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Introduction générale
Section 1 : Principes
Paragraphe 2 : En Afrique
1.1 La répartition
1.1.1 Notion générale
1.1.2 Avantages et limites
1.2 La capitalisation
1.2.1 Notion générale
1.2.2 Avantages et limites
2.1 Le contexte
2.2 Les avantages de la mise en œuvre d’une politique de prévention
2.3 Les difficultés liées à la mise en œuvre de la politique de prévention
Chapitre 2 : Le contentieux de la sécurité sociale et les recours contre tiers
Section 1 : Le contentieux de la sécurité sociale
Section 2 : Les recours des organismes de sécurité sociale contre les tiers
Parce qu’il s’agit de répondre à une vieille tradition du droit social formant le
couple : Droit du travail et Droit de la protection sociale. Les futurs administrateurs
de la section travail (contrôleurs, inspecteurs du travail, inspecteurs de sécurité
sociale), les futurs cadres des administrations, entreprises (Direction des ressources
humaines), les juristes d’entreprises doivent avoir des rudiments en Droit de la
sécurité sociale en vue de leur permettre de mieux défendre les droits sociaux des
travailleurs et garantir une gestion des ressources humaines plus équitable.
D’un pays à l’autre, l’on constate une grande variété de solutions tant en ce
qui concerne les personnes protégées que les éventualités couvertes et la forme des
institutions.
Au fil du temps, la notion de sécurité sociale s’est dégagée des termes voisins
de prévoyance, de responsabilité, d’assurance, d’épargne et d’assistance. Elle
constitue aujourd’hui une notion supérieure qui utilise divers principes et les réunit
dans une réalisation commune.
Bien qu’il soit aujourd’hui commun, l’emploi des termes « sécurité sociale » est
relativement récent. La terminologie est fort périlleuse, tant les définitions de la
Sécurité sociale, du droit de la sécurité sociale peuvent varier d’un pays à l’autre ou
de l’ordre interne à l’ordre international.
8
Il convient de souligner d’emblée l’importance du droit international et
spécialement des conventions de l’organisation internationale du travail(OIT) dans la
mise en œuvre des dispositifs et l’élaboration de la notion de sécurité sociale.
9
PREMIERE PARTIE : LES REGIMES DE SECURITE
SOCIALE : LES ORIGINES, LE CADRE JURIDIQUE ET
INSTITUTIONNEL
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Chapitre 1 : La sécurité sociale : principes, cadre
juridique et institutionnel
Section 1 : Principes
1.1 L’uniformité : Ce principe évoque l’idée selon laquelle tous les membres de
la collectivité nationale en tant que tels vont être protégés contre les risques sociaux
par le jeu d’une assurance nationale appelée à verser des prestations uniformes sans
aucune condition de ressource. L’uniformité en ce sens que, fixées par référence à
un minimum alimentaire, elles ignorent totalement la vie professionnelle des
intéressés. Dans la réalité : « les prestations sociales versées par la sécurité sociale
n’ont pas respecté le principe d’uniformité puisqu’elles sont proportionnelles au
revenu antérieur et non forfaitaires, et visent au remplacement du revenu antérieur
en cas d’interruption de l’activité »1.
1.2 L’unicité : Ce principe renvoie à l’idée qu’un assuré social ne peut prétendre
à deux prestations de nature identique à l’intérieur de son régime d’affiliation. La
prestation servie à un assuré est donc unique en son genre.
1.3 De l’uniformité
Les prestations d’une branche sont uniformes sans distinction des revenus ou
des situations des bénéficiaires. Pour la même période et le même objet, il est
servi une seule et unique prestation sociale.2
1
Voir P. POURCEL, la protection sociale, éd. Thèmes et débats, Bréal 2006, P. 17
2
n°028/2016 portant Code de Protection Sociale en République Gabonaise]
Art.2.‐ Le présent Code consacre un système de protection sociale visant à garantir une
meilleure couverture des différents risques économiques et sociaux prévus par la convention
102 et la recommandation 202 de l’Organisation Internationale du Travail, en abrégé 0.I.T et
le Traité instituant une Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale, en abrégé
CIPRES, à travers un dispositif législatif, réglementaire et conventionnel, ainsi qu’à travers
11
1.4 De la généralité ou de l’universalité et de la territorialité
des mécanismes et des moyens dont les modalités de mise en œuvre sont définies par la
présente loi et les textes en vigueur.
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Les actions et les mesures exécutées dans le domaine de la sécurité sociale sont
instituées par les principes, les lois et règlements en vigueur. Tel est le sens qui
peut être donné au principe de la légalité
. L’égalité de traitement signifie que les assurés sociaux doivent être traités de
manière égale et sans discrimination.
13
- Les conventions internationales ;
- La constitution ;
- Les lois ;
- Les ordonnances ;
- Les décrets ;
- Les arrêtés
- Les notes de services et instructions diverses.
Comme sources dérivées du droit qu’on peut également citer :
-La jurisprudence ;
-La doctrine ;
-La coutume.
14
autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite des circonstances
indépendantes de sa volonté. »
Il y a à travers cet article deux options : un droit à un niveau de vie suffisant et le
droit à une protection particulière contre certaines éventualités.
1- Soins médicaux ;
2- Prestations de santé ;
3- Prestations de chômage ;
4- Prestations de vieillesse ;
5- Prestations d’accidents de travail ;
6- Allocations familiales ;
7- Prestations de maternité ;
8- Prestations d’invalidité
9- Prestations de survivants.
D’une manière générale, la plupart des Etats ont opté pour une extension
progressive de leur système de Sécurité sociale. Toutefois, la convention 102 exige la
mise en œuvre des évaluations actuarielles régulière afin de garantir la pérennité et
la soutenabilité des régimes de sécurité sociale.
La recommandation 202 qui date de 2012, donne une orientation générale aux Etats
membres pour définir des systèmes de Sécurité sociale complets et étendre la
couverture de la Sécurité sociale en donnant la priorité à l’établissement des socles
nationaux de protection sociale accessible à toutes les personnes dans le besoin.
Il s’agit d’établir ou maintenir selon les cas, des socles de protection sociales en tant
qu’élément fondamental de leurs systèmes nationaux de protection sociale. Il aussi
de mettre en place des stratégies d’extension de la sécurité sociale en s’appuyant sur
la convention 102. L’objectif global vise à réduire la pauvreté, la précarité et la
vulnérabilité. Enfin cette recommandation reconnait l’Etat comme le principal
responsable des systèmes mis en place en se fondant sur 17 éléments essentiels :
1- L’universalité ;
2- Le droit aux prestations prescrites par la législation ;
3- L’adéquation et la prévisibilité des prestations ;
4- La non-discrimination et l’égalité entre les hommes et les femmes ;
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5- L’inclusion sociale, y compris les personnes travaillant dans les secteurs
informels ;
6- Le respect des droits et la dignité humaine ;
7- La réalisation progressive et la fixation des objectifs et des délais ;
8- La solidarité en matière de financement ;
9- La prise en compte des méthodes et la diversification des mécanismes de
financement et des systèmes de fourniture des prestations ;
10- La gestion financière et administration saines, responsables et transparentes ;
11- La pérennité financière, budgétaire et économique ;
12- La cohérence entre les institutions de protection sociale ;
13- Les services de qualité et efficace ;
14- L’efficacité et l’accessibilité des procédures de réclamation et de recours ;
15- Le suivi régulier de la mise en œuvre et des évaluations périodiques ;
16- Le plein respect de la négociation collective et de la liberté syndicale pour tous
les travailleurs ;
17- Le respect de la participation tripartite.
1- Benin;
2- Burkina Faso;
3- Cameroun;
4- Centrafrique ;
5- Comores ;
6- Congo ;
7- Côte-d’Ivoire ;
8- Gabon ;
9- Guinée Equatoriale ;
10- Mali ;
11- Niger ;
12- Sénégal ;
13- Tchad ;
14- Togo ;
15- La République démocratique du Congo.
3
CIPRES « Fiche technique portant sur les ratios économiques et de gestion des organismes de prévoyance
sociale », 2è édition, Lomé TOGO
16
2- Instituer un contrôle de la gestion des organismes de prévoyance sociale
en vue de rationaliser leur fonctionnement pour mieux garantir les intérêts
des assurés sociaux y compris ceux des travailleurs migrants ;
cinq membres titulaires ayant chacun un suppléant, deux personnalités ayant exercé
des responsabilités dans le secteur de la Prévoyance sociale ; une personnalité
expérimentée dans le contrôle de la gestion des organismes de prévoyance sociale
en Afrique( coopération régionale ou internationale), deux personnalités pour
l’ensemble des administrations nationales de tutelles de la prévoyance sociale, deux
membres sans voix délibérative, un expert désigné par les banques centrales ( BCAO
et BEAC), le chef de l’Inspection Régionale de la Prévoyance sociale.
17
3- L’Inspection Régionale de la Prévoyance Sociale, Organe d’exécution, est
chargée de la gestion quotidienne. A ce titre elle :
-Assure le secrétariat permanent de la Conférence ;
-Effectue le contrôle sur place et sur pièces des organismes de prévoyance sociale ;
Elabore les études et propositions tendant à l’harmonisation des dispositions
législatives et règlementaires ;
Elabore des propositions visant à appliquer des règles communes de gestion dans les
différents organismes ;
-Effectue toute mission d’expertise ;
-Elabore le rapport annuel sur l’activité de la Conférence, la situation des organismes
et l’évolution de la prévoyance sociale dans les Etats membres
C’est ainsi que dans son article premier, alinéa 8 du titre préliminaire « des principes
et des droits fondamentaux », il est énoncé ce qui suit : « l’Etat, selon ses
possibilités, garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère, aux handicapés, aux
vieux travailleurs et aux personnes âgées, la protection de la santé, la sécurité
sociale, un environnement naturel préservé, le repos et les loisirs » ;
Le régime de protection sociale gabonais est essentiellement régi par trois groupes
de textes régissant l’organisation, le fonctionnement des régimes gérés par la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale, la Caisse Nationale d’assurance Maladie et de Garantie
Sociale et celui géré par l’État.
Les dispositifs suivants peuvent notamment être énumérés ainsi qu’il suit :
- La loi N° 28/2016 portant Code de Protection sociale en République
gabonaise ;
18
- La loi N° 6/75 du 25 novembre 1975, portant code de sécurité sociale,
complétée par les dispositions du décret d’application N° 599/PR du 17
juin 1981 fixant les modalités d’application et comportant des
dispositions législatives relatives aux évacuations sanitaires (ordonnances
N° 78/71 du 19 avril 1971, N° 68/74 du 14 septembre 1974, décret N°
689/PR-MTPS du 10 juillet 1971, N°746/PR-MTPS du 17 juillet 1973,
N°1260/PR-MTPS du 25 septembre 1974) ;
4
Le régime obligatoire d’assurance maladie et de garantie sociale a été mis en place afin
d’accompagner la population gabonaise dans ses dépenses de santé, mais également soulager les
populations les plus fragiles en leur octroyant des prestations familiales.
Au sens de l’article 1er de l’Ordonnance 023/PR/2007 du 21 août 2007 fixant le régime des prestations
familiales aux Gabonais économiquement faibles (GEF), lesdites prestations «constituent la
contribution de l’État aux charges inhérentes à l’entretien des enfants des GEF».
La prime à la naissance qui est actuellement octroyée par la CNAMGS sous forme de layette
Les allocations familiales sont ainsi fournies aux assurés principaux GEF pour le compte de leurs
ayants-droit âgés de 0 à 21 ans et pour la prime de rentrée scolaire, les ayants-droit âgés de 6 à 21 ans.
Le montant payé pour chaque enfant est de 4 000 F CFA par mois. Cependant ce montant est payé par
semestre, soit 24 000 F CFA par enfant et par semestre.
Quant à l’allocation de rentrée scolaire, est équivaut à 5 000 F CFA par enfant et par an.
Ainsi, chaque année la CNAMGS procède à deux grandes opérations de paiement des allocations, sur
toute l’étendue du territoire nationale.
19
- Le Décret N°510/PR/MTEPS du 4 juin 2008 fixant le statut de la Caisse
d’Assurance maladie et de garantie sociale ;
- Le Décret N°724/PR/MTEPS du 9 septembre 2008 fixant les modalités de
transfert des actifs de la Caisse nationale de garantie sociale à la Caisse
d’assurance maladie et de garantie sociale ;
- Le Décret N° 518/PR/MTEPS du 11 juillet 2008 fixant les modalités
d’attribution du statut de gabonais économiquement faible ;
- Le Décret N°726/PR/MTEPS du 9 septembre 2008 fixant les conditions et
les modalités d’octroi et de service des prestations familiales aux
gabonais économiquement faibles5 ;
- Le Décret n°0236/PR/MBCP du 8 juillet 2014 portant création et
organisation de la Caisse des Pensions et des Prestations Familiales des
Agents de l’Etat ;
- Le Décret n° 578/PR/MDSFPSSN du 22 décembre 2016 fixant les taux,
l’assiette des cotisations et le plafonnement des salaires soumis à
cotisation des travailleurs des secteurs public, privé et parapublic au
Régime Obligatoire d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale
5
Procédure d’immatriculation
ATTENTION!
La présence physique de l’assuré principal est obligatoire lors de son immatriculation, de même que celle des
ayants droit (époux / épouse et enfants âgés de 6 à 20 ans). Les enfants âgés de moins de 6 ans sont dispensés de
cette présence physique, ils sont immatriculés sur simple présentation des pièces à fournir.
Quelles sont les pièces à fournir lors de l’immatriculation ?
Assuré principal
• Acte de naissance légalisé (ou acte de naissance original + copie non légalisée)
• Pièce d’identité (CNI ou récépissé, passeport, permis de conduire ou carte de séjour) ;
• Pour les titulaires d’une pension, copie du titre de pension ;
• Copie de l’acte de mariage si le demandeur est marié civilement ;
• Copie du dernier bulletin de salaire;
• Attestation d’emploi.
Ayant droit ENFANT :
• Acte de naissance légalisé (ou acte de naissance original + copie non légalisée)
• Bulletin ou attestation de scolarité, pour les enfants de plus de 15 ans;
• L’ordonnance d’adoption, pour les enfants adoptés.
Ayant droit CONJOINT :
• Acte de naissance légalisé (ou acte de naissance original + copie non légalisée)
• Acte de mariage.
Personne ayant acquis la nationalité gabonaise :
• Certificat de nationalité.
Enfant sous tutelle :
(sous la garde effective de l’assuré principal sans être son enfant direct : Petit fils, neveu, etc.) :
• Ordonnance de tutelle délivrée par le tribuna
20
- Il ne s’agit pas en l’espèce de Code à proprement parler, au sens
juridique du terme, dans la mesure où plutôt qu’une présentation
ordonnée et rationalisée de l’ensemble des dispositions relatives à la
réglementation sociale, quelle qu’en soit l’origine (législative ou
réglementaire), il s’agit en revanche d’une simple juxtaposition des textes
relatifs à la matière.
→La jurisprudence est constituée par des textes émanant des cours de
justice6 sur lesquelles s’appuient les magistrats pour régler certains litiges.
Bien souvent, ces textes peuvent être une interprétation de la loi ou une
réponse donnée à une situation caractérisée par un vide juridique ; d’où
l’expression « faire jurisprudence ».
Pour comprendre comment est née la sécurité sociale, il convient d’abord de voir ce
que fut dans un passé assez lointain, l’action de charité et de l’assistance qui ont été
pendant longtemps les seuls éléments de nature à porter secours aux détresses des
individus.
Ensuite l’homme a pris conscience de la notion de risque social dans le cadre des
procédés qui peuvent s’offrir à lui dans le milieu professionnel ou dans la vie
quotidienne.
6
L’organisation judiciaire gabonaise est fondée sur le principe degré de juridiction. A l’échelon inférieur, les
Tribunaux de première instance sont organisés en formation de jugements qui reçoivent, suivant la matière, les
appellations de sections civile et commerciale, pénale, sociale, ou administrative.
7
Exemple de la mer territoriale la haute mer et la zone économique exclusive qui est un concept né de la
coutume des etats
21
Chapitre 2 Les origines de la sécurité sociale et la
variété de ses régimes
Pour comprendre comment est née la sécurité sociale, il convient d’abord de voir ce
que fut dans un passé assez lointain, l’action de charité et de l’assistance qui ont été
pendant longtemps les seuls éléments de nature à porter secours aux détresses des
individus.
Ensuite l’homme a pris conscience de la notion de risque social dans le cadre des
procédés qui peuvent s’offrir à lui dans le milieu professionnel ou dans la vie
quotidienne.
Enfin, comment la sécurité sociale proprement dite est née et comment elle s’est
développée ?
Au moyen âge, pour soulager les misères humaines, l’homme eût recours à
l’aumône. A cette époque, il s’agissait d’une véritable obligation pour ceux qui
donnent et d’un droit pour ceux qui reçoivent.
En effet, il était admis que l’individu ne pouvait faire son salut que si à la foi
s’ajoutent les œuvres précises et charitables.
Il s’agissait à cette époque d’un devoir de charité par l’aumône.
22
A l’origine, la charité était considérée comme un droit pour celui qui en profitait et un
devoir pour celui qui donnait.
A cette époque, tous les individus qui avaient des ressources créaient des fondations
d’hôpitaux, des maladreries etc.… en faveur de ceux qui étaient dans le besoin, dans
l’idée qu’ils ne gagneraient le paradis autrement, quelle qu’ait été leur foi au cours de
l’existence. Les établissements crées étaient sous le contrôle administratif de
l’évêque du diocèse.
A partir de la fin du moyen âge, une transformation s’est opérée, l’Etat se décidant
d’intervenir en tout et pour tout.
Pourquoi l’intervention de l’Etat ?
C’est tout simplement parce que les différentes institutions créées dans le cadre de la
charité avaient périclité avec le temps, surtout pendant la « guerre de cent ans ».
L’Etat s’est également illustré par une abondante réglementation concernant surtout
les mendiants.
A titre d’exemple, les encyclopédistes tels que Voltaire, Turgot ont violemment
attaqué l’idée de charité en faisant remarquer qu’elle est souvent humiliante pour
celui qui en bénéficie.
Les différentes études réalisées à cette époque ont permis d’établir une classification
de la notion de pauvreté en trois catégories :
- La pauvreté accidentelle (exemple le chômage accidentel) ;
- La pauvreté habituelle (exemple la maladie) ;
- La pauvreté coupable (refus de travailler et de se réaliser).
23
En matière d’assurance, le risque est un événement futur et incertain dont la
réalisation ne dépend pas exclusivement de la volonté de l’assuré8.
Au début du XX ème siècle on parlait de risque social pour désigner l’ensemble des
situations pouvant obliger un ouvrier à cesser son travail, soit temporairement, soit
définitivement.
S’agissant des procédés classiques de garantie des risques, nous analyserons tour à
tour :
- L’épargne ;
- La prévoyance collective ;
- Les règles de responsabilité civile ;
- L’assistance.
1.2.1 L’ÉPARGNE
C’estla vieille réponse à la problématique des risques sociaux. Cette technique qui
consiste à mettre de côté les revenus pour faire face aux difficultés éventuelles,
présente des avantages et des inconvénients.
- AVANTAGES DE L’ÉPARGNE :
Au plan matériel, épargner constitue une solution somme toute réaliste.
L’épargnant pourra éventuellement disposer à terme de ses revenus.
Au plan moral, l’épargne crée en celui qui l’a constitué une force psychologique.
L’épargne développe le goût de l’effort. La technique de l’épargne n’est pas sans
inconvénients.
- INCONVÉNIENTS DE L’ÉPARGNE :
L’épargne ne réalise aucune division ou spécialisation de risques ; chacun épargne
non pas d’après l’importance des risques auxquels il sera exposé un jour, mais
d’après ses possibilités d’épargne.
Pour épargner, il faut avoir la possibilité de le faire. Une tendance bien connue en
milieu de pauvre consiste à utiliser, l’essentiel des revenus pour des besoins vitaux.
Dans ces conditions, la possibilité d’épargner est très réduite.
8
Jean-Pierre Chauchard, Droit de la sécurité sociale, 5è édition, LGDJ Paris 2010, P.21
24
1.2.2 LA PRÉVOYANCE COLLECTIVE
Les règles de responsabilité civile interviennent dans ce cours parce que, dans un
nombre important d’hypothèses, le risque social, dont une personne subit les
conséquences, provient de la faute d’un tiers. Il en sera souvent ainsi en cas
d’accident de la circulation ou d’accident du travail.
Alors, la victime va pouvoir s’adresser à l’auteur du dommage pour lui faire payer ce
dommage qu’il a causé, sur le fondement des articles 1382 et suivants du Code Civil
français qui dispose9 : « tout fait quelconque de l’homme qui cause un dommage à
autrui oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».
Dans une approche de droit commun, les règles de la responsabilité civile présentent
des limites et des insuffisances : il faut prouver une faute du tiers ou de l’employeur.
Il faut en plus que ce tiers ou cet employeur soit solvable.
1.2.4 L’ASSISTANCE
L’assistance qui fut pendant longtemps la forme à peu près unique de protection
contre les risques sociaux, consiste à n’accorder des secours à la victime d’un risque
social, sans qu’en principe elle ait fourni elle-même aucune contrepartie.
On a longtemps affirmé que l’assistance est une forme inférieure de garantie des
risques sociaux, parce qu’elle ne nécessite aucun effort de la part de l’assisté.
C’est entre 1883 et 1889 que s’est créé en Allemagne un système d’assurance
sociale. Trois raisons expliquent le développement des assurances sociales en
Allemagne :
25
- L’évolution politique de l’Allemagne où à l’époque se développe dans la
population ouvrière le socialisme d’influence marxiste.
Les nouvelles idées vont particulièrement séduire OTTO Edouard Léopold VON
BISMARCK et celui-ci va essayer de les réaliser, spécialement en instaurant un
système d’assurance sociale. C’est ainsi qu’entre 1883 et 1889 sera promulguée
toute une série de lois10 :
- Celle du 15 juin 1883 sur l’assurance maladie ;
- Celle du 6 juillet 1884 sur l’assurance accidents du travail ;
- Celle du 22 juin 1889 sur l’assurance invalidité vieillesse.
En 1911, tous ces textes sont réunis dans un code des assurances sociales.
- Dès l’origine, cette assurance est déclarée obligatoire pour les salariés et les
employeurs. Un tel système ne peut évidemment fonctionner que s’il est général.
10
Jean-Jacques Dupeyroux, Mchel Borgetto, Robert Lafore, Rolande Ruellan, « Droit de la Sécurité Sociale »,
15è édition, Dalloz, Paris 2005, P.24
26
1.4.1 LE « SOCIAL SECURITY ACT AMÉRICAN» DU 14 AOÛT 1935
La crise qui débuta en octobre 1929 a été la résultante d’un bouleversement profond
qui a touché l’économie américaine ; le chômage prit des proportions
catastrophiques. Elu en 1932, le président ROOSVELT décida de rompre avec le
principe sacro-saint de la non intervention de l’Etat dans le domaine économique et
social.
Cette loi contenait des mesures relatives au chômage, respectant l’autonomie des
Etats fédérés. Elle développait par ailleurs une politique d’assistance au profit de
diverses catégories particulièrement déshéritées. Elle instituait une assurance sociale
vieillesse et décès pour les salariés.
L’idée de départ est relativement simple : elle consiste à refuser d’admettre que ce
problème est insoluble ; il convient simplement d’en aménager les solutions de façon
la plus systématique, de manière à éliminer l’indigence considérée par BEVERIDGE
comme un « scandale » dans les sociétés modernes.
Lord WILLIAM HENRY BEVERIDGE procède à une analyse critique des imperfections
du système anglais en vigueur, en soulignant qu’il est essentiellement constitué par
« l’insurance act » de 1911. De cette analyse et du point de vue de son étendue, il
dénonce ses lacunes, notamment le fait que ce système n’envisage point les charges
familiales.
Il ne s’agit plus seulement des salariés, mais de toute la population ; chacun est ici
envisagé non pas en fonction d’une activité professionnelle, mais en sa qualité de
membre de la collectivité nationale. BEVERIDGE pose le principe de généralité
absolue.
11
Jean-Jacques Dupeyroux, « Droit de la Sécurité Sociale, 14 è édition, Dalloz, Paris 2005, P.32-33
27
Tous ces membres de la collectivité nationale en tant que tels, vont être protégés
contre les incidents des risques sociaux interdisant l’acquisition d’un revenu
professionnel par le jeu d’une assurance nationale appelée à verser des prestations
uniformes sans aucune condition de ressource. Uniformité en ce sens que, fixées par
référence à un minimum alimentaire, elles ignorent totalement la vie professionnelle
des intéressés.
Pour la plupart des pays d’Afrique francophone, la sécurité sociale est d’inspiration
française. C’est, notamment grâce à son action, entre autres facteurs, que le code du
travail d’Outre-mer a été adopté en 1952.
A la différence des pays occidentaux, la sécurité sociale moderne en Afrique n’est pas
née des luttes syndicales. Il convient néanmoins de reconnaître que la sécurité
sociale vient s’adapter à un environnement culturel basé sur une forte tradition
défendant les valeurs de la famille, de l’assistance et de la solidarité.
Les structures traditionnelles ont été altérées par l’industrialisation et les modes de
production de l’économie moderne. Les travailleurs salariés ont été retirés de leur
environnement familial et furent exposés aux mêmes conditions de risques sociaux
que les travailleurs occidentaux.
Dans la plupart des cas, l’on s’accorde souvent à situer la naissance de la sécurité
sociale aux environs des années 1956 à 1957 par la création des caisses de
compensation des prestations familiales et par la mise en place des régimes de
couverture des risques sociaux.
En 1957 cette caisse a connu une extension au niveau des prestations sociales par le
décret N° 57/1245 du 24 février 1957 portant réparation et prévention des accidents
du travail et des maladies professionnelles (ATMP) dans les territoires d’outre-mer.
28
En 1961 la gestion des risques professionnels a été attribuée à la Caisse de
compensation des prestations familiales par la loi N° 63/61 du 8 décembre 1961.
Une année plus tard (1962) la Caisse de Compensation des Prestations familiales est
devenue la Caisse Gabonaise de Prévoyance Sociale.
En 1964, il a été institué la branche des allocations vieillesses pour les travailleurs
salariés admis à faire valoir leurs droits à la retraite.
Cette période se caractérise par des changements multiples allant dans le sens de
l’extension des régimes, du champ d’application des populations couvertes et des
prestations servies.
En 1971, par ordonnance N° 28/71 du 19 avril 1971, il a été créé un fonds spécial
d’évacuations sanitaires à l’extérieur de la République Gabonaise en faveur des
travailleurs salariés du secteur privé et de leurs familles légitimes. Cette ordonnance
a été complétée par une série d’autres textes, notamment : le décret N° 679/PR-
MTPS du 10 juillet 1971 ; le décret N°746/PR-MTPS du 17 juillet 1973 ; le décret
N°1260/PR-MTPS du 25 septembre 1974.
Une année plus tard (1977), a été adoptée l’arrêté N° 20/MTPS-CNSS du 20 janvier
1977, modifiant le plafond des enfants naturels et nés hors mariage pris en charge
par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
En 1983, une deuxième Caisse a été créé en République Gabonaise, appelée Caisse
Nationale de Garantie Sociale, avec la loi N° 10/82 du 24 janvier 1983 portant code
de garantie sociale et le décret N° 1026/PR/MSSBE du 29 juin 1983 fixant les
modalités. Cette loi traduit la volonté des autorités nationales à élargir la couverture
sociale. Ce nouveau régime a constitué sans nul doute une particularité en Afrique
Centrale, avec la prise en compte des indigents et des travailleurs indépendants.
29
Cette période est caractérisée par quatre situations :
Les déficits cumulés enregistrés dans la gestion des structures hospitalières relevant
de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ont engendré la création de la fondation
des hôpitaux, dont les premières difficultés sont déjà perceptibles dès la mise en
place de la structure.
Quelques années plus tard, les autorités ont décidé du retour des hôpitaux à la
Caisse. De nouveaux rebondissements sur ce dossier ne sont pas à écarter.
Cette période est particulièrement marquée par des évolutions multiples, notamment
au niveau du régime d’assurance maladie et de garantie sociale. L’une des
caractéristiques à relever est la consolidation du cadre juridique et institutionnel de
cet organisme. L’on peut également noter le partenariat entre la CNAMG et la CNSS
En matière de recouvrement des cotisations. La création de la nouvelle Caisse des
pensions et des prestations familiales des agents de l’Etat constitue aussi une
importante évolution dans le paysage de la protection sociale au Gabon. C’est aussi
l’amorce d’un dialogue social entre l’autorité publique et les partenaires sociaux.
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L’écrasante majorité des assurés sociaux sont des personnes obligatoirement
assujetties et affiliées au régime général. Cependant, le législateur a autorisé une
entrée volontaire dans le système.
La Caisse procède à l’immatriculation de tous les travailleurs tels qu’ils sont définis à
l’article 3 du Code de la Sécurité Sociale. A la première embauche, chaque travailleur
est déclaré à la Caisse dans un délai de huit jours par son employeur à l’aide d’un
imprimé appelé « feuille d’immatriculation ». L’exploitation de cet imprimé donne lieu
à la délivrance d’une carte d’assuré social.
Il est important de rappeler que l’assuré social a des droits et des obligations.
Certains juristes pensent que l’affiliation n’est pas une opération administrative, le
terme désigne une situation de droit : le rattachement d’un assuré social à une
Caisse.
- L’épouse ;
- Les enfants légitimes
- Les enfants à charge
- Les orphelins ;
- Les ascendants.
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3.2 LA QUALITÉ D’EMPLOYEUR
La demande d’immatriculation doit être établie sur un imprimé fourni par la Caisse.
Après exploitation de la demande, la Caisse délivre à l’employeur un numéro
d’affiliation.
- Immatriculation de l’employeur ;
- Immatriculation du travailleur ;
- Déclarer les salaires de son personnel ;
- Verser les cotisations sociales ;
- Observer les règles en matière de prévention des risques professionnels.
Cette opération est obligatoire dès l’embauche du premier salarié et l’employeur doit
joindre à sa demande les pièces suivantes :
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Raymond Guillien, « Lexique des termes juridique », 17è édition, Paris 2010
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Il est important de souligner que pour éviter tout rejet, l’employeur est tenu de
respecter la liste des pièces à fournir et de compléter l’ensemble des rubriques. La
procédure de traitement sera examinée lors des travaux pratiques.
Elle constitue la troisième obligation de tout employeur. Elle se fait à partir d’un
formulaire par lequel l’employeur déclare l’ensemble des rémunérations qu’il verse à
ses travailleurs au cours du trimestre. La DTS permet de :
Tout employeur est tenu de produire la DTS, soit sous une forme physique ou
magnétique, en faisant ressortir, pour chacun des salariés qu’il a occupés au cours
du trimestre écoulé, le montant total plafonné des rémunérations ou gains perçus
par les travailleurs ainsi que la durée du travail effectué.
Les DTS sont envoyées à la CNSS par les employeurs aux échéances suivantes :
33
2.7.4 LES MODALITÉS DE CALCUL ET DE VERSEMENT DES COTISATIONS ET LES
SANCTIONS ENCOURUES
Lorsqu’il s’agit d’un paiement hors délais, le principal est majoré de 2% ; exemple
54 240 X 2% = 1085 F CFA, la cotisation totale due serait de : 54 240 + 1085=
55 325F CFA.
L’un des principes bien connu en matière de sécurité sociale indique que les
cotisations sont portables et non quérables. L’employeur est le principal responsable
du versement des cotisations, à ce titre il verse concomitamment la part patronale et
la part salariale, selon les échéances suivantes :
Lorsque les cotisations dues n’ont pas été acquittées dans le délai prescrit, il leur est
appliqué une majoration de retard de deux pour cent par mois ou fraction de mois de
retard.
Le paiement des cotisations s’effectue au siège social de la Caisse (guichet
employeur), et dans les délégations et agences provinciales auprès des agents.
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Lorsque plusieurs employeurs utilisent simultanément des travailleurs sur un même
lieu de travail, ils doivent collaborer pour assurer à l’ensemble de ceux-ci la
protection la plus efficace.
Tout employeur qui utilise des procédés de fabrication comportant des risques
spéciaux ou susceptibles de provoquer des maladies professionnelles est tenu d’en
faire la déclaration avant le commencement desdits travaux par lettre recommandée
adressée à l’inspecteur du travail du ressort. La déclaration doit indiquer la nature
des risques et les mesures de protection et de prévention prises pour mettre les
travailleurs à l’abri des nuisances résultant de leurs activités.
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