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LA CRIMINALISTIQUE
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« QUE SAIS-JE ? »
LE POINT DES CONNAISSANCES ACTUELLES
N° 370

LA

CRIMINALISTIQUE
par

Pierre-Fernand CECCALDI
Agrégé des Facultés
Directeur du Laboratoire de l'Identité Judiciaire (Paris)

D E U X I È M E ÉDITION MISE A JOUR

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

1969
DIX-HUITIÈME MILLE
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Dépôt légal. — 1 édition : 2e trimestre 1962


2 e édition : 2 e trimestre 1969
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays
© 1962, Presses Universitaires de France
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AVANT-PROPOS

L'apparente diversité (pour ne pas dire dispa-


rité) des problèmes traités au Laboratoire de Cri-
minalistique recouvre, en fait, une unité profonde :
qu'il s'agisse de taches, de traces, de tirs, de feux,
de faux, c'est toujours à un fonds commun de
méthodes (optiques, chimiques, électriques, biolo-
giques) que l'on recourt, dominées surtout par une
Méthode que consacre une finalité singulière : la
matérialisation d'une preuve.
L'universalité de connaissances que supposerait
un tel champ d'investigation se réduit ainsi à la
maîtrise de quelques techniques de travail et de
pensée, d'une généralité d'application telle qu'il
n'est finalement aucun problème qu'elles ne puis-
sent ensemble aborder, ne serait-ce que par le moyen
de la comparaison...
Sans vouloir atteindre au détail de ces techniques,
c'est à l'exposé de tels problèmes que vise le présent
ouvrage de la collection « Que sais-je ? » : puisse
la généralité de la Criminalistique se dégager de ses
particularités, ici offertes en raccourci.

Pour des raisons de clarté d'exposition à un Public qui


n'est pas forcément instruit des choses scientifiques, on a
dû parfois simplifier à l'excès des démonstrations ou expli-
cations — nos Collègues des sciences physiques ou des sciences
naturelles voudront bien nous en absoudre : il ne s'agit pas
de faire ici œuvre d'érudition, mais de présentation de prin-
cipes ou d'appareils dont la compréhension est indispensable
à l'appréciation du secours qu'on en peut attendre.
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INTRODUCTION

La Criminalistique peut être entendue de deux


sens.

Au sens large, c'est l'ensemble des procédés


applicables à la recherche et à l'étude matérielles
du crime pour aboutir à sa preuve.
Dans ce cas, il convient de distinguer :
des procédés policiers (1), mis en œuvre pour la
conduite d'une enquête, y compris le recueil des
preuves de crime ;
des procédés scientifiques (2), employés à la démons-
tration de ces preuves de crime ;
des procédés juridiques, encadrant et codifiant l'ad-
ministration, dans les formes de droit, de ces
preuves de crime, qu'on les recueille ou qu'on
les démontre.
La Science, là, se situe à mi-chemin de la Police
et de la Justice.

Au sens strict, la Criminalistique sera cette science


seule, séparée même de la médecine, de la toxico-
logie et de la psychiatrie légales, dont le sujet est
tout autre et l'objet de longtemps consacré : il est,
en effet, un domaine qui ne peut revenir ni au
médecin, ni au chimiste, ni au psychiatre, car d'une
technicité absolument différente et particulière,
(1) Souvent regroupés sous l'expression de «Police Technique ».
(2) Encore regroupés sous l'expression de «Police Scientifique ».
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celle justement de la Criminalistique telle qu'on


va essayer maintenant de la circonscrire en première
approximation, car les limites en sont indécises,
avoisinant celles que les autres ne peuvent ou ne
veulent atteindre.
Au sens large comme au sens strict, la Criminalis-
tique s'intègre à la Criminologie, étude doctrinale
et appliquée du phénomène appelé « Crime », le
Crime y étant pris dans le sens de « toute agression
dirigée contre des valeurs morales ou sociales léga-
lement définies et pénalement protégées, comme
les personnes, les mœurs, les biens... ».
Ainsi donc, il ne sera question ici que de Crimina-
listique prise au sens strict, et appliquée à des
crimes pris au sens large...
Cette Criminalistique est fondée sur le fait qu'un
criminel (et le plus souvent à son insu) laisse tou-
jours, sur les lieux de son crime, des traces ; que
réciproquement, il y recueille sur sa personne, sur
ses vêtements, sur son matériel d'autres traces
— tous indices ordinairement imperceptibles mais
caractéristiques de sa présence ou de son action.
C'est à ce point que, à l'extrême, l'on pourrait
soutenir que si l'on possédait l'ensemble des traces
d'un crime, il serait possible d'en reconstituer toutes
les phases et de remonter à son auteur : il ne s'agit,
en fait, que de rechercher la preuve d'une culpabi-
lité à partir d'indices, y appliquant toutes méthodes
d'investigation scientifique nécessaires !
La Preuve
Cette preuve, pour un esprit moderne, se situe
aux confins du scientifique et du juridique, mais
c'est là l'aboutissement d'une longue évolution du
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système probatoire, car le problème de l'adminis-


tration de la preuve a dominé les législations de
tous les temps et de tous les lieux.
A la base, se situe la preuve des sociétés primitives,
preuve plus ou moins magique où, à défaut de
flagrant délit, les impressions personnelles, voire
l'interprétation de signes, sont les seuls éléments
de jugement. A peine au-dessus, se trouve la
preuve mystique, où interviennent les Epreuves, les
Ordalies, les Duels judiciaires, les Jugements de
Dieu. Un degré de plus, c'est la preuve légale, où
la loi fixe non seulement les moyens de preuve
mais le degré de chacun, l'aveu y étant tenu pour
la « reine des preuves ». Ensuite viennent, presque
coup sur coup, la période sentimentale dans laquelle,
au contraire, le Juge apprécie librement la preuve
d'après son intime conviction, puis la période scien-
tifique actuelle, celle sans nul doute de l'avenir,
où la preuve est fournie par l'expertise qui cherche
à démontrer au moyen de données d'expérience
ou d'observation, rationnelles ou rationalisées.
Sans doute la Science pénètre-t-elle de plus en
plus le Droit, non qu'elle tende, bien sûr, à y rem-
placer les jugements par des expertises, mais à
éclairer les Juges par les Experts, en réduisant
au minimum la part d'impression, d'incertitude,
de subjectivité, de sentimentalité ; mais quelle
que soit la procédure, inquisitoire ou accusatoire,
cette preuve n'est pas seulement une étude de
laboratoire...
Si l'intime conviction doit encore et toujours
servir de critère final dans la libre appréciation des
preuves, elle ne peut plus se dispenser d 'une mé-
thode de recherche ou de contrôle de la Vérité, non
plus que le critère de l'évidence ne peut dispenser
le savant de sa rigueur technique : il ne s'agit
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pas seulement de trouver, il faut aussi prouver !


La conviction qui emporte la décision doit donc
être la démarche logique d'un examen rationnel des
faits et d'une appréciation critique des éléments de
preuve : elle passe ainsi de la croyance subjective à
la connaissance véritable, objective, impartiale,
contrôlable et communicable — d'empirique, elle
devient rationnelle mais, à la différence de la vérité
scientifique qui, en soi, exige la certitude, la vérité
juridique ne prétend qu'à la vraisemblance.
La preuve juridique et la preuve scientifique ne se
confondent pas en effet — elles se superposent seule-
ment, et dans un certain domaine : c'est sous ces
angles limites que l'on envisagera d'abord la nature
et la valeur des preuves...

Du point de vue légal, il est une réglementation


des preuves : elle est arbitraire et il ne peut en être
autrement.
Ainsi, la force de preuve légale absolue est atta-
chée aux déclarations des agents de la force pu-
blique : elles font foi jusqu'à preuve contraire ou
inscription en faux.
La Loi, en matière civile, a établi un certain
nombre de présomptions dites légales qui dispensent
de preuve, et en matière pénale des présomptions
dites naturelles, présomptions d'innocence, pré-
somption d'intention, etc., sauf preuve contraire.

En fait, il faut distinguer deux aspects dans les


principes de la preuve en Justice :
celui de forme, auquel on les réduit trop souvent
— il n'est que de rappeler les termes du Vocabu-
laire Juridique qui définit la preuve : « démonstra-
tion de l'existence d'un fait matériel ou d'un acte
juridique, dans les formes admises par la loi » ;
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celui de fond, qui tend de plus en plus à se déga-


ger du formalisme, indépendant des règles artifi-
cielles qu'il est néanmoins utile de respecter jus-
qu'à plus ample informé.
C'est d'après ces deux principes que doivent être
comprises les règles légales subsistantes.

Du point de vue logique, on peut se faire une


conviction de trois manières différentes :
en constatant par soi-même un fait matériel ;
en raisonnant à partir de faits connus pour conclure
à des faits inconnus ;
en recevant témoignage d'autrui : victime, accusé,
expert.
La première est une connaissance directe, immé-
diate, par perception ou intuition, basée sur l'évi-
dence, sans recours à aucun procédé discursif.
La seconde est une connaissance médiate, indi-
recte, par un procédé discursif allant des prémisses à
une conclusion.
La troisième est, à un degré de plus encore,
indirecte mais elle est immédiate en ce que le raison-
nement y est souvent inexistant (ou inaperçu), car
elle peut se réduire à une confiance spontanée
— c'est secondairement (et si vient la critique)
qu'intervient le raisonnement.
On peut donc délimiter déjà plusieurs catégories
où l'on retrouve :
dans la première, la preuve matérielle, par consta-
tation pure et simple (à peine preuve, donc) et
la preuve expérimentale, par reconstitution à
partir des éléments connus ;
dans la seconde, la preuve circonstancielle, par
démonstration le plus souvent complexe où inter-
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viennent des procédés discursifs (par déduction-


induction) ou des procédés intuitifs, à partir de
circonstances ;
dans la troisième, la preuve testimoniale, par rela-
tion d'un tiers, celui-ci pouvant être l'accusé lui-
même (dans l'aveu par exemple).
La preuve indiciale se rattache à ces deux der-
nières car, en somme, l'Expert n'est pour le Juge
qu'un témoin (bien que sélectionné), mis à même
d'observer avec l'aide de ses moyens de laboratoire
et ayant à apporter, de plus, un avis motivé.
En fait, toutes ces preuves s'interpénètrent plus
ou moins, et finalement combinent et la déduction
pour tirer les conséquences d'une proposition
connue, et l'induction pour généraliser les résultats
obtenus de certaines données établies — cela, bien
que la conclusion ne soit pas une pure application de
la Logique. Trop de facteurs, en effet, interviennent
qui en restreignent la validité : à la base, le risque
d'omission d'une des causes ou d'une de ses suites ;
à la fin, la possibilité d'autres explications du fait
qui sert de base.
En somme, la preuve ne peut se réduire à un
simple processus de Logique, la Logique est ici plus
un moyen de contrôle que de recherche, laquelle est
surtout intuitive et imaginative, fondée en grande
partie sur des analogies — plus méthode d'estima-
tion que d'information, l'analyse des éléments de
preuve appelant une synthèse finale propre à déter-
miner la conviction.
On voit d'emblée la différence de mécanisme qui
préside à l'établissement de la preuve telle qu'il
revient au Juge d'Instruction, et à l' appréciation
de la preuve telle qu'elle revient au Juge de Juge-
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ment : le premier commence par le bas, le second par


le haut, l'examen des preuves se faisant dans les
deux cas suivant plusieurs opérations :
en établissant ce qui est donné en preuve, le met-
tant en regard de ce qui est à prouver ;
en envisageant les autres possibilités logiques à
décharge, pour en expliquer l'inférence à chacune
des étapes de la preuve et évaluer si l'une d'elles
apparaît plus ou moins correcte que celles à
charge ;
en examinant les effets de l'ensemble des faits
provisoirement considérés comme probants.
La preuve finale résulte de la valeur des preuves
élémentaires qui entrent comme composantes du
raisonnement, et chacun de ces modes de preuve
(circonstanciel, testimonial et indicial en parti-
culier) joue ainsi son rôle en Criminalistique.
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TABLE DES MATIÈRES

PAGES

AVANT-PROPOS 5

INTRODUCTION 6

CHAPITRE PREMIER. — M é t h o d e e t m é t h o d e s 13
I. La Méthode, 13. — II. Les méthodes, 15.

CHAPITRE I I . — S i g n a l e m e n t et I d e n t i f i c a t i o n . . . . . . . 32
I. Anthropométrie, 32. — II. Dactyloscopie, 37.
CHAPITRE I I I . — T a c h e s e t T r a c e s 46
I. Taches et Débris biologiques, 47. — II. Taches et Débris
n o n biologiques, 56. — I I I . Traces ou Empreintes, 62.
CHAPITRE I V . — T i r s 68
I. Armes, 68. — II. Munitions, 70. — III. Identifica-
tion, 74. — IV. Trajectoires, 83.
CHAPITRE V . — F e u x 86
I. Explosions, 87. — II. Incendies, 91. — III. Vestiges, 95.
CHAPITRE V I . — F a u x 98
I. F a u x documentaires, 99. — II. F a u x fiduciaires, 112.
— III. F a u x artistiques, 115.
CONCLUSION 121

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 127

1969. — Imprimerie des Presses Universitaires de France. — Vendôme (France)


ÉDIT. N° 30 569 IMPRIMÉ EN FRANCE IMP. N° 21 314
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