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PIE-Peter Lang, 2010
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à paraître
VALÉRIE TOUREILLE
Crime et châtiment
au Moyen Âge
(Ve-XVe siècle)
ÉDITIONS DU SEUIL
25, bd Romain-Rolland, Paris XIVe
Ce livre est publié dans la collection
L’UNIVERS HISTORIQUE
ISBN 978-2-02-110459-2
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Introduction
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1. Sans oublier sans doute un fort substrat gaulois qui ne pouvait avoir
totalement disparu.
2. La cour du palais.
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Pendant que son fils dormait après son repas, au milieu du jour,
il le fit étrangler par deux de ses serviteurs affidés ; mais à peine
ce crime était-il accompli qu’il se précipita sur le cadavre de son
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1. Grégoire de Tours, Histoire des rois francs, trad. J.-J. E. Roy, Paris,
Gallimard, 1968. Sigismond régna sur le royaume burgonde. Il se laissa
persuader par sa seconde femme de mettre à mort Sigéric, son fils, que
lui avait donné sa première femme, la fille du roi ostrogoth Théodoric le
Grand. Il est vrai que Grégoire de Tours noircit volontiers les traits de la
société mérovingienne. « Parricide » a été ici remplacé par « infanticide »
pour être plus juste.
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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1. Ibid., p. 430.
2. Ibid.
3. Ibid.
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La trilogie criminelle
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1. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit. ; id.,
Registre criminel de Saint-Martin-des-Champs à Paris, Paris, 1877.
2. Archives nationales (désormais AN), Z2 3118.
3. AN, Y 5266, 1488-1489.
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1. Val-d’Oise.
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1. Selon les calculs de Claude Gauvard, « De grace especial », op. cit., p. 330.
2. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit.
3. Christine de Pisan, Le Livre de la cité des dames, éd. Th. Moreau
et E. Hicks, Paris, Stock, 1992.
4. Louis Tanon, Le Registre criminel de Saint-Martin-des-Champs à Paris,
op. cit., p. 472.
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1. Ibid., t. I, p. 9.
2. Ibid., p. 118.
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1. AN, LL 1260.
2. Ibid.
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1. La loi salique est un pacte qui a pour objet de rétablir la paix entre
les Francs par la voie de la composition pécuniaire. Sur d’autres aspects du
Pactus Legis Salicae, voir Olivier Guyot et al., Pouvoirs et institutions dans la
France médiévale, Paris, Armand Colin, 2003, t. I, p. 64 s., 2 vol.
2. Décret de Childebert Ier, vers 532.
3. Le décret de Childebert II daté de 596 exclut, de la même manière,
le meurtre crapuleux de la composition. Voir Jean-Marie Carbasse, « Ne
homines interficiantur. Quelques remarques sur la sanction médiévale de
l’homicide », in S. Dauchy et al. (dir.), Auctoritates. Mélanges offerts à R.
C. van Canegem, 1997, p. 165-185.
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Parce qu’il révèle une peur récurrente, le vol fit l’objet d’une
réflexion continue, tant de la part des théologiens que de celle
des jurisconsultes. Pour autant, cet effort de conceptualisation
n’a guère engendré de textes de lois. Aux capitulaires caro-
lingiens, déjà peu nombreux à s’intéresser à la prohibition
du vol, succéda un long silence législatif. Mais il faut tenir
compte du laconisme du droit pénal monarchique confronté à la
« légalité coutumière », et peu préoccupé d’intervenir en matière
délictuelle 1. Seule l’idéologie de paix, promue par l’Église au
Xe siècle, traduit, pour un temps, la préoccupation du maintien
de l’ordre public. Toutefois, même dans ce domaine, le vol
et le brigandage pouvaient conserver leur caractère délictuel
privatif 2. Ce n’est qu’avec la progressive cristallisation de la
majesté royale et du pouvoir public, c’est-à-dire à partir de
Philippe Auguste, mais surtout de Saint Louis, que se manifesta
la volonté de sanctionner plus sévèrement le vol et les actes
de brigandage. Pour autant, Les Établissements de Saint Louis ne
possèdent qu’une portée relative, celle du domaine royal. Par
ailleurs, si la « grande ordonnance » de 1254, sur la réforme de
l’administration et la police du royaume, considérée comme
la première ordonnance royale en cette matière, comprend
un certain nombre de mesures relevant de la pure moralité
(jeu, prostitution…), elle ne fait pas grand cas du vol. Tout
au plus le roi utilise-t-il la référence pour dénoncer la fraude
pratiquée par ses officiers. Si le roi, en préambule, se déclare
« rempli d’indignation contre ceux qui, par leurs injustices et
malhonnêtetés, empêchent la tranquillité et le repos de notre
peuple 3 », aucune disposition ne condamne le brigandage,
pourtant endémique. Les brigands qui sévissent sur les routes
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1. Ibid.
2. Voir en particulier la célèbre ordonnance criminelle (1532) de l’empereur
Charles Quint, connue sous le nom de « Caroline », qui stipule clairement
la peine de mort pour les brigands.
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1. Pourtant au XVIIIe siècle, Lange affirmera encore que ces mots signifient
la même chose, sinon que ses contemporains se servent du mot « délit »
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pour exprimer les moindres crimes, et du mot « crime » pour exprimer les
plus atroces, Lange, Nouvelle Pratique civile et criminelle et bénéficiale, 1712.
1. Au milieu du XVIe siècle, Damhoudère oppose pour sa part les crimes
publics, qui « touchent et appartiennent à l’utilité publique », aux crimes
privés où « la victime procède pour ses intérêts privés » (La Practique et
enchiridion des causes criminelles, Louvain, 1555).
2. Maïté Billoré et Myriam Soria (dir.), La Trahison au Moyen Âge. De
la monstruosité au crime politique. Ve-XVe siècle, Rennes, PUR, 2010 ; Jacques
Chiffoleau, « Sur le crime de lèse-majesté », in Genèse de l’État moderne en
Méditerranée, Rome, École française de Rome, 1993, p. 183-213.
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1. Voir Jeanne Favret-Saada, Les Mots, les sorts, les morts, Paris, Gallimard,
1977.
2. Roger Vaultier, Le Folklore pendant la guerre de Cent Ans, op. cit., p. 227.
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[Un voleur] qui prenait sur les bonnes gens du pays, vin, poulaille
et autre chose contre leur volonté, dont ils n’osaient parler et
avec ce c’était de commune renommée au pays qu’il usait et
travaillait de mauvais art comme de sorcelleries et “caraux 1”…
et [il] savait comme il se disait, l’art que seulement pour toucher
une femme, qu’elle qu’elle fût, elle allait avec lui en quelque lieu
où il voulait la mener 2.
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1. Ibid.
2. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit.
3. Ibid.
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1. Claude Gauvard affirme que la présence des hôtels princiers avait une
incidence sur le niveau de violence constaté dans la capitale : « Les hôtels
princiers et le crime : Paris à la fin du Moyen Âge », in Michal Tymowski
(dir.), Anthropologie de la ville médiévale, Varsovie, Wydanictwo Dig, 1999,
p. 11-30.
2. Chronique de Jean le Bel, éd. J. Viard et E. Désprez, Paris, 1905.
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1. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 360.
2. Registres des justices de Choisy-le-Temple, op. cit., p. 93 s.
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1. Paris compte alors environ deux cent mille habitants. Pour dix fois
plus d’habitants, aujourd’hui, la capitale possède trente mille policiers, soit
375 fois plus qu’au XVe siècle.
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C HAP IT RE II
Dès lors que le regard se concentre sur les auteurs des crimes,
une première distinction nous impose de considérer de façon
différente ceux qui appartiennent à la partie la plus intégrée
de la société médiévale (c’est-à-dire ceux qui possèdent une
fonction, un titre, un statut ou un métier) et ceux qui vivent
dans ses marges : les vagabonds, les « artistes », les prostituées,
les bannis et les pauvres sans attaches. J’ai réuni sous le vocable
de « délinquants du quotidien », avec la réserve que suscite
l’usage de ce terme pour le Moyen Âge, le premier de ces
deux ensembles. Les délinquants qui le composent sont à
l’origine de la plupart des vols et des homicides commis 1. Le
second groupe, lui, superpose le crime et la marginalité. Par
sa construction (car nous sommes tout à la fois dans le champ
des représentations et dans celui des réalités mesurables) s’est
introduite à la fin du Moyen Âge, quand l’État a commencé
à se préoccuper de ces questions, une première définition du
criminel comme produit de la transgression et de l’altérité. En
son sein se côtoient vrais et faux mendiants, soldats en rupture
de ban, brigands de grand chemin, proxénètes et coupeurs
de bourses. Évidemment, ces deux groupes « criminels » ne
sont pas parfaitement étanches. La frontière qui les sépare
est parfois subtile et un même individu peut être considéré
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1. Ibid.
2. Voir les travaux de Bronislaw Geremek et de Michel Mollat.
3. AN, Y 5266, fol. 31 et 64, 10 juillet 1488.
4. Il s’agit de Pierre Paris, un meunier, connu comme coupeur de bourses
qui a été repris plusieurs fois : AN, Y 5266, fol. 64, 12 août 1488.
5. Écrous de la justice…, op. cit.
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1. AD CO, B II 362/1.
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1. Tel est le nom le plus répandu pour désigner celui qui quémande.
2. Voir la figure du mendiant dans le Roman du comte d’Anjou.
3. Les ordonnances du XIVe siècle renouent avec la répression décidée
par Louis IX en 1254 contre les vagabonds.
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1. Les cas qui leur sont réservés au XVIe siècle deviennent les « cas
prévôtaux ».
2. Ordonnances des rois de France. Règne de François Ier, Paris, Imprimerie
nationale, 1932, 6 vol., t. V, p. 243, 25 janvier 1536.
3. Ibid., t. III, p. 300, 23 décembre 1523.
4. Le lieutenant criminel Jean Imbert dénonce cette justice hors des
tribunaux ordinaires : « La cour abhorre telle boucherie que font lesdits
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prévosts des maréchaux. » Voir La Pratique judiciaire, tant civile que criminelle,
Paris, 1618, 4 vol.
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1. Ordonnace de Louppy-le-Châtel.
2. Mais dans le même temps, les lettres de rémission se multiplièrent.
3. Bronislaw Geremek, Les Marginaux parisiens, op. cit., p. 173.
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1. Saint-Arnoult-en-Yvelines (Yvelines).
2. La Ferté-Bernard (Sarthe).
3. Le Registre criminel du Châtelet, op. cit., p. 250 s.
4. Bronislaw Geremek, Les Marginaux parisiens…, op. cit., p. 176.
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Les hommes étaient très noirs, les cheveux crêpés, les plus
laides femmes qu’on pût voir et les plus noires ; toutes avaient
le visage deplaié, cheveux noirs comme la queue d’un cheval,
pour toute robe une vielle flaussaie très grosse d’un lien de drap
ou de corde lié sur l’épaule, et dessous un pauvre roquet ou
chemise pour tout parements. Bref, c’étaient les plus pauvres
créatures qu’on vit oncques venir en France d’âge d’homme.
Et néanmoins leur pauvreté, en la compagnie avaient sorcières
qui regardaient ès mains des gens ce qui advenu leur était ou à
advenir 1.
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1. Ils représentent un peu plus de 12,5 % des cas. On trouve encore dans
cette déclinaison professionnelle : un cordonnier, un serrurier, un tailleur
de pierre, un mercier et un ouvrier de bras.
2. Il s’agit dans l’ordre de Tassin Tortigue, Regnauld Dambour, Petit
Jehan et Guillemin Viande-Creuze. On pourrait encore signaler dans leurs
rangs un cordelier apostat, Jehan Colin dit Johannes.
3. François Villon, « Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie ».
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1. La marque au « fer chaut » est apposée sur le front des oisifs, faux
mendiants et joueurs de dés.
2. Le Registre criminel du Châtelet, op. cit., t. II, p. 264 s.
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1. Saint-Vincent-du-Loroüer (Sarthe).
2. Chevillé (Sarthe).
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1. Zoophile.
2. Le Registre criminel du Châtelet, op. cit., t. II, p. 264 s.
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Ils prenaient les petits enfants qu’ils trouvaient parmi les chemins
aux villages ou ailleurs, et les enfermaient en huches, et là mour-
raient de faim et d’autre mesaise, qui ne les rançonnait de grande
rançon. Quand un prudhomme avait une jeune femme et ils le
pouvaient prendre, et il ne pouvait payer la rançon qu’on lui
demandait, ils le tourmentaient et tyrannisaient moult gravement ;
et les mettaient en grandes huches, et puis prenaient leurs femmes
et les mettaient par force sur le couvercle de la huche où le bon
homme était, et criaient : « Vilain, en dépit de toi, ta femme sera
chevauchée ci endroit ! » Et ainsi le faisaient 1.
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De la vengeance à la peine
1. Il convient d’ajouter que cette définition ne vaut que pour les familles
d’hommes libres. Pour les esclaves, l’assassinat de l’un d’eux relevait avant
tout de la perte d’un bien.
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À celui qui a été frappé au nez si fort qu’il a perdu tout le nez, celui
qui a frappé paiera 100 sous. Si le nez a été frappé au point que
la partie endommagée du nez soit ouverte, le juge condamnera
sans tarder celui qui a frappé, à la hauteur de la blessure qu’il
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1. Mais aussi – le fait doit être souligné – parce qu’il s’agissait d’une
pratique lucrative, les amendes, les frais de justice et les confiscations
enrichissant à peu de frais le trésor du seigneur.
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1. Sur les coutumiers, voir Martine Grimberg, Écrire les coutumes, Paris,
PUF, 2006.
2. C’est le cas par exemple de Dijon avec le paiement des soixante sous
et de l’inscription sur le Papier rouge.
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1. Sans doute était-ce assez fondé. Son mari, plus âgé qu’elle d’un quart de
siècle, était par ailleurs connu pour de nombreuses exactions, sans compter
les viols qu’on lui attribua.
2. Brantôme l’évoque dans ses Dames galantes.
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1. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 380.
2. D’autant que toutes ces juridictions n’exerçaient pas les trois niveaux
de justice (haute, moyenne et basse) et qu’il fallait aussi tenir compte de
certains statuts particuliers (concernant en particulier les bourgeois).
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1. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 380.
2. « L’Église déteste faire couler le sang. »
3. Bronislaw Geremek cite une autre affaire traitée au Parlement de Paris. Il
s’agit de deux clercs accusés de meurtre : Alain d’Amours et Regnault Turpin.
Tous deux sont fourreurs. Le premier a déjà été condamné au bannissement
pour meurtre. Le procureur dit d’eux qu’ils sont « houliers publiques,
bordeliers, joueurs de dez et taverniers publiques ». Le représentant de
l’évêque prétend que d’Amours a fréquenté l’école pendant cinq ans, même
s’il ne sait pas lire. Turpin est remis à l’évêque parce qu’il porte la tonsure,
l’habit et qu’il sait lire. D’Amours le sera dix jours plus tard, sur le témoignage
de plusieurs barbiers qui affirment qu’il a conservé la trace d’une tonsure.
En dehors de toute fraude, il était très facile d’obtenir la tonsure. Il suffisait
d’être libre de sa personne, d’être né de mariage légitime et d’avoir acquis
une formation, modeste, pour satisfaire aux exigences du droit canon. Les
détenteurs d’une tonsure pouvaient difficilement attester qu’ils savaient
lire et écrire les prières. La tonsure n’est liée à aucune consécration ; elle ne
fait qu’annoncer la vocation à l’état ecclésiastique. Le lien entre la tonsure
et la carrière ecclésiastique était aléatoire. On pouvait dès lors être à la fois
clerc et sergent de ville ou clerc et artisan. Sans compter les nombreux
prêtres errants, qui finissent par côtoyer les marginaux. On trouve dans
nos archives des accusés ânonnant quelques mots du Pater Noster afin de
prouver leur connaissance en la matière.
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quelle affaire, soit qu’il la retienne devant lui, soit qu’il la retire
aux juges normalement compétents pour la confier à d’autres
juges. De cette façon s’est construite la distinction entre justice
retenue et justice déléguée.
Le cœur de cette justice d’État avait son siège à Paris, au
sein du Parlement, qui coiffait l’édifice judiciaire. L’origine
de l’institution remontait à Saint Louis, quand le nombre des
affaires soumises à la curia regis rendit nécessaire la création d’une
formation spécialisée dans les affaires de la justice 1. Son ressort
était considérable, s’étendant de la Picardie à l’Auvergne et de
la Champagne à la Saintonge. En tant que juridiction d’appel,
ses arrêts n’étaient pas susceptibles de pourvoi en cassation.
Il était juge de première et de dernière instance pour les matières
plus circonscrites de régales (droits du roi) et d’apanages. Le
Parlement était enfin chargé de l’enregistrement des textes
législatifs mais cette fonction, qui deviendra si importante à
l’époque moderne, échappe à notre sujet.
Jusqu’à François Ier, la formation criminelle n’y fut pas
formellement identifiée. Le Parlement exerçait toutefois en
la matière un contrôle étroit sur les officiers royaux. Sur le
modèle du Parlement de Paris, d’autres parlements furent créés
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André Buchet lui livra dans la maison d’un nommé Lemoine […]
un jeune garçon avec lequel il commit le vice contre nature […] et,
après l’avoir tué, il le fit jeter par ledit Poitou dans les latrines
de l’auberge d’un nommé Boetden, près du marché de Vannes,
où ses amis étaient logés ; lequel Poitou descendit dans lesdites
latrines, afin d’enfoncer et de couvrir le cadavre, de sorte qu’on
ne pût le trouver 1.
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1. Louis Tanon, Histoire des justices des anciennes églises…, op. cit., p. 349.
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Il ajoute d’ailleurs :
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1. Elle incita Innocent III à engager une croisade (au même titre que
celles qui se déroulaient contre les Infidèles) dont l’ultime épisode fut la
prise de Montségur en 1244.
2. Innocent III chercha aussi à réprimer de façon plus efficace les délits
imputables aux ecclésiastiques au moment où se répandait le concubinage
des prêtres, mais aussi la simonie. Le pape institua que la poursuite pourrait
s’exercer d’office, sans attendre l’intervention d’un accusateur ou d’un
dénonciateur. La nouvelle procédure, fixée dans des décrétales de 1198,
1199, 1212 et 1213 fut consacrée par le canon 8 du quatrième concile de
Latran de 1212. Cette nouvelle procédure n’était d’ailleurs pas appelée à
se substituer aux deux autres et les trois formes subsistèrent dans le même
temps.
3. Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324,
Paris, Gallimard, 1975.
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1. Il semble que la question ait été admise dès la fin du XIIe siècle dans les
Assises de Jérusalem, coutumier du royaume latin de Palestine. En France,
c’est la charte octroyée en 1246 à Aigues-Mortes qui contient la première
allusion à la torture, également mentionnée dans une ordonnance de
Saint Louis pour le Languedoc. Au cours du XIVe siècle, la question se
répand, en même temps que la procédure inquisitoire, dans l’ensemble du
royaume.
2. L’Église ne réintroduisit la torture qu’avec beaucoup de circonspection.
Celle-ci avait été réprouvée par Nicolas Ier dans sa réponse aux Bulgares,
en 866, puis par Gratien. Jusqu’au XIIIe siècle, elle était exclue de toute
procédure ecclésiastique. Elle aurait d’ailleurs rendu le jugement irrégulier,
dès lors qu’un homme d’Église ne pouvait faire couler le sang. L’Église
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1. Irnérius (1050-1130).
2. Si le droit romain, dit droit savant, constituait l’un des piliers du corpus
juridique, jusqu’au XIIIe siècle ce droit romain s’était pour l’essentiel effacé
derrière l’omniprésence du droit canon.
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1. D’autres grands coutumiers ont, eux aussi, marqué leur époque (celui
de Bretagne, celui de Bourgogne…) mais nous n’en connaissons pas les
auteurs.
2. De son nom Eustache Morel, né à Vertus dans la Marne en 1346,
Eustache Deschamps étudia le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique)
à Reims, puis le droit à Orléans. En 1367, il entre comme messager au
service du roi, puis passe trente années dans l’entourage de Louis d’Orléans.
Il a exercé la charge de bailli de Valois. Il fit partie d’un rassemblement
littéraire qui eut beaucoup d’influence : la Cour amoureuse. Il mourut après
s’être démis de sa charge de bailli, en 1406 ou 1407. Œuvres complètes, éd.
Queux Saint-Hilaire, Paris, 1878-1904, 11 vol., t. VI, p. 279.
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1. Ibid.
2. Chronique du Religieux de Saint-Denys, op. cit., t. III, p. 725.
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1. Sur ces profils, voir Bernard Guenée, Tribunaux et gens de justice dans
le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1963.
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1. Dans le cas évoqué plus haut, toutes les conversations se sont faites
en provençal.
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Punir ou pardonner,
le traitement du crime
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Le châtiment du crime
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1. Imposteur.
2. Auteur de guet-apens.
3. Batteur à gage.
4. Eustache Deschamps, Œuvres complètes, op. cit., t. VI, p. 211-212.
5. Jean de Roye, Journal, dit Chronique scandaleuse, op. cit.
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1. L’affaire est rapportée par Jean de Roye, Journal, dit Chronique scan-
daleuse, op. cit., t. I, p. 4-5.
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Pieux fit crever les yeux de son neveu Bernard, roi d’Italie, et
de la mort de ce dernier à l’issue du supplice infligé. L’ablation
de la langue, pour sa part, était censée châtier les calomnies,
les blasphèmes, les faux témoignages, soit tous les délits qui se
commettaient par son entremise.
D’autres formes de mutilation étaient parfois conseillées
par la coutume. La peine de la tonte subsiste dans le Sud du
royaume. Elle est encore signalée au XIIIe siècle à Saint-Léonard-
de-Noblat. Les consuls peuvent alors imposer au voleur d’être
tondu jusqu’à ce que le sang lui sorte de la tête.
En fait, c’est la hantise de la récidive, particulièrement vive en
matière de vol, qui justifia la mutilation la plus répandue, celle
de l’oreille. L’essorillement permet de reconnaître en l’homme
ainsi marqué le suspect qu’il demeure. Les bans de Saint-Omer
essorillent ou bannissent « sur l’oreille » ceux que leur état
désigne comme dépourvus d’attaches dans la ville : prostituée,
tenancier d’« apert bourdel 1 », marinier étranger, vagabond qui
ne peut « montrer métier par quoi il se garantit ». On a d’ailleurs
conservé les listes de bannis pour la ville. En 1301, seul un
homme, originaire de Doulens, eut l’oreille coupée. Cinq femmes
l’eurent trouée, toutes prostituées, déjà bannies ou en rupture
de ban.
La recherche de l’exemplarité et la crainte de la récidive,
déterminantes dans la répression du vol, suffisent à elles seules
à expliquer le recours à la mutilation.
À l’extrême fin du Moyen Âge, si l’essorillement est toujours
recommandé pour la première récidive, les flétrissures tendent
progressivement à remplacer l’amputation. Cette préférence
semble plutôt le fait des juges, car les textes, eux, la recom-
mandent pour les « oiseux » 2. L’évolution pénale des flétrissures
sera entérinée par la doctrine à la fin du XVIe siècle. La marque
présente un avantage : elle permet de reconnaître la juridiction
qui l’a ordonnée. Le plus souvent appliquée à l’épaule, elle avait
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1. Médecin.
2. « Attachée nue avec son amant, lui aussi dans le plus simple appareil. »
3. Jean de Roye, Journal, dit Chronique scandaleuse, op. cit., t. I, p. 175-176.
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1. On sait combien la vie des veuves non remariées était dure au Moyen
Âge, surtout lorsqu’elles étaient jeunes. On n’admet guère que des femmes
puissent demeurer seules, sauf à les considérer comme « filles publiques ».
2. Confessions et jugements de criminels, op. cit., p. 175.
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1. Le 31 octobre 1527.
2. Une dénommée Catherine est mitrée devant la prison de Dijon pour
avoir soustrait des livrées de chambrières dans une maison et avec lesquelles
elle fut exposée aux regards des badauds pendant trois heures, 7 février 1503.
3. Les « paisseaulx » sont des paisseaux, piquets pour soutenir la vigne.
La « receptatrice » est une receleuse, 6 novembre 1534.
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Fut ledit prévôt pris dedans le Palais, traîné sur une claie
jusqu’à la Heaumerie [rue Saint-Denis], et puis assis sur une
planche en la charrette, tenant une croix de bois en sa main, vêtu
d’une houppelande à carreaux fourrée de martres, des chausses
blanches et des escafinons [chaussons] noirs en ses pieds, en
ce point mené ès Halles de Paris, et là on lui coupa la tête, et
fut mise plus haut que les autres plus de trois pieds. Et si est
vrai que, depuis qu’il fut mis sur la claie jusqu’à sa mort, il ne
faisait toujours que rire, comme il faisait en sa grande majesté,
dont la plupart des gens le tenaient pour vrai fou, car tous ceux
qui le voyaient pleuraient si piteusement que vous ne ouissiez
oncques parler de plus grands pleurs pour mort d’homme, et
lui tout seul riait et était sa pensée que le commun le gardât de
mourir 2.
1. Le 20 mai 1542.
2. Journal d’un bourgeois de Paris, op. cit., p. 60.
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1. Le 31 mars 1461.
2. Le 14 juin 1505.
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1. Les femmes sont plutôt moins expulsées que les hommes, à Abbeville,
par exemple, elles sont 25 % contre 75 % d’hommes. L’on comprend aisément
les réticences de la justice à exiler les femmes de leur foyer.
2. AD CO, B II 360/25, avril 1520.
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les rois lorsqu’ils entrent pour la première fois dans une ville.
Ces lettres doivent être levées par l’impétrant dans les six mois ».
La libération est parfois même inscrite dans l’usage. On lit ainsi
un vœu de Louis de Bourbon, comte de Vendôme, indiquant :
« La ville de Vendôme a le privilège de délivrer, tous les ans,
un prisonnier, le jour du vendredi avant les Rameaux. »
Ces témoignages de clémence ne doivent pas nous étonner.
Ils se révèlent sur un arrière-fond de morale chrétienne, dont
le pardon et la miséricorde – même irrationnels, même contre-
productifs – constituent une donnée permanente.
La thématique du pardon n’est d’ailleurs pas propre au roi.
On la retrouve dès le procès à travers la pratique des excuses. Elle
se lit à tous les niveaux de la procédure judiciaire, dès que celle-ci
échappe à l’automaticité mécanique des prescriptions des lois
barbares (mais il est vrai a contrario que celles-ci n’entraînaient
pas la mort du coupable). Il y a, derrière cette idée que tous les
crimes peuvent être pardonnés ou du moins excusés, l’influence
de la parole évangélique et celle du droit canon. Le pécheur peut
être repenti. Et le larron meurt sur la croix, au côté de Jésus.
En prenant appui sur les cas où l’excuse pouvait être invoquée,
la doctrine a élaboré une théorie générale qui visait en premier
lieu à mieux comprendre l’acte du coupable. Les excuses étaient
de nature diverse. On y trouve la minorité, la vieillesse, le genre,
la légitime défense ou encore l’état de nécessité. L’excuse de
minorité, par exemple, renvoie à cette idée que le jeune âge
de l’accusé explique en partie son infraction, et qu’il reste pour
cette raison amendable. Une peine légère (le fouet le plus
souvent) lui est infligée à titre d’avertissement. La correction
est généralement exécutée à l’abri des regards, afin qu’elle
n’emporte pas la réputation à venir du jeune coupable 1.
L’excuse de nécessité, elle, repose sur ce principe que l’auteur
du vol a été conduit à cette extrémité par la pauvreté ou la
faim. Elle renvoie à l’idée que les pauvres sont des créatures
1. Il existe dans notre droit actuel, des dispositions propres aux mineurs,
issues de l’ordonnance de 1945, qui protègent le droit à l’oubli des actes
commis, par exemple par la protection des inscriptions au casier judiciaire.
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6. La faiblesse du sexe.
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1. Sauf peut être en cas de vol. Le fait de poser une échelle pour pénétrer
dans une maison est déjà un crime. C’est l’échellement.
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CONCLUSION
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1. Henri Mendras, Les Sociétés paysannes, op. cit. ; Eugen Weber, La Fin
des terroirs, Paris, Fayard, 1983.
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Sources éditées
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Archives judiciaires
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
315
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À propos de la violence
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Chantal Dupille, Les Enragés au XVe siècle. Les étudiants au Moyen Âge,
Paris, Cerf, 1969.
Guy Fourquin, Les Soulèvements populaires au Moyen Âge, Paris, PUF,
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André Leguai, « Troubles et révoltes sous le règne de Louis XI »,
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Jean-Pierre Leguay, La Rue au Moyen Âge, Rennes, Ouest-France, 1984.
Bruno Lemesle, « Des discours de la haine, récits comparés de haine
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
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Droit et procédure
320
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
321
CRIME ET CHÂTIMENT AU MOYEN ÂGE
L’infanticide
Le viol
322
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Le suicide
Le blasphème
L’empoisonnement
La lèse-majesté
La bestialité
323
CRIME ET CHÂTIMENT AU MOYEN ÂGE
Le vol
La prostitution
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
La récidive
La marginalité
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Le châtiment
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Le crime saisi par l’historien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297
Histoire de la virilité
I. L’Invention de la virilité. De l’Antiquité aux Lumières
II. Le Triomphe de la virilité. Le XIXe siècle
III. La Virilité en crise ? XXe-XXIe siècle
sous la direction d’Alain Corbin,
Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello
2011
Auschwitz
Enquête sur un complot nazi
par Florent Brayard
2012
L’Apocalypse joyeuse
Une histoire du risque technologique
par Jean-Baptiste Fressoz
2012
Monarchies postrévolutionnaires
1814-1848
par Bertrand Goujon
2012
Les Bas-Fonds
Histoire d’un imaginaire
par Dominique Kalifa
2013
réalisation : pao éditions du seuil
impression : normandie roto impression s.a.s. à lonrai
dépôt légal : janvier 2013. n° 94466 (00000)
Imprimé en France