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Les procédures alternatives aux poursuites

Essai de théorie générale


Muriel Giacopelli
Dans Revue de science criminelle et de droit pénal comparé 2012/3 (N° 3), pages 505
à 521
Éditions Dalloz
ISSN 0035-1733
DOI 10.3917/rsc.1203.0505
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DOCTRINE
Les procédures alternatives
aux poursuites

Essai de théorie générale
par Muriel GIACOPELLI
Maître de Conférences AMU, Directrice de l’ISPEC

◆ INTRODUCTION

1. Les procédures alternatives aux poursuites connaissent depuis une vingtaine d’années un
essor sans précédent puisant leur origine dans les faiblesses du système d’opportunité des
poursuites. En effet, le principe de l’opportunité des poursuites autorisant le procureur de
la République à apprécier les suites à donner aux plaintes et dénonciations (C. pr. pén., art.
40) s’est résumé pendant longtemps à l’alternative : poursuivre ou classer sans suite. Même
si ces deux figures procédurales ont évolué dans le temps, plus ou moins profondément  1,
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elles sont restées les seules réponses possibles pendant près de deux siècles. Devant l’in-
adéquation de cette dichotomie pour répondre à la commission de certaines infractions
pénales, des solutions de rechange sont nées de la pratique. Ces solutions clandestines à l’ori-
gine ont fait l’objet de consécrations légales. C’est ainsi qu’en 1993, le code de procédure
pénale s’est enrichi de la médiation pénale inscrite sous les dispositions de l’article 41-1 du
code de procédure pénale, suivie en 1999 de la composition pénale qui trouvera sa place
sous les dispositions de l’article 41-2 du code de procédure pénale. Les articles 41-1 et 41-2
sont aujourd’hui le siège des procédures alternatives aux poursuites applicables aux per-
sonnes majeures. Quant aux mineurs délinquants, les procédures alternatives aux poursuites
sont définies par les articles 12-1 et 7-1 de l’ordonnance du 2 février 1945.

2. Les nouvelles procédures des articles 41-1 et 41-2 du code de procédure pénale s’ajou-
tent désormais au choix traditionnel binaire du procureur de la République. Le procureur
de la République peut soit engager :
a) les poursuites,
b) soit mettre en œuvre « une procédure alternative aux poursuites en application des dis-
positions de l’article 41-1 ou 41-2 du code de procédure pénale »,
c) soit classer sans suite la procédure dès lors que les circonstances particulières à la com-
mission des faits le justifient (C. pr. pén., art. 40-1).

(1) L’on songe not. à la loi du 17 juin 1998 dont l’art. 27 a complété les dispositions de l’art. 40 C. pr. pén. aux
fins d’aviser le plaignant du classement de l’affaire ainsi que la victime lorsque celle-ci est identifiée. Lors-
qu’il s’agit de faits commis contre un mineur et prévus et réprimés par les art. 222-23 à 222-32 et 227-22 à
227-27 C. pén., l’avis de classement doit être motivé et notifié par écrit. Ces dispositions ont été abrogées,
l’obligation d’information du classement sans suite n’a pas pour autant été abandonnée mais confortée
depuis le 31 déc. 2007 que l’on retrouve codifiée sous les dispositions de l’art. 40-2 C. pr. pén.

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Le législateur a ainsi justifié l’introduction des procédures alternatives aux poursuites par la
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double volonté de systématiser et diversifier la réponse pénale  2. Plus largement, ces nou-
veaux modes de réponses s’inscrivent dans le courant « contractuel  3 » prônant les modes
alternatifs de règlement du litige afin d’éviter le recours au juge. Ainsi définies, les procé-
dures alternatives aux poursuites offrent au procureur de la République, une voie procé-
durale, autre, que celle de classer sans suite ou poursuivre. Cette nouvelle voie procédurale
a très vite rencontré un vif succès jamais démenti jusqu’alors  4.

3. La part réservée aux alternatives aux poursuites dans les statistiques de la Justice, montre
si besoin était, l’importance pratique du sujet. Elle s’explique en raison du contingentement
progressif du procès pénal par de nouveaux indicateurs en termes d’efficacité et de coût  5.
C’est ainsi que le taux de réponse pénale est devenu l’indicateur de la performance de la
justice. Il reflète la proportion d’affaires poursuivables ayant connu une suite quelle qu’elle
soit. Celui-ci est passé de 74,8% en 2004 contre 85,4% en 2008 ; à 88,4% en2010. Quant au
nombre de classements secs, il n’a cessé de chuter, signe de l’objectif atteint, passant de 366
414 en 2004 à 219 520 en 2008 à 163 039 en 2010, soit un taux de 11,6%. Sauf en ce qui
concerne la part réservée à la CRPC 6, le processus de jugement est en diminution constante
au profit de la part attribuée aux procédures dites d’alternatives aux poursuites. Sur les 639
317 affaires poursuivies en 2010, 527 530 sont traitées par la voie des procédures alterna-
tives  7 et 72 785 au titre d’une composition pénale réussie, contre respectivement 388 944
et 25 777 en 2004, pour 674 522 affaires poursuivies. Plus de la moitié sont traitées notam-
ment au titre de l’application de l’article 41-1 du code de procédure pénale.

4. L’étude de ces procédures alternatives aux poursuites a alimenté jusqu’à présent à une
littérature relativement abondante 8. Ce qui retient le plus l’attention à la lecture de ces tra-
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vaux, c’est la grande diversité des opinions relatives à la nature et au régime juridique de
ces procédures alternatives. Il est vrai que le législateur n’a pas facilité la tâche de la doc-
trine. Sans doute l’article 40-1 du code de procédure pénale dispose-t-il que « lorsqu’il estime
que les faits qui ont été portés à sa connaissance en application des dispositions de l’article
40 constituent une infraction commise par une personne dont l’identité et le domicile sont
connus et pour laquelle aucune disposition légale ne fait obstacle à la mise en œuvre de
l’action publique, le procureur de la République décide s’il est opportun soit d’engager des
poursuites, soit de mettre en œuvre une procédure alternative aux poursuites en applica-
tion des dispositions de l’article 41-1 ou 41-2, soit de classer sans suite la procédure dès lors
que les circonstances particulières liées à la commission des faits le justifient », mais il n’a
cessé de multiplier et diversifier les mesures alternatives qui sont autant de possibilités nou-
velles de traitement du dossier offertes au procureur de la République, sans trop se préoc-

(2) L. Aubert, Systématisme pénal et alternatives aux poursuites en France : une politique en trompe-l’œil, Droit
et Société 2010, n° 74, p. 17 s.
(3) F. Alt-Maes, La contractualisation du droit pénal. Mythe ou réalité ? cette Revue 2002. 501 ; X. Pin, La pri-
vatisation du droit pénal, RSC 2002. 245.
(4) V. not. pour un état des lieux en Europe : J.-P. Jean, La justice pénale en Europe, dans le rapport 2010 de
la CEPEJ, AJ pénal 2010. 542.
(5) En ce sens : J.-P. Jean, Politique criminelle et nouvelle économie du système pénal, AJ pénal 2006. 473.
(6) Source : Les chiffres clés de la justice, 2011, ministère de la Justice.
(7) Les procédures alternatives telles que répertoriées par l’annuaire statistique de la Justice comprennent les
médiations, les réparations mineures, injonctions thérapeutiques, orientation vers une structure sanitaire,
sociale, professionnelle, la réparation, rappels à la loi et avertissements, sanctions non pénales.
(8) Les procédures alternatives sont désormais un passage incontournable des manuels : C. Ambroise-Castérot et
P. Bonfils, Procédure pénale, PUF, 2011, n° 121-136 ; B. Bouloc, Procédure Pénale, Dalloz, 23e éd., n° 180, 223, 595 ;
F. Desportes et L. Lazerges-Cousquer, Traité de procédure pénale, Economica, 1re éd., 1159-1176 ; S. Guinchard et
J. Buisson, Procédure Pénale, Litec, 8e éd. L. Aubert, La troisième voie, la justice pénale face à ses dilemmes, Thèse de
doctorat en sociologie, Université Victor Ségalen, Bordeaux 2007 ; D. Dechenaud, Les voies alternatives, Dal-
loz Thème et commentaires, publication des actes du colloque le temps des réformes, Bordeaux, p. 241.

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cuper de la cohérence des réformes successives ainsi intervenues. Quant à la jurisprudence,

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elle est rare, voire contradictoire.

5. Faut-il dès lors, s’en tenir à la multiplicité des opinions doctrinales relatives à la nature
des procédures alternatives, qui vont de la négation de leur spécificité procédurale, jusqu’à
l’affirmation selon laquelle elles constitueraient «  une troisième voie  9 » procédurale, dis-
tincte à la fois du classement sans suite et de la procédure de poursuite, en passant par des
opinions intermédiaires, qui, tantôt minimisent la signification des mesures de l’article 41-
1 du code de procédure pénale en les réduisant à n’être que des classements sans suite
« sous condition », tantôt amplifient la portée de celles de l’article 41-1 du code de procé-
dure pénale au point d’en faire de véritables « actions à fin publique » ?

6. Il nous paraît au contraire qu’il n’est pas impossible d’esquisser une sorte de théorie géné-
rale des mesures alternatives aux poursuites qui tout à la fois met en lumière leur spécificité
(I) et tient compte en même temps de leur diversité (II) au sein de cette catégorie spéciale.

◆ I - LA SPÉCIFICITÉ DES PROCÉDURES ALTERNATIVES AUX


POURSUITES

7. La spécificité des procédures alternatives se définit d’une manière négative en ce que ces
procédures sont à la fois distinctes du classement sans suite (A) et des procédures de
poursuite (B).
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J A - Procédures alternatives et classement sans suite
8. Les procédures alternatives sont nées de la volonté de limiter les classements aux seuls
cas où il n’y a pas d’autres solutions, en apportant pour les affaires poursuivables une
réponse pénale  10. Aussi, les procédures alternatives aux poursuites se distinguent-elles des
classements sans suite à trois égards : en premier lieu par l’imputation d’une infraction à la
personne qui en fait l’objet (1), en second lieu, par les conséquences sanctionnatrices résul-
tant du recours aux procédures alternatives (2) et en troisième lieu, par les caractères juri-
diques attachés aux procédures alternatives (3).

1 - L’imputation d’une infraction à la personne faisant l’objet d’une procédure alternative

9. S’agissant du classement sans suite, celui-ci relève en principe des affaires dites non pour-
suivables en ce que les faits portés à la connaissance du parquet ne sont pas susceptibles de
tomber sous le coup d’une poursuite pénale, l’auteur ou les auteurs de l’infraction
demeure(nt) innommé(s) ou bien encore les éléments de preuve recueillis contre l’auteur
présumé sont inexistants ou insuffisants pour engager les poursuites qui seraient irrémé-
diablement vouées à l’échec. Dans un tel cas, le classement sans suite est inéluctable. Cepen-
dant, devant l’encombrement des juridictions pénales devenues incapables d’absorber l’en-

(9) J-Y Chevallier, Le parquetier et la troisième voie, Rev. pénit. 2003. 629.
(10) V. Circulaires de la direction des affaires criminelles et des grâces, Bulletin officiel du ministère de la Jus-
tice, n° 93 (1er janv. - 31 mars 2004). Circulaire relative à la politique pénale en matière de réponses alter-
natives aux poursuites et de recours aux délégués du procureur. CRIM 2004-03 E5/16-03-04, NOR  :
JUSD0430045C.

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semble du contentieux et avant l’adoption des procédures alternatives aux poursuites, l’on
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a pu assister dans la pratique à un dévoiement du principe de l’opportunité des poursuites


consistant à classer sans suite des affaires dites poursuivables  11. Le classement est dit sec en
ce qu’il intervient en l’absence de réponse pénale. Le législateur ne pouvait plus se satis-
faire d’un classement « en aveugle  12 », lançant un très mauvais signal à l’égard des auteurs
d’infractions 13. C’est précisément en raison des ces hypothèses de classement d’opportunité
des affaires poursuivables que les procédures alternatives ont été créées et développées selon
la philosophie nouvelle de systématisation de la réponse pénale 14. Encore faut-il que la « cul-
pabilité » de la personne à qui une infraction est imputée par le parquet se trouve établie.
Pour ce faire, les procédures alternatives aux poursuites recourent à deux modes d’établis-
sement de la culpabilité que sont l’aveu et/ou les éléments matériels.

10. Les procédures alternatives de l’article 41-1 et 41-2 du code de procédure pénale ont
pour socle commun « l’aveu »  15. Elles encouragent l’aveu spontané qui autorise le procu-
reur de la République à faire l’impasse sur la preuve matérielle pour se contenter d’une
« preuve juridique »  16 consistant dans « la reconnaissance de culpabilité » par l’auteur des
faits. Autrement dit, le magistrat pourra se contenter d’une vérité subjective en renonçant
à une preuve objective  17. D’autant plus que les procédures alternatives ne pouvant être
engagées que si l’auteur y consent, du consentement même implicite à la procédure se
déduira « l’aveu de culpabilité ».

11. De spontané, l’aveu peut être également provoqué. En effet, l’article 41-2 du code de
procédure pénale fait de la reconnaissance de culpabilité l’une des conditions nécessaires à
la mise en œuvre de la procédure de composition pénale . Celui-ci dispose en effet que la
composition pénale ne peut être proposée qu’« à une personne physique qui reconnaît avoir
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commis un ou plusieurs délits (...) ». Si initialement le législateur avait écarté la notification
de la composition pénale lors de la garde à vue à peine de nullité, en raison de la vulnéra-
bilité de la personne gardée à vue, la loi du 9 septembre 2002 a supprimé cette restriction.
C’est ainsi que l’on peut émettre l’hypothèse d’une corrélation entre l’importance du
recours aux procédures alternatives et l’augmentation spectaculaire du nombre des gardes
à vue, lequel a été fustigé par le Conseil Constitutionnel dans sa décision du 30 juillet 2010 18.
La systématisation des placements en garde à vue, avant que n’intervienne la réforme limi-
tant leur nombre  19, permettait de faciliter la reconnaissance des faits par l’auteur présumé
de l’infraction afin de se conformer aux exigences de l’article 41-2 du code de procédure
pénale. Il en résultait une orientation des dossiers fondée en grande partie sur les présen-

(11) V. sur les différents types de classement sans suite : F. Desportes et L. Lazerges-Cousquer, Traité de procédure
pénale, Economica, 1re éd 2009, n° 1152 s.
(12) C. Lazerges, médiation pénale, justice pénale et politique criminelle, cette Revue 1997. 186.
(13) B. Brunet, le traitement en temps réel : la justice confrontée à l’urgence comme moyen habituel de réso-
lution de la crise sociale, Droit et Société 1998, n° 38, p. 91-107.
(14) L. Aubert, Systématisme pénal et alternatives aux poursuites en France : une politique en trompe-l’œil, Droit
et Société 2010, n° 74, p. 17 s.
(15) F. Debove, L’aveu, in Code pénal et Code d’instruction criminelle, Livre du bicentenaire, Dalloz, 2010, p. 347.
(16) C. Ambroise-Casterot, Rép. Pén. Dalloz, v° Aveu, 2004.
(17) P. Maistre du Chambon, Observations hétérodoxes sur quelques évoluions de la procédure pénale, in Le droit
pénal à l’aube du troisième millénaire, mélanges offerts à J. Pradel, Cujas 2006, p. 395.
(18) Cons. const., 30 juill. 2010, n° 2010-14/22 QPC, AJDA 2010. 1556 ; D. 2010. 1928, entretien C. Charrière-
Bournazel ; ibid. 1949, point de vue P. Cassia ; ibid. 2254, obs. J. Pradel ; ibid. 2696, entretien Y. Mayaud ; ibid.
2783, chron. J. Pradel ; ibid. 2011. 1713, obs. V. Bernaud et L. Gay ; AJ pénal 2010. 470, étude J.-B. Perrier ;
Constitutions 2010. 571, obs. E. Daoud et E. Mercinier ; ibid. 2011. 58, obs. S. De La Rosa ; cette Revue 2011.
139, obs. A. Giudicelli ; ibid. 165, obs. B. de Lamy ; ibid. 193, chron. C. Lazerges ; RTD civ. 2010. 513, obs.
P. Puig ; ibid. 517, obs. P. Puig.
(19) V. sur la loi réformant la garde à vue : H. Matsopoulou, La garde à vue, une réforme inachevée, JCP 2011,
n° 542 ; M.-L. Rassat, À remettre sur le métier - Des insuffisances de la réforme, Libres propos, JCP 2011,
n° 632 ; J. Pradel, Un regard perplexe sur la nouvelle garde à vue, JCP 2011, n° 665 ; G. Roujou de Boubée,
La réforme de la garde à vue, D. 2011. 1570.

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tations faites par les policiers  20 (C. pr. pén., art. 41-2). La présence effective de l’avocat dès

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le début de la garde à vue, l’énumération des cas de placements en garde à vue, ainsi que
certaines exclusions risquent d’affecter les procédures alternatives aux poursuites. Cepen-
dant en reconnaissant l’existence d’une « audition libre » en marge de l’article 62 alinéa 2
du code de procédure pénal qu’il encadre par une réserve d’interprétation, le Conseil
Constitutionnel dans sa décision QPC du 18 novembre 2011 21, n’encourage-t-il pas les poli-
ciers à y recourir pour éviter de lourdes formalités, dans des contentieux susceptibles d’être
traités par la voie alternative ?

12. En tout état de cause, la constatation de l’infraction par une procédure de police judi-
ciaire est le préalable nécessaire à toute orientation d’une affaire en application des articles
41-1 et suivants du code de procédure pénale. C’est dire que même en l’absence d’aveu, le
recours à la procédure de l’article 41-1 du code de procédure pénale dans le silence des
textes, pourra être complété par les éléments matériels recueillis par la police judiciaire au
cours de l’enquête, tels que possession de drogue, détention d’objets volés (....). Cette opé-
ration est d’autant plus nécessaire que la mise en œuvre de l’article 41-1 du code de procé-
dure pénale est subordonnée à l’identification du dommage causé à la victime et du trouble
causé à la société, qui sont autant d’éléments constitutifs de la responsabilité pénale  22. Les
procédures alternatives aux poursuites se distinguent ensuite du classement sans suite quant
à leurs effets

2 - Les conséquences sanctionnatrices résultant du recours aux procédures alternatives

13. S’agissant du classement sans suite, il n’emporte aucune conséquence négative pour la
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ou les personnes visées dans la plainte ou dans la procédure d’enquête portée à la connais-
sance du parquet. Les démarches sont, comme leur nom l’indique, « sans suite » pour l’au-
teur de l’infraction. Concrètement le dossier est archivé bien qu’il puisse être rouvert.

14. En revanche, les procédures alternatives aux poursuites ont pour objet de «  sanction-
ner » l’infraction commise. Le terme de sanction doit ici être envisagé dans son sens le plus
large comme «  toute mesure, même réparatrice, justifiée par la violation d’une obliga-
tion »  23. En l’espèce, la violation de l’obligation consiste en la commission de l’infraction.
À cette fin, le procureur de la République dispose d’une large palette de mesures alterna-
tives toutes mesures confondues. L’article 41-1 du code de procédure pénale comprend le
rappel à la loi (C. pr. pén., art. 41-1, 1°), l’orientation vers une structure sanitaire, sociale
ou professionnelle (C. pr. pén., art. 41-1, 2°), l’obligation de régulariser sa situation au regard
de la loi ou des règlements (C. pr. pén., art. 41-1, 3°), les mesures de réparation (C. pr. pén.,
art. 41-1, 4°), la mesure de médiation pénale (C. pr. pén., art. 41-1, 5°) et l’interdiction de
paraître au domicile familial en cas d’infraction commise contre son conjoint, concubin ou
partenaire (C. pr. pén., art. 41-1, 6°). Quant aux mesures proposées au titre de la composi-
tion pénale, le législateur n’a eu de cesse de les diversifier au coup par coup, presque qua-
siment à chaque loi nouvelle. Ce qui porte à 17 le nombre de mesures  24. Sans prétendre à
l’exhaustivité, l’on citera l’amende de composition pénale versée au profit du trésor public

(20) C. Mouhanna, B. Bastard, Procureurs et substituts  : l’évolution du système de production des décisions
pénales, Droit et Société 2010, n° 74, p. 35.
(21) Cons. const., 18 nov. 2011, n° 2011-191/194/195/196/197 QPC, D. 2011. 3034, note H. Matsopoulou ; ibid.
3005, point de vue E. Vergès ; ibid. 2012. 1638, obs. V. Bernaud et N. Jacquinot ; AJ pénal 2012. 102, obs. J.-
B. Perrier ; cette Revue 2012. 185, obs. J. Danet ; ibid. 217, obs. B. de Lamy ; JCP 2011. 1452, obs. J. Pradel.
(22) J.-C. Saint-Pau, Le ministère public concurrence-t-il le juge du siège ? Dr. pénal 2007, n° 9, Etude 14.
(23) G. Cornu, Vocabulaire juridique, association Henri Capitant, V. Sanction, 2e sens.
(24) Dont la dernière est issue de la loi LOPPSI II et trouve sa justification dans les dispositions destinées à lut-
ter contre l’insécurité routière.

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(C. pr. pén., art. 41-2), des mesures de dessaisissement soit de la chose qui a servi ou était
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destinée à commettre l’infraction (C. pr. pén., art. 41-2, 2°) du permis de conduire (C. pr.
pén., art. 41-2, 4)°) ou de chasse (C. pr. pén., art. 41-2, 5°) voire de son véhicule (C. pr. pén.,
art. 41-2, 3°), des mesures de stages ou de formation (C. pr. pén., art. 41-2 7°, 13°) ou d’ac-
tivités d’insertions professionnelles (16°), des mesures de travail non rémunéré (6°), des
mesures d’interdiction (8° ; 9° ; 10° ; 12° ; 14°). Plus encore les procédures alternatives aux
poursuites se distinguent du classement sans suite par les caractères qui leur sont attachés.

3 - Les caractères juridiques attachés aux procédures alternatives

15. Les procédures alternatives se différencient du classement sans suite par leur nature juri-
dique, le jeu de la prescription et l’autorité de la chose jugée.

a - La nature juridique
16. S’agissant de la nature juridique, elle est unilatérale pour le classement sans suite et
conventionnelle pour les procédures alternatives aux poursuites. Lorsque le ministère public,
décide de ne pas mettre en mouvement l’action publique, et au- delà n’apporter aucune
réponse pénale à l’affaire qui lui est soumise, il prend une décision de classement sans suite.
Assurément unilatérale, la décision était même autrefois discrétionnaire. Aujourd’hui, le
législateur a clairement manifesté son hostilité au classement sans suite, en soumettant la
décision de classement à une obligation de motivation par le procureur de la République,
lequel doit justifier sa décision auprès des victimes « par des raisons particulières » liées à la
commission des faits et indiquer les raisons juridiques ou d’opportunité qui en découlent.
La doctrine continue majoritairement à voir dans le classement sans suite une mesure d’ad-
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ministration judiciaire (MAJ)  25, malgré le recours hiérarchique ouvert devant le procureur
général (C. pr. pén., art. 40-1 à 40-3).

17. Quant aux procédures alternatives aux poursuites, elles présentent le caractère d’une
sorte de «  convention  » passée entre le procureur de la République et la personne
concernée. Le caractère contractuel est indiscutable dans la procédure de l’article 41-2 du
code de procédure pénale, qui soumet expressément la proposition de composition pénale
faite par le ministère public à l’accord de l’intéressé. Le consentement de l’intéressé est
ainsi recueilli par procès-verbal scellant l’accord en vue de son exécution. S’agissant des
procédures de l’article 41-1 du code de procédure pénale, l’exigence du consentement de
l’auteur de l’infraction se fait plus discrète. Toutefois, les procédures alternatives ne peu-
vent être engagées que si l’intéressé y consent. Le code de procédure pénale pourra même
se contenter d’un consentement implicite déduction faite de l’exécution de la mesure. Il
en est ainsi de la procédure de l’article 41-1 du code de procédure pénale qui ne produira
ses effets que si la mesure est exécutée. Ce qui dépend concrètement de la volonté de l’au-
teur des faits.

b - Le jeu de la prescription
18. Contrairement aux procédures alternatives aux poursuites, qui ont une incidence sur le
jeu de la prescription de l’action publique, le classement sans suite n’a en revanche aucune
incidence sur celle-ci, de telle sorte que la prescription continue à courir.

(25) La pratique du classement sans suite a été traditionnellement analysée comme une MAJ. En ce sens : P. Bou-
zat et J. Pinatel, Traité de droit criminel et de criminologie, t. II, Procédure Pénale, 2e éd., 1979, éd. Dalloz ; R.
Merle et Vitu, Traité de droit criminel, T. II, Procédure pénale, 5e éd., Cujas, 2001, n° 329. V. pour une posi-
tion plus nuancée : R. Gassin, Les mesures d’administration judiciaire en procédure pénale, in Mélanges en
l’honneur de S. Guinchard, Justices et droit du procès, Dalloz, 2010, p. 954.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


c - L’autorité de la chose jugée

DOCTRINE
19. Sous l’angle des principes processuels, la chose jugée « est un mode d’extinction de
l’action publique par l’effet d’une décision définitive, rendue par une juridiction répres-
sive française relativement à cette action. L’autorité de la chose jugée empêche de recom-
mencer un nouveau procès et de juger une seconde fois le délinquant à propos des
mêmes faits (C. pr. pén., art. 368) » 26. La nature purement administrative du classement
sans suite  27 suffit à priver ce dernier de l’autorité de la chose jugée. Cette décision
n’ayant pas l’autorité d’un jugement n’a pas l’autorité de la chose jugée, ce qui autorise
notamment le procureur de la République, tant que la prescription n’est pas acquise, à
revenir sur sa décision.

20. En revanche, la spécificité des procédures alternatives aux poursuites invite nécessaire-
ment à s’interroger sur l’autorité des décisions qui en sont issues et l’opportunité en ce qui
les concerne de recourir au critère organique, tiré de l’acte juridictionnel pour les étudier.
C’est notamment au regard des évolutions contemporaines du procès que de nombreux
auteurs, au sein de la doctrine processualiste, ont remis en cause une telle conception clas-
sique pour se tourner vers un critère finaliste. Ce qui importe dans le cas des procédures
alternatives aux poursuites, c’est la possibilité ou non qu’a le procureur de la République
de revenir sur une décision exécutée par son auteur. L’article 41-2 du code de procédure
pénale dispose que « l’exécution de la composition pénale éteint l’action publique ». Même
si celle-ci ne fait pas échec à ce que la victime puisse directement citer l’auteur de l’in-
fraction devant le tribunal correctionnel, sur les seuls intérêts civils, on peut admettre que
la composition pénale a « autorité de la chose exécutée ».

21. S’agissant de la procédure de l’article 41-1 du code de procédure pénale, le trouble


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est venu dans le silence de la loi, de deux arrêts en sens contraire rendus par la Cour de
cassation. Alors que dans un arrêt en date du 10 juin 2009  28 la Cour de cassation sem-
blait rendre irrecevable toute saisine du tribunal correctionnel postérieurement à un rap-
pel à la loi, le 21 juin 2011  29 la Cour de cassation censure les juges du fond qui ont fait
application de la solution précédemment dégagée alors pourtant que la mesure avait été
correctement mise en œuvre et appréciée positivement quant à son impact. La chambre
criminelle affirme au visa de l’article 41-1, que l’éventuel succès d’une mesure alternative
aux poursuites ne priverait pas le procureur de la République de mettre en mouvement
l’action publique. L’interprétation de l’article 41-1, n’en contrevient pas moins à la logique
même de l’institution  30 et sinon à la lettre du texte du moins à son esprit  31. Ces argu-
ments tirés de la ratio legis auraient dû conduire à l’adoption d’une même solution pour
les procédures alternatives de l’article 41-2 et 41-1 du code de procédure pénale. « Sauf
élément nouveau », ce n’est qu’en cas de non-exécution de la mesure que le procureur
de la République peut mettre en œuvre la composition pénale ou engage des poursuites.
A contrario, en l’absence d’élément nouveau, ce qui était le cas en l’espèce, et en cas d’exé-
cution de la mesure, le procureur de la République ne devrait pas être autorisé à mettre
en œuvre l’action publique.

(26) B. Bouloc, Procédure pénale, 23e éd. Dalloz, n° 201.


(27) V. Vitu, Le classement sans suite, cette Revue 1947. 505.
(28) Crim., 10 juin 2009, n° 09-80.718.
(29) Crim., 21 juin 2011, n° 11-80.003, D. 2011. 2379, note F. Desprez ; ibid. 2349, point de vue J.-B. Perrier ; ibid.
2012. 2118, obs. J. Pradel ; AJ pénal 2011. 584, note L. Belfanti ; RSC 2011. 660, obs. J. Danet ; Gaz. Pal. 17-
19 juill. 2011, p. 18, note S. Detraz ; D. 2011. 2379, note F. Desprez ; D. 2011. 2349, point de vue J.-B. Per-
rier.
(30) En ce sens, F. Desprez, préc.
(31) En ce sens : J.-B. Perrier, préc.

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J B - Procédures alternatives et poursuites judiciaires


DOCTRINE

22. Nettement distinctes du classement sans suite, les procédures alternatives le sont tout
autant des poursuites judiciaires. Il en est ainsi au moins à trois points de vue essentiels que
sont : l’acte de saisine (1), la nature et les effets de la décision (2) et les cas de non exécu-
tion de la mesure alternative (c).

1 - L’acte de saisine

23. D’un côté, la saisine de la juridiction pénale d’instruction ou de jugement par le pro-
cureur de la République met en mouvement l’action publique. La poursuite est à cet égard
indifférente à la volonté de la personne poursuivie, dont l’accord n’a pas à être recherché.
De l’autre, l’exercice de l’action publique dessaisit le procureur de la République de son
pouvoir d’apprécier l’opportunité des poursuites et de revenir par conséquent sur sa déci-
sion. La décision de poursuivre, une fois prise par le ministère public est irrévocable et irré-
versible. L’action publique ne lui appartient plus, elle est indisponible.

24. En revanche, l’acte par lequel le procureur de la République décide de recourir à


une procédure alternative doit intervenir «  préalablement  » à sa décision sur l’action
publique (C. pr. pén., art. 41-1) ou « tant que l’action publique n’a pas été mise en mou-
vement » (C. pr. pén., art. 41-2). Il s’en déduit que les procédures alternatives aux pour-
suites ont en commun de se situer à un stade où les poursuites ne sont pas engagées et
ne le seront peut-être jamais. Par ailleurs et surtout, le recours à une procédure alterna-
tive n’est qu’une « proposition » faite par le procureur de la République, explicite dans
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l’article 41-2 et implicite dans l’article 41-1 du code de procédure pénale, soumise à l’ac-
cord de l’intéressé. Le cas échéant, en l’absence de consentement de l’auteur des faits,
ou en cas d’inexécution de la mesure acceptée par l’auteur, le procureur de la Répu-
blique retrouve son entière maîtrise de l’action publique, ce qui ressort nettement des
dispositions de l’article 41-2 du code de procédure pénale. Celui-ci précise en effet que,
« si la personne n’accepte pas la composition pénale ou si après avoir donné son accord,
elle n’exécute pas intégralement les mesures décidées, le procureur de la République met
en mouvement l’action publique, sauf élément nouveau  ». On peut donc dire que
contrairement au cas de poursuite judiciaire, le recours aux procédures alternatives aux
poursuites ne dessaisit pas en principe le procureur de la République de son pouvoir
d’opportunité des poursuites. Il ne fait que le limiter pour les besoins de la mise en
œuvre de cette procédure spécifique.

2 - Nature et effets de la décision prise à la suite de l’acte de saisine

25. La seconde différence se rapporte à la nature et aux effets de la décision prise à la suite
de l’acte de saisine. Dans les cas de saisine de la juridiction répressive, l’action publique
exercée par le procureur de la République est selon l’article 1er du du code de procédure
pénale, l’action pour l’application des peines. La procédure aboutit soit à un jugement de
condamnation, soit à l’inverse à une décision de relaxe ou d’acquittement. En cas de
condamnation, la juridiction de jugement prononce une ou plusieurs peines et éventuelle-
ment des mesures de sûreté. Le jugement, une fois passé en force de chose jugée est défi-
nitif. Quant à la sanction pénale, une fois prononcée, elle est ramenée à exécution par le
ministère public, sous réserve du jeu des éventuels aménagements de peine. La décision ne
nécessite en aucun cas l’accord de l’intéressé, sauf peut-être pour certaines peines. En
revanche, la décision de recourir aux mesures alternatives prise par le procureur de la Répu-
blique nécessite le consentement de l’intéressé.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


26. Sans doute, dans le procès pénal, le consentement  32 donné aux termes d’une procé-

DOCTRINE
dure alternative est conclu in fine sous la menace de mettre en mouvement l’action publique,
laquelle influe nécessairement sur la volonté de l’intéressé. Cela vaut pour la médiation
pénale et a fortiori pour la composition pénale. À un moindre degré, la situation n’est pas
si éloignée pour les procédures consensuelles en matière civile, puisque le refus du consen-
tement à la médiation débouchera également sur une procédure judiciaire 33. Malgré la pres-
sion exercée sur la volonté par la perspective de poursuite, le choix demeure une réalité
pour la personne délinquante.

27. En outre, malgré la ressemblance relevée par certains auteurs 34 de certaines des mesures
alternatives aux poursuites notamment celles de l’article 41-2 du code de procédure pénale,
à des peines complémentaires les procédures alternatives ne sauraient être assimilées à des
peines malgré leur habillage pénal. Si les mesures alternatives sont à n’en point douter des
sanctions, elles ne sont pas des peines en ce qu’elles ne sont pas prononcées par une juri-
diction, mais par une autorité autre que le juge en la personne du procureur de la Répu-
blique. En effet, toutes ces réponses présentent comme caractéristique commune de rele-
ver de l’exercice des prérogatives du procureur de la République.

28. On a pu également tiré argument de la judiciarisation de la procédure de la composi-


tion pénale pour les besoins de la comparaison, en ce que la composition pénale est sou-
mise à validation du juge du siège. Cependant, la validation par un juge du siège ne saurait
équivaloir à un jugement, pas même à titre gracieux. En effet, la validation n’est pas trans-
posable à la procédure d’homologation de l’accord passé au titre de la CRPC, en ce que le
contrôle opéré par le juge pour la mise en œuvre des procédures alternatives aux poursuites
se limite à un contrôle de légalité  : validant ou rejetant la proposition transmise. Le rôle
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joué par le Président de la juridiction s’apparente davantage à une «  chambre d’enregis-
trement », ce qui peut expliquer que la décision est insusceptible de recours. Par ailleurs, si
les compositions pénales exécutées sont inscrites au B1 du casier judiciaire, elles ne sont pas
pour autant des jugements de condamnation de sorte que la Cour de cassation en a tiré la
conséquence qu’elles ne comptent pas pour le jeu de la récidive légale  35.

3 - Les cas de non-exécution des sanctions prononcées

29. Conformément aux dispositions de l’article 707-1 du code de procédure pénale, il appar-
tient au procureur de la République de mettre à exécution la condamnation pénale pro-
noncée par la juridiction de jugement, au besoin en recourant à l’exécution forcée. Cette
dernière est inconnue des procédures alternatives en raison de leur nature contractuelle.
En cas d’inexécution des sanctions prononcées au titre des procédures alternatives, le pro-
cureur de la République retrouve pleinement l’opportunité des poursuites, qu’il exercera
comme ultime réponse après le passage par une éventuelle composition pénale. En effet,
aux termes des dispositions de l’article 41-1 in fine du code de procédure il est dit qu’« en
cas de non-exécution de la mesure en raison du comportement de l’auteur des faits, le pro-
cureur de la République, sauf élément nouveau, met en œuvre une composition pénale ou
engage des poursuites ». Le législateur a en effet entendu articuler les procédures alterna-
tives entre elles selon une réponse graduée. Ainsi en cas d’échec des procédures de l’article

(32) V. C. Ambroise-Casterot, Le consentement en procédure pénale, in Mélanges Pradel, Cujas, 2006.


(33) V. en ce sens, Civ. 1re, 7 déc. 2005, n° 02-15.418, D. 2006. 1217, obs. I. Gallmeister, note J.-G. Mahinga ; ibid.
2430, obs. M. Douchy-Oudot ; Rev. crit. DIP 2006. 583, note S. Godechot-Patris.
(34) P. Poncela, quand le procureur compose avec la peine, cette Revue 2002. 638.
(35) Crim., 30 nov. 2010, n°  10-80.460, D. 2011. 166  ; ibid. 2231, obs. J. Pradel  ; ibid. 2823, obs. G. Roujou de
Boubée, T. Garé, S. Mirabail et T. Potaszkin.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


41-1 du code de procédure pénale, la poursuite n’est pas systématiquement envisagée. Le


DOCTRINE

procureur de la République n’ayant pas perdu son pouvoir d’opportunité à la suite de la


mise en œuvre de la procédure de l’article 41-1 du code de procédure pénale, il pourra tou-
jours préférer recourir à une mesure de composition pénale avant toute action publique.

30. En définitive, qu’il s’agisse de leur confrontation avec le dispositif du classement sans
suite ou avec les procédures judiciaires de poursuite, les procédures alternatives se distin-
guent nettement de l’une et de l’autre par des traits nombreux et essentiels qui consacrent
leur spécificité. L’appellation de « troisième voie » exprime bien cette réalité distincte du
classement sans suite et des poursuites. Cela étant cette spécificité ne signifie pas pour
autant uniformité. Les procédures alternatives ainsi que les mesures qui en constituent
l’aboutissement sont diverses. Toute la question est alors de mesurer l’étendue exacte de
cette diversité.

◆ II - LA DIVERSITÉ DES PROCÉDURES ALTERNATIVES AUX


POURSUITES

31. Pour mesurer aussi exactement que possible l’étendue de la diversité des procédures
alternatives, la meilleure solution paraît être d’exposer dans un premier temps les éléments
législatifs et jurisprudentiels du débat (A) et dans un deuxième temps de discuter les ana-
lyses doctrinales émises à partir de ces données (B).
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J A - Les éléments législatifs et jurisprudentiels
32. La lecture attentive des articles 41-1 et 41-2 du code de procédure pénale ainsi que des
quelques arrêts de la Cour de cassation rendus à leur sujet conduisent à constater que les
procédures alternatives comportent des éléments communs (1) et des éléments de diffé-
renciation (2).

1 - Les éléments communs

33. Les éléments communs aux procédures alternatives concernent leur domaine d’appli-
cation quant aux infractions et aux auteurs (a), certaines mesures sanctionnatrices (b) , leur
mise en œuvre (c) et leurs effets (d).

a - Quant au domaine d’application des procédures alternatives


34. Les procédures alternatives répondent au traitement de la délinquance, de faible à
moyenne gravité. Cela vaut, a fortiori, pour les procédures de l’article 41-1 du code de procé-
dure pénale, même si le texte ne précise pas le domaine d’application desdites mesures. Elles
constituent en effet le premier palier de la répression pénale qui se déduit tant des condi-
tions ayant entouré leur naissance  36, que des conditions juridiques de leur mise en œuvre
empruntant à la dispense de peine et enfin de la possibilité pour le procureur de la Répu-
blique de passer à la « vitesse supérieure » de la composition pénale en cas d’inexécution
de la mesure proposée au titre de l’article 41-1. Le second palier correspond au recours à

(36) En particulier de la médiation pénale. V. en ce sens : J. Leblois Happe, La médiation pénale comme mode
de réponse à la petite délinquance : état des lieux et perspectives, cette Revue 1994. 525.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


la composition pénale dont le domaine d’application est précisé par l’article 41-2 du code

DOCTRINE
de procédure pénale, alinéa 1er. Celui-ci dispose que la composition pénale est d’applica-
tion générale aux contraventions et d’application limitée aux délits punis à titre de peine
principale d’une peine d’amende ou d’une peine d’emprisonnement d’une durée infé-
rieure ou égale à 5 ans (C. pr. pén., art. 41-2 al. 1) et le cas échéant une ou plusieurs contra-
ventions connexes. L’on soulignera cependant l’extension du domaine d’application de l’ar-
ticle 41-2 qui englobe aujourd’hui la quasi-totalité du contentieux de masse à l’exception
des délits de presse, d’homicide involontaire ou des délits politiques. Quelles que soient les
procédures de l’article 41-1 ou 41-2 du code de procédure pénale, elles sont exclusives de
la matière criminelle. Quant à leurs auteurs, la mise en œuvre des procédures alternatives
en tant « que proposition » faite par le procureur de la République ou ses délégués 37, néces-
site le consentement de l’intéressé après que celui-ci a reconnu la réalité des faits reprochés.

b - Quant au caractère commun de certaines mesures sanctionnatrices


35. Malgré l’absence d’identité totale entre les mesures de l’article 41-1 et 41-2 du code de
procédure pénale, hormis l’interdiction faite de se présenter au domicile familial pour l’au-
teur de violences conjugales respectivement envisagées sous l’article 41-1 6° et 14° de l’ar-
ticle 41-2 du code de procédure pénale, il apparaît que les mesures prononcées au titre des
procédures alternatives visent à permettre au procureur de la République à répondre de la
manière la plus adaptée qu’il soit à la réalisation d’objectifs identifiés. Alors que certaines
mesures, toutes procédures confondues, sont tournées vers les causes de la transgression,
d’autres sont davantage centrées sur les conséquences de l’acte. De la sorte, que la classifi-
cation consistant souvent à opposer les mesures de l’article 41-1 du code de procédure
pénale à finalités réparatrices à celles de l’article 41-2 du code de procédure pénale dites à
finalités répressives doit être relativisée. Tout d’abord, la réparation a essaimé dans le code
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pénal à travers la peine de sanction réparation, en ce que cette dernière est devenue un élé-
ment de la peine. Ensuite, la finalité réparatrice n’est pas totalement absente de la compo-
sition pénale, même si contrairement à la première, la réparation ne s’entend que de la
réparation patrimoniale du préjudice et ne saurait à ce titre inclure les excuses faites à la
victime, ni même la mesure autonome de TNR prévue pour la composition pénale. En
outre, le législateur répond à la transgression de l’acte par des obligations de faire com-
munes aux procédures de l’article 41-1 et 41-2 du code de procédure pénale, dont seules
les modalités d’exercice diffèrent. Il en est ainsi de l’orientation vers une structure sanitaire
et sociale, qui servira de cadre juridique à la pratique des stages de responsabilisation paren-
tale, de citoyenneté, de sensibilisation dans l’article 41-1, tandis que l’article 41-2 prévoit les-
dites mesures de stages, mais à titre autonome.

c - Quant à leur mise en œuvre


36. La mise en œuvre des procédures alternatives aux poursuites repose sur le fondement
contractuel de la reconnaissance de culpabilité de la personne à qui les faits sont reprochés.
Si la loi prévoit que l’ordonnance pénale à laquelle il n’a pas été formé opposition, procé-
dure sans juge, a les effets d’un jugement passé en force jugée, il en va différemment des
procédures alternatives aux poursuites pour lesquelles la chambre criminelle de la Cour de
cassation vient d’affirmer dans son arrêt du 6 décembre 2011 38, qu’elles ne valent pas « éta-
blissement » de culpabilité. En l’espèce, le requérant avait porté plainte et s’était constitué
partie civile contre la direction générale de la police nationale qui avait inscrit dans le fichier
Système de traitement des infractions constatées (STIC) des faits relatifs à des appels télé-
phoniques, dont le requérant contestait le caractère malveillant et pour lesquels il avait fait

(37) Supra, n° 17 et 24.


(38) Crim., 6 déc. 2011, n° 11-80.419, D. 2012. 2118, obs. J. Pradel ; cette Revue 2012. 188, obs. J. Danet ; Dalloz
actualités 2012 .102.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


l’objet d’un rappel à la loi par le procureur de la République. Si le juge d’instruction a rendu
DOCTRINE

une ordonnance de refus d’informer au motif que les faits dénoncés n’étaient pas suscep-
tibles de recevoir une qualification pénale, il n’en demeure pas moins que la chambre cri-
minelle a rappelé à cette occasion que «  si c’est à tort que la chambre de l’instruction a
énoncé que le rappel à la loi impliquait la constitution du délit alors que cette mesure, prise
par une autorité de poursuite, n’établit pas la culpabilité de la personne suspectée ou pour-
suivie, l’arrêt n’encourt pas la censure dès lors que la Cour de cassation peut s’assurer, à par-
tir des pièces produites par le demandeur lui-même, que la décision dont il a fait l’objet ne
figure par dans le fichier STIC ».

37. Rendue au double visa de l’article 41-1 du code de procédure pénale et 6 de la Conv.
EDH, la Cour de cassation précise dans cet arrêt le sens « d'infraction pénale » qui sert de
socle à un rappel à la loi, laquelle pour être qualifiée comme telle ne peut être reconnue
que par un juge ayant établi la culpabilité de l'intéressé. La solution renvoie implicitement
à la qualité contestée du ministère public en tant qu'autorité judiciaire, laquelle a été réaf-
firmée par la chambre criminelle de la Cour de cassation dans un arrêt de mise en confor-
mité du 15 décembre 2010  39 après condamnation par deux fois de la France par la CEDH
dans les arrêts Medveydiev 40 et France Moulin 41. En raison de son manque d’indépendance
à l’égard de l’exécutif bien sûr, mais surtout à l’égard des parties, la mesure alternative pro-
noncée par le ministère public ne saurait asseoir la culpabilité de la personne du fait de l’ab-
sence d’indépendance du magistrat du parquet à l’égard de la partie susceptible de faire
l’objet de poursuites. Le premier ne saurait être impartial à l’égard du second puisqu’en cas
de poursuite, il est également la partie poursuivante.

38. Bien que rendue au visa de l’article 41-1 du code de procédure pénale, la solution est
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générale et vaut également pour l’article 41-2 du même code, malgré la validation par un
juge du siège de la composition pénale, laquelle ne vaut pas jugement. En outre, cette déci-
sion pose indirectement la question de la valeur de l’aveu en cas d’échec de la procédure
alternative. La question qui a été tranchée pour la CRPC, doit pouvoir a fortiori être appli-
quée aux procédures alternatives aux poursuites. Le législateur fait interdiction au ministère
public en cas d’échec de la CRPC suivie 42 de la saisine du tribunal correctionnel ou conco-
mitante selon la pratique légalisée de la double convocation de tirer des informations de la
procédure avortée. Il en doit aller de même pour le procureur de la République en cas d’é-
chec de la procédure alternative, interdiction faite de motiver la mise en œuvre des pour-
suites en se fondant sur l’accord formalisé avec le délinquant ou validé au titre de la com-
position pénale. A fortiori depuis que la Cour de cassation a affirmé que l’accord passé ave
le ministère public ne saurait établir une quelconque culpabilité. Il convient de conclure
que seule une juridiction de jugement est autorisée à se prononcer sur la culpabilité de
l’intéressé par déclaration emportant condamnation pénale. Ce qui pose la question des
effets des alternatives aux poursuites.

(39) Crim., 15 déc. 2010, JCP 2011, n°8, p. 379, note Leroy.
(40) CEDH, 29 mars 2010, n° 3394/03, Medvedyev c/ France, AJDA 2010. 648 ; D. 2010. 1386, obs. S. Lavric, note
J.-F. Renucci ; ibid. 952, entretien P. Spinosi ; ibid. 970, point de vue D. Rebut ; ibid. 1390, note P. Hennion-
Jacquet ; cette Revue 2010. 685, obs. J.-P. Marguénaud ; F. Sudre, Le rôle du parquet en question, JCP 2010,
n°16, p. 830, notre 454.
(41) CEDH, 23 nov. 2010, n° 37104/06, Moulin c/ France, AJDA 2011. 889, chron. L. Burgorgue-Larsen ; D. 2011.
338, obs. S. Lavric, note J. Pradel ; ibid. 2010. 2761, édito. F. Rome ; ibid. 2011. 26, point de vue F. Fourment ;
ibid. 277, note J.-F. Renucci ; cette Revue 2011. 208, obs. D. Roets ; JCP 2010, n° 49, p. 2277, act. 1206, obs.
Sudre ; Procédures 2011, com. 30, note Chavent-Leclère.
(42) Ou concomitante à la saisine du tribunal correctionnel. On sait en effet que le législateur a validé la pra-
tique très controversée de la double convocation.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


d - Quant aux effets

DOCTRINE
39. Dans son avis n° 0090005P du 18 janvier 2010, la Chambre criminelle a refusé qu’une
amende de composition pénale exécutée puisse constituer le premier terme d’une récidive
au sens de l’article 132-10 du code pénal 43. La chambre criminelle a confirmé sans surprise
cette solution dans un arrêt en date du 30 novembre 2010  44, la thèse de l’assimilation ne
pouvant prospérer. Certes, si la composition pénale emprunte ses caractères à la sanction
pénale, il n’en reste pas moins, malgré son inscription au casier judiciaire 45, que celle-ci n’est
pas une peine prononcée par une juridiction pénale en réponse à une déclaration de cul-
pabilité. Échappant ainsi aux règles du droit de l’exécution des peines, il s’agit au contraire
pour son auteur d’exécuter volontairement une mesure prononcée au titre des procédures
alternatives. La sanction commune de l’inexécution des procédures alternatives aux pour-
suites sera la possibilité pour le procureur de la République de mettre en mouvement l’ac-
tion publique. Toutefois, même exécutée, le procureur de la République peut parfois reve-
nir sur sa décision. Dans un cas, l’exécution de la mesure est une cause d’extinction de
l’action publique (C. pr. pén., art. 41-2), mais pas dans l’autre, ce qui permet de mettre en
évidence l’existence d’éléments distinctifs propres à chacune des procédures alternatives.

2 - Les éléments distinctifs

40. Les procédures alternatives aux poursuites se distinguent entre elles au sujet de la sin-
gularité des mesures édictées au titre de l’article 41-1 et 41-2 (a), de la judiciarisation de la
composition pénale (b), du jeu de la prescription (c), et les effets relatifs à la non-exécu-
tion (d).
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a - Les mesures singulières à chacune des procédures de l’article 41-1 et 41-2 du code de
procédure pénale
41. Le rappel à la loi et l’amende de composition pénale marquent la singularité des
mesures respectivement au titre de l’article 41-1, 1° et 41-2, 1° du code de procédure pénale.
Le rappel à la loi (C. pr. pén., art. 41-1, 1°) consiste, dans le cadre d’un entretien solennel,
à signifier à l’auteur la règle de droit, la peine prévue et les risques de sanction encourus
en cas de réitération des faits. Il doit favoriser une prise de conscience chez l’auteur des
conséquences de son acte, pour la société, la victime et pour lui-même sans se réduire à de
simples considérations morales. Contrairement aux différentes mesures envisagées au titre
des procédures alternatives, il s’agit de la seule mesure « passive » 46, qui est à ce titre la plus
légère mesure susceptible d’être proposée par le procureur de la République. Une place par-
ticulière doit être réservée à cette mesure au sein même de l’article 41-1 du code de procé-
dure pénale, en ce que son application est limitée : « si, toutefois, une victime souhaite être
indemnisée, d’évidence, la procédure sera orientée vers une mesure de réparation et non
vers un rappel à la loi »  47. Elle est néanmoins la mesure à laquelle la pratique recourt en
plus grand nombre. Quant à l’amende de composition pénale, l’originalité de la mesure
tient dans le versement d’une amende de composition au trésor public, laquelle renvoie
expressément à la peine pécuniaire du même nom, conférant au ministère public un pou-

(43) Cass., 18 janv. 2010, n° 09-00.005, D. 2010. 327, obs. M. Léna ; ibid. 2732, obs. G. Roujou de Boubée, T. Garé
et S. Mirabail ; AJ pénal 2010. 187, note J. Danet.
(44) Crim., 30 nov. 2010, n°  10-80.460, D. 2011. 166  ; ibid. 2231, obs. J. Pradel  ; ibid. 2823, obs. G. Roujou de
Boubée, T. Garé, S. Mirabail et T. Potaszkin.
(45) Dans le projet de loi de 2002, figurait la disposition selon laquelle « cette inscription est sans incidence sur
l’application des règles de la récidive ». Celle-ci fut finalement retirée de la loi.
(46) Selon l’expression de S. Detraz, note ss Crim., 21 juin 2011, n° 11-80.003, D. 2011. 2379, note F. Desprez ;
ibid. 2349, point de vue J.-B. Perrier ; ibid. 2012. 2118, obs. J. Pradel ; AJ pénal 2011. 584, note L. Belfanti ;
RSC 2011. 660, obs. J. Danet ; Gaz. Pal., 17-19 juill. 2011, p. 18.
(47) Ibid.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


voir sanctionnateur. Pour autant que la ressemblance soit grande avec la peine d’amende
DOCTRINE

visée par le code pénal, notamment en ce que la fixation de l’amende obéit à l’application
de la personnalisation des peines, l’amende de composition n’en épouse pas totalement le
régime. C’est néanmoins, la forte coloration pénale des mesures de l’article 41-2 du code
de procédure pénale, qui explique que la composition pénale à la « densité plus soutenue »
ait fait l’objet d’une judiciarisation de la procédure.

b - La judiciarisation de la composition pénale


42. La consécration légale de la procédure de médiation fut suivie par celle vaine de l’in-
jonction pénale par la loi n° 95-125 du 8 février 1995  48, immédiatement invalidée par le
Conseil Constitutionnel. Le législateur en tira rapidement les conséquences apportant le
correctif jugé indispensable au respect des garanties individuelles en soumettant la nou-
velle procédure de composition pénale à validation d’un magistrat du siège. Cette dernière
marque la spécificité procédurale de la composition pénale, par rapport à la procédure
de médiation non soumise à cette exigence. C’est au nom du principe de la séparation
des autorités de poursuite et de jugement que le Conseil Constitutionnel dans sa décision
a tiré argument de la non conformité de feue « l’injonction pénale ». Considérant notam-
ment que certaines des mesures étaient des peines lorsqu’elles sont prononcées par une
juridiction  49, le Conseil Constitutionnel en a tiré l’inconstitutionnalité du texte de 1995
et a soumis la composition pénale à la garantie d’un juge du siège. Quoi qu’il en soit, la
validation par le juge du siège ne transforme pas pour autant la décision en décision juri-
dictionnelle. Le traitement différentiel avec la procédure de l’article 41-1 du code de
procédure pénale aux mesures en grande partie équivalentes  50 ne se justifiait que par la
suspicion entourant le renforcement des pouvoirs «  quasi juridictionnel  51» du parquet
comme résultat de l’institutionnalisation de la procédure de composition pénale, passage
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d’un accord de gré à gré dans la médiation pénale  52 à un accord imposé dans la com-
position pénale dont les effets ont souvent été assimilés par la doctrine à une transaction
pénale. Cette analyse suscite l’hésitation à la lecture de l’article 6 du code de procédure
pénale lequel distingue au titre des causes d’extinction de l’action publique celles qui étei-
gnent l’action publique en raison d’une transaction lorsque la loi en dispose expressé-
ment, « ou par l’exécution d’une composition pénale ».

c - L’effet extinctif de l’action publique


43. La prescription de l’action publique est réglée par des solutions différentes, attestant
des particularités propres à chacune des procédures à l’intérieur de la catégorie spécifique
des procédures alternatives. Alors que l’article 41-1, avant dernier alinéa du code de procé-
dure pénale dispose que « la procédure prévue au présent article suspend la prescription
de l’action publique », l’article 41-2 du même code précise, que « les actes tendant à la
mise en œuvre ou à l’exécution de la composition pénale sont interruptifs de la pres-
cription de l’action publique ». Enfin le législateur est venu préciser « que l’exécution de
la composition pénale éteint l’action publique ». Dans le silence de la loi, la question de
l’effet extinctif ou non sur l’action publique des procédures correctement exécutées de
l’article 41-1 du code de procédure pénale a été posée à la chambre criminelle de la Cour

(48) B. Bourdeau, L’injonction pénale avortée : scolies sur une question de confiance, D. 1995. 45.
(49) Bien que le Conseil Constitutionnel dans sa décision ne l’aie pas expressément affirmé, le raisonnement
visait essentiellement le TNR renvoyant à la peine de le travail d’intérêt général et l’amende de composi-
tion pénale.
(50) K. Medjaoui, L’injonction pénale et la médiation pénale, tableau comparatif critique, cette Revue 1996. 823.
(51) J.-C. Saint-Pau, préc.., Dr. pénal 2007. Etude 114 ; V. également : V. Perrocheau, La composition pénale et
la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité : quelles limites à l’omnipotence du parquet ?
Droit et Société 2010, n° 44, p. 55 ; C. Saas, De la composition pénale au plaider-coupable : le pouvoir de
sanction du procureur, cette Revue 2004. 827.
(52) E. Dreyer, La médiation pénale, objet juridique mal identifié, JCP 2008. I. 131.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


de cassation. Cette dernière a rendu un important arrêt en date du 21 juin 2011  53. Alors

DOCTRINE
que la Cour d’appel avait privilégié dans sa réponse le dernier alinéa de l’article 41-1 du
code de procédure pénale selon lequel en cas de non-exécution de la mesure en raison
du comportement de l’agent, le procureur de la République met en œuvre une compo-
sition pénale ou engage des poursuites déduisant de l’exécution correcte de la mesure
l’impossibilité pour le ministère public de citer à comparaître le prévenu devant le tribu-
nal correctionnel, la Cour de cassation a privilégié l’article 41-1 du code de procédure
pénale, donnant ainsi une portée générale à sa solution. Contrairement à la composition
pénale où le législateur a spécifié l’effet extinctif lié à son exécution tant au titre de l’ar-
ticle 6 du du code de procédure pénale que dans le corps de l’article 41-2 du code de
procédure pénale, dans le silence de la loi portant sur les effets de l’exécution de la procé-
dure de l’article 41-1 de ce même code, la Cour de cassation a tiré de l’interprétation litté-
rale de cet article, que l’éventuel succès de la voie alternative n’interdisait pas au procu-
reur de la République de mettre en mouvement l’action publique  54. Elle transpose à la
partie civile la solution admise pour le ministère public. La conséquence est la possibilité
pour le plaignant de mettre en mouvement l'action publique malgré la mesure de l'ar-
ticle 41-1, puisque il convient désormais d'admettre que son exécution n'éteint plus l'ac-
tion publique!

44. Cette solution n’est pas en concordance avec la philosophie des procédures alterna-
tives aux poursuites  55, ni même avec l’analyse dominante de la procédure de l’article 41-
1 comme «  classement sous condition  ». En toute logique une telle analyse aurait dû
conduire la Cour de cassation à se rallier à la position des juges du fond, sauf à recon-
naître que les procédures alternatives sont une « troisième voie » distincte du classement
sans suite d’une part et des poursuites d’autre part. Il convient donc d’admettre que tant
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que l’action publique n’est pas mise en mouvement par le procureur de la République,
sous réserve de l’effet extinctif de l’exécution de la composition pénale, ce dernier
conserve l’opportunité des poursuites. Ce qui se traduit en cas de non-exécution de la
mesure alternative par des solutions différentes selon les procédures de l’article 41-1 ou
41-2 du code de procédure pénale.

d- Effets distinctifs en cas de non-exécution des mesures alternatives


45. Lorsque les mesures n’auront pas été exécutées par l’auteur des faits, le législateur du
9 mars oriente le choix du ministère public par détermination des raisons qui ont présidé
à l’échec des procédures mises en œuvre. L’échec de la composition pénale ne trouvant
sa raison d’être que dans le refus d’adhésion de l’auteur des faits à la mesure proposée,
la mise en œuvre des poursuites est la sanction qui paraît la mieux adaptée. En revanche,
la non-exécution des mesures alternatives de l’article 41-1 peut résider par exemple dans
les difficultés à dédommager la victime et ne procède pas systématiquement d’un refus de
l’auteur des faits d’adhérer à la mesure. La composition pénale préalablement à la mise
en mouvement de l’action publique peut paraître alors la solution la mieux adaptée à la
situation tout en assurant un degré de certitude suffisant de la sanction pénale. C’est pour-
quoi, l’article 41-1 du code de procédure pénale dispose que : « en cas de non-exécution
de la mesure en raison du comportement de l’auteur des faits, le procureur de la Répu-
blique, sauf élément nouveau, met en œuvre une composition pénale ou engage des pour-
suites ». Le législateur a donc souhaité apporter une réponse graduée en cas d’échec de
la mesure imputable à l’auteur. La réussite de la médiation pénale constatée par procès-
verbal en atteste.

(53) Crim., 21 juin 2011, n° 11-80.003, préc.


(54) Crim., 17 janv. 2012, n° 10-88.226, D. 2012. 2118, obs. J. Pradel.
(55) Supra, n° 21.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


46. Des analyses souvent divergentes de la jurisprudence, la doctrine a conclu dans son
DOCTRINE

ensemble à une dualité des procédures alternatives aux poursuites entre elles, jusqu’à
admettre une différence de nature.

J B - L’analyse doctrinale
47. Dans leur grande majorité, les auteurs ont conclu à la dualité des procédures alterna-
tives révélées à travers diverses classifications fondées sur le critère de l’abandon ou celui de
l’exercice de l’action publique  56, celui de la finalité réparatrice (C. pr. pén., art. 41-1) ou
répressive (C. pr. pén., art. 41-2) des alternatives aux poursuites  57 ou celle oscillant entre
prévention et répression  58. Plus originale est la proposition des professeurs C. Ambroise-
Castérot et Ph. Bonfils, qui distinguent le classement sous condition des « véritables » modes
alternatifs de règlement du contentieux pénal au titre desquels se trouveraient la médiation
et la composition pénale  59. Quant au professeur Conte, il déduit de la confrontation des
articles 41-1 et 41-2 du code de procédure pénale une véritable différence de nature en pro-
posant de qualifier la composition pénale « d’action à fin publique »  60. À l’action, la com-
position pénale emprunterait l’intervention d’une autorité judiciaire, un caractère public,
l’effet extinctif de l’action publique et des mesures qui si elles étaient prononcées par le juge
du prononcé de la sanction auraient le caractère de peines. Un telle proximité de la com-
position pénale avec l’action publique en ferait « une action à fin publique ». Cette construc-
tion doctrinale emprunte, au moins dans sa forme, mais point dans ses effets, à la notion
« d’action à fins civiles » connue du procès pénal.

48. Le code de procédure pénale consacre deux actions : l’action publique (C. pr. pén., art.
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1er) et l’action civile (C. pr. pén., art. 2). Bien que puisant toutes deux leur origine dans une
infraction pénale, la première est l’action pour l’application des peines, alors que la seconde
est une action en réparation du dommage ouverte à la victime. Nées d’une infraction pénale,
certaines actions périphériques à l’action civile ne poursuivent pas le même objet. C’est ainsi
qu’a été crée la notion « d’actions à fins civiles ». Cette notion opère clarification de deux
notions voisines par son effet distinctif  61. En effet, l’objet de l’action à fins civiles n’est pas
de réparer le préjudice, mais «  de tirer les conséquences civiles d’une situation que cette
infraction a manifestée ou de ramener à exécution un droit que l’infraction a pu trou-
bler  »  62. L’exemple contemporain de la révocation d’une donation pour cause d’ingrati-
tude (art. 995 Cciv) est une bonne illustration de notre propos. Au demeurant, la loi du 5
mars 2007 « tendant à l’équilibre de la procédure pénale » a confirmé leur différence de
régime en écartant l’action à fins civiles de l’application de la règle « le pénal tient le civil
en l’état ».

49. Le recours par la doctrine à «  l’action à fins civiles  » avait pour finalité d’éviter toute
confusion avec la véritable action civile. Or, force est de constater que la transposition de

(56) S’agissant d’une étude sur les « voies » alternatives par hypothèse plus large que les procédures alternatives
aux poursuites : D. Dechenaud, Les voies alternatives, in V. Malabat, B. de Lamy et M. Giacopelli, Droit pénal
le temps des réformes, actes du colloque des 7-9 oct 2009, Bordeaux IV, Litec 2011, coll. Colloques et débats,
p. 218.
(57) J. Buisson et S. Guinchard, op. cit., Procédure pénale, Litec , 8e éd., n° 13330.
(58) M.-C. Desdevises, L’option entre prévention et répression : les alternatives aux poursuites : un nouveau droit
pénal des majeurs, in Mélanges en l’Honneur du Pr. Ottenhof, D. 2006. 167.
(59) C. Ambroise-Castérot , Ph. Bonfils, Procédure pénale, Thémis droit, PUF, 1re éd. n° 129 à 136.
(60) Ph. Conte, La nature juridique des procédures : « alternatives aux poursuites » de l’action publique à l’ac-
tion à fin publique ?, in Mélanges offerts à Raymond Gassin, p. 190, spéc. n° 12, PUAM, 2007.
(61) V. Ph. Bonfils, L’action civile, essai sur la nature juridique d’une institution, PUAM 2000, n° 4.
(62) R. Merle et Vitu, Traité de droit ciminel, t. II, Procédure pénale, Cujas, 4e éd., n° 114, p. 143.

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Les procédures alternatives aux poursuites - Muriel GIACOPELLI


cette notion à la matière pénale concourt à un résultat diamétralement opposé. Pourquoi

DOCTRINE
ce qui est vrai pour l’action « à fins civiles » ne le serait-il pas pour « l’action à fin publique » ?
En effet, les procédures alternatives n’ont pas pour objet le prononcé d’une peine mais bien
de tirer les conséquences pénales sanctionnatrices d’une situation que cette infraction a
manifestée. Il ne peut au demeurant être tiré argument de la judiciarisation de la compo-
sition pénale, laquelle inaboutie reste très insuffisante pour la comparer à une action. Si
action il y a, celle-ci est une action avortée puisque ce n’est qu’en cas d’échec de l’accord
conclu avec le ministère public au titre de la composition pénale, que l’action publique sera
mise en œuvre.

◆ CONCLUSION

50. En conclusion, les spécificités procédurales propres à chacune des procédures alterna-
tives aux poursuites de l’article 41-1 et 41-2 n’ont pas eu pour effet d’effacer le caractère
unitaire de ces procédures, lesquelles ont bien ouvert une troisième voie. Celle-ci est consen-
suelle et sanctionnatrice. C’est au demeurant en raison de son caractère contractuel que la
composition pénale servira de cadre d’exécution au nouveau service citoyen imposé aux
mineurs délinquants par la loi n° 2011-1940 du 26 décembre 2011  63. Les divergences d’in-
terprétation, les difficultés d’analyse des procédures alternatives résultent en grande partie
d’un manque de théorisation de cette institution laquelle n’a eu guère pour guide que les
impératifs économiques que le législateur s’est fixés pour lutter contre l’encombrement des
juridictions. Le présent essai de théorisation n’a pas eu d’autre but que d’y introduire une
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certaine logique juridique.

(63) L. n° 2011-1940, 26 déc. 2011, JO 27 déc. 2011, p. 22275 .

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