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www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5277-0
Une autre raison au fait que je sois devenue une scientifique, et qu’il
m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre, est que je pense en termes
visuels. J’organise le monde par le biais d’images, et mon cerveau traduit
toujours les mots en une série d’images. Le mot « chien » fait défiler dans
ma tête les images de tous les chiens que j’ai rencontrés. En grandissant, je
me suis mise à visualiser le fonctionnement des choses de façon très
détaillée et en trois dimensions, comme si je regardais un film. Pour donner
une idée de la précision de ces visions, j’en suis même venue à pouvoir
tester de l’équipement mentalement. Il est généralement considéré comme
normal d’associer capacités visuelles et verbales pour exprimer des pensées
et des idées. Mais, selon mon expérience personnelle, il n’existe rien de tel
que la normalité.
Lorsque mon autisme a été diagnostiqué (dans mon enfance, dans les
années 1950), la plupart des gens connaissaient mal cette maladie et ses
conséquences sur ceux qui en sont atteints. On dit aujourd’hui que
quelqu’un souffre de « troubles du spectre de l’autisme », ce qui peut
recouvrir des cas de figure très différents. Certains autistes parlent
normalement tandis que d’autres n’y parviennent jamais. J’ai parlé
tardivement, je détestais que les gens me prennent dans leurs bras et je me
perdais souvent dans mon monde à moi. J’avais tellement de mal à tenir en
place que ma mère me répétait : « Va courir dehors pour brûler tout ce trop-
plein d’énergie ! » Je supportais mal les bruits soudains et les vêtements qui
grattent, et je m’agitais dès que le moindre élément venait perturber mon
monde. Certains autistes se balancent d’avant en arrière en permanence, ou
ne peuvent s’empêcher de tourner sur eux-mêmes et ont beaucoup de mal à
se concentrer sur quelque chose. Beaucoup se sentent mal à l’aise lors les
rapports humains et sont incapables de croiser le regard de quelqu’un, mais
réussissent dans les professions technologiques, le design industriel, les
carrières artistiques ou les métiers qui exigent une grande attention aux
détails. Certains développent des compétences à un niveau très élevé,
souvent dans les domaines des mathématiques, de l’art, de l’informatique
ou de la musique. Plusieurs scientifiques ou inventeurs de renom souffraient
très probablement d’un trouble du spectre autistique.
L’autisme n’est pas un trouble « à taille unique ». Plus nous en
découvrirons sur son « spectre » (c’est-à-dire l’éventail des capacités et des
déficiences qu’une personne autiste peut présenter), mieux nous
comprendrons les différences de conditionnement de l’esprit et l’importance
des différentes formes de pensée – en particulier en ce qui concerne la
créativité, l’innovation et l’inventivité. J’aime bien nous voir, moi et les
autres personnes différentes, comme un enrichissement du spectre de la
pensée humaine. Si nos cerveaux fonctionnent différemment, cela ne fait
que repousser les limites des contributions que nous pouvons apporter.
Les autres se moquaient beaucoup de moi à l’école parce que mes
aptitudes sociales laissaient à désirer. Je savais que je n’étais pas intégrée,
mais j’ignorais pourquoi. On m’avait surnommée « le magnétophone »
parce que je répétais les choses en boucle sur un ton monocorde. Je
m’intéressais avant tout aux projets scientifiques et à la fabrication de
brides fantaisie pour les chevaux. Aujourd’hui encore, les enfants ont
tendance à se moquer des différences des autres, et on me traiterait sans
doute de geek ou d’intello. Il est vrai qu’on trouve un certain nombre de
geeks et d’intellos parmi les prix Nobel et à la tête des entreprises de la
Silicon Valley.
Les parents et les enseignants s’inquiètent de voir des enfants dessiner
toute la journée ou se passionner exclusivement pour les insectes. Ils
attendent qu’ils s’intéressent à tout de manière équilibrée. Or, pour peu
qu’on les encourage, certains de ces enfants au centre d’intérêt unique se
montrent, en grandissant, capables de créations et de réalisations
incroyables. C’est ce qui m’est arrivé. Mon amour pour les chevaux et le
bétail à l’adolescence constitue clairement le socle de ma carrière en
sciences animales. Et si je suis devenue inventrice, c’est pour une raison
simple : j’ai toujours adoré fabriquer des objets et travailler avec mes
mains. Si un projet n’avançait pas, je passais des heures à travailler dessus,
jusqu’à ce qu’il fonctionne.
Quand j’étais jeune, ma mère me laissait utiliser ce qui traînait chez
nous pour faire mes expériences, depuis ses vieux vêtements jusqu’aux
bouts de carton glissés dans les chemises de mon père lorsqu’elles
revenaient de la blanchisserie. Ce carton était un trésor ! Il me permettait de
créer des milliers de choses : des cubes qui devenaient des forteresses, des
dioramas, des maquettes, des pantins articulés.
J’adore démonter et remonter les objets, ou me servir de leurs
composants pour en créer d’autres. Vous trouverez beaucoup de ces
réalisations dans ce livre, mais je vous encourage aussi à inventer les vôtres.
N’oubliez pas que les instructions fournies ne sont que des indications. Mes
étudiants viennent parfois me voir, désemparés, parce qu’ils ont suivi des
instructions à la lettre et que cela n’a pas abouti au résultat escompté. Je
leur fais toujours la même réponse : il faut expérimenter en faisant des
expériences !
Si je devais résumer ce livre en quelques mots, ce serait : « Créez des
choses ! »
Vos parents vous ont sûrement répété mille fois d’arrêter de jouer aux
jeux vidéo, de lâcher votre iPad ou votre smartphone. Ils vous disent sans
doute que vous vous détruisez des neurones, que vous feriez mieux de vous
faire des amis, de réviser ou d’apprendre à jouer du violon. Ils n’ont pas
tout à fait tort. Ce que je vous propose, c’est de poser votre portable pour
pouvoir un jour inventer un meilleur portable ou un meilleur jeu vidéo, une
voiture plus sûre, une machine qui sauvera des vies. Quelles que soient les
réalisations que la technologie peut accomplir, pour créer, il faut démonter
les objets et les reconstituer de ses propres mains. La mathématicienne
Grace Murray Hopper, conceptrice du COBOL, le premier langage de
programmation non numérique (que la plupart des êtres humains peuvent
comprendre) a démonté toutes les pendules et tous les réveils de chez elle
(au nombre de sept !) lorsqu’elle était petite. Démonter et remonter des
objets est souvent un signe que l’enfant atterrira plus tard dans un
laboratoire scientifique, du moins s’il est encouragé et non puni pour avoir
démoli toutes les horloges familiales.
Grace Murray Hopper devant un ordinateur.
Source : Smithsonian Institute via Wikimedia Commons.
Objets en papier
Enfant, j’adorais observer les superbes motifs dessinés par les flocons
de neige sur la voiture de mon père, juste avant qu’ils fondent et
disparaissent. J’ai réalisé mes premiers flocons en papier à l’école primaire
pour décorer les fenêtres de notre salle de classe à Noël. Flocon après
flocon, je m’émerveillais toujours d’ouvrir doucement le papier et de
découvrir le motif en miroir formé par la découpe. Une paire de ciseaux et
du papier, il n’en fallait pas plus pour les fabriquer.
Le mot « papier » vient de « papyrus », matière utilisée dans l’Égypte
antique. Les feuilles de papyrus étaient constituées de tiges et de fibres de la
plante du papyrus, mises à tremper dans l’eau, puis séchées et agrégées.
Cette méthode de base est restée identique pendant des siècles. On peut
toujours fabriquer du papyrus à la manière des Égyptiens, si l’on n’a rien
contre sa texture rugueuse.
LE PAPIER FAIT MAISON
4. À ce stade, vous pouvez ajouter des fleurs ou des herbes séchées pour décorer le
papier.
5. Étalez le torchon bien à plat sur une table.
6. Plongez l’une des grilles antiprojection dans la pâte à papier, en veillant à le recouvrir
entièrement. Retirez-le en le tenant bien à l’horizontale, sans le pencher et posez-le sur
le torchon. Placez l’autre grille antiprojection sur la première.
7. À l’aide de l’éponge, retirez le plus d’eau possible de deuxième grille. Plus vous en
enlèverez, plus le temps de séchage du papier sera écourté.
8. Soulevez délicatement la grille supérieure et laissez sécher celle du bas pendant environ
6 heures. Une fois le papier totalement sec, détachez-le de la grille. Normalement, votre
papier devrait être prêt à être utilisé ! S’il forme une masse gluante, recommencez
l’expérience avec d’autres types de papier.
Au commencement
e
La création du papier et de l’impression modernes remonte au début du XV siècle, avec
l’invention des caractères mobiles par l’Allemand Johannes Gutenberg. Certains historiens
pensent que son père était orfèvre, ce qui aurait permis à l’inventeur d’observer le travail
du métal dès son enfance. Nous verrons au fil de ce livre que la majorité des inventeurs ont
développé leurs compétences dès leur plus jeune âge en apprenant un métier ou en aidant
leurs proches dans leur activité. Plus tard, lors de son apprentissage d’orfèvre, Gutenberg
se forma notamment à la fabrication de pièces de monnaie. Ces compétences lui permirent
ensuite d’inventer des caractères en métal. Il créa également une encre à base d’huile
adaptée au processus de l’impression. Jusque-là, les livres étaient copiés à la main ou
imprimés à l’aide de blocs de bois, deux méthodes aussi longues que laborieuses.
Johannes Gutenberg.
Source : www.zeno.org.
D’après une étude sur l’impact de la création par Gutenberg des caractères mobiles qui a
été publiée par l’Université du Texas à Austin, il existait alors dans toute l’Europe trente
mille livres (copiés à la main ou imprimés au bloc de bois). Cinquante ans plus tard, grâce
à l’expansion rapide de l’invention de Gutenberg, dix à douze millions de livres étaient en
circulation. Certaines estimations vont jusqu’à vingt millions !
Je me demande si Gutenberg a pu imaginer que l’invention de sa presse révolutionnerait
l’histoire du livre, et qu’elle contribuerait largement au développement du mouvement des
Lumières et à la révolution scientifique. En son temps, l’apparition des caractères mobiles
fut un peu l’équivalent de celle d’Internet de nos jours.
Presse typographique.
Source : Wikimedia Commons.
Linotype.
Source : Wikimedia Commons.
Je ne suis pas un stéréotype !
Ottmar Mergenthaler.
Source : Wikimedia Commons.
Né en Allemagne en 1854, Ottmar Mergenthaler fut apprenti horloger tout en suivant des
cours du soir. À dix-huit ans, il émigra en Amérique et travailla dans l’atelier d’usinage
d’un cousin, où il eut l’idée de construire une machine capable de créer mécaniquement
des lignes de texte. Après beaucoup de tâtonnements, Mergenthaler trouva le moyen
d’associer deux opérations : la composition et l’impression. Le 10 février 1885, il obtint un
brevet pour « une machine à produire une matrice à stéréotypes ». Le stéréotype est le nom
qui fut donné à la plaque métallique utilisée pour imprimer un texte à des multiples
exemplaires. Ce mot, couramment employé aujourd’hui comme synonyme de cliché,
d’idée toute faite (la majorette enthousiaste, le chercheur intello…), vient du procédé de
reproduction de la Linotype.
o
Brevet n US543497A pour une machine Linotype déposé par Ottmar
Mergenthaler.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Christopher Sholes.
Source : Wikimedia Commons.
Il semble que les femmes détiennent au moins treize des brevets d’améliorations portant
sur la machine à écrire, dont une machine à écrire pour aveugles, une touche de
verrouillage pour les majuscules et une touche de retour en arrière. En 1936, Beulah
Louise Henry obtint un brevet pour une machine dénommée « protographe », un
accessoire permettant de produire un texte en quatre exemplaires sans avoir à utiliser de
papier carbone. Elle apporta également des améliorations à la machine à écrire en matière
de confort frappe et d’alignement des feuilles.
o
Brevet n US2062455A pour une machine à écrire déposé par Beulah Louise
Henry.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Le « liquide correcteur » ne fut inventé qu’en 1956, lorsqu’une secrétaire, Bette Nesmith
Graham, fit des expérimentations à base de peintures et autres substances trouvées dans sa
cuisine pour produire un liquide qui puisse masquer les erreurs de frappe sur une page
dactylographiée. On raconte que l’inspiration lui vint en regardant un peintre recouvrir ses
erreurs avec une peinture de la même teinte que le fond. Les secrétaires eurent vite fait de
comprendre les avantages d’un tel produit, qu’elles surnommèrent la « peinture effaceuse
». Plus tard, Bette Graham perfectionna son mélange pour corriger les erreurs et le
commercialisa sous le nom de Mistake Out. Enfin vint Liquid Paper, la marque de
correcteur liquide, qu’elle céda à Gillette pour 40 millions de dollars.
En 1799, l’ingénieur français Louis Nicolas Robert se vit accorder un brevet pour
l’invention d’une machine qui produisait en rouleau de larges bandes de papier de douze à
quinze mètres de long. Elles étaient ensuite découpées en feuilles. Quand j’étais petite,
j’adorais dérouler le papier toilette et lancer les feuilles en l’air. Ma mère se mettait très en
colère, mais c’est la meilleure image qui me vient à l’esprit pour décrire les feuilles
produites « à la chaîne » par la machine de Louis Nicolas Robert. Il avait conçu un tapis
roulant pour amener la pâte à papier entre deux rouleaux et produire des bandes de papier
en continu. Jusque-là, le papier était fabriqué à la main, feuille à feuille, et mis à sécher sur
une corde, comme du linge.
Henry Fourdrinier.
Source : Wikimedia Commons.
Il vous faut :
• une paire de ciseaux
• une feuille de papier
Instructions :
1. Découpez un rond dans la feuille.
2. Pliez-le trois fois en deux, pour former une demi-lune, puis un quart, puis un huitième de
lune.
3. Sur toutes les bordures de votre triangle, découpez des formes géométriques : des
ronds, des carrés, des triangles. Faites appel à votre imagination pour inventer des
formes originales.
4. Dépliez délicatement le papier et vous verrez apparaître votre flocon comme par magie.
Répétez l’expérience avec différents types de papier, comme du vélin, du papier à motifs
ou du papier journal. On peut créer des flocons très colorés et originaux avec des pages
de bandes dessinées.
On dit souvent qu’il n’existe pas deux flocons identiques. Comme il est
impossible de comparer tous les flocons du monde, personne ne peut
prouver cette affirmation. Vérifier une théorie scientifique nécessite de
fournir une preuve empirique, c’est-à-dire que cette théorie doit être
confirmée par l’observation et par l’expérimentation. Et cette preuve doit
être apportée à de nombreuses reprises pour s’assurer que le résultat est
toujours le même. En droit, on appelle cela la « charge de la preuve ». Les
scientifiques, eux, se servent d’une méthode mathématique, les statistiques,
pour confirmer l’exactitude des résultats et exclure le hasard.
D’après Kenneth G. Libbrecht, professeur de physique au California
Institute of Technology et grand expert en flocons, chaque cristal de neige
suit son propre trajet pour tomber des nuages sur la terre. Il explique aussi
sur son site, SnowCrystals.com, que les cristaux de neige résultent de la
transformation de la vapeur d’eau en glace et non en liquide (pluie). Toutes
sortes de changements de température et d’humidité affectent la façon dont
les molécules d’eau se forment pour constituer les branches d’un cristal de
neige. De sorte que, même s’ils paraissent identiques lorsqu’ils tombent sur
la voiture familiale, ils se distinguent tous par des différences
microscopiques. Chaque cristal est composé de six branches, même si
certaines peuvent être plus longues ou plus « poilues » que les autres. En
réalité, le professeur Libbrecht, qui a été consultant pour le film La Reine
des neiges, est parvenu à développer des cristaux « jumeaux » en
laboratoire. Mais il précise que, comme pour les jumeaux humains, ils ne
sont jamais cent pour cent identiques.
LE FLOCON DE NEIGE
CRISTALLISÉ
Il vous faut :
• une paire de ciseaux
• 1 cure-pipe
• 480 ml d’eau bouillante
• un bocal à ouverture large
• 220 ml de borax (attention pas de contact avec la peau)
• de la ficelle ou du fil dentaire (30 cm par flocon)
• un crayon
• une feuille d’essuie-tout
Instructions :
1. À l’aide des ciseaux, découpez le cure-pipe en trois parties égales et nouez-les
ensemble au milieu en formant une étoile à six branches.
2. Versez l’eau bouillante dans le bocal, ajoutez le borax, en évitant tout contact avec la
peau, et mélangez doucement pour le dissoudre.
3. Fixez une extrémité de la ficelle ou du fil dentaire à l’étoile et l’autre au centre.
4. En vous servant du crayon comme d’une canne à pêche, plongez l’étoile dans le bocal
en l’immergeant totalement, mais sans qu’elle touche le fond. Posez le crayon à
l’horizontale sur l’ouverture du bocal.
5. Laissez l’étoile tremper dans le bocal toute la nuit. Le lendemain matin, vous aurez
obtenu un magnifique flocon de neige ! Retirez-le doucement du bocal et posez-le sur la
feuille d’essuie-tout pour le faire sécher.
Il vous faut :
• une boîte de Pringles vide avec son couvercle (ou équivalent, mais il faut que ce soit un
cylindre en carton un peu long, avec un fond et qui se ferme)
• une aiguille à coudre
• du papier adhésif ou du papier cadeau
• un cutter
• une règle
• un miroir en acrylique de 7,5 x 11,6 cm
• du ruban adhésif de masquage
• de l’acétate (par exemple, une barquette de légumes en plastique transparent)
• du carton rigide
• des perles, des sequins ou des petites pierres fantaisie
Instructions :
1. Percez un trou dans le fond de la boîte de Pringles avec l’aiguille à coudre.
4. Glissez le prisme délicatement dans le tube. Il doit arriver à un peu plus d’un centimètre
du bord.
5. Pour fabriquer la lentille, utilisez la base du tube pour tracer sur l’acétate un cercle au
format du tube. Découpez-le et disposez-le au-dessus du prisme.
6. Découpez une bandelette de carton de 3 mm de large, assez longue pour être enroulée
en un cercle, de la même circonférence que l’intérieur du cylindre en carton. Maintenez
le cercle fermé avec du ruban de masquage et glissez-le dans le tube. Il maintiendra
l’acétate en place.
7. Emplissez le haut du tube avec les perles, les sequins ou les petites pierres. Ne
remplissez pas tout l’espace disponible. Il faut garder assez de place pour qu’ils puissent
bougent et que la lumière puisse entrer.
9. Regardez dans le petit trou en dirigeant le kaléidoscope vers une source de lumière.
Faites-le tourner lentement et admirez les merveilles qui s’aiment sous vos yeux.
Même si je n’ai jamais été très forte en maths, j’ai remarqué que mes
flocons en papier présentaient des schémas répétitifs qui me faisaient penser
aux roues d’un vélo ou à des fleurs de tournesol. Plus tard, j’ai découvert
l’expression « symétrie radiale », que les mathématiciens emploient pour
décrire ce type de motifs. Ceux-ci présentent deux caractéristiques clés :
leur répétition et le fait de tenir dans un cercle. En observant le cœur d’un
tournesol, on remarque que les graines sont disposées en spirales suivant un
schéma systématique. On cite les flocons de neige comme des exemples de
symétrie radiale à cause de leur beauté. Il en existe beaucoup d’autres dans
la nature, depuis les microalgues appelées diatomées vivant dans les océans
jusqu’aux pieuvres, en passant par les quartiers d’orange et les pétales de
pensée. On retrouve aussi la symétrie radiale dans notre assiette quand on
mange des brocolis, du chou-fleur ou des artichauts.
Il existe même une étoile de mer à cornes qui présente une symétrie
radiale : elle forme un pentagramme (une étoile à cinq branches, qui tient
dans un cercle). En cherchant des images sur Internet, vous trouverez des
centaines de photos d’exemples de symétrie radiale.
Leonardo Fibonacci.
Source : Hans-Peter Postel via Wikimedia Commons.
e
Un mathématicien italien du XIII siècle du nom de Leonardo Fibonacci, parfois surnommé
Léonard de Pise, a réussi à expliquer la symétrie radiale par une suite mathématique. Selon
les historiens, il était issu d’une riche famille italienne mais avait grandi en Algérie. Il
étudia l’algèbre et les chiffres arabo-indiens et se fascina pour l’art.
Fibonacci voyagea dans tout le Proche-Orient pour le compte de son père commerçant. Les
connaissances en algèbre et en arithmétique acquises lors de ses déplacements et de ses
rencontres avec des mathématiciens lui inspirèrent les idées qui aboutirent à cette suite
magique. Sa contribution la plus importante fut d’introduire en Europe le système décimal
indo-arabe et les chiffres arabes, qui finirent par remplacer les chiffres romains et sont
encore utilisés de nos jours. Ce changement permit le développement des mathématiques
modernes. La suite de Fibonacci se présente ainsi : on commence par 1 + 1 = 2. Puis on
additionne les deux derniers nombres de l’équation [1 + 2] pour obtenir le nombre suivant
: 3. Vous discernerez vite le schéma. Essayez !
1+1=2
1+2=3
2+3=5
3+5=8
5 + 8 = 13
8 + 13 = 21
13 + 21 = 34
… et ainsi de suite.
La suite de Fibonacci fut surnommée le « nombre d’or » parce que ces motifs symétriques
s’observent aussi bien dans la nature que dans les constructions humaines. Certains
scientifiques pensent que cette théorie mathématique a été appliquée pour la construction
des pyramides et des temples grecs. Le nombre d’or de Fibonacci fonctionne aussi pour les
spirales des coquilles de nautile (un mollusque) ou pour la structure des écailles des
pommes de pin. Les chercheurs sont parvenus à la conclusion que cette structure permet
aux végétaux et aux animaux de se développer de la façon la plus efficace possible.
Une autre réalisation en papier que j’aimais beaucoup enfant, c’était les
bombes à eau. Je vous la recommande vivement si vous avez un compte à
régler avec un grand frère ou une grande sœur, ce qui était mon cas quand
j’avais sept ans. Croyez-le ou non, le papier ordinaire convient très bien. Le
secret est de colorier entièrement une face du papier au crayon à la cire de
type Crayola. La cire joue le rôle d’imperméabilisant en empêchant l’eau de
saturer le papier. (Le papier étant fabriqué à base de fibres de bois, sans
cette protection, il serait réduit en pâte.) Vous pouvez également essayer
avec de la cire à bougie.
LA BOMBE À EAU
Il vous faut :
• une feuille de papier de format A4 (21 X 29,7 cm)
• des crayons à la cire
• une paire de ciseaux
• de l’eau
Instructions :
1. Pour renforcer le papier, coloriez entièrement l’une des faces de votre feuille au crayon à
la cire. Cela renforcera la résistance du papier à l’eau et prolongera son existence. La
face coloriée devra être disposée à l’intérieur de la bombe. Vous pouvez également
doubler votre feuille de papier paraffiné.
2. Découpez un carré dans la feuille de papier. Pliez-le en deux en rabattant le haut pour
former un rectangle. Pliez ce rectangle en deux de droite à gauche pour former un carré
plus petit. Marquez le pli et redépliez pour revenir au rectangle.
3. Rentrez le bord supérieur droit à l’intérieur et le ramener le long de la pliure du milieu.
Faites de même avec le bord supérieur gauche. Vous obtenez un triangle.
4. En tenant le triangle avec la pointe vers le haut, repliez les deux coins du bas sur cette
pointe. Faites de même à l’arrière du triangle. Vous avez maintenant un losange.
5. Repliez les deux pointes des côtés du losange en les rabattant sur la pliure centrale.
Faites de même à l’arrière du losange.
6. Prenez les deux pointes du haut du losange et rentrez-les dans les pliures des petits
triangles qui se trouvent devant.
Leviers et poulies
Depuis que mon plus jeune âge, j’associe les mots à des images, ce qui
me permet de traduire facilement des idées abstraites en dessins précis,
comme ceux que j’exécute pour des projets techniques. Les premiers livres
que vous ont lus vos parents étaient sans doute des imagiers, qui associent
un mot à une image pour enseigner les noms des choses : pomme, ballon,
chat, etc. À l’école aussi, on s’habitue à apprendre les mots en premier.
Mais, pour moi, ils ont toujours été moins importants. Si je peux visualiser
quelque chose, je peux le comprendre. Et, ensuite, le créer. Il y a beaucoup
de manières d’apprendre et de réfléchir différentes selon les individus.
Certains, tels les mathématiciens, perçoivent plus facilement que les autres
les schémas et les suites ; des lignes de notation musicale complexe auront
plus de sens pour eux que pour quelqu’un qui apprend en priorité par le
biais des mots ou des images. D’après son biographe Walter Isaacson,
Einstein préférait « généralement penser en images ».
o
Brevet n US2383460A pour un dispositif réactif au champ magnétique déposé par John C.
Purves.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Samuel Hopkins.
Source : Wikimedia Commons.
Le premier brevet américain fut accordé en 1790 à Samuel Hopkins pour un nouveau
procédé de fabrication de la potasse, un mélange de cendres de bois et de sel utilisé comme
engrais. Théoriquement, rien n’interdisait aux femmes de déposer un brevet. Mais comme
elles n’étaient pas autorisées à posséder des biens indépendamment de leurs époux, elles
ne pouvaient pas non plus détenir les droits de leurs inventions. L’État de New York fut le
premier à leur permettre de déposer des brevets et à garder les bénéfices de leurs
inventions. Ces droits de propriété furent étendus peu à peu dans les autres États dans le
cadre du Married Women’s Property Act de 1848, qui protégeait la propriété des femmes
mariées. Mary Kies fut la première américaine à se voir accorder un brevet, pour un
procédé permettant de tisser la paille avec de la soie pour la fabrication des chapeaux.
Dolley Madison, l’épouse du président des États-Unis de l’époque, avait fait l’éloge de ses
chapeaux et largement contribué à leur succès, un peu comme lorsque Michelle Obama
boosta la popularité des vêtements J. Crew en les portant.
Jusqu’en 1940, seuls vingt autres brevets furent accordés à des femmes. Au cours des deux
décennies suivantes, elles ne reçurent qu’une très petite proportion des brevets. De plus, ils
portaient principalement sur des inventions domestiques ou des objets pour la maison, ce
qui est logique puisque les femmes poursuivaient rarement des études universitaires et
étaient majoritairement femmes au foyer. Elles inventèrent, par exemple, de nouveaux
modèles de cheminée et de fourneaux, une sorbetière manuelle, les couches jetables, le
lave-vaisselle et la poubelle à pédale. En 1912, Beulah Louise Henry, âgée de vingt-cinq
ans, reçut son premier brevet pour l’invention du congélateur de glace sous vide, qui isolait
les parois d’une sorbetière pour empêcher la glace de fondre. Surnommée Lady Edison,
elle cumule plus de cent inventions, dont un fer à friser, un système d’attache des
enveloppes pour les envois groupés, un mécanisme de fermeture pour les parapluies et un
ouvre-boîte. Sa citation la plus connue est : « J’invente parce que c’est plus fort que moi. »
Bien que, d’après Adrienne Lafrance, le nombre de brevets détenus par les femmes ait
désormais atteint les vingt pour cent, au rythme actuel, il faudrait attendre l’année 2092
pour qu’hommes et femmes soient à égalité ! Les filles, il y a du boulot !
Le premier brevet accordé à un Afro-Américain date de 1821, pour un procédé connu sous
le nom de « nettoyage à sec ». Thomas Jennings était tailleur quand il se lança dans la
blanchisserie. Il était né libre à New York, ce qui lui permit d’obtenir un brevet. Les
esclaves n’avaient pas le doit de déposer leurs inventions, et leurs maîtres pouvaient se les
approprier. Ce n’est qu’après l’abolition de l’esclavage par le treizième amendement de la
Constitution américaine que les Afro-Américains purent breveter leurs inventions.
Jennings œuvra toute sa vie pour l’abolition de l’esclavage et les droits de Noirs. Il occupa
le siège de secrétaire assistant de la première Convention annuelle des gens de couleur.
Les sources divergent sur l’identité de la première Afro-Américaine à avoir obtenu un
brevet. La plupart citent Sarah E. Goode, une esclave affranchie pendant la guerre de
Sécession qui, en 1885, inventa le lit pliant, permettant de gagner de la place. Fille d’un
menuisier, mariée à un tapissier fabricant d’escaliers, Sarah Goode finit par ouvrir un
magasin de meubles. Son lit avait l’aspect d’un bureau à cylindre proposant plusieurs
espaces de rangement et il devint de plus en plus populaire à mesure que les gens
s’installaient en ville dans des logements exigus. Son invention allait inspirer celle du lit
escamotable, ou lit Murphy, qu’on replie le long d’un mur pour gagner de l’espace. On
attribue parfois au philosophe grec Platon le proverbe selon lequel « la nécessité est mère
de l’invention », une manière très perspicace d’envisager la source des inventions. Là où il
y a un besoin, il y a un inventeur.
o
Brevet n US322177A pour un lit rétractable déposé par Sarah E. Goode (pour
voir comment le meuble se transforme en lit, vous pouvez chercher ce brevet sur
Internet).
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Un président inventeur
Thomas Jefferson.
Source : The White House Historical Association Digital Library via Wikimedia Commons.
Tous les Américains connaissent Thomas Jefferson comme celui qui a rédigé la
Déclaration d’indépendance et servi comme troisième président de leur pays. Mais
beaucoup ignorent qu’il était aussi inventeur. Parmi ses créations les plus connues, on
trouve un versoir universel, soit une lame courbe qui s’adaptait à toutes les charrues et
convenait particulièrement au travail sur le terrain pentu de son domaine de Monticello («
petite montagne » en italien). Henry Blair, le deuxième Afro-Américain détenteur d’un
brevet, améliora cette invention en 1834 en permettant d’associer les opérations de
labourage et d’ensemencement. Sa machine se présentait comme une brouette munie d’un
compartiment à graines et d’un râteau pour les recouvrir ensuite de terre. Il se vit accorder
un deuxième brevet pour une amélioration supplémentaire qui consistait à attacher deux
lames pour séparer la terre sur le passage de la charrue pour que les graines se placent
directement dans le sillon. Un troisième inventeur, George Washington Carver, naquit
esclave en 1864 ou 1865 et fut affranchi enfant. Il apporta à l’agriculture une contribution
encore plus importante en identifiant l’importance de la rotation des cultures pour éviter
d’épuiser les sols. Étudiant en botanique et en agronomie, il obtint un master en agronomie
à l’Université d’Iowa avant de devenir directeur du Tuskegee Institute, où il développa des
centaines d’utilisations pour l’arachide et la pomme de terre. Il n’obtint cependant que
trois brevets au cours de sa vie, dont il disait : « Dieu me les a donnés, comment pourrais-
je les vendre à quelqu’un d’autre ? »
Quant à Jefferson, il conçut toutes sortes d’appareils permettant de gagner du temps, tels
qu’un lutrin tournant à cinq faces permettant de consulter plusieurs livres en même temps.
(Il aurait sûrement adoré les livres numériques.) D’autres de ses inventions exploitent le
principe de la rotation : un portant à vêtements tournant, un siège pivotant, un plateau de
service tournant. Mais il n’en resta pas là. On prête à Jefferson l’invention de l’un des plats
les plus aimés de la cuisine américaine, avec la pizza et les hot-dogs : les macaronis au
fromage. Vous pouvez voir ci-contre ses notes sur la fabrication des pâtes et sa machine à
pâtes.
La machine à pâtes de Thomas Jefferson.
Source : Bibliothèque du Congrès, département des manuscrits.
L’idée de breveter des inventions n’est pas nouvelle. L’un des premiers
brevets fut accordé en 1421 à Florence, en Italie, pour une grue capable de
déplacer des blocs de marbre depuis les montagnes. En 1624, une loi fut
promulguée en Grande-Bretagne pour préciser qu’un projet ne pouvait être
breveté que s’il présentait un caractère innovant. Cette loi excluait les
légères modifications apportées à des concepts existants, comme des
changements de motifs sur des cartes à jouer.
La bonne nouvelle est qu’il n’y a pas d’âge limite pour soumettre un
brevet de nos jours. Vous pouvez obtenir un brevet quel que soit votre petit
nombre d’années (ou votre grand nombre d’années). En 2008, Sam
Houghton, âgé de cinq ans, devint le plus jeune détenteur de brevet de
l’histoire. Ayant vu son père balayer avec deux balais, un pour ramasser les
gros débris et l’autre pour les petits, il s’est dit que ce serait plus simple en
reliant les deux balais par un élastique. Il a obtenu un brevet pour son
Système de balayage à deux têtes.
Rob Lammle a dressé la liste des plus jeunes inventeurs sur le site
Mental Floss. Un patineur de quinze ans, Chester Greenwood, cherchait un
moyen de maintenir ses oreilles au chaud pour passer plus de temps sur la
glace. Il conçut un fil métallique qui encerclait sa tête pour maintenir en
place des « cache-oreilles », qu’il fit breveter en 1877. Louis Braille,
devenu aveugle à l’âge de trois ans, inventa à quinze ans un système
d’écriture en relief qui porte son nom, encore utilisé de nos jours pour
permettre aux aveugles de lire. Becky Schroeder serait la plus jeune fille à
avoir reçu un brevet. À dix ans, elle créa le Glo-sheet, une feuille de papier
qui brille dans le noir. Deux ans plus tard, elle fit breveter une « Planche
électroluminescente permettant de lire et d’écrire dans le noir ».
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Brevet n US4266164A pour une planche électroluminescente permettant de lire et d’écrire
dans le noir, déposé par Becky Schroeder.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Dans le sac
Enfant, Margaret Knight, comme moi, préférait jouer avec des outils qu’avec des poupées.
Surnommée l’« Edison au féminin », elle obtint des dizaines de brevets pour des
inventions aussi variées qu’une machine à découper des semelles de chaussures, une
machine à numéroter, un tournebroche pour barbecue ou un châssis de fenêtre à guillotine.
En 1850, alors qu’elle avait douze ans et travaillait dans une filature de coton, Margaret
Knight assista à un terrible accident. Une navette, l’instrument qui sert à passer les fils
dans un métier à tisser, sauta de la machine et blessa un jeune ouvrier. Margaret Knight
inventa alors un dispositif de sécurité qui arrêtait la machine en cas de dysfonctionnement.
Ce dispositif fut utilisé par des filatures de coton dans le monde entier. Elle ne le fit pas
breveter et n’en tira aucun profit, mais n’en évita pas moins des accidents et sauva peut-
être des vies.
Le 18 mai 1879, Margaret Knight, alors âgée de trente ans, se vit accorder son premier
brevet pour l’invention d’une machine à fabriquer des sacs en papier à fond plat, comme
on en trouve encore dans certains supermarchés. Cette invention était si ingénieuse et
présentait un tel potentiel, qu’un certain Charles Annan la copia et déposa le brevet avant
elle. N’étant plus une petite fille sans défenses, Margaret Knight lui intenta un procès.
Annan argumenta qu’étant une femme elle ne pouvait pas disposer des connaissances
nécessaires pour concevoir une machine aussi complexe. Plans en main, Margaret Knight
apporta la preuve qu’elle maîtrisait parfaitement le fonctionnement de sa machine et gagna
son procès.
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Brevet n US220925A pour une machine à sacs en papier déposé par Margaret
Knight.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Le petit écran
Nous pouvons remercier Philo Farnsworth pour l’invention de la télévision. Son esprit très
porté sur la mécanique le poussa à réfléchir dès l’enfance à des applications possibles de
l’électricité. À treize ans, il électrifia la lessiveuse et la machine à coudre manuelles de sa
mère.
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Brevet n US1773950A pour un système de télévision déposé par Philo
Farnsworth.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Au lycée, il reçut une récompense scientifique nationale pour la création d’un système
d’allumage automobile sécurisé. Puis, encouragé par son professeur de sciences,
Farnsworth développa son idée de transformer l’électricité en images au moyen de ce qu’il
appela un « dissecteur d’images », qui correspondait schématiquement au premier système
de télévision. On peut encore voir le premier croquis dessiné par Farnsworth pour son
professeur. Il l’intégra dans son dépôt de brevet, qui lui fut accordé en 1927 alors qu’il
avait vingt et un ans. Il présente ainsi sa découverte : « Cette invention porte sur un
appareil et un procédé de télévision […] pour retransmettre en direct une scène ou des
images mouvantes d’un objet situé à distance, transmission assurée par l’électricité. »
Farnsworth conçut la télévision comme un moyen éducatif. Il obtint plus de cent trente
brevets au cours de sa vie, la plupart pour des améliorations de son système de télévision.
Philo T. Farnsworth.
Source : San Francisco History Center, San Francisco Public Library.
Chadouf.
Source : Wikimedia Commons.
Archimède.
Source : Wikimedia Commons.
Il vous faut :
• un crayon
• du carton épais, du polystyrène ou du balsa
• des ciseaux ou un cutter
• un marqueur
• un poinçon ou des ciseaux pointus
• des attaches parisiennes
• de la ficelle
• un anneau à rideau
• du feutre, du papier, du tissu, et des rubans ou des boutons
Instructions :
1. À l’aide du crayon, dessinez chacune des parties du corps sur le carton, le polystyrène
ou le balsa : la tête, le torse, les bras et les jambes. Vous pouvez les faire à la taille de
votre choix. Veillez seulement à ce que ces éléments soient proportionnés.
2. Avec les ciseaux (si vous utilisez du carton ou du polystyrène) ou le cutter (pour le
balsa), découpez chacun des éléments.
3. Tracez cinq X au marqueur sur le torse : un sur chaque épaule, un sur chaque hanche,
et un à l’emplacement de l’attache du cou (bien que les pantins n’aient pas de cou).
Tracez également un X à la base de la tête et en haut de chaque membre.
4. Avec le poinçon ou la pointe des ciseaux, percez à l’emplacement de chaque X un trou
assez grand pour y passer les attaches parisiennes. À l’aide des attaches, reliez le haut
des membres et la tête au torse. Ne serrez pas trop les attaches ou vous aurez du mal à
faire bouger les éléments.
5. Fixez les ficelles qui actionneront les bras et les jambes. Pour ce faire, prenez un bout
de ficelle pour relier les bras entre eux et faites de même pour les jambes. Ne les
attachez pas aux points de pivot mais faites des essais avec différents points d’attache
un peu décalés de ces points. Vous mettrez peut-être un certain temps à trouver les
bons endroits, mais cela vous apprendra à devenir un inventeur ou une inventrice.
6. Prenez un bout de ficelle de la même longueur que votre pantin. Nouez-le fermement à
l’anneau de rideau, que vous placerez ensuite en bas du pantin pour tirer la ficelle. Fixez
l’autre extrémité de la ficelle à la ficelle des bras et nouez le milieu de cette ficelle à celle
des jambes. Les deux segments de ficelle doivent être tendus.
7. En tenant fermement le pantin, tirez doucement sur l’anneau et votre pantin vous
donnera un exemple parfait du mécanisme de levier.
8. Amusez-vous à habiller votre pantin avec des vêtements réalisés en feutre, en papier ou
en tissus, et décorez-les avec des rubans ou des boutons.
Il vous faut :
• un poinçon ou une paire de ciseaux
• un cylindre en carton de 30 cm de haut et de 15 cm de diamètre environ
• un crayon
• un petit gobelet en carton
• 12 cm de fil métallique flexible
• de la ficelle ou du fil solide
Instructions :
1. À l’aide du poinçon ou des ciseaux, percez deux trous l’un en face de l’autre en haut du
cylindre. Y passer le crayon.
2. Percez deux autres trous l’un en face de l’autre vers le haut du gobelet. Faites passer le
fil métallique dedans et repliez les extrémités pour former l’anse du seau.
Le rideau de théâtre pour marionnettes est une autre réalisation de poulie très sympa.
Au lycée, j’adorais travailler sur les décors. Pour un spectacle racontant un procès devant
un jury, j’ai réalisé le banc des jurés et le pupitre du juge en clouant du carton sur des
cadres en bois. Puis j’ai donné au carton l’aspect des lambris d’une salle d’audience en
peignant dessus des volutes en peinture marron, avec un pinceau à poils durs pour
reproduire le grain du bois.
Pour fabriquer le rideau de scène, il vous faut un tissu plus épais qu’un drap, mais
moins lourd qu’une couverture. Les théâtres utilisent généralement du velours,
éventuellement avec un galon doré. Vous en trouverez dans les magasins de tissus ou de
fournitures pour loisirs créatifs. Ou peut-être y a-t-il chez vous une boîte aux trésors remplie
chutes de tissus et de vieux vêtements. J’ai fait des razzias dans les vieilles affaires de ma
mère remisées au grenier, en particulier dans ses foulards pour réaliser des parachutes.
Les garages et les greniers sont souvent remplis de merveilles à recycler pour vos projets.
Il faut avoir une mentalité de chineur. On peut aussi trouver des trésors dans les friperies et
les vide-greniers. Plus on improvise, mieux c’est. J’adorais la sensation de tirer sur la corde,
de regarder le rideau s’ouvrir et de découvrir les visages remplis d’attente des spectateurs
dans la salle.
LE THÉÂTRE DE MARIONNETTES
ET SON RIDEAU
Il vous faut :
• une paire de ciseaux ou un cutter
• un gros carton
• un tourillon en bois mesurant environ 10 cm de plus que la longueur de la boîte
• du tissu pour le rideau, deux fois plus long que la longueur de la boîte et un peu moins
large que la hauteur de la boîte
• de la ficelle
• de la peinture acrylique, des marqueurs, des sequins, des autocollants ou des photos
découpées dans des magazines
• une petite guirlande lumineuse
Instructions :
1. À l’aide des ciseaux ou du cutter, découpez le devant de la boîte comme sur l’illustration.
2. Le tourillon va vous servir de tringle à rideau. Percez des trous à 1,5 cm d’intervalle le
long du tissu, à environ 2,5 cm du bord.
3. Sur la ficelle, coupée à la même longueur que la largeur du rideau, nouez autant de
boucles qu’il y a de trous dans le rideau, à 1,5 cm d’intervalle. Glissez un autre bout de
ficelle plus long que le premier dans les boucles et nouez ce bout de ficelle à la dernière
boucle.
4. Avec la pointe des ciseaux ou le cutter, percez un trou à l’avant des deux « murs »
latéraux du théâtre, à 2,5 cm du « plafond ». Ils doivent être assez gros pour y passer le
tourillon en bois. Glissez le tourillon dedans.
À FERMETURE AUTOMATIQUE
Il vous faut :
• une scie
• une planche de 80 x 10 cm, de 2,5 cm d’épaisseur
• une planche de contreplaqué de 20 x 20 cm, de 6 mm d’épaisseur
• de la colle à bois
• une charnière simple en laiton de 13 × 16 mm
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• un tournevis cruciforme n 1
• 6 vis à tête cruciforme
Instructions :
1. Sciez la planche de 80 × 10 cm en quatre sections de 20 cm de long. Découpez l’une de
ces planches en deux de façon à obtenir une plaque de 12 cm et une autre de 8 cm.
2. Placez la planche de contreplaqué sur une surface plane. Collez les trois planches de 20
× 10 cm angle droit sur trois côtés du contreplaqué. Veillez à placer les planches à
l’extérieur du contreplaqué et non dessus. L’un des petits côtés reste ouvert.
3. Alignez bout à bout les deux petites planches de 12 et de 8 cm, en joignant les côtés
que vous avez sciés, et fixez-les en vissant la charnière dessus. Cela constituera la
barrière de votre enclos. Vous pouvez procéder à diverses expérimentations pour les
attacher de manière à ce qu’elle se referme toute seule, en inclinant la charnière.
Alexander Fleming.
Source : Wikimedia Commons.
Revenant de vacances en 1928, Fleming remarqua que l’une de ses boîtes de Petri avait été
laissée ouverte et que de la moisissure avait poussé à l’intérieur Par chance, il la conserva
pour l’étudier au microscope. Les bactéries présentes dans la boîte avaient été détruites par
le champignon. Ce qu’il baptisa dans un premier temps « jus de moisissure » devint ce que
nous connaissons aujourd’hui sous le nom de pénicilline. Celle-ci fut mise au point assez
tôt pour permettre de sauver de nombreuses vies pendant la Seconde Guerre mondiale et
Fleming reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine. Sa découverte compte parmi les
plus importantes de la médecine moderne. La prochaine fois que vous verrez du pain moisi
ou de la moisissure dans la nature, ne soyez pas dégoûté. Prenez-en un échantillon et
glissez-le sous un microscope. « Partout où je vais, a déclaré Fleming, les gens me
remercient de leur avoir sauvé la vie. Je ne vois vraiment pas pourquoi. C’est la nature qui
a créé la pénicilline. Je n’ai fait que la découvrir. »
Stephanie Kwolek.
Photo aimablement fournie par DuPont.
L’inventrice Stephanie Kwolek semble avoir quelques points communs avec moi. Petite,
elle aimait par-dessus tout se promener dans les bois et rassemblait ses trouvailles dans des
carnets. Elle avait aussi la passion des tissus et de la couture. Mêlant ses expérimentations
et sa tournure d’esprit scientifique, elle fut l’une des premières femmes à travailler chez
DuPont, le groupe de chimie industrielle célèbre pour avoir développé les premières fibres
synthétiques comme le nylon. Stephanie Kwolek entra dans l’entreprise en 1946 et
rejoignit une équipe de chimistes qui travaillait sur le développement d’un matériau plus
léger et plus résistant que l’acier qu’on utilisait alors dans le processus de fabrication des
pneus. Ils étaient en train de tester toutes sortes de moyens pour liquéfier les polymères
lorsque l’attention de Stephanie Kwolek fut retenue par une solution laiteuse destinée à la
poubelle. Elle dut vaincre le scepticisme de ses collègues pour tester ce liquide. Son
instinct lui permit ainsi de découvrir le Kevlar, une fibre synthétique cinq fois plus
résistante que le métal et ignifugée. Le Kevlar a sauvé des milliers de vies. Il entre dans la
composition des tenues de protection des policiers et des militaires, et dans la composition
de très nombreux objets, du pont suspendu à la corde à usage intensif en passant par les
pneus, les casques de protection, la fibre optique, les matelas ignifugés et beaucoup
d’autres encore. Comme nombre d’inventeurs avant elle, Stephanie Kwolek ne profita pas
de sa découverte. Elle avait cédé ses droits de propriété industrielle à DuPont, qui en a tiré
d’énormes bénéfices.
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Brevet n US3009235 pour un système d’attache séparable déposé par George
de Mestral.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
De retour d’une randonnée dans les Alpes avec son chien en 1941, l’ingénieur suisse
George de Mestral (1907-1990) récupéra les capitules de bardane fixés à ses vêtements et
aux poils de son animal. Les plaçant sous un microscope, il observa que chacune de leurs
petites tiges se terminait par un minuscule crochet. Cela lui inspira ce que nous
connaissons maintenant sous le nom de Velcro. Il lui fallut huit ans (et certainement
beaucoup de tâtonnements) pour présenter au monde l’invention de sa « fermeture à
glissière sans glissière », comme il l’avait baptisée. Le nom de Velcro est la contraction
des mots « velours » et « crochet ». Dans le brevet américain, accordé en 1961, l’invention
est dénommée « système d’attache séparable ». Le Velcro sert aussi bien à fixer des objets
sur les combinaisons des astronautes dans les cabines spatiales qu’à maintenir une place un
cœur artificiel. Le site Google Patents signale des milliers d’autres usages du Velcro, allant
des gants de golf aux porte-gobelets en passant par les couches pour bébés. Alors, la
prochaine fois que vous partez en randonnée, ouvrez bien les yeux !
Objets en bois
En dents de scie
La scie à chantourner se présente en forme de U, ce qui permet des découpes complexes
dans le bois. Comme celle de toutes les scies, sa lame possède des dents, dirigées vers
l’extérieur. Ses deux extrémités sont fixées à celles du U et généralement maintenues par
e
de petites vis. La scie à chantourner était un outil particulièrement populaire au XVIII
siècle. À cette époque, on pratiquait beaucoup la marqueterie, une technique d’incrustation
de petites pièces de différents bois sur les meubles à des fins décoratives. Certains des
motifs ainsi créés me font penser aux flocons de neige que nous avons vus dans le premier
chapitre. La marqueterie est encore un exemple de symétrie. Heureusement nous n’avons
pas eu à découper les « ouïes », ces trous en forme de f de chaque côté des cordes du
violon qui servent à amplifier le son.
Scie à chantourner.
Source : Securiger via Wikimedia Commons.
Cela aurait exigé de démonter la scie pour passer la lame à travers un trou percé dans le
bois. C’est ainsi qu’on procède pour découper des trous dans le bois.
Nous avons scié nos tabourets dans du bois de pin tendre, poncé les
bords et verni la surface. Les pieds étaient constitués de deux triangles dont
on avait coupé les extrémités, fixés à l’aide de deux petits clous de finition.
On peut faire des essais avec du contreplaqué léger et toutes sortes d’autres
bois. Avec les colles actuelles, telles que la Super Glue, on peut facilement
coller les pieds au lieu de les clouer. Quand j’étais petite, nous n’avions que
de la colle universelle qui n’était pas assez forte pour les faire tenir et a
fortiori pour soutenir le poids d’une plante.
LE TABOURET VIOLON
Il vous faut :
• une feuille de papier A4 (21 × 29,7 cm)
• un crayon
• une paire de ciseaux
• une planche en pin ou en contreplaqué de 27 x 23,5 cm, de 3,5 cm d’épaisseur (0,6
d’épaisseur suffisent si vous utilisez du contreplaqué.)
• une scie à chantourner
• du papier de verre grain 180
• un chiffon humide
• une tige en bois de 4,5 cm de diamètre et 30 cm de long, comme un manche à balai ou
une barre en bois sciée à cette dimension
• de la colle à bois
• du papier journal
• du vernis à bois incolore (acrylique ou à base d’eau), en pot ou en bombe aérosol
• un pinceau si vous prenez du vernis en pot
Instructions :
1. Dessinez sur la feuille de papier un violon de 28 cm de long. Il sera peut-être plus
simple de dessiner un demi-violon le long de la feuille pliée en deux. En la dépliant,
vous obtiendrez ainsi après découpe un violon parfaitement symétrique.
4. Poncez les bords du violon au papier de verre jusqu’à ce qu’ils soient arrondis et
bien lisses. Veillez à poncer en suivant le fil du bois. Nettoyez bien le bois avec un
chiffon humide pour enlever toute trace de sciure et laissez sécher pendant au
moins trente minutes.
5. Découpez la tige de bois en quatre parties égales de 7,5 cm. Celles-ci constitueront
les pieds du tabouret.
Gail Borden.
Source : Wikimedia Commons.
En 1939, la compagnie Borden racheta une société connue pour avoir développé le
Rotolactor, une machine permettant de traire un plus grand nombre de vaches à la fois.
Mise au point par l’ingénieur et inventeur Henry Jeffers, cette machine, également connue
sous le nom de salle de traite rotative, était à la fois hygiénique et efficace. La vache entre
dans un box, sur une grosse plateforme ronde qui ressemble à un manège. Ses pis sont
lavés et reliés aux tubes d’une trayeuse automatique, puis la vache descend du box une fois
la traite terminée. Cinquante vaches sont traites pendant les douze minutes et demie
nécessaires pour que le Rotolactor fasse un tour complet. Encore mieux, les vaches restent
très calmes pendant toute la procédure.
La compagnie Borden avait commencé à produire de la colle en 1932 à partir de la
caséine, un composant du lait. La colle était vendue dans un flacon en verre, muni d’un
bâtonnet en bois semblable à celui d’un eskimo fixé à l’intérieur du couvercle, comme
dans certains pots de colle que vous avez dû utiliser (et peut-être même goûter) à la
maternelle. Plus tard, les chercheurs élaborèrent une formule incluant des résines
synthétiques et mirent au point la colle encore vendue aujourd’hui, dans son flacon en
plastique blanc au capuchon orange qui se referme d’une torsion. On pourrait passer des
journées entières à lire tous les brevets déposés pour des bouchons de flacons à presser. Il
vous suffit d’ouvrir votre réfrigérateur et de comparer les systèmes de fermeture de vos
bouteilles de ketchup, de moutarde et de mayonnaise. Ils sont sans doute tous brevetés.
o
Brevet n US2305259A pour une machine de traite déposé par Henry Jeffers
(cherchez le brevet sur Internet pour comprendre le fonctionnement de la
plateforme rotative).
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
L’invention de la Super Glue est encore une histoire étonnante de découverte due au
hasard. La substance qui rend la Super Glue aussi efficace est le cyanoacrylate, une sorte
de plastique qui durcit lorsqu’il est exposé à l’air. Au cours de la Seconde Guerre
mondiale, on s’y intéressa en tant qu’alternative au fil de suture : les scientifiques
cherchaient quelque chose qui permettrait de suturer les blessures plus rapidement sur le
champ de bataille. Mais c’était trop difficile à utiliser, car la colle collait tout. Puis, en
1951, deux chercheurs de la Eastman Kodak Company, Harry Coover et Fred Joyner,
s’intéressèrent eux aussi au cyanoacrylate en testant des centaines de substances alors
qu’ils tentaient de concevoir un revêtement résistant pour les cockpits des avions à
réaction. Ils découvrirent alors que les qualités adhésives du cyanoacrylate pouvaient être
exploitées et commercialisées pour coller à peu près toutes les matières : le verre, le métal,
le cuir, le bois, etc. La Super Glue devint ainsi la colle universelle. « Sincèrement, il a fallu
une journée de chance et environ dix ans de travail acharné », déclara Coover dans une
interview télévisée.
Harry Coover.
Source : la Maison Blanche via Wikimedia Commons.
Quand j’étais petite, je regardais à la télévision une émission où les participants devaient
deviner le métier d’un invité ou ce qui les avait rendus célèbres. Cela me plaisait parce que
l’invité était parfois un scientifique ou un inventeur qui présentait son invention. Harry
Coover participa à une émission au cours de laquelle il fut soulevé dans les airs par un
câble maintenu au plafond par une unique goutte de colle. Cela fut l’un des coups de
publicité les plus géniaux de tous les temps : la colle était entrée dans l’histoire.
Elias Howe.
Source : Wikimedia Commons.
Elias Howe est le premier inventeur qui m’ait réellement impressionnée, parce que je
pouvais relier son invention à quelque chose que j’utilisais moi-même.
Il obtint le premier brevet américain délivré pour une machine à coudre en 1846, bien
qu’on trouve des modèles plus anciens. Il semble qu’un Anglais du nom de Thomas Saint
ait fait breveter une première machine à coudre en 1790. Celle-ci possédait déjà le levier
présent sur les modèles modernes, une aiguille droite, un bobineur de canette pour fournir
du fil en continu et une manivelle. Le New-Yorkais Walter Hunt y ajouta le point noué,
une amélioration par rapport au point de chaînette, qui se défaisait trop facilement. Mais ce
fut Howe qui perfectionna le tout : avec un point noué qui se formait à la fois au-dessus et
en dessous du tissu, des griffes d’entraînement pour faire avancer le tissu et une manière
ingénieuse de placer le chas de l’aiguille au plus près du point de piquage dans le tissu.
Cette dernière caractéristique semble être un détail, mais elle a contribué à la révolution
industrielle en permettant de produire des vêtements plus vite, et donc à moindre coût.
Une machine à coudre avec un fil passé dans le chas de l’aiguille. Le fait que le
chas se situe tout près de la pointe de l’aiguille est la clé du fonctionnement de la
machine.
Source : Wolfgang Lonien via Wikimedia Commons.
Howe eut du mal à convaincre les investisseurs et dut se rendre à l’étranger pour trouver
un financement. La suite de l’histoire ressemble à celle de Louis Nicolas Robert et de sa
machine à papier.
Malheureusement, il est fréquent que le rôle d’un inventeur soit éclipsé par ceux qui ont
l’argent et les capacités de produire et de commercialiser sa découverte. À son retour aux
États-Unis, Howe vit que d’autres, parmi lesquels Isaac Singer, avaient copié son
invention. Il poursuivit l’entreprise I. M. Singer & Co en justice pour violation de brevet et
gagna son procès. Singer dut lui verser des droits sur chaque machine vendue, et Howe
termina sa vie dans l’opulence. Néanmoins, c’est le nom de Singer que l’on associe aux
machines à coudre.
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Brevet n US4750A pour une amélioration sur les machines à coudre de fixation,
déposé par Elias Howe.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
LES ÉCHASSES
Mieux vaut demander l’aide d’un adulte pour commencer à marcher avec des
échasses, afin d’éviter tout risque de chute et/ou de blessure.
Il vous faut :
• 2 tasseaux de 2,5 m de long
• une règle
• un crayon
• une scie
• une perceuse
• un tournevis
• 4 vis à bois tirefond de 8 cm de long pour les repose-pieds
• des petites poignées en métal et des vis (facultatif)
Instructions :
Découpez un tronçon de 25 cm de long au bout de chaque tasseau. Ces morceaux de
bois serviront de repose-pieds.
2. À l’aide d’un crayon, faites une marque sur chaque tasseau à 30 cm de l’extrémité
pour signaler l’emplacement des repose-pieds. (C’est la bonne hauteur pour monter
facilement sur des échasses et réduire les risques de chute.)
3. Percez ensuite trois trous sur chaque échasse : un à 2,5 cm sous la marque, un
autre à 7,5 cm en dessous et un troisième encore 7,5 cm plus bas. Ils serviront à
insérer les vis qui maintiendront les repose-pieds. (Veillez à utiliser un foret de
perceuse un peu plus petit que le diamètre de vos vis). Vissez soigneusement trois
vis dans chaque repose-pieds. Ceux-ci doivent tenir fermement pour garantir un
emploi des échasses en toute sécurité. Faites vérifier par un adulte que c’est bien le
cas.
4. Pour les petites mains, ajoutez des poignées métalliques. (Fixez-les aux échasses
avec des vis.)
5. Portez un casque de vélo pour utiliser les échasses et entraînez-vous dans l’herbe.
Les moments que j’ai passés à créer des choses avec d’autres enfants
font partie de mes meilleurs souvenirs d’école, avec le temps passé auprès
des chevaux. C’étaient les seuls moments où ils ne se moquaient pas de
moi. J’essayais de ne pas me laisser atteindre, mais j’avais parfois envie de
balancer un coup de poing à mes persécuteurs. Et cela n’arrivait pas qu’à
l’école. On se moquait souvent de moi dans les lieux publics. Je n’avais pas
la même allure que les autres enfants. Mon apparence, ni mes vêtements, ni
mes cheveux ne m’intéressaient. Les garçons me traitaient de « sac d’os »
parce que j’étais maigre, ou « cheval de trait » parce que je passais mon
temps dans les écuries. Les moqueries et le harcèlement ont fait du parking
et de la cantine des lieux de torture, et de mes années de lycée les PIRES
années de ma vie.
Les seuls moments où cela cessait étaient ceux où je participais à une
activité avec les autres élèves. Des activités comme l’équitation, la
fabrication de maquettes de fusée était un refuge, les moqueries n’y avaient
pas leur place. J’ai eu mon petit succès le jour où j’ai fait une fusée qui
ressemblait à notre proviseur. Les scouts, le laboratoire d’électronique ou
l’atelier théâtre sont d’excellents moyens de s’intégrer, en particulier pour
les enfants décalés ou différents. L’important, dans ces activités, est le but
partagé. Il s’est passé quelque chose d’assez incroyable quand nous avons
fabriqué notre planche de snowboard et dévalé la colline de notre pension
dans le New Hampshire et quand nous avons testé nos échasses à tour de
rôles, en paradant comme des clowns ou des girafes : personne ne s’est
moqué de moi.
Nerd ou geek ?
Si surprenant que cela puisse paraître, la personne qui a inventé le mot nerd est un auteur
de livres pour enfants, Dr. (Theodor) Seuss. Dans If I Ran the Zoo (« Si j’étais le directeur
du zoo »), paru en 1950, le narrateur décrit les animaux imaginaires qu’il aimerait voir
dans son zoo et évoque, parmi d’autres, le Nerd – la créature telle qu’elle est dessinée a
davantage l’air d’un grincheux que d’un fort en maths et elle n’a ni lunettes ni stylo dans la
poche de sa blouse. Le mot geek est un peu plus ancien et viendrait du mot anglais geke,
qui désignait un idiot au Moyen Âge, mot lui-même issu du vieil allemand Gecke. Au
e
début du XX siècle, un homme geek désignait un monstre de foire dans les cirques
américains. Au fur et à mesure, le mot nerd en est venu à qualifier des enfants asociaux
comme moi, ou n’importe qui de différent. Le terme a évolué ces quinze dernières années
pour englober des profils très intelligents dans le domaine des sciences, des technologies,
de l’ingénierie ou des mathématiques, dans le genre des chercheurs de la série Big Bang
Theory.
Clairement, je suis une nerd. Ma série préférée au lycée était Star Trek. Je me sentais très
proche du très rationnel Monsieur Spock. En travaillant plus tard à la conception et à la
construction de systèmes dédiés au bétail, j’ai côtoyé beaucoup d’esprits brillants et
excentriques, capables de fabriquer n’importe quoi. Cela fait peut-être un peu nerd, mais
j’ai passé des moments formidables à discuter sur la manière de fabriquer ceci ou cela dans
des cabanes de chantier.
Le vent a tourné pour les nerds avec l’émergence de la Silicon Valley et de génies tels que
Bill Gates, Steve Jobs, Steve Wozniak et Mark Zuckerberg. Du jour au lendemain, des
jeunes qui avaient passé beaucoup d’heures seuls à démonter leurs ordinateurs pour en
remonter de nouveaux, ou à apprendre à coder tout seuls dans leur coin, ont révolutionné
le monde. La Silicon Valley marque la naissance de la fierté nerd. Si vous voulez mon
avis, l’avenir appartient aux nerds. Alors soyez sympas avec nous !
Il vous faut :
• un crayon
• une plaque de bois tendre (balsa, pin ou aulne) de 6 × 18 cm, épaisse de 4 cm
• une scie à chantourner ou une scie sauteuse
• du papier de verre grain 80
• un chiffon légèrement humide
• une perceuse
• un tourillon de 6 mm de diamètre x 20 cm de long
• une paire de ciseaux
• un carré de toile de 15 cm de côté
• de la colle à bois
• une plaque de bois de 7,5 x 10 cm, épaisse de 1 cm
Instructions :
1. Tracez les contours du fond du voilier sur votre plaque de bois (comme sur
l’illustration) et découpez cette forme à la scie. Poncez les bordures au papier de
verre, en suivant le fil du bois. Nettoyez soigneusement le bois avec un chiffon
humide et laissez sécher une demi-heure.
2. Percez un trou dans le bois à environ un tiers de la proue (la pointe avant du
voilier). Ne traversez pas toute l’épaisseur du bois.
3. Placez le tourillon dans le trou pour vérifier qu’il s’y insère bien. Retirez le tourillon.
Poncez le voilier et le tourillon pour retirer toutes les aspérités et rendre la surface
lisse au toucher. Nettoyez de nouveau avec le chiffon humide et laissez sécher.
4. Avec les ciseaux, découper un triangle à angle droit dans le carré de toile pour
former la voile.
6. Si votre voilier ne reste pas droit lorsque vous le faites flotter, vous pouvez essayer
de lui ajouter du poids ou munir le fond d’une quille avec un morceau de bois. Il doit
mesurer 7,5 cm de large sur 10 cm de haut, et avoir 2 cm d’épaisseur sur son côté
le plus épais. Si vous y arrivez, taillez la largeur du bas en biais. Affinez l’arête du
bas à mesure que vous descendez pour former une pointe. Placez la quille sous le
fond du voilier en le centrant bien, en y fixant le côté de 7,5 cm avec de la colle à
bois. La partie le plus épaisse doit se trouver vers l’avant (la proue) et la plus fine
vers l’arrière (la poupe). Laissez sécher.
Note. Vous aurez peut-être besoin d’ajouter du poids à la quille. Si rien d’autre ne
marche, fixez une pierre à la quille avec du ruban adhésif.
Le moment était venu de faire voguer mon voilier. Près de chez moi, il y
avait un ruisseau qui passait sous un pont. J’y suis allée à vélo avec une
amie, et j’étais surexcitée en déposant mon voilier sur l’eau. Il s’est
renversé aussitôt. J’ai été très déçue d’avoir fourni tant d’efforts pour rien.
Quille de bateau.
Source : Wikimedia Commons.
Le vent en poupe
Archimède était un vrai génie. Nous avons vu qu’il avait découvert le principe du levier.
Mais celui qui porte son nom, le principe d’Archimède, est lié au déplacement de l’eau. Le
tyran de Syracuse, qui se méfiait de son orfèvre, demanda un jour à Archimède de
déterminer si sa couronne était constituée d’or à cent pour cent. La vraie difficulté était
qu’Archimède ne pouvait abîmer la couronne en aucune manière pour analyser sa matière.
La solution lui apparut alors qu’il entrait son bain : il constata que le niveau de l’eau
montait. Vous avez déjà dû observer ce phénomène vous-même. Il se rendit compte que le
volume d’eau qu’il avait déplacé en entrant dedans correspondait au volume de son propre
corps. (Le volume est la quantité d’espace occupée par une chose ; dans notre cas, le corps
d’Archimède dans la baignoire.)
Archimède immergea la couronne du roi dans l’eau pour définir son volume. Il fit ensuite
de même avec un bloc d’or pur qui pesait exactement le même poids que la couronne. En
comparant la quantité d’eau déplacée par la couronne, il vit qu’elle avait un volume plus
important, ce qui montrait que l’or avait dû être mélangé à un autre métal plus léger.
L’histoire raconte que l’orfèvre fut décapité, mais le monde disposa dès lors d’une loi
scientifique pour expliquer la flottaison et le déplacement.
J’ai récemment tenté une expérience personnelle sur le déplacement et
la flottaison. J’ai enfoncé un gobelet vide dans l’eau d’un lavabo et senti la
« force de poussée » qui fait flotter les bateaux. Lorsque j’ai relâché le
gobelet, il est remonté en surface et s’est aussitôt renversé sur le côté. Le
fait de l’alourdir en le remplissant d’eau n’y a rien changé. Le voilier que
j’avais fabriqué enfant avait réagi comme ce gobelet. J’ai eu plus de succès
avec deux verres avec lesquels j’ai fait l’expérience. Celui qui fonctionnait
le mieux était celui qui avait le fond le plus lourd. Je l’ai déposé au fond du
lavabo vide. Quand j’ai rempli ce dernier d’eau, il est remonté comme par
magie et a flotté en surface sans basculer, comme un bateau. Le fond lourd,
en jouant le rôle de lest, avait stabilisé le verre et l’avait empêché de
chavirer. Vous aussi vous pouvez faire des expériences avec différents types
de verres pour trouver ceux qui flotteront le mieux sans se renverser.
Vous pourrez aussi expérimenter d’autres objets de la maison. Essayez
avec une pomme. Coupez-la en deux, creusez le trognon et voyez si elle
flotte. Mettez quelques billes à l’intérieur. Cela aide-t-il à la stabiliser ?
Ajoutez encore quelques billes et observez ce qui se passe. Notre professeur
de SVT nous a fait passer tout un cours à essayer de prédire quels objets
dans la salle de classe allaient flotter ou couler, mais il ne m’est pas venu à
l’esprit qu’en ajoutant du poids à mon voilier, je pourrais le stabiliser
suffisamment pour le faire flotter. Maintenant, bien sûr, je sais que ce n’est
pas le poids seul, mais la façon dont il est réparti et le déplacement de l’eau
qui font flotter les choses.
En état de naviguer
Maria A. Beasley est une figure d’exception : une inventrice et une femme d’affaires du
e
XIX siècle. En 1892, elle se vit attribuer un brevet pour son canot de sauvetage. D’après le
texte de présentation de sa découverte, « l’objet de cette invention est de proposer un canot
ignifugé, compact, sûr et facile à déployer, disponible très rapidement en cas de besoin ».
Jusque-là, les canots n’étaient guère plus que des planches de bois. Facile à plier, le
modèle de Beasley était muni de garde-corps et de flotteurs métalliques creux. Elle obtint
quinze autres brevets pour des inventions très diverses allant d’un chauffe-pieds à un
système antidéraillement pour les trains, en passant par un générateur à vapeur et une
découverte qui fit sa richesse : une machine à cercler les tonneaux.
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Brevet n US245050A pour une machine à cercler les tonneaux déposé par Maria
Beasley.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
À ce propos, Maria Beasley affirme : « L’objet de cette invention est de fabriquer une
machine capable de réaliser une action accomplie aujourd’hui manuellement. » On entend
beaucoup parler de robots qui suppriment des emplois, mais ce phénomène n’est pas
nouveau et se produit chaque fois qu’apparaissent de nouvelles technologies. Certains se
réjouissent du progrès tandis que d’autres s’en méfient. La machine de Maria Beasley
fixait fermement des anneaux sur des tonneaux, ce qui les rendait plus résistants. Ces
tonneaux servaient à la conservation de la nourriture et du vin. Son invention fit gagner à
Maria Beasley 20 000 dollars par an, à une époque ou une femme gagnait en moyenne 3
dollars par jour.
Il vous faut :
• un crayon
• du papier cartonné blanc
• une paire de ciseaux
• 6 attaches parisiennes
• 2 tourillons épais comme des crayons, l’un de 15 cm et l’autre de 25 cm de long (ou des
crayons)
• du ruban adhésif pour emballage très résistant
• 4 bouts de ficelle résistante, de 20 à 30 cm
• 1 bout de ficelle résistante de 8 à 13 cm
Instructions :
1. Dessinez séparément un buste, une tête, deux bras et deux jambes sur le papier
cartonné. Ils doivent respecter les proportions du corps humain, et l’ensemble doit
mesurer environ 25 centimètres.
EN PAPIER MÂCHÉ
Il vous faut :
• de l’eau tiède
• de la farine
• un saladier
• une cuillère en métal ou un fouet
• un ballon de baudruche ou une balle en polystyrène et un tourillon
• un pack en carton (de lait ou de jus de fruit)
• une paire de ciseaux
• du papier journal
• de la tempéra (peinture à l’œuf) ou de la peinture acrylique
• des pinceaux
• divers éléments de décoration (rubans, perles, boutons…)
• de la colle
Instructions :
1. Le moyen le plus simple de fabriquer du papier mâché est de mélanger cinq
sixièmes d’eau avec un sixième de farine. Remuez bien le mélange pour éviter les
grumeaux. Ajoutez de l’eau si la pâte semble trop épaisse.
2. Gonflez votre ballon ou fixez votre boule en polystyrène sur un tourillon. Découpez
le fond d’un pack de lait qui servira de socle au ballon ou à la boule.
3. Découpez ou déchirez dans le papier journal en 30 bandelettes d’environ 8 cm de
long sur 2 de large.
4. Plongez la première bandelette dans la pâte et pressez-la doucement entre le
pouce et l’index pour en retirer l’excédent. Le papier ne doit pas être trop détrempé.
Déposez cette première bandelette sur le ballon en la lissant bien. (La tête sera plus
facile à peindre et à décorer s’il n’y a pas trop d’aspérités.) Faites de même avec les
autres bandelettes jusqu’à ce que le ballon soit recouvert d’au moins trois couches
de papier.
5. Laissez sécher toute une nuit. La tête de la marionnette doit être totalement sèche
pour être peinte.
6. Peignez les traits du visage. Laissez sécher.
7. Collez de la laine sur la tête pour faire les cheveux. Vous pouvez ajouter d’autres
décorations. N’oubliez pas de fixer une boucle de laine au sommet du crâne pour y
attacher la ficelle.
J’aurais cru que les marionnettes étaient une invention trop ancienne
pour être déposée, mais j’ai trouvé quelques brevets datant des années 1930
et 1940 portant sur de petites modifications, dont une marionnette dotée
d’une mâchoire mobile et une autre censée bouger « de manière naturelle ».
J’en ai aussi trouvé une pour une invention intitulée « La Marionnette
invisible », qui a l’aspect de deux pieds qui semblent avoir été sciés, et qui
est totalement sinistre.
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Brevet n US52202677A pour une marionnette dotée d’une mâchoire mobile déposé par
Stasys Usinskis.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
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Brevet n US1901707A pour une marionnette bougeant de façon naturelle déposé par
Louise M. Dunn et Winifred H. Mills.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
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Brevet n US4253270A pour une marionnette invisible déposé par Carl E. Elwing et Mary J. Elwing.
Barre fixe
L’agrafeuse est un bon exemple d’instrument ayant évolué avec le temps en passant par les
mains et le cerveau de générations d’inventeurs. Précisons tout d’abord que les agrafeuses
n’existaient pas avant l’invention du papier. Cela peut paraître évident, mais je trouve très
intéressant de noter l’effet domino des inventions, qui en déclenchent elles-mêmes de
nombreuses autres. Le principe de l’agrafe remonte à l’époque de Louis XV, qui souhaitait
un système pour rassembler les documents de la Cour. Les outilleurs français inventèrent
ainsi la première agrafe, qui était en or et portait les insignes royaux.
En 1866, l’inventeur George McGill conçut la première agrafeuse commercialisée, alors
connue sous le nom d’« attache repliable pour papier ». Elle avait l’aspect d’une machine à
coudre et il fallait y charger les agrafes une à une. En 1877, Henry R. Heyl fit breveter une
amélioration, qui faisait passer l’agrafe dans le papier et la repliait pour la fixer. Mais
l’innovation la plus importante, proposée en 1895 par Eli Hotchkiss, fut celle de la barre
d’agrafes fixées ensemble par un fil métallique, qui s’insérait dans l’agrafeuse et
permettait l’agrafage continu. Cela peut sembler n’être qu’un détail, mais rappelons-nous
que, jusque-là, les agrafes devaient être insérées une par une avant de perforer le papier.
On utilise toujours les barres d’agrafes, mais elles sont aujourd’hui collées ensemble.
Hotchkiss conçut ensuite d’autres améliorations, et son agrafeuse, la No. 1, resta le modèle
le plus vendu pendant quarante ans. Cependant, un problème demeurait : trouver un
système simple de chargement des agrafes.
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Brevet n US2012572A pour une agrafeuse déposé par Jack Linsky.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
L’immigrant russe Jack Linsky commença tout jeune comme livreur pour une papeterie
dans le Lower East Side, à New York. À dix-neuf ans, il ouvrit son propre magasin de
papeterie en gros. Ne parvenant pas à trouver d’agrafeuse qui lui convenait, il décida d’en
inventer une. En 1939, il mit au point une modification qui transforma le fonctionnement
des agrafeuses : il conçut un modèle qui s’ouvrait par le dessus pour y charger facilement
la barre d’agrafes. Baptisée Swingline par son épouse Bella, cette agrafeuse reste la plus
vendue du marché. Peut-être même en avez-vous une chez vous. Ouvrez-la et vous aurez
sous les yeux toute l’histoire de l’agrafeuse.
Objets volants
L’été qui a suivi mon bac, juste avant de faire mon entrée à l’université,
je revenais seule de chez ma tante à bord d’un avion 707 d’American
Airlines où j’étais assise vers le fond. C’était encore l’époque où on mettait
ses habits du dimanche pour prendre l’avion. Je me souviens que j’avais
mis le casque qu’ils prêtaient, un gros engin qui ressemblait à un
stéthoscope. J’écoutais tranquillement de la musique en regardant l’hôtesse
descendre l’allée centrale avec les plateaux-repas. Tout à coup, l’avion a fait
une embardée et les plateaux ont volé au plafond. Les hôtesses nous ont crié
d’attacher nos ceintures. Quelques secondes plus tard, elles nous
annonçaient : « Atterrissage d’urgence ! Atterrissage d’urgence ! » Ma
première pensée a été : « Je vais mourir. » Puis : « Quel gâchis ! »
L’avion s’est posé à Salina, au Kansas, sur une vieille base militaire. La
queue de l’avion a zigzagué sur la piste, et on nous a donné pour consigne
d’évacuer par le toboggan et de courir sans nous arrêter une fois au sol.
C’était délirant. Une heure plus tôt, je lisais les consignes de sécurité en me
demandant quel effet ça pouvait faire de sortir par le toboggan. On a vu
arriver des véhicules de police et des démineurs. Comme on l’apprit
ensuite, une passagère avait informé son voisin qu’il y avait une bombe
dans sa valise et qu’elle devait sauter dix minutes plus tard. L’homme avait
fait prévenir le pilote, qui avait lancé la procédure d’atterrissage en urgence.
À ma connaissance, aucune bombe n’a été retrouvée et on a fini par prendre
un autre avion. Toutes nos affaires avaient été entassées les unes sur les
autres pour être fouillées. Elles contenaient deux de mes biens les plus
précieux, mon appareil photo Instamatic et mon Polaroid Swinger, que j’ai
heureusement retrouvés au milieu des portefeuilles, des clés, des mouchoirs
et autres accessoires dont les gens bourrent leurs sacs.
Après cette épreuve, j’ai longtemps été angoissée quand je prenais
l’avion. Maintenant, je sillonne le monde en avion sans un soupçon
d’inquiétude. J’ai surmonté ma peur des avions en apprenant comment ils
fonctionnent. Cela me les a rendus moins effrayants. J’ai ainsi compris que
les ailes, conçues pour ployer, ne pouvaient pas se briser. D’effrayants, les
avions sont devenus fascinants. Ma peur a disparu après que j’ai eu
l’occasion de voyager dans le cockpit d’un vieux modèle qui emmenait des
vaches laitières à Porto Rico. Après notre retour à Miami, j’ai découvert
que l’urine des vaches était évacuée par des trous percés dans le fond du
fuselage. Même troués, les avions continuent à voler.
Mon tout premier voyage en avion s’était déroulé sans incident hormis
de terribles douleurs aux oreilles. J’étais à bord d’un Lockheed Electra à
turbopropulseurs. J’étais en sixième et je partais en vacances au Canada
avec ma famille. Mon souvenir le plus vif est le moment où l’avion est sorti
des nuages pour voler au-dessus d’eux. C’était la première fois que je
voyais les nuages par en haut, et ça m’a émerveillée.
J’ai toujours aimé observer ce qui se trouvait dans le ciel. Comme je l’ai
dit, tout ce qui était visuellement stimulant attirait mon attention : les
oiseaux, les cerfs-volants, les avions. Et j’adorais fabriquer des objets
volants. Les maquettes d’avion ne m’ont jamais passionnée parce qu’on ne
peut plus rien en faire une fois qu’elles sont assemblées. Je manquais de
patience pour cela. Si les choses n’étaient pas aérodynamiques, je n’y
voyais pas d’intérêt.
J’ai fabriqué mon premier cerf-volant vers l’âge de sept ans, avec du
papier de garnissage de boîte à biscuits, ce type de papier gondolé et un peu
ciré, plus mince et plus léger que le carton. Puis j’y ai attaché une ficelle
que j’ai nouée à l’arrière de mon tricycle. Ça n’a pas très bien marché, et je
me suis mis en tête de confectionner un cerf-volant oiseau. J’ai replié les
bords des ailes vers le haut, une chose que j’avais vu faire à mon père
lorsqu’il faisait des avions en papier. Ça me semblait logique, même si je
n’aurais pas su expliquer pourquoi. Quand j’étais étudiante, une série à
succès passait à la télé avec pour personnage principal une bonne sœur qui
pouvait voler grâce à sa grande cornette et son petit poids ; ça s’appelait La
Sœur volante. Entre-temps, j’avais acquis assez de connaissances pour
savoir que la coiffe ne respectait pas les principes aérodynamiques parce
que les ailes de sa cornette étaient repliées vers le bas plutôt que vers le
haut.
La Sœur volante et les ailes de sa coiffe repliées vers le bas.
Source : ABC Television via Wikimedia Commons.
LE CERF-VOLANT OISEAU
DE MON ENFANCE
Il vous faut :
• une paire de ciseaux
• une chemise cartonnée de 24 x 32 cm
• un feutre
• une règle
• du ruban adhésif
• 5 m de ficelle fine
• des serpentins en papier crépon (de 4,5 cm de large)
Instructions :
1. À l’aide des ciseaux, découpez la chemise en deux. Chacune des deux moitiés peut
devenir un cerf-volant.
2. Sur l’un des côtés longs, marquez le milieu (à 16 cm du bas) par un point sur la
bordure. Ce point représente le bas de votre cerf-volant. Marquez deux points sur le
bord des petits côtés, à 16 cm du bas. Reliez ces trois points pour former un
triangle.
3. Créez la « tête » de l’oiseau : marquez deux points sur le plus grand côté de votre
triangle, à 11,5 cm des bords. En partant de ces points, tracez vers le haut deux
lignes verticales de 6,5 cm. Reliez le haut de ces deux lignes par une ligne
légèrement courbe pour former le haut de la tête de l’oiseau.
Remarque. Il vous faudra peut-être procéder à plusieurs essais pour faire marcher
votre cerf-volant. Le papier à dessin épais que j’utilisais n’étant pas facile à trouver, j’ai
dû me rabattre plus tard sur des chemises cartonnées. Celles-ci ont une surface lisse
qui peut modifier les caractéristiques de vol. Vous pouvez également faire des essais
avec du papier Canson.
Le cerf-volant oiseau de ma fabrication.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Les schémas que j’ai dessinés pour recréer le cerf-volant de mon enfance (vues plane et en
perspective).
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Richard Whitcomb.
Source : United States Departement of Energy via Wikimedia Commons.
La vie de Richard Whitcomb est le parfait exemple d’une passion d’enfant devenue
vocation. Fasciné par les avions, il avait commencé très jeune à réaliser des maquettes
qu’il faisait voler lors de compétitions. Plus tard, après des études d’ingénierie en
aéronautique, il travailla dans le domaine des souffleries pour Langley, un centre de
recherches dirigé par le National Advisory Committee for Aeronautics, l’ancêtre de la
NASA. Whitcomb travaillait sur la réduction de la traînée, dans le but d’améliorer la
vitesse tout en diminuant la consommation de kérosène. Il se remémore très clairement son
premier moment d’illumination : fuseler la silhouette d’un avion sur le modèle d’une
bouteille de Coca-Cola pour réduire la friction de l’air. Dans une vidéo de la NASA
consacrée à sa vie, voici comment Richard Whitcomb décrit l’aventure : « J’ai eu l’idée.
Puis on a réalisé des maquettes pour la tester. On a fabriqué des avions en forme de
bouteilles de Coca, et miracle ! la traînée sur les ailes a tout simplement disparu. C’était un
grand moment… Ça marchait parfaitement ! Ce n’était pas juste une théorie fumeuse. On
avait découvert un moyen efficace de réduire la traînée. » Whitcomb a eu un autre apport
important sur la réduction de la traînée en observant les pointes repliées des ailes des
oiseaux, qui lui ont donné l’idée des winglets.
Une vieille bouteille de Coca-Cola.
Source : NASA on The Commons @ Flickr Commons.
Tom Crouch, l’un de ses collègues à la NASA, résume : « Pratiquement tous les avions de
ligne en service aujourd’hui portent l’empreinte intellectuelle de Dick Whitcomb. » Je ne
peux pas imaginer plus grande réussite que des inventions qui survivent à leurs inventeurs.
Un autre collègue de Whitcomb a déclaré que ce dernier possédait les deux qualités
essentielles d’un inventeur : la ténacité et la persévérance, qui lui ont permis de passer une
dizaine d’années sur chacune de ses inventions. Whitcomb a reçu de nombreuses
récompenses, dont la National Medal of Science. Et sa photo côtoie celles d’autres géants
de l’aérodynamique tels les frères Wright, Amelia Earhart, Charles Lindbergh et John
Glenn au Wright Brothers National Memorial. Après sa mort, ses cendres ont été
dispersées par avion au-dessus de la baie de Chesapeake, sur la côte Est des États-Unis.
Un avion en vol, doté de winglets semblables à ceux de mon cerf-volant
Source : Wikimedia Commons.
Un oiseau en vol.
Source : Bengt Nyman via Wikimedia Commons.
Si vous rencontrez un jour un inventeur, l’une des meilleures questions à lui poser est : «
D’où vous est venue votre idée ? » Pour Whitcomb, l’histoire comprend une bouteille de
Coca-Cola et un oiseau.
o
De fait, le dessin n 4 ressemble à une pelote ou à une boule d’élastiques. Ces balles, qui
coûtaient moins cher que les gutties et allaient plus loin, contribuèrent à populariser le
golf.
Dix ans plus tard, ayant remarqué que les golfeurs cabossaient volontairement leurs balles
de golf, William Taylor entreprit de creuser des alvéoles à la surface des balles qu’il
produisait et les commercialisa sous le nom de Spalding Glory. Un siècle plus tard, la
conception n’a pas varié, bien que des améliorations à la physique des balles de golf soient
à l’essai avec des enveloppes en uréthane et des noyaux de résine synthétique.
Voilà comment les balles de golf ont eu leurs alvéoles.
Voici comment des cerfs-volants intervinrent dans la construction du pont qui relie les
États-Unis au Canada par-dessus la grande gorge connue sous le nom de chutes du
Niagara. Charles Ellet Jr, l’ingénieur en charge du chantier, avait choisi le point le plus
étroit de la gorge pour y construire un pont suspendu. Le premier défi qui se pose dans la
construction des ponts suspendus est de faire passer un premier élément entre les deux
rives pour les relier. Une fois cela accompli, on peut faire passer des câbles, des cordes et
autres matériaux plus résistants pour établir la structure de base du pont. Entre une largeur
record de 251 mètres d’une falaise à l’autre et une chute de 67 mètres, la difficulté était de
taille. Ellet songea à utiliser une fusée ou à lancer un obus avec un canon.
Puis, en janvier 1848, un ouvrier des environs suggéra d’organiser un concours de cerfs-
volants pour traverser le fleuve. La récompense était de 5 ou 10 dollars de l’époque (selon
les sources), l’équivalent de 135 dollars aujourd’hui. Beaucoup de gens se présentèrent.
On estima que la rive canadienne était la mieux adaptée pour le lancement des cerfs-
volants, dans le sens du vent. Un jeune Américain de quinze ans, Homan Walsh, gagna la
rive canadienne avec son cerf-volant, qu’il avait baptisé Union. Il patienta toute la journée
que le vent soit favorable. Sa première tentative échoua lorsque la ficelle de son cerf-
volant se cassa sur la glace et les rochers. Enfin, au troisième essai, la ficelle relia les deux
rives. La construction du pont put ainsi être lancée, grâce à un garçon de quinze ans et à
son cerf-volant.
Ados, mes frères et sœurs et moi jouions souvent avec des cerfs-volants.
On peut en acheter à petit prix, mais il est beaucoup plus amusant de les
concevoir et de les fabriquer soi-même, de faire des essais avec différentes
formes, différentes matières, tissu ou plastique, en variant l’armature, la
queue, la ficelle. Je ne sais pas ce qui m’avait pris ce jour-là, mais j’ai
décidé un jour de fabriquer un cerf-volant d’un mètre quatre-vingts de long,
muni d’une ficelle en corde à linge, que j’ai appelé Out to Lunch (« Je sors
déjeuner ! »). C’est drôle de voir jusqu’où on peut aller en augmentant la
taille (et, dans l’autre sens, d’expérimenter le principe des miniatures).
Comme pour la planche de snowboard et les échasses, j’ai « trouvé » les
matériaux principalement sur les chantiers des alentours. L’armature était en
fines baguettes de bois, le corps du cerf-volant en épais papier d’emballage
kraft et la ficelle en corde pour les bottes de paille. J’ai agrafé le papier à
l’armature et je l’ai replié sur la corde, en l’agrafant également. J’ai utilisé
la même corde et des bouts de chiffon pour faire la queue. Il m’a fallu
plusieurs essais pour déterminer la quantité de chiffons requis. Pour réaliser
la queue d’un cerf-volant, il faut appliquer les principes de la portance et de
la traînée. Sans queue, le cerf-volant est instable et risque de tomber en
piqué aussitôt après le décollage.
LE CERF-VOLANT
Il vous faut :
• une paire de ciseaux
• un sac-poubelle épais
• un tourillon en bois de 55 cm de long et de 4 mm de diamètre
• un tourillon en bois de 35 cm de long et de 4 mm de diamètre
• une règle
• une pelote de ficelle 10 brins
• du ruban adhésif à emballage
• du papier crépon (comme celui que j’ai utilisé sur mon cerf-volant oiseau)
Instructions :
1. Ouvrez le sac-poubelle en le découpant et posez-le à plat par terre ou sur une table.
2. En tenant la feuille à la verticale, repliez les deux coins supérieurs en ramenant les
pointes le long du pli central.
3. Repliez la feuille en deux en suivant le pli central, de sorte que les coins repliés se
trouvent à l’intérieur.
4. Repliez ensuite chaque côté en deux dans la longueur. La bordure doit être
parallèle au pli central.
5. Si votre avion a tendance à plonger, relevez légèrement la pointe. Cela l’aidera à
voler en vitesse lente.
L’AVION EN PAPIER SOPHISTIQUÉ
Il vous faut :
• une feuille de papier A4 (21 x 29,7 cm)
• une règle (facultative, mais cela permet d’obtenir des plis plus marqués)
Instructions :
1. Pliez votre feuille en deux dans le sens de la longueur et dépliez-la.
2. En tenant la feuille à la verticale, repliez les deux coins supérieurs en ramenant les
pointes le long du pli central.
3. Rabattez ensuite le pli supérieur gauche vers l’intérieur en alignant la bordure sur le
pli central. Faites de même pour le pli supérieur droit.
4. Repliez de nouveau chaque côté en deux. La bordure supérieure doit être parallèle
au pli central.
Modèle d’avion en papier sophistiqué que j’ai réalisé avec une feuille A4.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Cet avion est très aérodynamique, grâce à sa silhouette fuselée et à l’étroitesse de ses
ailes qui diminue la traînée. Il vole comme une flèche !
Remarque. Amusez-vous à plier des feuilles de papier A4 de toutes les manières qui
vous passent par la tête pour découvrir les formes qui volent le mieux.
J’ai ensuite réalisé un avion en balsa, acheté en kit. Celui-là m’a coûté
deux semaines d’argent de poche. J’achetais parfois le petit modèle et je
dépensais ce qui me restait en bandes dessinées. Ces avions étaient de la
marque Guillows, une société créée en 1926. Paul Guillow était un ex-pilote
de la Première Guerre mondiale, qui avait commencé par produire ses
avions dans sa grange. L’année suivante, Charles Lindbergh a réalisé son
célèbre vol transatlantique de New York à Paris à bord de son Spirit of Saint
Louis. Le pays était fou pour tout ce qui concernait l’aviation.
J’adorais mon petit avion et je passais mon temps à le soumettre à des
vols d’essai, ajustant le placement des ailes, le sortant les jours de grand
vent, testant toutes sortes de scénarios de vol. Quand je me suis rendue
récemment au magasin de fournitures de loisirs créatifs près de chez moi,
j’ai été ravie de voir qu’on les vendait encore. Mais, de retour chez moi, j’ai
été un peu déçue. L’hélice en plastique rouge m’a paru plus petite et plus
légère qu’autrefois. Les pièces étaient un peu plus fragiles. J’étais quand
même impatiente de construire le planeur. Cela se limite à quatre étapes :
1. Fixez le gouvernail et le stabilisateur dans les encoches prévues à cet
effet.
2. Glissez l’aile dans son encoche et centrez-la.
3. Attachez l’hélice en plastique à l’avant.
4. Mettez l’élastique en place.
Il suffit ensuite de remonter l’hélice dans les sens des aiguilles d’une
montre en le tordant jusqu’à ce qu’il ressemble à une tresse de réglisse.
Votre avion est prêt à être lancé ! Les instructions qui figurent sur
l’emballage conseillent de déplacer les ailes vers l’avant ou vers l’arrière si
l’avion pique du nez ou s’arrête de voler à mi-course. On peut aussi les
décaler un peu d’un côté ou de l’autre pour rectifier l’équilibre si l’avion
penche à gauche ou à droite. Plus jeune, je me régalais à essayer tous les
réglages possibles, rien que pour voir ce qui se passerait.
L’avion Guillows de mon enfance s’élevait à deux mètres, voire deux
mètres cinquante quand je le lançais dans notre jardin. Cette fois, j’ai à
peine réussi à le faire décoller. Quand j’ai fait un essai sur la route pour
avoir une piste de décollage, il s’est écrasé sur le bas-côté. J’ai déplacé les
ailes vers l’avant, vers l’arrière, plus à gauche, plus à droite, mais l’avion
n’a pas parcouru plus d’un mètre.
Essais et tâtonnements
Charles Goodyear.
Source : Bibliothèque du Congrès.
En 1844, l’inventeur américain Charles Goodyear obtint un brevet pour l’« amélioration
du caoutchouc naturel ». Celle-ci était un procédé baptisé vulcanisation, du nom de
Vulcain, le dieu du feu des Romains. Foncièrement, le principe consistait à rendre les
produits en caoutchouc naturel plus malléables, pour éviter qu’ils fondent sous les hautes
températures ou qu’ils se fendent sous l’effet du froid. Sans être un chimiste, Goodyear
parvint à modifier la structure moléculaire du caoutchouc. À l’âge de trente-trois ans, après
une série de faillites (et même un bref un emprisonnement pour dettes), il se lança dans des
expériences chez lui. Les versions divergent, mais Goodyear aurait fait sa découverte en
laissant brûler du caoutchouc brut, du soufre et du plomb sur son poêle à bois. Ainsi
chauffé, le matériau acquit une élasticité qui permettait de le modeler à volonté. Il fallut
encore cinq ans à Goodyear pour stabiliser son procédé. En 1844, son brevet en main, il
contacta des industriels qui reconnurent l’intérêt d’exploiter sa découverte dans la
fabrication de leurs produits, allant des chaussures à semelle de gomme en passant par les
gilets de sauvetage, les ballons, les chapeaux ou les radeaux. Le caoutchouc entra ensuite
dans la composition de toits, de revêtements pour les sols, de chaînes de montage
industriel, d’amortisseurs et de pneus. La découverte de Charles Goodyear transforma les
activités industrielles. Cela ne l’empêcha pas, à sa mort, de laisser sa famille dans la
misère, après avoir été ruiné par de longs procès sur la propriété de ses brevets.
Frank Seiberling.
Source : Wikimedia Commons.
Fondée en 1898, la Goodyear Tire & Rubber Company lui rendit hommage en utilisant son
nom, bien qu’elle n’ait aucun lien avec lui. Un certain Frank Seiberling, lui-même
inventeur, avait emprunté 3 500 dollars à son beau-frère pour lancer l’entreprise avec son
frère Charles. Parmi ses nombreux brevets pour améliorer la sécurité et les performances
de ses pneus, Seiberling inventa une machine pour fabriquer les pneus, qui étaient jusque-
là réalisés à la main. Pendant qu’on en produisait cinq à la main, elle pouvait en fournir
soixante. Mais le plus intéressant est que cette machine comprenait une série de rouleaux
pour confectionner des bandes de caoutchouc en continu, reprenant le principe exploité par
Louis Nicolas Robert pour usiner son papier. La Goodyear Company existe toujours cent
vingt ans après. Et elle vend aujourd’hui des millions de pneus !
o
Brevet n US1747652A pour une méthode et une machine permettant de produire
des bandes de caoutchouc déposé par Frank Seiberling.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Les tâtonnements par lesquels je suis passée pour positionner les ailes
de mon avion auraient été un bon entraînement si j’avais voulu devenir
pilote. Ces expérimentations n’étaient pas très éloignées de ce que font les
simulateurs de vol, qui permettent aux apprentis pilotes d’acquérir une
expérience pratique de pilotage dans des conditions variées. Vous avez
peut-être déjà joué à des jeux vidéo où il faut piloter tout en lançant des
missiles pour faire exploser des cibles. Ça se gâte lorsque votre avion pique
du nez et que vous ne savez pas comment y remédier. Personnellement, je
suis sûre d’une chose : si tous les ingénieurs et tous les techniciens avec
lesquels je collabore sont capables de régler les problèmes, c’est parce
qu’ils travaillent avec leurs mains. Quant aux jeux vidéo et aux simulateurs,
ils ne sont pas dépourvus de qualités. Certaines études les accusent de tous
les maux, depuis la dépression chez les ados jusqu’à l’incitation à la
violence. D’autres signalent qu’ils développent les réflexes, la coordination
œil-main, les capacités motrices et la mémoire. Quoi qu’il en soit, ils ne
remplaceront jamais l’expérience de terrain. Lorsqu’on fait appel à moi
pour réparer quelque chose, je dois être capable à la fois de comprendre
comment l’appareil a été conçu ET de le faire marcher. Il ne sert à rien de
créer de beaux schémas si l’on ne comprend pas le fonctionnement interne
d’une machine.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur les équipements pour le bétail,
j’ai dû visiter au moins vingt-cinq établissements pour observer ce qui y
était bien ou mal fait. C’est ce qu’on appelle une approche « ascendante »,
qui part du terrain. Cette première étape est importante parce qu’il est
inutile de réinventer la roue si l’on peut s’inspirer d’un système ou d’une
méthode préexistants satisfaisants. Ma première mission était de trouver
une solution au refus du bétail de traverser les cages de contention. Très
vite, je me suis rendu compte qu’une des causes de ralentissement des
animaux était le contraste entre l’ombre et la lumière créé par les barrières
métalliques. Les animaux sont également perturbés par les mouvements
rapides, comme les battements d’un drapeau. Même des éléments aussi
insignifiants qu’un plastique coincé dans une grille, un tuyau par terre, un
reflet métallique sur une carrosserie ou une flaque sont susceptibles de les
ralentir.
Un parc d’engraissement que j’ai visité au début de ma carrière. J’y ai observé que les
animaux refusaient d’avancer à cause de l’ombre et des raies de lumière.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Si je m’en suis aperçue, c’est parce que mon propre système nerveux
fonctionne un peu comme celui de ces animaux. Je suis extrêmement
sensible aux expériences sensorielles, et tout changement dans mon
environnement me perturbait beaucoup quand j’étais petite. C’est pareil
pour le bétail : tout ce qui est nouveau ou inhabituel risque de l’effrayer.
J’encourage vivement tous les jeunes, les parents et les enseignants à
considérer la sensibilité des enfants sous toutes ses formes comme un atout,
parce que c’est ce qu’elle est. Du temps où j’étais étudiante à l’Université
de l’Arizona, j’avais trouvé un poster que j’ai affiché ensuite partout où j’ai
vécu, et qui est aujourd’hui dans mon bureau. Il dit : « On a deux
possibilités dans la vie : se fondre dans la masse ou se distinguer. Pour se
distinguer, il faut être différent. Pour être différent, il faut aspirer à être ce
que vous seul pouvez être… » Je savais que j’étais différente et ce poster
avait un sens particulier pour moi. Il me disait que, grâce à ma différence,
je pouvais aller là où les autres n’iraient pas. Ce n’est que l’an dernier que
j’ai appris que l’auteur de ces phrases, Alan Ashley-Pitt, n’était ni un
philosophe ni un scientifique. Ce n’était même pas une vraie personne, juste
un personnage fictif inventé comme outil de marketing par l’entreprise qui
créait les posters. Sur le coup, j’ai été un peu déçue, avant de prendre
conscience que cela avait été écrit par une personne en chair et en os, restée
anonyme, comme tous ces inventeurs dont la contribution est restée dans
l’ombre ou tombée dans l’oubli.
e
Au début du XIX siècle, le Britannique sir George Cayley concrétisa sa fascination pour le
vol en mettant en application les quatre forces à l’œuvre dans son principe. Son innovation
la plus radicale fut sans doute de stabiliser les ailes, qui étaient jusque-là battantes comme
celles des oiseaux. Son planeur ressemblait beaucoup à ceux que nous connaissons. Dans
son livre sur la navigation aérienne, il décrit les trois éléments fondamentaux du vol : la
portance, la propulsion et le poids. La portance est assurée par la forme de l’aile. La
propulsion est générée par le moteur à hélice. Le contrôle de la direction est assuré par
l’empennage vertical à l’arrière et par le pilotage.
Orville Wright.
Source : Bibliothèque du Congrès.
Wilbur Wright.
Source : Bibliothèque du Congrès.
Ces idées inspirèrent les frères Wright. Dès leur plus jeune âge, Orville et Wilbur
s’intéressèrent aux machines et à leur fonctionnement. Orville n’acheva pas ses études au
lycée, mais il adorait démonter les objets pour les étudier. Avant de s’intéresser au vol, les
frères Wright avaient tenu une petite imprimerie, puis une fabrique de bicyclettes. Cet
intérêt pour la mécanique contribua beaucoup à leur succès dans l’aviation. Par ailleurs, ils
firent preuve d’une patience et d’une discipline remarquables et appliquèrent la méthode «
ascendante » pour engranger des connaissances. La biographie des deux frères Wright
rapporte une lettre adressée à la Smithsonian Institution de Washington pour réclamer de la
documentation : « Je m’apprête à entamer des recherches exhaustives sur la question… Je
souhaiterais obtenir tous les documents que la Smithsonian a pu faire paraître à ce sujet, et
si possible une liste d’autres ouvrages publiés en langue anglaise. » Ils construisirent
ensuite plusieurs modèles d’avions pour tester leurs théories, commençant par les planeurs
pour passer ensuite à des appareils à hélices pourvus de moteurs à essence.
o
Brevet n US821393A pour une machine volante déposé par Orville et Wilbur
Wright.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
En 1902, d’après Jeffrey L. Ethell, qui a consacré un ouvrage aux pionniers de l’aviation,
ils effectuèrent entre 700 et 1 000 essais couronnés de succès avec leur planeur à Kitty
Hawk, en Caroline du Nord, procédant chaque fois à des ajustements. Toujours d’après
Ethell, « pour la première fois dans l’histoire, une machine volante était contrôlée sur ses
trois axes de rotation : le tangage, le lacet et le roulis. Les frères Wright furent les premiers
à effectuer des vols stables. À la fin de la saison d’essais, ils savaient qu’ils maîtrisaient les
bases du vol contrôlé ». (On parle de tangage lorsque le nez de l’avion pique vers le haut
ou vers le bas ; de roulis quand les ailes penchent vers le haut ou vers le bas ; et de lacet
lorsque l’avion part en biais sur le côté.) Ils reçurent leur premier brevet pour une «
machine volante » en 1903.
Dans le cadre de mon travail avec le bétail, je suis allée récemment dans
une ferme où les vaches refusaient d’entrer dans les cages de contention. Le
responsable ne trouvait pas d’explication. J’ai compris tout de suite : un
bout de serviette en papier était resté coincé dessus et battait au vent. Il a
suffi que je le retire pour que les vaches se mettent en marche. C’était sous
notre nez. Et comme je pense visuellement, ces détails me sautent aux yeux.
Je pense que c’est vrai aussi pour les designers, les architectes, les artistes,
les mathématiciens et autres penseurs dont la réflexion part d’une image.
L’HÉLICOPTÈRE SIMPLE
Il vous faut :
• une hélice en plastique avec cheville de fixation en plastique
• un bâtonnet d’eskimo
• un trombone
• du sparadrap coupé en fines languettes
• une fiche en bristol
• des élastiques
• une paire de ciseaux
Instructions :
1. Fixez fermement l’hélice au bout du bâton d’eskimo.
2. Posez le trombone à plat en face de vous et redressez-en la partie intérieure vers
vous presque jusqu’à ce qu’elle forme un angle droit avec la partie extérieure.
Glissez le bas du bâtonnet d’eskimo le long de cette partie, comme dans
l’illustration, et maintenez-le en place avec les bouts de sparadrap. Fixez-le bien
pour éviter que le trombone ne s’envole !
3. Posez la fiche bristol à plat. (Vous pouvez y dessiner ou y découper les motifs de
votre choix, papillons, oiseaux ou, pourquoi pas, un hélicoptère. La forme finale de
la fiche n’affectera pas la façon de voler de votre hélicoptère. Vous pouvez vous
amuser sans crainte !) Collez la fiche à l’horizontale au milieu du bâtonnet.
4. Étirez un élastique avec vos deux mains et fixez-le, d’un côté, sur le crochet attaché
à l’hélice, et, de l’autre, à la partie dépliée du trombone.
5. Faites tourner l’hélice jusqu’à ce que l’élastique soit entièrement enroulé sur lui-
même, et forcez encore un peu.
Alphonse Pénaud.
Source : Wikimedia Commons.
C’est un petit hélicoptère jouet, fabriqué en liège, en bambou et en papier offert par leur
père aux frères Wright qui fit naître leur intérêt pour l’aviation. L’inventeur de
l’hélicoptère est un Français du nom d’Alphonse Pénaud (1850-1880), qui fut le premier à
actionner une maquette d’avion avec des élastiques pour faire tourner l’hélice, en les fixant
entre l’hélice et la queue. Il inventa ensuite le planophore, caractérisé par l’ajout de deux
éléments innovants. D’une part, ses ailes étaient recourbées vers le haut, ce dont nous
avons déjà parlé. D’autre part, il était équipé d’un stabilisateur monté à l’arrière. Le
documentaire que HBO a réalisé sur ma vie montre comment j’ai transformé un planeur en
hélicoptère, mais l’équipe de tournage a dû ruser avec la caméra pour le faire voler.
L’appareil était trop lourd pour monter à la verticale parce qu’ils avaient laissé les roues.
Ah, les détails !
L’hélicoptère d’Alphonse Pénaud.
Source : Wikimedia Commons.
Plus encore que les hélicoptères, j’ai eu envie de voir si j’étais capable
de recréer les parachutes de mon enfance, une autre de mes passions.
J’adorais les voir flotter dans les airs, surtout à partir du moment où ils se
déploient, où l’air s’engouffre dans la toile et où ils descendent tout
doucement. Les jouets parachutes étaient très courants dans les années
1950. Nous avions tous vu les courageux soldats de la Seconde Guerre
mondiale sauter des avions en parachute. J’en avais un en plastique, qui se
repliait à l’intérieur d’une paille. On le lançait en soufflant dans la paille
comme dans une sarbacane. Comme pour la plupart des objets qui
impliquent le vol, j’ai entrepris d’en fabriquer un, ce qui a commencé par
une razzia dans notre sac à chiffons pour y récupérer les foulards de soie
usés de ma mère.
En attaquant mon projet à l’âge adulte, je me suis rappelé deux choses
essentielles. Je devais commencer par fabriquer une armature en forme de
croix pour empêcher les fils de s’emmêler. Puis je devais donner au
parachute assez de poids pour le stabiliser. Je ne sais plus combien de mois
il m’a fallu pour établir ces deux conditions quand j’étais petite, mais ça
m’a fait gagner beaucoup de temps pour recommencer une fois adulte. Ah
ah !
Je devais percer un trou à chaque coin du foulard pour y passer les fils.
J’ai improvisé à l’aide de la pointe d’un vieil ouvre-boîte, craignant de trop
déchirer le tissu si je me servais de ciseaux. Puis j’ai pris une pince pour
couper deux bouts de fer dans un cintre en métal et je les ai repliés à leurs
extrémités pour former quatre boucles. J’ai disposé les deux tiges en croix à
angle droit et je les ai fixées avec du ruban adhésif. Ensuite, j’ai attaché aux
boucles en métal les ficelles qui pendaient chaque coin du foulard. Enfin,
j’ai suspendu un stylo en métal au milieu de la croix pour figurer le
parachutiste. Un petit soldat en plastique aurait été trop léger.
Puis je me suis dirigée vers le champ. Il était temps d’aller tester mes
expérimentations aéronautiques militaires top secrètes dans le ciel du
Nevada. J’ai donc lancé mon parachute bleu dans les airs. Le premier essai
fut un échec. J’ai remarqué tout de suite que le stylo était penché, ce qui
déstabilisait l’ensemble. Il ne semblait aussi trop léger, même si ce n’était
qu’une impression. Alors j’ai redressé le stylo, et collé dessus quelques
pièces de monnaie dans la foulée. Au deuxième lancement, mon parachute
ne s’est pas ouvert, mais au moins les ficelles ne se sont pas emmêlées. Puis
je me suis demandé si je devais le lancer dans le sens du vent ou le
contraire. J’ai essayé les deux, récoltant deux échecs retentissants. Il faisait
de plus en plus froid, le soleil se couchait, et j’ai rapidement décidé de
raccourcir les ficelles. J’ai procédé en les nouant, pour pouvoir récupérer les
longueurs au cas où je me tromperais et où je devrais les rallonger. De
nouveau, j’ai lancé le parachute au-dessus de ma tête. Parvenu à trois
mètres soixante de haut, le foulard s’est ouvert et il est redescendu
tranquillement. J’ai beau avoir presque soixante-dix ans, j’avais la sensation
d’en avoir sept, du simple plaisir de voir quelque chose marcher et
d’observer la beauté d’un parachute descendant gracieusement jusqu’au sol,
en suspension dans l’air.
Mon parachute.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
LE PARACHUTE
Il vous faut :
• une paire de ciseaux
• un carré de plastique léger d’environ 50 × 50 cm (ou de tissu, ou un foulard léger)
• du ruban adhésif
• 4 bouts de ficelle de 40 cm de long (essayez différentes longueurs)
• 1 bout de ficelle de 15 cm de long
• une pince
• un cintre en fil de fer
• une petite voiture genre Majorette et des pièces de monnaie, pour faire des essais avec
différents poids
Instructions :
1. Si votre morceau de plastique ou de tissu est trop grand, coupez-le au bon format.
Percez un petit trou à chaque coin. Renforcez ces trous avec du ruban adhésif pour
éviter que votre carré ne se déchire.
2. Passez les extrémités des quatre ficelles dans les trous et nouez-les.
3. Pour réaliser un « écarteur » qui empêchera vos ficelles de s’emmêler, taillez deux
tiges d’égale longueur (environ 15 cm) dans le cintre. Vous devrez sans doute vous
y reprendre à plusieurs reprises avec la pince pour couper le métal. Formez une
croix avec les deux tiges et maintenez-la avec de l’adhésif. Repliez les quatre
extrémités des tiges pour former des boucles. La croix achevée doit mesurer
environ 10 cm de large, une fois les boucles repliées.
4. Nouez les autres extrémités des ficelles aux boucles de la croix. (Sur la photo de
mon parachute, on distingue des petits nœuds sur les ficelles. Je les ai réalisés pour
pouvoir tester différentes longueurs de ficelle.)
5. Fixez maintenant la petite voiture et les pièces au bout d’une ficelle de 5 à 10 cm,
suspendue au centre de la croix en métal. Il vous faudra faire des essais pour que la
structure métallique reste équilibrée une fois le poids fixé dessus.
6. Pour lancer le parachute, pliez le tissu ou le plastique en quatre. Rassemblez le
poids et le parachute dans votre main et lancez l’ensemble en l’air, ou par une
fenêtre. Le parachute s’ouvrira en tombant. On peut aussi le lancer en le projetant
en l’air en le tenant par le haut de la toile.
Illusions d’optique
A. C. Gilbert.
Source : Wikimedia Commons.
En expérimentant pendant de nombreuses heures chacun de mes projets,
j’ai acquis beaucoup des aptitudes essentielles aux scientifiques : le
raisonnement déductif (qui consiste à exploiter la logique pour aboutir à une
réponse après avoir envisagé tout l’éventail des possibilités), la résolution
de problème et la patience. J’ai aussi acquis des compétences manuelles dès
ma prime jeunesse. Mes frères et sœurs et moi avions des tâches à
accomplir à la maison, puis nous avons eu des petits boulots d’étudiants. On
ne peut pas décrocher un emploi en passant tout son temps à jouer aux jeux
vidéo. Même pour travailler dans les jeux vidéo, le minimum serait
d’apprendre le codage, la conception, l’électronique et le sens de la
narration. On souffre aujourd’hui d’une grosse pénurie de travailleurs
qualifiés. L’un des pires changements qui aient affecté le système scolaire
américain est d’avoir supprimé les cours d’activités manuelles telles que la
menuiserie, la soudure et la mécanique auto. Il faut acquérir des
compétences pour construire quelque chose. Les miennes n’ont jamais été
autant mises à l’épreuve que lorsque j’ai voulu reconstituer une chambre
d’Ames.
Lorsque j’étais au lycée, nos professeurs nous ont fait regarder un film
des Laboratoires Bell sur les illusions d’optique. Parmi les inventeurs,
Alexander Graham Bell était l’un de mes plus grands héros. J’ai toujours
été inspirée par sa citation : « Lorsqu’une porte se ferme, il y en a une autre
qui s’ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à fixer
avec regret la porte fermée que nous ne voyons pas celles qui s’ouvrent
pour nous. » Il s’agit d’une métaphore, bien sûr, mais, depuis le lycée, j’ai
activé dans ma tête cette image de porte chaque fois que j’ai été confrontée
à un nouveau défi.
J’allais souvent sur le toit de mon dortoir pour contempler les étoiles.
Un soir, j’ai remarqué la présence d’une petite porte qui débouchait sur une
autre partie du toit, plus vaste. Je visualise encore cette porte, et d’autres
portes face auxquelles je me suis retrouvée dans la vie et que j’ai dû me
forcer à franchir pour affronter la peur. Beaucoup de gens redoutent le
changement, et c’est plus difficile encore pour les autistes, parce que leur
système nerveux met davantage de temps à traiter tout ce qui est nouveau.
Et maintenant, vous m’entendez ?
Il n’est pas surprenant qu’Alexander Graham Bell ait appliqué son esprit inventif à la
communication. Son grand-père, son père et son oncle enseignaient la diction, sa mère
devint sourde lorsqu’il était adolescent et il épousa lui-même une sourde. Il enseigna la
physiologie et la mécanique de la parole, et créa sa propre école pour les malentendants. Il
fondra ensuite le Bureau Volta, spécialisé dans les recherches et la diffusion des
connaissances sur la surdité. Il aida Helen Keller à poursuivre ses études et demeura toute
sa vie son bienfaiteur. Elle lui dédia même son autobiographie intitulée Sourde, muette,
aveugle. Histoire de ma vie, par ces mots : « À Alexander Graham Bell, qui a appris aux
personnes sourdes à parler et permis aux personnes entendantes de communiquer entre
l’Atlantique et les Rocheuses. »
Bell est surtout resté célèbre pour l’invention du téléphone. En 1885, il fonda AT&T,
l’American Telephone and Telegraph Company, qui racheta ensuite plusieurs petites
entreprises, dont la Western Electric Company, créée par le rival de Bell, Elisha Grey.
AT&T allait devenir la plus grosse société de télécommunications du pays. Western
fabriquait les combinés et les standards téléphoniques tandis qu’AT&T se chargeait de la
technologie. On peut dire que le premier était responsable du hardware (matériel) et AT&T
du software (des programmes). Alexander Graham Bell fonda également Bell Labs, centré
sur l’expérimentation et la recherche. Au fil du temps, l’entreprise développa de
nombreuses technologies, dont une basée sur une découverte, due au hasard, qui modifia
notre compréhension des galaxies. C’est en essayant de comprendre ce qui créait les bruits
parasites dans les radios à ondes courtes que le physicien et ingénieur Karl Jansky
découvrit la radioastronomie. Ce domaine exploite les radiotélescopes pour observer le
cosmos et mesurer des entités comme les galaxies et les quasars et a apporté la preuve de
la théorie du Big Bang.
Quarante ans plus tard, une autre découverte capitale fut faite aux Bell Labs par la
chercheuse en physique Shirley Ann Jackson. Ses travaux sur les particules subatomiques
ouvrirent la voie à l’invention du fax, du téléphone à touches, des panneaux solaires, des
câbles en fibre optique, et aux techniques d’identification de l’appelant et de mise en
attente d’appels. Révélant des dons dès sa jeunesse, Shirley Ann Jackson fit de brillantes
études secondaires et fut la première femme afro-américaine à obtenir un doctorat du très
renommé MIT, le Massachusetts Institute of Technology. Un fait marquant concernant
cette femme, c’est qu’elle est sortie de son laboratoire pour partager ses connaissances et
faire avancer concrètement la science. Elle fut nommée par le président Bill Clinton
présidente de l’US Nuclear Regulatory Commission, la commission de réglementation
américaine pour le nucléaire, et elle est aujourd’hui la première afro-américaine présidente
du Rensselaer Polytechnic Institute, la plus ancienne université technique des États-Unis.
Un brevet à la cour suprême
Elisha Gray.
Source : Wikimedia Commons.
Bien que la plupart des gens n’aient jamais entendu parler d’Elisha Gray, certains pensent
que le brevet d’invention du téléphone aurait dû lui revenir. Le 14 février 1876, le jour de
la Saint-Valentin, Gray déposa au bureau des brevets des États-Unis un caveat, une sorte
déclaration officielle antérieure à la demande régulière de dépôt de brevet. Deux heures
plus tard, Alexander Graham Bell déposait le sien. Certains l’accusent d’avoir été informé
de l’invention de Gray et de lui avoir volé ses idées. D’autres répliquent que Bell travaillait
sur ses propres recherches depuis des années et que ses carnets en fournissent la preuve.
o
Brevet n US174465A pour une amélioration du télégraphe déposé par Alexander
Graham Bell.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Toutes sortes d’histoires de pots-de-vin et d’avocats véreux ont circulé et, après de
nombreuses batailles judiciaires, l’affaire arriva devant la Cour suprême des États-Unis,
qui valida les brevets de Bell.
La chambre d’Ames était un projet tentant. On m’avait parlé de
l’illusion de Müller-Lyer en primaire et j’aimais bien les illusions d’optique,
parce qu’elles interviennent sur la façon dont on croit voir les choses.
L’illusion de Müller-Lyer paraît d’une simplicité enfantine, mais les
scientifiques ne sont pas tous du même avis sur le mécanisme de perception
qui la provoque. Certains pensent qu’il est lié à la manière dont notre
cerveau traite la profondeur et la distance ; d’autres le rapportent à nos
mouvements oculaires. L’illusion porte sur trois lignes de même longueur,
se terminant chacune par des flèches. Les deux flèches aux extrémités de la
première pointent vers l’extérieur, celles de la deuxième pointent vers
l’intérieur et celles de la troisième pointent toutes les deux vers la gauche.
Et ces flèches donnent l’illusion que les lignes sont de longueurs
différentes. J’ai reproduit l’illusion de Müller-Lyer avec une règle, et celle
dont les flèches pointaient vers l’extérieur semblait plus longue. J’ai
remesuré mes lignes pour en avoir le cœur net, et constaté qu’elles étaient
de longueur identique. J’en ai déduit que la première semblait plus longue
parce que son dessin en soi occupe davantage d’espace.
L’ILLUSION DE MÜLLER-LYER
Il vous faut :
• une règle
• un crayon
• une feuille de papier
Instructions :
1. À l’aide du crayon et de la règle, tracez sur la feuille deux lignes parallèles strictement de
la même longueur.
2. Terminez l’une de ces lignes par des flèches pointant vers l’intérieur, et l’autre par des
flèches pointant vers l’extérieur.
3. Demandez à vos amis laquelle est la plus longue. Faites-leur mesurer les deux lignes et
observez leur surprise lorsque vous leur prouvez qu’elles sont de longueur parfaitement
identique.
Dans le film qu’on nous a montré au lycée, la chambre d’Ames était une
pièce avec deux hommes, chacun se tenant à un bout de la pièce. L’un était
deux fois plus grand que l’autre. Or, lorsqu’ils sortaient de la pièce, nos
yeux les voyaient exactement de la même taille ! Je n’en croyais pas mes
yeux, et ça m’a obsédée. Je savais qu’il devait y avoir une ruse, mais je
n’arrivais pas à comprendre laquelle. Quand j’ai questionné mon professeur
de psychologie, il m’a mise au défi de fabriquer ma propre chambre
d’Ames. J’imaginais que cela me prendrait un jour ou deux ; après tout,
j’avais déjà réussi à réaliser une fenêtre d’Ames en forme de trapèze, ce qui
me faisait soupçonner que l’illusion avait un lien avec la perception de la
profondeur. Sauf que l’illusion de la fenêtre trapézoïdale n’a qu’une
dimension. Elle se présente comme une fenêtre rectangulaire classique,
mais une fois qu’on la fait tourner lentement sur elle-même, on a
l’impression qu’elle se balance d’avant en arrière (oscillation), alors qu’elle
tourne sur elle-même (rotation). On a beau savoir que cela ne se peut pas, la
perspective change la façon dont le cerveau perçoit le mouvement. C’est
tout le principe d’Ames.
LA FENÊTRE D’AMES
EN FORME DE TRAPÈZE
Il vous faut :
• du carton
• une règle
• un crayon
• des feutres (dont un noir) et/ou de la peinture acrylique
• des pinceaux
• une paire de ciseaux ou un cutter
• de la ficelle
• du ruban adhésif
1. Reproduisez le dessin ci-contre sur le carton à l’aide de la règle et du crayon (vous
pouvez l’agrandir au format de votre choix). Dessinez-le sur chaque face du carton.
(La première fois que j’ai réalisé une fenêtre d’Ames, j’avais comme seul élément le
souvenir du film des laboratoires Bell. Je vous mets au défi de ne jeter qu’un rapide
coup d’œil sur le dessin ci-contre et de le reproduire sans calque.)
2. Coloriez les dessins à l’aide des feutres et de la peinture. Insistez sur les contours
avec le feutre noir.
3. Découpez la fenêtre avec les ciseaux ou le cutter.
4. Servez-vous d’une ficelle pour suspendre la fenêtre à un objet situé en hauteur,
comme une lampe, et faites-la tourner sur elle-même. Cela donne l’illusion que les
fenêtres, au lieu de décrire un tour complet sur elles-mêmes, se balancent à un
rythme régulier, comme un pendule. Faites des essais en faisant tourner le carton à
des vitesses différentes pour observer la façon dont cela modifie l’illusion.
5. Pour tester un autre effet d’optique, scotchez un crayon à un angle du carreau du
milieu et faites de nouveau tourner le carton. Vous aurez l’impression qu’il passe à
travers la fenêtre.
J’aurais bien aimé pouvoir dire que la lumière a jailli dans ma tête dès
que mon professeur m’a fourni le fameux indice, mais il m’a encore fallu
tâtonner un peu. Lorsqu’on regarde une chambre d’Ames, on la regarde par
un petit trou avec un seul œil. Il faut en effet bloquer toutes les informations
qui nous sont habituellement fournies par la perception de la profondeur
pour que l’illusion fonctionne. C’est pourquoi on l’appelle officiellement
l’illusion monoculaire de la chambre déformée d’Ames.
Ci-dessus, la chambre d’Ames que j’ai réalisée pour ce livre.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
o
Brevet n US2238207A pour un système de contrôle de la vue déposé par
Adelbert Ames Jr.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
Patricia Bath.
Source : Wikimedia Commons.
Il vous faut :
• des lunettes de lecture bon marché, avec pouvoir grossissant de 3.0 (en vente dans les
pharmacies)
• un rectangle de carton de 10 × 20 cm
• un crayon
• une paire de ciseaux
• de la colle universelle
• 2 vieux mètres gradués en bois que vous pouvez découper
• une petite scie
• de la colle à bois
• un marteau
• des clous de finition
• une bande de métal flexible ou de feuillard métallique de 1,2 × 12,5 cm
• de la Super Glue pour coller le métal
• un petit pince-notes
• un morceau de carton de 5 × 10 cm
• une pince crocodile de 5 cm
• des cartes pour stéréoscope (on en trouve dans les marchés aux puces ou les brocantes,
mais on peut aussi en créer en prenant des photos presque identiques que l’on imprime.
On peut utiliser deux appareils photo disposés à 6,5 cm de distance, correspondant à la
distance qui sépare nos deux yeux. Si l’on prend des scènes statiques, on utilise un seul
appareil qu’on déplace pour prendre la deuxième photo. Cela a plus de chances de
marcher si les personnages ou les objets sont séparés par une distance d’environ 20
centimètres).
Instructions :
1. Retirez les verres des lunettes de lecture.
2. Déposez les verres sur le morceau de carton de 10 x 20 cm, à la même distance
l’un de l’autre que sur les lunettes. Tracez leurs contours au crayon sur le carton (A).
3. Avec les ciseaux, découpez des trous à l’emplacement des verres, un peu plus
petits que les verres eux-mêmes. Le trou de gauche sera aligné sur la photographie
de gauche, et le trou droit s’alignera sur le centre de la photo de droite. Déposez de
la colle universelle sur la bordure arrière des verres et fixez-les sur les deux trous.
Laissez sécher plusieurs heures.
4. Découpez les mètres en bois avec la petite scie. Coupez le premier en trois parties,
respectivement de 10, 38 et 22 cm (B, C et D). Découpez une section de 38 cm (E)
dans l’autre mètre.
5. Créez maintenant la base de votre vue stéréoscopique. Avec la colle à bois, le
marteau et les clous de finition, fixez la section de mètre de 10 cm (B) à angle droit
au bout d’une des sections de 38 cm (C).
6. Créez une « ceinture » ou une « boucle » avec le métal flexible (F). Posez la
deuxième section de mètre de 38 cm (E) à plat sur la première (C) que vous venez
d’utiliser pour former le socle et entourez-les de métal flexible en faisant la boucle
(ne faites qu’un seul tour). Ne serrez pas trop ; il faut garder assez d’espace pour
que les deux éléments en bois puissent glisser. Retirez la boucle en marquant
l’endroit où elle se referme et maintenez-la fermée avec un point de colle Super
Glue. Pincez le point d’attaque avec le pince-notes le temps que la colle sèche. Une
fois que la colle a pris, retirez la pince et repassez de nouveau la boucle en métal
autour des deux sections du mètre posées l’une sur l’autre. Elle doit glisser
facilement.
7. À l’aide de la colle, fixez le bas du carton sur lequel vous avez collé les verres (A) à
2,5 cm du haut de la section de mètre de 10 cm (B) qui forme l’arrière du socle sur
le schéma final. Les verres doivent être tournés vers l’intérieur du stéréoscope.
Laissez sécher plusieurs heures.
8. Pour séparer la vision des deux yeux, prenez le carton muni des verres (A) et collez
le rectangle de carton (G) à angle droit sur l’avant du carton muni des verres (A), en
le centrant entre les deux verres (comme sur la photo de mon vieux stéréoscope).
9. Avec la colle à bois, le marteau et les clous de finition, fixez la section de mètre de 22
cm (D) à angle droit à l’extrémité de la section de 38 cm (E), en face de la section de 10
cm (B). Laissez sécher. Fixez la pince crocodile à environ 1,2 cm du haut de la baguette
en bois de 22 cm, du côté qui se trouve face aux verres. Collez-la à la colle universelle et
laissez sécher plusieurs heures. Cette pince servira à maintenir votre photo.
10. Placez votre montage photo dans la pince et regardez à travers les verres. Faites
coulisser le socle jusqu’à ce que l’image se trouve à la bonne distance pour obtenir un
effet 3D et que les deux images n’en fassent plus qu’une.
J’ai fini par trouver comment créer ma chambre d’Ames : c’est un
trapèze tridimensionnel. Le sol, le plafond et les murs sont TOUS des
trapèzes. Je n’avais pas réussi à m’en apercevoir sur les photos. J’aurais du
mal à expliquer comment j’en ai eu la révélation, mais c’est sans doute lié
au fait que je n’ai pensé à rien d’autre pendant un mois. On dit aussi que le
meilleur moyen de comprendre quelque chose est parfois d’arrêter d’y
penser. Mais j’ai finalement eu l’intuition qu’il fallait la construire sous la
forme d’un trapèze tridimensionnel. Une fois la clé du mystère découverte,
j’avais trop hâte de la faire !
L’une des leçons les plus bénéfiques que j’en ai tirées est que j’étais
capable d’aller au bout de quelque chose quelles que soient les difficultés
rencontrées. Mon professeur a eu raison de me pousser à trouver la solution
toute seule. J’étais super fière de moi lorsque mon projet a été sélectionné
pour être exposé lors de la visite du conseil d’administration du lycée. Ça
m’a donné le sentiment d’être quelqu’un d’important. Il m’arrive encore de
penser aux idées d’Ames sur la perception quand je travaille avec des
animaux et que j’essaie de comprendre ce qu’ils voient dans les ombres, les
éléments en hauteur et les différentes surfaces du sol. Si je parviens à
visualiser l’environnement de leur point de vue, je peux anticiper leurs
réactions. C’est entièrement une question de perception.
Quand j’ai décidé de recréer une chambre d’Ames à l’âge adulte, cela
s’est révélé assez facile parce que je n’avais pas oublié l’indice essentiel de
la forme en trapèze. Je dois dire que je me suis beaucoup amusée. J’ai
acheté du carton rigide, du ruban adhésif et deux petits chevaux en plastique
parfaitement identiques. Vous pouvez choisir les figurines que vous
voudrez, tant qu’elles sont de la même taille. J’ai cherché autour de moi et
j’ai retrouvé le matériel à dessin de mon grand-père. J’étais très fière
lorsqu’il me l’a légué avant sa mort. Pour créer une chambre d’Ames, il
vous suffit d’une règle, d’un rapporteur pour mesurer les angles et d’une
bonne paire de ciseaux ou d’un cutter. Pour renforcer l’illusion, on peut
ajouter des fenêtres qu’on dessinera en forme de trapèzes verticaux. Cela
revient à dessiner des fenêtres en perspective. Le sol en damier est lui aussi
dessiné en perspective, avec de grandes dalles dans la zone la plus large du
trapèze, qui diminuent à mesure qu’on va vers la partie la plus étroite. Vous
pouvez aussi renforcer l’illusion en faisant des essais avec toutes sortes de
décorations, qui apporteront des informations visuelles.
LA CHAMBRE À ILLUSIONS D’AMES
Il vous faut :
• un crayon
• une grande feuille de papier pour réaliser la chambre d’Ames présentée ici (prenez du
carton si vous préférez suivre le modèle plus grand présenté ici.)
• une paire de ciseaux
• des feutres
• du ruban adhésif
• deux figurines de même taille
• un petit bout de tissu
Instructions :
1. Reproduisez l’image ci-dessous sur la feuille de papier et découpez-la.
2. Avec les feutres, décorez le sol dans la zone indiquant « sol » et les murs dans les
zones indiquant « mur ». (J’ai créé deux fenêtres sur le mur incliné, comme sur le
dessin.)
3. Pliez le diagramme en suivant les lignes continues.
4. Commencez à fixer les différentes parties ensemble avec du scotch. Pour la zone
du mur le plus court, suivez les pointillés pour scotcher le sol et le plafond.
5. Lorsque tous les éléments sont maintenus par du ruban adhésif, il doit rester une
façade ouverte. Elle va constituer l’avant de votre chambre. Posez-la à plat et
ajoutez-y vos deux figurines. (J’y ai mis mes chevaux.)
6. Découpez votre morceau de tissu au même format que la façade ouverte pour
former un rideau. Découpez un petit trou au milieu. Fixez le rideau avec du ruban
adhésif à l’emplacement du mur qui manque.
7. Regardez à travers le trou. Vous remarquerez que les figurines semblent être de
tailles différentes !
J’adorais aussi créer des dioramas. La première fois que j’en ai vu un,
c’était au musée américain d’histoire naturelle à New York. Le diorama (un
nom qui vient du grec dia « à travers » et orama, « vision ») est devenu un
dispositif très apprécié dans les musées d’histoire naturelle qui se sont
beaucoup développés entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. L’objectif
était de donner aux visiteurs la représentation la plus scientifiquement
exacte de l’habitat et de la vie des animaux. Ces derniers étaient réalisés à
partir de vraies peaux d’animaux cousues sur les silhouettes. J’avais
souvent l’impression qu’ils étaient sur le point de bondir de leurs vitrines et
de s’animer, comme dans le film La Nuit au musée.
Même si j’ai toujours été avant tout intéressée par les animaux, je me
suis aussi demandé qui étaient les artistes qui avaient créé les mises en
scène. En tant que penseuse visuelle, j’étais curieuse de savoir comment ils
avaient peint les murs arrondis et les plafonds en dôme, et comment ils
avaient rendu les décors aussi réalistes.
LE DIORAMA DU SYSTÈME
SOLAIRE
Il vous faut :
• une grande boîte à chaussures
• de la peinture acrylique (noire, argentée, dorée et n’importe quelles autres couleurs de
votre choix)
• des pinceaux
• un « marqueur peinture » blanc
• des boules de polystyrène de différentes tailles
• des piques à brochettes en bambou
• de grands verres
• un compas
• du papier doré
• une paire de ciseaux
• de la colle repositionnable multiusage
• une grande aiguille
• du fil de nylon
• du ruban adhésif
2
• des feuilles de papier Canson noir 150 g/m
• une épingle
• une lampe-torche
Instructions :
1. Peignez en noir l’intérieur et l’extérieur de la boîte à chaussures et laissez sécher
complètement, toute une nuit si possible.
2. Parsemez dessus des points plus au moins gros avec le « marqueur peinture blanc
», pour figurer les étoiles.
3. Vérifiez la taille et la couleur des planètes dans un livre ou sur Internet. Choisissez
les boules de polystyrène correspondantes. Plantez-les sur les piques à brochettes
et peignez-les dans les bonnes couleurs. Déposez les brochettes à la verticale dans
les verres pour les faire sécher. Pour créer les anneaux de Saturne, servez-vous du
compas pour dessiner deux cercles l’un dans l’autre sur le papier doré. Le plus petit
doit être de la même circonférence que la boule de polystyrène que vous avez
choisie pour Saturne. Découpez l’anneau obtenu et fixez-le avec de la colle autour
de la planète.
4. Avec la grande aiguille, percez un trou passant au centre de chaque planète.
Passer dans chacune du fil de nylon et faites un nœud à la base de chaque boule.
Placez la boîte à chaussures sur son côté le plus long. Percez des trous sur le
dessus de la boîte pour y passer les fils de nylon et suspendre vos planètes. Fixez
les fils au-dessus de la boîte avec du ruban adhésif.
5. Couvrez le haut de la boîte avec du papier noir pour masquer les fils.
6. Percez de nombreux trous dans le fond de la boîte avec l’épingle. Placez la lampe
torche allumée derrière, face à vous, et regardez briller votre galaxie.
3. Placez la pointe du compas sur une des jonctions de cet arc avec le cercle complet
et tracez un deuxième arc de cercle de la même façon.
4. Continuez à déplacer le pic du compas autour du cercle complet à la jonction de
chaque nouvel arc de cercle, dans le sens des aiguilles d’une montre. Vous obtenez
les six pétales d’une fleur.
5. Coloriez votre fleur.
J’ai observé beaucoup d’erreurs sur des rosaces exécutées par
ordinateur, parce qu’il est difficile de déterminer le milieu du cercle sur
écran. Dessiner des cercles avec un compas permet de les expérimenter à la
fois avec les yeux et avec les mains. Pour tracer le cercle parfait, il ne faut
rien d’autre qu’un compas. Les possibilités de réalisation vont de la simple
fleur à des créations extrêmement complexes.
L’étape suivante dans le domaine du dessin et des plans techniques
consiste à savoir relier les tracés du schéma à la structure réelle. Je n’ai pas
dessiné de plans pour réaliser mes deux premières inventions, la barrière
pour le ranch de ma tante et la Machine à serrer. Je me suis lancée
directement. Pas de schémas, pas de plans, pas de notes sur la conception.
Je pense que cela tenait à mon mode de pensée visuelle, mais aussi au fait
qu’étant enfant j’ignorais qu’on pouvait procéder autrement.
Moi en train de dessiner une rosace.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
La première fois que je suis tombée sur des plans de sol, c’était chez
Swift & Company, l’entreprise spécialisée dans le commerce de la viande.
Je préparais mon mémoire en sciences animales et j’étudiais le
comportement animal depuis des années, mais je ne savais pas lire un
schéma. On m’avait fourni un plan très détaillé de toute la future
installation et du domaine qui l’entourait. En m’y promenant, j’ai compris
tout de suite que le grand cercle qui y figurait était le château d’eau.
D’autres éléments étaient moins évidents, notamment certaines lignes
tracées sur un mur pour désigner l’emplacement d’une fenêtre, ou un carré
au sol pour représenter une colonne en béton qui soutenait le toit. Pour
apprendre, j’ai dû m’armer des plans d’un site déjà existant et faire le tour
de l’endroit avec la feuille à la main.
Les gens ont dû se demander ce que je fabriquais en me voyant arpenter
les lieux dans tous les sens. Mais au bout de deux jours, je pouvais associer
chaque trait dessiné sur les plans aux bâtiments eux-mêmes et à leur
équipement. À partir de là, les choses se sont éclaircies. Pour en apprendre
davantage, je me suis rendue dans le parc d’engraissement pour mesurer les
installations existantes. Je me suis basée sur ces mesures pour exécuter un
premier croquis, dont je suis retournée vérifier l’exactitude au parc
d’engraissement. Je ne me suis pas contentée de faire confiance à ma
mémoire. Cela a entraîné mon esprit à lire des plans et à visualiser
l’installation une fois achevée.
Juste pour le plaisir, prenez une feuille de papier (millimétré, si vous en
avez) et dessinez les contours de votre chambre. Ajoutez ensuite des carrés
et des rectangles pour représenter tous les meubles : lit, commode, bureau…
Veillez à respecter les proportions. Sur une autre feuille, dessinez les quatre
murs, sans oublier les portes et les fenêtres. Ceci est votre plan de sol. Vous
pouvez y ajouter les informations sur les connexions et les prises
électriques. N’oubliez pas d’y inclure les éclairages au plafond. Si vous
retiriez ensuite les meubles de votre chambre et que vous remettiez vos
plans à quelqu’un, la personne serait en mesure de tout remettre en place.
Fondamentalement, les plans architecturaux sont des instructions sur
l’emplacement des différents éléments.
Que la lumière soit
Lewis Latimer.
Source : Wikimedia Commons.
Lewis Latimer est considéré comme un héros pour sa contribution à deux inventions
majeures dont nous ne pourrions plus nous passer : le téléphone et l’ampoule. Ce fut lui
qui dessina les schémas utilisés pour le dépôt de brevet d’Alexander Graham Bell. Et il
révolutionna l’ampoule d’Edison, au filament de bambou, en créant une méthode de
production de filament de carbone qui la rendait beaucoup plus résistante et exploitable
chez les particuliers.
Fils d’esclaves noirs évadés, Latimer naquit libre dans le Massachusetts. À quinze ans, il
s’engagea pendant la guerre de Sécession dans l’armée de l’Union, en faveur de l’abolition
de l’esclavage. À la fin de la guerre, il s’installa à Boston où il fut embauché dans un
bureau de conseils en brevets et apprit à réaliser des plans en observant le travail des
dessinateurs. Son talent devait être exceptionnel, car il multiplia son salaire par sept entre
ses dix-sept et ses vingt-cinq ans.
Latimer se vit attribuer son premier brevet en 1874 pour une amélioration des toilettes
pour les trains. Il fit également breveter un système primitif d’air conditionné et un
système de portemanteau sécurisé pour manteaux et chapeaux, un système de sécurité pour
ascenseurs et le filament pour les ampoules d’Edison. Dans un article paru en 1988 en
hommage à cet inventeur oublié, le New York Times attribue aussi à Latimer l’installation
de l’éclairage électrique dans les rues et les immeubles de grandes villes comme New
York, Philadelphie, Montréal et Londres. Cet inventeur contribua à éclairer nos vies dehors
comme à la maison.
o
Brevet n US255212A pour un support pour lampe électrique déposé par John
Tregoning et Lewis H. Latimer.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
o
Brevet n US252386A pour un procédé de fabrication de filaments de carbone
déposé par Lewis H. Latimer.
Reproduit avec l’aimable autorisation du United States Patent and Trademark Office.
La Machine à serrer
Introduction
Bibliographie
Remerciements