Vous êtes sur la page 1sur 31

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE Union-Discipline-Travail


SCIENTIFIQUE

COURS DE DROIT DE LA SECURITE SOCIALE


DES FONCTIONNAIRES

Dr KONE Oumar

1
INTRODUCTION GENERALE
DEFINITION ET HISTORIQUE DE LA SECURITE
SOCIALE

SECTION I : ORIGINE DE LA NOTION DE SECURITE


SOCIALE
La notion de sécurité sociale est très discutée en doctrine. La discussion porte aussi bien sur la
paternité du vocable que sur sa teneur, c’est à dire sa signification exacte.

Sur la paternité du vocable, Jean-Pierre DUMONT a fait un point important dans son
ouvrage La sécurité sociale toujours en chantier, les éditions ouvrières, Paris, 1981.

Pour certains, c’est aux Etats-Unis qu’il faut attribuer la paternité de l’expression qui apparaît
pour la prière fois dans la loi du 14 août 1935 relative au Social Security Act.1

Pour d’autres, la paternité de l’expression revient plutôt à Simon BOLIVAR qui aurait
affirmé que « le système de gouvernement le plus parfait est celui qui engendre la plus grande
somme de bien être, la plus grande somme de sécurité sociale et la plus grande somme de
sécurité politique ».

Pour d’autres encore, le vocale serait né en Italie ou en Russie tantôt à l’occasion du Congrès
National du Parti des Travailleurs Italiens en 1894, tantôt avec le décret de la Révolution
socialiste le 31 octobre 1918.

D’autres encore pensent que ROBESPIERRE est le véritable père du mot. A la Convention
de 1792, ce dernier ne déclarait-il pas déjà que « la première loi sociale est celle qui garantit
à tous les membres de la société les moyens d’exister ». D’où son projet selon lequel, « la

1
J-P CHAUCHARD, J-Y KERBOUC’H, C. WILLMANN, Droit de la sécurité sociale, Paris, LGDJ Lextenso
éditions, 2013, 6ième édition, p.19.

2
société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du
travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’étant de travail ».

Pour d’autres enfin, la paternité de la sécurité doit revenir aux auteurs de la loi Néo-
zélandaise de 1938 qui a accordé pour la première fois à tous, salarié ou non une sécurité
minimale contre la maladie avec un système national de soins et de prestations financés par un
impôt sur le revenu.

La discussion n’est pas close. Mais elle a l’avantage de révéler une autre controverse celle de
la définition du vocale. Qu’est-ce que la sécurité sociale ?

Selon le Lexique des Termes juridiques, la sécurité sociale est « l’ensemble des régimes
assurant la protection de l’ensemble de la population contre les différents risques sociaux :
maladie, maternité, invalidité, vieillesse, accidents du travail et maladie professionnelles,
charges familiales »2.

SECTION II : NOTION DE RISQUE SOCIAL


Le risque social s’entend comme étant un événement, une éventualité inhérente à la vie
sociale dont la survenance emporte une diminution ou la perte de revenu ou un accroissement
des charges des familles.

Les risques sociaux, bien que très variés ont ceci de commun : ils ont tous, lorsqu’ils
surviennent, une incidence sur la situation économique des individus, qu’ils suscitent une
diminution des revenus ou, inversement un accroissement des dépenses.

La convention 102 de l’OIT, adoptée en 1952, précise les risques sociaux qu’un système de
sécurité sociale se doit au minimum de couvrir à savoir :

- soins médicaux;
- prestations de santé;
- prestations de chômage;
- prestations de vieillesse;
- prestations d’accidents du travail;

2
Lexique des termes juridiques, Dalloz, 15ième éd.,2005, p.568

3
- allocations familiales;
- prestations de maternité;
- prestations d’invalidité;
- prestations de survivants.

Le dénominateur commun de ces risques sociaux demeure la menace qu’ils font peser sur la
sécurité économique des individus.

SECTION III : OBJET DE LA SECURITE SOCIALE

La sécurité sociale a pour objet de créer au profit de toute personne un ensemble de garanties
contre un certain nombre d’éventualités susceptibles soit de réduire ou de supprimer leur
activité, soit leur imposer des charges supplémentaires. Les mécanismes de la sécurité sociale
visent donc à compenser l’aveugle injustice de la nature et de la vie économique par
l’application d’un système social rationnel et organisé.

SECTION IV : SECURITE SOCIALE ET PROTECTION


SOCIALE

Le terme « protection sociale » entendu comme l’ensemble des garanties et avantages


sociaux institués dans le but de fournir une aide sous différentes formes à toute la
population face aux risques sociaux auxquels elle est exposée, a une connotation beaucoup
plus vaste. Il englobe bien entendu le terme de « sécurité sociale » qui comprend les régimes
de base et les complémentaires obligatoires.

Franck PETIT explique que l’apparition de la protection sociale s’explique par les limites des
régimes de sécurité sociale, qui, à eux seuls, ne peuvent pourvoir aux objectifs de protection
contre les risques sociaux. Leurs actions ont donc été complétées par celles d’organismes de
droit privé ou public, qui se sont développés à l’extérieur du système de sécurité sociale, tels
que des mutuelles, des organismes d’assurances, des organismes de prévoyance
complémentaire, des employeurs, des collectivités territoriales, l’Etat etc 3.

3
Franck PETIT, Droit de la Protection Sociale, Paris, Gualina Lextenso éditions, 2014, 2ième édition, p.20.

4
Actuellement en Côte d’Ivoire, le Gouvernement a compris la nécessité de l’élargissement de
la couverture sociale aux populations occupées dans le secteur informel car le système de
sécurité sociale a été malheureusement constitué dans les limites du secteur formel et ne
couvre pas plus de 10% de la population.

La mutation du système de sécurité sociale ivoirien dont l’objectif est l’ouverture de la


sécurité sociale vers le secteur informel s’opère notamment à travers :

- la création d’un Ministère de la Protection Sociale ;


- la mise en œuvre d’une Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS) ;
- la mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU) ;
- le projet de régime des travailleurs indépendants ;
- le projet des filets sociaux productifs.

Cette mutation vise à construire progressivement un système de protection sociale afin que
toute la population puisse avoir accès à une prestation en cas de besoin ou de la survenue d’un
risque social.

SECTION V : TECHNIQUES DE PROTECTION SOCIALE


Les risques sociaux étant inhérents à la vie de l’homme, de tout temps, les hommes en société
ont toujours cherché à se protéger contre les difficultés et autres aléas de l’existence. En effet
si on regarde comment les membres d’une société essaient de se prémunir contre les effets de
la pauvreté, de la maladie, de la vieillesse, de la mort, on s’aperçoit qu’ils font appel en
fonction de leur niveau de connaissance et de culture, de leur pouvoir économique, à
différentes techniques de protection sociale. Ces techniques ont évolué même si aujourd’hui
encore des formules très anciennes de protection sociale existent. De façon progressive on
peut citer les anciennes formes de solidarité (P1), l’assistance publique ( P2), les assurances
privées (P3) et les mutuelles (P4) et les assurances sociales ( P5).

PARAGRAPHE I : LES ANCIENNES SOLIDARITES


Parmi les anciennes solidarités, on peut distinguer trois techniques de base pour se protéger
contre les risques sociaux. Ce sont : l’entraide familiale (A), la charité (B) et l’épargne (C).

5
A- L’entraide familiale
L’entraide familiale est bien la première forme d’organisation des hommes pour assurer leur
sécurité face aux risques sociaux. La famille étant la cellule de base de la société, l’entraide
familiale fut longtemps la seule méthode appliquée. Au sein de la famille ou même du clan ou
de la tribu, hommes et femmes, travaillant ou ne travaillant pas, jeunes et vieux repartissent
entre eux les tâches de la vie de tous les jours et restent ensemble des premiers balbutiements
de la vie jusqu’aux derniers soupirs.

C’est de dire que la famille est le lieu de protection : la famille est le lieu de protection de
l’individu quand il est en difficulté. L’avantage est que cela ne coute rien à l’Etat. Il y a une
solidarité dans les familles et l’Etat en profite, il incite à cette solidarité.

L’inconvénient : il faut une famille qui soit capable de vous secourir (assez de revenus pour
aider), cela suppose une configuration familiale très solide.

B- La charité
La charité comme l’entraide familiale est une technique de protection sociale aussi vieille que
le monde. Dès la naissance des sociétés primitives, on constate que même la famille très
organisée fermée sur elle-même accepte plus malheureux le reçoit pendant un moment donc
fait de la charité pour subvenir aux besoins de l’étranger. Les religions aussi diverses soient
elles affirment que la charité est une obligation morale. Dans certains cas l’obligation morale
va prendre une forme d’organisation collective. Des religieux en plus de l’enseignement de la
foi mettent en place des structures permettant par la charité (don, dime, zakat) de subvenir aux
besoins des plus déshérités.

C- L’épargne
Epargner, c’est mettre un peu de côté de ce que l’on produit ou un peu de ce que l’on gagne
afin de pouvoir faire face aux difficultés éventuelles quand la situation se détériore. C’est
essayer de s’accorder une marge de sécurité sociale. L’épargne est une technique de
protection sociale qui consiste pour l’individu, la famille, le clan, la tribu à mettre de côté des
aliments, de la monnaie pour subvenir à ses besoins ultérieurs. Dans ce sens, les hommes ont
conçu des greniers pour le stockage des produits de la récolte et bien plus tard dans les

6
économies évoluées, les coffres forts, les comptes d’épargne pour pouvoir subvenir plus tard à
leurs besoins.

PARAGRAPHE II : L’ASSISTANCE PUBLIQUE

L’assistance apparaît comme une forme plus élaborée d’organisation de la protection sociale
qui va se traduire par l’intervention d’une autorité publique (Etat, commune, conseil
régional).

La charité peut s’avérer insuffisante. Les familles peuvent être quelque peu égoïstes.
L’épargne est limitée à ceux qui possèdent suffisamment. Face à ces situations, les pouvoirs
publics vont admettre qu’il y a des problèmes sociaux. Afin de les atténuer, ils vont intervenir
et obliger la société (la collectivité) à venir en aide aux plus démunis. L’assistance devient
ainsi une nouvelle formule de protection sociale. L’assistance n’est toutefois pas un droit,
c’est une décision de l’autorité publique de subvenir aux besoins des nécessiteux. Dans ces
conditions la situation des bénéficiaires va dépendre pour beaucoup des critères d’octroi
définis par l’autorité. Le financement de l’assistance est assuré par l’impôt prélevé par l’Etat.
Dans l’assistance il n’y a aucun lien entre l’aide et l’effort contributif. Pas de cotisation.

PARAGRAPHE III : L’ASSURANCE PRIVEE


La formule de l’assurance privée est de mutualiser les risques pour gagner de l’argent. Les
compagnies d’assurances ont un marché qui leur a été confié et cela peut être l’accident de la
circulation mais aussi l’invalidité, la maladie etc…

Ce sont des contrats commerciaux qui doivent générer des bénéfices et ce contrat d’assurance
tient sur l’idée que l’assuré verse des primes et en contrepartie il aura une prestation. Il y a un
principe de proportionnalité entre la prime et le risque de survenu de l’évènement.

PARAGRAPHE IV : LA MUTUALITE
Les difficultés ou insuffisances des assurances privées ont expliqué le recours à d’autres
formes d’organisation de protection sociale telles que les mutuelles. Il s’agit dans ce cas non
plus d’adhérer volontairement à une compagnie d’assurance privée qui est quête de profit,
mais de créer un organisme dont l’objectif est de regrouper le maximum de personnes sans

7
qu’il y ait de but lucratif et sans qu’il y ait non plus d’obligation d’adhésion. La mutuelle
diffuse la charge du risque, c’est un organisme privé mais elle n’a pas but lucratif. Il y a
mutualisation mais il n’y a pas d’actionnaires. La grande différence entre les assurances et les
mutuelles : du côté des assurances on a des actionnaires, de l’autre on a des mutualistes.

PARAGRAPHE V : LES ASSURANCES SOCIALES


C’est Allemagne et à l’initiative de Bismarck qu’on voit naître entre 1883 et 1889 les
« assurances sociales ». Il s’agissait d’obliger une certaine catégorie de la population à entrer
dans un mécanisme d’assurance.

En effet, les assurances sociales sont obligatoires pour les employeurs comme pour les
salariés. Les premiers supportant cependant une cotisation plus élevée que les seconds. Les
prestations de sécurité sociales apparaissent alors comme un élément du salaire qui au lieu
d’être versé au salarié, est retenu par l’employeur et géré par une caisse qui lui est restitué
sous forme de prestations lors de la survenance d’un risque (notion de salaire indirect ou
différé). Dans cette conception qui est la plus ancienne, les assurances sociales se présentent
comme un type d’assurance obligatoire ayant pour objet la capacité de gain des salariés. Seuls
ces derniers en sont d’ailleurs les bénéficiaires (solidarité professionnelle) 4.

SECTION VI : ELEMENTS D’HISTOIRE DE LA


SECURITE SOCIALE

PARAGRAPHE I : EN ALLEMAGNE
Soucieux d’entraver l’essor des mouvements socialistes, Bismarck influencé par les doctrines
du socialisme d’Etat qui se fondaient sur une solidarité entre individus et classe d’une même
nation, entama une politique d’amélioration du sort des plus faibles5.

Le système est non seulement conçu pour porter remède à la misère ouvrière mais également
comme complément de l’œuvre d’unification politique par l’intégration des forces socialistes.

4
Franck PETIT, Droit de la Protection Sociale, Paris, Gualina Lextenso éditions, 2014, 2ième édition, p.32.
5
J-P CHAUCHARD, J-Y KERBOUC’H, C. WILLMANN, Droit de la sécurité sociale, Paris, LGDJ Lextenso
éditions, 2013, 6ième édition, p.34.

8
Cette politique d’intervention importante de l’Etat dans la vie économique va conduire à
l’adoption de lois6. Les lois suivantes ont été votées :

- la loi du 15 juin 1883 sur l’assurance maladie ;


- la loi du 6 juillet 1884 sur les accidents du travail ;
- la loi du 22 juin 1889 sur l’assurance, invalidité, vieillesse.

Plus tard ces lois seront complétées par d’autres étendant la protection à de nouveaux risques
sociaux (assurance chômage créée en 1929) ou à d’autres catégories socioprofessionnelles
(assurance invalidité et vieillesse pour les employés en 1911.

Les caractéristiques de l’assurance sociale en Allemagne sont7 :

- l’affiliation obligatoire pour tous les ouvriers dont les revenus annuels ne dépassent
par un certain plafond ;
- le financement est assuré par les cotisations sur salaire qui sont partagées entre le
salarié et l’employeur ;
- les prestations sont déconnectées du montant de la cotisations. Le principe,
essentiel pour les assurances privées, de proportionnalité de la prime au risque est
exclu en matière d’assurance sociale ;
- affirmation du principe contribution/rétribution/solidarité puisque le salarié à
travers le versement de sa cotisation, s’est garanti le bénéfice d’un droit social absolu,
celui de percevoir des prestations ;
- la gestion du système est confiée aux salariés et aux employeurs eux-mêmes.

PARAGRAPHE II : AU ROYAUNE UNI


Haut fonctionnaire, Lord Beveridge a qui le gouvernement anglais demanda un rapport
critique sur les mécanismes d’indemnisation des risques sociaux en vigueur à l’époque de la
seconde guerre mondiale, proposa un modèle. La doctrine du rapport tenait en une idée :
unifier et étendre le régime anglais des assurances sociales. Beveridge voit dans la sécurité
sociale un mécanisme ou une tentative de redistribution des revenus : il s’agit de prélever une
part de ces revenus sur les plus favorisés afin que soit redistribuée une prestation de base à ce
que les risques sociaux placent en situation de besoin. Tous les citoyens sont alors visés,
6
Franck PETIT, Op cit., p.56.
7
Franck PETIT, Op cit., p.57 et s.

9
travailleurs dépendants comme travailleurs indépendants mais aussi les inactifs. La sécurité
sociale se rapproche du droit fiscal puisqu’un mécanisme de correction des inégalités apparaît.
Le fondement de cette redistribution est encore la solidarité mais la solidarité de tous les
citoyens face aux difficultés.

La doctrine de Beveridge prit corps dans différentes lois à partir de 1945-1946. Il l’appelle la
doctrine des trois U :

- Universalité : système généralisé à l’ensemble de la population, quels que soient son


emploi et son revenu. Toute la population entre dans l’assurance ;
- Unité : création d’un service public unique qui gère toutes les prestations
- Uniformité : prestations identiques pour tous. Chaque fois que l’un des risques
envisagés se réalise, l’assurance verse des prestations uniformes.

PARAGRAPHE III : EN AFRIQUE


Au lendemain de la 2ème guerre mondiale, dans les instances internationales comme dans les
institutions internes, s’est affirmée une prise de confiance de plus en plus vive des droits de
l’homme à une sécurité sociale qui lui assure en toute circonstance les possibilités d’un
développement humain. Ces droits ont été proclamés dans des instruments internationaux.
L’organisation internationale du travail (OIT) a apporté à la sécurité sociale son contenu
juridique à travers la convention 102 (voir la recommandation 202 sur la sécurité sociale de
l’OIT) et c’est grâce à son action entre autres facteurs que le code du travail des territoires
français d’outre-mer a été promulgué le 15 décembre 1952.

Il renfermait déjà un corps d’éléments essentiels de sécurité sociale qui ont été adaptés à
l’évolution économique et sociale des pays africains. Par la suite toutes les jeunes nations ont
inscrit la sécurité sociale dans leur droit national cependant à la différence des pays d’Europe
occidentale, la sécurité sociale moderne en Afrique n’est pas née à la suite des revendications
des organisations syndicales. Les structures actuelles de la sécurité sociale ont été
‘’importées’’ par les anciens pays colonisateurs ; elles ont été plus ou moins adoptées au
cours de ces dernières décennies.

10
CHAPITRE I : LA CAISSE GENERALE DE RETRAITE DES
AGENTS DE L’ETAT

SECTION I : PRESENTATION DE LA CGRAE


La CGRAE a été créée en 1977 sous la forme d’un établissement public administratif.
Transformée en EPIC en 1992, en société d’État en 1997. Depuis 2012 elle a le statut d’IPS.

Elle a en charge la gestion des régimes de retraite et d’invalidité des agents de l’État et des
salariés du secteur public.

Dans sa forme actuelle, l’IPS-CGRAE a été créée par le décret n° 2012-367 du 18 avril 2012
portant création de l’Institution de Prévoyance Sociale Caisse Générale de Retraite des Agents
de l’Etat, en abrégé IPS-CGRAE.

L’IPS-CGRAE est une Institution de Prévoyance Sociale, régie à titre principal, par les
dispositions de la loi n° 99-476 du 02 août 1999, portant définition et organisation des
institutions de prévoyance sociale.

L’IPS-CGRAE est une personne morale de droit privé de type particulier. Elle est dotée d’un
fonds d’établissement de 10 000 000 000 FCFA.

L’IPS-CGRAE gère les sept régimes de pension ci-après :

- Le régime des fonctionnaires civils ;


- Le régime des militaires, gendarmes et policiers ;
- Le régime des magistrats ;
- Le régime des agents temporaires ;
- Le régime des ambassadeurs ;
- Le régime des anciens membres du Conseil Economique, Social, Environnemental et
Culturel ;
- Le régime des anciens membres du Gouvernement.

11
SECTION II : L’AFFILIATION A LA CGRAE
Selon l’article 72 du Statut Général de la Fonction Publique, le fonctionnaire est d’office
affilié à la CGRAE. Il supporte, par prélèvement sur son traitement, les retenues par les
règlements en vigueur. Comment peut-on définir le fonctionnaire ?

Pour l’article premier 1er alinéa du Statut Général de la Fonction Publique, les
fonctionnaires sont des personnes qui, nommées à titre permanent pour occuper un emploi
dans l’Administration centrale de l’Etat, les services extérieurs qui en dépendent et les
établissements publics de l’Etat, ont été titularisées dans un grade de la hiérarchie
administrative.

SECTION III : LES COTISATIONS A LA CGRAE

Pour bénéficier des prestations servies par la CGRAE, les fonctionnaires supportent une
retenue de 8,33 % sur leur traitement indiciaire. L’employeur verse également une cotisation
de 16.67 % du même traitement8.

La part salariale de la cotisation est précomptée sur le traitement ou la solde du fonctionnaire


lors de chaque paye. L’employeur verse l’ensemble des cotisations à la CGRAE.

En pratique, les cotisations sont collectées et versées à la CGRAE par le Ministère chargé du
Budget (Solde Civile), le Ministère charge de la Défense (solde militaire), les Etablissements
Publics Nationaux (EPA, EPIC) et les Organismes de l’Etat (Assemblée Nationale, Conseil
Economique et Social, Conseil Constitutionnel etc).

SECTION IV : PRESTATIONS SERVIES PAR LA CGRAE


En contrepartie de paiement des cotisations, la CGRAE verse à ses assurés, les prestations ci-
après :

8
Article 18 du décret n°2012-365 du 18 avril 2012 fixant les modalités d’application de de l’ordonnance
n°2012-303 du 04 avril 2012 portant organisation des régimes de pensions gérés par la caisse générale de retraite
des agents de l’Etat, en abrégé CGRAE.

12
- la pension de retraite ;
- le remboursement de cotisations
- l’allocation temporaire d’invalidité ;
- la solde de réforme ;
- la pension de réversion ;
- la rente viagère ;
- la pension temporaire orphelin.

SECTION V : LE CONTENTIEUX DE LA CGRAE


Ainsi qu’on le constate, les cotisations sociales dues à la CGRAE sont prélevées sur les
salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat par des structures étatiques et reversées par
celles-ci à la CGRAE. Pour cette raison, et contrairement à la CNPS qui fait face à un
abondant contentieux du recouvrement des cotisations, ce contentieux est inexistant à la
CGRAE.

L’autre particularité de la CGRAE est qu’elle fait face à un contentieux administratif en


raison de la qualité des personnes qui sont affiliées au régime qu’elle gère à savoir les
fonctionnaires et agents de l’Etat. L’étude du contentieux administratif nous conduira donc à
voir le recours administratif préalable (P 1) et le recours contentieux (P 2).

PARAGRAPHE I: LE RECOURS ADMINISTRATIF


PREALABLE

Après avoir étudié quelques généralités sur le recours administratif préalable (1) nous verrons
le recours administratif préalable exercé auprès de la CGRAE ( 2).

13
1- GENERALITE SUR LE RECOURS ADMINISTRATIF
PREALABLE

Le recours administratif préalable est régi par les articles 56 et suivant de la loi n° 94-440 du
16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le
fonctionnement de la Cour Suprême modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25
avril 1997.

Suivant l’article 57 de la loi susvisée, « les recours en annulation pour excès de pouvoir
formés contre les décisions des autorités administratives ne sont recevables que s’ils sont
précédés d’un recours administratif préalable ».

Le recours administratif préalable résulte :

a) soit d’un recours gracieux adressé à l’autorité dont émane la décision entreprise,

b) soit d’un recours hiérarchique porté devant une autorité administrative


hiérarchiquement supérieurs à celle dont émane la décision entreprise.

Le recours administratif préalable doit être formé par écrit dans un délai de deux mois à
compter de la notification de la décision entreprise9.

Tout recours administratif, hiérarchique ou gracieux, dont l’auteur justifie avoir saisi
l’administration et auquel il n’a pas été répondu par cette dernière dans un délai de quatre
mois est réputé rejeté à la date d’expiration de ce délai.

Si l’autorité administrative est un corps délibérant, le délai de quatre mois est prolongé, le
cas échéant, jusqu’à la fin de la première session légale qui suit le dépôt de la demande 10.

Le recours devant la Chambre administrative doit être introduit dans un délai de deux mois à
compter :

a)- soit de la notification du rejet total ou partiel du recours administratif ;

9 Article 58 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour
Suprême modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997.

10 Article 59 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la
Cour Suprême modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997.

14
b)- soit de l’expiration du délai de quatre mois est prolongé, le cas échéant, jusqu’à la
fin de la première session légale qui suit le dépôt de la demande, si l’autorité
administrative est un corps délibérant.11

2- LE RECOURS ADMINISTRATIF PREALABLE DE LA CGRAE

Il existe au sein du Conseil d’Administration de la CGRAE, une Commission de Recours


Gracieux chargée d’examiner, avant d’être soumises aux juridictions compétentes, les
réclamations formées contre les décisions prises par la Direction Générale de la CGRAE.

Le contrôle des décisions prises par la Direction Générale de la CGRAE relève de la


compétence du juge administratif.

Ainsi, dans les deux mois à compter de la date de notification de la décision de la Direction
Générale de la CGRAE, le fonctionnaire peut former un recours auprès du Président du
Conseil d’Administration de l’IPS-CGRAE.

Le Président du Conseil d’Administration de l’IPS-CGRAE va à son tour saisir la


Commission de Recours Gracieux de la demande.

La Commission de Recours Gracieux, qui est composée de quatre (4) administrateurs


membres du Conseil d’Administration de la CGRAE, va avec l’appui technique de la
Département Juridique de la CGRAE, émettre un avis favorable ou défavorable sur chaque
demande.

Comme à la CNPS, la Commission de Recours Gracieux de la CGRAE ne dispose pas d’un


pouvoir propre de décision. Elle fait entériner ses décisions par le Conseil d’Administration
de la CGRAE.

11 Article 60 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la
Cour Suprême modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997.

15
Le contentieux administratif étant déclenché par la saisine du Président du Conseil
d’Administration de l’IPS-CGRAE, celui-ci dispose d’un délai de quatre mois pour adresser
une réponse au fonctionnaire.

Deux hypothèses peuvent donc se présenter : soit le Président du Conseil d’Administration de


l’IPS-CGRAE répond dans le délai, soit il ne répond pas dans le délai. Dans la seconde
hypothèse, le fonctionnaire est obligé d’attendre que le délai de quatre mois s’écoule avant
de saisir le juge administratif. Ce délai de quatre mois est prolongé, le cas échéant, jusqu’à la
fin de la première session légale qui suit le dépôt de la demande12.

Le fonctionnaire qui souhaite engager un recours contentieux peut contester la décision


devant la juridiction compétente, dans le délai de deux mois à compter du rejet exprès ou
implicite.

La Chambre Administrative de la Cour Suprême a ainsi jugé que la saisine intervenue un an


après la décision implicite de rejet de la CGRAE était tardive et la requête irrecevable 13.

PARAGRAPHE II: LE RECOURS CONTENTIEUX


Nous verrons le recours en annulation pour excès de pouvoir (1) et le recours ordinaire de
pleine juridiction (2).

1- LE RECOURS EN ANNULATION POUR EXCES DE POUVOIR

Selon l'article 54 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition,


l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême modifiée et
complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997, la Cour Suprême dispose que la Chambre
Administrative connaît :

- des pourvois en cassation dirigés contre les décisions rendues en dernier ressort dans
les procédures où une personne morale de droit publique est partie.

12 Article 60 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la
Cour Suprême modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997.

13
CACS, 23 juillet 2014, ESSIGAN ASSOMOU MICHEL contre Directeur des Pensions de la CGRAE.

16
- en premier et dernier ressort, des recours en annulation pour excès de pouvoir
formés contre les décisions émanant des autorités administratives.

Le recours en annulation pour excès de pouvoir est un recours contentieux visant à faire
annuler par le juge un acte administratif illégal. C’est un recours par lequel on demande au
juge l’annulation d’une décision administrative en raison de l’illégalité dont elle est entachée.
Le REP est un procès fait à un acte. C’est à l’administration et non au juge qu’il appartiendra,
s’il y a lieu, de remplacer l’acte annulé14.

La Chambre Administrative connaît des REP formé contre les décisions prises par la CGRAE.
Elle a ainsi annulé pour excès de pouvoir une décision de la C.G.R.A.E. portant refus, de
payer à un fonctionnaire les allocations familiales de ses enfants de moins de 16 ans15.

Elle a également annulé la décision du directeur général de la CGRAE qui fait état de
malversations commises par un fonctionnaire sans en rapporter la preuve.

2- LE RECOURS ORDINAIRE DE PLEINE JURIDICTION

Selon l'article 56 de la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition,


l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême modifiée et
complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997, « le recours en annulation est irrecevable
lorsque les intéressés disposent, pour faire valoir leurs droits, du recours ordinaire de
pleine juridiction ».

Pour tout contentieux des indemnités, dommages intérêts, d’argent et de responsabilité, on ne


peut utiliser le REP mais le recours de pleine juridiction16.

Ainsi, la Chambre Administrative a jugé irrecevable, le recours en annulation d’un


fonctionnaire à la retraite visant à lui demander « d'ordonner au Ministre de la Fonction
publique de demander à la Caisse générale des Retraités de l'Etat (CGRAE) de payer au

14
KOBO Pierre Claver, Droit Administratif Général, éditions ABC, Abidjan, 2012, p.184.
15
CACS, 18 Avril 2007, ESSIGAN ASSOMOU MICHEL COME contre la CGRAE.
16
KOBO Pierre Claver, op. cit., p.189.

17
fonctionnaire les pensions échues du 1er novembre 1987 au 28 février 2002 », au motif qu’il
dispose du recours ordinaire de pleine juridiction pour une telle finalité 17.

La Chambre Administrative a également jugé irrecevable la requête, qui se borne à obtenir la


condamnation de la CGRAE au paiement d'allocations familiales18.

Ce type de demandes n’entrent pas dans le cadre d'application de l'article 54 de la loi susvisée
et ne relèvent pas en premier ressort de la Chambre Administrative qui ne peut les connaître,
en dernier ressort, que sur un pourvoi en cassation dirigé contre une décision rendue par les
juridictions de premier ou second degré.

En Côte d’Ivoire, l’organisation juridictionnelle moniste fait que les tribunaux de droit
commun (Tribunaux de 1ière Instance et Cour d’Appel) sont aussi compétents pour connaitre
les litiges administratifs. Ce qui fait que lorsqu’il est saisi, le juge d’instance et/ou de la Cour
d’Appel ont tendance à appliquer le droit civil à des litiges administratifs. Souvent, les
juridictions qui se conçoivent, à tort, comme des juridictions judiciaires se déclarent
incompétentes pour connaitre d’une affaire où l’Etat est partie (arrêt centaures routiers) soit
elles s’s’estiment compétentes mais appliquent le droit civil19.

Par ailleurs, il importe de préciser que les recours ordinaires de pleine juridiction ne sont
pas précédés d’un recours administratif préalable car suivant l’article 57 de la loi sur la Cour
Suprême, seuls les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les
décisions des autorités administratives doivent être précédés d’un recours administratif
préalable.

17
CACS, 22 novembre 2006, BEUGRE COIMELAN ANATOLE contre Ministère de la Fonction Publique.
18
CACS, 21 Mai 2008, KOUDOU BAGO Contre la CGRAE.
19
KOBO Pierre Claver, op. cit., p.33.

18
CHAPITRE III : LA MUTUELLE GENERALE DES
FONCTIONNAIRES ET AGENTS DE L’ETAT DE COTE
D’IVOIRE

SECTION I : PRESENTATION DE LA MUGEF-CI


La Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l’Etat de Côte d’Ivoire, en abrégé
MUGEF-CI a été créée par le décret n° 73-176 du 27 avril 1973. Elle a pour mission de
faciliter l’accès aux soins des fonctionnaires et agents de l’Etat.

A la suite de la décision du Gouvernement de se désengager de la gestion de la MUGEF-CI,


et à l’issue de l'Assemblée Générale Constitutive du 29 novembre 1989, la MUGEF-CI a été
transformée par les syndicats et associations de fonctionnaires, en une société de secours
mutuels et de prévoyance régie par la loi du 1er Avril 1898 relative aux en l'absence de
réglementation nationale propre régissant la mutualité sociale en Côte d'Ivoire.

Depuis juillet 2011, le règlement n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant


réglementation de la mutualité sociale au sein de l’UEMOA est entré en vigueur.

Ces nouvelles dispositions ont entrainé des changements profonds dans la gestion des
mutuelles sociales en Côte d’Ivoire. En 2012, la MUGEFCI a procédé à la mise en conformité
de ses textes de base avec la réglementation Communautaire.

La MUGEF-CI est actuellement donc régie par le règlement n°07/2009/CM/UEMOA du 26


juin 2009 portant réglementation de la mutualité sociale au sein de l’UEMOA.

En application de l’article 23 de ce règlement a été créée l’Agence ivoirienne de régulation


de la mutualité sociale (AIRMS) qui a pour objet de délivrer un agrément aux mutuelles
sociales et de tenir un registre national d’immatriculation.

Depuis sa création, l’AIRMS a donné son agrément à 29 mutuelles sociales. Il s’agit


principalement de mutuelles regroupant des fonctionnaires et des agents des services publics.

19
Leur objet est principalement de proposer une couverture maladie complémentaire, certaines
d’entre elles proposant également des plans « retraite » volontaires par capitalisation.

SECTION II : L’ADHESION A LA MUGEF-CI

Les adhérents de la MUGEF-CI sont :

- Les fonctionnaires et agents de l'Etat des Administrations, des Etablissements publics


et Para Publics Nationaux ;

- Les personnels des institutions nationales ;

- Les personnels des établissements publics ayant changé de statuts juridiques ;

- Les bénéficiaires d'une pension ou d'une allocation viagère de réversion de l'Etat ;

- Les enfants mineurs orphelins bénéficiaires d'une pension ou allocation viagère de


réversion de l'Etat ;

- Le conjoint ou la conjointe de l’adhérent (extrait d’acte de mariage) ;

- Les enfants à sa charge (enfants légitimes ou nés hors mariage et légalement reconnus
ou adoptés) à condition qu'ils soient âgés de 21 ans au plus quel que soit leur nombre.

SECTION III : LES COTISATIONS

Le taux de cotisation due au titre du régime général de base de la MUGEF-CI est fixé à 3%
du traitement de base avant retenue pour pension limités à l’indice 1000 ou de la pension de
base.

Le montant des cotisations varie selon les cas de 8 FCFA à 7004 FCFA maximum suivant
l’indice du fonctionnaire et de l’agent de l’Etat.

Les cotisations sont prélevées mensuellement sur leur traitement de base.

Les cotisations des fonctionnaires et agents de l’Etat civils payé sur le Budget général de
l’Etat sont collectées et reversées à la MUGEF-CI par la Solde Civile.

20
Les cotisations des militaires sont collectées et reversées à la MUGEF-CI par la Solde
Militaire.

Les cotisations des fonctionnaires et agents de l’Etat employés par les Etablissements Publics
ou les Organismes de l’Etat, sont collectées et reversées par ceux-ci à la MUGEF-CI.

Les cotisations des bénéficiaires de pensions de retraite et de rentes viagères gérées par l’IPS-
CGRAE sont collectées et reversées par l’IPS-CGRAE à la MUGEF-CI.

Il existe à ce jour environ 118 organismes cotisants à la MUGEF-CI.

SECTION IV : L’ARRIMAGE DE LA MUGEF-CI A LA


CMU

L’adoption de la loi instituant la CMU et la création de la CNAM a imposé une redéfinition


des missions de la MUGEF-CI.

En effet, suivant l’article 2 de la loi n°2014-131 du 24 mars 2014, la Couverture Maladie


Universelle (CMU) est un système obligatoire de couverture contre le risque maladie au profit
des populations résidant en Côte d’Ivoire.

Ainsi, toute personne résidant en Côte d’Ivoire est, de ce seul fait, obligatoirement assujettie
à la couverture maladie universelle.

Il s’ensuit que le seul régime légal obligatoire de couverture contre le risque maladie en Côte
d’Ivoire est celui de la CMU. En conséquence, tous les mécanismes de couverture du risque
maladie existants (assurances privées, mutuelles) relèvent de régimes complémentaires au
régime de base de la CMU.

De par les effets de cette loi, les fonctionnaires et agents de l’Etat se trouvent donc
obligatoirement assujettis à la couverture maladie universelle et doivent acquitter leurs
cotisations dues au titre de la couverture maladie universelle.

A- La désignation de la MUGEF-CI comme


Organisme Gestionnaire Délégué de prestations

21
La MUGEF-CI a su développer au fil des années, du métier en matière de gestion de
prestations de santé en faveur des fonctionnaires et agents de l’Etat. A ce titre et dans la cadre
de la CMU, Elle s’est vu confier la mission d’Organisme Gestionnaire Délégué des
prestations des fonctionnaires et agents de l’Etat.

B- La création d’un régime complémentaire au


régime de base de la CMU géré par la MUGEF-CI

Le décret n°2017-194 du 22 mars 2017 a institué un régime complémentaire au régime


général de base de la Couverture Maladie Universelle en faveur des fonctionnaires et agents
de l’Etat.

La création d’un régime complémentaire s’est justifiée par la nécessité d’une part, de
sauvegarder la solidarité entre les adhérents de la MUGEF-CI et d’autre part, de maintenir le
niveau de prestation offerte.

1- La sauvegarde de la solidarité entre les adhérents de la MUGEF-


CI

La cotisation due au titre de la couverture maladie universelle est fixée à 1000 (mille francs)
CFA par mois et par personne, quel que soit l’âge, alors que celle du régime de base de la
MUGEF-CI est proportionnelle (3%) aux salaires et pensions des fonctionnaires et agents de
l’Etat et varient de 8 (huit) FCFA à 7004 (sept mille quatre) FCFA suivant le revenu.

Selon une étude réalisée par la MUGEF-CI, une application stricte du principe de la cotisation
à la CMU entraînerait l’exclusion de certains adhérents et de leurs ayants cause et leur
basculement dans la précarité.

Afin d’éviter une telle situation, il a été proposé le maintien du principe de la cotisation
proportionnelle en vigueur à la MUGEF-CI. Ce maintien permettra à l’ensemble des
fonctionnaires et agents de l’Etat en activité ou à la retraite et à leurs ayants cause, d’avoir
accès à la fois aux prestations de la CMU et à celles de la MUGEFCI, sans aucune
augmentation de leurs cotisations.

22
2- Le maintien du niveau de prestation offerte aux fonctionnaires et
agents de l’Etat

Bien que le panier de soins de la CMU ait été conçu à partir des groupes de pathologies ayant
le plus d’impact sur la santé des ivoiriens, les prestations offertes, compte tenu de la modicité
de la cotisation (1000Frs) excluent, les pathologies chroniques ou lourdes en termes
d’intervention, telles que le diabète, l’hypertension artérielle et le cancer, qui sont prises en
charge par la MUGEFCI.

Pour éviter que l’instauration de la CMU entraîne un recul dans la prise en charge du risque
maladie des fonctionnaires et agents de l’Etat, il a été décidé de maintenir la MUGEFCI afin
qu’elle continue de prendre en charge les pathologies ne faisant pas partie du panier de soins
de la CMU.

C- Le Financement du régime complémentaire au


régime de base de la CMU, géré par la MUGEF-CI

En tenant compte du montant de la cotisation de la CMU (1000 frs CFA/mois/personne), la


cotisation mensuelle à percevoir par la CNAM au titre des fonctionnaires et agents de l’Etat
est déduite de la cotisation mensuelle globale perçue auparavant par la MUGEF-CI. Le solde
mensuel restant sert à financer le régime complémentaire de la MUGEF-CI.

L’Etat prend à sa charge cependant 50 % des cotisations CMU des fonctionnaires et agents
de l’Etat, de son époux et de six enfants, au maximum, qui n’ont pas encore atteint l’âge de
vingt et un ans accomplis.

SECTION V : PRESTATIONS SERVIES PAR LA MUGEF-


CI
Les prestations servies par la MUGEF-CI ont été définies par l’arrêté n°2019-083 MEPS du
24 septembre 2019 fixant les prestations assurées par la MUGEFCI au titre du régime
complémentaire au régime général de base de la CMU.

23
Le régime complémentaire ne prend en charge que les pathologies ne faisant pas partie du
panier de soins de la CMU.

Les composantes du panier de soins da la MUGEF-CI sont :la pharmacie, la dentisterie et


l’optique.

A- La pharmacie
Le panier comprend les médicaments traitants les affections non couvertes par la CMU tels
que les médicaments des affections chroniques (diabète, hypertension), du cancer, les
hépatites et vaccins.

B- La dentisterie

Le panier prend en compte tous les actes dentaires initialement pris en compte par la
MUGEF-CI mais non couvertes par la CMU tels que les prothèses dentaires.

C- L’optique
Le panier prend en charge les verres correcteurs et leurs montures.

Les adhérents de la MUGEF-CI s’acquittent d’un ticket modérateur fixé à 30 % pour avoir
accès aux prestations.

SECTION VI : LE CONTENTIEUX DE LA MUGEF-


CI

Les cotisations dues au titre de la MUGEF-CI par les fonctionnaires et agents de l’Etat sont
prélevées mensuellement sur leur traitement de base.

Ces cotisations sont prélevées par des structures étatiques et reversées par celles-ci à la
MUGEF-CI. Pour cette raison, et comme à la CGRAE, et contrairement à la CNPS qui fait

24
face à un abondant contentieux du recouvrement de ses cotisations, ce contentieux est
inexistant à la MUGEF-CI.

La fourniture des prestations peut donner lieu à des litiges qui sont réglés soit en phase
précontentieuse (P 1) ou en phase contentieuse (P 2).

PARAGRAPHE I: LE PRECONTENTIEUX

Il y a lieu de distinguer le précontentieux des litiges nés des relations avec le pharmacien
conventionné ( 1) de ceux nés des relations avec le praticien prescripteur référent ( 2) ou des
relations avec les bénéficiaires (3).

1- Le précontentieux des litiges nés des relations avec le


pharmacien conventionné

Des prestations qu’offre la MUGEF-CI à ses adhérents et à leurs ayant droits, la fourniture de
produits pharmaceutiques représente une proportion significative. Cette fourniture se fait sur
la base d’une convention qui détermine les conditions et modalités de fourniture de produits
pharmaceutiques par le pharmacien aux bénéficiaires des prestations de la MUGEF-CI.

Le pharmacien titulaire d’officine qui veut collaborer avec la MUGEF-CI doit introduire
auprès de la celle-ci, une demande agrément. Si elle est accordée, le pharmacien et le
Directeur Général de la MUGEF-CI signent la convention. On dit que le pharmacien est
conventionné.

Après la fourniture de produits pharmaceutiques par le pharmacien conventionné, et aux fins


de règlement, il doit transmettre contre décharge, les bons sous bordereaux récapitulatifs à la
MUGEF-CI dans un délai maximum de trente (30) jours, à compter de la date de fourniture.

25
Le remboursement au pharmacien de la part prise en charge par la MUGEF-CI est effectué
après le traitement de celle-ci, des dossiers de règlement qui lui sont directement transmis.

Le remboursement au pharmacien de la part prise en charge par la MUGEF-CI doit intervenir


quarante cinq (45) jours à compter de la fin du mois de dépôt.

En cas de contestation, le Pharmacien dispose d’un délai de trente (30) jours à compter de la
date de réception de la lettre de redressement pour faire ses réclamations ; passé ce délai, elles
sont irrecevables.
Les réclamations sont adressées par écrit au Directeur Général de la MUGEF-CI.

Les fraudes commises par un pharmacien conventionné sont préalablement soumises par la
MUGEF-CI à la commission de conciliation qui peut statuer sur les propositions de
règlement à l’amiable ou de sanctions graduées ci-après :
- Avertissement ;
- Retrait temporaire de l’agrément MUGEF-CI ;
- Retrait définitif de l’agrément MUGEF-CI ;
- Traduction en Conseil de discipline des instances professionnelles.

La commission de Conciliation est composée comme suit :


- trois représentants de la MUGEF-CI ;
- le pharmacien conventionné ;
- le représentant du Syndicat des Pharmaciens Privées de Cote d’Ivoire ;
- le représentant du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens.

2- Le précontentieux des litiges nés des relations avec le


praticien prescripteur référent

Dans le cadre de la mise en place d’un dispositif de suivi et de contrôle de la fourniture des
prestations, la MUGEF-CI a opté pour la mise en place d’un réseau de praticiens dits
«Praticiens Prescripteurs Référents».

26
Seuls ces Praticiens Prescripteurs Référents peuvent prescrire des ordonnances. Une
convention fixe le cadre de la collaboration entre la MUGEF-CI et chaque Praticien
Prescripteur Référent. Ces conventions sont conclues intuitu personae. Elles ne peuvent pas
être cédées, ni sous-traitées.

Pour compenser le service supplémentaire effectué par le Praticien Prescripteur Référent,


celui-ci percevra de la part de la MUGEF-CI, une rétribution dont le montant est déterminé
d’accord parties comme suit :
- 200 francs par bon émis par un guichet MUGEF-CI,
- 300 francs par bon manuel émis par lui après interrogation via le téléphone cellulaire
de la base de données de la MUGEF-CI.

La rétribution fait l’objet de règlement 45 jours suivant la fin de mois de dépôt du bordereau
récapitulatif.

Dans leurs relations, les parties s’engagent à régler à l’amiable tout litige qui surviendrait
entre elles dans le cadre de l’exécution de la convention avant tout recours juridictionnel.

3- Le précontentieux des litiges nés des relations avec le


bénéficiaire

Le bénéficiaire des prestations de la MUGEF-CI est soumis aux divers contrôles prescrits
par le Règlement Intérieur de la mutuelle sociale. En cas de refus, les prestations sont
suspendues jusqu’à ce le contrôle soit rendu possible. Cette sanction est notifiée à l’intéressé.

Il peut être fait appel de la décision prise. Dans ce cas, un recours dûment motivé doit être
adressé par lettre recommandée au Président du Conseil d’Administration dans un délai de
trente (30) jours à compter de la date de la notification de la décision.

Le Président du Conseil d’Administration dispose d’un délai de trente (30) jours pour
donner suite à l’appel.

27
En cas de fraude constatée, le Directeur Général de la MUGEF-CI peut prononcer la
privation temporaire des droits du membre participant pour une période de trois à neuf mois,
assortie du remboursement du montant des prestations indûment payées20.

En cas de récidive, le Directeur Général de la MUGEF-CI prononce soit une nouvelle


privation temporaire pour une période de douze mois, assortie du remboursement des
prestations indûment payées, soit proposé au Conseil d’Administration l’exclusion définitive
du membre participant.

Il importe de préciser que la privation du membre participant entraîne celle de tous les ayants-
droit.

La notification d’une décision de privation temporaire ou d’exclusion est envoyée à l’adresse


du membre participant, par lettre recommandée avec accusé de réception.

En cas d’exclusion ou de privation temporaire des droits, la cotisation continue d’être


normalement prélevée sur le traitement du membre participant :
- Pendant un an à compter du mois suivant celui de la date de décision s’il s’agit d’une
exclusion ;
- Durant toute la période concernée s’il s’agit d’une privation temporaire des droits.

En aucun cas la privation ou l’exclusion ne donne droit au remboursement des cotisations déjà
versées par le membre participant.

La réadmission éventuelle d’un membre participant exclu ne peut être prononcée qu’une seule
fois.

En cas de privation ou d’exclusion, les cartes du membre participant et de tous ses ayants-
droit doivent être retournées immédiatement à la MUGEF-CI par lettre recommandée. Toute
utilisation de carte pendant une période de privation ou d’exclusion entraîne le

20
Article 70 et suivants du Règlement Intérieur de la MUGEF-CI

28
remboursement à l’amiable ou par voie judiciaire du double des paiements effectués à tort par
la MUGEF-CI à tout fournisseur.

PARAGRAPHE II: LE CONTENTIEUX


Nous distinguerons le contentieux ordinaire (1) des autres types de contentieux ( 2).

1- Le contentieux ordinaire

Dans son expression la plus dépouillé, il s’agit ici du contentieux des litiges nés des
conventions liant la MUGEF-CI au pharmacien conventionné, au praticien prescripteur
référent ou au bénéficiaire de ses prestations.

Les litiges nés des relations de la MUGEF-CI avec le pharmacien conventionné, le praticien
prescripteur référent ou le bénéficiaire n’ayant pas fait l’objet de conciliation ou de règlement
amiable d’un litige, sont soumis par la partie la plus diligente au Tribunal de Première
Instance.

2- Les autres types de contentieux

Les prestataires de soins collaborant avec la MUGEF-CI ou encore la CNAM doivent exercer
leur activité dans le respect des obligations légales.

Aussi, les prestataires de soins qui ne respectent pas lesdites obligations s’exposent à des
sanctions pénales, administratives et disciplinaires.

Les sanctions disciplinaires sont prononcées par les ordres professionnels à savoir l’Ordre
national des médecins, l’Ordre national des pharmaciens et l’Ordre national des chirurgiens-
dentistes.

29
Ainsi, la loi n°60-284 du 10 septembre 1960 qui institue un Ordre national des médecins
groupant obligatoirement tous les médecins habilités à exercer leur art en Côte d’Ivoire 21,
dispose que « le Conseil Départemental à pouvoir disciplinaire sur les membres »22.

Il existe dans chaque département sanitaire de la Côte d’Ivoire un Conseil Départemental de


l’Ordre des Médecins. La ville d’Abidjan est assimilée à un département sanitaire23.

Les peines disciplinaires que le Conseil Départemental peut appliquer sont les suivantes :

- l’avertissement ;
- le blâme ;
- l’interdiction temporaire ou permanente d’exercer une, plusieurs, ou la totalité des
fonctions médicales conférées ou rétribuées par l’Etat, les départements, les
communes, les établissements reconnus d’utilité publique ou des fonctions médicales
accomplies en application des lois sociales ;
- L’interdiction temporaire d’exercer la médecine, cette interdiction ne pouvant excéder
trois années ;
- la radiation du Tableau de l’Ordre24.

21
Article premier de la loi n°60-284 du 10 septembre 1960 portant création d’un Ordre National des Médecins
de la République de Côte d’Ivoire.
22
Article 14 de la loi n°60-284 du 10 septembre 1960 portant création d’un Ordre National des Médecins de la
République de Côte d’Ivoire.
23
Article 3 de la loi n°60-284 du 10 septembre 1960 portant création d’un Ordre National des Médecins de la
République de Côte d’Ivoire.
24
Article 36 de la loi n°60-284 du 10 septembre 1960 portant création d’un Ordre National des Médecins de la
République de Côte d’Ivoire

30
31

Vous aimerez peut-être aussi