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Cours de la prénotation

Cours de la prénotation

la prénotation , Pr. Mellouki

Plan

• INTRODUCTION

CHAPITRE 1: LA NOTION DE PRENOTATION

Section I - Présentation de la prénotation

A- Le domaine juridique de la prénotation


B- Le champ d’application de la prénotation
1) Les personnes pouvant bénéficier de la prénotation
2) Les droits pouvant être prénotés

Section II - Les différents types de prénotation

A- Les cas classiques


B- Les nouveaux cas de la prénotation
C- Les cas de prénotation sur la base de la loi 39-08 relative aux droits réels

CHAPITRE 2 : LES EFFETS ET LA RADIATION DE LA PRENOTATION

Section I - Les effets de la prénotation

A- Effets dans le temps


1) La rétroactivité
2) Persistance des effets de la prénotation

B- Effets sur les droits


1) Sur le cours des inscriptions
2) Sur le droit dont l’objet est impossible ou la cause est illicite

C- Effets vis-à-vis des tiers

Section 2 - la radiation de la prénotation :

A- La Radiation de la prénotation en vertu d’un jugement


B- La Radiation de la prénotation à la requête du prénotant
C- La Radiation de la prénotation d’office

INTRODUCTION

Plusieurs définitions ont été données à la prénotation. Elles diffèrent


uniquement au niveau du style d’expression. Mais, elles s’articulent toutes
autour de la formation conservatoire que joue la prénotation. Elles peuvent
être résumées comme suit :

« La prénotation est une mention d’une formalité provisoire et


conservatoire portée au titre foncier dans l’attente d’une inscription
définitive. Elle a pour but de sauvegarder certains droits prétendus par son
bénéficiaire à l’encontre de tous les actes de disposition que le propriétaire,
inscrit, aurait conclu frauduleusement et de mauvaise foi ».

La prénotation joue deux rôles essentiels :

• Le premier s’articule autour de la sauvegarde des droits non inscriptibles.


En d’autres termes, elle assume une fonction primordiale dans le régime de
l’immatriculation foncière et joue un rôle préalable de sauvegarde des droits
non inscriptibles et dont il manque une formalité quelconque ou nécessitant
une reconnaissance par voie de justice à cause d’un litige invoqué par l’une
des parties à l’acte. Ainsi, le rôle de la prénotation portée sur le titre foncier
est de : « conserver provisoirement, soit un droit existant mais contesté et
dont on attend la proclamation par la justice, soit un droit dont la perfection
est retardée par une formalité restant à compléter ». Arrêt de la cour d’Appel
de Rabat du (3 Novembre 1934).

• Le second rôle quant à lui, concerne la limitation du pouvoir de contrôle du


Conservateur. C’est-à-dire, qu’en sus de sa fonction de conservation et de
sauvegarde, la prénotation constitue un rectificatif au pouvoir de contrôle
reconnu au conservateur sur les actes et conventions produits pour
inscription. Elle consiste donc, en une limitation ou une restriction à ce
pouvoir de contrôle exorbitant.

Après l’établissement du titre de propriété, tout droit prétendu par un tiers


peut faire objet d’une « INSCRIPTION », cette dernière concerne les
énonciations portées au livre foncier des droits soumis à la publicité pour les
rendre opposables aux tiers. Pour obtenir la mention d’un droit réel sur les
livres fonciers, il suffit de déposer à la conservation foncière les actes
constitutifs réguliers de ce droit et le duplicata du titre foncier. En cas de
refus d’inscription, l’intéressé peut demander l’inscription d’une «
PRENOTAON », pour la conservation provisoire de son droit.

Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler qu’après plusieurs tentatives


de modification, ce n’est qu’en 2011 que Le Dahir du 12 Août 1913 sur
l'immatriculation foncière a été amendé et complété par la loi 14-07
promulguée dans le cadre de la réforme des textes juridiques régissant le
Foncier au Maroc. L’objectif du législateur étant de réduire les délais et
d’alléger les procédures liées à l’immatriculation.

En effet, la loi 14-07 part de la simplification des procédures au


renforcement des garanties en passant par l'accélération de la réalisation
des formalités tout en luttant contre les initiatives d’opposition,
d’inscription ou de prénotation de mauvaise foi. En témoigne les
amendements tendant au renforcement des garanties puisque la loi prévoit
une pénalisation sévère des personnes ayant formulé des oppositions ou
demandé la mention de prénotations reconnues abusives, vexatoires ou de
mauvaise foi.

La partie suivante s’attardera, donc, sur le nouveau régime de la


prénotation, un régime qui, avant l’amendement de la loi 14-07, participait
d’une manière directe dans le blocage des inscriptions sur les registres
fonciers. Comme il vient d’être cité la réforme majeure qu’a subie cette
pratique, concerne les délais. Effectivement, la réduction de ces derniers a
permis de diminuer les abus et d’en finir avec les mauvaises pratiques liées à
ce type d’inscription sur les registres fonciers, le tout dans un seul objectif
qui n’est autre que l’allègement des procédures liées à l’immatriculation.

La prénotation aura, dorénavant, pour effet de sauvegarder certains droits


prétendus par son auteur à l’encontre de tous les actes de disposition que le
propriétaire inscrit aurait conclu frauduleusement et de mauvaise foi, sans
pour autant constituer un danger à la sécurité des propriétés foncières, et ce
en introduisant un délai limite d’un mois pour faire valoir ladite prénotation
lorsqu’elle est présentée sous forme de requête au conservateur foncier. Ce
délai peut être prorogé par le président du tribunal de première instance
mais ne dépassera pas 3 mois.

On constate, que la réforme au niveau des prénotations tente de limiter les


abus qu’engendraient ces dernières lorsqu’elles elles étaient utilisées de
mauvaise foi et qu’elle met fin, plus ou moins, à l’insécurité juridique à
laquelle se heurtaient les propriétaires d’immeubles. Afin de rendre compte
de ce qui a été dit jusqu’à présent, cette partie s’articulera autour de deux
axes principaux, à savoir :

+ La notion de prénotation (Chapitre 1) ;


+ Les effets de la prénotation et sa radiation (chapitre 2).

Chapitre I – la notion de prénotation :

Section 1: Présentation de la prénotation:


A- Le domaine juridique de la prénotation

La prénotation sur un titre foncier a pour rôle de conserver, provisoirement,


soit un droit existant mais contesté et dont on attend la proclamation en
justice, soit un droit dont la perfection est retardée par une formalité restant
à compléter .
Ainsi, la prénotation est une mention portée à titre provisoire et
conditionnel sur un titre foncier, annonçant un droit revendiqué qui ne peut
être régulièrement inscrit sur les livres fonciers ; c’est une mesure
d’inscription pour l’avenir, qui peut notamment sauvegarder des droits en
formation, des droits dont la constitution n’est pas pleinement réalisée, des
actions réelles ; de toute façon, si elle est conservatoire, elle est temporaire.

Mesure conservatoire, temporaire, conditionnelle, elle n’a pas, par elle-


même, une valeur propre, elle ne vaut que ce que vaudra l’inscription, de
droit ou de fait, en faveur de son bénéficiaire . Notamment, l’effet de
l’inscription temporaire subsiste malgré une prénotation et s’oppose, en
conséquence, à ce que l’immeuble soit considéré comme litigieux .
D’un point de vue juridique pure, la prénotation n’est, donc, ni une
restriction au droit de disposer, ni une cause de résolution ou d’éviction en
général. Cela dit, elle peut, et par effet purement psychologique, constituer
réellement et de fait une lourde entrave à la libre disposition d’un immeuble
et une véritable mise en garde pour les tiers.

La prénotation conserve, provisoirement, le droit prétendu notamment à


l’encontre de tiers qui viendraient présenter des actes à inscrire sur les
mêmes titres, ceux-ci pouvant eux-mêmes solliciter une prénotation à leur
profit, car prénotation sur prénotation vaut. Mais cette dernière ne conserve
le droit qu’elle garantit, provisoirement, que sous la condition que son
inscription soit régulièrement prise, par la suite, dans le délai légal. Dans ce
cas, la prénotation fixe le rang de l’inscription ultérieure .

Mais si l’inscription du droit est régulièrement prise dans le délai, l’effet


conservatoire de la prénotation cesse de plein droit et n’aura été qu’une
formalité sans aucune trace.
Il faut noter en outre, que seuls les droits relatifs aux immeubles
immatriculés, c’est à dire les droits nés et constitués postérieurement à
l’établissement du titre foncier suite à l’immatriculation, peuvent faire
l’objet d’une prénotation.
Les droits nés ou constitués avant l’établissement du titre foncier, soit avant
le dépôt de la réquisition d’immatriculation, soit au cours de la procédure
d’immatriculation , ne peuvent faire l’objet que d’une opposition à la
réquisition d’immatriculation.

B- Le champ d’application de la prénotation

L’étude du champ d’application de la prénotation révèle d’une part les


personnes pouvant bénéficier de celle-ci, et d’autre part les droits pouvant
être prénotés.

1) Les droits pouvant faire l’objet de prénotation:


La réponse à la question de savoir si tous les droits réels ou personnels
peuvent-ils faire l’objet d’une prénotation a soulevé un grand débat tant au
niveau de la doctrine que de la jurisprudence et a donné lieu à une grande
divergence de points de vue et de position. Mais, elle a pu dégager la
conclusion suivante:

« Peuvent faire l’objet d’une prénotation tous les droits soumis à


l’inscription aux livres fonciers. C’est à dire les droits inscriptibles au
moment où ils accomplissent toutes les conditions de leur constitution, ou
encore au moment où ils sont reconnus par le biais de la justice, et ce, soit en
tant que droits réels, soit en tant que droits personnels, revêtant
virtuellement le caractère de droits réels ou non et pouvant se convertir en
droits inscriptibles directement ou indirectement ».

2) Les personnes pouvant bénéficier de la prénotation

Les requérants aux inscriptions, à condition que le droit revendiqué soit


tenu directement du titulaire de l’inscription précédente, et en cas de
succession de droits, cette succession doit être ininterrompue et remontée
au titulaire de l’inscription précédemment prise.

Les demandeurs des radiations, quelque soient les causes invoquées, à


condition de diriger l’action en justice à l’encontre de toutes les personnes
inscrites en qualité de propriétaires titulaires de l’inscription précédente
et/ou citer toutes les personnes dûment intéressées par les droits successifs
faisant l’objet de la demande en justice.

Section II - les différents types de prénotation :

A- Les cas classiques :

Une prénotation peut être prise suivant trois procédures différentes, mais,
quelle que soit la procédure suivie, la prénotation produit les mêmes effets,
seule la durée de sa validité diffère.

1- prénotation prise en vertu d’un titre

La prénotation est accordée par le conservateur lui-même, en vertu d’un


titre dont une irrégularité d’ordre mineur empêche l’inscription (l’état civil
d’une partie portée à l’acte est incomplet et cette lacune ne peut être réparée
sur le champ, une signature portée sur un acte SSP n’est pas légalisée etc…)
La partie requérante peut demander au Conservateur, sur le vu de l’acte, une
prénotation ; à l’appui de sa requête, elle devra produire le duplicata du titre
foncier intéressé. La prénotation ainsi obtenue est valable 10 jours .

Dans ce délai de dix jours, aucune autre inscription ne peut être requise du
consentement des parties , cette disposition doit d’ailleurs s’appliquer quelle
que soit l’origine de la prénotation, même si elle est d’origine judiciaire,
l’inscription sur prénotation ne vaut.

Si, à l’expiration dudit délai, l’inscription n’a pas été prise, la prénotation
devient nulle et doit être radiée d’office.
Toutefois, ce délai se trouve prorogé si, au cours des dix jours, la partie
intéressée obtient une prénotation en vertu d’une ordonnance du président
du tribunal de première instance, ou suite au dépôt d’une requête
introductive d’instance.

2- Prénotation prise en vertu d’une ordonnance du président du tribunal de


1ère instance

La prénotation peut être accordée en vertu d’une ordonnance du tribunal de


première instance. Cette ordonnance, n’est pas une ordonnance de référé,
elle est rendue en dehors du droit commun, elle ne peut émaner que du
président du lieu de situation de l’immeuble et non de n’importe quel
magistrat ; elle peut intervenir « sur pied de requête » comme en matière
gracieuse, mais, étant donnée l’importance de la prénotation, et en l’absence
de tout débat contradictoire, tout intéressé peut demander la rétractation de
l’ordonnance ou en relever appel .

Cette prénotation a pour objet, également, la conservation d’un


droit qui n’a pu être inscrit, mais souvent, à la différence de la précédente,
ce droit peut ne pas être, obligatoirement, constaté par un titre, même
incomplet, ou s’il est constaté par un titre irrégulier, la régularisation du
titre ne peut être effectuée dans un délai de dix jours.

La durée de la validité de la prénotation prise en vertu d'une ordonnance, est


prévue à l'article 86 , ainsi connu:

« L’effet de la prénotation rendue sur ordonnance du président du tribunal


de première instance est fixée à trois mois à partir de la date de sa
prononciation si l’inscription définitive du droit n’a pas été opérée. Cette
durée peut être prorogée sur ordonnance du président du tribunal de
première instance à condition qu’une action sur le fond soit introduite.
L’effet de cette prorogation reste valable jusqu'à prononciation du jugement
définitif ».

3- la prénotation sur demande en justice:

En vertu des dispositions combinées des articles 85 du Dahir du 12/8/1913


sur l’immatriculation des immeubles, tel qu’il a été modifié par la loi 14-07 et
202 du dahir du 2 Juin 1915 fixant la législation applicable aux immeubles
immatriculés, toute personne qui intente une action en justice en vue de la
reconnaissance à son profit d’un droit sujet à inscription aux livres fonciers
ou en vue de sa radiation, peut obtenir directement une prénotation de cette
action.
La production du duplicata du titre foncier dans ce cas n’est pas obligatoire.
La prénotation en vertu d’une demande en justice ne peut nullement être
conventionnelle. Elle est pratiquée sans le consentement du propriétaire
inscrit à cause du litige qui l’oppose au demandeur.

Toutes les demandes en justice peuvent faire l’objet d’une prénotation sous
la seule condition que leur objet soit, de façon directe ou indirecte, la
revendication de droits assujettis à l’inscription.

La durée de la validité de la prénotation prise en vertu d’une requête, est


prévue à l'article 86 susvisé : « Est fixée à un mois la durée de validité de la
prénotation opérée sur production par le prénotant d’une copie de requête
sur le fond introduite devant la juridiction compétente. »

B - Les cas nouveaux de la prénotation :

Ce sont des cas qui trouvent leur fondement juridique dans plusieurs textes
juridiques, d’ailleurs l’alinéa 4 de l’article 85 de la loi 14-07 prévoit que : les
prénotations, figurant sur les textes législatifs spéciaux, sont soumises au
jugement de ces textes.

1) - Prénotation relative à l’expropriation pour utilité publique :

Elle trouve son fondement juridique dans l’article 25 de la loi 7-81


concernant l’expropriation et son inscription s’effectue suite à l’ordre de la
possession dans le cadre de l’expropriation et son effet reste jusqu’à
l’inscription du transfert de propriété au profit de l’autorité expropriante.

2) - La prénotation relative à la réforme agraire :

Cette inscription est régie par l’article 11 bis de la loi 00-06 modifié et
complété par le Dahir du 29/12/1972 relatif à la réforme agraire.
L’inscription de ce genre de prénotation s’effectue en se référant à la liste
des bénéficiaires des terres agricoles et son effet persiste même après
l’inscription des contrats de vente conclus au profit des individus susvisés.

3) - La prénotation dans le cadre du code recouvrement des créances


publiques :

C’est le cas prévu par l’article 115 de la loi 15-97 et son inscription s’effectue
sur la base de l’ordre du président du tribunal de première instance.

4) - La prénotation relative à la vente de biens en état futur d’achèvement :

Ce cas trouve son fondement juridique dans l’article 10/618 du Dahir des
obligations et contrats, et ladite inscription s’effectue sur la base d’un
contrat de vente primaire et avec l’approbation de la vente ainsi que la
nécessite du dépôt du duplicata qui ne peut être délivré au vendeur qu’après
l’inscription de la prénotation et dont l’effet persiste avec l’inscription de la
vente définitive.
5) - La prénotation relative au leasing :

Son fondement juridique trouve son origine dans l’article 5 de la loi 00-51
relative au leasing, son inscription s’effectue sur la base d’un acte de leasing
et son effet persiste jusqu’à l’inscription de l’acte de vente définitif.

C- Les cas de prénotation sur la base de la loi 39-08 relative au code des
droits réels

A côté des cas généraux et spéciaux de prénotations précédemment


mentionnés, il existe d’autres cas prévus par la loi 39-08 relative aux droits
réels :

1) - Prénotation relative à la titrisation des créances hypothécaires :

C’est un cas prévu par l’article 24 de la loi 10-98 relative à la titrisation des
créances hypothécaires et qui a été repris par l’article 118 de la loi 33-06
relative à la titrisation des créances.

2) Prénotation relative aux actions ayant pour but la revendication d’un bien
:

L’article 13 de la loi susvisée prévoit, que les actions dont l’objectif est la
revendication d’un bien conservé ou l’annulation d’un acte ou encore la
modification d’un droit réel n’aura d’effet à l’égard des tiers, qu’à partir du
jour de leur inscription sur le titre foncier comme prénotation.

3) La prénotation dans le cadre de l’hypothèque différée :

Elle trouve son fondement juridique dans les articles 184 à 186 et on y lit,
que l’hypothèque différée de courte durée ralentit l’inscription sur le titre
foncier sans que cela ne dépasse 90 jours et sans que ce retard ne provoque
la perte du créancier de son rang.

Cette inscription suppose en outre que le créancier a déposé l’origine de


propriété ou une copie avec le duplicata avec une réquisition écrite au
conservateur qui inscrit ce droit en prénotation. Dans ce cas le conservateur
sera tenu de préserver le duplicata et ne pas procéder à une autre
inscription, étant bien noté que ladite inscription sera valable pour une
durée de 90 jours et sera inscrite sur le titre foncier sans en faire mention
sur le duplicata.

Le créancier détenant une hypothèque gardera la faculté de l’inscription de


l’hypothèque par ordre avant la fin l’écoulement des 90 jours pour garantir
son rang. Il faut noter que l’effet de la prénotation de l’hypothèque différée
prend fin automatiquement et en procédant à sa radiation dans le cas où la
prénotation définitive ne s’effectue pas durant la période prévue.

4) La prénotation relative à l’action de partage :

L’acceptation de l’action de partage d’après l’article 316 dépend de ce qui suit


:
- Diriger l’action vers tous les associés
- Inscrire l’action comme prénotation si elle concerne un bien immatriculé.

Chapitre II : les effets de la prénotation et sa radiation

Section 1 : Effets de la prénotation

1) Effets dans le temps

a- La rétroactivité :

Le premier effet de la prénotation est la rétroactivité. L’inscription définitive


du droit qui a été prénoté rétroagit à la date de la prénotation. Cet effet
rétroactif est absolu.
Une fois le droit prénoté reconnu par la justice ou après avoir accompli
toutes les conditions de forme ou de fond exigées par la loi, ou encore après
suppression de tout obstacle ayant empêché l’inscription en général,
l’inscription définitive postérieure du dit droit rétroagit à la date de sa
prénotation avec tous les effets civils attachés à cette rétroactivité.

Bien que la dite inscription définitive ne prend et ne pourrait en aucun


prendre la même date que la prénotation, la date de cette dernière fixe bien
entendu le rang de l’inscription du droit prénoté par rapport aux
inscriptions opérées dans l’intervalle, mais postérieurement à la
prénotation.
Il ne s’agit pas, ici, de faire reporter la date de l’inscription définitive à la
date de la prénotation ou de la faire dater de la même date.

La prénotation n’arrête pas le cours des inscriptions, lorqu’elles sont


effectuées postérieurement à la prénotation, elles demeurent toutefois
provisoires et susceptibles d’annulation ou de radiation, eu égard au sort qui
va être attribué au droit prénoté et revendiqué par le bénéficiaire de la
prénotation.
Ainsi, si l’inscription définitive du dit droit devient possible, les droits
inscrits postérieurement à la prénotation vont être annulés et radiés du titre
foncier, et le droit prénoté ainsi reconnu les remplacera de plein droit
comme s’il était inscrit à compter de la date de la prénotation.

En conséquence, le bénéficiaire de la prénotation, qui a pu obtenir


l’inscription définitive de son droit, peut revendiquer tous les fruits
naturels, civils et industriels que l’immeuble a produits depuis la date de la
prénotation.
Il peut, en outre, revendiquer des dommages et intérêts à cause de sa
privation de ses produits à compter de la même date.
b- Persistance des effets de la prénotation:

Les durées de la prénotation au Maroc sont nettement déterminées.


La prénotation prise en vertu d’un titre est valable pendant dix jours
seulement (art. 6 du dahir du 1er Juin 1915 fixant les dispositions
transitoires).

La durée ordinaire de celle prise en vertu d’une ordonnance du président du


tribunal de première instance est de trois mois. Il y a possibilité de sa
prolongation suite à un ordre du président du tribunal de première instance
à condition d’introduire une action propre à ce sujet de la part de l’intéressé.
L’effet durera jusqu’à la fin du procès, et en cas de prolongation, celle-ci doit
être inscrite sur le registre foncier sur la base d’un ordre de prolongation,
accompagnée de la réquisition propre à l’action introduite dans le tribunal à
ce sujet.

Quant à la prénotation en vertu d’une demande en justice, La durée de sa


validité est de 1 mois à partir de son inscription sur le titre foncier. La
possibilité de la prolonger suite à un ordre du tribunal de première instance,
et l’effet de cette prolongation reste valable jusqu’à la prononciation du
jugement définitif.

2) Effets de la prénotation sur les droits:

a- Effets de la prénotation sur le cours des inscriptions:

La prénotation n’a pas pour effet d’arrêter le cours des inscriptions comme
c’est le cas pour le commandement immobilier, la saisie conservatoire ou la
saisie exécution art. 87 . Une seule exception à cette règle est édictée par
l’art. 6 du dahir du 1er Juin 1915 qui dispose : « que pendant le délai de dix
jours de validité de la prénotation mentionnée en vertu d’un titre, aucune
autre inscription ne peut être requise du consentement des parties ».

En dehors de la dite exception, tous les droits peuvent être inscrits malgré
l’existence de la prénotation et le propriétaire, figurant sur le titre foncier,
avant celle-ci, ne perd pas son droit de disposer de l’immeuble concerné.
Cependant, les actes de dispositions conclus par le propriétaire inscrit ainsi
que les droits par lui constitués ou transmis ou éteints, perdent toute leur
force probante au profit du prénotant et ce, à compter de la date de la
prénotation si elle se transforme en une inscription définitive.

L’inscription des droits inscrits après mention de la prénotation demeure


donc susceptible d’être radiée selon le sort qui sera réservé par la suite au
droit prénoté.
Ces inscriptions restent donc provisoires.
Ainsi, au cas où le droit prénoté est reconnu, toutes les inscriptions
postérieures seront radiées. Les droits y afférent se transformeront en
droits personnels au profit des parties, les uns vis à vis des autres.

Mais, si le droit prénoté n’est pas reconnu, c’est la prénotation qui sera
radiée; et les autres inscriptions deviendront alors définitives et confirmées.
b- effets de la prénotation sur le droit dont l’objet est impossible ou la cause
est illicite

Malgré son effet rétroactif, la prénotation ne peut avoir pour conséquence


de valider un acte et de lui donner un rang ou une préférence aux autres
droits postérieurs à une date où son objet était impossible ou sa cause était
illicite, tel le cas de l’existence d’une saisie ou d’une faillite ou d’un transfert
d’immeuble devant être destiné à des actes prohibés.

3) Effets de la prénotation vis-à-vis des parties et des tiers


En vertu du principe de l’effet légal et constitutif de l’inscription, la
prénotation, comme l’inscription définitive, produit ses effets à l’égard de
tous, tant à l’égard des parties qu’à l’égard des tiers, qu’il s’agisse du ou des
propriétaires actuels ou de propriétaires antérieurs à la prénotation ou qu’il
s’agisse de propriétaires inscrits postérieurement à celle-ci.

En sus, l’article 202 du dahir du 2 juin 1915 ne détermine que les effets de la
prénotation à l’égard des tiers, ce qui est logique. Entre parties, l’effet des
actions judiciaires se produit sans qu’il soit besoin d’avoir recours à la
prénotation.
La force probante des inscriptions est relative au Maroc. Toutes les
inscriptions peuvent être attaquées selon les règles de l’art. 91 de la loi 14-07
modifiant et complétant le dahir de 1913 sur l’immatriculation foncière. La
fonction de la prénotation est justement de conserver le rang du droit
prétendu provisoirement.

En attendant que le Tribunal ait statué, il semble qu’il est contraire à la


fonction conservatoire de la prénotation de priver le possesseur de sa
possession.
La prénotation, en conservant le rang de l’inscription ultérieure doit avoir
aussi pour effet de conserver provisoirement le statut de la possession.

Il reste enfin à préciser que, les effets de la prénotation, limités dans le


temps, doivent être aussi limités quant à leur objet.
Autrement dit, lorsqu’une prénotation est mentionnée sur le Titre Foncier,
son objet doit être déterminé avec précision, et, par la suite il ne peut être
transformé ou étendu.
La transformation ou l’extension du dit objet ne peut se produire que par la
prorogation d’une prénotation précédemment mentionnée, et sa validation
par la mention d’une demande en justice.

Aussi, la modification ou l’extension de l’objet de l’action judiciaire déjà


prénotée, ne peut être effectuée que par requête rectificative à prénoter
aussi.

D’autre part, lorsque la prénotation est mentionnée en vertu d’une requête


introductive d’instance en justice, la concordance entre l’objet de l’instance
et l’objet de la prénotation doit être assurée, faute de quoi, les tiers, qui
n’ayant pas été avertis de l’objet exact de la demande enrôlée en justice par
le biais de la prénotation, pourront par la suite, s’opposer au jugement
rendu en conséquence, dans le cas où ils prétendent que le dit jugement a
porté atteinte à leurs intérêts.
Section II- la radiation de la prénotation :

L’Article 91 de la loi 14-07 énonce que «les inscriptions, mentions et


prénotations faites sur le titre foncier peuvent être rayées en vertu de tout
acte ou tout jugement passé en force de chose jugée constatant, au regard
des personnes intéressées, la non existence ou l’extinction du droit auquel
elles se rapportent». De ce fait, la partie qui désire opérer une radiation doit
déposer auprès du conservateur de la propriété foncière une réquisition
datée et signée.

La radiation a pour objet la cessation des effets de l’inscription à cause de


l’inexistence ou de l’extinction du fait ou du droit auquel l’inscription
concernée se rapporte.
La radiation, tout comme l’inscription, s’effectue selon une procédure
particulière et se trouve soumise au contrôle du conservateur de la propriété
foncière.
La radiation de la prénotation peut être opérée selon trois procédures:

A- D’office et de plein droit par le conservateur de la propriété foncière


conformément à l’art. 92 du dahir de l’immatriculation à l’expiration des
délais fixés aux arts. 85 et 86 du même dahir et 6 du dahir du 1er Juin 1915
relatif aux dispositions transitoires; et ce dans le cas où l’inscription n’est
pas opérée dans les dits délais ou si la prénotation n’a pas été validée.

B- A la requête du prénotant, après avoir pu obtenir la régularisation de la


convention à l’appui de laquelle la prénotation a été opérée et ce, dans le cas
notamment où le droit ayant fait l’objet de celle-ci est reconnu et devenu en
conséquence inscriptible. Sa radiation est effectuée, dans ce cas, au moment
de l’inscription définitive du dit droit.

C- En vertu d’un jugement ayant acquis la force de la chose jugée déclarant la


non reconnaissance du droit prénoté.

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