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A
I/
v 8. Les objectifs du cours :
Comme objectifs général et principal, ce cours vise à renseigner les administrés, les
citoyens (tout étudiant ne l'étant pas moins) sur la manière dont l'Etat intervient dans la
-
vie sociale et économique de la nation ; et par ce fait, démontrer que les gouvernants
n'ont pas pour mission que de dominer ou d'opprimer les gouvernés, mais aussi, sont au
contraire Jes gérants d'affaires de la collectivité et qui devront être épris de l'unique
souci : la satisfaction de l'intérêt général.
L'objectif spécifique est donc de doter l'Etudiant futur gestionnaire des services publics
des connaissances précises sur les diverses règles relatives aux modalités de création,
d'organisation, de gestion et de fonctionnement des services. En effet, la gestion des
services publics est entièrement fonction de la capacité et de l'honnêteté des
fonctionnaires responsables, c'est dire que l'Etat doit rester constamment très vigilant en
exigeant des dirigeants des services publics une gestion saine et en instaurant un contrôle
rigoureux.
il 9. Compétences :
v
En rappelant certaines notions apprises par les étudiants, la réaction de ces derniers, par
des questions, sera le baromètre de la compréhension du cours,
i 10. Le contenu du cours :
v
Introduction générale
I. Notion & évolution de l'expression service public
II. Le régime juridique des services publics
III. Les modes de gestion des services publics
Conclusion générale
11. Méthodes d'enseignement :
Le professeur utilisera la méthode interactive, qui permettra à l'étudiant d'intervenir, par
des questions, aux exposés du professeur.
^ 12. Ressource :
Un syllabus sera mis à la disposition des étudiants.
13. Les procédures d'évaluation
m Pour évaluer les étudiants, nous allons procéder par les Travaux Dirigés et Pratiques
individuels et par groupes d'étudiants. Au bout de 15 heures d'enseignement, nous ferons passer
une interrogation écrite. Enfin, au tenue du cours, un examen écrit sera présenté par les étudiants
en première session.
3
14. La bibliographie:
TEXTES DE LOIS
e m e
2. Moniteur Belge : Loi fondamentale relative aux structures du Congo, 3 année, n°
spécial, Bruxelles, 19 mai 1960 ;
e m e
3. Moniteur congolais : Constitution de la République Démocratique dû Congo, 5
er
année, n° spécial, Léopoldville, 1 Août 1964 ;
II. DICTIONNAIRES
e
1. Lexique des termes juridiques, 12 éd, éd ; Dalloz, Paris
e
2. Vocabulaire juridique 7 éd. P.U.F., Paris, 2005
III. OUVRAGES
e
0. Auby J.M et Ducos - Ader, R., Grands sei"vicespublics et entreprises nationales, 2
éd,PUF, Paris, 1975
1. Bolle, J.M., le principe de continuité des services publics, éd. Thémis, Paris, 1975
e
4. Chalvidan, p.h, et Leclercq, C, Travaux dirigés de Droit constitutionnel, 8 éd, Litec,
Paris, 1996
e
5. Chapus, R., Droit administratif général, T l , 5 éd, Montchrestien, Paris, 2001
7. DeLaubadère, A., Venezia, JC, et Gaudenet, y., manuel de Droit administratif, 16è
éd, LGDJ, Paris, 1999
8. Delion, A., le statut des entreprises publiques, éd. Berger levraul 5, Paris, 1973
10. Eisen Mann, C, Droit administratif, Tome II, éd. LGDJ, Paris, 1983,
11. Guglielmi, Gilles J., introduction au droit des services publics, éd. Dalloz, Paris,
1993.
12. Javeau G., comprendre la sociologie, Marabout université, Paris, 1976
5
13. Jeanneau, B, Droit des services publics & des entreprises publiques, éd, Dalloz,
Pans, 1984 ,
14. Kabange Ntabala clément, Grands services publics et entreprises publiques en droit
congolais, études monographiques, UNTKIN, Kinshasa 1998
15. Katuala - KabaKashala, code judiciaire annoté, éd. Batena, Km. 1995
16. Lachaume J.F., Boiteau C, Pauliat H. Droit des services publics, 3è éd. Coll. Armand
Colin, éd. Dalloz, Paris, 2004.
20. Mboko Dj'Andina, J.M., code Général des impôts, P.U.C., Kinshasa, 2007
22. Mpundu, J., Vade-mecum du Parlementaire Congolais (ce que tout élu devrait savoir
et faire), éd. Du Groupe Amos, Kinshasa, 2006.
23. Peiser, G., Droit administratif, les actes administratifs, organisation administrative,
police, service public, responsabilité, contentieux administratifs, 16è éd., Mémentos,
Dalloz, Paris, 1993
24. Peiser, G., Droit administratif les actes administratifs, organisation administrative,
la juridiction administrative, contentieux administratifs, 25è éd., Mémentos, Dalloz,
Paris, 2011
25. Rivero, J., et Waline, J., Droit administratif, éd. Dalloz, Paris, 1966
26. Vunduawe Te Pemeko, F., traité de droit administratif, éd. Larcier (Afrique édition)
Bruxelles, 2007
O. PROLEGOMENES
£ appliqué aux activités d'intérêt général, qui permettrait surtout au juge de déterminer sa
r compétence dans certains arrêts. Nombreux sont les auteurs qui s'accordent en tout cas sur la
difficulté à dessiner les contours précis de la notion.
Il faut dire que les services publics recouvrent plusieurs réalités ; Jonction à
rernpjuet^mission à assurer? c'gstaussi une actiyjjéconcrète et l'organe qui la prendjgji_charge. Il
convient donc de distinguer le service public, "principe axiologique guidant la gestion publique"
des services publics, à la fois prestations offertes et organismes chargés de les fournir.
Plusieurs significationj_sont_ à jgtenir de c^tt^expje_siori__SCTyice public:
institutionnelle, juridique et idéologique qui "interfèrent sans cesse et s'alimentent
recjpj__j_^rnent_
.*G v Sans nul doute, dispenser un cours de Grands services publics relève donc à la
s un e x e r c c e
^ ^^°^ rï' i de vocabulaire, puisqu'il s'agit de définir un certain nombre de termes,
> j| concepts et principes, et d'un exercice d'histoire, tant il est vrai que le concept actuel est le fruit
| ^ de réflexions, discussions et décisions, qui ont contribué au cours du temps à le complexifier
s u r t o u t 1
r-U ~^ en France . C'est aussi observer une réalité indubitablement d'actualité et à conceptions
1
V * ij souvent et toujours divergentes, controversées, mais aussi à investissements idéologiques forts.
1
Guglielmi, Gilles J., introduction au droit des services publics, éd. Dalloz, Paris, 1993, P2.
7
Deuxième axiome : L'Administration publique n'est pas une notion unitaire. Elle
n'est pas - est-ce utile de le rappeler ? - une personne morale. Certaines de ses composantes sont
des personnes morales, d'autres ne le sont pas. Certaines de ses^parties sont nationales^jTaubes__---
. locales; et il n'est à cet égard pas possible d'assimiler dans tous les cas une autorité administrative
^ ^ n o c a l e à une branche d'une autorité administrative nationale. Pour saisir cette réalité, cela
demande aussi une classe bourgeoise bien éclairée, bien instruite et surtout bien intentionnée par
c
rapport à la question. ^ ^ \jC(f*& p / ^ t -
Troisième axiome : Les notions juridiques^ ne sont ni fixes, ni susceptibles de
délimitation absolue. Sous le même terme de service public, les juristes/l'époques différentes
recouvrent des réalités différentes, et pour un usage différent.
L*État_etJes autres personnes publiques ont pour but essentiel la réalisation d'un
optimum social. Jolies se livrent pour cela à deux grands types d'activités. Le premigr.esLia_
production de normes juridiques^ c'est-à-dire deprescriptionsjiestinées à c£dormerles relations
sociales en imposant des comportemejnisj^^ assuré par une menace de^
2
sanction garantie par l'autorité publique. AV^/^ pA-h&t
Le^second_est la productiojijie_ services, concretsjlesfinés_j^tisfaireJej^esoins
collectifs de la société. L'étude des conditions de production des nonnes et de leur cohérence
relève à la fois de laJbiQrie du droit jrt de-la science PJjhjique^el adjrumstrafivej, ^Celle/des
modalités de production des services collectifs relève plutôt dujjroit administratif_dont il est
possible de faire également la théorie, à condition de ne lui accorder jamais qu'une portée
relative dans la vie sociale.
Face à un phénomène social, l'Etat ou les autres personnes publiques ont à choisir
entre deux attitudes. L^pjremière consiste à laisserje développer ce phénomène dans le cadre
x juridique existant, par la seule impulsion et sous la seule responsabilité des particuliers. La
i deuxième attitude consiste à intervenir dans le développement de ce phénomène,
a/ Les raisons de l'intervention, d'une part, sont multiples. Le phénomène social peut
g êtrejiestructeur, néfaste, dangereux, porteur de déséquilibres, ou simplement risqué. Il peut
B présenter ces caractères pour la société dans son ensemble ou seulement pour une catégorie
,v ^ s^çjgle^u_profe^sionnelle. Cependant, il sied de noter que dans les sociétés mal structurées, ces
interventions peuvent se transformer en anarchie voire despotisme,
k L'intervention, d'autre part, peut prendre des formes variées. L'intervention
«Y i exclusivement normative : les personnes publiques encadrent le phénomène social dans de
nouvelles normes (interdiction, limitation, surveillance, contrôle). L'intervention matérielle (et
accessoirement normative): les personnes publiques prennent en charge le
phénomène social, en l'intégrant dans les fonctions administratives, en le plaçant sous la
dépendance d'organes administratifs, en assurant elles-mêmes ou en maîtrisant la production de
biens et services.
Le cœur de la notion d'intervention publique ne peut pas être compris à la fin du
XXème siècle, si l'on demeure dans les cadres de pensée, dans les catégories juridiques, dans les
principes qui ont été élaborés à la fin du XIXème siècle. Ces cadres, catégories et principes
doivent être connus pour être dépassés, pour permettre de comprendre et de forger de nouveaux
outils. Le problème fondamental qu'ont à résoudre les gouvernants est de pratiquer l'intervention
avec discernement pour éviter tout dérapage ou anarchie.
D'une part, quand intervenir ? A partir de quels critères de demande sociale une
intervention des gouvernants est-elle justifiée ? Il s'agit d'un problème principalement politique
qui trouve sa traduction juridique de manière dispersée dans la jurisprudence constitutionnelle et
dans l'appréhension par le droit administratif des notions d'intérêt général, d'intérêt et d'utilité
publique.
D'autre part, comment intervenir ? Quels sont les modes possibles et aussi quels
sont les plus simples, les plus efficaces et les plus économes de moyens ? La réponse est
largement conditionnée par une évaluation, qui reste à faire, d'institutions bien connues du droit
administratif.
L'étude des grands services publics de l'Etat s'inscrit dans la suite de celle du
Droit Administratif, et en constitue un aspect nouveau. En effet, il ne viendrait à l'idée de
personne aujourd'hui de considérer la notion de services publics comme le critère exclusif du
champ d'application du droit administratif et de la répartition des compétences entre l'ordre
juridictionnel administratif et l'ordre juridictionnel judiciaire.
La notion de services publics, telle qu'elle avait été systématisée par la
doctrine de l'école de Bordeaux, a connu des vicissitudes telles que l'on a pu mettre en doute son
existence même. Il est vrai que la pénétration du droit privé dans la gestion des services publics
est venue remettre en cause l'homogénéité du régime juridique des services publics.
Pourtant, cette notion demeure une notion centrale du Droit
Administratif. Elle ne saurait à elle seule expliquer le champ d'application du Droit
Administratif mais elle y contribue de manière très importante.
Cette notion volatile souvent présentée comme fuyante, sinon
insaisissable, rebelle et éclatée_ja pour but ultime lajsatisfaction des besoins collectifs de la
population, et repose indiscutablement sur trois principes fondamentaux appelés lois de Roland,
du nom de leur créateur ; à savoir : les principes de continuité, de mutabilité et d'égalité sans
lesquels on ne peut pas parler d'un service public et de son existence. ^Ayu^vici Aû^j&AA ^<£tf£>c>
r
—r — d& J^\£lo SxjiUsu^cjifaaà
0.5 Importance et objectifs du cours ^ / « e o $vu>st&j ^Lu £eq i^g, ,
f
10
3
Rudolff, M., cité par Kabange Ntabala clément, Grands services publics et entreprises publiques en droit
congolais, études monographiques, UNIKIN, Kinshasa 1998, P5.
11
Aussi, les développements qui vont suivre ont pour but d'étudier les personnes
publiques non dans leur aspect organique - qui relèverait, pour la description, d'un cours
d'Institutions et, pour l'explication, de la science politique et administrative -, mais dans leur
aspect fondamental de régulation sociale : l'intervention des services publics.
Pour l'appréhender dans ses fondements juridiques et en comprendre les modalités
actuelles, seront synthétisés les éléments acquis d'une théorie de l'intervention. Pour ce qui est de
la méthode suivie pour la résumer et en souligner la cohérence avec le problème pratique et
réaliste de l'intervention, on pourrait la qualifier de positive-dialectique.
Positive, car elle s'attachera à donner en tout point l'état du droit applicable à
l'intervention; dialectique parce qu'elle considère que les institutions juridiques sont le résultat
précaire de la résolution de contradictions sociales, et qu'elles sont explicables par l'histoire de
ces contradictions.
L'intervention publique a connu depuis la période révolutionnaire bien des
fluctuations, mais elle peut sans heurter le sens commun des publicistes, être caractérisée par
l'émergence progressive de la notion de services publics. L'étude de cette apparition permettra
notamment de placer la notion de services publics dans le contexte de la formation du droit
administratif et de marquer sa relativité en tant que réponse à la question de la pertinence de
l'intervention.
Dans un deuxième temps, on précisera les réponses que la technique juridique a
pu apporter à la question des moyens d'intervention par les modes de gestion des services
publics, étant entendu qu'il s'agit de méthodes concernant la gestion globale du service public.
Dans un troisième temps, seront enfin rappelées d'autres modalités d'intervention
qui, pour être liées aux services publics, n'en constituent pas des modes de gestion, mais des
techniques d'association, objet d'un récent regain d'intérêt
12
CHAPITRE PREMIER
NOTION ET EVOLUTION DE L'EXPRESSION SERVICE PUBLIC
La notion de service public est une notion centrale du droit administratif, mais elle
est aussi par contrecoup une notion abondamment critiquée. Cest une r^tioji^centrale parce
qu'elle touche aux buts des institutions publiques et de l'organisation sociale. Pour Duguit par
4
exemple, l'État n'existe pas. Il n'est qu'un faisceau de services publics . L'existence du pouvoir
d'État ne se justifie que ponctuellement en vue de garantir la possibilité de rendre des services à
la collectivité.
Curieusement, pour bon nombre de dirigeants africains et subsahariens, cette
logique est loin d'être réalisée car l'Etat devient l'objet d'émergence d'intérêts personnels,
tribaux, familiaux et ethniques au risque d'entamer son existence. Du coup, la notion de service
public perd de toute sa substance devenant ainsi un outil à la disposition des gouvernants pour
l'oppression des gouvernés.
C'est aussi une notion soumise à de fortes critiques. Tout d'abord, pour certains
elle semble inséparable de la notion de puissance publique (Hauriou). Ensuite, la présentation
théorique générale du service public comme critère unique du Droit administratif est trop
optimiste. Le service public fonderait à la fois la spécificité des règles de Droit administratif et la
compétence des juridictions administratives. Or, la réalité et la jurisprudence ont très vite
démenti cette vision. La gestion des services publics n'a jamais cessé d'utiliser des règles et des
situations de Droit privé.
Dès le début du XXème siècle, le Conseil d'État valide la distinction entre gestion
publique et gestion privée des services publics. Les échecs successifs d'une théorie totalisante du
service public ont en fait abouti à la discréditer l'impossible définition du service public.
Pourtant cet échec n'est pas dirimant, car l'élaboratiorijiistorique de la notion dg_service public
permet de dégagerdes constantes, dontTjuppJicatij)^^ à travers la
jurisprudence administrative eUesjtécisions constitutionnelles récentes.
En particulier, certains principes de fonctionnement ont une valeur juridique si
particulière qu'on les connaît sous le nom de "lois" du service public. Enfin, ces constantes
concernent aussi bien la création, la suppression, l'organisation que le fonctionnement des
services publics. Ainsi, dans ce chapitre, il sera question de tenter de répondre à quelques
préoccupations majeures ; à savoir :
4
Duguit, L., cité par Guglielmi, Gilles J., Op. Cit., P.28
13
Le présent chapitre est consacré à élucider la notion du service public, aussi va-t-il
s'articuler autour de trois points essentiels qui vont en constituer la substance; à savoir:
apparition et évolution du concept service public, définition et caractère du service public ainsi
que la typologie des services publics.
5 e
Tshintambwa Kazadi Shambuyi, Les grands services publics de l'Etat, cours dispensé en 4 année de Droit,
UNILU, Lubumbashi, 2002, syllabus inédit, p.2
14
La chose s'avère moins aisée si l'on sait que le service public représente l'une des
notions les plus controversées dans la doctrine et dans la jurisprudence et les plus difficiles à
cerner. Aussi, les principales couches de l'évolution des conceptions de cette notion en donnent-
elles déjà un éclairage suffisamment éloquent.
Le législateur, les juges, les administrateurs, les usagers et les théoriciens du droit
n'ont pas la même notion du service public. L'administration du royaume sous l'Ancien Régime
fait apparaître l'existence matérielle de nombreux services publics sans que ceux-ci soient
conceptuellement regroupés. La Révolution et l'Empire, et même l'État libéral du XLXème siècle
pratiquent abondamment l'intervention, que les juristes cherchent d'ailleurs à systématiser, mais
ce n'est pas sous l'emblème du service public.
La notion de service public apparaît en tant que telle dans la jurisprudence
administrative, mais elle est surtout reprise par Duguit dans sa construction idéologique d'une
théorie de l'État, et par l'École de Bordeaux dans une construction scientifique du Droit
administratif. L'existence de services publics au sens fonctionnel est attestée sous l'Ancien
Régime, de l'époque médiévale jusqu'à la Révolution, mais elle est caractérisée par des moyens
juridiques différents. Il s'agit surtout de pratiques sociales coordonnées par une autorité
commune, qui n'est pas forcément, notamment au début de la période, l'État.
Les banalités au moyen âge, la propriété du sol est celle du Seigneur. Elle est un
fondement du pouvoir fiscal, car elle permet au Seigneur de percevoir des taxes, et en
contrepartie de certaines d'entre elles, il y a fourniture d'un service commun : les banalités. Les
fours, les moulins, les pressoirs sont un monopole du Seigneur qui perçoit, à l'occasion de leur
utilisation, une redevance élevée. En contrepartie, les banalités doivent être en état permanent de
15
fonctionnement, chaque habitant dispose d'un droit égal à en user, la sécurité des abords est
assurée par les troupes seigneuriales.
Les communautés urbaines à partir du Xlème siècle, l'extension des échanges
amène la formation d'agglomérations, de bourgs. Les autorités municipales se substituent aux
seigneurs, mais le principe d'organisation sociale et les pouvoirs d'organisation ne sont pas
modifiés. Outre les fours, moulins et bans de boucherie, les municipalités assurent un monopole
au maître d'école, fondent des léproseries. Elles imposent des corvées pour la construction et la
réparation des fortifications, l'entretien des routes et des ponts, les services de guet et de ronde,
voire la participation à la défense de la commune.
La notion de police à partir du XVème siècle, le terme de police se répand dans
les ordonnances royales. Il semble qu'il puisse signifier à la fois "politique" et "gestion" de la
chose publique. Au XVIIème siècle, la police est définitivement devenue un pouvoir
réglementaire, ce qui explique peut-être la connotation négative que le mot a pris jusqu'à
aujourd'hui. « La police consiste à assurer le repos public et celui des particuliers, à procurer
l'abondance et à faire vivre chacun suivant sa condition », dit une ordonnance royale de 1669.
A la fin du siècle, la Police universelle englobe, pour Domat, le droit public et le
droit privé. Enfin, au XVIIIème siècle, fleurirent des dictionnaires de Police qui sont en réalité
de véritables codes de droit et de pratique administrative. Le plus célèbre d'entre eux, le Traité de
la Police de De Lamare, prend pour subdivision la santé, les vivres, la voirie, le commerce les
manufactures et les arts mécaniques. Autant de domaines d'intervention des services publics
contemporains.
Vutilitas communis antique, qui désigne l'intérêt du peuple, la "chose publique"
au-delà des intérêts immédiats de l'État, cède la place à partir du Bas Empire à la notion Vutilitas
publica, principe général qui justifie l'intervention de la Cité. La France s'éloigne rapidement des
conceptions grecques et romaines à partir des mérovingiens mais la notion âiutilitas publica ne
disparaît pas et se développe même sous l'influence de Thomas d'Aquin qui se réfère au bien
commun à propos de la justice.
Ainsi, la référence au "bien de la chose publique" au "bien commun" ou
"commun profit" est-elle courante dès le XlIIe siècle, découlant directement de Vutilitas publica.
Le terme de service existe, en revanche la notion d'intérêt général distinct de l'intérêt privé est
encore absente.
Au XVIe siècle, l'absolutisme naissant développe la terminologie des services
communs et l'on se réfère de plus en plus explicitement à "l'intérêt public" et au "service public",
16
lequel s'étend avec Colbert aux fonctions régaliennes mais aussi sociales, culturelles et
économiques.
A la veille de la Révolution, les services communs dépendent du roi et le "service
du public" renvoie d'ailleurs moins à la notion de bien commun qu'au fait que ces services
appartiennent, justement, à la couronne. La Révolution française marque ici une étape
importante. La Déclaration de droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 indique que la
force publique "est instituée pour l'avantage de tous et non pour l'utilité particulière de ceux
auxquels elle est confiée".
C'est la notion d'intérêt général qui est précisée, ainsi que le principe d'utilité
publique, qui devient moyen de réaliser et de mettre en œuvre la loi de manière satisfaisante et
en conformité avec l'intérêt national. Les lois sont justes si elles sont conformes au bien divin et
à l'intérêt commun des hommes.
profit non d'un individu en particulier mais de tout citoyen en général qui entend en bénéficier -
élément fonctionnel -; une relation de droit public, régime spécial dérogeant sur certains points,
sinon sur tous, au droit privé.
Les pouvoirs de l'État ne cessent de croître au XIXe siècle et la notion d'intérêt
^ général est fréquemment utilisée, mais l'État libéral accorde une place primordiale aux libertés
\( publiques. Dans ce cadre-là. les missions de l'État restent très limitées et s'exercent
K\ principalement dans les actes de police administrative par un État "gendarme",
-i II n'empêche qu'avec l'essor du capitalisme, les conditions économiques et
^ sociales des populations sont devenues préoccupantes et l'intervention de l'État progresse dès la
çj première moitié du siècle, en matière de travail des enfants ou d'enseignement par exemple, mais
j surtout sous la troisième République, qui produit une législation nombreuse et variée sur les
\g services publics.
L'interventionnisme se fait aussi bien économique que social et culturel. Cet
rt) engagement de l'État est théorisé par Léon Bourgeois qui systématise en 1898 la doctrine du
^ solidarisme, partant du "fait naturel de l'interdépendance sociale et de la solidarité" pour
construire une théorie des droits et devoirs sociaux : chacun est redevable d'une "dette" du seul
fait qu'il vit en société, parce qu'il a hérité de "l'acquis de la civilisation"6.
A côté de cet État solidaire, au service de la société, l'État d'un point de vue
juridique est peu à peu défini par le Conseil d'État, qui différencie en particulier ce qui relève de
la gestion publique et de la gestion privée, pour un même établissement. Cependant, aucune
théorie du service public n'existe encore, même si le concept d'intérêt général est fréquemment
utilisé et si l'État intervient désormais activement dans le jeu social, à la fin du XIXe siècle.
Mais plus profondément se pose la question de fondement du Droit public : on
cherche à soumettre l'État au droit : c'est ce à quoi va répondre la doctrine du service public.
Sont attachés à la définition du concept de service public les juristes de l'école de
Bordeaux, dont Léon Duguit. Selon lui, est service public "toute activité dont l'accomplissement
doit être assuré, réghé__e^omrôlé_par_le_gouvernement, parce que l'accomplissement de cette
activité est indispensable à la réalisation et au développement de l'interdépendance sociale, et
qu'elle est de telle nature qu'elle ne peut être réalisée complètement que par l'intervention de la
force gouvernante".
Sous l'influence de Gaston Jèze sont précisés les critères permettant de repérer un
service public, tandis que le noyau dur de ce régime de services publics sera bientôt cristallisé
autour de grands principes systématisés par Louis Rolland^ L'application de règles dérogatoires
18
du droit commun et l'existence d'un juge spécial s'expliquent désormais uniquement par les fins
sociales de l'action administrative : la notion de service public fournit ainsi la clef de la
compétence du juge administratif. Elle permet aussi l'octroi à l'administré de garanties contre
l'arbitraire, du fait de l'abandon de l'idée de puissance publique. Mais si elle permet la
consolidation du Droit administratif, la théorie du service public définit également une nouvelle
1 {
théorie de l'État, prolongeant les principes du solidarisme. f.^ À
\
19
Le premier tiers du XXe siècle a vu une première vague d'extension, d'abord due
au développement du socialisme municipal puis à celui des collectivités locales et des services
de proximité : distribution et épuration des eaux, ordures ménagères, transports urbains, lutte
contre l'incendie, pompes funèbres... C'est la seconde vague d'expansion qui a lieu durant les
années 1930 qui voit naître de puissantes entreprises publiques contrôlant les secteurs de base de
l'économie.
Les services sociaux ont connu, eux, une croissance plus ou moins continue. Dès
l'Ancien Régime, les collectivités publiques avaient pris le relai de l'Église pour l'hospitalisation
des malades, par exemple, Mécanismes d'assistance et dispositifs de protection ouvrière se sont
développés dès la fin du XIXe siècle et le système de protection sociale s'est encore amélioré
entre les deux guerres.
§3. D E L ' E V O L U T I O N D E S C O N C E P T I O N S S U R L E S E R V I C E P U B L I C
6
Tshintambwa, Kazadi Shambuyi, op.cit, p.3.
'Idem
21
8
Delaubadere, A., Gaudemet, Y., et Venezia, J.C., op. cit., p.22
22
dans la puissance publique, mais bien dans l'utilité publique. De son côté, la philosophie
politique cessa de considérer l'Etat comme un phénomène de force, mais un lien qui unit les
hommes en société, c'est-à-dire une incarnation de la solidarité sociale.
exprimer et à intensifier cette solidarité sociale entre les hommes, à susciter les moyens de nature
Ainsi, les services d'utilité collective ou publique sont des services publics dont
la gestion est assurée par des organismes privés qui peuvent être des personnes physiques ou des
personnes morales de droit privé. Par ailleurs, on a vu reconnaître des nouveaux droits aux
individus inspirés par les Déclarations Américaine et Française du XVIIIe siècle (1776 et 1789)
ainsi que la charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 qui se sont ajoutés
dans beaucoup de pays et surtout en Europe.
Après la seconde guerre mondiale, on voit ainsi naître des droits économiques et
sociaux. Ce qui a conduit à reconnaître le caractère des services publics à de nombreuses
activités gérées par des organismes privés.
Quelques exemples peuvent étayer cet état de chose en République Démocratique
du Congo et à l'Etranger :
La Caisse Nationale de sécurité sociale, les caisses régionales et
primaires en France,
Le service d'assèchement des eaux stagnantes en France ;
Les Ecoles conventionnées catholiques, Kimbanguistes, Méthodistes, etc.
en RDC. Cependant, les Ecoles privées catholiques, Kimbanguistes, Méthodistes, ... ne sont pas
à confondre avec les Ecoles conventionnées citées ci-haut.
Etc.
- On a des cas où le Droit Administratif s'applique alors qu'il n ' y a pas des services
publics. H arrive des cas où les associations syndicales des propriétaires d'immeubles
reconnus ou les associations syndicales des Médecins se voient reconnaître l'exercice des
prérogatives exorbitantes de puissance publique. Ces associations peuvent par exemple
dans certains cas, imposer les membres à l'adhésion, lever des taxes, exproprié pour
cause d'utilité publique, etc.
•
- A l'inverse, la jurisprudence administrative admet que certaines activités de services
publics ne soient pas de sa compétence. Des contrats administratifs ne comportant pas
des clauses exorbitantes peuvent être de la compétence des juridictions judiciaires pour
connaître par exemple du litige qui aurait pour objet des fournitures à livrer selon les
conditions des contrats intervenus entre particuliers. Ici, l'administration peut bien
qu'agissant dans l'intérêt d'un service public contracter dans les mêmes conditions qu'un
simple particulier et se trouver ainsi soumise aux mêmes règles et juridictions que celui-
ci. Voilà alors le bien-fondé du principe selon lequel les contrats conclus dans l'intérêt du
service public peuvent être soit des contrats administratifs, soit des contrats privés. Ce qui
confirme l'indépendance du caractère du contrat.
Par rapport à la nature du service, des services publics administratifs peuvent
passer des contrats de droit privé et que les services publics industriels et commerciaux peuvent
passer des contrats administratifs. On peut donc affirmer que le caractère fondé sur les clauses de
contrat n ' a pas l'universalité pourtant lui attribuer traditionnellement puisque les juges peuvent à
nos jours soit tenir compte de l'objet du contrat, soit de la nature du service.
Dans une large mesure, toute l'activité des services publics industriels et
commerciaux est, en principe, soumise au droit privé surtout quand il est question de leurs
rapports avec les usagers, les clients ou les fournisseurs. Dans ce cas, l'autorité judiciaire est.
compétente pour connaître des actions intentées par les particuliers en réparation des
conséquences dommageables de l'exploitation d'un service public industriel et commercial,
c'est-à-dire d'un service fonctionnant dans les mêmes conditions qu'une entreprise privée. .
qu'il importe de les assurer en guise de l'intérêt général. A ce titre, les contestations
issues de leur exploitation sont naturellement de la compétence des juridictions de Droit
commun.
On doit donc noter que dans le cas où l'Administration agit comme le ferait un
simple particulier, elle peut ne pas user des prérogatives de puissance publique. C'est pourquoi
aujourd'hui la notion des services publics industriels et commerciaux n'est pas fondée sur le seul
critère de l'objet du service, mais aussi sur la démarcation entre les activités naturelles et les
activités accidentelles de l'Etat.
9
Delaubadere. A., et Autres, op.cit, p.23
26
Comme on le dit souvent, après l'apogée, c'est le déclin, après avoir connu une
remarquable fortune, la notion de service public, en tant que principe explicatif et notion-clef du
droit administratif, a subi, un déclin sensible, provoqué principalement par la constatation de
divergences de plus en plus grandes entre la théorie abstraite du service public et le droit positif
jurisprudentiel.
Dans leur histoire générale respective, tous les Etats de par le monde ont connu et
connaissent encore dans leur existence, des épisodes caractérisées par la vague de
l'interventionnisme de toutes sortes, notamment dans les secteurs économique et social. La
conception en place dans la période précédente ne va pas résister à la seconde révolution
administrative engendrée par la crise 1929 et prolongée par la seconde guerre mondiale, les
suites de celle-ci et l'urbanisation qui s'en suivront.
Ceci s'est justifié par la naissance et l'émergence des nouveaux types des services
publics dits services publics industriels et commerciaux dont l'importance et la constance ne sont
plus à démontrer de nos jours ; il suffit pour s'en convaincre de les dénombrer.
social (logement, santé publique etc.) et professionnel (les ordres de Médecins, des Avocats, des
sages-femmes, etc.), une conséquence de la multiplicité des interventions de l'Etat dans tous les
domaines de la vie nationale.
§4. E V O L U T I O N D E L A N O T I O N D U S E R V I C E P U B L I C E N
C'est dans les colonies que ce nouveau rôle de l'Etat, disons plutôt de
l'administration qui met les prérogatives de l'Etat en œuvre, s'est particulièrement manifesté.
Cette même administration a conféré au service public colonial un caractère singulier.
Dans les colonies d'expression française (on se limite ici aux pays
africains qui étaient sous la dépendance des pays européens à régime administratif : la Belgique
et la France), le service public traduit, de façon générale, la conception renforcée de la place de
l'administration dans les sociétés métropolitaines.
Mais, c'est elle qui détermine d'une manière absolue et discrétionnaire si une
activité quelconque est d'intérêt général (on sait que les indigènes n'avaient rien à dire). Alors
que dans la métropole, le législateur est constitué des représentants du peuple. Il ne faut,
cependant, pas penser que les privés n'avaient aucune initiative dans les colonies. Bien au
contraire, il suffît de voir l'importance prise par les sociétés privées dans le développement
économique du Congo Belge pour s'en rendre compte. Mais, il ne demeure pas moins vrai que
l'action administrative du colonisateur s'est longtemps conformée, pour une part la plus large,
avec l'action économique.
- L'Etat colonial est précurseur, il amorce l'Etat socialiste, les pays anciennement
colonisés ont, après leur indépendance, gardé certains aspects de l'absolutisme du service
28
Comme dans toutes les anciennes colonies, le Congo a hérité sa notion de service
public de la colonisation Belge qui, elle-même l'avait héritée du droit napoléonien.
L'absolutisme et le paternalisme de l'administration coloniale continuent de marquer la
conception congolaise du service public et ses relations avec le citoyen. L'Etat congolais
intervient d'une manière de plus en plus large et déterminante dans la vie économique et sociale
du Congo : d'où, l'importance et la diversité des services publics congolais.
Section 2 : D E F I N I T I O N ET C A R A C T E R E S DU S E R V I C E P U B L I C
La notion de service public n'a pas été reçue de toute éternité dans le Droit
administratif français. L'étude de son évolution historique révèle que la notion de service public a
fortement varié et que son rôle dans la théorie juridique a connu des fortunes diverses
compromettant ainsi pour un temps tout espoir de définition.
Le point d'aboutissement de cette évolution semble limiter la notion de service
public à une dimension essentiellement fonctionnelle. Cependant, cette seule certitude ne permet
29
Léon Duguit (1859 -1928) développe une théorie de l'État qui, face à
l'accroissement de ses activités, a pour but de le limiter. Duguit constate tout d'abord que la
limitation naturelle de l'État a échoué. Elle consistait à dire que l'État pouvait utiliser la puissance
publique pour interdire, mais devait s'insérer dans les droits et obligations de type privé pour
12
entreprendre (distinction de l'État puissance publique et de l'État personne civile) .
12
Guglielmi, Gilles J., Op. Cit. p.36
13
Duguit, L. cité par Guglielmi, Gilles J., Op. Cit. 36
30
faits dont elle sera la synthèse et qui seront comme la substructure des institutions positives ».
Les institutions peuvent être service public, ou perdre cette qualité au gré de l'état social, l'idée
de service public n'en demeure pas moins.
Cette objectivité et cette abstraction entraînent enfin que le service public chez
Duguit n'est pas une catégorie juridique. Les institutions et activités publiques qualifiées
temporairement de service public ne réclament pas l'application d'un régime juridique particulier
ou constant.
14
Louis, R., cité par Guglielmi, Gilles J., Op. Cit. p.36
31
uniquement, exclusivement services publics, les besoins d'intérêt général que les
gouvernants d'un pays donné, à un moment donné ont décidé de satisfaire par le procédé
du service public ». Le service public devient un procédé technique que peut utiliser le
législateur. Cette position prive la notion de service public de son unité essentielle qu'est
la limitation de l'État.
L'École de Bordeaux introduit dans une théorie unitaire des germes de division
que développera la jurisprudence. Trois conséquences posent problème. Tout d'abord, la notion
subjective de service public permet de voir des services publics là où l'État et les personnes
publiques ne les assument pas effectivement : c'est une possibilité de divergence entre les
caractères organique et fonctionnel.
Ensuite, la référence à l'intérêt général ne fait que repousser le problème un peu
plus loin, car l'intérêt général est aussi ce que définissent les gouvernants : cela engage l'analyse
juridique à donner un caractère de technique juridique à une notion encore plus proche de la
politique.
Enfin, et c'est probablement l'effet le plus néfaste, la notion de services publics,
développée par l'École du même nom, fait du service public le critère central de compétence du
15
juge administratif et, par conséquent, de l'application d'un régime de droit administratif.
- La jurisprudence administrative avait semblé justifier l'interprétation des théoriciens du
service public. Le point de départ de cette jurisprudence est, bien sûr, l'arrêt Blanco (TC,
er
8 février 1873, Blanco, Rec.l sup.61), qui doit beaucoup aux conclusions du
commissaire du gouvernement David (D 1873.3.1). Ce dernier expose en effet, que l'État
puissance publique est celui qui est chargé d'assurer la marche des divers services publics
qui constituent l'ensemble des opérations des corps administratifs, et que l'exercice de
l'activité administrative d'intérêt général appelle un régime juridique spécifique et ne peut
être soumis au Droit civil. La jurisprudence administrative admet donc la spécificité de la
notion de service public et du régime de droit public applicable à ce service. Elle va
d'ailleurs étendre de plus en plus l'application de règles de droit public aux services
publics qu'elle découvre. Première extension, le droit public et la compétence
administrative sont applicables à l'activité des personnes publiques autres que l'État.
Jusqu'au début du XXème siècle, en effet, ces personnes étaient soumises, sauf texte
13
Guglielmi, Gilles J., Op. Cit. p.28
32
En raison des éléments de définition donnés, le service public est avant tout « une
organisation qui dépend d'une collectivité publique » (de Corail). Mais autant il est simple de le
constater lorsqu'une personne publique gère elle-même directement le service, autant le
développement de la gestion des services publics par des personnes privées menace la notion de
service public :
personne juridique, le fait qu'elle soit chargée d'un service public tend à la faire qualifier de
personne publique.
L'expression est fixée en jurisprudence par un arrêt (TC, 28 mars 1955, Effimieff,
Rec.617), qui affirme qu'une association accomplissait « dans l'œuvre de reconstruction
16
immobilière une mission de service public » . L'emploi de cette expression est courant en
théorie juridique comme en jurisprudence. Cependant, il ne faut pas s'y tromper. La notion de
mission de service public n'est qu'une conséquence de la dissociation entre notion organique et
notion fonctionnelle de service public.
La notion de service est difficile à cerner parce qu'elle est résiduelle. Les services
sont les produits d'une activité qui ne se concrétise pas par l'apparition d'un bien matériel. Si l'on
cherche à identifier le service public par le contenu de la prestation fournie, deux constatations
s'imposent : tout d'abord, ce contenu est varié il couvre tout le domaine de l'activité humaine
(enseignement, transports, santé, communication, etc.); ensuite, dans la plupart des cas,, il est
susceptible d'être produit aussi bien par des personnes privées que par des personnes publiques.
On conclut donc qu'il n'existe pas de prestation de service qui serait en elle-même
de nature publique ou de nature privée. Si l'on cherche à identifier la prestation de service public
16
Guglielmi, Gilles J., Op. Cit. p.28.
35
par le régime juridique sous lequel elle est assurée, on s'engage dans un raisonnement circulaire,
et l'on fait passer les moyens avant les fins.
La seule analyse féconde reste donc celle des buts de la prestation de service
public. Pour être qualifiée de service public, l'activité doit avoir un but d'intérêt général. Cette
exigence est constante dans la jurisprudence administrative
but d'intérêt général cède le pas à un critère spécial au régime du domaine et des travaux publics
: l'usage public.
Enfin, les activités industrielles et commerciales des personnes publiques, qui
peuvent être reconnues comme des services publics, sont quelques fois difficiles à différencier
des activités purement privées. Outre, le fait qu'elles sont soumises en principe à un régime de
droit privé, les dérogations à ce régime par l'usage de prérogatives de puissance publique ou
l'application de principes de droit public sont interprétées de manière stricte.
Ainsi, les saisies-arrêts peuvent être pratiquées sur lés biens des personnes privées
chargées d'un service public industriel et commercial sous la seule réserve que cette procédure «
ne compromette pas le fonctionnement régulier et continu du service public » (CA Paris, 11
juillet 1984, SNCFc/GARP, D 1985.2.174).
17
ARTICLES 176 à 179, 182,186, 187, et 191 Constitution du 18/02/2006
18
Statuts des Etablissements publics et des services publics, J.O. de la R.D.C. Kinshasa Dec. 2009.
e
"Chapus, R., Droit administratif général, Tl, 5 éd, Montchrestien, Paris, 2001, p.579
37
La définition s'énonce simple : une activité constitue un service public quand elle
est assurée ou assumée par une personne publique en vue d'un intérêt public. Toutes autres
0
données ou considérations sont indifférentes} De leur côté, tout en reconnaissant la difficulté de
définir la notion de services publics, notion qu'ils considèrent comme fuyante sinon
insaisissable, au regard de sa définition, André De Laubadère et autres, l'entendent
sommairement comme une activité d'intérêt général gérée par une personne publique ou sous
21
son contrôle selon un régime exorbitant du droit commun
Pour sa part, par service public, Gérard Cornu pense que cette expression désigne
usuellement aussi bien une activité destinée à satisfaire un besoin d'intérêt général que
22
l'organisme administratif chargé de la gestion d'une telle activité .
Comme on le voit fort bien, le service public est souvent défini en deux sens ; à
savoir : le sens matériel qui met en exergue l'activité d'intérêt général et le sens organique
mettant en avant plan l'organisme qui gère le service devant être un organisme public.
§3. C A R A C T E R E S D E L A M Y T H I Q U E N O T I O N D E S E R V I C E S
PUBLICS
Dans cette étude, l'expression service public a deux acceptions, elle désigne une
activité, et un organisme, une structure. De toutes ces définitions énoncées ci-haut, il y a lieu de
retenir les éléments ci-après :
-'"Peiser, G., Droit administratif, les actes administratifs, organisation administrative, la juridiction administrative,
contentieux administratifs, 25è éd., Mémentos, Dalloz, Paris, 2011, p. 107
21
De laubadère, A. et Autres, op.cit. p.23.
22
GORNU, G., vocabulaire juridique T éd. P.U.F., Paris, 2005, p.845.
moins encore celle congolaise ne consacre aucune définition de cette notion. Elles se contentent
seulement de donner les grands principes de création, la raison est simple : la mouvance,
l'insaisissabilité ou la fuite de la notion indétachable de celle des besoins.
A ce propos, Didier Truchet fait remarquer que personne n ' a jamais réussi à
donner du service public une définition incontestable. Car, la signification du concept varie selon
les circonstances de son emploi en ce sens qu'il est devenu un label qui recouvre des réalités
23
juridiques variées .
23
TRUCHET, D., « Nouvelles récentes d'un vieillard : label de service public et statut de service public », in AJDA,
1982, pp. 427-439.
24
Cornu, G., op.cit, p.496
39
Les autres tendent à satisfaire, le mieux possible, l'intérêt propre, qui est
un intérêt financier de l'organisme qui l'exercice: Chapus les appelle les activités de grand profit.
C'est de cette démarcation qu'il faut partir pour distinguer les activités qui, rattachables à une
personne publique, sont exercées en vue d'un intérêt public et sont par la suite constitutive d'un
service public.
Ce sont elles qui sont le plus aisément reconnaissables comme des services
publics. Elles satisfont, en effet, clairement à l'exigence actuellement considérée. Deux
précisions sont toutefois nécessaires :
- l'objectif du plus grand service n'exclut pas nécessairement la
préoccupation de profit, de rentabilité financière. Les services rendus peuvent donner lieu à la
rémunération par leurs bénéficiaires et c'est notamment le cas lorsque l'activité exercée a un
caractère industriel et commercial.
Elles se distinguent selon qu'elles sont ou non destinées (de façon exclusive ou
principale) à financer une ou des activités de plus grand service c'est-à-dire (sauf cas particulier
des services publics).
- Relativement à celles des activités qui sont exercées (principalement au
moins) en vue d'assurer ou d'améliorer le financement des services publics, on peut dire que la
recherche du plus grand profit n'est pas séparée de celle du plus grand service. La réalisation du
premier permet ou facilite celle du second, qui apparaît comme la finalité dernière de ces
activités.
C'est ainsi que la perception des impôts est reconnue effectivement comme
service public.
- Les autres activités de plus grand profit ne sont pas des services publics.
Ce sont celles d'entreprises qui sont gérées comme les sont les entreprises privées, en vue des
meilleurs résultats financiers et les gains réalisés sont principalement au moins, destinés à être
utilisés par les entreprises elles-mêmes en vue d'étendre ou consolider les bases de leur
prospérité. Concrètement, il s'agit de la gestion d'entreprises publiques telles qu'elles l'ont été
ou le sont encore aujourd'hui. Bien entendu, la prospérité de ces entreprises sert l'économie
nationale et l'intérêt général. C'est le cas en R.D. Congo des entreprises ou établissements
publics récemment transformées en sociétés commerciales à l'instar de la société des chemins de
fer du Congo, la Générale des carrières et des mines, la société nationale d'électricité, la
Régideso, etc.
Section 3 : T Y P O L O G I E D E S S E R V I C E S P U B L I C S
Le service public peut être géré par une personne publique ou par une personne
privée et qu'à cette gestion publique ou privée était attachée un certain nombre de conséquences
juridiques marqué notamment par le régime juridique applicable à l'activité qualifiée de service
public.
Doctrine et jurisprudence soutiennent qu'en principe les services publics à gestion
publique sont soumis au droit public dérogatoire au droit commun, et les services publics à
gestion privée sont sous le régime de droit commun avec une dose plus ou moins forte
d'application de droit public selon la nature de l'activité.
41
très g r a n d e ; il en est ainsi en ce qui concerne les types mêmes de services publics. Ainsi,
plusieurs critères seront pris en considération pour établir une certaine classification des services
publics.
§1. OBJET
administratifs, les services publics industriels et commerciaux les services publics sociaux,
Ce sont des services publics traditionnels que nous connaissons et qui sont
habituellement présentés comme des services publics proprement dits ou essentiels. Il s'agit des
services publics qui gèrent les grandes activités de l'administration et auxquels on applique
généralement un régime de droit public. C'est le cas de la santé, l'enseignement, la justice, la
défense, la diplomatie, les finances, etc.
André Delaubadère note que c'est à propos de ces services q u ' a été réalisée
l'extension la plus remarquable du droit privé à certains services publics. Car, il était difficile de
distinguer clairement les services publics industriels et commerciaux de ceux administratifs,
même si dans certains cas, c'est le législateur qui précise la nature du service. Pour remédier à
cette préoccupation, trois critères dégagés par la jurisprudence doivent être pris en compte :
l'objet du service public, les modalités de fonctionnement et l'origine des ressources.
L'idée générale que la jurisprudence a retenu est que de tels services fonctionnant
dans des conditions analogues à celles des entreprises des particuliers doivent être en principe
27
soumis au droit p r i v é .
La diaphane catégorie des services publics à caractère industriel et commercial est
une catégorie de services publics provenant d'une interprétation particulière qui sépare les
services « qui sont de la nature même de l'État ou de l'administration publique » de ceux qui sont
assurés par l'État « occasionnellement ou accidentellement » parce que de nature privée.
Cette nette séparation offre une explication plus large : le service public peut être
défini par sa nature, qui indiquera le régime juridique applicable. Cette solution a l'avantage de
préserver la notion de service public en tant que critère central du droit administratif. Elle oblige
la personne publique à utiliser le droit privé dès qu'il y a activité industrielle et commerciale, ce
qui correspond à une justification idéologique classique : lorsque l'intervention publique se fait
sur le terrain du marché et de la libre concurrence, elle doit être réalisée sur un pied d'égalité
avec les particuliers, selon les règles du droit privé. s
_ S
2S
PEISER, G., Droit administratif, les actes administratifs, organisation administrative, police, service public,
responsabilité, contentieux administratifs, Mémentos, Dalloz, Paris, 1993, p. 135.
29
Chavanon, cité par Delaubadere, A., op.cit. p. 25
43
Nationale de Chemin de fer du Congo par leurs entreprises privées contrôlant ainsi toutes les
demandes. Cette situation s'est manifestée sous les yeux impuissants des autorités centrales
B. Régime juridique
Cependant, le statut de ces services publics doit comporter une certaine dose de
droit public. C'est le cas de l'octroi des prérogatives de puissance publique et du respect et de la
soumission aux principes fondamentaux (lois) des services publics.
Le fantôme des services publics sociaux est une catégorie de service public que
l'on avait vu émerger en France entre 1955 et 1983, que l'on désignait comme "service public à
caractère social". Elle provenait d'un arrêt du Conseil de l'Etat dans lequel le Tribunal des
conflits donnait compétence au juge judiciaire pour connaître de l'action en dommages et intérêts
exercée contre l'État en raison d'un accident survenu dans une colonie de vacances organisée par
un ministère avec des procédés de gestion privée.
Ce sont des services publics ayant pour objet de fournir à leurs bénéficiaires de
prestations sociales, c.-à-d. des prestations visant à garantir des catégories de citoyens considérés
30
comme plus ou moins défavorisés, contre les risques inhérents à leur condition sociale.
Jean Marie Auby en donne une définition plus explicite en entendant par service
public social : « des organismes chargés d'aider les administrés dans leurs obligations familiales
ou de leur permettre de faire face aux risques inhérents à la maladie, au chômage, à l'indigence
31
ou à la vieillesse » .
30
Mbaya Kabamba, Les grands services publics, cours destiné aux étudiants de G3 SPA, UNILU, Lubumbashi,
2010-2011, pp. 26-27, Syllabus inédit.
3
'Idem
44
En R.D. Congo, ces services existent bien sûr, mais les besoins sont très accrus
surtout avec les crises, violences, guerres et autres calamités qui ont frappé le pays depuis plus
d'un demi-siècle. Il y a lieu de citer à titre illustratif, les Hospices de vieillards, l'institut national
de sécurité sociale, les orphelinats, les Hôpitaux etc., qui, dans les conditions et contextes
particulières difficiles répondent tant soi peu aux besoins multiples et diversifiés de ces
catégories de citoyens vulnérables.
32
De Laubadère, A., op.cit. p. 27.
45
c.à.d. services publics dans lesquels le particulier n'entre pas directement en rapport avec des
services. Pensons à titre illustratif aux réseaux routiers.
enfin, les services publics destinés à la collectivité toute entière sans que
les individus en retirent individuellement le bénéfice. C'est le cas, par exemple, de la défense
nationale, la diplomatie.
§3. C H A M P O U V E R T A L ' A C T I V I T E D U S E R V I C E
§4. N A T U R E D E S R E C L A M A T I O N S E N V E R S L E S E R V I C E P R I V E
De ce point de vue, on isole les services publics monopolisés des services publics
qui s'exercent concurremment avec les activités privées parallèles.
Un service public est monopolisé s'il est le seul à vendre un produit et si ce
produit n'a pas de substitut proche. La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe
dans les barrières de l'entrée : un monopole reste le vendeur unique sur le marché parce que les
33
autres firmes ne peuvent y entrer et le concurrencer. Les barrières de l'entrée ont de leur côté
trois causes principales :
une source spécifique est détenue par une firme ou service public, c'est un
monopole naturel.
Les coûts de production font qu'un seul producteur soit plus efficace que
plusieurs producteurs c'est-à-dire une firme est capable de prendre les contrôles d'autres firmes
34
sur le marché et ainsi de croître en taille.
33
Gregory N., Mankiw et Mark P. Taylor, Principe de l'économie, 2è éd. Européenne, Nouveaux Horizons, Paris,
2011,p.392.
46
- REGIDESO,
- Société Nationale d'électricité ;
- Société Nationale d'assurances
- Etc.
Actuellement presque tous ces services ont été libéralisés et il ne reste
probablement que la Société Nationale de Chemin de fer du Congo qui techniquement continue à
jouir du monopole sur les transports ferroviaires.
§ 5. M O D E S DE G E S T I O N
De ce point de vue, on distingue :
Nous nous réservons de détailler ce point ici, car il fera l'objet d'une longue
analyse dans le troisième et dernier chapitre.
47
CHAPITRE DEUXIEME
A quel signe ou par quel indice peut-on reconnaître que telle activité constitue un
service public ? Les critères de qualification de services publics doivent être recherchés dans
l'activité des personnes publiques d'une part et dans celle des personnes privées d'autre part,
étant donné que doctrine et jurisprudence l'admettent fort bien.
Ici, outre le but, le régime juridique est aussi considéré comme critère essentiel.
Avec l'apparition des services publics industriels et commerciaux, le régime de droit public
(Droit administratif) n'intervient que lorsque l'activité du service public s'exerce sous la forme
de la gestion publique progressivement, l'on reconnaît au droit privé et à la compétence
judiciaire une place de plus en plus grande.
Et partant, le régime juridique doit être revêtu des indices tirés des règles
exorbitantes dérogatoires au droit commun. Par exemple, l'octroi au service public des
prérogatives de puissance publique telle que l'expropriation pour cause d'utilité publique, la
réquisition, le pouvoir de taxer ou d'imposer des contraintes aux tiers, la concession d'un
monopole etc.
Il importe d'insister ici sur le caractère d'octroi des indices tirés des règles
exorbitantes applicables à l'activité car en fait, il existe des services publics à gestion privée et
dont le régime juridique est le droit privé, les éléments exorbitants étant si non absents du moins
très limités.
Nous avons soutenu précédemment que l'administration peut confier la
gestion d'une activité d'intérêt général à une personne privée d'une part et que certaines activités
des personnes peuvent être de par leur nature même des services publics (services publics
virtuels) d'autre part.
Ainsi, pour reconnaître que telle activité d'une personne privée constitue une
activité de service public, on doit tenir compte de trois facteurs qui sont :
• J», L'intérêt général : déjà analysé comme caractère primordial d'un service
public, notons très rapidement que dès lors qu'une activité gérée par une personne privée
48
Section 1 : P O U R Q U O I ET C O M M E N T C R E E R UN S E R V I C E P U B L I C ?
Comme l'indique fort bien l'intitulé, cette section est consacrée au but, les
autorités compétentes et à la procédure de la création des services publics.
t t
§1. DU B U T DE LA C R E A T I O N D ' U N S E R V I C E P U B L I C i f™* f '
Nous ne nous lasserons de le soutenir, qu'en principe un service public est créé
pour assurer ou assumer une activité d'intérêt générai. Le but ultime du service public apparaît
souvent dans toutes les définitions proposées ou à proposer pour un service public.
0 ' C o m m e dénominateur commun, ainsi l e but d u service public est l a satisfaction
de ^intérêt général. Satisfaire l'intérêt général, c'est, dans le langage courant, résoudre les
besoins collectifs de l'ensemble de la population d'une entité donnée.
Comme le note pertinemment René Chapus, ce que peut avoir de relief la
détention des prérogatives de puissance publique par l'administration ne doit pas dissimiler
qu'elle n'en dispose (on le sait) que pour assurer au mieux le service de l'intérêt général c'est-à-
35
dire les services publics.
En même temps, l'administration n ' a de légitimité certaine que parce que et dans
la mesure où ses activités ont le caractère de service public. C'est dire que les services publics
doivent être assurés de façon à toujours satisfaire au mieux les besoins qui ont justifié leur
création. Et c'est d'autant plus nécessaire que, par leur existence même, ils sont des facteurs de.
limitation des libertés individuelles.
Ainsi, nous pouvons avouer avec Joël Carbajo et sans crainte d'être contredit que :
36
« Pas d'intérêt général, pas de service public » . En effet, c'est ce but qui a conféré la qualité de
service public aux personnes privées c'est donc un élément d'identification du service public.
§2. L E S A U T O R I T E S C O M P E T E N T E S
3:,
Chapus, op.cit, p.573
'"Carbajo, J., Droit des services publics, mémentos Dalloz, Paris, 1990, p6.
50
admis sans texte qu'un service public ne pouvait être fondé que par la loi, soit quelle en décide
explicitement l'existence^ soit qu'elle autorise une autorité administrative à procéder à cette
création.
Açtuellemernvplusieurs textes constitutionnels font du^loc_^_çon5tiUrtioimalité,
cette compétence législative apparemment fondée sur les dispositions plaçant les libertés sous la
protection de la loi (Déclaration des droits de l'Homme, art. 4, Constitution de 2006, art. 123),
1 orsque te création du_service public a pour effet de limiter certaines libertés. On peut concevoir
en effet q u e ^ p a r nature, la fondation d'un service public à caractère administratif impose
l'existence de certaines sujétions, et que celle d'un service public à caractère industriel et
commercial porte atteinte à la liberté du commerce et de l'industrie.
étant entendu q u ' à l'état actuel des choses, ils dépendent encore et davantage des autorités
centrales.
Il est arrivé dans la jurisprudence administrative qu'une activité soit qualifiée, par
le juge, de service public, sans qu'une personne publique n'ait explicitement entendu l'assurer en
tant que tel. L'expression de services publics virtuels fut alors utilisée, note Jèze, dans le sens où
certaines activités privées pourraient être considérées en elles-mêmes, en l'absence d'intervention
d'une personne publique, comme des services publics potentiels en raison de leur caractère
d'intérêt général.
personne en danger, suppléent les services publics de sauvetage, généralement municipaux. Ces
sauveteurs doivent agir de manière purement désintéressée, à titre exclusivement privé (sont
exclus les liens privés avec la victime, les liens familiaux s'ils sont déterminants dans le
sauvetage ; un agent public ne doit pas avoir agi dans l'exercice de ses fonctions.
Dans les deux cas, le dénominateur commun qui permet de qualifier d'activité de
services publics des agissements de personnes privées hors de toute décision d'une autorité
publique, c'est l'urgence. Si le service public normalement compétent s'abstient volontairement
d'intervenir parce que la situation ne présente pas, selon lui, de caractère d'urgence, la
§3. D E L A P R O C E D U R E D E C R E A T I O N D E S S E R V I C E S P U B L I C S . (A
e m e
En France, sous les régimes précédents la V République, on considérait comme
établi qu'un service public ne pouvait être créé que par la loi ou en vertu de la loi (c'est-à-dire par
l'autorité administrative agissant en vertu d'une loi). Et, cela pour la raison que toute création
d'un service public se traduit par une limitation des libertés individuelles : limitation évidente en
cas de service érigé en monopole et non douteuse en l'absence même de monopole puisque
l'existence d'un service public administratif emporte diverses sujétions et que celle d'un seivice
8
public industriel et commercial concurrence les entreprises et professions privées" .
e m e
En va -t-il autrement sous le régime de la V République de 1958 ? C'est un fait
que la constitution ne réserve pas explicitement à la loi la création des services publics. Elle la
lui réserve cependant implicitement lorsque le service public doit être assuré par un ou des
établissements publics constituant « une catégorie » et lorsque son existence doit être la
conséquence de la nationalisation d'une entreprise privée. On peut de plus estimer que la
Les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l'exercice
des libertés publiques, les sujétions imposées par la défense nationale aux citoyens en
leur personne et en leurs biens ;
e
"Chalvidan, P.H., et Leclercq, C, Travaux dirigés de Droit constitutionnel, 8 éd, Litec, Paris, 1996, p.236
54
- De l'enseignement ;
- Du régime de la propriété, des droits réels et des obligations civiles et
commerciales ;
Les lois de finances détenninent les ressources et les charges de l'Etat dans les
40
conditions et sous les réserves prévues par une loi organique. (18 b i s ) Les lois de financement
de la sécurité sociale déterminent les conditions générales de son équilibre financier et compte
tenu de leurs prévisions des recettes, fixant ses objectifs de dépenses, dans les conditions et sous
les réserves prévues par une loi organique. Des lois de programme déterminent les objectifs de
l'action économique et sociale de l'Etat.
Les dispositions du présent article pourront être précisées et complétées par une
loi-organique. Mais, la question se présente plus simplement car les considérations qui fondaient
autrefois la compétence du législateur en matière de création des services publics valent
aujourd'hui comme autrefois. Cette compétence qui n'était rattachable à aucun texte en vigueur,
est actuellement fondée sur les dispositions plaçant les libertés sous la sauvegarde de la loi.
Ainsi, l'autorité administrative n'est compétente que si elle peut agir en vertu de dispositions
législatives, soit précises, soit générales.
3.2. P R O C E D U R E D E C R E A T I O N D E S S E R V I C E S P U B L I C S E N
BELGIQUE
En Belgique, le principe est appliqué ; la loi y crée directement le seivice
public ou indirectement en autorisant la création. Le législateur Belge justifie ce principe, non
seulement par le régime démocratique et parlementaire en place dans le pays, mais aussi et
surtout par le fait que la création des services publics répétons-le a généralement pour effet de
limiter les libertés publiques, et qu'à ce titre, le parlement, unique institution représentant le
peuple et appropriée pour exprimer sa volonté générale, doit se prononcer sur la question en
vertu à la fois des principes démocratiques et des dispositions constitutionnelles en vigueur.
Toutefois, ce législateur n ' a toujours pas toute la latitude en ce domaine car la
constitution peut le contraindre de créer certains services publics ou lui interdire formellement.
d'ériger certaines activités en services publics. Car dans le premier cas, il s'agit véritablement de
ce que Martine Lombard et Gilles Dumont qualifient de « services publics constitutionnels et
considèrent, ni plus, ni moins comme services publics par nature bien que ceci ne s'avère pas
41
toujours exact en tout temps et en tous lieux ( ) . A cette limitation de portée juridique interne
s'ajoute une autre, mais cette fois-ci de portée juridique internationale et plus précisément
communautaire.
En effet, membres à part entière de l'union européenne l'Etat Belge ne peut, par le
biais de son législateur, créer des services publics qui auraient comme effet, d'enfreindre ce que
Martine Lombard et Gilles Dumont appelle « la consécration de grandes libertés économiques,
notamment de la libre prestation des services. Ceci est aussi valable en France.
4l
Tshitambwa, K.S. op cit., p.25
43
Chapus, R., op.cit, p.574
4iIbidem P-575
56
Dans tous ces cas, un contrôle est, de toute façon, exercé par le législateur, soit par
le vote des crédits nécessaires à l'organisation et au fonctionnement de nouveaux services
publics ainsi créés, soit par la ratification ou approbation des actes accomplis par l'exécutif
pendant la période des pouvoirs spéciaux.
En fait, notons qu'un grand nombre des services publics industriels et
commerciaux ont été, en Belgique comme ailleurs, créés par l'exécutif dans le cadre des
pouvoirs spéciaux ; ce qui ne va pas sans critiques, car sont ainsi créés des concurrents
privilégiés dans le domaine économique.
3.3. P R O C E D U R E D E C R E A T I O N D E S S E R V I C E S P U B L I C S E N
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
En République Démocratique du Congo, la loi-fondamentale du 19 mai 1960
er
relative aux structures du Congo, d'abord, et la constitution du 1 Août 1964 dite de Luluabourg,
ensuite, sont demeurées muettes sur la création des services publics.
Mais, la lecture du Moniteur congolais actuellement Journal Officiel révèle que
les services publics congolais, qui ont été créés depuis l'indépendance et sous l'emprise de ces
deux textes constitutionnels, ont fait l'objet d'ordonnances du Président de la République,
parfois des décrets-lois, voire des lois.
Il a donc fallu attendre la constitution du 24/06/1967 dans sa forme initiale pour
voir consacrée la création des services publics par les articles 46 et 47. Le premier est une copie
presque certifiée conforme de l'article 34 de la constitution de la France, c'est lui qui consacre la
création de catégories d'établissement publics alors que le second accordait au pouvoir exécutif
et par conséquent réglementaire des compétences de droit coinmun, lesquelles étaient non
seulement plus larges que celles attribuées au pouvoir législatif, mais aussi et surtout extensibles.
Excepté probablement les différences de formulation, toutes les constitutions qui
ont succédé à celle du 24/06/1967 reprirent l'essentiel de prescrits des articles précités, malgré sa
similitude d'avec d'autres. Quant à la détermination des compétences en matière de création des
e
services publics, la constitution actuelle dite de la 3 République du 18.02.2006, que certains
présentent comme œuvre de compromis entre les tenants de l'unitarisme et ceux du fédéralisme,
comporte quelques spécificités dont les incidences mr cette matière ne sont pas à éluder.
En effet, les articles 122 et 123 fixent le domaine de la loi ; ces deux dispositions
seraient copiées de l'art 34 de la constitution de la France. Il dispose : « sans préjudice des
autres dispositions de la présente constitution, la loi fixe les règles concernant :
57
2. Le régime électoral ;
3. Les finances publiques ;
4. Les sujétions imposées par la défense nationale.
Le point 2 de l'article 123 accorde la création des entreprises, établissements et
organismes publics au parlement. Malgré l'existence de tous ces textes évoqués, notons qu'en
République Démocratique du Congo, la plupart de services publics ont été créés par ordonnances
(Décrets), ordonnances-lois (décrets lois) voire Arrêtés. Très peu seulement l'ont été par une loi.
§4. E F F E T S D E L A C R E A T I O N L E G A L E
La ratio legis de la création des services publics par le parlement peut se lire par
et à travers les avantages ci-après :
4.1. OBJECTIVITE
besoin d'intérêt général, il est nécessaire de rechercher cette intention. Certains auteurs dont
Gaston Jèze introduisirent ce critère à titre principal ou exclusif.
Mais, la question de savoir si cette création est utile ou légitime n'a pas été posée,
il suffit, estiment-ils, que les gouvernements aient manifesté sans équivoque leur volonté de
44
satisfaire des besoins d'intérêt général pour en admettre l'existence. Cette conception
subjective ou intentionnelle est reprise à l'heure actuelle par divers auteurs dont André De
Laubadère, pour qui, c'est à l'Etat, seul juge des exigences de l'intérêt général qu'il appartient
45
d'apprécier s'il est nécessaire ou non de créer un service public.
l
Jeze, G., cité par Tshitambwa, K.S. op. cit, p. 19
' De Laubadère, A et autres, op. cit., p.284
59
Certaines immigrations peuvent aussi se justifier par le fait que les gens vont là où
il y a plus des services publics et donc des bonnes conditions de vie (par exemple, tout homme
rationnel irait bien habiter là où il y a la paix, le courant, l'eau, le transport, les écoles, etc.)
Il n'est secret pour personne que les circonscriptions territoriales ne sont toujours
pas homogènes et n'ont pas toujours les mêmes potentialités. En vue de pallier à cette situation,
le domaine des services publics doit être limité et adapté à chaque entité.
De la sorte, les services publics que d'aucuns qualifient des services publics par
nature c'est-à-dire relevant de l'essence même de l'Etat, doivent être généralisés alors que les
autres catégories devront être adaptées à la particularité de chaque entité.
Par exemple, les services de douanes dans les entités transfrontalières, les services
agricoles et forestiers là où la végétation le permet, exploitation minière là où il y a des minerais
et ainsi de suite. L'on pouvait également faire application des services publics virtuels.
§5. D E S D R O I T S D E S A D M I N I S T R E S
c'est sans aucun doute, au contraire, que les administrés ont droit à la
création et au maintien des services publics dont l'existence est imposée par la constitution ou
par la loi.
On sait que cette dernière prescrit aux collectivités décentralisées la création d e .
certains services publics. Dans le cas où une assemblée délibérante omettrait ou refuserait de
60
créer un service public obligatoire, les administrés seraient fondés à demander aux juridictions
administratives, tant les annulations adéquates, que la réparation des préjudices causés.
Quant à la constitution, si elle n'exige pas de façon explicite la création des
services publics, on peut estimer que certaines de ses dispositions impliquent l'existence de
divers services publics : pour le maintien de l'ordre et la défense extérieure, pour les besoins de
la population en matière de santé, aide sociale, sécurité sociale, et d'enseignement à tous les
degrés, ou encore pour le jugement des litiges par une juridiction judiciaire et par une juridiction
administrative ;
Enfin, Chapus ajoute que, si la création d'un service public a été décidée
par le législateur ou l'autorité administrative compétente, la décision ne doit pas rester lettre
morte : les administrés ont droit à l'édiction des mesures de création effective. Comme
46
précédemment, ils seraient fondés, en cas de refus, à saisir les tribunaux administratifs .
S'il s'agit d'une simple autorisation du législateur, l'exécutif n'est pas lié,
il déterminera à son gré la date de mise en place du service public.
En cas de volonté expresse du législateur : ce n'est que dans ce cas que les
administrés peuvent disposer d'un recours pour carence ou refus. Le fonctionnement d'un
service public dûment créé et organisé, et mise en place constitue un droit pour les administrés
en Droits Français et Belge par la voie du contentieux de la légalité ou par le recours de pleine
juridiction. Toutefois, dans la pratique, ces recours sont souvent difficiles à mettre en œuvre.
En République Démocratique du Congo, un tel problème n ' a pas été souligné du
moins dans l'état actuel du contentieux administratif et pour plusieurs raisons qu'on n'évoquera
pas ici, mais les diverses constitutions avaient prévu le recours en annulation et de plein
Mais, parce que nous parlons du refus, carence ou retard dans la mise en place des
services publics dûment créés, il sied de le remarquer avec grande amertume que la constitution
en vigueur en République Démocratique du Congo prévoit la création des juridictions de l'ordre
administratif, cependant, ces dernières n'ont jamais vu le jour dix ans après la promulgation :
exemple patent du refus de faire fonctionner les services publics, l'existence de ces recours
serait-elle à la base de cette situation ?
§6. L E S L I M I T E S D E L A F O N D A T I O N E T D E L A S U P P R E S S I O N
Une fois rappelées les limites, actuelles ou potentielles, il y a lieu d'examiner les
limites résultant de la conciliation entre l'intervention juridique de ces pouvoirs publics et
d'autres principes juridiques qui soutiennent le droit public. Une limitation demeure toujours
présente face à la fondation de services publics : le respect de la liberté d'entreprendre. Il
s'impose à l'autorité réglementaire, tout comme au législateur qui ne sauraient ni l'un ni l'autre y
apporter des restrictions « arbitraires ou abusives », ou qui méconnaîtraient simplement les
dispositions de la Déclaration des droits de l'Homme.
Section 2 : DE L ' O R G A N I S A T I O N D E S S E R V I C E S P U B L I C S
Il ne suffit pas seulement de créer les services publics, encore faudra-t-il les
organiser en vue de les faire fonctionner. En effet, d'entrée de jeu et à priori, notons qu'en
République Démocratique du Congo, il existe une diversité des services publics dûment créés,
mais qui n'ont jamais été organisés et partant ne fonctionnent pas.
A titre illustratif, nous n'avons qu'à penser aux juridictions de l'ordre
administratif dont l'importance est tellement grande qu'on n ' a pas des raisons de ne pas les
organiser et les faire fonctionner.
Un peu plus loin, un texte très ancien prévoyait la création des tribunaux de paix
dans tous les territoires (autrefois zones) et communes de la République Démocratique du Congo
mais ceux-ci n'ont été implantés que dans quelques territoires et communes ; les exemples sont
légion.
64
L'organisation, nous dit Gérard cornu est « l'action d'organiser, d'établir des
structures en vue d'une activité, d'instituer des organes en les dotant d'une fonction ; de prévoir
48
et de régler le déroulement d'une opération » .
Selon le Larousse, « l'organisation, c 'est aussi l'action d'organiser, de structurer,
d'arranger. C'est une manière dont les différents organes ou parties d'un ensemble complexe,
4 9
d'une société, d'un être vivant sont structurés, agencés » .
C'est la structure, l'agencement eux-mêmes. C'est donc une manière dont un Etat,
un service est constitué. De ce qui précède, il y a lieu de soutenir, qu'une fois créé, le service
public doit être organisé, c'est-à-dire qu'il est nécessaire d'en définir la structure interne ou
l'ensemble des éléments constitutifs avec leurs proportions et les relations qui doivent les unir,
soit hiérarchiquement, soit fonctionnellement.
Section 3 : DU F O N C T I O N N E M E N T DES S E R V I C E S P U B L I C S
Une fois organisé, le service public doit fonctionner, c'est-à-dire qu'il doit à
présent agir et marcher en vue de répondre aux attentes de la population. En effet, toutes les
activités de service public, exercée par des personnes publiques ou par des organismes de droit
privé et quel que soit leur caractère administratif ou commercial, sont dominées par certains
grands principes.
A cause de leur généralité et de leur importance, ils méritent pleinement d'être
présentés, en langage figuré, intimement liés à l'essence même du service public, ou ; en d'autres
ternies, à son caractère d'activités de plus grand service. Et, dans toute la mesure où il est altéré,
le service public cesse d'être exactement ce qu'il doit être. Il connait une baisse de qualité.
C'est ici le moment de rappeler qu'une activité ou un organisme ne peut être
considéré comme service public que si la conjugaison de ces lois (principes) rigoureusement
observées nous amène à la satisfaction de l'intérêt général : qui est le but ultime de la création
d'un service.
En effet, les activités qui sont qualifiées de services publics, qu'elles soient
exercées par des personnes publiques ou par des personnes privées, quel que soit leur caractère
administratif ou industriel et commercial, sont soumises à un ensemble de règles de droit, à un
régime juridique. En quelle manière peut-on alors parler d'un régime juridique de service public?
66
Sous son aspect le plus positif, il est traditionnellement présenté comme le droit
pour l'administration d'adapter constamment le service aux besoins mouvants, changeants de la
population. Aujourd'hui, il apparait beaucoup moins comme une obligation que comme une
prérogative de puissance publique. Ainsi trois conséquences ci-après peuvent être tirées de ce
principe :
L'usager doit accepter toutes les mesures d'adaptation du service prises
par l'autorité administrative, ce qui signifie qu'il ne peut ni invoquer aucun droit acquis ou au
maintien d'une règle de fonctionnement existante ou d'un bénéfice quelconque.
L'usager n ' a pas droit non plus au maintien du service si pour une raison
ou pour une autre l'administration estime nécessaire de le supprimer ou de le réduire, sauf dans
le cas où leur existence est prescrite par la loi (« services obligatoires »)
L'usager ne dispose d'aucun moyen juridique pour obtenir de son côté, les
transformations du service qui lui paraîtraient souhaitables.
De ce qui précède, il y a lieu de déduire ce qui suit :
D'autre part, les usagers n'ont pas de droit qu'ils pourraient opposer aux
modifications de son régime. En conséquence, note Chapus, et selon une formule
jurisprudentielle constante, le droit de ces usagers aux avantages résultant pour eux des
dispositions régissant le service est subordonné au maintien en vigueur de ces dispositions.
C'est également vrai pour les usagers des services publics administratifs qui, par
exception (on le sait), se trouve dans une situation contractuelle de droit public. Et, il n ' e n va pas
autrement pour les usagers des services publics industriels et commerciaux, qui sont dans une
situation contractuelle de droit privé. De ce qui précède, il ne faut pas conclure que les usagers
des services publics sont soumis au bon plaisir de l'administration :
En premier lieu, ils ont (et c'est important) droit au fonctionnement normal
du service, qui doit être assuré conformément aux règles qui le régissent, tant qu'elles n'ont pas
été modifiées.
En second lieu, les modifications décidées ne peuvent avoir légalement effet que
pour l'avenir, elles ne sauraient rétroagir.
Enfin, et comme en toutes matières, c'est sous le contrôle du juge
que les règlements décidant les modifications sont édictées.
Le juge administratif, sur le recours d'un usager ou d'une association d'usager,
appréciera, non seulement si elles ont été décidées par l'autorité et selon les procédures
instituées, mais aussi si elles sont justifiées au fond par les faits invoqués par l'administration.
68
> Il n'existe pas non plus des droits acquis ou d'engagements contractuels au
nom desquels les personnels pourraient s'opposer juridiquement à des changements dans
l'organisation ou le fonctionnement des services publics.
Les usagers du service n'ont pas de droit au maintien en vigueur du régime des
services publics. Les usagers des services publics à caractère administratif ne peuvent donc
s'opposer à la nécessaire adaptation à propos du prétendu droit à terminer ses études à l'endroit
du service public de l'enseignement supérieur où on les a commencées, un régime transitoire
n'est même pas obligatoire). Il en est de même des usagers des services publics à caractère
industriel et commercial. Les usagers n'ont, sauf exception législative de service public
obligatoire, aucun droit au maintien de l'existence du service.
§2. DU P R I N C I P E DE C O N T I N U I T E
C'est sans doute, note Chapus, R., le principe pour lequel la doctrine classique a
eu le plus de considération (le seul explicitement qualifié de loi par Rolland, et la jurisprudence
en a consacré très vigoureusement les exigences : fonctionnement régulier des services sans
interruptions autre que celles prévues par la réglementation en vigueur (continuité n'est pas
permanence).
Notre époque est tout aussi sensible à son importance. Autrement qualifié de
principe de régularité, ce principe qui n'est pas d'essence constitutionnelle veut qu'une fois le
service public créé et organisé, qu'il puisse fonctionner régulièrement, c'est-à-dire sans
interruption, sans arrêt.
De ce qui précède, il a été constaté que ce principe est à la base de certaines
conséquences qui apparaissent fréquemment dans le Droit administratif, en voici quelques-unes :
70
Par définition, les activités érigées par l'Etat en service public l'ont été parce que
les pouvoirs publics ont estimé qu'elles étaient essentielles et que leur fonctionnement devait,
51
dans l'intérêt général, être assuré sans interruption. En cas de démission, un agent soumis au
statut général de la fonction publique ne peut quitter son service tant que sa démission n ' a pas été
acceptée ce qui permet à l'administration de lui désigner un remplaçant.
M
De Laubadère,A. op.cit, p.80
52
De Laubadère,A., op.cit.. p.81
5l
Idem
71
loi qui peut en interdire ou en limiter l'exercice dans les domaines de la défense nationale et de
la sécurité, ou pour toute activité ou tout service public d'intérêt vital pour la nation ».
D'essence constitutionnelle, la grève est bien réglementée, c'est ainsi que les
ordonnances du 25/05/1960 et du 06/01/1961 ont précisé les conditions dans lesquelles les
entreprises de distribution d'eau et d'électricité (Régideso et Société Nationale d'Electricité) les
services de santé et autres peuvent cesser le travail c'est-à-dire se mettre en grève.
34
Ibidem. p.87
'-Chapus, R., op.cit, p.608
36
Idem
37
BOLLE, J.M., le principe de continuité des services publics, éd. Thémis, Paris, 1975, p.39
72
58
Chapus, R., op.cit, p.608
A. Sources du principe de continuité
Une personne publique est tenue de faire fonctionner régulièrement les services
publics dont elle a la charge sans autres interruptions que celles prévues par la législation en
vigueur. Dans le cas où cette personne publique manquerait à son obligation, et en présence d'un
préjudice, il pourrait y avoir lieu à engagement de la responsabilité publique.
Ce principe est d'application générale dans la mesure où, en ce qu'il concerne les
collectivités territoriales et les établissements publics, les autorités de tutelle sont tenues de les
substituer, dans les conditions prévues par la loi, pour assurer la continuité des services publics.
Le principe de continuité peut être aussi apprécié en termes de consistance du service public à
condition qu'un texte la définisse explicitement.
Dans l'ordre juridique congolais, ce principe est dramatiquement tordu dans son
application et dans son respect par les pesanteurs de la tribu, de l'ethnie, de la corruption,
l'impunité, de l'incompétence de la plus part de gestionnaires et de bien d'autres maux. Le
démembrement des nouvelles provinces a démontré les défis auxquels le pays devra faire face
pour satisfaire les besoins de la population. On a vu, en toute impunité, des agents des seivices
publics destitués dans certaines provinces au motif de l'appartenance tribale : un mépris de ce
principe sacré ; sans lequel l'Etat ne peut subsister aux autorités qui pourtant sont éphémères.
74
B. Le régime de la grève
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le principe de continuité des services publics
constituait un empêchement juridique à l'exercice du droit de grève dans les services publics.
L'acte de grève constituait pour les agents du service public une faute, comme d'ailleurs à
l'époque pour les salariés titulaires d'un contrat de travail. Le problème de fait n'a pas été
vraiment résolu, le plus souvent la grève entraîne en effet l'interruption du service. De manière
identique, les sanctions pécuniaires pour fait de grève sont interdites. Seules les retenues sur
traitement pour absence de service fait peuvent être prélevées, et le législateur ne pourrait
conférer à cette retenue, par ses règles de calcul, le caractère d'une sanction
§3. D U P R I N C I P E D ' E G A L I T E
3.1. REGLE
Les usagers du service public qui se trouvent dans une situation comparable
doivent être traités dans des conditions égales. Précisons, toutefois, que les usagers du service
public peuvent se trouver à l'égard de celui-ci dans deux situations différentes :
• Mais de plus en plus se multiplient les services dans lesquels le lien entre
l'usager et le service est un lien contractuel. Il en est ainsi notamment dans les services
fournissant des prestations de caractère économique.
Comme il convient de le remarquer, en République Démocratique du Congo est
principe est constitutionnellement garanti, mais son respect pose encore d'énormes problèmes
d'ordre idéologique, tribal, ethnique, culturel, sentimental, etc. Des efforts ont été bien sûr
fournis pour respecter tant soit peu le principe d'égalité et ses corollaires mais, il reste encore
beaucoup à faire afin de défaire les dirigeants congolais de leurs carcans que sont : la tribu,
l'ethnie, la province, le territoire, la chefferie, le village.
- Les tarifs préférentiels pour les prestations payantes du service sont interdits dès lors que
les usagers se trouvent dans des conditions identiques.
76
- L'accession possible de tous les citoyens aux charges et emplois publics à condition,
toutefois, de remplir les exigences liées à la capacité, à l'âge, et à la nationalité, telles que
prévues par le droit positif en vigueur.
- L'égalité devant les charges du service public notamment les impôts au sens financier et
l'impôt du sang au sens du service militaire.
3.3. COROLLAIRES
B. Le principe de laïcité
contrairement aux autres Etats, la parité au sens congolais est l'objectif de représentation
61
homme-femme au sein des institutions du p a y s .
Partant de cette innovation, la République Démocratique du Congo est appelée à
favoriser l'accès des femmes, à l'égalité avec les hommes, aux mandats électoraux et fonctions
électives. En tant que corollaire du principe d'égalité, la neutralité du service public interdit
également qu'il soit assuré de façon différenciée en fonction des convictions politiques ou
religieuses de son personnel ou de celles des usagers du service.
C'est ce qui est d'abord illustré en France comme ailleurs par des solutions se
rapportant à des questions comme celle de la neutralité des programmes scolaires ou des édifices
62
publics. René Chapus évoquent ici deux jurisprudences en F r a n c e :
1,1
Préambule de la constitution du 18.02.2006 en vigueur en République Démocratique du Congo
62
Chapus, R., op. cit, p.611
78
bénéfice des services publics administratifs chargés notamment de procurer la paix et la sécurité
se fait à tous égards sans contrepartie. Il en est de même de l'article 43, in fine : « / 'enseignement
primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics ». Cependant, il sied de
préciser que cette disposition n'est pas encore entrée entièrement en vigueur, seuls les élèves du
e r e e
cycle élémentaire ( l & 2 classes) en jouissent à ce jour.
D ' u n e façon générale, la gratuité n'est certainement pas au nombre des lois du
service public, voilà pourquoi Joël Carbajo le qualifie de faux principe, car il n'est pas applicable
63
à tous les services publics . L'existence d'un principe général de gratuité est évidemment exclue
par celle des services publics industriels et commerciaux et celle des services concédés.
Les principes qui régissent les services publics sont tellement entourés d'idéologie
d'intérêt général et de l'égalité que certains auteurs défendent l'idée que le service public
n'existe pas, en tout cas, pas comme il se réclame dans le langage juridique, en République
Démocratique du Congo.
Si dans les pays comme la France, la bureaucratie, la lutte des classes et
l'interventionnisme étatique constituent les principaux facteurs de la dérive ou de l'éloignement
du service public de ce qu'il devrait être, il convient de souligner qu'en République
Démocratique du Congo en raison du sous-développement économique, de la corruption, de
l'absence d'un pouvoir étatique institutionnalisé, il y a distanciation par rapport à la réalité ou
mieux leur inexistence :
Enfin, faute encore de salaire (traitement), les agents administratifs ne sont guère
motivés : si, on n'est pas sûr de trouver un revenu parallèle au travail (prébende, concussion,
corruption), on ne s'y rend pas.
dernière constitue le bras séculier de l'Etat qui, de manière permanente et en dépit des
vicissitudes politiques, assure la continuité de l'Etat.
LE CHEF DE L'ETAT
I. L'EXPERIENCE ETRANGERE
A. En Belgique et en F r a n c e
Dans le système administratif belge, le Chef de l'Etat dispose du pouvoir
réglementaire qu'il partage avec le Premier ministre. C'est aussi la même situation en France où
les ordonnances du gouvernement adoptées en Conseil des ministres sont signées par le Président
de la République.
Le Roi préside le Conseil des ministres. Il nomme et révoque les ministres. Ceux-
ci sont regardés, dans ce cas, essentiellement sous l'aspect de leur qualité d'autorités
administratives et non de membres du gouvernement.
B . A u x Etats-Unis d ' A m é r i q u e
Aux USA existe une séparation rigide des pouvoirs. L'exécutif est ainsi autonome
dans son organisation. Par conséquent, le Président des USA nomme et révoque tous les
fonctionnaires fédéraux mais après un avis du Sénat.
Par ailleurs, les secrétaires d'Etat ne sont pas, à proprement parler des ministres.
Ils sont en fait des assistants, des conseillers du Président des USA.
A. Sous la P r e m i è r e R é p u b l i q u e
Sous la loi fondamentale, il était de principe que le Chef de l'Etat disposait du
pouvoir réglementaire par voie d'ordonnance, notamment en vue de l'exécution des lois. La
constitution de Luluabourg posait un principe analogue. Le Président de la République assurait,
81
par voie d'ordonnance et de décret, l'exécution des lois. Il émettait aussi d'autres règles de police
et d'organisation interne de l'administration.
B. Sous la Deuxième R é p u b l i q u e
Dans un premier temps, la constitution du 24/6/1967 confie au Président de la
République le pouvoir d'assurer l'exécution des lois par voie d'ordonnance. Mais le Président-
Fondateur du M P R (Mouvement Populaire pour la Révolution) exerce aussi le pouvoir de
légiférer avec le concours du Conseil législatif.
C. Sous la Troisième R é p u b l i q u e
Les articles 77 et suivants de la constitution du 18/2/2006 telle que modifiée par la
loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles indiquent le rôle du
Président de la République dans la gestion de l'administration centrale.
M
Le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant,
révoque, sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des ministres :
les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires ;
§2. L E P R E M I E R M I N I S T R E
A. Principe
Le Premier ministre est le chef du gouvernement. A ce titre, il choisit ses
collaborateurs politiques qui sont les ministres. Il définit la politique gouvernementale et sollicite
du Parlement les moyens nécessaires pour sa réalisation. Il assure aussi la coordination de
l'action des autres membres du gouvernement.
C'est ainsi par exemple que l'ordonnance n° 08/006 du 25 janvier 2008 modifiant
et complétant l'Ordonnance n°07/017 du 03 mai 2007 portant organisation et fonctionnement du
Gouvernement, modalités pratiques de collaboration entre le Président de la République et le
Gouvernement ainsi qu'entre les membres du Gouvernement prévoyait que, pour les
déplacements effectués à l'intérieur du pays pendant les week-ends et les jours fériés ou chômés
en vue de se consacrer aux activités agricoles ou à l'encadrement de la population, le membre du
Gouvernement est tenu d'informer le Premier Ministre.
§3. L E S C H E F S D E D E P A R T E M E N T S M I N I S T E R I E L S
Bien que les services publics de l'Etat soient coiffés par les départements
ministériels. Les ministres ne sont pas habilités à créer des services publics non prévus par la loi.
La spécialisation fonctionnelle est ainsi une technique d'agrégation qui porte soit
sur de hautes administrations de mission, soit sur des départements interministériels. Les
autorités qui se voient investies de ces missions sont soit des ministres d'Etat, des ministres de
plein exercice, des ministres délégués, des secrétaires d'Etat...
2) La double tutelle
Les rapports entre les membres du gouvernement sont fixés par une ordonnance
du Président de la République. A chaque constitution du gouvernement, un tel acte vient adapter
les structures de l'administration centrale. Il vise notamment :
A. R a t t a c h e m e n t direct au P r e m i e r ministre
B. D é p e n d a n c e de certains SP au Président de la R é p u b l i q u e
En tant que chef de l'exécutif, le Président de la République peut obtenir la
dévolution de la gestion directe de certains SP. Ceux-ci peuvent être généraux ou techniques. Tel
est notamment le cas de l'espionnage, du contrespionnage, le journal officiel, les services de
sécurité...
87
A. Principe
Chaque ministre se trouve au sommet de l'administration de son département.
L'article 93 de la constitue précise, à cet effet, que " L e ministre est responsable de son
département. Il applique le programme gouvernemental dans son ministère, sous la direction et la
coordination du Premier ministre. Il statue par voie d'arrêté.
Les Vice-ministres exercent sous l'autorité des ministres auxquels ils sont
adjoints, les attributions qui leur sont conférées par l'ordonnance portant organisation et
fonctionnement du Gouvernement, Ils assument l'intérim des ministres en cas d'absence ou
d'empêchement.
B. La hiérarchie ministérielle
1) P r i n c i p e
La question de la hiérarchie entre les membres du gouvernement n'est
expressément réglée par les textes. La pratique administrative consacre cependant un certain
ordre de préséance entre les différents ministres suivants leurs qualités.
2) E t a t de la question
En R.D. du Congo, l'on a connu, comme partout ailleurs, cette diversité des
membres du gouvernement. A ce sujet, il est admis qu'il existe ainsi un certain ordre de
prééminence entre le Premier ministre, le vice-premier ministre, le ministre d'Etat, le ministre, le
ministre délégué, le secrétaire d'Etat autonome, le vice-ministre et le secrétaire d'Etat.
§4. E X E R C I C E D E S A T T R I B U T I O N S G O U V E R N E M E N T A L E S
a) Missions
a) Missions
Plan;
Finances ;
Budget ;
Portefeuille ;
Mines ;
Energie ;
Hydrocarbures ;
Urbanisme et Habitat ;
Affaires Foncières.
Premier Ministre trois jours au moins avant la réunion du Conseil des Ministres qui délibère sur
le dossier.
interministérielles.
91
En cas de nécessité, le Conseil des Ministres peur créer, à titre exceptionnel, des
commissions interministérielles ad hoc en vue d'étudier certaines questions spécifiques. La
commission ad hoc est présidée par le Ministre d'Etat ou par le Ministre principalement concerné
par la matière traitée.
a) La qualité de ministre
Un département ministériel est une institution chargée par le gouvernement de
gérer un secteur spécialisé de l'activité administrative sous l'autorité d'un ministre. Il est
préférable que le ministre soit un technicien. Cependant, cela ne constitue pas pour autant une
condition pour occuper un tel poste, la fonction ministérielle étant plus légaliste et politique que
technique.
Mais il est aussi investi, en tant que chef de département, d'une importante
mission administrative. A ce titre, le ministre assume les rôles suivants :
Dans l'exercice de ses attributions, le ministre se dote d'un cabinet. Celui-ci est
un organisme restreint constitué des personnes investies de la confiance du ministre. Celles-ci
sont choisies intuitu personae sur des critères plus techniques que politiques.
Le cabinet se charge de l'étude des dossiers politiques du ministère (ceux qui ont
notamment des implications parlementaires) et des dossiers administratifs. Parfois, la fin du
mandat ministériel conduit malheureusement à la pratique des testaments ministériels.
ÏÏBHWIVWiMin
93
CHAPITRE TROISIEME
MODES DE GESTION DES SERVICES PUBLICS & M O N O G R A P H I E
Ce tableau classique des modes de gestion des services publics, demeure, pour
l'essentiel véridique et incontestable. Cependant, la théorie des modes de gestion est devenue
plus complexe avec l'extension de l'intervention de l'Etat et l'apparition conséquente d'un type
nouveau des services et de l'affirmation du but d'intérêt général réalisé par l'entreprise publique,
et les ordres professionnels.
Eu égard à ce qui précède, trois points essentiels vont constituer la substance de ce
chapitre, le premier analysera les modes classiques, le deuxième les modes modernes et le
dernier la monographie congolaise.
Section 1 : M O D E S C L A S S I Q U E S DE G E S T I O N D E S S E R V I C E S P U B L I C S .
Traditionnellement, les services publics ont toujours été gérés par les trois modes
ci-apres :
La régie,
L'établissement public,
La concession
§ 1 . LA REGIE
1.1. Définition
Selon Nguyen Cham Tarn, le service public en régie est exploité directement par
une collectivité publique dont il dépend étroitement à l'aide d'un personnel recruté, payé et
94
dirigé par elle et avec des moyens financiers et matériels qui lui sont propres c'est-à-dire relevant
64
du budget et des biens du domaine de la collectivité publique en question ( )
Pour Michel Bouteille, un service public est géré en régie lorsque l'administration
le fait fonctionner à l'aide de ses propres agents avec des moyens financiers et matériels qui font
65
partie intégrante de son budget et de son domaine . La régie est la gestion directe du service par
la collectivité publique dont il dépend, sans qu'il détienne une personnalité juridique distincte.
1.2. Caractères
La régie est le procédé de gestion le plus important et le plus usité. C'est suivant
ce système que sont organisées les grandes administrations de l'Etat telle que la défense, la
6 6
justice, la diplomatie e t c .
Ainsi comprise, la régie est un mode de gestion applicable aussi bien à des
4
" Tarn, N.C, cité par MbayaKabamba, op.cit, p.49
" Bouteille, M., Droit administratif et institutions administratives, éd. ENA, Kinshasa, 1968, p.325
66 De Laubadère, A., op.cit, p.286
95
privé :
Pour leur gestion : les immeubles sont classés en domaine publics et privé
selon le rôle qu'ils jouent dans la satisfaction des besoins publics et le fonctionnement du
service. Ils sont régis par les règles de la comptabilité publique sous le contrôle de la cour de
compte.
Pour leur acquisition : l'on recours aux voies légales ou aux procédures
exorbitantes du droit administratif (réquisition, expropriation).
Enfin, précisons que pour ces services, il ya coïncidence parfaite entre activité
d'intérêt général, organisme administratif chargé de sa gestion et un régime juridique spécial,
c'est pourquoi ils sont parfois dénommés services publics proprement dits ou possédant au plus
haut degré le caractère de service public.
b) La régie intéressée
C'est une organisation du service telle que celui qui a la
responsabilité de la direction et de la gestion du service se trouve rémunéré au moins
partiellement d'après certains critères relatifs au bon fonctionnement du service.
entrepreneur (comme le concessionnaire), mais dans celle d'un gérant, et plus exactement d'un
67
gérant intéressé.
Comme Waline l'a montré, ce qui est spécifique de la régie intéressée, c'est le fait
que la rémunération du régisseur dépend, non pas des bénéfices qu'il a réalisés (comme c'est le
cas pour le concessionnaire), mais d'autres résultats de la gestion : économie réalisée gains en
6S
productivité, extension du service, amélioration de sa qualité ( ) . En attachant plus d'importance
à tel ou tel de ces résultats, la collectivité territoriale orientera la gestion vers les fins qui lui
paraissent prioritaires.
2.1. Définition
69
autonomie sous la forme de la personnalité m o r a l e . C'est aussi un service public doté de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière pouvant être créé par l'Etat ou par les
collectivités territoriales autres que l'Etat. Charles Debbach l'envisage souvent comme une
personne créée pour la gestion d'un service public.
Selon la loi n° 08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives a
la transformation des entreprises publiques établissement public, un établissement public est
toute personne morale de droit public créée par l'Etat en vue de remplir une mission de service
70
public .
De toutes ces définitions, nous pouvons en tirer les principes fondamentaux qui
gouvernent toute personne administrative spécialisée ou technique :
69
De Laubadère, A., op .cit p.287
L
70
Article 3 point 2 de la loi n° 08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la transformation
des entreprises publiques
98
Les établissements publics étant des modes de gestion des services publics, leur
classification est analogue à celle de ces derniers, déjà exposée précédemment.
cependant, en raison d'un certain intérêt qu'ils représentent, a été octroyée par décret la
71
reconnaissance d'utilité publique,
Ils se distinguent donc complètement des établissements publics puisqu'il n ' y a en
eux ni organisme public, ni service public, ils se situent entièrement de l'autre côté de la
frontière, dans le secteur privé :
3.1. NOTION
La concession de service public est un accord passé entre une collectivité publique
et un particulier (individu ou plus souvent société) en vertu duquel celui-ci, appelé
concessionnaire, s'engage à faire fonctionner le service à ses frais en se rémunérer sur les
usagers.
Michel Bouteille la définit, quant, à lui comme un accord par lequel une personne
publique dite autorité concédant, charge par contrat une personne physique ou morale dite
concessionnaire de gérer le service public sous le contrôle de l'autorité concédante, moyennant
une rémunération qui consiste le plus souvent dans les redevances que le concessionnaire
71
percevra sur les usages ( ).
73
A l'instar de l'établissement p u b l i c , la concession constitue un nouveau moyen
de réalisation de la décentralisation par service, mais avec cette différence capitale par rapport à
l'établissement public que le concessionnaire n'est pas une autorité administrative, mais un
particulier.
Comme accord entre l'administration et un particulier, la concession se différencie
des marchés administratifs. La concession associe le particulier au service public d'une manière
71
Delaubadere, A., op.cit, p.288 - 289
72
Bouteille, M., op.cit, p.36I
73
Contrairement à la décentralisation territoriale qui a une assise géographique, la décentralisation par service est.
celle qui s'applique à un organisme non-territorial exerçant généralement une activité de service public, qui reçoit
une certaine autonomie.
100
beaucoup plus étroite que les divers marchés ; ceux-ci servent seulement indirectement à fournir
aux services publics des moyens matériels d'action ; ici au contraire, c'est le service public lui-
même, son exploitation, qui constitue l'objet de la convention ; c'est dire que l'idée du service
74
public va marquer ici la théorie d'une manière encore plus accusée et souvent même différente .
La première idée est que, quoi que concédé, le service reste un service public ;
c'est l'idée dominante ; elle entraîne l'ensemble des règles nonnalement liées à la notion et au
régime général du service public.
La seconde idée est que le gérant du service public est ici un particulier, donc
animé par des considérations intéressées, qui n'acceptera de gérer le service que s'il y trouve son
intérêt, spécialement pécuniaire.
74
Delaubadere, A., op.cit., p.297
75
Idem
101
On dit que le XIXe siècle a été l'âge d'or de la concession de service. Les
résultats, en tout cas, ont été importants ou lui doit notamment l'équipement des pays en voies
ferrées et installations ferroviaires en ouvrages de production et de distribution du gaz et de
l'électricité, en réseaux d'adduction d'eau.
Les perturbations de l'entre-deux guerres n'ont pas laissé la concession sans être
affectée. L'instabilité économique et la valse monétaire résultant de la guerre de 1914 ont
profondément perturbé le système de la concession en déjouant les calculs et prévisions qui sont
à sa base. Dès 1916, la jurisprudence de l'imprévision lui porte un coup fatal.
En même temps, les idées ont changé. Le libéralisme économique est en perte de
vitesse et on trouve anormal et inquiétant qu'une importante partie de l'infrastructure industrielle
et commerciale de l'Etat soit sous la dépendance du capitalisme privé. Pour les concessions de
service public, l'entre-deux-guerres est le temps du déclin outre que les contrats ne sont pas
renouvelés, divers textes législatifs et un peu partout organisent des résiliations avant terme.
En premier lieu, aussi bien qu'à des sociétés à capitaux privés, la concession peut
être consentie à des établissements publics et à des sociétés d'économie mixte.
102
A. F O R M E
L'acte de concession est un contrat composé généralement de deux
éléments ; à savoir :
• Le cahier des charges : gros document qui vient remplir les blancs laissés
par la convention. Il règle les droits et obligations des parties et, en particulier, fixe les règles
d'organisation et de fonctionnement du service. ILcontient les stipulations de cet accord.
76 Q
De Laubadère, A., op.cit, p.298 ' j ^ ^ t ^ 'p*tft
103
service que si ses intérêts financiers sont sauvegardés et si leur fixité est contractuellement
garantie pour l'avenir.
La conciliation de ces deux idées est réalisée par le caractère mixte, mi-
réglementaire, mi-contractuel, de la concession du service public.
77
MbayaKabamba, op.cit,, p.61
104
Le "fait du prince est toute mesure prise par l'autorité concédante et venant
aggraver la situation du concessionnaire. En dépit de l'entrave nouvelle, le principe de la
continuité de service public oblige le concessionnaire à poursuivre l'exécution du service, mais il
aura droit à ce que l'administration concédante l'indemnise intégralement du préjudice qu'elle a
pu lui causer par la mesure qu'elle a ainsi prise. Il pourra ainsi recourir au droit commun des
obligations pour vanter les préjudices et se faire ainsi payer des dommages - intérêts
conformément aux prescrits de l'article 258 du code civil congolais livre III. Cet article dispose :
« tout fait quelconque de l'homme qui cause préjudice à autrui oblige celui par le fait de qui il
est arrivé à le réparer . . . »
- Mais l'administration doit prendre à son compte une partie des charges
extracontractuelles (c'est-à-dire pertes nettes, déficit net de la période extracontractuelle),
non seulement parce que le concessionnaire a droit à un certain équilibre financier, mais
parce que la faillite qu'il risquerait de subir compromettrait la continuité du service.
L'administration doit donc aider le concessionnaire, mais elle ne prend pas toutes les
charges sous forme d'indemnités d'imprévision ;
- Parce que l'imprévision est une situation temporaire, lorsque la situation s'avère
définitivement déficitaire malgré les mesures prises, le service public n'aura plus intérêt à
être maintenu, n'est plus justifié, il faudra qu'il s'adapte ou disparaisse.
Le concessionnaire est tenu d'obéir aux lois et règlements en vigueur dans le pays,
- L'affectation des biens : une distinction fondamentale domine le régime juridique des
biens utilisés par le concessionnaire ; à savoir la distinction du domaine privé du
concessionnaire, qui est sa propriété privée et du domaine de la concession au domaine
concédé ;
desquelles :
a. Le concessionnaire peut utiliser le domaine public et plus particulièrement
certaines de dépendances en relevant et affectées au concédant, lesquelles peuvent lui être
affectées et dont il aura alors, selon la formule jurisprudentielle consacrée un « droit exclusif de
jouissance ».
De cette première prérogative, découlant immanquablement les deux
conséquences suivantes :
1. D'une part, ce droit autorise le concessionnaire à défendre mordicus sa
situation vis-à-vis des tiers ;
1. Qu'il peut exécuter le marché des travaux publics, lequel a pour objet
l'exécution par un entrepreneur d'un travail public et est le pendant du louage d'ouvrage en droit
civil.
Comme l'a su bien noter Georges Vedel « Le marché des travaux publics
présente, par rapport aux autres marchés administratifs, un assez net particularisme : c'est un
véritable contrat administratif par détermination de la loi ; l'exécution d'un travail public
implique toujours le caractère administratif des marchés conclu à cette fin, et ceci sans qu'il y ait
lieu de se référer aux critères de l'exécution même du service ou de la clause exorbitante ».
2. Les g a r a n t i e s consenties
1. Les garanties contractuelles spéciales établies pour la durée de la
concession :
Il en va ainsi des clauses de garantie d'intérêt général selon lesquelles le
concédant s'engage à payer, aux créanciers et associés, et ce, en cas de carence du
concessionnaire, les intérêts fixés des obligations ou les dividendes ;
110
Ici, l'indemnisation est assez exceptionnelle. Si elle n'est pas prévue par la loi ou
par le contrat, elle n'est accordée que si l'intervention de l'administration a porté sur une donnée
essentielle et déterminante, dont la prise en considération avait décidé le contractant à conclure le
contrat ;
e m e
2 : Lorsque l'aggravation est imputable à une autorité autre que l'autorité
prévue par la loi ou par le contrat, on sort évidemment du cadre du contrat.
L'administration, qui est à l'origine de cette mesure, peut être responsable par
application des règles générales de la responsabilité pour faute ou de la responsabilité sans faute ;
le concédant ne pouvant être déclaré responsable que si cette hypothèse était prévue par le
contrat de concession ;
e m e
3 : Les garanties contre les risques survenant en cours d'exploitation ou
garanties contre le bouleversement du contrat : la théorie de l'imprévision.
La théorie de l'imprévision est une de plus intéressantes constructions de la
jurisprudence administrative Française : elle consiste à accorder un concours financier au
cocontractant lorsque des circonstances imprévisibles bouleversent l'économie du contrat,
rendent son exécution onéreuse et difficile.
Etant donné l'importance de cette théorie en matière de concession de services
publics, il apparaît nécessaire de lui consacrer quelques lignes ci-après en vue de ne plus la
confondre avec d'autres théories dont celle du fait du prince notamment, lignes portant
successivement.
L ' o r i g i n e et le fondement de la théorie
Cette théorie suppose d'abord que certaines circonstances (économiques,
naturelles, etc.) rendent l'exécution du contrat onéreuse et difficile. Il ne faut pas que cette
exécution devienne impossible car on appliquerait alors la notion de force majeure.
Devant une semblable situation, le droit privé maintient strictement les obligations
du débiteur, le principe d'immutabilité des contrats excluant une révision autre qu'amiable. Le
débiteur ne sera pas délié de son obligation, même si elle est devenue ruineuse pour lui. Seules
certaines lois spéciales peuvent prévoir des dérogations à ce principe.
Si cette solution était appliquée en droit administratif, quelles seraient les
conséquences ? Un exemple sur « affaire du tarif de transport en commun à Lubumbashi » est, à
ce sujet, suffisamment édifiant des conséquences graves et de préjudiciables énormes que
devaient subir les usagers de transports en commun dans cette ville.
112
Lorsqu'elles ont passé le contrat, les parties contractantes (Hôtel de ville et les
transporteurs) avaient certes envisagé certaines majorations possibles du prix de revient. Or, les
circonstances ont entraîné des majorations encore supérieures au point que l'économie du
contact se trouvait bouleversée ; dans cette situation, elles ne se trouvaient pas moins daiis,,„une
situation extracontractuelle.
Dès lors, il est question, dans cet exemple vécu d'interpréter, avec audace et
objectivité, le contrat et d'analyser froidement les intentions véritables des parties en présence.
Les conditions d'application de la théorie
On admet traditionnellement que le fondement de la solution est l'intérêt du
service, lequel doit fonctionner avec régularité ou, si l'on préfère, avec continuité ; mais cette
idée n'est pas la seule à prendre en compte car s'y greffent aussi des considérations d'équité.
Ceci dit, le recours à la théorie de l'imprévision est soumis à des conditions
strictes à résumer comme suit :
e r e
l : L'événement, qui met en cause les conditions d'exécution du contrat prévues
à l'origine, ne doit pas être prévisible par les parties au moment de la conclusion de celui-ci ; le
contractant doit avoir continué l'exécution du contrat car si celui-ci était arrêté, il commettrait
une faute et encourrait une sanction ;
è m e
2 : L'événement doit être indépendant de la volonté du contractant de
l'administration ; il doit être imprévisible et ne doit pas entrer dans les aléas normaux que les
parties pouvaient envisager. Au cas où il est imputable à cette dernière, c'est plutôt la « théorie
du fait du prince », laquelle entraîne une indemnisation intégrale du contractant qui, en principe,
devra s'appliquer et non celle de l'imprévision ;
113
è m e
3 : L'événement doit aboutir à un véritable bouleversement de l'économie
générale du contrat. La situation du cocontractant doit être modifiée profondément qu'elle
excède tous les aléas normaux ; auquel cas, on est dans une situation extra-contractuelle. Cette
situation dure pendant une certaine période que l'on appelle la période extra-contractuelle ;
e m e
4 : Enfin ; le bouleversement, du contrat doit présenter un caractère permanent.
Les modes de d é t e r m i n a t i o n de l ' i n d e m n i t é
considérer le bouleversement économique comme passager. Mais il n'en est pas toujours ainsi et
bien souvent les déficits peuvent s'avérer permanents.
Si l'on applique la théorie, l'administration devrait, pendant de longues années,
participer à des déficits irrémédiables. Ainsi s est-il concevable de décider qu'en cas de
bouleversement définitif du contrat, chaque partie peut demander la résiliation du contrat. Le
juge la prononcera en accordant, le cas échéant, une indemnité. Il peut fonder cette solution sur
la force majeure qu'il peut ainsi entendre assez largement. Cette règle peut être reprise par divers
textes qui permettront aux parties de demander ou bien la résiliation, ou bien la révision du
contrat.
f) DE GARANTIES AU T E R M E DE LA CONCESSION
1. A l'expiration du t e r m e p r é v u p o u r la concession
Le concessionnaire perçoit une indemnité représentant la valeur des ouvrages, du
matériel et de l'outillage ou des approvisionnements qui sont sa propriété personnelle.
g) POUVOIRS DU CONCEDANT
1. La déchéance du concessionnaire
Cette sanction, qui est la plus grave, a pour résultat d'exclure le concessionnaire
de la gestion service. Quels sont les motifs de la déchéance. Il faut que le concessionnaire ait
commis une ou des fautes graves portant atteinte au fonctionnement du service en violant, par
exemple et suivant l'espèce en cause, le principe de continuité, d'adaptation ou d'égalité et/ou
d'autres obligations. Ci-dessous cas trois d'illustration tirés parmi tant d'autres et pouvant
justifier le recours à cette sanction :
er
1 : La méconnaissance systématique des obligations contractuelles ;
e
2 : L'interruption sans raison valable de l'exécution des services ou des travaux ;
e
3 : L'insuffisance de l'outillage entraînant un fonctionnement défectueux du
service.
Le contrat prévoit parfois que la déchéance est prononcée par l'autorité concédant
après mise en demeure. S'il n ' e n va pas ainsi, seul le juge administratif peut la prononcer.
2. La mise sous-séquestre
définitivement de gérer. Elle est d'ailleurs souvent le complément d'une demande de déchéance.
Les motifs de la mise sous-séquestre résultent dans toute interruption de service que le
concessionnaire ait commis une faute.
Cependant, si à l'origine de cette mesure se trouve une grave faute du
concessionnaire, l'administration peut ordonner la mise sous-séquestre aux risques et périls du
concessionnaire : celui-ci doit alors supporter les déficits de la gestion du séquestre décidée par
l'autorité concédante.
1. Pouvoir de contrôle
Le concédant a d'abord un pouvoir de contrôle en vue de s'assurer que le
concessionnaire fait bien fonctionnaire le service. Ce contrôle ayant directement son fondement
dans les droits que l'administration possède sur le service public peut même être élargi par elle
au-delà des moyens prévus dans l'acte de concession, à condition, toutefois, qu'il n'aboutisse pas
à une véritable mise en régie.
Section 2 : L E S M O D E S M O D E R N E S DE G E S T I O N D E S S E R V I C E S
PUBLICS
La concession de service public demeure l'exemple type, de loin de plus
important ; de la gestion du service public par des personnes privées. Mais, des innovations n ' e n
ont pas moins marqué récemment ce type de gestion : outre que la concession de service public
paraît n'être plus nécessairement cantonnée dans le secteur industriel et commercial, d'autres
modalités de gestion des services publics par des organismes privés tels les ordres professionnels
sont apparus. Enfin, cette matière a été affectée par l'apparition de régimes juridiques propres
aux entreprises publiques.
1.1. NOTIONS
Avant de présenter l'entreprise publique, définissons d'abord l'entreprise en
général. Selon le lexique d'économie, une entreprise est une unité de production autonome
combinant divers facteurs de production, produisant pour la vente des biens et services et
80
distribuant des revenus en contrepartie de l'utilisation des facteurs.
1 e
Lexique d'économie, éd, Dalloz, 1 I éd, Paris, 2009, p.362.
h
119
A. HISTOIRE DE LA N O T I O N
L'histoire révèle que les entreprises publiques ont, bien qu'en état embryonnaire,
bel et bien existé dans l'histoire des peuples. L'entreprise publique n'est donc pas une innovation
propre à notre temps, on la retrouve dans l'histoire ancienne. En effet, les premières entreprises
publiques sont apparues dans l'antiquité :
En Egypte, certaines industries telles que les mines, papyrus et huileries étaient
exploitées pour le compte du prince, celui-ci en réglementait la production et la vente ;
A Rome, les mines, les textiles et les armes étaient exploités directement par
l'empire ;
Sous l'ancien régime français, les entreprises publiques étaient connues sous le
nom de manufactures royales ;
Mais au XIXe siècle, le libéralisme économique triomphant avait amené les
gouvernants et les administrations à considérer que l'Etat n'avait pas le droit d'intervenir
directement en matière économique sauf pour les besoins de la réglementation. Toute autre
intervention de l'Etat sous forme de participation, de gestion directe de l'économie revêtait un
caractère exceptionnel, anormal.
Et comme le note judicieusement François Marsal, les quelques
entreprises gérées par l'Etat n'avaient pas de but économique comme fin principale, elles
répondaient à des besoins fiscaux, à son intérêt de police au sens large du terme (monnaies,
postes ou imprimerie nationale). Ce qui justifie une place très limitée accordée aux entreprises
8
publiques. ~
S1
CORNU, G., op. cit. P358
S2
Marsal, F., cité par Mbayaop.crt, p.31
120
grandissant pour des raisons de politique économique, sociale ou générale. Ces raisons sont pour
la plupart des cas, justifiées par l'interventionnisme étatique.
B. ESSOR
> La première idée réside dans l'affirmation selon laquelle l'Etat peut gérer
les activités économiques essentielles à la Nation ; cette gestion publique est à la fois
juridiquement licite et économiquement raisonnable, (voir, à ce sujet, un des « Considérant » de
la Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981) la légitimité et la licéité des
mesures de nationalisation ;
> La seconde réside, elle, dans l'affirmation ou, pour mieux dire, la
conviction suivant laquelle l'Etat peut non seulement gérer des activités essentielles, mais encore
qu'il le doit.
« Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un
service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».
Le principe se trouve repris par la constitution Française du 04/10/1958
actuellement en vigueur dont le préambule le stipule notamment :
« Le peuple Français proclame solennellement son attachement aux droits de
l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la déclaration
de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la constitution de 1946 » ;
> Mais dans cette constitution, on est parti un peu plus loin lorsque son titre
V, relatif aux rapports entre le Parlement et le Gouvernement, donne, par voie de son article 34,
al. 3, au Parlement le pouvoir de fixer les règles concernant « les nationalisations d'entreprises
du secteur privé au secteur public ».
> Sous les diverses constitutions de Transition dont : les articles 59 (ACT du
09/04/1994) et 118 (CT du 04/04/2003) ;
122
er
> En 1 lieu, le programme de nationalisation du gouvernement de Léon
Enfin, p a r les objectifs ; qui vont bien au-delà d'une simple étatisation, car dans
l'esprit des principaux promoteurs des nationalisations de 1945-1946, notamment des syndicats
ouvriers, l'opération ne consistait pas seulement à éliminer le capital privé des grandes fonctions
collectivités, mais à les restituer à la Nation en organisant la démocratie économique.
Tel peut être, tout au moins, l'un des motifs allégeables par les autorités
gouvernementales d'un Pays pour justifier le recours à des telles procédures en vue de permettre
l'Etat de contrôler l'économie. Inutile d'indiquer que les nationalisations perçues peuvent
prendre une coloration idéologique et donner ainsi lieu à des entreprises publiques dépourvues de
tout caractère de service public.
La mutation d'entreprises publiques dont question ci-dessus ne peut qu'accentuer
le clivage entre les entreprises nationales chargées d'une mission d'intérêt général et celles dont
la finalité est exclusivement industrielle et commerciale. Elle multiplie, en effet d'un coup, un
nombre de ces conglomérats si répandus dans le monde des affaires et qui commencent, comme
on l'a indiqué supra, à se développer dans le secteur public.
Composés d'exploitation s'adonnant aux activités les plus diverses
sous l'impulsion financière d'une société-mère, ces ensembles très démultipliés, conçus pour
s'adapter aux transformations rapides du marché, ne fonctionnent pas de la même façon que les
entreprises traditionnelles plus centralisées et nettement spécialisées.
Ainsi, la physionomie du secteur public national d'un Pays peut se
trouver profondément transformée ; car à côté des grands services publics industriels et
commerciaux jusque-là prépondérants, une seconde génération d'entreprises nationales, de
véritables firmes publiques, occupera une place de plus en plus importante.
A. DEFINITION LEGALE
Sur le plan législatif, en France, il n'existe qu'un projet datant de 1946 dit
«inventaire S c h u m a n » qui n ' a jamais eu valeur de droit positif et qui a tort d'exclure les
sociétés d'économie mixte. Un second projet de loi portant sur les entreprises publiques de 1948
définit l'entreprise publique comme une personne morale dotée de l'autonomie financière dont
le capital est exclusivement constitué par des apports en espèce ou en nature faits par l'Etat en
vue de leur affectation à une exploitation commerciale, industrielle ou agricole.
En République Démocratique du Congo, la loi n°78-002 du 06/01/1978 fait un
tournant décisif en ce domaine lorsqu'en son article 2, elle définit l'entreprise publique comme
tout établissement, qui, quelle que soit sa nature :
1. est créé et contrôlé par les pouvoirs publics pour remplir une tâche
d'intérêt général ;
2. est créé à l'initiative des pouvoirs publics entre eux pour l'exploitation en
commun d'un service ou d'une activité donnée ;
3. est créé à l'initiative des personnes morales de droit public entre elles pour
l'exploitation en commun d'un service ou d'une activité donnée ;
4. est créé à l'initiative des pouvoirs publics en association avec les
personnes morales de Droit Public pour l'exploitation en commun d'un service ou d'une activité
donnée.
83
Lexique d'économie, p.363
127
B. DEFINITION JURISPRUDENTIELLE
La jurisprudence, quant à elle, n ' a jamais eu l'occasion de se
prononcer clairement sur cette notion, sinon à l'occasion de l'arrêt du conseil d'Etat français du
16/11/1956 où une distinction importante, intéressante a été ébauchée ; dans laquelle la notion
d'entreprise est opposée à celle de profession en ces termes : « la puissance publique lorsqu 'elle
crée et gère un service public industriel et commercial, crée une entreprise mais n 'exerce pas de
profession ». Il en est, sans doute, différemment des établissements désignés sous le nom
d'entreprise nationale ou société nationale et qui ne constituent pas des services publics ».
C. DEFINITION DOCTRINALE
Enfin, la doctrine a elle-même hésité, et s'est même divisée. Cette
divergence a comme siège, la place qui y est faite à la société d'économie mixte. La société
d'économie mixte est donc diversement perçue par les auteurs, si l'on sait que :
84
Delion, A.G., Le statut des entreprises publiques, éd. Berger, Levrant, 1963, p. 15
t5
Idem
128
1.4. T Y P O L O G I E D E S E N T R E P R I S E S P U B L I Q U E S
A. SOCIETES NATIONALES
Par sociétés nationales, il faut entendre les organismes nés des
nationalisations qui ont conservé en principe les organes et les règles de fonctionnement de la
société anonyme du droit commercial. Mais ce droit a subi quelques aménagements du fait même
de la nationalisation, aménagements ayant porté sur l'organisation et le fonctionnement.
86
Lexique d'économie, p.362
87
Rivero, J., et Waline, J., Droit administratif, éd. Dalloz, Paris, 1966, p.422
130
B. SOCIETES D'ETAT
Elles sont une création originaire de l'Etat. En effet, en vue
d'amorcer un développement planifié, le législateur peut constituer des sociétés fonctionnant
avec la souplesse et les méthodes des entreprises commerciales et industrielles privées. Estimant,
sans doute, qu'il est inutile de compter sur une participation de capitaux privés, il décide que le
capital sera fourni en totalité par l'Etat.
En France, elle est dénommée société à capital public. Celle-ci est
88
une société anonyme à actionnaire unique, la totalité des actions appartenant à l'Etat. Il s'agit
en effet, ici encore d'une personne de droit privé, assujettie au droit des sociétés, mais présentant
la double singularité de l'unicité et de l'Etatisation de l'actionnariat.
a. NOTION
La société d'économie mixte est une société anonyme comportant une
participation administrative et financière des personnes publiques à côté de la participation
administrative et financière des particuliers, personnes physiques ou morales.
Elle constitue un point de rencontre du capitalisme privé et du
capitalisme d'Etat. En effet, pour qu'il y ait société d'économie mixte, il faut qu'une partie du
capital soit financée par l'Etat ou une personne publique territoriale, donc celui-ci ou celle-ci doit
être actionnaire ou obligataire.
b. CARACTERES GENERAUX
Le caractère fondamental de la société d'économie mixte réside dans sa
structure financière ; à savoir : l'association de capitaux publics et privés ;
La société d'économie mixte est une entreprise publique, dans ce cas les
institutions communes à toutes les entreprises publiques lui sont appliquées.
• La société mixte peut aussi provenir d'une activité qui était purement
privée et que l'Etat décide d'ériger en service public en choisissant pour la gestion de ce service
le procédé de l'économie mixte ;
MIXTE
Le régime administratif est d'abord constitué par les règles
communes à tout service public et découlant du caractère de service public. Mais en outre, et
c'est ce qui nous intéresse surtout, le régime administratif comprend des règles provenant de la
participation de l'Etat à la société. L'essentiel est constitué par un contrôle administratif de la
collectivité concédant qui est exercée du dedans : l'administration, en qualité de membre de la
société, est représentée dans les organes de la société. Voilà la première idée essentielle.
Mais, elle est complétée par une seconde idée : la société d'économie
mixte comporte un contrôle administratif qui dépasse ce qu'il serait normalement en vertu du
droit commun commercial. En effet, lorsque la participation administrative est minoritaire, le
contrôle interne, proportionné à l'importance de la participation serait insuffisant. On déroge
donc aux règles du droit commercial pour donner à l'Etat un contrôle supérieur à celui qu'il
aurait normalement.
a) LA F O R M E DE SOCIETE MUTUALISTE
Cette forme peut être employée par le législateur, de manière exceptionnelle du
reste, pour l'organisation de la sécurité sociale. Ainsi, le service public de la sécurité sociale peut
être géré par une série d'organismes superposés, au niveau provincial ou local (ville, commune
secteur et chefferie) on pourra instituer des organismes privés gérés directement ou
indirectement par les sociétaires eux même et au niveau national un organisme public constituant
un service public personnalisé.
1. LA F O R M E D'ASSOCIATION
Il peut exister des associations dont les membres sont des collectivités publiques
et qui, pour cela, sont soumises au contrôle administratif. Désormais, il est possible, pour les
diverses entités territoriales décentralisées instituées par la constitution du 18/02/2006, de
constituer des associations chargées des gérer des activités d'intérêt commun.
On pense ici, par exemple, à une association de deux ou plusieurs communes
urbaines confrontées au problème. N'ayant généralement pas des ressources nécessaires et
suffisantes pour donner, seules, satisfaction aux besoins d'intérêt général correspondants, elles
pourront, à l'instar de leurs homologues belges ou français, y parvenir grâce à des associations
dont elles seront membres.
Pour les provinces ou autres collectivités territoriales congolaises de même niveau
ou non, on peut multiplier des exemples où une institution de ce genre peut jouer des rôles utiles
dans l'intérêt bien compris des administrés. Il s'agit là d'une formulation de coopération entre les
collectivités territoriales congolaises à expérimenter dans certains secteurs de la vie
administrative locale.
§2. O R D R E S P R O F E S S I O N N E L S
L'ordre est une organisation chargée non seulement de représenter la profession, mais
aussi d'assurer sa discipline interne par des mesures unilatérales qui s'imposent à ses membres.
Ces mesures réglementaires consistent à édicter les règles obligatoires de la profession et des
mesures individuelles telles que l'administration à exercer la profession ou la sanction des fautes
commises ;
A. STRUCTURE
Les ordres sont organisés par les textes qui les concernent, toutefois, certains traits
leur sont communs, tous comportent une hiérarchie des conseils comprenant un ou deux degrés :
Les conseils locaux ;
Le conseil supérieur national.
B. R E C R U T E M E N T
Tous les ordres sont caractérisés par leur structure corporative : les membres de
divers conseils sont toujours désignés parmi les membres inscrits au tableau de la profession.
C. A U T O N O M I E DES ORDRES
service :
La décentralisation des ordres résulte de la conjugaison du recrutement corporatif
avec l'existence de la personnalité juridique ;
L'autonomie des ordres connaît comme toute décentralisation, les limites résultant
de la tutelle de l'Etat : d'une part, certaines décisions des ordres sont soumises à. un pouvoir
d'approbation, d'autre part, certains ordres sont soumis à un contrôle très étroit du fait de la
présence dans leur sein des commissaires du gouvernement qui déterminent un droit de veto sur
les décisions des conseils : c'est le cas des ordres des experts comptables et des experts
géomètres.
Section 3 . M O N O G R A P H I E C O N G O L A I S E
9 Le secrétaire général ;
Mission
F o r m e r et p r é p a r e r professionnellement et méthodiquement les hauts cadres des
services publics du jeune Etat ayant accédé à l'indépendance dans une situation d'impréparation
quasi-générale.
Pour ce faire, trois sections suivantes étaient instituées :
• Section J u r i d i q u e ; chargée de la formation et du recyclage des
Magistrats. Elle s'occupera de la formation des magistrats auxiliaires (six mois) et des magistrats
de carrière (4 ans) ;
Structure organique
Le Conseil d'Administration ou CA ;
138
Le Directeur Général ou DG ;
Mission ou objet :
5. I N S T I T U T N A T I O N A L D E S M I N E S DE B U K A V U OU « I N M »
3. Les Fonds
A titre illustratif, de ces Fonds, on retiendra le fonds social de la République.
On rappellera qu'avant l'accession à l'indépendance, il a existé plusieurs fonds
dont, pour n'en citer que les importants :
Le fonds du Bien-être I n d i g è n e ou « F B E I » ; créé par l'arrêté royal du
01/07/1947, il avait pour objet d'aider les populations des centres extra-coutumiers dans le
domaine de construction des écoles ;
Le fonds du R o i ; créé par l'arrêté royal de 1955, son but consistait à
apporter l'aide à la construction dans tous les milieux.
Le principe de gestion est consacré par la loi du 12/07/1952 et le statut par celle
du 30/12/1952.Le décret-loi de 1961 adopte la reforme résultant de l'indépendance.
2. LA REGIDESO
1. C r é a t i o n : le décret du 30/12/1939
2. Mission : la distribution d'eau et de l'électricité
3. LES OFFICES
1. C r é a t i o n : ordonnance du 04/12/1948
C'est en son application que deux offices à savoir ; l'Office de Café Robusta et
Aribica, Office de produits de Kivu (OPAK) et de Stanleyville (OPAS), furent créés.
Ces Offices pouvaient exercer les activités commerciales et leur gestion financière
était confiée à l'Assemblée délibératoire et celle dite journalière à un directeur.
Il a donc fallu attendre la loi n° 78/002 du 06/01/1978 pour voir lesdits services
dotés d'un texte organique unique autrement dit, d'une véritable loi-cadre prévoyant des
dispositions générales applicables à toutes les entreprises publiques Congolaises sans exception
aucune ; en d'autres termes, c'est-à-dire à partir de cette loi que les établissements publics du
Congo sont, en principe, dotés d'une structure organique uniforme.
A. LE CONSEIL D ' A D M I N I S T R A T I O N OU « CA » EN
SIGLE
a) Composition du Conseil :
5 membres au moins et 9 au plus appelés « Administrateurs » dont 1 Délégué
Général et 2 Directeurs choisis parmi les Directeurs de l'entreprise (Art. 6).
Ces membres sont tous nommés par le Président de la République pour un mandat
de 5 ans renouvelable. Ils peuvent, toutefois, être relevés de leurs fonctions par la même autorité
de nomination pour faute constatée dans l'exercice de leurs fonctions (Art. 7).
En cas de décès, de démission ou de révocation d'un administrateur, qui sont
d'ailleurs les trois cas de figures de cessation définitive du mandat, le Président de la République
pourvoit au remplacement en nommant un autre administrateur qui ne demeura en fonction que
pendant le temps restant sur le mandat de son prédécesseur (Art.8).
« Tout administrateur est réputé démissionnaire d'office lorsqu'il a atteint l'âge de 60 ans,
révolus ou lorsqu'il a accompli 30 ans de service ».
Cette disposition est-elle respectée ? En général non ; l'on n ' a qu'à faire l'autopsie
des nominations opérées récemment dans les entreprises dites de Portefeuille de l'Etat pour s'en
rendre compte.
b) Le P r é s i d e n t du Conseil
d'Administration (Art.9 alinéa 2) et l'est pour la durée de son mandat d'administrateur ; mais il
peut à tout moment, être relevé de ses fonctions par la même autorité de nomination (Art. 9, al.
2)-
En cas d'empêchement, il délègue, à un administrateur, son pouvoir de
convoquer le Conseil et d'en préciser les réunions ; cette délégation, qui est renouvelable, devant
toujours être donnée pour une durée limitée (Art. 9, al. 3).Les pouvoirs du Président du Conseil
sont prévus aux articles 9 al. 4 et 5 d'une part, et 12 d'autre part ils se présentent comme suit :
5. Représenter l'entreprise vis-à-vis des tiers (Art. 9 al. 4) ;
6. Introduire, au nom de l'entreprise, les actions en justice tant en demandeur
qu'en défendeur (Art. 9 al. 5).On notera que ce pouvoir peut être exercé par toute personne
mandatée à cette fin par le Conseil d'Administration (Art. 9, al. 5).
7. Convoquer le Conseil chaque fois que l'intérêt de l'entreprise l'exigera et
que la demande aura été faite par écrit, soit par moitié au moins des administrateurs en exercice,
soit par l'autorité de tutelle (Art. 12 al. 1) ;
c) S t a t u t fonctionnel du Conseil
Les pouvoirs les plus étendus pour tous les actes d'administration et de disposition
en rapport avec l'objet social de l'entreprise (Art. 10 al.l) sont reconnus au Conseil; sous
réserve des autorisations ou approbations requises, ils concernent toutes décisions intéressant
l'entreprise, notamment (Art. 10 al. 2), le contrôle de tutelle à priori ou à posteriori portant sur :
9. Les opérations d'acquisition, de vente, de prise de participations ;
10. Les transactions, les cessions et, en général, tous les actes nécessaires pour
la réalisation de l'objet social de l'entreprise ;
d) Des r é u n i o n s du Conseil
C'est l'article 12 de la loi qui traite de cette question et d'après lequel le Conseil
se réunissait :
14. Sur convocation de son Président ou, en cas d'empêchement de celui-ci, de
son délégué chaque fois que l'intérêt de l'entreprise l'exigeait et chaque fois que la demande
avait été faite par écrit, soit par la moitié, au moins, des administrateurs en exercice, soit par
l'autorité de tutelle (Art. 12 al. 1) ;
15. Au moins une fois tous les deux mois (art. 12 al. ).
Dans ce cas, les convocations sont envoyées aux administrateurs, en principe huit
jours au moins avant la date de la réunion. Elles comportent l'ordre du jour arrêté par le
Président du Conseil ou par son Délégué. Si c'est ce dernier qui convoque le Conseil et l'ordre
du jour contiendra :
16. Outre les propositions émanant du Président ou de son Délégué ;
17. Toute question présentée par écrit au Président, quinze jours au moins par
des administrateurs en exercice ou par l'autorité de tutelle (Art. 12 al. 2).
L'article 13 de la même loi prévoyait la possibilité, pour un administrateur, d'être
représenté lorsqu'il disposait que « Tout administrateur empêché peut, même par simple lettre ou
144
par télégramme, donner à l'un de ses collègues pouvoirs de le représenter à une séance du
Conseil et d'y voter en son nom. Aucun mandataire ne peut présenter plus d'un administrateur.
Les procurations sont annexées au procès-verbal de la séance ».
La situation matérielle des membres du Conseil est réglée à l'article 16 qui, dans
er
ces alinéas 1 et deuxième, dit ce qui suit : « Les membres du Conseil d'Administration
reçoivent, à titre de jetons de présences, une allocation fixe dont le montant est déterminé par le
Président de la République. Cette allocation est à la charge de l'Entreprise ».
B. LE COMITE DE GESTION
b) S t a t u t fonctionnel du Comité
c) R é u n i o n s et délibérations du CG
Article 21 :« Les actes relevant de la gestion des affaires courantes de l'entreprise
sont signés conjointement par le Délégué Général et un Directeur, ou par tout autre agent
délégué à cette fin par le Conseil d'Administration.
En tout état de cause, toutes les pièces comptables doivent obligatoirement porter
deux signataires. L'un des administrateurs directeurs s'occupera spécialement des problèmes
financiers » ;
Article 22 :« Un règlement intérieur, approuvé par l'autorité de tutelle
déterminera les règles de fonctionnement du Comité de Gestion.
C.
LE COLLEGE DES COMMISSAIRES A U X C O M P T E S
OU CGC
Cet organe est traité aux articles 26 à 29 de la loi organique n° 78/002 du
06/01/1978.
a) De ia composition du Collège
Deux Commissaires aux Comptes, au moins et q u a t r e au plus (Art. 26, al. 1)
nommés par le Président de la République (Art. 26 al. 2).Les commissaires aux comptes ont un
mandat d'une durée de deux ans, renouvelable. Toutefois, ils peuvent être relevés de leurs
fonctions par le même Président de la République pour faute constatée dans l'exercice de leur
mandat (Art. 26 al. 3).
b) Du S t a t u t Fonctionnel
Il est déterminé par l'article 27 de la loi de 1978 qui stipule ce qui suit : « L e s
Commissaires aux Comptes ont, en collège pu séparément :
Dans leur rapport, et c'est l'article 27 al. 2 de la loi-cadre de 1978 qui le prescrit,
Il est à signaler que dans l'exercice de leurs fonctions, les Commissaires aux
comptes pouvaient être assistés par un expert ou un organisme fiduciaire agréé par le
Département ayant le Portefeuille dans ses attributions (Art. 28 al. l).L'allocation de l'expert et,
le cas échéant, celle de l'organisme fiduciaire étaient à la charge de l'entreprise. Elles étaient
fixées contractuellement (Art. 28 al. 3).
sasmssm
147
D'autre part, bien que présentant des graduations ou intensités différentes dans la
satisfaction des besoins d'intérêt général, le législateur de 1978 a, comme on dit, mis toutes les
entreprises publiques dans un même moule ; alors qu'il aurait été indiqué d'expérimenter, pour
certaines d'entre elles, une gestion syndicaliste en application de ce qu'il est convenu d'appeler
parfois la « démocratie économie ».
Pour ce qui a trait à la satisfaction des besoins d'intérêt général, peut-on
logiquement et valablement loger la GECAMINES, la SNCC, les LAC, l'ONATRA, la CMC, la
STUC ou Société des Transports Urbains au Congo, exactement à la même enseigne ? Nous ne
le pensons pas personnellement ; car pour certaines, cette satisfaction est directe alors que pour
d'autres, elle est indirecte.
Certes, on peut rétorquer en alléguant probablement le fait que toutes les
entreprises publiques Congolaises n'étaient pas dotées d'un seul statut, mais cette réplique ne
nous apparaît pas tenir débout quand on sait que celui-ci ne peut nullement déroger à cette loi-
cadre dont il constitue, en Droit en fait, une simple institution-mécanisme d'application ; laquelle
le tient à l'Etat.
b) De la déviance d a n s la p r a t i q u e
§
S'agissant de sa pratique observée dans le chef des autorités administratives
centrales dotées de pouvoirs de nomination et/ou de tutelle d'une part et, d'autre part, des
Congolais ou Expatriés chargés de telle ou telle fonction au sein des entreprises publiques
Congolaises, qu'a-t-on observé d'abord et ensuite retenu en termes de constat ?
148
On se rappellera que cette organisation était, peu importe leur objet ou leur taille,
uniforme pour toutes les entreprises publiques Congolaises sans exception aucune ; elle reflétait
véritablement la conception étatiste ou, mieux, centralisatrice de la gestion d'un secteur aussi
capital que celui des services publics industriels et commerciaux décentralisés ; à savoir
personnalisés.
Par elle, l'Administration centrale semble, pour une gamme de raisons dont les
unes sont politiques et d'autres administratives ou techniques, avoir voulu maintenir voire même
renforcer la mainmise de l'Etat sur ce secteur public industriel et commercial personnalisé grâce
à la prépondérance des mandataires publics nommés et révocables ad nutum par ses autorités.
Cette conception, caractéristique de l'organisation de nos entreprises publiques en
place depuis 1978, n'est pas le fait d'un hasard ; elle semble répondre à la tradition qui fait de
l'Etat, société globale au sens du Droit Constitutionnel classique, le responsable de la sauvegarde
de l'intérêt général. Sa mise en œuvre en RDC a eu beaucoup d'effets corrosifs dont notamment
ceux d'avoir sécrété, encouragé et amplifié, entre les autorités administratives générales
(nationales ou centrales) et celles dites spécialisées chargées de la gestion des entreprises
publiques, les rapports de supérieur au subordonné et non de contrôleur au contrôle.
La conséquence la plus attendue d'une telle pratique découlait d'un état d'esprit
prédominant habitant généralement les responsables politiques Congolais c'est que les
représentant des entreprises publiques, sujets de Droit à part entière bien que parties intégrantes
et intégrées de l'Etat Congolais, se sont davantage comportés comme autorités administratives
déconcentrées ou, mieux, comme de simples agents soumis au pouvoir hiérarchique plutôt que
comme de véritables autorités administratives décentralisées soumises à un pouvoir de tutelle ; à
savoir à pour limite et, conséquent, à un « contrôle à la carte ».
149
L'une partagée par une partie non négligeable de cette opinion globalement
favorable à une privatisation générale ou, tout au moins, partielle et sélective de ces entreprises
publiques, devenues pour la plupart de véritable canard boiteux en vue d'insuffler un dynamisme
au niveau de leur productivité et de leur compétitivité.
Dans cette lignée, on trouve une frange très importante de l'opinion qui, elle,
propose l'expérimentation de la conception syndicale ; celle-ci visant la réalisation d'une sorte
de démocratie économique grâce à 1 représentation égalitaire de l'Etat, du personnel, des usagers
et éventuellement, selon le cas, des techniciens au sein des Conseils d'Administration aux
attributions larges et extensibles portant sur la conception, l'orientation et la décision dans le
guidage des entreprises publiques Congolaises.
A. Eléments constitutifs
Mais, les résultats généralement médiocres pour ne pas dire négatifs réalisés par
ces entreprises publiques sous l'emprise de cette loi organique semblent justifier la conception et
l'adoption par l'exécutif le vote par le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) et enfin la
promulgation des quatre lois ci-après par le Président de la République le 07 Juillet 2008 :
150
Cette loi comporte 18 articles répartis comme suit entre ses cinq chapitres :
e r er
• 3 articles ( 1 à 3), chapitre 1 : de l'objet et des définitions ;
l'entreprise publique ;
abrogatoires et finales.
désengagement ;
e r e
« 4 articles (de 7 à 10), section l : du conseil d'administration
151
comptes ;
finales.
seront soit :
• transformée en sociétés commerciales sans lesquelles l'Etat est l'actionnaire unique par
Les désengagements de l'Etat est une opération complexe dans sa mise en œuvre.
C'est pourquoi, il est important de tracer un cadre juridique cohérent qui garantisse la
transparence, la publicité et l'équité nécessaires au déroulement de chaque opération...»
En effet, au point de vue juridique, les lois choisies se révèlent être des lois
indiscutablement organiques du fait que l'une abroge, aux termes de son article 17, la loi-cadre ;
à savoir la loi organique de 1978 et l'autre en ses articles 34 et 35 leur force abrogatoire leur
confère donc une autorité juridique au moins égale à celle d'une loi défaite partiellement ou
intégralement.
procéder à une sorte de comparaison entre l'ancienne et l'actuelle législation afin de déceler ce
Bien que perçue par certains comme non seulement consacrant de profondes et
irréversibles réformes mais aussi et surtout l'abrogation de la loi organique des entreprises
publiques datant du régime du président MOBUTU, le complexe législatif de 2008 n'a
cependant pas débouché sur une véritable rase.
Pour dégager ce qui nous apparaît avoir survécu à ce virage historique dans la
création, l'organisation et la gestion des établissements publics à caractère économique,
industriel, commercial et social en RDC, c'est par la confrontation ou mieux, la comparaison de
législation antérieure (del978) et de l'actuelle (de 2008 en viguier) que cette opération est
possible.
9. La M n° 08/007 du 07/07/2008
Cette loi qui, comme l'autre, a une portée organique et porte dispositions
générales relatives à la transformation des entreprises en sociétés commerciales soumises au
régime de Droit commun (Art. 4), en établissement publics ou services publics fait du Premier
Ministre, chef du Gouvernement deuxième autorité administrative centrale, l'autorité compétente
en cette matière plus que sensible et délicate en établissant la liste des entreprises publiques
transformables. C'est en application de ses articles 2 à 4, 9 et 13 qu'il a, par son Décret n° 09/12
du 24/04/2009, établi la triple liste ci-dessous des entreprises publiques transformées en :
a) Sociétés commerciales :
c) Services publics
CONCLUSION GENERALE
Malgré cette ambition, cet enseignement ne s'est pas moins inscrit dans la logique
de la continuité de l'étude du droit administratif où le critère du service public intervient dans
toutes ses notions essentielles : action aaministrative, notion d'agent public, d'acte administratif
unilatéral ou contractuel, de travail public, de domaine public. Elle est même présente sans la
détermination de la juridiction compétente en matière de responsabilité quasi délictuelle.
Et, comme on l'aura remarqué, cet enseignement a tour à tour présenté, la notion
et l'évolution de l'expression services publics dans son premier chapitre. Celui-ci a été subdivisé
en trois grandes sections dont la première a porté sur l'apparition et l'évolution des conceptions
sur le service public, la seconde sur la définition et les caractères du service public et la dernière
sur la typologie des services publics.
Quant au second chapitre intitulé régime juridique des services publics, il a été
subdivisé, à son tour, en trois sections dont la première a été consacrée à l'étude du pourquoi et
du comment de la création d'un service public tandis que la seconde a porté sur l'analyse de
l'organisation des services publics alors que la dernière a débouché sur l'étude du
fonctionnement des services publics par et à travers les principes communs aux services publics.
Enfin, le dernier chapitre a été consacré à l'étude des modes de gestions des
services publics. Sa première section a présenté les modes classiques de gestion des services
publics alors que la seconde, elle a étudié les modes modernes de gestion des services publics
avant de déboucher sur la monographie congolaise en la matière.
158
O. PROLEGOMENES 6
0.1. Présentation de la notion de services publics: ...6
0.2. Le service public, la société et l'État 6
0.3 Le service public et les interventions de l'Etat 8
0.4. Place des services publics dans la division du Droit 9
0.5 Importance et objectifs du cours 9
0.6. Contenu du cours 10
CHAPITRE PREMIER 12
NOTION ET EVOLUTION DE L'EXPRESSION SERVICE PUBLIC 12
SECTION 1 : APPARITION ET EVOLUTION DES CONCEPTIONS SUR SERVICE
PUBLIC 13
§1. APPARITION DE L'EXPRESSION SERVICE PUBLIC 13
§2. HISTOIRE DE LA N O T I O N DE SERVICE PUBLIC ET P A N O R A M A DU SECTEUR
EN DROIT FRANÇAIS 14
§3. DE L'EVOLUTION DES CONCEPTIONS SUR LE SERVICE PUBLIC 20
§4. EVOLUTION DE LA N O T I O N DU SERVICE PUBLIC EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU C O N G O 27
Section 2 : DEFINITION ET CARACTERES DU SERVICE PUBLIC 28
§1. L'IMPOSSIBLE DÉFINITION DU SERVICE PUBLIC 28
§2 LA NOTION FONCTIONNELLE DE SERVICES PUBLICS 33
§3. CARACTERES DE LA MYTHIQUE NOTION DE SERVICES PUBLICS 37
Section 3 : TYPOLOGIE DES SERVICES PUBLICS 40
§1. OBJET 41
§2. FAÇON DONT LES SERVICES PUBLICS CONCOURENT A LA SATISFACTION
DE L'INTERET GENERAL 44
§3. C H A M P OUVERT A L'ACTIVITE DU SERVICE 45
§4. NATURE DES RECLAMATIONS ENVERS LE SERVICE PRIVE 45
§ 5. M O D E S DE GESTION 46
CHAPITRE DEUXIEME 47
LE REGIME JURIDIQUE DES SERVICES PUBLICS 47
Section 1 : POURQUOI ET C O M M E N T CREER UN SERVICE PUBLIC ? 49
§1. DU BUT DE LA CREATION D ' U N SERVICE PUBLIC 49
§2. LES AUTORITES COMPETENTES 49
§3. DE LA PROCEDURE DE CREATION DES SERVICES PUBLICS 52
3.2. PROCEDURE DE CREATION DES SERVICES PUBLICS EN BELGIQUE 54
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