresponsabilité admise. Il ainsi été jugé que ne bénéficie pas de
la contrainte, la femme hyperémotive qui, pour réagir à la mise à la retraite anticipée
de son mari fonctionnaire, avait adressé des lettres d’injures à un ministre, un
procureur de la République et un magistrat instructeur (France, Cass. Crim., 11 oct.
1993, Bull.crim. n° 282.).
b- Les conditions de la contrainte :
La contrainte doit être irrésistible et imprévisible.
❖ Caractère irrésistible : l’appréciation de ce caractère devrait se faire, en principe, in
concreto, c’est-à-dire en fonction de l’aptitude à résister de la personne sur laquelle
elle s’exerce, car l’article 28 alinéa 2 du Code pénal vise une force à laquelle « elle »
n’a pu résister. Mais classiquement, la jurisprudence exige une impossibilité absolue
de se conformer à la loi, en décrivant la contrainte comme un événement que « la
volonté humaine » n’a pu ni prévenir ni conjurer. À cet égard, un individu condamné
pour recel de malfaiteurs pour avoir donné asile à des brigands corses en cédant à leur
menace (Cass.crim., 28 déc. 1900, DP 1901, 1, 81.).
❖ Caractère imprévisible : ce qui signifie que l’agent est incapable de le prévoir. En ce
sens, dans la célèbre affaire du « marin déserteur », la Cour de cassation jugea le 29
janvier 1921 que la contrainte ne devait pas avoir été occasionnée par une faute de
celui qui l’invoque. En l’espèce, un marin interpellé pour ivresse publique n’avait pu
rejoindre son bord et il a été déclaré coupable de désertion. Sa faute antérieure avait
rendu la contrainte prévisible, donc inefficace : la désertion pouvait lui être imputée,
car elle procédait d’une action libera in causa (Cass. Crim., 29 janv. 1921 ( Trémintin),
S. 1922, 1, 85.).

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Cours de Droit pénal général
3. L’état de nécessité

L’état de nécessité est la situation dans laquelle une personne commet volontairement une
infraction afin d’éviter pour elle-même ou pour autrui un danger grave et imminent, c’est le
cas, par exemple d’un médecin qui commet un excès de vitesse pour se rendre chez un
malade en danger de mort.
a- La nature de l’état de nécessité

L’état de nécessité se fond sur les idées suivantes :


❖ L’état de nécessité implique la présence d’un choix que l’on ne trouve guère dans la
contrainte.
❖ Dans l’état de nécessité, il y a absence d’intention coupable.
❖ L’état de nécessité n’a été reconnu comme fait justificatif qu’en 1950 par les tribunaux
français. Il est désormais défini comme : « la situation dans laquelle se trouve une
personne qui, pour sauvegarder un intérêt supérieur, n’a d’autre ressource que
d’accomplir un acte défendu par la loi pénale ».
❖ L’état de nécessité constitue un fait justificatif trouvant sa source dans des
considérations d’ordre social. En effet, l’auteur d’un acte commis sous l’influence de
la nécessité ne témoigne d’aucune conduite criminogène. De plus, la menace d’une
sanction ne l’empêche pas de commettre l’infraction.
❖ Dans l’état de nécessité, on trouve chez l’agent un mobile particulier qui le pousse à
commettre l’infraction.
❖ L’état de nécessité diffère de la contrainte à cause de l’absence d’une force irrésistible
qui pousse l’agent à commettre l’infraction, mais il y a le libre choix entre deux
situations : subir le dommage ou commettre l’acte.
b- Les conditions de l’état de nécessité

L’état de nécessité requiert tout d’abord un danger actuel ou imminent, dont le prévenu doit
démontrer la réalité. Une simple probabilité de danger c’est-à-dire un danger latent, mais non
imminent ne suffirait pas.
Il doit être injuste : cela suppose que l’agent n’a pas commis de faute qui l’a mis dans l’état
de nécessité, par exemple l’agent qui pénètre dans une propriété privée malgré un panneau
d’interdiction et devant une attaque imminente d’un chien méchant, il se trouve contraint de
se défendre en tuant ce chien ne peut pas dire qu’il était dans un état de nécessité.
L’acte commis doit en outre être nécessaire pour sauvegarder sa personne, un tiers ou un
bien. Il ne doit donc pas exister de meilleurs moyens que de commettre l’infraction. Ainsi, un
chef d’entreprise, en rupture de stock, ne peut pas commettre des contrefaçons pour
satisfaire sa clientèle, car de simples difficultés d’ordre commercial ne constituent pas des
nécessités (France Cass. Crim., 11 févr.1986, Bull.crim. n° 94.)

32
Cours de Droit pénal général
Il reste à préciser que l’état de nécessité, en tant que fait justificatif, rend licite le fait incriminé.
Néanmoins, l’agent reste tenu sur le plan civil de la réparation des préjudices subis par la
victime.

SECTION 3. La légitime défense


Aux termes de l’article 28 alinéa 1 du Code pénal malien il n’y a ni crime ni délit : « Lorsque le
prévenu était en état de démence au temps de l’action ou de légitime défense de soi-même
ou d’autrui ».
Cet article constitue une exception au principe selon lequel « nul ne doit se faire justice à lui-
même ».
Il arrive parfois que la victime soit obligée de se défendre en causant un préjudice à l’agresseur
à cause de l’urgence et de l’impossibilité matérielle de se faire défendre par la police. Dans ce
genre de situations, la loi permet aux individus de se défendre pour repousser une agression
imminente et injuste. Par conséquent, la défense par soi-même, normalement interdite,
devient légitime, car l’intervention sociale est défaillante.

1. Les conditions de la légitime défense :


Elles tiennent soit à l’agression, soit à la défense.
a- Les conditions liées à l’agression :
L’agression doit être présente ou concomitante c’est-à-dire que la défense doit être accomplie
dans le même temps que l’agression. Par conséquent, elle ne doit pas être dirigée contre un
mal futur ou éventuel ou antérieur.
L’agression doit être réelle et non imaginaire, sauf si l’on a pu raisonnablement se croire
attaqué, c’est le cas de la légitime défense putative ou supposée (par exemple se croire en
danger de mort devant quelqu’un qui fait mine de tirer avec pistolet).
L’agression doit être inévitable : il n’y aurait pas de légitime défense si la personne pouvait
éviter l’agression par un autre moyen que la riposte.
L’agression doit être injuste : si l’attaque est justifiée, on ne sera pas devant une légitime
défense. Cette attaque peut être justifiée dans deux cas :
- La personne agit en vertu d’un commandement de la loi ou d’un ordre
de l’autorité légitime (un malfaiteur qui blesse un policier qui l’arrête
n’est pas en état de légitime défense).
- L’agresseur est lui-même en état de légitime défense pour avoir été
d’abord attaqué, c’est le cas par exemple de la riposte de l’épouse et de
son amant contre le mari trompé.
b- Les conditions liées à la défense :

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Cours de Droit pénal général
Elles sont de deux ordres :

- En cas d’atteinte envers une personne :


La condition essentielle, c’est que la légitime défense doit être proportionnée à la gravité de
l’attaque, et c’est le juge qui détient seul le pouvoir d’appréciation.
- En cas de crime ou de délit contre un bien :

Dans ce cas, la légitime défense suppose :


- Un acte strictement nécessaire au but poursuivi.
- Une proportion entre les moyens employés et la gravité de l’infraction.
Par conséquent, on ne peut tuer pour préserver un bien. (cf.
l’article 122-5 du Code pénal français).

3. La preuve de la légitime défense :


La légitime défense se présente sous deux formes : la légitime défense prouvée et la légitime
défense présumée.
a- La légitime défense prouvée par l’accusé :

C’est la forme simple de la légitime défense. Dans ce cas, la charge de la preuve de la légitime
défense reste sur le compte de l’accusé qui prétend se trouver dans cette situation. Pour cela,
il doit prouver l’existence des conditions sur lesquelles se base la légitime défense invoquée.
b- La légitime défense présumée par le législateur :

Aux termes de l’article 218 du Code pénal malien : « Sont compris dans le cas de nécessité
actuelle de défense, les deux cas suivants :
1 ° Si l’homicide a été commis, si les blessures ont été faites et les coups ont été portés ou si
les violences ont été exercées en repoussant, pendant la nuit, l’intrusion dans une habitation
ou ses dépendances, notamment par escalade ou effraction des clôtures, murs ou enclos.
2 ° Si le fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec
violence ».
Dans ces hypothèses, il suffit pour le prévenu de prouver les circonstances visées par le texte
(la nuit, le vol, avec violence). Mais la présomption étant simple, le ministère public pourra
prouver qu’il n’y a pas de légitime défense, soit parce qu’il n’y a pas agression, soit parce que
la riposte est excessive.
Une fois que la légitime défense est retenue par le tribunal comme fait justificatif elle entraîne
les effets suivants :

❖ La disparition de la responsabilité pénale de l’accusé.


❖ L’accusé ne sera pas tenu d’indemniser la victime.

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Cours de Droit pénal général
SECTION 4. Le Discernement
En principe, on ne peut reprocher une infraction pénale à une personne qui, au moment des
faits, n’a pas voulu et compris son geste ou n’a pas été en mesure d’en comprendre la
portée. Telle est la question du discernement, ou de l’aptitude à discerner le bien du mal, qui
se pose dans deux cas de figure : d’une part, en présence d’un jeune enfant qui, par nature,
n’a pas la même faculté de discernement qu’un adulte et, d’autre part, en présence d’une
personne qui allègue avoir commis l’infraction sous l’empire d’un trouble mental.

2. La démence ou le trouble mental


La démence est la santé mentale d’une personne atteinte, au moment des faits, d’un trouble
psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes.

Ainsi selon l’article 122-1, alinéa 1er du Code pénal français, « n’est pas pénalement
responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou
neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes ». Cette situation
d’irresponsabilité pour discernement « aboli » doit être distinguée de l’hypothèse visée par
l’alinéa 2 du même texte, visant le discernement simplement « altéré » qui n’exclut pas la
responsabilité, mais peut conduire le juge à diminuer la peine. Autrement dit, pour exclure la
responsabilité pénale d’un individu, il ne suffit pas de démontrer qu’il a subi un trouble
psychique ou neuropsychique « au moment des faits » (condition de concomitance), mais que
ce trouble était d’une telle ampleur qu’il a aboli son discernement. Ainsi, un simple état
passionnel ou émotif peut altérer le discernement, mais il ne l’abolit pas.
La cause de non-imputabilité pourrait par exemple couvrir une personne ayant commis des
faits sous hypnose (infraction commise par suggestion) ou en état de somnambulisme
(infraction commise dans son sommeil).

Hors le cas de maladie mentale, le discernement peut aussi être obscurci, voire aboli, par
l’ivresse alcoolique ou l’emprise de stupéfiants. Mais l’on a pu se demander s’il fallait retenir
l’irresponsabilité ou l’atténuation de responsabilité de la personne ivre au moment des faits
ou si, au contraire, il ne fallait pas plutôt faire preuve de sévérité en refusant l’exonération,
car le comportement de celui qui s’enivre est moralement blâmable. La Cour de cassation
française a estimé que : « l’ivresse qui diminue l’intelligence et la responsabilité de l’agent doit
être considérée comme une circonstance atténuante et non comme une circonstance
aggravante » (Cass.crim., 5 févr.1957, Bull.crim. n° 232). Cette solution se comprend lorsque
l’ivresse ou l’absorption de stupéfiants est involontaire. En revanche lorsque l’agent s’enivre
ou se drogue pour se donner du courage, il paraît au contraire choquant d’atténuer la
responsabilité ; le bon sens commande au contraire de retenir la faute.
NB : Il est important de préciser que l’état de démence est constaté par les experts
psychiatriques.

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Cours de Droit pénal général
TROISIEME PARTIE : LA SANCTION PÉNALE

La peine donne tout son sens à l’infraction : elle en est la sanction nécessaire. Sans peine, il
n’y aurait pas d’infraction et sans infraction, aucune peine ne pourrait être infligée. Mais la
peine n’est pas une sanction juridique comme les autres ; elle implique toujours une affliction
et suscite plus ou moins l’infamie ou l’opprobre. C’est dire que la peine est par essence
pénible. Or ce caractère pénible, même s’il est trop subjectif pour en constituer le critère, en
commande au moins le régime. Ainsi, la pénibilité justifie le nécessaire respect de la dignité
des condamnés. En ce sens, l’article 3 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales dispose que « nul ne peut être soumis à la torture ni à des
peines ou traitements inhumains ou dégradants ». Mais surtout cet aspect afflictif et infamant
de la peine qui gouverne la plupart des principes « directeurs » ou des limites encadrant le
pouvoir d’édicter des peines, de les prononcer et de les appliquer. Selon ces principes, la peine
encourue doit être légalement déterminée, proportionnée et dissuasive ; la peine prononcée
doit être personnalisée.

CHAPITRE I. La peine encourue


La peine encourue est celle prévue par un texte comme la conséquence d’une infraction. Son
édiction est soumise à l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en
vertu duquel : « la loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires
et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit
et légalement appliquée. » Ce texte pose les principes de légalité qui a déjà été exposé
longuement ; quant à la proportionnalité, elle n’en est que le corollaire et signifie que le
législateur doit maintenir un équilibre entre les impératifs, d’une part, de protection de la
société et, d’autre part, de sauvegarde des intérêts individuels du délinquant. La peine doit
donc être suffisamment dissuasive sans pour autant être oppressive.

SECTION 1. La détermination de la peine


La peine est une mesure à finalité rétributive prononcée, en principe, par une juridiction
judiciaire. Autrement dit, deux critères combinés permettent de la définir : sa finalité et
l’origine de l’autorité qui la prononce. Ces deux critères permettent de la distinguer, d’une
part, des mesures de sûretés, destinées à lutter contre un état dangereux et d’autre part, des
mesures punitives, qui ne sont pas prononcées par des autorités judiciaires.

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Cours de Droit pénal général
1. Peines et mesures de sûretés

En droit pénal, les peines et les mesures de sûretés ont en commun de répondre au principe
de la légalité et de proportionnalité. Mais elles se distinguent dans leurs finalités respectives :
alors que la peine vise essentiellement à châtier un coupable, la mesure de sûreté vise
principalement à prévenir, à traiter ou à neutraliser un individu dangereux.

La peine est, pour reprendre la définition des professeurs Merle et Vitu, « un châtiment infligé
au délinquant en rétribution de l’infraction qu’il a commise ». En tant que châtiment, la peine
est afflictive et infamante : elle doit, en effet, être ressentie plus ou moins péniblement par
celui qui a enfreint l’interdit. Mais son caractère pénible n’en constitue pas le critère, car toute
sanction juridique peut être perçue ainsi par celui qui la subit. Aussi convient-il d’insister sur
une autre dimension du châtiment : sa fonction de rétribution, qui repose sur un jugement
moral (la peine doit être juste). Néanmoins, la peine n’est pas que rétributive, elle vise aussi à
dissuader le délinquant de recommencer (prévention spéciale), et doit être suffisamment
intimidante pour dissuader d’autres individus de commettre le même forfait (prévention
générale), c’est sa fonction d’intimidation et d’exemplarité (la peine doit être utile).
Les mesures de sûreté ne reposent pas sur un jugement moral, elles visent uniquement à
lutter contre un « état dangereux ». Elles ont en effet une vocation essentiellement
préventive : protéger la société contre les individus dangereux en les traitant, les surveillant
ou les neutralisant. De ce fait, les mesures de sûretés ne supposent pas forcément la
commission d’une infraction et peuvent être confiées à l’autorité administrative.

2. Les peines et autres mesures punitives

En principe, la sanction pénale est une « peine » parce qu’elle figure dans la catégorie des
sanctions que le code pénal qualifie ainsi. Mais à une époque d’éparpillement des sources, ce
critère formel ne suffit plus. Aussi, d’un point de vue substantiel, la peine peut également être
définie en fonction de l’autorité qui la prononce. Il s’agit d’une sanction judiciaire résultant,
en principe, d’une condamnation, ce qui l’oppose aux mesures punitives, d’origines
administratives.
Sanctions judiciaires : la peine est, en principe, une sanction prononcée par une juridiction
judiciaire au nom de l’autorité souveraine, sur réquisition du ministère public.
Sanctions administratives : les peines ne doivent non plus être confondues avec les mesures
punitives émanant d’autorité administratives ou fiscales, en marge d’un éventuel procès
pénal, même si elles peuvent être ressenties comme telles par ceux qui les subissent.
3. Le type de peine
Il existe deux catégories de peines pour les personnes physiques : les peines principales et les
peines secondaires.

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Cours de Droit pénal général
a. Les peines principales :

Sont les peines encourues, à titre principal, du seul fait de la commission de l’infraction. À cet
effet, il existe trois catégories : peines criminelles, peines correctionnelles, peines de police.
Peines criminelles
L’article 4 du Code pénal malien définit trois sortes de peines criminelles :

1) La mort ;
2) La réclusion à perpétuité
3) La réclusion de cinq à vingt ans.
Toute condamnation à une peine criminelle entraînera, de plein droit, la dégradation civique
et l’interdiction légale.

Peines correctionnelles
Les peines correctionnelles sont, selon l’article 7 du Code pénal malien :
1) L'emprisonnement de onze jours à cinq ans
2) La peine de travail d’intérêt général

3) L'amende.
La peine de un jour d'emprisonnement est de vingt-quatre heures. Celle de un mois est de
trente jours. Celle de un an est de douze mois,
Peines de police

Les peines de simple police sont, selon l’article 10 du Code pénal malien :
1) L’emprisonnement de un à dix jours exclusivement ;
2) L’amende de 300 à 18 000 francs inclusivement ;
La confiscation pourra être appliquée comme peine complémentaire.

Ont en outre le caractère de peine de simple police, les peines sanctionnant des faits dont la
connaissance est attribuée au tribunal de simple police par la loi.
b. Les peines secondaires :
Les peines secondaires sont des sanctions qui s’ajoutent aux peines principales. Elles se
répartissent en deux catégories : les peines accessoires et les peines complémentaires.

Peines accessoires
Les peines accessoires sont des peines qui résultent de pleine d’une condamnation. Elles n’ont
pas à être prononcées et sont donc occultes.

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Cours de Droit pénal général
Tel est le cas de l’interdiction légale qui prive le condamné de l’exercice de ses droits
patrimoniaux pendant la durée de l’exécution de la peine principale, cependant, il lui est
désigné un tuteur.
Peines complémentaires
C’est des peines qui s’ajoutent en principe, à la peine principale. Ces peines sont soit
facultatives (les juges étant libres de les prononcer ou non), soit obligatoires (le juge devant
alors les prononcer par exemple, la confiscation d’objets dangereux ou nuisibles).

SECTION 2. La mesure de la peine


Une fois la peine déterminée dans son principe, le juge doit en définir la mesure. À cet égard,
le juge doit prendre en compte les causes légales d’exemption, d’atténuation ou d’aggravation
des peines. Celles-ci dépendent de deux séries de facteurs, liés pour les uns aux circonstances
de l’infraction et pour les autres à la pluralité d’infractions.
1. En fonction des circonstances de l’infraction
Un certain nombre de circonstances de fait, à l’infraction doivent conduire les juges, soit à
atténuer la peine, soit à l’aggraver.
a. L’atténuation de la peine
Les circonstances atténuantes sont des faits qui déterminent un abaissement de la peine.
L’article 18 du Code pénal autorise le juge à atténuer. Mais le texte ne contient aucune
définition de la peine atténuée dont l’appréciation est inhérente à l’appréciation
discrétionnaire du juge.
Le législateur malien a généralisé le principe de l’octroi des circonstances atténuantes qui
peuvent concerner les crimes, les délits et les contraventions.

Les circonstances atténuantes entraînent les effets suivants :


Elles ne modifient pas la nature juridique de l’infraction.
Leurs effets sont exclusivement personnels ; par conséquent, la peine ne doit être réduite qu’à
l’égard des condamnés qui ont été admis à en bénéficier.

b. L’aggravation de la peine
Certaines circonstances entraînent une aggravation de la peine. Ces « circonstances
aggravantes » sont des faits définis par la loi, rattachés à un comportement répréhensible, et
qui entraînent l’aggravation des peines encourues. En tant que faits légalement définis, elles
ne se confondent pas avec les circonstances dites « judiciaires », propres à chaque espèce et
qui conduisent le juge à prononcer, dans les limites des maxima légaux, une peine lourde. La
plupart sont spéciales (vol avec effraction ou le vol avec usage d’arme) mais certaines sont
générales (récidive).

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Cours de Droit pénal général
Par ailleurs, les circonstances inhérentes à la commission de l’infraction sont dites objectives
ou réelles du moment qu’elles sont liées au fait criminel qui constitue l’élément matériel de
l’infraction et augmentent la criminalité de l’acte. Tel le cas l’effraction ou le port d’arme.
Les circonstances inhérentes à la culpabilité du délinquant sont dites subjectives ou
personnelles vu qu’elles sont rattachées à la personnalité du délinquant. C’est le cas par
exemple d’une infraction commise par un récidiviste. Enfin certaines circonstances
aggravantes sont dites mixtes, car liées aussi bien à l’agent qu’à l’acte, comme, par exemple,
la préméditation.
Enfin, dans tous les cas, ces circonstances aggravantes ne doivent pas être confondues avec
les éléments constitutifs de l’infraction. Alors que les éléments constitutifs sont indispensables
à l’établissement du jugement de culpabilité, les circonstances aggravantes sont des éléments
complémentaires qui permettent seulement d’augmenter le quantum des peines encourues.
Pour bien opérer la distinction, il faut d’abord caractériser l’infraction puis s’intéresser aux
circonstances qui l’accompagnent.

2. En fonction de la pluralité d’infractions


La mesure de la peine peut dépendre de la commission successive de plusieurs infractions.
Cette hypothèse recouvre deux cas de figure. Si au moment de la commission de la dernière
infraction, la personne poursuivie n’a pas été condamnée définitivement pour l’infraction
antérieure, il y a concours réel d’infractions et la peine encourue pour la dernière infraction
n’est en principe pas aggravée, mais l’aggravation peut résulter éventuellement d’un cumul
de peine. En revanche, si au moment de la dernière infraction, l’auteur a déjà été condamné
définitivement pour une précédente infraction, il peut se trouver, selon les cas, en état de
récidive ; sa peine sera alors aggravée.
a. Le concours réel d’infractions
Il y a concours réel d’infraction lorsqu’une infraction est commise par une personne avant que
celle-ci ait été définitivement condamnée pour une autre infraction. La question qui se pose
est de savoir comment punir un tel délinquant. Deux solutions sont envisageables : ou bien
l’on tient compte de la dangerosité ou de l’indiscipline manifestée par la répétition
d’infractions et le sort du délinquant devra être aggravé par le cumul de peines ; ou bien l’on
estime que le délinquant n’a pas fait l’objet d’un salutaire rappel à la loi, qui l’aurait peut-être
dissuadé de rechuter, et il n’y a pas lieu d’aggraver son sort.

Une fois la personne reconnue coupable de plusieurs infractions, les peines encourues pour
chaque infraction peuvent toutes être prononcées, à condition qu’elles soient de nature
différente.
b. La récidive

Relève de l’échec d’une première condamnation définitive émanant d’une juridiction, du fait
de la commission, dans certaines conditions, d’une nouvelle infraction.

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Cours de Droit pénal général
Du point de vue criminologique, la récidive s’explique par le problème de l’inadaptation
sociale du délinquant. Mais du point de vue pénal, la récidive est considérée comme une cause
d’aggravation de la peine vu qu’elle cause un trouble grave contre l’ordre social et qu’elle
représente une perversité persistante malgré la sanction antérieure. Si les conditions légales
de la récidive sont réunies (c’est-à-dire la condamnation, doit être antérieure à la nouvelle
infraction ; la condamnation antérieure doit être irrévocable ou définitive, ce qui veut dire
qu’elle a acquis la force de la chose jugée, que toutes les voies de recours sont épuisées ou
que les délais se sont écoulés…), elle constitue une cause d’aggravation de la peine encourue
pour la seconde infraction. À l’inverse, si les conditions ne sont pas remplies, il y a simple
réitération d’infractions : chaque infraction est punie pour elle-même.

Ces récidives sont générales (pas de conditions liées à la nature des infractions commises) et
permanentes (pas de condition de délai entre les termes) ou temporaires (si la rechute se
produit dans un délai déterminé).
Les effets de la récidive

L’effet direct de la récidive est d’aggraver la peine encourue pour l’infraction commise en
récidive, en multipliant son taux ou sa durée par deux.
Pour prouver la récidive, il faut que le juge s’assure, à la fois, de l’identité judiciaire du
délinquant et de ses antécédents judiciaires. En effet, on arrive à connaitre les antécédents
judiciaires du délinquant grâce au contenu du casier judiciaire.

Chapitre II. La peine prononcée et l’extinction de la peine


La peine prononcée coïncide rarement avec la peine encourue, car les sentences pénales sont
soumises au principe de personnalité. On rappellera que ce principe signifie non seulement
que les peines attachées à l’infraction ne peuvent être prononcées que contre ceux qui s’en
sont rendus coupables. Mais aussi et surtout que la peine doit être individualisée. À cet égard,
il est notable que le juge dispose d’un large éventail de mesures d’aménagement des peines :
il peut tout d’abord, décider de suspendre la peine qu’il prononce, il peut ensuite substituer à
la peine encourue une autre peine.

SECTION 1. La suspension de la peine


Lorsque l’accusé est déclaré coupable, après un procès pénal juste et équitable, la juridiction
répressive doit prononcer la peine prévue par la loi pénale. Cependant, cette juridiction peut
surseoir à l’exécution de cette peine lorsque certaines conditions sont réunies.
Sursis
Le principe du sursis est de permettre au condamné de se soustraire aux influences
pernicieuses de la prison. Il est aussi un instrument de lutte contre la récidive, soit pour les
délinquants primaires par la dissuasion : tel est le cas du sursis simple ; soit pour les
délinquants endurcis par la probation : tel est le cas du sursis avec mise à l’épreuve et du sursis

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Cours de Droit pénal général
assorti de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général. Nous n’étayerons que le sursis
simple.
1. Le sursis simple
Est une dispense totale ou partielle d’exécution de la peine, qui se veut dissuasive, dans la
mesure où la condamnation avec sursis apparaît comme une épée de Damoclès sur la tête du
condamné. Voyons-en les conditions puis les effets.
2. Conditions
« En cas de condamnation à l'emprisonnement ou à l'amende, les cours et tribunaux peuvent,
si l'accusé ou le prévenu n'a pas subi antérieurement une condamnation à l’emprisonnement
pour crime ou délit, ordonner en motivant leur décision, qu'il sera sursis à l'exécution de tout
ou partie de la peine. » (Art. 19 du Code pénal Mali).
Par conséquent, le sursis est applicable aux condamnations prononcées pour crime ou délit à
des peines d’emprisonnement ou d’amende. Le sursis simple peut être accordé également au
délinquant en cas de condamnation à l’amende, aux jours-amende ou aux peines privatives
de droits.
3. Effets

Que le sursis soit total ou partiel, la suspension de l’exécution de la peine est immédiate, de
sorte que celui qui était éventuellement en détention provisoire, et qui est condamné à
l’emprisonnement avec sursis sera immédiatement remis en liberté. Néanmoins, il n’est sursis
qu’à l’exécution de la peine : la condamnation subsiste avec toutes ses conséquences. Elle
figure aussi au casier judiciaire.

La suspension est soumise à une condition d’absence de rechute pendant le délai d’épreuve ;
faute de quoi le sursis est révoqué. Autrement dit, le délai d’épreuve est de cinq ans (article
19 alinéa 2 du Code pénal malien). Si durant ce délai, intervient une autre condamnation le
sursis sera révoqué.

SECTION 2. La substitution de la peine


La substitution de peine consiste à prononcer, dans son principe ou ses modalités, une peine
autre que celle qui est encourue. Cette technique d’individualisation vise principalement à
éviter l’emprisonnement, mais elle n’y cantonne pas et emprunte plusieurs voies : une
première voie consiste à remplacer la peine encourue par une peine alternative ou de
substitution, une deuxième voie consiste à prononcer la peine effectivement encourue, mais
à en fractionner les modalités. Enfin, une troisième voie plus récente consiste à aménager la
courte peine d’emprisonnement prononcée, en prononçant un placement en dehors de
l’établissement carcéral.

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Cours de Droit pénal général
1. Le système des jours-amendes

Il trouve son origine en suède. Tous les pays d’Europe l’ont adopté par la suite, c’est le cas,
par exemple, de l’Allemagne en 1975 et de la France qui l’a introduit par la loi du 10 juin 1983
(cf. l’article 131-5 du Code pénal).
Le système des jours-amendes fonctionne de la façon suivante :

• Quand il s’agit d’un délit commis par un délinquant majeur susceptible d’une
peine d’emprisonnement.

• Le juge calcule le montant de l’amende en tenant compte des ressources et des


charges du prévenu.

• Le nombre des jours-amendes est déterminé en tenant compte des


circonstances de l’infraction et ne peut dépasser 360.

• Le juge procède ensuite au recouvrement de l’amende avec possibilité de


fractionnement.

• Si le condamné ne respecte pas cette mesure, après un avertissement, il sera


incarcéré pour la durée correspondant à la moitié du nombre de jours-
amendes impayés.
2. Le travail d’intérêt général

• Le travail d’intérêt général est considéré comme une mesure alternative à


l’emprisonnement.

• Il consiste en l’accomplissement, à la place de l’emprisonnement, d’un


travail non rémunéré au profit soit d’une personne morale de droit public
soit d’une association habilitée.

• Cette mesure existe dans le système pénal malien. De même, on la retrouve


dans tous les droits pénaux occidentaux.
3. La dispense de peine

• Cette mesure n’existe pas dans le droit pénal malien. On la retrouve dans
les pays occidentaux (cf. par exemple l’article 132-59 du Code pénal
français).

• Elle consiste dans la non-prononciation de la peine principale.

• Elle est accordée exclusivement par les tribunaux correctionnels lorsqu’il


apparaît que le reclassement du coupable est acquis, que le dommage
causé est réparé et que le trouble résultant de l’infraction a cessé.

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Cours de Droit pénal général
• Le tribunal qui prononce cette peine peut décider qu’elle ne sera pas
inscrite au casier judiciaire.
4. Le fractionnement de la peine

Cette mesure alternative n’existe pas dans le droit pénal malien.

• Le fractionnement de la peine peut être accordé au délinquant quand il a


un motif grave d’ordre médical, professionnel ou familial ou social.

• La juridiction répressive peut, en matière correctionnelle ou


contraventionnelle décider que l’emprisonnement prononcé pour une
durée d’un an au plus sera, pendant une période n’excédant, pas trois ans,
exécutés par fractions, aucune d’entre elles ne pouvant être inférieure à
deux jours (cf. les articles 132-27 et 132-28 du Code pénal français).

5. Le placement sous surveillance électronique

• C’est une nouvelle mesure alternative à l’emprisonnement qui a fait son


apparition, pour la première fois, aux États-Unis d’Amérique durant les
années 80 avant de s’étendre au reste des pays du monde : le Canada en
1987, la Suède en 1994, l’Angleterre en 1995 et la France en juin 2000.

• La juridiction répressive peut décider de mettre le coupable sous


surveillance électronique dans l’un des trois cas suivants : en cas de
condamnation à une peine privative de liberté pour une durée ne
dépassant pas un an, quand il ne reste, au prisonnier, qu’un an
d’emprisonnement à passer dans un centre pénitentiaire et en cas de mise
à l’épreuve du délinquant qui a bénéficié de la libération conditionnelle.
En outre, la bonne conduite du prisonnier dans le centre pénitentiaire
permet à ce dernier de bénéficier de la libération conditionnelle qui lui
ouvre les portes de la liberté et de la réinsertion sociale. La libération
conditionnelle est aussi un moyen dont dispose l’administration
pénitentiaire pour prendre des mesures en faveur du condamné.
6. Le peines privatives ou restrictives de droits

• Les peines privatives ou restrictives de droits deviennent des mesures


alternatives quand elles peuvent remplacer une peine d’emprisonnement
pour un délit qui a été commis (cf. l’article 131-6 du Code pénal français).

• Le législateur français met à la disposition du juge répressif onze sortes de


peines privatives ou restrictives de droits parmi il peut choisir celles qui
conviennent à la situation du délinquant (cf. l’article 131-6 du Code pénal
français).

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Cours de Droit pénal général
SECTION 3. L’extinction de la peine
En principe, la peine s’éteint par son exécution ou par le décès du condamné (ou sa dissolution
s’il s’agit d’une personne morale), néanmoins, il est des situations indépendantes de
l’exécution, qui procèdent de l’écoulement du temps ou de l’effacement des condamnations
et qui entrainent extinction de la peine avant son exécution. Par ailleurs, il faut noter que la
doctrine fait une distinction nette entre l’extinction de la peine avec effacement de la
condamnation, l’extinction de la peine sans effacement de la condamnation et l’effacement
de la condamnation après extinction de la peine.
1. Extinction de la peine avec effacement de la condamnation
a. L’amnistie
Est une mesure qui permet de neutraliser les incriminations et de faire obstacle à l’action
publique, mais elle doit encore être évoquée, car elle permet aussi d’effacer les
condamnations. Ses effets sont donc radicaux au plan pénal. En revanche, on rappellera que
la matérialité des faits subsiste donc que les réparations restent dues à la victime.

2. Extinction de la peine sans effacement de la condamnation

a. Le relèvement est la décision par laquelle la juridiction peut effacer des mesures
d’interdiction, de déchéance, d’incapacité voire de publication résultant d’une
condamnation pénale. Plus exactement, il s’agit d’une exemption judiciaire qui
concerne soit les peines accessoires, soit les peines complémentaires. Ce relèvement
est en revanche sans influence sur la peine principale ; il ne s’applique pas aux peines
de substitution et laisse intacte la condamnation.
b. La prescription
On justifie généralement, la prescription par la nécessité d’oublier le préjudice causé par le
délinquant à la société après l’écoulement d’un certain délai et par le fait que la sanction doit
être rapide pour être efficace. De plus, la prescription équivaut à l’exécution de la peine à
cause du remords qui poursuit le condamné. Donc, c’est une sorte d’expiation.
Cependant, la prescription n’échappe pas à la critique ; ainsi, certains pensent que c’est un
moyen d’encouragement pour les délinquants les plus malins et les plus dangereux (cf.
Beccaria et l’école positiviste) qui ne sont guère rangés par les remords ; d’autre part, on
reproche à la prescription de rabaisser l’autorité qui a été bafouée. Enfin, certains pénalistes
proposent de la réserver aux délinquants d’occasion parce que le fait de l’accorder à tous les
délinquants revient à récompenser les plus dangereux.

Les conditions de la prescription


Les peines se prescrivent à compter de la date de la condamnation définitive. Les délais de
prescription sont de vingt ans pour les crimes (C. pén. malien art. 13), cinq ans pour les délits
(C. pén. malien art. 14), et deux ans pour les contraventions (C. pén. malien art. 15)

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Cours de Droit pénal général
Mais ces délais peuvent en réalité être plus longs lorsqu’ils sont interrompus ou suspendus.
L’interruption résulte de tout acte d’exécution prévu par loi, telle qu’une saisie pour l’amende
ou une arrestation pour emprisonnement. Et a pour effet de faire courir à nouveau l’entier
délai. La suspension quant à elle ne fait qu’arrêter l’écoulement du délai, qui recommence à
courir après l’évènement suspensif. Cet événement suspensif est généralement dû à un
obstacle de droit (tel que la détention à l’étranger) ou à un obstacle de fait (tel que l’invasion
du pays par des forces étrangères, un cataclysme naturel, une guerre civile).
Les effets de la prescription
Lorsque la peine est prescrite, elle est réputée exécutée, mais la condamnation demeure avec
toutes ses conséquences en ce qui concerne la récidive, le casier judiciaire ou le sursis.

Enfin, une particularité est à signaler pour le condamné qui a prescrit une peine criminelle : il
est soumis de plein et à titre définitif à une interdiction de séjour dans le département où
réside sa victime ou ses héritiers directs.
c. La grâce
Le droit de grâce est prévu par l’article 45 de la constitution malienne. Il s’agit d’une
prérogative présidentielle qui permet au chef de l’État de corriger certaines rigidités du
système pénal, en tenant compte de considérations politiques ou humanitaires en faveur des
condamnés. Ce droit de grâce s’exerce par décret, dont la destination est soit individuelle, soit
collective.
La grâce est réglementée par la loi n° 88-117/AN-RM du 23 décembre 1982 déterminant les
conditions d’exercices du droit de grâce. La dispense d’exécution de la peine peut être totale
ou partielle et emporter dans ce dernier cas, commutation de peine (par exemple, de la peine
de mort aux travaux forcés à perpétuité). Pour le reste, la grâce ne produit aucun effet de la
condamnation. Telle est la différence entre la grâce et l’amnistie.
On notera aussi que l’institution de la grâce suscite certaines critiques dans la doctrine :

• On pense qu’elle porte atteinte au principe de la séparation des pouvoirs du


moment que le chef de l’État anéantit, par une simple décision, la sentence
judiciaire.

• On avance que la grâce favorise la criminalité en supprimant le caractère


inéluctable de la peine.

• D’après les détracteurs, la grâce ne respecte ni le principe de la légalité des


délits et des peines ni celui de la fixité de la sanction.

• La Grâce peut devenir superflue du moment que les techniques


d’individualisation, mises à la disposition du juge répressif, ne cessent de se
développer.

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3. Effacement de la condamnation après extinction de la peine

• La réhabilitation
Est une mesure d’effacement de la condamnation pour bonne conduite. Elle vise aussi la
resocialisation complète de l’ex-condamné. Il existe deux formes de réhabilitation, l’une
judiciaire, l’autre légale.
a. Réhabilitation judiciaire : elle est possible après l’écoulement d’un délai d’épreuve à
compter de l’exécution de la peine, qui est de cinq ans pour les crimes, trois ans pour
les délits et un an pour les contraventions (CPP, art.786). Quant à la procédure, la
réhabilitation suppose une demande adressée au procureur de la République par
l’intéressé ou son représentant légal, ou après sa mort, pendant un an, par son conjoint
ou ses héritiers. Le procureur de la République fera alors procéder à une enquête pour
vérifier la bonne conduite de l’intéressé, il recueillera l’avis du juge de l’application des
peines puis transmettra au procureur général qui saisira la chambre de l’instruction,
laquelle reste libre d’accorder ou de refuser la réhabilitation (une nouvelle demande
pourra être introduite dans les deux ans).
b. Réhabilitation légale : elle intervient automatiquement par l’effet de l’écoulement du
temps. Il suffit que la personne en cause n’ait pas subi de nouvelle condamnation à
une peine criminelle ou correctionnelle, pendant un délai d’épreuve qui court à
compter de l’exécution de la peine ou du moment où elle est réputée subie.

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Bibliographie

• Traités
Desportes F., Le Gunehec F., Droit pénal général, 11e éd., Economica, « Corpus Droit privé »,
2004.
Pradel J., Traité de droit pénal, t. 1 : Introduction, droit pénal général, 15e éd., Cujas, 2004.

• Manuels
Bernardini J., Droit pénal général, Gualino, 2003
Bouloc B., Droit pénal général, 19e éd., Dalloz, « Précis », 2005. Leroy J., Droit pénal général,
LDDJ, « Manuel », 2003

Mayaud Y., Droit pénal général, PUF, « Droit fondamental »,2004.

• Mémentos

Larguier J., Droit pénal général, 19éd. Dalloz, « Mémento »,2003.

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