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REPUBLIQUE GABONAISE

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CODE

DE

JUSTICE MILITAIRE

Loi N° 7/73 DU 20 DECEMBRE 1973

Loi N° 7/73 du 20 Décembre 1973


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CODE DE JUSTICE MILITAIRE


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L’assemblée Nationale a délibéré et adopté ;

Le Président de la République, Chef du Gouvernement promulgue la loi dont la teneur


suit :

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LIVRE PRELIMINAIRE

CHAPITRE PREMIER
DISPOSITIONS GENERALES

Article 1er : La Justice Militaire est rendue par les Tribunaux Ordinaires qui reçoivent une
Organisation Spéciale lorsqu’ils ont à juger des infractions militaires et prennent le nom de
Cours Spéciales Militaires.

Article 2 : Les dispositions du Code Procédure Pénale sont applicables en matière de


justice militaires, sauf dispositions légales ou réglementaires contraires.

CHAPITRE II
DE LA COUR SPECIALE MILITAIRE

Article 3 : La Cour Spéciale Militaire connaîtra, en temps de paix, des infractions


militaires prévues au Livre V ci-après, sauf dispositions légales contraires.
Les infractions de toutes natures, commises dans le service ainsi que les
casernes, quartiers, établissements, cantonnements et à bord des navires et aéronefs
militaire seront également jugées par la Cour Spéciale Militaire.

Article 4 : Tous les autres crimes, délits et contraventions commis en temps de paix par les
militaires ou assimilés seront jugés au début des audiences par les Tribunaux Ordinaires,
conformément aux dispositions du Code de Procédure Pénale, du Code Pénal et des Lois
Pénales en Droits Commun.

Article 5 : Sont justiciables de la Cour Spéciale Militaire dans les conditions prévues par le
présent Code :
1° - Les militaires jusqu’au grade de Colonel inclus et tous individu assimilés aux
militaires par les Lois ou Décrets d’organisation lorsqu’ils sont en activité de service.
2° - Les militaires ou assimilés de tous grades appelés ou rappelés à l’activité depuis
l’instant de leur réunion en détachement pour rejoindre ou de leur arrivée à destination
s’ils rejoignent isolément, jusqu’au jour, inclusivement, où ils sont renvoyés dans leurs
foyers.
3° - Les prisonniers de guerre.
Toutefois, les militaires de la Gendarmerie Nationale sont justiciables, pour les
infractions au Code Pénal, commises dans l’exercice de leurs fonctions, des Tribunaux de
Droit Commun.

Article 6 : Les jeunes soldats, les engagés volontaires ou engagés et les militaires de tous
grades rappelés à l’activité ne sont, depuis l’instant où ils ont reçu leur arrivée au Corps,
justiciables de la Cour Spéciale Militaire que pour faits d’insoumission ou de mutilation
volontaire.

Article 7 : La cour de sûreté de l’Etat connaîtra des infractions prévues par le présent Code
commises par les Officiers Généraux et assimilés.

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Article 8 : Lorsqu’un justiciable de la Cour Spéciale Militaire est poursuivi en même
temps pour un crime ou délit de la compétence des juridictions ordinaires, il est d’abord
traduit devant la juridiction militaire et envoyé éventuellement pour les faits ne relevant
pas de la Cour Spéciale Militaire devant les juridictions de droit commun.
En cas de double condamnation, la peine la plus forte est seule subie.

Article 9 : Lorsque les militaires ou assimilés, poursuivis en temps de paix pour un crime
ou délit de la compétence des juridictions militaires, ont comme co-auteurs ou complices
des personnes ne relevant pas de la Cour Spéciale Militaire,

Tous les inculpés sont traduits devant les juridictions de droit commun, sauf
dans les circonstances expressément prévues par une disposition spéciale de la loi.

Article 10 : Les personnes lésées par une infraction de la compétence des juridictions
militaires, auront la faculté de se constituer partie civile par simple déclaration reçue par le
Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance du lieu de leur résidence
habituelle qui transmettra la demande de dommages et intérêts au Procureur de la
République de Libreville.
Article 11 : En cas d’état de siège, la Cour Spéciale Militaire sera compétente dans les
conditions fixées par la Loi pour juger des crimes et délits contre la Sûreté de l’Etat.

LIVRE PREMIER
DE L’EXPERIENCE DE L’ACTION PUBLIQUE ET DE L’INSTRUCTION

CHAPITRE PREMIER
DE LA POLICE JUDICIAIRE MILITAIRE

Article 12 : Le Ministre de la Défense Nationale est chargé de rechercher les infractions


visées par le présent Code et d’en livrer les auteurs aux tribunaux chargés de les punir.
Il reçoit à cet effet, les plaintes ou dénonciations des Chefs de Corps et de
service, des fonctionnaires ou Officiers publics, des personnes qui ont été victimes ou
témoins des infractions commises.
Il est assisté pour la recherche des infractions par les Officiers de Police
Judiciaire Militaire qui sont chargés de les constater, d’en rassembler les preuves et d’en
découvrir les auteurs.

Article 13 : Quand, sur le rapport d’un Officier de Police Judiciaire ou de sa propre


initiative, un Chef de Corps ou de service, estime qu’il a lieu de poursuivre un justiciable
des juridictions militaires, il adresse un ordre de poursuivre à l’autorité judiciaire
compétente, par l’intermédiaire du Ministre de la Défense Nationale, qui le transmet
revêtu de ses avis et instructions.
Le Ministre de la Défense Nationale peut, pour les infractions portées
directement à sa connaissance, délivrer lui-même l’ordre de poursuivre ou en prescrire
l’établissement aux Chefs de Corps ou de service.
Quand une infraction de la compétence des juridictions militaires aura été
dénoncée par un magistrat de l’ordre judiciaire, le Ministre de la Défense Nationale
décidera de l’opportunité de délivrer un ordre de poursuite.

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Article 14 : La Police Judiciaire Militaire est exercée sous l’autorité du Ministre de la
Défense Nationale, par les Officiers et Chefs de Brigade ou de Poste de Gendarmerie
Nationale et les Officiers et Inspecteurs de la Sécurité Militaire qui ont qualité d’Officier
de Police Judiciaire Militaire.
Les Procureurs de la République et les Substituts, les Juges d’Instruction et
tous les Magistrats de l’ordre judiciaire ont la qualité d’Officiers de Police Judiciaire
Militaire.

Article 15 : Le Chef de la Gendarmerie, les Commandants de Régions Militaires, les Chefs


de camps, de Bâtiments de la marine ou l’Aéronefs Militaires, les Commandants de
formation en manœuvre ou en opération peuvent personnellement procéder à l’intérieur
des installations militaires, ou requérir les Officiers de la Police Judiciaire Militaire de
procéder, en tous lieux, à tous actes nécessaires à la constatation des crimes et délits et à la
découverte de leurs auteurs.
CHAPITRE II
DES ENQUETES

Article 16 : Les officiers de Police Judiciaire Militaire reçoivent en cette qualité les
plaintes et dénonciations.
Ils procèdent aux enquêtes préliminaires, soit sur instruction du Ministre de la
Défense Nationale ou sur réquisition des autorités mentionnées à l’article 14, soit leur
propre initiative.
En cas de crime ou de délit flagrant, l’Officier de Police Judiciaire qui en est
avisé en informe immédiatement par la voie hiérarchique le Ministre de la Défense
Nationale et le Procureur de la République et se transporte aussitôt sur les lieux

Article 17 : Les Officiers de Police Judiciaire Militaire doivent conduire dans les 48 heures
devant le Procureur de la République territorialement compétent, toute personne étrangère
à l’armée qu’ils auront estimé devoir détenir pour les nécessités de l’enquête ainsi que les
militaires poursuivis pour une infraction de droit commun de la compétence de la Cour
Spéciale Militaire.
Ils peuvent, dans tous les cas, lorsque l’Officier de Police Judiciaire Militaire
réside hors du lieu où est installé le tribunal, user des droits que leur confrère l’article 35
du Code de Procédure Pénale.
En matière de crimes et délits contre la sûreté de l’Etat, le délai de garde à vue
est porté à mois (Loi 22/63 du 31 Mai 1963).

Article 18 : Dans le cas de crime ou de délit flagrant justiciable Militaire peut en


appréhender les auteurs.
Il les fait conduire dans les délais prévus à l’article 17 devant le Procureur de la
République territorialement compétent et adresse procès-verbal de l’arrestation.
La Gendarmerie peut arrêter dans les mêmes formes militaires se trouvant en
situation irrégulière.

Article 19 : Hors le cas de flagrant délit, tout militaire ne peut être arrêté que sur ordre de
ses supérieurs.

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En cas de refus, l’autorité militaire est tenue de prendre les mesures
conservatoires nécessaires en attendant la décision du Ministre de la Défense Nationale.

Article 20 : Les individus arrêtés dans les cas prévus par les articles 18 et 19 sont
incarcérés soit dans les locaux disciplinaires d’un Corps de troupe ou, à défaut, dans une
chambre de sûreté d’une caserne de la Gendarmerie.
Cette incarcération ne peut avoir lieu qu’à titre disciplinaire provisoire et
conservatoire tant qu’il n’a pas été décerné contre l’inculpé, l’ordre de poursuivre prévu à
l’article 13.

Article 21 : Lorsque les Officiers de Police Judiciaire Militaire sont appelés, hors le cas de
flagrant délit, à enquêter dans les établissements ne dépendant pas du Ministère de la
Défense Nationale, dans les maisons particulières, sur un crime ou un délit de la
compétence de la Cour Suprême Militaire, ils demandent à l’autorité judiciaire une
autorisation d’entrer dans ces établissements, maisons ou propriétés.
Ils doivent en aviser l’Officier de Police Judiciaire civile territorialement
compétent qui est tenu de les assister dans leurs opérations ou de déléguer à cet effet un
autre Officier de Police Judiciaire relevant de son autorité.

Article 22 : Lorsqu’il y a lieu de constater une infraction de droit commun dans un


établissement militaire, soit d’y procéder à l’arrestation d’un individu poursuivi à ce titre,
l’autorité civile adresse une demande de concours à l’autorité militaire qui est tenue d’y
déférer.

Article 23 : A défaut d’Officier de police judiciaire Militaire présent sur les lieux d’un
crime ou délit flagrant, les Officiers de Police Judiciaire ordinaire constatent les
infractions de la compétence de la Cour Spéciale Nationale.

Article 24 : Les procédures établies par les Officiers de Police Judiciaire Militaire sont
adressées immédiatement et sans délai au Ministre de la Défense Nationale.
En cas d’arrestation, une expédition de la procédure est adressée au Procureur
de la République territorialement compétent. Le ou les prévenus sont placés aussitôt sous
mandant de dépôt qui devra être confirmé dans les huit jours par un ordre de poursuite de
l’autorité militaire qualifiée.
A défaut de confirmation, le mandat de dépôt est automatiquement levé.
Les procédures établies par les autres officiers de Police Judiciaire sont
adressées directement au Procureur de la République qui les transmet sans délai au
Ministre de la Défense Nationale.

Article 25 : S’il s’agit d’une infraction rentrant dans la compétence des tribunaux
ordinaire, le Ministre de la Défense Nationale envoie le dossier de l’affaire au Procureur
de la République compétent. Si l’inculpé est arrêté, il le fait mettre à la disposition de ce
magistrat.

Article 26 : S’il s’agit d’une infraction de la compétence de la Juridiction Militaire, le


Ministre de la Défense Nationale apprécie s’il y a lieu ou non de saisir la justice, sous les
réserves prévues à l’article 13, 2è alinéa. Dans l’affirmative, il délivre un ordre de
poursuivre qui est sans appel.

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Article 27 : L’ordre de poursuivre, accompagné des rapports, procès-verbaux, pièces,
objets saisis et autre documents, est adressé au Procureur de la République près le Tribunal
de Grande Instance de Libreville, par l’intermédiaire du Parquet Général.
Le Procureur de la République transmet immédiatement toutes les pièces au
Juge d’Instruction, avec ses réquisitions.
Lorsqu’il s’agit d’une infraction punissable de peines correctionnelles,
l’inculpé peut être traduit directement devant la Cour Spéciale Militaire sans instruction
préalable.

CHAPITRE III
DE L’INSTRUCTION

Article 28 : Le Juge d’Instruction Militaire est choisi parmi les Juges d’Instructions près le
Tribunal de Grande Instance de Libreville et désigné pour assurer ces fonctions pendant
une période d’un an renouvelable, correspondant à l’année judiciaire.

Article 29 : Hors le cas de flagrant délit, dès que le Ministre de la Défense Nationale a
délivré ou transmis l’ordre de poursuivre, l’inculpé est mis à la disposition de l’autorité
judiciaire qui peut décerner contre lui tous mandants ou citations.
Ces mandants ou citations sont mis à exécution par la Gendarmerie.

Article 30 : Le Juge d’Instruction Militaire peut requérir par commission rogatoire tout
Juge d’Instruction ou tout Officier de Police Judiciaire Militaire ou, à défaut, tout autre
Officier de Police Judiciaire, de procéder aux actes d’informations qu’il estime
nécessaires.

Article 31 : Les magistrats appelés à faire procéder à des expertises peuvent, au besoin,
choisir les experts parmi les personnes spécialisés dépendant du Ministère de la Défense
Nationale.

Article 32 :S’il résulte de l’instruction que l’inculpé a des co-auteurs ou complices


justiciables des juridictions militaires, le magistrat Instructeur en réfère, par
l’intermédiaire du Procureur de la République compétent, au Ministre de la Défense
Nationale et il est procédé à leur égard conformément à l’article 26.
Si les co-auteurs ou complices, ou l’un d’entre eux ne sont pas justiciable des
juridictions militaires, le Procureur de la République en donne avis sur-le-champ au
Ministre de la Défense Nationale qui renvoie l’affaire devant la juridiction compétente.

Article 33 : S’il résulte de l’instruction que l’inculpé peut être poursuivi pour d’autres faits
que ceux visés dans l’ordre de poursuivre, le Juge d’Instance en réfère, par l’intermédiaire
du Procureur de la République, au Ministre de la Défense Nationale qui peut délivrer ou
faire un ordre de poursuite supplétif.

Article 34 : Si le Juge d’Instruction est d’avis que la Juridiction Militaire est incompétente,
il rend une ordonnance par laquelle il renvoie la procédure au Ministre de la Défense
Nationale afin que la juridiction compétente soit saisie.

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Article 35 : Toutes les ordonnances ou décisions du Juge d’Instruction sont portées sans
délai à la connaissance du Ministre de la Défense Nationale par l’intermédiaire du
Procureur de la République.

Article 36 : Le Ministre de la Défense Nationale a le droit d’interjeter appel de toute


ordonnance du Juge d’Instruction devant la Chambre Spéciale des mises en accusation.
Ce droit ne pourra être exercé que dans les quinze jours de la notification de
l’ordonnance.

CHAPITRE IV
LA CHAMBRE SPECIALE DES MISES EN ACCUSATION

Article 37 : La chambre Spéciale des mises en accusation est composée du Présent de la


Cour Suprême, du Président de la Chambre Judiciaire de la Cour Suprême et de deux
Officiers Supérieurs des Forces Armées et de la Gendarmerie, dont l’un appartenant au
Cours du prévenu.

LIVRE II
DES JURIDICTIONS DE JUGEMENT

CHAPITRE PREMIER
DE LA COUR SPECIALE MILITAIRE

Article 38 : La composition de la Cour Spéciale Militaire est fixée en fonction de la nature


de l’infraction dont elle a à connaître. Les membres de la Cour doivent être de nationalité
Gabonaise et âgée de 30ans inclus.

Article 39 : Pour le jugement des crimes, la Cour Spéciale Militaire est composée de sept
membres, dont trois Magistrats de l’ordre judiciaire et quatre militaires.

Article 40 : Pour les jugements des délits et contraventions, la Cour Suprême Militaire est
composée de trois membres, dont un Magistrat de l’ordre judiciaire et de deux militaires.

Article 41 : Dans tous les cas, la Présidence de la Cour Spéciale Militaire est assumée par
un Magistrat du siège désigné pour chaque année judiciaire par décret pris par le Président
de la République, sur proposition du Garde des sceaux, Ministre de la Justice, après avis
du Ministre de la Défense Nationale.

Article 42 : Les Magistrats assesseurs et leurs Suppléants sont choisis parmi les Magistrats
du siège désignés dans les conditions fixées par l’article précédent.

Article 43 : La désignation des Juges Militaires est subordonnée au principe hiérarchique.


Le grade des Juges Militaires ne peut être inférieur à celui de sous-officier.
Pour la composition de la Cour Spéciale Militaire, il est tenu compte du grade
ou du rang du prévenu au moment des faits ou, en cas de promotion ultérieure, lors de la
comparution à la première audience.

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Article 44 : Pour le jugement des militaires jusqu’au grade de Colonel ou assimilé
inclusivement, la Cour Spéciale Militaire comprend au moins deux Officiers (dont un
officier supérieur) lorsqu’il s’agit d’un crime et un officier au moins lorsqu’il s’agit d’un
délit.
En cas de pluralité de prévenus, de grade ou rang différents, il est tenu compte du grade et
de l’ancienneté la plus élevée.

Article 45 : Lorsque les faits mettent en cause des prévenus appartenant à un même Corps,
les Juges Militaires sont pris parmi les officiers et sous-officiers de ce Corps.
Lorsque les faits mettent en cause des prévenus des prévenus appartenant à des
Corps différents ou lorsqu’il est impossible de constituer la Cour Spéciale Militaire, les
Juges Militaires sont choisis sans distinction d’appartenance à un Corps.

Article 46 : Chaque Chef de Corps ou de service exerçant les pouvoirs judiciaires dresse
chaque année par grade et dans l’ordre d’ancienneté, la liste des officiers et sous-officiers
relevant de son commandement.
Cette liste est adressée au Ministre de la Défense Nationale qui choisit pour
chaque affaire les Juges Militaires titulaires et suppléants.

Article 47 : Dans tous les cas, les membres de la Cour Spéciale Militaire exercent leurs
fonctions jusqu’à la fin des débats ; même après expiration de leur mandant.
Lorsqu’une affaire est de nature à entraîner de longs débats, des membres supplémentaires
peuvent être appelés à assister aux audiences en vue de remplacer, le cas échéant, les
membres empêchés pour une cause régulièrement constatée.

Article 48 : Le service de la juridiction militaire est assuré par le personnel du Tribunal de


Grande Instance de Libreville.

Article 49 : Les fonctions du Ministère public sont assurées par le Procureur de la


République de Grande Instance de Libreville ou par un de ses substituts.

Article 50 : Nul ne peut, à peine de nullité, siéger comme Président ou Juge, ou remplir les
fonctions de Juge d’Instruction :
1° - S’il est parent ou allié (à quelque degré que ce soit) de l’accusé, de la victime ou
des parties ayant un intérêt dans la cause.
2° - S’il a été porté plainte ou délivré l’ordre de poursuivre ou a été entendu comme
témoin, s’il a participé à l’enquête ou s’il a connu de l’affaire sur le plan disciplinaire.
Les parents et alliés, à quelque degré que ce soit, ne peuvent, à peine de nullité,
être membres du même tribunal.

Article 51 : Au début de la première audience de la Cour Spéciale Militaire où ils sont


appelés à siéger, les Juges Militaires prêtent, sur l’invitation du Président, le serment prévu
par l’article 186 du Code de Procédure Pénale.

Article 52 : L’assistance d’un défenseur est facultative en matière correctionnelle et


obligatoire en matière criminelle.

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La défense devant la Cour Spéciale Militaire est assurée par un Avocat inscrit
au barreau, ou par un militaire agréé par le Ministre de la Défense Nationale.
Lorsque l’accusé n’aura pas fait le choix d’un défenseur, il lui en sera donné un
d’office par le Président de la Cour Spéciale Militaire, comme il est dit à l’article 188 du
Code de Procédure Pénale.

CHAPITRE II
DES JURIDICTIONS MILITAIRES EN TEMPS DE GUERRE.

Article 53 : En temps de guerre, des COURS Sp2ciale Militaires peuvent être établies dans
les Chefs-Lieux de régions, dans les conditions fixées par le Livre II du présent Code.

Article 54 : En cas de rupture des communications avec le Gouvernement du fait d’une


agression interne ou externe, les Cours Spéciales Militaires aux armées peuvent être
établies sur ordre du Commandant Militaire local.
La Cour Spéciale Militaire est composée comme il est dit au livre II. En cas
d’impossibilité d’y faire siéger des Magistrats de l’ordre judiciaire, le Commandant
Militaire local désigne un nombre égal des militaires choisis par les officiers de son
commandement.
Dans tous les cas, la Cour Spéciale aux armées est présidée par un officier
supérieur.

Article 55 : Dès le rétablissement des communications, les Cours Spéciales Militaires aux
armées cessent de fonctionner, soit sur l’ordre de l’autorité qui les a établies, soit sur
décision du Ministre de la Défense Nationale.

Article 56 : Lorsque les Cours Spéciales Militaires aux armées ont cessé de fonctionner,
les affaires instruites ou en cours d’instruction sont portées en l’état, soit devant la Cour
Spéciale Militaire du Chef-lieu de région si elle a été établie, soit devant la Cour Spéciale
Militaire de Libreville.

Article 57 : Il n’est pas tenu compte, pour la composition des Cours Spéciales Militaires
aux armées, des incompatibilités définies à l’article 50 2è du présent Code.

CHAPITRE III
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DE LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES EN
TEMPS DE GUERRE

Article 58 : En temps de guerre, les juridictions militaires à l’intérieur sont compétentes,


même en ce qui concerne les infractions de droit commun, à l’égard :
- de tous les militaires ou assimilés
- des prisonniers de guerre ;
- des personnes civiles employées à quelque titre que ce soit dans les Etats-Majors,
administrations et services dépendant du Ministère de la Défense Nationale ;
- de toute personne à la suite des armées en vertu de permissions.

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Article 59 : Les juridictions militaires aux armées connaissent seules et de plein droit de
tous les crimes contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat, commis en temps de
guerre sur ou hors le territoire national.

LIVRE II
DES REGLES DE LA PROCEDURE SPECIALE EN TEMPS DE GUERRE

CHAPITRE PREMIER
DISPOSITIONS COMMUNES

Article 60 : En temps de guerre, lorsque les circonstances l’exigent, la totalité ou une


partie des procédures en cours devant une Cour Spéciale Militaire, pourront, sur
instruction du Ministre de la Défense Nationale, être portées dans l’état où elles se
trouvent devant une autre Cour Spéciale Militaire chargée de continuer la procédure.
L’ordre de poursuivre restera valable ainsi que tous les actes d’information.

CHAPITRE II
DES REGLES SPECIALES CONCERNANT LA JUSTICE MILITAIRE DANS LA
ZONE DES ARMEES OU DANS UNE ZONE DECLAREE EN ETAT DE SIEGE

Article 61 : Les visites domiciliaires, perquisitrices et saisies peuvent être exécutées à


toute heure du jour ou de la nuit.
Lorsqu’un Officier de Police Judiciaire Militaire doit pénétrer dans un
établissement civil ou une maison particulière et qu’il ne se trouve sur les lieux aucun
Officier de Police Judiciaire chargé de l’assister, il peut passer outre et mention en est faite
au procès-verbal.

Article 62 : En cas de rupture des communications avec le Gouvernement l’ordre de


poursuivre prévue à l’article 13 est délivré par l’Officier exerçant le Commandement
militaire local.

LIVRE IV
DES TRIBUNAUX PREVÔTAUX

CHAPITRE PREMIER
ORGANISATION, ATTRIBUTIONS ET COMPETENCES

Article 63 : Des prévôtés, constituées par le Gendarmerie, sont établies au Armées :


- en temps de guerre, sur le territoire de la République ;
- en tous temps, lorsqu’une unité ou détachement des Forces Armées stationne ou
opère sur un territoire étranger.
Le Ministre de la Défense Nationale fixe l’organisation des prévôtés et leurs
conditions d’établissement.

Article 64 : Outre les missions de police générale qu’ils tiennent des règlements militaires,
les prévôtés ainsi que les militaires de la Gendarmerie placés sous leurs ordres exercent la

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Police Judiciaire Militaire, conformément aux dispositions du livre premier du présent
code.

Article 65 : Chaque prévôt exerce sa juridiction dans la zone d’action ou de stationnement


de l’unité à laquelle il appartient.
Les prévôts jugent seuls, assistés d’un Greffier qu’ils choisissent parmi les
militaires de la Gendarmerie affectés à l’unité.

Article 66 : Les tribunaux prévôtaux connaissent, dans l’étendue de leur ressort, à l’égard
de toute personne justiciable de la Cour Spéciale Militaire, telles qu’elles sont énumérées
aux articles 5 et 58 du présent Code, des infractions de Police autres que les contraventions
passibles d’une peine supérieure de dix jours d’emprisonnement ou de 5000 francs
d’amende.
Les Cours Spéciales Militaires restent toutefois saisies des procédures qui leur
ont été déférées antérieurement à l’établissement des tribunaux prévôtaux.

Article 67 : Les Tribunaux Prévôtaux sont, en outre, compétents pour les infractions aux
règlements relatifs à la discipline commises par les justiciables non militaires et par les
prisonniers de guerre qui ne sont pas officiers.

Article 68 : Les prévôts sont saisis en vertu du renvoi qui leur est fait par le Commandant
d’unité ou de détachement investi des pouvoirs judiciaires ou par la plainte de la partie
lésée. Ils peuvent également procéder d’office, dans les conditions fixées par cette autorité,
en ce qui concerne les infractions visées à l’article précédent.

CHAPITRE II
DE LA PROCEDURE AVANT L’AUDIENCE

Article 69 : Lorsque les conditions le permettent, il est fait application des dispositions de
l’article 120 du Code de Procédure Pénale relatives à l’amende de composition.

Article 70 : Dans les trente jours qui suivent la constatation de l’infraction, le prévôt
adresse ou fait notifier au contrevenant l’avertissement mentionnant le motif et le montant
de l’amende ainsi que les délais et les modalités de paiement.
Faute de paiement dans les quinze jours de l’envoi de la notification de
l’avertissement, le contrevenant est cité devant le Tribunal Prévôtal.

Article 71 : Le prévenu et les témoins comparaissent sur citations établies par le prévôt,
qui doivent être remises aux destinataires vingt-quatre heures au moins avant l’audience.

CHAPITRE III
DE LA PROCEDURE A L’AUDIENCE

Article 72 : Si des témoins ne se présentent pas, le prévôt peut passer outre ou renvoyer
l’affaire à une audience ultérieure.
Lorsque le contrevenant ne comparaît pas, le prévôt renvoie l’affaire à une
audience ultérieure et peut décerner mandat d’amener contre lui.

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Si celui-ci a demandé à être jugé en son absence, il est statué sans renvoi et le
jugement est contradictoire.

Article 73 : Le prévôt assure la police de l’audience et fait expulsé ou arrêté tout


perturbateur.
Lorsqu’un individu se rend coupable à l’audience d’une infraction ne relevant
pas de la compétence du Tribunal Prévôté, il est mis à la disposition de l’autorité militaire
exerçant le pouvoir judiciaire et le prévôt dresse procès-verbal des faits.

Article 74 : Le contrevenant est amené devant le Tribunal Prévôtal qui juge publiquement.
Le prévôt constate son identité, lui donne succinctement connaissance des faits motivant
sa comparution et reçoit ses explications.
Les témoins sont entendus séparément après avoir prêté serment.
Le prévôt se conforme aux dispositions de l’article 127 du Code de Procédure
Pénale en ce qui concerne le témoignage des ascendeurs, descendants, collatéraux ou alliés
de la personne poursuivie.
Le prévôt déclare les débats clos et donne lecture de son de son jugement,
prononce la peine et condamne l’intéressé aux frais envers l’Etat et fixe la durée de la
contrainte par corps, conformément aux dispositions de l’article 26 du Code Pénal.
Il statue, le cas échéant, sur la restitution des objets saisis, mais en aucun cas
sur les dommages et intérêts.
La minute du jugement est signée séance tenante par le prévôt et le greffier et
adressée au Chef de Corps ou de détachement.

Article 75 : Le jugement est immédiatement exécutoire.

Article 76 : Les jugements des juridictions prévôtales ne sont susceptibles d’aucune voie
de recours.

Article 77 : Si le prévôt estime que les faits ne relèvent pas de sa compétence, il transmet
le dossier de l’affaire au Ministre de la Défense Nationale qui procède comme il est dit au
Livre premier.

LIVRE V
DES PEINES APPLICABLES PAR LES JURIDICTIONS DES FORCES ARMEES
ET DES INFRACTIONS D’ORDRE MILITAIRE

TITRE PREMIER
DES PEINES APPLICABLES PAR LES JURIDICTIONS DES FORCES ARMEES

Article 78 : Les peines qui peuvent être appliquées par les juridictions militaires sont celles
prévues par le Code Pénal.
Elles peuvent également prononcer les peines militaires de la destitution et de
la perte de grade.

Article 79 : La destitution entraîne :


1° - La perte du grade et du droit d’en porter les insignes et l’uniforme.

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2° - L’exclusion des Forces Armées.
3° - Les incapacités prévues par les articles 18 et 19 du Code Pénal.
4° - Les effets prévus par la législation sur les pensions (Décret n° 252 / MFPT du 29
Décembre 1960).
5° - La privation du droit de porter les décorations.

Article 80 : La condamnation à une peine criminelle entraîne obligatoirement la


destitution.
Si l’infraction est passible d’une peine criminelle, la destitution pourra être
prononcée à titre complémentaire même si, par l’admission de circonstances atténuantes,
la peine principale est l’emprisonnement.

Article 81 : La destitution est applicable aux officiers ainsi qu’aux sous-officiers servant
sous contrat.

Article 82 : La perte du grade a les mêmes effets que la destitution, mais sans modifier les
droits à pension ou à récompenser pour services antérieurs.
Elle est applicable aux officiers, sous-officiers, gendarmes, caporaux-chefs,
caporaux et assimilés en position d’activité.

Article 83 : Toute condamnation, même assortie du sursis, prononcée pour crime contre un
militaire visé à l’article 81 du présent Code entraîne de plein droit la perte du grade.
Il en est de même pour les condamnations prononcées par application des
articles 79 à 85, 298, 299 et 307 à 312 du Code Pénal ainsi que pour les condamnations
pour tous autres délits lorsque les peines prononcées sont supérieures à trois mois
d’emprisonnement entraîne également la perte du grade si elle s’accompagne d’une
interdiction de tout ou partie des droits civiques, civils et de famille.

Article 84 : L’interdiction de séjour peut être prononcée par les Cours Spéciales Militaires
dans les conditions fixées par les articles 20 à 22 du Code Pénal.

Article 85 : Les dispositions du Code Pénal relatives aux sursis et aux circonstances
atténuantes et en général toutes dispositions qui ne sont pas contraires à celles du présent
Code ou des Lois spéciales, sont entièrement applicables aux jugements rendus par les
juridictions militaires.

Article 86 : Lorsqu’il s’agit d’une infraction prévue par le présent Code et quand les
circonstances atténuantes ont été déclarées, une peine d’amende ne peut en aucun cas être
substituée à une peine d’emprisonnement.

Article 87 : Lorsqu’une peine d’amende est prononcée pour une infraction de droit
commun contre des militaires ou assimilés n’ayant pas rang d’officier, les juridictions
militaires peuvent décider par disposition spéciale, de substituer à cette peine un
emprisonnement de six jours à six mois s’il s’agit d’un délit, ou de deux à quinze jours s’il
s’agit d’une contravention.
La peine infligée conserve le caractère d’une amende. Elle ne se confond pas
avec les autres peines prononcées et est subie indépendamment de celle-ci.

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Elle n’entraîne pas la perte de grade.

TITRE II
DES INFRACTIONS D’ORDRE MILITAIRE

CHAPITRE PREMIER
DES FRAUDES ET L’OMISSION DE COMPARAITRE DEVANT LE CONSEIL
DE REVISION DE L’INSOUMISSION ET DE LA DESERTION

Article 88 : Seront punis d’un emprisonnement d’un mois à un an sans préjudice des
peines plus graves en cas de faux :
1°- Les auteurs de fraudes ou manœuvre tendant à faire omettre l’inscription d’un
jeune homme sur les tableaux de recensement.
2°- Les jeunes gens appelés sous les drapeaux qui se sont abstenus de comparaître
devant la commission de révision.
3°- Les jeunes gens, qui à l’aide de fraudes ou de manœuvre, se sont fait exempter par
la commission de révision.

Article 89 : Tout jeune soldat ou tout autre militaire dans ses foyers, rappelé à l’activité,
qui ne sera pas arrivé à destination plus de quinze jours après la date fixée par l’appel ou le
rappel qui lui aura été notifié, sera déclaré insoumis et sera puni d’un emprisonnement de
deux mois à un an.
Le délai prévu à l’alinéa premier est porté à un mois pour ceux qui demeurent à
l’étranger.
Ces délais seront réduits de moitié au cas où l’intéressé appartient à un Corps
mobilisé ou à un Corps en opération.
Les complices se verront juger comme l’insoumis. Si le coupable est un
officier, la perte de grade sera prononcée.

Article 90 : Est considéré comme déserteur à l’intérieur en temps de paix :


1° - Six jours après celui de la constatation de l’absence, tout militaire qui s’absente
sans autorisation de son Corps ou de sa formation.
2° - Tout militaire voyageant isolement, dont la mission ou la permission est expirée
et qui, dans les quinze jours suivant celui fixé pour son retour, ne s’est pas présenté à son
Corps ou à sa Formation.
En temps de guerre, les délais ci-dessus sont réduits respectivement à deux et à
cinq jours.
Tout militaire coupable de désertion à l’intérieur en temps de paix est puni de
six mois à trois ans d’emprisonnement. Si la désertion a lieu en temps de guerre, ou sur le
territoire sur lequel l’état de siège ou l’état de mise en garde aura été proclamé, la peine
peut être portée à dix ans d’emprisonnement.
Dans tous les cas, si le coupable est un officier, la destitution peut, en outre,
être prononcée.

Article 91 : Est réputée désertion avec complot, toute désertion effectuée de concert par
plus de deux individus.
La désertion à l’intérieur avec complot est punie :

14
- En temps de paix, d’un emprisonnement de un à cinq ans. La destitution peut, en
outre, être prononcée si le coupable est un officier.
- En temps de guerre, des travaux forcés à temps de cinq à dix ans.

Article 92 : Est déclaré déserteur à l’étranger en temps de paix, trois jours après celui de
l’absence constatée, tout militaire qui franchit sans autorisation les limites du territoire les
limites du territoire national, ou qui, hors de ce territoire, abandonne son Corps ou sa
formation, son bâtiment ou aéronef.
Est déclaré déserteur à l’étranger en temps de paix, tout militaire qui, hors du
territoire national :
- ne se présente pas à son Corps ou à sa formation dans un délai de trois jours après
celui de l’absence constatée ;
- se trouve absent sans autorisation au moment du départ de son Corps, de sa
formation ou du bâtiment ou aéronef à bord duquel il est embarqué et ne rejoint pas
l’expiration d’un délai de trois jours.
La désertion à l’étranger en temps de paix est punie de deux à cinq ans
d’emprisonnement. Si le coupable est un officier, il est puni des travaux forcés à temps de
cinq à dix ans.
La peine d’emprisonnement peut être portée à dix ans contre tout militaire qui
a déserté à l’étranger en temps de paix dans l’une des circonstances suivantes :
1° - si le coupable a empoté une arme ou du matériel de l’Etat.
2° - s’il a déserté étant de service.
3° - s’il a déserté avec complot.
Si le coupable est un officier, la peine est de six ans de travaux forcés.

Article 93 : Si la désertion à l’étranger a lieu en temps de guerre ou sur un territoire sur


lequel l’état de siège ou l’état de mise en garde a été proclamé, la peine est celle des
travaux forcés à temps de cinq à dix ans.
Si la désertion à l’étranger en temps de guerre a eu lieu avec complot ou
emport d’arme, la peine est celle des travaux forcés. Si le coupable est un officier, il est
puni du maximum de cette peine.

Article 94 : Est puni des travaux forcés à temps de dix à vingt ans, tout militaire qui
déserte en bande armée.
Si le coupable est un officier, il est puni du maximum de cette peine.
Si la désertion a été commise avec complot, les coupables sont punis des
travaux forcés à perpétuité.
Les coupables sont punis de la peine de mort s’ils ont emporté une arme ou des
munitions.

Article 95 : Est puni de mort, tout militaire ou tout individu non militaire, faisant partie
d’une formation, d’un équipage d’un bâtiment de la marine ou d’un aéronef militaire,
coupable de désertion de l’ennemi.

Article 96 : Est puni des travaux forcés à temps de dix à vingt ans, tout déserteur en
présence de l’ennemi.
S’il est officier, la peine encourue est les travaux forcés à perpétuité.

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Si la désertion en présence de l’ennemi a lieu avec complot, la peine est la
mort.
Doit être considéré comme se trouvant en présence de l’ennemi tout militaire
ou tout individu non militaire faisant partie d’une formation militaire sur le point d’être
engagée avec l’ennemi, déjà engagée ou soumise à ses attaques.

Article 97 : Tout individu qui, par quelque moyen que ce soit, qu’il ait ou non été suivi
d’effet, provoque la désertion, est puni :
- en temps de paix, de six mois à trois ans d’emprisonnement.
- en temps de guerre, de cinq à dix ans d’emprisonnement.

Article 98 : Tout individu convaincu d’avoir sciemment, soit recelé, soit soustrait ou tenté
de soustraire, d’une manière quelconque, un déserteur aux poursuites ordonnées
légalement, est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans.

Article 99 : Tout militaire convaincu de s’être rendu volontairement impropre au service,


soit d’une manière permanente, dans le but de se soustraire à ses obligations militaires est
puni :
1°- En temps de paix, d’un emprisonnement de un à cinq ans. Si le coupable est un
officier, il sera puni en outre de la destitution.
2° - En temps de guerre, des travaux forcés à temps de cinq à dix ans.
3° - De la même peine, s’il se trouve sur un territoire en état de siégé ou de mise en
garde, ou en présence de bande armée.
4° - De la peine de mort s’il est en présence de l’ennemi.
La tentative est punie comme l’infraction elle-même.
Si les complices sont des docteurs en médecine ou des pharmaciens, les peines
d’emprisonnement ou de travaux forcés à temps encourues peuvent être doublées.

CHAPITRE II
DES INFRACTIONS CONTRE L’HONNEUR ET LE DEVOIR DE LA
CAPITULATION

Article 100 : Est puni de mort, tout Commandant d’une formation, d’une force navale ou
aérienne, qui est reconnu coupable d’avoir capitulé devant l’ennemi, ou ordonné de cesser
le combat, ou amené le pavillon sans avoir fait tout ce que lui prescrivaient le devoir et
l’honneur.

Article 101 : Est puni de la destitution, tout Commandant d’une formation, d’une force
navale ou aérienne qui, pouvant attaquer et combattre un ennemi égal ou inférieur en
force, secourir une troupe, un bâtiment ou un aéronef gabonais ou allié poursuivi par
l’ennemi ou engagé dans un combat, ne l’a pas fait lorsqu’il n’en a pas été empêché par
des instructions générales ou particulières ou des motifs graves.

Article 102 : Tout individu, militaire ou non, qui dans la zone d’opérations d’une force ou
d’une formation :
a)- dépouille un blessé, malade, naufragé ou mort est puni d’une peine
d’emprisonnement de un à cinq ans.

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b)- En vue de le dépouiller, exerce sur un blessé, un malade ou un naufragé, des
violences aggravant son état est puni de mort.

DES DESTRUCTIONS

Article 103 : Est puni de six mois à trois ans d’emprisonnement tout militaire ou assimilé
coupable d’avoir, par négligence, occasionné la destruction ou la mise hors de service
définitive ou temporaire, d’un édifice, d’un bâtiment de la marine, d’un aéronef,
d’approvisionnement, de matériels quelconques à l’usage des forces armées ou concourant
à la défense nationale. Si le coupable est un officier, il est puni du maximum de cette
peine.
Est puni d’un à cinq ans d’emprisonnement et, en outre, s’il est officier, de la
destitution, tout Commandant d’un bâtiment de la marine, d’un aéronef militaire, coupable
d’avoir par négligence occasionné la destruction, la perte ou la mise hors servie définitive
ou temporaire d’un bâtiment de la marine ou d’un aéronef militaire.

Article 104 : Est puni de six mois à cinq ans d’emprisonnement tout militaire ou assimilé
coupable d’avoir volontairement occasionné la destruction, la perte ou la mise hors service
définitive ou temporaire, d’une arme ou de tout autre objet affecté au service des armées.
La peine est celle des travaux forcés à temps de dix à vingt ans si l’objet rendu
impropre au service intéressé la mise en œuvre d’un bâtiment de la marine ou un aéronef
militaire, la sécurité ou la mission d’une formation.
Si la faute commise est de nature à entraîner mort d’hommes ou à nuire à la
défense nationale, la peine est celle des travaux forcés à perpétuité.
S’il y a eu mort d’homme ou si, par son étendue ou ses effets, la destruction a
nui gravement à la défense nationale, la peine de mort est encourue.

CHAPITRE III
DE L’INSUBORDINATION

Article 105 : Sont en état de révolte :


1° - Les militaires qui, réunis au nombre de huit au moins, agissant de concert et sans
leurs armes, se livrent à des violences.
2° - Les militaires sous les armes qui, réunis au nombre de quatre au moins, agissant
de concert, refusent à la première sommation d’obéir aux ordres de leurs chefs.
3° - Les militaires qui, au nombre de quatre au moins et dans les mêmes conditions,
prennent les armes sans autorisation et agissant contre les ordres de leurs chefs.
4° - Les militaires qui, réunis au nombre de huit au moins et dans les mêmes
conditions, se livrent à des violences
En faisant usage de leurs armes et refusent, à la voix de l’autorité qualifiée, de
se disperser et de rentrer dans l’ordre.

Article 106 : La révolte est punie :


- de un à cinq d’emprisonnement dans les circonstances prévues au premier alinéa
l’article ci-dessus ;
- dans les circonstances prévues au deuxième alinéa de même article, des travaux
forcés de cinq à dix ans ;

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- dans les circonstances prévues au troisième alinéa du même article, des travaux
forcés de dix à vingt ans ;
- dans les circonstances prévues au quatrième alinéa du même article, des travaux
forcés à perpétuité ou de la mort.

Article 107 : Si la révolte a eu lieu en temps de guerre ou sur un territoire en état de siégé,
ou à bord d’un bâtiment de la marine nationale à la mer, ou à bord d’un aéronef militaire,
la peine des travaux forcés à perpétuité peut être prononcée. Les instigateurs sont punis de
mort.

CHAPITRE IV
DU REFUS D’OBEISSANCE

Article 108 : Est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans, tout militaire ou
assimilé qui refuse d’obéir ou qui, hors le cas de force majeur, n’exécute pas l’ordre reçu.
L’emprisonnement peut être porté à cinq ans si le fait à lieu en temps de guerre
ou sur un territoire en état de siège.
Est puni de mort, tout militaire qui refuse d’obéir lorsqu’il est commandé pour
marcher contre l’ennemi, ou pour tout autre service commandé par son Chef en présence
de l’ennemi ou d’une bande armée.

CHAPITRE V
DES VOIES DES FAITS ET OUTRAGES A SUBORDONNE

Article 109 : Est puni de trois à deux ans d’emprisonnement, tout militaire qui, hors les cas
de légitime défense de soi-même ou autrui et de provocation, exerce intentionnellement
des violences sur un subordonné.
Toutefois, il n’y a ni crime ni délit si les violences ont été commises à l’effet de
rallier des fuyards en présence de l’ennemi ou de bande armée ou arrêté soit un pillage ou
la dévastation, soit un désordre grave de nature à compromettre la sécurité d’une
formation, d’un bâtiment de la marine ou d’un aéronef militaire.
Article 110 : Tout militaire qui, pendant le service ou l’occasion du service, outrage un
subordonné gravement sans avoir été provoqué, est puni de deux mois à six mois
d’emprisonnement.
Si les faits visés ont eu lieu en dehors du service et sans que le supérieur ait
connu la qualité subalterne de la victime, les peines applicables sont celles du Code Pénal
et des Lois ordinaires.

CHAPITRE VI
DES ABUS DE DROIT DE REQUISITION

Article 111 : Tout militaire qui abuse des pouvoirs qui lui sont conférés en matière de
réquisitions militaires, ou qui refuse de donner reçu des quantités fournies, est puni de
deux mois à deux ans d’emprisonnement.
Tout militaire qui exerce une réquisition sans avoir qualité pour le faire est
puni, si cette réquisition est faite sans violences, d’un emprisonnement de un à cinq ans.

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Ces peines sont prononcées sans préjudice des restitutions auxquelles le
coupable peut être condamné.
L’officier coupable peut, en outre, être condamné à la destitution ou à la perte
de son grade.

CHAPITRE VII
DE LA CONSTITUTION ILLEGALE D’UNE JURIDICTION REPRESSIVE

Article 112 : Tout militaire qui établit ou maintient une juridiction répressive est puni des
travaux forcés à temps de dix à vingt ans, sans préjudice des peines plus fortes pouvant
être encourues du fait de l’exécution des peines prononcées.

CHAPITRE VIII
DES INFRACTIONS AUX CONSIGNES

Article 113 : Tout militaire qui viole une consigne générale donnée à la troupe ou à une
consigne qu’il a personnellement reçu mission de faire effectuer ou qui force une consigne
donnée à un autre militaire, est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans.
La peine d’emprisonnement peut être portée à cinq ans, si le fait à été commis
en temps de guerre, en présence de bande armée ou sur un territoire en état de siège, ou
lorsque la sécurité d’une formation, d’un bâtiment de la marine ou d’un aéronef militaire
est menacée.

Article 114 : En temps de guerre ou en présence de bande armée, est puni de mort tout
Commandant de formation, d’un bâtiment de marine ou d’un aéronef militaire ou assimilé
qui, volontairement, n’a pas rempli la mission dont il était chargé, si cette mission était
relative à des opérations de guerre.

Article 115 : Si la mission a été manquée par négligence, ou si du fait de sa négligence le


coupable s’est laissé surprendre par l’ennemi, ou s’est laissé séparer de son Chef en
présence de l’ennemi ou a été la cause de la prise par l’ennemi d’un bâtiment de marine,
d’un aéronef militaire ou d’une formation militaire, il est puni d’un emprisonnement de six
mois à trois ans, et en outre, s’il est officier, de la destitution.

Article 116 : Tout militaire qui abandonne son poste en temps de paix est puni de deux à
six mois de prison.
Par poste, il faut entendre l’endroit où le militaire doit se trouver à un moment
donné pour l’accomplissement de la mission reçu des ses Chefs.
La peine est de deux à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction a été commise
en temps de guerre ou sur un territoire en état de siège, ou lorsque la sécurité de la
formation, du bâtiment de la marine ou de l’aéronef militaire est menacée.
La peine peut être doublée si le coupable est le Commandant de la formation,
du bâtiment de la marine ou de l’aéronef militaire.

Article 117 : Tout militaire qui, étant en faction, en vedette, de veille ou de quart, en temps
de paix, abandonne son poste ou ne remplit pas sa consigne, est puni d’un emprisonnement
de deux mois à un an.

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Si le militaire, bien qu’à son poste, est trouvé endormi, il est puni de deux à six
mois d’emprisonnement.
La peine est dans tous les cas de cinq à dix ans d’emprisonnement si
l’infraction a été commise en temps de guerre ou sur un territoire en état de siège, ou
lorsque la sécurité de la formation, du bâtiment de la marine ou de l’aéronef militaire est
menacée.

Article 118 : Tout militaire embarqué qui, lorsque le bâtiment de la marine, l’aéronef
militaire ou la formation est en danger, l’abandonne sans ordre et en violation des
consignes reçues, est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans.
S’il est membre de l’équipage, de l’aéronef ou de la formation, la peine est de
deux à cinq ans d’emprisonnement et la destitution.
Si l’abandon a lieu en présence de l’ennemi, de bande armée, ou en cas de
danger immédiat, la peine est celle de cinq à dix ans d’emprisonnement.

Article 120: Est puni de mort, tout Commandant de bâtiment de la marine, tout
Commandant d’une formation ou tout pilote d’un aéronef militaire en vol qui
volontairement et en violation des consignes reçues, en cas de catastrophe, n’abandonne
pas son poste en dernier.

Article 121 : Tout militaire qui abandonne son poste en présence de l’ennemi ou de bande
armée, est puni de mort.
Est également puni de mort, tout Commandant d’une formation, d’un aéronef
militaire ou d’un bâtiment de la marine qui, volontairement, en temps de guerre ou au
cours d’opérations de guerre, ne maintient pas sa formation au combat malgré les ordres
reçus ou se sépare de son Chef en présence de l’ennemi ou de bande armée.

Article 122 : Est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans, tout Commandant
d’une formation, d’un bâtiment de la marine ou d’un aéronef militaire qui, sans motif
légitime, refuse de porter assistance à une formation alliée, bâtiment ou aéronef en
détresse.

LIVRE VI
DISPOSITIONS PARTICULIERES

Article 123 : Les dispositions du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale concernant
l’exécution des peines, la prescription, les mesures d’exécution et le cassier judiciaire sont
applicable aux militaires et assimilés, sauf dispositions contraires du présent Code.

CHAPITRE PREMIER
DE L’EXECUTION DES PEINES

Article 124 : En cas de condamnation à mort, la peine sera subie dans les conditions fixées
par les articles 9 à 12 du Cde Pénal.
Le lieu de cérémonial des prises d’armes d’exécution sont fixés par l’autorité
militaire exerçant le Commandement territorial.

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Article 125 : Les militaires ou assimilés condamnés à des peines privatives de liberté
subiront leurs peines dans un quartier général d’une maison d’arrêt civile.

CHAPITRE II
DES EFFETS DE LA REHABILITATION ET DE L’AMNISTIE

Article 126 : En cas de réhabilitation, la perte ou grade, des décorations gabonaises et des
droits à pension pour services antérieurs qui résultait de la condamnation subsiste pour les
militaires de tout grade, mais ceux-ci s’ils sont réintégrés dans l’armée, peuvent acquérir
de nouveaux grades, de nouvelles décorations, de nouveaux droits à pension.

Article 127 : En cas d’amnistie, la réintégration d’un militaire condamné dans le grade, les
décorations ou les droits à pension qu’il avait perdus, ne peut avoir lieu que si la loi
d’amnistie l’a formellement spécifié.

CHAPITRE III
DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE

Article 128 : Le droit d’accorder la libération conditionnelle aux militaires et assimilés


condamnés, soit par des juridictions militaires, soit par des juridictions de droit commun,
appartient au Président de la République.
Les propositions de la libération sont établies dans la forme prévue par la loi n°
6/70 du 12 juin 1970 et transmise par le Ministre de la Justice au Ministre de la Défense
Nationale qui les adresse, revêtues de ses observations, au Président de la République.

Article 129 : Dès que leur mise en liberté sous condition est accordée, les bénéficiaires
sont mis à la disposition du Ministre de la Défense Nationale pour accomplir
éventuellement le temps de service qu’ils doivent à l’Etat.
Pendant la durée de leur service, les libertés conditionnelles sont exclusivement
soumises à la surveillance de l’autorité militaire.

Article 130 : En cas de punition grave ou de nouvelles condamnations encourues avant que
le condamné soit définitivement libéré de sa peine, la révocation de la liberté
conditionnelle peut être prononcée par le Ministre de la Défense Nationale. Le condamné
est alors envoyé dans un établissement pénitentiaire pour y accomplir la partie de la
première peine non subie au moment de sa libération, cumulativement, s’il y a lieu, avec la
nouvelle peine encourue.
Le temps passé au Corps avant la révocation est toujours déduit de la durée du
service qui lui reste à accomplir.
Les militaires qui ont achevé leur service militaire sans être entièrement libérés
de leur peine sont placés sous la surveillance des autorités militaires territoriales qui se
concertent avec les autorités administratives et judiciaires.

Article 131 : Toutes les dispositions de la Loi n° 6/7 du 12 juin 1970 qui ne sont pas
contraires à celles du présent Code sont applicables aux militaires et assimilés.

CHAPITRE IV

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DES INFRACTIONS DISCIPLINAIRES.

Article 132 : Sont laissées à la répression de l’autorité militaire et punies des peines
disciplinaires qui, lorsqu’elles sont privatives de liberté, ne peuvent excéder soixante jours
d’emprisonnement, les infractions aux règlements relatifs à la discipline.

CHAPITRE V
DE LA SURETE EXTERIEURE ET INTERIEURE DE L’ETAT

Article 133 : Les personnes justiciables de la Cour Spéciale Militaire, poursuivies pour les
infractions ci-après, sont passibles devant cette juridiction des peines prévues par le Code
Pénal :
- pour les crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’Etat, par les articles 61, 63,
64, 65, 66, et 67 ;
- pour les crimes et délits contre la sûreté intérieure de l’Etat, par les articles 68 à 75.

Article 134 : La présence Loi, qui abroge toutes les dispositions antérieures contraires,
sera exécutée comme Loi de l’Etat.

LIBREVILLE, LE 20 DECEMBRE 1973

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
CHEF DU GOUVERNEMENT

Albert-Bernard BONGO.

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