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Alassane OUATTARA
INTRODUCTION
Le droit de la fonction publique constitue une branche du droit administratif dédiée à
lorganisation et au fonctionnement des relations demplois particulières que développent les
employeurs chargés de missions dintérêt général avec leurs agents . Si le droit de la fonction
publique fait partie du droit administratif, il a acquis, cependant, suffisamment dautonomie
pour justifier quil soit traité à part.
Comme les entreprises privées, les personnes publiques (Etat ou collectivité
territoriale) disposent, pour employer un langage contemporain, de « ressources humaines »
qui conduisent concrètement les tâches qui leur incombent 1. Sous le bénéfice de cette
présentation, le droit de la fonction publique constitue mutatis mutandis le droit du travail de
l'administration.
Il convient cependant de ne pas confondre droit de la fonction publique et droit du
travail. En droit du travail, la base de la relation juridique est le contrat, sous la forme
individuelle du contrat de travail et sous la forme collective des conventions collectives. En
revanche, dans la fonction publique, les agents publics ou fonctionnaires sont dans une
situation statutaire et règlementaire, d’après la formule employée dans la loi et dans
la jurisprudence.
Sous ce rapport, le droit de la fonction publique est entendu comme désignant les
règles applicables aux agents publics ou aux fonctionnaires et à leur activité professionnelle.
Ce droit est caractérisé par sa complexité et la grande variété des normes applicables et des
situations. Ainsi, parmi les agents de ladministration, il faut faire une place à part aux
fonctionnaires, agents nommés dans un emploi permanent et titularisés dans un grade de la
hiérarchie administrative ; et qui sont, vis-à-vis de ladministration, dans une situation légale
et règlementaire.
Pourtant, par abus de langage, lexpression « fonction publique » est utilisée pour
désigner l’ensemble des personnels qui incarnent l’administration 2. Il convient, en réalité,
dexclure les personnes qui noccupent pas de fonctions administratives à titre professionnel . Il
en va ainsi de ceux qui occupent des fonctions politiques, dévolues par l élection ou la
nomination, les collaborateurs occasionnels de ladministration et les officiers ministériels.
En fait, dans une approche juridique stricte, la fonction publique se caractérise par
deux principaux points :
Elle regroupe tous ceux qui occupent à titre professionnel des fonctions
administratives cest-à-dire ceux qui exercent à titre permanent une activité
dintérêt général au service de lÉtat ou des autres collectivités publiques ;
1
Jean-Marie AUBY ; Jean-Bernard AUBY, Didier JEAN-PIERRE, Antony TAILLEFAIT, Droit de la fonction
publique, Etat-collectivités locales-hôpitaux, Dalloz, 2005, p.4.
2
Roger GREGOIRE, La fonction publique, Dalloz, paris, 2005,p.11.
97
Ce personnel chargé de la marche des services publics sest considérablement accru au
fil des années. En 2023 le nombre de fonctionnaires en Côte d’Ivoire est de 247.161. Le
besoin de recrutement s’élève à 39013. En fait, tant que l État se bornait à ses fonctions
régaliennes, un nombre restreint dagents suffisait à faire face à ses tâches. Toutefois,
linterventionnisme de lÉtat en matière économique et sociale a occasionné une augmentation
du nombre de personnes chargé de faire fonctionner le service public. Ces agents des services
publics sont subordonnés au gouvernement. LAdministration doit ainsi exécuter la décision
du pouvoir politique.
Très longtemps, cette considération a paru tellement primordiale qu on avait estimé
que les agents devaient être choisis en fonction des critères politiques. Cependant, tout en
maintenant la subordination de lAdministration au pouvoir politique d autres considérations
sont apparues. En effet, la nécessité de protéger lagent contre les abus du pouvoir politique, la
volonté de lui assurer une certaine sécurité dans son emploi d une part, le développement des
idées démocratiques liée à la reconnaissance du droit syndical et le principe de l égale
admissibilité aux emplois publics dautre part, entrainent un recrutement davantage fondé sur
les capacités que sur les choix politiques3.
La subordination hiérarchique, qui reste un élément fondamental de la fonction
publique, a donc été atténuée pour éviter sa politisation excessive. D ailleurs, cette situation
était devenue inévitable en raison du fait que les agents sont devenus beaucoup plus
nombreux, remplissant souvent des fonctions techniques. On peut aussi noter la participation
des syndicats et des responsables de personnel aux décisions portant sur la carrière des
fonctionnaires.
Apprécier tous ces enjeux passe par lévocation théorie générale de la fonction
publique (partie I). Un tel examen nous conduira logiquement à mettre le curseur sur la
fonction publique ivoirienne (partie II)
97
Dans tous les pays, sans distinction de système politique, économique et social, l État
réalise son action par le truchement des services publics. GASTON JÈZE affirmait en effet
que « la fonction publique demeure tout entièrement vouée à la réalisation des missions de
services publics dont elle a la charge »4.
Entendue dans son sens le plus large, lexpression « Fonction publique » désigne
lensemble des agents qui est à la disposition des pouvoirs publics pour assurer la marche des
services publics. Il importe de noter qu’il existe plusieurs systèmes de fonction publique.
Avant lexamen de ces systèmes, il convient de préciser davantage la notion et
lenvironnement de la fonction publique. Mais, lexamen de la notion autant que celui de
lenvironnement de la fonction publique nest pas suffisant pour épuiser la théorie générale de
la fonction publique. Pour en avoir une vue complète, les bases juridiques de la fonction
publique seront examinées.
CHAPITRE I : NOTION ET ENVIRONNEMENT DE LA FONCTION PUBLIQUE.
La fonction publique occupe aujourdhui une place importante au sein de la
communauté nationale dans la mesure où elle est indissociablement liée aux interventions et à
lexercice du pouvoir de lÉtat. Évoquer la notion de fonction publique revient à définir à la
fois la fonction publique et ceux qui l’animent, les fonctionnaires. A la suite de cet exercice
de définition, il conviendra de mettre en évidence, les éléments de l environnement dans
lequel sinsère ou prend place concrètement lexécution de ces missions.
SECTION I : LA NOTION DE FONCTION PUBLIQUE.
Le recrutement des fonctionnaires est le premier et le plus indispensable des moyens
de gestion des services publics, en ce sens que la fonction publique ne peut assumer sa
mission que grâce à des fonctionnaires. Ce postulat invite à préciser les notions de fonction
publique et de fonctionnaire. Ce préalable réglé, il sera aisé d appréhender les systèmes de
fonction publique.
PARAGRAPHE I : LA NOTION DE FONCTION PUBLIQUE ET DE
FONCTIONNAIRE
L'expression « fonction publique » est susceptible de diverses significations. Considérée
dans un sens large, elle désigne l'ensemble du personnel utilisé par les collectivités publiques
pour assurer le fonctionnement des services publics. En fait, la fonction publique désigne à la
fois une institution, un personnel et un ensemble de mission qui ont en commun de relever de
ladministration publique, On verra cependant que ce personnel n'est pas soumis à un régime
juridique uniforme. Employée dans un sens plus étroit, l'expression désigne la catégorie
d'agents publics que sont les fonctionnaires. Préciser la notion de fonction revient à mettre
en exergue ses aspects généraux, un tel exercice permettra de saisir celle de fonctionnaire.
A- Les caractères généraux de la Fonction publique
Pour assurer sa mission, la personne publique fail appel à un personnel. Dans cette
perspective, la fonction publique peut être assimilée à ce personnel. Il importe alors de mettre en
lien fonction publique et personnel de ladministration. Ce personnel, notamment les
fonctionnaires sont soumis à un régime dérogatoire du droit commun du travail. Cette situation
nous conduit à mettre en rapport la fonction publique et les relations de travail.
1-Fonction publique et personnel de ladministration
4
Gaston JEZE, Les principes généraux du droit administratif, Paris, Dalloz, Tome II, 2004, p.11.
97
La fonction publique sassimile à lensemble du personnel de l Administration. Ce
personnel est soumis à un régime juridique variable en fonction des liens unissant l’agent à
l’administration : situation de type « statutaire » ou lien de nature contractuelle.
En fait, dans une assertion ou conception étroite, la fonction publique peut être
appréhendée comme ne désignant que les seuls agents publics, voire même, parmi ceux-ci, les
seuls qui ont acquis la qualité de fonctionnaire. Sous ce rapport, certaines catégories d’agents
sont exclues de la fonction publique alors même quelles effectuent des tâches pour le service
public.
Cest dabord le cas de la catégorie de personnel quon qualifie de politique. Ne font
pas partie de la fonction publique, toutes les autorités politiques, qu elles soient nationales ou
locales. En conséquence, le chef de lEtat, les membres du Parlement et les élus des
collectivités territoriales sont étrangers à la fonction publique. L exercice de leur fonction
« publique » par toutes ces personnes nest pas fait à titre professionnel. En réalité, il n y a pas
de profession de chef de lEtat, de député ou de maire.
Il importe de signaler que le cadre dexercice de l activité de ce personnel est le service
public. En effet, pour faire partie du personnel de ladministration, il est nécessaire d être
employé dans un service public. Cette exigence conduit à exclure de la fonction publique les
diverses catégories de collaborateurs externes de l administration. Il s agit principalement des
fournisseurs de ladministration, des entrepreneurs, des concessionnaires de service public qui
ont en commun dentretenir une collaboration étroite avec l administration et participent à
lexécution des taches dintérêt public. On peut citer tous les officiers ministériels : notaires,
commissaires de justice. Bien que toutes ces personnes soient investies de leur office par une
décision de lautorité administrative et apportent leur concours au service public de la justice.
En fait, elles ne sont que des collaborateurs statutaires de ladministration.
2- Fonction publique et relation de travail
La fonction publique correspond à une activité de nature originale si on la rapproche
d’autres, activités dont la caractéristique réside dans une collaboration permanente et
professionnelle à laction des pouvoirs publics administratifs. Une telle situation appelle
soumission des fonctionnaires à un régime juridique dérogatoire au droit commun.
Lexpression « particularisme de la fonction publique » utilisée par Roger Grégoire 5 traduit
lidée que le droit de la fonction publique sêtre construit par soustraction au droit commun du
travail, en marge de ce dernier. Trois raisons au moins ont conduit à ce choix.
Première raison, le caractère embryonnaire du droit commun du travail, donc insusceptible
dapporter aux fonctionnaires la protection recherchée, lorsque la question d un statut de la
fonction publique sest posée en France, dès le milieu du XIXe siècle.
Deuxième raison, une certaine conception de lÉtat excluant tout type d assimilation des
agents de lÉtat à ceux du secteur privé, avec en arrière-plan le spectre de la négociation
collective et du droit syndical, voire du droit de grève.
La troisième raison est dordre juridique ; elle tient au principe posé dès 1790 dune
séparation stricte des pouvoirs, interdisant aux tribunaux judiciaires de se mêler de l action
administrative, ce qui conduisait naturellement à soustraire les fonctionnaires au juge
ordinaire et à les soumettre à un juge et un droit spécifique.
Le particularisme de la fonction administrative est marqué par un certain nombre de
principe régissant les relations de travail au sein de la fonction publique. Il sagit :
5
Roger GREGOIRE, La fonction publique,p.26.
97
-du principe de la neutralité politique : La neutralité sexplique par le fait que les
fonctionnaire sont au service de lintérêt général . deux conséquences intimément liées peuvent
être tirées de cette situation.
La première cest que la neutralité politique gouverne les relation entre gouvernants et
fonctionnaires. Les fonctionnaires ne sont pas au service dun gouvernement particulier . Cest
pourquoi la fonction publique survit au gouvernement successif. Les fonctionnaires incarnent
la permanence de ladministration. Celle-ci doit être neutre dans l accomplissement de sa
mission. Cette neutralité est une exigence dans les rapports avec les administrés.
Deuxièmement politique simpose aux fonctionnaires eux-mêmes. Chargé dexécuter
les décisions politiques des représentant du peuple, les fonctionnaires doivent observer une
loyauté vis-à vis des gouvernants. Au surplus, les fonctionnaires sont tenus à une obligation
de réserve et de neutralité dans lexpression de leur opinion
-le principe hiérarchique
Le principe hiérarchique est une caractéristique de l’organisation administrative. Il se
traduit par lexercice dune autorité qui suppose une structure pyramidale des tâches et des
rapports de subordination entre ceux qui les accomplissent. Chaque supérieur dispose en
effet d'un ensemble de prérogatives qui correspondent à l'organisation et à la direction
du service, à la manière dont les agents qui en dépendent doivent exercer leur fonction et
au contrôle des actes juridiques pris par eux. Le pouvoir d'instruction et de contrôle du
supérieur hiérarchique sur les subordonnés s'exerce dans le cadre des compétences telles
qu'elles sont fixées par les textes. Autrement dit, la subordination ne repose pas sur des
liens de dépendance personnelle. C est en cela que Gaston JEZE affirmait : « Les agents
font leur devoir, non pour contenter leur chef mais pour assurer le fonctionnement
régulier et continu du service public. Le fonctionnement continu et régulier du service,
violà l idée qui doit inspirer toute l activité des agents publics »6. La subordination
résulte d'un système de règles impersonnelles et objectives qui déterminent les fonctions
et la conduite des agents. Ceux-ci ne sont tenus d'obéir que dans le cadre des obligations
de fonction. L'obligation d'obéissance hiérarchique représente dès lors une subordination
globale au service public et à l'intérêt général. (Sur l affirmation et la portée du pouvoir
hiérarchique voir les commentaires du Professeur BLEOU Martin sous l arrêt CSCA,
Dame NEMEHOU née KINDA Assiata Opportune, Les grands arrêts de la jurisprudence
administrative ivoirienne).
La notion de fonction publique qui vient dêtre définie est intimement liée à celle de
fonctionnaire quil convient de préciser maintenant.
B- Le fonctionnaire
Pour assurer lexécution des tâches qui leur sont confiées, les personnes publiques
utilisent une masse considérable d’agents. Selon une vue sommaire, tous ces collaborateurs de
lAdministration sont des fonctionnaires. Est fonctionnaire « tout homme dont on suppose la
rémunération prélevée sur les contribuables ou sur les usager »7. En réalité, il nen est rien en
ce que lAdministration utilise les services de personnes dont les régimes juridiques sont très
variés. Il convient dès lors, pour préciser la notion de fonctionnaire, d établir au préalable une
double distinction
-distinction entre salariés de droit commun et agents publics
6
Gaston JEZE, Les principes généraux du droit administratif, p.11.
7
Roger GREGOIRE, La fonction publique,p.11.
97
-distinction des agents publics fonctionnaires et des agents publics non fonctionnaires.
1-Distinction salariés de droit commun et agents publics
97
Pour Maurice HAURIOU, « on peut considérer comme fonctionnaires tous ceux qui,
en vertus dune nomination de lautorité publique, sous le nom de fonctionnaires, employés,
agents ou sous-agents, occupent un emploi dans les cadres permanents d un service régit par
lEtat ou les autres administrations publiques »8.
La notion de fonctionnaire est précisée par la loi n°92-570 du 11 septembre 1992
portant statut général de la Fonction publique reprend cette conception. Aux termes de
larticle premier « sont fonctionnaires les personnes qui, nommées à titre permanent pour
occuper un emploi dans lAdministration centrale de l État, les services extérieurs qui en
dépendent, les établissements publics de lÉtat, ont été titularisées dans un grade de la
hiérarchie administrative ». Il ressort de cette définition, des éléments importants qui
permettent de caractériser le fonctionnaire.
-La nomination pour occuper un emploi dans ladministration
Le fonctionnaire occupe un emploi dans ladministration publique. Seuls ces
fonctionnaires peuvent être nommés de façon unilatérale par l administration. Une telle
situation permet dexclure dans la qualité de fonctionnaire, des agents contractuels qui
exercent dans ladministration et même dans le secteur privé.
-La permanence de lemploi
La permanence de lemploi constitue un élément fondamental. Il existe dans les
diverses administrations, des emplois publics qui sont des postes de service ayant une
existence objective, indépendamment de celui qui en est le titulaire. Par permanence de
lemploi, on entend aussi bien lexistence de lemploi créé à titre permanent que la permanence
de loccupation demploi. Ainsi, loccupant non fonctionnaire permanent d un emploi même
permanent na pas la qualité de fonctionnaire.
-La titularisation
Après avoir été nommé en qualité de fonctionnaire stagiaire, à la suite d un concours
réussi ou dune promotion interne, et sil a fait preuve, au cours de son stage des aptitudes
professionnelles requises pour lexercice de ses fonctions, l agent est titularisé à la fin de son
stage. La titularisation est donc la décision qui intervient ultérieurement et de façon explicite
après lentrée du fonctionnaire à la fonction publique . Avant dêtre titularisé, le fonctionnaire
doit effectuer un stage probatoire. Ce stage est généralement d une année. Il est en période
dapprentissage des fonctions auxquelles les agents sont destinés et au cours de laquelle ils
doivent faire preuve de leur aptitude à ces fonctions. A l issue de stage, si les résultats sont
probants, le fonctionnaire stagiaire est titularisé. Dans le cas contraire, il lui est accordé une
seconde année. La titularisation confère au fonctionnaire un statut c'est-à-dire la garantie de
lemploi, donc une situation stable et protégée qui s améliore par le déroulement régulier de sa
carrière jusquà son terme : la retraite à moins dun incident, parcours (révocation, invalidité).
Ces éléments permettant de saisir le fonctionnaire présente un intérêt.
b-Lintérêt de la distinction
Les fonctionnaires sont soumis à un statut législatif et réglementaire qui détermine
leurs droits et obligations. Si de par leur situation ils doivent subir toutes les modifications
que pourra subir leur statut, celui-ci leur confère, en revanche, une grande stabilité d emploi et
de nombreuses garanties de carrière. Sagissant des agents contractuels, une évolution notable
a été opérée depuis larrêt CSCA du 22 juillet 2015, Etat de Côte dIvoire c/ Tabley Dedy
Raphael Axel.
8
Maurice HAURIOU, Précis de droit administratif et de droit public, paris, Dalloz, p.729.
97
Avant cet arrêt, la situation du personnel est indifférente selon la nature du service
public. Le droit ivoirien navait pas tiré toutes les conséquences juridiques de la distinction
service public administratif et service public industriel et commercial. En d autres termes, la
distinction agent contractuel de droit public (agent public) et agent contractuel de droit privé
était totalement ignorée. En conséquence, le personnel des services publics quel que soit sa
nature se composait indifféremment de fonctionnaire et dautres agents temporaires ou agents
contractuels. Ces derniers relevaient tous du droit privé. En fait, le droit de la fonction
publique ivoirienne ne retenait quune seule catégorie dagent public, le fonctionnaire.
Cest à cette situation que larrêt de la CSCA du 22 juillet 2015, Etat de Côte
dIvoire c/ Tabley Dedy Raphael Axel va mettre fin. Le juge décide en effet que « monsieur
TABLEY Dedy Raphaël Axel, qui participait directement au fonctionnement et à l exécution
de la mission de service public de la Présidence de la République, avait la qualité d agent
public lié à lEtat de Côte dIvoire par un contrat administratif, échappant donc à l application
du code du travail, la Cour dAppel a violé larticle 2 alinéa 3 susvisé dudit code ». La notion
de fonction publique et de fonctionnaire saisie, on peut logiquement évoquer les systèmes de
fonction publique.
PARAGRAPHE II- LES SYSTEMES DE FONCTION PUBLIQUE
Selon les États, selon les régimes politiques et administratifs, diffèrent les conceptions
de la fonction publique. Les spécialistes de droit comparé distinguent, dans un souci de
simplification, deux modèles antithétiques, deux pôles extrêmes, que l on appellera avec eux
fonction publique à structure ouverte et fonction publique à structure fermée :
- Fonction publique à structure ouverte (système de lemploi)
- Fonction publique à structure fermée (fonction publique de carrière)
A- Le système de lemploi
Mettons dabord en exergue les traits caractéristiques de ce système avant de voir ses
effets.
1-Les traits caractéristiques du système de lemploi
Le système de l'emploi part de l’idée que l'administration publique ne présente
pas de spécificité par rapport aux entreprises privées. La fonction publique est
assimilable à une entreprise privée. Elle recrute et gère son personnel dans les mêmes
conditions que les entreprises commerciales ou industrielles du secteur privé. Sous ce
rapport, l'administration est dépourvue de tout caractère spécifique susceptible d'être
dicté par sa mission publique. Dans la fonction publique demploi, les agents sont recrutés
pour occuper un emploi donné; sils entendent occuper un autre emploi, ils entrent en principe
en concurrence avec les autres candidats potentiels. Autrement dit, à chaque fois, il est
pourvu à un seul emploi en retenant le candidat qui répond le mieux aux qualifications
recherchées. En fait, les agents nont pas de carrière organisée. Recruté par contrat,
l'agent n'a aucune garantie de durée dans l'administration. Ce sont les clauses de ce
contrat de droit privé qui régissent sa situation juridique.
2 Les implications du système de lemploi
En principe l'agent est libre de quitter l'administration, sur un simple préavis,
pour aller vers le secteur privé. En sens inverse, l'administration peut mettre fin aux
fonctions de l’agent soit pour suppression d'emploi, soit lorsqu'elle considère que l'agent
ne correspond pas aux qualités ou compétence exigées par le poste . Par ailleurs, la
situation de l'agent dans l'administration ne peut être modifiée tant qu'il occupe l'emploi
qui lui a été confié initialement. Certes, le contrat peut prévoir par exemple un
97
avancement financier, mais il ne saurait y avoir d'occupation de nouvelles fonctions sans
la conclusion d'un nouveau contrat.
Ce système est souvent qualifié d « ouvert » à cause de la possibilité qui est
offerte aux agents de quitter l'administration et d'y revenir, et à l'administration de
pouvoir faire appel à tout moment à des personnes ayant les qualifications correspondant
aux fonctions. Le mouvement du personnel qui en résulte ainsi est considéré comme
enrichissant à la fois pour les agents et pour la fonction publique elle-même. Mais il
présente l'inconvénient de ne pas offrir à l'administration publique un personnel
permanent rompu aux pratiques administratives. Dans ce système, les fonctionnaires ne
sont pas soumis en principe un régime juridique particulier. En conséquence le contentieux va
ressortir de la compétence des juridictions ordinaires.
Cette présentation est toutefois schématique, car dans la pratique, dans les systèmes
demploi, les personnels en fonction sont les mieux placés pour se faire apprécier et donc être
retenus pour occuper dautres emplois, et les agents bénéficient en fait dune carrière.
B- Le système de carrière
Le système de carrière séclaire par létymologie du terme qui lui a donné naissance.
La carrière, cétait larène pour les courses de chars dans l Antiquité. Cette course, comme la
trajectoire du fonctionnaire est jalonnée davancements. Il est appelé également système fermé
parce quil tend à engager durablement lagent et, partant, à exclure toute ouverture
professionnelle vers dautres activités. Cest le choix opéré par la Côte dIvoire. Envisageons
dabord les caractéristiques de ce système avant de voir ses implications.
1-Les caractéristiques du système de carrière
Au système de l'emploi s'oppose, point par point, celui de la carrière. En effet, les
agents de l'administration ne sont pas recrutés pour exercer une fonction ou occuper un
emploi bien précis. Ils le sont pour faire « carrière » pendant toute leur vie active, sauf
sanction disciplinaire graves. Il en résulte deux caractéristiques principales. D'abord, une
hiérarchisation des grades et emplois. Le recrutement des agents conduit ainsi à les
intégrer et les positionner dans des groupes restreints au sein desquels ils sont appelés à
assumer des fonctions comparables. Ils appartiennent à des familles d’emplois. Une telle
appartenance donne vocation à occuper non pas un seul emploi, mais divers postes de
niveaux variables qui permettent à l'agent de progresser dans la carrière et, en
conséquence, bénéficier d'une amélioration régulière de sa rémunération.
La deuxième caractéristique de ce système est celle de la situation statutaire des
agents de l'administration. Ce lien statutaire et règlementaire implique que la situation
juridique des fonctionnaires est déterminée unilatéralement par l'administration. Il en
résulte que la réglementation qui les régit est générale et impersonnelle. Sa modification
éventuelle s'applique de plein droit à tous les fonctionnaires en exercice. Ils sont en
outre soumis à des obligations et sujétions dictées par les nécessités du service public.
En contrepartie, la situation statutaire confère aux fonctionnaires certains droits et
avantages inconnus dans les autres professions.
2-Les implications du système de carrière
Fonction publique de service, car le service de l État ne saurait y être conçu comme un
métier parmi dautres, la fonction publique de carrière est dominée par l idée de régime
dérogatoire au droit commun. La fonction publique est donc soumise à un régime autonome,
différent du droit privé, exclusif des clauses et des règles qui sappliquent au contrat de travail.
Ce système est tout entier dominé par le souci dassurer le fonctionnement continu, efficace,
régulier du service public. Dans lintérêt du service, il est nécessaire de les soumettre à un
97
régime dérogatoire : le régime particulier à la fonction publique. Quel que soit le système
choisi, la fonction publique baigne dans un environnement quil convient de danalyser.
SECTION II : LENVIRONNEMENT DE LA FONCTION PUBLIQUE
Létude de fonction publique ne peut être menée abstraction faite de l environnement
dans lequel elle prend place. En effet, au-delà de son rôle politique, la fonction publique a des
implications sociales et économiques. En fait, des facteurs sociaux, politiques et économiques
exercent une influence sur lemploi dans ladministration publique. Étudier donc
lenvironnement de la fonction publique, revient donc à l envisager sous l angle socio-
économique dune part et, dautre part sous langle institutionnel.
PARAGRAPHE I- LA FONCTION PUBLIQUE ENVISAGEE SOUS LANGLE
SOCIO-ECONOMIQUE.
La fonction publique est une réalité sociale. Cette réalité a des implications
économiques importantes.
A- La fonction publique envisagée sous langle sociologique
Le monde et la société ivoirienne se transforment en profondeur. Des mutations
radicales nous affectent aujourdhui toutes et tous. Au service du bien commun, les politiques
publiques sont là pour que la collectivité nationale soit plus libre, plus égale et plus fraternelle
dans ces métamorphoses, au lieu dy perdre sa cohésion. La fonction publique, issue du corps
social et soumise aux mêmes tensions que lui, est un acteur majeur de ces politiques : ses
domaines dintervention, ses principes dorganisation et de fonctionnement, son adaptation
continue et la qualité des réponses quelle apporte aux attentes collectives constituent donc des
enjeux politiques et sociale de première importance.
En fait, en tant que réalité sociale, la fonction publique correspond tout simplement
aux collectivités territoriales et aux personnels de l État . Ce personnel chargé de la marche du
service public sest considérablement accru. Tant que lÉtat se bornait à exercer un rôle de
police, un nombre restreint dagents simpliquait à faire face à ses tâches. L intervention de
lEtat en matière économique et sociale a considérablement a eu pour effet l’augmentation du
nombre de personnes charger de faire marcher le service public. Leffectif actuel de
fonctionnaires est 265499. A cela il faut ajouter 28575 non fonctionnaires 9. Laccroissement
du nombre de fonctionnaires a des implications sur le plan économique.
B- La fonction publique envisagée sous langle économique
La variation de lemploi, des salaires et des conditions de travail à un lien avec la
situation de léconomie. Une diminution des recettes de TVA, de l impôt sur le revenu, sur les
sociétés, des taxes foncières et sur les plus-values, associée à une hausse des dépenses pour
financer les plans de relance et la protection sociale, influencent les choix politiques et
budgétaires des gouvernements. Deux exemples accréditent cette thèse. La première s’adosse
à un constat. Cest que les salaires dans ladministration publique augmentent à un rythme plus
lent que dans le secteur privé. Dailleurs, pour rappel, cest en 2014, que le Président de la
République, Alassane Ouattara a mis fin au blocage des salaires en vigueur depuis 1989, c est-
à-dire pendant vingt-cinq ans. Depuis lors, les fonctionnaires et agents de lÉtat connaissent
systématiquement des augmentations de salaires, tous les deux ans.
La seconde se rapporte aux mesures de baisse de salaire, essentiellement dans le cadre
des plans dassainissement des finances publiques coordonnés avec les institutions
internationales. On se rappelle qu’en raison d'une crise économique sans précédent, le
9
Source secrétariat général du gouvernement : Conseil des ministres séance du 07 juin 2023.
97
gouvernement ivoirien prit une série de mesures dont le raccrochage des enseignants par
décret n°91-818 du 11 décembre 1991. A compter de cette date, tout enseignant recruté en
octobre de la même année devait recevoir un salaire représentant la moitié de celui de son
collègue recruté avant.
A la vérité, dans les pays en voie de développement, ou lon note la faiblesse du
secteur privé, la fonction publique le premier secteur pourvoyeur d emplois. En Côte d Ivoire,
les recettes fiscales affectées à la masse salariale sont au-dessus de 43% alors que la norme
communautaire est de 33%. Le volume total de la masse salariale en Côte d Ivoire a carrément
doublé en 10 ans passant de 453,5 milliards en 2000 à 800,5 milliards en
2010. L’environnement économique à un impact sur la fonction publique. Il en va de même
pour lenvironnement institutionnel.
PARAGRAPHE II- LA FONCTION PUBLIQUE ENVISAGEE SOUS LANGLE
INSTITUTIONNEL
Quel que soit le régime politique, quelle que soit la période, l organisation juridique de
la fonction publique pose toujours certains problèmes. Ces problèmes de base tournent en
somme autour des rapports entre la fonction publique et les pouvoirs.
A- Le principe de la dépendance de ladministration au pouvoir politique
« Je compte sur vous comme sur mes généraux » disait Napoléon à ses fonctionnaires.
Cette formule énonce la stricte dépendance dans la quelle devaient se trouver placés les
fonctionnaires français à l'égard du pouvoir et de l'État.
On peut objecter que cette formule n’est plus d’actualité. En réalité, Elle comporte
encore une part de vérité. En effet, comme les généraux sur un champ de bataille, dans la
stratégie de l'État, les fonctionnaires constituent un élément essentiel de la stratégie
administrative. ils forment une catégorie particulière d'agents dont le sort et le statut ne
peuvent être assimilés en rien à ceux des autres travailleurs de la Nation
97
- Le parlement détermine lui-même, dans une certaine mesure, le statut du personnel
administratif ; la Constitution lui réserve le droit de fixer les règles concernant le statut
général de la fonction publique.
- Le pouvoir financier du parlement lui permet encore de jouer un rôle essentiel dans la
création demplois administratif. Lon ne peut éluder également son rôle dans la
détermination des dotations budgétaires des différentes administrations.
*La subordination à légard du pouvoir exécutif apparaît encore plus nettement :
- Larticle 46 de la Constitution fait du Président de la République le chef de
ladministration. Il est donc à la tête de la fonction publique. C est fort justement qu il
nomme aux emplois civils et militaires,
- Une importante partie du personnel administratif est placée dans les départements
ministériels. Elle est, par conséquent, sous la dépendance hiérarchique des ministres
qui, à côté de leur qualité dautorité administrative sont des organes gouvernementaux
des organes politiques. La théorie générale ne sépuise dans la notion et
lenvironnement de la fonction publique. Il importe alors, pour en avoir une vision
complète dexaminer les bases juridique de la fonction.
97
En raison de la répartition des compétences entre le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif, cest le premier qui fixe le statut des fonctionnaires. Le second, tenant compte des
spécificités propres à chaque corps ou lintérêt général, interviendra pour fixer ou déterminer
les modalités dapplication. Daprès lexpression consacrée, on dit que le fonctionnaire est
dans une situation légale et règlementaire. Cependant si le statut de la fonction publique est
assurément marqué par lidée ou lesprit de puissance publique, il connait aujourdhui quelques
assouplissements.
SECTION I : LA NATURE DES LIENS UNISSANT LE FONCTIONNAIRE A
LADMINISTRATION
Selon ROGER GRÉGOIRE, dans la conception née de la Révolution, les hommes
formés spécialement pour le service de lÉtat ne sont pas des employés au sens du droit privé,
mais ces agents. La fonction publique constitue, pour lui, un monde à part. C est
certainement ce qui a fait dire à DANIEL LOSCHAK que « le libéralisme sarrête aux portes
de la fonction publique. Cette réalité se traduit par la nature statutaire ou légale et
règlementaire des liens unissant lÉtat à ses agents. Cette situation statutaire prend place dans
le statut général de la fonction publique et dans les statuts particuliers.
PARAGRAPHE I- LA SITUATION STATUTAIRE DU FONCTIONNAIRE
La nature de la situation des agents publics ou des fonctionnaires a longtemps fait
lobjet de débats doctrinaux. La jurisprudence considérait en 1909 dans l'affaire winkell que la
grève constitue une rupture de contrat et qu'un contrat de fonction publique liait les
fonctionnaires à l'administration.
Cette conception, trop fragile, cèdera aux attaques du doyen Hauriou. Celui-ci
défendait une conception statutaire des fonctionnaires. Il nest pas inutile dexposer ce débat
avant de voir le triomphe de la thèse statutaire.
A- La controverse doctrinale
Jusquà ce que la controverse soit définitivement tranchée par les textes, il est classique
dopposer deux thèses :
*La thèse contractuelle
*La thèse règlementaire
1-Le prétendu contrat de Fonction publique
L'idée du lien contractuel fut développé par le Conseil d'Etat dans ses arrêts « Winkell
» et «Rosier». Plus exactement, dans ces arrêts, il fut admis qu’« en se mettant en grève les
agents préposés au service public, ( ... ) se placent eux-mêmes, par un acte collectif en dehors
de l'application des lois et règlements édictés dans le but de garantir l'exercice des droits
résultant pour chacun d'eux du contrat de droit public qui les lie à l'administration». Avec
cette idée contractuelle à laquelle fit appel le Commissaire du Gouvernement Tardieu dans ses
conclusions, il fut transposée dans le cadre de la fonction publique la jurisprudence analogue
de la Cour de cassation sur les effets de la grève au contrat de travail conclu selon le droit
privé. Ainsi le but d'évincer les grévistes du service public conduisit le Conseil d'Etat à
adopter un fondement juridique analogue à celui adopté par la Cour de cassation et tel était
l'argument tiré du caractère contractuel qui unissait l'agent à son service public.
Lanalyse contractuelle repose sur une simple constatation des éléments qui se présentent
au moment de lentrée de lagent dans la fonction publique. Juridiquement, lopération se
décomposerait ainsi :
97
Au départ, il y aurait une offre d’accès à la fonction publique émanant de
lAdministration
Ensuite, il y aurait acceptation de cette offre par le candidat à la fonction publique.
Enfin, il résulterait ainsi de cette rencontre de volonté la formation d un contrat qui
déterminerait, par la suite, la nature juridique du fonctionnaire.
Très discutable dans la doctrine, cette idée de la rupture d'un prétendu contrat de
fonction publique fut finalement abandonnée en 1937 dans l'arrêt «Demoiselle Minaire et
autres. (C.E., Sect., 22 octobre 1937, Dlle Minaire et autres).
2-La thèse statutaire
Cette part du postulat que les agents publics se trouvent dans une situation légale et
réglementaire qui peut être modifiée à tout instant dans le but d'assurer au mieux la
satisfaction des besoins d'intérêt général qui constitue le but de leur action.
C’est conformément à cette idée que Gaston JEZE et Maurice HAURIOU ont rejeté avec
force toute idée de l'existence d'un contrat qui lie l'agent public à un service public et il
critiquait les théories qui adoptaient l'idée de l'existence d'un tel lien contractuel, soutenues
particulièrement par Dareste et Perriquet et partiellement par Laferrière.
Plus précisément, il considérait qu'un individu entre dans le service public par un acte-
condition qui a pour effet juridique non pas de créer pour lui une situation juridique
individuelle mais de l' «investir» d'une situation juridique légale et réglementaire. L'acte
juridique par lequel un service public est organisé, par lesquels sont déterminés les pouvoirs et
les devoirs des agents affectés à ce service, c'est une loi ou un règlement. D'ailleurs, c'est
également par un acte-condition qu'un individu sort du service public car cet acte est «une
manifestation de volonté» le plaçant dans une situation générale et impersonnelle (celle du
retraité, du démissionnaire, etc.). Enfin, la sanction des pouvoirs et des devoirs des agents
publics est la « sanction des situations juridiques générales et impersonnelles et non celles des
situations juridiques individuelles »
Pour Maurice HAURIOU, les tenants de la thèse contractuelle font une confusion entre
contrat et accord de volontés. Pour HAURIOU : « Le fonctionnaire est membre de linstitution
administrative comme le citoyen est membre de linstitution de l État. Il n y a pas dans
lopération de recrutement des fonctionnaires ni les éléments de forme ni les éléments de fond
dun contrat, dautre part, il y a bien plus quun contrat, il y a des liens moraux faits
davantages et de devoirs quincorporent le fonctionnaire à sa fonction et par là à l institution
administrative ».
Léon DUGUIT abonda dans le même sens quand affirme : « … dans la nomination
des fonctionnaires il y a concert de volontés, mais il n y pas contrat parce que l acte de volonté
de lÉtat (le décret) qui nomme nest point déterminé par l acte de volonté du fonctionnaire qui
accepte, mais seulement par la nécessité dassurer le fonctionnement du service public . Dès
lors, lacceptation est simplement la condition à l arrivée de laquelle est subordonné l effet de
lacte de volonté de lEtat qui a nommé ; mais comme tout acte conditionnel, lacte de volonté
est juridiquement parfait en lui-même. Lidée de contrat de service public est dès lors
étrangère à la fonction publique. Cest cette position qui sera consacrée par le droit positif.
B- Le triomphe de la thèse statutaire
Cest vrai il y a un échange de consentement en apparence à l'entrée dans la fonction
publique. Mais du point de vue juridique il n'y a aucunement contrat : la nomination est un
acte unilatéral de l'administration qui a des conséquences juridiques directes, tout en étant
affecté d'une condition résolutoire qui est le refus éventuel du fonctionnaire. Dans sa quasi-
97
unanimité, la doctrine sétait ralliée à la théorie statutaire. Cette théorie sera consacrée par le
Conseil dÉtat et par le législateur.
1-La consécration jurisprudentielle
Le Conseil dÉtat va consacrer la théorie statutaire des liens unissant le fonctionnaire à
lAdministration. En effet, revenant sur la jurisprudence WINKELL, il indiquera clairement
dans larrêt MINAIRE de 1937 « Quen se mettant en grève, les agents préposés au service
public ne commettent pas seulement une faute individuelle, mais qu ils se placent eux-mêmes
par un acte collectif en dehors de lapplication des lois et règlements édictés afin de garantir
lexercice des droits qui leur appartiennent à l égard de la puissance publique ». Par ce
considérant principal, lidée de lexistence dun contrat de fonction publique est abandonnée.
Cest cette position qui sera confirmée par le législateur.
2-La consécration législative
A lheure actuelle, le caractère statutaire et règlementaire de la situation du
fonctionnaire ne fait lobjet daucun doute. En Côte d Ivoire tout comme en France ce
caractère statutaire et règlementaire de la situation du fonctionnaire est admis de la façon la
plus claire. Le statut de la fonction publique en Côte dIvoire de 1992 autant que le statut de la
fonction publique en France indique clairement que « Le fonctionnaire est vis-à-vis de
ladministration dans une situation statutaire et règlementaire ». Si le fonctionnaire est soumis
à un statut, on peut sinterroger sur les modalités dorganisation de ce lien statutaire.
PARAGRAPHE II- LORGANISATION STATUTAIRE
Au même titre qu'il existe un seul Code du travail pour tous les salariés du secteur
privé, le législateur a prévu d'assujettir les agents du secteur public à un ensemble de règles
communes. Cet ensemble est appelé le « statut général de la Fonction publique ». Ce statut
général est précisé par des statuts particuliers ne s'appliquant qu'à certains agents publics. Au
surplus, exceptionnellement, certaines professions nécessitent d'écarter l'application du statut
général au profit d'un statut autonome. Avant dexaminer en profondeur le champ
dapplication de la situation du fonctionnaire, il nest pas inutile de préciser la notion de statut.
A- La notion de statut
Lexistence dun statut se justifie par trois raisons :
- Le statut, en premier lieu, est la concrétisation du système de fonction publique fermé
ou de carrière ;
- En second lieu, le statut répond à un besoin de simplification et de coordination en
codifiant dans un texte unique lensemble des règles relatives aux agents des personnes
de droit public.
- En troisième lieu, le statut est lexpression dune démocratisation de la fonction
publique. Tant dans le statut de 1964 (JO 1965) que dans celui de 1992, le statut est
marqué par la volonté de consacrer les droits et garanties des fonctionnaires face à
lautorité. Lexistence dun statut général est une garantie pour les fonctionnaires
contre larbitraire.
La notion de statut sera précisée à travers sa définition et ses implications.
1-La définition
97
La notion de statut fait référence à plusieurs idées. Elle renvoie à l acte matériel c'est-
à-dire au texte juridique ayant vocation à régir la situation d une communauté de travailleurs,
mais également un état juridique caractérisé par la permanence de ses règles.
Le contenu du statut limite les prérogatives de l autorité hiérarchique au profit de
lextension des droits des fonctionnaires : liberté dopinion, du droit syndical, droit de grève.
En fait, dans le droit de la fonction publique, le statut est un texte ou un ensemble de
textes déterminant les règles relatives à fonction publique, en particulier celles qui fixent les
droits et obligations des fonctionnaires. Un statut général a vocation à sappliquer à lensemble
des fonctionnaires.
Dire alors que le fonctionnaire est dans une situation statutaire, signifie qu il est
soumis à lensemble des mesures législatives et règlementaires émanant de l autorité publique .
Pour Serge SALON lexpression « situation statutaire » renvoie lidée, de « soumission du
fonctionnaire à lensemble des mesures applicables au fonctionnaire émanant de l autorité
publique ».
2-Les implications de la notion de statut
Affirmer que le fonctionnaire est vis-à-vis de ladministration dans une situation
statutaire et règlementaire signifie simplement que leur situation est définie unilatéralement
par des dispositions générales et impersonnelles édictées sous la forme de loi ou règlement
qui constituent leur statut. Cette situation, qui fait prévaloir lintérêt du service sur toute autre
considération, a une double conséquence juridique :
-Linterdiction des accords individuels
-La mutabilité de la situation des agents
97
son statut. Cependant, l'exercice de cette attribution par l'autorité hiérarchique implique des
garanties au profit du fonctionnaire. En fait, comme il ressort de l arrêt Chérif VAHIVOUA
c / Ministère des ressources pétrolière du 24 juin 1998, la décision d'affectation ne doit pas
revêtir le caractère d'une sanction disciplinaire déguisée et s'apparenter à un déplacement
d'office.
B- La pluralité des statuts
Le statut général ne s'applique pas à certaines catégories d'agents. En Côte dIvoire, en
France, le statut s’applique aux seules personnes qui nommées à titre permanent pour occuper
un emploi dans ladministration centrale de lÉtat, les services extérieurs qui en dépendent, les
établissements publics de lÉtat et qui ont été titularisés dans un grade de la hiérarchie
administrative. Dans la tradition du droit français, c est le cas en Côte d Ivoire, le statut
général peut néanmoins connaitre à la fois des exceptions, des dérogations règlementaires et
législatives. À côté du statut général, lon note l existence de statuts autonomes, de statuts
particuliers.
1-Le statut général
Le statut général a vocation à régir la situation de la majeure partie des agents publics. En
effet, le statut général de la fonction publique est, en principe, le corps de règles commun à
tous les agents publics. Ce statut a valeur législative. Il est composé d'un « bloc dur » de
règles. Plus concrètement, le statut de la fonction publique désigne lensemble des règles
juridiques qui régissent les conditions et lactivité professionnelle des fonctionnaires . Ces
dernières portent respectivement selon une présentation formelle pouvant varier ici ou là sur
le recrutement, la rémunération, les avantages sociaux, la notion et lavancement, la discipline,
les positions et la cessation des fonctions.
Le domaine dapplication du statut, comme le suggère le qualificatif utilisé est assez large,
sans sétendre pour autant à la totalité des fonctionnaires a fortiori des agents de
ladministration (État et collectivités territoriales). L art. 1 er du statut général de la fonction
publique précise le champ dapplication des statuts généraux. Il se réserve l application du
statut général au personnel titulaire de lÉtat et des établissement publics administratifs de
lÉtat. Sont exclus de lapplication du statut les agents temporaires et les agents contractuels .
Le statut général offre aux agents publics l'avantage d'une certaine uniformité. Tous les
agents sont titulaires des mêmes droits et soumis aux mêmes obligations. Il importe de noter
cependant que le statut général est précisé par de nombreuses dispositions réglementaires.
C’est dire que lexistence du statut général nest pas incompatible avec dautres statuts.
2- Les limites du champ d'application du statut général des fonctionnaires
A côté du statut général, lorganisation statutaire des fonctionnaires connait d autres
catégories de statuts. Les uns sont dits autonomes parce qu ils ne procèdent pas du statut
général de la fonction publique et nont aucun lien avec lui, les autres sont des statuts
particuliers qui ont un lien avec le statut général.
a- Les statuts autonomes
Certaines professions échappent au statut général pour relever de statuts dits autonomes. À
l'image du statut général, le statut autonome doit alors également être complété par des
décrets simples. Ces statuts nont aucun lien avec le statut général. Aux termes de l article 101
de la Constitution du 8 novembre 2016, principalement huit catégories d'agents de la Fonction
publique sont concernées par les statuts autonomes :
97
le statut des magistrats,
le statut des officiers ministériels et des auxiliaires de Justice ;
le statut du Corps préfectoral ;
le statut du Corps diplomatique ;
le statut du Personnel des collectivités territoriales ;
le statut de la Fonction militaire :
le statut des Personnels de la Police nationale
(voir article 101 de la Constitution du 8 novembre 2016)
b- Les statuts particuliers
Alors que le statut général est de nature légale, les statuts particuliers revêtent un caractère
réglementaire et sont librement déterminés par ladministration dans le respect de celui-ci et
afin den permettre lapplication à toutes les catégories de fonctionnaires . En fait, certaines
professions nécessitent qu'il soit dérogé au statut général sur certains points. Les statuts
particulier visent à prendre en compte les difficultés particulières à certaines fonctions. Ils
fixent en général pour chaque corps de fonctionnaires les dispositions d application du statut
général dont ils relèvent. On peut citer le décret 93-609 du 02 juillet 1993 portant modalité
particulière dapplication au statut général de la fonction publique. Ces statuts sont assez
nombreux et concernent de très nombreux agents publics. On peut citer
-Décret no 97-372 du 2 juillet 1997 instituant en faveur des fonctionnaires et agents de
l'Etat occupant certaines fonctions, une indemnité mensuelle contributive aux frais
d'utilisation de leurs véhicules personnels pour les besoins du service.
-Décret no 94-412 du 3 août 1994 relatif aux concours professionnels spéciaux réservés à
certains fonctionnaires.
-Décret no 93-219 du 3 février 1993 portant création d'une indemnité particulière en faveur
des personnels des établissements sanitaires et publics.
Si le fonctionnaire est dans une situation statutaire et règlementaire, l évolution du
droit de la fonction publique donne de constater un assouplissement de ce lien.
97
démocratisation de la fonction publique. On le sait, la fonction publique était dominée par le
principe dautorité et de puissance publique. Cette situation a permis la reconnaissance au
profit des fonctionnaires certains sociaux au même titre que les travailleurs du secteur privé :
Droit syndical, droit de grève. Ces droits faut-il le rappeler, ont une base constitutionnelle.
Il importe de noter que sous la pression des syndicats on assiste à l apparition d une forme de
concertation non institutionnalisée qui débouche parfois sur des « accords » entre
ladministration et les syndicats de fonctionnaires. Ce mouvement que la doctrine appelle
« contractualisation » des rapports collectifs dans la fonction publique joue un rôle désormais
important dans lélaboration des réglementations relatives aux conditions de travail . En porte
témoignage, le protocole portant trêve sociale 2022-2027 en Côte d’ivoire signé entre le
gouvernement et les centrales syndicale et les faitières des organisations syndicales des
fonctionnaires et agents de l’Etat le 8 août 2022.
Mais plus significative est la reconnaissance par le statut général de la fonction publique
dorgane de participation. Le principe trouve donc une application importante puisque le
comité consultatif de la fonction publique, Le conseil de discipline, La commission de la
réforme donnent une traduction institutionnelle à la participation des fonctionnaires à leur
propre gestion
PARAGRAPHE II : LES LIMITES DE LA PARTICIPATION
La participation connait des limites infranchissables. Elles se rapportent aux pouvoirs
de ces organes paritaires, investis d'une mission uniquement consultative.
En outre, les accords concertés qui ont le corps d'un contrat n'en produisent pas
pour autant les effets : ils n'entraînent aucune obligation juridique réciproque pour les parties.
Administration et syndicats restent en principe libres de n'en tenir aucun compte. Ce ne sont
pas a fortiori des décisions unilatérales susceptibles d'entraîner par elles-mêmes application.
De tels accords ne peuvent de leur propre fait, modifier la situation statutaire et réglementaire
des fonctionnaires. Le principe reste en droit que le contenu des accords concertés ne
peut être introduit dans l'ordonnancement juridique et rendu obligatoire que par une décision
unilatérale de la puissance publique.
En fait, les dispositions de ces accords ne sont pas susceptibles d'être utilement
invoquées à rencontre d'une disposition réglementaire qu'elles n'ont pu avoir pour effet de
rendre caduque . Ces accords ne constituent donc guère plus sur le plan du droit que « de
simples engagements d'honneur n'entraînant aucune obligation juridique entre les parties,
mais les liant moralement » 10. Ils s'apparentent comme le fait remarquer Yves SAINT-JOURS
à des « gentlemen's agreements » de droit international en ce que « tout comme une
convention internationale doit pour pouvoir s'insérer dans un ordre juridique interne être
ratifiée par le pouvoir souverain de l'État considéré un accord concerté doit pour acquérir une
force obligatoire faire l'objet, d'une « ratification » par la puissance publique en la forme
législative ou réglementaire »11
Cest dire que le statut demeure la pierre angulaire de la fonction publique. La fonction
publique ivoirienne en est la traduction topique.
10
Y. Saint-Jours, Les relations du travail dans le secteur public, Paris, L.G.D.J., 1977, p. 247.
11
Ibid.
97
PARTIE II: LA FONCTION PUBLIQUE IVOIRIENNE
« Le présent statut sapplique aux personnes qui nommées, à titre permanent pour
occuper un emploi dans ladministration centrale de l État, les services extérieurs qui en
dépendent et les établissements publics de lÉtat ont été titularisé dans un grade de la
hiérarchie administrative ». L’article 1er de la loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant
Statut général de la fonction publique en Côte dIvoire , qui vient d’être rappelé, éclaire le
choix de la Côte dIvoire quant à sa conception de la fonction publique.
Héritier du droit français français, la Côte dIvoire a reçu et consacré le système de la
fonction publique de carrière. Ce système de carrière soppose au système de lemploi qui
repose sur la recherche de candidats qui sont les mieux adaptés aux contraintes et aux profils
du poste quils seront amenés à occuper. Le recours au contrat est, dailleurs, le principe dans
97
ce type de système. Le système de lemploi met implicitement l accent sur la responsabilité et
la performance individuelle de lagent.
La fonction publique ivoirienne est donc marquée par son unicité et par sa spécificité.
On peut vérifier ce postulat en étudiant successivement les principes de base de la fonction
publique ivoirienne (CHAPITRE I) et le régime juridique de la fonction publique
(CHAPITRE I).
97
Les sources du droit de la fonction publique sont de divers ordres. Elles sont à la fois
écrites (la constitution, les traités, les lois, les règlemente) et non-écrites ( la jurisprudence ).
Le choix de la Côte dIvoire à propos de système de fonction publique est sans ambigüité.
Loption pour le système de carrière a été clairement exprimé par le législateur.
PARAGRAPHE I : LES SOURCES DE LA FONCTION PUBLIQUE IVOIRIENNE
Ce sont principalement des sources de droit interne. En fait, la part du droit
international reste assez faible. Pour les commodités du cours, exposons d abord les sources
écrites avant de voir les sources non-écrites.
A : Les sources écrites
Les sources écrites de la fonction publique se ramènent essentiellement aux normes
constitutionnelles, au traité relatif à lOFPA, à la loi et aux règlements.
1-Les bases constitutionnelles de la fonction publique
La Constitution est la première source du droit de la fonction publique en Côte
dIvoire. Plusieurs dispositions de la Constitution du 8 novembre 2016 intéressent le droit de
la fonction publique.
La première catégorie se rapporte aux droits et libertés consacrés au titre I de la
Constitution. Il sagit notamment de larticle 14 qui garantit l égal accès aux emplois publics et
privés à tous. Ce même article prohibe toute discrimination dans l accès ou l exercice des
emplois fondés sur le sexe, les opinions politiques, religieuses ou philosophiques. Quant à
larticle 17 il consacre le droit syndical et le droit de grève. Le droit de syndical et de grève
sont reconnus aux travailleurs des secteurs public et privé. Toutefois, ces droits sont exercés
dans limites fixés par la loi.
La deuxième catégorie est relative aux matières couvertes par la loi. L article 101 qui
fixe les domaines respectifs de la loi et du règlement, annonce que la loi fixe les règles
concernant :
-le statut des magistrats ;
-des officiers ministériels et des auxiliaires de justice ;
-Le Statut général de la Fonction publique ;
-le statut de corps préfectoral ;
-le statut de corps diplomatique ;
le statut du corps des personnels des collectivités locales ;
le statut du corps de la fonction militaire ;
le statut des personnels de la police nationale.
2-Les sources internationales
Contrairement au droit de la Fonction publique en France ou désormais le droit
communautaire est de plus en plus présent, en droit de la fonction publique ivoirienne les
normes internationales et communautaires sont quasiment absentes. On peut toutefois
mentionner le traité relatif à lobservatoire des fonctions publiques africaines (OFPA).
3-Les sources législatives et réglementaires
97
Fixée par la Constitution, la compétence du législateur sexprime essentiellement dans
le statut général. Actuellement, les fonctionnaires sont régis par la loi 92-570 du 11 septembre
1992 portant statut général de la fonction publique. À côté du statut général de la fonction
publique, dautres textes législatifs se rapportent à la fonction publique.
Il sagit notamment de la loi n° 92-571 du 11 septembre 1992 relative aux modalités de
la grève dans les services publics ; la loi n° 92-572 du 11 septembre portant abrogation de la
loi 77-526 du 30 juin 1977 fixant la durée minimum du service à accomplir dans
ladministration par les pharmaciens, chirurgiens et médecins dentistes ; la loi 92-574 du 11
septembre 1992 accordant aux fonctionnaires administratives bénéficie du départ volontaire
de la jouissance anticipée de la pension proportionnelle.
Les sources réglementaires sont constituées essentiellement des actes du pouvoir
exécutif. Ce dernier détient une large compétence pour déterminer l application de statut
général. La compétence du législateur étant limitée en profondeur, il ne peut ni juridiquement
en principe ni matériellement en pratique fixer les détails des règles applicables aux
fonctionnaires. Cette mission revient gouvernement.
Dune manière générale, la loi confie au gouvernement le soin de prendre les
règlements permettant lapplication complète du statut général. À titre d exemple, on peut
citer :
Décret no 97-372 du 2 juillet 1997 instituant en faveur des fonctionnaires et agents de
l'Etat occupant certaines fonctions, une indemnité mensuelle contributive aux frais
d'utilisation de leurs véhicules personnels pour les besoins du service.
Décret no 95-690 du 6 septembre 1995 portant modalités particulières d'exécution du
service minimum en cas de grève dans les services publics.
Décret n° 95-92 du 1er février 1995 portant organisation de la formation
professionnelle des candidats fonctionnaires, des fonctionnaires et agents relevant des
ministères, établissements publics nationaux et collectivités locales.
Décret no 94-412 du 3 août 1994 relatif aux concours professionnels spéciaux réservés
à certains fonctionnaires.
Décret no 93-611 du 2 juillet 1993 fixant les conditions de maintien en activité pour
nécessité de service au-delà de trente années de service effectif.
Décret no 93-608 du 2 juillet 1993 portant classification des grades et emplois dans
l'administration de l'Etat et dans les établissements publics nationaux.
Décret n° 93-609 du 2 juillet 1993 portant modalités particulières d'application du
statut général de la fonction publique.
Décret n° 93-607 du 2 juillet 1993 portant modalités communes d'application du statut
général de la fonction publique.
Décret n° 93-485 du 3 mai 1993 relatif aux départs volontaires des fonctionnaires et
agents de l'Etat.
Décret no 93-219 du 3 février 1993 portant création d'une indemnité particulière en
faveur des personnels des établissements sanitaires et publics.
Décret n° 2020-528 du 24 juin 2020 portant création de régime de retraite
complémentaire par capitalisation au profit des fonctionnaires et agents de l'Etat.
97
Décret n° 2017-83 du 8 février 2017 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement de l'Observatoire du Service public, dénommé OSEP.
Décret n° 2016-1155 du 28 décembre 2016 portant attributions, organisation et
fonctionnement de l'Ecole nationale d'Administration, en abrégé ENA.
Décret n° 2015-68 du 4 février 2015 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement du système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l'Etat, en
abrégé SIGFAE.
Décret n° 2012-652 du 11 juillet 2012 portant fixation d'âge statutaire de départ à la
retraite des personnes civiles de l'Etat régis par le Statut général de la Fonction
publique.
Ordonnance n° 2012-303 du 4 avril 2012 portant organisation des régimes de pensions
gérés par la Caisse générale de retraite des agents de l'Etat (CEGRAE).
Décret n° 2009-35 du 12 février 2009 portant fixation de la limite d'âge statutaire de
départ à la retraite de certaines catégories de personnels civils de l'Etat régies par le
Statut général de la Fonction publique.
B- Les sources non écrites
Il sagit essentiellement de la jurisprudence administrative. Cette jurisprudence vient
compléter le tableau des sources du droit de la fonction publique en Côte dIvoire.
La jurisprudence administrative a place très important dans la création du droit de la
fonction publique. Cest vrai que lédiction ou lexistence dun statut semble lui réserver une
place résiduelle, mais la part du droit jurisprudentiel ne doit pas être négligée. D une manière
générale, le juge interprète le statut, en précise le contenu notamment en ce qui concerne les
droits et libertés des fonctionnaires ou le pouvoir de l autorité disciplinaire . Dailleurs, le
contentieux de la fonction publique est présenté comme ayant donné à la chambre
administrative ses lettres de noblesse12. Il est quantitativement, est lun de ses aspects les plus
féconds du droit jurisprudentiel en Côte d’Ivoire.
PARAGRAPHE II- LA CONCEPTION DE LA FONCTION PUBLIQUE EN COTE
DIVOIRE
A-Le choix du système de la fonction publique fermée
Traditionnellement, deux grands types de fonction publique sont distingués, la
fonction publique de carrière, modèle français, et la fonction publique d emploi, modèle
anglo-saxon. La première option de la Côte dIvoire, les agents sont appelés à dérouler toute
leur vie professionnelle dans la fonction publique, en occupant une variété d emplois et en
étant assurés de perspectives dévolution de carrière, c est-à-dire d avancement et de
promotion.
La fonction publique de carrière implique une séparation entre le fait dappartenir à la fonction
publique, qui est un acquis durable, et le fait doccuper un emploi, toujours temporaire ; c est
ce que lon appelle la séparation du grade et de l emploi , dont la meilleure illustration est à
rechercher dans lexposé des motifs de la loi Gouvion-Saint-Cyr du 19 mai 1834 sur l état des
officiers, qui comporte la célèbre formule « si le grade appartient à lofficier, lemploi
appartient au roi ; le Gouvernement peut retirer à un officier l emploi dont il l avait investi ;
mais lofficier [ ] conserve ses droits à lavancement, à la réforme ou à la retraite ».
12
Pierre-Claver KOBO, « La Chambre administrative, juge de la fonction publique », La tribune de la chambre
administrative, no 9, janvier 2018, p. 4
97
B-Lexistence déléments du système de la fonction publique de lemploi
Les emplois civils de l'Etat et des établissements publics visés à l'article sont occupés
par des fonctionnaires. Toutefois, par dérogation à ce principe, des agents non fonctionnaires
peuvent être recrutés pour occuper des emplois de la catégorie A lorsque la nature des
fonctions et les besoins des services le justifient. Un décret en Conseil des ministres fixe les
modalités d'engagement des agents contractuels. En fait, l article 15 du statut général a ainsi
ouvert une brèche dans le statut de la fonction publique en autorisant un recours accru aux
contractuels
Les agents ainsi recrutés sont engagés par contrat pour une durée déterminée qui ne
peut excéder deux (2) ans ; ce contrat n'est renouvelable qu'une seule fois. Mais l’observation
donne constater que ces agents occupent ces emplois largement au-delà des deux ans fixés par
le statut général de la fonction publique. On assiste dans cette perspective à la cohabitation de
deux formes de fonction publique : lune statutaire faite de fonctionnaires, lautre contractuelle
faite dagents recrutés par contrats de droit public. On peut légitimement s interroger si l on ne
sachemine pas vers une carrière du contractuel dans la fonction. A ce stade du propos on
peut entrevoir lorganisation de la fonction publique.
SECTION II-LORGANISATION DE LA FONCTION PUBLIQUE
Lorganisation de la fonction publique est dominée par deux préoccupations. La
première se rapporte à la volonté dassurer lindispensable unité de direction impliquée par le
système de carrière. Cette unité de direction est assurée par des autorité de décision. La
seconde renvoie à l’idée de participation des fonctionnaire à la gestion de leur carrière.
Evoquée lorganisation de la fonction publique suggère également l’examen de sa
structure interne. Sous ce rapport, il convient d’examiner les organes de gestion de la fonction
publique et sa structuration interne.
PARAGRAPHE I- LES ORGANES DE GESTION DE LA FONCTION PUBLIQUE
La gestion de la fonction publique est partagée entre des organe principaux, (les
organes de décision) et des organismes consultatifs . Ces secondes tendent à permettre la
participation des fonctionnaires à la gestion des carrières, au régime disciplinaire, et à
l'organisation des services. Examinons successivement ces deux catégories d’organes.
A- Les organes de décision
En tant que détenteur exclusif du pouvoir exécutif, le président de la République est le
chef de lAdministration. À ce titre, il nomme aux emplois civils et militaires. Mais de
manière concrète, le Président délègue une partie de ses pouvoirs. En ce qui concerne la
gestion du personnel civil de lÉtat, elle est confiée à un ministre spécialisé : le ministre
chargé de la fonction publique. Le ministère dispose d organes spécialisés en matière de
recrutement, de gestion de la carrière et de la fin de la carrière du fonctionnaire. Cependant les
ministères techniques sont dotés de pouvoirs limités en matière de gestion (décision de projet,
affectation à lintérieur du ministère, notation de fonctionnaire, les sanctions du premier
degré )
Le ministère de la Fonction publique peut être doté de plusieurs directions et services (voir
décret 2000-194 du 17 mars 2000 portant organisation du ministère de l Emploi et de la
Fonction publique).
B-Les organes consultatifs
97
En application du principe de participation, les fonctionnaires sont associés à la gestion de
leur carrière. Aux termes de l’article 29 du statut général de la fonction publique des
organismes consultatifs sont placés auprès du ministre chargé de la Fonction publique. Il
s’agit :
le Comité consultatif de la Fonction publique ;
le Conseil de Discipline ;
la Commission de Réforme ;
les Commissions administratives paritaires
Le comité consultatif de la fonction publique connait de toute question dordre
générale intéressant les fonctionnaires. Il est saisi par écrit soit par le ministre de la Fonction
publique soit par le tiers de ses nombres. Pour les compétences composition, lorganisation et
le fonctionnement du comité consultatif de la Fonction publique voir le décret 93-607 du 2
juillet 1993 portant modalités communes dapplications du statut général de la fonction
publique en son article 103 et suivants.
Le conseil de discipline fait des propositions de sanction de second degré, donne un
avis sur les demandes de retrait de sanction disciplinaire (voir arts 120 et suivants du décret
précité).
La commission de la reforme donne un avis sur les allocations temporaires
dinvalidité, les demandes de rente en cas daccident de travail ou de maladie professionnelle,
demande de départ à la retraite pour invalidité (voir décret précité).
Les commissions administratives paritaires : pour chaque grade, il est créé une
commission comprenant en nombre égal des représentants de lAdministration et des
représentants du personnel assisté de leurs syndicats.
La commission administrative paritaire donne un avis sur le tableau annuel
davancement de classe, les propositions de fin dengagements pour insuffisance
professionnelle et les propositions de retenue sur pensions (voir arts 136 et suivants du décret
précité).
PARAGRAPHE II- LA STRUCTURE DE LA FONCTION PUBLIQUE
La structure ou la structuration de la fonction publique illustre la persistance du
principe hiérarchique. La situation juridique des fonctionnaires est tributaire de leur
appartenance à une famille d'emploi, à une catégorie, à un grade, à un échelon et
éventuellement à une classe.
A-Les grades dans la fonction publique
Aux termes larticle 10 de la loi n°92-570 du 11 septembre 1992, portant statut général
de la fonction publique, le grade est le titre acquis par le fonctionnaire, à l'intérieur de sa
catégorie, et qui lui donne vocation à occuper un emploi d'un certain niveau, dans sa
spécialité, et dans la hiérarchie administrative. À chacun des grades correspond une échelle de
traitement qui comprend des classes et des échelons. Les différents grades et les échelles de
traitement sont fixés par décret un conseil des ministres.
Il faut noter quil existe un rapport entre les grades et les emplois ; il en résulte que le
nombre des grades institués est en relation avec la différenciation et la hiérarchie des emplois,
cest-à-dire des tâches.
97
Mais le grade ne se confond pas avec lemploi, en ce que le premier, contrairement au
second ne constitue pas une fonction. Il sagit, en réalité, titre du fonctionnaire définissant sa
position dans la hiérarchie. Les grades sont désignés par une lettre qui est celle de la
catégorie, suivie dun chiffre.
Ainsi, aux termes de larticle 3 du décret no 93-608 du 02 juillet 1993, portant
classification des grades et emplois dans ladministration de l’État et dans les établissements
publics nationaux, les grades rattachés à chacune des quatre catégories (ABCD) sont fixés
comme suit dans lordre croissant :
- Catégorie A, sept grades : A1 à A7
- Catégorie B, trois grades : B1 à B3
- Catégorie C, trois grades : C1 à C3
- Catégorie D, deux grades : D1 à D2
Classification des fonctionnaires : les catégories
En fonction de leur niveau de formation et de leur qualification professionnelle, les
fonctionnaires sont classés en quatre catégories désignées dans l ordre hiérarchique
décroissant par les lettres A, B, C, D.
Aux catégories correspondent des fonctions de différents niveaux :
- À la catégorie A correspondent les fonctions détudes générales, de conception de
direction et de supervision ;
- À la catégorie B, les fonctions dapplication, consistant à traduire en mesures
particulière les principes généraux arrêtés ;
- À la catégorie C et D, correspondent les fonctions dexécution.
Les fonctionnaires de la catégorie A doivent être titulaires de diplômes de
lenseignement secondaire du second cycle général et technique ou diplômes reconnus
équivalents par la commission consultative des équivalences de diplômes.
Les fonctionnaires de la catégorie C doivent être titulaires des diplômes de
lenseignement primaire, le certificat détudes primaires élémentaires.
B-Les familles emplois
.Il importe ici de préciser la notion demploi avant de présenter les familles d emplois.
1-La notion demploi.
Aux termes de larticle 5 du décret n° 93-608 du 02 juillet 1993 précité , lemploi est la
profession exercée par lagent en fonction dune qualification acquise soit après une formation
initiale, soit à la suite dune formation continue. Sur le plan budgétaire, on peut dire que
lemploi est un poste budgétaire prévu et susceptible dêtre occupé par un fonctionnaire.
Lemploi est différent du grade. Cest ce qui ressort de l article 10 du statut général de la
Fonction publique. Le statut dispose clairement que le grade est distinct de l emploi . On
connait la célèbre formule tirée de lexposé des motifs de la loi du 19 mai 1834 en France
« sur létat des officiers »: « si le grade appartient à lofficier, lemploi appartient au roi ; le
gouvernement peut retirer à un officier lemploi dont il l avait investi ; mais lofficier [...]
conserve ses droits à lavancement, à la réforme ou à la retraite. ».
Ce principe a en théorie une double portée, précieuse en matière de gestion des
ressources humaines, sans parler de la garantie particulièrement sensible aux agents, de la
conservation de leur grade en cas de suppression de leur emploi et subordonnant donc le
licenciement à une loi de dégagement des cadres, hypothèse rarissime : il fait de
97
ladministration la « maîtresse de lemploi » quil sagisse daffecter, de muter, de retirer
lemploi dans lintérêt du service, de choisir les titulaires de certains emplois ou même de
procéder à des recrutements dérogatoires pour mieux pourvoir à certains emplois ; il permet
ensuite dattacher une certaine reconnaissance spécifique à certains emplois ou de les valoriser
pour les rendre plus attractifs ou compenser certaines contraintes, sans que puisse être
opposée à une telle politique une méconnaissance du principe de légalité de traitement.
Un arrêt du Conseil dEtat français est démonstratif à ce égard. Il est estime que bien
que le statut définisse le grade comme ouvrant « vocation » à l’emploi, cette vocation « ne fait
pas obstacle à ce que, dans la mesure où lintérêt du service l exige, un chef de service confie
au titulaire dun grade déterminé des fonctions qui sont normalement remplies par des agents
d’un grade inférieur » (CE. 10 janvier 1958, portes A.J.D.A 1958, II, 161).
2- Les familles demplois
Les familles demplois sont fixées par le décret n°93-608 du 02 juillet 1993 modifié
successivement par les décrets n° 2015-432 du 10 2015 et le décret n°2020 du 24
2020(modifiant et complétant le décret 2015) portant classification des grades et emplois dans
lAdministration de lEtat et dans les établissements publics nationaux. Ce décret en son article
6 qui dispose que dans la fonction publique ivoirienne, les emplois sont regroupés en six
ensembles de spécialités ou familles demplois.
- Les emplois de léducation et de la formation
- Les emplois scientifiques et techniques
- Les emplois à caractère administratif et juridique
- Les emplois de gestion économique et financière
- Les emplois des affaires sociales
- Les emplois de production littéraire et artistique
*Emplois de léducation et de la formation,
-Assistant de lenseignement supérieur : A4 (Doctorat+CNRES)
-inspecteur pédagogique, inspecteur, professeur de lycée : A4 (Maîtrise ou diplôme
équivalent +concours+formation de 2ans.
*Emplois de gestion économique et financière : Administrateur principal des services
financiers : A5 (douanes, impôts, trésor, finances générales, santé, commerce,
assurance, banque)
* Emplois des affaires sociales,
- Administrateur principal social : A5
-Inspecteur principal (Éducation surveillée-Éducation spécialisée, orientation) : A5
* Emplois de production littéraire et artistique,
Journalistes principal, les producteurs, les conservateurs des archives, de
bibliothèques, de musée, les conseillers daction culturelle : A5
3-Le régime des emplois supérieurs
Si ladministration dispose dune certaine liberté à l égard des emplois en général, cette
liberté est beaucoup plus grande encore à légard des emplois dits « supérieurs ». La raison est
bien simple : les aptitudes que requiert lemploi supérieur, les responsabilités qu il implique, le
fait quil est souvent à mi-chemin entre les fonctions administratives et les fonctions
97
politiques, entrainent en contrepartie un certain risque d instabilité pour son titulaire ; cest un
domaine ou dans la conciliation de lidée de garantie et de l idée de hiérarchie, la seconde
lemporte nettement.
Le régime juridique de lemploi supérieur est ainsi caractérisé par un large pouvoir
discrétionnaire du Gouvernement à la fois en matière de recrutement et d exclusion .
S’agissant du recrutement, il importe quaux termes de l'article 71 de la Constitution de
novembre 2016 que le Conseil des ministres délibère obligatoirement des nominations aux
emplois supérieurs de l'Etat. Ces nominations sont aux termes de larticle 13 alinéa 2 du statut
général laissées à la discrétion du gouvernement.
S'il s'agit de fonctionnaires, ils sont généralement placés en position de détachement.
Des non-fonctionnaires peuvent être nommés à de tels emplois, ce qui accentue, en ce qui les
concerne, la dissociation du grade (ici absent) et de l’emploi. Il faut noter que si un non-
fonctionnaire est nommé à un tel poste, il n'est pas titularisé dans la fonction publique : il n'a
donc pas droit à la sécurité de l'emploi et ne peut prétendre à retrouver un autre poste dans la
fonction publique.
Relativement à l’exclusion, les occupants des emplois supérieurs sont révocables « à la
discrétion du Gouvernement ». Larticle 13 précité dispose en effet que les nominations aux
emplois supérieurs sont révocables, quelles concernent des fonctionnaires ou des non-
fonctionnaires. En fait, le Gouvernement peut mettre fin à leurs fonctions sans formalités et
sans garanties particulières envers les intéressés pour des motifs quil apprécie librement.
Cette règle vise à assurer le Gouvernement, pour ces emplois sensibles, une loyauté
particulière et une adhésion suffisamment forte aux politiques menées. Ces emplois sont en
effet divisés en deux catégories : les emplois civils et les emplois militaires.
Au titre des emplois militaires, seuls les Chefs d'Etat Major et sous-chefs d'Etat Major, les
Commandants de la Gendarmerie, adjoints au commandants de la Gendarmerie et
97
commandants militaires départementaux, les Commandants de Légion de la Gendarmerie ; les
Inspecteurs de la Gendarmerie ; et les Inspecteurs généraux des Forces armées, sont
obligatoirement nommés en Conseil des Ministres.
97
Pour être admis au service de lÉtat en qualité de fonctionnaire, le candidat doit
remplir certaines conditions. De léconomie des textes, l on peut dégagées des conditions
générales et des conditions particulières. S’agissant des condition générales, elles peuvent être
déduites de larticle 3 du statut général. Pour avoir la qualité de fonctionnaire il faut :
avoir la nationalité ivoirienne ;
remplir les conditions d'âge pour l'accès à la Fonction publique;
jouir de leurs droits civiques et d'une bonne moralité ;
être en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l'Armée ;
remplir les conditions d'aptitude physique et mentale exigées pour occuper l'emploi
En ce qui concerne les conditions particulières, sont généralement déterminées par les
statuts particuliers ou les règlements des concours. Elles sont en relation avec l emploi à
occuper. Il sagit notamment du niveau des connaissances des candidats, la possession de
certains diplômes ou titres et laptitude physique.
97
dérogatoires. À ce stade il suffit dévoquer le cas de ce qui est convenu d appeler les emplois
réservés. Dailleurs larticle 14 du statut dispose que « les modalités spécifiques peuvent, en
raison des conditions daptitude physique ou de sujétions propres à certaines fonctions, en
réserver laccès aux candidats de lun ou lautre sexe ».
2- Les effets du principe de légale admissibilité
De lensemble des textes évoqués ci-dessus, il ressort que la mise en uvre du principe
dégale admissibilité exclut les discriminations en raison des opinions politiques, des
convictions religieuses, de ethnie et du sexe.
a-Linterdiction des discriminations liées aux croyances et opinons
Dans la droite ligne de la Constitution, le statut général garantit la liberté d opinion aux
fonctionnaires et exclut toute distinction entre eux sur la base de leurs opinions. Il importe de
noter cependant lautorité administrative à qui il revient d'arrêter la liste des candidats admis à
concourir, d'apprécier, dans l'intérêt du service, si les candidats présentent les garanties
requises pour l'exercice des fonctions. Il peut, à cet égard, tenir compte de faits et
manifestations contraires à la réserve que doivent observer ces candidats. En revanche il ne
saurait, sans méconnaître le principe de l'égalité de l'accès aux emplois et fonctions publics,
écarter de ladite liste un candidat en se fondant exclusivement sur ses opinions politiques. Un
recours à la jurisprudence administrative française permet d éclairer davantage ce principe. En
fait, par décisions des 3 et 7 août 1953, le secrétaire d'État à la présidence du conseil refusa
cinq candidatures au concours d'entrée de l'Ecole nationale d'administration. Quelques jours
plus tard, la presse publiait un communiqué d'après lequel un membre du cabinet du secrétaire
d'État avait déclaré que le gouvernement ne voulait accepter aucun candidat communiste à
l'E.N.A. Les cinq intéressés, dont M. Barel, saisirent le Conseil d'État de recours en
annulation, en soutenant que l'autorisation de concourir leur avait été refusée uniquement en
raison des opinions politiques qui leur avaient été imputées. Par l'affaire Barel, le Conseil
d'État a jugé que l'administration ne pouvait, sans méconnaître le principe de l'égalité d'accès
de tous les Français aux emplois et fonctions publics, inscrit dans la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789, écarter quelqu'un de la liste des candidats au concours de
lE.N.A en se fondant exclusivement sur ses opinions politiques . Cest par larrêt Barel que le
Conseil dÉtat a pour la toute première fois reconnu explicitement le principe de l égalité de
tous les Français aux emplois publics. Ce célèbre arrêt est donc le point de départ de la
reconnaissance de légale admissibilité de tous aux emplois publics. Ce principe devient ainsi
non seulement effectif, mais surtout un droit subjectif opposable à ladministration.
Le statut interdit également les discriminations fondées sur les croyances religieuses.
Cette discrimination se trouve confortée par le principe de la laïcité. Les candidats aux
emplois publics sont libres dadopter les croyances de leur choix, et même ne pas en avoir. Si
lAdministration doit rester indifférente à ce que sont les croyances des candidats, elle ne peut
au contraire demeurer indifférente aux conséquences que ces croyances pourraient avoir sur
les usagers du service public. Là encore on peut convoquer un arrêt du Conseil d État, Abbé
Bouteyre en 1912, à titre de droit comparé. L'abbé Bouteyre s'inscrit au concours
d'agrégation de l'enseignement secondaire. Le ministre de l'instruction publique le disqualifie
de ce concours en jugeant que l'état ecclésiastique auquel il s'était consacré s'oppose à ce qu'il
soit admis dans le personnel de l'enseignement public par principe de laïcité. L'abbé Bouteyre
demande au juge administratif d'annuler la décision pour excès de pouvoir. Le a admis la
légalité du refus dadmettre un prêtre catholique à présenter le concours d agrégation de
philosophie en ce que si les idées les opinions se manifestent ou se sont manifestées avant la
candidature aux fonctions publiques, par un fait individuel, par un acte public, qui par sa
97
nature serait incompatible avec l'exercice des fonctions sollicitées, il rentrera certainement
dans les droits d'appréciation de l'Autorité qui fait la nomination, et qui peut légitimement
écarter un candidat qui se sera livré à cette manifestation ou qui aura accompli un acte de cette
nature. Il s'agit ainsi de l'exclusion d'un individu et non pas une catégorie de citoyen. En
l'occurrence, l'état ecclésiastique du candidat constitue une manifestation extérieure de sa
conviction religieuse que l'État est en droit de juger qu'elle serait incompatible avec la
fonction à laquelle il va prétendre (professeur de l'enseignement secondaire). Ce refus de se
justifie pas pour autant pour l'enseignement supérieur public : les élèves sont désormais en
âge de juger.
Par son arrêt Dlle Bobard du 3 juillet 1936, la Haute juridiction administrative
française rejeta le recours et affirma la légalité du décret attaqué, considérant que les
restrictions quil apportait à lavancement du personnel féminin répondaient aux exigences du
service.
Lintérêt de larrêt réside dans le fait que désormais il est établi que seules des raisons
de service pouvaient justifier des restrictions à ladmission et à l avancement du personnel
féminin dans la fonction publique, le Conseil dEtat se réservant de vérifier si la mesure prise
nétait pas motivée par dautres considérations.
Les conditions daccès aux emplois ayant été identifiées, on peut examiner à cet stade du
propos, le recrutement proprement dit.
PARAGRAPHE II- LE RECRUTEMENT
Le recrutement des fonctionnaires est toujours une opération importante et délicate ;
les méthodes employées sont fort diverses. Pour pouvoir aux emplois vacants ou
nouvellement créés, lAdministration peut procéder, dune manière générale, à un recrutement
97
interne ou externe. Le premier sadresse aux agents qui sont déjà dans la Fonction publique et
qui souhaitent évoluer dans leur carrière. Le second est destiné à faire entrer dans la fonction
publique, des personnes qui, jusque-là lui étaient étrangères. Qu il soit interne ou externe, le
principe du recrutement est le concours. Des dérogations existent cependant.
A- Le principe du recrutement par concours
Le concours est la règle de principe pour le recrutement des fonctionnaires. Il permet
d'assurer l'égalité d'accès des candidats en évitant les discriminations à l'embauche et de
vérifier les compétences des candidats. Le statut général consacre le principe et détermine les
modalités de mise en uvre du concours.
1- La consécration du principe
Le statut général de la fonction publique autant que le décret portant modalités communes
dapplication du statut général de la fonction publique pose le principe du concours. Aux
termes des articles 33 et 3 respectivement statut général de la fonction publique et du n° 93-
607 du 2 juillet 1993, portant modalités communes dapplication du statut général de la
fonction publique « les fonctionnaires sont recrutés par voie de concours, sauf dérogations
prévues par décrets ».
Le procédé du concours de recrutement est à la fois, le plus habituel à l époque actuelle et
le plus caractéristique de la tendance à limiter la liberté de choix de l autorité administrative
sans lui enlever cependant tout pouvoir. Le concours représente un instrument au bénéfice de
ladministration publique, qui permet dassurer la sélection des candidats les plus capables
selon des critères objectifs, fondés sur le mérite, et donc libres de tout conditionnement
politique ou de tout clientélisme (principe dimpartialité ). Il protège ainsi limage et lefficacité
de lorganisation publique. Le concours répond ainsi à une triple exigence de garantie : pour
ladministration, il permet de choisir les candidats les meilleurs en fonction de leur aptitude
vis-à-vis de lemploi à pourvoir ; pour les candidats, il garantit un choix impartial et donc un
accès à lemploi potentiellement ouvert à tous ; pour les usagers, il assure limpartialité du
service public. Le principe constitutionnel est aujourdhui mis en uvre par des dispositions
qui imposent aux administrations publiques de recruter leurs personnels « par le biais de
procédures de sélection [ ] ayant pour finalité vérifier lexigence de professionnalité » et
« garantissant laccès de lextérieur », à la suite dune « publicité adéquate » et selon une
procédure impartiale, économique et rapide, qui permet de vérifier que chaque candidat
possède les « aptitudes et qualités professionnelles en relation avec le poste à pourvoir ».
En fait, les concours sont ouverts en fonction des besoins programmés et budgétisés.
Lorsque la nomination dans lemploi est subordonnée à lobtention dun titre ou diplôme
délivré par un établissement de formation de fonctionnaires, le concours d entrée à la fonction
publique.
Les concours de recrutement sont ouverts aux candidats et aux fonctionnaires justifiant
de certains diplômes ou titres ou d’un certain niveau d études. Ces concours organisés par le
ministre chargé de la fonction publique en collaboration avec le ministre technique intéressé.
Lâge minimum pour être recruté en qualité de fonctionnaire est à dix-huit (18) ans ; lâge
maximum à quarante (40) ans pour les agents dont la limite d âge est fixée à cinquante-cinq
(55) ans et à quarante-cinq (45) ans pour ceux dont la limite d âge est fixée à soixante (60)
ans.
Tout candidat à un emploi public doit produire un dossier comprenant notamment les pièces
suivantes :
97
- Un extrait dacte de naissance ou de jugement supplétif en tenant lieu, ayant moins de
six (6) mois de date ;
- Un certificat de nationalité ivoirienne ;
- Un extrait de casier judiciaire ayant moins de trois (03) mois de date ;
- Un état signalétique et des services militaires ou toute autre pièce établissant que
lintéressé est en règle vis-à-vis des lois sur le recrutement dans larmée ;
- Un certificat de visite et de contre visite médicale délivrée par des médecins de
lAdministration et indiquant que lintéressé remplit les conditions d aptitude physique
et mentale exigées pour occuper lemploi et quil est indemne de toute affection grave
ou contagieuse, dont la liste est fixée par décret en Conseil des ministres ;
- Les diplômés ou titres exigés par les dispositions particulières applicables à l emploi
ou les copies certifiées conformes de ces documents ;
- Une demande de candidature, établie sur papier libre écrite datée et signée de la main
du candidat et précisant lemploi pour lequel il postule.
Les dossiers de candidature doivent parvenir à lautorité qui a ouvert le concours trente
jours au moins avant la date fixée pour le début des épreuves. La liste des candidats admis à
concourir est arrêtée par le ministre chargé de la fonction publique, quinze jours au moins
avant le début des épreuves. Les candidats admis à concourir sont avisés par tout moyen.
2- Les modalités de mise en uvre
Conformément aux dispositions de larticle 7 du statut général de la fonction publique,
les niveaux de qualification exigés des candidats aux concours de recrutement sont fixés
comme suit, pour chacune des catégories :
- Catégorie A : diplôme de lenseignement supérieur, général, technique et professionnel
- Catégorie B : diplôme de lenseignement secondaire du second cycle général et
technique ou diplôme reconnus équivalents par la commission consultative des
équivalences de diplômes.
-Catégorie C : diplôme de lenseignement secondaire du premier cycle général et
technique ou diplômes reconnus équivalents ;
-Catégorie D : diplôme de lenseignement primaire : Certificat dEtudes Primaires
Élémentaires.
En fait, les concours sont ouverts par arrêté du ministre chargé de la Fonction
publique au moins quarante-cinq jours avant la date fixée pour le début des épreuves. Larrêté
désigne les emplois concernés et détermine les épreuves et les conditions d organisation des
concours. Il est publié au Journal officiel de la République de Côte dIvoire.
La liste des matières, la durée des épreuves, les coefficients et les notes éliminatoires, le
cas échéant, sont fixés par arrêté conjoint du ministre technique intéressé et du ministre
chargé de la Fonction publique.
Le ministre chargé de la Fonction publique désigne par arrêté les membres de la
Commission de surveillance des concours, les membres du jury du choix des épreuves, les
correcteurs des épreuves écrites et les membres du jury des épreuves orales.
Les fonctionnaires désignés pour faire partie du jury ou désignés en qualité de
correcteurs ou examinateurs doivent appartenir à des emplois d un niveau au moins équivalent
à celui de lemploi auquel le concours donne accès. Le jury de délibération des concours
comprend des membres choisis parmi les correcteurs des épreuves écrites, il est présidé par un
97
représentant du ministre chargé de la Fonction publique, assisté d un représentant du ministre
technique intéressé.
Le secrétariat est assuré par la direction ou l organisme chargé des concours au
Ministère chargé de la Fonction publique. Au besoin, des centres de concours peuvent être
ouverts dans le chef-lieu de région par arrêté du ministre chargé de la Fonction publique.
Il importe de noter que des sélections peuvent être réservées aux fonctionnaires ou
contractuels en service auprès de ladministration (promotions ou « progressions verticales »).
Ces concours réservés trouvent application dans les récents concours d intégration des
contractuel dans le fonction publique. En avril 2023 le ministère de la fonction publique a
lancé au titre de cette année, sur étude de dossier un concours exceptionnel d intégration
dagents contractuels à la fonction publique pour 200 postes budgétaires. Peuvent faire actes
de candidature, les agents contractuels de nationalité ivoirienne exerçant au ministère de la
santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle dans le domaine de la
santé titularisations des emplois
Dans la limite du nombre de places mises au concours, le ministre chargé de la
Fonction publique a arrêté le tableau de classement établi par le jury de délibération.
B- Les dérogations au principe du recrutement par concours
Le principe du concours peut connaître des assouplissements. Ceux-ci peuvent être
dictés par lintérêt du service, voire par lintérêt général. L article 33 du statut général de la
fonction publique indique effectivement que des dérogations peuvent être portées par décret
au principe du concours. Larticle 3 du décret 93-607 portant modalités communes
dapplication du statut général de la Fonction publique reprend la même formule.
C’est ainsi qu’à lissue des travaux de la Commission de Recrutement dérogatoire
composée des représentants de lAdministration publique et de ceux des organisations de
personnes en situation de handicap, les 200 postes budgétaires des grades D1 à A4 prévus
pour la session 2022 ont tous été pourvus 13. « Ainsi, ont été retenus sur 1 012 dossiers valides,
100 handicapés moteurs, soit 50%, 35 handicapés auditifs, 17,5%, 37 handicapés visuels,
18,5% et 25 personnes, soit 12,5%, portant des handicaps liés au trouble du développement »,
a dit Amadou Coulibaly, par ailleurs ministre de la Communication et de l Économie
numérique.
D’ailleurs Prenant en compte la volonté du Chef de l État de faire de l année 2023
lannée de la Jeunesse et tenant compte de léquité de cette initiative, le Conseil a instruit le
ministre de lEmploi et de la Protection sociale et l ensemble des ministres concernés afin de
prendre les dispositions idoines, en vue douvrir, pour lannée 2023, une autre session de
recrutement dérogatoire à la Fonction publique des personnes en situation de handicap.
Une autre dérogation au principe du recrutement par concours se manifeste à travers les
emplois à la discrétion du gouvernement. Il ressort de l article 13 du statut général de la
Fonction publique que la nomination aux emplois supérieure est laissée à la discrétion du
gouvernement compte tenu des critères fixés par décret.
PARAGRAPHE III- NOMINATION ET TITULARISATION DU FONCTONNAIRE
La mise en uvre des procédés de recrutement débouche logiquement sur des
décisions de nomination émanant des autorités compétentes.
A- La nomination
13
Source : Conseil des ministres, le mercredi 22 mars 2023
97
La nomination est le procédé par lequel une autorité affecte une personne à un poste
ou à une fonction. Du point de vue du droit public, il sagit de lacte par lequel une autorité
administrative affecte à un emploi ou à une fonction publique une personne, qui en remplit les
conditions daccès. La nomination revêt un caractère formel, se concrétisant par un acte
unilatéral, et un caractère substantiel, en consacrant l aptitude à l exercice d une fonction.
Comme une majorité dÉtats modernes, ladministration ivoirienne est marquée par le principe
de la nomination (opposé à celui de lélection). Elle intervient après que le fonctionnaire ait
satisfait aux conditions légales et réglementaires pour son recrutement.
À cet égard, le droit positif, éclairé par son héritage historique, oscille entre la
consécration de la nomination comme un pouvoir discrétionnaire de l autorité administrative,
et lencadrement de ce pouvoir comme vecteur dune professionnalisation des fonctions
publiques. En fait, le succès à un concours nemporte pas automatiquement nomination . La
Chambre administrative de la Cour Suprême a effet estimé dans l arrêt GBOKO Koré Jean
Paul Claude C/ ministère de lemploi, de la fonction publique et de la prévoyance sociale de
27 janvier 1997, « qu'une fois arrêtée la liste des candidats déclarés admis, le jury épuise sa
compétence et l'autorité administrative a seul pouvoir de nommer le candidat dans l'emploi si
le concours avait pour but de pourvoir directement un emploi, ou de l'autoriser à accéder à
l'établissement de formation ». Au surplus, cette autorité n'est pas tenue d'autoriser un
candidat à accéder à la formation s'il se révèle une faute grave de nature à justifier son
exclusion. En revanche lorsque la nomination intervient, ladministration est tenue daffecter
les agents dans un délai raisonnable. Cest ce qui ressort de larrêt KOUAKOU Adonis Robert
c / ministre de la fonction publique et de la réforme administrative du 18 mars 2015. Le juge
considère « quil est de principe que lAdministration est tenue de placer ses agents dans une
situation régulière et de les affecter, dans un délai raisonnable, à des fonctions effectives »
Lapproche juridique demeure fortement teintée par la dimension politique de toute
nomination. Lhistoire de la nomination est celle dun acte marquant la volonté souveraine de
lautorité exécutive, et même « la plus noble et la plus importante » de ces marques (C. Le
Bret, De la souveraineté du Roi, II, 1). Les théoriciens de la souveraineté en font la
prérogative royale par excellence, servant lunité et lautorité du pouvoir. C est le Roi qui
nomme, et révoque, les grands commis de lÉtat, nomination imprégnée d un fort intuitu
personae. Sinstalle alors une véritable tradition, dépassant l instauration du régime
républicain : lexécutif est lautorité de nomination de droit commun . La désignation de
lautorité compétente découle des règles constitutionnelles. La constitution désigne le
Président de la République comme lautorité détenant la compétence de principe en matière de
nomination aux emplois civils et militaires de lÉtat.
B- La titularisation
Alors que la nomination se fait dans un emploi, la titularisation se fait quant à elle dans
un grade. En fait, toute personne admise à occuper un emploi en qualité de fonctionnaire est
soumise à un stage probatoire d'une (1) année.
Sagissant des fonctionnaires stagiaires admis à un emploi de la catégorie A, lorsqu'ils
ne sont pas titulaire du diplôme du cycle supérieur de l Ecole nationale d'Administration,
doivent suivre pendant leur stage probatoire une formation administrative de base.
Une fiche dappréciation du stagiaire est adressée au ministre chargé de la Fonction
publique et au ministre technique intéressé par les directeurs des services ou organismes dans
lesquels le stage probatoire a été effectué. A l'issue du stage d'une année, si les résultats sont
probants, le fonctionnaire stagiaire est titularisé. Dans le cas contraire, il est autorisé à
effectuer une seconde année de stage.
97
La décision de ne pas le titulariser en fin de stage doit être fondée sur l'appréciation
portée par l'autorité compétente sur son aptitude à exercer les fonctions auxquelles il peut être
appelé et, de manière générale, sur sa manière de servir. En fait, l'autorité compétente ne peut
donc prendre légalement une décision de refus de titularisation, qui n'est soumise qu'aux
formes et procédures expressément prévues par les lois et règlements, que si les faits qu'elle
retient caractérisent des insuffisances dans l'exercice des fonctions et la manière de servir de
l'intéressé. En définitive, c’est par la titularisation le fonctionnaire acquiert les droits et
prérogatives attachés à son grade.
Il importe de noter que a notion de titularisation est liée à la distinction entre le grade
et lemploi. Ceci entraine plusieurs conséquences. D abord dans la mesure où la titularisation
intègre lagent dans la fonction publique , elle est un acte définitif qui na pas besoin dêtre
renouvelé en cours de carrière. En revanche, les changements successifs de l agent en cours de
carrière peuvent saccompagner dautant de nomination. Ensuite, il peut y avoir simultanéité
de la nomination et la titularisation. Cest le cas notamment lorsque l’agent est dispensé du
stage. Enfin, la titularisation est impossible pour les emplois hors carrière, tels que ceux à
discrétion du gouvernement.
97
- Congé de maternité : accordé à la demande de la femme fonctionnaire au vu d un certificat
médical. La durée est de 14 semaines avec traitement intégral (en principe 8 semaines avant
laccouchement et 6 semaines après laccouchement).
B- Les positions exceptionnelles
Répondant au souci daménagement des carrières dans lintérêt du service et en vue de
donner plus de mobilité au fonctionnaire dans un système de fonction publique dite fermée, le
fonctionnaire peut amener à occuper d’autres positions. Il s’agit du détachement, de la mise
en disponibilité et sous les drapeaux.
1. Le détachement
Le détachement est la position du fonctionnaire autorisé à interrompre temporairement
son activité pour exercer un emploi ou un mandat public national ou international, un mandat
syndical ou une fonction ministérielle. Sous ce rapport, le détachement permet de modifier
l’affectation du fonctionnaire, tout en préservant leurs droits. Il favorise la mobilité entre les
fonctions publiques dans lesquelles son régime est quasi uniforme. Il permet aussi d exercer
certaines activités privées sans avoir lobligation de se mettre en disponibilité.
Le détachement place toutefois lagent titulaire dans une situation bipolaire, puisqu il
sagit de la position du fonctionnaire qui, « placé hors de son corps ou cadre dorigine,
continuer à bénéficier dans ce corps ou dans ce cadre demplois de ses droits à l avancement et
à la retraite ». Les hypothèses de détachement sont nombreuses : auprès dun établissement
public national, dune collectivité territoriale (commune, région, district), d une entreprise
publique (les sociétés dÉtat), dune mission denseignement ou mission publique, pour
exercer des fonctions de ministre, une entreprise privée en accord avec le conseil des
ministres.
Mais considérant, que, même si Monsieur TIADE a obtenu son détachement en 1985
sous lempire de la loi du 21 décembre 1964 sur la Fonction Publique, il n en reste pas moins,
quil sest abstenu de demander sa réintégration à la fin de son détachement de 5 ans; qu il a
prolongé de plusieurs années la période dudit détachement qui a ainsi durée 13 ans, sans
sollicitation et obtention dune décision administrative auprès de lautorité compétente;
97
Que par ailleurs, en s'abstenant de se faire recenser lors du recensement général des
fonctionnaires en mars 1996 et en introduisant, auprès du Ministre de l agriculture, une
demande de réintégration seulement en 2001, soit 3 ans après son licenciement par la PALM-
CI, quil a attaquée pour rupture abusive de contrat devant le tribunal de travail, lorsque celle-
ci a entendu le remettre à ta disposition de la Fonction Publique, Monsieur TIADE Lama a
abandonné son poste et ainsi, rompu unilatéralement, le lien qui l'attachait à la Fonction
Publique; que dès lors, il n'est pas fondé à soutenir que le refus implicite de l'administration
de le réintégrer est entaché d'excès de pouvoir »
Le détachement peut prendre fin avant son terme soit à l’initiative de l autorité
administrative soit à la demande du fonctionnaire. Dans l arrêt SIE SEREOUE ALPHONSE
C/ MINISTERE DE LENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET du 23 février 2005 , à la requête
du Monsieur SIE qui estime quil été mis fin illégalement à son détachement, le juge rappelle
« qu'il ressort du statut général de la Fonction Publique notamment de l'article 27 du décret
93607 du 02 juillet 1993, portant modalités communes d'application dudit statut, «qu'il peut
être mis fin, par arrêté du Ministre chargé de la Fonction Publique, au détachement avant le
terme fixé, à la demande soit de l'administration ou de l'organisme d'accueil, soit de
l'administration d'origine».
Considérant que le Directeur du Centre de Formation Professionnelle, qui est habilité à
organiser son service selon les objectifs qu'il s'est fixé, a, en remettant Monsieur SIE à la
disposition de son Ministère d'origine, agi en conformité avec les textes susvisés et n'a
commis, en l'absence de preuves fournies par le requérant, aucun détournement de pouvoir;
que dès lors, Monsieur SIE n'est pas fondé à demander l'annulation de la décision du Ministre
de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle.
Le fonctionnaire détaché ou en détachement est rémunéré par son établissement
daccueil. Mais cette administration daccueil devra verser à l Administration d origine les
retenues au titre des pensions et prestations sociales. Il importe de noter qu en cas fin
prématurée du détachement à linitiative du ministre de la Fonction publique, l agent
continuera dêtre rémunéré par lorganisme de détachement jusquà sa réintégration .
En revanche dans lhypothèse où la demande est faite par le fonctionnaire avant le terme, il
cesse dêtre rémunéré au cas où sa réintégration nest pas immédiate .
97
fonction publique précise les hypothèses dans lesquelles la mise en disponibilité est accordée
au fonctionnaire :
Mais le fonctionnaire ne peut être considéré comme étant en disponibilité que s'il est
placé dans cette position par une décision de l'autorité de nomination, en l'occurrence le
Ministre de la Fonction Publique. Sous ce rapport, la Chambre administrative de la Cour
suprême considère, dans l’arrêt ZADI Bakre Georges C/ Ministère de la fonction publique du
31 mai 1989 « qu'en décidant d'arrêter son service, sans attendre une telle décision, ZADI
BAKRE a commis un manquement à ses obligations de nature à justifier une sanction
disciplinaire ».
Par ailleurs, contrairement au détachement, la mise en disponibilité entraine une
rupture temporaire des liens du fonctionnaire avec le service. Sous ce rapport, et aux termes
de larticle 46 du statut général de la fonction publique, le fonctionnaire perd à la fois son droit
à rémunération et à la retraite. Cependant, la femme fonctionnaire, chef de famille placée en
disponibilité, pour accident ou maladie d'un enfant, perçoit la totalité des allocations
familiales.
A-La notation
Durant leur carrière, la plupart des fonctionnaires sont notés par leur supérieure
hiérarchique. Il convient de voir les éléments de la notation et son contentieux.
1-Les éléments de la notation
Aux termes, de larticle 52 du Statut général de la Fonction publique, il est attribué
chaque année à tout fonctionnaire en activité ou en service détaché, une note chiffrée, suivie
dune appréciation générale exprimant sa valeur professionnelle.
97
Le pouvoir de notation appartient au ministre ou au Directeur de l établissement dont
dépend lintéressé. Un exemplaire du bulletin de notation est remis au fonctionnaire.
Le Décret N° 93-607 du 2 juillet 1993, portant modalités communes d'application du
statut général de la fonction publique indique en son article 43 que la notation du
fonctionnaire est formulée dans le bulletin de notation. Le bulletin de notation comprend :
1°)- Les mentions portées par le fonctionnaire et relatives à son identité, à l évolution de sa
carrière, à lemploi, aux fonctions exercées le cas échéant et à celles quil souhaite exercer ;
2°)- La note chiffrée : cotée de 1 à 5, elle constitue la synthèse dune série d’appréciations
détaillées portées sur le bulletin et basées elles aussi sur une cotation de 1 à 5 correspondent
aux appréciations suivantes :
1-Mauvais
2-Insuffisant
3-Bon
4-Très bon
5-Exceptionnel
3°)- Lappréciation générale destinée à exprimer la valeur professionnelle du fonctionnaire,
elle décrit brièvement les tâches qui lui ont été confiées au cours de la période couverte par la
notation ainsi que la manière dont il sen est acquitté. Cette appréciation est la traduction de la
note chiffrée. Elle doit également évaluer, laptitude éventuelle du fonctionnaire à occuper une
fonction supérieure ;
4°)- Une proposition relative à lavancement déchelon ou de classe.
Les appréciations détaillées visées au 2° du présent article (article 52 ci-dessous cité)
concernant :
Connaissance et aptitude professionnelle
Esprit dinitiative
Le sens des responsabilités
La puissance de travail
Le civisme
Intégrité morale
Le sens du service public
Le sens social et des relations humaines
Esprit de discipline
La ponctualité et lassiduité
La tenue et la présentation
La note porte sur lévaluation des services accomplis du 1 er juin de lannée précédente
au 31 mai de lannée en cours. Elle produit ses effets en cours de lannée civile suivante. Tout
fonctionnaire doit sassurer du respect de ces dispositions et faire diligence pour leur
application. La notation est proposée par le supérieur hiérarchique désigné à cet effet par le
ministre intéressé.
Le supérieur hiérarchique remet au fonctionnaire concerné, une copie du bulletin de
notation complétée par la proposition de notation.
2- Le contentieux de la notation
Il convient de distinguer ici les réclamations introduites devant l autorité
administrative du contentieux juridictionnel
97
a- Les réclamations
Aux termes de larticle 44 du décret n° 93-607 du 2 juillet 1993, portant modalités
communes d'application du statut général de la fonction publique, Le fonctionnaire peut dans
les huit (8) jours de réception du bulletin individuel de notation introduire une réclamation
écrite contre la note chiffrée proposée à son sujet, accompagné de l éventuelle réclamation, au
ministre compétent ou à son délégué.
Cette réclamation peut être remise au supérieur hiérarchique ou adressé directement au
ministre compétent ou son délégué. À lexpiration du délai ci-dessus, le supérieur hiérarchique
adresse le bulletin individuel de notation, accompagné de l éventuelle réclamation, au ministre
compétent ou à son délégué. Celui-ci arrête définitivement la notation, après avoir statué sur
léventuelle réclamation.
La notation individuelle arrêtée par le ministre ou son délégué, la copie du bulletin
individuelle est adressée au ministre chargé de la Fonction publique, au supérieur hiérarchique
et au fonctionnaire intéressé.
Les différentes copies du bulletin doivent obligatoirement parvenir à leurs
destinataires au plus tard le 30 septembre de l année en cours. Si, à cette date, le fonctionnaire
na pas reçu copie du bulletin de sa notation, il est fondé à s adresser par écrit à l autorité
censée avoir la notation. Il dispose à cet effet d un délai d un mois. Passé ce délai et
lorsquaucune suite na été réservée à sa demande, le fonctionnaire peut dans la limite d un
nouveau délai de quinze (15) jours, saisir directement le ministre chargé de la Fonction Public
qui prend alors toutes mesures appropriées. Lorsque, de son fait, un fonctionnaire na pu être
noté dans les délais réglementaires, lannée considérée n est prise en compte pour son
avancement.
La procédure de notation déterminée au présent décret ne s applique pas aux
fonctionnaires placés en position de détachement pour exercer les fonctions de membres de
gouvernement, une fonction publique élective ou un mandat syndical.
b- Le contentieux juridictionnel
La note a été pendant considéré comme un acte ne faisant pas grief en ce qu elle était
assimilée à « une mesure préparatoire » de décisions ultérieures. Dans cette perspective, la
voie juridictionnelle de contestation de la notation a été pendant longtemps fermée aux
fonctionnaires. Sous le bénéfice de cette présentation, le recours dirigé contre la notation était
irrecevable. Son illégalité ne pouvait être invoquée qu à l appui du recours contre les décisions
qui en résultent.
Sur ce point, le droit positif connait une évolution substantielle. En effet la note n est
plus considérée par le juge comme un acte non décisoire. Sous ce rapport, le fonctionnaire
peut déférer à la censure du juge de lexcès de pouvoir la note qu il estime entachée illégalité.
Dans laffaire YAO DOUKA Anderson, la Chambre administrative de la Cour suprême a en
effet jugé que les notes et appréciations dont les fonctionnaires sont lobjet, de la part de
lautorité hiérarchique, sont au nombre des décisions administratives susceptibles d être
déférées à la chambre administrative de la Cour Suprême par la voie du recours pour excès de
pouvoir. La note sera annulée si elle est entachée « derreur manifeste au détournement de
pouvoir ». Le juge a confirmé cette position dans l’arrêt DELAGOULE Evarice c/ Premier
President de la Cour d’Appel de Bouaké du 20 février 2019 en ces termes : « Considérant que
la notation du fonctionnaire, en loccurrence la note chiffrée et les appréciations du Magistrat,
constitue une décision administrative faisant grief et qui peut être contestée devant le juge de
la légalité ».
97
En fait le contrôle du juge est un contrôle minimum, car le pouvoir de noter relève du
pouvoir discrétionnaire de lautorité administrative.
B. Les régimes davancement
Lespoir et lintérêt de tout fonctionnaire cest davancer pour atteindre les grades les
plus élevés dans sa spécialité. Quant à lAdministration, son intérêt c est de voir les emplois
occupés les fonctionnaires les plus aptes. De ce double intérêt ont émergé les modalités de
l’avancement des fonctionnaires. Aux termes de larticle 54 du statut général de la fonction
publique, l'avancement des fonctionnaires comprend l'avancement d'échelon et l'avancement
de classe qui ont lieu de façon continue d'échelon à échelon et de classe à classe, à l'intérieur
de l'échelle de traitement
1. Lavancement à léchelon ou à lancienneté
Il se détermine à partir de lancienneté et de la notation du fonctionnaire.
a- Son mécanisme
Lavancement déchelon consiste pour le fonctionnaire à accéder à l échelon
immédiatement supérieur, dans les conditions fixées par le statut général.
- Lavancement déchelon se fait tous les 2 ans. Mais ce délai peut être réduit de 3 à 6 mois
pour les fonctionnaires les mieux notés. Cette règle nest pas applicable aux fonctionnaires de
2e classe, 1er échelon. À linverse ce délai peut être majoré de 3 à 6 mois pour les
fonctionnaires moins bien notés. Perd le bénéfice de lavancement, le fonctionnaire qui au
cours des 2 années de référence a obtenu une note inférieure à 3 sur 5. Quel est l effet de
léchelon ?
b- Son effet
Il se traduit par une augmentation de traitement et non un changement demploi .
2. Lavancement de classe
Lavancement de classe a lieu uniquement au choix parmi les agents les plus méritants.
Un tableau davancement est préparé chaque année par le ministre de la fonction publique.
Pour bénéficier dune inscription, le fonctionnaire doit avoir passé deux ans dans l échelon le
plus élevé de sa classe et avoir été proposé par le supérieur hiérarchique. Le supérieur
hiérarchique qui propose ici a une compétence discrétionnaire dès lors qu il procède à
lappréciation des mérites sans se fonder uniquement sur la notation . Quels sont les effets de
lavancement de classe ?
Lavancement de classe se traduit uniquement par une augmentation de traitement . Il permet
donc de récompenser les fonctionnaires les plus aptes en leur offrant au sein de leur grade un
avancement plus rapide.
3. Lavancement de grade : la promotion
Aux termes de larticle 56 du statut de la fonction publique, la promotion est le passage
du fonctionnaire de son grade à un grade immédiatement supérieur. Lavancement de grade se
réalise dans des conditions identiques.
- Dabord lavancement de grade na lieu que dans la mesure où il ya vacance de poste
- La valeur professionnelle des agents.
Lavancement de grade seffectue par voie de concours interne, sauf dérogation. En fait,
lacquisition d'un diplôme, titre, ou attestation par un fonctionnaire en cours de carrière
n'emporte pas automatiquement son reclassement dans le grade supérieur. Le changement de
grade est subordonnée au succès à un concours professionnel. Lavancement de grade ouvre à
lagent lopportunité de se voir conférer un nouveau grade et un nouvel emploi et
naturellement un traitement supérieur. Le fonctionnaire évolue ainsi sur le plan administratif
et financier jusquau terme de sa carrière.
97
En règle générale, la carrière des fonctionnaires prend fin par la mise à la retraite.
Mais, si la retraite constitue la fin normale de la carrière d un agent public, différents cas de
figure peuvent lamener, lui ou son employeur, à mettre fin à la relation de travail . Il existe en
effet, d'autres façons de quitter la fonction publique : la démission, le licenciement, la
révocation et labandon de poste. Sous ce rapport, on distingue en effet le mode normale des
modes exceptionnels de fin de carrière du fonctionnaire.
97
La réponse de lautorité doit intervenir dans les deux mois à compter de la date de
réception de la démission. Passé ce délai et dans le silence de l autorité compétente, la
démission est réputée acceptée. Une fois acceptée, la démission est irrévocable et l'agent est
radié des cadres.
97
La fin de la carrière emporte plusieurs effets. Il convient de les examiner
successivement.
1- La rupture du lien de fonction publique
Cette rupture du lien entre lagent et l Administration est réalisée par la radiation de
lagent des cadres de la fonction publique et aussi par la perte corrélative de la qualité de
fonctionnaire ainsi que du statut qui sy rattache.
En perdant son statut, lagent perd également les droits qui en résultent. Il se trouve
également déchargé de ses obligations statutaires. Il conserve néanmoins un minimum de
droits tel que le droit à la retraite, le droit de conserver son titre. Il conserve le droit aussi de
se faire soigner dans les hôpitaux publics.
Lagent est également astreint à un minimum dobligations et à un certain nombre
dinterdictions et incompatibilités. En conséquence, larticle 85 du statut général dispose que
« sous réserve des exceptions prévues par décret en Conseil des ministres, le cumul d'une
pension de retraite et d'une rémunération publique est interdit ».
97
acquis sil navait pas été illégalement évincé, et nécessite donc que ladministration verse des
cotisations nécessaires à cette reconstitution.
Sagissant du droit à au rappel du traitement, les principes régissant l indemnisation
d un fonctionnaire irrégulièrement évincé ont été posés par l arrêt
d Assemblée Deberles du 7 avril 1933.
En fait, jusquen 1933, le Conseil dEtat estimait que le fonctionnaire dont l éviction
avait été annulée avait droit au rappel intégral du traitement et des indemnités accessoires
dont il avait été privé du fait de la mesure illégale. Cette règle nétait que la conséquence du
principe selon lequel lacte annulé est censé nêtre jamais intervenu. L arrêt Deberles est venu
mettre fin à cette règle en substituant au rappel du traitement, le versement d une indemnité
destinée à couvrir le préjudice réellement subi par l agent. Le Conseil d État posa ainsi le
principe d une « indemnisation du préjudice réellement subi » par l agent, appréciant
ainsi au cas par cas chaque situation, pour mieux appréhender « l importance des
irrégularités », dont l agent avait été victime.
97
Pour cette même raison, ils doivent également supporter les obligations inhérentes à
leurs charges. Les fonctionnaires doivent, en effet observer certaines obligations pour
respecter la légalité et l'équité. Le manquement à ces obligations entraine des sanctions.
97
effet l'acte portant sa nomination ; sauf indication contraire mentionnée dans l'acte de
nomination. Un certificat de prise de service doit être fourni dans tous les cas ». Cependant,
le droit au traitement peut cesser dans les hypothèses suivantes :
1° Pour le fonctionnaire frappé de la sanction disciplinaire de l'exclusion temporaire
des fonctions ou de la révocation, le lendemain du jour où il reçoit notification de la décision
de sanction. Le fonctionnaire suspendu de ses fonctions perçoit la moitié de son traitement, à
compter du lendemain du jour où il a reçu notification de la décision de suspension.
2° Pour le fonctionnaire démissionnaire, le lendemain du jour où il reçoit notification
de l'acception de sa démission ou le jour fixé pour la radiation des cadres par l'autorité qui a
accepté sa démission ;
3° Pour le fonctionnaire licencié pour inaptitude physique ou mentale, ou pour perte de
la nationalité, le lendemain du jour où il reçoit notification de l'acte de licenciement ;
4° Pour le fonctionnaire licencié pour insuffisance professionnelle notoire, le jour où il
cesse effectivement ses fonctions ; si l'acte de licenciement n'a pas prévu une date ultérieure
pour la cessation des fonctions, celle-ci doit avoir lieu le lendemain du jour où il reçoit
notification de l'acte de licenciement ;
5° Pour le fonctionnaire admis à faire valoir ses droits à la retraite, soit à sa demande,
soit à la date à laquelle il compte trente années liquidables pour la pension, soit parce qu'il a
atteint la limite d'âge de son emploi, le dernier jour du mois civil au cours duquel il est admis
à faire valoir ses droits à la retraite.
6° Le fonctionnaire absent irrégulièrement de son poste perd ses droits au traitement à
compter du lendemain du jour où son absence a été dûment constatée. Sous réserve des
mesures administratives qui peuvent être prises à son encontre, il recouvre ses droits au
traitement le jour où il reprend effectivement ses fonctions;
7° Le fonctionnaire détenu par décision de l'autorité judiciaire perd ses droits au
traitement le lendemain du jour de son incarcération.
Par ailleurs, il ressort de larticle 8 de loi n° 92-571 du 11 septembre 1992 relative aux
modalités de la grève dans les services publics que « l’absence de service fait, par suite dune
cessation concertée du travail entraîne une réduction proportionnelle du traitement ou salaire
et de ses compléments, autres que les prestations familiales. Quel que soit le mode de
rémunération, la cessation du travail pendant une durée inférieure à une journée de travail
donne lieu à une retenue égale à la rémunération afférente à cette journée »
Cest dire que la simple présence de lagent sur le lieu de travail n équivaut pas au
service fait, si lagent reste les bras croisés ou s il ne s acquitte pas de la totalité de ses
obligations. En effet, selon l’article de la loi précitée, « est assimilé à labsence de service fait
le service mal fait. Le service est mal fait lorsque lagent sabstient deffectuer tout ou partie de
ses heures de service ou nexécute pas tout ou partie des obligations de service qui s attachent
à sa fonction ».
En revanche le droit de tout agent à percevoir son traitement ne peut cesser que si l absence
daccomplissement de son service résulte de son propre fait ou en cas dabandon de poste .
Cest en substance léconomie de larrêt KOUAKOU Adonis Robert c / Ministre de la fonction
publique et de la reforme administrative du 18 mars 2015. Des faits, il ressort que monsieur
KOUAKOU Adonis Robert, nommé sous-préfet de Kouto par décret n° 2007-574 du 15 août
2007, a été remplacé dans lesdites fonctions et mis à la disposition de la Direction Générale de
lAdministration du Territoire (DGAT) par décret n° 2010-251 du 16 septembre 2010, puis
élevé au grade de Secrétaire Général de Préfecture, grade II, 3ème échelon et maintenu à la
DGAT par décret du 27 octobre 2010. Le requérant, faute de poste daffectation précise
depuis sa nomination au grade de Secrétaire Général de Préfecture, n a pu produire
lattestation de présence exigée de tout fonctionnaire dans le cadre de l opération
97
didentification des fonctionnaires et agents de lEtat lancée par le Ministre de la Fonction
Publique et de la Reforme Administrative a vu mettre son salaire sous contrôle.
2-Les caractères du traitement
Comme le salaire, le traitement a un caractère alimentaire. À ce titre, il est incessible,
mais également insaisissable.
Le traitement du fonctionnaire a un caractère statutaire, règlementaire. Ce qui est différent du
salaire qui a un caractère contractuel.
Le traitement a un caractère impersonnel, c'est-à-dire qu il est fixé au regard du rang des
agents dune même catégorie, c'est-à-dire en fonction des grades, des classes et des échelons.
En revanche, le salaire est fixé en fonction du profil de chaque travailleur. Lorsque le
fonctionnaire est admis à faire valoir ses droits à la retraite, il continue de recevoir une
rémunération : cest la pension de retraite.
97
ivoirien dès l'accession du pays à l'indépendance. Mais aujourd hui à coté de régime de base a
été instauré un régime complémentaire.
a- Le régime de base
La Côte dIvoire a choisi au moment de la mise en place de son assurance vieillesse le
système de retraite par réparation contributive. Dans ce système de retraite contributive, la
cotisation à la pension de retraite est repartie entre l employeur et le travailleur. Ce système
repose sur une logique de tutelle exercée par l'État qui prend l'engagement, dans le cadre
d'une solidarité nationale, de veiller à ce que chacun de ses agents à la retraite bénéficie d'un
minimum de revenu. Cet engagement de l'État ivoirien est assorti d'une contrepartie pour les
agents qui ont l'obligation de contribuer au financement du système en leur qualité de
bénéficiaires potentiels sociale. C'est donc un régime contributif co-financé par le travailleur
et lemployeur (lEtat). Système dit de répartition, il est fondé sur le principe de la solidarité
intergénérationnelle. Lidée cest que les générations de fonctionnaires en activité, financeront
les retraites de leurs prédécesseurs, afin de bénéficier à leur tour de retraites financées par les
cotisations des générations dactifs suivantes.
Aux lendemains de lindépendance jusquà fin 2011, lEtat avait fixé à 18% les
cotisations de pension dont 12% comme la part de l’Etat et 6% supportés par le fonctionnaire
sur sa solde indiciaire. Avec lentrée en vigueur de la réforme en 2012, les taux de cotisation
ont connu une hausse. Aux termes de larticle de 55 de lordonnance 2012-303 du 4 avril 2012
portant organisation du régime des pensions gérées par la CGRAE le taux de cotisation est
fixé à 25%.
Le décret 2012-365 du 18 avril 2012 fixant les modalités d application de lordonnance
2012-303 du 4 avril 2012 portant organisation du régime des pensions gérées par la CGRAE
détermine en son article 18 la part respective de lEtat et du fonctionnaire. .. Ce régime, dit de
répartition, est basé sur la solidarité entre les générations ; les pensions de retraites sont
financées à partir des cotisations prélevées sur les salaires des actifs Ainsi, les taux de
cotisation pour pension sont passés de 6% à 8,33% pour les fonctionnaires et de 12% à
lorigine pour lEtat à 16,67%. Au régime de base est venu s ajouter un régime
complémentaire.
b- Le régime complémentaire
Ce régime complémentaire est prévu le décret n° 2020 du 24 juin 2020 portant
création du régime de retraite complémentaire par capitalisation au profit des fonctionnaires
et des agents de lEtat par est laboutissement dun long dialogue entre lIPS-CGRAE, le
gouvernement ivoirien et les partenaires sociaux. Ladhésion, aux termes de l article 4 du
décret précité, est obligatoire pour les fonctionnaires et agents de l Etat. Elle est toutefois
volontaire pour les fonctionnaire et agents de l’Etat en en activité avant l entrée en vigueur du
décret. Il importe de noter que l’adhésion peut être résiliée par le fonctionnaire.
Ce nouveau produit vise à combler les insuffisances du système de retraite
actuellement en vigueur. La faiblesse fondamentale du système de retraite par répartition, est
qu’il ne suffit pas à lui seul à assurer au fonctionnaire à la retraite un taux de remplacement
convenable ou acceptable du traitement indiciaire perçu en activité, à l exclusion des autres
composantes du salaire global
Sous ce rapport, le régime complémentaire dit de capitalisation, devrait permettre au
fonctionnaire, en plus du régime de base, se constituer un stock de capital, suivant le principe
de lépargne individuelle. Il sagit dassurer aux fonctionnaires, à travers cette épargne, des
revenus de retraites plus élevés. Pour ce faire, les travailleurs pourront recourir à des
contributions additionnelles consistant au prélèvement dun montant minimum de 5000 FCFA
sur le salaire pendant une période donnée ; ou à des versements libres représentant un montant
97
à verser occasionnellement selon la convenance de lagent de l Etat, mais ne pouvant être en
dessous de 25 000 FCFA.
En réalité, par le système complémentaire, le fonctionnaire devient un acteur majeur
de sa propre retraite . Le régime complémentaire devrait fort logiquement lui permettre de se
rapprocher au mieux, voire daller plus loin en fonction de l effort d épargne consenti, de la
rémunération perçue durant sa période dactivité. Mais comment est déterminé le montant de
la pension
97
- La veuve divorcée ou séparée de corps a droit à la pension de réversion si le divorce ou la
séparation de corps na pas été prononcée à ses torts exclusifs et si elle ne s est pas remariée
avant le décès de son ex-époux.
- Les veuves dun fonctionnaire polygame (marié avant la loi du 7 octobre 1964 au titre des
mariages déclarés) auront droit à une pension de réversion. La pension est divisée en part
égale entre les différents lits, représentés chacun par une veuve.
La pension de réversion de veuf
Le veuf dune fonctionnaire décédée a droit à une pension de réversion de 50% à condition
que :
Le mariage date d’au moins deux ans avant le départ à la retraite de son épouse.
Le veuf soit atteint d’une infirmité ou d’une maladie incurable le mettant dans
l’impossibilité de travailler ;
Le veuf n’ait pas de ressources propres suffisantes.
La pension de réversion d’orphelin
Les enfants légitimes ou naturels, conçus avant le départ à la retraite ont un droit à la pension
de réversion. Chaque orphelin a droit à 10% de la pension de réversion et le perçoit jusqu à 21
ans. En plus des avantages matériels et financiers, le fonctionnaire bénéficie de droits et
libertés.
97
dexceptions. De fait, le principe selon lequel lautorité hiérarchique ne peut «léser» le
fonctionnaire en raison de ses opinions trouve une limite dans le régime des emplois
supérieurs. Il résulte, que la nomination autant que la révocation peut être gouvernée par des
considérations politiques ;
2-L extériorisation des opinions : la liberté d'expression
Les opinions peuvent par principe sexprimer librement ; le fonctionnaire est un citoyen
comme les autres. Il peut donc, par exemple, s inscrire à un parti, y militer, être candidat à des
élections ou bien encore écrire des articles de journaux. Toutefois, cette liberté est limitée par
le respect des obligations déontologiques, telles que lobligation de neutralité, l obligation de
réserve ou encore le devoir de loyalisme
Lorsque l'exercice de la liberté d'opinion ne se traduit plus seulement par une adhésion
intellectuelle, mais s'extériorise sous la forme d'attitudes, agissements, expression verbale ou
matérielle, liberté d'expression trouve ses limites. Il faut distinguer la situation du
fonctionnaire dans le service et hors service.
a- La liberté dexpression dans l'exécution du service
On conçoit que dans l'exécution du service, le fonctionnaire soit astreint, tant du point
de vue du bon fonctionnement du service que de celui de la subordination hiérarchique, à des
obligations qui limitent dans de très larges proportions la liberté d'expression.
En effet, le fonctionnaire ne doit pas faire de la fonction publique un instrument ou une
occasion de propagande quelconque. Il est astreint au devoir de stricte neutralité, de
loyalisme envers les institutions, voire, compte tenu de l'obéissance hiérarchique, envers le
Gouvernement. En dehors du service, le fonctionnaire bénéficie d’une plus grande liberté.
b- La liberté d'expression en dehors du service
En dehors du service, c'est la liberté d'expression qui constitue le principe.
L'appartenance, même militante, à un parti politique, l'action écrite ou verbale, fait par
exemple partie de cette liberté.
Cependant l'article 16 de la loi portant Statut général, en ses alinéas 2 et 3 dispose : «
l'expression de ces opinions ne peut mettre en cause la loi, les principes affirmés par la
constitution et par le présent statut. Elle ne peut être faite qu'en dehors du service, avec la
réserve appropriée aux fonctions qu'exerce l'intéressé ». En fait, le fonctionnaire en dehors du
service est le représentant de lEtat dans la société. Sous ce rapport, il est soumis à un
certaines dobligations pour préserver le crédit et lhonorabilité de l’Administration . A la
vérité, l’expression des opinions connaît une limite qui consiste dans un certain devoir de
réserve minimum. Au surplus Le fonctionnaire même dans sa vie privée, ne doit pas donner à
lexpression de ses opinions une forme grossière ou insultante à légard des pouvoirs publics et
de ses chefs hiérarchiques (CE: II juillet 1939, ville dArmentières 468 : violentes attaques
écrites d’un fonctionnaire municipal contre son maire).
B- Les droits liées à l’exercice de la profession
Dans l’exercice de sa profession, le fonctionnaire bénéficie de libertés qui ne peuvent
exercer que collectivement. Par ailleurs, il bénéficie d’un régime de protection garanti dans le
cadre de ses fonctions.
97
sens que si plusieurs personnes les exercent ensemble : on les appelle libertés collectives. Il
sagit essentiellement du droit syndical et du droit de grève qui comme on le sait sont
intimement liés.
a-Le droit syndical
Lexercice du droit syndical est garanti à tout citoyen par la Constitution et à tout agent
public. Ce droit à valeur constitutionnelle est accompagné d une garantie statutaire. Il ressort
de larticle 17 du statut général de 1992 que « le droit syndical est reconnu aux
fonctionnaires ». Toute organisation syndicale de fonctionnaires est tenue deffectuer dans le
mois de sa création, le dépôt de ses statuts et la liste de ses administrateurs, auprès du ministre
en charge de lIntérieur. Ce droit recouvre la liberté de constituer un syndicat, dy adhérer et
dy exercer des mandats. En outre, Les syndicats professionnels de fonctionnaires peuvent se
pourvoir contre les actes réglementaires concernant le statut du personnel et contre les
décisions individuelles et collectives portant atteinte intérêts collectifs des fonctionnaires.
97
donné récépissé du dépôt de préavis de grève par le ministre chargé de la Fonction publique,
Le préavis ne fait pas obstacle à la négociation en vue du règlement du conflit.
En cas de cessation collective et concertée du travail du personnel visé à larticle
premier de la loi, l'heure de cessation et celles de reprise du travail ne être peuvent être
différentes pour les différentes catégories professionnelles et pour les divers membres du
personnel concerné. Sont interdits les arrêts de travail par échelonnement successif ou par
roulement concerté.
L'inobservation des dispositions de la loi entraine pour les fonctionnaires, lapplication des
sanctions prévues pour le Statut général de la Fonction publique et par le Code du Travail
pour les agents non fonctionnaires
Labsence de service fait, par suite d'une cessation concertée du travail entraine une
réduction proportionnelle du traitement eu salaire et de ses compléments, autres que les
prestations familiales.
Quel que soit le mode de rémunération, la cessation du travail pendant une durée
inférieure à une journée de travail donne lieu à une retenue égale à la rémunération afférente à
cette journée.
Est assimilé à labsence de service fait le service mal fait. Le service est mal fait lorsque
lagent s'abstient d'effectuer tout ou partie de ses heures de service ou nexécute pas tout ou
partie des obligations de service qui sattachent à sa fonction.
En cas de grève, un service minimum doit être assuré dans les secteurs déterminés et suivant
les modalités fixées par décret pris en Conseil des Ministres.
b-2- Les limitations du droit de grève et les conséquences de la grève
-Limitation tenant à lobjet de la grève.
Certaines modalités de règles seront interdites. Cest le cas de la grève par roulement
ou échelonnement successif, en raison de leurs effets de désorganisation redoutables sur le
service public. On les appelle également des grèves perlées ou tournantes. Est interdite
également la grève sur le tas, c'est-à-dire accompagnée de l occupation des lieux de travail
parce quelle constitue un abus de droit et une atteinte au droit de propriété de l employeur
ainsi quà la liberté de travail de ceux qui ne désirent pas grever ;
- Au regard des personnes : certaines catégories de fonctionnaires sont exclues du droit de
grève soit en raison des fonctions quils assument soit en raison de la nature du service public
en cause. Les responsables du service ou de lorganisme employeur sont les représentants de
lÉtat employeur et à ce titre, ils ne peuvent être grévistes. Exemple : préfet, sous-préfet, chef
de service, directeur dEPN. Quant à la nature des services, certaines activités ne peuvent être
interrompues comme celles du ministère de lIntérieur (les forces de maintien de l ordre), des
magistrats, du personnel diplomatique. À cela il convient d'ajoute certaines activités où les
grévistes ont lobligation dorganiser un service minimum, à linstar des services de santé, des
services de télécommunication, des services radiodiffusion. Lorsque ces règles
daménagement ne sont pas respectées, aussi bien dans la procédure que dans le fond, la grève
est qualifiée dillégale.
97
grévistes ne peuvent pas échapper à la retenue par le rattrapage des tâches non effectuées, CE
18 avril 1980 Michéa.
La grève, quand elle est illégale entraine pour les auteurs, outre ce qui précède, des
sanctions disciplinaires. En effet, lorsque lexercice du droit de grève ne respecte la
réglementation, les grévistes sexposent à des sanctions disciplinaires . Cest ce qui ressort de
larrêt le Syndicat libre des agents de la construction dit SYLAC c/ ministre de la construction
et de lurbanisme du 24 mai 2017. Le juge estime en effet que « si la grève est reconnue aux
fonctionnaires et agents de lEtat, celle-ci doit être exercée dans le strict respect des conditions
définies par le Statut Général de la Fonction Publique » Sous ce rapport
Considérant quil appert des pièces du dossier que les grévistes ont, non seulement
empêché les non-grévistes de se rendre sur leur lieu de travail en bloquant l entrée principale
du Service du Guichet Unique, mais également exercé des violences sur ceux-ci et même
endommagé des serrures des bureaux ; que lenquête diligentée à la suite de cette grève a
révélé que ce sont les membres du SYLAC qui sont les auteurs des violences et voies de fait
constatées ; Que, dès lors, le Ministre de la Construction et de l Urbanisme, en prenant la
décision querellée, sanctionnant les dirigeants du SYLAC, auteurs d actes de vandalisme, a
justifié sa décision et na commis aucune illégalité ».
Le gouvernement peut chercher à pallier aux effets de la grève par le recours à la réquisition
des agents grévistes.
2- La protection fonctionnelle du fonctionnaire
Le fonctionnaire bénéficie dun régime de protection élargi dans le cadre de ses
fonctions. Cette protection est pose par larticle 19 du statut générale de la fonction publique
en ces termes : « Les fonctionnaires bénéficient, dans l'exercice de leurs fonctions, d'une
protection assurée par la collectivité publique dont ils dépendent, conformément aux règles
fixées par le Code pénal et les lois spéciales ». La protection fonctionnelle désigne
l ensemble des mesures de protection et d'assistance que doit prendre l'administration à
l égard de tout agent.
Le fonctionnaire bénéficie de cette protection en cas de poursuites civiles ou
pénales à raison d une faute en lien avec le service (agent mis en cause). Aux
termes de l article 19 statut général de la fonction publique «lorsqu'un fonctionnaire
est poursuivi par un tiers pour faute de service, la collectivité publique est responsable des
condamnations civiles prononcées contre lui, dans la mesure où une faute personnelle
détachable du service ne lui est pas imputable.
97
SECTION II- LES OBLIGATIONS PROFESSIONNELLES DES FONCTIONNAIRES
A tous les droits et libertés des fonctionnaires sont attachées des obligations dans
l'intérêt du service et pour les nécessités de l'ordre public. Le chapitre V du statut général de la
fonction publique portant droits et obligations des fonctionnaires détermine les obligations
auxquelles sont soumises ces derniers. Lappartenance à la fonction publique impose des
obligations communes à tous les agents publics dans lexercice ou en dehors de leur fonction.
Elles tendent à garantir la satisfaction de lintérêt du service, et de fait, de l intérêt général. On
distingue les obligations générales de celles qui sont spécifiques
97
En revanche le fonctionnaire a le devoir de désobéissance dans le cas où lordre donné
est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Le
fonctionnaire supporte dautres obligations. Celles-ci se rapportent aux valeurs défendues par
l’Administration.
97
la divulgation dinformations relatives au service. Le fonctionnaire peut opposer cette
obligation aux personnes étrangères à ladministration ainsi quà dautres fonctionnaires
En dehors des cas expressément prévus par les textes en vigueur, notamment en
matière de liberté d'accès aux documents administratifs, le fonctionnaire ne peut être délié de
cette obligation de discrétion professionnelle que par décision expresse du ministre dont il
relève. En fait, si les fonctionnaires ont le devoir dinformer les administrés, ils doivent le
faire dans le respect des règles afférentes au secret et à la discrétion professionnelle d autant
plus que ces notions sont édictées dans lintérêt des particuliers.
Le secret professionnel a pour objectif de protéger les administrés mais aussi le
fonctionnaire au sein de son administration.
Tout agent de la fonction publique, qu'il s'agisse d'un stagiaire ou d'un titulaire, qui
commet une faute peut se voir infliger une sanction disciplinaire. Les sanctions disciplinaires
sont strictement encadrées par la loi et leur application implique que le fonctionnaire ait
commis une faute dans l'exercice de ses fonctions, ou à l'occasion de l'exercice de ses
fonctions. Des confusion peuvent naître entre sanction disciplinaire et des notions voisines :
sanction pénale, décisions juridictionnelles. A la suite de ces précisions, le régime juridique
des sanctions disciplinaires sera examiné.
14
CSCA, 18 juillet 2007, Dibo Deye Bertin c/ Président de la République, http://
juris.consetat.ci/page_book.php (consulté le 10 juin 2022)
97
Laffaire Agnofé NDouba a soulevé la question de la responsabilité pénale du
fonctionnaire non dépourvue de tout lien avec sa responsabilité disciplinaire. À ce propos, le
juge considère que les faits ayant donné lieu à une condamnation pénale « entachent la
moralité même de lagent de lÉtat » et que, quoique « commis en dehors du service, ces faits
apparaissent comme manifestement incompatibles avec ses obligations professionnelles.
97
requérant qui soutenait à la fois que leur radiation est entachée de discrimination et qu elle a
été prononcée alors même que la décision pénale qui les sanctionne n est pas définitive, la
haute juridiction réaffirme sa jurisprudence de lindépendance de la procédure pénale et
disciplinaire17.
Par ailleurs, Il se peut que pour un même fait, un agent soit acquitté au pénal sans que
cela fasse obstacle à une condamnation sur le plan disciplinaire. En effet, lappréciation des
faits par lautorité judiciaire et administrative peut être différente en ce qu il est possible qu ils
se fondent sur des éléments dinformation tout aussi différents. C est le cas lorsque le
fonctionnaire dont ladministration est persuadée quil a commis un délit, mais qui est acquitté
par le juge au bénéfice du doute. Cest lhypothèse de lespèce Koffi N Dri François où le juge
estime que « laction disciplinaire est indépendante de laction pénale, le refus d ordre de
poursuivre, le non-lieu ou lacquittement ne font pas obstacle à l exercice du pouvoir
disciplinaire pourvu que les faits soient établis»18. En conséquence, la relaxe par le tribunal
militaire nentrave en rien la poursuite disciplinaire.
17
CSCA, 27 mai 1992, Komenan Yao Louis et Sery Ouanda Pierre c/ Ministère de la Sécurité publique, voir ibid
18
5 CSCA, 29 avril 1987, Koffi NDri François c/ Ministère de la Sécurité intérieure, voir www.consetat.ci.
19
Dans larrêt François Xavier Santucci, le juge considère que le conseil de l université et la commission
permanente des enseignants du supérieur sont des juridictions lorsquils statuent en matière disciplinai
97
lautorité disciplinaire de dire si tel comportement constitue une faute disciplinaire. Il dispose
là dun trait large pouvoir discrétionnaire
Les incertitudes de la définition législative ne sont pas levées par le juge. Celui-ci
assimile effectivement la faute à tout manquement à ses obligations commis par un
fonctionnaire et qui justifie une sanction disciplinaire. Cette indétermination de la notion est
également observable dans la doctrine. Le doyen Léon Duguit y voyait l atteinte portée par le
fonctionnaire au lien qui lunit à lÉtat dans le mauvais accomplissement de sa mission
fonctionnelle20.
1- La notion de sanction disciplinaire
Il importe de noter que l'autorité hiérarchique, investie du pouvoir disciplinaire exerce
celui-ci de façon discrétionnaire. En conséquence, la Chambre administrative de la Cour
Suprême dans larrêt KOMENAN Yao Louis et Sery Ouanda pierre c/ Ministère de la Sécurité
Publique du 27 mai 1992, estime que l'autorité judiciaire ne peut apprécié l'opportunité et la
gravité de la sanction prise sans faire acte d'administration. Cela dit, contrairement aux fautes
disciplinaires, les sanctions disciplinaires sont limitativement déterminées par le législateur.
Les sanctions disciplinaires sont, aux termes de larticle 74 du statut général de la fonction, de
deux ordres :
a- Les sanctions disciplinaires du premier degré
Ce sont :
- lavertissement
- le blâme
- le déplacement ou laffectation doffice.
Ces sanctions du premier degré sont des sanctions morales, de simples mises en garde,
sans incidence financière. Elles relèvent, aux termes de larticle 75 du statut général de la
fonction, de la compétence du ministre technique, du préfet ou du directeur de l établissement
public.
b- Les sanctions du second degré
Ce sont :
- la radiation du tableau davancement.
- La réduction du traitement de 25% maximum pour une durée de 30 jours maximum.
- Lexclusion temporaire pour six mois maximum.
- Labaissement déchelon.
- Labaissement de classe.
- Labaissement de grade.
- La révocation (avec ou sans suspension du droit à la pension).
Ces sanctions relève, daprès larticle 75 du statut général de la fonction publique de la
compétence du ministre chargé de la Fonction publique, qui l'exerce, sur saisine du ministre
technique ou du directeur de l'établissement, après communication au fonctionnaire incriminé
de son dossier individuel et consultation du conseil de Discipline.
c- La nature de la suspension
Aux termes de larticle 77 du statut général de la fonction publique, « en cas de faute
grave commise par un fonctionnaire, qu'il s'agisse d'un manquement à ses obligations
professionnelles ou d'une infraction de droit commun, l'auteur de cette faute peut être
immédiatement suspendu par le ministre ou le directeur de l'organisme employeur ou par le
préfet en ce qui concerne les fonctionnaires en service dans son département après
confirmation du ministre technique intéressé. La suspension est-elle une sanction
disciplinaire.
Sur ce point la jurisprudence de la Chambre administrative est assez claire. La Chambre
administrative note dans l’arrêt KOULA KANHI Désirée Nathaly et 21 autres c/ Ministre de
20
Léon Duguit, LÉtat, les gouvernants et les agents, Paris, Dalloz, 2005, p. 463
97
léducation nationale et de lenseignement technique du 26 juillet 2017 que la suspension de
fonctions nest pas une sanction disciplinaire. Elle ne peut, en conséquence, être soumise aux
règles de la procédure disciplinaire.
En réalité, la suspension de fonctions consiste à éloigner temporairement du service un
agent public ayant commis des actes pouvant constituer une faute disciplinaire et perturber le
fonctionnement du service. En d’autres termes, il s’agit d’une mesure conservatoire.
Les effets dune mesure de suspension sont assez claires. En effet, le fonctionnaire
suspendu de ses fonctions ne peut prétendre quà la moitié de sa rémunération. Cependant, il
continue à percevoir la totalité des prestations familiales. Cette situation du fonctionnaire
suspendu doit être définitivement réglée dans un délai de trois mois, à compter du jour où la
décision de suspension a pris effet. De fait, lorsquaucune décision n est intervenue au bout de
trois mois, lintéressé reçoit à nouveau lintégralité de sa rémunération, sauf s il est l objet de
poursuites pénales. Le pouvoir disciplinaire fait, à la vérité, l’objet d’un contrôle.
B-Le contrôle du pouvoir disciplinaire
La décision administrative infligeant une sanction disciplinaire doit respecter les
principes généraux du droit.
Au plan de la légalité externe, le juge administratif vérifiera le respect des règles de
compétence de lautorité investie du pouvoir disciplinaire, le respect des droits de la défense
du fonctionnaire préalablement à la consultation du conseil de discipline, la motivation de la
sanction.
Au plan de la légalité interne, il vérifiera la réalité des faits, si les faits invoqués sont
constitutifs dune faute disciplinaire et si lappréciation de l autorité disciplinaire n est pas
entachée derreur manifeste dappréciation. Sur ce point, on note une évolution substantielle
de la jurisprudence. Initialement, le juge se refusait dapprécier la sanction prononcée par
lautorité administrative. Dans By Jules, la chambre administrative estime en effet « quelle ne
peut apprécier lopportunité et la gravité de la sanction prise par l administration sans faire
acte dadministration ; ce que lui interdisent les principes généraux ». Cette position initiative
va connaître une double évolution
Cest dabord larrêt Néa Gahou Maurice qui pose les jalons de l évolution. Le juge
considère « quun retard de quelques jours mis par le fonctionnaire pour rejoindre son
nouveau poste daffectation ne peut être regardé comme le refus de rejoindre son poste que si
le retard mis par Néa Gahou pour rejoindre son poste constituait une faute disciplinaire, celle-
ci ne pouvait justifier le licenciement pour refus de rejoindre son poste. La décision
administrative est annulée par cela seul quelle est jugée superflue ou excessive en raison de la
finalité de laction administrative.
Mais lévolution décisive viendra des arrêts Touré Nebetien et Coulibaly Nazoloma
Amara Dans le premier, tout en rejetant la requête tendant à l annulation d une sanction
dexclusion temporaire de six mois, le juge fait observer que même si la sanction disciplinaire
relève du pouvoir discrétionnaire de ladministration et se trouve par la même insusceptible
dêtre discutée devant le juge administratif, il peut en apprécier la valeur lorsque celle-ci « est
manifestement excessive »21.
Cest sans doute larrêt Coulibaly Nazoloma Amara qui a porté, dans la période récente,
le coup de grâce au refus dapprécier le choix de la sanction infligée au fonctionnaire. Par cet
arrêt le juge introduit, expressis verbis, le concept de proportionnalité. Il pose le principe que
« la sanction disciplinaire infligée à un agent de la fonction publique doit être proportionnelle
à la faute commise ; quil appartient au juge de lexcès de pouvoir, saisi de moyen en ce sens,
à rechercher si les faits reprochés à un agent public ayant fait l objet d une sanction
21
CSCA, 18 décembre 2002, Touré Nébetien c/ Ministère du Travail et de la Fonction publique.
97
disciplinaire constituent des fautes de nature à justifier une sanction et si la sanction retenue
est proportionnelle à la gravité de ces fautes »22.
C-La procédure disciplinaire
Les autorités administratives sont tenues à lobligation de respecter certaines règles de
forme et de procédure dans la mise en mouvement de leur pouvoir disciplinaire, cest-à-dire
dans la mise en uvre du pouvoir quelles ont de prendre des sanctions disciplinaires contre
les fonctionnaires coupables de fautes disciplinaires. Le respect des droits de la défense et la
motivation de la sanction en sont les manifestation topiques.
1- Le respect des droits de la défense
Le respect des droits de la défense est une exigence rituelle de la jurisprudence
administrative ivoirienne.23 Le principe de la communication du dossier, qui est un aspect des
droits de la défense, signifie quun fonctionnaire, objet dune procédure disciplinaire, doit
prendre connaissance de son dossier personnel afin dêtre informé des griefs formulés à son
encontre. Concrètement, ladministration met à la disposition de l administré les pièces qu elle
détient et qui constituent son dossier. Cela apparaît nettement dans la loi no 92-570 du
11 septembre et dans le décret du 2 juillet 1993 portant modalités communes dapplication du
statut général de la fonction publique qui consacrent le principe des droits de la défense.
Larticle 75 impose, en effet, aux autorités administratives investies du pouvoir de prendre des
sanctions de premier degré, lobligation dadresser au préalable une « demande dexplications
écrites à lintéressé ».
La même obligation ressort de larticle 81 du décret du 2 juillet 1993. Aux termes du
décret, le fonctionnaire poursuivi dans le cadre dune procédure disciplinaire doit être mis à
même de présenter sa défense, cest-à-dire ses observations et objections relativement aux
motifs de la décision.
Cependant, le juge considère, dans larrêt 18 décembre 2013 YAO DOUKA Anderson
c/ Premier président de la Cour d’Appel de Bouaké, que la note et les appréciations qui sont le
résultat du contrôle de la valeur du fonctionnaire impliquant l appréciation de ses aptitudes
professionnelles et autres qualités ainsi que la manière dont il sacquitte des fonctions qui lui
sont confiées en ce quelles ne constituent pas une sanction ne sont pas précédées d une
demande dexplication.
Le statut général de la fonction publique va plus loin pour les sanctions du second
degré qui ne peuvent être prises quà lissue dune procédure faisant intervenir le conseil de
discipline. Cette formalité substantielle est rappelée, à juste titre, par la chambre
administrative qui, convoquant le statut général de la fonction publique, en fait une
application rigoureuse24. Par ailleurs, la sanction disciplinaire doit être motivée.
2- La motivation de la sanction disciplinaire
En Côte dIvoire, aucune loi ou aucun principe général de droit ne fait obligation à
ladministration de faire figurer les motifs dans l acte concerné. Cette posture n est pas suivie
en toute circonstance. De fait, la liberté de l administration relative à l expression de ses
motifs sarrête là où il existe le principe du respect des droits de la défense. Aux terme de
larticle 74 du statut général de la fonction publique, « la décision de sanction doit être
motivée ».
22
CSCA, 20 avril 2016, Coulibaly Nazoloma Amara c/ Ministère de la Fonction publique et de la Réforme
administrative
23
Yédoh Sébastien, Lath Allou et Elvis Adjaffi, « Les droits de la défense dans le contentieux de la fonction
publique devant la Chambre administrative », Tribune de la Chambre administrative, no 9, janvier 2018, p. 47
24
CSCA, 27 février 1974, Edi Ossohou Sévérin c/ Ministère de lIntérieur ; 28 janvier 1987, Commissaire
Assiélou Koutou c/ Ministère de la Sécurité intérieure ; 30 juillet 1997, Commissaire Godrin Kouadio Roger c/
Ministère de la Sécurité intérieure ; 4 novembre 2000, Digbeu Gozé Albert c/ Ministère de la Sécurité intérieure
; 25 juillet 2001, Loua Zomi c/ Ministère de lÉnergie et du Transport, voir www. consetat.ci.
97
Lexamen de la jurisprudence ivoirienne, relative à la motivation révèle que le juge a une
position bien nette25. La motivation devient obligatoire dès lors quil sagit d une décision
administrative revêtant le caractère de sanction et portant gravement atteinte à une situation
individuelle. Lanalyse des décisions révèle que le juge soulève d office ce moyen
dannulation. En fait, alors même que les requérants n ont pas visé l exigence de motivation, le
juge vérifie si le fonctionnaire frappé par une sanction disciplinaire est, à la seule lecture de la
décision qui lui est notifiée, en mesure de connaître les motifs de droit et de fait. Dans larrêt
Youan Bi Trayé le juge considère en effet que « le ministre de lEmploi et de la Fonction
publique qui, dans son mémoire en date du 25 juin 1990, conclut au rejet du recours comme
étant mal fondé en raison du contenu de la lettre de suspension de la solde, n a pu rapporter la
preuve que le requérant a été informé de la décision le mettant à la disposition du Directeur du
Personnel de lEnseignement primaire ; que le ministre de tutelle à qui cette preuve a été
demandée par lettre en date du 12 mars 1992 du Conseiller rapporteur na pas cru devoir
répondre à cette demande, ce qui confirme labsence de notification de la décision de mise à la
disposition, alléguée par le requérant ».
25
CSCA, 23 juin 2010, Boli Epse Hélène Dina Lacoste c/ Ministère de la Construction, de l Urbanisme et de
lHabitat ; 6 janvier 2017, Diakité Mamadou c/ Ministère de la Construction et de lUrbanisme
97