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TRAVAUX DIRIGES

DROIT DES CONTRATS

Cours de Mme Eva Menduiña Gordón


Maître de conférences
2021-2022

Equipe pédagogique :
Murielle Nema, Thomas Pretot, Amélie Rulkowski, Gabrielle Velmon


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« … en dépit de rares ouvrages récents, trop de juristes, abreuvés de réglementation et de
solutions ponctuelles et éphémères, paraissent se désintéresser des grands principes et des
aspects méthodologiques du Droit. Or le juriste doit être un chef d’orchestre, apte à maîtriser
et coordonner tous les instruments du droit : la solution juridique ne peut provenir du son,
parfois discordant, d’une disposition isolée, mais dépend pour sa compréhension, son
application et sa mise œuvre, des principes, des institutions, des concepts et des procédés
techniques de l’ordre juridique général. Le juriste ne peut être ni un simple automate,
condamné à l’application servile d’une réglementation tatillonne, ni un apprenti-sorcier
déchaînant des conséquences désordonnées et imprévues pour avoir ignoré la dépendance et
l’insertion de la règle de droit dans son contexte.
Une conception globale du droit est indispensable à l’étude et l’élaboration des normes
juridiques ; des méthodes particulières sont requises pour les mettre en œuvre. Il paraît
nécessaire, à une époque de sur-réglementation, de dirigisme pointilleux, des bouleversements
techniques, humain et sociaux et, plus spécialement, à l’heure de l’informatique, de rappeler
qu’il vaut mieux pour un juriste « une tête bien faite qu’une tête bien pleine » et que la
connaissance pure, pour laquelle la mémoire humaine est supplantée par l’ordinateur, n’est
rien sans une conception générale du Droit, un raisonnement et une méthode appropriés. »
Jean-Louis BERGEL, Théorie générale du droit, Dalloz, 2003, p. 1.

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Sommaire

Séance n°1 : Les sources de l’obligation et la réforme du droit des contrats ….. p. 6

Séance n°2 : La formation du contrat : la rencontre des volontés ……………… p. 9

Séance n°3 et 4 : La formation du contrat : les vices du consentement ………… p. 11

Séance n°5 : La formation du contrat : contenu du contrat (l’objet) ……………. p. 15

Séance n°6 : La formation du contrat : le contenu du contrat (la cause) ……… p. 16

Séance n°7 : La force obligatoire du contrat…………………………………… p. 19


L’imprévision et l’exécution forcée

Séance n°8 : La force obligatoire du contrat…………………………………… p. 21


La responsabilité contractuelle, l’exception d’inexécution,
l’action en résolution

Annexes :
- Annexe 1 : Schéma de l’organisation juridictionnelle ………………… p. 23
- Annexe 2 : Conseils méthodologiques ………………………………… p. 24

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Organisation matérielle
du semestre

Préparer la séance de TD

Préparer les séances de travaux dirigés signifie :

• apprendre le cours correspondant aux thèmes traités et approfondir ceux-ci en lisant


les textes, les arrêts et la doctrine s'y rapportant (v. infra les conseils
bibliographiques) ;
• lire l’intégralité de la fiche correspondante ; faire le devoir correspondant ainsi que les
exercices demandés, lorsqu’il y en a, en les rédigeant entièrement et proprement ;
• énumérer les difficultés rencontrées au cours de la préparation de la séance (ce qui n’a
pas été compris dans le cours, dans les ouvrages, dans les exercices, dans les
lectures...) pour pouvoir poser toutes les questions utiles à votre chargé de TD.

Les TD de droit des contrats


Ces séances de TD ont une importance particulière pour les étudiants de LEA : ils sont une
occasion unique de mettre en pratique le droit et d’interagir avec un enseignant. Cela signifie
en conséquence qu’un investissement personnel particulier est attendu des étudiants.
Par « travaux dirigés », il ne faut pas simplement entendre l’assimilation des principes
régissant les exercices typiques des études en droit (lecture des arrêts et cas pratiques), mais
aussi et surtout l’assimilation des connaissances de base du raisonnement juridique.
L’importance de la méthode juridique, plus que la pure connaissance du droit positif, est mise
en relief par la citation de J.-L. BERGEL sur la page de garde de ce document de TD : la
connaissance parfaite du droit en vigueur, au-delà d’être impossible, est vaine. Autrement dit
la connaissance d’une norme, sans mise en perspective du pourquoi et du comment, ne sert à
rien.

Absences
Au-delà de deux absences, qu’elles soient justifiées ou non, les étudiants seront inscrits
comme défaillants. Cela signifie qu’ils perdent le bénéfice du contrôle continu et devront
passer la matière à la session de rattrapage.
Les étudiants boursiers qui n’assistent pas régulièrement aux séances de TD n’obtiendront pas
le tampon de l’enseignant.

Notation
La note finale sera composée de :
1 note d'oral (25%), 1 note d'interrogation écrite (25%) et une note d'examen final (50%).

Aucune excuse ne sera acceptée si les étudiants n’ont pas fait leur travail pour la séance de
TD.

Le plagiat est évidemment interdit et sera sanctionné.

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Bibliographie

Code civil (Dalloz, Litec) (à apporter à toutes les séances de travaux dirigés et au cours)

I. Manuels

ATTENTION : ne pas acheter un ouvrage relatif aux « contrats spéciaux ».

ü A. BENABENT, Les obligations, LGDJ, Montchrestien, 2021, 19ème éd.


ü Y. BUFFELAN-LANORE, V. LARRIBAU-TERNEYRE, Droit civil, Les obligations,
Sirey, Université, 17ème éd., 2020.
ü R. CABRILLAC, Droit des obligations, Dalloz, Cours, 14ème éd., 2020
ü Ph. DELEBECQUE, F.-J. PANSIER, Contrat et quasi-contrat, LexisNexis, Objectif droit,
Cours, 2021, 10ème éd.
ü O. DESHAYES, Th. GENICON et Y-M. LAITHIER, Réforme du droit des contrats, du
régime général et de la preuve des obligations. Commentaires article par article, 2ème
éd., 2018.
ü M. FABRE-MAGNAN, Droit des obligations. 1. Contrat et engagement unilatéral, PUF,
Thémis, 2021.
ü B. FAGES, Droit des obligations, LGDJ, Manuel, 11ème éd., 2021.
ü Ch. LARROUMET, S. BROS, Les obligations. Le contrat, Economica, 10ème éd., 2021.
ü PH. MALAURIE, L. AYNES, PH. STOFFEL-MUNCK, Les obligations, Defrénois,
11ème éd., 2020
ü S. PORCHY-SIMON, Droit civil 2ème année : Les obligations, Dalloz, Hypercours,
14ème éd., 2022.
ü C. RENAULT-BRAHINSKY, Droit des obligations, Gualino, 18ème éd., 2021.
ü A. SERIAUX, Manuel de droit des obligations, Puf, 4ème éd., 2020
ü F. TERRE, PH. SIMLER, Y. LEQUETTE, F. CHENEDE, Droit civil, Les obligations,
Dalloz, 12ème éd., 2018

II. Dictionnaires juridiques

ü G. CORNU, Vocabulaire juridique, PUF


ü S. GUINCHARD, Th.DEBARD, Lexique des termes juridiques, Dalloz 2015-2016

III. Sites internet et revues

ü www.legifrance.gouv.fr
ü www.courdecassation.fr

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Séance n° 1
Les sources de l’obligation et la
réforme du droit des contrats

I. Les sources des obligations

Exercice 1 : Recherchez les principaux textes qui font référence aux différentes sources de
l’obligation. Après lecture de ces textes, veuillez répondre aux questions suivantes :

o Qu’entendons-nous par « source de l’obligation » ?


o Quelles sont les différentes sources de l’obligation ?
o Illustrez avec un exemple chacune de ces sources de l’obligation.
o Quelle est la différence entre un acte et un fait juridique ?
o Parmi les sources de l’obligation, lesquelles relèvent de l’acte, et lesquelles
relèvent du fait ?

Exercice 2 : Relisez les conseils méthodologiques reproduits à l’annexe 2 relatifs à la lecture


des arrêts et à l’élaboration d’une fiche de jurisprudence.

1/ Faites une fiche de jurisprudence de l’arrêt reproduit ci-dessous ;


2/ Identifiez les mots qui permettent de repérer les différentes parties d’un arrêt ;
3/ Vous devez maîtriser le sens des expressions et termes suivants : « cassation », « rejet »,
« motif », « dispositif », « branche », « moyen », « pourvoi », « arrêt confirmatif/infirmatif »,
« visa », « juge du fond », « débouter de sa demande », « accueillir la demande »,
« prétention », « parties », « chapeau », « solution ».

Si nécessaire, aidez-vous d’un dictionnaire juridique (cf. Bibliographie).

Chambre mixte, 6 septembre 2002, pourvoi n° 98-22.981, Bull. Ch. mixte n° 4


« Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X... a reçu de la société de vente par correspondance
Maison française de distribution (la société) deux documents le désignant, de façon
nominative et répétitive, en gros caractères, comme ayant gagné 105 750 francs, avec
annonce d'un paiement immédiat, pourvu que fût renvoyé dans les délais un bon de validation
joint ; que cette pièce fût aussitôt signée et expédiée ; que la société n'ayant jamais fait
parvenir ni lot ni réponse, M. X... l'a assignée en délivrance du gain et, subsidiairement, en
paiement de l'intégralité de la somme susmentionnée pour publicité trompeuse, née de la
confusion entretenue entre gain irrévocable et pré-tirage au sort ; que l'Union fédérale des
consommateurs Que Choisir (UFC) a demandé le paiement d'une somme de 100 000 francs
de dommages-intérêts en réparation de l'atteinte portée à l'intérêt collectif des
consommateurs ; que l'arrêt leur a respectivement accordé les sommes de 5 000 francs et un
franc ;

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« Sur le premier moyen :
« Attendu que l'UFC fait grief à la cour d'appel d'avoir limité à un franc la réparation de son
préjudice, alors, selon le moyen, que si les juges apprécient souverainement le montant des
dommages-intérêts dans la limite des conclusions des parties, il leur appartient cependant
d'évaluer le préjudice d'après les éléments dont ils disposent, au besoin après avoir ordonné
toutes mesures utiles, sans pouvoir se borner à allouer une indemnité symbolique en raison
d'un montant incertain du dommage ; qu'en l'espèce, l'UFC Que Choisir, dont la mission est
de poursuivre la réparation de préjudices subis par une multitude de consommateurs,
invoquait le préjudice causé à l'intérêt collectif des consommateurs du fait des procédés
agressifs et mensongers des sociétés par correspondance consistant à faire croire aux
consommateurs qu'ils ont gagné un lot important pour obtenir des commandes et évaluait ce
préjudice à la somme de 100 000 francs ; qu'en se bornant à considérer que l'intérêt collectif
des consommateurs était, au regard des circonstances de l'espèce, exactement réparé par
l'octroi d'une somme d'un franc à titre de dommages-intérêts sans préciser les éléments sur
lesquels elle se fondait pour évaluer le préjudice à une telle somme, la cour d'appel a privé sa
décision de base légale au regard de l'article 1382 du Code civil ;
« Mais attendu que la cour d'appel a apprécié souverainement le montant du préjudice dont
elle a justifié l'existence par l'évaluation qu'elle en a faite, sans être tenue d'en préciser les
divers éléments ; d'où il suit que le moyen ne peut être accueilli ;
« Mais sur le moyen de pur droit, relevé d'office après avertissement donné aux parties :
« Vu l'article 1371 du Code civil ;
« Attendu que les quasi-contrats sont les faits purement volontaires de l'homme dont il résulte
un engagement quelconque envers un tiers ;
« Attendu que pour condamner la société à payer une certaine somme à titre de dommages-
intérêts à M. X..., l'arrêt retient qu'en annonçant de façon affirmative une simple éventualité,
la société avait commis une faute délictuelle constituée par la création de l'illusion d' un gain
important et que le préjudice ne saurait correspondre au prix que M. X... avait cru gagner ;
« Qu'en statuant ainsi, alors que l'organisateur d'une loterie qui annonce un gain à une
personne dénommée sans mettre en évidence l'existence d'un aléa s'oblige, par ce fait
purement volontaire, à le délivrer, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
« PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen :
« CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamné la société MFD à verser à M.
X... la somme de 5 000 francs, l'arrêt rendu le 23 octobre 1998, entre les parties, par la cour
de Paris ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Versailles ».

II. La réforme du droit des contrats : le champ d’application dans le temps

Exercice 1 : Résolution du cas pratique reproduit ci-dessous. Relisez auparavant les conseils
méthodologiques en rapport avec cet exercice (cf. la méthodologie du cas pratique dans
l’annexe 2).

Le 1er octobre 2013, Mme Delorme, propriétaire d’un immeuble de logements d’habitation,
conclut un contrat d’entretien avec la société l’Andalouse. Le contrat est d’une durée de 4 ans,
et contient une clause de renouvellement tacite.
Dans un premier temps, elle semble satisfaite de cet engagement : en bonne négociatrice, elle
a réussi à adapter le contrat que l’Andalouse lui avait présenté à ses besoins.

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Mais, le 10 novembre 2019, elle vient vous voir furieuse. Elle s’estime victime d’une
tromperie et souhaiterait obtenir la nullité du contrat. L’action sera-t-elle soumise au nouveau
ou à l’ancien droit des contrats ?

Textes permettant la résolution du cas pratique :

-Article 9 de l’ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des


contrats, du régime général et de la preuve des obligations :
« Les dispositions de la présente ordonnance entreront en vigueur le 1er octobre 2016.
« Les contrats conclus avant cette date demeurent soumis à la loi ancienne.
« Toutefois, les dispositions des troisième et quatrième alinéa de l'article 1123 et celles des
articles 1158 et 1183 sont applicables dès l'entrée en vigueur de la présente ordonnance.
« Lorsqu'une instance a été introduite avant l'entrée en vigueur de la présente ordonnance,
l'action est poursuivie et jugée conformément à la loi ancienne. Cette loi s'applique également
en appel et en cassation ».

Article 16 de la loi n° 2018-287 du 20 avril 2018 ratifiant l'ordonnance n° 2016-131 du 10


février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des
obligations

« I.-La présente loi entre en vigueur le 1er octobre 2018.


« Les articles 1110,1117,1137,1145,1161,1171,1223,1327 et 1343-3 du code civil et les
articles L. 112-5-1 et L. 211-40-1 du code monétaire et financier, dans leur rédaction
résultant de la présente loi, sont applicables aux actes juridiques conclus ou établis à
compter de son « entrée en vigueur.
Les modifications apportées par la présente loi aux articles 1112,1143,1165,1216-
3,1217,1221,1304-4,1305-5,1327-1,1328-1,1347-6 et 1352-4 du code civil ont un caractère
interprétatif ».

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Séance n° 2 : La formation du contrat
La rencontre des consentements

1. La négociation précontractuelle

2. L’offre, acceptation et rencontre de consentements

Exercice 1 : Résolution de cas pratique

M. Martin voudrait acheter un vélo. Il consulte un site internet et est intéressé par l’annonce
ainsi rédigée :
« A vendre, Console de jeu avec une manette, marque X, blanche en parfait état, garantie
jusqu’en décembre 2016. 200 €. Prix valable jusqu’au 30 octobre 2016 ». Une photo est
jointe à l’annonce.
Il prend contact avec le vendeur et, après avoir essayé la console avec un jeu vidéo du
vendeur, il lui propose de l’acheter pour 150 €.
Le vendeur refuse.
M. Martin lui propose alors d’acquérir la console pour un prix de 150 €, à la condition que le
vendeur lui remette également le jeu vidéo qu’il a essayé.
Le vendeur refuse.
Après avoir réfléchi, M. Martin reprend contact avec le vendeur le 29 octobre 2016 et lui
indique qu’il souhaite acheter la console pour 200 €.

-Qualifiez juridiquement ces différentes propositions en expliquant la qualification retenue.

-Précisez si, et à quel moment, un contrat a été conclu entre M. Martin et le vendeur. La
réponse serait-elle différente si M. Martin avait repris contact avec le vendeur le 31 octobre
2016 ?

Pour rentrer chez lui, M. Martin décide de prendre un taxi. Une voiture s’arrête et le chauffeur
lui indique que le prix de la course s’élèvera à 20 €. M. Martin monte dans le taxi.

-Précisez si un contrat a été conclu entre M. Martin et le chauffeur de taxi.

Exercice 2 : Lecture d’arrêt et élaboration d’une fiche de jurisprudence.

Civ. 3ème, 7 mai 2008, Bull. III, n°79.

Vu l'article 1134 du code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Pau, 17 octobre 2005), que par acte du 24 juin 2000, Mme X...
a signé, par l'intermédiaire d'un agent immobilier, une proposition d'achat d'un immeuble
appartenant aux consorts Y..., avec remise d'un dépôt de garantie ; qu'elle a retiré son offre

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d'achat le 26 juin, tandis que l'agent immobilier lui adressait le 27 juin un courrier l'informant
de l'acceptation de cette offre par les consorts Y... ; que Mme X... a assigné ces derniers en
restitution de la somme versée et en paiement de dommages-intérêts ;

Attendu que pour accueillir cette demande, l'arrêt retient la validité de la rétractation de son
offre d'achat par Mme X..., celle-ci étant intervenue par lettre recommandée expédiée le 26
juin 2000, antérieurement à l'émission, par les consorts Y..., de leur acceptation par lettre
recommandée expédiée le 27 juin 2000 ;

Qu'en statuant ainsi, alors que si une offre d'achat ou de vente peut en principe être rétractée
tant qu'elle n'a pas été acceptée, il en est autrement au cas où celui de qui elle émane s'est
engagé à ne pas la retirer avant une certaine époque, et alors qu'elle avait constaté que les
consorts Y... disposaient d'un délai jusqu'au 27 juin 2000 pour donner leur accord, et qu'il en
résultait que Mme X... s'était engagée à maintenir son offre jusqu'à cette date, la cour d'appel
a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 17 octobre 2005, entre les
parties, par la cour d'appel de Pau ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Pau, autrement composée ;

3. Les avant-contrats

Exercice 1 : Répondez aux questions suivantes en justifiant chacune de vos affirmations.

Quelles sont les différences (notion et régime) entre :


-une négociation pré-contractuelle
-une offre
-une promesse unilatérale
-un pacte de préférence.

* *

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Séances n° 3 et 4 : La formation du
contrat
Les vices du consentement

I. L’erreur

Exercice 1 : Répondez à la question de cours suivante en justifiant votre réponse : « Toutes


les erreurs emportent-elles la nullité d’un contrat ? »

Exercice 2 : Lisez l’arrêt et élaborez une fiche de jurisprudence de l’arrêt reproduit ci-
dessous.

Civ. 1ère, 22 février 1978, Poussin, pourvoi n° 76-11.551, Bull. I, n° 74


« Sur le premier moyen : vu l'article 1110 du code civil ;
« Attendu que, les époux Z... ayant charge Rheims, commissaire-priseur, de la vente d'un
tableau attribué par l'expert X... à "l'école des Carrache", la réunion des musées nationaux a
exercé son droit de préemption, puis a présenté le tableau comme une œuvre originale de
Nicolas Poussin ;
« Que les époux Z... ayant demandé la nullité de la vente pour erreur sur la qualité
substantielle de la chose vendue, la cour d'appel, estimant qu'il n'était pas prouvé que le
tableau litigieux fut une œuvre authentique de Poussin et qu'ainsi l'erreur alléguée n'était pas
établie, a débouté les époux Z... de leur demande ;
« Qu’en statuant ainsi, sans rechercher si, au moment de la vente, le consentement des
vendeurs n'avait pas été vicié par leur conviction erronée que le tableau ne pouvait pas être
une œuvre de Nicolas Poussin la cour d'appel n'a pas donné de base légale a sa décision ;
« Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen : casse et annule en
son entier l'arrêt ».

II. Le dol

Exercice 1 : Lisez l’arrêt reproduit ci-dessous et élaborez une fiche de jurisprudence.


Comparez la solution résultant de l’arrêt Baldus avec les nouveaux articles 1112-1 et 1137 du
Code civil. La jurisprudence Baldus a-t-elle été condamnée en 2016 ? La question se pose-t-
elle encore ?

Civ. 1ère, 3 mai 2000, Baldus, pourvoi n° 98-11.381, Bull. I, n° 131


« Vu l'article 1116 du Code civil ;
« Attendu qu'en 1986, Mme Y... a vendu aux enchères publiques cinquante photographies de
X... au prix de 1 000 francs chacune ; qu'en 1989, elle a retrouvé l'acquéreur, M. Z..., et lui a
vendu successivement trente-cinq photographies, puis cinquante autres photographies de X...,
au même prix qu'elle avait fixé ; que l'information pénale du chef d'escroquerie, ouverte sur
la plainte avec constitution de partie civile de Mme Y..., qui avait appris que M. X... était un
photographe de très grande notoriété, a été close par une ordonnance de non-lieu ; que Mme
Y... a alors assigné son acheteur en nullité des ventes pour dol ;

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« Attendu que pour condamner M. Z... à payer à Mme Y... la somme de 1 915 000 francs
représentant la restitution en valeur des photographies vendues lors des ventes de gré à gré
de 1989, après déduction du prix de vente de 85 000 francs encaissé par Mme Y..., l'arrêt
attaqué, après avoir relevé qu'avant de conclure avec Mme Y... les ventes de 1989, M. Z...
avait déjà vendu des photographies de X... qu'il avait achetées aux enchères publiques à des
prix sans rapport avec leur prix d'achat, retient qu'il savait donc qu'en achetant de nouvelles
photographies au prix de 1 000 francs l'unité, il contractait à un prix dérisoire par rapport à
la valeur des clichés sur le marché de l'art, manquant ainsi à l'obligation de contracter de
bonne foi qui pèse sur tout contractant et que, par sa réticence à lui faire connaître la valeur
exacte des photographies, M. Z... a incité Mme Y... à conclure une vente qu'elle n'aurait pas
envisagée dans ces conditions ;
« Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'aucune obligation d'information ne pesait sur
l'acheteur, la cour d'appel a violé le texte susvisé ; / PAR CES MOTIFS : CASSE ET
ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 5 décembre 1997 ».

Exercice 2 : Résolution de cas pratique (formation du contrat et vices du consentement) :

Dylan rêve de s’acheter une voiture, la Citroën 2 CV, depuis toujours. Pour pouvoir le faire, il
travaille depuis des années toutes les vacances et gagne ainsi de l’argent qu’il économise
précieusement.
En décembre 2016, alors qu’il passe ses vacances dans le Sud de la France à Gruissan, il voit
garée dans la rue la voiture de ses rêves, la fameuse Citroën 2 CV, sur la fenêtre de laquelle
figure un papier indiquant :
« A vendre : Citroën 2 CV 6 ; Année 1990
Kilométrage (compteur) 52.000 km
9.000 euros
Appelez Gérard au 06 07 08 09 10 »

Dylan est exalté, la voiture lui plaît, mais il ne dispose pour le moment que de 7.500 euros
d’économies. Le lundi 19 décembre 2016, Dylan appelle aussitôt Gérard et lui propose
d’acheter la voiture pour 7.500 euros. C’est moins que ce que Gérard espérait. Gérard dit donc
à Dylan qu’il va prendre quelques jours pour réfléchir à sa proposition. Mercredi 21 décembre
au matin, Gérard, qui n’a pas eu d’autre appel concernant sa voiture, se résigne à appeler
Dylan et lui dit qu’il accepte de lui vendre la voiture pour 7.500 euros. Dylan est fou de joie.

Or, mercredi après-midi, Gérard reçoit un appel de Sana, qui, elle aussi, a vu l’annonce et lui
dit qu’elle souhaite acheter la voiture, le prix de 9.000 euros lui convenant.

1. Gérard est-il lié à Dylan ou peut-il encore vendre sa voiture à Sana ? A quel moment la
voiture de Gérard est-elle vendue et à qui ? Pour répondre à ces questions, expliquer les
différentes étapes de la formation du contrat dans cette affaire.
Gérard se dit que de toute façon, puisque tous les échanges qu’il a eus avec Dylan se sont
déroulés par téléphone, c’est-à-dire uniquement par oral, il ne devrait pas pouvoir être regardé
comme ayant conclu un contrat avec Dylan. A-t-il raison ou tort ? Pourquoi ?

2. Par ailleurs, après la vente, la personne à laquelle Gérard a finalement vendu sa voiture (à
vous de déterminer s’il s’agit de Sana ou de Dylan), s’inscrit pour participer à un concours de
voitures de collection. L’inscription au concours lui coûte 250 euros. Le jour du concours, la
voiture vendue par Gérard ne démarre pas. La personne à laquelle Gérard a finalement vendu

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sa voiture (Sana ou de Dylan) est alors contrainte de confier la voiture à un garagiste. La
garagiste découvre à cette occasion que le compteur de la voiture a été trafiqué et que celle-ci
n’a pas roulé 52.000 km, mais 90.000 km. Le garagiste émet une facture de 750 euros au titre
des réparations de la voiture. L’acheteur (Sana ou de Dylan), fou de rage, ne veut plus de cette
voiture, ni assumer le coût de cette facture. Il souhaite en outre obtenir réparation, d’une part,
de son préjudice moral, tenant à l’humiliation qu’il a subie et à la peine que lui a causée le fait
de ne pas avoir pu présenter la voiture au concours collection et, d’autre part, de son préjudice
matériel, tenant au frais d’inscription au concours qu’il a dû débourser inutilement.

Pourra-t-il obtenir l’annulation de la vente ? Si oui, à quelles conditions et quelles en seront


les conséquences ? Par ailleurs, pourra-t-il obtenir des dommages-intérêts en réparation de ses
préjudices ? Si oui, à quelles conditions ?

III. La violence

Exercice 1 : Lisez l’arrêt Kannas, Larousse-Bordas, reproduit ci-dessous et comparez la


solution en résultant avec le nouvel article 1143 du Code civil.

Civ. 1ère, 3 avril 2002, Kannas, Larousse-Bordas, pourvoi n° 00-12.932 Bull. I, n° 108
« Sur le premier moyen, pris en sa première branche :
« Vu l'article 1112 du Code civil ;
« Attendu que Mme X... était collaboratrice puis rédactrice salariée de la société Larousse-
Bordas depuis 1972 ; que selon une convention à titre onéreux en date du 21 juin 1984, elle a
reconnu la propriété de son employeur sur tous les droits d'exploitation d'un dictionnaire
intitulé " Mini débutants " à la mise au point duquel elle avait fourni dans le cadre de son
contrat de travail une activité supplémentaire ; que, devenue " directeur éditorial langue
française " au terme de sa carrière poursuivie dans l'entreprise, elle en a été licenciée en
1996 ; que, en 1997, elle a assigné la société Larousse-Bordas en nullité de la cession sus-
évoquée pour violence ayant alors vicié son consentement, interdiction de poursuite de
l'exploitation de l'ouvrage et recherche par expert des rémunérations dont elle avait été
privée ;
Attendu que, pour accueillir ces demandes, l'arrêt retient qu'en 1984, son statut salarial
plaçait Mme X... en situation de dépendance économique par rapport à la société Editions
Larousse, la contraignant d'accepter la convention sans pouvoir en réfuter ceux des termes
qu'elle estimait contraires tant à ses intérêts personnels qu'aux dispositions protectrices des
droits d'auteur ; que leur refus par elle aurait nécessairement fragilisé sa situation, eu égard
au risque réel et sérieux de licenciement inhérent à l'époque au contexte social de
l'entreprise, une coupure de presse d'août 1984 révélant d'ailleurs la perspective d'une
compression de personnel en son sein, même si son employeur ne lui avait jamais adressé de
menaces précises à cet égard ; que de plus l'obligation de loyauté envers celui-ci ne lui
permettait pas, sans risque pour son emploi, de proposer son manuscrit à un éditeur
concurrent ; que cette crainte de perdre son travail, influençant son consentement, ne l'avait
pas laissée discuter les conditions de cession de ses droits d'auteur comme elle aurait pu le
faire si elle n'avait pas été en rapport de subordination avec son cocontractant, ce lien
n'ayant cessé qu'avec son licenciement ultérieur ;
« Attendu, cependant, que seule l'exploitation abusive d'une situation de dépendance
économique, faite pour tirer profit de la crainte d'un mal menaçant directement les intérêts
légitimes de la personne, peut vicier de violence son consentement ; qu'en se déterminant

13
comme elle l'a fait, sans constater, que lors de la cession, Mme X... était elle-même menacée
par le plan de licenciement et que l'employeur avait exploité auprès d'elle cette circonstance
pour la convaincre, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
« Par ces motifs, et sans qu'il soit besoin de statuer sur la seconde branche du premier
moyen, ni sur le second moyen : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt
rendu le 12 janvier 2000 ».

* *

14
Séance n° 5 : La formation du contrat
Le contenu du contrat : l’objet
(et les clauses abusives)

Exercice 1 : Lisez les articles 1163 et s. du Code civil et répondez aux questions suivantes :

ü Sur les prestations non monétaires :


o Quelle est la position du droit nouveau quant à la détermination du contenu des
prestations non monétaires ?
o Quelle finalité cette règle remplit-elle ?
o La solution retenue par l’ordonnance entérine-t-elle le droit antérieur ou le
modifie-t-elle ?
o Quelle est la différence entre une prestation déterminée, déterminable et
indéterminée ? Quels sont les critères de la déterminabilité ?

ü Sur les prestations monétaires (le prix) :


o Quelle est la position du nouveau droit quant à la détermination des prestations
monétaires (du prix) ?
o Dans quelles hypothèses le nouveau droit des contrats admet-il la fixation
unilatérale et ultérieure du prix ? Par quel moyen est encadrée la fixation
unilatérale du prix ?
o Quelle est la position de la réforme quant au pouvoir modérateur du juge en
matière d’honoraires excessifs ?

Exercice 2 : Résolution de cas pratique

1.) La société TOUFRAIS achète de la volaille à des fournisseurs pour réaliser des plats
cuisinés tels que les nuggets ou les escalopes panées. Paul Blot, le dirigeant de la société met
la qualité au centre de la politique commerciale de l’entreprise. Il est donc particulièrement
exigeant quant à la sélection de ses partenaires commerciaux.

Après de nombreuses recherches, Paul Blot a trouvé un nouveau fournisseur, la société


COCOTTE. Celle-ci détient près de 80% des parts de marché. Les deux sociétés ont décidé,
après de longues négociations de conclure un contrat-cadre. Celui-ci prévoit les relations
commerciales des parties mais précise que le prix sera fixé à chaque commande en fonction
du catalogue fournisseur et de l’évolution des cours pratiqués dans la filière aviaire. Toutefois,
l’accord cadre prévoit un prix plancher au kilo.

Appréciez la méthode de fixation du prix entre les deux sociétés.

15
Séance n° 6 : La formation du contrat
Le contenu du contrat : la cause

Exercice 1 : Commentez l’affirmation suivante en mobilisant vos connaissances :


« Le contrat déséquilibré est nul ».

Exercice 2 : Cas pratique

A. Lefebvre est propriétaire de trois restaurants à Pantin. Elle vient vous voir car elle souhaite y
voir plus clair sur son sort par rapport à la situation sanitaire actuelle. Contrainte de fermer ses
restaurants du 14 mars au 3 juin 2020, suite à l’arrêté du 14 mars 2020 du ministre de la santé, elle
se voit opposer par son assureur un refus de prise en charge de sa perte d’exploitation. Ce refus la
désole alors qu’elle se croyait couverte par le contrat multirisque petites et moyennes entreprises
souscrit le 28 février 2020. Donnez-lui votre avis sur cette question à la lumière des conditions
générales et de conditions particulières du contrat reproduites ci-dessous.

Dans les conditions générales, il est prévu une garantie de perte d’exploitation en cas
d’interruption totale ou partielle de l’activité en raison d’un dommage garanti, ou d’une
impossibilité d’accès au lieu d’exploitation pour une cause étrangère à l’assuré. Les conditions
particulières prévoient une extension de la garantie perte exploitation ainsi libellée : « PERTE
D’EXPLOITATION SUITE A FERMETURE ADMINISTRATIVE. La garantie est étendue aux
pertes d’exploitation consécutives à la fermeture provisoire totale ou partielle de l’établissement
assuré, lorsque les deux conditions suivantes sont réunies :
1. La décision de fermeture a été prise par une autorité administrative compétente et extérieure à
vous-même
2. La décision de fermeture est la conséquence d’une maladie contagieuse, d’un meurtre, d’un
suicide, d’une épidémie ou d’une intoxication. Durée et limite de la garantie : la garantie
intervient pendant la période d’indemnisation, c’est-à-dire la période commençant le jour du
sinistre et qui dure tant que les résultats de l’établissement sont affectés par ledit sinistre, dans la
limite de 3 mois maximum… ».
Sur la page suivante il est précisé que : « sont exclues les pertes d’exploitation, lorsque, à la date
de la décision de fermeture, au moins un autre établissement, quelles que soient sa nature et son
activité, fait l’objet, sur le même territoire départemental que celui de l’établissement assuré,
d’une mesure de fermeture administrative, pour une cause identique ».

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Exercice 3 : Lisez les arrêts reproduits ci-dessous et élaborez les fiches de jurisprudence
correspondantes. Rapprochez les arrêts respectivement de l’article 1162 et de l’article 1169 du
Code civil.

Doc. 1 : Civ. 1ère 7 octobre 1998, pourvoi n° 96-14.359, Bull. n° 285


« Attendu que, par acte sous seing privé du 17 juin 1981, M. X... a reconnu devoir à son
épouse une somme, remboursable avec un préavis de trois mois ; qu'après leur divorce, Mme
X..., devenue Mme Y..., a, par acte du 14 juin 1989, accepté que le prêt lui soit remboursé
sous forme d'une augmentation de la pension alimentaire que lui versait son ex-mari ; qu'en
1993, elle l'a assigné en remboursement du solde du prêt ;
« Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt attaqué (Versailles, 23 février 1996) d'avoir annulé
pour cause illicite l'acte du 14 juin 1989 et fait droit à la demande de son ex-épouse, alors,
selon le moyen, d'une part, qu'en ne constatant pas que l'accord avait eu pour motif
déterminant des déductions fiscales illégales et en ne recherchant pas s'il n'avait pas eu pour
motif déterminant de réaliser l'étalement du remboursement du prêt dont le paiement était
susceptible d'être réclamé à tout moment, la cour d'appel a privé sa décision de base légale
au regard de l'article 1131 du Code civil ; et alors, d'autre part, qu'une convention ne peut
être annulée pour cause illicite que lorsque les parties se sont engagées en considération
commune d'un motif pour elles déterminant ; qu'ayant constaté que Mme Y... déclarait à
l'administration fiscale l'intégralité des sommes reçues de M. X..., il s'en évinçait que Mme
Y... ne pouvait avoir eu pour motif déterminant de son accord la déductibilité, par M. X..., des
sommes à elles versées, en sorte que la cour d'appel, en retenant une cause illicite, a violé
l'article précité ;
« Mais attendu qu'un contrat peut être annulé pour cause illicite ou immorale, même lorsque
l'une des parties n'a pas eu connaissance du caractère illicite ou immoral du motif
déterminant de la conclusion du contrat ; que l'arrêt ayant retenu que l'acte du 14 juin 1989
avait une cause illicite en ce qu'il avait pour but de permettre à M. X... de déduire des
sommes non fiscalement déductibles, Mme Y... était fondée à demander l'annulation de la
convention ; qu'ainsi, la cour d'appel, qui n'avait pas à effectuer la recherche inopérante
visée à la première branche du moyen, a légalement justifié sa décision ».

Doc. 2 : Civ. 1ère, 15 juin 1994, pourvoi n° 92-15.174, Bull. I, n° 215


« Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que par acte notarié du 17 septembre
1984, M. Y..., chirurgien orthopédiste, exerçant à la clinique Saint-Augustin, a cédé à M. X...,
chirurgien de même spécialité, 142 parts sociales sur les 424 qu'il détenait dans la société à
responsabilité limitée Clinique Saint-Augustin, moyennant le prix de 820 000 francs ; que, le
même jour, les deux praticiens signaient, par actes sous seings privés, deux autres
conventions ; que la première dite " convention d'utilisation du service de chirurgie
orthopédique " avait pour objet de définir les conditions d'utilisation de ce service et les
activités des deux chirurgiens dans la clinique ; que la seconde, qualifiée de " cession de
droits incorporels " stipulait que moyennant le paiement d'une indemnité d'intégration de 480
000 francs, M. Y... cédait à son confrère les droits incorporels transmissibles découlant de la
précédente convention ; qu'aux termes de cet acte de cession, M. X... devenait "
copropriétaire indivis au prorata du temps d'utilisation et des activités prévues dans la
convention d'utilisation du service, des droits incorporels attachés à celle-ci " ; que M. X... a
assigné M. Y... en annulation, pour absence de cause, de la cession de droits incorporels ;
que l'arrêt attaqué (Bordeaux, 18 février 1992) a fait droit à cette demande ;
« Sur le premier moyen, pris en ses quatre branches :

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« Attendu que M. Y... fait grief à l'arrêt d'avoir prononcé l'annulation de la cession de droits
incorporels, alors, selon le moyen, d'une part, qu'en se déterminant par des motifs qui laissent
incertain le fondement juridique de la décision, la cour d'appel n'a pas mis la Cour de
Cassation en mesure d'exercer son contrôle sur la conformité de sa décision aux règles de
droit et n'a pas légalement justifié sa décision ; alors, d'autre part, que les conventions
passées entre la société et l'un de ses gérants ou associés et non approuvées ne sont pas
nulles, de sorte qu'en retenant, pour prononcer la nullité de l'accord conclu entre les deux
praticiens, que cet accord était inopposable à la société et que la convention précédemment
conclue entre celle-ci et M. Y... était nulle en raison du défaut d'approbation par les associés,
l'arrêt a violé l'article 50 de la loi du 24 juillet 1966 ; alors, en outre, qu'en déduisant de
l'absence d'un contrat écrit entre la clinique et M. Y... que ce dernier ne disposait d'aucun
droit d'utilisation des installations de la clinique dans laquelle il exerçait, la cour d'appel a
violé l'article 1134 du Code civil ; et alors, enfin, que l'arrêt constate que le contrat litigieux
conférait à M. X... le droit d'utiliser le matériel professionnel appartenant à M. Y... ainsi
qu'un droit de préférence en cas de cession par celui-ci de tout ou partie de son cabinet ou
des parts sociales lui appartenant ; que l'obligation mise à la charge de M. X... de payer une
indemnité d'intégration n'était donc pas dénuée de contrepartie, de sorte qu'en prononçant
l'annulation de cette obligation, la cour d'appel n'a pas tiré de ses constatations les
conséquences légales s'en évinçant nécessairement au regard de l'article 1131 du Code civil,
et a violé l'article 1118 du même code ;
« Mais attendu que l'arrêt retient que M. Y... ne rapporte pas la preuve qu'il bénéficiait d'une
convention d'exclusivité pour l'exercice de la chirurgie orthopédique au sein de la clinique
Saint-Augustin et qu'à la date du contrat, le droit d'y exercer résultait de la seule qualité
d'associé de la société exploitant cet établissement ; qu'il relève que les accords passés entre
les deux chirurgiens pour l'utilisation des installations de la clinique concernaient des biens
ou des droits qui aux termes des statuts de la société clinique Saint-Augustin, appartenaient à
cette dernière et qu'ils lui étaient donc inopposables ; que l'arrêt ajoute que le matériel
professionnel appartenant à M. Y... et dont le droit d'utilisation a été cédé à M. X... par la
convention litigieuse était d'une importance extrêmement limitée et enfin que le droit de
préférence en cas de vente de leurs parts sociales, que se sont mutuellement reconnus les
praticiens ne peut s'analyser, comme le soutient M. Y..., en un engagement de non-
concurrence de sa part au bénéfice de son confrère ; que la cour d'appel qui, au vu de
l'ensemble de ces circonstances par elle souverainement appréciées, a estimé que l'obligation
de M. X... au paiement d'une indemnité d'intégration n'avait aucune contrepartie réelle, les
droits cédés étant dépourvus de toute valeur sérieuse, en a justement déduit que le contrat de
cession de droits incorporels était nul pour absence de cause ; qu'elle a ainsi légalement
justifié sa décision et qu'en aucune de ses branches le moyen ne peut être accueilli ».

* *

18
Séance n° 7 : Force obligatoire du contrat -
Imprévision et exécution forcée

Exercice 1 : Comparez les articles du Code civil qui visent l’imprévision et la force majeure
et soulevez les différences et les similitudes.
Dans quelle mesure l’imprévision a-t-elle pu constituer une réponse aux difficultés
rencontrées par les entreprises pendant la période COVID ? Justifiez vos réponses.

Exercice 2 : Lisez les arrêts reproduits ci-dessous et élaborez les fiches de jurisprudence
correspondantes.
Comparez les arrêts précités avec, d’une part, les anciens articles 1142 et 1143 du code civil,
d’autre part, les nouveaux articles 1221 et 1222 du code civil.

Doc. 1 : Civ. 3ème, 11 mai 2005, pourvoi n° 03-21.136, Bull. III, n° 103
« Vu l'article 1184 du Code civil ;
Attendu que la partie envers laquelle l'engagement n'a point été exécuté peut forcer l'autre à
l'exécution de la convention lorsqu'elle est possible ;
« Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 23 septembre 2003), que M. et Mme X...
Y... ont signé avec la société Les Bâtisseurs du Grand Delta un contrat de construction de
maison individuelle dont ils ont réglé la totalité du prix tout en refusant de signer le procès-
verbal de réception en raison d'une non conformité aux stipulations contractuelles relative au
niveau de la construction ; qu'ils ont assigné la société de construction afin d'obtenir sa
condamnation à démolir puis reconstruire la maison, ou, à défaut, sa condamnation au
paiement d'une somme équivalente au coût des opérations de démolition et de reconstruction;
« Attendu que pour débouter M. et Mme X... Y... de leur demande, l'arrêt retient que la non
conformité aux stipulations contractuelles ne rend pas l'immeuble impropre à sa destination
et à son usage et ne porte pas sur des éléments essentiels et déterminants du contrat ;
« Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait constaté que le niveau de la construction présentait
une insuffisance de 0, 33 mètres par rapport aux stipulations contractuelles, la cour d'appel
qui n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, a violé le texte susvisé ;
« PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE ».

Doc. 2 : Civ. 3ème, 21 juin 2000, pourvoi n° 98-21.129, Bull. III n° 124
« Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 27 juillet 1998) que Mme X..., aux droits de
laquelle se trouvent les consorts X..., propriétaire d'un lot dans un lotissement a assigné les
époux Y..., voisins colotis, en démolition de la construction édifiée sur leur lot ;
« Attendu que les époux Y... font grief à l'arrêt d'accueillir la demande, alors, selon le moyen
que si l'article L. 315-2-1 du Code de l'urbanisme permet aux colotis de demander le maintien
des règles d'urbanisme contenues dans le cahier des charges du lotissement, lorsqu'un plan
d'occupation des sols (POS) a été approuvé, il ne leur ouvre pas la faculté à cette occasion
d'intégrer dans le cahier des charges les dispositions du POS afin de leur conférer une valeur
contractuelle ; qu'ainsi, en considérant que les consorts X... pouvaient poursuivre la

19
destruction de l'immeuble édifié par les époux Y... en méconnaissance des dispositions du
POS dès lors que lors d'une assemblée du 14 novembre 1987 les colotis s'étaient imposés
entre eux, à titre contractuel, ces dispositions du POS, la cour d'appel a violé le texte susvisé
et l'article 1143 du Code civil ;
« Mais attendu qu'ayant constaté que les consorts X... invoquaient à titre principal, la
violation des règles contractuelles figurant aux articles 14 et 19 du cahier des charges du
lotissement et relevé que, suivant une assemblée générale du 14 novembre 1987 les colotis
avaient, à la fois voté le maintien des règles du lotissement et modifié certaines dispositions
du cahier des charges aux fins de les mettre en conformité avec le POS, que spécialement
l'article qui prévoyait qu'il ne pourrait être édifié qu'une construction principale à usage
d'habitation par lot sauf détachement de parcelle d'une surface minimale de 450 mètres
carrés avait été modifié par un article interdisant tout sous-lotissement en lot d'une surface
inférieure à 800 mètres carrés d'un seul tenant, la cour d'appel a retenu, à bon droit, qu'en
votant la modification des dispositions initiales pour les adapter au POS, les colotis avaient
manifesté leur volonté de s'imposer contractuellement entre eux, à titre réel, les restrictions
de droit de propriété édictées par le POS et en a justement déduit que les époux Y... ayant
acquis postérieurement à l'assemblée générale du 14 novembre 1987 un terrain dont la
superficie restante pouvant être prise en compte était de 772 mètres carrés, les consorts X...
étaient fondés à réclamer, en application de l'article 1143 du Code civil, la démolition de la
construction irrégulièrement édifiée sur le lot sans avoir à justifier d'un préjudice ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ».

* *

20
Séance n° 8 :
La force obligatoire du contrat -
Responsabilité contractuelle /
exception d’inexécution, résolution

Exercice 1 : Classez les différentes sanctions prévues par le législateur en fonction de leur
nature « judiciaire » ou de leur caractère unilatéral.
Quelles sont les sanctions incompatibles et compatibles ?

Exercice 2 : Résolution de cas pratique

Aurélie et Baptiste aiment beaucoup les voyages. Cet hiver, pour Noël, ils sont partis visiter
Berlin. C’était un beau voyage, un peu fatiguant cependant, car organisé en autocar par un
transporteur. Malheureusement, alors qu’ils mangeaient des gaufres sur le Marché de Noël, le
couple s’est fait voler son sac de voyage, entreposé dans le car qui les transportait et qui
n’était pas surveillé pendant leur absence. Leur bagage contenait des vêtements et accessoires
et près de 5 000 euros en espèces. Les voleurs n’ont pas pu être retrouvés ... Aurélie et
Baptiste n’entendent cependant pas commencer ainsi la nouvelle année ! De retour en France,
ils sont bien décidés à se faire indemniser par le transporteur. Sachant que vous suivez des
cours de droit et êtes en pleine révision de votre partiel, ils viennent vous demander conseil.

Qu’en pensez-vous ?

Exercice 3 : Elaboration d’une fiche de jurisprudence de l’arrêt reproduit ci-dessous.

Civ. 1ère 25 nov. 2020, pourvoi n°19-21.060, Bull. I n°714.


« 1. Selon le jugement attaqué (tribunal d’instance de Manosque, 27 mai 2019), rendu en
dernier ressort, par acte du 15 juin 2017, M. et Mme X... ont souscrit un contrat
d’hébergement auprès de la société Chaîne thermale du soleil (la société) pour la période du
30 septembre 2017 au 22 octobre 2017 pour un montant total de 926,60 euros, payé le 30
septembre 2017. Le 4 octobre, M. X..., hospitalisé en urgence, a dû mettre un terme à son
séjour. Mme X... a quitté le lieu d’hébergement le 8 octobre.

2. Soutenant n’avoir pu profiter des deux dernières semaines de leur séjour en raison d’une
circonstance revêtant les caractères de la force majeure, M. et Mme X... ont assigné la société
en résolution du contrat et indemnisation.

3. La société fait grief au jugement de prononcer la résiliation du contrat à compter du 9


octobre 2017 et de la condamner au paiement d’une certaine somme, alors "que, si la force
majeure permet au débiteur d’une obligation contractuelle d’échapper à sa responsabilité et
d’obtenir la résolution du contrat, c’est à la condition qu’elle empêche l’exécution de sa
propre obligation ; qu’en retenant que l’état de santé de M. X... était constitutif d’une
situation de force majeure de nature à justifier la résolution du contrat et la condamnation de

21
la société à lui reverser les sommes perçues, quand ces difficultés de santé ne l’empêchaient
aucunement d’exécuter l’obligation dont il était débiteur, mais uniquement de profiter de la
prestation dont il était créancier, le tribunal d’instance a violé l’article 1218 du code civil.

Vu l’article 1218, alinéa 1, du code civil :

7. Aux termes de ce texte, il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu’un événement


échappant au contrôle du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la
conclusion du contrat et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées,
empêche l’exécution de son obligation par le débiteur.

8. Il en résulte que le créancier qui n’a pu profiter de la prestation à laquelle il avait droit ne
peut obtenir la résolution du contrat en invoquant la force majeure.

9. Pour prononcer la résiliation du contrat à compter du 9 octobre 2017, après avoir énoncé
qu’il appartenait aux demandeurs de démontrer la force majeure, le jugement retient que
M. X... a été victime d’un problème de santé imprévisible et irrésistible et que Mme X... a dû
l’accompagner en raison de son transfert à plus de cent trente kilomètres de l’établissement
de la société, rendant impossible la poursuite de l’exécution du contrat d’hébergement.

10. En statuant ainsi, alors qu’il résultait de ses constatations que M. et Mme X... avaient
exécuté leur obligation en s’acquittant du prix du séjour, et qu’ils avaient seulement été
empêchés de profiter de la prestation dont ils étaient créanciers, le tribunal a violé le texte
susvisé.

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen, la
Cour : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, le jugement rendu le 27 mai 2019,
entre les parties, par le tribunal d’instance de Manosque » ;

* *

22
Annexes

Annexe 1 : Schéma de l’organisation juridictionnelle

23
Annexe 2 : Conseils méthodologiques

A/ Précisions terminologiques

ECRIVEZ N’ECRIVEZ PAS


Fonder Baser sur
Exemple : la décision est fondée sur
A l’égard de Vis-à-vis de
Exemple : à l’égard des tiers
La loi dispose, énonce, prévoit La loi stipule
-> les dispositions de la loi
Le contrat, la convention stipule
-> les stipulations d’un contrat
En revanche Par contre
Interjeter appel Faire appel
Pécuniaire (au masculin et au féminin) Pécunier
En définitive En définitif
Dilemme Dilemne
Rémunération Rénumération
Dans le domaine, en ce qui concerne ... Au niveau de
Pallier (un inconvénient) Pallier à un inconvénient
D’autant plus que Surtout que
Bien que Malgré que
Inconcevable Impensable
Prétendu Soit-disant
Exemple : le prétendu contrat
Donc ou par conséquent Donc par conséquent (pléonasme)
Mais ou en revanche Mais en revanche (pléonasme)
Car ou en effet Car en effet (pléonasme)
Se rappeler qqch ou se souvenir de qqch Se rappeler de quelque chose
Clore un débat, une séance Clôturer (ne se dit que pour les champs et les terrains)
‘’D’une part’’ en indiquant plus loin ‘’d’autre part’’ ‘’D’une part’’ sans le faire suivre plus loin d’un
‘’d’autre part
Une alternative (deux choix possibles) Deux alternatives (sauf si il y a quatre choix, ce qui est
rare)
M. est l’abréviation de Monsieur Mr (abréviation anglaise)
Mme est l’abréviation de Madame Me qui est l’abréviation de maître
Me est l’abréviation de Maître
Voire (= « et même ») Voire même (= « et même même »)
A vous de compléter...

B/ Conseils de rédaction par Vincent Chantebout

Ces conseils valent pour tous les exercices que vous rencontrerez lors du semestre. Vous
remarquerez vite que ni le législateur, ni le juge ne respectent ces consignes. Il n’en
demeure pas moins qu’en tant qu’étudiants, vous ne devez pas imiter leur style.

24
• Une idée par phrase.
• Des phrases courtes : sujet / verbe / complément, avec une subordonnée tout au plus.
• Des conjonctions de coordination entre les phrases. (Donc, or, en effet, par
conséquent, mais, toutefois, cependant, en revanche, en somme, autrement dit, de plus,
de surcroît, dès lors...).

C/ Méthode du cas pratique par Vincent Chantebout

La maîtrise de cette méthode est fondamentale dans la mesure où elle devra être reproduite
lors de l’examen qui consistera en un cas pratique, et lors de toute consultation juridique de
votre vie professionnelle.

Une situation concrète vous est soumise. On vous demande de revêtir l’habit d’un juge qui
donnerait la solution, ou d’un conseiller juridique qui doit informer son client. Il arrive que
l’on vous demande de vous comporter comme un avocat. En tout état de cause, vous devez
répondre à la question juridique posée en expliquant votre réponse.

ü Conseils préliminaires

Lire attentivement le sujet, et dans sa totalité. Des informations peuvent en effet se trouver à
la fin du cas pratique. En lisant l’intégralité du cas pratique, vous aurez de plus une idée du
temps que vous devrez consacrer à chaque question.

Bien lire la question. Ne répondez pas à côté.


C’est la question qui vous guidera dans la recherche des éléments de faits pertinents. Il peut
être astucieux de commencer la lecture de l’énoncé par les questions.

Répondez aux questions dans l’ordre.

Le cas pratique doit d’abord être construit au brouillon. Il n’est pas nécessaire de tout écrire,
puis de recopier ; ce serait d’ailleurs une perte de temps. Cependant la première et la seconde
étape sont faites au brouillon.

ü Première étape : examen des données du problème

Lecture attentive du cas pratique et identification des faits importants. Retracer la chronologie
est souvent utile.

Pour identifier les faits importants, il est indispensable de bien connaître son cours et d’avoir
bien compris les questions. Si une question porte sur la nullité du contrat, vous devez chercher
des faits relatifs à sa formation. Si la question porte sur la responsabilité des parties vous
devez rechercher des faits relatifs à son exécution.

ü Deuxième étape : rassembler les éléments de réponse

A la lecture des faits, vous devez savoir de quel côté chercher. Cette étape est encore assez
intuitive. Pour que l’intuition puisse jaillir, il faut avoir une connaissance de l’ensemble de
son cours.

25
Une fois que vous avez identifié le domaine juridique concerné, ou mieux, le corps de règles
applicables, il convient de rassembler tous les éléments nécessaires à la résolution du cas
pratique (loi, jurisprudence, règles internationales, doctrine).

Pour effectuer cette démarche, il faut, rappelons-le, connaître parfaitement le cours et les TD
et savoir manier le Code civil.

Il faut répéter cette démarche de collecte des éléments de réponse pour chaque problème que
vous aurez identifié à la lecture des faits.

Attention, dans certains cas pratiques, les faits ne vous permettent pas de savoir quelle règle
de droit s’applique exactement, plusieurs règles pourraient être appliquées. Vous devez dans
ce cas envisager toutes les hypothèses.

ü Troisième étape : rédiger le cas pratique.

Introduction
Reprendre les faits en omettant les faits sans importance. Enoncer ensuite le (ou les)
problème(s) de droit qui se pose. Et/Ou la démarche que vous allez choisir.

Développements
Les développements doivent respecter la démarche suivante qui est celle du syllogisme.
Présenter vos solutions sous la forme syllogistique est une garantie d’une bonne justification
de vos solutions.

Le syllogisme

Voici l’exemple du syllogisme le plus connu, il répond à la question Socrate va-t-il mourir ?
Tous les hommes sont mortels (majeure)
Or, Socrate est un homme (mineure)
Donc, Socrate est mortel (conclusion)

Appliqué au droit, le syllogisme se présentera de la façon suivante :

Exposé des règles de droit, application


Démonstration que la règle de droit est applicable à la situation de fait
Conclusion

1/ Exposé du droit applicable. Texte et/ou jurisprudence et/ou doctrine (s’il y a les trois et si les trois
sont importants). Cela doit être clair et amener à exposer clairement la règle de droit. Vous devez
exposer ces règles sans faire référence à ce stade à l’espèce qui vous est soumise. Cependant, seule la
règle qui vous servira doit être mentionné. Ne faîtes surtout pas étalage de connaissances qui ne vous
seront d’aucune utilité pour résoudre le cas. C’est la majeure du syllogisme.

2/ Démonstration que la règle de droit est applicable à la situation de fait qui vous est soumise. Il faut
vérifier si les faits correspondent ou non au droit applicable (Socrate est-il un homme ?). En d’autres
termes, il faut démontrer que les faits entrent dans les cas envisagés par la règle précédemment
exposée. Dans les règles que vous avez dégagées lors de l’étape précédente, une ou plusieurs
conditions sont à vérifier pour que l’effet de droit prévu par ces règles se déclenche. Exposez

26
logiquement le lien entre les faits et chacune des conditions juridiques. Il ne faut pas hésiter à
décomposer au maximum votre raisonnement.
C’est la mineure du syllogisme.

Exemple :

A la question « un contrat entre A et B est-il formé ? », la réponse doit être :

1/ Exposé du droit applicable : Le contrat se forme par la rencontre dans les mêmes termes
d’une offre et d’une acceptation.

2/ Démonstration que la règle de droit est applicable à la situation de fait : l’offre et l’acceptation
se sont rencontrées.

Définition de l’offre puis décomposition des éléments de cette définition.

- Fermeté : volonté de s’engager. Exposé des éléments de l’énoncé qui traduisent cette
volonté et l’absence de réserve potestative.
- Précision : présence des éléments essentiels du contrat (la chose, le prix, la nature du
contrat proposé).
- Extériorisée.

Acceptation : doit être un simple oui à tous les éléments de l’offre. Vous démontrez que
l’acheteur a répondu par un simple oui.

Si l’énoncé indique que l’offre et l’acceptation ne se sont pas rencontrées dans les mêmes
termes, vous devez conclure que le contrat n’est pas formé.

Recherche d’une éventuelle exception : si à ce stade, il existe une exception, il faut la traiter
après la démonstration générale en reprenant la méthode du syllogisme.

Ex : si la question était « un contrat de donation est-il formé ? », il convient d’exposer à ce


stade que, par exception au principe du consensualisme, la donation est un contrat solennel
qui se forme, outre la rencontre d’une offre et d’une acceptation, par la rédaction d’un acte
authentique.

3/ Conclusion. Claire. Donnez la solution. Etape mécanique, si les conditions d’application de la règle
de droit sont remplies, l’effet juridique doit être déclenché. Si les conditions ne le sont pas, alors l’effet
juridique ne peut se produire. C’est la solution du syllogisme. Cette conclusion doit vous conduire à
répondre à la question précisément posée.

Répétez la démarche autant de fois que nécessaire. Cette démarche n’est pas un plan type
mais l’indication de la manière dont vous devez présenter vos raisonnements.

D/ Méthode du commentaire d’arrêt :

ü Première étape : Lire une décision de justice

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Toute décision de justice doit être lue attentivement. Une décision comprend les éléments
suivants :
- les faits qui ont conduit au litige. Vous devez bien les comprendre, et les identifier ;
- la demande qui a été introduite. Vous devez comprendre qui demande quoi et contre
qui. Vous devez également identifier où en est cette demande, c’est-à-dire à quel stade
de la procédure se situe la décision que vous analysez ;
- le rappel des argumentations juridiques en présence (celles des parties ou celle de la
juridiction dont la décision est critiquée par une partie). Simple rappel, ces
argumentations reprises par la juridiction dont vous analysez la décision ne
correspondent pas nécessairement à l’avis de cette juridiction. C’est un peu comme si
le juge faisait parler quelqu’un d’autre. Cela ne signifie pas qu’il est d’accord avec son
argumentation.
Dans certaines décisions, toutes les argumentations ne sont pas toutes rappelées ; ne
les inventez pas ;
- la motivation de la juridiction qui rend la décision. C’est ce que l’on appelle les
motifs ;
- le dispositif : le sort réservé à la demande par la juridiction dont vous analysez la
décision. Est-elle accueillie, est-elle rejetée ?

Dans votre lecture d’une décision de justice, vous devez avoir cette structure à l’esprit. Elles
vous seront utiles pour rédiger une fiche de jurisprudence. N’hésitez pas à surligner les
décisions qui vous sont soumises.

ü Deuxième étape : la Fiche de jurisprudence

Tous les arrêts qui vous seront donnés doivent faire l’objet d’une fiche de jurisprudence.

La fiche de jurisprudence est en fait un exercice assez facile, il s’agit de présenter une
décision de justice selon un plan établi pour montrer que vous avez compris cette décision.
Vous ne devez pas recopier l’arrêt mais reformuler son contenu dans des rubriques. Cet
exercice permet de vérifier que vous avez compris la décision et vous oblige à la comprendre.

Avant de faire la fiche proprement dite, je vous conseille d’indiquer dans un coin de la feuille,
la juridiction, la date de la décision, le nom des parties en commençant par le demandeur.
Vous pouvez y ajouter le domaine du droit dans lequel la décision intervient.

La fiche de jurisprudence contient différentes rubriques qui doivent être visibles.

I Les faits
Il faut rappeler les faits importants et surtout ne pas en inventer. Attention parfois, l’attendu
sur les faits ne regroupe pas tous les faits importants. Certains faits sont dans l’argumentation.
Cette rubrique se termine par l’objet de la demande (qu’est ce qui est demandé : des
dommages-intérêts, un divorce, la garde des enfants, la destruction d’un édifice gênant, le
respect d’un contrat ...)

II La procédure
Il s’agit de retracer « l’histoire judiciaire » » de l’affaire. On considère qu’elle commence au
moment où l’un des acteurs saisit le juge Vous devez donc indiquer qui a introduit l’action.
Ensuite vous retracez la totalité de la procédure en indiquant bien qui est demandeur qui est

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défendeur aux différentes étapes et quelle est la solution rendue par chacune des juridictions.
Il arrive, notamment dans les arrêts de la Cour de cassation, qu’il n’y ait pas d’indication sur
la première instance. N’inventez jamais.
Pour un arrêt de la Cour de cassation, il faut terminer en indiquant qui s’est pourvu en
cassation.

III Les thèses en présence


Il convient ici de rappeler les différentes argumentations juridiques qui normalement
s’opposent. Dans les décisions des juges du fond apparaissent les argumentations du
demandeur et du défendeur. Toutefois, dans les arrêts de la Cour de cassation, l’exposé des
thèses en présence est singulièrement réduits
- arrêt de rejet : moyens du pourvoi. Parfois, la motivation de la décision déférée transparaît.
- arrêt de cassation : seule la motivation de la décision attaquée apparaît
A ce stade, il est très important de ne pas mélanger les différents discours et de ne pas
confondre, par exemple, l’argumentation d’une des parties et ce que va énoncer le juge saisi.
Vous devez donc rappeler les textes sur lesquels la thèse est bâtie et expliquer le raisonnement
point par point que développe cette thèse pour se justifier.

IV le problème de droit
C’est le problème auquel répond la juridiction saisie. Il résulte de la confrontation des thèses
en présence. Il doit être formulé en termes généraux sans référence à la situation en cause.
Vous devez identifier le problème de droit d’après le pourvoi que vous reformulez en termes
généraux. Une méthode de secours, lorsque le pourvoi n’est pas retranscrit, est de transformer
la réponse de la Cour de cassation en question

V La motivation et la solution
Dans cette rubrique vous devez consigner le sens de la solution rendue (demande acceptée,
pourvoi rejeté...) ainsi que la motivation qui a conduit la juridiction à statuer en ce sens. Dans
les arrêts de rejet de la Cour de cassation, la motivation de la Cour de cassation se fonde
fréquemment sur la motivation des juges du fond.

Variantes
Dans les arrêts de cassation, la motivation de la cassation par la Cour de cassation rejoint
normalement l’argumentation du demandeur au pourvoi. Donc, dans certaines méthodes, cette
motivation est à mettre dans les thèses en présence, la motivation et la solution de la Cour de
cassation étant davantage le lieu pour indiquer la solution de la Cour de cassation ainsi que
répondre de manière plus générale au problème de droit afin d’introduire un commentaire de
la décision.

C. cass, Civ. 2éme, 4 juillet 2002

Sur le moyen unique :


1° Visa / énoncé du Vu l’article 4 de la loi du 5 juillet 1985 ;
principe
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, le 9 novembre 1994, a eu lieu une
collision frontale entre deux ensembles routiers, conduits par M. Bressan et
M. Montet ; que M. Montet, dont le taux d’alcoolémie était de
1,15 grammes pour mille, a été tué ; que les consorts Montet ont assigné la
2° Exposé des faits société Transports Garcia, propriétaire de l’ensemble routier conduit par
M. Bressan, et la Compagnie d’assurances maritimes aériennes et terrestre
aux droits de laquelle vient la société AGF-IARD en réparation de leur
préjudice ;

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Attendu que pour condamner la société des Transports Garcia et la société
AGF à réparer le préjudice des consorts Montet, l’arrêt, par motifs propres
3° Contenu et adoptés, énonce que la violence de la collision, l’emplacement de la zone
(motivation) de la de choc sur l’axe médian de la chaussée entre les deux tracteurs,
décision attaquée l’emplacement du point de choc sur le tracteur conduit par M. Montet, situé
sur le côté avant-gauche, les traces de freinage laissées par le véhicule
conduit par M. Bressan, débutant sur la voie de circulation, se dirigeant sur
la bande d’arrêt d’urgence, puis ressortant sur la chaussée et le taux
d’alcoolémie de M. Montet de 1,15 grammes pour mille, ne permettent pas
de déterminer avec certitude les circonstances de l’accident ; que la preuve
d'une relation de causalité entre l'alcoolémie et la collision n'est pas
4° Raisons justifiant la rapportée ;
cassation = motivation de
l’arrêt de cassation
Qu’en statuant ainsi, alors que M. Montet, qui conduisait malgré un taux
d’alcoolémie supérieur au taux légalement autorisé, avait commis une faute
en relation avec son dommage, de nature à limiter ou exclure son droit à
indemnisation, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le


5° Dispositif
14 décembre 1999, entre les parties, par la cour d'appel de Riom ; remet, en
= énonce la cassation et
conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant
désigne la juridiction de
ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
renvoi
Lyon ;

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