Vous êtes sur la page 1sur 6

REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland


****** ******
MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES MINISTRY OF SOCIAL AFFAIRS

REUNION REGIONALE SUR LA PROTECTION


SOCIALE
Dakar, , DU 09 AU 11 JUIN 2008

RESUME DU RAPPORT NATIONAL SUR


LA PROTECTION SOCIALE AU
CAMEROUN

JUIN 2008
INTRODUCTION

Le mardi 18 mars 2008, s’est tenu à Yaoundé, au Palais des Congrès, un atelier
d’évaluation de la protection sociale au Cameroun, organisé par le Ministère des Affaires Sociales
avec l’appui multiforme de l’ONG HeplAge International.

Présidé par Madame Catherine BAKANG MBOCK, Ministre des Affaires Sociales, cet
atelier a réuni une cinquantaine de participants représentant les administrations publiques et
parapubliques, les partenaires au développement et la société civile.

Le présent exposé, qui fait la synthèse du rapport du Cameroun issu de cette consultation
nationale, s’articule autour de 03 points :
- l’état des lieux de la protection sociale au Cameroun ;
- les mesures prises par le Gouvernement ;
- les perspectives.

I- ETAT DES LIEUX DE LA PROTECTION SOCIALE AU CAMEROUN

La protection sociale vise à restaurer à chaque personne vulnérable sa dignité, à renforcer les
capacités en vue de son autonomisation et de sa participation effective à l’œuvre d’édification nationale.
L’état des lieux s’articule autour de 03 axes principaux de la protection sociale que sont l’inclusion
sociale, la sécurité sociale et les soins de santé.

A- Les problèmes liés à l’inclusion sociale

La vie dans les sociétés modernes est caractérisée par la stigmatisation, la marginalisation et
l’exclusion de certains groupes sociaux sur la base de critères socialement construits et entretenus.
L’exclusion sociale se présente comme la négation de la parité, de l’égalité de tous en droits et en devoirs.
Elle signifie aussi l’inégal accès desdits groupes aux mêmes statuts, rôles, privilèges et autres prérogatives
pouvant conduire aux réactions de contestations voire à des conflits ou crises. Les groupes les plus concernés
par ce phénomène sont les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées,
les populations marginales.
Il convient de souligner que l’absence de données appropriées, tant quantitatives que qualitatives, ne
permet pas une analyse approfondie des groupes ci-dessus énumérés, en raison de l’insuffisance voire de
l’absence d’études scientifiques les concernant.
B- Le système de sécurité sociale

D’après l’OIT la sécurité sociale est la sécurité que la société fournit à ses membres en vue
de les prémunir des risques sociaux à travers les organisations appropriées.

Le système actuel de sécurité sociale au Cameroun est assis sur deux régimes principaux :

- Le régime des travailleurs relevant du code de travail, géré par la Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale (CNPS) ;
- Le régime des Fonctionnaires et assimilés1, géré par l’Etat.

La gestion du système public est assurée directement par l’Etat pour ce qui est du personnel de
l’administration, et indirectement par une agence de l’Etat, en l’occurrence la Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale (CNPS) pour ce qui est des employeurs du secteur privé.
1
Les agents de l’Etat relevant du code du travail, autrefois gérés par la CNPS, ont été reversés au Ministère de l’Economie et de Finances depuis
1993.
2
Que ce soit au niveau de la CNPS ou de l’Etat, le système camerounais gère sept prestations sur les
neuf prescrites par l’OIT dans la Convention 102 ou norme minimum. Il s’agit : des prestations familiales,
des prestations de maternité, de la pension de vieillesse ou de retraite, de la pension d’invalidité, de la
pension de décès ou de réversion, des prestations d’accidents de travail et des prestations de maladie
professionnelle.
La sécurité sociale se caractérise par une double insuffisance : (i) 10% seulement de la population
active est couverte, (ii) il n’existe pas de couverture du risque maladie et du risque chômage. Pour faire face
à cette faiblesse du système conventionnel, la population a imaginé des mécanismes palliatifs de sécurité
(tontines, mutuelles, associations de santé communautaires, etc.), qui sont malheureusement souvent
confrontés à divers problèmes d’ordre institutionnel, juridique, humain et financier dans un cadre légal flou.

B- Environnement sanitaire

La deuxième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM II) évalue à 40,2% la proportion
de la population vivant en deçà du seuil de la pauvreté, soit avec moins d’un dollar par jour.
Cette situation de précarité n’est pas sans incidence sur l’accès à la santé des personnes vulnérables.
Pour ne prendre que quelques exemples, selon les résultats de la troisième Enquête Démographique et de
Santé du Cameroun (EDSC III) réalisée en 2004, les risques de décès des enfants avant l’âge d’un mois,
d’un mois ou avant l’âge de 5 ans sont respectivement de 29%, 74% et 144%, avec des pointes à 186% et
205% dans les provinces de l’Extrême Nord et du Nord. Avec un taux de 144 décès d’enfants de 0 à 5 ans
pour 1000 naissances vivantes, le Cameroun était ainsi loin d’atteindre l’objectif DSRP/OMD de 205% en
2007.
Suivant la même source, près d’un enfant de moins de 5 ans sur 6 souffrent de malnutrition
chronique ou modérée ; plus d’un enfant de moins de 5 ans sur 4 souffrent d’un retard de croissance
modérée ou sont de petite taille par rapport à leur âge ; plus de 18% de ces enfants souffrent de l’insuffisance
pondérale modérée tandis que 32% souffrent de sous-nutrition chronique ou modérée.
Plusieurs enfants sont également exposés au paludisme, à l’hépatite, à la fièvre jaune et à bien
d’autres maladies.
La prévalence de l’infection à VIH qui est plus élevées chez les femmes (6,8%) accroît
considérablement le risque de contamination des nouveaux-nés.
De manière générale, dans un contexte de faiblesse ou d’inexistence de revenus, les couches
vulnérables éprouvent bien de difficultés à faire face aux problèmes de santé, même si de nombreux efforts
sont déployés pour assurer le bien-être sanitaire des populations.

II- MESURES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT

La protection et la promotion des couches vulnérables ont toujours été au Centre des préoccupations
du Gouvernement camerounais. Cette volonté politique s’est traduite notamment par des mesures juridiques
et institutionnelles relativement aux 03 axes mentionnés ci-dessus.

A- Actions gouvernementales

1- La promotion de l’inclusion sociale

a) Mesures juridiques

Le Cameroun a ratifié tous les instruments internationaux de protection des droits de l’homme à
caractère général (Déclaration universelle des Droits de l’homme, Charte des Nations Unies, Pactes
internationaux relatifs aux droits civiques et politiques, et aux droits économiques, sociaux et culturels…) et
à caractère spécifique (Convention relative aux droits de l’enfant, Convention sur l’élimination de toutes les
formes de discriminations à l’égard des femmes, la ratification de la Convention relative aux droits des
3
personnes handicapées est envisagée). Le Cameroun a aussi fait siennes les Règles des Nations Unies pour
l’égalisation des chances des personnes handicapées, les principes des Nations Unies pour les personnes
âgées, la Déclaration Politique et le Plan d’Action International de Madrid sur le Vieillissement.

b) Mesures institutionnelles

Eu égard au caractère transversal de la protection sociale, plusieurs départements ministériels appuyés


par de nombreux partenaires sociaux interviennent dans ce domaine. Conformément aux dispositions du
Décret n° 2004/320 du 03 décembre 2004 portant organisation du Gouvernement :

2-Le renforcement de la sécurité sociale

Le Gouvernement a entrepris un vaste chantier de réforme de la sécurité sociale, une place


importante étant réservée à la prestation de vieillesse dans ce processus.

En effet, l’Etat finance le système de pension de l’administration à concurrence de 44 milliards par


an. La durée de jouissance dépend de l’espérance de vie, puisqu’il s’agit d’un droit acquis à vie. La
législation prévoit même l’extension de ce privilège aux ayants droits qui perçoivent une pension de
réversion égale à 50% de la pension principale. Certes, la procédure d’obtention de la pension, du fait de sa
complexité et de certaines pesanteurs, pose encore des problèmes quant à l’aboutissement rapide des
dossiers. Toutefois, depuis quelques temps, des efforts visant à accélérer le processus et la qualité des
prestations sont notables, à savoir :
- le calcul des pensions sur la base de la grille de 1985, favorable aux retraités, le barème actuel
étant issu des baisses salariales de 1992 et 1993 ;
- l’octroi des avances de pension pouvant s’échelonner de 1 à 5 ans, permettant aux retraités de
s’installer décemment à la fin de leur carrière ;
- le passage automatique de la solde à la pré pension, correspondant à la moitié de la dernière solde
de base ;
- le payement systématique de tous les rappels gelés en mémoire au cours du mois de départ à la
retraite.

Pour les militaires, les personnels retraités reçoivent une assistance psychosociale, ainsi que des
secours sociaux en espèce dans la limite des fonds disponibles lorsqu’il est prouvé qu’ils sont confrontés à
des évènements graves et imprévisibles, nécessitant une intervention immédiate. Des causeries éducatives,
des conseils leur sont prodigués par les travailleurs sociaux en poste.

Pour ce qui est des salaires du secteur privé, des mesures sont prises pour faciliter la jouissance par
le retraité de ses droits, notamment :
- l’encadrement des pensionnés lors du paiement de leurs prestations sociales ;
- l’amélioration de l’accueil desdites personnes avec le placement des fontaines réfrigérantes pour
étancher leur soif ;
- l’amélioration de leur suivi médical ;
- le paiement à domicile des grabataires ;
- le rapprochement de l’organisme des assurés sociaux avec l’ouverture d’une quinzaine de
guichets périodiques de paiement des prestation sociales (Akonolinga, Eséka, Batouri, Foumban,
Guider, Sangmélima, Kaélé, Kousséri, Kumbo, Mamfé, Meiganga, Ntui, Penja, Abong-Mbang) ;
- l’assouplissement et la simplification des procédures et des conditions d’ouverture des droits,
ainsi que la sécurisation du paiement des prestation

3-Mesures de renforcement de l’environnement sanitaire

La promotion de l’accès populations à la santé est au cœur de la politique sociale et sanitaire du


Gouvernement. La loi n° 96/03 du 04 janvier 1996 fixe le cadre général de l’action de l’Etat dans le domaine
de la santé.

4
Cette loi a été précédée par l’adoption de la Déclaration de Politique sectorielle de santé en 1992 et
de la Déclaration des soins de santé primaires en 1993.
De manière opérationnelle, la stratégie sectorielle de la santé (SSS) 2001-2010 adoptée en octobre
2001 par le Gouvernement comporte trois principaux objectifs :
- Réduire de un tiers au moins la charge de morbidité globale et la mortalité des groupes de
population les plus vulnérables (objectif d’impact) ;
- Mettre en place, à une heure de marche et pour 90% de la population, une formation sanitaire
délivrant le paquet minimum d’activités (objectif d’intrant) ;
- Pratiquer une gestion efficace et efficiente des ressources dans 90% des formations sanitaires et
services de santé publics et privés, à différents niveaux de la pyramide (objectif de processus).

Pour les besoins de mise en œuvre de ces options stratégiques, un certain nombre de mesures ont été
prévues, qui se traduisent en termes de programmes ayant, pour certains d’entre eux, un impact direct sur la
santé et le bien-être de l’enfant. Il s’agit notamment :
- du programme « Promotion de la santé » dont le volet alimentation et nutrition concerne au
premier chef l’enfant ;
- du programme de lutte contre le paludisme qui se fixe des objectifs généraux et spécifiques
ambitieux pour la santé de l’enfant ;
- du sous-programme de lutte contre les IST/VIH/SIDA et la tuberculose qui se fixe également,
dans l’un de ses 8 axes majeurs d’intervention, des objectifs intégrants la prévention de la
transmission mère-enfant ;
- du Programme Elargie de Vaccination (PEV). Malgré les ressources mobilisées, on a observé
une stagnation de la couverture vaccinale autour de 50% pendant la période 2000-2005. Les leçons
tirées de l’exécution du plan quinquennal y afférant ont servi à élaborer le plan 2005-2010, lequel
se déroule dans un contexte particulièrement favorable compte tenu du regain d’intérêt manifesté
par les parties intéressées (Gouvernement, prestataires, partenaires au développement,
communautés).
- du sous-programme promotion de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
(PCIME) qui a pour objectif général de réduire la morbidité et la mortalité dues aux maladies
diarrhéiques, aux infections respiratoires aiguës, au paludisme, à la rougeole et aux carences
nutritionnelles chez les enfants de moins de 5 ans, l’objectif spécifique étant de mettre en place la
PCIME dans au moins 80% des districts de santé à l’horizon 2010 ;
- du sous-programme santé de la mère, de l’adolescent et de la personne âgée qui a pour objectif
général d’assurer la prise en charge efficace des problèmes de santé du groupe cité ci-dessus.

Par ailleurs, des mesures diverses sont prises pour faciliter un accès universel et équitable des
populations aux services de santé. Dans ce sens on peut noter :
- le développement des structures de santé et leur approvisionnement en paquets minimum afin de
rapprocher les prestations de santé des populations dont des personnes âgées ;
- la politique de réduction des coûts afin de faciliter l’accès de tous aux soins essentiels y compris
ceux concernant certaines pathologies à l’instar du VIH/SIDA ou autres maladies chroniques ;
- la réduction systématique des coûts dans certaines formations sanitaires publiques et parapubliques.
Il en est ainsi notamment dans les hôpitaux de la CNPS, avec une réduction de 40% pour les frais
médicaux ;

B- Actions des partenaires de la société civile

La présence d’une multiplicité d’intervenants ou de partenaires témoigne de l’importance du domaine


de la protection sociale. Ainsi, aux côtés de l’Etat, les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les
Œuvres Sociales Privées (OSP), les associations, les Fondations, les Congrégations et organismes
socioprofessionnels concourent à l’offre de service aux populations vulnérables.

5
III- PERSPECTIVES

Dans le cadre de la politique des grandes ambitions prônée par le Chef de l’Etat, il est
envisagé notamment:
1- En ce qui concerne la politique de l’inclusion sociale :
- l’élaboration et/ou la finalisation des politiques sectorielles de protection et de promotion des
couches vulnérables ;
- l’élaboration et l’adoption des lois spécifiques de protection et de promotion desdites cibles ;
- la formation des travailleurs sociaux et des éducateurs spécialisés en vue d’une meilleure prise en
charge des couches sociales vulnérables ;
- le renforcement des capacités des organisations d’encadrement des personnes vulnérables ;
- la création d’un Fonds de solidarité nationale en vue d’apporter une réponse appropriée aux
sollicitations des couches sociales vulnérables ;
- la mise en œuvre du service civique national de participation au développement ;
- la mise en place d’un fonds national d’insertion des jeunes ;
- la poursuite du plaidoyer en faveur de la scolarisation de la jeune fille ;
- l’encadrement des « filles libres »
- l’élaboration du guide préparation au mariage ;
- la promotion de l’entreprenariat féminin ;
- la facilitation de l’accès des femmes aux crédits et à l’auto emploi ;
- l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de réduction de la pauvreté.

2- Pour ce qui est de la sécurité sociale, il s’agit de :


- Relever le niveau des prestations pour se rapprocher des normes internationales ;
- Faire bénéficier des prestations sociales à d’autres couches de la population notamment les
exploitants agricoles et pastoraux, les travailleurs indépendants non agricoles (artisans,
industriels, professions libérales) ;
- Mettre en place une couverture maladie (elle existe mais elle est résiduelle) ;
- Accélérer la réforme de la sécurité sociale en cours, avec la création de Caisses Autonomes
chargées de gérer les différentes branches de la sécurité sociale actuellement opérationnelles ;
- Procéder à la révision du cadre juridique régissant le système des retraites dans notre pays,
devenu obsolète ; cette révision pourrait déboucher sur un Code des pensions ;
- Promouvoir la formation permanente des agents en charge du traitement des dossiers de retraite.

3- En ce qui concerne l’environnement sanitaire :


- l’amélioration de l’accès des populations aux soins de santé de qualité à travers la réforme
hospitalière ;
- l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant ;
- l’accroissement de l’accès aux médicaments et dispositifs médicaux essentiels, l’intensification de la
lutte contre la vente illicite des médicaments et l’aboutissement de l’étude sur le développement
d’une industrie nationale du médicament ;
- la promotion des activités de sensibilisation sur les facteurs de risques, le dépistage précoce, la
réduction des coûts de traitement et le renforcement des capacités de prise en charge des maladies
non transmissibles ;
- la mutualisation du risque maladie ;
- le renforcement de la participation des acteurs non étatiques et des communautés à l’offre des soins
par la promotion du partenariat et de la contractualisation ;
- le vote d’une loi relative à l’accès de tous aux soins de santé.

En définitive, les projection ci-dessus nécessitent, pour leur mise en œuvre, le concours de la coopération
bi et multilatérale, notamment celui de l’Union Africaine et des partenaires de développement.-

Vous aimerez peut-être aussi