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Jean-Louis ESAMBO KANGASHE

D ’apparition relativement récente, le droit électoral congolais


étudie les élections politiques desquelles sont désignés, selon
les procédures en vigueur, les représentants du peuple. Il
régit les opérations préparatoires au vote et les modalités de contes-
tation d’une élection. La discipline a vocation à donner des réponses
aux questions que pose tout système politique, à savoir qui doit voter,
pour qui voter, pourquoi voter, comment voter et qui contrôle le vote ?
Dans sa pratique, le droit électoral participe à l’établissement, suivant
les règles et procédures établies, d’un régime démocratique, mais long-

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temps enfermé dans les escarcelles du droit constitutionnel ; il conserve
quelques spécificités qui sollicitent, chaque jour, sa reconnaissance,
d’abord, comme un art exigeant expérience et compétence, ensuite,
en tant que science comportant des règles et procédures propres et, Jean-Louis ESAMBO KANGASHE

2 e ÉDITION
enfin, comme domaine qui emprunte du management l’essentiel de
ses techniques.

LE DROIT ÉLECTORAL
Le besoin de rationalisation des techniques d’organisation et de ges-
tion d’une élection dévoile autant la technicité que la complexité d’une

LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS


CONGOLAIS
discipline, plus que jamais, portée vers le contrôle chiffré de la distribu-
tion démocratique du pouvoir.
Le droit électoral que l’on croyait d’essence normative convoite, de
plus en plus, le domaine autrefois occupé par les sciences exactes,
telles l’arithmétique, les mathématiques et la géométrie.

2 e ÉDITION
Ancien juge à la Cour constitutionnelle, JEAN-LOUIS ESAMBO
KANGASHE est actuellement juge au Conseil d’État et doyen
de la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa. Il a participé
à plusieurs missions d’observation internationales des élections
au Bénin (2015 et 2016), au Brésil (2010), au Cameroun (2011), au
Mali (2013) et au Zimbabwe (2013).

9HSMIKG*bafcbj+
www.editions-academia.be
ISBN : 978-2-8061-0521-9

36 €
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D/2020/4910/24 ISBN : 978-2-8061-0521-9

© Academia – L’Harmattan s.a.


Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous les droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit,
sont réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

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Jean-Louis ESAMBO KANGASHE

2e édition
Le Droit électoral congolais
Du même auteur

La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve du constitutionnalisme.


Contraintes pratiques et perspectives, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, coll.
« Bibliothèque de droit africain 7 », 2010.
Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia, 2013.
Le droit électoral congolais, Louvain-la-Neuve, Academia, coll. « Bibliothèque de droit
africain 11 », 2014.
Le droit congolais des marchés publics, Paris, L’Harmattan, coll. « Notes de cours »,
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2016.
Traité de droit constitutionnel congolais, Paris, L’Harmattan, coll. « Études africaines »,
Série Droit, 2017.
5

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À ceux qui croient aux élections
comme technique de modulation de la gouvernance politique.
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7

PRÉFACE

Le présent ouvrage est une édition revue, augmentée et corrigée du Droit électoral
congolais publié, en 2014, par le Professeur Jean-Louis Esambo Kangashe dont on
connaît la fécondité et la ténacité, dans le domaine de production scientifique.
L’auteur mérite toutes nos félicitations, pour le service régulièrement rendu à la

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communauté universitaire, mais également à la Nation congolaise tout entière.
Œuvre doctrinale, l’ouvrage est rédigé en cinq chapitres précédés d’une
introduction et se terminant par une conclusion.
Dans la partie introductive du livre, l’auteur propose une définition du droit
électoral souvent pris pour synonyme du droit des élections, avant de s’attarder sur ses
caractéristiques fondamentales, ses sources et son contenu.
Le droit électoral regroupe, selon lui, les règles, procédures et pratiques qui
président à l’organisation et la gestion des élections politiques desquelles sont
désignés, suivant les modalités propres à chaque pays, les représentants du peuple. Il
réglemente les opérations préparatoires à la participation au vote et à la gestion des
contestations électorales.
Dans sa conception et, naturellement, sa pratique, le droit électoral a vocation à
créer un lien nécessaire entre les élections, source démocratique du pouvoir, et
l’établissement, pour chaque pays, d’un gouvernement représentatif. Il trouve son
fondement dans la substance normative de chaque pays. La particularité du droit
électoral réside dans le fait qu’il est un droit à la fois politique, technique, complexe,
régulateur du contentieux lié au vote et pratique.
Pour son ancrage, la discipline s’appuie sur une gamme des sources normatives
(sources internationales et nationales), jurisprudentielles et doctrinales. Son contenu
permet de répondre aux cinq questions qui accompagnent tout processus de
dévolution démocratique du pouvoir, à savoir : Qui doit voter ? Pour qui voter ?
Pourquoi voter ? Comment voter et protéger son vote ?
À toutes ces questions, l’ouvrage apporte un éclairage nécessaire et des réponses
aussi simples que pratiques.
Étudiant le contexte des élections, l’auteur est convaincu du bien-fondé de la
maîtrise de la configuration politique, du cadre institutionnel et du système des partis
politiques. Il passe, ensuite, au crible les règles de jeu du processus électoral, afin
d’aider à la compréhension et à la simplification des notions de système électoral, de
8

scrutin, de mode de scrutin, du corps électoral, de vote, des suffrages exprimés, du


seuil d’éligibilité ou encore du quotient électoral.
Le lien entre élection et compétition politique est aisément établi dans cet ouvrage,
au point qu’on ne peut véritablement parler d’élection en dehors des acteurs. L’auteur
nous offre une intéressante distinction entre les acteurs principaux que sont la
Commission électorale nationale indépendante, les compétiteurs et les électeurs, des
aiguilleurs constitués, pour l’essentiel, des témoins des partis et regroupements
politiques ainsi que des candidats indépendants, des observateurs et délégués des

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médias régis par une déontologie spéciale.
Est, également, passée au crible la préparation à l’élection. Le professeur Esambo
Kangashe présente l’importance du fichier électoral, durant la phase préélectorale, sa
constitution, sa mise à jour et sa consolidation, contribuant à sa fiabilité et, par voie de
conséquence, à la crédibilité de l’ensemble du processus.
L’auteur fournit des détails intéressants sur la convocation de l’électorat, le dépôt
des candidatures et le déroulement de la campagne électorale. Les développements
proposés donnent à comprendre la campagne électorale, ses rapports avec les notions
voisines, ses stratégies et techniques, les préalables au lancement, ainsi que les
principes, la préparation et le financement.
L’étude des étapes clés du processus de votation (préparation et organisation du
vote), ses modalités pratiques (vote par bulletin papier et électronique), de
l’abstention électorale (causes, conséquences, électeurs concernés, rapports avec la
légitimité du pouvoir) débouche, finalement, sur la délicate question de la fraude
électorale (sa définition, ses origines et ses conséquences).
Prenant une distance à l’égard de la légalité de la machine à voter et la fixation, par
la Commission électorale nationale indépendante, des modalités de calcul du seuil de
représentativité à la base des inégalités, dans la composition des assemblées
parlementaires délibérantes, l’auteur émet des sérieuses réserves sur la neutralité et
l’impartialité de la Commission électorale nationale indépendante, dans la conduite
du processus électoral congolais. Il affirme que, sans une bonne préparation,
l’organisation d’une élection n’offre que très peu de garantie à l’indépendance du juge,
dans la gestion du contentieux électoral.
Le professeur Esambo distingue, à cet égard, le contentieux préparatoire à
l’élection (contentieux des listes électorales, contentieux des candidatures,
contentieux de la campagne électorale) de celui des résultats, avec ses caractéristiques
particulières.
Pour chaque catégorie de contentieux, il scrute la réglementation pénale, présente
la procédure, analyse la nature et les effets des décisions du juge, ainsi que les voies de
recours.
9

L’auteur donne son appréhension de la vérité des urnes, notion aux contours
ambigus, mais dont les critères d’appréciation ne sont pas du tout ou souvent
clairement établis. Il se livre à un exercice, peu habituel, d’extraire le droit électoral
congolais du viseur du droit comparé duquel il a pu, heureusement, tirer des
enseignements sur le règlement des différends électoraux.
Il convient de relever qu’une Constitution, aussi excellente fût-elle, et une bonne
loi électorale ne peuvent, à elles seules, crédibiliser le processus électoral et empêcher
la fraude électorale ; si les différents acteurs en présence ne savent pas compter avec

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justesse et continuent à faire preuve du plaisir de la mauvaise conscience, dans la
gestion des résultats issus des urnes.
Plutôt que d’être un pari gagné d’avance, la gestion du contentieux électoral peut
se révéler, selon l’auteur, contreproductive, la lutte pour le pouvoir qu’elle induit,
obligée d’emprunter, quelquefois, les voies insuffisamment ou pas du tout explorées
par le droit.
La conclusion de l’ouvrage est claire : le droit électoral congolais est, certes, né de
la pratique des élections, tout en étant régulièrement confronté aux ajustements des
règles de jeu et à l’informatisation des opérations découlant du vote.
Dynamique dans sa pratique, la discipline s’inscrit dans une logique de distribution
démocratique du pouvoir, sollicitant, chaque jour, la mise en cohérence du dispositif
juridique en vigueur avec une ingénierie politique, cette fois-ci, orientée vers les voies
concertées de sortie de crise.
Tel un guide sur la préparation, l’organisation et la gestion d’une élection,
l’ouvrage du professeur Jean-Louis Esambo Kangashe déborde, par sa richesse, le
cadre géographique de la République démocratique du Congo, pour intéresser tout
pays engagé dans le processus de dévolution démocratique du pouvoir.
Je me permets de le recommander à l’usage d’un public plus large, comprenant les
chercheurs, les acteurs politiques et sociaux, les théoriciens et praticiens de droit, ainsi
que les intervenants au système national d’intégrité électorale.

Pamphile MABIALA MANTUBA-NGOMA,


Professeur Ordinaire
Département des Sciences historiques
Faculté des Lettres et des Sciences humaines,
Université de Kinshasa, République démocratique du Congo.
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AVANT-PROPOS

Le droit électoral étudie, au sens classique, les élections politiques desquelles sont
désignés, selon les modalités diverses, les représentants du peuple. Il régit les
opérations préparatoires à la participation au vote et à la gestion des contestations
électorales.

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Dans sa conception et, naturellement, sa pratique, le droit électoral crée un lien
nécessaire entre les élections, source démocratique du pouvoir, et l’établissement,
pour chaque pays, d’un gouvernement représentatif.
On doit se garder de considérer que le simple fait de disposer d’un cadre juridique
sur les élections suffise, en lui-même, pour accéder à un système démocratique. Il ne
suffit pas, non plus, de se livrer à la pratique des élections, pour insuffler la légitimité
du pouvoir. Il faut, en plus, que par un scrutin libre et transparent, chaque citoyen soit
capable de contribuer à la gestion des affaires publiques de son pays.
Ainsi peint, le droit électoral doit son ancrage au cadre normatif propre à chaque
pays, mais également à l’usage qui y est fait. En République démocratique du Congo,
on signale, par exemple, qu’élaborée sur pied de la Constitution, alors en vigueur1, la
loi n° 75-009 du 2 avril 1975 portant organisation des élections législatives interdisait
toute propagande électorale organisée en dehors du Mouvement Populaire de la
Révolution 2. Aucune campagne électorale n’était tolérée, si elle ne comportait des
messages, déclarations et professions de foi, à la gloire du parti unique et des prouesses
de son fondateur.
On voit combien l’ordonnancement constitutionnel ou légal d’un pays peut
insuffler la perception, mais également la pratique des élections et, conséquemment, la
discipline qui se propose de les étudier.
Il s’observe, en même temps que, longtemps renfermé dans les escarcelles du droit
constitutionnel, qui lui faisait parfois ombrage, le droit électoral qui traçait, déjà sa
trajectoire, s’en détacha sur fond de la pratique des élections. Il s’affirme, ensuite,

1
Aux termes de l’article 19 de la Loi n° 70-001 du 23 décembre 1970 modifiant la Constitution du
24 juin 1967, le Mouvement populaire de la révolution est érigé en première institution de la République,
précédant ainsi le président de la République, l’Assemblée nationale, le Gouvernement, la Cour
constitutionnelle et les Cours et tribunaux. Il deviendra, en vertu de la modification constitutionnelle
organisée par la Loi n° 74-020 du 15 août 1974, la nation zaïroise organisée politiquement (art.29) et la
seule institution de la République (art. 28), les autres n’étant que des organes.
2
L’article 22 de cette loi indique que la propagande électorale est faite par et sous l’égide du
Mouvement populaire de la révolution.
12

comme discipline autonome, dont la technicité des procédures rend la


compréhension, de plus et plus, éloignée du citoyen moyen, et particulièrement, des
compétiteurs politiques, pourtant intéressés au premier chef.
Comment ne pas s’en convaincre, quand on prend le pari de lier le développement
d’un pays à la tenue régulière, d’élections et leur gestion au service de la distribution
démocratique du pouvoir ? Et lorsque les acteurs que l’on croit moins informés des
réalités électorales, décident de s’y intéresser, il vaut mieux prendre la mesure de
l’évidence, pour ne pas se trouver à la traine, la cloche annonçant les signes de temps

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aura déjà sonné.
Discipline complexe, le droit électoral mobilise bien d’institutions, organismes et
acteurs qui prétendent en détenir le secret, se considérant, par moments, comme
techniciens, ingénieurs ou magiciens des élections recrutés, pour la plupart, dans et
par les états-majors politiques et les laboratoires anonymes.
Placé dans le contexte congolais, le droit électoral révèle une apparition
relativement récente, sa naissance ne fut pas connue avant le 8 décembre 1957, date
qui coïncida avec l’organisation, dans quelques villes et communes 3, des premières
élections municipales suivies, une année plus tard, d’autres uniquement réservées à
deux nouvelles communes de Léopoldville 4 et quatre chefs-lieux de province 5.
Dans la foulée, il fut organisés, en décembre 1959, des scrutins communaux et, en
mai 1960, des consultations nationales, à la base de la désignation des membres du
premier parlement national et des assemblées provinciales du nouvel État.
En rapport avec le corps électoral, il s’observe qu’à son accession à l’indépendance,
le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo ne comptait que treize
millions d’habitants qui ne furent, en raison du caractère discriminatoire de la
législation en vigueur 6, électeurs. La discrimination n’a pas, heureusement, impacté
sur le taux de participation que l’on estima à 85,5 %, pour Léopoldville, 87,2 %, pour
Élisabethville, et 74,4 %, pour Jadotville 7.

3
Il s’agit de communes de Bandalungwa, Barumbu, Dendale, Kalamu, Kalina, Kinshasa, Kintambo,
Ngaliema, Ngiri-Ngiri et Saint-Jean, à Léopoldville ; celles Albert, Katuba, Kenya et Rwashi, dans la ville
d’Élisabethville, ainsi que des communes blanche et africaine de Kikula, à Jadotville. Lire dans ce sens,
NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo des origines à la République démocratique du Congo,
Bruxelles, Le Cri-Buku Histoire, 2012, pp. 428-429.
4
Notamment dans les communes de Matete et N’djili.
5
On cite en exemple les villes de Coquilhatville, Stanley ville, Bukavu et Luluabourg.
6
L’article 1er de l’Ordonnance n° 12/295 du 29 septembre 1957 portant mesures particulières
d’exécution du Décret du 26 mars 1957 précise, en effet, que les personnes consultées en vue de la
constitution des conseils des communes doivent être belges, de sexe masculin, âgées de 25 ans au
moment de la clôture du rôle des personnes à consulter et avoir six mois de résidence non précaire dans
une ou plusieurs communes de la ville, au moment de la clôture du rôle.
7
MABIALA MANTUBA-NGOMA P., Les élections dans l’histoire politique de la République
démocratique du Congo de 1957-2011, Kinshasa, FKA, 2013, p. 16.
13

Plus d’un demi-siècle après, la population congolaise a sensiblement augmenté,


pour gagner aujourd’hui, et selon les projections arrêtées en 1984 8, quatre-vingt-dix
millions d’habitants ; accroissement démographique qui ne s’est pas accompagné de la
tenue régulière d’élections libres et démocratiques.
Maintes fois interrompu par les crises politiques et/ou militaires provoquées ou
imposées à l’histoire politique du Congo indépendant, le droit électoral congolais
renaîtra, en 2006, avec la pratique des scrutins pluralistes, augurant ainsi une
trajectoire vers une réelle compétition politique. On note, par exemple, que de vingt-

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cinq millions quatre cent vingt mille cent quatre-vingt-dix-neuf électeurs inscrits, pour
participer aux élections générales de 2006 et 2007, dix-sept millions neuf cent trente
un mille deux cent trente-huit ont constitué le corps électoral.
Cette population électrice a, au bout de onze ans, soit en 2018, atteint quarante
millions vingt-quatre mille huit cent quatre-vingt-dix-sept électeurs identifiés et
enrôlés 9, contre trente-deux millions vingt-quatre mille six cent quarante d’électeurs
inscrits, dont dix-huit millions neuf cent onze mille cinq cent soixante-douze votants,
en 2011.
Le report des élections générales, pourtant prévues, le 27 novembre 2016, dans le
calendrier de la Commission électorale nationale indépendante 10, portera une entrave
sur la confiance à l’égard de l’administration électorale, la légitimité des institutions et
leurs animateurs.
Dotée d’une compétence exclusive, dans l’organisation et la gestion du processus
électoral et référendaire congolais 11, la Commission électorale nationale indépendante
accomplit une fonction hautement politique, dans la distribution démocratique du
pouvoir. Au cours de ses différentes activités, cette institution n’a que, rarement,
rassuré de sa neutralité et son impartialité, tant les modalités de désignation de ses
membres les privent de tout détachement souhaité 12.

8
Année du dernier recensement de la population.
9
De quarante-six millions d’électeurs initialement identifiés et enrôlés en 2017 et 2018, la
Commission électorale nationale indépendante est parvenue à élaguer, après l’audit du fichier électoral,
environs six millions d’électeurs fictifs ou doublement enrôlés.
10
Aux termes de la décision n° 001/CENI/BUR/15 du 12 février 2015 portant publication du
calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales de 2015 et, des élections
présidentielles et législatives de 2016.
11
Aux termes des alinéas 1 et 2 de l’article 211 de la Constitution congolaise du 18 février 2006 telle
que modifiée, le 20 janvier 2011, il est institué une Commission électorale nationale indépendante dotée
de la personnalité juridique et chargée de l’organisation du processus électoral, notamment de
l’enrôlement des électeurs, de la tenue du fichier électoral, des opérations de vote, de dépouillement et de
tout référendum.
12
Officiellement reconnu, le 31 mars 2019, par Monsieur Corneille NANGAA, président de la
Commission électorale nationale indépendante, alors invité au Journal de 20 heures de la Radiotélévision
nationale congolaise.
14

Dans son fonctionnement, la Commission électorale nationale indépendante n’a


que rarement convaincu de la priorité accordée à la transparence, élément essentiel à
la crédibilisation des élections qu’elle a la charge d’organiser. Pour preuve, on cite
quelques décisions à la base de la crispation politique et des contestations, parfois
violentes 13.
Dans le même temps, il se constate que, promulguée, le 9 mars 2006, la loi
électorale subit quatre modifications 14, avec en toile de fond l’institution, le
24 décembre 2017, du seuil légal de représentativité, dont l’application, aux élections

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législatives nationales et provinciales du 30 décembre 2018 a engendré, en raison de la
cartographie politique offerte au sein des assemblées politiques délibérantes, plus de la
brouille 15 et de conflits de légitimité qu’elle n’a été capable de les contenir.
Oui, la loi électorale a été, maintes fois, révisée et surtout violée, créant ainsi une
insécurité juridique dans le chef des électeurs et des candidats. Devenue un mode de
gouvernance, la pratique a conduit, au cours du dernier cycle électoral, à la brouillerie
électorale établie sur fond d’une ingénierie politique portée, curieusement, vers les
voies prétendument concertées de sortie de crise 16.
Ainsi tracée, la trajectoire dessine une succession des compromis compromettant,
par moments, l’intégrité du vote et la sincérité des résultats. On voit ainsi apparaître
les repères d’un nouveau droit électoral congolais créateur des règles et pratiques,
souvent, en marge de la loi.
Publiée, en 2014, après la tenue de deux premiers cycles électoraux, aux enjeux
politiques nettement contrastés, la première édition du droit électoral congolais a dû
faire face à une évolution juridique et politique, dont la pertinence n’a pas manqué de
susciter le besoin d’adaptation, notamment à la faveur de la jurisprudence produite,
en 2018 et 2019, pour lui donner toute la tonalité nécessaire.
Dans cette optique, il a été fait recours, là où l’exercice s’est avéré nécessaire, à la
jurisprudence étrangère, également, mise à jour, afin de doter l’ouvrage d’une

13
On pense, notamment, aux changements intempestifs du calendrier électoral, à la modification, à la
veille des scrutins de la cartographie électorale, à l’imposition de la machine à voter, pour les scrutins de
2018 et 2019, à la détermination non concertée des modalités de fixation du seuil de représentativité, au
report unilatéral des élections, dans certaines circonscriptions électorales ou encore à l’organisation des
scrutins, pour la désignation des membres des bureaux définitifs des Assemblées provinciales, des
sénateurs et des gouverneurs de provinces, sur pied des Règlements intérieurs non déclarés conformes à
la Constitution par la Cour constitutionnelle, sur saisine obligatoire des présidents des bureaux
provisoires des dites assemblées.
14
Entre 2006 et 2018, la loi électorale a successivement été modifiée, les 25 juin 2011, 12 février
2015, 24 décembre 2017 et 27 juin 2018.
15
Notamment dans la collecte, la transmission, le traitement et la publication des résultats électeurs,
ainsi que la détermination du seuil de représentativité.
16
À l’image de la constitution d’une majorité parlementaire hétéroclite, au sein de l’Assemblée
nationale et du gouvernement de coalition plutôt que de cohabitation.
15

orientation plus pratique, tournée vers un droit électoral qui se vit et se construit au
contact de la réalité.
Écrit d’une main experte, l’ouvrage simplifie, en même temps, le vocabulaire,
souvent, technique pour être facilement porté à la compréhension élémentaire. Il
présente, dans un style clair, le cadre général des élections, les acteurs, la préparation et
la participation à une élection, ainsi que les modalités de règlement des différends
électoraux.

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17

LISTES DES SIGLES ET PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

ABACO : Alliance des bâtisseurs du Congo.


ACO : Avenir du Congo.
ADH : Alliance des démocrates humanistes.
ADP : Appel députation provinciale.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020364
ADT : Alliance des travaillistes congolais pour le développement.
AFDC : Alliance des forces démocratiques du Congo.
Al : Alinéa.
Alii : Autres.
AMP : Alliance de la majorité présidentielle.
AN : Assemblée nationale.
Art : Article.
BUR : Bureau.
BUR/CENI : Bureau de la Commission électorale nationale indépendante.
Dir. : Sous la direction de.
Éd. : Édition.
CAPS : Cour d’appel du Sankuru.
CC : Cour constitutionnelle.
CCD : Convention chrétienne pour la démocratie.
CC-EL : Cour constitutionnelle-élection législative.
CC-EP : Cour constitutionnel-élection présidentielle.
CCU : Convention des Congolais unis.
CDR : Convention pour la démocratie et la République.
CE : Conseil d’État.
CEDEAO : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
CGD : Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina Faso.
CEDI : Centre protestant d’études et de diffusion.
CEI : Commission électorale indépendante.
CLCR : Centre local de compilation des résultats.
CENI : Commission électorale nationale indépendante.
CES : Cour électorale spéciale.
CNS : Congrès national congolais.
Col : Colonne.
Coll. : Collection.
CRP : Convention pour la renaissance et le progrès.
CSJ : Cour suprême de justice.
DC : Démocratie chrétienne.
DCC : Décision du Conseil constitutionnel.
ECT : Éveil et conscience pour le Congo et le développement.
EISA : Électoral institue for sustainable democracy in africa.
18

FKA : Fondation Konrad Adenauer.


FONUS : Forces novatrices unies pour la solidarité.
GSCO : Génération pour la solidarité et le développement du Congo.
Idem : ouvrage déjà cité.
IDH : Institut des droits de l’Homme.
IFES : International foundation for electoral system.
LDIC : Ligue pour la défense des intérêts des Congolais.
LGDJ : Librairie générale de droit et de la jurisprudence.
M17 : Mouvement du 17 mai.
MINUSCA : Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation en

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Centrafrique.
MINUSMA : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la
stabilisation au Mali.
MLC : Mouvement de libération du Congo.
MLP : Mouvement lumumbiste progressiste.
MONUC : Mission des Nations unies en République démocratique du Congo.
MONUSCO : Mission des Nations unies pour la stabilisation de la République
démocratique du Congo.
MSD : Mouvement de solidarité pour le développement.
MSDD : Mouvement de solidarité pour la démocratie et le développement.
MSR : Mouvement social pour le renouveau.
N° : Numéro.
OIF : Organisation internationale de la francophonie.
ONUCI : Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire.
Op. cit. : Ouvrage déjà cité.
P. : page.
PALU : Parti lumumbiste unifié.
PCBC : Parti congolais pour la bonne gouvernance.
PCC : Parti des conservateurs Congolais.
PCDI : Parti chrétien-démocrate pour le développement intégral.
PDC : Parti démocrate-chrétien.
PDS : Parti démocrate socialiste.
PP. : plusieurs pages.
PPPC : Parti du peuple pour le progrès du Congo.
PPPD : Parti du peuple pour la paix et la démocratie.
PPRD : Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.
PR : Président de la République.
PSC : Parti socialiste congolais.
PUF : Presses universitaires de France.
PUZ : Presses universitaires du Zaïre.
PNUD : Programme des Nations unies pour le développement.
QE : Quotient électoral.
RCA : République Centrafricaine.
REA : Rôle électoral en appel.
R. Const/TSR : Rôle du contentieux constitutionnel-toutes sections réunies.
19

RCD-KML : Rassemblement congolais pour la démocratie, Kisangani-mouvement


de libération.
RCDC/DN : Rôle du contentieux de candidatures à la députation nationale.
RCDC/KN : Rôle du contentieux de candidatures à la députation nationale-
Kinshasa.
RCE : Rôle du contentieux électoral.
REC : Rassemblement des écologistes congolais.
RITE : Rôle de l’interprétation des textes en vigueur.
ROR : Rôle des ordonnances de référé.
RSA : République sud-africaine.

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RUDEC : Rassemblement pour l’unité, le développement et l’environnement du
Congo.
SADC : Communauté de développement de l’Afrique australe.
SCODE : Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement.
SF : Siège fictif.
SME : Sans maison édition.
SR : Siège réel.
UCOPES : Union des nationalistes pour le bien-être social.
UDCO : Union pour le développement du Congo.
UFC : Union des forces du changement.
UJN : Union des jeunes nationalistes.
UMP : Union pour un mouvement populaire.
UNADEF : Union nationale des démocrates fédéralistes.
UNAFEC : Union nationale des fédéralistes congolais.
UNADIC : Union nationale pour les intérêts des chômeurs.
UNC : Union pour la nation congolaise.
UPRDI : Union du peuple pour la République et le développement intégral.
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21

INTRODUCTION

Plus qu’une technique d’organisation et de gestion du scrutin, le droit électoral est


une réalité bien complexe, qui au fil de temps, s’affirme comme une discipline
autonome. Sa définition permet d’en dégager les particularités, les sources et le
contenu.

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1. La définition du droit électoral

Le droit électoral est difficile à percevoir, une confusion est facilement décelable,
dans ses rapports avec le droit des élections 17. Au sens strict, cependant, il étudie le
processus d’organisation et de gestion d’une élection, désignant les personnes
investies d’une fonction publique ou d’un mandat public. Ce droit ne serait pas, de ce
point de vue, différent du droit des élections, le vote qu’il postule devant se dérouler
dans plusieurs domaines, notamment, syndical, confessionnel, associatif ou politique.
À la différence du droit des élections qui a vocation à être générique, le droit
électoral convoite une dimension essentiellement politique du vote faisant, du coup,
apparaître un lien entre l’élection et la citoyenneté 18 ; la meilleure perception de celle-
ci étant comptable de l’exercice, par chaque citoyen, de sa souveraineté.
Dans le même temps, il s’observe une forte tonalité du droit électoral qui rend sa
compréhension difficile, son champ d’action étant devenu, par la force de choses, très
étendu et se déployant au niveau national, continental ou international.

2. Les caractéristiques du droit électoral

La diversité de domaines d’intervention du droit électoral dévoile, parallèlement,


ses caractéristiques politique, technique, complexe, contentieuse et naturellement
pratique.

2.1. Le droit politique


Discipline juridique, le droit électoral remplit une fonction essentiellement
politique, celle de faire respecter le principe démocratique, que toute élection est

17
Certains auteurs comme TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., les prennent pour synonymes. Lire
dans ce sens, leur ouvrage commun intitulé, Droit des élections, Paris, Économica, 2007.
18
MASCLET J.-C., Droit électoral, Paris, PUF, 1989, pp. 13-14.
22

censée procurer. Il participe à la distribution démocratique du pouvoir et, donc, à la


régulation de la vie politique.
Depuis la fin du XXe siècle, la réclamation des élections dans la restructuration de
l’État n’a cessé de susciter un réel intérêt, la démocratie qu’elle fournit devant refléter
une valeur universelle à laquelle toutes les nations demeurent attachées.
Aussi, plus que toute autre activité sociale participant à la démocratie,
l’administration et la gestion d’une élection sont-elles devenues des opérations très
complexes, mobilisant bien d’acteurs (administration électorale, électeurs, candidats,

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témoins, observateurs, juges…) aux intérêts souvent divergents et ne percevant pas
toujours l’importance de l’enjeu qu’ils sont pourtant conviés à expliquer 19.
Elles supposent que soit établi un dispositif juridique garantissant, certes, une égale
et équitable compétition politique, mais qui permette d’opérer le passage d’un ordre
politique vers un autre. Selon les législations, ce dispositif porte la marque de code ou
de loi électorale, la République démocratique du Congo ayant opté pour cette
dernière formule.

2.2. Le droit technique


L’exigence de la transparence, dans l’administration et la gestion d’une élection, a
conduit bon nombre des législations à y intégrer l’informatisation des données
électorales. Selon le programme arrêté, l’informatique peut ou non fausser les résultats
attendus, son usage n’étant pas, de toute évidence, neutre. Il faut, pour ce faire,
disposer, en amont, d’une bonne logistique, que l’on sait coûteuse, pour éviter, en aval,
d’avoir un système que l’on ne saura véritablement contrôler, l’homme étant au centre
de tout.
Au service de la crédibilité du processus électoral, l’informatique n’invente rien,
elle ne retient que ce que l’homme lui propose. Qu’il s’agisse, en effet, de
l’informatisation du fichier électoral, du recours aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication, pendant la campagne électorale, les opérations
de vote et de dépouillement ou la centralisation des résultats, l’informatique participe
à la modernisation de l’administration des élections et, donc, des règles qui les
régissent.
Indispensable à la gestion rationnelle du processus électoral, cette technologie qui
n’est certainement pas à la portée de tous et, notamment, des compétiteurs politiques
demeure, tout de même, critiquable en raison du nombre relativement élevé de
contentieux qu’elle crée, sur la base du conditionnement du fichier électoral, du
favoritisme dans la campagne électorale ou de la falsification des résultats électoraux.

19
COLLIARD J.-C., dans la préface de l’ouvrage Droit des élections de TOUVET L. et DOUBLET Y.,
n° VI.
23

Le besoin de rationalisation des techniques d’organisation et de gestion du


processus électoral dévoile, en même temps, la complexité du droit électoral, plus que
jamais porté vers le contrôle chiffré de la distribution démocratique du pouvoir. Pour
ce faire, la discipline n’est pas, ainsi qu’on le verra, que normative ; elle convoite le
domaine autrefois occupé par les sciences exactes, telles l’arithmétique, la
mathématique et la géométrie.
L’arithmétique électorale apparaît dans la quantification du processus de votation
et, notamment, à travers les opérations de consolidation des chiffres, dans la fixation

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du corps ou quotient électoral, le calcul des résultats électoraux ou la détermination
des suffrages exprimés. Réalisées en application des dispositions légales, ces
opérations dépassent le simple artifice juridique.
Placé dans l’optique de maximisation des chiffres électoraux, de la gestion des
opportunités et risques politiques, le droit électoral emprunte les techniques que lui
propose la mathématique ; il sert de cadre de cristallisation de la mathématique
électorale.
Dans la perspective de la légitimation du pouvoir, le droit électoral finit par dresser
la visibilité de la cartographie politique, elle-même comportant une diversité de
figures, dérivant de la géométrie électorale. Il reste que l’absence du recensement de la
population soit de nature à influer sur la pertinence des dispositions légales au point
de les rendre inadéquates.

2.3. Le droit compl exe


Le droit électoral est complexe, sa connaissance impliquant celle d’autres
disciplines juridiques qui lui servent, par ailleurs, de support. Il s’agit notamment du
droit international, constitutionnel, administratif, fiscal, des finances publiques ou
encore celui des marchés publics.
Le droit international offre un cadre idéal d’accompagnement et de soutien, dans le
monde, des processus électoraux. Habituellement élaborées en vertu des stipulations
conventionnelles, les législations électorales sont, à toutes fins utiles, mises à la
disposition de l’administration électorale, des acteurs politiques et sociaux ainsi que
d’autres intervenants au processus de votation. L’insertion, dans des nombreuses lois
fondamentales nationales, de certaines dispositions de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et d’autres instruments juridiques
internationaux en rapport avec le vote participe, assurément, à l’encrage du droit
international des élections.
Au contact du droit électoral, le droit constitutionnel décrit les principes 20 sur le
statut et la désignation des gouvernants. C’est également dans la Constitution qu’est

20
Notamment dans les domaines de la citoyenneté, de la souveraineté démocratique ou de la
participation politique.
24

située la source du pouvoir, l’aménagement des modalités de suffrages (direct,


indirect, universel, restreint, égal ou secret) et les acteurs qui y concourent
habituellement (les partis et regroupements politiques). Le droit constitutionnel sert,
donc, de passerelle à la démocratie électorale.
Le lien entre le droit administratif et le droit électoral découle de l’implication des
autorités administratives, dans l’exécution du dispositif juridique électoral et la
gestion, par le juge administratif, d’une partie du contentieux électoral.
L’organisation du financement public de la campagne électorale et, plus

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globalement, des activités des partis et regroupements politiques révèle la densité des
relations entre le droit électoral et les finances publiques, les marchés publics ou le
droit fiscal.
Le droit électoral bénéficie, par ailleurs, de l’apport d’autres disciplines dans la
gestion contentieuse. On pense ainsi à la capacité ou la tutelle judiciaire qu’organise le
droit civil, la responsabilité pénale, l’individualisation de la peine, la contradiction des
débats judiciaires, le double degré de juridiction, le droit de la défense ou la
motivation des décisions de justice empruntée du droit pénal ou de la procédure
pénale.
L’interdisciplinarité du droit électoral lui ouvre les portes d’autres disciplines telles
que la démographie, les statistiques, l’économie, la sociologie, l’anthropologie, la
communication politique ou sociale, l’histoire des mentalités, voire l’histoire tout
cours.

2.4. Le droit contenti eux


Une élection perdrait toute crédibilité, si sa régularité n’était pas contrôlée par le
juge. À cette fin, les législations électorales prennent soin d’organiser le régime des
recours juridictionnels, tendant à l’annulation ou la réformation des résultats
électoraux.
Ce contentieux n’est, cependant, pas moins juridiquement ambigu, les acteurs qui,
habituellement, participent à une élection (électeur, candidat, autorité
administrative…), n’exercent pas un droit subjectif, mais remplissent, pour le compte
de la collectivité, une fonction relevant de leur charge.
L’originalité du droit électoral découle de son versant procédural et du contentieux
indispensable à la légitimation du pouvoir et, donc, de l’action des gouvernants. Il est,
pour ainsi dire, un droit au service de la démocratie politique 21. Le contentieux
électoral a, à cet effet, pour objet de vérifier la régularité des actes et la validité des
résultats des élections 22.

21
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit. pp. 18-19.
22
MASCLET J.-C., Le droit des élections politiques, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1992, p. 97.
25

L’on note, à ce sujet, que le juge ne tranche pas, contrairement à certaines


apparences, un litige entre particuliers, ni un procès contre un acte. La spécificité du
droit électoral lui confère, d’ailleurs, d’énormes pouvoirs qui vont au-delà de ceux,
traditionnellement, reconnus au plein contentieux.
C’est dans ce cadre que se situe le pouvoir de contrôle de la moralité et de la
sincérité des opérations électorales, mais également de proclamer élu un candidat
différent de celui qui l’a été par l’organe administratif compétent.
En démocratie, le contentieux apparaît comme une technique qui assure, autant

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que possible, l’équité et la régularité de la représentation politique. Là où le système
autorise une compétition politique, le contentieux crédibilise la consultation
électorale. Qu’il s’agisse, en effet, des opérations pré-électorales (inscription sur les
listes électorales, enregistrement des candidatures, campagne électorale), électorales
(vote, dépouillement et centralisation des résultats) et postélectorales (proclamation
des résultats), le contentieux peut être à tout moment enclenché.
En Afrique, comme partout ailleurs, ces opérations qui visent la conquête ou la
conservation démocratique du pouvoir donnent, généralement, lieu à des vives
contestations. Ultimes et décisives dans le processus électoral, elles cristallisent toute
sorte de réclamation réelle ou fantaisiste. C’est rare de trouver, dans le continent, des
partis politiques, y compris ceux ayant remporté une élection, qui ne se plaignent des
irrégularités constatées dans l’administration et la gestion d’une élection 23 ; ce qui
donne au droit électoral toute sa vitalité.
Le droit électoral apparaît, en définitive, comme une discipline au service de la
vérification par l’arbitre des résultats issus des urnes.

2.5. Le droit pratique


Dans sa dimension opérationnelle, le droit électoral convoite la dure réalité des
scrutins que l’on sait, souvent, jonchée d’innombrables défis, eux-mêmes, segmentés
autour de l’épineuse question de distribution et d’exerce démocratique du pouvoir.
Dans ce domaine, en effet, la praticabilité de la discipline résulte de l’assurance, mais
également de l’attention qu’elle provoque, suscite ou subit de la réalité des élections,
conduisant ainsi à la mise en place d’une imagerie électorale dont le secret serait
détenu par les seuls initiés.
Aussi, tout en demeurant comptable vis-à-vis des règles du jeu politique
construites autour des normes, procédures et usages convenus, de commun accord, le
droit électoral donne la nécessaire tonalité au réalisme que couvrent, bien souvent, les
enjeux électoraux cachés, dans le feeling de chaque acteur impliqué, dans la conquête
démocratique du pouvoir.

23
MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », La démocratie en Afrique, Pouvoirs,
n° 129, Paris, PUF, 2009, p. 147.
26

3. Les sources de droit électoral

Par sources de droit électoral, on entend un ensemble de règles régissant


l’organisation et la gestion d’un scrutin. Aussi diverses que variées, les sources de droit
électoral sont essentiellement écrites. Celles-ci sont normatives, jurisprudentielles et
doctrinales.

3.1. Les sources normatives


Dans le domaine des élections, les sources normatives sont constituées des règles

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juridiques produites par la législation internationale ou nationale, mais garantissant à
chaque citoyen une pleine participation dans la vie politique ou publique de son pays.

3.1.1. Les sources internationales


Au niveau international, le cadre normatif des élections est, essentiellement,
constitué d’accords et traités, assurant à chaque citoyen ses droits civils et politiques,
ainsi que ses libertés fondamentales.
Négociés et adoptés au niveau universel et régional, ces instruments juridiques
reconnaissent, en particulier, le droit de vote et d’éligibilité à chaque citoyen d’un
pays. Il s’agit, en l’espèce, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la
Convention sur les droits politiques de la femme, de la Convention internationale sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, ainsi que de son Protocole facultatif, de la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes, de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la Déclaration
de l’Union africaine sur les principes régissant les élections, de la Charte de la
francophonie, de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, de la
Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union
Africaine, de la Déclaration de l’Organisation internationale de la francophonie sur les
femmes et les jeunes, ainsi que les principes et lignes directrices régissant les élections
démocratiques de la Communauté de développement de l’Afrique australe.
L’ensemble de ce dispositif conventionnel donne de la voix à l’idée d’un droit
international des élections.
a. La Déclaration universelle des droits de l’homme
Adoptée et proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies, dans sa
résolution 2174, la Déclaration universelle des droits de l’homme 24 consacre le droit,
pour toute personne, de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays,
soit directement, soit par l’intermédiaire de ses représentants, librement choisis.

24
Journal officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial du 7 juin 2018.
27

Elle rappelle, également, la volonté de chaque peuple, fondement de l’autorité des


pouvoirs publics, s’exprimant par des élections honnêtes, libres et périodiques
organisées, au suffrage égal et au vote secret 25.
La Déclaration insiste sur la nécessité des élections comme fondement, pour
chaque pays, de la gouvernance démocratique, condition indispensable pour atteindre
une meilleure et rationnelle gouvernance politique.
b. La Convention sur les droits politiques de la femme
Prise sur la base de la résolution 640 (VII) de l’Assemblée générale des Nations

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unies du 20 décembre 1952, la Convention sur les droits politiques de la femme
encourage la pleine participation de cette dernière, dans la vie politique et publique de
son pays. Elle insiste sur la reconnaissance du droit de vote des femmes, dans les
conditions d’égalité avec les hommes et, sans discrimination, à toutes élections 26.
La Convention réaffirme, également, le droit pour chaque femme d’occuper, au
même titre que l’homme, tous les postes publics et d’exercer, sans distinction, toutes
les fonctions publiques établies en vertu de la législation nationale. Dans les
conditions d’égalité avec les hommes, les femmes seront éligibles à tous les organismes
publiquement élus, constitués en vertu de la législation nationale 27.
c. La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale
L’Assemblée générale des Nations unies adopta, le 21 décembre 1965, et en vertu
de sa résolution 2106 A (XX), la Convention internationale sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination raciale.
Cet instrument juridique international engage les États parties à condamner toute
forme de ségrégation raciale et d’apartheid et à prévenir, interdire et éliminer, sur leurs
territoires, toutes les pratiques de cette nature 28.
La Convention reconnaît à chaque citoyen un certain nombre des droits civils et
politiques, notamment celui de participer aux élections (droit de vote et d’être
candidat), selon le système du suffrage universel et égal, de prendre part au
gouvernement et à la direction des affaires publiques, à tous les échelons ; droit
d’accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques 29.

25
Art. 21, al. 1er et 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
26
Art. 1 de la Convention sur les droits politiques de la femme.
27
Art. 2 de la même Convention.
28
Art. 3 de la Convention internationale du 21 décembre 1965.
29
Art. 5 c de la même Convention.
28

d. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques


Adopté, le 16 décembre 1966, le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques confère à tout citoyen le droit de prendre part à la direction des affaires
publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants
librement choisis. Le même citoyen bénéficie, en plus, du droit de vote et d’éligibilité
au cours d’élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal, ainsi qu’au
scrutin secret, assurant l’expression libre de la volonté des électeurs et d’accès, dans
des conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays 30.

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Garantis, les droits de vote et d’éligibilité assurent la libre expression démocratique
et l’égal droit de participer à la gestion politique de son pays.
Adopté conformément à la résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée générale des
Nations unies, le protocole facultatif à ce Pacte reconnaît à toute personne, victime
d’une violation de l’un de ses droits, ayant épuisé tous les recours internes disponibles,
le droit de présenter une communication écrite à l’examen du Comité 31.
Par communication, on entend une dénonciation écrite adressée, au Comité des
droits de l’Homme, par un particulier, victime de la violation de l’un de ses droits
garantis par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Dans l’examen de la communication, le Comité peut être amené à la rejeter, si elle
a un contenu anonyme, contient un abus de droit, en la matière, ou est incompatible
avec les dispositions du Pacte 32.
e. La Convention relative aux droits des personnes handicapées
Soumise à l’adoption, le 13 décembre 1979, des États parties, la Convention
rappelle les principes proclamés par la Charte des Nations unies selon lesquelles, la
reconnaissance de la dignité et de la valeur humaine, ainsi que les droits égaux et
inaliénables de l’homme constituent le fondement de la liberté, de la justice et de la
paix dans le monde. Elle s’est assigné comme, entre autres objet, la promotion, la
protection et la pleine et égale jouissance, par les personnes handicapées, de tous les
droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales, dans le respect de leur dignité
intrinsèque.
Dans le cadre de la participation des personnes handicapées à la vie politique et
publique, la Convention engage les États parties à leur garantir la pleine jouissance des
droits politiques et la possibilité de les exercer sur la base de l’égalité avec les autres,
soit directement, soit indirectement par des représentants librement choisis. Il est

30
Art. 25 du Pacte international du 16 décembre 1966.
31
Art. 2 du Protocole facultatif du 16 décembre 1966.
32
Art. 3 du même Protocole facultatif.
29

ainsi reconnu aux personnes handicapées le droit et la possibilité de voter et d’être


élues, sans aucune discrimination 33.
f. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à
l’égard des femmes
Adoptée, le 18 décembre 1979, par l’Assemblée générale des Nations unies, la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes est entrée en vigueur en tant que traité international, le 3 septembre 1981,
après avoir été ratifiée par vingt États.

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Occupant une place importante parmi les traités internationaux relatifs aux droits
de la personne humaine, cette norme conventionnelle rappelle le respect, par chaque
État partie, des droits inaliénables des femmes, moitié de la population mondiale. Y
sont particulièrement soulignés, les principes fondamentaux des Nations unies,
proclamant leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, la dignité et la valeur de
la personne humaine, ainsi que l’égalité des droits des hommes et des femmes : les
États parties sont, donc, invités à en garantir l’exercice.
Dans le préambule de la Convention, on voit affirmée la condamnation de toute
discrimination contre les femmes en ce qu’elle viole les principes d’égalité des droits et
du respect de la dignité humaine. Pour assurer le plein épanouissement et le progrès
des femmes, dans l’exercice et la jouissance de leurs droits et libertés fondamentales,
sur la base de l’égalité avec l’homme 34, les États parties ont été conviés à prendre
toutes les mesures appropriés, y compris des mesures législatives. Une place
particulièrement importante est accordée au statut juridique de la femme dont, les
droits au vote et d’éligibilité sont réaffirmés.
g. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples
Adoptée, à Nairobi, le 27 juin 1981, par la dix-huitième conférence des Chefs
d’État et de gouvernements, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples
engage les États parties à considérer la participation populaire, par le biais du suffrage
universel, comme un droit inaliénable des peuples.
Elle reconnaît, en particulier, à tous les citoyens le droit de participer librement à la
direction des affaires publiques de leur pays, soit directement, soit par l’intermédiaire
des représentants librement choisis, en vue d’accéder, conformément aux règles
édictées par la loi, aux fonctions publiques de leurs pays 35.

33
Art. 5 a de la Convention du 13 décembre 1979.
34
Art. 3 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes.
35
Art. 13, points 1 et 2 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
30

h. La Déclaration de l’Union africaine sur les principes régissant les


élections démocratiques en Afrique
Réunis à Durban, en Afrique du Sud, dans le cadre de la 38e session, les Chefs
d’État, et de gouvernement de l’Union africaine ont, le 8 juillet 2002, adopté une
Déclaration sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique.
Dans cette Déclaration, il est renseigné que les élections démocratiques sont la
base de l’autorité de tout gouvernement représentatif. Régulièrement organisées, elles
constituent un élément clé du processus de démocratisation et sont, par conséquent,

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essentielles à la bonne gouvernance, l’État de droit, le maintien et la promotion de la
paix, la sécurité, la stabilité et le développement.
La tenue d’élections démocratiques est une dimension importante de la
préservation, la gestion et le règlement des conflits. Pour ce faire, ces élections doivent
être organisées de manière libre et transparente, selon les Constitutions
démocratiques et en conformité avec les instruments juridiques pertinents, à des
intervalles réguliers, par des institutions électorales indépendantes compétentes et
dotées d’un personnel bien formé et équipé des moyens logistiques nécessaires.
En vue de la conduite des élections démocratiques, il est reconnu à tout citoyen le
droit de participer librement au gouvernement de son pays, soit directement, soit à
travers des représentants librement élus. Chaque citoyen a également le droit de
participer pleinement aux processus électoraux de son pays, y compris le droit de voter
et d’être élu. Il jouit, à cet égard, de la liberté d’association et de réunion,
conformément à la législation en vigueur, en plus d’être libre de créer ou être membre
d’un parti politique.
Dans le cadre de la participation à la vie politique ou publique, la Déclaration
reconnaît aux individus et aux partis politiques le droit à la liberté de mouvement et de
faire campagne, d’exprimer leurs opinions politiques et d’accéder aux médias et à
l’information, dans la limite autorisée par la loi. Ils jouissent aussi du droit d’introduire
des recours et de faire examiner rapidement leurs requêtes, pour des irrégularités
électorales flagrantes, par les autorités judiciaires compétentes.
De même, et en vue de s’assurer de la transparence et la régularité des opérations
de vote et de dépouillement, les candidats et partis politiques ont le droit d’être
représentés dans les bureaux de vote et de dépouillement par des agents ou
représentants dûment désignés.
i. La Charte de la francophonie
Adoptée, le 23 novembre 2005, la Charte de l’organisation internationale de la
francophonie met en valeur un certain nombre d’objectifs partagés, tels que
l’instauration et le développement de la démocratie, la prévention, la gestion et le
règlement des conflits, le soutien à l’État de droit et aux droits de l’homme ou encore
31

l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations, ainsi que le


rapprochement des peuples par leurs connaissances mutuelles.
Pour la réalisation de ces objectifs, la Charte engage les États parties au respect des
principes d’élections libres, démocratiques et transparentes, se déroulant à intervalles
réguliers, selon la législation en vigueur de chaque État partie.
j. La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance
Dans la perspective de la mise en pratique des principes et valeurs proclamés, le
30 janvier 2007, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la

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gouvernance met en place un dispositif juridique moralement contraignant à l’égard
des États parties, les engageant à élaborer les cadres législatif et politique nécessaires à
l’instauration et au renforcement de la culture de la démocratie et de la paix 36, ainsi
qu’à l’établissement des institutions publiques capables d’assurer et de soutenir la
promotion de la démocratie et de l’ordre constitutionnel 37.
Les États parties s’engagent également à promouvoir la démocratie, le principe de
l’État de droit et les droits de l’homme, considèrent la participation populaire, par le
biais du suffrage universel, comme un droit inaliénable des peuples 38, et prennent les
mesures appropriées, afin d’assurer le respect de l’ordre constitutionnel, en particulier
le transfert constitutionnel du pouvoir 39.
Ils conviennent de renforcer et d’institutionnaliser le contrôle du pouvoir civil
constitutionnel sur les forces armées et de sécurité, aux fins de la consolidation de la
démocratie et de l’ordre constitutionnel. La charte les oblige à prendre des mesures
législatives et réglementaires nécessaires, pour coopérer, entre eux, pour traduire en
justice toute personne qui tente de renverser un gouvernement démocratiquement élu
par les moyens anticonstitutionnels 40.
La Charte prévoit un certain nombre de sanctions à l’égard de l’État partie qui
autorise ou tolère la prise du pouvoir ou le maintien en violation de l’ordre
constitutionnel, ou qui se résigne à organiser, à intervalles réguliers, des élections
libres, démocratiques et transparentes.
Plus concrètement, les États parties conviennent que l’utilisation, entre autres, des
moyens ci-après, pour accéder ou se maintenir au pouvoir, constitue un changement
anticonstitutionnel du gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la
part de l’Union :
• tout putsch ou coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu ;

36
Art. 11 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
37
Art. 15, point 1 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
38
Art. 4 de la même Charte.
39
Art. 5 de la même Charte.
40
Art. 14 de la même Charte.
32

• toute intervention de mercenaires pour renverser un gouvernement


démocratiquement élu ;
• toute intervention de groupes dissidents armés ou de mouvements rebelles,
pour renverser un gouvernement démocratiquement élu ;
• tout refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au
candidat vainqueur à l’issue d’élections libres, justes et régulières ;
• tout amendement ou toute révision des Constitutions ou des instruments
juridiques qui porte atteinte aux principes d’alternance démocratique 41.

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k. La Déclaration de l’organisation internationale de la francophonie sur les
femmes et les jeunes
Faite à Dakar, en marge du 16e Sommet des Chefs d’État et de gouvernement 42, des
pays ayant en partage la langue française, la Déclaration reconnaît la place, combien
importante, des femmes et des jeunes dans tous les domaines de la vie politique,
économique et sociale, ainsi que des enjeux qu’ils représentent pour le présent et
l’avenir de l’espace francophone, notamment en Afrique.
Exprimant sa vive préoccupation face à la persistance des violations des droits de
l’homme et du droit international, en particulier, à l’égard des femmes et des enfants,
dans l’espace francophone, notamment dans les pays en crise ou en sortie de crise, la
Conférence s’est engagée à accompagner les États concernés, dans le processus de
restauration de l’État de droit et de réconciliation.
Réaffirmant la nécessité d’enraciner une culture démocratique, d’asseoir la
légitimité des institutions et de créer les conditions d’une vie politique apaisée, dans
l’espace francophone, la Conférence a engagé l’organisation internationale de la
francophonie à renforcer, avec le soutien de ses réseaux institutionnels, son action en
direction de l’accompagnement des processus démocratiques, en particulier, l’appui à
l’organisation, à échéances régulières d’élections libres, fiables, transparentes et
inclusives.
Pour intensifier la culture démocratique au bénéfice des femmes et des jeunes, il a
été convenu de renforcer leur éducation à la paix, la justice, le respect des droits de
l’homme, la tolérance, la liberté, l’égalité, le civisme, le dialogue et la compréhension
mutuelle.

41
Art.23 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
42
Tenu à Dakar, au Sénégal, du 29 au 30 novembre 2014.
33

l. Les principes et lignes directrices régissant les élections démocratiques au


sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe
Adoptés, le 20 juillet 2015, à Pretoria en Afrique du Sud, par le Comité ministériel
chargé de la coopération politique, de la défense et de la sécurité de la Communauté
de développement de l’Afrique australe, les principes et directives régissant les
élections démocratiques constituent, en réalité, un vade-mecum, dans l’organisation et
l’observation d’élections libres, crédibles et transparentes au sein de cette organisation
régionale.

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On rappelle que, historiquement, cette adoption formelle a été précédée d’intenses
consultations entre le Conseil consultatif électoral avec les États membres de la
Communauté de développement de l’Afrique australe, les parties prenantes, ainsi que
les experts électoraux de la région. Elle a pour objectif principal de promouvoir la
tenue et l’observation d’élections démocratiques, basées sur les valeurs et principes
communs de la démocratie, de la primauté du droit et du respect des droits humains 43.
Dans la même vague, on signale qu’après la création, en 2005, du Conseil
consultatif électoral comme mécanisme institutionnel chargé de veiller à l’intégration
de l’observation des élections comme composante essentielle des processus
démocratiques dans la région, le Comité ministériel de l’Organe de coopération en
matière politique, de défense et de la sécurité a fini par adopter, en 2009, ses
structures, règles et procédures.
Formellement constitué, en 2010, au sommet de Maputo au Mozambique, le
Conseil consultatif électoral sera installé, le 13 avril 2011, pour devenir un organe
consultatif électoral officiel de la Communauté de développement de l’Afrique
australe, ayant pour but de conseiller la communauté économique régionale sur les
élections et l’atténuation des conflits, de veiller à l’application des principes et lignes
directrices régissant les élections démocratiques et de leur évaluation, et d’orienter les
États membres à propos des élections, pour le renforcement de la démocratie et de la
bonne gouvernance.
On gardera à l’esprit que ces principes et lignes directrices tiennent compte du
caractère central des droits civils et politiques, socio-économiques et culturels, ainsi
qu’à la démocratie et la bonne gouvernance. On y épingle particulièrement :
• la promotion et le renforcement de l’adhésion au principe de l’État de droit qui
s’appuient sur le respect et la suprématie de la Constitution et de l’ordre
constitutionnel, dans les aménagements politiques des États membres ;

43
On rappelle que la première série des principes et lignes directrices de ce Traité fut adoptée en
2004.
34

• la promotion de la tenue d’élections démocratiques, régulières, libres, justes,


transparentes, crédibles et pacifiques, afin d’institutionnaliser l’autorité légitime
d’un gouvernement représentatif ;
• la promotion de l’intégrité électorale en jetant des bases nécessaires, pour
l’observation impartiale des élections nationales et le partage d’expériences et
d’informations sur le développement de la démocratie parmi les États
membres ;
• la promotion de la justice électorale et les meilleures pratiques, dans la gestion

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des élections et l’atténuation des conflits touchant aux élections.
Les États membres s’engagent aussi à inviter les missions d’observation électorale
de la communauté à surveiller les consultations électorales, à encourager la pleine
participation de tous les citoyens à leurs processus démocratiques respectifs, à
promouvoir et à respecter les valeurs de la justice électorale, notamment l’intégrité,
l’impartialité, l’équité, le professionnalisme, l’efficience et la tenue régulière
d’élections.
Il leur est fait également obligation de promouvoir les conditions nécessaires en
faveur de la transparence, la liberté de presse, l’accès de tous les citoyens à
l’information et la possibilité égale, pour tous les candidats, d’utiliser la presse de
l’État, ainsi que la garantie d’un environnement concurrentiel ouvert du vote et
d’éligibilité. Sont, à cet égard, mises en perspective, les garanties suffisantes
d’acceptation des résultats électoraux et le rejet de tout changement
anticonstitutionnel de gouvernement, ainsi que le refus injustifié d’accepter les
résultats annoncés par les autorités juridiquement compétentes.
Ainsi qu’on le voit, le dispositif conventionnel sur les élections est essentiellement
consensuel et, quelquefois, contraignant, mais constituant, avec les différentes
pratiques, les sources internationales du droit électoral, aux côtés de celles d’essence
nationale.

3.1.2. Les sources nationales


Les sources nationales du droit électoral reposent sur le principe de la
hiérarchisation des normes au sommet desquelles se trouve la Constitution et,
notamment, celle du 18 février 2006 qui établit la source du pouvoir, les modalités
d’exercice de la souveraineté et de désignation des gouvernants.
a. La source constitutionnelle
Modifiée par la Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011, la Constitution congolaise du
18 février 2006 44 prescrit que la souveraineté nationale appartient au peuple, tout

44
Art. 5, al. 1er de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
35

pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement, par voie de référendum ou


d’élections et, indirectement, par ses représentants.
Elle précise que le président de la République est élu au suffrage universel direct,
pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois 45 ; nul ne peut en être
candidat, s’il ne possède la nationalité congolaise d’origine, n’est âgé de trente ans au
moins, ne jouit de la plénitude de ses droits civiques et politiques et ne soit exempté de
toute cause d’exclusion prévue par la loi électorale 46.
Le même texte affirme que les députés nationaux sont élus au suffrage universel

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direct et secret, pour un mandat de cinq ans renouvelable 47 ; les sénateurs le sont, au
second degré, par les Assemblées provinciales 48, elles-mêmes composées des députés
provinciaux, élus au suffrage universel direct et secret et ceux cooptés parmi les chefs
coutumiers, pour un mandat de cinq ans renouvelable 49. De ces Assemblées
provinciales, sont élus le gouverneur et vice-gouverneur de province 50.
De la lecture de la Loi fondamentale, en rapport avec les principes, règles et
procédures de dévolution et d’exercice démocratique du pouvoir, se dessine une
véritable constitutionnalisation du processus de votation donnant lieu à la naissance
d’un droit constitutionnel électoral.
b. La source légale
Le droit électoral a, ensuite, comme support normatif la loi qui peut avoir une
nature organique ou ordinaire. Parmi les lois organiques qui participent à l’ancrage du
droit électoral congolais, on cite notamment :
• La Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif ;
• La Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle ;
• La Loi organique n° 13/013 du 1er juin 2013 portant statut du personnel de
carrière de la Police nationale ;
• La Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi
organique n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement
de la Commission électorale nationale indépendante ;
• La Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire ;

45
Art. 70, al.1er de la Constitution du 18 février 2006, telle révisée à ce jour.
46
Art. 77 de la même Constitution.
47
Art. 101, al.1e r de la même Constitution.
48
Art. 104, al. 4 de la même Constitution.
49
Art. 197, al. 4 de la même Constitution.
50
Art. 198, al. 2 de la même Constitution.
36

• La Loi organique n° 13/011 du 21 mars 2013 portant organisation et


fonctionnement de la Commission nationale des droits de l’Homme ;
• La Loi organique n° 11/013 du 11 août 2011 portant organisation et
fonctionnement de la Police nationale congolaise ;
• La Loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant composition,
attributions et fonctionnement du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la
communication ;
• La Loi organique n° 10/011 du 18 mai 2010 portant fixation des subdivisions

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territoriales à l’intérieur des provinces ;
• La Loi n° 18/007 du 27 juin 2018 modifiant et complétant la Loi n° 04/028 du
24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en
République Démocratique du Congo ;
• La loi n° 18/006 du 27 juin 2018 modifiant et complétant la Loi n° 06/006 du
9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que modifiée et complétée
par la Loi n° 15/001 du 12 février 2015, modifiée, elle aussi, par la Loi
n° 17/013 du 24 décembre 2017 ;
• La Loi n° 18/005 du 8 mai 2018 portant adoption de la répartition des sièges
par circonscription électorale pour les élections législatives, provinciales,
municipales et locales ;
• La Loi n° 16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des
services publics de l’État ;
• La Loi n° 15/015 du 25 août 2015 fixant le statut des chefs coutumiers ;
• La Loi n° 10/10 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics ;
• La Loi n° 08-005 du 10 juin 2008 portant financement public des partis
politiques ;
• La Loi n° 07/008 du 4 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique ;
• La Loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise ;
• La Loi n° 04/009 du 5 juin 2004 portant organisation, fonctionnement et
attributions de la Commission électorale indépendante ;
• La Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des
partis politiques en République démocratique du Congo ;
• La Loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté
de presse ;
• L’Ordonnance-loi n° 196 du 29 janvier 1999 portant réglementation des
manifestations et des réunions publiques ;
• L’Ordonnance-loi n° 31/012 du 2 avril 1981 portant statut des journalistes
œuvrant en République du Zaïre.
37

Réglementées par la loi n° 06/006 du 9 mars 2006, maintes fois révisée 51, les
élections congolaises ont toujours été un enjeu politique de taille, mais à force de
vouloir modifier les règles du jeu à l’approche d’un nouveau scrutin, on décide
finalement de priver le texte originel d’une boussole nécessaire, orientée vers une
direction que personne ne semble maîtriser, sinon pour ne servir que d’escalier aux
ambitions politiques d’une majorité qui tient à se maintenir au pouvoir.
L’inflation des normes législatives et, notamment, les fréquentes modifications de
la loi électorale finissent, en plus de l’insécurité juridique qu’elle crée à l’égard des

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électeurs et des candidats, par décourager une bonne partie d’acteurs politiques et
sociaux qui redoutent qu’elles ne servent pas grand-chose, sinon à réduire l’espace
démocratique. Peut-on, à cet égard, affirmer qu’en matière électorale, lorsque le
législateur est prolixe, c’est qu’il se cache quelque chose, dans son activité, très
souvent, éloignée de l’oreille attentive des citoyens intéressés ?
c. La source réglementaire
Le pouvoir réglementaire participe aussi à l’ancrage du droit électoral.
Principalement assuré par la Commission électorale nationale indépendante, ce
pouvoir se découvre à travers diverses décisions portant mesures d’application des lois
essentielles52, fixant le calendrier électoral, portant publication des listes provisoires ou
définitives des électeurs ou des listes des candidats, convoquant l’électorat,
déterminant le modèle de déclaration de candidature ou du bulletin de vote, celui de
fiche des résultats ou de procès-verbal de dépouillement.
Édictées sur la base des lois de référence, dont elles assurent l’exécution, ces
décisions ne les modifient pas, mais leur empruntent l’essentiel des termes utilisés.
Elles fixent l’organisation matérielle du scrutin, fixent les procédures et opérations
administratives et créent les services administratifs des élections.
Pris par les autorités exécutives, certains actes réglementaires facilitent l’exécution
des opérations électorales. Il s’agit, notamment, du décret n° 05/026 du 6 mai 2005
portant plan de sécurisation du processus électoral en République démocratique du
Congo et de la circulaire n° 002/2006 du 29 juin 2006 relative à des manifestations
publiques des partis et regroupements politiques pendant la campagne électorale.

51
Entre 2006 et 2018, soit dans l’espace de douze ans, la loi électorale a subi quatre modifications,
successivement, intervenues les 25 juin 2011, 12 février 2015, 24 décembre 2017 et 27 juin 2018.
52
Il s’agit, notamment, de la loi portant identification et enrôlement des électeurs, de la loi portant
organisation, fonctionnement et attributions de la Commission électorale indépendante, de celle portant
organisation, fonctionnement et attributions de la Commission électorale nationale indépendante ou de
la loi électorale.
38

Du fait qu’ils mobilisent le personnel et les moyens de l’administration au service


de l’opérationnalisation du processus électoral, les actes réglementaires finissent par
convaincre de l’existence effective du droit administratif des élections 53.

3.2. La source jurisprudentiell e


Le recours à la jurisprudence confère au droit électoral toute sa vitalité et un
éclairage indispensable à la connaissance et la compréhension du dispositif juridique
mis en place. Produit par le juge, le contentieux électoral participe à la création du
droit électoral.

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3.3. La source doctrinale
La force des opinions développées par la doctrine joue, enfin, un rôle non
négligeable dans la création du droit électoral ; le législateur et le juge pouvant, selon
le cas, faire bon usage à l’occasion de l’élaboration de la loi ou de son application.
Au regard de la diversité de ses sources, le droit électoral apparaît, en définitive,
comme une discipline transversale nouant des relations avec l’ensemble des branches
du droit public (droit international, droit constitutionnel, droit administratif, droit des
finances publiques, droit fiscal, droit pénal…), mais également avec le droit privé
(droit des personnes, des biens, des obligations, organisation judiciaire ou encore
procédure civile…).

4. Le contenu du droit électoral

Le droit électoral regroupe les règles, procédures et pratiques de préparation,


d’organisation et de surveillance du scrutin ; s’occupe, aussi, de la gestion des conflits
électoraux en leur offrant des mécanismes appropriés et dégage un aperçu
panoramique sur le cadre des élections, les acteurs, la préparation et la participation à
un scrutin, ainsi que les modalités de règlement des différends électoraux.
Il influence la compréhension d’une élection et du processus qui la conduit, à
travers les cinq questions fondamentales, à savoir :
— qui doit voter ?
— pour qui voter ?
— pourquoi voter ?
— comment voter ?
— comment protéger son vote ?

53
Entendu au sens d’un ensemble des normes, procédures et services établis en vue de matérialiser les
actes et opérations de vote, ainsi que leur règlement administratif.
39

Chapitre I

LE CADRE GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS

Dans sa formation, sa construction et sa pratique, le droit électoral est

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constamment confronté à la dynamique des réalités que lui offre la vie politique. Dans
chaque pays, il est redevable de la connaissance de l’environnement sociopolitique et
des règles du jeu.

Section 1. L’environnement sociopolitique


Selon les pays, deux éléments permettent de se faire une idée sur l’environnement
électoral, à savoir, la configuration politique et le cadre institutionnel.

§ 1. La configuration politique

Technique, par excellence, de distribution démocratique du pouvoir, les élections


sont, pour chaque pays, redevables de la configuration politique, celle-ci déclinant la
situation d’un pays stable, en crise ou sorti de crise. On note que, dans un pays qui
connaît une stabilité politique et institutionnelle, l’organisation d’une élection relève
de l’activité ordinaire de l’administration territoriale et n’exige aucune formalité
particulière. Tenues à échéances régulières, les élections participent à la vitalité
démocratique et à la normalisation de la vie politique.
Appelées à être organisées dans un pays en crise ou sorti de crise, les élections
ressemblent, en raison des contraintes de nature diverse, à une épreuve de rallye ou un
chemin de la croix qu’il faut parcourir jusqu’au bout.
Pour la République démocratique du Congo, on retiendra que ce pays a, depuis
son accession à l’indépendance, le 30 juin 1960, permanemment fait le lit d’instabilité
politique avec des épisodes de crises, d’accalmies et de résurgence de crises dont l’une
des causes fondamentales repose sur la contestation de la légitimité des institutions
politiques et de leurs animateurs 54.

54
Exposé des motifs de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour, Journal officiel de
la République démocratique du Congo, numéro spécial du 5 février 2011, p. 79.
40

Alors que l’on croyait définitivement résolu, le problème de légitimité


institutionnelle, avec la tenue, en 2006 et 2011, d’une partie d’élections générales 55, la
non organisation, en 2016, de l’élection présidentielle et celle des députés nationaux et
provinciaux, ainsi que des sénateurs et gouverneurs de provinces, plongea le pays dans
une crise de légitimité des institutions à mandat électif et de leurs animateurs.
Aussi, pour tenter de trouver une solution politique à une question d’essence
constitutionnelle, les négociations politiques ont-elles été initiées et organisées,
d’abord, à la Cité de l’Union africaine, ensuite, au Centre interdiocésain de Kinshasa ;

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elles aboutirent à la signature, pour les premières, de l’Accord politique global du
18 octobre 2016, pour l’organisation d’élections crédibles, apaisées et transparentes en
République démocratique du Congo et, pour les secondes, de l’Accord politique
global et inclusif du 31 décembre 2016 dit Accord de la Saint Sylvestre.
Prévu dans ce dernier Accord 56, l’Arrangement particulier dont la signature
intervint le 27 avril 2017 était voulu comme une somme de mécanismes consensuels
de mise en œuvre ; mais en raison de son application partielle et sélective, on assista à
l’amplification, déjà perceptible, de la méfiance entre acteurs concernés et/ou
impliqués.
Dans ce contexte, seule la bonne foi, dans le respect et l’application des règles de
jeu mises de commun accord, pouvait permettre la tenue des scrutins véritablement
crédibles, transparents, démocratiques et surtout apaisés.

§ 2. Le cadre institutionnel

Comme ailleurs, la République démocratique du Congo est, constamment,


confrontée à la crédibilité d’une élection gérée par le gouvernement ou un organe
indépendant.
L’idée de confier l’organisation de l’élection à une institution indépendante
détachée du gouvernement, remonte à l’Accord global et inclusif sur la transition57
signé, à Sun City, en Afrique du Sud, le 17 décembre 2002, qui autorisa la création de
la Commission électorale indépendante.
Prévue par la Constitution de la transition, cette institution d’appui à la démocratie
exercera les attributions jadis assurées par le gouvernement, dans le domaine de
l’organisation et la gestion des élections. C’est à elle qu’il revenait de superviser
l’ensemble du processus électoral, notamment, l’enrôlement des électeurs, la tenue du
fichier électoral, les opérations de vote et de dépouillement, ainsi que le référendum.

55
Il s’agit de l’élection présidentielle couplée au scrutin des députés nationaux.
56
Point 1.11. 3, 4, de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016.
57
En son point V.
41

Le droit électoral congolais place donc la Commission électorale nationale


indépendante au centre du dispositif d’organisation et de gestion des élections.
Prise en conformité avec la Constitution, la Loi organique n° 13/012 du 19 avril
2013 modifiant et complétant celle n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation
et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante en fixe la
composition, les attributions et le fonctionnement.
Dotée des pouvoirs énormes, la Commission électorale nationale indépendante
assure la conduite de l’ensemble du processus électoral et référendaire. Pour

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accomplir cette tâche, il importe que soit établie une bonne et rationnelle
collaboration avec des juridictions compétentes et d’autres institutions concernées,
telles que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, la
Commission nationale des droits de l’homme ou encore le Conseil national de suivi
de l’accord du 31 décembre 2016 et du processus électoral.

§ 3. Le système des partis politiques

L’évaluation objective d’une élection est, pour chaque pays, tributaire de la


connaissance du système des partis politiques. Les règles de jeu sont, dans ce cas,
déterminées dans un cadre juridique, lui-même, dicté par la nécessité d’assurer ou non
la pluralité d’opinions politiques. On observe également que, plutôt d’être une
question essentiellement juridique, l’élection fait appel à la connaissance du système
politique en vigueur.

Section 2. Les règles de jeu


Dans le domaine électoral, les règles de jeu sont constituées d’une somme
d’indicateurs indispensables au déroulement d’un scrutin et dont la connaissance
préjuge de la victoire finale. Au nombre de ces indicateurs, la maîtrise du dispositif
normatif et la connaissance du cadre institutionnel jouent un rôle déterminant.

§ 1. Le dispositif normatif

Dans chaque pays, le dispositif normatif des élections est souvent dicté par les
réformes, dont les finalités sont fondamentalement politiques. Sont notamment
répertoriés, dans le viseur du constituant et du législateur, le système électoral, le
mode de scrutin et les conditions d’éligibilité.
On note à ce sujet que, prévu pour se dérouler à deux tours, en 2006, le mode de
scrutin pour l’élection du président de la République, a été ramené, avec la réforme
constitutionnelle du 11 février 2011, à un seul tour. Dans ce système, la victoire
électorale se dessine autour de la recherche, non pas de la majorité absolue, mais
42

plutôt la majorité relative. Il importe, à chaque compétiteur, d’adapter les stratégies


politiques à cette réalité. Aux conditions d’éligibilité, s’ajoute le système électoral qu’il
faut connaître.

§ 2. Le système électoral

On a coutume de définir le système électoral comme un ensemble de règles


juridiques qui président à l’organisation d’une élection et au choix d’un candidat ou
d’une liste. De conception ancienne, le système électoral s’est, au fil des âges, adapté à

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l’évolution de la société. Ainsi, qu’il vise la distribution démocratique du pouvoir entre
la majorité et l’opposition, le système électoral n’est jamais neutre ; il est, au contraire,
tributaire de la représentation des forces politiques, au sein des assemblées
parlementaires et de leurs ambitions politiques.
Aussi, plus qu’une question technique, le choix d’un système électoral relève d’un
choix politique que l’on découvre fréquemment, dans l’état d’esprit de l’opinion
publique, mais aussi, des enjeux en présence ; la majorité au pouvoir toujours tentée
d’initier ou de faire adopter, par le parlement, totalement acquis à sa cause, un système
électoral qui lui paraît politiquement bénéfique.
Dans ce domaine, en effet, le consensus avec l’opposition de plus en plus
revendicatrice de l’équilibre politique demeure toujours indispensable, notamment
dans les pays en crise, sortis de crise ou en quête permanente de stabilité politique,
comme la République Démocratique du Congo.
Souvent confondu au système électoral, le scrutin s’en démarque, dans la mesure
où il réunit une gamme de techniques d’organisation pratique d’un vote, mais
essentiellement destinées à départager les candidats ou les listes en compétition.
Vu sous cet angle, il est risqué de croire que tel système électoral ou tel mode de
scrutin soit meilleur que tel autre ; tout dépend, en effet, de sa maîtrise, mais
également de la connaissance des finalités. Sur ce point, les législations nationales
sont, quotidiennement, confrontées au choix entre le système majoritaire et la
représentation proportionnelle, même si le recours aux systèmes mixtes hante encore
certains pays.

A. Le système majoritaire

La présentation, préalable, du système majoritaire permet de dégager, par la suite,


ses avantages et inconvénients.
43

1. La notion du système majoritaire

Tirant sa source dans la monarchie absolue ou limitée, le système majoritaire a fini


par caresser les habitudes politiques, qui accompagnent l’organisation des élections,
dans plusieurs États hantés par le caractère républicain de leurs institutions.
Conférant un mandat électif aux seuls candidats ou listes qui, à l’issue d’un scrutin,
ont obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés, le système majoritaire est, à
l’occasion des élections présidentielles et législatives, encore pratiqué dans nombreux

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États d’Europe, d’Amérique, d’Afrique ou d’Asie. La légitimité politique qu’il attribue
induit sur la variété et la vitalité de ses manifestations.

2. Les variétés du système majoritaire

Se manifestant de plusieurs manières, le système majoritaire peut être uninominal,


des listes à un ou deux tours.

2.1. Le syst ème majoritaire uninominal


Le scrutin majoritaire uninominal est celui qui, dans chaque circonscription,
attribue le seul siège en compétition au candidat qui a obtenu le plus grand nombre de
suffrages exprimés.
C’est la forme traditionnelle du système majoritaire qui conduit à l’élection, dans
chaque circonscription, d’un seul candidat. Ce mode de scrutin suppose,
naturellement, que le territoire national soit divisé en autant de circonscriptions qu’il y
a des sièges à pourvoir, dans une assemblée délibérante.
Classiquement appliqué au Royaume-Uni et dans certains pays qui ont subi
l’influence politique britannique (le Bangladesh, le Canada, les États-Unis
d’Amérique, l’Inde, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Népal ou le Pakistan), le
scrutin majoritaire uninominal participe à l’établissement des rapports directs et
personnels entre les électeurs et leurs élus. La connaissance du candidat prévaut,
naturellement, sur l’idéologie ou le projet politique présenté par le parti ou
regroupement politique.

2.2. Le syst ème majoritaire pl urinominal ou des li stes


Le scrutin majoritaire plurinominal est également qualifié de scrutin des listes. Il
est d’application dans les circonscriptions comportant plusieurs sièges à pourvoir et
dans lesquelles les électeurs sont invités à voter en faveur d’un nombre élevé de
candidats se présentant, soit à titre individuel, soit sur des listes ; ce qui suppose
l’existence des circonscriptions électorales, certes, moins nombreuses mais,
géographiquement, plus étendues.
44

Pratiqué, aux États-Unis d’Amérique, au moment de la désignation du collège des


grands électeurs, ce système restreint, naturellement, les relations entre l’électeur et
l’élu à cause, certainement, de la présence des intermédiaires constitués des partis ou
regroupements politiques. Il aboutit au choix, non pas d’un homme, mais d’une liste et
de son orientation politique.
Le scrutin majoritaire plurinominal peut s’accommoder de la nature ouverte ou
bloquée de la liste. Les listes sont dites bloquées, lorsque le nombre des candidats
retenus est égal à celui de sièges à pourvoir dans une circonscription, les électeurs ne

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pouvant en modifier la composition, ni l’ordre de présentation des candidats. À
l’opposé, les listes ouvertes donnent la possibilité aux électeurs de connaître la
composition et l’ordre de présentation des candidats, dans une liste électorale.
Il importe d’observer que la liberté de l’électeur, dans l’établissement de la liste des
candidats, varie selon qu’on lui reconnaît ou non le droit de modifier la liste présentée
par l’administration électorale. Plusieurs techniques s’offrent à ce système,
notamment le panachage, le vote préférentiel ou le vote bloqué.
• Le panachage est une technique qui laisse à l’électeur la possibilité d’établir,
dans une circonscription et à partir des listes de l’administration électorale, sa
propre liste. Il autorise les électeurs de rayer, sur leurs propres listes, les noms
des certains candidats, pour les remplacer par d’autres, de leur choix, mais
figurant sur d’autres listes. Selon cette technique, les candidats élus sont ceux
dont les noms sont repris sur la majorité des listes établies par les électeurs.
Très complexe dans son application, la technique de panachage s’accommode
du vote capacitaire, elle implique une formation adéquate et continue des
électeurs et du personnel de l’administration électorale.
• Le vote préférentiel conduit à la modification, par chaque électeur, de l’ordre
de présentation des candidats sur la liste de l’administration électorale,
l’électeur étant autorisé à classer, selon l’ordre de sa préférence, les candidats
d’une même liste. Est ainsi élu, le candidat qui a été préféré par la majorité
d’électeurs, dans l’établissement de leurs listes. Bien que favorisant la liberté de
l’électeur, dans le choix des candidats, le vote préférentiel rend, cependant,
difficile le dépouillement des résultats électoraux, ce qui fait que son usage est,
de plus en plus, rare.
• Le vote bloqué ne donne aucune possibilité de panachage, ni de vote
préférentiel ; l’électeur est tenu de ne voter que pour la liste entière, telle que
présentée par l’administration électorale. Sont élus, en application de cette
technique, les candidats placés en tête des listes établies par les électeurs en
concurrence du nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription.
45

2.3. Le syst ème majoritaire à un ou deux tours


Selon qu’il est prévu par les textes juridiques, le scrutin majoritaire peut être
organisé à un ou deux tours.
Le scrutin majoritaire est à un tour, lorsqu’à l’issue d’une élection, le candidat ou la
liste qui obtient le plus grand nombre de suffrages exprimés est proclamé élu. D’usage,
dans les pays attachés au bipartisme ou dans un système à forte fragmentation
d’opinions politiques, ce scrutin conduit à l’élection, quel que soit le pourcentage des
suffrages obtenus, du candidat ou de la liste qui arrive en tête. La majorité relative

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étant suffisante, le droit de représentation aux assemblées parlementaires n’est soumis
à aucune autre forme de majorité.
Le scrutin majoritaire à deux tours prévoit l’acquisition de deux majorités, l’une
absolue, au premier tour et, l’autre, relative, au second tour. Dans ce système, est élu
au premier tour, le candidat ou la liste qui a recueilli la majorité absolue, soit plus de la
moitié des suffrages valablement exprimés.
Lorsque cette majorité n’a pas été acquise au premier tour, il est organisé un
second tour, opposant uniquement les deux candidats ou listes en tête au premier
tour. Pour être élu à ce second tour, il suffit d’avoir la majorité relative des suffrages
exprimés, en raison de coalitions et ralliements auxquels sont tenus les candidats ou
listes en compétition, obligés de maximiser leur chance.
Ce système s’applique, selon les pays, pour les élections présidentielle et
législatives (Cote d’ivoire, France, Mauritanie ou Mali) ou séparément (Bénin,
Cameroun, Gabon, République démocratique du Congo, pour la seule élection
présidentielle).
Comme on le voit, la fixation de la majorité absolue est capitale, dans la
désignation du vainqueur d’une élection se déroulant à deux tours. En droit comparé,
la question a été posée, il y a plus de trente ans, à la chambre constitutionnelle de la
Cour suprême du Burkina Faso, qui s’est prononcée non sans difficulté.
Dans l’avis du 15 juin 1974, le juge constitutionnel relève, après avoir présenté les
deux thèses en présence, la difficulté d’appliquer la tendance dominante, qui considère
la majorité absolue comme la moitié des suffrages exprimés plus un à des cas d’espèce,
notamment, celui de l’Assemblée nationale du Faso, qui comporte un nombre impair
des députés.
Faut-il, s’interroge le juge, se contenter seulement de plus de la moitié des voix,
même si ce plus est moins qu’une unité ou, au contraire, soutenir qu’il faut ajouter une
voix supplémentaire à la moitié et l’arrondir à un nombre supérieur ?
Dans son raisonnement, le juge a reconnu le caractère, essentiellement, politique
de la question, qui doit trouver une solution au sein de l’Assemblée nationale, si
chacun mettait un peu d’eau dans son vin.
46

En République démocratique du Congo, la détermination du chiffre


correspondant à la majorité absolue a été au centre d’un débat fort nourri entre une
partie de l’opposition et la majorité présidentielle, au sujet de la conquête et la gestion,
en 2007, du gouvernorat de la province du Bas-Congo, l’actuelle province du Kongo
central.
De l’avis d’une certaine opinion, la majorité absolue est formée de la moitié des
suffrages exprimés plus une voix. Une autre y voit tout nombre excédant la moitié des
suffrages exprimés, même s’il n’atteignait pas une unité. La dernière suggère que l’on

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fixe différemment la majorité absolue, selon que les suffrages exprimés sont constitués
d’un chiffre pair ou non.
Prenant position sur cette question, le juge électoral a considéré la majorité
absolue comme la somme de suffrages dépassant la moitié des voix ou, plus
exactement, plus de la moitié des voix obtenues par un candidat ou une liste, peu
importe le chiffre (pair ou impair) auquel elle renvoie (CSJ, 16 février 2006,
RCE/ADP/014/015, Aff. Mbatshi Mbatshia et Nkusu Kunzi Bikawa contre l’arrêt
RCDC 019/020/021/025 du 18 février 2007 de la Cour d’appel de Matadi, Fuka
Unzola, Ne Muanda Nsemi et le Mouvement de libération du Congo).
Partagée par la doctrine dominante, cette position participe à la résolution, mais
également à la simplification de l’interprétation de la fraction des voix supérieures à
l’unité telles que recensées, à l’occasion du dépouillement des résultats électoraux.

3. Les avantages du système majoritaire

À l’actif du système majoritaire, on fait valoir la simplicité offerte aux électeurs,


pour la meilleure connaissance des candidats, ce qui contribue à la stabilité
gouvernementale, le parti vainqueur, aux élections, l’emporte avec une majorité
confortable. Le système majoritaire conduit, ensuite, à la mise en place d’un
bipartisme, garantissant la personnalisation des rapports entre les élus et leurs
électeurs et la constitution d’une majorité solide et durable, capable de soutenir
l’action gouvernementale.
En rapport avec la présentation de l’opinion, le scrutin majoritaire incite, enfin, à la
formation des partis politiques multiples, mais dépendants les uns des autres.
Combiné au deuxième tour, ce système oblige les partis politiques à se coaliser et à
s’unir autour d’un programme politique ou des personnalités à même de l’incarner ;
les alliances politiques qu’il occasionne, menant inévitablement au désistement des
uns en faveur des autres.
47

4. Les inconvénients du système majoritaire

En dépit de ses mérites, le scrutin majoritaire est actuellement critiqué, à cause de


son injustice. On note, d’abord, qu’il (scrutin majoritaire à un tour) a tendance à
déformer les résultats électoraux, le vainqueur ayant emporté l’ensemble de sièges en
compétition, au point de frustrer les vaincus.
Dans certains pays comme le Royaume-Uni, le scrutin majoritaire à un tour a
abouti à une contrainte exercée sur les électeurs, pour qu’ils y votent utile, excluant du

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coup, toute possibilité de se répartir au second tour, ce qui, naturellement, préjudicie
des petits partis, qui sont privés d’une représentation, au sein du parlement.
Le scrutin majoritaire favorise, ensuite, un bipartisme inégalitaire et encourage le
gaspillage de nombreux votes, ainsi que l’exclusion des minorités (les femmes
notamment) de la représentation parlementaire ; les partis à caractère clanique,
ethnique ou régional trouvant leur terrain de prédilection pour s’émouvoir. Amplifié
par le phénomène des fiefs électoraux, le scrutin majoritaire ne se prête que rarement
aux changements de l’opinion ; il se livre, d’ailleurs, aux diverses manipulations du
découpage électoral.
Bien que moins brutal, dans ses effets, parce que le premier tour correspond, à
quelques exceptions, à la représentation proportionnelle, le scrutin majoritaire à deux
tours profite, enfin, plus aux partis centristes qui, selon le cas, bénéficient des
désistements des candidats issus de deux tendances extrêmes.
Plus le nombre de sièges à pourvoir, au premier tour, est réduit, plus le spectre de
l’injustice est justifié, surtout si le deuxième tour est précédé de retraits de
candidatures et de ralliements.
À un ou deux tours, le scrutin majoritaire conduit inévitablement à la
bipolarisation de la vie politique, qui peut bloquer toute idée centriste ou l’émergence
d’une tendance politique opposée aux deux extrêmes.

B. La représentation proportionnelle

De la bonne perception de la notion, il sera aisé d’avoir une idée sur les différentes
manifestations, les mérites et, naturellement, les limites de ce système électoral.

1. La notion de représentation proportionnelle

La représentation proportionnelle est un système électoral, qui autorise


l’attribution de sièges en compétition aux candidats ou listes, en tenant compte de
leurs poids politiques réels, mieux du nombre de voix effectivement obtenues à l’issue
48

d’un scrutin. Le candidat ou la liste, qui a recueilli le plus grand nombre de voix
conserve les chances d’avoir un siège, dans une circonscription donnée.
Dans sa pratique, la représentation proportionnelle se marie facilement avec le
scrutin de liste, lequel permet le regroupement de candidats dans une liste. Lorsque les
candidats décident d’unir leurs efforts dans une liste, pour conquérir les sièges en
compétition, ils se positionnent mieux, pour en rafler le plus grand nombre, quitte à
les partager en fonction de voix obtenues par chacun.
Le candidat indépendant serait désavantagé si, à l’issue d’un scrutin, il ne parvenait

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pas à réunir le nombre de suffrages correspondant au quotient électoral, facilement
réalisable par un regroupement de candidats, l’union faisant la force.
Plus concrètement, un candidat dont le nom est repris sur une liste, qui n’aurait pas
obtenu le quotient électoral, conserve toutes ses chances d’être élu, avec les suffrages
obtenus par ses colistiers, parce qu’ils ont permis la réalisation du quotient électoral,
qu’un candidat indépendant ne saurait, à lui seul, y parvenir.

2. Les différentes manifestations de la représentation


proportionnelle

La représentation proportionnelle des listes est susceptible de couvrir plusieurs


techniques, allant de la représentation proportionnelle intégrale à celle approchée,
pour se cristalliser avec la règle du plus fort reste, celle de la plus forte moyenne ou le
système d’Hondt.
La représentation proportionnelle intégrale autorise l’électeur à sélectionner, à
partir d’une liste mise à sa disposition par l’administration électorale, le candidat de sa
préférence avant d’établir, ensuite, l’ordre de préférence des candidats indispensables
à son choix. C’est le candidat, qui a été prioritairement préféré par la majorité
d’électeurs, qui est crédité du plus grand nombre de suffrages exprimés.
Très complexe dans son application, ce système électoral impose une formation
particulière de l’électeur qui vote, d’abord, pour un parti en raison des certaines idées
qu’il véhicule et, ensuite, pour le candidat préféré dans une liste, son vote étant
personnalisé. C’est une formule, qui ne permet pas de contenir le morcèlement des
voix et suggère des aménagements, raison pour laquelle certains pays lui préfèrent la
répartition proportionnelle approchée.
À la différence de la représentation proportionnelle intégrale, celle approchée
s’appuie, soit sur la règle du plus fort reste, soit sur celle de la plus forte moyenne.
Combinée à la règle du plus fort reste, la représentation proportionnelle autorise
l’attribution successive des sièges non encore pourvus aux candidats ou listes qui ont, à
49

l’issue de la première répartition, obtenu ou conservé le plus grand nombre de


suffrages non utilisés.
En cas d’égalité de suffrages restants, le principe est que le siège en compétition
soit attribué à la liste, qui a recueilli le plus grand nombre de suffrages exprimés. Si
l’égalité persiste ou, si deux ou plusieurs listes détiennent le même nombre de voix,
deux solutions sont possibles, soit on procède à une nouvelle élection partielle, pour
départager les deux listes ou candidats en lice, soit on attribue le seul siège restant au
plus âgé des candidats.

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Ainsi qu’on le voit, la technique du plus fort reste donne de la respiration aux petits
partis, qui viennent concurrencer les grandes formations politiques, au point même de
les bousculer par moments.
À la plus forte moyenne, la représentation proportionnelle admet la recherche
d’une moyenne de suffrages en ajoutant, à chaque candidat ou liste, un nombre égal de
siège fictif (1, 2, 3 et 4…) en plus de ceux réellement obtenus, à l’issue de la première
répartition. La moyenne ainsi dégagée permet l’attribution de sièges restants en
compétition aux candidats ou listes classées en ordre par rapport à la moyenne
préférable.
Au plus fort reste ou à la plus forte moyenne, la représentation proportionnelle
s’accompagne toujours du vote unique transférable ; se réalisant suivant le scrutin de
listes ou le système d’Hondt, elle permet, en conséquence, le classement des candidats
ou listes par ordre de préférence (Australie et Irlande), avant la détermination du
quotient électoral par la division, augmenté d’une unité du nombre de suffrages
exprimés par celui de sièges à pourvoir, renforcé également d’une unité.
À l’examen, on s’accorde à ce que les premières préférences de l’électeur
conduisent à ce que soit élu le candidat dont la liste a réalisé la moyenne des voix
correspondant au quotient électoral. Selon les pays, le scrutin proportionnel peut se
réaliser sur la base d’une liste ouverte ou bloquée. La liste est ouverte,
lorsque l’électeur a la possibilité de modifier l’ordre de présentation en vue de marquer
sa préférence ; elle est bloquée dans le cas contraire, son choix étant dicté par une liste
préalablement établie, dont il s’interdit d’apporter de modification.
Plus proche de la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, dont il
simplifie l’opération, le système d’Hondt 58 autorise la division, pour chaque collège
électoral, le nombre de voix obtenues par chaque liste ou candidat, successivement par
1, 2, 3,4, 5, etc., les résultats obtenus formant le quotient électoral.
Il est, ensuite, procédé par un classement de suffrages par ordre de grandeur
décroissant, pour toutes listes et candidats, jusqu’à obtenir autant de quotients

58
De son auteur Victor HONDT, mathématicien belge.
50

électoraux qu’il ya des sièges à attribuer, le dernier quotient étant appelé quotient
diviseur.
Ainsi appliquée, la formule donne, comme on le verra, les mêmes résultats que
ceux de la représentation proportionnelle avec application de la règle de la plus forte
moyenne.

3. La pratique de la représentation proportionnelle

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Simple dans son énoncé, le système proportionnel n’est pas d’application et de
compréhension facile. Fort complexe, il se déroule en deux temps, notamment par la
fixation, au niveau national, du seuil de représentativité et, au niveau de la
circonscription, du quotient électoral, qui conduit à l’attribution des sièges.

3.1. La dét ermination du seuil de représentativité


Prévu par la loi, le seuil de représentativité est un pourcentage de suffrages
valablement exprimés, déterminés par une norme juridique, exigé de chaque liste ou
candidat indépendant, afin d’être éligible à l’attribution des sièges, dans une
circonscription électorale. Il est d’un pourcent, au niveau national, pour l’élection des
députés nationaux, trois pourcent, au niveau provincial, pour l’élection des députés
provinciaux et dix pourcent, pour les élections urbaines, municipales et locales 59.
Plutôt que d’être organisées par la loi électorale, les modalités de calcul du seuil de
représentativité ont été l’œuvre d’une décision de la Commission électorale 60,
intervenue en période suspecte, pendant que la loi dont elle prétend assurer les
mesures d’application, était déférée, en inconstitutionnalité, devant la Cour
constitutionnelle.
Elles révèlent une opération bien complexe, combinant plusieurs activités ainsi
présentées :
• À l’issue du scrutin, la Commission électorale nationale indépendante reçoit
l’ensemble de résultats provenant des Bureaux de vote et de dépouillement,
centralisés par les Centres locaux de compilation des résultats, en vue de la
détermination du seuil de représentativité au niveau national, provincial,
municipal et local.

59
Exposé des motifs de la Loi n° 17/013 du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la Loi
n° 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales,
urbaines, municipales et locales, telle que modifiée et complétée à ce jour, Journal officiel de la République
démocratique du Congo, numéro spécial du 29 décembre 2017, col. 3.
60
Il s’agit de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant Mesures
d’application de la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles,
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que modifiée et complétée à ce jour.
51

• Sur la base du seuil ainsi dégagé, la centrale électorale identifie et publie les
listes des candidats ou liste qui ont atteint ou dépassé les scores respectifs, selon
le niveau du scrutin.
• Une fois en possession des résultats électoraux et des différents seuils arrêtés
par la Commission électorale nationale indépendante, chaque Centre local de
compilation des résultats s’active à fixer le quotient électoral en vue de
l’attribution des sièges aux seuls listes et candidats préalablement identifiés par
la centrale électorale. Il est fait application de la règle du plus fort reste, dans les
circonscriptions comptant deux sièges ou plus, et au scrutin majoritaire simple,

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dans des circonscriptions à un seul siège à pourvoir. Un siège est d’office
attribué au candidat qui a obtenu la moitié des suffrages valablement exprimés
dans sa circonscription ; mais, lorsque les listes des candidats ayant atteint le
seuil n’ont pas épuisé les sièges de la circonscription, les sièges restants sont
attribués aux autres listes de la circonscription n’ayant pas atteint le seuil,
suivant la technique de la représentation proportionnelle des listes ouvertes à
une seule voix préférentielle, avec application de la règle du plus fort reste.
• Dans l’hypothèse où, dans une circonscription électorale, aucun candidat
indépendant, ni liste n’a atteint le seuil légal de représentativité, les sièges en
compétition sont attribués à la majorité simple, si la circonscription électorale
ne compte qu’un siège à pourvoir et, à la représentation proportionnelle des
listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec application de la règle du
plus fort reste, dans une circonscription électorale comptant deux ou plus de
sièges à pourvoir 61.
• Lorsque, pour une circonstance exceptionnelle, les élections n’ont pu être
organisées dans une ou plusieurs circonscriptions électorales, la Commission
électorale nationale indépendante fixe le seuil de représentativité sur la seule
base du nombre de suffrages exprimés disponibles. L’attribution des sièges se
fait, dans les circonscriptions restantes, uniquement selon la représentation
proportionnelle des listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec
application de la règle du plus fort reste, dans les circonscriptions
plurinominales, ou selon la majorité simple, dans les circonscriptions
uninominales 62.
À l’adresse de cette loi, quatre critiques sont autorisées.
La première décèle une loi inconstitutionnelle et discriminatoire, en ce qu’elle
impose, aux candidats indépendants, l’atteinte, au même titre que ceux présentés sur
une liste, d’un seuil d’éligibilité, au niveau national, violant ainsi le principe
constitutionnel d’égalité de tous devant la loi 63.

61
Art. 84, points 2, 4 et 5 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018.
62
Art. 84, point 10 de la même Décision.
63
Art. 12, 13, 37 et 101 de la Constitution du 18 février 2006, telle révisée à ce jour.
52

Il a été, par ailleurs, constaté qu’en application de cette réglementation, aucun


candidat indépendant n’a pu obtenir le seuil exigé, pour être éligible à l’Assemblée
nationale et aux assemblées provinciales.
Plusieurs situations de discrimination ont été également observées lors de la
proclamation des résultats des élections législatives nationales et provinciales en ce
que, massivement crédités, au niveau de leurs circonscriptions respectives, plusieurs
candidats n’ont pu être proclamés ; leurs listes n’auraient réalisé le seuil de
représentativité exigé.

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C’est bien cette inconstitutionnalité qui a notamment justifié l’opinion dissidente
de quatre juges constitutionnels, exprimée, le 1er avril 2018, au moment du délibéré64
de l’arrêt R. Const 624/630/631, du 30 mars 2018, qui a adjugé conformes à la
Constitution, certaines dispositions de la loi querellée 65.
La deuxième découle d’une décision irréaliste, en ce qu’elle ne tient pas compte de
l’immensité du territoire national et des difficultés logistiques auxquelles est, souvent,
confrontée la Commission électorale, dans la collecte et la centralisation des résultats
électoraux.
Pour un pays de 2 345 000 km2, l’assemblage des résultats électoraux est périlleuse,
voire fastidieuse, pour qu’en l’absence des moyens logistiques conséquents, il soit
illusoire de penser que la centrale électorale soit capable de réunir, en un temps
record, l’ensemble de résultats provenant de toutes les provinces pour déterminer, en
temps souhaité, le seuil de représentativité, de chaque niveau d’élection.
La pratique a démontré la détermination sélective et arbitraire, par la Commission
électorale nationale indépendante, eu égard à la nature et la position géographique des
circonscriptions électorales considérées, à l’exception de celles des provinces de
Maindombe et du Nord-Kivu. Plutôt que de contenir les suspicions de fraude, la
réglementation les a, au contraire, amplifiées, pour être une source de tensions
politiques qui auraient pu être évitées.
La troisième tient au fait que la réglementation critiquée 66 est de nature à couvrir, à
la faveur des bulletins de vote non utilisés, les actes de bourrage d’urnes, au point de
donner la voie à des contestations des résultats, qui ne refléteraient pas la volonté des
électeurs. Les missions d’observation électorale ont relevé, à cet égard, la non

64
Il s’agit des juges BANYAKU LUAPE EPOTU Eugene, ESAMBO KANGASHE Jean-Louis,
VUNDUAWE te PEMAKO Félix et WASENDA N’SONGO Corneille.
65
C’est, notamment, les articles 118, al. 1, points 2, 3 et 4 ; 121, al. 3, point 3 ; 132, al. 3, point 4 ;
144 ; 149, al. 3, point 4 ; 177, al. 3, point 4 ; 186, al. 3, point 4 ; 193 ; 195, al. 3, point 4 ; 202, al. 3, point 3 ;
209 ; 211, al. 3, point 3 et 218, al. 3, point 3.
66
Prise en période suspecte, le 19 février 2018, pendant que la loi dont elle assure l’application a fait
l’objet, les 8, 9 et 15 janvier 2018, de trois recours en inconstitutionnalité devant la Cour constitutionnelle
dont la décision n’est intervenue que le 30 mars 2018.
53

publication, par la centrale électorale, des résultats détaillés, perturbant, en même


temps, le travail en cours des différents centres locaux de compilation.
La décision querellée est, en quatrième lieu, discriminatoire, anti-démocratique et
source de crises politiques, dont l’administration électorale pourrait être complice, à
défaut d’en être à l’origine. Convaincu d’avoir réuni le nombre de voix correspondant
au quotient électoral, une liste ou un candidat exclu de l’attribution de sièges peut crier
à l’injustice, lorsque les suffrages obtenus sont inférieurs au seuil de représentativité.
Pour toutes ces raisons, la loi électorale mérite d’être modifiée, en l’espèce, dans sa

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disposition réglementant le seuil de représentativité, en vue de la conformer aux
réalités des circonscriptions électorales. Il est, à cet égard, suggéré l’uniformatisation à
5 % le seuil de représentativité, pour tous les compétiteurs au niveau de chaque
circonscription électorale.

3.2. La fixation du quoti ent él ectoral


La fixation du quotient électoral obéit à la nécessité d’aménager un minimum de
voix qu’un candidat indépendant ou une liste est obligée d’avoir, pour espérer
bénéficier d’un siège au parlement. Il est différent du seuil d’éligibilité, considéré
comme un pourcentage minimum des suffrages exprimés (5 % dans plusieurs pays)
que l’on exige d’une liste, pour prétendre siéger dans une assemblée délibérante.
Habituellement déterminé par la loi électorale, le quotient électoral (QE) s’obtient
par la division, du nombre total de suffrages exprimés sur celui de sièges à pouvoir. Le
quotient électoral est, soit fixe ou uniforme, soit national, soit minimum ou encore
local. Il se distingue du chiffre électoral, parce qu’il permet de déterminer le nombre
de suffrages recueillis par une liste de candidats ou le candidat individuel, ainsi que
celui de sièges correspondants.
Le quotient fixe ou uniforme est constitué du nombre de voix déterminées à
l’avance, pour l’ensemble du territoire national, et nécessaires pour qu’une liste
dispose d’un député ; celui dit national résulte de la division de la totalité des suffrages
exprimés, dans un pays sur l’ensemble des représentants à élire. Quant au quotient
minimum, il est composé du nombre minimum de suffrages exigés à une liste, pour
prétendre avoir un siège. Le quotient local est constitué, dans chaque circonscription,
par la division de l’ensemble des suffrages valablement réalisés par les candidats
indépendants et les listes en compétition sur le nombre de sièges à pourvoir. Il
constitue le chiffre répartiteur des sièges dans ladite circonscription.
Une fois arrêté, le quotient électoral permet de déterminer le (s) siège (s) revenant
à chaque liste ; le fait pour une liste d’avoir le nombre de voix correspondant au
quotient électoral lui donne droit à un siège et, donc, à un député ; le double lui
procure deux sièges et ainsi de suite.
54

Au cas où la liste ne parvient pas à mobiliser le nombre de voix correspondant au


quotient électoral, elle ne pourra, naturellement, prétendre à aucun siège, ses voix
étant conservées aux fins d’être comptabilisées dans l’application de la règle du plus
fort reste ou de la plus forte moyenne.

3.3. L’attribution des sièges


L’attribution des sièges s’accomplit, tant au niveau national qu’au sein de chaque
liste. Au niveau national, la réalisation du nombre de suffrages correspondant au
quotient électoral permet d’attribuer ou non la totalité des sièges aux listes en

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compétition. Si, à l’issue de la première répartition, tous les sièges sont attribués, il n’ya
pas lieu d’appliquer la règle du plus fort reste ou de la plus forte moyenne. On n’y
recourt que dans la mesure où cette répartition n’a pas couvert l’ensemble de sièges à
pourvoir.
L’attribution des sièges, selon la règle du plus fort reste, se fait à deux étapes. Dans
un premier temps, on calcule le quotient électoral en divisant le nombre de suffrages
exprimés par celui de sièges à pourvoir.
Au cas où cette première répartition ne conduit pas à l’attribution de tous les sièges
en compétition, on recourt, ensuite, à la règle du plus fort reste d’après laquelle, les
sièges restants à pouvoir sont, successivement, attribués aux listes qui ont conservé les
meilleurs suffrages exprimés en termes de restes des voix.
Pour illustrer ce cas, on prend l’exemple d’une circonscription électorale, qui
compte six sièges convoités par huit listes. Les suffrages exprimés à l’issue des élections
générales s’élèvent à 120 000 voix réparties comme suit :
La liste A : 12 000 voix ;
La liste B : 20 000 voix ;
La liste C : 35 000 voix ;
La liste D : 8 000 voix ;
La liste E : 10 000 voix.
La liste F : 15 000 voix ;
La liste G : 13 500 voix ;
La liste H : 6 500 voix.
La recherche du quotient électoral s’obtient par la division de 120 000 voix par le
nombre de six sièges (6 au total) en compétition, ce qui donne le chiffre de
20 000 voix qui correspondent, par ailleurs, à un siège. Les voix obtenues par chaque
liste ou candidat sont, ensuite, divisées au quotient électoral pour l’attribution des
sièges.
55

À l’issue de cette opération, les résultats se présentent comme suit :


- Liste A : 12.000 = 0 siège, reste12.000 voix ;
20 000
- Liste B : 20.000 = 1siège, reste 0 voix ;
20 000
- Liste C : 34.000 = 1 siège, reste 14 000 voix ;
20 000

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- Liste D : 9.000 = 0 siège, reste 9 000 voix ;
20 000
- Liste E : 10.000 = 0 siège, reste 10 000 voix ;
20 000
- Liste F : 15.000 = 0 siège, reste 15 000 voix ;
20 000
- Liste G : 13.500 = 0 siège, reste 13 500 voix ;
20 000
- Liste H : 6.500 = 0 siège, reste 6 500 voix.
20 000
Cette répartition conduit à l’attribution de deux sur six sièges, respectivement, aux
listes B et C. En application de la règle du plus fort reste, les quatre autres sièges
reviennent, successivement, aux listes F, C, G et A qui ont, respectivement, réalisé les
meilleurs restes des suffrages, soit 15 000 voix, 14 000 voix, 13 500 voix et 12 000 voix.
Les résultats définitifs se présentent comme suit :
- Liste A : 1 siège ;
- Liste B : 1 siège ;
- Liste C : 2 sièges,
- Liste D : 0 siège ;
- Liste E : 0 siège ;
- Liste F : 1 siège ;
- Liste G : 1 siège ;
- Liste H : 0 siège.
Sur pied de la règle de la plus forte moyenne, l’attribution des sièges suit
pratiquement la même procédure que celle d’usage, au moment de la première
56

réparation au plus fort reste. Le reste de sièges est, ensuite, attribué de la manière
suivante : on s’accorde à ajouter à chaque liste un siège fictif, en plus des sièges
réellement obtenus à l’issue de la première répartition.
Le nombre de voix de chaque liste sera, enfin, divisé par celui de sièges (réels et
fictifs) qu’elle a obtenus et la liste qui a réussi à disposer de la meilleure moyenne se
verra attribuer le siège restant. L’opération se poursuivra jusqu’à l’attribution du
dernier siège à pourvoir.
Reprenons le même exemple, pour répartir à deux niveaux, les sièges en

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
compétition. La première répartition donne les résultats suivants :
- Liste A : 0 siège ;
- Liste B : 1 siège ;
- Liste C : 1siège,
- Liste D : 0 siège ;
- Liste E : 0 siège ;
- Liste F : 0 siège ;
-Liste G : 0 siège ;
- Liste H : 0 siège.
La totalité de sièges (six) n’ayant pas été attribuée à la première répartition, on recourt,
donc, à la technique de la plus forte moyenne, pour aboutir aux résultats qui suivent :
- Liste A : 12 000 = 12 000 = 12 000 voix ;
0 sr+1sf 1
- Liste B : 20 000 = 20 000 = 10 000 voix ;
1sr+1sf 2
- Liste C : 35 000 = 35 000 = 17 500 voix ;
1sr+1sf 2
- Liste D : 8 000 = 8 000 = 8 000 voix ;
0sr+1sf 1
- Liste E : 10 000 = 10 000 =10 000 voix ;
0sr+1sf 1
- Liste F : 15 000 = 15 000 = 15 000 voix ;
0sr+1sf 1
57

- Liste G : 13 500 = 13 500 = 13 500 voix ;


0sr+1sf 1
- Liste H : 6 500 = 6 500 = 6 500 voix.
0sr+1sf 1
Cette technique fait apparaître que les listes C (17 500 voix), F (15 000voix), G
(13 500 voix) et A (12 000 voix) ont réalisé, chacune, la meilleure moyenne qui lui permet
d’obtenir un siège supplémentaire. Les résultats définitifs sont, donc, les suivants :

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-Liste A : 1 siège ;
-Liste B : 1 siège ;
- Liste C : 2 sièges,
- Liste D : 0 siège ;
- Liste E : 0 siège ;
- Liste F : 1 siège ;
- Liste G : 1 siège ;
- Liste H : 0 siège.
Peu importe la technique utilisée (plus fort reste ou plus forte moyenne),
l’attribution des sièges, à l’intérieur de chaque liste, se réalise proportionnellement aux
suffrages réellement obtenus par chaque candidat.
Ainsi, la liste C qui a obtenu deux sièges avec 35 000 voix, dans cette
circonscription, doit s’assurer de leur répartition entre six candidats qui ont,
respectivement, recueilli 7 000, 10 000, 2 000, 9 000, 6 000 et 1 000 voix. Les deux
sièges iront chez les candidats qui ont obtenu le meilleur score, soit 10 000 et
9 000 voix.
La représentation proportionnelle à la plus forte moyenne ressemble, dans ses
résultats, au système d’Hondt. Du nom de son inventeur, un juriste mathématicien
belge, la technique permet de déterminer, par une seule opération, le nombre total de
sièges à attribuer à chaque liste.
Adoptée depuis 1899, la méthode est d’application, à partir de 1919, à l’échelon
des cantons, à l’intérieur des arrondissements, mais associée au système
d’apparentement, elle conduit à une sous-représentation des petits partis, dans les
assemblées parlementaires.
Pour déterminer le nombre de sièges revenant à chaque liste, il suffit de ranger,
d’une part, de manière décroissante, le nombre de suffrages valablement obtenus par
chaque liste et de le diviser, d’autre part, successivement par le chiffre 1, 2, 3, 4, 5, 6,
58

7… jusqu’à concurrence du chiffre correspondant au nombre de sièges à pourvoir. Le


dernier quotient s’appelle chiffre répartiteur et sert de diviseur commun.
Le nombre de suffrages obtenus par chaque liste sera, ensuite, divisé par ce
quotient pour déterminer le nombre de sièges qui lui revient.
Cette technique se présente comme suit :
C B F G A E D H
1 35 000 20 000 15 000 13 500 12 000 10 000 8 000 6 500

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
2 17 500 10 000 7 500 6 750 6 000 5 000 4 000 3 250
3 11 666 6 666 5 000 4 500 4 000 3 333 2 666 2 166
4 8 750 5 000 3 750 3 375 3 000 2 500 2 000 1 625
5 7 000 4 000 3 000 2 700 2 400 2 000 1 600 1 300
6 5 833 3 333 2 500 2 250 2 000 1 666 1 500 1 080
De ce tableau, il ressort que c’est le chiffre 12 000 qui correspond au diviseur
commun. Suit, ensuite, la répartition de sièges par liste.
Liste A : 12 000 = 1 siège
12 000
Liste B : 20 000 = 1 siège
12 000
Liste C : 35 000 = 2 sièges
12 000
Liste D : 8 000 = 0 siège
12 000
Liste E : 10 000 = 0 siège
12 000
Liste F : 15 000 = 1 siège
12 000
Liste G : 13 500 = 1 siège
12 000
59

Liste H : 6 500 = 0 siège


12 000
La méthode est plus pratique et permet d’obtenir directement les résultats qui
sont, par ailleurs, les mêmes que ceux réalisés en recourant à la représentation
proportionnelle, avec application de la règle de la plus forte moyenne.
En termes des conséquences politiques, la représentation proportionnelle incite à
la formation des partis politiques qui se démarquent les uns des autres. Une

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représentation proportionnelle intégrale aboutit, naturellement, à l’émiettement des
tendances et à l’éparpillement des opinions.
Même corrigée par la règle de la plus forte moyenne, la représentation
proportionnelle assure difficilement le regroupement des partis politiques au profit de
l’instabilité qu’elle favorise, par ailleurs.
La disposition encourage, en plus de l’autonomie, l’indépendance de chaque parti
politique qui ne favorise que très rarement la cohésion gouvernementale. La
constitution des gouvernements de coalition qu’elle engendre a, cependant, son
revers : les crises provoquées par le manque de solidarité et d’homogénéité sont
difficiles à régler, et l’action du gouvernement se trouve, à défaut d’être bloquée, tout
au moins menacée.

4. Les mérites de la représentation proportionnelle

Le système de la représentation proportionnelle favorise l’expression de la


souveraineté populaire. Il procure, tant dans la représentation de l’opinion que dans
l’exercice de la démocratie, un certain nombre d’avantages, notamment le fait que ce
système :
• assure une réelle concordance entre les votes et les sièges obtenus, évitant les
aspects déstabilisants et injustes, souvent associés aux résultats offerts par les
systèmes électoraux à majorité simple. Les sièges ainsi obtenus par les grands
partis sont, au minimum, réduits, pour que les petites formations politiques
soient capables de faire entendre leurs voix, au sein des assemblées
parlementaires ;
• encourage la formulation des partis ou regroupements politiques aux idées
semblables, ce qui n’empêche pas de préciser leurs différences sur le plan des
politiques, des idéologies et du leadership que chaque candidat peut prétendre
assumer au sein de la société, particulièrement, lorsqu’il n’existe, comme ce fut
le cas du Timo-Leste, aucun système des partis efficacement établi ;
60

• évite le gaspillage des votes. Ainsi, si les seuils des voix paraissent plus bas,
toutes les voix exprimées aux élections ont tendance à servir le vote d’un
candidat ;
• facilite l’accès aux assemblées parlementaires des petits partis qui, en
application du système majoritaire, n’auraient aucune chance d’être représentés
au parlement. Les élections législatives congolaises, du 28 novembre 2011, ont
permis d’inventorier, en application de ce mode de scrutin, quarante-sept petits
partis représentés avec un siège à l’Assemblée nationale ;

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encourage des partis et regroupements politiques à organiser leurs campagnes
électorales, même au-delà de leurs circonscriptions traditionnelles, celles dans
lesquelles ils sont présumés être en bonne position ou au sein desquelles on
peut s’attendre à des résultats serrés, incitant à l’optimisation, peu importe leur
origine, des votes ;
• limite la croissance et la propension, à l’institution des fiefs électoraux à
caractère tribal ou régional en récompense les petits partis avec une minorité de
sièges au sein des assemblées parlementaires ;
• contribue à la constitution de la stabilité politique avec, en toile de fond, la
longévité gouvernementale et la participation électorale, facteurs
indispensables à la performance économique ;
• assure plus clairement le partage de responsabilité entre les partis et groupes
d’intérêts au pouvoir. Dans plusieurs nouvelles démocraties, le partage du
pouvoir entre la majorité politique au pouvoir et la minorité économiquement
forte est devenu une réalité incontournable.

5. Les limites de la représentation proportionnelle

En dépit de ses mérites, le système de la représentation proportionnelle comporte


des limites. On lui reproche, particulièrement, le fait que :
• la coalition gouvernementale à laquelle il conduit souvent s’accommode,
difficilement, à la mise en œuvre d’une politique cohérente, au moment où les
besoins de la population se font de plus en plus pressants ; ses décisions
pouvant être entravées par des divergences, au sein du gouvernement d’union
nationale ou de coalition hétérogène (République démocratique du Congo) ;
• la fragmentation du régime des partis qu’il accentue (en Israël ou en Italie) peut
se révéler contreproductive et déstabilisatrice à la cohésion gouvernementale,
les petits partis développant exagérément des attitudes de nature à prendre en
otage des formations politiques de grande envergure ;
• le système de la représentation proportionnelle est une aubaine, pour les partis
extrémistes, qui tentent de s’accaparer du système politique, comme en
Allemagne de Weimar ;
61

• souvent opportunistes, les coalitions gouvernementales issues de la pratique du


système de représentation proportionnelle conduisent à des oppositions
internes, conséquence des bases électorales hétéroclites ;
• les performances électorales frisent une débâcle des gouvernements de
coalition, dans la représentation proportionnelle, bien que confortant la
position de certains partis de taille moyenne, comme aux Pays-Bas ;
• dans les pays où la circonscription électorale est considérablement vaste, tel le
territoire national (Israël ou Namibie), la représentation proportionnelle ne

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permet pas une correcte et bonne identification des élus par les électeurs, leurs
relations comportant une forte dose de lâcheté ;
• associée à la formule des listes bloquées, la représentation proportionnelle
renforce l’emprise du système politique par une irréductible élite des partis, la
position d’un candidat sur la liste de partis et, par conséquent, sa chance d’être
élu dépend des bonnes grâces de la direction du parti, pour qui la relation avec
l’électorat est d’importance secondaire ;
• l’adoption d’un système de représentation proportionnelle présume l’existence
de partis suffisamment structurés et reconnus, les électeurs devant voter pour
eux et non pour les individus ou groupes d’individus. Il est difficile à l’appliquer,
dans les pays où l’organisation et le fonctionnement des partis sont confrontés
aux aléas d’instabilité et de volatilité ;
• avec ses multiples variantes, la représentation proportionnelle est difficile à
saisir par l’administration électorale et les électeurs qui sont, par ailleurs, moins
au fait de sa complexité.

C. Les systèmes mixtes

Les systèmes mixtes s’efforcent de combiner, autant que faire se peut, les règles du
scrutin majoritaire et celles de la représentation proportionnelle ; l’objectif poursuivi
étant d’assurer une représentation optimale des diverses tendances politiques, au sein
des assemblées parlementaires, et de maintenir, au maximum, le lien entre les
électeurs et leurs élus. Ce mélange dosé varie, en effet, d’un pays à un autre et d’un
système à un autre.
Longtemps présentés, comme institutionnellement anormaux, et critiqués, à cause
certainement de leur complexité, les systèmes mixtes tendent, aujourd’hui, à être de
plus en plus adoptés, en particulier, dans les pays qui ont subi des profondes
transformations politiques et qui les ont trouvés comme une panacée.
On les retrouve sous diverses formes, telles que les apparentements, le système de
double bulletin ou la combinaison, dans une même législation, des systèmes
majoritaire et proportionnel, selon que la circonscription électorale compte un ou
plusieurs sièges en compétition.
62

La technique des apparentements consiste à regrouper, avant le scrutin, deux ou


plusieurs listes autour d’un programme électoral et du choix des candidats ou
regroupement qui permet, en cas de victoire électorale, de constituer un
gouvernement, certes, de coalition mais, relativement solidaire.
Si les listes apparentées obtiennent la majorité absolue des suffrages exprimés, elles
recueillent tous les sièges en compétition et se les répartissent, par la suite, à la
représentation proportionnelle au plus fort reste ou à la plus forte moyenne, selon le
cas.

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Appliqué en Belgique et en France (de 1951 à 1958), en Italie, en Suisse ou encore
en Uruguay, ce système a été vite abandonné, à cause des inégalités et des frustrations
provoquées entre les listes en compétition, notamment en défaveur des partis
minoritaires.
La technique de double vote combine le scrutin majoritaire simple et la
représentation proportionnelle, en même temps qu’elle permet à chaque électeur de
disposer de deux bulletins, dont l’un utilisé pour la désignation, au scrutin majoritaire
uninominal, d’un député pour sa circonscription et, l’autre, à la représentation
proportionnelle.
Le système aboutit à la désignation de deux catégories de députés, les uns, dans le
cadre de chaque circonscription et les autres, sur les listes nationales, présentées par
chaque parti. En Russie et en Ukraine où il est appliqué, la moitié des députés est élu
au scrutin majoritaire et l’autre, à la représentation proportionnelle. La France l’a
expérimenté à deux reprises entre 1919 à 1924 et de 1951 à 1956.
La loi italienne n° 27 du 21 décembre 2005 a institué un système proportionnel
avec une prime à la majorité, les sièges étant répartis entre les coalitions ayant obtenu
plus de dix pourcent des suffrages. La coalition ou la liste arrivée en tête obtient ainsi
un minimum de cinquante-cinq pourcent des sièges, soit trois cent quarante députés
sur six cent dix-sept, plus des sièges supplémentaires, en fonction de l’avance qu’elle a
sur l’autre parti ou coalition.
D’application difficile, ce système est encore d’usage en Albanie, en Allemagne, en
Bulgarie, en Corée du Sud, en Croatie, en Hongrie, au Japon, en Lituanie, au
Monténégro, en Serbie et Taïwan.
L’aménagement, dans un même texte, du vote majoritaire et proportionnel est
possible. La loi électorale précise que, dans la circonscription ne comptant qu’un seul
siège à pourvoir, le vote a lieu au scrutin majoritaire simple, l’électeur ne se
prononçant que pour un seul candidat.
Si celui-ci obtient le plus grand nombre de voix, il est proclamé élu, mais dans une
circonscription comptant au moins deux sièges à pourvoir, le vote a lieu au scrutin
63

proportionnel de listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec application de la


règle du plus fort reste.
Comme on le voit, les systèmes mixtes ne constituent pas en soi une catégorie
homogène, mais se présentent, au contraire, dans une grande diversité. Le mélange du
scrutin majoritaire à la représentation proportionnelle peut se réaliser sous la forme
d’une mixité opérationnelle ou simplement géographique.
La mixité du mode de scrutin, et c’est le cas souvent, peut encore résulter de
l’application, dans un même pays, d’un système comportant des aspects majoritaires et

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proportionnels.

§ 3. Le découpage des circonscriptions électorales

Le découpage est l’acte par lequel le législateur divise le territoire national en une
ou plusieurs circonscriptions électorales. Relevant, en principe, du domaine de la loi, il
peut résulter des circonstances de fait que la loi ne prévoit pas nécessairement.

A. L’intervention du législateur

La fixation d’une circonscription électorale est une étape indispensable à


l’établissement d’une cartographie électorale, mais également, à l’attribution de sièges
au sein des assemblées parlementaires et délibérantes.
Sur cette question, on signale que l’ensemble de législation électorale s’appuie sur
l’organisation administrative de chaque pays, pour déterminer l’étendue des
circonscriptions électorales, celles-ci variant entre les différentes catégories
d’élections.
En droit comparé, l’établissement des circonscriptions électorales relève, soit du
constituant (Suisse), soit du législateur (Belgique, France, Roumanie), soit encore
d’une administration électorale (Allemagne, Royaume-Uni ou encore le Canada). Elle
est habituellement fondée sur les nécessités de favoriser l’égalité du suffrage et la
représentativité démographique.
En République démocratique du Congo, la circonscription, pour l’élection du
président de la République, est le territoire national, le territoire ou la ville (dans
chaque province), pour les députés nationaux, la ville de Kinshasa étant constituée de
quatre circonscriptions électorales.
La circonscription électorale des sénateurs est la province ou la ville de Kinshasa,
celle des députés provinciaux, la ville ou le territoire dans les provinces, et la commune
dans la ville de Kinshasa.
64

La commune est, également, identifiée comme circonscription électorale des


conseillers urbains et municipaux, tandis que les conseillers de secteur ou de chefferie
ont comme circonscription électorale le secteur ou la chefferie, selon le cas.
Si le critère démographique est déterminant, dans la fixation des circonscriptions
électorales, il peut, a contrario, être à la base des inégalités des suffrages entre
candidats, hypothèse que certains pays comme les États-Unis d’Amérique ont
caressée, dans la fixation de la cartographie des circonscriptions électorales.

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B. La pratique électorale.

La fixation de la cartographie électorale peut influer sur les résultats électoraux et,
par voie de conséquence, sur la représentation des électeurs au sein des assemblées
délibérantes. C’est dans ce sens que certains gouvernements se sont efforcés, au cours
de l’histoire, d’élaborer des stratégies débouchant sur les inégalités de représentation,
avec en appui, des techniques savamment préparées, dans la délimitation ou le
découpage des circonscriptions électorales.
Dans cette perceptive, et dans le but de favoriser certains candidats à une élection,
le législateur peut être amené à modifier les limites des circonscriptions électorales
existantes. La démarche est de nature à provoquer un glissement de voix au bénéfice
de quelques candidats, en vue de la constitution future d’une majorité parlementaire,
capable de soutenir l’action gouvernementale.
Initié aux États-Unis d’Amérique, en 1812, par Gerry, ancien gouverneur de
Massachusetts, ce système, connu sous le nom de gerrymander ou gerrymandery, a
abouti à la création artificielle des circonscriptions électorales ; le favoritisme qu’il a
encouragé ayant conduit la Cour suprême des États-Unis d’Amérique d’en limiter,
depuis 1962, la fréquence.
Pour éviter les abus auxquels ce système pourrait conduire, plusieurs pays ont
décidé de faire correspondre les circonscriptions électorales à certaines subdivisions
administratives, préalablement déterminées, dans le cadre de la gestion de
l’administration du territoire.
65

Chapitre II

LES ACTEURS DES ÉLECTIONS

Aux consultations électorales, participent habituellement les acteurs principaux à

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côté des aiguilleurs des élections.

Section 1. Les acteurs principaux


Dans le processus de vote, nombreux sont des structures ou acteurs qui jouent un
rôle de premier plan, si pas déterminant. De leur action, en effet, on peut être amené à
juger de la crédibilité ou pas d’un scrutin. Il s’agit non seulement des acteurs qui
conduisent le processus électoral, mais aussi de ceux qui donnent à celui-ci tout son
sens, tels que les compétiteurs et les électeurs.

§ 1. La Commission électorale nationale indépendante

Dans la pratique des élections, on a coutume à soutenir qu’elles soient organisées,


soit par le gouvernement, soit par un organe indépendant, soit encore par une
structure mixte, associant le gouvernement et une institution administrative
indépendante.
Pour la République démocratique du Congo, l’option prise est de confier
l’organisation et la gestion du processus électoral à une institution autonome et
indépendante 67. Le rôle stratégique de la Commission électorale nationale
indépendante, dans l’organisation des élections explique qu’elle soit l’objet, par
moments, des projecteurs et de tout projet de réforme en rapport, notamment, avec sa
composition et son fonctionnement, sans doute pour améliorer les scrutins à venir.
En attendant, on note que l’institution est actuellement dotée d’organes politiques
à côté des structures techniques et opérationnelles.

A. Les organes politiques

Deux organes politiques constituent la Commission électorale nationale


indépendante, à savoir l’Assemblée plénière et le Bureau.

67
Art. 211 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
66

1. L’Assemblée plénière

Composée de treize membres, désignés par les forces politiques, au sein de


l’Assemblée nationale 68, l’Assemblée plénière est l’organe de conception,
d’orientation, de décision, d’évaluation et de contrôle de la Commission électorale
nationale indépendante.
Elle comprend tous les membres 69 et ne siège valablement qu’à la majorité absolue
de ses membres. Si, à la première séance, ce quorum n’est pas atteint, à la séance

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subséquente portant sur la même matière, elle peut valablement siéger, quel que soit le
quorum70. Ses décisions sont prises par consensus et, à défaut, par vote à la majorité
absolue des membres. En cas d’égalité des voix, celle du président est prépondérante.
Organe d’évaluation technique des activités opérationnelles de la Commission
électorale nationale indépendante, l’Assemblée plénière est, en principe, dépourvue de
couleur politique, ses membres censés être choisis parmi les personnalités
indépendantes reconnues, pour leur compétence, intégrité morale, probité et
honnêteté intellectuelle 71. Ils se doivent, en conséquence, une confiance mutuelle,
pour la réalisation des objectifs communs et qui demeurent, au stade actuel, un vœu
pieux, sinon un chapelet de bonnes intentions.
Dans la pratique en effet, la composition de cet organe de la Commission
électorale nationale indépendante est loin de refléter la neutralité et l’indépendance
des membres souvent soumis aux caprices des institutions, forces politiques et sociales
mandantes.
Aussi, pour plus de détachement, est-il suggéré une Commission électorale
dépolitisée, essentiellement composée des personnalités reconnues, pour leur
neutralité, indépendance, intégrité morale, probité et expertise technique dans le
domaine électoral, mais recrutées, par un organisme national qualifié, selon la
procédure d’appel d’offres ouvert et sur concours.

68
À raison de six délégués, dont une femme par la Majorité et quatre, dont une femme par
l’Opposition politique, la Société civile y est représentée par trois délégués.
69
Art. 23 ter de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi organique
n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale
nationale indépendante.
70
Art. 23 quater de la même Loi organique.
71
Art. 10, al. 1er, 2 et 11, al. 1er de la même Loi organique.
67

2. Le Bureau

Organe de gestion et de coordination de la Commission électorale nationale


indépendante, le Bureau est composé de six membres, dont au moins deux femmes,
l’une issue de la majorité et l’autre de l’opposition politique 72.
Il assure l’exécution des décisions de l’Assemblée plénière et veille au respect, par
les autorités politico-administratives, les partis et regroupements politiques, les
candidats indépendants, les observateurs nationaux et internationaux, les électeurs

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ainsi que les témoins, de la loi électorale et de celle référendaire 73.

B. Les structures techniques et opérationnelles

En vue de la gestion technique et opérationnelle de ses activités, la Commission


électorale nationale indépendante s’est dotée du Secrétariat exécutif national, des
Secrétariats exécutifs provinciaux, des Antennes, des Bureaux de réception et de
traitement des candidatures, des Centres locaux de compilation des résultats, des
Centres de vote, des Bureaux de vote et de dépouillement, ainsi que des Centres
d’inscription.

1. Le Secrétariat exécutif national

Situé au siège de la Commission électorale nationale indépendante, le Secrétariat


exécutif national est chargé de la mise en œuvre des décisions et recommandations de
la centrale électorale, dont il sert d’organe d’appui technique et administratif. C’est à
lui qu’il revient, en effet, de préparer, pour le compte du Bureau de qui il dépend, les
plans, activités opérationnelles et décisions à soumettre à l’appréciation de
l’Assemblée plénière 74.
Relèvent, également, des attributions du Secrétariat exécutif national, la mise en
œuvre des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, la coordination
des activités sur terrain et la centralisation de l’ensemble des résultats dont il fait
rapport au Bureau 75.
Le Secrétariat exécutif national coordonne, enfin, les activités des Secrétariats
exécutifs provinciaux, des Antennes et des Bureaux de réception et de traitement des
candidatures. Ses membres devront, à l’avenir, être recrutés parmi les personnalités

72
Art. 24 bis de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013.
73
Art. 24 de la même Loi organique.
74
Art. 36 de la même Loi organique.
75
Art. 15 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des électeurs
en République démocratique du Congo, telle que modifiée à ce jour.
68

ayant expertise dans la gestion des élections suivant la procédure d’appel d’offres
ouvert et sur concours. Il en sera de même pour les secrétaires exécutifs provinciaux.

2. Les Secrétariats exécutifs provinciaux

Au Chef-lieu de chaque province est institué un secrétariat exécutif provincial


chargé de la gestion des activités de la Commission électorale nationale indépendante.
Le Secrétariat exécutif provincial supervise et suit, pour le compte du Secrétariat

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exécutif national, les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, au
niveau tant provincial que local 76.
Il coordonne les activités réalisées par les services administratifs et techniques
créés par décision du président de la Commission électorale nationale indépendante,
délibérée en Assemblée plénière 77.

3. Les Antennes

Dans la ville de Kinshasa, chaque ville et au Chef-lieu de chaque territoire, la


Commission électorale nationale indépendante dispose d’une structure de gestion des
opérations préélectorales, électorales et postélectorales 78.
Chargée de la gestion des activités ainsi précisées, l’Antenne est composée, au
niveau local, des services techniques et administratifs créés par décision du président
de la Commission électorale nationale indépendante, délibérée en Assemblée
plénière 79.
Dans sa juridiction, l’Antenne gère l’ensemble des opérations d’identification et
d’enrôlement des électeurs, supervise et suit les activités des Centres d’inscription de
son ressort, en vue d’un rapport au Secrétariat exécutif provincial 80.

4. Le Bureau de réception et de traitement des candidatures

Structure opérationnelle de la Commission électorale nationale indépendante, le


Bureau de réception et de traitement des candidatures reçoit, enregistre et traite les
candidatures à chaque niveau d’élection. À ce titre :
- Il reçoit les dossiers de candidatures et en vérifie la conformité à la loi ;

76
Art. 19 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
77
Art. 37, al. 1er et 2 de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013.
78
Art. 7 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant mesures d’application
de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
79
Art. 38 de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013.
80
Art. 20 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
69

- Il identifie et enrôle les candidats non enrôlés ;


- Il enregistre les candidatures jugées conformes ;
- Il reçoit et traite les réclamations en rapport avec les candidatures reçues ;
- Il transmet, par le biais du Secrétariat exécutif provincial, les dossiers physiques
des candidatures au Secrétariat exécutif national, selon le cas.
Le Bureau de réception et de traitement des candidatures est situé, soit au niveau
du Secrétariat exécutif national, soit des Secrétariats exécutifs provinciaux, soit encore
des Antennes 81. Il exerce ses attributions sous la supervision du Secrétariat exécutif

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national 82.

5. Le Centre local de compilation des résultats

Structure technique de centralisation, de compilation et de transmission à la


Commission électorale nationale indépendante des résultats de la circonscription
électorale, le Centre local de compilation des résultats fonctionne, sous la supervision
directe du Secrétaire exécutif provincial ou du chef d’Antenne, selon le cas.
Le Centre local de compilation des résultats est situé dans chaque circonscription
électorale, mais pour des raisons opérationnelles, plusieurs centres peuvent être
regroupés dans un seul site 83.
En son sein, fonctionnent six postes opérationnels, s’occupant de la centralisation,
du collationnement, du dépouillement, de la compilation, de l’apurement et de
l’archivage des résultats électoraux des Centres de vote et de dépouillement.
Le poste de centralisation est composé de cinq agents chargés, respectivement, de
la réception, du tri, de l’enregistrement, de la saisie et de la transmission au poste de
collationnement des résultats des Centres de vote et de dépouillement.
Au niveau du poste de collationnement, y est pourvu un personnel chargé de la
réception, de la numérotation, du classement et de la transmission des résultats au
poste de dépouillement composé, en plus d’un secrétariat, de deux équipes, dont l’une
s’occupe de la délibération et l’autre du règlement de cas considérés difficiles.
Poste au sein duquel s’appliquent les formules retenues dans le cadre du choix du
mode de scrutin (par exemple la représentation proportionnelle avec la règle du plus
fort reste), la compilation comprend, en plus d’une cellule de supervision, plusieurs
opérateurs de saisie.
Une fois compilés, les résultats électoraux sont apurés 84 et archivés, avant leur
transmission au Bureau de la Commission électorale nationale indépendante et à la

81
Art. 8 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018.
82
Art.9, al. 1er de la même Décision.
83
Art. 11 de la même Décision.
70

juridiction compétente. Les plis qui en constituent le soubassement sont


préalablement formés au niveau du Bureau de vote et de dépouillement par les agents
électoraux.
L’importance de la mission confiée au Centre local de compilation dans la
certification des résultats électoraux suffit, pour exclure son installation dans les lieux
de culte, les quartiers généraux des partis politiques, des syndicats et des organisations
non gouvernementales, les débits de boissons, les postes de police, les camps militaires
ainsi que les académies et écoles militaires.

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6. Le Centre de vote

Situé dans les établissements publics ou privés autorisés par la loi, chaque Centre
de vote coordonne le déroulement, dans les Bureaux de vote de son ressort, des
opérations de vote et de dépouillement, dont le nombre de membres ne peut dépasser
six 85.
C’est une structure de réception, de centralisation des résultats électoraux
provenant des Bureaux de vote et de dépouillement en vue de leur acheminement au
Centre local de compilation du ressort.

7. Le Bureau de vote et de dépouillement

Composé de cinq membres ayant la qualité d’électeurs, choisis sur la liste des
électeurs enrôlés dans ce bureau ou, à défaut, dans la circonscription électorale
concernée, le Bureau de vote et de dépouillement s’occupe des opérations de vote et
de dépouillement.
C’est au sein de cette structure opérationnelle de la Commission électorale
nationale indépendante que sont affichés, à l’issue du dépouillement, les premiers
résultats électoraux 86.
En vue de la transparence du scrutin, la loi oblige la Commission électorale
nationale indépendante à communiquer aux compétiteurs ou leurs mandataires le
nombre de Bureaux de vote et de dépouillement, ainsi que celui de bulletins de vote
mis à leur disposition 87.

84
Par une cellule de supervision et une équipe restreinte des vérificateurs.
85
Art. 13 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018.
86
Art. 16, al.1er et 2 de la même Décision.
87
Art. 49 bis de la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006, telle que modifiée et complétée à ce jour.
71

8. Le Centre d’inscription

Le Centre d’inscription est chargé de recevoir les candidats électeurs, en vue de


leur identification et enrôlement. Il leur délivre les cartes d’électeur 88.
Le législateur autorise l’installation des centres d’inscription dans les écoles
publiques ou privées, les lieux publics ou privés connus de la population,
réquisitionnés ou mis gratuitement à la disposition de la Commission électorale
nationale indépendante, pendant la durée des opérations.

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À l’étranger, les centres d’inscriptions sont installés dans les Ambassades ou
Consulats généraux de la République démocratique du Congo 89.

§ 2. Les compétiteurs

Dans un régime démocratique, ce sont les partis politiques qui participent à la


compétition politique. C’est d’eux, en effet, que sont recrutés les candidats, même si
certaines législations admettent la présence des candidatures indépendantes.
Le candidat est donc une personne autorisée à concourir à un mandat électif. Il
doit, pour se faire, remplir les conditions légales exigées. En règle générale, ne peut se
porter candidat à une élection que la personne qui réunit les conditions, pour s’inscrire
sur la liste électorale.
À cette exigence, peuvent s’ajouter d’autres, découlant des particularités que
convoite chaque type d’élection. Ainsi, le candidat à l’élection présidentielle ne sera
pas soumis aux mêmes exigences qu’un prétendant député national, sénateur, député
provincial, gouverneur de province, maire, conseiller urbain, bourgmestre, conseiller
municipal, chef de secteur ou de chefferie ou encore conseiller local.
Peuvent, également, variées en rapport avec une élection, les incompatibilités à
exercer cumulativement le mandat électif avec une autre charge publique, situation qui
apparaît souvent après le vote. Il convient de la distinguer de l’éligibilité.

A. L’éligibilité

Souvent prises pour des notions voisines, l’éligibilité et l’inéligibilité déterminent la


situation juridique d’un candidat avant l’élection. Une mise au point sur leur nature
permet de cerner avec pertinence les conditions d’éligibilité, les caractères
d’inéligibilité et les effets qui y sont attachés.

88
Art. 21, al. 1er de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
89
Art. 22 de la Loi n° 04/028 de la même Loi.
72

1. Les notions d’éligibilité et d’inéligibilité

En démocratie, tout citoyen a droit d’assumer les charges publiques de son pays, il
est éligible à un mandat électif ou une charge publique. L’éligibilité est la capacité
juridique à pouvoir se porter candidat à une élection ou à participer à une compétition
politique. Organisée par un texte juridique, elle détermine la situation d’une personne
remplissant les conditions nécessaires pour être élue.
De portée générale, l’inéligibilité est une disposition exceptionnelle qui prive une

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personne du droit d’être candidate. D’origine légale (exigence de certaines conditions
pour se présenter à une élection) ou judiciaire (certaines condamnations peuvent
empêcher l’éligibilité pendant une période déterminée), l’inéligibilité conduit à
l’incapacité juridique à briguer un mandat électif. Elle est, dans ce cas, personnelle
parce que couvrant la situation singulière de la personne concernée.
Le législateur détermine, avec soin, les personnes qui, au regard de leurs fonctions
ou activités, sont exclues de la compétition politique et donc inéligibles. Il s’agit
notamment, de celles assumant certaines charges publiques (magistrats,
fonctionnaires, policiers et militaires) ou privées, en vertu d’une décision de justice
définitive, de leurs droits civils et politiques.

2. Les conditions d’éligibilité

Les conditions d’éligibilité sont habituellement organisées par le droit positif de


chaque pays. Elles se déclinent en un ensemble de prescriptions légales, précédant le
dépôt d’une candidature ou celles à réunir avant l’exercice d’un mandat électif.
L’éligibilité garantit la liberté de l’électeur et la protection du mandat que l’on se
propose d’exercer. Les prescriptions qu’elle convoite sont d’ordre général et
spécifique.

2.1. Les conditions générales


Depuis longtemps, le droit de vote n’a été reconnu qu’aux seuls citoyens d’un pays.
Il suffit de prouver sa citoyenneté, pour être admis à participer au vote et,
conséquemment, à se porter candidat à une élection. Le candidat doit ainsi posséder la
nationalité du pays dans lequel la compétition politique a lieu, avoir la qualité
d’électeur et la majorité électorale, jouir de ses droits civils et politiques et, le cas
échéant, être exempté de toute cause d’inéligibilité prévue par le code électoral.

2.1.1. La nationalité
Tout candidat à une élection doit s’assurer qu’il possède la nationalité du pays qu’il
prétend servir. Jadis considérée comme une affaire des seuls nationaux, l’élection a fini
par établir un lien de citoyenneté entre un candidat et son pays. L’exigence de la
73

nationalité a emporté la conviction que, dans la gestion des affaires publiques, on n’est
mieux servi que par ses citoyens.
Malgré une évolution qui lui a été imposée par les nécessités d’ouverture au monde
et la construction des grands ensembles politiques, au niveau régional ou continental
(cas de l’Union européenne, de la Communauté économique des États d’Afrique de
l’Ouest) la nationalité comme condition d’éligibilité conserve toute sa pertinence et
son actualité.
L’adhésion, le 7 février 1992, des États membres de l’Union européenne au traité

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de Maastricht a rendu nécessaire la conciliation entre les règles traditionnelles de la
citoyenneté avec l’obligation de bâtir un grand ensemble au cœur de l’Europe.
Ce traité a prévu la participation des ressortissants de l’Union à certaines élections,
quel que soit leur pays de résidence, à l’intérieur de l’Union, et ouvre ainsi la possibilité
à tout ressortissant de la communauté à voter et à être élu aux élections européennes
dans l’État où il réside, même s’il n’en possède pas la nationalité.
L’application de cette règle a rendu possible l’élection, en 1989, de Maurice
Duverger, ressortissant français résidant en Italie, député européen de ce pays. C’est
également le cas de Daniel Cohn Bendith, ce français né des parents juifs, mais ayant
acquis la nationalité allemande qui a été, en 2010, élu député européen allemand, pour
le compte du parti politique dénommé Les Verts/ALE.
Il en découle que le recours à la double nationalité et à la résidence par un
ressortissant de l’Union dans un pays autre que celui dont il est originaire ont étendu,
au-delà des frontières nationales, le droit de vote et d’éligibilité au sein de l’Union
européenne, ce qui n’est pas le cas pour l’ensemble de pays africains, qui ne
reconnaissent pas cette possibilité à leurs ressortissants vivant à l’étranger.

2.1.2. La majorité électorale


La majorité électorale est ordinairement fixée dans le code électoral. Pour certains
scrutins (présidentiel, législatif ou sénatorial), elle peut être déterminée par la
Constitution, quitte au législateur de l’intégrer dans ses dispositions particulières.
La hauteur de l’âge d’éligibilité varie d’un pays à un autre et d’un mandat à un
autre, mais en règle générale, elle est de dix-huit ans révolus et s’apprécie le jour de
l’élection 90.
En République démocratique du Congo, la Constitution indique que tous les
Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus sont, sans préjudice de certaines
de ses dispositions, et dans les conditions prévues par la loi, électeurs et éligibles.

90
CE, 29 novembre 1992.
74

Le choix du constituant a été, néanmoins, à la base d’une controverse au sein de la


classe politique, au moment de la campagne référendaire de 2005.
Pendant qu’une opinion s’inquiétait de voir cette option favoriser l’accession aux
mandats politiques des Congolais supposés, en raison de leur âge, immatures et, donc
inexpérimentés dans la gestion des affaires publiques ; une autre y voyait la volonté de
rajeunir la classe politique dirigeante, dans le respect de la jouvence et l’égalité de tous
devant la loi.

2.1.3. La jouissance des droits civils et politiques

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L’exercice d’un mandat électif suppose un minimum de capacité dans le chef du
candidat. Le législateur subordonne généralement l’acceptation d’une candidature à
une élection à la jouissance des droits civils et politiques 91.
On considère qu’une personne privée, par une décision de justice coulée en force
de chose jugée, de ses droits civils et politiques ne peut se présenter à une élection. Il
en est également d’une personne placée, en vertu d’une décision de justice non
révocable, sous le régime de tutelle.
L’inéligibilité devant s’apprécier au moment de l’élection ou de l’examen de la
candidature, la jouissance des droits civils et politiques doit être pleine et totale. Une
mesure partielle ou provisoire ne peut emporter la conviction de la structure chargée
de la réception et de l’examen des dossiers de candidatures.
À l’instar des individus dont la condamnation empêche l’inscription temporaire sur
une liste électorale, les personnes pourvues d’un conseil judiciaire ne sont pas
éligibles.
Il arrive, cependant, que par une décision de justice, une personne soit privée
d’éligibilité, sans que la condamnation n’affecte son droit de vote. Tout dépend, en
effet, du contenu et de la nature de cette décision.

2.1.4. L’exemption de tou te cause légale d’é ligibilité


De manière générale, la loi électorale exclut, de la candidature, une catégorie des
personnes, notamment celles privées de leurs droits civils et politiques ou condamnées
pour crimes de guerre, de génocide, contre l’humanité, du chef de viol, d’exploitation
illégale des ressources naturelles, de corruption, de détournement de deniers publics,
d’assassinat, de torture, de banqueroute et les faillis.
Sont également concernées, les personnes frappées d’incapacité mentale
médicalement prouvée, au cours des cinq dernières années précédant les élections, les
fonctionnaires et agents de l’administration publique ne justifiant pas, à la date limite

91
Art. 11 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour et 9, al. 1er, point 3 de la Loi
électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
75

du dépôt des candidatures, de leur demande de mise en disponibilité, les mandataires


actifs dans les établissements publics ou entreprises publiques ne justifiant pas, à la
date limite du dépôt des candidatures, de leur lettre de démission, les magistrats qui
n’auraient pas donné la preuve, à la date limite du dépôt des candidatures, de leur
demande de mise en disponibilité, les membres des Forces armées et de la Police
nationale congolaise, qui n’auraient pas donné la preuve, à la date limite du dépôt des
candidatures, de leur démission acceptée ou de leur mise à la retraite.
Sont, enfin, inéligibles, les membres du Conseil économique et social, du Conseil

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supérieur de l’audiovisuel et de la communication, de la Cour des comptes, de la
Commission électorale nationale indépendante à tous les niveaux, ainsi que son
personnel technique et administratif.
a. La privation des droits civils et politiques
Toute condamnation pénale n’implique pas nécessairement la privation des droits
civils et politiques, notamment le droit de s’inscrire sur une liste électorale ou de se
porter candidat à une élection. La privation d’un droit civil et politique ne se présume
pas, elle doit découler d’une décision de justice devenue définitive, c’est-à-dire coulée
en force de chose jugée.
Ne sont pas visés par cette inéligibilité, les détenus préventifs, les personnes
incarcérées en vertu d’une décision frappée d’appel ou celles bénéficiant d’une liberté
conditionnelle, d’une mesure d’amnistie ou grâce présidentielle.
Le bien-fondé de cette exigence est, néanmoins, redevable de la bonne tenue des
fichiers individuels des personnes privées, par une décision de justice, de leurs droits
civils et politiques, de la sécurisation des archives judiciaires pour permettre une
consultation facile et gratuite.
b. Les crimes excluant toute candidature à un mandat électif
La loi électorale exclut de toute compétition politique, les personnes condamnées
par un jugement définitif, pour une catégorie spécifique d’incriminations, telles que les
crimes de guerre, les crimes de génocide et les crimes contre l’humanité. Ce sont des
crimes internationaux relevant de la compétence matérielle des Tribunaux pénaux
internationaux et de la Cour pénale internationale.
Par crimes de guerre, on entend toutes les infractions graves commises en violation
des différentes conventions de Genève du 12 août 1949 sur le droit de la guerre. Il
peut s’agir des actes d’homicide intentionnel, de torture ou des traitements inhumains
infligés à une personne en temps de guerre ou pendant les opérations de guerre92.
Constituent, également, un crime de guerre, les atteintes portées à l’intégrité
physique ou à la santé d’une personne, la destruction et l’appropriation généralisées et

92
Art. 8, point 2 du Statut de Rome.
76

non justifiées des biens appartenant à autrui. Il en est de même de toute contrainte
infligée à un prisonnier de guerre ou une personne protégée par le droit de la guerre, le
fait de l’obliger à servir dans les forces d’une puissance ennemie ou de priver
volontairement un prisonnier de guerre ou toute autre personne protégée de son droit
d’être jugée régulièrement par une juridiction impartiale. La prise d’otages, la
déportation, le transfert illégal ou la détention illégale des personnes.
Le traité de Rome du 17 juillet 1998 sur la Cour pénale internationale définit le
crime de génocide comme des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou

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partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Il en est ainsi des actes de
meurtre ou d’assassinat d’un groupe des personnes, d’atteinte grave à l’intégrité
physique ou mentale des membres d’un groupe, de la soumission intentionnelle d’un
groupe des personnes à des conditions d’existence à même d’entraîner sa destruction
physique totale ou partielle ou des mesures visant à empêcher les naissances au sein du
groupe et le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre 93.
Le crime contre l’humanité est, aux termes du même traité, constitué de l’un des
actes commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre
toute population civile et en connaissance de cette attaque. Il peut s’agir des actes de
meurtre, d’extermination, de réduction en esclavage, de déportation ou du transfert
forcé de population, d’emprisonnement ou de toute autre privation grave de la liberté
physique, de torture, du viol, de violence sexuelle, raciale, ethnique, culturelle ou
religieuse… 94
La gravité attachée aux faits et actes constitutifs de crimes de guerre, de génocide et
contre l’humanité justifie la privation imposée à leurs auteurs de se porter candidats à
une élection, s’ils sont condamnés par une décision de justice devenue irrévocable.
c. Les autres condamnations entraînant le rejet d’une candidature
Par jugement irrévocable, on entend une décision de justice revêtue de la force de
chose jugée et, donc, insusceptible d’aucune voie de recours ordinaire. Pour une
catégorie particulière d’incriminations, la loi électorale rend inéligible toute personne
condamnée par un jugement définitif. Il s’agit, en l’espèce, du viol, de l’exploitation
illégale des ressources naturelles, de la corruption, du détournement de deniers
publics, d’assassinat, de torture, de banqueroute et de la faillite 95.
Le viol est une entreprise qui consiste à imposer des relations sexuelles à une
personne qui, par le fait d’une maladie, d’altération de ses facultés ou par toute autre
cause accidentelle aurait perdu l’usage de ses sens ou en aurait été privée par quelques
artifices. C’est le cas de tout homme qui, quel que soit son âge, aura introduit son
organe sexuel, même superficiellement dans celui d’une femme, ou toute femme, quel

93
Art. 6 du même Statut.
94
Art. 7, point 1 du Statut de Rome.
95
Art. 10, point 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
77

que soit son âge, qui aura obligé un homme à introduire même superficiellement son
organe sexuel dans le sien 96.
Commet, également, un viol, tout homme qui aura pénétré, même
superficiellement, l’anus, la bouche ou tout autre orifice du corps d’une femme ou
d’un homme par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou par un objet
quelconque. Il en est de même de toute personne qui aura introduit, même
superficiellement toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le vagin ou
de toute personne qui aura obligé un homme ou une femme à pénétrer même

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superficiellement son anus, sa bouche ou tout autre orifice de son corps par un organe
sexuel, ou toute autre partie du corps ou par un objet quelconque 97.
L’exploitation illégale des ressources naturelles n’étant pas réglementée par le
Code pénal congolais, ni par la loi électorale, il importe de se reporter au Code minier
pour en déduire que commet cette infraction, toute personne qui se livre, sans
autorisation préalable de l’autorité compétente, à des travaux de recherche ou
d’exploitation des mines ou des carrières.
Le détournement de deniers publics est imputable à tout fonctionnaire ou officier
public, toute personne chargée d’un service public ou parastatal, toute personne
représentant les intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein d’une société
privée, parastatale ou d’économie mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de
commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout mandataire ou préposé des
personnes énumérées ci-dessus, qui aura utilisé à ses fins personnelles des deniers
publics ou privés, des effets en tenant lieu, des pièces, titres, actes, effets mobiliers qui
étaient entre ses mains, en vertu ou en raison de sa charge.
L’auteur de cette infraction s’expose à une peine de un à vingt ans des travaux
forcés 98. Le juge peut en ordonner d’autres, notamment la confiscation des biens,
l’interdiction, pour cinq ans au moins et dix ans au plus, après l’exécution de la peine,
du droit de vote et d’éligibilité, l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et
paraétatiques, quel qu’en soit l’échelon, la privation du droit à la libération
conditionnelle et à la réhabilitation, l’expulsion définitive du territoire national, si le
condamné est un étranger.
La corruption concerne tout fonctionnaire ou officier public, toute personne
chargée d’un service public ou parastatal, toute personne représentant les intérêts de
l’État ou d’une société étatique au sein d’une société privée, parastatale ou d’économie
mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de commissaire aux comptes ou à tout
autre titre, tout mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus, tout
arbitre ou tout expert commis en justice, ou toute autre personne qui aura agréé des

96
Art. 170, point a du Code pénal Congolais, Livre II.
97
Art. 170, ponts b, c et d du Code pénal Congolais, livre II.
98
Art. 145 du Code pénal Congolais, livre II.
78

offres ou des promesses, reçu des dons ou présents pour faire un acte de sa fonction,
de son emploi ou de sa mission, même juste, mais non sujet à un salaire 99.
L’assassinat est un meurtre commis avec préméditation ou tout homicide réalisé et
des lésions causées avec l’intention d’attenter à la personne d’un individu déterminé
ou de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand bien même ce dessein serait
dépendant de quelque circonstance ou de quelque condition et lors même que
l’auteur se serait trompé dans la personne de celui qui a été victime de son acte 100.
La loi ne définit pas la torture que l’on assimile à des sévices graves ou des

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barbaries cruelles imposées à une personne, en vue de la faire souffrir. Elle apparaît
comme une circonstance aggravante de certaines infractions, telles que l’arrestation
arbitraire, les épreuves superstitieuses et les pratiques barbares, ainsi que les coups et
blessures volontaires 101.
L’auteur d’une arrestation arbitraire pourra être condamné de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale, lorsque la victime aura été soumise à des tortures
corporelles 102. Lorsque les tortures ont entraîné la mort, le coupable sera condamné à
la servitude pénale à perpétuité ou à la peine capitale.

S’agissant d’une épreuve superstitieuse qui aura causé une maladie ou une
incapacité de travail personnel, ou s’il en est résulté la perte de l’usage absolu d’un
organe ou d’une mutilation grave, l’auteur sera puni d’une servitude pénale de deux
mois à vingt ans. Si l’épreuve a causé la mort, il est puni de la peine de mort 103.
Les conséquences découlant des coups et blessures volontaires sont
rigoureusement réglementées. En effet, si les coups ont causé une maladie ou une
incapacité de travail personnel, ou s’il en est résulté la perte de l’usage absolu d’un
organe ou d’une mutilation grave, le coupable sera puni de deux à cinq ans de
servitude pénale. S’il en est résulté la mort, la servitude pénale est portée de cinq à
vingt ans 104.
La banqueroute est l’état d’un commerçant déclaré, par une décision de justice, en
faillite, parce qu’incapable d’assurer, par négligence, imprudence, erreur ou par des
actes de fraude volontaire, la gestion normale de ses affaires 105.
À la différence de la banqueroute, la faillite est un état d’un commerçant, personne
physique qui cesse ses paiements et dont le crédit se trouve ébranlé. Il y a cessation des

99
Art. 147, 147 bis, 148, 149, 149 bis et 149 ter du Code pénal Congolais, livre II.
100
Art. 43, 44 et 45 du Code pénal Congolais, livre II.
101
Art. 67, al. 2 du Code pénal Congolais, livre II.
102
Art. 67, al. 1er du Code pénal Congolais, livre II.
103
Art. 57, al. 2 du Code pénal Congolais, livre II.
104
Art. 46, 47 et 48 du Code pénal Congolais, livre II.
105
Art. 86 et 87 du Code pénal Congolais, livre II.
79

paiements, lorsque le commerçant débiteur ne parvient plus à payer ses dettes échues,
liquides et exigibles 106.
Le crédit de ce commerçant est dit ébranlé, lorsqu’il a perdu la confiance du
monde des affaires, particulièrement de ses banquiers et fournisseurs. Une personne
qui aura été condamnée, par une décision irrévocable, de l’une ou l’autre des
incriminations est inéligible.
d. L’incapacité mentale médicalement prouvée
Sont aussi privées du droit d’éligibilité, les personnes physiques frappées, au cours

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de cinq dernières années précédant les élections, d’une incapacité mentale
médicalement prouvée. La loi électorale ne définit pas ce qu’il faut entendre par
incapacité mentale médicalement prouvée.
Le recours au droit commun permet, néanmoins, de considérer qu’est incapable
mental, toute personne majeure aliénée, interdite, faible d’esprit ou prodigue. Il en est
également d’une personne placée sous tutelle judiciaire ou admise, en raison de son
âge avancé, au régime d’infirmité ne permettant pas l’exercice direct et individuel de sa
capacité.
L’évocation d’une incapacité mentale ne suffit pas, pour induire à l’inéligibilité
d’une personne. Il faut, en plus, que celle-ci soit attestée par un rapport médical signé,
au cours des cinq dernières années précédant les élections 107, par trois médecins du
gouvernement à ce requis.
e. Les fonctionnaires et agents de l’administration publique
Les fonctionnaires et agents de l’administration publique ne participent pas à la
compétition politique, pendant qu’ils sont en fonction 108. La loi n’établit pas de
distinction entre agent et fonctionnaire de l’administration publique, pas plus
qu’aucune distinction n’est faite entre les différentes catégories de fonctionnaires
(agent de commandement ou d’exécution), de sorte qu’il suffit de faire partie du
personnel de carrière des services publics de l’État régi par le statut de la fonction
publique, pour se trouver en situation d’inéligibilité.
La notion de fonction publique étant prise au sens large, est assimilée aux agents et
fonctionnaires de l’administration publique, les enseignants du secteur public.
Développée par la Commission électorale indépendante, cette position a été suivie par
le juge électoral à l’occasion du règlement du contentieux des candidatures.
Examinant le recours en contestation de la liste des candidatures aux élections
législatives de 2006, la Cour suprême de justice a rejeté la candidature d’un enseignant

106
Art. 89 du Code pela Congolais, livre II.
107
Art. 10, point 4 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
108
Art. 10, al. 1er, point 5 de la même Loi.
80

au Complexe scolaire Mbedi-e-Poku, établissement d’enseignement privé,


erronément assimilé, par la Commission électorale indépendante, à un agent ou
fonctionnaire de l’administration publique (CSJ, 24 avril 2006, RCDC/DN/061, Aff.
Mukongo Kusuluidi contre le parti politique dénommé Union des jeunes
nationalistes, UJN, en sigle). Cette jurisprudence s’applique, également, à l’endroit
des salariés régis par le Code du travail.
f. Les mandataires actifs dans un établissement public ou une entreprise
publique

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Les mandataires actifs dans un établissement public ou une entreprise publique
sont inéligibles 109. La loi ne donne aucune définition du mandataire actif. On admet,
cependant, qu’est considérée mandataire actif, toute personne chargée de la direction,
de l’administration ou de la gestion courante d’un établissement public ou d’une
entreprise publique.
L’exercice d’une responsabilité de direction ou de gestion quotidienne, au sein
d’un établissement public ou une entreprise publique demeure, donc, le seul critère de
qualification de mandataire actif.
Ne sont pas considérés par cette inéligibilité, les membres du conseil
d’administration et les commissaires aux comptes. En vue d’assurer leur éligibilité à un
mandat électif, les mandataires actifs sont tenus d’apporter, au moment de la
déclaration de leur candidature, la preuve de l’acceptation par l’autorité de nomination
de leur démission.
g. Les magistrats
Pour autant qu’ils demeurent en fonction, les magistrats sont inéligibles. C’est une
inéligibilité objective, qui concerne aussi bien les magistrats de siège que du parquet. À
la différence du droit français qui exclut de cette inéligibilité les magistrats du Conseil
d’État, ceux de la Cour de cassation, les magistrats en fonction dans d’autres ressorts
territoriaux, les membres des greffes des juridictions, ainsi que ceux exerçant dans des
tribunaux de commerce.
En matière électorale, le droit congolais consacre l’inéligibilité de tous les
magistrats, à l’exception de ceux admis à l’éméritat ou à l’honorariat. Les magistrats en
détachement sont, également, inéligibles parce que régis par le statut des magistrats 110.
Pour toutes les catégories des magistrats, le législateur exige la production, au
moment de la déclaration de candidature, de la preuve de demande de mise en
disponibilité (CSJ, 13 octobre 2011, RCDC/DN/05, Aff. parti politique
Rassemblement des écologistes congolais, REC, en sigle contre Kikoka Tony

109
Art. 10, al. 1er, point 6 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
110
Art. 10, al. 1er, point 7 de la même Loi.
81

Gaitoni), étant entendu qu’à l’expiration de son mandat électif, le magistrat qui le
désire peut toujours être remis en activité.
h. Les membres des Forces armées et de la Police nationale congolaise
Les personnes qui exercent les fonctions d’autorité pour la défense et le maintien
de l’ordre public sont, quel que soit le grade, exclues de toute compétition politique ;
elles ne peuvent être électrices, ni se porter candidates à une élection 111.
La loi ne fait, donc, pas de distinction entre un officier gradé et un agent
d’exécution, il suffit d’appartenir aux Forces armées ou à la Police nationale congolaise

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pour être inéligible.
Un membre de ces deux corps de métier qui désire se présenter à une élection doit,
au moment de la déclaration de sa candidature, apporter la preuve de l’acceptation par
l’autorité de nomination de sa démission ou de sa mise en retraite ; la lettre de
demande de démission ou de mise en retraite n’étant pas suffisante, pour le délier de
ses obligations professionnelles.
i. Les membres du Conseil économique et social, du Conseil supérieur de
l’audiovisuel et de la communication, de la Cour des comptes et de la
Commission électorale nationale indépendante 112
La Constitution de la République démocratique du Congo institue un Conseil
économique et social chargé d’émettre des avis consultatifs sur des questions
économiques et sociales lui soumises par le président de la République, l’Assemblée
nationale, le Sénat et le Gouvernement. Il peut, de sa propre initiative, appeler
l’attention du gouvernement et des provinces sur des réformes qui lui paraissent
favoriser le développement économique et social du pays 113.
L’organisation et le fonctionnement du Conseil économique et social sont
déterminés par une loi organique 114 et les membres qui le composent sont inéligibles.
Les membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, de la
Commission électorale nationale indépendante, de leurs représentations locales et le
personnel administratif sont, au cours de leur mandat, inéligibles. Cette inéligibilité
concerne également les experts liés à ces institutions par un contrat de travail.
En raison de la nature de leurs fonctions, les membres de la Cour de comptes sont,
à l’instar des magistrats, inéligibles ; ils doivent, en vue de leurs candidatures à une
élection et s’ils sont en fonction, apporter la preuve de la demande de leur mise en
disponibilité.

111
Art. 10, al.1er, point 8 de la de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
112
Art. 10, al. 1er, points 9 et 10 de la même Loi.
113
Art. 208-209 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
114
Art. 210 de la même Constitution.
82

2.1.5. La qualité d ’électeur


La personne privée de sa qualité d’électeur n’est pas autorisée à se présenter à une
élection ; cette qualité induisant naturellement sur sa capacité à se porter candidat à
un scrutin. La qualité d’électeur est constatée le jour du vote, après une inscription sur
la liste électorale de sa circonscription 115.
La loi électorale congolaise autorise à tout candidat non préalablement inscrit sur
la liste électorale à se faire identifier et enrôler au moment du dépôt de sa
candidature 116 ; la possession de la qualité d’électeur conditionnant donc l’éligibilité

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de son détenteur.

2.1.6. Le niveau d’ins truction ou l’expérience professionnelle


L’exigence du niveau d’instruction est indispensable à l’exercice d’un mandat
électif ou d’une charge publique. La question s’est effectivement posée au moment de
la rédaction, en mars 2006, de la version initiale de la loi électorale, particulièrement,
en ce qui concerne les conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle. Elle a,
d’ailleurs, donné lieu à une controverse au sein du parlement congolais.
Pour certains, il est indispensable qu’en plus des conditions de nationalité
d’origine, de l’âge requis et de l’expérience professionnelle, le candidat à l’élection
présidentielle dispose d’un niveau suffisant d’instruction en produisant un diplôme
universitaire.
L’idée a séduit la Commission paritaire mixte Assemblée nationale-Sénat, qui a fini
par proposer un diplôme égal ou supérieur à une licence.
D’autres ont suggéré d’alterner la condition d’études faites à l’expérience
professionnelle, tout en la cumulant avec la résidence, sans interruption, en territoire
congolais, pendant une période allant de cinq à dix ans avant les élections.
Étant donné que la disposition tendait à régler, avant le scrutin, la situation
juridique de certains candidats, et pour éviter tout risque du blocage dans le processus
électoral, une solution de compromis est apparue nécessaire, pour que soit exclue de la
loi toute référence au niveau d’instruction cumulée à l’expérience professionnelle et à
la résidence, sans interruption, sur le territoire congolais pendant au moins cinq ans
avant le scrutin.

115
Art. 6, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
116
Art. 103, point 5, 120, al. 2, point 4, 131, al.2, point 4, 148, al. 2, point 4, 161, al. 2, point 4, 176,
al. 2, point 4, 185, al. 2, point 4, 194, al. 2, point 4, 201, al. 2, point 4 et 210, al. 2, point 4 de la même Loi.
83

À la faveur de la révision, le 25 juin 2011, de la loi électorale, il a été exigé aux


candidats le niveau d’instruction requis ou l’expérience professionnelle, d’au moins
cinq ans, dans le domaine politique, administratif, économique ou socioculturel 117.
Pareille réglementation a été à base d’une augmentation impressionnante des
candidats aux élections législatives de 2011. Aussi, pour les seules élections législatives
nationales, on a pu dénombrer dix-huit mille huit cent soixante-quatre contre neuf
mille six cent trente-deux en 2006. De manière spécifique, il a été enregistré, pour la
seule circonscription électorale de Kinshasa IV, mille cinq cent soixante-quinze

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candidats pour quinze sièges en compétition.
Rendant difficiles les opérations de confection, d’impression des bulletins de vote
(volumineux avec cinquante-six pages) et de dépouillement des résultats électoraux,
cette situation aurait justifié le recours à la machine à voter comme technique de
simplification du vote et de réduction du coût des élections.
Comme telle, la machine à voter est illégale, parce que non prévue par la loi
électorale, mais plutôt par un acte réglementaire de la Commission électorale
nationale indépendante 118. Acte réglementaire subordonné, cette décision devait
s’appuyer sur la loi électorale 119 qu’elle ne pouvait contrarier, ni compléter ; sa mission
se limitait à expliquer ou à rendre opérationnelle la norme de référence ou certaines de
ses dispositions.
L’incursion de la machine à voter, dans le processus électoral congolais, relève
donc d’un excès de pouvoir réalisé par la Commission électorale nationale
indépendante. Plus qu’une question technique, elle soulève des préoccupations
politiques liées aux « codes sources » d’application du vote, et la possible connexion à
un ou plusieurs réseaux, capables d’intercepter les données, en vue de leur exploitation
à des fins politiques.
Soutenue par les uns et redoutée par les autres, la machine à voter a été à la base, là
où elle est utilisée, de la fraude électorale, plutôt qu’elle ne l’a combattue.

2.2. Les conditions spécifi ques


La loi électorale marque une différence entre les conditions d’éligibilité, pour une
élection se déroulant au suffrage universel direct de celles prévues, dans le cadre d’un
scrutin organisé au suffrage universel indirect.

117
Art. 104, al. 3, point 6, 121, al. 3, point 5, 131, al. 3, point 5, 148, al. 3, point 5, 162, al. 3, point 5,
177, al. 3, point 3, 186, al. 3, point 5, 195, al. 3, point 3, 202, al. 3, point 5 et 210, al. 2, point 5.
118
Art. 62 de la Décision 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant Mesures d’application
de la Loi électorale.
119
Dans cette décision, il est, notamment, fait référence à la loi électorale, sans aucune précision des
dispositions particulières auxquelles elle renvoie.
84

2.2.1. Aux s crutins directs


La lecture combinée des dispositions constitutionnelles spécifiques et celles de la
loi électorale permet d’indiquer que, seuls sont élus au suffrage universel direct, le
président de la République, les députés nationaux et provinciaux, les conseillers
municipaux ainsi que ceux de secteur ou de chefferie.
a. Le président de la République
Aux termes de la Constitution congolaise, le candidat président de la République
doit être de nationalité congolaise d’origine, avoir l’âge minimum de trente ans, jouir

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de la plénitude de ses droits civils et politiques et ne pas se trouver dans un des cas
d’exclusion prévus par la loi électorale 120.
S’agissant de la nationalité d’origine, elle s’acquiert par l’appartenance, la filiation
ou la présomption légale.
Est congolais d’origine par appartenance, toute personne qui prétend appartenir à
un groupe ethnique dont les personnes (les ascendants notamment) et le territoire
constituaient, au 30 juin 1960, ce qui est devenu actuellement la République
Démocratique du Congo.
Il suffit, donc, de prouver son appartenance à un groupe ethnique ou à un territoire
qui, au 30 juin 1960, forme l’actuelle République démocratique du Congo, pour
bénéficier de la nationalité congolaise d’origine.
L’utilisation de l’expression toute personne comme critère d’éligibilité à la
nationalité congolaise d’origine a le risque de faire, éventuellement, bénéficier la
citoyenneté congolaise à tout individu qui le prétend.
La nationalité congolaise d’origine s’acquiert, ensuite, par la filiation c’est-à-dire
par la naissance. Le jus sanguinis étant le seul critère de transmission de la nationalité
congolaise d’origine, celle-ci s’obtient par le seul fait d’avoir été né de l’union entre
deux personnes ayant le sang congolais.
Elle s’obtient, enfin, par la présomption légale, celle-ci induisant qu’est congolais,
tout enfant nouveau-né trouvé en République démocratique du Congo ; la
présomption légale se fondant sur la double règle de jus sanguinis et de jus soli.
La fixation à trente ans de l’âge d’éligibilité à la présidence de la République a été
au cœur d’une controverse indiquée plus haut. La préservation de la stabilité politique
encore précaire, dans un pays post-conflit, aurait pesé dans la balance pour que soit
trouvée une solution consensuelle sur cette question.
La jouissance par le candidat président de la République de la plénitude de ses
droits civils et politiques suppose qu’il soit physiquement apte et dispose de ses

120
Art. 72 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
85

facultés mentales et intellectuelles attestées par un contrôle médical et judiciaire, avant


le dépôt de sa candidature.
À ces conditions, s’ajoutent celles tirées de la loi électorale, à savoir, la production
d’une lettre de consentement conforme au modèle fixé par la Commission électorale
nationale indépendante signée par le candidat, une fiche d’identité suivie d’un
curriculum vitæ détaillé portant la formule je jure sur l’honneur que les renseignements ci-
dessus sont sincères et exacts, quatre photos format passeport, un symbole ou un logo du
parti ou regroupement politique, sauf en ce qui concerne le candidat indépendant 121.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
La loi fait obligation au candidat président de la République de joindre à son
dossier de candidature le certificat de nationalité, l’extrait de casier judiciaire en cours
de validité, la photocopie de sa carte d’électeur, un récépissé de paiement des frais de
dépôt de candidature non remboursable de 160 000 000 francs congolais versés dans
le compte du Trésor public, l’original de la lettre d’investiture du candidat par son
parti ou regroupement politique, sauf pour le candidat indépendant, ainsi que la
photocopie certifiée conforme du diplôme d’études supérieures ou universitaires ou
de l’attestation en tenant lieu ou encore de l’attestation justifiant d’une expérience
professionnelle d’au moins cinq ans dans le domaine politique, administratif ou socio-
culturel.
En ce qui concerne le niveau d’instruction ou l’expérience professionnelle exigée
du candidat président de la République, le législateur a utilisé la disjonction « ou »
pour justifier l’option en faveur d’une alternative, pour un candidat qui n’aurait pas
prouvé le niveau d’instruction suffisant ou justifié d’une expérience professionnelle,
d’au moins cinq ans, dans l’un des domaines politique, administratif, économique ou
socioculturel, au moment du dépôt de sa candidature.
Le même argumentaire aurait orienté l’attitude du législateur au sujet de la nature
de l’expérience professionnelle, dont l’alternative a été retenue entre le domaine
politique, administratif, économique ou socioculturel.
Il suffit de prouver que le candidat a acquis une expérience professionnelle d’au
moins cinq ans, dans l’un des domaines ci-haut énumérés, pour que son dossier soit
conforme à la loi.
Le droit comparé offre une gamme des conditions d’éligibilité à la présidence de la
République. En France, par exemple, le candidat président de la République doit, en
plus de l’âge minimum de vingt-trois ans et de l’investiture par les élus locaux, avoir la
capacité juridique, ne pas s’être vu retirer le droit de vote, avoir accompli un service
national, être réformé ou exempté, n’exercer aucune activité publique ou privée.

121
Art. 104, al. 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
86

Aux États-Unis d’Amérique, la Constitution impose aux candidats à l’élection


présidentielle la détention de la nationalité américaine de naissance, l’âge minimum de
trente-cinq ans et la résidence aux États-Unis depuis quatorze ans.
En Italie, la jouissance pour un candidat président de la République de tous ses
droits civils et politiques se cumule avec l’âge de cinquante ans, au moins, comme
conditions d’éligibilité.
Au Sénégal, il suffit d’être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses
droits civils et politiques et avoir l’âge minimum de trente-cinq ans, pour se présenter

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à l’élection présidentielle.
Au Bénin, le candidat président de la République doit avoir la nationalité béninoise
de naissance, acquise depuis au moins dix ans avant l’élection, la preuve de bonne
moralité et de grande probité, la jouissance de ses droits civils et politiques, l’âge
minimum de quarante ans et de soixante-dix ans maximum, la résidence sur le
territoire béninois au moment des élections, se trouver dans un état complet de bien-
être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins
assermentés, désignés par la Cour constitutionnelle.
b. Les députés nationaux
À la suite de la Constitution, la loi électorale exige du candidat député national la
nationalité congolaise, l’âge minimum de vingt-cinq ans, la jouissance des droits civils
et politiques et le niveau d’instruction requis. Il doit, en plus, avoir la qualité d’électeur
ou se faire identifier et enrôler le jour du dépôt de la candidature 122.
Les candidatures à la députation nationale sont déposées auprès de l’Antenne de la
Commission électorale nationale indépendante. La déclaration de candidature
comprend obligatoirement l’original de la lettre de consentement conforme au
modèle fixé par la Commission électorale nationale indépendante et signée par le
candidat, une fiche d’identité suivie d’un curriculum vitæ détaillé, quatre photos format
passeport, un symbole ou logo du parti ou regroupement politique, s’il en est
l’émanation, les noms de deux suppléants. Ces derniers doivent, à l’instar du candidat
député national, remplir les conditions d’éligibilité prévues par la loi électorale.
Le législateur oblige le candidat député national à produire une photocopie de la
carte d’électeur, celle de l’acte ou de l’attestation de naissance, une preuve du
paiement, dans le compte du Trésor public, des frais de dépôt de candidature non
remboursable de 1 600 000 francs congolais par siège, l’original de la lettre
d’investiture du candidat par le parti ou le regroupement politique, s’il en fait partie, et
la photocopie certifiée conforme du diplôme d’études supérieures ou universitaires ou
de l’attestation en tenant lieu. À défaut, il produira une attestation justifiant une

122
Art. 120, al. 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
87

expérience professionnelle d’au moins cinq ans dans les domaines politique,
administratif ou socio-économique 123.
Pour le scrutin de liste, tout parti ou regroupement politique présente forcément
une liste des candidats, alors que les candidatures indépendantes se présentent
individuellement. Sous peine d’irrecevabilité, le nombre de candidats par liste doit être
égal à celui de sièges à pourvoir.
Aux termes de la loi électorale, la liste est un document établi par le parti,
regroupement politique, comportant plusieurs noms de candidats, ou par le candidat

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indépendant. Chaque liste est établie en tenant compte de la représentation paritaire
homme-femme et de la promotion de la personne vivant avec handicap ; mais en
raison du faible engagement politique de la femme, il a été admis que l’inobservance
de cette condition ne soit pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée 124.
Une liste de candidatures peut être ouverte ou bloquée. La liste ouverte est celle
qui donne aux électeurs la possibilité d’indiquer leurs préférences à un parti,
regroupement politique et aux candidats qui s’y sont inscrits. Elle est aussi ouverte
dans la mesure où une grande liberté de choix est accordée aux électeurs, dans la
désignation des candidats de leur parti ou regroupement politique.
Pareille liste permet d’établir un contact direct entre les électeurs et les candidats.
La liste ouverte est susceptible de modifications dans les limites autorisées par la loi.
Du fait de la propension à la concurrence excessive qu’elle encourage, au sein d’un
même parti ou regroupement politique, la liste ouverte contribue à la réduction, par
l’effet de la fragmentation des moyens et des ressources, des chances en vue d’obtenir
une majorité parlementaire solide et cohérente.
La liste bloquée fixe préalablement l’ordre des candidats à élire par le parti ou ses
organes dirigeants. Dans cette dernière, en effet, seuls figurent sur le bulletin de vote
les noms, symbole du parti ou regroupement politique et les photos du chef dudit
parti ou regroupement politique.
Créditée de donner la parole aux partis plutôt qu’aux individus qui en font partie, la
liste bloquée rendrait plus facile le dépouillement des résultats électoraux et serait
adaptée à la situation d’un pays sorti de crise en favorisant la représentation, aux
assemblées délibérantes, des différentes sensibilités politiques.
Il est, néanmoins, reproché à la liste bloquée d’enfreindre le contact direct entre les
candidats et les électeurs, d’étouffer les candidatures indépendantes et de biaiser la
légitimité populaire. Elle n’offrirait aucune alternative en cas de décès, de retrait
volontaire ou de révocation d’un candidat avant l’élection.

123
Art. 121, al. 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
124
Art. 13 de la même Loi.
88

C’est, probablement, la gestion monarchique et opaque des partis et


regroupements politiques congolais qui auraient justifié l’option en faveur des listes
ouvertes, choix qui semble répondre à la demande exprimée par le corps électoral et la
majorité des candidats.
c. Les députés provinciaux
Les conditions d’éligibilité à la députation provinciale sont pratiquement les
mêmes que celles exigées au candidat à la députation nationale, à l’exception de l’âge
qui passe de vingt-cinq à dix-huit ans révolus 125, et du montant des frais de dépôt des

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candidatures fixé à 1 000 000 de francs congolais par siège 126.
Au sein des assemblées provinciales, il existe deux types des députés, ceux élus, sur
une liste du parti ou regroupement politique ou à titre individuel, au suffrage universel
direct, à la représentation proportionnelle des listes ouvertes, à une seule voix
préférentielle, avec application de la règle du plus fort reste et les autres 127, désignés
par voie de cooptation.
d. Les conseillers communaux
Aux termes de la loi électorale, les conseillers communaux sont élus au suffrage
universel, au scrutin proportionnel de listes ouvertes à une seule voix préférentielle,
avec l’application de la règle du plus fort reste 128.
Les conditions d’éligibilité au conseil communal sont les mêmes que celles
retenues pour l’élection des députés provinciaux, à l’exception du montant de
cautionnement fixé à 250 000 francs congolais par chacun des candidats indépendants
ou celui de la liste.
e. Les conseillers de secteur ou de chefferie
Les conseillers de secteur ou de chefferie sont élus au niveau du groupement, à
défaut de la chefferie. Le candidat conseiller de secteur ou de chefferie remplit les
mêmes conditions que celles exigées au candidat conseiller communal, sauf pour le
montant du cautionnement électoral non remboursable, dont la hauteur est fixée à
150 000 francs congolais par siège 129.

2.2.2. Aux s crutins indire cts


Dans le cadre d’un suffrage restreint et, notamment, indirect, le législateur
congolais admet que l’éligibilité soit assortie, en raison de la nature du scrutin, des
conditions supplémentaires spécifiques.

125
Art. 148, al. 2, point 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
126
Art. 149, al. 3, point 4 de la même Loi.
127
Il s’agit ici des chefs coutumiers.
128
Art. 191 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
129
Art. 211, al. 3, point 3 de la même Loi.
89

Sont ainsi concernés par le suffrage indirect, les Sénateurs, le Gouverneur et le


vice-gouverneur de province, les Conseillers urbains, le Maire et le Maire adjoint, le
Bourgmestre et le Bourgmestre adjoint, le Chef de secteur et le Chef de secteur
adjoint.
a. Les Sénateurs
Les sénateurs sont élus, pour un mandat de cinq ans renouvelable, par les députés
provinciaux, au sein ou en dehors des Assemblées provinciales, à la représentation
proportionnelle des listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec application de

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
la règle du plus fort reste 130.
Les candidats sénateurs doivent être de nationalité congolaise, âgés de trente ans
au moins, jouir de la plénitude de leurs droits civils et politiques et ne pas se trouver
dans l’un des cas d’exclusion prévus par la loi électorale.
La loi électorale leur impose, en outre, la qualité d’électeur ou se faire identifier ou
enrôler lors du dépôt de sa candidature, détenir un diplôme d’études supérieures ou
universitaires ou avoir une expérience professionnelle, d’au moins cinq ans, dans les
domaines politique, administratif ou socio-économique 131.
La déclaration de candidature doit, impérativement, comprendre l’original de la
lettre de consentement conforme au modèle fixé par la Commission électorale
nationale indépendante et signée par le candidat, une fiche d’identité suivie du
curriculum vitæ détaillé, quatre photos format passeport, le symbole ou logo du parti
ou regroupement politique, s’il en est l’émanation, les noms de deux suppléants. Sous
peine d’irrecevabilité, la liste de candidatures est constituée de deux suppléants, pour
chaque candidat, remplissant les mêmes conditions d’éligibilité exigées du titulaire 132.
Sont jointes à la déclaration de candidature, la photocopie de la carte d’électeur,
celle de l’acte ou l’attestation de naissance, la photocopie certifiée conforme du
diplôme d’études supérieures ou universitaires ou de l’attestation en tenant lieu, à
défaut l’attestation justifiant une expérience professionnelle, d’au moins cinq ans, dans
le domaine politique, administratif ou socio-économique : la preuve de paiement,
dans le compte du Trésor public, des frais de dépôt de candidature non remboursable
de 1 600 000 francs congolais par siège, ainsi que l’original de la lettre d’investiture du
candidat par son parti ou regroupement politique, sauf pour le candidat
indépendant 133.
La déclaration de candidature est déposée au Bureau de la Commission électorale
nationale indépendante situé au chef-lieu de chaque province.

130
Art. 130, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
131
Art. 131, al. 2 de la même Loi.
132
Art. 132, al. 2 de la même Loi.
133
Art. 132, al. 3 de la même Loi.
90

b. Le Gouverneur et le vice-gouverneur de province


La Constitution de la République démocratique du Congo prévoit, au niveau
provincial, deux institutions politiques ; l’une représentant le pouvoir exécutif (le
gouvernement provincial), et l’autre exerçant les attributions législatives (l’Assemblée
provinciale)134.
Aux termes de ladite Constitution, le Gouverneur et vice-gouverneur sont élus,
pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, par les députés provinciaux,
au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale. Ils sont investis par ordonnance du

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président de la République 135.
Le Gouverneur et vice-gouverneur de province sont élus sur la même liste, au
suffrage indirect et au scrutin majoritaire à deux tours. Les candidats indépendants
sont également autorisés à présenter leurs candidatures 136.
Les conditions d’éligibilité au gouvernorat de province sont, mutatis mutandis, les
mêmes que celles exigées pour les sénateurs et les députés provinciaux, à l’exception
de l’âge et du cautionnement électoral, respectivement fixés à dix-huit ans révolus et à
10 000 000 de francs congolais par chaque candidat. Il n’est pas exigé du candidat
indépendant l’original de la lettre d’investiture par un parti ou regroupement
politique 137.
c. Les Conseillers urbains
Les Conseillers urbains sont élus par les conseillers municipaux au scrutin
proportionnel des listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec application de la
règle du plus fort reste, pour un mandat de cinq ans renouvelable 138.
Présentées par listes des partis ou regroupements politiques ou de manière
indépendante, les candidatures au conseil urbain sont soumises aux mêmes exigences
d’éligibilité que celles des députés provinciaux, à l’exception du montant du
cautionnement électoral, désormais fixé à 500 000 francs congolais, par siège à
pourvoir 139. Dans la déclaration de candidature, il est exigé l’identité complète de deux
suppléants, également, soumis aux conditions d’éligibilité imposées aux candidats
députés provinciaux.

134
Art. 195 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
135
Art. 198, al. 2 de la même Constitution.
136
Art. 161, al.1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
137
Art. 162 de la même Loi.
138
Art. 175 de la même Loi.
139
Art. 177, al. 3, point 4 de la même Loi.
91

d. Le Maire et le Maire adjoint


Les Conseillers urbains élisent, au sein ou en dehors du Conseil, le Maire et le
Maire adjoint sur une même liste et au scrutin majoritaire à deux tours, pour un
mandat de cinq ans renouvelable. Les candidatures indépendantes sont autorisées 140.
En rapport avec l’éligibilité du candidat Maire et Maire adjoint, les dispositions
légales relatives au Gouverneur et vice-gouverneur de province leur sont
applicables 141, à l’exception du cautionnement électoral, dont le montant est fixé à
2 500 000 francs congolais par candidat indépendant ou chacun des ceux présentés

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
dans une liste 142.
e. Le Bourgmestre et le Bourgmestre adjoint
Le Bourgmestre et le Bourgmestre adjoint sont élus par les conseillers communaux
sur une même liste, au scrutin majoritaire à deux tours, au sein ou en dehors du
conseil, pour un mandat de cinq ans renouvelable. Les candidatures indépendantes
sont admises 143.
Les conditions d’éligibilité sont les mêmes que celles exigées pour les candidats
Maire et Maire adjoint, sauf pour le cautionnement électoral arrêté à 750 000 francs
congolais par candidat indépendant ou celui présenté dans une liste 144.
f. Le Chef de secteur et le Chef de secteur adjoint
Élus sur la même liste, par les Conseillers de secteur, pour un mandat de cinq ans
renouvelable, le Chef de secteur et son adjoint sont, selon le cas, désignés au sein ou
en dehors du Conseil de secteur 145.
Ils sont soumis, hormis le montant du cautionnement électoral de 500 000 francs
congolais exigé de chaque candidat indépendant ou celui liste 146, aux mêmes
conditions d’éligibilité que celles du Bourgmestre et du Bourgmestre adjoint. Le Chef
de chefferie, n’étant pas concerné par cette élection, est désigné selon la coutume
locale.

3. Les caractères d’inéligibilité

L’inéligibilité est une mesure qui limite l’exercice du droit d’être candidat à une
élection ou d’accéder à un mandat électif. D’elle, est organisée l’inaptitude légale à

140
Art. 183 et 185, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
141
Art.184 de la même Loi.
142
Art. 186, al. 3, point 3 de la même Loi.
143
Art. 199 et 201, al. 1er de la même Loi.
144
Art. 202, al. 3, point 3 de la même Loi.
145
Art. 215 de la même Loi.
146
Art. 218, al. 3, point 3 de la même Loi.
92

exercer un mandat électif. Se rattachant à une catégorie précise de scrutin,


l’inéligibilité est toujours organisée par un texte juridique, elle découle aussi des
situations objectives liée à la seule personne du candidat.

3.1. L’inéligibilité est organi sée par un text e juridique


Destinée à empêcher l’exercice d’un droit fondamental, l’inéligibilité ne se
présume pas, elle doit être expressément aménagée par un texte juridique. Seules, en
effet, les situations objectives, suffisamment, prouvées et documentées peuvent
constituer une cause d’inéligibilité.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
Dans ce domaine, la compétence du législateur est justifiée, autant que le droit de
se porter candidat à une élection politique est une liberté publique, dont les
restrictions doivent découler d’un texte juridique.
Pareille conclusion est logique et compréhensible, tant et si bien que l’inéligibilité
a, notamment, pour vocation de protéger la liberté de l’électeur, tout en préservant des
situations susceptibles de porter atteinte à son choix.
Dans l’appréciation d’une cause d’inéligibilité, l’autorité administrative ou le juge
compétent, selon le cas, est tenu de s’assurer qu’au moment du dépôt ou de la
déclaration de candidatures, toutes les conditions légales sont observées et qu’aucune
restriction légale n’a été relevée pour que soit ordonnée, en pareil cas, l’irrecevabilité
d’une candidature ou de la liste.
Aménagée par et en vertu de la loi, l’inéligibilité doit être motivée, afin qu’il ne soit
admis aucune extension, même pas par analogie, des hypothèses puisées en dehors du
champ d’action préalablement arrêté par le législateur.

3.2. L’inéligibilité est d’ordre public


Le moyen tiré de l’inéligibilité d’un candidat est d’ordre public ; il peut être soulevé
d’office, même pour la première fois, devant le juge d’appel, option qui peut porter
atteinte à l’effet dévolutif d’appel.
Devant s’apprécier même le jour de l’élection, l’éligibilité est de détermination
variée en considération des situations pratiques particulières. Il peut, en effet, se faire
qu’entre l’élection et l’entrée en fonction d’un élu, l’inéligibilité initiale disparaisse,
pour que sa situation soit conforme à la loi.
La cessation d’une inéligibilité ne couvre pas l’illégalité initiale ou d’origine, pas
plus qu’elle ne peut être prise en compte, dans la validation ou l’homologation de cette
élection.
93

3.3. L’inéligibilité est toujours rattachée à une cat égorie d’élection


Le législateur prend, habituellement, soin de distinguer les causes générales
d’inéligibilité des conditions spécifiques attachées à chaque scrutin. Pour ces
dernières, il est admis qu’en vertu du principe de la spécificité des scrutins,
l’inéligibilité, pour une catégorie d’élection (élection présidentielle) ne saurait être
invoquée, pour une autre (sénatoriale ou députation nationale), les deux scrutins
étant différemment réglementés par la loi.

3.4. L’inéligibilité est personnelle

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De caractère essentiellement personnel, l’inéligibilité ne peut s’étendre du fait d’un
lien de parenté que l’on peut avoir avec le candidat (parent, conjoint ou frère). Ce
principe connaît néanmoins des limites organisées par la loi.
Pour une élection qui établit la relation de solidarité entre le candidat et son
suppléant, l’inéligibilité de ce dernier rend la candidature principale irrecevable.
S’appréciant le jour du dépôt de candidature ou du scrutin, l’inéligibilité d’un
candidat peut s’apparenter à l’incompatibilité sans pour autant l’effacer.

3.5. L’inéligibilité est circonscrite dans la durée


Consécutive à la perte des droits civils et politiques, l’inéligibilité est une sanction
qui frappe une personne dont la candidature enfreint une disposition légale. Loin
d’être illimitée, l’inéligibilité est toujours circonscrite dans la durée, chaque législateur
s’efforçant d’en fixer le temps de validité.
La loi électorale circonscrit à six ans la durée d’inéligibilité, à l’égard des catégories,
bien précises, des personnes coupables des infractions spécifiées dans la loi 147. En règle
générale, l’inéligibilité couvre la durée de la législature et peut aller jusqu’à deux, mais
pas illimitée. La législation congolaise a intérêt à en déterminer la durée, faisant une
nette distinction entre une inéligibilité à vie, pour les incriminations plus graves et
celle temporaire, pour les autres infractions, tout en veillant à assurer une
harmonisation de la durée.

4. Les effets d’inéligibilité

En règle générale, l’inéligibilité fait obstacle au dépôt de candidature et ne produit


ses effets qu’après avoir été constatée par une autorité administrative ou le juge
compétent.

147
Art. 84, 86, 87 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
94

4.1. L’inéligibilité empêche le dépôt de la candidature


Au moment de la déclaration de candidatures, la structure administrative
compétente doit s’assurer que le dossier est constitué conformément aux prescriptions
légales. Elle doit, de manière particulière, vérifier l’éligibilité des candidats.
Si l’autorité administrative compétente estime une candidature ou liste des
candidatures inéligible, elle en ordonne le rejet. Il lui est interdit de refuser la
réception d’une candidature ou une liste présumée contraire à la loi ou incomplète.
La personne dont la candidature est rejetée, le parti ou regroupement politique

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contre lequel l’irrecevabilité d’une liste est ordonnée peut, dans le délai légal, saisir la
juridiction compétente tenue de se prononcer dans un délai de sept jours. Passé ce
délai, le recours est réputé fondé, le requérant d’office inscrit sur la liste des candidats.
Cette juridiction est, aux termes de la loi électorale, la Cour constitutionnelle, la
Cour administrative d’appel et le tribunal administratif, selon qu’il s’agit de l’élection
présidentielle et celles législatives nationales, provinciales, urbaines, municipales et
locales.

4.2. L’inéligibilité doit être constatée par le juge


De même qu’elle est légale, l’inéligibilité doit être constatée par le juge. Il peut, en
effet, arriver que le candidat soit élu avec une inéligibilité, celle-ci ne peut logiquement
produire d’effets qu’après avoir été constatée par le juge saisi d’une contestation
électorale.
Les réclamations et contestations relatives à la validité d’une candidature sont
portées devant la juridiction compétente, dans un délai de cinq jours, suivant la
publication ou la notification de la décision de la Commission électorale nationale
indépendante de la liste provisoire des candidatures.
Elles sont faites par le parti, regroupement politique ou le candidat indépendant à
l’élection concernée ou leurs mandataires. La juridiction compétente dispose de dix
jours ouvrables pour se prononcer, à compter de sa saisine. Passé ce délai, le recours
est réputé fondé, sauf si la décision de la Commission électorale nationale
indépendante est justifiée par les causes d’inéligibilité prévues par la loi.
Au cas où aucune contestation n’est élevée contre l’inéligibilité d’un candidat, elle
est sensée couverte, mais si le juge saisi, a posteriori, parvient à la constater, il peut, si la
loi l’autorise, ordonner l’annulation de la candidature, la personne concernée est
interdite de se présenter devant les électeurs, pour battre campagne.
Il importe de noter que la requête en contestation de l’élection, d’une personne
présumée inéligible, n’a pas d’effet suspensif, tant que l’inéligibilité n’aura pas été
constatée. L’élu contesté conserve, jusqu’à la décision définitive y relative, tous les
95

droits et avantages que lui confère son mandat et peut valablement accomplir les actes
y rattachés.
Lorsque l’inéligibilité est constatée par une décision de justice, alors que les
pouvoirs de l’élu ont été validés, le concerné cesse, dès la notification du dispositif du
jugement ou de l’arrêt, toute activité liée à ce mandat parlementaire.

B. Les incompatibilités

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L’incompatibilité est une impossibilité juridique de cumuler une fonction publique
avec un mandat électif ou toute charge ou occupation publique ou privée. Par elle, on
arrive à dissocier l’exercice d’un mandat électif avec une charge publique ou privée.
Constatée à l’issue d’une élection, l’incompatibilité n’interdit pas le dépôt de
candidature, mais empêche, temporairement ou définitivement, l’exercice ou la
conservation d’un mandat électif ; elle place l’élu dans l’obligation de choisir entre son
mandat électif et la fonction incompatible. L’incompatibilité entraîne, donc, une
incapacité juridique à exercer cumulativement un droit subjectif.
Contrairement à l’inéligibilité, l’incompatibilité s’apprécie, non pas à la date de
l’élection, mais plutôt au moment de l’exercice de la fonction non cumulable.
Organisées par un texte juridique, les incompatibilités peuvent résulter aussi de la
pratique électorale.

1. Les incompatibilités d’origine juridique

Du point de vue juridique, une incompatibilité a vocation à préserver


l’indépendance de l’élu, dans le choix qu’il est appelé à opérer avec la fonction visée.
Elle protège le choix des électeurs vis-à-vis de certaines responsabilités auxquelles sont
tenus les nouveaux élus.
Soucieux d’assurer l’indépendance de l’élu, dans l’exercice de son mandat, le
constituant congolais détermine, avec précision, les circonstances à la base des
incompatibilités. Il peut, s’agir de l’exercice d’une fonction publique, d’un mandat
politique 148 ou d’autres responsabilités bien spécifiées.
En cohérence avec la Constitution, la loi électorale précise que les fonctions de
président de la République, ainsi que le mandat de député national et de sénateur sont
incompatibles avec celles de membre du gouvernement, d’une institution d’appui à la
démocratie, des forces armées, de la police nationale et des services de sécurité, de
magistrat, d’agent de carrière de service public de l’État, de cadre politico-administratif

148
Tels que les magistrats, les membres du gouvernement et des assemblées parlementaires, les
agents et fonctionnaires de l’administration publique, les militaires ou policiers en service…
96

de la territoriale, de mandataire public actif, de membre des cabinets du président de


la République, du Premier ministre, des membres du gouvernement et, généralement,
d’une autorité politique ou administrative, employée dans une entreprise publique ou
d’une société d’économie mixte et tout mandat électif, à l’exception des chefs de
collectivité-chefferie et du groupement 149.
En cas d’incompatibilité signalée ou constatée, au moment de l’élection ou après
celle-ci, il est prévu des mécanismes en vertu desquels la situation pourra prendre fin.
Deux solutions sont possibles. Le législateur peut laisser à l’élu la latitude de faire,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
dans un délai relativement court, le choix entre son mandat électif et l’activité
incompatible ou prescrire la nature du mandat, de la fonction ou de l’activité qui sera
préférée au profit d’une autre.
Le constituant congolais indique, à ce sujet, que le député national ou le sénateur
qui se trouverait dans une situation d’incompatibilité est tenu de faire, dans un délai de
huit jours qui suivent la validation de ses pouvoirs, le choix entre son mandat électif et
l’activité incompatible 150.
S’il opte pour l’activité incompatible, il en avise, par lettre, et dans le même délai, le
président de la chambre dont il relève. À défaut de le faire, dans ce délai, il est censé
avoir renoncé à son mandat électif et est, en conséquence, remplacé, selon la
procédure prévue dans le règlement intérieur, par le premier suppléant ou, à défaut,
par le deuxième. Le même exercice est exigé du gouverneur et du vice-gouverneur de
province.
Dans le cadre des incompatibilités frappant plusieurs membres du gouvernement
précédant les élections générales du 30 décembre 2018, le Conseil d’État a été saisi, le
15 février 2019 151, en interprétation des articles 77 et 78 de la loi électorale, eu égard
au caractère provisoire des résultats des élections législatives nationales et provinciales
annoncés par la Commission électorale nationale indépendante.
Le requérant souhaitait entendre le Conseil d’État l’éclairer sur la question de
savoir si certains membres du gouvernement élus députés nationaux et/ou
provinciaux doivent cesser immédiatement leur participation aux activités du
Gouvernement.
Selon lui, une divergence d’interprétation de la loi électorale est apparue, opposant
deux thèses.
La première estime qu’une fois validés par leurs Assemblées délibérantes
respectives, les membres concernés peuvent, néanmoins, continuer à expédier les

Art. 77 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.


149

Art. 108, al 3 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.


150

151
Par requête du Premier ministre par intérim dans sa lettre n° CAB/PM/CJDHC/
PPM/2019/0168.
97

affaires courantes de leurs ministères, jusqu’à la remise et reprise effective avec les
nouveaux animateurs en application du principe de la continuité de l’État et des
services publics.
La deuxième préconise, au contraire, qu’aussitôt validés comme députés nationaux
et/ou provinciaux, les membres concernés cessent immédiatement leur participation
aux activités du Gouvernement et sont remplacés par les autres membres non
concernés, pour exercer leur fonction à titre intérimaire.
Dans son avis consultatif du 1er mars 2019, le Conseil d’État relève que :

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
l’article 77 de la loi électorale établit un régime d’interdiction de cumul des
fonctions et mandats qu’il vise. Il précise qu’à partir du moment où les responsables
publics visés aux points de l’article 77 de la loi électorale, ont opéré leur choix en
faveur de leur nouveau mandat électif, sur le fondement de l’article 78 de la même
loi électorale, ce choix emporte pour effet immédiat la cessation automatique et
définitive de leurs fonctions ou mandats actuels ; la validation de leurs mandats par
les Assemblées parlementaires faisant naître dans leur chef tous les droits et toutes
les obligations attachées à la fonction parlementaire 152.

Cette incompatibilité s’applique donc en début et non en cours de mandat


parlementaire. Lorsqu’en cours de mandat, un député national ou un sénateur est
nommé à une fonction politique incompatible avec son mandat parlementaire, celui-ci
est suspendu. Il est remplacé par le premier suppléant ou, à défaut, par le deuxième.
En raison, toutefois, du marchandage et du clientélisme qu’il a favorisé, lors des
derniers cycles électoraux, il est souhaité la suppression, dans la loi électorale, du
principe de candidatures multiples qui autorise une personne à faire, pour un même
cycle électoral, acte de candidature à plusieurs niveaux d’élections, pour qu’en cas de
carence de suppléant, soit organisée une élection partielle, dans la circonscription
électorale concernée.
Il importe de noter qu’à la fin de l’exercice de la fonction incompatible avec son
mandat électif, le député ou sénateur reprend de plein droit son mandat
parlementaire.

2. Les incompatibilités découlant de la pratique des élections

L’incompatibilité ne protège pas la décision de l’électeur, mais bien l’exercice du


mandat électif. Elle peut résulter du changement intervenu dans la situation
personnelle de l’élu ou d’une série d’opérations postérieures à l’élection.

152
CE, 1er mars 2019, RITE 001.
98

Pour entraîner la perte du mandat parlementaire, l’incompatibilité doit être


constatée, soit par l’institution à laquelle appartient l’élu, soit par l’autorité judiciaire
compétente.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, les recettes sont loin d’être uniformes, au point
qu’il est toujours conseillé de se rapprocher de chaque législation nationale, en vue de
connaître la manière dont la loi a entendu régler la question.
La lecture combinée des dispositions constitutionnelles et législatives en rapport
avec la matière permet d’inventorier trois hypothèses susceptibles de justifier, au

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
regard de la pratique électorale, l’incompatibilité temporaire ou définitive d’un
parlementaire. Il s’agit de l’exercice d’une responsabilité de direction ou
d’administration, au sein d’un parti ou regroupement politique, la démission de son
parti politique et la dissolution de celui-ci.
La Constitution congolaise interdit au président de la République et aux membres
du gouvernement d’exercer, pendant qu’ils sont en fonction, toute responsabilité au
sein d’un parti politique.
Le risque d’aboutir à un conflit d’intérêts (étatique et partisan) dans le chef de la
personne appelée à gérer, pourtant, les affaires publiques aurait justifié la précaution
du constituant.
Le même texte organise la possibilité de perte du mandat parlementaire par un
député national ou un sénateur qui, pendant la législature, a délibérément quitté le
parti ou regroupement politique sur base duquel il a été élu. Cette obligation
constitutionnelle concerne également le suppléant inscrit sur la liste dudit parti.
Est assimilé à la démission volontaire, le fait pour un parlementaire, en plein
exercice de son mandat, de se porter candidat à une élection sur la liste d’un parti ou
regroupement politique autre que celui auquel il appartient.
Cette incompatibilité ne concerne pas le parlementaire qui, pendant la législature,
fait l’objet d’une mesure disciplinaire ou d’une exclusion de son parti politique.
Est, également, déchu de son mandat parlementaire, le député national ou le
sénateur élu sur la liste d’un parti politique dont la dissolution est ordonnée par voie
judiciaire. Dans ce cas, l’équité commande qu’il soit organisé un scrutin partiel, dans la
circonscription concernée, en vue de pourvoir à la vacance créée.
Si la première incompatibilité est temporaire, parce qu’ouverte aux éventuels
changements de la situation professionnelle de l’élu (cessation de la cause
d’incompatibilité), les deux autres sont, au contraire, définitives.
99

§ 3. Les électeurs

En droit, l’électeur est une personne physique remplissant les conditions légales
pour participer au vote et se faire inscrire sur la liste électorale. Acteur principal dans la
désignation des gouvernants, l’électeur joue le rôle de première importance dans la
détermination du corps électoral.
Sa volonté est, à ce point, décisive, parce qu’il dispose, par ses représentants, du
pouvoir de contrôle sur les actions des autorités publiques et de trancher, le cas

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échéant, sur les conflits qui opposeraient les pouvoirs constitués.
L’électeur constitue, pour emprunter l’expression de Georges Burdeau, l’agent
d’exercice, par excellence, de la souveraineté nationale 153.
Le besoin de créer une adéquation entre la volonté du corps électoral et celle des
dirigeants poursuit, en plus d’un idéal démocratique, l’espace favorable à sa
réalisation 154. La perception de la notion de l’électeur est donc complexe, parce
qu’induisant la connaissance de la qualité de la personne appelée à exprimer un droit
de vote, son inscription sur la liste électorale et son rattachement à une circonscription
précise.
On note qu’initialement établi, en France, à l’occasion de l’élection, le
21 septembre 1792 de la Convention 155, le suffrage universel a, par la suite eu, du mal à
s’installer définitivement, au point d’apparaître comme le fruit d’une évolution
naturellement comptable du contexte national de chaque pays.
La fixation du corps électoral et son incorporation à la nation, n’ayant jamais été, a
priori, complètement acquises, elles comportent toujours certaines restrictions de fait
et de droit, la jouissance du droit de vote pouvant, dans chaque cas, s’accompagner des
limites à son exercice effectif.
Si la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 garantit
l’égalité des hommes 156, la pratique est loin d’empêcher l’instauration, en raison des
prédispositions intellectuelles ou de détention du pouvoir économique, du suffrage
capacitaire ou, à tout le moins, censitaire.
Les restrictions au droit de vote ne sont pas uniformes pour tous les pays, chaque
système s’efforçant, à travers sa législation nationale, de les réglementer avec soin.

153
BURDEAU G., Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, LGDJ, 1984, p. 475.
154
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit., pp. 42-43.
155
La Convention est une Assemblée constituante qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au
26 octobre 1795 pendant la Révolution. Elle a décidé de l’abolition de la royauté au profit de la
souveraineté du peuple.
156
L’article 1er de cette Déclaration indique, en effet, que les hommes naissent libres et égaux en
droits.
100

Elles dévoilent donc la complexité des éléments qui entourent souvent la qualité de
l’électeur.

A. La qualité d’électeur

La qualité de l’électeur est, en règle générale, fixée par le droit positif de chaque
pays. Une ligne de démarcation est, cependant, perceptible entre les différentes
législations. On admet, en effet, que la qualité d’électeur s’obtient par la production
d’une preuve de nationalité, l’identité de la personne qui s’en prévaut, sa majorité

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électorale, ainsi que la jouissance des droits civiques et politiques. Il arrive que le
législateur impose quelques exceptions liées à l’état de la personne.

1. La nationalité

L’ensemble de législations électorales subordonnent l’exercice du droit de vote à


l’administration de la preuve de nationalité. Seuls, en effet, les nationaux sont
autorisés, sous réserve des dispositions particulières propres à chaque pays 157, à
participer au vote.
Pour établir la preuve de sa nationalité, il suffit de produire l’original de sa carte
nationale d’identité 158 en cours de validité ou d’un document en tenant lieu. À défaut
d’un tel document ou en cas de doute sérieux sur son authenticité, il est pourvu par la
production, s’il est requis, d’un passeport en cours de validité ou d’un certificat de
nationalité délivré par l’autorité compétente.
La compétence en matière de nationalité est, hormis les dispositions légales
contraires, d’attribution. Sera considéré comme dépourvu d’existence juridique, un
document de nationalité délivré par l’autorité non habilitée et/ou dépourvue de la
qualité légale.
L’histoire des élections en République démocratique du Congo renseigne que tous
les Congolais n’ont pas toujours été invités au vote.
Pour les élections municipales de 1957, seuls les citoyens belges âgés de vingt-cinq
ans révolus et résidants au Congo, depuis cinq ans au moins, étaient admis au vote,
pour les élections communales, municipales et provinciales de 1959 159 et celles des
membres de la chambre des représentants 160. L’absence du recensement et

157
En France, par exemple, les étrangers ressortissants des États membres de l’Union européenne
sont notamment autorisés à participer aux élections européennes et municipales.
158
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit., p. 9.
159
Art. 1er de l’Ordonnance législative n° 25/554 du 6 novembre 1959 relative au droit de vote et
d’éligibilité, Bulletin Officiel, 1959, p. 2863.
160
L’article 1er de la Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales au Congo
énumère les personnes appelées à participer à l’élection des membres de la chambre des représentants, à
101

d’identification de la population a conduit le législateur actuel à ne considérer, comme


document d’identité provisoire, que la carte d’électeur délivrée par la Commission
électorale nationale indépendante 161.
Pour s’inscrire sur la liste électorale, le candidat doit produire, à défaut du certificat
de nationalité, l’attestation tenant lieu, la carte d’identité, le passeport national en
cours de validité, le permis de conduire sécurisé, le livret de pension délivré par
l’institut national de sécurité sociale ou par toute autre institution congolaise
légalement reconnue, la carte d’élève ou d’étudiant ou celle de service.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020489
À l’absence de l’une des pièces exigées, l’administration électorale prend en
compte la déclaration écrite faite, par trois personnes majeures déjà inscrites sur la
liste des électeurs du même centre d’inscription, et contresignée, à titre gratuit, par le
Chef de quartier ou le Chef du village, dans lequel se situe ce centre 162.
Prise en exécution de cette loi, la décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005
portant mesures d’application de la loi sur l’identification et l’enrôlement des électeurs
en République démocratique du Congo indique que :
si une personne qui désire s’inscrire sur une liste électorale ne trouve pas
le nombre des témoins requis pour se faire enrôler, elle peut demander au
président du Centre d’inscription qui décide, après concertation avec
l’Unité de Médiation, de l’inscrire, s’il juge son identité suffisamment claire
et avérée 163.
Le recours à l’Unité de médiation a permis l’inscription des personnes ne
réunissant pas le nombre de témoins exigés par la loi, en vue de certifier de leur
nationalité congolaise, mais également celles dont la citoyenneté n’était pas a priori
prouvée. Il n’a pas, ainsi qu’on le verra, été au service du juge électoral.
La réglementation congolaise en matière d’identification et d’enrôlement des
électeurs entretient, donc, une confusion entre l’attribution de la qualité d’électeur,
découlant d’une procédure administrative, et l’exercice effectif du droit de vote, au
point d’ouvrir la porte à l’acquisition, par les étrangers qui le désirent, de la nationalité
congolaise, par le seul fait de leur inscription sur les listes électorales.

savoir les personnes qui ont le statut de Congolais, celles nées de mère congolaise ou ressortissant du
Ruanda-Urundi ayant résidé au Congo, au moins dix ans avant le vote.
161
L’article 6, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour précise que la qualité
d’électeur est constatée par l’inscription sur la liste des électeurs et la détention d’une carte d’électeur délivrée par
la Commission électorale nationale indépendante.
162
Art. 10, al. 2 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
163
Aux termes de l’art. 13 al. 3 de la Décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005, l’Unité de
Médiation est une structure située dans un ou plusieurs Centres d’inscription et composée des personnes
neutres désignées par le Bureau de la Commission électorale indépendante, pour prévenir et gérer les
conflits électoraux nés de l’enrôlement des électeurs.
102

À la faveur de la politique du recours à l’authenticité, on est parvenu à fausser, dans


certaines provinces du pays, les données d’état civil 164, alors qu’en régime
démocratique, le corps électoral n’est pas déterminé, au regard des conditions
administratives (possession d’une carte d’électeur) 165, mais plutôt de la jouissance des
qualités objectives, telles que l’identité, l’âge, la nationalité, la dignité ou l’éligibilité
légale 166.
Il n’est, objectivement, pas soutenable qu’à cinquante-neuf ans d’indépendance, le
Congo ne soit pas capable de disposer un fichier d’état civil à partir duquel il est aisé

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d’établir un fichier électoral, mis à jour de manière permanente, tant la loi organique
sur la Commission électorale nationale indépendante l’oblige à découper les
circonscriptions électorales, au prorata des données démographiques actualisées 167,
mission conférée à l’Office national d’identification de la population installée depuis
2015.

2. L’identité

En application d’une disposition légale, l’administration territoriale ou électorale


est, selon le cas, autorisée d’exiger la présentation, au moment de l’inscription sur une
liste électorale, de l’original ou de la copie conforme à l’original de l’une des pièces
requises.
Sans être nécessairement uniforme et exhaustive, chaque législation prend soin de
préciser la nature des pièces à produire, telles que la carte d’identité, le passeport, le
permis de conduire, la carte militaire ou de policier ou encore la carte de
fonctionnaire, en cours de validité, avec photographie. Une fois produite, l’une ou
l’autre de ces pièces doit porter la signature de l’autorité compétente.
Tout en autorisant l’usage, au moment de l’inscription sur une liste électorale,
d’autres noms en plus de celui de famille (une femme peut ajouter à son nom de jeune
fille ou de famille, celui de son mari), certaines législations, comme en France,
n’acceptent pas qu’un électeur cumule ou combine plusieurs noms 168.

Le processus d’identification des nationaux opéré en 1974 a été vicié par l’obligation faite à toute
164

personne désireuse d’acquérir la nationalité congolaise (zaïroise) de puiser ses noms et post-noms dans le
patrimoine culturel national, au point d’encourager une fraude dans la fixation de l’âge des candidats à la
nationalité congolaise.
165
ESAMBO KANGASHE J.-L., « La loi électorale » in M’BOKOLO E. (dir.), Élections
démocratiques en République démocratique du Congo. Dynamiques et perspectives, Kinshasa, AGB, 2010,
p. 90.
166
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit., p. 46.
167
Art. 9, point 10 de la Loi organique n° 13/12 du 19 avril 2013, modifiant et complétant celle
organique n° 10/13 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission
électorale nationale indépendante.
168
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit., p. 10.
103

3. La majorité électorale

Indispensable à l’attribution du droit de vote, la fixation de la majorité électorale


s’apprécie au moment de la clôture de l’opération d’inscription sur les listes
électorales. Sur cette question, les recettes sont loin de répondre à l’uniformité ; la
majorité électorale pouvant se situer entre dix-huit et vingt-et-un ans.
À l’exception de l’Autriche qui l’a ramenée, depuis 2007, à seize ans, pour les
élections nationales (élection des députés nationaux), la quasi-totalité de législations,

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dont celle de la République démocratique du Congo, fixe la majorité électorale à dix-
huit ans révolus.
La limitation du droit de vote par l’âge a un fondement politique. On considère, en
effet, que les mineurs seraient politiquement irresponsables et, partant, dangereux,
parce que dépourvus de la capacité de faire un choix judicieux ; suivant les critères
objectifs, ils sont souvent emballés par la contestation qu’accompagnent,
habituellement, les révolutions.
À l’inverse, l’acquisition de la majorité électorale serait un gage de sagesse et de
maturité politique, bénéfique au sens de modération, de responsabilité et de
pondération.
L’argumentaire est certes séduisant, mais la fixation de la majorité électorale est
tributaire de plusieurs facteurs, notamment le contexte sociopolitique propre à chaque
pays et les habitudes acquises.

4. La jouissance des droits civils et politiques

Dans le domaine électoral, certaines législations sont parvenues à exclure du droit


de vote les personnes privées, par une décision de justice, de leur capacité civile. Cette
interdiction s’appuie, généralement, sur l’idée d’indignité et d’immoralité qui
frapperait la personne privée de ses droits civils et politiques car, dit-on, celui qui ne
serait pas digne de gérer sa vie privée, ne saurait l’être dans sa vie publique.

4.1. Les droits civil s


En application des règles unanimement admises en droit civil, toute personne
disposant d’une capacité de jouissance peut, par une décision de justice, être privée
d’exercer certains droits subjectifs, dont celui d’être électeur ou éligible 169.

169
Avant l’entrée en vigueur de la Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 sur l’égalité des chances, cette
interdiction était de stricte application en France.
104

Sur la base d’une telle décision, pareille personne ne pourra pas participer à une
élection. Il en est, également, d’une personne placée, de manière irrévocable, par une
décision de justice sous la tutelle judiciaire.
L’intervention du juge dans la gestion de la vie privée d’un électeur induit, d’une
part, qu’il soit régulièrement saisi pour en ordonner, s’il échet, la tutelle ou, le cas
échéant, la levée, et d’autre part, pour permettre un fonctionnement harmonieux des
administrations judiciaire et électorale.
La question ne relève, donc, pas d’une réglementation uniforme dans tous les pays,

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surtout ceux d’Afrique en crise ou sortis de crises.

4.2. Les droits politiques


L’indignité politique dont une personne peut faire l’objet n’a pas la même portée
que celle de nature essentiellement pénale. Posés par un candidat, pendant la
campagne électorale, certains actes 170 peuvent se révéler politiquement critiquables,
sans pour autant constituer une infraction à la loi pénale, pour que le juge saisi
applique la sanction appropriée.
De même, toute décision de condamnation en matière pénale n’entraîne pas,
nécessairement, la perte du droit d’être inscrit sur une liste électorale ou de se porter
candidat à une élection. Un détenu préventif ou une personne bénéficiant d’une
liberté provisoire ou conditionnelle n’est donc pas privée de son droit politique,
notamment celui d’être inscrite sur une liste électorale.
Organisé, lors des scrutins de 2006, l’enrôlement des Congolais incarcérés, dans
les maisons d’arrêt, n’a pu être réalisé pendant les opérations de révision, en 2011,
2017 et 2018, ce qui s’apparente à une violation flagrante et intentionnelle d’un droit
constitutionnel garanti aux citoyens jouissant de leurs droits civils et politiques.
On objecte, par ailleurs, que le délit d’opinion ou de presse commis en période de
campagne électorale peut être considéré comme de nature mineure et, donc,
tolérable pour que la condamnation pénale, qui peut en résulter, ne constitue pas un
motif de privation du droit de vote.
Il se constate qu’en dépit de leur nombre, relativement, réduit ou quasi inexistant,
pour la République démocratique du Congo, les décisions judiciaires ordonnant la
privation totale ou partielle des droits civils et politiques ne permettent pas, en
l’absence d’un fichier judiciaire correctement tenu, la gestion rationnelle de l’éligibilité
de cette catégorie de Congolais, rendant difficile la tâche de l’administration
électorale.

170
Déplacement des effigies d’un adversaire politique de leur endroit initial, présentation caricaturée
de son image dans la presse ou dans un film.
105

5. Le cas particulier des Congolais vivant à l’étranger

Le droit de vote des étrangers et des citoyens vivant à l’étranger constitue, dans
bien des cas, une exception au principe constitutionnel d’égalité devant le suffrage. Il
n’est, donc, pas de réglementation homogène, chaque législation électorale s’efforçant
de l’aménager en fonction des impératifs politiques et des contraintes
organisationnelles.
En pratique, deux situations peuvent se présenter, à savoir la participation des

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étrangers à un scrutin organisé, dans le cadre strictement national et le droit de vote
des Congolais vivant à l’étranger.
Les étrangers ne sont, ni électeurs, ni éligibles ; seuls les personnes ayant un lien de
citoyenneté avec le pays concerné, peuvent participer au scrutin. Il suffit, pour ce faire,
de produire la preuve de sa citoyenneté, au moment de son inscription sur une liste
électorale.
Dans certains pays, comme la France, la participation aux scrutins européen,
présidentiel, législatif national ou sénatorial n’est pas automatiquement acquise, une
distinction est souvent faite entre différentes catégories des Français.
Pour ces scrutins, en effet, le droit de vote n’est reconnu qu’aux seuls Français
d’origine, les autres n’étant, en principe, admis qu’après avoir rempli certaines
conditions, notamment le fait d’avoir un intérêt réel en France et d’y avoir, sans
interruption, résidé pendant au moins dix ans précédant l’élection 171. En Belgique, les
citoyens belges ou de la Belgique 172 sont, sans distinction, acceptés à participer aux
seules élections législatives nationales.
En Espagne et au Portugal, la faculté pour un étranger de participer aux scrutins
locaux est soumise, en plus de l’exigence de la réciprocité, à la condition de résidence
non interrompue, pendant trois ans qui précèdent l’élection. En Irlande, il suffit de
justifier d’une résidence, quelle que soit son ancienneté, pour qu’un étranger participe
aux élections municipales.
En République démocratique du Congo, seuls les Congolais d’origine ou
naturalisés, titulaires des droits civils et politiques et résidant au pays ont la qualité
d’électeur.
Plusieurs autres pays comme le Botswana, le Brésil, le Burkina Faso, le Cap Vert, le
Chili, la Guinée, l’île Maurice, l’Ouganda, le Rwanda, l’Uruguay, le Venezuela ou
encore la Zambie reconnaissent, sous diverses conditions, le vote des étrangers.

171
C’est le cas, notamment, des électeurs de la Nouvelle-Calédonie en application des accords de
Nouméa du 5 mai 1998.
172
Si les premiers sont belges par leur origine, les seconds le sont par acquisition et, donc, par
naturalisation.
106

Plus généralement, on observe que les pays qui reconnaissent à leurs citoyens le
bénéfice d’une double nationalité consacrent l’égalité de droit de suffrage, peu importe
le domicile ou le lieu de résidence, la seule condition exigée étant l’inscription sur une
liste électorale.
S’agissant du droit de vote des citoyens vivant à l’étranger, la réglementation est
encore variée. Même si le principe paraît acquis, les applications divergent, en raison
des contextes politiques et organisationnels de chaque pays. Il convient donc de s’y
rapporter.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
La législation congolaise a péché, dans ce domaine, par une inconstance
déconcertante. Prenant appui sur les difficultés financières, qui auraient empêché
l’organisation, avant le scrutin référendaire de 2005, du recensement général de la
population 173, l’enregistrement sur les listes électorales des Congolais résidant à
l’étranger fut, d’abord exclu 174, puis autorisé 175, avant d’être, à nouveau, différé sine
die 176, alors qu’il a été prévu, dans le calendrier électoral rendu public, le 5 novembre
2017, par la Commission électorale nationale indépendante 177.
Comme on peut se rendre compte, les hésitations du législateur donnent à penser
que la question dépasse la simple appréhension technique et conjoncturelle, pour se
situer dans la gestion politique d’une opération que l’on croit trouver une explication,
dans l’absence de volonté de doter la République d’un fichier d’état civil fiable, en vue
des scrutins tout aussi fiables que crédibles.
On relève, à cet égard, que depuis le recensement partiel de la population,
intervenu en 1984, la République démocratique du Congo semble éprouver, de
manière permanente, des difficultés financières et des contraintes de temps, pour
différer l’identification de la population, sous prétexte des exigences liées au calendrier

173
Exposé des motifs de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
174
Art. 8, tiret 3 de la même Loi dispose, en effet, que l’inscription sur la liste électorale est soumise aux
conditions suivantes… se trouver sur le territoire de la République démocratique du Congo au moment de
l’identification et de l’enrôlement.
175
Aux termes de l’article 8, alinéas 2 et 3 de la même Loi, le Congolais résidant à l’étranger âgé de
18 ans révolus à la date du dernier scrutin du cycle électoral et jouissant de ses droits civils et politiques,
mais titulaire d’une carte d’identité ou d’un passeport en cours de validité, peut se faire identifier et
enrôler au niveau du Centre d’inscription ouvert dans l’ambassade ou le consulat général de son lieu de
résidence. Le Congolais résidant dans un pays où la République démocratique du Congo n’a pas de
représentation diplomatique ou consulaire peut se faire identifier et enrôler dans un Centre d’inscription
proche de son lieu de résidence.
176
L’article 55 ter de la même Loi indique que les dispositions de l’article 8, alinéas 2 et 3, et
10 alinéas 2, 3 et 4, de la présente Loi, concernant l’identification et l’enrôlement des Congolais résidant à
l’étranger ne sont pas d’application pour le cycle électoral en cours.
177
La Décision n° 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre 2017 portant publication du calendrier des
élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales prévoit l’identification
et l’enrôlement des Congolais résidant à l’étranger du 1er au 25 septembre 2018.
107

électoral 178, juste pour exclure les Congolais, résidant à l’étranger, du processus
d’identification et d’enrôlement, condition sine qua non pour leur participation à la vie
politique nationale 179.
Cette disposition ne peut autrement s’expliquer que dans une stratégie politique
bien ficelée, visant à priver cette catégorie de Congolais de leur droit constitutionnel
d’être électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi.

B. Le rattachement à une circonscription électorale

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
La détention de la qualité d’électeur ne suffit pas, pour participer au vote. Il faut, en
plus, se faire inscrire sur la liste électorale de la commune ou la circonscription
électorale de rattachement 180.
Pour permettre à tout citoyen, désireux de participer au vote, d’avoir une
circonscription électorale de rattachement, le législateur s’est montré souple en
parlant du domicile, de la résidence 181, du lieu du travail ou de la qualité de
contribuable, pour certains pays 182, comme critère de détermination de la
circonscription électorale de rattachement.

1. Le domicile

Le domicile est le principal établissement d’une personne, le centre de ses intérêts


familiaux ou professionnels (cabinet médical ou d’avocats, bureau d’études…).
Fixe, réel et personnel, le domicile doit, pour créer un droit électoral subjectif,
indépendamment, de toute autre habitation et, notamment, de la résidence, être
légalement constaté. Dans le domaine électoral, il n’est, en effet, autorisé à une
personne de n’avoir qu’un seul domicile, la possibilité de disposer plusieurs résidences
étant largement ouverte.

178
Exposé des motifs de la Loi n° 18/006 du 27 juin 2018 modifiant et complétant la Loi n° 06/006
du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines,
municipales et locales, telle que modifiée et complétée par la Loi n° 15/001 du 12 février 2015 et la Loi
n° 17/013 du 24 décembre 2017, Journal officiel de la République démocratique du Congo, n° 14 du
15 juillet 2018, col.10.
179
Aux termes de l’alinéa 5 de l’article 5 de la Constitution du 18 février 2006, telle que modifiée à ce
jour, il est indiqué que, sans préjudice des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la présente
Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions prévues par la loi, tous les Congolais de deux
sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
180
MALIGNER B., Droit électoral, Paris, Ellipses, 2007, p. 61.
181
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit. pp. 51-54.
182
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit. pp. 18-19.
108

Le fait de contracter un mariage et de vivre, dans la commune où son conjoint


s’était préalablement inscrit, ne présume pas qu’on a, obligatoirement, son domicile
dans la circonscription électorale de la même commune.
L’inscription des parents sur la liste électorale d’une commune n’induit pas,
nécessairement, que le fils, devenu majeur, a son domicile, dans la même
circonscription.
Seul, le juge apprécie souverainement, si la personne inscrite sur la liste électorale
remplit, effectivement, les conditions de domicile prévu dans le code électoral. Il lui

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
incombe, donc, de rechercher si les possibles manœuvres orchestrées, au moment de
l’inscription ou de l’établissement d’une liste électorale, ont altéré la sincérité du
scrutin.

2. La résidence

En vue de la constitution des listes électorales, le législateur précise que les


électeurs sont identifiés et enrôlés, dans le centre d’inscription situé dans le ressort de
leur résidence 183, celle-ci étant considérée comme une habitation actuelle, effective et
continue d’une personne.
Ne sont pas assimilés à la résidence, une habitation secondaire ou temporaire, un
séjour provisoirement organisé dans un lieu touristique ou une colonie de vacances.
Dans la pratique en effet, on observe que les élections générales de 2006 et 2011
ont administré la preuve du parachutage, à partir de Kinshasa, voire de l’extérieur du
pays, de bon nombre de candidats qui se sont fait élire dans les circonscriptions au
sein desquelles, ils ne disposaient pas de domicile, ni de résidence connue.
Devant chaque cas d’espèce, il appartient au juge d’apprécier souverainement si, au
moment de fixation de la résidence, la volonté du législateur n’aura pas été détournée.
Pour les rattacher à un électeur, les éléments de résidence doivent être appréciés au
jour de la clôture définitive de la liste électorale. Ainsi, sauf exception légale 184,
l’électeur n’est autorisé à exprimer son vote que dans la commune ou la
circonscription de son inscription ou de son rattachement.

Art. 7, al. 1er de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
183

184
Notamment, pour les électeurs vivant à l’étranger, ceux qui, au moment du vote, se trouveraient
incarcérés dans une maison d’arrêt ou une prison, les électeurs hospitalisés, en voyage ou en mission
officielle, etc.
109

C. La qualité de contribuable

La qualité de contribuable est, également, déterminante pour la participation à une


élection. Certaines législations réservent le droit de vote aux seuls électeurs ayant
acquis la qualité de contribuable.
L’article L. 11, 2° du code électoral français confère la qualité d’électeur à toute
personne qui, pendant l’année de la demande d’inscription, figure pour la cinquième
fois, sans interruption, au rôle de contributions directes communales ; celles-ci devant

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
provenir, soit de taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, soit de la taxe
d’habitation, soit encore de la taxe professionnelle, à l’exception de l’impôt sur le
revenu.
L’inscription au rôle des contributions est personnelle et, en principe, établie par la
production d’un certificat délivré par le percepteur attestant qu’au courant de l’année
de la demande, le requérant figure bien, pour la cinquième fois, sans interruption, au
rôle.
À l’effet de solliciter l’inscription, sur la même liste électorale que ses parents, un
enfant revêtu de la qualité d’électeur ne peut se prévaloir de l’état de contribuable de
ses parents. Il importe, cependant, de noter que tout électeur qui a la qualité de
contribuable est autorisé à s’inscrire, à sa demande, sur la même liste électorale que
celle sur laquelle s’est inscrit, à titre de contribuable, son conjoint 185. La non-maîtrise
des statistiques de la population est de nature à réduire la portée de cette exigence, au
point de faire douter du bien-fondé de l’opération d’identification des contribuables
en droit congolais.

D. Les conditions liées à la personne

Plusieurs législations excluent, en raison du sexe, de la race ou de l’appartenance à


un corps de métier, une catégorie des personnes du droit de vote.

1. Les conditions liées au sexe

En droit électoral, le vote de la femme n’est apparu que fort tard ; plusieurs raisons
ayant été développées à cet effet. Sexuellement faible et intellectuellement inapte, la
femme serait plus douée à l’entretien du feu domestique, la gestion de ses linges et le
pourpoint de son mari qu’à s’occuper du vote. Cet argument n’est pas décisif,
l’expérience ayant démontré le contraire. On note, à cet égard, que la femme moderne
dispose des mêmes aptitudes que son partenaire homme et s’en sort, souvent, mieux.

185
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit., pp. 18-19.
110

Dans le domaine de l’entretien du feu domestique, il semble, à ce jour, qu’il est


mieux assuré par les hommes. La recherche, de plus en plus, accrue de la liberté a, en
outre, poussé certains pays comme la Belgique, les États-Unis d’Amérique, le
Royaume-Uni ou encore la France à reconnaître le mariage entre les personnes de
même sexe.
À l’heure actuelle, le vote de la femme est reconnu et réglementé, certains pays
comme la Suède 186, la Nouvelle-Zélande 187, quelques États de la fédération
américaine 188, l’Australie 189, la Norvège 190, le Danemark 191, les États-Unis

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
d’Amérique 192, l’Uruguay 193, l’Angleterre 194, l’Équateur 195, l’Afrique du Sud 196, le
Cuba 197, la Birmanie 198, la Roumanie 199, le Salvador 200, le Québec201, la République
dominicaine 202, la France 203, l’Italie et le Japon 204, l’Espagne 205, l’Argentine, la Bulgarie
et le Venezuela 206, la Belgique et l’Israël 207, le Chili 208, l’Haïti 209, la Grèce, la Bolivie,
l’Inde et le Liban 210, le Mexique 211, la Colombie, le Pakistan et la Syrie 212, le Pérou et
l’Égypte 213, la Tunisie 214, la République démocratique du Congo 215, le Paraguay 216, la

186
Entre 1718 et 1771.
187
En 1893.
188
Tels que WYOMING (en 1868), COLORADO (en 1893), UTAH et IDAHO (en 1896).
189
En 1902.
190
En 1913.
191
En 1915.
192
En 1920.
193
En 1927.
194
En 1928.
195
En 1929.
196
En 1930 pour les femmes blanches avant de s’étendre, en 1994, aux femmes noires.
197
En 1934.
198
En 1935.
199
En 1937.
200
En 1939.
201
En 1940.
202
En 1942.
203
En 1944.
204
En 1945.
205
En 1946 uniquement pour les femmes mariées.
206
En 1947.
207
En 1948.
208
En 1949.
209
En 1950.
210
En 1952.
211
En 1953.
212
En 1954.
213
En 1955.
214
En 1957.
215
En 1959.
216
En 1960.
111

Principauté de Monaco 217, le Portugal 218, le Qatar 219, le Koweït 220 et l’Arabie
Saoudite 221 l’autorisent. Rares, sont les pays africains qui ne reconnaissent pas ce droit
à la femme 222.
Matérialisé, pendant le référendum constitutionnel du 4 au 16 juin 1967 223, le vote
de la femme n’a cessé de s’affirmer en République démocratique du Congo.
On rappelle que lors du cycle électoral de 2006 et 2007, 52,6 % d’électrices furent
enrôlées, avec quatre candidates à l’élection présidentielle, sur un total de trente-trois
dossiers reçus, soit 12 %.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Au niveau du parlement, on a enregistré quarante-quatre élues à l’Assemblée
nationale, soit 8,4 % contre cinq au Sénat, soit 4,6 %.
La composition des assemblées provinciales révèle une représentation limitée des
femmes. Ainsi, de cinq mille neuf cent cinquante-cinq candidatures réceptionnées par
l’administration électorale, cinq cent soixante-quatre ont été des femmes, soit 8,63 %.
On relève, également, que sur six cent trente-deux députés provinciaux élus sur
l’ensemble du territoire national, quarante-trois, soit 6,8 % ont été des femmes et une
seule cooptée chef coutumier, sur une liste de quarante-huit.
Pour l’élection des Gouverneurs et vice-gouverneurs de province, quinze
candidatures féminines, soit 9,61 %, sur un total de cent cinquante-six ont été
identifiées, aucune d’elles n’a été élue.
Pour le cycle électoral du 28 novembre 2011, il a été enregistré 49,7 % d’électrices,
aucune candidature à l’élection présidentielle.
Sur treize mille cent quatre-vingt-dix-sept candidats à la députation nationale,
mille quatre cent quinze, soit 11 % ont été des femmes, seules quarante-sept furent
élues, soit 9, 73 %.

217
En 1962.
218
En 1974.
219
En 1999.
220
En 2005.
221
En 2011.
222
Supprimé par la Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales du Congo
(art.1er al. 2), le droit de vote de la femme a été, pour la première fois, reconnu à l’occasion du référendum
constitutionnel de 1967 (article 2 de l’Ordonnance-loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du
référendum). Il sera confirmé (art 5 al. 2), ensuite, pour les élections législatives, sur pied de
l’Ordonnance-loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des élections législatives (art. 6), avant
d’être consolidé par l’Ordonnance-Loi n° 70-027 du 17 avril 1970 portant organisation de l’élection du
président de la République (art.4). Depuis lors, il n’est soumis à aucune restriction de fait ni de droit.
223
Aux termes de l’article 5 de l’Ordonnance-Loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du
référendum constitutionnel, sont autorisés à participer à cette consultation, tous les Congolais, de deux
sexes, âgés de dix-huit ans révolus à la date du 4 juin 1967.
112

En vue de leur participation aux élections générales du 30 décembre 2018 et


31 mars 2019, vingt millions cinq cent quarante-neuf mille quatre cent trente des
femmes ont été enrôlées, soit 51 %, une candidature à l’élection présidentielle, sur un
total de vingt et une.
Sur quinze mille trois cent cinquante-cinq dossiers de candidature reçus à la
députation nationale, mille sept cent quatre-vingt-quinze ont été présentés par des
femmes, avec quarante-neuf députées nationales élues, soit 11 %. Le Sénat compte,
quant à lui, 19 femmes, soit 20 %.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Des dix-neuf mille six cent quarante dossiers de candidature enregistrés à la
députation provinciale, deux mille trois cent treize, soit 11 % furent des femmes, dont
soixante-treize élues. Lors des scrutins de mars et avril 2019, il a été documenté
l’élection des deux femmes à la tête des Assemblées provinciales du Haut-Uélé et du
Maniema, aucune n’a été élue gouverneur ou vice-gouverneur de province 224.
La variation du taux de participation de la femme aux élections congolaises
s’explique par sa faible éducation (insuffisance d’instruction) civique et politique à
laquelle s’ajoutent les préjugés psychologiques de divers ordres, dont elle est à la fois
victime et complice.

2. Les conditions liées à la race

La race a été utilisée, par certains pays, comme une technique de restriction du
droit de vote et, partant, de consécration du suffrage inégalitaire.
L’Allemagne s’était, à l’époque d’Adolphe Hitler, singulièrement distinguée dans la
pratique d’interdiction du vote des Israélites.
À la fédération américaine, par exemple, quelques États fédérés du Sud ont résolu
de prendre des dispositions semblables, ayant abouti à la réduction du vote des noirs.
La situation a, plus tard, évolué au point que l’électorat noir joue, actuellement, un rôle
déterminant, lors des scrutins présidentiel et législatif. Une opinion considère, non
sans raison, que le poids de l’électorat noir a, considérablement, pesé dans l’élection,
en 2008, d’Hussein Barak Obama à la présidence de ce pays.
En Afrique du Sud, on signale, il y a peu, que les métis et, dans une proportion
variable, les noirs n’avaient pas droit au vote.

3. Le vote des militaires et policiers

Le droit de vote des militaires et policiers est, en raison du rôle combien particulier
conféré à ces deux corps de métier, encore controversé.

224
L’ensemble de ces statistiques sont offertes par la Commission électorale nationale indépendante.
113

Titulaires des droits subjectifs, les militaires et policiers sont des citoyens, à part
entière, et doivent être juridiquement capables de s’inscrire sur une liste électorale,
pour participer à la vie publique de leurs pays.
Si certaines législations 225 reconnaissent le droit de vote des militaires et policiers,
d’autres l’excluent 226.
Constitués sur pied de leur soumission à l’autorité civile et à la discipline qui
caractérise leur mission, les militaires et policiers doivent être exemptés des querelles
et luttes politiques qu’induirait le vote, dans les casernes, cantines, chambrées et

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
académies militaires ou policières.
En dépit de cette réserve, somme toute justifiée, le vote des militaires et policiers
est une réalité avec laquelle il faut composer ; la méconnaître, revient à renier aux
bénéficiaires le droit d’être citoyens d’un pays. La délicatesse a, parfois, conduit
certains pays à admettre, sous certaines conditions, le principe en organisant, par
exemple, l’exclusion des militaires et policiers à l’éligibilité.
Quel que soit, en effet, le lieu où ils se trouvent, les militaires et policiers peuvent, si
la loi l’autorise, demander l’inscription sur la liste électorale de la commune de leur
choix (commune de naissance, du dernier domicile ou de la dernière résidence, de la
naissance ou d’inscription des parents ou ascendants…).
Ils ne peuvent être éligibles qu’après avoir été soumis à certaines restrictions
légales, notamment, la production de la démission acceptée. Il en est, également, des
fonctionnaires en mutation de longue durée et les mariniers, à condition de justifier le
lien avec leurs activités (contrat de travail, bulletin salarial, attestation de service
délivrée par l’employeur…).
Si le vote des militaires et policiers fait, désormais, partie du droit positif, il est, en
revanche, interdit de l’organiser dans les casernes, chambrées, cantines, académies
militaires et policières, question d’épargner ces milieux des influences politiciennes,
préjudiciables à la discipline.

Section 2. Les aiguilleurs des élections


Dans la pratique des élections, il est recommandé, voire exigé, la présence, au sein
des structures opérationnelles de l’organe de gestion des élections, des témoins ou
délégués des candidats, partis et regroupements politiques, des observateurs et des

225
Notamment américaine, burkinabé, burundaise, brésilienne, camerounaise, gabonaise, guinéenne,
française, malienne, mauritanienne, sénégalaise, tchadienne, togolaise ou encore zimbabwéenne.
226
Reconnue par Ordonnance-loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des élections
législatives, l’inscription des militaires et policiers sur les listes électorales est, actuellement, interdite par
la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 (art. 9 tiret 3). Privés du droit d’être électeurs, ils sont, néanmoins,
éligibles dans les conditions fixées par la loi électorale.
114

médias, en vue de s’assurer de la transparence et, par voie de conséquence, de la


crédibilité du scrutin.

§ 1. Les témoins

Le législateur congolais définit le témoin comme une personne physique, de


nationalité congolaise, mandatée par un candidat indépendant, parti ou regroupement
politique, pour assister aux opérations électorales 227. Il surveille toutes les opérations
d’identification et d’enrôlement des électeurs, vérifie la fiabilité des programmes des

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
ordinateurs et a droit d’exiger la consignation de toute observation, au procès-verbal,
qu’il contresigne avant sa mise sous scellé. La copie de ce procès-verbal lui est remise,
s’il en fait la demande 228.
Délégués des candidats, partis ou regroupements politiques, les témoins assistent à
toutes les opérations de vote, de dépouillement et de centralisation des résultats.
Choisis parmi les personnes inscrites sur la liste des électeurs, ils suivent, dans les
Bureaux de vote et de dépouillement, les Centres de vote et Centres locaux de
compilation des résultats, le processus de votation, de transmission et de
centralisation des résultats électoraux pour y recueillir, pour le compte de leurs
mandants, toutes les preuves susceptibles d’être exigées ou produites, en cas de
contestation, devant le juge chargé du contentieux.
Ne faisant pas partie des structures opérationnelles de la Commission électorale
nationale indépendante, les témoins ne prennent pas part aux délibérations qui y ont
lieu, même à titre consultatif. Ils ont, en revanche, le droit d’exiger que mention soit
faite, dans les procès-verbaux des opérations électorales, qu’ils contresignent, des
observations, réclamations et contestations relevées en rapport avec la régularité
desdites opérations 229.
En raison de gage de transparence et de crédibilité qu’elle offre au scrutin, la
présence de témoins est, selon la législation, obligatoire ou non. Le législateur
congolais en fait une obligation tout en indiquant que leur absence n’est pas une cause
d’invalidation du scrutin, sauf si elle a été provoquée de manière intentionnelle et en
violation de la loi 230.
Le regard de témoins sur le processus électoral congolais permet d’indiquer qu’en
2006, deux cent mille cent quatre-vingts témoins des candidats, partis et
regroupements politiques ont surveillé le premier tour de l’élection présidentielle,

227
Art. 37 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
228
Art. 31 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
229
Art. 40 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
230
Art. 38, al. 5 de la même Loi.
115

contre trois cent cinquante-six mille deux cent soixante-dix-sept accrédités au


deuxième tour.
En 2011, un million cent soixante-dix-sept mille cent trente témoins des candidats,
partis et regroupements politiques ont surveillé les opérations de vote, de
dépouillement, de centralisation, de compilation et de publication des résultats.
Cette ventilation, relativement, faible s’explique par l’insuffisance de motivation
des témoins, dont la formation et l’encadrement sont entièrement à charge des ceux
qui les ont recrutés.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
§ 2. Les observateurs électoraux

En raison des enjeux politiques qu’elle procure, l’organisation d’une élection


constitue, pour l’administration électorale, un défi de taille. Portées vers la conquête
ou la conservation du pouvoir, les élections obligent les compétiteurs à se livrer une
concurrence sans merci, ne se faisant aucune confiance, même dans un cadre du
régime démocratique.
Dans ces conditions, toute sorte de stratégie politique est, a priori, admise, pourvu
que l’adversaire soit neutralisé et éliminé de la course. C’est alors que l’idée de la
surveillance électorale sera-t-elle soutenue et encouragée.
Prenant appui sur la transparence et la crédibilité du vote, l’ensemble de
législations électorales organisent la surveillance du vote autorisant ainsi la présence
des observateurs, dans la conduite du processus électoral.
Un observateur est une personne physique, de nationalité congolaise ou étrangère,
mandatée par une organisation nationale ou internationale et agréée par la
Commission électorale nationale indépendante, pour suivre les opérations qu’elle
organise 231.
Faisant ainsi partie d’une somme de mesures de vérification et de contrôle de la
régularité, la viabilité et l’honnêteté du scrutin, l’observation protège l’intégrité du vote
et contribue au renforcement du respect des règles du jeu électoral.
On note que depuis la Deuxième Guerre mondiale, le droit pour chaque citoyen de
participer à la direction des affaires publiques de son pays est reconnu comme
fondamental. Le rôle des élections, garantes du respect de ce droit, a été réaffirmé,
pour qu’à chaque scrutin, le pays qui en ressent le besoin sollicite l’observation
internationale du vote, à côté de celle domestique.

231
Art. 32 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
116

A. L’observation nationale ou domestique

En droit électoral congolais, la surveillance électorale du vote est, au plan national,


assurée par les témoins des candidats, partis ou regroupements politiques,
observateurs et journalistes accrédités par la Commission électorale nationale
indépendante. Elle a lieu dans les bureaux de vote et de dépouillement, mais
également dans les autres structures de centralisation, transmission et compilation des
résultats.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
On rappelle que le premier tour de l’élection présidentielle de juillet et août 2006 a
mobilisé soixante-deux mille quarante observateurs, à côté de trois mille vingt-cinq
journalistes nationaux.
Le deuxième tour de la même élection a enregistré cent quatorze mille neuf cent
deux observateurs, trois mille vingt-cinq journalistes nationaux et trois cent cinquante-
six mille deux cent soixante-dix-sept témoins des candidats, partis et regroupements
politiques ont été accrédités pour le contrôle du vote.
Pour les scrutins des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011,
la Commission électorale nationale indépendante a accrédité cent huit mille deux cent
trente-huit observateurs et mille sept cent quarante-sept journalistes.
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo affirme, pour sa part, avoir
déployé, à l’occasion des élections générales du 30 décembre 2018 et du 31 mars
2019, quarante millions d’observateurs électoraux 232, contre vingt mille pour le
compte de la Synergie des missions d’observation citoyenne du cadre permanent pour
les élections 233 et trois mille pour l’association Agir pour les élections transparentes et
apaisées, le Réseau d’éducation civique et électoral, ainsi que le collectif 24 234.
La lecture des différents rapports d’observation électorale fait ressortir le manque
de consensus et de confiance au processus électoral et à l’organe qui le pilote, la
modification du cadre juridique à la veille des scrutins, l’inadéquation de la
communication proposée par la centrale électorale, l’absence d’appréciation partagée
sur la fiabilité du fichier électoral et l’utilisation de la machine à voter, l’interdiction de
quelques rassemblements politiques, pendant la campagne électorale, le
dysfonctionnement logistique, la modification unilatérale de la cartographie des
bureaux de vote à la veille du scrutin, la politisation, dans le recrutement et le
déploiement du personnel et du matériel électoral, l’insuffisance de formation du
personnel opérationnel et de la population.

À long et court termes, disséminés dans toutes les provinces et circonscriptions électorales.
232

En raison de deux cents observateurs, de long terme, et sept cent quatre-vingts superviseurs des
233

équipes, dans toutes les provinces et circonscriptions.


234
Déployés dans dix provinces.
117

Combinées aux appréciations fournies par les missions d’observation


internationale, on se fait vite l’écho d’une impréparation à la base de sérieux doutes sur
la crédibilité et la transparence des scrutins, ainsi que les résultats officiellement
proclamés 235.

B. L’observation internationale

L’observation internationale d’une élection est traditionnellement assurée par le


personnel d’une ambassade à l’étranger, elle intéresse aussi l’Organisation des Nations

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unies. Aussi, par sa résolution n° 64/155 du 18 décembre 2009, l’Assemblée générale
de cette organisation reconnaît-elle l’importance de l’observation internationale des
élections et sa contribution à l’atténuation des risques des violences postélectorales.
D’autres acteurs institutionnels comme les parlementaires, les anciens membres du
gouvernement, les juges et experts électoraux ainsi que les chercheurs, les membres de
la société civile et les journalistes font souvent partie des missions internationales
d’observation électorale. Leurs conclusions peuvent, selon le cas, influer sur la
température dans les relations internationales.
On signale la présence, pour le premier tour de l’élection présidentielle de
juillet 2006, de deux mille soixante-quatorze observateurs internationaux, contre deux
mille six cent quatre-vingt-treize, pour le deuxième tour du même scrutin.
Pour la surveillance de l’élection présidentielle et celle des députés nationaux du
28 novembre 2011, la Commission électorale nationale indépendante a accrédité sept
cent quatre-vingt-cinq observateurs internationaux.
Comparativement à l’observation domestique du vote assurée, en 2006, par cent
soixante-seize mille neuf cent quarante-deux observateurs nationaux, il est renseigné
l’accréditation par la Commission électorale indépendante de quatre mille sept cent
soixante-sept observateurs déployés, non pas sur l’ensemble du territoire national,
mais dans quelques villes et agglomérations du pays.
À l’occasion du scrutin présidentiel couplé aux législatives nationales du
28 novembre 2011, le nombre d’observateurs internationaux se situe autour de sept
cent quatre-vingt-cinq, largement inférieur à celui de cent huit mille deux cent trente-
huit enregistré en 2006.
En vue de la tenue des élections présidentielles, législatives et provinciales des
30 décembre 2018 et 31 mars 2019, la Commission électorale a procédé à la sélection
de missions d’observation internationale, excluant les délégués de l’Union européenne

235
Les missions d’observation de la Conférence épiscopale nationale du Congo et de l’Union
africaine ont souhaité que les résultats qui seront proclamés soient, pour la première, conformes à la vérité
des urnes et, pour la deuxième, au vote du peuple congolais.
118

et du Centre Carter au profit de ceux de l’Union africaine 236, de la Conférence


internationale sur la région de Grands Lacs 237, de la Communauté économique des
États d’Afrique centrale 238, du Forum des commissions électorales des pays membres
de la Communauté de développement de l’Afrique australe 239 et de l’Organisation
internationale de la francophonie 240.
On note qu’au-delà du simple jeu de chiffre et de l’occupation géographique entre
les deux observations électorales, se pose la question, de fond, liée à l’importance
relative accordée, bien souvent, aux conclusions d’observations électorales

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domestiques au profit de celles internationales, influant souvent sur les relations entre
États.
À l’exemple du Bénin, du Ghana, du Malawi, du Sénégal et, dans une certaine
mesure, du Zimbabwe, l’observation nationale des élections a convaincu de sa
préférence sur celle internationale, dont les conclusions se démarquent très peu de
l’idée que se font les initiateurs sur la tenue et l’issue d’un scrutin.
De manière générale, il se constate une certaine facilité avec laquelle les acteurs
électoraux congolais, adhèrent aux conclusions d’observation internationale comme
gage de crédibilité des processus électoraux et, donc, de légitimation du pouvoir.
Le regard international sur les processus électoraux africains dégage, certes, un
certain conformisme aux normes et standards internationaux, mais dévoile en temps
l’idée d’un droit d’ingérence électorale 241 que l’on découvre à la proclamation et
certification des résultats.

C. Le spectre du droit d’ingérence électorale

Dans le domaine des élections, bon nombre de pays africains ont pris l’habitude de
solliciter, à défaut de se voir imposer la surveillance internationale d’une élection
réalisée sous forme d’assistance technique, financière ou logistique.
Couvrant plusieurs domaines d’activités, l’assistance électorale internationale se
découvre, dans l’accompagnement des processus électoraux et/ou démocratiques des

236
Avec quatre-vingts observateurs constitués en vingt-trois équipes, déployées dans treize sur vingt-
six provinces que compte la République démocratique du Congo.
237
35 observateurs électoraux.
238
50 observateurs électoraux.
239
Qui a dépêché au départ trente-trois observateurs électoraux, nombre qui a été réduit à douze, en
raison du changement intervenu dans le calendrier des élections, initialement prévues, le 23 décembre,
mais reportées au 30 décembre 2018. Cette équipe restreinte n’a été déployée que dans deux provinces de
Kinshasa et du Kongo Central.
240
Avec quinze observateurs électoraux.
241
Entendu au sens de la mobilisation de la communauté internationale en faveur de l’assistance,
l’accompagnement des processus électoraux africains, mais surtout de la certification des résultats
119

États demandeurs. Axée, en amont, sur la transparence et la crédibilité desdits


processus, elle converge, en aval, sur la certification des résultats issus du vote.
Dans sa pratique, cependant, l’accompagnement international pose le problème
d’authentification, comme pour la Côte d’Ivoire, des résultats électoraux rendus
publics par les organes et instances nationaux compétents et, donc, des régimes
politiques mis en place.
Au nom du respect des valeurs démocratiques, il se cristallise, dans les pays
demandeurs, le sentiment de subir une sorte de droit d’ingérence électorale qui devrait

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
difficilement cohabiter avec la souveraineté, au demeurant relative, dont ils se
prévalent. Il ne peut autrement s’expliquer, ces processus étant, en grande partie,
contrôlés et financés de l’étranger, jusqu’au soutien aux manifestations politiques,
ayant débouché sur le renversement des régimes en place.
L’idée de soustraire les processus électoraux africains du regard international et,
notamment, occidental ne doit pas occulter celle d’un droit d’ingérence citoyenne
organisé, exercé et contrôlé par les électeurs, principaux acteurs des élections.

§ 3. Les médias et les élections

Forces sociales d’information et de formation de l’opinion publique, les médias


constituent un outil important, dans la mobilisation des ressources autour de valeurs
partagées, mais qui se révèlent indispensables à la rationalisation des rapports entre
pouvoirs publics et citoyens 242.
Pleinement informés des politiques publiques qui leur sont proposées, les citoyens
sont à même d’en contrôler l’effectivité, à travers leurs représentants élus.
On observe qu’organisés dans un cadre normatif, les médias offrent à chaque
individu la possibilité d’échanger avec d’autres, sur la conduite des affaires publiques,
au moyen de la liberté de presse, d’expression et d’opinion, le pluralisme médiatique
ainsi que le caractère de service public attaché aux médias d’État.
Capitale, dans l’instauration d’un régime démocratique, la liberté de presse mérite
d’être mise en perspective. Le lien qu’elle établit avec la démocratie représentative,
telle qu’instituée par le système constitutionnel congolais, exige que soit circonscrit
son champ d’action, avant toute évaluation, sur la base des quelques repères
disponibles et l’impact sur la construction d’une société démocratique.

242
À propos du rôle des médias dans la démocratie, lire ESAMBO KANGASHE J-L., Traité de droit
constitutionnel congolais, Paris, L’Harmattan, coll. « Études africaines », Série Droit, 2017, pp. 304-309.
120

A. La notion de médias

Mieux décortiquer la notion de médias permet de tirer ses frontières avec d’autres
qui lui sont proches, mais dont l’usage peut prêter à confusion.

1. La définition de médias

Difficiles à percevoir par leur contenu, les médias désignent une institution ou un
moyen impersonnel de large diffusion d’informations et des opinions, quel qu’en soit

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
le support. Par eux, les informations et opinions sont communiquées à un très grand
nombre de personnes, sans possibilité de personnaliser le message.
Les médias sont, donc, constitués des supports de communication de masse,
notamment les stations de radiodiffusion et/ou les chaines de télévision, ainsi que les
organes de presse écrite et électronique, mais dont l’objet tourne autour de la collecte,
le traitement et la diffusion des informations et des idées.
De cette définition, on retient qu’un média est un moyen impersonnel de diffusion
des informations et opinions communiquées à un nombre diversifié des destinataires.
Sont, notamment considérées comme médias la radio, la télévision et la presse.

2. Les médias et les notions voisines

Une confusion est souvent entretenue entre les médias, la presse, le professionnel
de la presse, l’organe de presse, l’entreprise de presse, l’agence de presse, la messagerie
de presse, le quotidien, le magazine, le journal ou le journaliste.
Par presse, on entend un ensemble de moyens de diffusion et de communication
de l’information, à ce compris les journaux, les revues périodiques, les magazines, les
publications spécialisées ou les organismes professionnels 243.
En République démocratique du Congo, la loi fixant les modalités de l’exercice de
la liberté de presse définit le professionnel de la presse comme toute personne
œuvrant, au sein des catégories de métier et se vouant, d’une manière régulière, à la
collecte, au traitement, à la production, à la diffusion de l’information et des
programmes, à travers un organe de presse et en tire l’essentiel de ses ressources 244.
L’organe de presse, quant à lui, s’occupe de la publication et, généralement, au
moyen de l’écrit, à ce compris, les écrits en ligne, des bulletins d’information. Il est

243
Art. 2 de la Loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de presse
en République du Zaïre, Journal Officiel de la République du Zaïre, numéro spécial d’août 1996.
244
Idem.
121

différent d’un quotidien ou d’un magazine, l’un et l’autre publiant, au jour le jour ou
mensuellement, les informations dont il a connaissance 245.
Si le journal représente une tribune de diffusion des informations, la personne qui
l’anime ou se voue, de manière régulière, à la collecte, au traitement et à la diffusion
des nouvelles ou des idées, dans un ou plusieurs organes d’informations et en tire
l’essentiel de ses ressources porte la qualité de journaliste professionnel. Elle a droit à
une carte de presse délivrée, à sa demande ou à celle de l’organe d’information qui
l’emploie, par l’Union de la presse du Zaïre (Congo) 246.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Jusqu’en décembre 2016, cette structure n’a pu identifier que mille quatre cent
quatre-vingt-sept journalistes professionnels enregistrés auprès de ses services. Elle
fait, également, face à une multitude de journalistes pirates, souvent incontrôlés, parce
qu’œuvrant dans l’illégalité.
Prise dans un contexte politique marqué par l’influence du Mouvement populaire
de la révolution sur le fonctionnement des institutions politiques, cette législation
encore en vigueur apparaît aujourd’hui en déphasage total avec l’esprit de la liberté de
presse, telle qu’elle ressort de la Constitution du 18 février 2006.
L’entreprise de presse est constituée de toute entité économique et commerciale,
créée dans le but d’exploiter comme activité principale la collecte, le traitement, la
production et la diffusion de l’information ou des programmes, en utilisant un ou
plusieurs supports graphiques ou audiovisuels 247.
Par information, on entend tout fait, toute donnée ou message de toute sorte mis à
la disposition du public par voie de la presse écrite ou de la communication
audiovisuelle 248.
Lorsqu’une entreprise de presse fournit, contre paiement, aux organes de presse
des informations, des reportages, des images et tous les autres éléments ayant trait à
l’information, elle se mue, par cette activité, en une agence de presse 249.
Elle est différente d’une messagerie de presse, qui est une entreprise assurant le tri,
le regroupement, le transport, la distribution aux principaux points de vente des
journaux ou écrits périodiques et tenant la gestion se rapportant à cette activité 250.
Dans le cadre de sa mission de régulation des médias en République démocratique
du Congo, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication a pu
répertorier, jusqu’au mois de décembre 2016, quatre cent dix-neuf médias et organes

245
Art. 2 de la Loi du 22 juin 1996.
246
Art. 2, al. 1er de l’Ordonnance-loi n° 81-012 du 2 avril 1981 portant statut des journalistes œuvrant
en République du Zaïre, Journal Officiel de la République du Zaïre, n° 8 du 14 avril 1981.
247
Art. 4 de la Loi du 22 juin 1996.
248
Art. 3 de la même Loi.
249
Art. 6 de la même Loi.
250
Art. 7 de la même Loi.
122

de presse, desquels se créent et circulent les informations destinées à atteindre le plus


grand nombre de personnes, pouvoirs publics et citoyens.

B. Les vertus des médias

Les premières apparitions des médias comme référentiels des valeurs


démocratiques remontent au XVIIIe siècle, à l’occasion de l’instauration, en Grande-
Bretagne, du régime parlementaire et, un siècle plus tard, au moment de
l’établissement, dans le monde occidental, des régimes représentatifs. Ils participent à

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la diffusion, la circulation de l’information, mais également, la confrontation des
opinions, offrant ainsi un espace favorable à la propagation de l’information, la
formation et l’encadrement des citoyens.
Considérés comme centre de déploiement des activités politiques, les médias
contribuent à la rationalisation du débat politique, offrant aux personnes intéressées la
possibilité de se parler directement ou indirectement, à travers les différents organes
de presse et de discuter sur leurs projets politiques respectifs.
Aussi, plus qu’un simple lieu de confrontation d’idées et des projets politiques, les
médias collaborent, également, au ralliement des intérêts politiques, au départ,
divergents, mais convergents, à l’arrivée, autour des valeurs essentielles et communes,
qui fondent une société démocratique.
Ils sont, pour ainsi dire, un éveil des consciences individuelles et collectives, les
yeux et les oreilles, qui mettent bien souvent à nu les secrets que resserrent la politique
et l’exercice du pouvoir. Sans médias, en effet, on n’aurait jamais été au courant du
scandale de Watergate, qui a conduit à la démission, le 9 août 1974, de Richard Nixon,
président des États-Unis.
Dans la mesure où ils permettent aux citoyens, constitués en public, d’assister au
dévoilement des faits jadis gardés secrets et à l’affrontement des idées politiques, les
médias se croient dotés d’une mission de chien de garde, exerçant un véritable
contrepoids des pouvoirs publics.
On relève, en même temps que, depuis quelques décennies, le monde vit une
évolution médiatique remarquable ; la multiplication de canaux d’informations et de
communication, la numérisation et la propagation de l’internet, ayant provoqué un
boom informationnel, capable de changer, en un temps record, le cours des
événements politiques et sociaux.
Le rôle des médias dans la scène politique et, notamment, la conduite des affaires
publiques devient, de plus en plus, réelle. Aussi, lorsqu’ils se présentent comme
instrument de mobilisation politique et de lutte contre les antivaleurs, les médias
servent de vecteurs de la démocratie.
123

Par leurs critiques et dénonciations des politiques publiques peu portées vers les
intérêts du peuple, les médias exercent un véritable droit de police et de contrôle des
pouvoirs publics. Cette fonction n’est que partiellement remplie, en raison du déficit
de couverture médiatique sur l’ensemble du pays, laissant aux organes de presse le
choix libre de concentrer leurs activités autour des certaines agglomérations, telle que
Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, aux dépens d’autres,
éparpillées à travers le pays.

C. Les limites des médias

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
L’apparition des nouveaux médias (internet et réseaux sociaux) constitue une
évolution remarquable dans la conception, le traitement, la circulation et la diffusion
de l’information. Elle augmente, en même temps, l’audience et le degré de
communication politique à travers, notamment, la télévision par câble et satellite et la
multiplication de canaux d’accès facile à l’information.
Le bouleversement technologique qu’elle offre, dans l’accès à l’information,
permet à chaque citoyen de diffuser, depuis son blog, son compte Facebook ou
Twitter et de consulter, à partir de son téléphone portable, n’importe quelle
information sur des sujets politiques, coupant ainsi les sources d’informations utiles
aux médias traditionnels, qui conservent, tout de même, une influence sur la formation
des jugements politiques, dont l’appréciation dépend des cibles privilégiées et
l’environnement sociopolitique choisi comme échantillon.
Il reste que l’émission et la diffusion d’une information politique sont loin d’être
neutres ; la sélection du contenu à diffuser et les objectifs poursuivis, échappant
souvent à la rationalité. C’est sur cette activité précise que les médias traditionnels
tentent de prendre de l’avance sur les nouveaux, souvent en manque d’orientation
démocratique claire : la rapidité d’accès à l’information qu’ils procurent, contribuant à
alimenter le libre débat entre les membres d’un même réseau, mais susceptible de
produire des effets de diffusion et de contagion dans la masse.
Participant difficilement à la conversion publique des citoyens, ces médias dits de
l’émergence permettent, néanmoins, à chaque citoyen de s’adresser directement aux
autres ; mais pour les membres actifs, le forum fonctionne comme un média de
correspondance et de masse.
Le manque des ressources nécessaires et de formation adéquate conduisent
souvent aux dérapages, rendant ainsi aisée l’évaluation des risques d’entraves à la
démocratie. Car par eux, en effet, les acteurs non professionnels collectent et diffusent
les informations politiques, forment et déforment l’opinion, orientent et désorientent
les consciences individuelles et collectives. Ils deviennent, par leur usage démesuré,
sources de conflits politiques et une menace à la démocratie.
124

Éprouvant d’énormes difficultés, pour assurer la régulation souhaitée dans ce


secteur, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication ne peut
qu’assister impuissant aux dérives constatées ci et là, et au déficit de socialisation de
l’opinion.
En Afrique comme ailleurs, les médias ont parfois servi d’outil à la dictature ou à
des conflits politiques. On note que, dans un passé relativement récent et actuellement
encore, nombreux sont des régimes politiques africains, qui se sont construits ou
tentent de s’établir aux moyens des médias, qui prônent le culte de personnalité des

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
hommes providentiels.
Par instinct de conservation ou de survie, du militantisme ou de manque de
professionnalisme, bon nombre de médias participent à la destruction de la
démocratie et à la base de crises politiques. Qu’il s’agisse, en effet, du génocide
rwandais ou de la mauvaise gestion des conflits électoraux, les dérapages médiatiques
ont contribué à l’affaiblissement des vertus démocratiques.
À l’approche du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle, à la députation
nationale et celle provinciale, on a souvent assisté à l’instrumentalisation, à Kinshasa,
des organes de presse et journalistes, faisant du militantisme béant leur travail
quotidien, même au mépris de règles déontologiques.
Socle ou entrave à la démocratie, les médias africains sont le reflet de la société, qui
les produit et les façonne. On devra donc s’attendre à ce que le regard, qui doit leur
être fait, tienne compte, tant des ressources disponibles que de la collaboration avec
d’autres segments de la société, à ce compris les citoyens, les pouvoirs publics et les
forces sociales et politiques en présence.
Sur la participation des médias et, notamment, des journalistes à l’observation
électorale en République démocratique du Congo, il est renseigné que le premier tour
de l’élection présidentielle de juillet 2006 a enregistré six mille huit cent trente-cinq
journalistes, dont six mille cinquante nationaux et sept cent quatre-vingt-cinq
internationaux, contre quatre cent quarante-six, soit trois cent quatre-vingt-quatre
nationaux et soixante-deux internationaux accrédités, pour la surveillance de l’élection
présidentielle du 28 novembre 2011 couplée à celle des députés nationaux.
125

Chapitre III

LA PRÉPARATION À L’ÉLECTION

La préparation à une élection suppose que soient, successivement, réalisées les

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
opérations de constitution du fichier électoral, de convocation de l’électorat, de dépôt
des candidatures et de campagne électorale.

Section 1. La constitution du fichier électoral


L’inscription sur les listes électorales conduit à la constitution du fichier électoral,
permettant la détermination du corps électoral, formé des personnes remplissant les
conditions juridiques pour participer au vote.
Constitué d’une gamme d’informations individuelles et collectives des électeurs
stockées, dans une base des données, le fichier électoral participe à la conception et la
maintenance d’une technologie au service d’une gestion consolidée des données, leur
transmission et traitement en temps réel.
Souvent utilisée, dans les pays dépourvus de fichier d’état civil fiable, la biométrie
est, si elle n’est pas maîtrisée, susceptible de favoriser la fraude électorale. On
comprend que la qualité d’un fichier électoral dépend largement de celle du fichier
d’état civil.
Selon les pays, le fichier électoral peut être national, régional, local ou par
circonscription. Il importe d’analyser le processus de son établissement, pour mieux
appréhender les techniques indispensables à son entretien et sa consolidation.

§ 1. Les données du fichier électoral

L’une des fonctions des élections consiste à assurer la légitimité du pouvoir, elle-
même tributaire du degré de transparence et d’objectivité, dans la préparation et la
gestion d’une élection. Il convient de s’assurer que l’inscription sur les listes électorales
et leur mise à jour soient faites de manière à participer à la crédibilisation du
processus, dans son ensemble.
126

A. L’inscription sur les listes électorales

Pour participer à une élection, chaque citoyen est appelé à s’inscrire sur la liste
électorale de sa circonscription. Il existe plusieurs modalités d’inscription sur une liste
électorale, chaque législation aménageant la procédure et les modalités, qui lui
paraissent à même d’atteindre l’objectif visé, à savoir, constituer un fichier électoral sur
lequel vont s’organiser les scrutins avenirs.
Il s’observe qu’à côté de l’inscription manuelle, plusieurs législations recourent, de

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
plus en plus, à l’informatisation des listes électorales, pour doter l’administration
électorale d’un fichier sécurisé pour les électeurs. Il est, à cet égard, conseillé d’avoir
une liste électorale générale et permanente.
Le caractère général d’une liste se constate par le fait qu’elle couvre, non pas une
élection ou un groupe de scrutins, mais plus. Sa permanence découle du droit qu’a
tout électeur de s’y inscrire, à tout moment, jusqu’à la date prévue, avant le scrutin
projeté. Souple et moins onéreuse, cette technique est un correctif au système
autorisant l’enrôlement annuel, triennal ou quinquennal des électeurs. Seuls sont
admis, les citoyens détenteurs des cartes nationales d’identité.
En France, par exemple, la liste électorale est permanente, universelle, courante,
complémentaire ou spéciale ; sa mise à jour assurée par la procédure de révision
annuelle. Le processus électoral congolais gagnerait en crédibilité, si le législateur
l’opte ; le recensement préalable et régulier de la population devant, dans ce cas, jouer
un rôle capital.
Dans la pratique des élections, on distingue l’inscription faite à la demande des
électeurs de celle d’office ordonnée par l’administration.

1. L’inscription à la demande des électeurs

Plusieurs législations électorales autorisent l’inscription volontaire des électeurs. Il


suffit, pour ce faire, de remplir les conditions exigées et se présenter à l’administration
électorale compétente, pour l’obtenir.
Cette inscription se réalise par le remplissage d’un formulaire établi, à cette fin, par
l’administration électorale. Un récépissé est délivré au demandeur qui a accompli cette
opération.
À l’effet de l’examen du dossier, par l’administration, toutes les pièces requises
doivent, sous peine de refus d’inscription, être produites. S’il a lieu, ce refus est
constaté par une décision motivée et notifiée au requérant, pour lui permettre
d’introduire, le cas échéant, un recours, devant l’autorité administrative ou judiciaire
compétente.
127

Après le rejet de son inscription, pour insuffisance de justifications, le demandeur


peut, si la loi l’autorise, introduire une nouvelle demande auprès de la même
administration en produisant des nouveaux éléments.
En cas de rétablissement du requérant, dans ses droits, l’administration l’inscrit sur
la liste électorale.
Selon les législations, l’inscription à la demande des électeurs se fait, sauf
stipulations légales contraires, pendant la période retenue, pour la révision des listes
électorales. Elle peut, pour certains cas, se poursuivre au-delà de cette période, mais en

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
tout cas, avant la constitution définitive du fichier électoral.

2. L’inscription ordonnée par l’administration

L’organisation d’une élection crédible et transparente exige que soit établie une
collaboration entre l’administration électorale et d’autres de nature politique. Il est
admis qu’une personne ayant atteint la majorité électorale soit inscrite d’office. Il en
sera de même pour le citoyen, qui recouvre la totalité de ses droits civils et politiques ;
le tout se déroulant, pendant la période retenue, par la révision des listes électorales.

2.1. L’att einte de la majorité électoral e


Il est de principe qu’une personne qui, au moment de la révision des listes
électorales, a atteint l’âge légal requis, soit inscrite sur la liste électorale de sa
circonscription.
Les informations sur la majorité des personnes désireuses de se faire inscrire sur
une liste électorale sont communiquées aux administrations locales qui peuvent, le cas
échéant, les transmettre, pour examen aux services compétents.
Ne sont donc concernés par l’inscription d’office que les jeunes qui, en plus de la
condition légale d’âge, se soumettent à l’obligation du recensement ; la procédure en
la matière pouvant s’organiser, pendant ou en dehors de la période de révision des
listes électorales mais, de toute évidence, avant le scrutin prochain.

2.2. Le recouvrem ent des droi ts civil s et politiques


Un citoyen privé, en vertu d’une décision de justice, de ses droits civils et
politiques peut, après exécution de la peine ou recouvrement total de la jouissance
desdits droits, se faire inscrire, sur présentation d’un dossier documenté, sur la liste
électorale de sa circonscription.
L’examen d’un tel dossier implique la nécessaire collaboration de plusieurs
administrations (judiciaire, territoriale et électorale) et une réglementation
particulière à laquelle il convient de se référer.
128

Volontaire ou d’office, l’inscription sur les listes électorales conduit,


inévitablement, aux adaptations jugées nécessaires par l’effet de la révision desdites
listes.

B. La mise à jour des listes électorales

Le législateur congolais précise qu’à chaque cycle électoral, et dans le délai fixé par
La Commission électorale nationale indépendante, les listes électorales sont mises à
jour, en vue d’actualiser le fichier électoral 251.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Elle se réalise par l’inscription des nouveaux électeurs et la suppression, des
personnes décédées ou qui ne remplissent plus les conditions légales.

1. L’inscription des nouveaux électeurs

En vue de leur participation à une élection, les personnes qui ont acquis la majorité
électorale, celles qui ont recouvré leur droit de vote et d’éligibilité, ainsi que les
personnes déplacées ou empêchées, au moment des opérations d’identification ou
d’enrôlement des électeurs, d’accomplir ce devoir, sont autorisées, à leur demande, à
se faire inscrire sur une liste électorale, si elles remplissent les conditions légales
exigées à cet effet.
Pour les électeurs déjà inscrits, il s’agit d’actualiser, en raison de l’évolution de la
vie sociale de chacun, certaines informations personnelles, telles que l’état civil, la
profession, etc.

2. La radiation des électeurs ne remplissant plus les conditions


légales

La radiation est une mesure administrative, qui fait perdre à un électeur le droit de
figurer sur une liste électorale, en vue de participer au vote.
Devant se dérouler pendant ou après la période de révision des listes électorales, la
radiation est, soit d’office, soit consécutive à l’examen, au fond, de la situation de
l’électeur.
La radiation d’office est ordonnée sans examen, au fond, du dossier de la
personnalité de l’électeur découlant, notamment, de l’exécution d’une peine privative
des droits civils et politiques.

251
Art. 38, al.1er et 2 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
129

Elle a également lieu, en cas de changement d’adresse de l’électeur ou lorsque,


conformément à la décision de l’autorité administrative compétente, il est autorisé à
s’inscrire sur la liste d’une autre commune ou d’un autre bureau de vote.
Dans les deux cas, la radiation est portée au tableau rectificatif, reprenant toutes les
modifications apportées (avec éventuellement, les motifs et pièces à l’appui) sur la
liste électorale. Si la loi l’autorise, la radiation peut avoir lieu en dehors de la période de
révision des listes électorales.
Avant de l’ordonner, la commission ou la structure technique compétente s’assure

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
que le candidat a manqué à l’une des conditions exigées, pour s’inscrire ou se
réinscrire sur la liste des électeurs ; ce qui suppose un examen approfondi et
systématique des éléments de son dossier.
La radiation d’un électeur a lieu dans un délai légal prévu, avant le prochain
scrutin ; l’électeur lésé peut, dans le délai légal, saisir l’autorité administrative habilitée
et, le cas échéant, le juge compétent.
La mise à jour des listes électorales est, selon les pays, annuelle, triennale ou
quinquennale ; en tout cas, avant les nouvelles consultations électorales.
La République démocratique du Congo ayant opté pour la pratique de révision
systématique des listes, avant chaque cycle électoral, l’inscription, en 2018, des
nouveaux électeurs aurait contribué, comme par le passé, à la refonte totale du fichier
électoral.
On signale que le dernier exercice d’identification et d’enrôlement des électeurs a
connu les limites, si pas plus que les précédents, donnant ainsi lieu à des controverses
interminables sur la fiabilité du fichier électoral qui en est sorti.

§ 2. La consolidation et l’entretien du fichier électoral

À la clôture des opérations d’inscription des nouveaux électeurs et de révision, par


voie de conséquence, des listes électorales, l’administration électorale arrête, après
réalisation de toutes les rectifications jugées nécessaires, la liste définitive des citoyens
appelés à participer au vote.
La publication de la liste définitive des électeurs participe à l’établissement et la
consolidation du fichier électoral, habituellement, constitué sur la base du fichier de
l’état civil.
Le fichier électoral comprend, outre la liste définitive des électeurs, les données
personnelles de chacun d’eux, à savoir ses nom et prénom, ses lieu et date de
naissance, son sexe, son état civil, sa profession, les noms et prénoms de ses parents,
130

ses origines, son domicile ou sa résidence, sa photo, ainsi que ses empreintes
digitales 252.
Bien conservé, dans un serveur sécurisé et régulièrement mis à jour, le fichier
électoral peut rassurer de sa fiabilité, avant le lancement des opérations de vote.
Comme on le voit, le contrôle du fichier électoral dépasse la simple opération
technique, pour se situer dans le domaine politique, avec en toile de fond, la
transparence des élections. Quelques pays africains se sont déjà vus confrontés à
l’audit du fichier électoral (Sénégal, Guinée, République démocratique du Congo,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Mali), avant la tenue des scrutins.
Une fois consolidé, le fichier électoral devient fiable et permet aux personnes
intéressées de se faire une idée sur le corps électoral, la répartition des sièges par
circonscription et la maîtrise de la cartographie électorale.
L’électeur en tire un profit particulier dans la mesure où, l’affichage des listes
électorales lui donne la possibilité de localiser son bureau de vote, ce qui contribue à la
réduction sensible des difficultés qu’éprouverait, au moment du vote, une catégorie
d’électeurs, notamment, celle de troisième âge.
La mise en place d’un fichier électoral fiable et consolidé améliore l’exactitude des
données, renforce la confiance et la crédibilité, dans leur traitement, et permet de
détecter des fraudes éventuelles, pour que soit possible une gestion sereine du
contentieux électoral.
Dans la pratique, le fichier électoral consolidé reste valable jusqu’aux prochaines
élections ; il facilite la confection, à temps, des listes d’émargement en usage, dans
chaque bureau de vote, tout en renforçant la transparence.
L’entretien du fichier électoral vise, donc, à extirper, de la base des données, les
électeurs fictifs, ceux qui y figurent illégalement ou ne remplissant pas l’une des
conditions légales exigées. Il existe plusieurs techniques d’entretien du fichier
électoral, celui-ci pouvant se réaliser manuellement ou de manière électronique,
endéans une ou trois années.
Si le législateur français a opté pour une mise à jour annuelle des listes électorales,
celui congolais est demeuré dubitatif sur la question, laissant la pratique dicter sa loi :
elle a lieu avant chaque cycle électoral.
Dans le cadre de l’administration des élections, le recours à l’informatique peut se
révéler bénéfique, mais aussi comme technique destinée à fausser les données
électorales, dans l’établissement des listes des électeurs ou la gestion des résultats. Il
convient de s’assurer de la fiabilité de l’outil, du programme informatique et du logiciel
utilisés.

252
Art. 25, point 10 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
131

L’exigence de la transparence et la crédibilité d’une élection commandent que


soient autorisés l’informatisation du fichier électoral et son contrôle périodique ou, en
tout cas, avant les prochains scrutins.
Il importe de retenir que le programme informatique est constitué d’un ensemble
d’instructions données, par le programmeur ou le concepteur, à l’ordinateur pour leur
stricte exécution.
L’auteur ou le créateur du programme est tenu de le faire exécuter, ce qui
l’exempte de toute neutralité absolue.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Si on peut se féliciter que l’informatisation du fichier électoral puisse contribuer à
la consolidation et la sécurisation des données, la distribution des cartes d’électeurs
qu’elle induit se solde bien souvent par des violences politiques, sur le fond des fraudes
électorales larvées.
Qu’il s’agisse du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la Côte
d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée, du Kenya, du Mali, du Niger, de la République
Centrafricaine, de la République du Congo, de la République démocratique du
Congo, du Sénégal, du Tchad ou du Togo, l’informatisation du fichier électoral n’a pas
toujours permis d’éviter des fraudes, dans la fabrication et la distribution des cartes
d’électeurs 253.

Section 2. La convocation de l’électorat


La convocation de l’électorat ou, plus exactement, du corps électoral est une
invitation que l’administration électorale adresse aux électeurs et candidats, pour leur
participation au vote.
Portant la marque d’acte réglementaire, en exécution d’une disposition
constitutionnelle ou légale, elle appelle les électeurs au vote, fixe la date du scrutin et
détermine les heures d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote.
Cet acte n’est pas à confondre avec l’annonce du calendrier électoral qui, lui,
présente et décrit le chronogramme d’activités et opérations à réaliser dans la durée.
L’annonce du calendrier électoral engage, donc, l’administration électorale, dans la
réalisation des activités et opérations reprises dans le chronogramme.
Selon les pays, la convocation du corps électoral n’est pas uniforme, pour tous les
scrutins. Elle varie d’une élection à une autre.

253
Bien qu’audité par l’Organisation internationale de la francophonie, le fichier électoral de la
République démocratique du Congo a révélé, sur un total de quarante millions d’enrôlés, 16 % d’électeurs
sans empreintes digitales.
132

En République démocratique du Congo, la convocation, pour l’élection du


président de la République, n’est pas la même que, pour celle des membres des
assemblées parlementaires.

§ 1. L’élection du président de la République

La convocation de l’électorat, pour le vote du président de la République, est


généralement fixée dans une disposition constitutionnelle, dont la formulation et le
délai ne sont pas toujours homogènes.

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La Constitution américaine du 17 septembre 1787 pose le principe de l’élection, le
premier mardi du mois de novembre, qui précède la fin du mandat du président en
exercice, idée qui a fini par séduire bon nombre de constituants modernes 254.
La Constitution française du 4 octobre 1958 255 indique, à cet égard, que l’élection
du nouveau président de la République intervient vingt jours au moins, et trente jours
au plus, avant l’expiration des pouvoirs du président en exercice.
Ce délai est, aux termes de la Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 256, de
vingt jours au moins, et cinquante jours au plus, avant l’expiration des pouvoirs du
président en exercice.
La Constitution sénégalaise du 5 avril 2016 le fixe à quarante-cinq jours francs, au
plus, et trente jours francs, au moins, avant la date de l’expiration du mandat du
président de la République en fonction 257.
C’est dans ce sens que s’expriment les constituants burkinabé 258 et nigérien 259. Le
constituant zimbabwéen indique que le premier tour de l’élection présidentielle a lieu
le 31 juillet de la dernière année du mandant du président en exercice.
Plus proche de nous, la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016 précise que le
premier tour du scrutin a lieu, dans le courant du mois d’octobre de la cinquième
année du mandat du président de la République en exercice 260.
En République démocratique du Congo, la convocation du corps électoral est faite
par le Bureau de la Commission électorale nationale indépendante. Elle a lieu, pour
l’élection du président de la République, quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du
mandat du président en exercice 261.

254
Art II.
255
Art. 7, al. 3
256
Art. 6, al. 3.
257
Art. 26.
258
Art. 40 de la Constitution du 11 juin 2012.
259
Art. 48, al. 3 de la Constitution du 25 novembre 2010.
260
Art. 56, al. 2.
261
Art. 73 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
133

Comparativement aux Constitutions des pays, dont référence ci-dessus, la


République démocratique du Congo se démarque par l’absence de souplesse, dans la
fixation du délai d’invitation des électeurs au vote du nouveau président de la
République.
Dans la pratique des élections congolaises, deux situations se sont présentées : la
première consécutive à la convocation, le 28 novembre 2011, du scrutin présidentiel
combiné à celui des députés nationaux et la deuxième de l’invitation, le 23 décembre
2018, du corps électoral au vote du président de la République, des députés nationaux

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
et provinciaux.
Intervenue, dans le cadre des deuxièmes élections générales, après celles de 2006,
la décision de la Commission électorale nationale indépendante participait à la
normalisation de la vie politique, nonobstant le débat fort nourri, suscité par sa
constitutionnalité.
À ce sujet, trois opinions ont pu être enregistrées.
La première fait une interprétation restrictive de la Constitution 262, pour exclure
toute possibilité d’organisation du scrutin, dans les quatre-vingt-dix jours, qui
précèdent la fin du mandat du président en exercice, pour l’élection du nouveau
président de la République.
Ce délai étant impératif, la convocation de l’électorat qu’elle confond avec la
fixation de la date du scrutin doit avoir lieu, non pas dans les quatre-vingt-dix jours, mais
plutôt quatre-vingt-dix jours avant la fin du mandat du président de la République en
fonction.
La deuxième opinion découvre, dans la formulation de cette disposition, la volonté
clairement affichée par le constituant, qui oblige la Commission électorale nationale
indépendante à réaliser, dans le délai de quatre-vingt-dix jours, précédant la fin du
mandat du président de la République en fonction, sa succession au bénéfice d’un
président nouvellement élu.
C’est un délai qui doit permettre à la Commission électorale nationale
indépendante d’accomplir toutes les opérations nécessaires, conduisant à l’élection
(convocation de l’électorat, campagne électorale, organisation du scrutin et,
éventuellement, règlement du contentieux) et à l’installation (prestation du serment
et investiture devant et par la Cour constitutionnelle) du nouveau président de la
République, afin d’éviter un vide au sommet de l’État.
La troisième s’appuie sur l’absence de sanction, en cas de non-observance de ce
délai, pour en inférer le caractère simplement indicatif ; une élection organisée dans

262
En son article 73.
134

les quatre-vingt-dix jours, qui précèdent la fin du mandat du président de la


République en fonction ne serait pas, faute de sanction organisée, inconstitutionnelle.
Cette controverse a rendu possibles trois observations. La première dégage le
caractère impératif du timing fixé par le constituant, prescrivant la durée qui couvre
l’élection et l’investiture du nouveau président de la République, deux opérations
appelées à se réaliser dans un délai de quatre-vingt-dix jours, avant la fin du mandat du
président en exercice.
La deuxième découle de l’absence de sanction, en cas d’inobservance de ce délai,

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justifiant la représentation du pays par un président de la République, dont l’élection a
lieu, avant la fin du mandat de celui en fonction.
La troisième observation résulte de la nécessaire distinction entre la convocation
du corps électoral et la fixation de la date de l’élection, deux activités qui ne peuvent
pas, en toute circonstance, se dérouler au même moment et à la même date.
Il se dégage que, poursuivant la normalisation de la vie politique, par l’organisation
des élections prévues dans la Constitution, la fixation, au 28 novembre 2011, de la
date du scrutin présidentiel ne saurait être contraire à la Constitution, que dans la
mesure où la convocation du corps électoral l’est autant.
La deuxième situation est déduite de la convocation, le 23 juin 2018, de l’électorat,
pour les scrutins, du 23 décembre 2018, organisés après la fin du mandat du président
de la République en fonction 263.
On se souviendra que le deuxième et dernier mandat du président de la
République arrivait à terme, le 19 décembre 2016, sans qu’aucune consultation
électorale ne fût convoquée ni tenue.
Pour faire face à cette situation politique inattendue, des négociations politiques
furent organisées 264 et aboutirent à la signature, le 18 octobre 2016, de l’Accord
politique et global, pour l’organisation des élections libres, démocratiques et apaisées,
mais en raison de son caractère exclusif, cet accord n’a pu être appliqué.
Conduites par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo, d’autres
négociations politiques s’avérèrent nécessaires ; l’accord politique global et inclusif
qu’elles produisirent sera signé, le 31 décembre 2016, par toutes les parties prenantes.
De cet accord, on peut lire que, les élections générales auront lieu en une seule
séquence, en décembre 2017. Le texte prévoit, néanmoins, la possibilité de report,
après évaluation du processus électoral, par le Conseil national de suivi de l’accord et
du processus électoral, le Gouvernement et la Commission électorale nationale

263
C’est en effet, le 23 juin 2018 que la Commission électorale nationale indépendante rendit
publique la décision portant convocation du corps électoral, pour le 23 décembre 2018.
264
Sous la direction de Monsieur Eden KOJO, facilitateur désigné par l’Union africaine.
135

indépendante. Il reste muet sur le délai butoir, les auteurs s’exprimant dans un langage
laconique couvert par l’expression temps nécessaire à l’organisation des élections.
À l’issue des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, la
Commission électorale nationale indépendante rendit, le 23 juin 2018, la décision265
convoquant, au 23 décembre 2018, le corps électoral, pour le vote du président de la
République, des députés nationaux et provinciaux ; décision faisant référence à la
Constitution et à l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016.
Il s’observe que, pour l’élection du président de la République, la Commission

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électorale nationale indépendante a l’obligation de la convoquer, quatre-vingt-dix
jours, avant la fin du mandat du président de la République en exercice 266, mais elle ne
l’a pas fait. À ce sujet, deux lectures sont possibles.
Au plan juridique, la décision dont commentaire énerve la Constitution, en ce
qu’elle n’intervient pas quatre-vingt-dix jours, avant la fin du mandat du président de
la République en fonction, mais plutôt à la fin dudit mandat.
Cette position peut être tempérée, lorsqu’on prend en compte l’environnement
politique et l’objectif visé. Du fait que l’organisation des élections a vocation d’accéder
à la normalisation de la vie politique avec, en toile de fond, le besoin de doter le pays
des institutions légitimes, cette élection, quoi que convoquée au-delà du délai
constitutionnel, participe à la résolution de la crise de légitimité qui frappe, depuis la
fin de l’année 2016, nombre d’institutions politiques de la République et leurs
animateurs 267.

§ 2. L’élection des membres des assemblées parlementaires

Selon que ce scrutin est ou non combiné avec celui du président de la République,
la convocation du corps électoral, pour la désignation des membres des assemblées
parlementaires est diversement réglementée.
Lorsque les deux élections ont lieu à la même date, la convocation des électeurs,
pour le vote des membres du parlement, tire sa source de la Constitution qui fixe, en
même temps, la date de la convocation de l’électorat, pour le scrutin présidentiel.
Dans le cas contraire, c’est l’acte réglementaire, pris en exécution d’une disposition
légale, qui sert de soubassement à la convocation des électeurs.

265
Il s’agit de la Décision n° 018/CENI/BUR du 23 juin 2018.
266
Art. 73 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
267
Exposé des motifs de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
136

Section 3. Le dépôt des candidatures


À l’issue de l’élaboration du calendrier électoral, l’organe de gestion des élections
invite les personnes intéressées et remplissant les conditions légales à faire acte de
candidature à l’élection de leur choix.
Le dépôt de candidature est une remise, faite par la personne concernée ou son
délégué, à l’organe technique compétent, des pièces constituant le dossier de
candidature. Cette remise a lieu, pour l’élection présidentielle, au Bureau de réception

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
et de traitement des candidatures situé au sein de la Commission électorale nationale
indépendante et, pour les autres scrutins se déroulant au suffrage universel direct, au
Bureau de réception et de traitement des candidatures de chaque antenne locale.
Dans cette opération, les candidats peuvent, dans l’acte de présentation, désigner
un mandataire et un mandataire suppléant, lorsqu’il s’agit d’un scrutin uninominal ou
de liste, en vue d’assister aux séances de la Commission électorale nationale
indépendante. Ils sont autorisés à prendre connaissance, sans déplacement, de tous les
actes de présentation des candidatures, et à adresser par écrit, les observations à la
centrale électorale.
À l’effet d’exercer ses attributions, le Bureau de réception et de traitement des
candidatures reçoit, enregistre et traite les dossiers de candidatures, au fur et à mesure
qu’ils sont enrôlés.
Il vérifie, à la réception, la conformité à la loi, identifie et certifie les dossiers non
enrôlés, enregistre les candidatures jugées recevables.
Jusqu’aux jour et heure fixés par la Commission électorale nationale indépendante,
le retrait, la substitution et l’annulation des candidatures sont autorisés.
Entrent, également, dans les attributions du Bureau de réception et de traitement
des candidatures, la réception et le traitement des réclamations en rapport avec les
candidatures reçues avant la transmission, par chaque Secrétaire exécutif provincial,
des dossiers physiques des candidatures au Secrétariat exécutif national.
Une fois en possession de l’ensemble des candidatures provenant des Secrétariats
exécutifs provinciaux, le Secrétariat exécutif national procède à leur centralisation et
transmission à la Commission électorale nationale indépendante, pour validation et
publication des listes provisoires.
Dans le cadre des élections générales du 30 décembre 2018, il a été constaté, en
application des dispositions légales relatives au seuil de représentativité, un nombre
impressionnant des candidatures provenant des regroupements plutôt que des partis
politiques dont l’audience paraissait faible. Ce qui permit de restreindre, dans un
système que l’on veut compétitif, la vitalité démocratique.
137

Les contestations des listes provisoires de candidatures publiées par la


Commission électorale nationale indépendante sont faites, dans les quatre jours de
leur publication ou notification, a près des juridictions compétentes par le candidat
dont l’éligibilité est mise en cause, le parti ou regroupement politique qui a présenté
un candidat ou une liste dans la circonscription électorale concernée 268.

Section 4. La campagne électorale

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Dans un pays, l’organisation régulière et périodique des élections, est un indicateur
important de vitalité démocratique et la campagne électorale y joue, un rôle
déterminant. À travers elle en effet, les candidats sont capables de présenter aux
électeurs la justesse de leurs propositions et la crédibilité de leurs programmes.
La clarification de la notion de campagne électorale facilite la compréhension sur
sa réglementation et sa pratique.

§ 1. La notion de campagne électorale

La campagne électorale est, par ses différentes manifestations, source


d’interprétations diverses. Il convient de la définir, présenter ses techniques et
stratégies, avant toute réflexion sur la propagande politique qui lui est souvent proche.

A. La définition de la campagne électorale

La campagne électorale est une action coordonnée et systématisée à laquelle se


livrent les candidats, en vue d’amener les électeurs à adhérer à leurs idées ou projets de
société. Elle se décline en une doctrine politique professée, pour solliciter le vote des
électeurs, dans le cadre d’une compétition réglementée 269.
La campagne électorale se distingue de plusieurs notions qui lui sont voisines,
notamment la propagande électorale, la propagande politique et le marketing
politique.
Technique de matérialisation de la campagne électorale, la propagande électorale
qui sera étudiée plus loin est constituée d’un ensemble de moyens mis en œuvre par le
candidat, pour convaincre les électeurs à voter pour lui.
Dans la pratique, la propagande est modelée dans la campagne électorale,
notamment, en ce qui concerne le recours aux moyens audiovisuels, aux médias écrits

268
Art. 25 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
269
AVRIL P et GICQUEL J., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, coll. Que sais-je ? 2005,
p. 16.
138

ou aux sondages. Une mauvaise campagne électorale peut être source d’inégalités de
nature à entamer la sincérité des résultats électoraux.

B. La campagne électorale et les notions voisines

La campagne électorale se confond souvent avec la propagande politique, le


marketing politique ou la communication politique.
Lorsque la propagande électorale s’exerce au-delà du délai légal, elle s’apparente à

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une publicité politique ou une propagande politique, dont l’objectif est de répandre,
dans la durée, les idées et opinions politiques, en vue de rallier un grand nombre
d’adhérents ou des partisans.
La propagande politique comporte une dimension morale relativement élevée,
insistant sur l’explication et la persuasion des citoyens et, plus généralement, de
l’opinion publique, afin qu’elle adhère à la vision ou au projet de société proposé ou
encore à la manière dont s’exerce le pouvoir 270.
En politique, la propagande ne s’exerce pas de la même manière ; elle dépend d’un
régime à un autre. Dans un système de démocratie pluraliste, la propagande politique
obéit souvent à la règle du matraquage médiatique qu’impose la majorité au pouvoir,
même si les critiques de l’opposition et l’influence des groupes de pression peuvent en
réduire les effets attendus, généralement, dictés par la liberté d’expression et le niveau
d’objectivité du discours politique.
Dans les régimes autoritaires, la propagande politique conserve une certaine
cohérence, à base idéologique, et postule une éducation, plutôt qu’une contrainte
imposée à la population. Cette éducation est, de toute évidence, partiale, en ce qu’elle
est dirigée vers les actions supposées favorables au régime en place.
S’appuyant souvent sur la démagogie, elle aboutit à un reconditionnement moral
et psychologique des citoyens, abusant parfois de leur bonne foi, en leur faisant croire
qu’ils ont les meilleurs dirigeants du monde soucieux, par ailleurs, de leur avenir et
devenir.
Bien structurée, la propagande peut se développer à travers plusieurs canaux, parmi
lesquels, la diversion, le choix de bouc émissaire, la conduite de dégradé, de différé ou
le maintien de l’opinion, dans un état d’ignorance permanente, sa manipulation et, au
besoin, sa désinformation.
Si la diversion conduit à détourner l’attention des citoyens de problèmes
importants et mutations décidées par l’élite politique, le choix de bouc émissaire mène
à la stigmatisation de l’adversaire politique, à qui on impute ses difficultés à faire
aboutir ses initiatives.

270
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia, 2013, p. 128.
139

La technique de dégradé vise à faire accepter, progressivement, et dans la durée,


des mesures qui, à l’origine, furent contestables. À force de répéter les mêmes
méthodes de gouvernance, on finit par se faire aduler par une population, que l’on sait
acquise à sa cause.
La technique de différé consiste, quant à elle, à promettre des décisions radicales,
douloureuses et nécessaires pour le pays, mais qu’on n’est pas sûr d’appliquer, une fois
arrivé au pouvoir ; ce qui finit par maintenir l’opinion, dans l’incapacité de
comprendre les techniques et méthodes utilisées, pour son contrôle et sa

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manipulation.
Le marketing politique est une opération qui autorise l’organisation, avant le
scrutin, des réunions publiques, à ce compris, l’utilisation des médias, en vue d’y
développer un discours électoral. Il prépare la mise en place d’une stratégie électorale
capable de mobiliser, au moment du vote, les potentiels électeurs.
Dans ce domaine, en effet, il est conseillé de développer et d’entretenir une
stratégie de consommation politique permanente, qui permette de créer une adéquation
entre l’action politique et son acceptation par un électorat préparé à l’avance.
Technique au service du gouvernement, dans ses rapports avec un électorat ciblé
ou un échange de positions entre l’opposition et le pouvoir, perçu de manière
institutionnelle, matérielle ou symbolique, la communication politique s’est, par la
suite, élargie au rôle des médias, dans la formation et l’information de l’opinion
publique, ainsi que l’influence des sondages, dans l’évaluation des politiques publiques
et les comportements des dirigeants politiques.
À l’heure actuelle, la communication touche au rôle joué par l’entretien ou le
discours, dans la vie politique ; elle intéresse les médias, fait appel, en périodes
électorales, aux sondages et à la publicité. Il apparaît aisément une interaction entre
l’information, la politique menée et la communication aux destinataires.
Au regard de sa pratique, la communication politique peut désorienter les
électeurs, au point de faire croire à la dégradation de l’action politique entendue
comme technique de la gestion de la cité. L’exercice doit inciter, au contraire, à une
bonne exploitation, en vue d’en tirer un bénéfice réel.
À la faveur de l’affrontement de discours et d’attitudes à issue, a priori, incertaine,
qu’elle autorise entre les hommes politiques, les médias et les citoyens, la
communication politique évite de se laisser berner par l’enlisement politique, renforce
le débat contradictoire et facilite le processus permanent de sélection politique. On
note qu’entre deux élections, par exemple, la communication politique exerce la
fonction d’éveil de conscience démocratique.
Participant à l’action politique, le discours transmet un message, communique une
pensée et rend compte du lien avec l’action. De caractère programmatique et même
140

pragmatique, il véhicule une idéologie politique, tout en se servant des moyens de


communication de masse.
On a coutume de définir le discours politique par ses quatre traits essentiels, à
savoir qu’il est didactique, polémique, performatif et injonctif, le tout convergeant vers
la recherche du bien commun et de l’intérêt général. C’est au sein des assemblées
délibérantes et réunions publiques que le discours politique trouve, en régime
démocratique, un terrain fertile d’expression. Il exige un style qui combine la clarté, la
fermeté, la courtoisie et le réalisme.

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§ 2. La réglementation de la campagne électorale

Organisée par l’administration compétente, la campagne électorale est, avant


d’être lancée, redevable de quelques préalables. Elle est, selon chaque législation,
susceptible de financement public.

A. Les préalables au lancement de la campagne électorale

Pour la bonne organisation d’une campagne, l’administration électorale se doit de


remplir un certain nombre d’exigences, notamment la planification des activités, le
recrutement et la formation du personnel, l’acquisition et le déploiement du matériel,
ainsi que l’élaboration calendrier électoral.

1. La planification des activités

La planification consiste à l’organisation d’une activité à l’aide des moyens


nécessaires de mise en œuvre ; elle aboutit à la réalisation, dans le temps, des objectifs
que l’on s’est préalablement fixés. Dans le domaine électoral, la planification poursuit
la matérialisation des objectifs arrêtés dans le chronogramme des activités
opérationnelles.
Par chronogramme, on entend une représentation graphique de l’évolution
temporelle de l’activité envisagée. Il se découvre, dans le domaine électoral, à partir
d’un graphique dont l’axe des abscisses est déterminé en jours, semaines et mois, de
façon à permettre l’identification des variations pour en ordonner, soit le suivi régulier,
soit l’exécution successive.
La planification suggère que soit assuré le fonctionnement régulier de l’ensemble
d’organes et structures de l’administration électorale en collaboration avec d’autres,
qui leur servent d’appui, notamment l’administration publique, celle pénitentiaire ou
territoriale.
141

L’on note, par exemple, que pour parvenir à l’établissement d’un fichier électoral
fiable, l’administration électorale comptera sur les éléments démographiques, ceux de
l’état civil, les renseignements sur les conditions d’éligibilité et les cas
d’incompatibilité, qui lui sont fournis par l’administration du territoire, celle publique
ou pénitentiaire.
L’exécution des opérations de révision des listes électorales sera d’autant plus
facilitée que l’organisation et, surtout, le fonctionnement de l’administration
pénitentiaire soit à même de lui fournir des renseignements fiables et authentiques, sur

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les différentes condamnations prononcées à l’égard de certaines personnes ou leur
situation carcérale antérieure.
Il se développe ainsi une synergie entre l’administration publique, au sens large, et
le pouvoir organisateur des élections ; celle-là fournissant à celle-ci les informations et
renseignements nécessaires à la bonne organisation du scrutin.
Dans tous les cas, le pouvoir organisateur des élections est tenu de planifier les
activités à réaliser, avant le scrutin, notamment le recrutement et la formation du
personnel, l’acquisition et le déploiement du matériel électoral.

2. Le recrutement et la formation du personnel

Le recrutement du personnel est essentiel, pour l’organe de gestion des élections, il


se fait en application des prescriptions légales ou réglementaires 271. On note qu’à
l’exception du personnel politique de la Commission électorale nationale
indépendante, celui administratif et opérationnel est recruté sur concours ou titre.
Lorsque le recrutement a lieu sur concours, il est fait recourt à l’appel à
candidatures, sur la base des critères de neutralité, de compétence et de moralité.
Initié par le président ou le Bureau de la Commission électorale nationale
indépendante, ce type de recrutement requiert, une publicité préalable, réalisée par
voie d’avis officiel à l’entrée des locaux et dans les organes de presse publics ou
privés 272.
Ainsi encadrée, la sélection permet d’extirper tout favoritisme, toute emprise
politique ou partisane. Car, une fois recruté, le personnel est soumis au statut défini
dans le Règlement administratif et financier de la Commission électorale nationale
indépendante : aucune nouvelle mise en place n’étant autorisée, dans les six mois de la

271
ESAMBO KANGASHE, J.-L., Traité de droit constitutionnel congolais, op. cit., pp. 251-262.
272
Le candidat au recrutement doit être de nationalité congolaise, avoir la majorité légale, savoir lire,
écrire et compter. Il ne doit pas avoir été condamné à une peine de privation de liberté, pour toute
infraction intentionnelle punissable de plus de six mois de servitude pénale, et doit jouir de ses droits
civils et politiques.
142

fin du mandat des membres de la centrale électorale, ni pendant la procédure de


réforme de l’institution.
Il s’observe que les choses ne se passent pas toujours comme prévu, le favoritisme,
œuvre du personnel politique de la Commission électorale nationale indépendante,
ayant élu domicile, dans la procédure de recrutement du personnel administratif et
opérationnel, l’expose à la faiblesse d’encadrement et aux sollicitions de toute sorte.
Pendant la gestion de compilation et de centralisation des résultats des scrutins de
2006, 2011 et 2018, il a été renseigné plusieurs cas de dysfonctionnement et de fraude

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organisés ou tolérés par un personnel opérationnel recruté, sur base des
considérations politiques et partisanes.

3. L’acquisition et le déploiement du matériel électoral

Plus qu’une simple technique de distribution démocratique du pouvoir, l’élection


se prépare ; elle engage l’organe de gestion dans la négociation, la conclusion et la
signature d’une série d’accords ayant pour objet l’achat public 273.
Se réalisant tout au long du processus de votation, la passation des marchés publics
ou des délégations de service public intéresse l’administration électorale et, plus
généralement, les acteurs des élections.
C’est dans ce cadre que l’organe de gestion des élections se voit obligé de passer
des marchés publics se rapportant aux opérations pré-électorales, électorales et
référendaires 274.
Qu’il s’agisse, en effet, de la constitution du fichier électoral, la formation du
personnel électoral, la préparation et l’organisation du scrutin ou le dépouillement,
l’administration électorale sollicite des mains expertes, soit l’exécution des travaux,
soit la fourniture des biens et services, soit encore la réalisation des prestations
intellectuelles.
Dans le domaine des élections, les marchés du travail portent essentiellement sur la
réalisation, au bénéfice de l’administration électorale, des travaux de construction ou
de réfection des bâtiments ou ouvrages devant abriter ses locaux et dépôts.
Les marchés de fournitures s’articulent autour d’achat, pris en crédit-bail, location
ou location-vente de produits et autres matériels servant à la bonne tenue du scrutin.

Sur la passation des marchés publics dans le domaine électoral, lire avec intérêt ESAMBO
273

KANGASHE J.-L., Le droit congolais des marchés, Paris, L’Harmattan, coll. Notes de Cours, 2016, pp. 118-
120.
274
Art. 9.3 de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi organique
n° 10/13 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale
nationale indépendante.
143

Dans ce cadre, la Commission électorale nationale indépendante s’est souvent


dotée des kits d’enrôlement des électeurs, pour la constitution ou la révision du fichier
électoral et des machines à voter, pour l’organisation des scrutins. Ces kits et machines
ont habituellement été acquis en violation de la loi sur les marchés publics 275.
De même et, en vue du déploiement du personnel et du matériel électoral, la
Commission électorale nationale indépendante peut louer des privés, les avions et
autres moyens de transport usuels. Son équipement en matériel roulant ou celui
sensible (bulletins de vote, urnes et isoloirs), participe à la bonne réalisation des

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objectifs fixés d’avance.
L’administration électorale peut, donc, être amenée à passer des contrats
administratifs, dont l’objet porte sur l’entretien ou la maintenance des équipements,
installations et matériels ou le gardiennage de ses locaux ; elle conclut des marchés des
services.
Elle est aussi autorisée à passer des marchés de prestations intellectuelles, couvrant
les domaines aussi divers que variés, notamment le recrutement du personnel, sa
formation et son accompagnement, dans la réalisation des opérations électorales.
L’éducation civique et électorale contribue également à la crédibilisation du
scrutin et la réduction des tensions politiques, pouvant surgir après la proclamation
des résultats. Les marchés passés, dans ce domaine, concernent donc les prestations
intellectuelles.
Eu égard à l’un ou l’autre marché, la Commission électorale nationale
indépendante recourt à l’appel d’offres et, exceptionnellement, à la technique de gré à
gré. Elle définit ses besoins, établit son cahier des charges et organise la procédure de
dépôt, de réception et d’examen des dossiers de prestation, avant toute attribution du
marché public ou de délégation de service public.
Plus qu’un chronogramme d’activités et opérations à réaliser, l’organisation d’une
élection tient compte d’une bonne préparation technique, logistique et psychologique.
Souvent planifiée, avec la préparation du calendrier électoral qu’elle accompagne,
la logistique électorale est une activité plus complexe et difficile à réaliser, dans un pays
en crise ou sorti de crise. Elle est redevable d’un environnement sociopolitique
propice, d’un équipement en personnel, dont la formation et la dotation en matériel
sont bien assurées, ainsi qu’une communication adéquate.
Pour les seuls scrutins du 30 décembre 2018, l’acquisition et le déploiement du
matériel électoral ont fait le lit des violences politiques orchestrées, sur le fond des

275
Plutôt que de recourir à la technique d’appel d’offres, comme l’exige la loi, le président de la
Commission électorale nationale indépendante, autorité contractante, s’est permis d’user, en l’absence
d’une autorisation préalable de la Direction générale de contrôle des marchés publics, de la technique de
gré à gré.
144

fraudes électorales. On y a, notamment, découvert l’opacité de la cartographie des


bureaux de vote 276, le non affichage, dans le délai légal, des listes des électeurs
confrontés, par ailleurs, aux difficultés de repérage, le jour de l’élection, des bureaux et
sites de vote.

4. L’élaboration du calendrier électoral

Entreprise complexe dans un pays, comme la République démocratique du Congo,


l’élaboration du calendrier électoral apparaît comme réponse pratique aux contraintes

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qui touchent, bien souvent, l’organisation et la gestion rationnelles d’un scrutin. Elle
n’a lieu qu’après la maîtrise de toutes les exigences juridiques, techniques et politiques
indispensables à la fixation des différentes séquences opérationnelles.
Étape décisive, dans la conduite du processus électoral, la préparation du
calendrier électoral permet de fixer les acteurs impliqués et parties prenantes, sur le
chronogramme des opérations à réaliser dans la durée.

4.1. La préparation du calendrier él ectoral


Exercice fastidieux, la préparation du calendrier électoral se termine par la
confection d’un chronogramme d’activités à exécuter, durant une période donnée.
Elle implique que soient préalablement organisée une série d’opérations, dont
l’enrôlement des électeurs, la réception et le traitement des candidatures, la
convocation du corps électoral, l’accréditation des témoins, observateurs et
journalistes, l’organisation de la campagne électorale, le déploiement et la sécurisation
du personnel et matériel électoral, l’aménagement des bureaux de vote et de
dépouillement, la planification du ramassage, la transmission, la centralisation, le
traitement et la publication des résultats électoraux, ainsi que la gestion du
contentieux électoral.
Élaboré, dans le respect de la législation en vigueur, le calendrier électoral
concrétise, donc, les contraintes logistiques et financières, qui précèdent l’organisation
proprement dite du vote.
Sa publication doit, autant que faire se peut, projeter la concrétisation de
l’ensemble des opérations, qui commandent la bonne tenue d’une élection. Elle ne
doit pas, en principe, être assortie, comme ce fut le cas en 2017, des contraintes, dont
la non-réalisation affecterait la matérialisation 277.

Pour les élections générales du 30 décembre 2018, la Commission électorale nationale


276

indépendante a procédé, quarante-huit heures avant le vote, à la suppression d’environ mille quatre-vingt-
douze bureaux de vote, conduisant à la désorientation des plusieurs électeurs le jour du scrutin.
277
Rendu public par la Décision n° 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre 2017, le calendrier des
élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales a été assorti des
145

4.2. La fixation du chronogramme des opérations


Le chronogramme est l’instrument qui sert à mesurer, avec précision, la réalisation
d’une activité, à ce compris, la publication du calendrier, indispensable à la réalisation
du plan opérationnel.
Une fois publié, le calendrier électoral n’est pas modifiable à souhait, la République
démocratique du Congo offrant, dans ce domaine, l’exemple d’un pays qui s’illustre,
dans une hésitation déconcertante en direction du renouvellement, par le vote, du
personnel politique.

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Prévu pour se dérouler, dans le délai de quinze jours, qui suivent la proclamation
des résultats définitifs du premier tour, le deuxième tour de l’élection présidentielle de
2006 a été, pour raison de force majeure, et sur décision de la Cour suprême de justice,
saisie par la Commission électorale indépendante, reporté au 29 octobre 2006.
On rappelle, également, que, par décision n° 001/CENI/BUR/15 du 12 février
2015, le calendrier électoral fixait, au 25 octobre 2015, la date des élections
provinciales et, au 27 novembre 2016, celle des élections présidentielles et législatives
nationales.
Jusqu’à son abrogation, par la décision n° 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre
2017, cette décision resta en vigueur, alors que le calendrier électoral qu’elle établit ne
fut pas appliqué.
Plutôt que de convoquer l’électorat, quatre-vingt-dix jours avant la fin du mandat
du président de la République, la Commission électorale résolut de saisir, le
17 septembre 2016, la Cour constitutionnelle en report, pour des raisons logistiques et
de constitution du nouveau fichier électoral, de la convocation desdits scrutins.
Répondant à cette demande, la Cour rendit, le 17 octobre 2016, une décision
controversée 278, faisant le constat de l’impossibilité, pour la Commission électorale
nationale indépendante, d’organiser les scrutins prévus, dans son calendrier du
12 février 2015, avant d’autoriser l’élaboration d’un nouveau calendrier électoral
aménagé.
Produit par une autre décision du 5 novembre 2017, le calendrier des élections
générales de 2018 a été, par deux fois, remanié, occasionnant le report, d’abord, au
30 décembre 2018, des élections présidentielles, législatives et provinciales 279 et,
ensuite, au 31 mars 2019 280, des scrutins législatifs et provinciaux, pour les seules

contraintes, indiquant le partage de responsabilité entre les institutions politiques nationales et les acteurs
de la communauté internationale.
278
Il s’agit de l’arrêt R. Const 0338 rendu, par cinq juges, en violation du quorum minimum exigé de
sept, sur les neuf juges qui composent la Cour constitutionnelle.
279
En vertu de la Décision n° 050/CENI/BUR/18 du 20 décembre 2018.
280
Suivant la Décision n° 055/CENI/BUR/18 du 26 décembre 2018.
146

circonscriptions de Beni, Beni-ville et Butembo, dans la province du Nord Kivu 281, et


de Yumbi, dans province de Maîndombe 282.
Sans devoir solliciter, comme de coutume, l’autorisation de la Cour
constitutionnelle, la Commission électorale nationale indépendante s’est contentée de
la correspondance du ministre de l’Intérieur, évoquant la nécessité de reporter, pour
des raisons sus évoquées, l’organisation des élections.
Des diverses réactions politiques enregistrées à l’annonce de ces deux décisions, on
s’aperçoit que l’organe de gestion des élections ne s’était pas concerté avec les

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principales parties prenantes.
En Afrique, quelques cas de demande de report des élections, pour diverses
raisons, ont été enregistrés. Les difficultés techniques liées à l’organisation, dans le
délai constitutionnel, du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2006, ont
conduit la Commission électorale nationale autonome du Bénin à saisir la Cour
constitutionnelle, pour en obtenir le report.
Contre l’avis de la Cour, qui a prolongé de deux semaines, le président de la
République décida, conformément à la Constitution du 11 décembre 1991, du
maintien de la date de l’élection présidentielle,
La Constitution précise que :
le président de la République est élu à la majorité absolue de suffrages exprimés.
Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour du scrutin, il est procédé, dans un délai
de quinze jours, à un second tour. Seuls peuvent se présenter au second tour du
scrutin, les deux candidats qui ont recueilli le plus grand nombre de suffrages au
premier tour. En cas de désistement de l’un ou l’autre des deux candidats, les
suivants se présentent dans l’ordre de classement après le premier tour 283.

On note qu’à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, quatre candidats


ont été, par ordre, classés comme suit : Matthieu Kerekou, Dieudonné Nicéphore
Soglo, Adrien Houngbedji et Bruno Hamousou.
Après avoir dénoncé les fraudes, à grande échelle, qui ont entouré le premier tour
de l’élection présidentielle, Dieudonné Nicéphore Soglo, qui venait en deuxième
position, résolut d’abdiquer, à cinq jours du scrutin, considérant que le jeu était fait
d’avance.
Du coup, la Commission électorale nationale autonome demande au troisième
candidat en ordre, Adrien Houngbedji, de participer à la compétition, mais ce dernier
décline l’offre, à quatre jours du vote, obligeant l’organe de gestion des élections à se

Pour des raisons sanitaires, notamment la persistance du virus Ebola dans la région.
281

Pour des raisons sécuritaires consécutives au déplacement massif de la population, à la suite du


282

conflit communautaire entre les ethnies Tende et Nunu.


283
Art. 45 de la Constitution béninoise du 9 décembre 1990.
147

rapprocher, à trois jours du vote, du dernier candidat en lice, Bruno Hamousou, afin
de sauver la démocratie 284.
En vue de permettre aux deux candidats d’avoir le temps suffisant, pour battre
campagne, la Commission électorale nationale autonome sollicita et obtint, de la Cour
constitutionnelle, un report de deux semaines du scrutin, soit le 22 mars 2006, mais le
président de la République lui opposa un argument constitutionnel et instruisit le
gouvernement à réunir les moyens nécessaires à l’organisation, le 19 mars 2006, de
l’élection à la date échue 285.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Derrière cette décision, à l’apparence, conforme à la Constitution, se cache un
mobile politique qui autorisait le président de la République en fonction de se frayer
une passerelle, pour son maintien au pouvoir, à l’issue d’un scrutin qualifié, par son
challenger, d’un match amical, gagné à l’avance et sans aucune résistance.
Dans un autre registre, on relève que, saisie des demandes de report, pour
insuffisance des réformes nécessaires à l’organisation d’une élection juste et libre, la
Cour constitutionnelle du Zimbabwe rendit, le 5 juillet 2013, un arrêt maintenant, au
31 juillet 2013, la date fixée par la Constitution, pour l’organisation de l’élection
présidentielle.

B. Les principes de la campagne électorale

Au cours de la campagne électorale, chaque candidat indépendant ou chaque liste


cherche à faire valoir ses mérites, en vue d’obtenir des électeurs le maximum de
suffrages.
Traditionnellement contenue dans le code électoral, la campagne électorale a, de
nos jours, dépassé le cadre strictement légal, pour convoiter d’autres procédés, non
préalablement prévus ou insuffisamment réglementés.
Elle recourt, également, aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication qu’il faut bien maîtriser et, au besoin, contrôler.
Aussi, pour favoriser une compétition politique loyale et équitable, la campagne
électorale doit s’exercer dans le respect d’un certain nombre de principes dont,
l’égalité des candidats, la neutralité de l’administration publique, la légalité et la
loyauté des procédés utilisés.

284
Un accord aurait été conclu entre les deux candidats pour, dit-on, sauver la démocratie béninoise
en danger
285
Art. 45 de la Constitution béninoise du 19 décembre 1992.
148

1. L’égalité des candidats

Dans un régime démocratique, le pluralisme d’opinions politiques est autorisé et


l’égalité de traitement des compétiteurs assurée. Fondamentales, ces règles s’imposent
à l’administration électorale et aux médias, les unes et les autres obligés de les rendre
effectives durant le processus électoral.
De manière générale, l’appréciation se fonde sur la représentativité des candidats
ou listes en compétition et l’ancrage effectif de leurs campagnes respectives.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
Selon les pays et les systèmes, chaque législation s’efforce de garantir à tous les
compétiteurs politiques les mêmes chances et opportunités, question de leur procurer
l’égalité des armes politiques. Cette égalité doit particulièrement se manifester, dans le
traitement juste et équilibré, par l’autorité administrative, de tous les compétiteurs
politiques, notamment dans l’organisation de la propagande radiotélévisée et l’accès
aux médias publics.
La loi électorale indique que :
tous les candidats à l’élection du président de la République sont
traités, sur un pied d’égalité, par les services publics et protégés par les
forces de l’ordre, pendant la campagne électorale. Ils disposent, pour la
présentation de leurs programmes, d’un temps d’antenne égal aux
médias et gratuit, en ce qui concerne les médias publics 286.
Pendant la campagne électorale de décembre 2018, cette exigence légale n’a pas
été observée par les médias publics, qui ont accordé plus d’espace au candidat de la
majorité au pouvoir, sans se soucier d’établir l’équilibre tant souhaité.
L’utilisation déséquilibrée des médias à des fins de campagne électorale peut
donner lieu à de dérapages et abus 287, de nature à influencer le choix des électeurs.
Saisi, le juge ne les considère comme motif d’annulation, partielle ou totale, d’une
élection que dans la mesure où ils ont pu considérablement affecter la liberté de
suffrage et, partant, la sincérité des résultats.

2. La neutralité de l’administration publique

Dans l’organisation de la campagne électorale, la posture de l’administration


publique est déterminante ; elle préjuge de la crédibilité du processus, de la liberté de
suffrage et, par voie de conséquence, de la sincérité des résultats.

Art.111 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.


286

LOFOLI J.-P., « Média, instance de régulation et élection en République démocratique du


287

Congo » in M’BOKOLO E. (dir.), Élections démocratiques en République démocratique du Congo.


Dynamiques et perspectives, Kinshasa, AGB, 2010, pp. 109-101.
149

L’autorité administrative et, particulièrement, l’administration électorale doit, à cet


effet, se montrer exempte de tout soupçon et de toute partialité, afin de faire bénéficier
à tous les compétiteurs les mêmes droits et avantages.
Dans le domaine électoral, la neutralité de l’administration publique lui impose le
devoir de distance vis-à-vis des acteurs impliqués, lui interdit de participer, ni prendre
fait et cause pour un candidat ou une liste en compétition, elle s’apprécie par rapport
aux services rendus.
La loi électorale congolaise renforce cette neutralité en organisant un régime

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
répressif particulier contre le comportement partial du personnel de l’administration
publique, pendant la préparation et le déroulement des opérations électorales.
Comparativement aux pays où la neutralité de l’administration publique est, en
règle générale, observée, en Afrique, elle est souvent décriée ; son personnel souvent
taxé de faire le jeu du pouvoir en place.
L’institution des commissions électorales a certainement réduit cette
appréhension, qui n’a pas non plus quitté le favoritisme auquel se livre, bien souvent,
le personnel électoral au profit du parti ou de la coalition au pouvoir.
Dans ce domaine, en effet, la neutralité évoque l’idée d’indépendance et
d’impartialité de l’administration publique. Il reste que la clochardisation de son
personnel est de nature à l’exposer à la générosité du candidat le mieux offrant 288.
Exigeante, la neutralité de l’administration publique est comptable de son contenu,
dont la rationalité demeure, de toute évidence, relative, en raison de l’influence, à la
fois, conjoncturelle et contextuelle qui peut l’orienter.
Que le personnel de l’administration publique accepte ou se voit imposer une ligne
de conduite partisane, comme ce fut le cas aux élections générales du 30 décembre
2018, lui ôtant toute couverture légale.
Cette flagrante violation de la loi électorale n’avait, certainement, pas besoin d’être
imposée, dans une compétition politique que l’on croyait se dérouler en toute liberté
et dans la transparence.

3. La légalité et la loyauté des procédés de campagne

En vue de la tenue d’une élection crédible et démocratique, le législateur prend


soin d’interdire aux compétiteurs de recourir aux procédés qui, par leur utilisation,
peuvent compromettre la légalité et la loyauté de la campagne. La légalité des
procédés de campagne oblige les acteurs impliqués et, en particulier, les candidats à
s’abstenir de poser, pendant la campagne électorale, tout acte qui violerait le code

288
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., pp. 289-290.
150

électoral, notamment l’égalité entre les candidats et la loyauté des procédés de


campagne.
S’agissant, par exemple, des affiches électorales, la loi interdit leur apposition sur
les édifices publics, les lieux de culte ou les casernes. Est, également, interdite,
l’apposition, même à ses frais, de plus d’un panneau d’affichage, des affiches, photos et
autres effigies de campagne à proximité du Centre de vote.
Les candidats, partis ou regroupements politiques, qui ont placé, en vue de la
campagne électorale, des affiches dans un rayon de cent mètres du Centre de vote sont

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
tenus de les enlever à la fin de celle-ci, soit vingt-quatre heures avant le jour du
scrutin 289.
L’exigence n’a été que peu observée, pendant la campagne électorale de 2006,
2011 et 2018, bon nombre de candidats à l’élection présidentielle et celles législatives
s’étant illustrés par l’affichage sauvage des banderoles et effigies de campagne, même à
des endroits interdits. La loi électorale prohibe, également, l’exercice ou la
participation, par une catégorie des personnes 290, à la campagne électorale,
notamment le fait de se livrer à l’apposition des affiches, la distribution des manifestes
et des circulaires électorales 291.
Ces personnes ne peuvent faire usage, à des fins de campagne électorale, du nom
d’une autorité publique, pour ne pas induire une partie d’électeurs en erreur ou la
conditionner.
La sanction est difficile à organiser, dans la mesure où les auteurs de ces actes
agissent, bien souvent, sous des prête-noms ou des personnes fictives.
La loyauté des procédés de campagne électorale exclut tout propos diffamant,
injurieux, mensonger, haineux, raciste, tribal ou violent 292. La diffamation, l’injure ou
les violences sont, en période normale, comme en celle de campagne électorale,
prohibées, voire condamnées.
Une fois saisi, le juge électoral les apprécie en tenant compte de la passion
qu’accompagne habituellement la campagne électorale. La bonne foi présumée du
candidat, auteur de ces propos, est de nature à orienter sa décision, l’intention de nuire
sera rarement retenue en temps normal.
Une polémique politique, même violente, ne constitue pas nécessairement une
manœuvre déloyale, pour justifier l’intervention du juge. Pour être illégales ou

289
Art.27 de la Décision n° 052 bis/CENI/BUR/11 du 18 août 2011 portant mesures d’application
de la Loi électorale.
290
Les agents de carrière de service public de l’État, les magistrats, les membres des Forces armées, de
la police nationale congolaise et des services de sécurité, à l’exception de ceux qui, en vue de leur
éligibilité ont, selon le cas, démissionné, sollicité la mise en disponibilité ou sont admis à la retraite.
291
Art. 31 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
292
Art. 34 de la même Loi.
151

déloyales, les informations mensongères ou tendancieuses diffusées, pendant la


campagne électorale, doivent déterminer la conduite des électeurs au moment du
vote.
Si graves qu’elles puissent être, ces informations ne peuvent conduire à
l’annulation partielle ou totale du vote, que dans la mesure où elles auraient, de
manière déterminante, influé sur le comportement des électeurs et, par conséquent,
sur les résultats électoraux.

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C. Le financement de la campagne électorale

Dans la perspective de la conquête démocratique du pouvoir, tout candidat, parti


ou regroupement politique doit s’efforcer de réunir les moyens de sa campagne.
Certaines législations autorisent le financement public des activités politiques, option
qui se justifie par le souci de contribuer au renforcement de l’expression démocratique
et à la transparence des patrimoines des élus.
Le financement public de la campagne électorale est d’une réglementation variée,
plusieurs pays en ont consacré, avec des fortunes diverses, le principe 293.
La République démocratique du Congo organise le financement public des
activités politiques et électorales. L’étude du fondement juridique induit sur celle des
modalités d’application et du contrôle.

1. Le fondement juridique

Le financement de la campagne électorale a un fondement constitutionnel et légal.


La Constitution congolaise du 18 février 2006 reconnaît le pluralisme politique et
l’existence des partis politiques à qui elle confère le rôle de concourir à l’expression du
suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à l’éducation civique. Elle
indique que les partis politiques peuvent recevoir de l’État des fonds publics destinés à
financer leurs campagnes électorales ou leurs activités, dans les conditions définies par
la loi.
Il contribue à la moralisation de la vie publique et à la transparence des
patrimoines des élus, notamment le président de la République, les membres du
gouvernement central et des exécutifs provinciaux.
Le constituant fait obligation au président de la République et à chaque membre
du gouvernement central de déposer, avant leur entrée en fonction et à l’expiration de

293
Comme le Royaume-Uni en 1854, la Finlande et la Suède en 1966, l’Allemagne en 1967, les États-
Unis d’Amérique et l’Italie en 1974, le Japon en 1975, le Québec en 1977, l’Autriche, le Cameron et
l’Espagne en 1985, ainsi que la France en 1988.
152

celle-ci, la déclaration écrite de leurs patrimoines familiaux devant la Cour


constitutionnelle.
La déclaration énumère les biens meubles, actions, parts sociales, obligations et
autres valeurs, y compris les comptes en banque.
Doivent, également, être mentionnés, dans la déclaration du patrimoine familial,
les biens immeubles, terrains non bâtis, forêts, plantations et terres agricoles, mines et
tous les autres immeubles, avec indication des titres pertinents ; ceux du conjoint,
selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et majeurs, mais à charge du couple.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
La Cour constitutionnelle communique la déclaration à l’administration fiscale.
Lorsque la personne concernée par cette obligation refuse de s’y conformer,
endéans les trente jours, elle est réputée démissionnaire. En cas de non-déclaration du
patrimoine dans les trente jours qui suivent la fin des fonctions, de déclaration
frauduleuse ou de soupçon d’enrichissement sans cause, la Cour constitutionnelle ou
la Cour de cassation est saisie, selon le cas.
Pour les membres des exécutifs provinciaux, cette obligation est, aux termes de la
Loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre
administration des provinces, accomplie devant la Cour administrative d’appel, la
Cour de cassation étant saisie, en cas de déclaration fraudeuse ou de soupçon
d’enrichissement sans cause, par les soins du Procureur général près cette Cour.
Prise en exécution de la Constitution, la loi n° 085/005 du 10 juin 2008 portant
financement public des activités politiques autorise les subventions de l’État aux
dépenses, couvrant les activités permanentes des partis politiques et celles consacrées
à l’organisation des campagnes électorales.
Postérieur à la tenue d’une élection, ce financement a un caractère subsidiaire,
parce qu’intervenant à titre d’appui étatique aux ressources propres des partis
politiques, sensées provenir de cotisations des membres, des dons et legs, des revenus
réalisés à l’occasion des manifestations ou des publications, des opérations mobilières
et immobilières.
Le financement public des activités politiques ne constitue, donc, pas une source
d’enrichissement personnel, son montant devant être, chaque année, inscrit dans la loi
des finances publiques, pour une hauteur ne pouvant être inférieure à 0,5 %, ni
supérieur à 1 % de la totalité des recettes à caractère national revenant à l’État.
La participation de l’État au financement des campagnes électorales doit être
inscrite dans la loi des finances de l’année, qui précède l’organisation de chaque
consultation électorale et fixée à 1 % des recettes nationales.
En vue d’assurer la transparence, dans la gestion des subventions mises à la
disposition des partis politiques, pour le financement de leurs activités, une
153

Commission interinstitutionnelle placée sous l’autorité du ministre ayant les affaires


intérieures dans ses attributions a été prévue.
Composée de délégués des services administratifs des ministères ayant dans leurs
attributions les affaires intérieures, le budget, les finances, des délégués de l’Assemblée
nationale et du Sénat, ainsi que de la Commission électorale nationale indépendante,
cette Commission émarge au budget de l’État.
La loi ne réglemente pas le financement des activités réalisées par les
regroupements politiques et les plateformes électorales, pas plus qu’elle ne s’occupe

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
de la gestion des dons privés consentis à l’occasion d’une élection, dont on sait qu’ils
peuvent être source de blanchiment d’argent, d’enrichissement personnel et de
détournement de deniers publics.

2. Les modalités pratiques

Dans la perspective du financement des campagnes électorales, le législateur


congolais ne fait pas de distinction entre les différentes catégories de scrutin
(présidentiel, législatif, provincial, urbain, municipal ou local), toutes les élections
ayant été globalement prises en compte. Une légère différence apparaît, cependant,
entre le financement des activités permanentes des partis politiques de celles
accomplies pendant la campagne électorale.
Une fois disponibles, les fonds destinés au financement des campagnes
électorales 294 sont répartis entre les partis politiques représentés au moins à une des
assemblées délibérantes, proportionnellement au nombre de leurs élus. Il s’agit de
l’Assemblée nationale, du Sénat, de l’Assemblée provinciale, du Conseil urbain, du
Conseil municipal et du Conseil de secteur ou de chefferie 295
Pour être éligible au financement public, le parti politique doit être régulièrement
enregistré au ministère ayant les affaires intérieures dans ses attributions, avoir un
siège connu et attesté par un titre de propriété ou un contrat de bail, disposer d’un
compte bancaire avec un solde débiteur d’au moins 2 500 000 francs Congolais, tenir
une comptabilité régulière et disposer d’un inventaire de ses biens meubles et
immeubles et produire une attestation fiscale du dernier exercice.
Il doit, également, tenir compte de la parité homme-femme lors de l’établissement
des listes électorales et introduire une demande écrite à la Commission
interinstitutionnelle prévue par la loi 296.

294
Art. 10 de la Loi du 10 juin 2008.
295
Art. 7 de la même Loi.
296
Art. 3 de la même Loi.
154

Répondant à la question orale, avec débat, du Sénateur Modeste Mutinga


Mutuishayi 297 sur le nombre de partis politiques, qui ont déposé une déclaration de
patrimoine et la source de leurs revenus, le ministre de l’Intérieur, sécurité,
décentralisation et affaires coutumières a indiqué :
dans leurs rapports financiers déposés à mon ministère, bon nombre de partis
politiques ne présentent pas leurs attestations fiscales délivrées par la Direction
Générale des Impôts… Sur un échantillonnage de 81 partis politiques visités tout
récemment par la Commission mise en place, 32 seulement ont, ne fût-ce qu’un
siège, dans une maison de location ou celle de son président national ou de son

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
autorité morale, si ce n’est dans une maison d’un cadre du parti 298.

Ajoutée à l’inexistence de la Commission interinstitutionnelle chargée de


matérialiser le financement public des activités politiques, l’absence des fonds
disponibles, dans la loi des finances, rend ineffective cette exigence légale, ouvrant du
coup la voie à la rétribution non contrôlée des activités électorales ; aucun candidat
aux élections présidentielles et législatives de 2006, 2011 et 2018 n’ayant dévoilé les
sources de financement de sa campagne.

3. Le contrôle du financement

Les fonds publics destinés au financement des activités politiques sont soumis à un
double contrôle administratif et juridictionnel.
Aux termes de la loi, les subventions que l’État met à la disposition des partis
politiques, pour couvrir les dépenses liées à leur fonctionnement et aux activités de
campagnes électorales, sont fixées et mises à leur disposition par la Commission
interinstitutionnelle. Celle-ci a pour mission de tenir le fichier des partis éligibles aux
financements publics, d’examiner les demandes de financement, de déterminer les
modalités pratiques d’octroi des crédits aux partis politiques bénéficiaires.
La Commission a, également, compétence de fixer le mode de calcul des crédits à
allouer, selon un coefficient de pondération, variant de l’Assemblée nationale et du
Sénat aux organes délibérants locaux, de déterminer les montants de crédits à allouer
aux partis politiques, d’ordonner le virement des crédits aux comptes bancaires des
partis politiques bénéficiaires, d’examiner les rapports de gestion des subventions
accordées aux partis politiques par l’État ; rapports dont les copies sont transmises à la

Du Mouvement pour la Solidarité et le Renouveau, parti politique de la majorité présidentielle.


297

Réponse de Monsieur Richard MUYEJ MANGEZE, ministre de l’intérieur, sécurité,


298

décentralisation et affaires coutumières à la question d’actualité du Sénateur Modeste MUTINGA sur la


problématique de la création, l’organisation et le fonctionnement des partis politiques en République
démocratique du Congo, Sénat, Séance du 2 mai 2014, Kinshasa, Palais du Peuple, 2014, inédit, pp. 11-
12.
155

Cour des comptes, aux institutions représentées en son sein et au ministre ayant les
affaires intérieures dans ses attributions.
Elle examine aussi les recours éventuels des partis politiques contre la décision de
refus d’octroi des crédits et rend sa décision, dans les quinze jours de leur réception.
Passé ce délai, la requête est réputée fondée.
En cas de rejet d’octroi des crédits, le parti concerné est autorisé à saisir, dans le
délai de quinze jours, le Conseil d’État, qui statue dans le mois de sa saisine. Passé ce
délai, le recours est réputé fondé.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613020697
L’administration des subventions publiques allouées aux partis politiques obéit aux
règles de la comptabilité publique et est soumise au contrôle de la Cour des comptes.
Sans préjudice des dispositions de l’article 21 de la loi sur les partis politiques, ces
derniers s’engagent à déclarer leurs dépenses de fonctionnement, au plus tard le
31 mars de chaque année, et les dépenses électorales, au plus tard trois mois après le
scrutin.
Conformément à ses statuts, chaque parti désigne un gestionnaire national et des
gestionnaires locaux chargés de la gérance des fonds reçus de l’État. Il en informe la
Commission et le ministre ayant les affaires intérieures dans ses attributions.
Le législateur organise, donc, le processus de traçabilité et de transparence de
l’administration, par les partis politiques, des subventions reçues de l’État en obligeant
leurs gestionnaires locaux de faire régulièrement parvenir, au gestionnaire national, les
états financiers à l’effet de l’établissement, au profit de la Commission, en trois
exemplaires, d’un rapport financier sur les dépenses de fonctionnement et/ou celles
électorales.
Ce rapport est, à la diligence du ministre ayant les affaires intérieures dans ses
attributions, publié au Journal Officiel de la République.
Une fois en possession du rapport, la Commission l’examine et statue, le parti
entendu, dans les deux mois de sa réception. Passé ce délai, le rapport est réputé
approuvé.
Le rapport final que dresse la Commission interinstitutionnelle indique le montant
total des dépenses engagées, pour le fonctionnement ou pour la campagne électorale,
les observations éventuelles, toute violation de la loi et, selon le cas, la mention lu et
approuvé, lu et approuvé sous réserve ou encore lu et rejeté.
En cas d’approbation sous réserve ou de rejet du rapport financier d’un parti
politique, la Commission le lui retourne avec des remarques écrites et motivées. Le
parti politique concerné, par le rapport contesté, dispose d’un délai d’un mois pour
répondre aux observations formulées, à défaut, il encourt des sanctions prévues par la
loi pénale, notamment pour faux en écriture, usage de faux ou détournement des
deniers publics.
156

Dans le domaine électoral, le contrôle du financement de la campagne électorale


est, en raison des modalités auxquelles elle fait actuellement recours (campagne
appuyée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication),
rendu de plus en plus difficile, au point de préparer le lit de blanchiment des capitaux,
qui vise à cacher ou déguiser l’identité de revenus obtenus illégalement, afin de les
faire apparaître, par la suite, comme provenant de sources légitimes.
Juridiquement réprimé, le blanchiment des capitaux est, en réalité, pratiqué par des
acteurs politiques socialement puissants et économiquement soutenus.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
Bien qu’organisé par la loi, le financement public des activités politiques n’est pas
effectif nonobstant le vote, chaque année, des crédits dans la loi de finances.

§ 3. La pratique de la campagne électorale

L’intervention du législateur, dans l’organisation de la campagne électorale, permet


aux candidats, partis et regroupements politiques de peaufiner leurs stratégies de
propagande.

A. L’intervention du législateur

Pour chaque type de scrutin, le législateur prend soin de fixer la période de


campagne et les moyens d’usage, le point de départ étant déterminé, soit par le texte
qui porte convocation des élections, soit par les dispositions particulières propres à
chaque catégorie d’élections.

1. La durée de la campagne électorale

La campagne électorale s’ouvre trente jours, au maximum, avant la date du scrutin


et s’achève vingt-quatre heures avant cette date 299.
Différente, selon le type d’élection, cette durée est de trente jours, pour l’élection
du président de la République 300, des députés nationaux 301 et provinciaux 302 ; s’ouvre
vingt-quatre heures, après la publication de la liste définitive des candidats et s’achève
vingt-quatre heures, avant l’ouverture du scrutin.
Elle est ramenée à quinze jours, pour les candidats conseillers municipaux 303, de
secteur ou de chefferie 304.

299
Art. 28 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
300
Art. 110 de la même Loi.
301
Art. 125 de la même Loi.
302
Art. 150 de la même Loi.
303
Art. 196, al. 1er de la même Loi.
157

Pour l’élection des sénateurs 305, des gouverneurs et vice-gouverneurs de


province 306, des conseillers urbains 307, des maires et maires adjoints 308, des
bourgmestres et bourgmestres adjoints 309, des chefs de secteur et chefs de secteur
adjoints, la campagne dure trois jours à dater de la publication de la liste définitive des
candidats et, s’achève, vingt-quatre heures, avant l’ouverture du scrutin.
Relativement courts, ces délais (trente, quinze ou trois jours) permettent,
néanmoins, à chaque électeur de se faire une idée sur les différents projets politiques
en compétition, en vue d’un choix judicieux, au moment du vote.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
En plus de sa durée légale, la campagne électorale est appréciée en fonction des
moyens utilisés.

2. Les moyens de la campagne

Les moyens de campagne sont, soit légaux, soit tirés de la pratique des élections.

2.1. Les moyens légaux


Autorisés par la loi, ces moyens ne doivent pas porter atteinte à l’ordre public, ni
aux bonnes mœurs, encore moins aux droits des autres. Ils sont généralement
constitués des professions de foi et de l’utilisation des médias.

2.1.1. Les professions de foi


La profession de foi est une déclaration de principe adressée par un candidat, parti
ou regroupement politique aux électeurs, en vue de les convaincre du bien-fondé de
son offre politique et d’obtenir leurs suffrages. Contenant la vision politique,
économique ou sociale d’un candidat ou d’une liste, la profession de foi est
habituellement tirée du programme politique avec lequel elle fait corps.
Rarement réglementée ou pas du tout, la profession de foi est destinée à une
diffusion variée, notamment comme dépliant ou sous la forme des diverses
applications offertes par les nouvelles technologies de l’information et de la
communication et le recours aux médias.

304
Art. 212, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
305
Art. 138, al. 1erde la même Loi.
306
Art. 167, al. 1erde la même Loi.
307
Art. 179, al. 1erde la même Loi.
308
Art. 187, al. 1erde la même Loi.
309
Art. 203, al. 1erde la même Loi.
158

2.1.2. Le recours aux médias


L’utilisation des médias, à des fins de campagne électorale, participe à la vitalité
démocratique et au processus qui l’accompagne. En raison de son importance et
parfois de dérapages souvent constatés, le législateur et, quelquefois, le pouvoir
réglementaire sont souvent intervenus, pour encadrer ou recadrer l’usage en
organisant, notamment, des espaces permettant la libre expression des candidats à la
radio et à la télévision, occasion pour eux de présenter leurs offres politiques.
En cette matière en effet, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
communication veille au respect de l’égalité de traitement et de production des
candidats avec la diffusion, dans les médias publics, de leurs activités, écrits,
déclarations ainsi que la présentation de leur personne 310.
En collaboration avec la Commission électorale nationale indépendante, il arrête
les conditions d’accès aux médias publics publiées un mois, avant le début de la
campagne électorale 311. Rarement observées, ces dispositions sont régulièrement
méconnues, pour que la sanction apparaisse aléatoire, sinon illusoire.
Est souvent violée, mais rarement sanctionnée, l’interdiction d’utilisation, à des
fins de propagande électorale, des biens, finances et personnel de l’État, des
établissements publics et des sociétés d’économie mixte.
La loi précise que la violation de l’interdiction expose l’auteur à la radiation de la
candidature ou l’annulation de la liste du parti ou du regroupement politique, la
décision étant prise par la Commission électorale nationale indépendante saisie par
toute autorité politico-administrative, tout parti ou regroupement politique ou toute
personne intéressée. L’officier du ministère public peut, également, obtenir
l’application de cette disposition par la Commission électorale nationale
indépendante.
Dans la perspective de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, le candidat
du Front commun pour le Congo a, le 3 novembre 2018, constitué une équipe de
campagne, dans laquelle figuraient plusieurs personnes qui, de par leurs fonctions,
étaient pourtant soumises à l’obligation de neutralité. Il a été, également, observé,
l’utilisation des moyens et personnel de l’État à des fins de campagne électorale.
Par une déclaration, du 7 novembre 2018, onze candidats à l’élection présidentielle
ont tenté, sans y parvenir, d’obtenir l’invalidation, pour violation de la loi électorale 312,
de la candidature de monsieur Emmanuel Ramazani Shadary.

310
Art. 33, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
311
Art. 33, al. 2 et 3 de la même Loi.
312
Art. 27 de la même Loi.
159

Comme on le voit, l’apport des médias offre aux candidats la possibilité de vendre
leurs projets politiques ; il peut, en cas de mauvaise prestation, se révéler
contreproductive, en raison des dérapages prévisibles.
Pendant la campagne électorale, l’accès aux médias publics peut s’accompagner
d’un débat contradictoire radio-télévisé entre les candidats en lice. Sans être
nécessairement ordonnancé par un texte juridique, l’exercice qui n’est, certainement,
pas uniforme est devenu, au fil des années, une tradition démocratique.
Il suffit, pour contenir les attaques adverses et obliger l’auteur à la résignation :

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
• de suivre attentivement le discours de campagne adverse, repérer les idées-
forces, les isoler et les combattre une à une. On procèdera ainsi à la
classification, par ordre d’importance, aux thèmes de campagne adverse à la
faveur de la technique de filtrage de laquelle, on parvient à distinguer l’essentiel
de l’accessoire ;
• d’identifier les destinataires du discours et des actions de l’adversaire politique
(élites, jeunes, femmes, populations paysannes ou ouvrières) et les objectifs
poursuivis. Il est déconseillé d’attaquer globalement le discours et actions
politiques de l’adversaire. Il convient, à cet effet, d’organiser une bonne riposte
sur les points faibles, mais qui présentent, à ses yeux ou ceux qu’il destine, une
certaine importance ;
• de faire l’économie des attaques frontales de la campagne adverse, si celle-ci
présente une certaine agressivité ou une puissance réelle sur la sienne, le risque
de se faire écraser est, dans ce cas, évident ;
• de relever, par une approche méthodique, les contradictions contenues dans la
campagne adverse, notamment entre ses idées, son comportement et, au
besoin, son entourage ;
• de procéder à une confrontation permanente et systématique entre le projet
proposé avec les réalités de terrain (discours démagogique, promesses non
tenues). On arrive ainsi à mettre la campagne adverse dans une mauvaise
posture ;
• d’envisager sa neutralisation, le privant des ressources nécessaires et,
notamment, des moyens d’expression, au service du soutien populaire ;
• de prédominer le sentiment de supériorité et d’ascendance sur l’adversaire
politique, conquérir son électorat, au moment du vote, et le dépouiller d’une
victoire électorale.
Expérimentée, pour la première fois, le 10 septembre 1974, à l’occasion du second
tour de l’élection présidentielle française, qui a opposé Valery Giscard d’Estaing à
François Mitterrand, la pratique de débat contradictoire tire son fondement historique
d’une émission réalisée, en Amérique, le 26 septembre 1960, lors du débat
radiotélévisé entre Richard Nixon et John Kennedy.
160

En Afrique, la coutume de débat télévisé est, en période de campagne électorale,


plutôt rare, les dirigeants au pouvoir la redoutent et préfèrent affronter directement les
électeurs. N’empêche que quelques pays s’en sont servis, au point de rendre possible la
visualisation des candidats à l’élection présidentielle et leur évaluation virtuelle par les
électeurs.
Qu’il s’agisse de la Côte d’Ivoire 313, de l’Égypte 314, du Kenya 315 ou du
Madagascar 316, l’organisation des débats contradictoires télévisés a permis de se faire
une idée sur ceux qui dirigent l’Afrique ou prétendent en assumer la commande au

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
sommet de l’État.
La réduction, en République démocratique du Congo 317, du nombre de tours à
l’élection présidentielle a conduit le législateur à supprimer le débat contradictoire
radio-télévisé exigé de deux candidats en lice au premier tour 318.
À la place, ce fut le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, qui
s’était vu obligé d’organiser les temps d’antennes radiotélévisés égaux, pour chaque
candidat à l’élection présidentielle.
Très attendu, ce débat n’a, finalement, pas eu lieu ; les deux candidats, au second
tour, Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, s’étant résolus de s’exprimer, en raison du
caractère particulièrement agité de la campagne, de la méfiance réciproque et du souci
de préserver un climat politique relativement apaisé avant le scrutin, séparément dans
les médias publics et privés qu’ils contrôlaient 319.

2.2. Les autres moyens d’usage


Une bonne campagne électorale préjuge la conception d’une stratégie de
mobilisation des moyens et d’évaluation des actions à mener. Pour ce faire, on doit se
rendre à l’évidence que les moyens légaux ne suffisent pas, pour convaincre les
électeurs.
Il convient de faire appel à d’autres techniques que sont, les réunions et
rassemblements politiques, l’apposition des affiches de campagne, la confection et

Organisé, le 25 novembre 2010, entre Laurent GBAGBO et Alassane Dramane OUATTARA.


313

Aménagé, le 10 mai 2012, entre Amir MOUSSA et Abdel MONEIM ABOUL.


314

315
Organisé, le 13 février 2013, entre UHURU KENYATA et Raila ODINGA.
316
Préparé, le 4 décembre 2012, entre Jean-Louis ROBISON et Hery RAJAONARIMAMPIANINA.
Dans ce registre, on signale une double confrontation qui a opposé, lors de la campagne électorale de
décembre 2018, Marc RAVALOMANANA à Ery ANJOEL.
317
Par la révision constitutionnelle du 21 janvier 2011.
318
Cette obligation légale fut contenue dans l’article 112 de la Loi électorale, dans sa version du
9 mars 2006.
319
ESAMBO KANGASHE J.-L., « La loi électorale », op. cit., pp. 86-87.
161

distribution des tracts et autres coupures des journaux, ainsi que l’utilisation des
nouvelles technologies de l’information et de la communication 320.

2.2.1. Les réunions et rassemblements politiques


En démocratie, la liberté de réunions est un droit fondamental ; elle l’est
davantage, dans le domaine électoral et ne peut être refusée, ni détournée. Les
organisateurs des réunions et rassemblements politiques sont, néanmoins, tenus de
veiller à ce qu’ils ne troublent pas l’ordre public, ne violent la loi, ni ne portent atteinte
aux droits garantis aux particuliers. Ils peuvent, à cette fin, solliciter l’assistance des

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
agents de la Police nationale congolaise 321.
Plus qu’un lieu de diffusion des messages de campagne, les réunions et
rassemblements politiques peuvent se transformer en assemblées d’invectives et
d’attaques personnelles, réduisant sensiblement l’intervention, du juge dans son rôle
de régulateur de la vie politique.
Réels ou supposés, les dérapages redoutés ne peuvent justifier toute entrave ou
interdiction de manifester, de se réunir ou d’exprimer son opinion, pendant la
campagne électorale.
La loi punit l’auteur d’une entrave à une peine privative de liberté de douze mois,
au maximum, et une amende de 100 000 à 500 000 francs congolais ou d’une de ces
peines seulement. Il encourt, également, une privation du droit de vote et d’éligibilité,
pour une durée de six ans 322.
Sans aucune crainte sur d’éventuelles poursuites judiciaires à son égard, le
gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango a, par deux fois, interdit la
tenue des rassemblements politiques, pendant les campagnes électorales de 2011 et
2018 323. Le comportement a servi d’exemple à d’autres gouverneurs, notamment du
Haut-Katanga, du Lualaba et du Maniema, pendant la campagne électorale de
décembre 2018 324.
Devant les violations répétées de la loi électorale, le juge a, paradoxalement, fait
profil bas, soit parce qu’il n’ait pas été saisi, soit que, même saisi, il n’arrivait pas à se
faire une conviction sur l’intention frauduleuse du contrevenant, soit encore que
l’influence du milieu ait pu déterminer son comportement.

320
MALIGNER B., Droit électoral, op. cit., p. 371.
321
Art. 29 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
322
Art. 81 de Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
323
Si la première intervint à vingt-quatre heures de la tenue du scrutin, la seconde eut lieu le
20 décembre 2018, soit à soixante-douze heures de la date initiale des élections, mais qui a été prolongée
d’une semaine.
324
Ces autorités ont interdit, sans justification légale plausible, les rassemblements politiques de
Monsieur Martin FAYULU MADIDI, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 30 décembre
2018.
162

2.2.2. Les affiches de campagne


Chaque législation organise la manière d’apposer les affiches de campagne. Il est
souhaité que le législateur ou l’autorité réglementaire compétente précise les endroits
où les affiches de campagne sont autorisées.
La loi électorale autorise que soient apposées les affiches, photos et autres effigies
de propagande électorale 325. Elle interdit l’apposition de toute affiche, photo ou effigie
de campagne à proximité du Bureau ou Centre de vote.
L’utilisation des panneaux publicitaires à des fins de campagne électorale est

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
également réglementée. Tout panneau doit être, obligatoirement, posé sur pied d’une
surface maximale d’un mètre carré et d’une hauteur maximale, à partir du sol, d’un
mètre cinquante.
De même, toutes les affiches placées dans un rayon de cent mètres du Bureau ou
Centre de vote sont, par les soins des candidats qui les ont posées, impérativement
enlevées, à la fin de la campagne électorale, soit vingt-quatre heures, avant le jour du
scrutin 326.
L’apposition des affiches de campagne, dans les panneaux, n’est pas d’un cadrage
légal uniforme, selon que les panneaux appartiennent ou non à l’État et aux pouvoirs
publics.
Contrairement aux panneaux privés, la pose d’affiches, de photos et d’effigies de
campagne, dans les panneaux publics, est libre et gratuite. La répartition des panneaux
publics à des fins de campagne électorale est aménagée par le pouvoir réglementaire.
L’absence d’un précédent en droit congolais, oblige de faire recours au droit
comparé français qui organise une diversité des recettes, dans l’attribution des
panneaux appartenant à l’État où il fait appel soit à l’ordre alphabétique de
présentation des candidats, soit à l’ordre de dépôt des candidatures, soit encore au
tirage au sort, par une commission ad hoc.
L’efficacité de chaque critère tient compte de deux facteurs, à savoir,
l’identification préalable des panneaux appartenant à l’État et la mise en place d’une
commission chargée de leur gestion en période de campagne électorale.
En République démocratique du Congo, il s’observe qu’à l’indifférence ou
l’incapacité de la Commission électorale nationale indépendante, cette exigence n’a pu
être respectée, pendant les campagnes électorales de 2011 et 2018.

Art. 30 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.


325

Art. 27 de la Décision n° 052 bis/CENI/BUR/11 du 18 août 2011 portant mesures d’application


326

de la Loi électorale.
163

2.2.3. Les tracts et cou pures d es journaux


À l’instar des médias audiovisuels, la presse écrite joue un rôle capital, dans la
diffusion du discours politique, pendant la campagne électorale. La distribution des
magazines et autres coupures des journaux est autorisée, à l’exception des tracts ;
documents non signés et comportant habituellement des informations mensongères,
injurieuses, diffamatoires et malveillantes, les tracts peuvent toujours constituer des
entraves à la loyauté du scrutin.
Pendant la campagne électorale, des fausses informations sur la nationalité d’un

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candidat, sa fortune ou sa condamnation, pour des faits infractionnels, peuvent
contribuer à l’entretien d’une opinion contraire à son élection ou induire une partie
d’électeurs en erreur, pour que soient finalement faussés les résultats du candidat
concerné.
Saisi d’une contestation contre ces agissements, le juge s’emploiera à établir le lien
entre la diffusion, dans un tract, des fausses informations et les atteintes portées à la
liberté des électeurs. Les informations mensongères doivent créer un doute ou une
confusion, dans les esprits des électeurs, au point de leur faire changer d’avis, pour que
le juge les considère comme déterminantes en vue d’ordonner, en conséquence,
l’annulation du scrutin.
En droit français, le juge est parvenu à prononcer, dans un scrutin serré,
l’annulation d’une élection, se fondant sur la diffusion, par le candidat élu ou à son
profit, d’un tract dénaturant 327 par des artifices, le contenu des documents en faisant
croire qu’il s’agissait des documents authentiques et en accusant son concurrent, qui
répandait des documents authentiques, assimilant cette attitude à une manœuvre
grave, mettant en cause l’honorabilité d’un adversaire politique 328.
Constitue, également, une manœuvre destinée à altérer la sincérité du scrutin, la
diffusion à la veille du scrutin, dans la presse, d’un tract reproduisant un article de
presse paru plusieurs années plutôt et mettant en cause l’honnêteté d’un candidat.
On notera, en revanche, que la dénonciation malveillante de la politique menée,
par une autorité territoriale décentralisée, à l’endroit d’une catégorie des personnes ne
suffit pas, pour entraîner l’annulation d’un scrutin, si le candidat mis en cause a pu,
dans les délais, présenter sa défense. Il en est de même d’un tract qui, tout en
contenant des opinions désobligeantes, antérieurement exprimées par un adversaire
politique, se limite à les réitérer, même à la veille du scrutin ou d’une lettre, quoique
méchante et dépourvue du caractère injurieux ou diffamant 329.

327
CE, 1er février 1980, Élections cantonales de Rombas, Rec., p. 68.
328
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit., p. 227.
329
Idem.
164

2.2.4. L’apport des nouvelles technologies de l’information et de


la communication
Au nom de la liberté d’expression et de communication, les candidats, partis ou
regroupements politiques font, de plus en plus, recours aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication, en période de campagne électorale.
Plusieurs législations sont, d’ailleurs, mises en contribution, pour en réglementer
l’usage ; certaines pratiques autorisent même la campagne électorale sur le web, les
blogs, les réseaux sociaux, la téléphonie cellulaire et, notamment, les options

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messagerie et le répondeur.
Dans la pratique, les nouvelles technologies de l’information et de la
communication sont devenues des canaux privilégiés de diffusion et de transmission
des messages de campagne électorale ; elles servent, également, à rapprocher les
candidats de leurs électeurs potentiels. Il se manifeste ainsi un fort engouement vers la
création des sites web, des réseaux sociaux et autres blogs, pour soutenir la campagne
des candidats, partis ou regroupements politiques.
Aux États-Unis d’Amérique, par exemple, on signale que 20 % d’électeurs
considèrent l’internet comme le meilleur endroit, pour s’informer sur les candidats et
leurs politiques. Lors de la campagne électorale de 2004, plusieurs électeurs se sont
bousculés sur le web, pour soutenir tel ou tel autre candidat, la pratique autorisant la
campagne électorale au téléphone, même le jour du scrutin.
Au Canada, il est renseigné la manipulation, en 2006, de l’internet dans la stratégie
globale des partis politiques, au point que des sites web, blogs et vidéos humoristiques
ont été créés pour séduire l’électorat.
En France, le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication a atteint son diapason, les électeurs et les candidats ayant découvert
des canaux rapides et privilégiés de diffusion des messages de propagande politique.
Parmi ces canaux, on cite l’usage de la téléphonie cellulaire et, notamment, ses options
messagerie et répondeur.
Même si le législateur est encore réservé, pour en réglementer l’usage, le répondeur
sert, à l’instar de l’internet, de moyen de communication et de diffusion des thèmes
des propagandes électorales 330.
Pendant les élections présidentielles et législatives brésiliennes, du 3 et 31 octobre
2010, l’apport des nouvelles technologies de l’information et de la communication a
été déterminant dans le choix des électeurs.
Jadis considéré comme une chasse gardée des pays occidentaux et ceux dits
émergents, le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la

330
MALIGNER B., Droit électoral, op. cit., p. 371.
165

communication est devenu, nonobstant le retard pris dans sa réglementation par les
différentes législations, une réalité en période électorale.
On peut, donc, affirmer qu’à défaut d’être invitées, ces technologies ont fait leur
incursion et deviennent incontournables, dans les campagnes électorales du continent
africain.
Dans la perspective des élections générales du 21 avril 2009, les partis politiques
sud-africains se sont mobilisés, pour amorcer une percée remarquable sur le net,
mobilisant du coup Facebook, Twitter, Viber, Watsapp et autres blogs, pour diffuser et

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soutenir les messages de campagne électorale.
Au Ghana, la campagne, pour l’élection présidentielle du 7 décembre 2012, s’était
remarquablement déroulée sur l’internet et les réseaux sociaux, certains candidats
ayant créé leurs propres pages Facebook, d’autres, visibles sur Twitter, Watsapp,
d’autres encore, se servant de l’option messagerie de leurs téléphones portables.
Le même exercice a été expérimenté, pendant la campagne, pour l’élection
présidentielle au Kenya (5 mars 2012), au Sénégal (26 décembre 2012), au Zimbabwe
(31 juillet 2013), voire aux élections législatives togolaises (25 juillet 2013).
La pratique a atteint la République démocratique du Congo, en 2011 et 2018,
même si l’usage a conduit à des abus.
Par la communication et le nombre d’électeurs virtuels qu’elles atteignent en
temps réel, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont
bénéfiques à ceux qui s’en servent.
Sa prise en charge et la moralité des utilisateurs posent, cependant, le sérieux
problème de fiabilité des informations diffusées et l’identification des auteurs. La
gestion de risques des abus étant limitée, la voie de la cybercriminalité paraît
largement ouverte.
Le mauvais usage de cette technique de propagande a, toutefois, conduit certaines
législations à en réglementer l’utilisation. La loi française n° 2011-412 du
14 avril 2011 331 prévoit, par exemple, des dispositions particulières, pour
l’encadrement de la campagne électorale sur internet. Elle interdit, notamment, la
diffusion des messages diffamants, injurieux ou ayant un caractère répréhensif.
Cette législation peut ainsi servir de référence aux législations africaines, dans la
réglementation de l’utilisation, en période de campagne électorale, des nouvelles
technologies de l’information et de la communication.

331
Art. L.48-1.
166

Le financement de la campagne électorale réalisée par cette technique semble


difficile à contrôler, parce que souvent favorisé par le phénomène de blanchiment des
capitaux 332.
La seule réglementation de la campagne électorale ne suffit pas, pour en réduire les
effets négatifs, une éducation civique et électorale paraît, si elle est bien organisée,
pallier à certaines insuffisances légales.

B. La part des compétiteurs politiques

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En vue de s’assurer une victoire électorale, chaque compétiteur se doit de préparer
sa campagne électorale, peaufiner les stratégies susceptibles d’être régulièrement
évaluées.

1. La préparation de la campagne

La participation à une campagne électorale ne s’improvise pas, elle se prépare, son


exercice est d’ailleurs bénéfique, pour les compétiteurs et leurs équipes respectives de
campagne. Un candidat à une élection doit avoir à l’esprit que la conquête du pouvoir
politique se cristallise autour de l’anticipation et la compétition, mieux de
l’anticipation dans la compétition 333.
L’anticipation procède de la capacité dont jouit chaque compétiteur à connaître,
maîtriser et gérer le temps à sa disposition, pour atteindre l’objectif poursuivi. Plus, on
démarre tôt sa campagne, plus celle-ci gagne en compétitivité et procure les chances
de succès. Il faut donc éviter d’être essoufflé par une campagne prématurée et trop
longue.
La préparation d’une campagne ne commence pas au moment de la convocation
de l’électorat ou le premier jour du lancement officiel car, à cette date, le candidat le
mieux organisé doit avoir préparé et mobilisé sa stratégie de campagne. On ne doit pas
perdre de vue que la compétition électorale oblige le candidat ou les listes à ne rien
sous-estimer ni surestimer qui puisse être mis en contribution afin d’atteindre
l’objectif visé.
Quelle que soit, en effet, la taille de la circonscription électorale, le nombre
d’électeurs et le poids des adversaires politiques, une compétition électorale n’est
jamais passive, ni purement rationnelle. C’est un affrontement intensif, le compétiteur
ne doit pas minimiser la capacité de nuisance de ses rivaux ou autres acteurs impliqués.

332
KOUTOUZIS M. et THONY J.-F., Le blanchiment, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 2005, pp. 4-5.
333
TRETARRE F., Campagnes électorales, Paris, Gualino, Lextenso, 2012, p. 20.
167

Dans une démarche compétitive et concurrentielle, les possibilités d’erreurs ne


manquent pas, elles sont, d’ailleurs, nombreuses et variées. Il importe de les connaître
et, au besoin, les minimiser, en vue d’accroître les chances de succès de sa campagne.
Il convient, également, d’évaluer, sur la base des informations de terrain, les
facteurs susceptibles d’influer, lors de la campagne, la situation particulière du
candidat ou de la liste, avant d’envisager toute stratégie alternative.

2. Les stratégies de campagne

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Concevoir une stratégie de campagne, c’est établir, de manière rationnelle, un plan
d’action, en vue d’atteindre un objectif, dans un environnement politique qui, à défaut
d’être conflictuel, est, de toute évidence, concurrentiel.
Loin d’apparaître comme une science exacte, la stratégie de campagne est plutôt
un art de faire une analyse rigoureuse des risques et opportunités, la finalité étant
d’atteindre l’objectif visé.
Pendant la campagne électorale en effet, les compétiteurs mobilisent autant
d’énergies et des moyens, pour atteindre leurs objectifs, l’entreprise étant
conditionnée par la connaissance des enjeux qui entourent, habituellement, la
compétition politique, telles que la maîtrise des règles du jeu électoral, l’identification
des acteurs impliqués, la connaissance du terrain et l’idée plus ou moins correcte de
l’arbitre et de son rôle 334
De la multitude de stratégies qui peuvent s’offrir aux candidats, quatre présentent
un intérêt particulier, à savoir : la connaissance du milieu et ses problèmes 335,
l’identification et l’utilisation des moyens, la gestion du temps et la conception d’une
bonne thématique électorale.

2.1. La connai ssance du milieu et de ses besoins


Pour un pays qui regorge d’énormes potentialités aussi diverses que
géographiquement déséquilibrées, il est important, pour bien mener sa campagne
électorale, d’étudier le milieu, connaître l’enjeu de la circonscription électorale et ses
problèmes. On ne saurait se convaincre d’une campagne électorale qui soit
déconnectée des réalités du terrain.
La connaissance du milieu induit, naturellement, sur celle de sa diversité
démographique, écologique et socioculturelle. Il est, à cet égard, déconseillé de se
livrer à une approche de généralisation des stratégies de campagne avec des offres

334
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 188.
335
En vue de s’assurer une victoire électorale, tout candidat doit, autant que faire se peut, connaître
l’étendue de sa circonscription électorale, son poids démographique, l’électorat potentiel, son état
d’esprit et ses aspirations, ainsi que les forces sociales et politiques en présence.
168

politiques, qui ne peuvent avoir d’échos qu’en étant collées aux spécificités de chaque
scrutin.
On affirme qu’à la différence de types et niveau des scrutins, corresponde une
diversité d’approches. La stratégie arrêtée pour une élection nationale ne devrait pas
servir de conducteur pour une élection à enjeu provincial, communal ou local, parce
qu’éloignée des besoins vitaux des électeurs concernés.
La maîtrise du milieu présuppose une bonne perception de sa position
géographique ou de son influence politique, par rapport aux autres circonscriptions ou

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agglomérations du même niveau ou de celui différent, ainsi que de ses aspirations. Elle
commande que le discours politique satisfasse les attentes des électeurs.
Ainsi, pour les élections nationales ou provinciales, l’approche utilisée, dans une
circonscription à vocation agricole ou forestière, ne devrait pas, prioritairement,
tourner vers son industrialisation immédiate.
Peu importe la position géographique de la circonscription électorale visée, on
évitera des promesses électorales politiquement irréalisables et uniquement conçues
pour se faire valoir.
Certaines élections demandent des candidats, la constitution des listes, en vue de
la conquête du pouvoir. Il est, donc, nécessaire de connaître les colistiers et leurs
influences politiques dans la circonscription électorale.
Associée à la conception de la stratégie de campagne, les colistiers doivent être des
personnes-ressources capables d’apporter des dividendes politiques à la liste et,
naturellement, à la formation politique à laquelle, ils sont sensés appartenir.
À cet effet, il est conseillé de constituer, à temps, une bonne équipe de campagne,
active dans la recherche d’indicateurs capables de contenir ou dominer, selon le cas,
les stratégies des campagnes adverses.
Bien structurée, cette équipe de campagne se rapprocherait de quelques notabilités
ou leaders d’opinion, dont la participation à la conception des stratégies de campagne
n’est pas vaine. Elle pourra, également, consulter les études (si elles existent) réalisées
par les instituts de sondages, en vue de la rationalisation des stratégies de campagne.

2.2. L’identification et l ’utilisation des ressources disponibles


Perçue comme un moment important de confrontation des offres politiques, la
campagne électorale permet, à chaque compétiteur, de bien identifier les ressources
humaines, financières et matérielles nécessaires à leur mise en application.
Les ressources humaines sont, à des fins de campagne, essentiellement constituées
du personnel puisé des formations politiques. Le recrutement et la sélection doivent,
autant que faire se peut, tenir compte de la disponibilité, mais également de la capacité
169

à mobiliser le plus grand nombre d’électeurs à la cause du candidat ou de la liste en


compétition.
En vue de la formation d’une bonne équipe de campagne électorale, on
recommande de faire appel à l’expérience professionnelle de chaque membre, à ses
spécialités et à la considération dont il jouit dans son milieu. L’affectation à telle ou
telle autre cellule de campagne doit tenir compte de la notoriété de chaque membre
qui la compose.
On pense ainsi qu’un agronome gagnerait à faire partie de la cellule de campagne

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s’occupant des questions forestières, un politologue, dans celle analysant les enjeux
politiques d’une élection, un communicologue, dans la diffusion du discours de
campagne, un financier, dans la conception du budget réaliste de campagne, un juriste
dans la formulation des réformes que l’on envisage, en cas de victoire électorale.
L’argent, c’est le nerf de la guerre dit-on. La campagne électorale coûte cher et
demande la mobilisation des moyens financiers et matériels conséquents. Qu’il
s’agisse, en effet, de la conception, la reproduction, la distribution des banderoles, les
affiches et effigies de campagne, ainsi que l’organisation des réunions, carnavals et
rassemblements électoraux, on doit s’attendre à des dépenses exigeantes qu’il convient
de budgétiser.
La location ou l’utilisation des panneaux et espaces publicitaires, du matériel
roulant ou des consommables, des espaces médiatiques ou des nouvelles technologies
de l’information et de la communication exige une couverture financière et matérielle
à la hauteur des ambitions exprimées dans la stratégie de campagne.
Principalement couverts par les ressources internes des candidats et/ou des
formations politiques, les fonds de campagne peuvent être, si la loi l’autorise, d’origine
extérieure ou compter, selon le cas, avec le financement public qu’il faut mobiliser.
Légalement, constitués, ils sont comptables de leur rationnelle et correcte
affectation aux seuls besoins de campagne, pour la conquête démocratique du
pouvoir. Ces ressources ne doivent pas servir aux détournements de deniers publics ni
au blanchiment des capitaux.

2.3. La bonne gestion du temps


La participation à une élection est si difficile que les compétiteurs semblent ignorer
l’importance du temps et son rôle, pendant la campagne électorale. Il importe
d’organiser et gérer, rationnellement, le temps mis à disposition.
Si le cycle électoral ou le processus de votation peut prendre du temps, parce
qu’aménagé dans le calendrier électoral, il n’en est pas pour la campagne électorale qui
est une activité inscrite dans la durée.
170

Relativement courte, trente jours, pour l’élection présidentielle, les législatives


nationales et provinciales, trois jours, pour le scrutin sénatorial et, deux jours, pour le
vote des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces, la campagne électorale permet
de mettre en contact les candidats avec leurs potentiels électeurs.
On doit, à l’évidence, reconnaître que le temps de campagne électorale ne soit
toujours pas au bénéfice des candidats ou listes qui s’y livrent précocement ou
tardivement. Pour un pays aux dimensions continentales et confronté à d’énormes
difficultés d’infrastructures, comme la République démocratique du Congo, on

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conseille de ne pas organiser une campagne électorale précoce, ni tardive au risque
d’être essoufflé, pour le premier cas, et dépassé par l’approche de la date du scrutin,
pour le second. Il convient de s’assurer, en toute circonstance, qu’il sera mis à profit
pour réaliser les stratégies initialement arrêtées.
Déterminant, dans l’organisation et la gestion de la campagne électorale, le temps
se crée et se gère. Il faut savoir s’en servir pour atteindre l’objectif visé, à savoir :
convaincre la majorité d’électeurs du bien-fondé de son offre politique.

2.4. La conception d’une thém atique adapt ée


Pendant la campagne électorale, plusieurs thématiques peuvent se croiser, voire se
téléscoper. Il convient de les identifier et les classer, par ordre d’importance, et les
affecter à chaque type ou niveau d’élection.
Ainsi, pour l’élection présidentielle, la thématique retenue sera plus large et tiendra
compte des besoins vitaux de l’ensemble de la population. Elle portera sur les
questions d’intérêt général, qui ne rencontreraient, nécessairement, pas la campagne,
pour le scrutin régional, provincial ou communal.
Confrontés au délabrement avancé des infrastructures routières, indispensables à
l’activité agricole ou forestière, les électeurs d’une circonscription rurale seront moins
portés sur un discours axé sur l’industrialisation ou la construction des hôpitaux et
autres centres de santé de proximité.
On ne saurait promettre la construction d’une institution d’enseignement
supérieur dans une agglomération qui ne dispose, à peine, que de quelques écoles
primaires et secondaires mal équipées et dont les enseignants ne sont pas rémunérés,
parce que non reconnus par la fonction publique.
Une fois arrêtée, la thématique de campagne doit être diffusée, pour atteindre les
électeurs, le discours 336 utilisé doit être soigneusement préparé et adapté aux
circonstances de chaque circonscription. Il doit, autant que faire se peut, être

336
Pendant la campagne électorale, le candidat doit faire l’économie de l’uniformisation du discours
politique. Celui-ci doit tenir compte de besoins exprimés par chaque catégorie d’électeurs et les moyens
utilisés pour y parvenir.
171

percutant, cohérent, rythmé, engagé, rénovateur, continu, mobilisateur et plein


d’initiatives.
Pour une bonne campagne, il est utile de convaincre l’opinion publique sur la
pertinence des thématiques retenues. Il est donc recommandé un investissement
important dans les médias aussi bien traditionnels que nouveaux qui recourent aux
outils de communication et de diffusion rapide de l’information.
Convainquant, le discours de campagne doit être structuré, recourant, par
moments, aux techniques de marketing électoral et une communication politique bien

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orientée. Plutôt que d’être uniforme à tous les électeurs, il doit s’adapter à chaque
catégorie d’électeurs.
Les difficultés de convaincre ou de percer la glace de la campagne adverse sont
inévitables. Elles ne sont rarement exemptes du contexte général de l’élection et de ses
enjeux. Il importe de définir clairement les raisons pour lesquelles on s’engage en
politique, ne pas baisser les bras, en cas de contraintes, et faire jouer son altruisme ou
son équation personnelle.
L’observation des élections générales de 2006, 2011 et 2018 a révélé, qu’associées
au déficit d’éducation civique et électorale, les insuffisances dans la préparation des
campagnes électorales ont rendu hypothétique la victoire de bon nombre d’acteurs
politiques.

3. La planification des activités de campagne

Au moment de la campagne électorale, l’action doit, autant que faire se peut,


reposer sur un discours séduisant, mais appuyé par un marketing politique
minutieusement préparé 337. Dans les États fascistes où elle a été utilisée sur une large
échelle, on recourt à une gamme de techniques méthodiquement dressées.
La campagne procède, ensuite, par une affirmation brutale déniée de toute nuance.
Elle glorifie les actions de son camp, tout en diabolisant celles de l’autre. Une telle
technique réduit, en effet, l’esprit critique au profit d’un discours démagogique proche
de la flatterie.
Pour justifier les limites de ses actions, le gouvernement « propagandiste » a
tendance à trouver, dans l’opposition, des boucs émissaires, qui l’empêcheraient de
réaliser sa politique, mais pour obtenir une large adhésion au programme
gouvernemental, il met l’accent sur les sacrifices à consentir pour conquérir, dans
l’avenir, un bonheur parfait ou la construction d’un éventuel paradis ; elle fait miroiter
un avenir radieux aux citoyens.

337
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 130.
172

La campagne recourt exagérément au discours obsessionnel, s’appuyant sur les


slogans soigneusement repérés par les journaux, les livres, le cinéma, la radio, la
télévision, les discours officiels, la musique, les effigies des chefs sur les édifices publics
et privés. Il s’agit de faire pénétrer, dans l’esprit du citoyen, l’image de ses gouvernants,
dans une sorte de mise en condition.
Dans bien des cas, la campagne conserve son caractère mystique et quasi
religieux comportant, en même temps, une certaine adoration. Il est, à cet égard,
conseillé de faire l’économie de l’intelligence, pour se concentrer à l’essentiel que l’on

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découvre dans les passions élémentaires, tels que l’orgueil national, l’esprit
révolutionnaire, la haine ethnique ou religieuse.
Seule une poignée d’intellectuels institutionnels peuvent se convaincre d’avoir été
emballés par un raisonnement scientifique, dans une campagne 338 qui a plus besoin
d’actions que de projections lointaines.

4. L’évaluation de la campagne

L’évaluation de la campagne consiste à jauger le niveau d’acceptation, par les


électeurs, du discours politique qui leur est proposé ; elle suggère un moment d’arrêt
ou de réflexion sur les techniques employées et les résultats obtenus.
L’utilisation des ressources humaines, matérielles et financières mises à sa
disposition joue, à cet égard, un rôle déterminant.
On relève que, moins organisée, cette activité peut impacter sur l’efficience d’une
campagne électorale. Lorsqu’à l’inverse, la campagne électorale est mieux agencée et
structurée, les usagers en tirent un bénéfice réel.
Tout au long de la campagne électorale, le choix d’un siège 339 où doivent se réunir
les équipes de campagne, est capital. Dans la pratique, cet endroit n’est que rarement
connu des électeurs et même des colistiers, pendant qu’il constitue le cadre, par
excellence, dans lequel sont censées se dérouler les réunions de montage des stratégies
de campagne.
Outre le siège, le candidat devait disposer d’une ou de plusieurs permanences,
pour accueillir et informer ses électeurs. Ces lieux constituent une vitrine permettant
d’accroître la visibilité politique du candidat ou de la liste, facilitant, pour le parti, son
implantation nationale.
À la différence d’une permanence, le siège de campagne doit être situé dans un
endroit facilement accessible. Même si, l’acquisition ou la location d’un siège de

ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 130.


338

En Afrique, ce lieu est souvent établi, soit dans les sièges des partis, soit dans des cafés, soit encore
339

dans les domiciles des candidats ou des présidents des partis politiques.
173

campagne peut s’avérer coûteuse, elle est un moyen nécessaire au bénéfice des actions
et de gestion efficiente d’une campagne électorale. Ce lieu sert, en effet, de cadre
d’organisation des matinées politiques, d’évaluation des actions déjà menées ou à
mener, ainsi que de collecte et de traitement des données électorales, à ce compris, les
résultats électoraux.
L’organisation d’une campagne électorale exige, en définitive, une répartition
horizontale et verticale des tâches entre les candidats, les équipes de campagne et les
électeurs.

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La passion et les enjeux de toute de campagne électorale incitent à reconnaître la
distance que prend, bien souvent, la pratique à l’égard des dispositions légales qui
l’organise, pour que soit évoquée la nécessité de sa surveillance.
Traditionnellement assurée par les candidats, partis ou regroupements politiques,
ainsi que leurs représentants et témoins, la surveillance d’une campagne électorale fait,
de plus en plus, intervenir d’autres acteurs, tels que l’autorité de régulation des médias,
les observateurs électoraux et les journalistes. Leurs actions participent ainsi à la
réduction du divorce souvent constaté entre les dispositions du Code et la réalité de la
campagne électorale.
Une autre dimension de surveillance de la campagne électorale est fournie à partir
de l’intervention du juge qui peut, à l’occasion du règlement du contentieux,
ordonner, en tout ou en partie, l’annulation d’une élection.
Tout en tenant compte du contexte de chaque campagne et des enjeux politiques
qu’elle procure, l’approche peut se révéler inefficace, tant l’exécution des décisions
judiciaires se heurterait à l’influence intimidante des candidats ou électeurs
récalcitrants.
Il est, en effet, difficile de sanctionner doublement un candidat ou un électeur, qui
n’a pas obtempéré 340, pendant la campagne électorale, à la décision du juge ordonnant,
par exemple, son annulation, en raison de son caractère illégal ou irrégulier.

340
Notamment le refus de retirer des effigies de campagne superposées, le maintien des propos
mensongers ou calomnieux à l’égard d’un adversaire politique…
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175

Chapitre IV

LA PARTICIPATION Ā L’ÉLECTION

Portée à recevoir diverses interprétations, la notion d’élection est, en soi, difficile à

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percevoir, tant elle se confond avec d’autres qui lui sont proches, à savoir le vote, le
scrutin, le mode de scrutin ou le système électoral.
L’élection est une opération qui permet au collège électoral d’investir une ou
plusieurs personnes d’un mandat politique ou d’une fonction publique. Par elle, le
peuple parvient à faire connaître son opinion sur la désignation de ses dirigeants et,
conséquemment, de leurs orientations politiques. La régularité d’une élection
participe, donc, à la vitalité démocratique d’une nation.
Par vote, on entend l’acte par lequel un électeur ou un membre d’une assemblée
délibérante concourt à un scrutin en exprimant, selon la procédure prévue, son
opinion. Le vote autorise l’électeur à opérer un choix entre plusieurs candidats ou
orientations politiques en présence.
S’exerçant de plusieurs manières (main levée, assis et debout, appel nominal, dépôt
d’un bulletin dans l’urne ou par acclamation, bloqué, calibré…), le vote traduit,
également, le résultat global des voix obtenues à l’issue d’un scrutin.
Le scrutin, quant à lui, est un ensemble d’actes qui contribuent à l’opération du
vote proprement dit. Il s’agit, notamment, du dépôt du bulletin dans l’urne, du
dépouillement, de la centralisation et de la proclamation des résultats électoraux.
À l’opposé du scrutin, le mode de scrutin, s’entend comme un ensemble de
techniques d’organisation d’un vote ou, plus exactement, celles destinées à départager
les candidats à une élection.
Le système électoral est constitué d’une somme de règles juridiques, conduisant à
l’élection d’un candidat ou d’une liste. Si le nombre de systèmes électoraux est,
généralement, limité à deux, majoritaire et proportionnel, les modes de scrutin sont,
au contraire, plus nombreux. Ainsi, le système majoritaire peut être à un ou à deux
tours, uninominal ou de listes, de même que le système proportionnel est susceptible
de varier entre la règle du plus fort reste, celle de la plus forte moyenne, les
apparentements ou le système d’Hondt.
176

La maîtrise du processus d’organisation d’un vote permet de se faire une idée, sur
l’abstention aux élections, ainsi que les techniques de détournement de la volonté des
électeurs connues sous le nom de la fraude électorale.

Section 1. Les étapes essentielles du vote


Bien organisée, une élection est susceptible de contribuer à l’enracinement des
valeurs démocratiques et de stabilité politique. Il est prétentieux de croire à l’effet

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mécanique d’une élection, les résultats attendus étant largement dépendant d’une
meilleure préparation et d’une rationnelle planification des activités à réaliser.
On gardera à l’esprit que les opérations de vote font, généralement, l’objet d’une
réglementation claire et détaillée, le but poursuivi étant de contribuer à la garantie de
la liberté de l’électeur et à la sincérité du scrutin.
Dans cette perspective, le législateur ou, à défaut, l’autorité revêtue du pouvoir
réglementaire s’active à entourer le processus de votation de plus des précautions qui
évitent, autant que faire se peut, les erreurs et les fraudes susceptibles d’entamer
l’authenticité et la certitude des résultats.
S’agissant de la liberté de l’électeur, le législateur se préoccupe aussi de son
exercice, en dehors de toute pression, ce qui suppose qu’il soit écarté du bureau de
vote, diverses formes des sollicitations ou menaces. Cette caution est garantie par le
secret de vote.
La sincérité du scrutin comporte une double dimension, à la fois individuelle et
collective ; la première se déclinant par le respect de la volonté de l’électeur et le
second dans la restitution correcte de l’ensemble des voix, correspondant à
l’exactitude de suffrages réellement émis par les électeurs.
Il se dessine, en même temps, quelques étapes indispensables au déroulement du
vote, à savoir : la préparation du scrutin et son organisation.

§ 1. La préparation du vote

La tenue d’une élection postule au préalable qu’il soit organisé une bonne et
minutieuse préparation technique et matérielle.
Plus qu’un chronogramme d’activités à réaliser, l’organisation d’un vote suggère
une correcte préparation psychologique, technique, logistique et matérielle.
177

A. La préparation psychologique

La victoire à une élection constitue, pour les candidats et les électeurs, un enjeu de
taille ; elle se prépare et ne s’improvise pas. Afin de permettre aux électeurs d’opérer,
au moment du vote, un choix judicieux et clair, il importe de leur faire bénéficier d’une
éducation civique et électorale appropriée.
Dans les pays sortis des crises politiques et militaires et/ou en transition
démocratique, l’éducation électorale contribue à la réduction des tensions politiques

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et à la gestion apaisée du processus électoral.
Assurée par l’administration électorale, cette tâche est, également, accomplie, dans
le cadre de la division du travail, par les partis et regroupements politiques, ainsi que
les organisations de la société civile.
On doit reconnaître que, bien organisée, l’éducation civique et électorale est à
même de combattre l’abstention électorale devenue, de nos jours, courante, voire
normale, dans les pratiques démocratiques modernes. Il importe donc de la
dédramatiser, pour en saisir la véritable portée.
Dans ce cadre précis, la mise en confiance des acteurs impliqués par l’organe de
gestion des élections peut, significativement, contribuer à la recherche des remèdes
contre ce phénomène, qui affecte la santé démocratique des régimes politiques.

B. La préparation technique et logistique

Loin d’être mécaniques, les résultats électoraux sont redevables de la planification


rationnelle et d’une bonne préparation. Cette double exigence repose, en effet, sur la
collaboration entre les principales parties prenantes que sont les compétiteurs, les
aiguilleurs et l’arbitre appelé à les départager, en cas de contestations.
L’organisation d’une élection conforme aux standards internationaux requiert,
donc, de l’organe compétent l’établissement, dans le respect de la loi, d’un
chronogramme réaliste des activités électorales que seuls les États africains en conflit,
sortis de crises ou en transition démocratique ne peuvent réaliser, sans le concours
d’autres pays.
Financés, entièrement, par le budget de l’État congolais, les scrutins du
30 décembre 2018 et mars 2019 ont, toutefois, relevé un niveau très élevé du
dysfonctionnement logistique, qui aurait pu être évité, si le gouvernement prenait la
mesure de l’appui, combien indispensable, de la Monusco dans ce domaine.
Tout en préservant une certaine autonomie de gestion nationale des élections,
cette décision ne semble pas prendre en compte l’importance de l’assistance électorale
internationale que l’on croit, toute proportion gardée, nécessaire.
178

1. L’accompagnement international

À l’instar de certains pays d’Europe orientale, d’Amérique et d’Asie, bon nombre


de pays africains sont bénéficiaires de l’appui électoral international.
Assurée par les Nations unies, l’Union européenne, l’Organisation internationale
de la francophonie, l’Union africaine, le Commonwealth, la Communauté
économique des États d’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États
d’Afrique centrale ou encore la Communauté pour le développement des États

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d’Afrique australe, l’assistance électorale internationale apparaît comme une réponse
aux besoins particuliers exprimés par chaque État demandeur, en conformité aux
principes et règles juridiques, qui fondent un scrutin transparent et crédible.

1.1. L’Organisation des Nations unies


La Charte des Nations unies pose le principe universel de l’influence de la
démocratie, sur la promotion et la protection, par les États membres, des droits de
l’homme.
Ses premiers engagements, dans ce domaine, ont été marqués par le soutien à
l’organisation, à travers le monde, des consultations référendaires, conduisant à
l’autodétermination des peuples.
On note qu’avec la fin de la guerre froide, il est apparu nécessaire de substituer la
légitimité du pouvoir d’État à l’exercice de l’autorité, peu importe la manière ; la
décennie 1980 ayant été considérée comme porteuse d’importants accroissements de
l’assistance électorale internationale.
En rapport avec le besoin de favoriser et d’encourager la tenue régulière et
périodique d’élections libres, démocratiques et honnêtes, dans le respect de la
souveraineté des États, et sur pied de la Résolution 46/137 de l’Assemblée générale, le
Secrétaire général est parvenu à créer une coordination des Nations unies pour les
activités d’assistance électorale 341.
C’est à cette structure, en effet, qu’il revient de conseiller le Secrétaire général sur
les requêtes des États membres, d’en garantir la cohérence administrative et la
compatibilité des mesures politiques et techniques liées à l’assistance électorale.
Se justifie ainsi le rôle capital joué par la Division électorale, structure technique
d’assistance sollicitée et la cohérence des demandes, et d’autres agences impliquées,
dans la mise en œuvre de la politique électorale approuvée, par le coordonnateur. Il
s’agit, notamment, du programme des Nations unies pour le développement, qui
fournit une assistance stratégique, et du Département des opérations de maintien de la
paix, qui s’occupe de l’appui logistique.

341
Dirigée par le Secrétaire adjoint aux affaires politiques.
179

D’autres composantes, comme le Bureau des Nations unies pour le Service d’appui
aux projets, le Programme des volontaires des Nations unies, le Haut-Commissariat
aux droits de l’homme et le Fonds des Nations unies pour la démocratie, contribuent
de manière significative aux efforts d’assistance électorale onusienne.
Avec la polyvalence du mandat de maintien de la paix, plusieurs missions des
Nations unies apportent aux États demandeurs un appui électoral significatif, dans le
domaine technique, logistique et sécuritaire. C’est le cas, en Afrique, de l’Onuci, de la
Monuc qui deviendra la Monusco, de la Munisma ou encore de la Minusca.

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Décidée en vertu d’une résolution du Conseil de Sécurité, chaque mission couvre
les aspects technique, logistique et sécuritaire.
Sur le plan technique, les États demandeurs bénéficient d’un appui onusien en
expertise électorale mise à la disposition des organes de gestion des élections
(commission électorale, observatoire des médias, cours et tribunaux, etc.). Cette
expertise est généralement requise, dans l’élaboration du cadre juridique des élections
et la formation électorale.
Le soutien logistique des élections concerne la prise en charge du transport et du
déploiement du matériel et du personnel électoral, à travers une flotte apprêtée et
destinée à suppléer aux efforts des gouvernements demandeurs.
Pour sa bonne tenue, la logistique tient compte du contexte politique et
géographique de chaque pays, de la culture des acteurs impliqués et des infrastructures
disponibles.
Défi majeur à relever, pour les pays en crises ou sortis des crises politiques et/ou
militaires, la sécurisation des élections fonde souvent l’appui des Nations unies, à côté
des efforts des pays qui en font la demande.

1.2. L’Uni on européenne


Depuis plus d’une quinzaine d’années, l’Union européenne apporte, dans le cadre
de la promotion de la démocratie 342, une assistance remarquable aux processus
électoraux de plusieurs pays, notamment l’observation électorale.
Commencées en Russie, en 1993, les Missions d’observations électorales de
premières élections pluripartites de l’Union européenne se sont développées, en 1996,
en Palestine et, en 1998, au Cambodge.
À partir de 2000, l’assistance technique électorale de l’Union européenne s’est
considérablement accrue, avec quarante-sept missions d’observations réalisées, dans
au moins trente-cinq pays, soit près de quatre mille experts et observateurs déployés à
travers le monde, y compris la République démocratique du Congo.

342
Comme le prévoit l’article 6 du traité de l’Union.
180

Dans chaque élection, à l’exception des scrutins de décembre 2018 et mars 2019,
organisée par la République démocratique du Congo, l’Union européenne a toujours
déployé une mission d’observation électorale.

1.3. L’Uni on africaine


En vue de la mise en œuvre de son programme de promotion de la démocratie et
des élections démocratiques dans le continent 343, l’Union africaine a institué une unité
chargée des questions liées à la démocratie et l’assistance électorale. La structure
coordonne et organise l’observation et la surveillance électorales, en même temps

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qu’elle apporte aux États demandeurs l’assistance et l’appui nécessaires à d’autres
aspects du processus électoral ou démocratique.
Il importe de noter qu’en raison du financement extérieur de ses activités 344,
l’assistance électorale de l’Union africaine est, à défaut de paraître dérisoire, à tout le
moins, inefficace parce que réduite à l’envoi de missions d’observation électorale.
Le rendement de l’organisation africaine d’assistance électorale étant tributaire de
l’assistance d’autres notamment, l’Organisation des Nations unies, l’Union
européenne, l’Organisation internationale de la francophonie ou encore le
Commonwealth, pose le problème de sa neutralité et son autonomie.

1.4. L’Organisation int ernationale de la francophoni e et le


Commonwealth
Créée, le 20 mars 1970, à Niamey au Niger, dans les décombres de l’Agence de
coopération culturelle et technique regroupant, au départ, les États ayant en partage la
langue française, l’0rganisation internationale de la francophonie donnera, à partir de
1990, la dimension politique à ses activités.
L’élaboration, en 1992, du document portant Principes directeurs devant guider
l’envoi des missions d’observations d’élections et de la Déclaration de Bamako du
3 novembre 2000, permettront à l’organisation de se doter, finalement, d’un cadre
juridique d’assistance électorale.
L’article 3 de cette Déclaration précise que la démocratie exige en particulier la tenue,
à intervalles réguliers, d’élections libres, fiables et transparentes… On note, par exemple,
qu’à l’accompagnement global des processus électoraux, l’organisation s’est aussi
évertuée à assurer un soutien technique spécifique dans l’élaboration, par certains

343
Tel que recommandé par la Charte africaine de la démocratie, des élections et la gouvernance
adoptées à Addis-Abeba, le 30 janvier 2007.
344
Provenant, principalement, des partenaires extérieurs comme le Programme des Nations unies
pour le développement ou l’Union européenne.
181

pays 345, des textes fondamentaux dans le domaine, notamment, les Constitutions,
codes électoraux et d’autres de nature réglementaire, qui contribuent à l’encadrement
de la vie politique ou démocratique, tel que le financement des partis politiques, la
participation des femmes à la vie politique, le statut de l’opposition ou d’anciens chefs
d’État, le code de bonne conduite, pour les partis et regroupements politiques…
Ce soutien se remarque aussi dans le domaine juridique et judiciaire, celui du
renforcement des capacités institutionnelles et, notamment, des Commissions
électorales, ainsi qu’en matière de dotation, aux institutions concernées, en matériels

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logistiques et informatiques, à ce compris, l’audit du fichier électoral.
Adoptée en 1971, la Déclaration des principes du Commonwealth engage
l’organisation dans l’encouragement des États membres au développement des
institutions représentatives et des garanties juridiques de liberté individuelle.
La Déclaration de Harare de 1991, elle, fixe un certain nombre d’objectifs à
atteindre, dont la priorité à la promotion de la démocratie et de ses valeurs
fondamentales, l’engagement des États membres à la démocratie et à la tenue régulière
d’élections libres et équitables 346.
L’orientation idéologique du Commonwealth permet d’induire que l’assistance
électorale, apportée aux États membres, dépasse le seul cadre technique au profit de la
construction d’une culture démocratique défendue, partagée et assumée par chaque
membre.
D’autres organisations régionales comme la Communauté économique des États
d’Afrique centrale, celle de l’Afrique de l’Ouest ou de l’Afrique australe accompagnent,
également, les États membres, dans la préparation technique et logistique, ainsi que
l’observation des élections.
Le refus par le gouvernement congolais d’accéder, en 2018, à l’assistance
internationale a impacté sur la réalisation, en temps réel, des activités opérationnelles
conduisant, par moments, à plusieurs ajustements dans le calendrier électoral et,
notamment le report des élections.

C. La préparation matérielle

Pour une bonne préparation matérielle du scrutin, il est conseillé de développer un


sens relativement élevé de management dans la gestion du temps : plus, on s’y prend à
temps, moins on subit la pression des événements.

345
Notamment les Comores, l’Haïti, le Madagascar, le Mali, la Mauritanie, la République
Centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République de Guinée, le Togo ou encore la
République du Tchad.
346
Art. 10 de la Déclaration de Harare de 1991.
182

L’acquisition et le déploiement du matériel et du personnel électoral posent,


toutefois, le problème du financement des élections.
En Afrique, la préparation matérielle d’une élection rime avec son financement.
L’organisation d’une élection est si chère, pour que les budgets des pays africains
soient capables d’en supporter seuls le coût.
Faute d’une programmation budgétaire cohérente et suffisante, l’ensemble de pays
africains ont pris l’habitude de solliciter ou de se voir imposer le financement extérieur
de leurs élections.

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Dépourvu de toute neutralité, le financement international des élections réduit, en
Afrique, la marge de manœuvre et l’indépendance des pays qui le demandent. Les
organes chargés de la gestion des élections ne sont pas, de toute évidence, exemptés de
l’influence de la communauté internationale. Une opinion pense, d’ailleurs, que sans
l’implication de la communauté internationale, il est difficile de tenir, en Afrique, les
élections crédibles, libres et transparentes 347.
On rappelle, à cet égard, qu’à l’issue d’un colloque international sur les élections en
Afrique 348, réunissant les représentants des organes de gestion des élections et de la
société civile, les participants ont, notamment, recommandé l’autofinancement, par
les gouvernements africains, de leurs propres scrutins.
C’est dans le même sens que s’est prononcé le Réseau des compétences électorales
francophones, lors de sa réunion tenue, du 7 au 8 février 2014, à Bamako au Mali.
En République démocratique du Congo, on rappelle que les élections de 2006 ont
été financées par la communauté internationale, à hauteur d’environ 91 %, contre 9 %
du gouvernement, celles de 2011 par une prise en charge prépondérante nationale,
soit 70,7 % et celle de 2018, dont le coût a été totalement supporté par le
gouvernement ; décision qui participerait, selon une certaine opinion, de la volonté
d’indépendance et d’autonomie, dans l’organisation des élections. 349
Dans le cadre du financement des élections congolaises, il s’observe qu’à
l’installation, en 2011, de la Commission électorale nationale indépendante, celle-ci a
hérité de la Commission électorale indépendante d’un budget estimé à
715 000 000 USD.

347
BIYOYA P., « Coût des élections », in Fédéralisme-régionalisme, La troisième République
démocratique du Congo, Vol. 5, 2004-2005, Liège, 2005, p. 102.
348
Tenue, du 11 au 14 novembre 2009, à Accra au Ghana sur le thème « Les élections en Afrique :
meilleures pratiques et collaboration transectorièlle ».
349
WETSH’OKONDA KOSO M. et BALINGENE KAHOMBO, Le pari du respect de la vérité des
urnes en Afrique. Analyse des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 en République
démocratique du Congo, Bruxelles, 11.11.11, 2014, p. 112.
183

Adopté au comité de partenariat du 30 août 2010, ce budget devait couvrir le cycle


électoral, pour la période de cinq ans, soit de 2007 à 2013, mais exécuté à 23, 32 %,
soit 195, 490 000 USD répartis comme suit :
• 114 000 017 USD par le gouvernement congolais ;
• 40 000 031 USD par les partenaires et ;
• 41 000 000 USD par la Monusco.
Il importe de noter, qu’à l’issue de plusieurs réunions du comité technique, un
budget réaménagé et consolidé, en vue du parachèvement de l’opération de révision

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du fichier électoral fut arrêté au comité de partenariat, du mois de septembre 2011, à
1 957 527 USD 350.
S’agissant, particulièrement, du scrutin présidentiel et des élections législatives du
28 novembre 2011, le rapport renseigne que le budget prévisionnel des opérations se
chiffrait à environ 447 731 000 USD pris en charge à concurrence de
308 947 914 USD, soit 68,96 %, par le gouvernement congolais, 81 078 810 USD, soit
18,10 %, par les partenaires traditionnels, et 18 000 000 USD, soit 4,02 %, par d’autres
partenaires, dont l’IFES, EISA et USAID ; l’appui logistique de la Monusco étant
évalué à 39 966 007 USD, soit 8,92 %.
Le même rapport indique que, sur un montant de 308 947 918 USD promis par le
gouvernement congolais, seuls 258 658 708 USD ont été, au compte-goutte,
effectivement décaissés au profit de la Commission électorale nationale indépendante,
sans tenir compte des besoins opérationnels351.
La préparation matérielle d’un scrutin exige de l’organe de gestion, une bonne
organisation. À la veille, le président du Bureau de vote est tenu d’accomplir un certain
nombre de devoirs, notamment :
• se présenter personnellement au Centre de vote, pour réceptionner les
matériels et documents du bureau de vote et de dépouillement conformément
au plan de déploiement et de ramassage ;
• vérifier les matériels et les documents électoraux réceptionnés, le cas échéant,
réclamer ce qui manque ;
• prendre contact avec les autres membres du bureau de vote ;
• rappeler aux membres l’heure d’arrivée au bureau de vote ;
• identifier et vérifier l’emplacement du bureau de vote et s’enquérir de la
conformité des locaux aux dispositions légales ;

350
Rapport annuel de la Commission électorale nationale indépendante présenté à l’Assemblée
nationale en 2012, inédit, p. 53.
351
Idem.
184

• informer le chef du Centre de vote ou la Commission électorale nationale


indépendante locale de toutes les difficultés prévisibles pouvant compromettre
le bon déroulement des opérations ;
• mettre le matériel en sécurité.
Cet exercice permet de s’assurer que la législation électorale a été observée, avant
l’ouverture proprement dite du bureau de vote. Il importe de noter que le recours à la
pratique dite de la péréquation 352, dans la distribution des matériels électoraux, surtout
ceux sensibles, peut-être, comme on le verra, à la base d’une fraude électorale non

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contrôlée, par l’organe de gestion des élections qui, par ce fait même, se rend
complice.
On rappelle, également, qu’ajoutée à l’affichage tardif et hors délai des listes
électorales, la mauvaise organisation des scrutins peut entraîner, le jour du vote, la
désorientation d’un grand nombre d’électeurs, obligés de s’accommoder à
l’abstention, qu’ils n’auraient pas initialement envisagée.

§ 2. L’organisation du vote

Pour la bonne tenue d’un scrutin, l’organisation et la planification minutieuse et


préalable des activités à réaliser sont des exigences de taille. Il est, en effet, important
de garder à l’esprit, le rôle que présente l’élaboration d’un chronogramme
opérationnel, dont le respect doit, de toute évidence, être observé.
L’automatisme dans l’organisation de l’élection étant, à tout point de vue,
aléatoire, l’administration électorale se doit de mettre en place une politique efficace
et une gestion rationnelle des opérations, en vue de favoriser un climat de confiance
avec les différentes parties prenantes au processus électoral.
Renfermant une multitude d’opérations complexes et coûteuses, l’organisation
d’une élection ne s’improvise pas, au risque de voir l’administration électorale se
perdre, dans un océan, laissant derrière elle des tensions sociales dont, les
conséquences pourront être difficilement réparables.
Une bonne élection exige, donc, que l’on établisse des bons repères, un
chronogramme précis et une organisation réaliste.
Opération gigantesque, l’organisation d’un scrutin comporte une variété
d’activités, qui nécessitent la participation d’un grand nombre d’acteurs. L’on pense,
notamment, à l’élaboration d’un calendrier électoral réaliste, la planification et la
budgétisation des opérations, ainsi qu’à l’éducation électorale.

352
Suivant cette pratique, le personnel chargé de la logistique électorale est autorisé à ravitailler
certains bureaux et centres de vote en matériel électoral en nombre, largement, supérieur aux besoins
exprimés.
185

Dans cette perspective, bon nombre de législations électorales aménagent, avec


soin, l’organisation d’un vote, par la détermination de l’organe appelé à en assurer la
gestion. En Europe 353 comme en Afrique 354, plusieurs pays se sont dotés d’organes
indépendants d’organisation et de gestion du processus électoral.
En République démocratique du Congo, la Commission électorale nationale
indépendante s’est vue confier l’enrôlement des électeurs, l’établissement et la gestion
du fichier électoral, ainsi que la régularité des opérations de vote, de dépouillement et
du référendum355.

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La Loi organique n° 10/013 du 28 juillet 2010 356 lui confère une indépendance
d’action à l’égard d’autres institutions étatiques desquelles elle bénéficie, par ailleurs,
d’une collaboration efficace 357.
Dans l’exécution de ses tâches techniques, la Commission électorale nationale
indépendante s’appuie sur un panel de structures opérationnelles, dont la composition
exclue, à l’exception du Bureau et de l’Assemblée plénière, la présence des forces
politiques. Il s’agit, pour rappel, du Secrétariat exécutif national, du Secrétariat exécutif
provincial, du Centre local de compilation des résultats, du Bureau de réception et de
traitement des candidatures, de l’Antenne locale, du Centre de vote et de
dépouillement, du Bureau de vote et de dépouillement et du Centre d’inscription.

A. L’ouverture du bureau de vote

L’ensemble de législations électorales déterminent, avec soin, les heures


d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote, ainsi que la durée du scrutin. Il est,
également, précisé les précautions à prendre, en cas de démarrage tardif du scrutin,
notamment, la rallonge de l’heure initialement fixée pour la clôture du vote.
En droit électoral congolais, le président du bureau de vote doit, avant son
ouverture au public, s’assurer de la présence de tout le personnel électoral et
l’accomplissement, par chacun, de son obligation de prestation de serment. C’est à lui
qu’il revient d’accueillir et de vérifier les accréditations des délégués des candidats, des
observateurs et journalistes présents, au moment de l’ouverture du bureau de vote.

353
En Russie, l’organe chargé d’organiser les élections se nomme Commission de recensement des
élections.
354
Commission électorale indépendante en Côte d’Ivoire, au Kenya, en République Centrafricaine,
en Tunisie, au Togo et au Zimbabwe ; Commission électorale nationale autonome au Bénin et au
Sénégal ; Commission électorale nationale autonome et permanente au Gabon ; Commission électorale
nationale indépendante au Burkina Faso, en Madagascar, au Mali, au Niger, en République démocratique
du Congo, en République sud-africaine et au Tchad ; Commission de recensement des électeurs au
Cameroun et la Haute commission électorale en Égypte.
355
Art. 221 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
356
Modifiée par la Loi organique n° 10/013 du 19 avril 2013.
357
Art. 10 et 22, point 2 de la Loi du 28 juillet 2010.
186

Le président du bureau de vote a la lourde responsabilité de vérifier, avant le


scrutin, la qualité du matériel électoral, pour s’assurer qu’il est complet et si, en
particulier, l’urne est conforme et vide. Il veillera particulièrement sur le nombre des
carnets de bulletins de vote et de leurs numéros, disposera convenablement les
documents et matériels électoraux, en vue de la réception des votes, et rappellera aux
autres membres du bureau leurs tâches.
Avant le début du vote, il veillera à ce que l’urne vide soit présentée aux électeurs,
membres du bureau, délégués des candidats, observateurs et journalistes présents. Il

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
est important de signaler, à cette étape du déroulement du vote, la nécessité d’apposer
les scellés sur l’urne, l’inscription dans le procès-verbal des opérations de vote, des
éventuelles observations relevées.
Il revient au président du bureau de vote d’annoncer publiquement l’heure
d’ouverture et de fermeture du vote et de les faire consigner dans le procès-verbal des
opérations de vote.

B. La procédure proprement dite de vote

Le scrutin se déroule conformément au Code électoral, qui détermine la qualité de


l’électeur, les modalités et la procédure de votation.
La loi électorale congolaise exige que, seule la personne détentrice de sa carte
d’électeur et inscrite sur la liste électorale soit admise à voter. Elle organise aussi le
vote par dérogation au bénéfice :
• des membres de la Commission électorale nationale indépendante, ceux du
bureau de vote, des témoins des candidats, partis ou regroupements politiques,
des observateurs nationaux, journalistes et agents de carrière des services
publics en mission ou en mutation, sur présentation, soit de la carte d’électeur,
soit d’accréditation, soit encore de l’ordre de mission ou du titre de mutation ;
• des candidats, leurs conjoints et suppléants détenteurs de la carte d’électeur
sont admis, dans leur circonscription électorale, au bureau de vote de leur
choix, sur présentation de la copie du récépissé de la déclaration de
candidature ;
• des épouses et enfants majeurs des militaires et agents de la police nationale
congolaise en mutation, munis de leurs cartes d’électeur et de l’ordre de
mission ou d’une feuille de route sur laquelle sont repris les noms de tous les
enfants ;
• des électeurs identifiés par la Commission électorale nationale indépendante
au moins quinze jours avant le début du scrutin.
187

Pour voter, la personne se présente, munie de sa carte d’électeur au premier


assesseur qui s’assure de l’absence, sur ses doigts, de l’encre indélébile. En cas de
découverte de l’encre, l’électeur ne peut voter et est immédiatement mis à la
disposition de la police, en vue d’être déféré, le cas échéant, devant l’autorité judiciaire
compétente, pour tentative de vote frauduleux. En cas d’absence d’encre indélébile,
l’assesseur vérifie l’identité et le nom de l’électeur sur la liste électorale du bureau de
vote, avant de l’autoriser à voter.
Au moment de la vérification de l’identité de l’électeur, deux situations peuvent se

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présenter. Si le nom de l’électeur ne figure pas sur la liste électorale, l’assesseur se
rassure qu’il ne s’agit pas d’une personne autorisée à voter par dérogation. Si ce n’est
pas le cas, elle ne vote pas, le président l’invite à sortir de la salle. Si, en revanche, le
nom de l’électeur figure bien sur la liste électorale, l’assesseur coche à côté de son nom
en indiquant la mention H ou F, selon qu’il est de sexe masculin ou féminin, avant de
l’orienter vers le président du bureau de vote.
L’électeur autorisé à voter par dérogation est orienté vers le deuxième assesseur,
qui prend sa carte, l’inscrit sur le registre ad hoc en indiquant, selon le cas, la mention
H ou F, avant de l’orienter vers le président du bureau de vote.
Une fois la vérification de l’identité de l’électeur terminée, le président du bureau
de vote paraphe son bulletin, avant de l’orienter vers l’isoloir. Porté sur le bulletin de
vote, le paraphe doit être visible, à l’un des coins supérieurs, en dehors de toute autre
case non autorisée, notamment, celle réservée au marquage du choix des électeurs.
Dans l’isoloir, l’électeur fait son choix en apposant une marque (croix, signe plus,
un point) ou son empreinte digitale, dans la case réservée à cet effet ; le marquage
servant à identifier clairement son choix.
Au cas où l’électeur se trouve, en raison d’un handicap physique, dans
l’impossibilité d’effectuer personnellement son vote, il peut, avec l’accord du président
du bureau, se faire assister d’une personne de son choix, ayant la qualité d’électeur. La
loi interdit qu’une personne assiste plus d’un électeur.
Après avoir opéré son choix, l’électeur plie discrètement le bulletin, sort de l’isoloir
et, à la vue des personnes présentes, dans le bureau de vote, l’introduit dans l’urne
appropriée. Si les scrutins sont combinés, le bureau de vote et de dépouillement est
doté de deux urnes pour distinguer les deux types des scrutins. Dans ce cas, l’électeur
glisse le premier bulletin dans l’urne indiquée, avant de recevoir du secrétaire un
deuxième portant, également, le paraphe du président du bureau de vote, pour être
utilisé à l’autre scrutin. Ce bulletin doit porter. Il est, en vue d’accomplir son vote, à
nouveau orienté par le secrétaire vers un autre isoloir approprié et libre.
À l’issue du vote, l’électeur se présente devant le deuxième assesseur, pour signer
ou apposer son empreinte digitale sur la liste d’émargement. C’est à cette étape qu’on
lui applique l’encre indélébile sur la cuticule du pouce de la main gauche ou, à défaut,
188

de l’un des autres doigts d’une main, avant de lui remettre sa carte et l’orienter vers la
sortie.
Expérimentée en 2006 et 2011, cette procédure classique de vote a connu, pendant
les scrutins de 2018 et 2019, quelques modifications justifiées par le recours à la
machine à voter.
Aux termes de la décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant
mesures d’application de la loi électorale, l’électeur se présente, à l’ouverture du
bureau de vote, auprès du premier assesseur muni de sa carte d’électeur.

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Après vérification de l’absence de l’encre indélébile sur la cuticule de sa main
droite ou, à défaut de tout autre doigt, l’assesseur vérifie l’identité de l’électeur sur la
liste électorale. Si l’électeur y figure, il l’oriente vers le président du bureau de vote.
Le président prend un bulletin de vote vierge sécurisé, le paraphe avec le secrétaire
et le remet à l’électeur, qui se dirige vers la machine à voter et insère le bulletin à
l’endroit indiqué. Le bulletin ainsi inséré permet l’activation du vote, en affichant le
titre du scrutin, la liste des candidats, ainsi qu’un choix pour le vote blanc.
L’électeur effectue son choix sur l’écran tactile, en touchant sur la photo de son
candidat. Pour retrouver facilement son candidat, l’électeur peut effectuer la recherche
en tapant le numéro d’ordre du candidat souhaité en utilisant le pavé numérique. Il a
également la faculté de s’abstenir de voter, pour un candidat quelconque de la liste.
Dans ce cas, il appuie sur le bouton vote blanc.
En cas de scrutin combiné, la machine à voter passe d’un scrutin à un autre, après
confirmation du choix du scrutin précédent par l’électeur.
Une fois effectué, le choix est affiché sur l’écran et l’électeur est invité à le
confirmer. Après confirmation, la machine imprime le choix de l’électeur sur le
bulletin. L’électeur récupère les bulletins imprimés et les insère dans l’urne 358.
Comme on peut le constater, cette procédure viole la loi électorale, en ce qu’elle
précise qu’en cas de vote manuel, un bulletin de vote unique, par scrutin et par
circonscription électorale, est établi par la Commission électorale nationale
indépendante 359.
Dans le même cadre et après le vote, l’électeur se présente auprès du deuxième
assesseur, pour signer ou apposer son empreinte digitale du pouce droit en face de son
nom sur la liste d’émargement des électeurs.
En vue de faciliter l’organisation, le contrôle et la surveillance du scrutin, il est
autorisé le vote prioritaire des membres du bureau, témoins, observateurs et

358
Art. 62 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018.
359
Art. 55, al. 1 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
189

journalistes, femmes enceintes, malades, personnes de troisième âge et celles vivant


avec handicap.
Dans les grandes circonscriptions, les membres du bureau de vote et de
dépouillement sont autorisés, dès qu’une urne est remplie, d’utiliser, en présence des
électeurs, délégués des candidats et partis, observateurs et journalistes, une urne
additionnelle, celle remplie étant scellée et placée sur la même table, à la vue de tout le
monde, que l’urne additionnelle.
Avant la fin du scrutin, le président du Bureau de vote retient cinq électeurs, parmi

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les deniers votants, sachant lire et écrire. Il en clôture les opérations, avec l’aide du
secrétaire, devant les témoins, observateurs et journalistes présents, en insérant la
carte de clôture du scrutin à l’endroit indiqué de la machine à voter. Après vérification
de l’authenticité de la carte, la machine arrête le processus de vote.
Une carte de clôture du vote est imprimée avec les agrégats du vote du bureau
concerné. Cette carte de clôture est signée par tous les membres du bureau de vote,
pour attester de l’heure de la clôture du scrutin.
Le secrétaire du bureau de vote établit le procès-verbal des opérations de vote. Le
procès-verbal mentionne, notamment, l’heure du début et de la fin du vote, le nombre
de bulletins reçus, le nombre de bulletins non utilisés, le nombre d’électeurs ayant
émargé sur la liste électorale, le nombre d’électeurs ayant voté par dérogation, les
observations, réclamations et contestations éventuelles, ainsi que les décisions prises
au cours des opérations de vote.
Le procès-verbal des opérations de vote est signé par tous les membres du bureau
de vote et les témoins présents. Le président du bureau de vote annonce la fin des
opérations de vote et le début du dépouillement 360.

C. Le vote d’une catégorie particulière d’électeurs

Pour une catégorie particulière d’électeurs, l’administration électorale s’oblige à


prendre des dispositions idoines, pour que l’organisation du vote parvienne à concilier
l’exigence de la transparence au respect de la liberté de l’électeur. Il s’agit, notamment,
des policiers, des militaires et des citoyens vivant à l’étranger.

1. Les policiers et militaires

Certaines législations autorisent le vote des policiers et militaires. Pour cette


catégorie d’électeurs, le vote a, habituellement, lieu avant le jour du scrutin et dans des

360
Art. 63 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018.
190

locaux spécialement aménagés à cette fin, à l’exception de casernes, académies


militaires et policières.
Il peut arriver que, pour des raisons diverses, cette catégorie d’électeurs se présente
devant les bureaux de vote, le jour même du scrutin, pour qu’ils soient admis, à l’instar
des électeurs civils, à voter. Dans ce cas, leur vote est, à l’instar de celui des femmes,
des personnes de troisième âge, celles vivant avec handicap ou ayant besoin d’une
assistance d’autres pour voter, prioritaire.

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2. Les Congolais vivant à l’étranger

Impérativement organisé dans le code électoral, le vote des citoyens vivant à


l’étranger a lieu avant ou le jour du scrutin. Il se déroule dans les locaux de la
chancellerie ou du consulat aménagé à cette fin.
Devant l’étroitesse éventuelle de locaux des chancelleries ou consulats appelés à
accueillir un nombre relativement élevé d’électeurs, le gouvernement du pays qui
organise ladite élection prend soin de solliciter du gouvernement du pays hôte,
l’aménagement et la sécurisation des locaux et espaces, pouvant servir des bureaux ou
centres de vote et de dépouillement.

D. Le dépouillement et la centralisation des résultats

Le dépouillement consiste au dévoilement du secret des urnes. Le même jour que


celui du vote, il se déroule au lieu où s’effectuent les opérations de comptage et de
recensement des votes. Il conduit à l’appréciation de la validité des bulletins, en vue de
l’attribution de suffrages aux candidats en compétition.
La loi électorale congolaise indique qu’aussitôt le scrutin terminé, le bureau de
vote se transforme immédiatement en bureau de dépouillement, son aménagement se
fait, séance tenante, par le président, assisté des autres membres du bureau.
Pour faciliter le déroulement des différentes opérations électorales, le bureau de
dépouillement doit être correctement aménagé et sécurisé. Il doit, pour ce faire, être
équipé en matériel et documents nécessaires parmi lesquels l’urne, l’encreur, le flacon
d’encre, les lampes d’éclairage à piles et piles de recharge, les tables, les chaises, les
enveloppes, les stylos à bille, les crayons, le cachet portant la mention « nul », la colle
et la calculatrice.
Sont également requis, les bulletins de vote, le procès-verbal des opérations de
vote, le Procès-verbal de dépouillement, la liste électorale, la liste d’émargement, la
fiche de pointage, la fiche des résultats, le code électoral, ses mesures d’application et
le guide des procédures des opérations électorales, ainsi que le registre de vote par
191

dérogation. Selon chaque législation, le bureau de dépouillement est composé d’un


président, des assesseurs et des secrétaires.
Étape décisive, dans la gestion d’une élection, le dépouillement est une somme
d’opérations, qui se cristallisent autour du plan arrêté dans le manuel des procédures,
étant entendu que le vote peut être manuel ou électronique, autant que l’est le
dépouillement.
Le dépouillement manuel est déterminant, dans la traçabilité des résultats
électoraux et l’attribution des sièges, son usage fait recours successif à l’ouverture de

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
l’urne, l’identification des carnets ou livrets des bulletins de vote, la comptabilisation
du nombre d’électeurs, la conciliation des votes, l’annonce et l’affichage des résultats,
ainsi que la constitution des plis.
Le dépouillement électronique est très complexe, parce qu’exigeant une
technologie appropriée. Il suffit d’activer une clé prévue à cette fin, pour que les
suffrages soient édités et sécurisés ; ils sont, ensuite, portés sur le procès-verbal
spécialement conçu à cette fin. Les résultats obtenus sont, selon le logiciel utilisé,
présentés par chaque bureau de vote ou circonscription.
Dans certains pays, qui s’en sont servi, comme la Belgique, le dépouillement
électronique était plus lent et compliqué, dans quelques circonscriptions de Bruxelles,
que le dépouillement manuel, ce qui a conduit à son rejet.
Pour la traçabilité des résultats électoraux, le dépouillement passe par le respect
des séquences suivantes, à savoir : l’ouverture de l’urne, l’identification des livrets ou
carnets des bulletins de vote, la comptabilisation du nombre d’électeurs, la
conciliation des votes, l’annonce et l’affichage des résultats, ainsi que la constitution
des plis ; l’examen des résultats au niveau de la circonscription électorale conduisant,
naturellement, à l’attribution des sièges.

1. L’ouverture de l’urne

En rapport avec les exigences d’un scrutin crédible et transparent, l’administration


électorale se doit d’acheminer et/ou déployer, dans chaque bureau de vote, et ce,
avant le jour du scrutin, tous les matériels électoraux, parmi lesquels ceux sensibles,
telles que les urnes transparentes, scellées avec les numéros connus. Le jour du vote,
elle doit s’assurer que tout le personnel requis est bien présent et à l’heure.
Devant les membres du bureau, les délégués des partis ou des candidats,
observateurs et journalistes, l’urne est, aux jours et heures indiqués pour le vote,
ouverte puis scellée, sauf un espace aménagé en vue de permettre aux électeurs d’y
introduire leurs bulletins, attestant par-là l’expression de leurs choix.
192

Aussitôt le vote terminé à l’heure légale, l’urne est complètement scellée, avant le
début du dépouillement, qui commence avec l’identification des bulletins de vote.

2. L’identification des livrets ou carnets des bulletins de vote

En vue de s’assurer de la régularité du scrutin, la transparence et la crédibilité de la


procédure de votation, le président du bureau de vote doit, en présence des autres
membres et toutes les personnes autorisées, procéder à l’identification de tous les
carnets ou livrets des bulletins de vote fournis par l’administration électorale.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
Dans les pays, comme le Cameroun ou le Zimbabwe, qui recourent encore au
système d’un bulletin, pour chaque parti ou regroupement politique, où sont insérées
les enveloppes appropriées, il est important d’envisager la comptabilisation de tous les
bulletins et enveloppes, avant de s’assurer que les bulletins sont suffisants et
disponibles, pour tous les partis ou regroupements politiques et qu’il n’y a pas eu de
traitement inégalitaire.
Cette tâche représente une importance capitale, dans le processus de vérification
du vote. Elle permet de dégager, après la fermeture du bureau de vote, le nombre exact
des carnets ou livrets des bulletins de vote utilisés et celui qui ne l’a pas été, avec
indication précise des numéros. Tous les bulletins et enveloppes, s’il y en a, doivent
être également vérifiés, pour s’assurer qu’ils n’ont pas été frauduleusement introduits
ou subtilisés.
Lorsque les bulletins de vote ont été comptés et que les observations et autres
indications appropriées ont été consignées, dans un formulaire d’usage préalablement
conçu à cette fin, les préposés au bureau de vote doivent montrer à tous ceux qui y
sont présents que l’urne est bien vide, avant d’y apposer les scellés.
Pour les besoins de transparence et de crédibilité du scrutin, les numéros des
scellés doivent être inscrits au registre des votes, s’il y en a, et sur tout autre formulaire
pertinent.
Bien d’erreurs peuvent, en effet, être évitées, si la procédure ci-haut décrite est
respectée, celle-ci pouvant, en cas de divergences ultérieures, servir de repères
permettant de retracer toutes les étapes du début de vote.

3. La comptabilisation du nombre d’électeurs sur la liste


d’émargement

Il est de principe qu’un électeur ne doit jamais sortir un bulletin du bureau de vote
sans avoir voté. Pour les pays qui recourent au système des bulletins multiples, il est
généralement aménagé, dans le bureau de vote, une poubelle où sont jetés les bulletins
non utilisés.
193

On gardera à l’esprit qu’à la fermeture du bureau de vote, les personnes autorisées


et les préposés de ce bureau restent à l’intérieur, en vue de commencer le
dépouillement. Alors que l’urne est encore scellée, on procède, d’abord, à la
conciliation du nombre de talons, s’il ya lieu, en indiquant le nombre exact des
bulletins utilisés, celui des bulletins non utilisés, et celui des bulletins abîmés.
Le nombre d’électeurs inscrits, celui de votants se trouvant sur la liste
d’émargement et les absents sont, ensuite, identifiés, au regard des bulletins
réellement utilisés.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
Tout différend en rapport avec la validité des bulletins doit être résolu
conformément aux directives contenues, dans le manuel des procédures des
opérations électorales, ou à défaut, consigné dans un formulaire ad hoc, transmis à
l’organe compétent de l’administration électorale ou au juge chargé du contentieux
électoral, selon le cas.

4. La conciliation des votes

Opération intervenant après la fixation du nombre d’électeurs ayant,


effectivement, participé au vote, la conciliation des votes autorise le responsable du
dépouillement à ouvrir l’urne, d’en vider le contenu et d’amasser, sur une table
suffisamment large, tous les bulletins de vote.
Suit l’identification des bulletins valables, ceux nuls ou annulables, les suffrages
valablement exprimés, la conciliation des votes individuels et ceux des partis ou
regroupements politiques. La loi électorale ou le manuel des opérations électorales
peut être amené à préciser la nature du bulletin valable, nul ou annulable.
Dans ce cas, est valable, le bulletin qui ne contient aucun motif d’annulation prévu
dans le code électoral ; c’est un bulletin correctement rempli et introduit dans l’urne.
Un bulletin est nul, lorsqu’il renferme une ou plusieurs mentions non requises.
La loi électorale congolaise considère comme nul, tout bulletin non conforme au
modèle prescrit, celui ne contenant pas de paraphe requis, portant ratures, surcharges
ou plus d’un choix.
Est, également, frappé de nullité, un bulletin déchiré, portant l’apposition
d’empreintes ou toute autre marque totalement en dehors des cases indiquées ou
empêchant d’identifier clairement le choix de l’électeur.
Il en est de même du bulletin portant apposition d’une signature lisible, permettant
l’identification correcte de l’électeur, à l’exception des empreintes digitales ou portant
l’indication, par l’électeur, d’un nom qu’il efface pour le remplacer, par la suite, par un
autre ou qui contient des injures ou des éloges à l’endroit d’un candidat.
194

Au remplissage du bulletin de vote, l’électeur peut être amené à violer la loi, pour
que son bulletin soit entaché d’irrégularités de nature à conduire à son annulation.
Dans l’appréciation de l’irrégularité d’un bulletin de vote, les préposés au
dépouillement sont invités à identifier la volonté ou l’intention de l’électeur.
Dans la pratique, l’électeur qui, à l’occasion du vote, fait un signe de croix qui
occupe deux cases réservées aux deux candidats différents verra son bulletin validé, si
les membres du bureau de dépouillement considèrent que sa volonté a été exprimée,
non pas à l’occupation de deux cases par une croix, mais plutôt à la case où a lieu

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l’intercession de deux lignes, formant ladite croix.
Sera, en revanche, annulé, un bulletin de vote comportant plus d’un choix ou celui
qui n’en comporte aucun.
On voit bien que, dans l’une ou l’autre hypothèse, les membres du bureau de
dépouillement exercent un pouvoir considérable, dans le règlement extra
juridictionnel du contentieux de la validité des bulletins de vote et, plus tard, dans
celui des résultats.
La conciliation des votes conduit, en définitive, à la détermination des suffrages
valablement exprimés constitués de la somme de voix de tous les bulletins de vote
utilisés, à l’exception de ceux déclarés nuls ou annulés, à partir desquels, il est aisé de
dégager, avant toute attribution des sièges, la différence entre les suffrages
individuellement obtenus, de ceux recueillis par chaque liste.

5. La constitution des plis et leur transmission aux organes et


institutions compétents

La procédure de centralisation et transmission des résultats des bureaux de vote à


l’échelon, immédiatement, supérieur est minutieusement organisée. La loi électorale
congolaise oblige le président du bureau de vote à constituer, après dépouillement, les
plis formés des procès-verbaux et autres pièces jointes, qu’il se charge de convoyer au
Centre de vote situé dans une aire géographique donnée.
Ces plis sont, respectivement, destinés au centre local de compilation des résultats,
au Secrétariat exécutif provincial, au Bureau de la Commission électorale nationale
indépendante et à la juridiction compétente.
Collectés au niveau de chaque Centre de vote, ces résultats sont transmis, pour
centralisation, compilation et traitement au Centre local de compilation des résultats,
situé dans chaque circonscription électorale.
Les résultats des Centres locaux de compilation sont consolidés, avant d’être
communiqués à la Commission électorale nationale indépendante qui en ordonne,
après rectification éventuelle des erreurs matérielles, la proclamation provisoire.
195

6. La fermeture du bureau de vote et de dépouillement

Le Bureau de vote est le lieu où se déroulent toutes les opérations de vote et de


dépouillement. Composé de cinq membres, dont un président, deux assesseurs, un
secrétaire et un secrétaire adjoint, le Bureau de vote est, vingt-quatre heures avant le
scrutin, pourvu de tous les matériels de vote et de dépouillement.
À la différence de certains pays comme le Cameroun, le Gabon, le Kenya, le Mali,
le Sénégal ou le Zimbabwe, la République démocratique du Congo n’autorise pas la

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présence des délégués de candidat, parti ou regroupement politique dans la
composition de Bureau de vote et de dépouillement.
En vue de garantir la neutralité et l’impartialité de Bureaux de vote et de
dépouillement, le législateur congolais interdit qu’ils soient établis dans les lieux de
culte, les quartiers généraux des partis politiques, des syndicats et des organisations
non gouvernementales, les débits de boissons, les postes de police, les camps
militaires, les académies et écoles militaires.
Il convient de noter qu’à l’approche de l’heure indiquée, pour la fermeture du
Bureau de vote au public, le président prend toutes les dispositions utiles pour
l’organisation, conforme à la procédure arrêtée, des opérations de dépouillement. Il
procède, au besoin, à la désignation des cinq électeurs présents autorisés à assister aux
opérations de dépouillement.
À l’heure officielle de la fermeture du bureau de vote, le président déclare le scrutin
clos, mention étant faite au procès-verbal.
Si à l’heure officielle prévue pour la clôture du vote, il s’observe une file d’électeurs
en attente, le président fait ramasser, par un membre du bureau, leurs cartes, à partir
du dernier électeur constaté, pour leur permettre de voter.
Dans la pratique des élections, le Bureau de vote se transforme, à la clôture du
scrutin, en celui de dépouillement. Les résultats qu’il aura enregistrés sont, selon la
législation électorale congolaise, transmis au Centre de vote, constitué d’un ou de
plusieurs bureaux de dépouillement, dont il coordonne et supervise les opérations, les
centralise et achemine au Centre local de compilation des résultats du ressort. Chaque
Centre de vote est composé d’un chef, d’un secrétaire et de deux assesseurs.

7. L’attribution des sièges

Pour l’élection des membres des assemblées politiques délibérantes, se déroulant


au suffrage universel direct, l’attribution des sièges s’effectue au Centre local de
compilation des résultats, situé au niveau de chaque circonscription électorale.
196

Elle a lieu après la détermination du seuil légal de représentativité au niveau


national, provincial et local, ainsi que l’identification des candidats et listes retenus à se
livrer une compétition, dans chaque circonscription.
Structure technique de centralisation et de compilation des suffrages, le Centre
local de compilation des résultats délibère, sous l’autorité de la Commission électorale
nationale indépendante, sur les réclamations et contestations relatives aux erreurs
matérielles constatées ou dénoncées par ou devant lui.
Il est composé de six postes opérationnels, à savoir la centralisation, le

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
collationnement, le dépouillement, la compilation, l’apurement et l’archivage des
résultats provenant des Centres de vote et de dépouillement.
Le poste de centralisation se compose de cinq agents chargés, respectivement, de
la réception, du tri, de l’enregistrement, de la saisie et la transmission au poste de
collationnement des résultats des Centres de vote et de dépouillement.
Au niveau du poste de dépouillement, il y est pourvu un personnel chargé de la
réception, de la numérotation, du classement et de la transmission des résultats au
poste de dépouillement composé, en plus d’un secrétariat, de deux équipes, dont l’une
s’occupe de la délibération et l’autre du règlement des cas considérés difficiles.
Poste qui permet, notamment, à l’administration électorale de faire application des
formules retenues, dans le cadre du choix du mode de scrutin, telle la représentation
proportionnelle avec la règle du plus fort reste, la compilation comprend, en plus
d’une cellule de supervision, plusieurs opérateurs de saisie.
Une fois compilés, les résultats électoraux sont, avant leur transmission au Bureau
de la Commission électorale nationale indépendante et à la juridiction compétente,
apurés par une cellule de supervision et une équipe de vérificateurs et archivés. Les plis
qui en constituent le soubassement sont préalablement formés, au niveau du Bureau
de vote et de dépouillement, par les agents électoraux.
Le rôle joué par le Centre local de compilation des résultats, dans la certification
des suffrages, suffit pour exclure toute possibilité de son installation dans les lieux de
culte, les quartiers généraux des partis politiques, des syndicats et des organisations
non gouvernementales, les débits de boissons, les postes de police, les camps militaires
ainsi que les académies et écoles militaires.
Dans le cadre de la réception, l’assemblage et l’archivage des résultats des Bureaux
de vote et de dépouillement, ainsi que la transmission des plis, chaque Centre local de
compilation des résultats bénéficie de l’assistance administrative d’une Antenne locale
de la Commission électorale nationale indépendante.
Conformément au système électoral mis en place, l’attribution des sièges est
tributaire des mécanismes d’application. Axée sur la recherche de la majorité des
197

suffrages, l’opération se réalise, selon que le scrutin est uninominal, de liste, à un ou à


deux tours.
Pour le scrutin proportionnel, la fixation du quotient électoral est déterminante
pour l’attribution des sièges selon la règle du plus fort reste, de la plus forte moyenne
ou des apparentements.
En droit électoral congolais, c’est au niveau du Centre local de compilation des
résultats et, notamment, au poste de dépouillement que s’opère l’évaluation des
résultats provenant des Bureaux de vote et de dépouillement ainsi que des Centres de

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vote.
Une fois compilés, apurés et archivés, ces résultats sont, pour consultation
publique, affichés devant les locaux abritant le Centre local de compilation des
résultats.
À la suite de l’application cumulée du seuil de représentativité et du quotient
électoral, chaque Centre local de compilation affiche les résultats de sa
circonscription. Il importe d’avoir, également, à l’esprit la double nécessité d’annonce
et d’affichage, par chaque Bureau de vote et de dépouillement, ainsi que chaque
Centre de vote et de dépouillement des résultats collectés à son niveau.
L’annonce des résultats électoraux est une opération de dévoilement du secret des
urnes. C’est l’acte par lequel un organe compétent et légalement institué rend publics
les résultats du vote.
Pour des raisons de transparence, la loi électorale organise l’annonce, à trois
étapes, des résultats de vote.
La première a lieu dans chaque Bureau de vote et de dépouillement. Le législateur
indique que, aussitôt le dépouillement terminé, les résultats de chaque Bureau sont,
selon la procédure prévue, annoncés par le président du Bureau de dépouillement en
présence d’autres membres du bureau, des délégués des candidats, partis ou
regroupements politiques et autres témoins, observateurs et journalistes présents. Ils
sont affichés devant les Bureaux de vote et de dépouillement et diffusés par tous les
moyens de droit, notamment la presse et divers canaux d’information et de
communication.
La deuxième étape intervient au niveau du Centre local de compilation des
résultats, situé dans chaque circonscription. Après dépouillement et compilation des
différents résultats des Centres de vote, le président du Centre de compilation rend
publics, en y affichant, ceux du vote pour les élections législatives, provinciales,
urbaines, municipales et locales, et les résultats partiels de l’élection présidentielle, au
niveau de la ville ou du territoire.
La dernière se réalise, après consolidation des résultats de tous les Centres locaux
de compilation, à la Commission électorale nationale indépendante. Par le soin de son
198

président, elle rend publics les résultats provisoires du vote, lesquels sont, par ailleurs,
affichés dans ses locaux ou consultés, selon le cas, sur internet.
L’annonce des résultats électoraux est, généralement, précédée de la signature, par
les personnes habilitées, des procès-verbaux de dépouillement, des fiches des résultats
et de tout autre document exigé par la loi, la constitution et la fermeture des plis, ainsi
que leur transmission aux organes et institutions compétents.

Section 2. Les modalités de vote

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Acte par lequel s’exerce un droit subjectif, le vote comporte une double dimension
à la fois personnelle et publique ; l’électeur étant, en principe, appelé à se présenter
personnellement, dans le bureau de vote, pour y accomplir son devoir civique, ce qui
contribue au renforcement du caractère public et secret du vote, élément
indispensable à la transparence et la sincérité du scrutin.
Pour des raisons de participation électorale, le législateur peut être amené à
concevoir différentes modalités du vote. Non uniforme, pour chaque pays, le vote est
soit à bulletin papier, soit électronique.
À l’exception du vote par procuration ou par correspondance 361, le législateur
congolais autorise le vote par bulletin papier ou, à défaut, celui électronique 362. En
raison des particularités qui entourent souvent la procédure de leur aménagement, le
vote des policiers, militaires et des citoyens vivant à l’étranger mérite une attention
singulière.

§ 1. Le vote par bulletin papier

Également appelé vote traditionnel, le vote à bulletin papier est celui par lequel
l’électeur est invité à inscrire, sur un papier libre, sécurisé et préalablement conçu à
cette fin, le nom de son candidat, avant de l’introduire dans l’urne.
Selon les législations, la conception du bulletin de vote (classique, unique ou
multiple, bulletin numérique) influe, notablement, sur le choix de l’électeur invité à
marquer, dans une case préparée à cette fin, sa préférence pour tel ou tel autre
candidat.
Si le recours au bulletin unique ne soulève pas de problèmes particuliers, il en est
autrement des bulletins multiples, dont l’usage autorise que l’électeur dispose,
d’abord, de tous les bulletins avant d’opérer, ensuite, son choix en faveur d’un seul,

361
Aux termes de l’article 57, alinéa 6 de la Loi électorale, le vote par procuration ou par
correspondance est interdit.
362
Art. 47 al. 1er et 57 al. 6 de la même Loi.
199

déclassant, enfin, les autres qu’il jette dans la poubelle soigneusement aménagée à
cette fin, mais à l’intérieur et au coin du bureau de vote.
La manifestation de la liberté de l’électeur étant, en pratique, complexe et variée, il
peut s’agir de l’inscription du nom du candidat, sur la case réservée à cette fin. Le
pointage, l’apposition d’un signe distinctif ou d’une empreinte digitale, à côté du nom
du candidat préféré sont, sauf disposition légale ou réglementaire contraire, autorisés.
Aucune nullité d’un bulletin ne peut être sollicitée ou invoquée, si l’intention de
l’électeur est clairement manifestée.

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Dans la pratique, le vote par bulletin papier peut être personnel, par procuration,
par correspondance ou par dérogation.

A. Le vote par procuration

Le vote par procuration est celui par lequel un électeur, mandant, autorise à un
autre, mandataire, à voter à sa place, celui-ci agissant en lieu et place de celui-là dans
les limites du mandat.
Révocable à tout moment, ce mandat doit être certifié par l’autorité compétente.
Le mandant dispose toujours de la possibilité de l’annuler, pour se présenter
personnellement au Bureau de vote, afin d’y exercer son droit.
Pour voter par procuration, le mandataire doit être inscrit sur la même liste
électorale que le mandant, jouir de ses droits électoraux et n’avoir pas voté, à l’aide de
ce mandat, pour un autre candidat dans la même circonscription.
En vue d’éviter la rumeur de la fraude que ce type de vote peut favoriser, il est exigé
que la procuration soit estampillée après l’acte du vote ; le mandant et le mandataire
pouvant, dans la pratique, convenir du choix à opérer, même si la non-observance des
consignes demeure toujours difficile à vérifier ou à sanctionner. Il peut, également, se
faire que, le jour du scrutin, le mandant se présente personnellement devant le bureau
de vote, pour participer à l’élection, ce qui pose le problème de la validité de son
mandat. Celui-ci étant révocable à tout moment, il n’est pas nécessaire qu’une loi
intervienne à ce sujet.
Dans certains pays comme le Mali, le recours au vote par procuration a, lors des
élections générales de 2013, encouragé une fraude électorale importante 363.

363
Pour faciliter le vote des Maliens qui, pour une raison ou une autre, auraient été absents, le jour du
scrutin, de leurs circonscriptions électorales, la loi électorale autorise leur transfert, par une Commission
administrative, dans d’autres circonscriptions de leur choix. L’article 34, al. 2 de la Loi n° 06-044 du
4 décembre 2006 telle modifiée par la Loi n° 2011-085 du 30 décembre 2006 et la Loi n° 2013-017 du
21 mai 2013 portant loi électorale du Mali indique qu’en cas de changement de résidence, l’électeur peut se
faire inscrire sur la liste électorale de son choix sans qu’il ne soit préalablement exigé de lui, la production d’un
200

B. Le vote par correspondance

Lorsque, pour une raison ou une autre, l’électeur ne peut se présenter


personnellement au bureau de vote, le jour du scrutin, il peut le faire en distance par la
poste. Le vote par correspondance est ainsi organisé, pour permettre la participation
des électeurs qui, le jour du scrutin, se trouveraient dans une situation les empêchant
de se présenter, personnellement et physiquement, au lieu où se déroule le vote.
Selon une procédure minutieusement arrêtée, le législateur autorise donc le vote

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par correspondance, obligeant l’administration électorale d’arrêter, au préalable, le
modèle d’enveloppe à utiliser et les caractéristiques du bulletin de vote, exempté de
toute rature et surcharge.
La procédure utilisable admet que le bulletin soit rempli à la main, avant d’être
introduit dans une première enveloppe, ne comportant aucune inscription ni marque
d’identification. Cette enveloppe est, ensuite, insérée dans une autre tachetée, à
remettre à la poste avec les indications précises de l’expéditeur et du destinataire. Au
recto de l’enveloppe, y figure l’adresse du destinataire et, au verso, les noms et prénom
de l’électeur, son adresse ainsi que sa signature.
Cette modalité de vote est d’usage en Belgique, aux États-Unis d’Amérique, en
France, en Italie, en Norvège, au Royaume-Uni ou encore au Zimbabwe.

C. Le vote par dérogation

À l’égard d’une catégorie particulière d’électeurs, le vote par dérogation est admis.
La loi électorale congolaise autorise, par exemple, le vote par dérogation des membres
de Bureau de vote, des témoins, des observateurs, des journalistes et des agents de la
Commission électorale nationale indépendante, ceux de carrière de service public de
l’État en mission, après présentation de leurs cartes d’accréditation ou ordres de
mission, selon le cas.
Sont, également, autorisés à voter par dérogation, les candidats, leurs conjoints et
suppléants, les épouses et enfants majeurs des militaires et agents de la police
nationale congolaise en mission, munis de leurs cartes d’électeur, d’ordre de mission
ou feuille de route sur laquelle sont repris les noms de ces enfants 364. Ils sont alors
inscrits sur la liste d’émargement.
Obligatoirement en cours de validité, chaque ordre de mission ou feuille de route
doit comporter la signature de l’autorité compétente et le sceau de l’administration qui
l’a délivrée.

certificat de radiation. Ainsi, qu’on le voit, une telle formulation a été, dans la pratique, à la base des abus
susceptibles de porter atteinte à la sincérité du vote par cette catégorie d’électeurs.
364
Art. 54 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
201

§ 2. Le vote électronique

Le vote électronique se fait à l’aide des nouvelles technologies de l’information et


de la communication et, notamment, par le biais de l’internet. Il permet la
participation au vote à distance, en ce que l’électeur peut voter à partir de chez lui ou
dans un autre endroit aménagé, s’il est inscrit sur la liste de la circonscription
électorale concernée.
Cette modalité de vote suppose que l’administration électorale soit dotée de la

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technologie et du matériel adéquats, et les électeurs suffisamment informés et formés,
pour l’usage de l’ordinateur, préalablement configuré, avec un logiciel particulier. Elle
exige donc le recours à un ordinateur configuré avec un programme ou un logiciel
particulier, différent de celui à usage habituel, et le service de l’internet.
Un ordinateur configuré, avec un logiciel ou programme particulier conduisant à
l’impression du bulletin de vote, participe à l’application courante d’un vote
électronique. Cette technique favorise, dans la plupart de cas, la fraude électorale en
raison de l’identification difficile ou, à tout le moins, aléatoire, des fraudeurs et la
vérification de leurs intentions.
Convaincus de l’issue peu rassurante, voire frauduleuse, certains pays, comme le
Pays-Bas ou la Belgique ont vite fait de l’abandonner, en mai 2008, pour le premier et,
en 2010, pour la seconde.
À l’actif du vote électronique, on relève, toutefois, l’accroissement du taux de
participation, l’amélioration de la qualité du scrutin, la réduction considérable du
nombre et du volume de bulletins blancs, ainsi que la consolidation du rapport entre le
coût et l’efficacité de l’action.
La loi électorale indique qu’en cas de vote électronique, la Commission électorale
nationale indépendante fixe, par une décision, les formalités d’usage, mais prise en
exécution de la loi, la décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant
mesures d’application de la loi électorale, comme modifiée et complétée à ce jour
précise, en ce qui concerne le vote, que celui-ci est effectué au moyen d’un bulletin
papier imprimé avec les éléments d’identification des candidats ou vierge, pour une
impression par l’électeur au bureau de vote 365.
Ainsi présentée, la procédure de vote combine la technique électronique et celle du
bulletin papier et n’est pas conforme à la loi électorale. Contenant une clé USB, un
code wifi et une carte Sim, la machine à voter permet la transmission électronique des

365
Art. 50 de la Décision n° 001BIS/CENI/BUR/18 du 18 février 2018.
202

résultats, des bureaux de vote au serveur central 366, sans contrôle des témoins et autres
observateurs indépendants.
On note, par ailleurs, que produits par la Commission électorale nationale
indépendante comme moyen de preuve, devant le juge électoral, les piliers
informatiques (clés USB) ont été, curieusement, adjugés au titre de mécanisme de
transmission rapide et sécurisée des résultats électoraux, à partir de supports
amovibles de stockage des données (CC, 19 janvier 2018, RCE 001/PR/CR, Aff. La
Dynamique de l’opposition congolaise, en sigle D.O et Martin Fayulu Madidi contre

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.5:1613021191
l’Union pour la démocratie et le progrès social, en abrégé UDPS/Tshisekedi et Félix
Antoine Tshisekedi Tshilombo 367).
Pour autant que la machine à voter a facilité la tenue combinée de trois scrutins
avec un seul bulletin de vote, la procédure instituée viole la loi électorale en ce qu’elle
prescrit qu’en cas de vote manuel, le bulletin de vote unique par scrutin et par
circonscription électorale est établi par la Commission électorale nationale
indépendante.
Pour rappel, le législateur congolais autorise le recours, soit au vote à bulletin
papier, soit à celui électronique, mais pas les deux la fois ; il précise, également, que le
mode électronique ne peut être appliqué pour les élections en cours 368.
Ajoutée au déficit de formation et d’initiation des électeurs, la complexité de la
machine à voter est de nature à ouvrir la voie à une fraude électorale, à la base d’un
taux élevé d’abstention, à l’égard des électeurs qui doutent encore de sa fiabilité. Les
résultats provisoires annoncés, le 24 janvier 2019, indiquent d’ailleurs un taux
d’abstention estimé à 53 %.
Il importe, en tout état de cause, d’améliorer l’usage, désormais, couvert par la loi,
plutôt que par les mesures d’application de la loi électorale, solution qui a l’avantage
d’inciter à la tenue, en seule séquence, de plusieurs scrutins et à la compilation, la
centralisation et la proclamation rapides des résultats électoraux.

Section 3. L’abstention électorale


La participation à une élection est, en Afrique comme ailleurs, considérée comme
un indicateur important de vitalité démocratique. Elle n’a toujours pas été au rendez-
vous, pour qu’à l’issue d’une élection, le taux de participation se transforme en critère

366
Les révélations faites, le 23 décembre 2018, dans le journal Afrique de TV5, édition de 21h30, par
les agents électoraux en formation à Beni et Butembo, ainsi que le rapporteur adjoint de la Commission
électorale indépendante indiquent que la machine à voter sert également à la transmission électronique
des résultats électoraux à partir des bureaux de vote.
367
Dix-neuvième et vingt-et-unième feuillets, inédit.
368
Art. 237, ter al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
203

de jaugeage, sinon d’évaluation du degré de légitimité du pouvoir ou de son emprise


sur les citoyens.
Plus qu’un fait du hasard, l’abstention électorale est une réalité permanente et
complexe à saisir, tous les États du monde l’ayant, d’une manière ou d’une autre, vécue
ou subie. Pour la comprendre, il importe de s’accorder sur le sens que l’on veut bien
donner au vote.
Dans un système qui n’autorise pas la concurrence politique, voter semble ne
présenter qu’un enjeu très limité dans la désignation des gouvernants, l’abstention

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pouvant ressembler à un désintérêt à l’égard d’une élection, dont les résultats sont
connus d’avance ou une désaffection vis-à-vis d’un régime peu démocratique et moins
soucieux des préoccupations des citoyens.
Dans une démocratie représentative, en revanche, l’élection constitue un moment
particulier de la vie politique, celui où les citoyens sont appelés à choisir, selon une
périodicité définie par le système électoral, plusieurs candidats et tendances
politiques. Là encore, l’abstention ne pourra pas, selon les règles établies, avoir la
même signification. On pense, notamment, aux modalités d’inscription sur les listes
électorales, à la nature desdites listes ou celles de candidatures, au mode de scrutin, à
la fréquence des élections ou à la culture politique.
Le phénomène d’abstention électorale mérite une profonde réflexion, pour en
dénicher les causes, les différentes manifestations et ses relations avec la démocratie et
la légitimité du pouvoir.

§ 1. Les causes d’abstention

La crise de légitimité à laquelle est, régulièrement, confrontée la représentation


nationale tient au fait que les électeurs ne semblent plus se reconnaître dans l’activité
de leurs élus ; les promesses électorales s’éloignant, de plus en plus, des besoins
primordiaux des citoyens.
Expression démocratique ou réponse à l’égard des politiques publiques peu
satisfaisantes, l’abstention électorale est une réalité politique qu’il faut saisir, pour
mieux la combattre.
Les études réalisées sur ce phénomène reconnaissent, néanmoins, les difficultés de
décryptage, en l’absence de données officielles fiables et des sondages effectués, sur les
échantillons plus ou moins représentatifs. Beaucoup de chercheurs s’accordent, en
effet, à considérer l’abstention électorale comme une attitude qui explique la crise de
confiance, dans les relations entre les électeurs et leurs élus.
D’origine diverse, les causes d’abstention électorale couvrent les aspects à la fois
juridique et politique.
204

A. Les causes juridiques

Les causes juridiques d’abstention électorale sont nombreuses et variées, elles


tiennent à la fois au système électoral ou politique et à l’exercice d’un droit subjectif.

1. Le système électoral

Selon les pays, l’adoption d’un système électoral peut influer sur la participation à
une élection. Le phénomène est loin de produire les mêmes effets, lorsque le système

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électoral est majoritaire ou se conjugue avec la représentation proportionnelle.
Porté vers la recherche de la majorité absolue, au premier tour, le système
majoritaire, conduit au deuxième tour, aux désistements et ralliements en faveur de
deux candidats ou listes en lice. Les électeurs dont les candidats préférés n’ont pu
franchir le cap du premier tour, ont souvent tendance à s’abstenir, au second tour,
faute d’intérêt. Le taux de participation étant, généralement, inférieur à celui du
premier tour, le poids de l’abstention aura certainement pesé dans la balance.
En cas de recours à la représentation proportionnelle, l’abstention sera recherchée
dans l’électorat marginal, habituellement, composé des minorités, des jeunes, des
chômeurs et autres désœuvrés qui y trouvent une opportunité, pour exprimer leur
désapprobation vis-à-vis des pouvoirs publics.
Associée à la règle du plus fort reste ou celle de la plus forte moyenne, la
représentation proportionnelle est, par l’ombrage qu’elle occasionne, notamment, en
cas de liste bloquée, dans les relations directes entre les électeurs et les candidats,
susceptible de constituer un motif de désintéressement. Les électeurs potentiels sont,
dans ce cas, portés à connaître, à l’avance, le candidat en faveur de qui ils se proposent
de voter. Leur choix peut influer, d’une manière ou d’une autre, sur la légitimité du
pouvoir issu, pourtant des urnes.

2. Le système politique

La configuration politique d’un pays induit sur la connaissance et la perception du


jeu électoral. On note que, non maîtrisé, le multipartisme intégral peut aisément se
prêter au phénomène d’abstention électorale, avec en toile de fond, l’instabilité
politique qu’il engendre.
Indispensable au fonctionnement rationnel d’une assemblée politique délibérante,
l’exigence d’une majorité parlementaire solide conduit, si elle n’est pas réalisée, à la
constitution des chambres législatives composées, pour l’essentiel, des membres dont
l’indiscipline et l’irrégularité aux séances parlementaires sont de nature à convaincre
les électeurs de leur inutilité ; l’abstention au prochain scrutin pourrait ressembler à un
vote sanction.
205

En République démocratique du Congo, on signale qu’estimé à 58,81 %, le taux de


participation aux élections législatives du 28 novembre 2011 a, paradoxalement,
donné la démonstration d’un désaveu d’une partie de députés nationaux élus en 2006.
On note que, sur un total de cinq cents députés que comptait l’Assemblée
nationale de 2006, seuls quatre-vingt-dix-huit, soit 19,6 % ont été, toutes listes
confondues, réélus en 2011 contre cent quatre, soit 27 %, pour les élections législatives
de décembre 2018 et mars 2019.
Au Sénat, seuls huit membres élus, en 2007, ont retrouvé, en 2019, la salle de

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conférences internationales du palais du Peuple, siège de la haute chambre du
parlement.
L’autoritarisme dans l’organisation et la gestion de partis politiques, ainsi que
l’indiscipline de certains membres qui se livrent, aisément, au phénomène de
transhumance politique n’échappent pas au regard exigeant des électeurs, prêts à les
sanctionner au prochain scrutin.
Les échecs répétés des politiques publiques de la majorité au pouvoir ou de
l’opposition à accéder au pouvoir peuvent convaincre une grande partie des électeurs
à se résigner de participer à une élection, le jeu politique étant fait d’avance.

3. L’exercice d’un droit subjectif

Plusieurs pays consacrent, dans leurs Constitutions, le principe de souveraineté


nationale dont l’exercice est assuré soit, directement par le peuple, au moyen du
référendum ou d’élections, soit indirectement, par ses représentants.
Une telle option rend, inévitablement, facultatif le droit de vote, l’électeur étant
titulaire d’un droit subjectif qu’il peut ou non exercer. Plutôt que de combattre
l’abstention, ce choix l’encourage au contraire. On notera, par ailleurs, que dans un
système favorable à l’individualisme poussé des choix électoraux et des convictions
personnelles, le droit de ne pas voter acquiert une certaine autorité.
La question qui se pose concerne moins la sanction à infliger aux électeurs
absentéistes qu’à son organisation effective. Les études menées jusque-là ont
démontré que les recettes ne sont pas toujours uniformes. Penser à une peine privative
de liberté ou d’emprisonnement serait exagéré, mais une simple amende risque de ne
pas être dissuasive, surtout si elle est transactionnelle.
Une autre recette consisterait à priver les électeurs absentéistes du droit de vote au
prochain scrutin. Plutôt que de combattre l’abstention, cette option la renforce
davantage. On a même imaginé l’idée de la retenue, pendant une période précise, du
salaire ou autres avantages reconnus à l’électeur absentéiste ou le refus de son
recrutement ou sa nomination dans l’administration publique.
206

Cette recette se heurterait aux difficultés de généralisation d’une contrainte aux


différents électeurs, qui ne répondent pas d’un même et seul régime salarial, de
rémunération ou de recrutement.
Devant cet embarras, il importe de se reporter à chaque législation nationale, le
droit électoral offrant, à cette fin, des solutions aussi diverses que variées. Certains
pays comme l’Australie, la Grèce ou le Luxembourg où le vote est obligatoire
éprouvent encore d’énormes difficultés, pour organiser le contrôle effectif de la
sanction. Il semble que, pour un phénomène essentiellement politique, la règle

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juridique paraît impuissante sinon limitée, pour constituer une recette idoine.
En attendant, l’éducation civique et politique semble constituer une grille de
réflexion susceptible de contribuer à la réduction de la distance, souvent perceptible,
dans le lien entre l’abstention électorale et la rationalité des rapports électeurs-élus.

B. Les causes politiques

À côté des causes juridiques, la configuration de l’espace politique et la séquence


électorale peuvent influer sur la permanence ou non de l’abstention électorale.

1. L’influence de la configuration politique

Plus qu’une appréciation politique de la structuration des rapports juridiques entre


les organes de l’État, la configuration de l’espace politique les explique par les faits. Elle
est tributaire des facteurs de nature diverse, en l’occurrence la disposition des partis
politiques (multipartisme, bipartisme ou monopartisme), le mode de scrutin
(majoritaire, proportionnel ou mixte), l’histoire du pays, son contexte économique et
social, la répartition des forces sociales et politiques dans les organes issus des
élections, la mentalité des citoyens, leurs espoirs et déceptions.
Dans cette perspective, l’on note que, le multipartisme intégral et illimité se prête,
en raison de l’instabilité politique qu’il engendre ou provoque, à l’abstention
électorale. Ajoutée à l’absence de majorité parlementaire solide, la constitution des
assemblées délibérantes moins homogènes renforce le scepticisme des électeurs au
prochain scrutin.
En République démocratique du Congo, on signale qu’en dépit du taux de
participation, globalement positif, soit 58,81 %, les élections législatives du
28 novembre 2011 ont donné la démonstration du désaveu d’un nombre important de
députés nationaux.
L’autoritarisme dans l’organisation et la gestion de la quasi-totalité de partis
politiques congolais, ainsi que l’indiscipline de certains membres se livrant, sans gêne,
207

au phénomène de transhumance politique conduisent bon nombre d’électeurs à


douter de l’utilité et de la pertinence de l’acte de vote.

2. La séquence des élections

Fréquemment utilisé, dans l’organisation d’une élection, le concept cycle n’est pas
de définition facile parce qu’échappant, bien souvent, à la compréhension du citoyen
moyen. Il désigne l’attitude qui consiste à la programmation, séquentielle et rotative,
d’une série des scrutins auxquels sont conviés les électeurs.

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Le cycle électoral tire, donc, son fondement des dispositions constitutionnelles et
légales qui organisent la durée d’un mandat électif.
La Constitution congolaise indique, à ce sujet, que le président de la République
est élu au suffrage universel direct, pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule
fois. Le scrutin, pour l’élection du président de la République, est convoqué quatre-
vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du président en fonction.
Rééligible, le député national est, quant à lui, désigné pour un mandat de cinq ans.
Celui-ci commence à la validation de ses pouvoirs, par l’Assemblée nationale, et expire
à l’installation de la nouvelle Assemblée. Il peut être raccourci par la dissolution de
l’Assemblée nationale.
Au sein de l’Assemblée provinciale, siègent les députés élus au suffrage universel
direct et secret à côté de ceux cooptés, pour un mandat de cinq ans renouvelable.
Cette durée peut être abrégée, en cas de dissolution, par ordonnance présidentielle, de
l’Assemblée provinciale, en cas de crise politique persistante, menaçant le
fonctionnement régulier des institutions provinciales.
Pour un terme de cinq ans renouvelable, l’Assemblée provinciale élit, au second
degré, les sénateurs, gouverneur et vice-gouverneur de province.
Prise en exécution de la Constitution, la loi électorale organise le choix, au suffrage
universel direct et secret, des conseillers municipaux et locaux et, au scrutin indirect,
des conseillers urbains, maire et maire adjoint, bourgmestre et bourgmestre adjoint,
chef de secteur et chef de secteur adjoint.
Ce dispositif juridique organise le cycle électoral entendu comme période où se
déroulent, de manière ininterrompue, les activités préélectorales, électorales et
postélectorales pour les scrutins locaux, municipaux, urbains, provinciaux, législatifs et
présidentiel sur la base d’un même fichier électoral369. Il a pour vocation d’assurer la
régularité du choix des dirigeants politiques.

369
Art. 2, point 1 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
208

Il importe de noter que la fréquence des élections peut constituer une cause
d’abstention si, à l’irrationalité, la succession des scrutins peut paraître ennuyante,
surtout au cas où les résultats des élections précédentes n’auraient pas été concluants.

§ 2. Les électeurs concernés par l’abstention

Du point de vue sociologique, voire politique, le phénomène d’abstention


électorale ne constitue guère un bloc homogène. Il peut atteindre plusieurs couches
sociales et catégories d’électeurs. Les jeunes, les femmes, les populations urbaines, les

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chômeurs, les désœuvrés et autres universitaires en sont généralement les cibles.
Les jeunes sont une catégorie de personnes, qui envisagent très souvent une vie de
rêves. L’électorat féminin est, quant à lui, figé au concret, pour que le contraire influe
sur sa participation au vote.
Vivant au quotidien des actions des gouvernants, les populations urbaines sont
justifiées à manifester, le moment venu, une attitude conséquente en cas
d’insatisfaction.
Attendant désespérément l’amélioration de leurs conditions de vie, les chômeurs,
désœuvrés et autres universitaires à la recherche de l’emploi, sont souvent portés vers
un jugement décisif des promesses électorales non tenues.

§ 3. L’abstention et la légitimité du pouvoir

L’abstention électorale ne produit pas les mêmes effets pour tous les scrutins. En
raison de son unique et seule circonscription électorale, l’élection présidentielle
mobilise toute la communauté nationale, pour que les enjeux soient, politiquement,
plus importants que ceux des élections législatives, provinciales, urbaines, municipales
et locales.
Loin d’apparaître comme une négation de la démocratie, l’abstention la renforce
au contraire. Traduction d’un vote négatif à l’égard d’une offre politique peu
satisfaisante, l’abstention est une expression de la démocratie, une sanction contre les
gouvernants moins attentifs aux demandes politiques des électeurs.
Les États-Unis et la Suisse ont, pendant plusieurs années, connu des taux
relativement élevés d’abstention électorale, sans que le phénomène soit parvenu à
remettre en cause la démocratie et partant, la légitimité du pouvoir. En Afrique, le
phénomène offre plutôt une autre grille de lecture, celle de la négation de la
démocratie impactant sur la légitimité du pouvoir.
En République démocratique du Congo, l’abstention électorale a une histoire
marquée par l’évolution pendulaire du processus de désignation des dirigeants
209

politiques. Elle est d’ailleurs chiffrée, à partir du taux de participation, lui-même


déterminé sur la base de suffrages valablement exprimés.
Selon les circonstances et les contextes, le phénomène n’a pas été capable d’offrir,
pour le même type de scrutin, la signification identique. Ainsi, évaluée à 17,64 % aux
élections municipales du 8 au 22 décembre 1957, l’abstention a été estimée à 70 %
dans la province de Léopoldville et 100 % dans la plupart des circonscriptions du Bas-
Congo, pour les élections communales du 20 décembre 1959.
Les élections législatives et provinciales du 11 au 25 mai 1960 ont permis de la

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situer à 30 %. Pour le référendum du 10 juillet 1964, l’abstention a été quasi nulle,
avant d’être estimée à 38,13 %, pour les élections législatives du 21 avril 1965.
De 1967 à 1984, le taux d’abstention fut pratiquement nul, en raison du rôle joué
par le Mouvement Populaire de la Révolution, dans la conduite et la gestion du
processus électoral.
Pendant le référendum constitutionnel du 18 au 19 décembre 2005, l’abstention
électorale a été évaluée à 38 %, avant de chuter à 29,46 %, pour le premier tour de
l’élection présidentielle du 31 juillet 2006 et à 34,64 %, pour le deuxième tour du
même scrutin, tenu le 29 novembre 2006.
Elle est remontée à 42,81 %, à l’occasion de l’élection présidentielle et des députés
nationaux du 28 novembre 2011 et, à 53 %, pour les élections générales du
30 décembre 2018.
Plusieurs raisons expliquent cette variation, notamment, la crise de légitimité qui
frappe la représentation nationale, la déficience des acteurs et supports du jeu
électoral, ainsi que le déficit d’éducation civique et électorale.
La crise de légitimité des assemblées parlementaires procède, généralement, du
manque de décision et de l’inactivité de la plupart de leurs membres, dans lesquels les
citoyens ne se reconnaissent plus.
Devenues des caisses de résonnance des exécutifs, les assemblées parlementaires
n’inspirent plus confiance ; cette situation pouvant, négativement, influer sur le choix
futur des électeurs.
Acteurs clés du jeu électoral et, partant politique, les partis politiques congolais
conditionnent, par leur organisation et fonctionnement, l’attitude des électeurs.
Dépourvus de stratégie de campagne électorale cohérente, ils ne sont visibles qu’à
l’approche des échéances électorales, laissant pendant plusieurs années, les potentiels
électeurs dans une oisiveté permanente.
Le déficit d’éducation civique et de formation politique suffisante mettent les
citoyens peu préparés à la bataille électorale, dans un doute sur la capacité
210

mobilisatrice des acteurs politiques qui se complaisent, dans une sorte de


gouvernance, non pas par les actions, mais plutôt, par des vœux pieux.
Tout compte fait, l’abstention électorale doit, par ses effets, être relativisée ; son
influence sur la légitimité du pouvoir, combinant l’exercice d’un droit subjectif à la
désapprobation d’une politique publique moins porteuse d’effets.
L’attitude, à la fois, des acteurs principaux et des aiguilleurs des élections, tendant à
déformer les résultats issus des urnes est parmi les éléments qui contribuent à la fraude
électorale.

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Section 4. La fraude électorale
Dans le processus de l’organisation d’une élection, plusieurs manipulations de
nature diverse peuvent être constatées, au point d’affecter la crédibilité et la
transparence du scrutin. Ces manipulations conduisent à la modification, voire la
déformation de la volonté des électeurs ; elles favorisent la fraude, phénomène
souvent difficile à dissocier de l’élection et des enjeux qu’elle procure.
Autant que l’abstention électorale, la fraude est une réalité complexe à saisir, tous
les États modernes l’ayant, vécue ou subie, chacun à sa manière. Une mise au point sur
la notion permet d’identifier ses origines et ses conséquences.

§ 1. La notion de fraude électorale

La fraude est une attitude qui consiste à esquiver ou à se soustraire,


volontairement, du respect d’une disposition légale impérative. En matière électorale,
la fraude est constituée d’un ensemble d’actes, intentionnellement, commis dans le
but, soit d’altérer la sincérité du scrutin, soit de fausser les résultats électoraux.
La duperie naît de l’intention de tricher ou de contourner les textes juridiques
auxquels on est, pourtant, obligatoirement lié ; elle inclut toute manœuvre ou
irrégularité susceptible de se commettre, pendant le processus de votation, dans le seul
but d’influencer ou de déformer, à l’avance, les résultats électoraux.
Pour autant que le jeu électoral se cristallise autour de la conquête ou la
conservation du pouvoir, la fraude semble relever d’une donnée qui, à défaut, d’être
congénitale, est en tout cas structurelle.
En vue d’affronter cette réalité, les acteurs politiques s’appuient souvent sur les
stratégies minutieusement préparées, tout en se regardant comme chiens de faïence,
attendant le moment venu pour en découdre.
La fraude électorale semble tirer sa source dans une magouille planifiée, car dit-on,
une bonne magouille vaut mieux que des bonnes élections. Elle peut résulter de
211

plusieurs artifices, notamment, le déploiement tardif du matériel sensible ou sa


distribution discriminatoire ou encore frauduleuse, suivant la règle de la péréquation,
juste pour favoriser tel ou tel autre candidat. Il en est, également, de la manipulation,
par le personnel électoral, des bulletins électoraux, le dépouillement non transparent,
ainsi que le ramassage et le transport, par les compétiteurs, du matériel et/ou des
résultats électoraux, ainsi que la publication, par la centrale électorale, des tendances à
la place des résultats provisoires.
L’observation permet d’indiquer qu’avant même la publication officielle des

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résultats électoraux, et lorsque les stratégies arrêtées apparaissent moins concluantes
ou inefficaces, les suspicions de fraude naissent, les rumeurs de tricherie gagnent du
terrain et la recherche du bouc émissaire à l’ordre du jour.
La mauvaise prise en charge conduit inévitablement à des tensions, préfigurant des
conflits post électoraux, dont la gestion peut se révéler difficile.
Dans cette perspective, la question ne porte plus sur l’existence de la fraude
électorale, mais plutôt sur ses motivations, en vue de réduire, autant que faire se peut,
ses effets et assurer, du coup, la liberté des électeurs et l’honnêteté des suffrages.

§ 2. Les origines de la fraude électorale

Dans le domaine électoral, la fraude couvre plusieurs réalités découlant, soit de la


mauvaise interprétation et/ou application de la loi électorale, soit des actes posés,
enfreignant ladite loi, autrement considérée comme pratique électorale. On la
retrouve tout au long du processus, à l’occasion des opérations préparatoires au
scrutin, pendant le vote ou la gestion du contentieux électoral.

A. La fraude d’origine légale

Quoique de portée générale, le Code électoral peut constituer, au moment de son


interprétation ou application par les acteurs électoraux, un acte de fraude électorale.
L’ingénierie électorale déployée en Afrique a permis d’identifier trois cas de fraude,
tirée de l’aménagement juridique des opérations électorales.
On observe, d’abord, que modifiée à ce jour, la loi congolaise du 24 décembre
2004 sur l’identification et l’enrôlement des électeurs autorise le témoignage de trois
électeurs déjà inscrits sur la liste des électeurs, pour attester la nationalité congolaise
d’une personne qui, à défaut d’avoir un titre légalement reconnu, ne peut autrement la
prouver.
En l’absence de témoins, le président du Centre d’inscription peut recourir à
l’Unité de médiation, en vue de certifier la nationalité congolaise de la personne, qui
désire s’inscrire sur une liste électorale.
212

Expérimentée, en 2006 et 2011, dans certaines provinces 370, la pratique a été à la


base des fraudes électorales qui n’ont pas, fondamentalement, influencé la sincérité
des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante (CSJ,
27 novembre 2006, RCE.PR.009, Aff. Mouvement de la libération du Congo, MLC,
en sigle et Bemba Gombo Jean-Pierre contre la Commission électorale indépendante,
CEI, en sigle, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle
et Kabila Kabange Joseph).
La loi électorale congolaise admet, également, que chaque candidat, parti ou

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regroupement politique déploie, pendant les opérations de vote et de dépouillement,
des témoins, dans les bureaux de vote et de dépouillement. Ceux-ci sont choisis parmi
les personnes inscrites sur la liste des électeurs de la circonscription. Elle précise, en
effet, que l’absence des témoins dans les bureaux de vote et de dépouillement n’est
pas, sauf si elle a été intentionnellement provoquée ou faite en violation de la loi, un
motif d’invalidation du scrutin.
Cette disposition légale a été, pendant le contentieux des résultats de 2006 et 2011,
exploitée devant le juge électoral qui, pour absence des preuves produites devant lui,
ne l’a pas appliquée ; validant du coup les résultats provisoires de certaines
circonscriptions, dans lesquelles nombreux candidats ont obtenu, dans tous les
bureaux et centres de vote, la totalité de suffrages exprimés dans un scrutin, non pas
majoritaire uninominal, mais plutôt proportionnel, avec application de la règle du plus
fort reste.
Lorsqu’il n’a pas été rapporté la preuve que l’absence des témoins et observateurs a
été volontairement causée, pour justifier une fraude organisée, le fait pour un candidat
d’obtenir la totalité des suffrages, dans un bureau, ou l’ensemble de voix des électeurs,
dans le respect des procédures en la matière, ne constitue pas une violation de la loi
électorale et donc, une cause d’invalidation du vote (CSJ, 16 décembre 2011,
RCE 011/PR, Aff. Union pour la nation congolaise, UNC en sigle, contre Kabila
Kabange Joseph et la Commission électorale nationale indépendante 371).
Pareille application de la loi électorale a, ainsi qu’on le sait, contribué à alimenter
les débats sur la légalisation ou non, par la juridiction contentieuse, d’une supposée
fraude électorale, savamment, organisée.
De son côté, le législateur malien autorise le transfert des électeurs d’une
circonscription à une autre ; ceux inscrits sur les listes électorales d’une circonscription
pouvant voter, à leur demande, dans une autre circonscription électorale, située dans
leurs nouvelles et temporaires résidences.

Notamment, dans les provinces de Tanganyika, du Maniema, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.


370

Bulletin des Arrêts de la Cour suprême de justice, Contentieux électoraux 2011-2012, Édition du
371

Service de documentation et d’Études du ministère de la Justice et droits humains, 2014, p. 106.


213

Par cette opération, qui n’entraîne pas, nécessairement, la radiation des électeurs
concernés sur les premières listes, on encourage le double ou triple vote d’un électeur,
qui se voit permit de se présenter, avec sa carte d’électeur, dans deux ou plusieurs
circonscriptions électorales, pour y voter.
Bien qu’imaginée pour résoudre le problème de vote des électeurs qui, pour une
raison ou une autre, ont été contraints de se déplacer de leurs circonscriptions
d’origine, cette disposition légale a été, dans son application, à la base des fraudes, à
l’occasion du scrutin présidentiel de 2013. Faute de recours porté devant lui, le juge ne

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les a pas sanctionnées.
Le Code électoral burundais établit, quant à lui, l’ordre des élections, qui débute
par le scrutin des Conseillers communaux, suivi de l’élection du président de la
République, des députés, des sénateurs et des Conseillers collinaires.
En cas d’organisation couplée des scrutins, chaque bureau de vote est autorisé à
procéder au double comptage des voix, procédure dont l’usage est si complexe qu’il est
souvent à la base des fraudes, à cause notamment de sa lourdeur.

B. La fraude découlant de la pratique des élections

Les pays qui s’activent dans l’organisation régulière des élections sont, à des degrés
divers, confrontés au phénomène de fraude électorale. Prenant appui sur l’importance
des élections, dans l’attribution ou la distribution démocratique du pouvoir politique,
la fraude présente une certaine permanence, dans le comportement des acteurs
politiques.
Dans ce cadre, on admet qu’une élection qui n’autorise aucune concurrence
politique n’en est pas une, elle ressemble plutôt à la course à un seul cheval. De là,
conclure que la fraude fait partie du marché électoral, il n’y a qu’un pas.
Pour autant que l’élection prenne, de plus en plus, de l’importance dans
l’obtention du pouvoir politique, la fraude est et sera toujours à gérer, plutôt qu’à
éviter, tant et si bien qu’elle se développe avec les techniques aussi diverses que
complexes, tels l’inscription véreuse sur les listes électorales, le non-affichage, dans le
délai légal, des listes électorales, la mise à disposition tardive de la cartographie des
bureaux et sites de vote ou du matériel électoral. 372
Peuvent, également, être à la base de la fraude électorale, l’organisation abusive du
vote par procuration, dérogation ou correspondance, le traitement inégalitaire des
candidats par l’administration électorale, la distribution des tracts diffamatoires, la

372
Pour les élections générales du 30 décembre 2018, la Commission électorale nationale
indépendante s’est autorisée de supprimer, à 48 heures du scrutin, environ 1 092 bureaux de vote,
occasionnant la désorientation des électeurs et, donc, une fraude organisée.
214

diffusion des messages de campagne, après sa clôture officielle, le financement occulte


de la campagne électorale, le bourrage d’urnes, les pressions diverses sur les électeurs
et agents électoraux, l’attribution indélicate des voix à un candidat, le recours aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont l’internet.
La pratique de péréquation, dans le déploiement de matériels électoraux,
notamment ceux sensibles, la distribution tardive des bulletins de vote ou des cartes
d’électeurs, ainsi que le ramassage irrationnel des plis, œuvre des préposés à la
logistique, contribue à créer l’inégalité, entre les candidats, pour servir, selon le cas, des

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fraudes électorales planifiées ou organisées.
Plutôt que de réduire ou contenir la fraude, l’usage de la machiner à voter, pour les
scrutins de 30 décembre 2018 et mars 2019 l’a, au contraire, amplifiée ; plusieurs
agents électoraux s’en sont servis au profit des candidats, dont les noms furent,
préalablement, identifiés par la machine, pour être déclarés vainqueurs, quelle que soit
l’issue du scrutin.
De même, et pendant que l’on croyait, la machine à voter comme un matériel
électoral sensible censé être sécurisé, à la veille du vote, par le président du bureau de
vote et dépouillement, nombreux ont été des cas où cet outil informatisé s’est trouvé,
pendant plusieurs jours, dans les domiciles privés des candidats qui ont fini par être
élus, donnant à leur plateforme électorale la quasi-totalité de sièges à l’Assemblée
nationale, au Sénat et aux différentes Assemblées provinciales.
Ainsi qu’on le voit, la fraude affecte le comportement des agents et responsables
électoraux, les électeurs, les compétiteurs, les témoins et, dans une moindre mesure,
les aiguilleurs des élections. Elle dénature la sincérité du scrutin et doit être combattue
ou, à tout le moins, dénoncée.
Pour lutter contre la fraude, le législateur congolais insiste sur sa dénonciation,
auprès de l’autorité compétente, en vue d’une sanction conséquente. Il s’agit du
candidat indépendant ou son mandataire, du parti ou regroupement politique, qui a
présenté sa candidature à l’élection disputée ou leurs mandataires.

§ 3. Les conséquences de la fraude électorale

Pour peu que l’on puisse remonter, dans la nuit de temps, on s’aperçoit que la
fraude existe depuis l’institution du vote comme moyen de désignation des personnes
à l’exercice d’un mandat politique ou d’une fonction publique.
Souvent utilisée, pendant la lutte politique et, dans le but d’influencer les résultats
électoraux, la fraude est un phénomène complexe auquel chaque pays est confronté et
qu’il tente d’enrayer.
215

Les études sur la fraude électorale prouvent à suffisance la difficulté à sérier ses
conséquences, dans la conduite d’une élection. Ainsi, sans se prêter à une
homogénéisation des techniques utilisables ni à une exhaustivité, l’on peut affirmer
qu’elle entrave l’exercice de la démocratie, autant qu’elle restreint la légitimité du
pouvoir et affecte la gouvernance politique.

A. L’entrave à l’exercice démocratique du pouvoir

Dans une démocratie représentative, la période électorale est l’un des moments

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forts de la vie politique. L’élection exprime le pluralisme politique et fonde la
démocratie. Elle peut, en cas de dysfonctionnement ou de dérapage, dans le
déroulement du scrutin et de la proclamation des résultats, porter atteinte à la liberté
et à la sincérité du vote.
Cette liberté suppose, pour que les électeurs ne soient pas obstrués, dans
l’expression de leur choix, que les bureaux de vote soient, suffisamment, pourvus des
bulletins de vote, les listes électorales soient crédibles et non falsifiées, la sincérité des
opérations de vote et de dépouillement des résultats soit assurée.
En Afrique, plusieurs pays sont confrontés aux manipulations des résultats
électoraux traduisant, en même temps, des agissements d’une administration
électorale partiale et au service du pouvoir en place ou des électeurs instrumentalisés
par les acteurs politiques de l’opposition qui, en plus de la méconnaissance de la loi
électorale, sont incapables d’accepter et/ou de supporter une défaite électorale.

1. La modification des règles du jeu

La tenue d’un bon scrutin exige la mise en place d’un dispositif juridique qui, tout
en participant à son organisation transparente, favorise, en même temps, la gestion
rationnelle du vote. Ce dispositif vise à assurer une égale et ouverte compétition
politique.
Sa modification doit, autant que faire se peut, obéir au besoin d’accroissement
démocratique, évitant d’entacher la crédibilité du vote ou d’entraver la volonté du
corps électoral, encore moins, de restreindre la liberté du suffrage.
L’observation de la vie politique africaine incite à reconnaître que, dans la
perspective de la conquête ou la conservation du pouvoir, la modification, à la veille du
scrutin, des règles du jeu électoral est souvent envisagée. Elle favorise, en même temps,
une certaine opacité dans la conduite et la gestion du processus électoral, la révision
unilatérale du cadre juridique des élections, le contrôle de l’administration électorale
ou encore le cantonnement des électeurs, devant les défis qu’exige la tenue d’un
scrutin crédible, honnête et transparent.
216

Qu’il s’agisse du Burkina Faso en 2000, du Cameroun en 1997, de la Côte d’Ivoire


en 1995, du Gabon en 2001, de la Guinée en 2010, du Togo en 2005, de la République
Centrafricaine en 1998, de la République démocratique du Congo en 2011ou du
Zimbabwe en 2008, les soupçons des fraudes électorales ont été, dans une large
mesure, attribués à la modification, à l’approche ou en pleine compétition politique,
des règles du jeu électoral.
Autant qu’elle entrave l’exercice de la démocratie, l’entreprise participe à la
déformation du vote, par l’attribution frauduleuse des suffrages.

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2. L’attribution frauduleuse des suffrages

Moyen privilégié d’accession au pouvoir, l’élection n’est pas à l’abri des


manipulations. Quelques artifices ont été souvent imaginés, pour en réduire la
sincérité et produire, par voie de conséquence, des résultats différents de la volonté
des électeurs. Ils sont d’usage fréquent, dans les milieux ruraux, très éloignés des
merveilles de la technologie et de l’observation électorale.
Poussée à l’excès, la logique de la tricherie autorise l’élaboration des stratégies, qui
s’appuient sur les pressions et autres manipulations sur les candidats, les électeurs et
l’administration électorale ; le tout, dans la perspective d’attribuer faussement les
suffrages aux candidats, qui ne les méritent, en tout cas, pas.
Les élections présidentielles américaines du 2 novembre 2004 ont donné la preuve
d’une discordance, dans l’État de l’Ohio, entre le vote populaire et celui des grands
électeurs, situation reconnue par les deux candidats en lice.
Les suspicions d’une fraude électorale à grande échelle étaient telles que la
démocratie américaine prenait le coup. Ainsi, pour éviter le discrédit du système
électoral américain, le candidat Al Gore résolut-il de reconnaître sa défaite, évitant un
décompte des voix et permettre ainsi l’élection, sous un goût amer, de Georges Bush.
Vis-à-vis des candidats, les manipulations sont d’origine financière, économique ou
psychologique. Les pressions financières sont, généralement, axées sur la corruption et
divers avantages promis en échange du retrait de candidature ou de report de voix. Les
influences économiques s’articulent autour des privilèges fiscaux ou douaniers ou de
l’allègement de la procédure de passation des marchés publics. Les maniements de
nature psychologique ont, habituellement, une dimension tribale, ethnique ou
religieuse.
À l’égard des électeurs, ce sont des contraintes économiques, des menaces
patronales, sanctions disciplinaires, privation de salaire et autres avantages sociaux ou
des représailles policières ou sécuritaires, qui affectent souvent leur liberté de vote.
217

Les manipulations sur l’administration électorale se révèlent nombreuses et


diverses. On pense, notamment, au caractère opaque et truqué du fichier électoral, au
bourrage d’urnes, à la falsification des listes électorales, à la rétention volontaire des
résultats électoraux ou à la conception d’un système informatique au service du
tripatouillage des résultats, en application frauduleuse de la loi électorale.
En France, on note qu’en novembre 2012, les militants de l’Union pour un
Mouvement Populaire étaient appelés aux urnes, pour élire un nouveau président,
scrutin qui ouvrit, naturellement, la porte de la candidature du vainqueur à l’élection

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présidentielle de 2017.
À l’issue d’une élection fortement disputée, les deux candidats en lice s’étaient
déclarés victorieux, avant même la proclamation officielle des résultats.
Le bourrage d’urnes et autres manipulations, au profit du candidat Jean François
Copé, ont révélé les limites de la transparence de cette consultation, pourtant utile,
pour l’image d’une formation politique dont les ambitions présidentielles se faisaient
de plus en plus jour. Le risque de l’éclatement du parti a certainement pesé, dans la
balance, pour commander la sagesse du candidat François Fillon à reconsidérer, non
sans peine, sa position initiale, celle contestant publiquement la victoire de son
adversaire.
Coincé, deux ans plus tard, dans l’affaire Bygmalion, Jean François Copé résolut de
démissionner, le 27 mai 2014, de la présidence du parti, transitoirement, dirigé par le
trio Juppé-Raffarin-Fillon jusqu’aux élections de 2016.
En République démocratique du Congo, la loi électorale indique qu’à la fin des
opérations de vote, le dépouillement se fait, séance tenante, devant les témoins,
observateurs, journalistes présents et cinq électeurs désignés par le président du
Bureau de dépouillement. L’absence des témoins, observateurs et journalistes n’est
pas un motif d’invalidation du scrutin, sauf si elle est provoquée de manière
intentionnelle et en violation des dispositions de la présente loi.
Ajoutée à l’immensité du pays, la désorganisation des partis politiques congolais a
contribué au détournement des suffrages, au niveau des Bureaux de vote et Centres
locaux de compilation des résultats, disséminés à travers l’ensemble de provinces.
Aucun parti, ni regroupement politique n’étant en mesure de déployer, à lui seul,
les témoins, dans tous les Bureaux de vote et de dépouillement, soit cinquante mille
quatorze en 2006 contre soixante-trois mille huit cent soixante-cinq en 2011, pour y
suivre ces opérations, certains se sont vus frauduleusement attribuer, dans une
élection pourtant à compétition ouverte, la totalité des suffrages des Bureaux de vote
et de dépouillement, voire du Centre local de compilation des résultats.
Élus dans ces conditions, quelques députés n’ont pu voir leur mandat validé, le
juge saisi du contentieux ayant décidé d’annuler l’élection, pour fraude (CSJ, 25 avril
218

2012, RCE 425/465/466/DN, Aff. Union nationale des fédéralistes du Congo,


UNAFEC en sigle contre Ngoy Mulunda Nyanga Emmanuel et la Commission
électorale nationale indépendante), violences électorales et autres irrégularités
imputées à un candidat (CSJ, 25 avril 2012, RCE 517/DN, Aff. Parti chrétien-
démocrate pour le développement intégral, PCDI, en sigle contre Baende Jean-Claude
et la Commission électorale nationale indépendante).
Dans l’hypothèse inverse, l’on note que la popularité du candidat Moïse Katumbi
Tchapwe aux élections législatives de 2006 lui a valu plus de 90 % des suffrages, dans

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une circonscription électorale de la ville de Lubumbashi, laissant l’occasion au
personnel de l’administration électorale de lui soutirer, frauduleusement, plusieurs
voix au profit d’autres, moins compétitifs.
Sans avoir affecté l’élection du candidat déclaré déjà vainqueur par la Commission
électorale indépendante, cette nouvelle technique d’attribution des suffrages a permis
l’élection irrégulière de bon nombre de candidats, leur vote n’ayant été, ni dénoncé, ni
contesté, devant l’autorité compétente, encore moins le juge électoral.

3. La déformation des résultats

Les règles de jeu en matière d’attribution des suffrages par le nombre de sièges en
compétition, dans une circonscription, le corps électoral, les suffrages valablement
exprimés, la réglementation du scrutin majoritaire à un ou deux tours ou celle de la
représentation proportionnelle, avec application de la règle du plus fort ou de la plus
forte moyenne, la fixation préalable du quotient électoral sont, en principe, simples et
connus, à l’avance, des acteurs impliqués. Il suffit de les maîtriser et d’assurer leur
correcte application, pour que les résultats électoraux reflètent la vérité des urnes.
Dans les pays sortis de crises, ceux en transition politique ou dans lesquels les
processus électoraux souffrent encore du déficit démocratique, les fraudes conduisent
à des violences politiques, des destructions méchantes et autres incidents meurtriers.
Un lien séculaire se crée entre fraudes électorales et violences politiques.
Même si les efforts de crédibilisation des processus électoraux sont réels, en
Afrique, les violences et conflits n’ont pas été toujours évités dans certains pays. Le
soupçon de déformation des suffrages, la rumeur sur la perte éventuelle du mandat
électif suffisent, pour qu’à défaut d’être contestés par la violence, les résultats
électoraux ne soient pas du tout reconnus ; les boucs émissaires étant vite pointés du
doigt.
Il importe de noter que, dans une compétition électorale, la tension politique est,
par principe, difficile à éloigner ; chaque acteur s’activant à mettre en action toute
sorte de stratégies, pour atteindre l’objectif, à savoir la conquête du pouvoir.
219

Dans plusieurs cas, en revanche, la fraude électorale apparaît comme un moyen,


pour entraver le processus en cours ou influencer les résultats électoraux. Et quand les
acteurs impliqués s’investissent, dans l’instrumentalisation politique, la méthode
relève d’une déviance de participation politique, ou d’une diplomatie de faire autrement
entendre sa voix, si celle-ci ne l’est pas assez.
D’un côté comme de l’autre, la fraude affecte la légitimé du pouvoir, remet en
cause le processus électoral et le système démocratique construit ou en construction.

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B. La restriction de la légitimité du pouvoir

Les théories sur la légitimité du pouvoir sont bien connues, pour qu’il soit
superfétatoire de les évoquer ici. On sait seulement qu’elles tendent à la création d’un
lien entre la procédure d’accession au pouvoir et son acceptation par les membres de
la collectivité concernée. Un pouvoir est légitime, lorsqu’il est assis sur les règles
établies et reconnues comme telles ; il doit, au besoin, bénéficier du consensus de la
majorité de ses destinataires. Le respect de la procédure de désignation des
gouvernants et l’adhésion d’une large majorité fondent, donc, le pouvoir légitime.
Quoique renforcé par la légalité, le pouvoir, même issu d’une élection, est
susceptible de perdre toute légitimité, s’il a été acquis par fraude ; celle-ci rendant
celui-là fragile ou, à tout le moins, inefficace.
La fraude occasionne, dans ce cas, l’illégitimité et, partant, l’inefficacité du pouvoir.
D’un pouvoir illégitime à celui inefficace, il n’y a qu’un pas ; le premier affectant,
naturellement, la perception du second.
L’observation des processus électoraux africains conduit à la reconnaissance des
régimes établis, certes, sur la base de la légalité constitutionnelle, mais politiquement
affectés par une légitimité, tantôt timide (Gabon, Guinée, République démocratique
du Congo), tantôt extorquée (Kenya, Togo, Zimbabwe) ou imposée (Côte d’Ivoire).
Dans ces conditions, la gouvernance politique, que l’on croit fondée sur un dispositif
juridique, lui-même, sujet à caution, ne peut que subir le coup.

C. La fraude affecte la gouvernance politique

De compréhension variable, la gouvernance est difficile à percevoir, tant la notion


se prête à traduire des réalités diverses relevant, naturellement, de plusieurs secteurs
d’activités. La gouvernance peut être politique, judiciaire, administrative, économique,
financière, sociale ou culturelle. Tous les pays du monde en sont concernés.
Vu sous cet angle, on pourrait douter de l’existence d’une théorie de la
gouvernance en face de ces définitions et pratiques. Et quand bien même la notion
220

s’intéresse à la manière de gouverner la vie, elle devient complexe, ne traduisant, ni


une simple action d’administrer, encore moins, une question purement éthique.
Il est, cependant, autorisé de reconnaître que la gouvernance renvoie à l’art ou à la
manière de gouverner ou d’administrer ; elle oriente ces décisions vers la satisfaction
des besoins bien légitimes des destinataires et constitue, de ce fait, un enjeu de taille
dans l’action publique.
Collée à l’adjectif politique, la gouvernance relève plutôt de la pratique, dont la
mise en œuvre est fondamentale, dans l’exercice du pouvoir. Elle traduit, en quelque

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sorte, le processus de prise des décisions et la capacité de les faire aboutir ; bref, la
manière d’exercer le pouvoir politique.
Dans la perception de la gouvernance politique, la fixation de la source du pouvoir
est déterminante. Rares sont, en effet, les Constitutions modernes, qui ne situent la
source du pouvoir dans le peuple, l’exerçant directement par voie de référendum ou
d’élections et, indirectement, par ses représentants.
Adoptée, le 30 janvier 2007, à Addis-Abeba, la Charte africaine de la démocratie,
des élections et de la gouvernance affirme la volonté des États d’œuvrer, sans relâche, à
l’établissement des régimes constitutionnels, l’approfondissement et la consolidation
de la démocratie, de l’État de droit, de la paix, de la sécurité et du développement des
pays.
Elle insiste sur la tenue régulière d’élections libres, démocratiques, transparentes et
justes, la promotion des meilleures pratiques, dans l’organisation des élections aux fins
de la stabilité politique et la bonne gouvernance.
On voit bien combien l’organisation d’élections libres, transparentes et justes peut
avoir de lien avec la démocratie et la gouvernance politique. On doit, cependant,
garder à l’esprit que la démocratie porte, en elle-même, l’instauration d’un ordre
désirable, au sein d’une communauté politique.
Une convergence entre démocratie et gouvernance politique peut, ainsi être trouvée
dans l’établissement, certes, de cet ordre, mais également, dans l’organisation
d’élections libres et transparentes.
L’observation permet d’induire que, si une certaine convergence est possible entre
élection, démocratie et gouvernance politique, des logiques divergentes semblent
encore l’emporter dans l’organisation effective des élections.
Entachées d’irrégularités et de fraudes, les élections altèrent l’exercice du pouvoir
et l’utilité même de la démocratie ; elles accentuent les facteurs de crise, remettent en
cause la légitimité du pouvoir et la gouvernance politique.
221

Chapitre V

LES MODALITÉS DE RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS


ÉLECTORAUX

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Dans les sociétés habituées à l’organisation régulière des élections, le règlement du
contentieux a vocation de s’assurer de la régularité des actes accomplis, la sincérité des
résultats et, par voie de conséquence, l’intégrité du vote.
Mieux, une élection est bien préparée et correctement organisée, moins fastidieuse
sera la gestion du contentieux. Dans ce domaine, la notion couvre une double
perception, extensive et restrictive, à la fois.
Au sens général, le contentieux dérive d’un litige, une réclamation ou un différend,
entre deux ou plusieurs personnes, qui décident de le soumettre à un arbitre choisi par
elles ou désigné par la loi. Le contentieux suppose, donc, l’existence d’un litige, la
présence des parties litigantes et l’arbitrage d’une tierce personne.
La conception extensive du contentieux se décline, en revanche, un ensemble des
règles, procédures et pratiques au service du règlement administratif ou juridictionnel
d’un différend électoral.
Plutôt que de s’opposer, les deux acceptions de la notion se complètent et
convergent vers l’existence d’un différend, sollicitant l’intervention d’un arbitre
désigné par la loi ou les parties litigantes, se servant, dans l’exercice de sa mission, des
règles et procédures établies, mais également des bonnes pratiques d’usage en la
matière.
Le contentieux électoral comprend, en lui-même, une forte diversité, combinant
celui des actes préparatoires et des résultats.
Dans une démocratie, on admet que le contentieux apparaisse comme la technique
la mieux indiquée pour assurer, autant que possible, l’équité et la représentation
démocratique. On peut, à cet effet, se permettre d’affirmer qu’il n’y a pas de véritable
élection démocratique et crédible sans contentieux 373.

373
MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », op. cit., p. 139.
222

L’organisation d’un contentieux électoral et sa fiabilité constituent, de nos jours,


des baromètres indispensables de jaugeage de la légitimation des procédures utilisées,
dans la désignation des gouvernants et l’acceptation de leurs politiques publiques.
Se déroulant à plusieurs niveaux du processus électoral, le contentieux fait appel à
une diversité d’organes chargés de contrôler, autant la régularité que la sincérité du
vote.
On observe, en même temps, que rattachées à l’idée de la souveraineté nationale et
même parlementaire, certaines législations n’ont pas hésité de confier la gestion du

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contentieux électoral à un organe politique en l’occurrence, une assemblée
parlementaire.
La tradition française d’avant 1958 confiait d’ailleurs à chaque assemblée
parlementaire le pouvoir d’apprécier, selon sa propre procédure, la régularité de
l’élection de ses membres.
Le système de contentieux politique interdit toute intrusion du juge, dans la
vérification de la crédibilité de l’élection des membres d’une assemblée parlementaire.
À son actif, on signale la protection politique des élus et l’exclusion de l’ingérence
juridictionnelle et gouvernementale sur la constitution de la majorité parlementaire.
Comme on le voit, le système est loin de satisfaction, les bénéficiaires n’étant pas
toujours à l’abri, en raison des préférences politiques, des critiques de leurs adversaires
et de l’opinion publique.
D’autres législations organisent le contrôle juridictionnel des élections, modèle
qu’il convient de préférer parce que, se situant dans le rôle traditionnel du juge, dont
l’intervention s’accompagne, bien souvent, d’une variété de contentieux administratif,
juridictionnel et répressif.
La réglementation de la répression des comportements qui, au moment de
l’organisation et la conduite du scrutin, violent la loi pénale participe à la codification
et, partant, la mise en place du droit pénal électoral. Ces actes se commettent tout au
long du processus de votation, notamment, pendant les opérations préparatoires au
scrutin, voire même à l’issue du vote.
L’intérêt de la distinction entre ces différents contentieux réside, dans la
détermination de la compétence de chaque organe de contrôle et des règles de
procédure à suivre. Dans ce domaine, en effet, la répartition des compétences
contentieuses est tout aussi complexe que variée.
L’existence d’une pluralité de contentieux, ainsi que la diversité des procédures
applicables induisent sur la possibilité qu’un seul juge soit compétent, pour connaître
tous les aspects du contentieux électoral ; le juge du contentieux des listes électorales
ou des candidatures ne peut être le même que celui de la campagne électorale ou des
résultats.
223

À l’occasion du processus électoral, plusieurs actes violant la loi électorale ou le


Code pénal peuvent se commettre, pour donner lieu à un contentieux répressif
distinct et indépendant du contentieux électoral proprement dit. Cette situation rend
difficile, voire complexe la perception de la notion même du contentieux électoral 374.
À cette fin, le législateur congolais opère une harmonieuse et rationnelle
répartition des compétences entre les autorités administratives, les juridictions
électorales et le juge pénal, justifiant ainsi l’étude séparée du contentieux préparatoire
à l’élection de celui des résultats.

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Une fois le règlement juridictionnel du contentieux intervenu, il faut s’assurer de la
validation des pouvoirs des membres des nouvelles assemblées parlementaires en vue,
notamment, de la constitution d’une majorité capable de soutenir le programme
d’action du gouvernement issu des élections.
Un regard comparatif de la gestion du contentieux électoral, par le juge africain,
permet de dégager un certain nombre de paramètres, de nature à saisir la portée de la
vérité des urnes.

Section 1. Le contentieux préparatoire à l’élection


Plusieurs opérations précédant la tenue d’un scrutin sont de nature à faire naître
une diversité de contestations, susceptibles d’être portées devant l’autorité
administrative, la juridiction judiciaire, administrative ou répressive. Il s’agit, en
l’occurrence, de l’inscription sur les listes électorales, la réception et le traitement des
candidatures et la campagne électorale.

§ 1. Le contentieux des listes électorales

La présentation des règles de procédure contentieuse permet de se faire une idée


sur son cadrage légal, pour que soient clairement retracées l’intervention du juge et la
force de ses décisions.

A. Les règles de procédure

La fiabilité des listes électorales résulte de la régularité que l’administration assure


à la tenue effective d’une élection, même en période de turbulence politique ou
pendant la vacance du pouvoir.

374
ESAMBO KANGASHE J.-L., La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve du
constitutionnalisme. Contraintes pratiques et perspectives, op. cit. p. 216.
224

Portant sur des matières de compétence de droit commun, notamment les


questions de domicile, de résidence, du statut matrimonial, de nationalité, d’état et de
capacité des personnes, le contentieux des listes électorales est, pour l’essentiel, géré
par le juge judiciaire.
L’intervention du juge administratif peut, également, être sollicitée, soit pour
encadrer le comportement des autorités, chargées de l’administration électorale, soit
pour vérifier la régularité et la conformité à la loi des opérations d’établissement des
listes électorales. Lorsque, avant le délai légal, une autorité administrative prend la

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décision de clôturer les opérations d’enrôlement des électeurs, celle-ci peut être
invoquée devant le juge administratif qui est, à ce titre, juge de l’excès de pouvoir.
Lorsqu’un fait infractionnel est commis ou constaté, à l’occasion de la confection
des listes électorales, le juge pénal intervient pour rétablir l’ordre public. Il en est de
même du juge constitutionnel, qui peut être invité à restituer la légalité
constitutionnelle interrompue par des manœuvres ou pratiques, portant atteinte aux
dispositions constitutionnelles, qui garantissent les droits des particuliers.
En droit administratif français, on admet le caractère non détachable des
opérations préélectorales des actes administratifs, qui y sont posés, pour autoriser
l’intervention, non pas du juge électoral, mais du juge administratif et, spécifiquement,
de celui de l’excès de pouvoir.
Saisi du recours en contestation de la régularité ou la légalité d’un acte lié à
l’enregistrement d’un électeur, le juge peut, soit le rejeter, lorsque le recours n’a pas
respecté les règles de procédure exigées, soit se déclarer incompétent, soit encore
trancher sur le fond du litige, au cas où la matière relève de sa compétence.
Indépendamment de la décision du juge administratif et sans considération de
celle que peut rendre le juge électoral, le juge pénal peut, en cas d’infraction, conduire
jusqu’à l’instruction de la cause, pour apprécier la légalité de l’acte incriminé et la
responsabilité de l’auteur.
De même, et sans être lié à la décision du juge pénal, le juge constitutionnel peut,
en cas de saisine, annuler ou non un acte qui, au moment de l’élection, a violé la
Constitution. Le moins que l’on puisse dire en cette matière est que, tout en œuvrant
pour la régularité et la sincérité du scrutin, les juges administratif, pénal et
constitutionnel sont autonomes et indépendants.
Dans les pays comme le Cameroun et le Sénégal, l’observatoire national des
élections est associé au règlement juridictionnel des conflits électoraux. Il en est
autrement de la République Démocratique du Congo, qui autorise que le contentieux
d’inscription sur les listes électorales soit mené de manière à faire ressortir une claire et
rationnelle collaboration entre l’autorité administrative et les juridictions
compétentes.
225

1. La gestion administrative

L’inscription sur les listes électorales peut donner lieu à des réclamations auprès de
l’autorité administrative compétente, en l’espèce, le président du Centre d’inscription.
Ces réclamations portent, généralement, sur une omission sur la liste électorale ou une
erreur, dans l’inscription du nom ou d’un de ses éléments.
La personne lésée, par l’une ou l’autre de ces opérations, peut adresser, endéans
sept jours qui suivent l’affichage des listes électorales, par écrit ou déclaration actée sur

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le procès-verbal, sa requête au président du Centre d’inscription 375. Il en est,
également, de toute personne dont l’inscription est contestée et ce, après en avoir reçu
notification de cette décision 376.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, le président du Centre d’inscription statue, par
une décision motivée, après concertation avec les autres membres, dans les sept jours,
qui suivent la réception du recours.
À défaut d’une suite, dans le délai prescrit, le requérant est d’office rétabli dans ses
droits 377, le silence de l’autorité administrative n’ayant pas pour effet de priver
l’électeur de son droit d’être inscrit sur la liste électorale.

2. Le règlement juridictionnel

La décision administrative autorisant ou non l’inscription d’une personne sur la


liste électorale peut être contestée, dans le délai de trois jours francs, devant le tribunal
administratif, qui dispose de deux jours francs, pour rendre sa décision.
Dans la pratique, il peut arriver que la requête soit déposée, dans le délai légal, au
secrétariat de la juridiction compétente plutôt qu’au greffe. Pour autant qu’elle est
destinée au président de la juridiction, pareille requête est recevable, elle produit les
mêmes effets juridiques qu’une demande enregistrée au greffe de la juridiction
compétente.
Il est à noter que le jugement du tribunal administratif est, dans les trois jours du
prononcé, susceptible d’appel devant la Cour administrative d’appel, qui doit se
prononcer dans les deux jours de sa saisine 378.
Telle qu’organisée, la gestion du contentieux des listes électorales est susceptible
de se dérouler, pour chaque ressort d’une Cour administrative d’appel, durant vingt-
quatre jours au maximum.

375
Art. 40 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
376
Art. 44 de la même Loi.
377
Art. 41 de la même Loi.
378
Art. 42 de la même Loi.
226

À l’issue du règlement définitif de ce contentieux, la Commission électorale


nationale indépendante publie les listes définitives des électeurs. Cette procédure a été
rarement suivie en 2005, 2011 et 2018, la centrale électorale préférant faire application
de l’article 8 de la loi électorale, aux termes duquel elle publie, trente jours avant la
campagne électorale, la liste définitive des électeurs par Centre de vote, avec
indication du Bureau de vote.
La liste électorale est, selon le cas, affichée, pour consultation au bureau de
l’Antenne de la Commission électorale nationale indépendante, au plus tard quinze

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jours, avant la date du scrutin 379.
Comme on peut s’en rendre compte, l’intervention du juge judiciaire a lieu, après
le traitement, par l’autorité administrative, du contentieux des listes électorales. La
particularité de cette procédure répond à l’exigence de célérité de la procédure
caractérisée, par ailleurs, par la brièveté des délais et les contraintes d’organisation
d’une élection.
Le droit comparé malien reconnaît cette compétence au juge civil obligé de
statuer, dans dix jours, et à la Cour d’appel, endéans quinze jours, de leur saisine.

3. Le contentieux pénal

Première étape, dans l’organisation et la conduite du processus électoral,


l’inscription sur la liste des électeurs peut s’accompagner d’actes enfreignant la loi
pénale, pour que soit justifiée l’intervention, soit de l’officier du ministère public, soit
du juge répressif compétent.
En rapport, justement, avec le contentieux pénal, plusieurs infractions prévues ou
non par le Code pénal fondent l’intervention du juge. On pense, notamment, au faux
en écriture commis pendant l’opération d’enrôlement des électeurs 380, l’introduction
des boissons alcoolisées ou des stupéfiants dans un Centre d’inscription 381, au faux
témoignage 382, à la modification ou remplacement frauduleux d’une carte
d’électeur 383, la divulgation ou l’utilisation frauduleuse des renseignements individuels
communiqués à l’occasion des opérations d’identification et d’enrôlement des
électeurs, se rapportant à la vie personnelle ou familiale 384.
C’est, également, le cas du refus de fournir les renseignements exigés 385, du refus
ou omission volontaire d’enregistrer les renseignements requis 386, de la corruption 387,

379
Art. 8 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
380
Art. 45 de la Loi du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
381
Art. 47 de la même Loi.
382
Art. 48 de la même Loi.
383
Art. 49 de la même Loi.
384
Art. 50 de la même Loi.
385
Art. 52 de la même Loi.
227

de l’incitation à faire une fausse déclaration, de l’abstention à faire une déclaration ou


encore des violences et voies de fait 388.
La loi congolaise sur l’identification et l’enrôlement des électeurs punit de faux en
écritures, toute personne qui se fait identifier et enrôler sous un faux nom ou une
fausse qualité, celle qui, en se faisant identifier et enrôler, dissimile une incapacité
prévue par la loi, celle qui se fait inscrire frauduleusement sur une liste ou encore qui
se fait volontairement inscrire plus d’une fois 389. Pour cette dernière hypothèse, le juge
pénal peut ordonner son retrait sur toutes les listes électorales.

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Toute personne de nationalité étrangère, qui se serait rendue coupable de faits
pénaux prévus par cette disposition légale est susceptible d’encourir les peines prévues
pour faux en écriture 390.
On notera, également, qu’à l’issue de l’identification et l’enrôlement des électeurs
de 2005 et 2018, plusieurs cas de double inscription et d’inscription frauduleuse ont
été constatés et communiqués, pour compétence, aux différents offices des parquets
de Kinshasa. Si l’ensemble de dossiers n’a pas franchi le cap du parquet 391, les quelques
cas soumis aux juges de fond n’ont reçu aucune décision définitive.
La même loi punit des peines prévues à l’article 128 du Code pénal congolais,
toute personne qui, à l’occasion des opérations d’identification et d’enrôlement, aura
fait un faux témoignage ou livré un faux document, dans le but de conférer la qualité
d’électeur à un tiers. Il en est, également, de toute personne qui, dans une intention
frauduleuse, aura modifié ou remplacé une carte d’électeur.
À l’occasion de l’inscription sur les listes électorales, certains renseignements
individuels, ayant trait à la vie personnelle ou familiale d’une personne ne peuvent être
communiqués, divulgués ou utilisés que dans le but de faciliter l’opération électorale.
Le non-respect de cette obligation expose son auteur aux pénalités prévues à
l’article 73 du Code pénal congolais.
La présence des témoins et observateurs, pendant l’inscription sur les listes
électorales, participe à la transparence et la crédibilité de l’opération. Il importe de
noter, qu’un témoin ou un observateur qui aura troublé l’ordre public dans le centre
d’inscription, perturbé le déroulement normal des opérations ou n’aura pas prouvé
avoir satisfait aux obligations légales qui lui incombent, est passible d’une peine de

386
Art. 53 de la Loi du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
387
Art. 54 de la même Loi.
388
Art. 55 de la même Loi.
389
Art. 45, al 1er de la même Loi.
390
Art. 45, al. 2 de la même Loi.
391
Ils avaient été, pour diverses raisons, classés sans suite.
228

servitude pénale ne dépassant pas trente jours et d’une amende n’excédant pas
100 000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement 392.
Pourra être punie d’une servitude pénale de deux à trois ans et d’une amende
n’excédant pas 500 000 francs congolais ou de l’une de ces peines seulement, toute
personne qui incitera une autre à faire une fausse déclaration ou à s’abstenir de faire
des déclarations imposées par la loi, aura usé de voies de fait, de violences ou de
menaces verbales ou écrites, d’intimidations ou lui aura fait craindre la perte de son
emploi ou son appartenance à une formation politique ou exposera à un dommage, sa

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personne, son ménage ou son bien. Cette amende est portée à 5 000 000 francs
congolais à l’encontre de tout parti politique, toute association, personne morale ou
organisation, qui se rendra coupable des faits ci-haut énumérés 393.
En droit français, la loi punit d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de
15 000 euros, l’inscription, sur la liste électorale, sous un faux nom ou une fausse
qualité, la dissimulation d’une incapacité, l’inscription sur deux ou plusieurs listes
électorales 394. Ces délits sont censurés par le juge pénal, dans le but d’intimider les
malhonnêtes.
Il existe, néanmoins, une gamme d’actes qui n’appellent, certes, pas des sanctions
pénales, mais susceptibles d’être traités, en raison de l’absence de sincérité des listes
électorales, soit par le juge administratif, soit par le juge constitutionnel.
Ainsi qu’on le voit, l’intervention du juge pénal à cette étape du processus électoral
est de nature à décourager la commission des actes délictueux, en même temps qu’elle
participe à la crédibilisation du scrutin.

B. La nature et l’autorité des décisions du juge

La décision prise par l’autorité administrative en matière des contestations des


listes électorales est susceptible d’être évoquée, devant une juridiction compétente et
légalement instituée : elle n’est pas définitive. Il en est autrement de la décision de la
juridiction compétente qui, aux termes de la loi, est insusceptible de recours. Elle est, à
l’opposé de celle-là, définitive, parce que revêtue de la force de chose jugée qui couvre,
aussi bien le dispositif du jugement ou de l’arrêt que les motifs de la décision
intervenue.
Sans porter atteinte à l’autorité de la chose jugée d’une décision judiciaire
définitive, la récente jurisprudence française autorise qu’une erreur matérielle, non

392
Art. 52 de la Loi du 24 décembre 2004, telle que modifiée à ce jour.
393
Art. 55 de la même Loi.
394
Art. L. 86 de la Loi n° 2011-412 du 14 avril 2011 portant Code électoral français.
229

imputable au requérant et figurant dans l’un des visas de la décision, soit rectifiée 395.
Cette procédure n’est pas autorisée en droit congolais.

§ 2. Le contentieux d’éligibilité

L’inscription sur les listes électorales conduit à la constitution du fichier électoral,


opération qui autorise l’administration électorale à accomplir d’autres tâches, telles
que la réception de candidatures, l’impression et la distribution des bulletins de vote,
ainsi que l’organisation de la campagne électorale.

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Ces différentes activités pouvant altérer l’égalité des candidats ou l’équilibre de
traitement, il importe d’agencer correctement le contentieux s’y rapportant. Aussi, la
présentation de la procédure contentieuse permet-elle de percevoir la nature et
l’autorité des décisions à intervenir.

A. La procédure contentieuse

Dans le traitement du contentieux des candidatures, la procédure contentieuse


diffère, selon que la contestation est portée devant l’autorité administrative ou la
juridiction compétente. Une attention particulière doit être portée sur la répression
des actes, qui violent la loi pénale, à l’occasion de la réception des dossiers de
candidatures.

1. Devant l’autorité administrative

À chaque élection correspond la procédure de dépôt de candidature et du


règlement du contentieux. Conformément au calendrier arrêté, et selon le modèle
préalablement fixé, le candidat ou la liste peut faire acte de candidature à l’élection de
son choix.
Quel que soit le mode de scrutin, le candidat ne peut se présenter que dans une
seule circonscription électorale, pour chaque niveau d’élection. Il peut désigner un ou
plusieurs mandataires pour présenter, notamment la déclaration de candidature,
prendre connaissance d’autres déclarations de candidatures et accomplir tous les
autres actes de procédure d’enregistrement de celles-ci 396.
La procédure de présentation des candidatures n’est pas identique, dans toutes les
circonscriptions. Dans celle à un seul siège, par exemple, les partis ou regroupements
politiques ne présentent qu’une seule candidature ; chaque liste devant être établie, en
tenant compte de la représentation paritaire homme-femme et de la promotion de la

395
CE, 12 juillet 2018, n° 41 78 36 et CE, 17 juin 2019, n° 41 30 97.
396
Art. 12 al. 2 et 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
230

personne vivant avec handicap. L’inobservance de cette condition n’entraîne pas,


automatiquement, le rejet de la liste 397.
Dans une circonscription comptant plus d’un siège, les candidatures sont
présentées individuellement ou par liste, celle-ci devant, obligatoirement, comprendre
un nombre de candidatures égal à celui de sièges en compétition.
En vue de s’assurer de la régularité des dossiers de candidatures et de leur bonne
gestion, le législateur autorise tout candidat ou son mandataire de prendre
connaissance, sans déplacement, de tous les actes de candidature présentés par

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d’autres et d’adresser, par écrit, des observations éventuelles à la Commission
électorale nationale indépendante.
Ce droit s’exerce jusqu’au jour et heure fixés par la Commission électorale
nationale indépendante 398, seule autorité compétente pour examiner, au niveau
administratif, les dossiers de candidatures, les erreurs matérielles éventuellement
commises, ainsi que les contestations qui en ont résulté.
Faite par un candidat indépendant ou une liste, la déclaration des candidatures
comporte obligatoirement les éléments exigés, un récépissé étant remis, selon le cas,
au candidat, à la liste ou à leurs mandataires.
En cas de non-conformité de la candidature ou liste, la Commission électorale
nationale indépendante décide, dans un délai de dix jours, de la retourner, invitant,
selon le cas, le candidat, parti ou regroupement politique concerné ou leurs
mandataires à présenter une nouvelle liste ou une déclaration de candidature rectifiée.
À l’issue du règlement administratif du contentieux de candidatures, la
Commission électorale nationale indépendante arrête et publie la liste provisoire des
candidats 399. Écrite et motivée, sa décision peut être contestée devant la juridiction
compétente.

2. Devant la juridiction compétente

Les contestations des listes de candidatures sont portées, dans un délai de cinq
jours, qui suivent leur publication, par la Commission électorale nationale
indépendante, devant la Cour constitutionnelle, pour les élections présidentielles et
législatives, la Cour administrative d’appel, pour les élections provinciales, et le
tribunal administratif, pour les élections urbaines, municipales et locales.

397
Art. 13 al. 1er, 2 et 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
398
Art. 24 de la même Loi.
399
Art. 25, al. 1er de la même Loi.
231

En attendant l’installation effective des Cours administratives d’appel et des


tribunaux administratifs, leurs attributions sont, provisoirement, exercées par les
Cours d’appel et les Tribunaux de grande instance territorialement compétents.
Toute requête en contestation de candidature ou liste de candidatures est
examinée par une juridiction siégeant avec, au moins, trois membres. Seuls sont
autorisés à se pourvoir, le candidat, parti ou regroupement politique lésés ou leurs
mandataires.
Chaque juridiction compétente dispose de dix jours ouvrables, à compter de sa

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saisine, pour rendre sa décision. Passé ce délai, le recours est réputé fondé, sauf si la
décision de la Commission électorale nationale indépendante est justifiée par les
causes d’inéligibilité prévues par la loi.
Insusceptible de recours, le dispositif de l’arrêt ou du jugement est notifié à la
Commission électorale nationale indépendante et aux parties concernées 400.
Devant la juridiction contentieuse, l’objet du recours n’est pas, limitativement, fixé
par la loi. Il peut s’agir de la demande ne relevant pas de la compétence du juge, du
non-respect du délai du recours, du défaut de qualité du requérant, du non-paiement
du cautionnement électoral, de l’erreur matérielle, du conflit interne, au sein du parti
ou regroupement politique, de l’écart observé, dans une circonscription, entre le
nombre de candidats, sur une liste et celui de sièges à pourvoir ou de l’inéligibilité d’un
suppléant.
Pour tous ces cas, il convient de distinguer le contentieux d’éligibilité à l’élection
présidentielle de ceux des députés nationaux et provinciaux.

2.1. L’éligibilité à l ’él ection présidentiell e


Au regard de la jurisprudence, jusque-là disponible, la juridiction contentieuse s’est
prononcée sur la qualité du demandeur, la sollicitation d’un délai supplémentaire,
pour introduire une candidature, le recouvrement de la nationalité congolaise
d’origine, l’inéligibilité, pour conflit d’intérêts, au sein d’un parti politique et la
condamnation d’un candidat par une décision pénale irrévocable.
Eu égard à la qualité du demandeur, le juge a rejeté la requête introduite par le
président d’un parti politique, qui n’a pas, personnellement, fait acte de candidature à
l’élection présidentielle (CSJ, 13 avril 2006, RCDC 012/KN, Aff. La Convention
chrétienne pour la démocratie, CCD, en sigle et Jean-Pierre Lisanga Bonganga contre
la Commission électorale indépendante ; CSJ, 13 avril 2006, RCDC 015/KN, Aff. La
Convention pour la démocratie et la République, CDR, en sigle et André Alain
Atundu Liongo contre la Commission électorale indépendante 401 ; CSJ, 13 avril 2006,

400
Art. 27, al. 1er à 4 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
401
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, p. 8.
232

RCD 003/KIN, Aff. Mouvement de solidarité pour le développement, en sigle, MSD


contre la Commission électorale indépendante 402).
Le même juge s’est déclaré incompétent, pour statuer sur une demande tendant à
obtenir un délai supplémentaire, afin de permettre l’introduction d’une candidature à
l’élection présidentielle, après la publication, par la Commission électorale nationale
indépendante, de la liste provisoire des candidats à ladite élection (CC, 3 septembre
2018, RCE 007bis/PR, Aff. Mavungu Mboko Innocent contre la Commission
électorale nationale indépendante ; CC, 4 septembre 2018, RCE008/PR, Aff.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
Malutama Kayeye Hilaire contre la Commission électorale nationale
indépendante 403).
La perte de la nationalité congolaise d’origine ne peut faire obstacle au dépôt d’une
candidature, si le titulaire y a renoncé et recouvré sa nationalité congolaise (CC,
3 septembre 2018, RCE 004/PR, Aff. Badibanga Ntita Samy contre la Commission
électorale nationale indépendante ; CC, 3 septembre 2018, RCE 007/PR, Aff. Ifoku
Mputa Mpunga Marie Josée contre la Commission électorale nationale
indépendante 404).
N’est pas fondée, la demande poursuivant l’annulation de la décision rejetant une
candidature, en raison du conflit d’intérêts, entre un candidat 405 et son parti politique
ayant présenté, pour la même élection, une autre candidature (CC, 3 septembre 2018,
RCE 005/006/PR, Aff. Muzito Adolphe contre la Commission électorale nationale
indépendante 406). Il en est également d’une requête introduite par un candidat, dont le
dossier ne contient aucune preuve de paiement du cautionnement légal exigé (CC,
4 septembre 2018, RCE 003/PR, Aff. Moka Ngolo Jean-Paul contre la Commission
électorale nationale indépendante 407).
N’est pas, non plus fondé, le recours, contestant la liste provisoire des candidats à
l’élection présidentielle, le demandeur n’ayant apporté aucune preuve sur la signature,
par lui, de certaines pièces du dossier de candidature 408 (CC, 4 septembre 2018,
RCE 001/PR, Aff. Parti Lumumbiste Unifié, PALU, en sigle et Gizenga Fundji
Antoine contre la Commission électorale nationale indépendante 409).

Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, op. cit., p. 3.
402

Inédit.
403

404
Inédit.
405
Suspendu pour une durée indéterminée, le candidat Adolphe MUZITO a démissionné de son
parti politique avant de se présenter, sous les couleurs d’un regroupement politique dénommé Union des
Républicains, UR, en sigle, comme candidat à l’élection présidentielle. Pour la Cour, le demandeur n’a
pas coupé ses liens avec sa formation politique d’origine de laquelle, il a été élu député national.
406
Inédit.
407
Inédit.
408
À la place, c’est plutôt la signature du secrétaire permanent du parti, personne non revêtue des
pouvoirs statutaires, qui est apposée.
409
Inédit.
233

Pour avoir été condamné par une décision irrévocable de la Cour pénale
internationale, pour subornation des témoins en recourant à la corruption, le
requérant n’est pas fondé à solliciter l’annulation de la décision de la Commission
électorale nationale indépendante, rejetant sa candidature à l’élection présidentielle
(CC, 3 septembre 2018, RCE 002/PR, Aff. Mouvement de libération du Congo,
MLC en sigle et Bemba Gombo Jean-Pierre contre la Commission électorale
nationale indépendante 410).
Au regard de l’argumentaire développé dans les arrêts RCE 002/PR et

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RCE 005/006/PR, quelques commentaires sont autorisés.

2.1.1. L’arrêt RCE 002/PR du 3 septembre 2018


Juge du contentieux électoral, la Cour constitutionnelle n’exerce que les
compétences lui attribuées par la Constitution 411, sa loi organique 412 et la loi
électorale 413. Il est, à cet égard, renseigné qu’elle juge le contentieux des élections
présidentielles, législatives nationales et le référendum.
La juridiction connaît, également, des recours en contestation de la régularité des
candidatures, ainsi que des résultats des élections présidentielles, législatives
nationales et en proclame les résultats définitifs 414.
Dans le cadre du règlement du contentieux électoral, la Cour constitutionnelle
exerce une compétence d’attribution. Sauf interprétation de la Constitution 415 et ses
propres arrêts, pour correction éventuelle d’une erreur matérielle ; elle n’interprète
pas la loi ni une décision de justice rendue par une autre juridiction.
Lorsqu’il juge qu’un candidat condamné, par la Cour pénale internationale, pour
subornation des témoins, en recourant à la corruption, est inéligible, le juge a interprété
une décision de cette juridiction et outrepassé ainsi sa compétence. Il a, également,
manqué de préciser la durée d’inéligibilité, qui ne peut dépasser, aux termes de la loi
électorale, six ans 416 et qui ne concerne qu’une catégorie particulière des justiciables
coupables des infractions spécifiques.
On doit objecter la généralisation, par la Cour constitutionnelle, d’une inéligibilité
à vie, à l’égard des personnes condamnées, par une décision judiciaire irrévocable,

410
Inédit.
411
Art. 161, al. 2 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
412
Art. 81 et 110 de la Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
413
Art. 27, al. 1er, 74, al. 1er, 74 quinquies, al. 2 et 3 et 107 de la Loi électorale, telle que modifiée et
complétée à ce jour.
414
Art. 81 de la Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement
de la Cour constitutionnelle.
415
Art. 161, al. 1er de la de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
416
Art. 84, 86 et 87 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
234

pour crimes de guerre, crimes de génocide et crimes contre l’humanité, ainsi que celles
condamnées par un jugement irrévocable du chef de viol, d’exploitation illégale des
ressources naturelles, de corruption, de détournement de deniers publics, d’assassinat,
des tortures, de banqueroute et les faillis 417.
Lorsque le juge électoral assimile la subornation des témoins à la corruption,
infraction qui emporte, en cas de condamnation irrévocable, l’inéligibilité d’un
candidat, il s’attribue une compétence que ne lui confère aucun texte juridique.
À la base d’une jurisprudence porteuse d’insécurité juridique, cette décision trace,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
désormais, la ligne à suivre par les juridictions inférieures, en matière de gestion de
contentieux de candidatures.

2.1.2. L’arrêt RCE 005/006/PR du 3 septembre 2018


Dans sa décision n° 028/BUR/CENI du 24 août 2018, la Commission électorale
nationale indépendante déclare irrecevables les candidatures des indépendants, des
partis et regroupements politiques à l’élection du président de la République. Elle s’est
fait l’écho de sa loi organique, qui l’autorise à se saisir de toute question relevant de sa
compétence et d’en délibérer. Dans ce cas, elle est saisie en la personne de son
président ou son délégué 418.
Vraisemblablement saisie par le Parti Lumumbiste Unifié d’un éventuel conflit, qui
l’opposerait à un de ses membres, en la personne de Muzito Adolphe, du fait du dépôt
de sa candidature à l’élection présidentielle, sous les couleurs d’un regroupement
politique dénommé Union des Républicains, la Commission électorale nationale
indépendante omet, cependant, de préciser dans sa décision, les modalités de sa
saisine.
À l’analyse, l’intervention de la Commission électorale nationale indépendante,
dans ce dossier, donne une posture visiblement arbitraire ou, à tout le moins, d’un
excès de pouvoir.
On rappelle que, gérant le contentieux des candidatures à l’élection des députés
nationaux, le juge s’est déclaré incompétent, pour connaître d’une demande, visant le
règlement d’un conflit interne, au sein d’un parti ou regroupement politique (CSJ,
5 octobre 2011, RCDC/DN/006, Aff. Bambuka Busianda contre la Commission
électorale nationale indépendante 419). Il a décliné sa compétence à interpréter la loi
(CC, 8 septembre 2015, Const. 0089 420).

Art. 10, points 2 et 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
417

Art. 29, al. 1er et 3 de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi
418

organique n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission


électorale nationale indépendante.
419
Inédit.
420
Inédit.
235

Il s’observe que, dans la décision commentée, le juge se fait l’écho d’un conflit
d’intérêts, qui existerait entre le Parti Lumumbiste Unifié et le candidat Muzito
Adolphe 421. Celui-ci n’aurait pas 422 rompu ses liens avec le parti politique sur la liste de
laquelle il a été élu, en 2011, député national. Par cette argumentation, le juge s’est
attribué, une compétence qu’il ne détient, ni de la Constitution, ni de la loi électorale,
encore moins de celle portant organisation et fonctionnement des partis politiques.
Dans un autre registre, et sans devoir déterminer la nature des circonstances
objectives, qui auraient justifié cette prise de position, le juge s’est tout simplement

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autorisé un dangereux revirement de sa propre jurisprudence au service d’une
insécurité juridique.
Pour une juridiction dont les décisions participent à l’uniformisation de la
jurisprudence, à l’égard des cours et tribunaux inférieurs, il faut souhaiter l’arrêt rapide
d’une pratique que l’on croyait définitivement révolue, avec l’installation de la Cour
constitutionnelle.

2.2. L’éligibilité aux élections législatives


Plusieurs motifs peuvent justifier une requête en contestation d’une décision
administrative de rejet de candidatures à la députation nationale.
Au nombre de ces raisons, on cite le non-respect du délai, le défaut de qualité,
l’absence de paiement du cautionnement légal, la correction de l’erreur matérielle sur
le nom d’un candidat, la discordance entre le nombre des candidats déclarés et celui
de sièges à pourvoir, dans une circonscription électorale, l’inéligibilité d’un suppléant
ou la détention, par un candidat, d’une nationalité étrangère.
Introduit au-delà du délai légal, le recours en contestation de candidature à
l’élection des députés nationaux a été jugé tardif et, partant, rejeté (CSJ, 13 avril 2006,
RCDC 028/KIN, Aff. Kapinga Mubiayi Marie-José contre la Commission électorale
indépendante 423).
N’a pas été reçue, la requête sollicitant la validation d’une candidature, à l’élection
des députés nationaux, présentée, sans preuve d’existence du nom sur la liste d’un
parti politique (CSJ, 3 octobre 2011, RCDC/DN 021, Aff. Ngali Lopeka contre la
Commission électorale nationale indépendante 424).
Le paiement d’un cautionnement électoral étant une cause de recevabilité de la
candidature, le défaut d’y pourvoir aboutit à son irrecevabilité (CSJ, 13 avril 2006,

421
À défaut d’être résolu, par les dispositions statutaires, ce conflit relève, aux termes de l’article 32 de
la Loi n° 04/002 de 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, de la
compétence du tribunal de grande instance du ressort
422
Après sa suspension, pour une durée indéterminée, suivie de sa démission du dit parti.
423
Inédit.
424
Inédit.
236

RCDC 020/KN, Aff. Ehetshe Mpala David contre la Commission électorale


indépendante 425 ; CSJ. 13 avril 2006, RCDC 035/KN, Aff. Bokashanga Kwete
Honorine-Christine contre la Commission électorale indépendante, CEI, en sigle 426).
Le requérant, qui n’a produit au dossier aucune preuve de versement du
cautionnement électoral ni le récépissé de candidature, ne peut prétendre compétir à
l’élection des députés nationaux (CSJ, 1er octobre 2011, RCDC 017/024/KN, Aff.
Parti du Peuple pour le Progrès du Congo, PPPC, en sigle contre la Commission
électorale nationale indépendante 427).

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
L’erreur matérielle glissée dans l’orthographe du nom d’un candidat (CSJ,
3 octobre 2011, RCDN/DN/022, Aff. Yeki Bampembe Yaki Adrien contre la
Commission électorale nationale indépendante 428) peut être corrigée, sur décision de
la juridiction compétente (CSJ, 6 décembre 2011, RCDC 082, Aff. Shelina Mwanza
Salina contre la Commission électorale nationale indépendante 429).
Tout en rejetant une candidature, à l’élection présidentielle, pour conflit d’intérêts
avec un parti politique, dont il serait issu, le juge a validé la même candidature admise,
à la députation nationale, par la Commission électorale nationale indépendante 430.
Pour avoir déposé les listes de candidatures comportant le nombre de candidats
supérieur à celui de sièges à pourvoir, le Parti du Peuple pour la Démocratie et la
Reconstruction a vu ses listes de la province Orientale 431 et de la ville de Kinshasa432
contestées devant la juridiction compétente (CSJ, 5 octobre 2011, RCDC/KN 052,
Aff. Rassemblement congolais pour la démocratie Kisangani-mouvement de
libération, RCD-KML, en sigle contre la Commission électorale nationale
indépendante 433).
Dans cette décision, la Cour a, tout en rejetant, pour défaut de qualité dans le chef
de l’avocat, qui a signé le recours en contestation de candidature, esquivé la question
de fond, à savoir, la discordance entre le nombre de candidats sur la liste et celui de
sièges à pourvoir dans une circonscription.
L’influence du parti politique mis en cause, le Parti du Peuple pour la
Reconstruction et la Démocratie et la taille de la circonscription, qui compte quinze

Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, p. 11.
425

Idem, p. 35.
426

427
Inédit.
428
Inédit.
429
Inédit.
430
Il s’agit de la candidature de Monsieur Muzito Adolphe présenté par Union des républicains,
regroupement politique.
431
Dans les circonscriptions électorales de BASOKO, BONDO, DJUGU, FARADJE, IRUMU,
ISANGI, KISANGANI, MAHAGI, MAMBASA, NIZI, OPALA, RUNGU et UBUNDU.
432
Notamment, dans la circonscription de Kinshasa IV.
433
Inédit.
237

sièges, auraient vraisemblablement influé sur la décision du juge, qui a préféré laisser à
la Commission électorale nationale indépendante s’occuper de la correction de
l’erreur matérielle 434, qu’elle n’aurait probablement pas commise.
Découverte, au moment de la gestion du contentieux des résultats, l’inéligibilité
d’un suppléant ne peut avoir d’incidence sur le mandat d’un élu que, si elle a été
déterminante au moment du vote (CSJ, 28 février 2007, RCE/DN/KN/372, Aff.
Kikaya Bin Karubi contre Assumani Amuri 435).
Sans avoir été préalablement saisie d’une contestation de candidature, la Cour a, à

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
l’occasion de l’examen du contentieux des résultats, annulé l’élection d’un candidat,
dont le premier suppléant se trouvait, au moment du dépôt de la liste des
candidatures, dans une situation d’inéligibilité 436 (CSJ, 9 janvier 2007,
RCE/DN/KN 023, Aff. Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie,
PPRD, en sigle et Tunda ya Kasende Célestin contre la Convention pour la
Démocratie et le Développement, CDD, en sigle et Mulenda Mbo Milanda Jean 437).
La recevabilité d’une candidature à la députation nationale est, également,
conditionnée par la détention de la nationalité congolaise. Aussi, un candidat dont le
dossier de candidature est rejeté, pour détention d’une nationalité étrangère, peut être
rétabli dans ses droits, si le juge adjuge les moyens en appui de son recours (CC,
28 septembre 2018, RCE/DN/KN 021, Aff. Henriette Wamu Ataminya contre la
Commission électorale nationale indépendante 438).
En droit français, le juge électoral est autorisé à soulever, même d’office, et avant le
scrutin, les moyens d’ordre public liés à la qualité de l’électeur ou à l’inéligibilité d’un
candidat 439.

2.3. L’éligibilité aux élections provincial es


Régie par la loi, l’éligibilité aux élections provinciales est gérée, au plan
administratif, par la Commission électorale nationale indépendante et,
juridictionnelle, par la Cour administrative d’appel territorialement compétente.

434
En cette matière, en effet, la Commission électorale nationale indépendante ne peut procéder à la
correction d’une erreur matérielle que, sur décision de la juridiction contentieuse, préalablement, saisie à
cette fin.
435
Inédit.
436
L’éligibilité étant une question d’ordre public, elle peut être soulevée, même d’office, à toutes les
étapes de la procédure contentieuse. Dans le cas d’espèce, le premier suppléant qui était, au moment du
dépôt de la liste des candidatures, un fonctionnaire de l’État n’a pas versé au dossier la lettre de sa mise en
disponibilité.
437
Quatrième feuillet, inédit.
438
Inédit.
439
CE, 26 février 1973, Élections municipales de Mont foucand.
238

La loi précise que les arrêts et jugements rendus dans ce domaine sont
insusceptibles de recours 440.
Il est apparu que, dans l’arrêt du 28 février 2019, la section administrative de la
Cour d’appel du Sankuru, siégeant en matière de contentieux de candidature, à
l’élection de Gouverneur et vice-gouverneur de province, a annulé la décision de la
Commission électorale nationale indépendante, en ce qu’elle a déclaré recevable la
candidature du sieur Mukumadi Joseph Stéphane.
Saisie, en contestation de la décision de la Commission électorale nationale

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
indépendante, cette juridiction l’a annulée, considérant que sieur Mukumadi Joseph
Stéphane détiendrait deux nationalités, l’une congolaise et l’autre française (CAPS,
28 février 2019, RE 026, Aff. Regroupement politique Alliance politique CCU et
Alliés, dénommé Alliance contre Mukumadi Joseph Stéphane).
La juridiction contentieuse a, également, ordonné à la Commission électorale
nationale indépendante de radier le nommé Mukumadi Joseph Stéphane de la liste
des candidats gouverneurs de la province du Sankuru.
Contre cette décision, l’intéressé saisit, par requête valant appel du 1er mars 2019,
le Conseil d’État, pour l’entendre annuler l’arrêt entrepris et, le rétablir dans ses droits
consacrés, en l’espèce, dans la décision de la Commission électorale nationale
indépendante n° 32/CENI/BUR/19 du 15 février 2019, qui a déclaré recevable sa
candidature à l’élection du gouverneur de la province du Sankuru.
Dans un arrêt du 27 mars 2019 441, qui s’apparente à celui de principe, le Conseil
d’État affirme sa compétence à connaître de la cause, reçoit l’appel qu’il juge fondé et
annule l’arrêt entrepris.
Examinant sa compétence, le Conseil d’État note que :
en tant que la plus haute juridiction de l’ordre administratif, en République
démocratique du Congo, sa compétence à connaître de la matière électorale lui
soumise, dans la présente cause, sera fondée sur l’article 86 de la Loi organique
n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisant organisation, compétence et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif qui souligne, en la matière,
que la section du contentieux connaît de l’appel des arrêts ainsi que des décisions
rendues, en premier ressort, par les cours administratives d’appel et cela,
conformément à l’article 155, alinéa 2 de la Constitution actuellement en vigueur,
laquelle dispose qu’il (le Conseil d’État) connaît, en appel, des recours contre les
décisions des cours administratives d’appel 442.

440
Art. 27, al. 4 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
441
CE, 27 mars 2019, REA 002.
442
Sixième et septième feuillets, inédit.
239

Il constate avoir été saisi, in specie, en appel par un candidat gouverneur de


province en contestation de l’arrêt rendu le 28 février 2019 sous RCE 026, par la Cour
d’appel du Sankuru, siégeant en matière de contentieux de candidatures à l’élection de
gouverneur de province 443.
Recevant l’appel, le Conseil d’État note que :
l’alinéa 4 de l’article 27 de la loi électorale ne saurait trouver application, en ce
qui concerne l’arrêt rendu par la Cour d’appel faisant office de Cour administrative
d’appel, en matière de l’élection de gouverneur et vice-gouverneur de province 444.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105200
Il affirme que :
organisée par une loi ordinaire (loi électorale) de rang inférieur, l’interdiction
d’appel ne saurait concerner la loi organique qui ne fait aucune distinction entre les
matières électorales du niveau du contentieux des candidatures de celles touchant
au contentieux des résultats, laquelle loi investit, désormais, le Conseil d’État du
pouvoir de connaître de l’appel de tous les arrêts pris, voire de toutes les décisions
rendues, en premier ressort, par les cours administratives d’appel 445.

Il s’agit, soutient-il,
d’une option du législateur organique, du 15 octobre 2015, qui fait du Conseil
d’État, au-delà des cours administratives d’appel, la juridiction compétente en cas
de contestation des décisions, même des organismes publics et des organes
nationaux des ordres professionnels, nonobstant l’absence, voire l’interdiction de
voies de recours au niveau interne 446.

Se prononçant sur la pièce à produire pour prouver la nationalité congolaise, le


Conseil d’État affirme que :
Conformément à l’article 42, alinéas 1er et 3 de la loi sur la nationalité
congolaise, seul le certificat de nationalité, délivré par une autorité compétente de
la République, constitue la preuve légale de la nationalité congolaise. Que dès lors,
la Commission électorale nationale indépendante ne pouvait se baser que sur ledit
certificat de nationalité pour déclarer, en cet élément, recevable la candidature de
l’appelant 447.

Dans le développement sur cette question, il confirme que :


surabondamment, à supposer que le premier juge se soit fondé sur les pièces
versées au dossier par l’intimé, pour emporter sa conviction, à savoir la photocopie

443
Septième feuillet, inédit.
444
Huitième feuillet, inédit.
445
Neuvième feuillet, inédit.
446
Idem.
447
Quatorzième feuillet, inédit.
240

certifiée conforme à l’original du passeport français de l’appelant, les fiches de


passagers de quelques aéronefs qui auraient indiqué que l’intéressé serait de
nationalité française, visa d’établissement permanent en République démocratique
du Congo lui livré par la Direction générale de migration ainsi que les statuts de la
Société par action simplifiée Unipersonnelle déposés au greffe du tribunal de
commerce de Lilles-Métropole attestant la nationalité française de ce dernier, le
Conseil d’État rappelle qu’aux termes de l’article 42 de la loi sur la nationalité, tous
ces indices de détention d’une nationalité étrangère ne peuvent prévaloir sur un
certificat de nationalité congolaise délivré en bonne et due forme par le ministère
congolais de la Justice, certificat dont par ailleurs l’authenticité n’a été, en

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l’occurrence, ni attaquée, ni annulée en justice 448.

Par rapport à cette décision, trois commentaires sont autorisés, ils tiennent à la
nature juridique d’une requête valant appel, à la compétence du Conseil d’État en
matière de contentieux électoral et à la position arrêtée sur la question de double
nationalité, mais auparavant, il importe de rappeler le principe posé par le législateur.

2.3.1. Le principe posé par le législateur


Le législateur électoral pose le principe de la non-attaquabilité d’une décision
rendue, en matière de contentieux d’éligibilité, quelle qu’en soit la juridiction.
Pris en marge du principe constitutionnel de double degré de juridiction, ce choix
semble être dicté par les nécessités opérationnelles, qui accompagnent,
habituellement, l’organisation d’un scrutin, conformément au calendrier arrêté à cet
effet.
On rappelle qu’un calendrier électoral est une planification d’activités et
opérations, que l’on se propose de réaliser, en vue d’atteindre un objectif visé, à savoir
la tenue, à la date échue, d’une élection, de sorte que le retard pris, dans l’exécution
d’une activité, soit de nature à impacter sur celle de l’autre et différer, en conséquence,
la matérialisation de la dernière activité visée par la planification.
Aussi, admettre les voies de recours contre les décisions rendues par les
juridictions chargées du contentieux d’éligibilité induirait au report, sinon à
l’ajournement d’autres activités connexes, telles la convocation de l’électorat, le
lancement de la campagne électorale et l’organisation proprement dite du vote.

2.3.2. La nature juridique de la requê te v alant appel


La lecture combinée des dispositions de la loi organique sur les juridictions de
l’ordre administratif et celle électorale, portées aux voies de recours, permet
d’identifier ou non la notion de requête valant appel ; elle est, d’ailleurs, introuvable et

448
Quinzième feuillet, inédit.
241

étrangère à la pratique judiciaire congolaise. À la place, ce sont les notions d’appel, de


requête, de recours et de demande qui sont consacrées.
En droit, l’appel est une voie de recours ordinaire, autorisant un plaideur à
contester, devant la juridiction supérieure, la décision rendue par la juridiction
inférieure et qui lui fait grief. Il poursuit l’annulation ou la réformation de la décision
attaquée. C’est également une déclaration faite devant le greffier audiencier ou actée
au greffe de la juridiction d’appel. Elle comprend un ou plusieurs moyens et/ou
branches.

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Distincte de l’appel, la requête est une demande écrite formulée à une personne,
une institution, un organisme ou une juridiction investie du pouvoir de décision. C’est
un acte par lequel est formé un recours administratif ou contentieux, comportant une
ou plusieurs demandes. Excluant tout formalisme, la requête est présentée, soit sous la
forme d’une lettre missive, soit celle d’un formulaire établi, mais à remplir par le
requérant. Elle doit, sous peine d’irrecevabilité, comporter les éléments et mentions
exigées par la loi.
Le recours est, quant à lui, compris comme un acte par lequel une personne
sollicite de l’autorité administrative ou juridictionnelle une mesure ou une décision
relevant de sa compétence.
Ainsi comprises, les notions d’appel et de requête ne peuvent, techniquement, être
prises pour synonymes, qu’en l’absence d’une option clairement affirmée par le
législateur, pour que l’on considère une requête valant appel comme une modalité de
recours.
Juridiction chargée de l’interprétation de la loi, le Conseil d’État est suffisamment
outillé, pour aider à la compréhension, in causa, de cette nouvelle voie de recours, à
savoir requête valant appel lui proposée par la demande aux fins de l’adjuger ou pas.

2.3.3. La compétence du Cons eil d ’État en matière de


contentieux é lectoral
L’arrêt commenté fonde la compétence du Conseil d’État sur pied de l’article 86
de la loi organique portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif. Il s’agirait d’une compétence générale, qui ne
ferait aucune distinction, même en matière électorale 449.
À l’égard de la position du Conseil d’État, deux objections sont autorisées, l’une
liée à la spécificité de la matière électorale et, l’autre, à l’interprétation de la loi
organique portant organisation, compétence et fonctionnement des juridictions de
l’ordre administratif.

449
Sixième et huitième feuillets, inédit.
242

Sur le premier point, il n’est pas vain de rappeler le caractère spécifique de la


matière électorale amenant, par moments, le législateur à lui consacrer un dispositif
légal particulier. Il en est ainsi de l’ancrage du processus électoral ou de l’incrimination
de certains actes, dont le régime répressif complète celui du droit commun.
La particularité du droit électoral se découvre aussi par le cadrage des procédures
et opérations appelées à se réaliser dans la durée, pour atteindre l’objectif visé, à savoir
la tenue, à la date échue, du scrutin, programmé dans le calendrier électoral.
Retenus, dans le calendrier électoral, la réception et le traitement des candidatures

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n’ont lieu qu’après l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, ainsi que
le règlement du contentieux.
De même, aucune campagne électorale ni convocation de l’électorat ne peut être
envisagée, pendant que le contentieux d’éligibilité, s’il est enclenché, n’aurait pas été
vidé.
Il en résulte que l’option d’interdire tout appel contre un arrêt ou jugement rendu en
matière de contentieux d’éligibilité semble être dictée par les nécessités opérationnelles
de gestion d’une élection, plutôt que sur un éventuel conflit de législations.
À supposer que le Conseil d’État ait été saisi, pour trancher un conflit de
législations, il n’aura certainement pas manqué de relever, avec pertinence, qu’il s’agit
là d’une option à lever, s’agissant de la reconnaissance ou non de l’appel, entre la
solution générale offerte par la loi organique et celle spéciale édictée par la loi
électorale.
Or, en la matière, on sait que specilia generalibus derogant, principe dont le Conseil
d’État s’est fait écho, lorsqu’il affirme devoir appliquer, non pas la loi générale, mais
plutôt celle spécialement consacrée aux réclamations et contestations relatives à la
validité d’une candidature à l’élection de gouverneur de province 450.
S’il est vrai que la loi organique, sur les juridictions de l’ordre administratif,
aménage l’appel comme voie de recours ordinaire devant le Conseil d’État, contre les
arrêts rendus, en premier ressort, par les cours administratives d’appel, il est également
vrai que la loi électorale en exclut toute possibilité, dans le cadre bien précis du
règlement du contentieux d’éligibilité.
Contraire à la Constitution, qui reconnaît à chaque citoyen, le droit de recours 451,
l’interdiction d’appel, opérée par la loi électorale, ne concerne pas que la Cour
constitutionnelle, comme affirmé par le Conseil d’État 452, mais bien toutes les
juridictions, chacune dans la sphère de ses compétentes.

450
Onzième feuillet, inédit.
451
Art. 21, al. 1er et 61.5 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
452
Huitième et onzième feuillets, inédit.
243

En attendant sa modification par le parlement, la loi électorale est, sur ce point,


susceptible de contrôle de constitutionnalité a posteriori et, par voie d’exception,
devant la Cour constitutionnelle.
À l’égard de l’arrêt du Conseil d’État, la Commission électorale nationale
indépendante l’a, au départ, ignoré au profit de celui de la Cour administrative d’appel
du Sankuru 453.
S’exprimant, cette fois-ci, comme juge des référés, notamment en référé-liberté, la
plus haute juridiction administrative ordonna, le 9 avril 2019 454, la suspension de

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l’élection du gouverneur et vice-gouverneur de la province du Sankuru, jusqu’à
l’exécution de l’arrêt REA 002 du 27 mars 2019. Elle le fit, également, pour l’élection
du gouverneur et vice-gouverneur du Sud-Ubangi 455.
Aux termes de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif, le
Conseil d’État exerce les compétentes contentieuses et consultatives. Il peut assurer,
dans le cadre de ses compétences contentieuses, la médiation ou la conciliation entre
parties à un litige. Sa décision est, dans ce cas, rendue par une ordonnance en chambre
du conseil.
Le législateur précise que les juridictions administratives peuvent, à la demande
des parties, recourir à la médiation ou à la conciliation, avant de statuer sur le fond de
litiges dont elles sont saisies ; elles se prononcent dans un délai de trois mois, à
compter de l’introduction de la requête.
La demande, en médiation ou conciliation, peut ne pas aboutir à un arrangement.
En cas d’arrangement, entre parties, constat en est fait et coulé sous forme d’une
décision d’expédient. Dans le cas contraire, le dossier suit son cours normal jusqu’à la
décision finale prise conformément à la loi 456.
Siégeant à juge unique, la juridiction administrative statue comme juge des référés
et peut prendre des mesures provisoires, sans décider sur la demande principale ; celle
en référé concerne, soit les référés-suspension, soit les référés-liberté, soit encore les
référés-conservatoire.

453
Dans une déclaration faite à la presse, le 8 avril 2019, par le rapporteur de la Commission
électorale nationale indépendante, qui rappelait le caractère impératif des dispositions portées à
l’article 27 de la loi électorale.
454
Il s’agit de l’Ordonnance n° ROR 010 du 9 avril 2019, rendue dans un conflit opposant Monsieur
Joseph Stéphane MUKUMADI à la Commission électorale nationale indépendante.
455
Par Ordonnance n° ROR 011 du 9 avril 2019 dans la cause opposant Monsieur TAILA NAGE
Joachim et EZUGADE YETEMBANGI Patrick contre la Commission électorale nationale indépendante.
456
Art. 277 de la Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif.
244

Les référés-suspension ont lieu, lorsqu’une décision administrative fait l’objet d’une
demande en annulation ou en réformation, qu’il existe un doute sérieux, quant à sa
légalité, et qu’il y a urgence.
Saisi par une demande en référé-suspension, le juge peut ordonner la suspension de
la décision administrative attaquée, pour une durée qui ne peut excéder la date de la
décision à intervenir, quant au fond du litige soulevé, par la requête principale en
annulation ou en réformation, à savoir, huit jours à partir de sa saisine principale 457.
La décision en référé-suspension suppose la réunion de trois conditions ; elle

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concerne une décision administrative, faisant l’objet d’une demande en annulation ou
en réformation. La décision doit, ensuite, être affectée d’une sérieuse illégalité et qu’il
y a urgence à y mettre fin. La demande doit, enfin, être expressément formulée, pour
en obtenir la suspension.
Lorsque, en revanche, une décision administrative porte gravement atteinte, et de
manière manifestement illégale, à une liberté publique et/ou fondamentale, le juge des
référés saisi par demande en référé-liberté peut ordonner toute mesure nécessaire à la
sauvegarde de ladite liberté. Il se prononce, dans les quarante-huit heures de sa
saisine 458.
C’est dans ce sens qu’il convient de situer les deux ordonnances prises, le 9 avril
2019, par le Conseil d’État, suspendant l’organisation de l’élection de gouverneur et
vice-gouverneur des provinces du Sankuru et du Sud-Ubangi, considérant les
décisions administratives de la Commission électorale nationale indépendante
comme, portant gravement atteinte à une liberté fondamentale, à savoir le droit de se
porter candidat à une élection.
Lorsqu’à la suite d’une décision administrative ou l’absence de celle-ci, il y a lieu,
soit d’empêcher le maintien ou l’aggravation d’une situation dommageable, en fait, ou
irrégulière, en droit, soit de préserver les intérêts particuliers du demandeur ou celui
général, le juge saisi en référé-conservatoire peut, sans faire obstacle à l’exécution
d’aucune décision administrative, ordonner toutes les mesures utiles à la préservation
de la situation des parties à l’avenir.
Dans l’exercice des attributions de juge des référés, la juridiction administrative
dispose, ainsi qu’on le voit, des pouvoirs énormes d’appréciation, au regard des
mesures provisoires qu’elle entend prendre, pour sauvegarder les droits des
particuliers, maintenir l’intérêt général et la tranquillité publique.
Dans ce jeu de ping-pong, entre le Conseil d’État et la Commission électorale
nationale indépendante, survient subitement le bureau du Conseil supérieur de la

457
Art. 282 de la Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016.
458
Art. 283 de la même Loi organique.
245

magistrature, convoqué en urgence pour prêter, en quelque sorte, main-forte à


l’administration électorale, dans son refus d’exécuter l’arrêt du Conseil d’État.
Réuni, le 12 avril 2019, cet organe de gestion administrative des magistrats s’est
érigé en juridiction extraordinaire d’appel contre les arrêts du Conseil d’État, les
considérant d’inexistants et ne pouvant, par conséquent, pas recevoir exécution, parce que
rendus par une juridiction incompétente 459.
Dans sa réplique du 13 avril 2019, le Conseil d’État rendit public un communiqué,
signé de son premier président, aux termes duquel il fustige l’incursion du bureau du

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Conseil supérieur de la magistrature dans une matière, dont l’exclusivité de la
compétence lui revient, à savoir l’examen des appels contre les arrêts rendus, en
premier ressort, par les cours administratives d’appel.
Il y est, également, rappelé que,
conformément à la loi organique n° 08/013 du 5 août 2008 portant
organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature 460, ce
dernier est un organe de gestion administrative, budgétaire et disciplinaire du
Pouvoir judiciaire et qu’il n’a reçu, ni de la Constitution, ni de la loi la mission de se
substituer aux cours et tribunaux de la République…, ni son Assemblée générale, ni
son Bureau ne disposent de pouvoir juridictionnel pour interpréter, critiquer, ou
plus grave, déclarer d’inexistants, les arrêts rendus, dans leurs compétences
respectives, par le cours et tribunaux de la République 461.

Statuant sur les matières ne relevant pas de leurs compétences respectives, le


Conseil d’État et le bureau du Conseil supérieur de la magistrature se sont offerts, sur
la place publique, un imbroglio politico-judiciaire qui choque les esprits avisés.
Quelles que soient les critiques que l’on peut adresser à l’arrêt du Conseil d’État, il
ne revenait pas au bureau du Conseil supérieur de la magistrature de le déclarer
inexistant et ne pouvant, par conséquent, pas recevoir exécution. La Constitution
congolaise précise, à ce sujet, que la justice est rendue au nom du peuple, les arrêts et
jugements, ainsi que les ordonnances des cours et tribunaux, exécutés au nom du
président de la République. Il ne peut être créé des tribunaux extraordinaires ou
d’exception, sous quelque dénomination que ce soit 462.
On sait qu’une erreur judiciaire peut toujours se dissimuler, dans une décision
rendue par une juridiction régulièrement saisie. Il appartient à l’auteur de la corriger
par une autre couverte, cette fois-ci, des nouveaux éléments d’appréciation objective,

459
Lire dans ce sens, le Compte Rendu de la réunion du bureau du Conseil supérieur de la
magistrature du 12 avril 2019, inédit, p. 4.
460
Art. 2, 6-17de la Loi organique n° 08/013 du 5 août 2008 portant organisation et fonctionnement
du Conseil supérieur de la magistrature.
461
Lire le communiqué du Conseil d’État du 13 avril 2019.
462
Art. 149, al. 1er, 2, 3 et 4 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
246

dont le secret est détenu par les seuls juges qui l’ont rendue : c’est la pratique du
revirement de la jurisprudence.
Réfractaire à la décision du Conseil d’État, la Commission électorale nationale
indépendante résolut, finalement, de s’y soumettre par l’organisation, le 20 juillet
2019, de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur de la province du Sankuru463
remportée par la liste constituée des messieurs Mukimadi Joseph Stéphane et
Tchyabilo Nokolo Paul 464.

2.3.4. La question de la d ouble nationalité

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La position du Conseil d’État sur cette question est conforme à la loi sur la
nationalité congolaise, mais laisse entière la réflexion, sur un problème de fond posé
par l’éligibilité d’un citoyen congolais détenteur d’un passeport étranger 465 et titulaire,
en même temps, d’un certificat de nationalité 466 obtenu du ministre de la Justice et
garde de sceaux.
L’intéressé serait, également, bénéficiaire d’une mesure administrative de
circulation en République démocratique du Congo, à savoir, un visa d’établissement
permanent délivré par la Direction générale de migration.
L’éclairage de la plus haute juridiction administrative était attendu, sur l’influence
de toutes ces différentes pièces produites, dans le dossier, en relation avec l’inéligibilité
d’une personne qui, elle, est une question d’ordre public capable d’être soulevée,
même d’office, par le juge.
Sans qu’il ne soit besoin de rappeler l’autonomie de l’action pénale, qui aurait été
mise en mouvement devant le tribunal de paix d’Assossa à Kinshasa, se pose, quand
même, la question de représentation d’une catégorie de citoyens à un mandat électif.

3. Le contentieux pénal

Au moment de l’établissement des listes des candidatures, bien d’actes


répréhensibles peuvent se commettre. Pour chaque cas, le législateur congolais
s’efforce d’organiser un régime répressif singulier, mais couvrant une variété
d’infractions. On pense, notamment au faux témoignage, au faux en écriture, à l’usage

463
Suivant sa décision n° 055/CENI/BUR/19 du 25 juin 2019 portant modification de la liste des
candidatures des indépendants, partis et regroupements politiques à l’élection des gouverneurs et vice-
gouverneurs de provinces du SANKURU et du SUD-UBANGI.
464
Avec 68 % des suffrages exprimés contre 32 % obtenus par la liste constituée de messieurs
MENDE OMALANGA Lambert et BEKANGA N’SALA Patrick.
465
Il s’agit, en l’espèce, du passeport français n° 18 EE 88 252, avec un visa d’établissement
permanent en République démocratique du Congo.
466
Qui a servi à l’établissement d’un passeport congolais biométrique n° 0P0 11 869 en cours de
validité.
247

de faux, aux injures publiques, à la dénonciation calomnieuse, aux imputations


dommageables, aux coups et blessures volontaires ou encore aux violences et voies de
fait.
Pour toutes ces incriminations, l’action publique doit être correctement et
effectivement exercée. Sans paraître excessive, ni molle, elle doit être juste, opportune
et égale à tous les contrevenants.
Tel qu’aménagé, le contentieux pénal est indépendant d’autres ; les coupables
seront poursuivis, selon la procédure ordinaire, devant des juridictions pénales

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compétentes. Celles-ci pourront, en plus des peines privatives des libertés, ordonner,
le cas échéant, l’inéligibilité pour une période qu’elles déterminent.

B. La nature et les effets de la décision du juge

Les législations électorales déterminent, habituellement, la nature et les effets


attachés à la décision du juge chargé du règlement du contentieux de candidatures. Il
est de principe que la décision rendue, en matière de contentieux de candidatures, soit
revêtue de la force de la chose jugée et, donc, insusceptible de recours 467.
La raison est que, même si la régularité et la permanence de certaines opérations
préélectorales peuvent justifier l’usage des voies de recours, celles-ci ne sauraient être
un moyen, pour retarder ou différer la tenue du scrutin déjà programmé.
Il importe de noter qu’en cas de saisine du juge, la Commission électorale
nationale indépendante puisse attendre le règlement du contentieux, pour publier la
liste définitive de candidatures.
En droit malien, la Cour constitutionnelle a, par son arrêt n° 2013-09/CC-EL du
31 octobre 2013 portant proclamation définitive des candidatures à l’élection des
députés à l’Assemblée nationale, indiqué l’irrévocabilité de sa décision et sa
publication au Journal officiel de la République 468.

§ 3. Le contentieux de la campagne électorale

Le règlement du contentieux de la campagne électorale suppose la connaissance


préalable de la procédure contentieuse.

467
Art. 27 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
468
Arrêt n° 2013-09/CC-EL, inédit, p. 11.
248

A. La procédure contentieuse

La loi électorale congolaise organise, avec soin, la procédure contentieuse en


matière de campagne électorale, impliquant les autorités administratives, la juridiction
contentieuse et l’officier du ministère public.

1. La procédure administrative

La procédure administrative est, pendant la campagne électorale, assurée par la

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Commission électorale nationale indépendante en concertation avec le Conseil
supérieur de l’audiovisuel et de la communication.
La loi organise la liberté d’apposition, dans les conditions déterminées par la
Commission électorale nationale indépendante, des affiches, photos et autres effigies
de propagande électorale 469. Il appartient à chaque candidat, parti ou regroupement
politique, qui le désire, d’approcher les services compétents, pour connaître ces
conditions, lesquelles tiennent à l’équité, la justice, au respect de la loi et de l’ordre
public.
On rappelle qu’en perspective des élections générales du 27 novembre 2011, la
violation de cette disposition légale a conduit la Commission électorale nationale
indépendante à demander le respect de la loi par les contrevenants.
Instance de régulation des informations et médias, le Conseil supérieur de
l’audiovisuel et de la communication joue un rôle déterminant, pendant la campagne
électorale. C’est, en effet, lui qui arrête, en concertation avec la Commission électorale
nationale indépendante, les conditions d’accès aux médias publics aux fins de la
campagne électorale, veille au respect du principe d’égalité de production, entre les
candidats, en ce qui concerne la diffusion, dans lesdits médias, de leurs activités, écrits,
déclarations ainsi que la présentation de leur personne.
En cas d’inégalité, dans la répartition de temps d’antenne, dans les médias publics,
la structure de régulation des médias peut, à la demande du candidat, parti ou
regroupement politique lésé, rétablir l’égalité ; sa décision n’étant susceptible
d’aucune voie de recours.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication est, en revanche,
justifié à intervenir, à son initiative ou à la demande du candidat, parti ou
regroupement politique lésé, auprès des autorités compétentes, en cas d’inégalité dans
le traitement aux médias publics, pour obtenir sa correction470.

469
Art. 30 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
470
Art. 33 de la même Loi.
249

Par décision motivée et notifiée, il peut s’opposer à la diffusion d’une émission de


campagne, si les propos tenus sont injurieux, diffamatoires ou révèlent un
manquement grave aux dispositions constitutionnelles ou législatives. Sa décision est
contestable, dans les quarante-huit heures, devant le Conseil d’État 471.
Il ya lieu d’objecter le caractère discriminatoire de cette disposition, qui ne tient
pas compte, pour un pays aussi vaste que la République démocratique du Congo, du
lieu outre que la capitale, qui a servi à l’enregistrement ou la diffusion d’une émission
de campagne.

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L’équité suggère que l’on reconnaisse, selon le cas, cette compétence aux autres
juridictions administratives inférieures au Conseil d’État.

2. La procédure juridictionnelle

En règle générale, le contentieux de la campagne électorale est assuré par le juge


administratif, le juge répressif n’intervenant qu’en cas d’infraction au Code pénal.
C’est au juge administratif qu’il revient de contrôler la légalité et la régularité des actes
de campagne accomplis par les candidats, partis ou regroupements politiques.
À l’instar d’autres législations 472, le législateur congolais organise le contentieux de
la campagne électorale, devant le juge administratif, dont les décisions sont
inattaquables ; sa finalité étant de permettre l’organisation, à la date fixée, du scrutin, la
convocation des électeurs, ainsi que le déploiement du personnel et du matériel
électoral.
Une campagne électorale qui aurait, négativement, influé sur le déroulement du
vote peut, au moment de l’examen du contentieux des résultats, servir des pièces, pour
la juridiction saisie, et conduire, selon le cas, à l’annulation partielle ou totale de
l’élection.
En cette matière, il est conseillé au juge d’être actif et pragmatique pour apprécier,
souverainement, les différentes irrégularités et leur influence sur l’ensemble du résultat
électoral. On admet que, lorsque le résultat est serré, toute irrégularité, même
mineure, attire l’attention du juge, pour le conduire à l’annulation partielle ou totale
du vote.
Le même juge sera moins exigeant, si l’écart des voix entre candidats est plus
important. Il peut, dans ce cas, considérer les irrégularités comme sans influence
notable, sur l’ensemble de résultats et, valider ainsi l’élection contestée.

471
Art. 35 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
472
Notamment belge, brésilienne, burkinabé, camerounaise, française, gabonaise, guinéenne,
ivoirienne, kenyane, malienne, malgache, mauritanienne, nigérienne, tchadienne ou togolaise.
250

Pendant la campagne électorale, bien d’actes enfreignant la loi pénale peuvent se


commettre, pour que l’intervention de l’officier du ministère public ou de la
juridiction compétente soit envisagée.
S’agissant particulièrement de l’utilisation, à des fins de propagande électorale, des
biens, finances et personnel de l’État, des établissements, organismes publics et
sociétés d’économie mixte, la loi électorale reconnaît à toute autorité politico-
administrative, tout candidat ou parti politique et à toute personne la faculté de saisir
la Commission électorale nationale indépendante ou l’officier du ministère public,

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pour obtenir, soit la radiation de la candidature, soit l’annulation de la liste du parti ou
regroupement politique concerné 473.
En cas d’utilisation des biens publics à des fins de campagne électorale, la Cour
constitutionnelle, la Cour administrative d’appel et le tribunal administratif sont, selon
le cas, compétents.
Il importe de relever qu’aucune juridiction compétente n’a encore été saisie d’un
tel cas, nonobstant l’observation faite, lors de la campagne électorale, pour le scrutin
présidentiel du 28 novembre 2011, de l’apposition d’affiches et effigies du candidat
Joseph Kabila Kabange dans certains édifices publics 474.
Les dénonciations de cet acte ont amené le président de la Commission électorale
nationale indépendante à obtenir de la direction de campagne du candidat mis en
cause le respect de la loi.
La même attitude a été observée, pendant la campagne électorale de
novembre 2018, avec l’apposition, dans certains marchés, commissariats de police et
sociétés d’État, des photos et effigies du candidat de la majorité au pouvoir.
Au sujet du financement occulte de la campagne électorale, la dénonciation est,
généralement, faite devant la structure chargée de l’organisation des élections qui
peut, pour raison d’équité, le faire cesser. En raison de la brièveté de la durée de la
campagne, l’intervention du juge pénal apparaît, dans bien des cas, tardive, sinon
aléatoire.
On signale que la loi punit d’une amende de 20 000 à 100 000 francs congolais,
toute campagne électorale organisée en dehors de la période légale 475. Le recours aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont l’internet ou la
téléphonie cellulaire peut réduire la portée de cette disposition et, partant, la marge de
manœuvres du juge pénal.

Art. 36 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.


473

En l’espèce, à l’immeuble de la radio et télévision nationales et le complexe omnisport stade des


474

martyrs.
475
Art. 80 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
251

Fondamentale, en période de campagne électorale, la liberté d’expression, de


manifestation ou de rassemblement ne peut être gênée. L’auteur d’une telle entrave
encourt une servitude pénale principale de douze mois, au maximum, et une amende
de 100 000 à 200 000 francs congolais 476.
Le juge électoral peut être saisi d’un conflit des couleurs, des emblèmes ou des
symboles opposant les candidats, partis ou regroupements politiques. Ce contentieux
que l’on croit archaïque et sans intérêt, dans bon nombre de pays occidentaux,
conserve encore toute sa pertinence devant le juge électoral africain et, notamment,

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congolais.
Devant l’inexistence de jurisprudence, il est présomptueux d’évaluer l’action du
juge pénal dans ce domaine.

B. Le règlement du contentieux

L’ensemble des législations électorales prévoit un délai raisonnable, pour


l’organisation d’une campagne électorale. Ce délai varie d’une législation à une autre
et d’un pays à un autre 477. Dans certains pays comme la France, on a l’impression
d’assister, en période de cohabitation, à une propagande politique continue entre la
majorité et l’opposition 478.
Pendant la campagne électorale, bien d’actes enfreignant la loi, œuvre de candidat au
pouvoir, ne sont pas sanctionnés par les autorités administratives ou juridictionnelles.
Cette résignation fait craindre la confirmation de l’idée qu’en période de campagne
électorale, la violation de la loi est la règle, et son respect l’exception.
Et pourtant, le législateur aménage, habituellement, le cadre et le moment
d’intervention de l’autorité administrative et du juge, dans le rétablissement de
l’équilibre interrompu par une campagne électorale contraire à la loi.

Section 2. Le contentieux des résultats


L’organisation acceptable des élections est fonction de divers paramètres, dont le
traitement par le juge des différends, qui peuvent en résulter. Ce contentieux a,

476
Art. 81 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
477
Dans certains pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, la France, le Madagascar, le Mali, le Sénégal
ou le Tchad, ce délai est de trente jours, pour le premier tour de l’élection présidentielle, et quinze jours,
pour le deuxième tour.
478
Le constat est, également, fait en République démocratique du Congo où, après les élections
générales, les partis de la majorité et de l’opposition se disputent, en permanence, les médias à travers des
messages politiques, qui ne sont pas loin de ressembler aux déclarations de campagne, certains allant
jusqu’à invoquer la perspective des élections prochaines.
252

notamment pour objet de vérifier la régularité des actes et la validité des résultats des
électeurs 479.
On reconnaît, à ce sujet, l’absence de recettes uniformes à la disposition du juge,
dans la résolution des différends électoraux, pour qu’à la variété de problèmes posés,
corresponde diverses solutions.
La présentation des spécificités du contentieux des résultats induit sur sa
réglementation pénale, la procédure contentieuse, ainsi que la nature et l’autorité des
décisions du juge.

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§ 1. Les spécificités du contentieux des résultats

Obéissant aux règles spécifiques inspirées de la mission particulière du juge


électoral, le contentieux des résultats dévoile une complexité et des singularités, qui le
distinguent des autres formes de contentieux. Le juge qui l’assure est tenu de respecter
le choix des électeurs, il dispose, également, d’une grande liberté d’appréciation sur
toute réclamation qui lui est soumise, afin de conformer ses décisions à la loi.
La spécificité du contentieux des résultats réside, donc, dans ses principales
caractéristiques tirées de sa nature objective, politique, fondée sur des preuves, dans
une procédure publique, contradictoire, gratuite, mais dont les délibérés sont secrets.

A. Le contentieux objectif

Dans le règlement du contentieux des résultats, le juge est saisi, non par des
requêtes dirigées contre les personnes, mais plutôt sur des actes, découlant de
l’organisation et la gestion d’une élection. Ce contentieux ne relève, donc, pas
totalement du droit commun, les techniques et procédures auxquelles il recourt, étant
rarement aménagées par le législateur ordinaire.
On signale qu’appelé à vérifier la légalité des opérations et résultats électoraux, le
juge dispose d’un pouvoir d’investigation très étendu. Actif, il est autorisé à prendre
toutes les mesures d’instruction nécessaires, telle l’audition de toute personne
susceptible de lui fournir des informations de nature à emporter son intime
conviction.
Dans cette perspective, la loi oblige l’administration électorale, les autorités
politiques et administratives à offrir au juge une collaboration indispensable en lui
communiquant toutes les informations nécessaires qu’elles détiendraient.

479
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit., p. 309.
253

À leur demande, et pour autant que la recherche de la sincérité des résultats l’exige,
le requérant et le candidat, dont l’élection est contestée, peuvent être entendus par le
juge, l’assistance d’avocat n’étant pas, a priori, interdite 480.
À l’instar de tout juge, celui du contentieux des résultats ne doit, en principe,
statuer que dans les limites des conclusions et réclamations, qui lui sont présentées. Il
a, cependant, le devoir de réunir les éléments d’investigation indispensables à la
manifestation de la vérité électorale.
En matière de contentieux des résultats, à l’élection présidentielle et législative, le

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législateur burkinabé renforce, par exemple, l’activité du Conseil constitutionnel en le
dotant de tous les moyens d’investigation nécessaires.
Le Conseil peut, à cet effet, ordonner toute enquête, et se faire communiquer tout
rapport ou document ayant trait à l’élection. Il est, également, autorisé à commettre
un de ses membres et, notamment, le rapporteur afin de procéder, sur place, aux
mesures d’instruction ou délivrer, à tout magistrat, des commissions rogatoires.
Dans le même ordre d’idées, le Conseil peut charger le rapporteur de recevoir, sous
serment, les déclarations des témoins ; un procès-verbal est dressé par le rapporteur,
qui le communique aux intéressés, pour leurs éventuelles observations écrites, dans le
délai de huit jours. 481
Le pouvoir d’investigation du juge électoral est encore renforcé par le constituant
congolais, qui précise que toute cause d’inéligibilité, à la date des élections, constatée
ultérieurement par l’autorité judiciaire compétente entraîne la perte du mandat de député
national ou de sénateur. Dans ce cas, il est remplacé par son premier suppléant 482. Il lui
appartient d’en faire bon usage et de ne pas attendre que toutes les preuves lui soient
présentées, par les parties à l’instance, pour se faire la conviction sur la sincérité des
résultats.

B. Le contentieux politique

Le contentieux des résultats est, pour l’essentiel, politique parce qu’il porte sur la
distribution judiciaire du pouvoir issu d’une élection. Faisant du juge l’arbitre, dans la
résolution des conflits politiques, il est susceptible de conduire, si pas à la
juridicisation de la vie politique, tout le moins, à la politisation de la justice électorale
(CSJ, 26 octobre 2006, RCE 067/DN/KN, Aff. Mokako Nzeke Jacques contre
Bumba Monga Antoine, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie,
PPRD, en sigle et la Commission électorale indépendante ; CSJ, 26 décembre 2006,

480
Art. 74, al. 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
481
Art. 38 de la Loi organique n° 011-2000/AN du 27 avril 2007 portant composition, organisation,
attributions et fonctionnement du Conseil constitutionnel et de la procédure devant lui.
482
Art. 110, al. 2 et 3 de la Constitution, telle que révisée à ce jour.
254

RCE 100/DN/KN, Aff. Makengo Ngombe Matoka, parti politique dénommé Camp
de la patrie contre Patcho Panda Jakulu du même parti politique et la Commission
électorale indépendante 483).
Dans le règlement du contentieux des résultats, le juge peut être amené à s’investir
dans la résolution des conflits internes, au sein des partis politiques, pour que son
intervention soit taxée de partisane, partiale ou partielle.
Quelle que soit la posture qu’il aurait prise ou sur laquelle il aurait été entraîné, le
juge électoral doit, en toute circonstance, se montrer circonspect, pour développer les

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attitudes, qui l’affranchissent des soupçons de partialité. Il doit savoir allier l’utile à
l’agréable en conciliant, judicieusement, les exigences légales à la sagesse, qui hante
souvent la gestion de ce type de contentieux.
À tout bien considéré, l’indépendance du juge électoral est un gage de
consolidation de la démocratie et de stabilité politique.

C. Le contentieux d’administration des preuves

Le contentieux des résultats porte, essentiellement, sur les pièces produites à


l’appui d’une requête et leur authenticité. Il importe, à cet égard, de faire une nette
distinction entre l’instruction de la cause et la décision du juge.
Au cours de l’instruction de la cause, le juge pose tous les actes de son ministère. Il
peut, à cet effet, procéder à l’audition des témoins ou renseignants, ou se faire
communiquer toutes les pièces, qu’il estime nécessaires, pour la manifestation de la
vérité.
Dans ce cadre, la simple dénonciation d’une irrégularité ou violation de la loi ne
suffit pas, pour emporter la conviction du juge. Il appartient à celui, qui allègue
l’irrégularité ou la fraude d’en apporter la preuve. Celle-ci peut être administrée par
tous les moyens de droit, notamment par la production, en original ou en copie
certifiée conforme à l’original, des relevés de dépouillement, des procès-verbaux des
opérations de vote, ceux des résultats, de leur compilation ou encore les fiches des
résultats.
Les moyens de preuve sont principalement établis, dans la fiche des résultats, le
procès-verbal de déroulement du scrutin, celui de dépouillement et, éventuellement,
des observations des témoins des candidats, partis ou regroupements politiques, dans
les systèmes, qui autorisent leur présence, dans les bureaux de vote et de
dépouillement. Ils sont produits en original ou en copie certifiée conforme à l’original.
Il a été jugé qu’une pièce produite en photocopie libre ne fait pas foi (CSJ,
6 décembre 2011, RCE 011/PR, Aff. Union pour la nation congolaise, UNC, en sigle,

483
Inédit.
255

contre Monsieur Joseph Kabila Kabange et la Commission électorale nationale


indépendante 484), le juge ne peut y avoir égard, si elle a été contestée par la partie
adverse (CSJ, 10 janvier 2007, RCE/DN/KN/130, Aff. Démocratie chrétienne, DC,
en sigle, contre la Commission électorale indépendante 485).
Le procès-verbal de dépouillement doit contenir le nombre d’électeurs inscrits,
celui de votants constatés, par émargement, sur la liste électorale, le nombre
d’électeurs ayant voté par dérogation, celui du total de votants, le nombre de bulletins
de vote non utilisés, les noms des membres du bureau de vote et de dépouillement,

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ainsi que ceux des témoins.
Signé par tous les membres du Bureau et les témoins, qui en reçoivent copie, ce
procès-verbal indique l’heure d’ouverture et de clôture du scrutin, les réclamations et
contestations éventuelles, les décisions du bureau, les noms des candidats et les
suffrages obtenus par chaque candidat indépendant ou une liste, le nombre de
bulletins sortis de l’urne, celui de bulletins nuls, le nombre de suffrages valablement
exprimés, ainsi que les noms de cinq électeurs désignés par le président du Bureau de
vote et de dépouillement.
Lors de la gestion des contentieux des trois cycles électoraux, plusieurs demandes
en contestation des résultats ont, systématiquement, été rejetées, les auteurs ayant
manqué de produire, comme preuve, les copies des procès-verbaux de dépouillement,
qui leur aurait été refusées par le personnel électoral.
Obligeant la Commission électorale de remettre les copies des procès-verbaux de
dépouillement aux témoins, la loi électorale omet de sanctionner l’inobservance de
cette disposition légale, du reste, préjudiciable aux requérants, injustement, privés des
moyens de preuve.
En vue de rétablir la justice électorale, il est recommandé la modification de la loi,
en vue de punir toute violation en la matière. De même, et pour permettre au juge de
disposer de ses propres moyens de preuve, on pourra se rapprocher des législations
béninoise et malienne, qui autorisent la présence d’observateurs des cours et
tribunaux, dans les bureaux et centres de vote, afin d’y surveiller les opérations
électorales ; leurs rapports servant, en cas de contestions des résultats provisoires, des
bases de données à l’appréciation du juge.
Signé en l’absence des délégués de candidats, partis ou regroupements politiques,
le procès-verbal de dépouillement ne peut être annulé que dans la mesure où cette
absence a été volontairement provoquée. Il en est aussi d’un procès-verbal signé, en

484
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice, Contentieux électoraux 2011-2012, Kinshasa,
Éditions du Service de documentation et d’Études du ministère de la Justice et droits humains, 2014,
p. 101.
485
Inédit.
256

dehors du Bureau de vote et de dépouillement par tous les membres ou certains


d’entre eux.
Le sera, davantage, le procès-verbal signé en l’absence d’un ou de certains
membres du Bureau de vote et de dépouillement ou celui signé par un observateur,
délégué du candidat, parti ou regroupement politique non préalablement identifié, ni
désigné à cette fin. Est aussi dépourvu de valeur juridique et, donc, annulable, le
procès-verbal rempli et signé, avant le dépouillement proprement dit des résultats.
Ne constituent pas un moyen de preuve, les conclusions d’une observation

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
électorale, parce que destinées, non pas à l’exploitation du juge, mais plutôt à
l’organisation, l’institution ou la structure requérante, ou encore l’organe chargé des
élections, pour servir d’amélioration aux scrutins à venir (CC, 19 février 2019,
RCE 001/PR/CR. Aff. RCE 001/PR/CR, Aff. La Dynamique de l’opposition
congolaise en sigle D.O et Martin Fayulu Madidi contre l’Union pour la démocratie et
le progrès social, en abrégé UDPS/Tshisekedi et Félix Antoine Tshisekedi
Tshilombo486).
Pour le juge électoral congolais,
les différentes missions d’observation n’ont pas participé à la rédaction des
procès-verbaux de dépouillement et des fiches des résultats, leur rôle se limitait à
assister aux opérations de vote et à établir des rapports, en vue de l’amélioration des
scrutins à venir. Elles n’ont pas droit d’obtenir les procès-verbaux, pour établir la
sincérité des résultats provenant des pièces ci-haut énumérées. Dès lors, leur
audition s’avère sans objet 487.

Dans son pouvoir souverain d’appréciation, le juge électoral ordonne, pendant


l’instruction de la cause et avant sa prise en délibéré, la communication de toutes les
pièces utiles à la manifestation de la vérité, à ce compris les conclusions d’une
observation électorale. Le fait de refuser, systématiquement, les conclusions d’une
observation électorale, produites à l’appui d’une demande en contestation des
résultats d’une élection, peut être considéré comme un parti pris, sinon un déni de
justice.
On observe que, sans nécessairement lier le juge, les conclusions d’une observation
électorale peuvent l’amener à se faire une idée sur l’organisation du scrutin et la
préparation éventuelle des irrégularités, afin de motiver sa décision. Dans la même
décision, le juge s’est autorisé de recevoir, à titre de preuves, les observations de la
Commission électorale nationale indépendante, contenant, notamment les
conclusions de quelques missions d’observation électorale triées par elle 488, pour

Vingt-troisième et vingt-quatrième feuillets, inédit.


486

CC, 19 février 2019, RCE 001/PR/CR.


487

488
Il s’agit de la mission d’observation, protection et défense de droit de l’homme, l’observation de la
société civile pour le suivi du dialogue, la déclaration préliminaire du forum des commissions électorales
257

rejeter la demande d’audition des observateurs de la Conférence Épiscopale nationale


du Congo.
La connaissance du cadre légal, dans lequel s’organise et se déploie une mission
d’observation électorale, est à même d’atténuer les critiques dont peuvent faire l’objet
les réserves du juge en cette matière.
Dénoncée au moment de la saisine de la juridiction, toute violation de la loi
électorale ne peut conduire à l’annulation du scrutin, le juge bénéficiant, en cette
matière, d’une liberté d’appréciation lui permettant de rechercher, dans chaque cas,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
l’exactitude des résultats, plutôt que la légalité des opérations électorales.
Il est, pour ainsi dire, le juge de la sincérité des résultats, plutôt que de la légalité du
scrutin, en raison, sans doute, de l’exercice par d’autres juridictions, notamment
administratives, ayant pour compétence de contrôler la légalité des actes des autorités
publiques.
Ainsi, toute violation de la loi électorale ou de ses mesures d’application ne peut
conduire à l’annulation partielle ou totale du scrutin que, dans la mesure où elle a pu,
notablement, influencer le vote des électeurs et, conséquemment, la présentation
finale des résultats.
C’est dans ce cadre que le juge a affirmé l’impossibilité d’apprécier l’impact d’une
irrégularité sur les résultats contestés, lorsque le requérant ne lui apporte aucun
élément chiffré des opérations de vote contesté (CSJ, 3 janvier 2007,
RCE/DN/KN/313, Aff. Iyambi Mbuli ; CSJ, 12 janvier 2007, RCE/DN/KN/324,
Aff. Beya Mukoko 489).
Ne peuvent, donc, intéresser le juge, dans l’appréciation des irrégularités, que les
faits ou actes, qui ont effectivement porté atteinte à la liberté des électeurs, à l’intégrité
du vote et faussé considérablement les résultats électoraux (CSJ, 6 février 2007,
RCE/DN/KN/200, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle et
Okitodihe Okodi Lopango André contre les forces novatrices unies pour la solidarité,
FONUS, en sigle et Okundji Ndjovu Emery 490).
Une mauvaise organisation du scrutin peut, négativement, impacter sur le
règlement du contentieux électoral, mettant ainsi les requérants en difficulté de réunir
les éléments de preuves. Le refus de délivrer les copies des fiches et procès-verbaux des
résultats ou d’intégration des observations et remarques éventuelles des témoins

des pays membres de la Communauté du développement de l’Afrique australe, de la plateforme de la


société civile électorale, celle de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections, la mission
conjointe d’observation électorale de la diaspora africaine en Europe et celle du groupe agir Europe-
Afrique, la mission d’observation électorale de l’IGE, la coalition des organisations congolaises pour
l’observation des élections.
489
Inédit.
490
Inédit.
258

constitue, effectivement, une manœuvre ou un abus, empêchant l’établissement des


preuves d’une irrégularité ; le juge n’est tenu que, lorsqu’il est corroboré par des actes
prouvés, mais pas seulement dénoncés.
Ainsi qu’on le voit, l’appréciation de l’incidence d’une irrégularité, sur la sincérité
des résultats, n’est pas toujours facile à dégager, surtout qu’il s’agit de rechercher
quelle a pu être l’influence d’une fraude, manœuvre, maladresse ou abus sur l’attitude
des électeurs, pour que le juge décide de la sanctionner.
Dans cette entreprise, le juge se doit de rechercher, dans chaque cas, la volonté

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exprimée par les électeurs, en vue de la protéger et la faire respecter.

D. Le contentieux gratuit, public et contradictoire

L’exercice de la liberté de vote garantit le caractère équitable et juste du procès


électoral ; il préserve, en même temps, le droit de la défense et a conduit le législateur
congolais à renforcer le caractère démocratique de l’instance.
Ce contentieux est gratuit ; aucuns frais ne sont exigés du requérant ou de son
mandataire, pour l’accomplissement de tout acte de procédure ou devoir
d’instruction. Il est public, dans la mesure où les parties ou leurs mandataires
présentent, en audience publique, leurs moyens de défense, préalablement,
communiqués par les soins du greffe.
Même si le ministère d’avocat n’est pas obligatoire 491, la signification aux parties
des actes de procédure, ainsi que leur comparution servent d’attribut public attaché au
procès et, par conséquent, au contentieux qui s’y rapporte.
Le contentieux des résultats est contradictoire et écrit, le législateur ayant organisé
l’échange des pièces et conclusions entre les parties, l’institution du mémoire en
réponse et l’avis du ministère public, la plaidoirie éventuelle des avocats, avant la prise
en délibéré de la cause.
En vue de l’instruction de la cause, on note qu’une fois la requête déposée et
inscrite, dans un rôle correspondant à la juridiction compétente, le greffier la notifie au
candidat, dont l’élection est contestée, au parti ou regroupement politique ayant
présenté le candidat, et à la Commission électorale nationale indépendante aux fins de
la présentation, par chacun et dans le délai légal, d’un mémoire en réponse.
La juridiction saisie peut, en audience publique, entendre, le requérant ou toute
personne intéressée 492, à condition d’être candidat dans la circonscription, dont
l’élection est contestée 493.

491
Art. 54 bis de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
492
Art. 76 al. 1er de la même Loi.
259

Il a été jugé irrecevable, pour défaut de qualité, la demande en contestation des


résultats introduite par un candidat, agissant à son nom personnel, alors qu’il
appartient à la liste d’un parti ou regroupement politique, qui n’a pas présenté des
candidats à l’élection concernée (CSJ, 4 septembre 2006, RCE/DN/KN/001, Aff.
Mbu ne Letang contre la Commission électorale indépendante 494).

E. L’exigence du secret des délibérations

La loi électorale oblige la juridiction contentieuse de délibérer avec une

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composition de trois membres au moins 495, dans le délai de sept jours, pour l’élection
présidentielle et, de deux mois, pour les autres scrutins. Faute de la sanction organisée,
la décision rendue, au-delà du délai légal, est valable, sauf appel, là où c’est autorisé.
Pendant l’instruction de la cause, le caractère public des débats doit être observé. Il
n’en est pas des discussions, au sein de la composition, qui sont frappées du sceau de
confidentialité, question d’en conserver le secret.
Au moment du délibéré, le juge le moins ancien donne sa position le premier et le
président le dernier. En cas d’égalité des voix, celle du président est prépondérante, les
décisions étant prises à la majorité de voix496.
À la Cour constitutionnelle, il est reconnu à un membre de la composition le droit
d’émettre une opinion individuelle ou dissidente. Celle-ci est, à la demande de
l’auteur, intégralement reproduite à la fin de l’arrêt et publiée au même moment que
l’arrêt avec lequel elle fait corps 497.
À la différence de l’opinion individuelle, qui permet à l’auteur de faire connaître sa
position, défendue au cours d’un délibéré, indépendamment, de la décision prise à
l’issue du vote, celle dissidente poursuit la divulgation de la position du juge, qui s’est
révélée minoritaire, au cours d’un délibéré.
Si l’opinion dissidente résulte des résultats du vote, celle individuelle est plutôt
faite, pour permettre au juge de faire connaître sa position soutenue au moment du
délibéré.
Faisant usage de son droit légal, un juge de la Cour constitutionnelle, membre de la
composition, qui a statué sur le contentieux des résultats à l’élection présidentielle du

493
Art. 74 quater al. 5 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
494
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., pp. 110-
111.
495
Art. 74 bis de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
496
Art. 92, al. 2, 3 et 4 de la Loi organique du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
497
Art. 92, al, 5 de la même Loi.
260

30 décembre 2018 498, a cru bien faire d’émettre une opinion dissidente, en rapport
avec l’arrêt RCE 001/PR/CR, qui a validé l’élection de Monsieur Félix Antoine
Tshisekedi Tshilombo, mais sa publication, dans la presse, a fini par révéler, au grand
jour, le dysfonctionnement d’une juridiction, dont la cohésion ne tenait qu’au bout
des doigts.
Présentée dans les formes prescrites, une opinion dissidente ou individuelle n’a pas
pour effet d’anéantir la décision prise par la majorité des juges, ni de violer le secret des
délibérés 499, mais en raison des interprétations politiques auxquelles elle peut donner

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lieu, on conseille un usage prudent et modéré au sein des juridictions en quête d’unité,
entre les membres, et de cohésion, dans la jurisprudence 500.

§ 2. Le contentieux pénal

Le chapitre dix de la loi électorale congolaise organise le régime répressif des


infractions susceptibles d’être commises, pendant le processus de votation. Sans
devoir les analyser toutes, on ne retiendra que quelques-unes.
Ainsi, une personne non autorisée à pénétrer, pendant les opérations électorales,
dans les lieux de vote, de dépouillement ou de compilation des résultats, est, en cas de
récidive, passible d’une servitude pénale de dix à trente jours et d’une amende de
200 000 à 1 000 000 francs congolais ou d’une de ces peines seulement501.
La qualité de membre du Bureau de vote et de dépouillement est déterminante,
dans l’accomplissement personnel de ses charges. Toute personne qui, sans motif
légitime, refuse de remplir ses fonctions encourt trente jours de servitude pénale
principale et une amende de 100 000 à 200 000 francs congolais 502.
Si un membre du Bureau de vote cause volontairement un retard, dans le début des
opérations de vote ou interrompt, sans motif légitime, leur déroulement, il s’expose à
une servitude pénale principale de deux ans et d’une amende ne dépassant pas
500 000 francs congolais. Le juge peut lui faire subir une privation, pour une période
maximale de six ans, de ses droits civils et politiques 503.
Le secret de vote est un droit fondamental, sa méconnaissance expose l’auteur à
des peines privatives de liberté. C’est dans ce cadre que la loi punit d’une servitude
pénale principale de sept jours et d’une amende de 100 000 à 200 000 francs

Il s’agit du Juge constitutionnel WASENDA N’SONGO Corneille.


498

Le législateur s’exprime ainsi : sans préjudice de dispositions de l’alinéa 1er du présent article (cet
499

alinéa précise que les délibérés sont secrets), toute opinion dissidente ou individuelle est intégralement
reproduite en fin de l’arrêt. Elle comporte le nom de son auteur.
500
ESAMBO KANGASHE J.-L., Traité de droit constitutionnel congolais, op. cit., p. 138.
501
Art. 79, al. 3 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
502
Art. 82 de la même Loi.
503
Art. 84 de la même Loi.
261

congolais, toute personne qui, sur les lieux de vote, fait connaître l’opinion en faveur
de laquelle elle se propose de voter ou pour laquelle elle a voté.
Cette peine s’applique, également, à l’égard de toute personne qui, sur les mêmes
lieux, cherche à connaître l’opinion en faveur de laquelle un électeur se propose de
voter ou a voté et celle qui, tout en apportant une assistance à un électeur, se permet
de communiquer son choix ou abuse de sa confiance pour modifier son vote.
Tout membre du Bureau de vote, qui commettrait les mêmes infractions s’expose
au double de ces peines 504.

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La fraude électorale peut être entretenue par recours au phénomène de double
vote ou de péréquation, dans la distribution des bulletins de vote, à la corruption, aux
menaces, violences et intimidations de natures diverses ou l’entretien des milices
privées ou groupes armés, dans les Bureaux de vote et de dépouillement, ainsi que les
Centres de compilation des résultats.
Ainsi, toute personne qui vote ou tente de voter plus d’une fois s’expose à la peine
de servitude pénale principale d’un mois et d’une amende de 100 000 à 200 000 francs
congolais. Elle encourt, également, une privation de ses droits civils et politiques, pour
une période de six ans 505.
La corruption, dans le Bureau de vote et de dépouillement ou le Centre local de
compilation des résultats, est punie d’une servitude pénale principale de six mois à
cinq ans et d’une amende de 200 000 à 5 000 000 francs congolais. L’auteur de ces
actes est, en outre, privé de ses droits civils et politiques, pour une durée de six ans.
Ces peines sont portées au double, à l’égard d’un membre du Bureau de vote, qui
sollicite ou accepte les avantages illicites. 506
Les menaces, violences et intimidations à l’endroit des électeurs ou commises dans
les Bureaux de vote, l’entretien, pendant les opérations de vote, des groupes armés
exposent les auteurs à une servitude pénale principale de six mois à cinq ans et une
amende de 200 000 à 1 000 000 francs congolais. Ils sont également privés, pour une
durée de six ans, de leurs droits civils et politiques 507.
Dans la conduite des opérations de vote et de dépouillement, les membres de la
Commission électorale nationale indépendante sont tenus au devoir de réserve ; ils ne
peuvent révéler, à des tiers et avant la clôture des opérations de vote, les résultats
électoraux. Toute violation de cette obligation expose son auteur à la servitude pénale
principale de six mois 508.

504
Art. 85 de la même Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
505
Art. 86 de la même Loi.
506
Art. 87 de la même Loi.
507
Art. 88 de la même Loi.
508
Art. 90 de la même Loi.
262

L’ivresse et l’utilisation de boissons alcoolisées dans le bureau de vote, de


dépouillement et de compilation sont interdites. La loi punit d’une servitude pénale
principale de quinze jours à un an et d’une amende de 100 000 à 1 000 000 francs
congolais, toute personne qui introduit ou tente d’introduire des boissons alcoolisées
ou des stupéfiants dans un bureau de vote et de dépouillement ou de compilation des
résultats 509.
Au moment de l’établissement des documents électoraux, notamment le procès-
verbal de dépouillement, le relevé de dépouillement ou la fiche des résultats, des actes

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
répréhensibles peuvent être enregistrés.
L’imitation de signature sur une déclaration de candidature et la modification de
paraphe du président du bureau de vote sont, par exemple, punies des peines prévues
pour l’infraction de faux en écriture 510.
La falsification du relevé de dépouillement, du procès-verbal des opérations
électorales et la destruction volontaire de bulletins de vote, avant la fin des délais de
contestation électorale, sont constitutives des infractions à la loi électorale 511. Les
peines prévues pour l’infraction de faux en écriture sont applicables à toute personne,
qui sera coupable de la contrefaçon des bulletins de vote 512.
Sera punie de servitude pénale principale de douze mois et d’une amende de
100 000 à 500 000 francs congolais, toute personne qui vote ou se présente, pour voter
sous le nom d’un autre électeur et celle, qui vote sans en avoir le droit. Le membre de
la Commission électorale nationale indépendante, qui se rend coupable de complicité
de cette infraction encourt le double de ces peines 513.
En rapport avec la violation de la loi pénale, au moment des opérations de vote et
de dépouillement, on note qu’à l’issue des élections présidentielles et législatives du
28 novembre 2011, le juge électoral congolais a effectivement été sollicité, dans le
cadre du règlement du contentieux pénal.
Traduit devant la Cour suprême de justice, par le procureur général de la
République, suivant la procédure de flagrance, en sa qualité de député national en
plein exercice de son mandat, Monsieur Mbungu Mbungu Néron, également candidat
aux élections législatives à la circonscription électorale de Kinshasa III 514, s’est vu
reproché le bourrage d’urnes, l’incitation de la population à la violence sur les lieux de
vote, ainsi que la destruction et l’incendie du matériel électoral dans le bureau de vote

Art. 91 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.


509

Art. 92 de la même Loi.


510

511
Art. 95 de la même Loi.
512
Art. 96 de la même Loi.
513
Art. 94 de la même Loi.
514
Pour le compte de l’Union nationale des démocrates-chrétiens, parti politique de la majorité
présidentielle.
263

de Bikanga, Commune de Kinseso. Dans l’arrêt du 13 décembre 2013, le juge électoral


a décidé, faute de preuves de participation de l’inculpé à la commission des infractions,
qui lui sont reprochées, de l’en acquitter au bénéfice du doute 515.
Parallèlement à cette affaire, la Commission électorale nationale indépendante a,
par décision du 26 janvier 2012, transmis au ministère public les dossiers des quelques
candidats 516, à l’élection législative, accusés d’avoir commis ou favorisé les infractions
des coups et blessures volontaires, injures publiques, menaces de mort, à l’endroit du
personnel électoral, pillages et violences dans les bureaux de vote et de dépouillement,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
destruction des documents et matériels électoraux, incitation à la haine ethnique, dans
plusieurs circonscriptions électorales 517.
L’absence d’une décision judiciaire de condamnation ferait penser à l’impertinence
du droit pénal électoral confronté, par ailleurs, à la persistance de l’impunité des
présumés auteurs, co-auteurs ou complices des actes répréhensibles, dont certains 518
ont fini par être élus et leurs mandats validés par l’Assemblée nationale.
La protection du mandat parlementaire rendant en raison, notamment, des
immunités des poursuites et privilèges de juridiction, qui l’accompagnent, difficile
l’exercice de l’action publique, l’effectivité du droit pénal électoral est, pour cela,
affectée.
N’empêche que la mise en jeu de la responsabilité pénale du parlementaire soit
possible, non pas en raison des infractions commises, pendant les opérations
électorales, mais à l’occasion de l’exercice d’un mandat électif.
La discipline trouve, ainsi, toute sa justification, son champ d’action dépassant
l’unique cadre des incriminations liées aux opérations électorales, pour réprimer,
également, celles commises par les personnes revêtues d’un mandat électif.
Ainsi, poursuivi pour recel d’objets, faux en écriture et usage de faux, Martin
Mukonkole 519 a été condamné à dix mois de servitude pénale par la Cour suprême de
justice (CSJ, 29 janvier 2011, RP 003/CR, Aff. Ministère public contre Martin

515
RP. 009/CR, pp. 3-4, inédit.
516
Parmi lesquels BAENDE ETAFELIKO Jean-Claude, BAMANY MOFELY Sévérin, BEYA wa
KALENGA Jean, BIAYI MOTOKE, BOSEKOTA MBAMA Félix, GAPE MONOKO, KALOMBO
TSHINKEKE, KAMBA TSHISHIMBI, LIKINDA BOLOM’ELENGE Fidel, LUKONO SOWA,
MULAMBA MUSAME, MUJANI Ibrahim, NGANDU KATUNDA Alphonse, NKISI KAZADI
Dieudonné et SESANGA HIPUNG DJA KASENG KAPITU Delly.
517
Notamment YUMBI dans la province de Bandundu, BIKORO, BOENDE, IKELA, KUNGU,
MAKANZA et MBANDAKA dans celle de l’Équateur, DEMBA, DIBAYA et LUIZA au Kasaï-Occidental
et NGANDAJIKA au Kasaï-Oriental.
518
En l’occurrence GAPE MONOKO et SESANGA HIPUNG DJA KASENG KAPITU Dellly.
519
Député élu de la circonscription électorale de Kabinda, dans la province du Kasaï-Oriental,
actuellement Lomami, pour le compte du Rassemblement congolais des démocrates nationalistes, parti
de l’opposition.
264

Mukonkole, Norbert Muteba Mulomba, Mbuya Kasenda Stéphane, Soke Bopili


Simon et Adamo 520).
Cette même juridiction a, suivant la procédure de flagrance, déclaré Adolphe
Onosumba Yemba521 coupable de viol sur mineur, avant de le condamner à douze
mois de servitude pénale (CSJ, 28 septembre 2012, RP 012/CR, Aff. Ministère public
contre Adolphe Onosumba Yemba 522).
Il en a été, également, de Muhindu Nzangi Butondo 523 poursuivi et condamné à
trois ans de servitude pénale, pour atteinte à la sûreté intérieure de l’État (CSJ, 13 août

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
2013, RP 015/CR, Aff. Ministère public contre Muhindu Nzangi Butondo 524), de
Diomi Ndongola Eugene 525 condamné à dix ans de servitude pénale, pour viol réputé
à l’aide de violences, exposition d’enfant à la pornographie, tentative de viol à l’aide de
violences et détention d’enfants (CSJ, 26 mars 2014, RP 014/CR, Aff. Ministère
public contre Diomi Ndongola Eugene 526) et de Diongo Shamba Franck condamné à
cinq ans de servitude pénale, pour arrestation arbitraire, détention illégale et
séquestration (CSJ, 28 décembre 2016, RP 019/CR, Aff. Ministère public contre
Diongo Shamba Franck 527).

§ 3. La procédure contentieuse

Dans l’examen de la demande en contestation des résultats, la juridiction électorale


prend en compte un certain nombre d’éléments, notamment la qualité du requérant,
le contenu et les mentions de la requête, le délai de sa saisine, sa compétence, l’identité
des parties et les pièces à conviction.

A. La qualité du requérant

Comme tout juge, celui du contentieux des résultats ne peut être saisi que par une
personne ayant qualité 528 d’agir en justice. Sont seuls autorisés à saisir la juridiction
compétente, le candidat indépendant ou son mandataire, le parti ou regroupement

Dix-septième et dix-huitième feuillets, inédit.


520

Député élu de la circonscription électorale de Lodja, dans la province du Kasaï-Oriental, pour le


521

compte de l’Union des Congolais pour le progrès, parti de la majorité présidentielle.


522
Douzième feuillet, inédit.
523
Député élu de la circonscription de Goma, dans la province du Nord-Kivu, pour le compte du
Mouvement pour la solidarité et le renouveau, parti de la majorité présidentielle.
524
Neuvième et dixième feuillets, inédit.
525
Député national élu de la circonscription électorale de Kinshasa II, pour le compte de la
Démocratie chrétienne, parti de l’opposition.
526
Onzième et douzième feuillets, inédit.
527
Inédit.
528
Art.73 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
265

politique ayant présenté une candidature, dans une circonscription, ou son


mandataire.
En droit, le défaut de qualité est susceptible de couvrir la situation du candidat,
parti ou regroupement politiques ou de leur mandataire. Le recours en annulation des
élections législatives introduit par le candidat présenté par un parti politique, mais
agissant en son nom propre est, tout simplement, irrecevable (CSJ, 4 septembre 2006,
RCE/DN/KN/001, Aff. Mbu ne Letang Ntwa Mezo contre la Commission électorale
indépendante 529).

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Il en est, également, de celui initié par le candidat membre d’un parti politique,
mais qui n’a pas été autorisé à contester les résultats provisoires d’une élection (CSJ,
17 octobre 2006, RCE/259/DN, Aff. Mulumba Katchy Vincent de Paul contre la
Commission électorale indépendante 530).
En rapport avec la qualité du requérant, le juge a décrété l’irrecevabilité du recours
contre l’élection d’un gouverneur et vice-gouverneur de province, introduit par
l’avocat porteur de la procuration spéciale délivrée par le secrétaire général du
regroupement politique dépourvu, par ailleurs, d’existence juridique (CSJ, 3 janvier
2013, RCE/ADP/077, Aff. Majorité présidentielle contre Mbadu Nsitu Jacques,
Matubuana Nkuluki Atou et Badu wa Badu 531).
Il en est, aussi, de la requête signée par le président national d’un parti politique,
qui n’a pas joint à celle-ci les documents établissant son existence juridique (CSJ,
1er février 2007, RCE n° 237/DN, Aff. Mouvement lumumbiste progressiste, MLP, en
sigle, contre la Commission électorale indépendante 532) ou de l’avocat porteur d’un
mandat collégial et général, ne précisant pas les noms des parties, les numéros des
dossiers, ni la possibilité pour les avocats bénéficiaires d’agir séparément (CSJ, 25 avril
2012, RCE 426/428/625/631/DN, Aff. Union nationale des fédéralistes congolais,
UNAFEC, en sigle, Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD,
en sigle, Avenir du Congo, ACO, en sigle, Mwepu Kanzama Bilonda contre Mulunda
Numbi Kabange Shadrack, Katandula Kawinisha, Kiluba Longo, Mwamba
Mushikonke et la Commission électorale nationale indépendante 533).
La qualité du mandataire est tout aussi déterminante, dans la saisine de la
juridiction compétente ; le législateur congolais ayant considéré la notion, dans son
sens le plus large, incluant, en plus des avocats, toute autre personne désignée à cette
fin par le candidat, parti ou regroupement politique.

529
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 111.
530
Idem. p. 125.
531
Treizième feuillet, inédit.
532
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., pp. 293-
294.
533
Deuxième feuillet, inédit.
266

Ne peut ainsi agir au nom d’un parti politique, la personne porteuse d’un mandat
signé par l’organe statutairement incompétent (CSJ, 18 avril 2012, RCE
630/638/673/920/435/DN, Aff. Union des forces du changement, UFC, en sigle,
Alliance des démocrates humanistes, ADH, en sigle, Alliance des travaillistes congolais
pour le développement, ADT, en sigle, Parti démocrate-chrétien, PDC, en sigle et
Ebale Nguma Rebecca contre la Commission électorale nationale indépendante,
Lembi Lubula Joseph, indépendant, Mondole Eso Libanza et Eglumba Dumba
Egbula 534) ou inexistant (CSJ, 16 avril 2011, RCE 76/DN, Aff. le Parti socialiste
congolais, PSC, en sigle, contre la Commission électorale nationale indépendante).

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
N’est pas recevable non plus, la requête en contestation des résultats provisoires
signée par le président ou le secrétaire général d’un parti politique, qui n’a déposé au
dossier aucune procuration spéciale, ni acte de leur désignation, par les organes
statutaires du parti politique, pour agir en justice (CSJ, 14 janvier 2012,
RCE 778/DN, Aff. Michel Mbuluku Kinua et le Parti socialiste congolais, PSC, en
sigle, contre la Commission électorale nationale indépendante 535).

B. Le contenu et les mentions de la requête

Pour espérer obtenir la décision du juge, la requête en contestation des résultats


doit comporter tous les éléments exigés par la loi, en l’espèce, la date et la signature, les
noms, prénoms, qualité, demeure ou siège du requérant, l’objet de la demande et
l’inventaire des pièces formant le dossier 536.
La requête indique, également, les griefs allégués et comporte les éléments de
preuve sur lesquels elle s’appuie 537. Chacun de ces éléments comportant, dans la
pratique, des conséquences juridiques importantes qu’il importe d’analyser
séparément.
Sous peine d’irrecevabilité, la requête doit être datée et signée par son ou ses
auteurs ou, à défaut, par leurs mandataires. Plusieurs cas peuvent se produire, le
premier tenant à la requête non datée, mais signée de son auteur ou son mandataire et
introduite dans le délai ; le second, à une demande datée et introduite dans le délai,
mais non signée de son auteur ou son mandataire ; et le troisième, à la contestation
portée séparément, devant une juridiction compétente par le candidat et son
mandataire.

534
Deuxième feuillet, inédit.
535
Inédit.
536
Art. 74, ter, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
537
Art. 74, ter, al. 2 de la même Loi.
267

La première requête n’est recevable que dans la mesure où elle a été régulièrement
inscrite par le greffier dans un rôle, la date qui saisit la juridiction n’est pas celle portée
dans la demande, mais plutôt, de l’inscription de l’affaire au rôle.
Ressemblant à un écrit anonyme, la deuxième demande est tout simplement
irrecevable, parce qu’elle ne permet pas d’identifier son ou ses auteurs.
Pour le troisième cas, seul le recours daté et signé du requérant est pris en
considération, le mandataire n’intervenant, dans ce cas, qu’à défaut de l’auteur. Le juge
s’assurera que le mandataire a agi en vertu du mandat ou de l’autorisation du candidat,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
du parti ou regroupement politique.
Toujours en rapport avec la validité de la demande, celle qui est partiellement ou
pas du tout signifiée aux parties n’est recevable que pour les parties notifiées, les autres
étant considérées comme tiers, dans l’instance en cours.
Est, également, irrecevable, le recours déposé dans le délai légal au secrétariat du
président de la juridiction, mais réceptionné, après expiration dudit délai, au greffe.
L’est, davantage, la requête qui omet d’indiquer les noms, prénoms, qualité,
demeure ou siège du requérant, l’objet de la demande, l’inventaire des pièces du
dossier, les griefs allégués, ainsi que l’absence ou l’obscurité de l’objet.
Le recours qui demande l’invalidation d’une candidature et l’annulation de
l’élection est dépourvu d’objet, il est en tout cas obscur (CSJ, 23 avril 2012,
RCE 676/DN, Aff. le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD,
en sigle, contre la Commission électorale nationale indépendante, Kapaya Ohelo
candidat indépendant et Longane Luhata présenté par l’Union nationale des
démocrates fédéralistes, UNADEF, en sigle 538).
N’est pas obscure, la demande poursuivant à la fois l’annulation des résultats
provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante, la
rectification desdits résultats et la suspension de la publication des résultats définitifs,
en attendant l’organisation de l’élection présidentielle, dans les villes et territoires où
le vote n’a pas eu lieu.
La Cour relève à ce sujet que, quoique différents dans le dispositif de la requête, les
chefs de demande ne contiennent aucune obscurité (CC, 19 janvier 2019,
RCE 001/PR/CR, Aff. La Dynamique de l’opposition congolaise, en sigle D.O et
Martin Fayulu Madidi contre l’Union pour la démocratie et le progrès social, en
abrégé UDPS/Tshisekedi et Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo 539).

538
Treizième feuillet, inédit.
539
Quinzième et vingt-et-unième feuillets, inédit.
268

C. Le délai de saisine de la juridiction

La notion de délai est importante, dans le domaine du droit, pour que l’on se
permette de lui accorder un bref commentaire. En règle générale, le délai est un laps
de temps à l’écoulement duquel s’attache un effet de droit (délai de prescription). Il
impose à l’autorité compétente et au juge une action ou une attente.
Le délai d’action ou impératif est celui avant l’expiration duquel un acte ou une
formalité doit, à peine d’irrecevabilité ou de forclusion, être accompli. Le délai

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
d’attente est un espace de temps avant l’expiration duquel un acte ou une formalité ne
peut, sous diverses sanctions de nullité, d’empêchement, d’exception dilatoire, avoir la
force obligatoire et contraignante.
Dans le domaine électoral, le législateur congolais a, minutieusement, réglementé
le délai de saisine de la juridiction et celui de la décision du juge. Le délai pour saisir la
juridiction compétente diffère, selon le type d’élection.
Pour l’élection présidentielle, la juridiction est saisie dans un délai de deux jours,
qui suivent la proclamation des résultats provisoires. Il est, pour les autres scrutins,
porté à huit jours 540.
Introduit, six jours après l’annonce des résultats provisoires, le recours en
contestation desdits résultats a été rejeté, pour tardiveté (CSJ, 25 octobre 2006,
RCE 232/DN, Aff. Union du peuple pour la République et le développement intégral,
UPRDI, en sigle contre la Commission électorale indépendante 541).
Est, également, irrecevable, pour prématurité, le recours contestant, avant la mise
en mouvement du délai légal, les résultats provisoires des élections législatives (CSJ,
20 octobre 2006, RCE/DN/KN/016, Aff. Parti démocratique socialiste, PDS, en sigle
contre la Commission électorale indépendante 542).
S’agissant du délai de règlement des contestations électorales, il est de sept jours à
compter de la saisine de la Cour constitutionnelle, pour l’élection présidentielle, et
deux mois, à partir de la saisine de la juridiction compétente, pour les autres
élections 543.
Une question est posée en rapport avec la régularité de la décision intervenue en
dehors du délai exigé. On rappelle qu’en l’absence de toute précision légale organisée,
comme c’est le cas actuellement, on ne saurait souscrire à une illégalité d’office.

540
Art.74, al. 1er de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
541
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 261.
542
Idem, p. 280.
543
Art.74, al. 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
269

D. La compétence de la juridiction

La compétence de la juridiction contentieuse est d’attribution et fixée par le droit


positif de chaque pays. La loi électorale congolaise indique que les juridictions
compétentes sont la Cour constitutionnelle, la Cour administrative d’appel et le
tribunal administratif, selon le cas 544.
Elle réglemente, aussi, la diversité des contentieux électoraux et les modalités de
leur traitement, afin que la juridiction compétente, pour l’un ne le soit, pour l’autre

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
(CSJ, 6 décembre 2011, RCE 011/PR, Aff. Union pour la nation congolaise, UNC, en
sigle, contre Monsieur Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale nationale
indépendante 545).
N’étant pas appelée à trancher un contentieux constitutionnel, la juridiction
électorale se verra privée de la compétence d’apprécier la constitutionnalité de la loi
électorale (CSJ, 13 avril 2006, RCDC007/DN/KN, Aff. Bossassi Epole Bolya Kodya
contre la Commission électorale indépendante 546) ou de l’élection (CSJ, 3 janvier
2013, RCE/ADP/077, Aff. Majorité présidentielle contre Mbadu Nsitu Jacques,
Matubuana Nkuluki Atou et Badu wa Badu ; CSJ, 4 septembre 2006,
RCE/PR/DN/KN/006, Aff. Mouvement du 17 mai, M17, en sigle, contre la
Commission électorale indépendante 547).
Il est, également, hasardeux d’attendre du juge l’annulation de l’élection, au motif
que le vainqueur serait inéligible, au moment du vote, les deux contentieux,
d’éligibilité et des résultats, étant distincts, se déroulant, d’ailleurs, sans influence
réciproque.

E. Les parties au procès

La loi électorale organise la comparution des parties et la procédure à suivre devant


la juridiction contentieuse. Y sont conviés, le candidat et la liste qui a concouru, dans
une circonscription, objet de contestation ou encore le mandataire désigné. À l’un ou
l’autre, une notification régulière de l’instance doit être faite, pour permettre la
présentation de ses moyens de défense.
Le candidat qui n’a pas été régulièrement informé du déroulement de l’instance ne
peut être victime de la décision qui en résulte. Il peut, si la loi l’autorise, la contester

544
Art.74 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
545
Dix-neuvième feuillet, inédit.
546
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 7.
547
Inédit.
270

par des voies de recours extraordinaires (CSJ, 22 février 2007, RCE/DN/KN/372,


Aff. Kikaya bin Karubi contre Assumani Amani Jean Baptiste 548).
Interprétant de manière extensive la loi électorale 549, la juridiction contentieuse a
fini par admettre, à titre exceptionnel, la tierce opposition comme voie de recours
électoral et rétracté, par voie de conséquence, plusieurs de ses décisions 550.
Fortement critiquée, cette position jurisprudentielle a affecté l’image de la
juridiction qui l’a produite. Le droit positif congolais n’autorise pas, non plus, la
pratique de comparution, ni d’intervention volontaire d’une partie, qui n’a pas reçu

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notification de l’instance, ni manifester un quelconque intérêt dans la cause (CSJ,
16 décembre 2011, RCE 011/PR, Aff. Kamerhe Lwa Kanyinginyi Vital et Union pour
la nation congolaise, UNC, en sigle, contre Kabila Kabange Joseph et la Commission
électorale nationale indépendante 551).
En organisant la procédure de notification des actes de procédure et des pièces,
faite à la diligence du requérant, le législateur entend obliger celui-ci à les
communiquer à toutes les parties, même à celles qui n’ont manifesté aucun intérêt ; le
but poursuivi étant d’éviter que la décision à intervenir préjudicie les droits des tiers
intéressés.
La notification de la date d’audience n’est plus formaliste, parce que simplifiée par
un simple communiqué de presse fait par le greffe (CSJ, 27 novembre 2006,
RCE 009/PR, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle et Bemba
Gombo Jean-Pierre contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale
indépendante 552). À ce niveau, aucune tierce opposition ne peut être envisagée.
La comparution de la Commission électorale nationale indépendante aux
audiences des juridictions contentieuses mérite d’être clarifiée. Aux termes de la loi
organique de cette institution d’appui à la démocratie, celle-ci apporte, en cas de
recours devant la juridiction compétente, tous les éléments nécessaires
d’information accompagné, au besoin, des observations qu’elle souhaite formuler,
quant aux faits évoqués, dans le recours, et ses appréciations en rapport avec les
dispositions légales applicables. Elle défère, dans les délais fixés par le juge, aux

548
Par cet arrêt, le juge électoral qui, erronément, interprète la loi électorale en matière d’éligibilité,
considère que l’inéligibilité d’un suppléant n’a aucune incidence sur celle du candidat, contredisant, par la
même occasion, sa jurisprudence contenue, dans l’arrêt RCE/DN/KN/023 du 9 janvier 2007 au sujet de
la cause opposant le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie et TUNDA YA KASENDE
contre la Convention démocratique pour le Développement et MULENDA MBO MILANDA Jean.
549
Dans le même arrêt, la juridiction reconnaît que, sans avoir expressément prévu la tierce
opposition, celle-ci est, au regard des dispositions légales et aux principes généraux de droit, admissible à
titre exceptionnel, treizième feuillet, inédit.
550
Notamment, RCE/DN/KN/251du14 novembre 2006, RCE/DN/KN/035 du 10 janvier 2007,
RCE/DN/KN/200 du 6 février 2007.
551
Onzième feuillet, inédit.
552
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 84.
271

demandes d’informations complémentaires qui lui sont adressées et peut se faire


représenter, aux audiences, par un agent dûment mandaté 553.
En application de cette disposition légale, la Commission électorale nationale
indépendante a pris l’habitude de se faire représenter, dans les audiences organisées
par les juridictions contentieuses, par ses experts mandatés, aux fins d’y formuler ses
observations orales ou écrites, présentant les faits de la cause, commentaires et
suggestions sur la loi applicable. Ainsi qu’on le voit, cette posture dépasse celle d’un
simple expert, pour embrasser celle d’une partie à une instance contentieuse.

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Tout en admettant la présence de la Commission électorale nationale
indépendante, comme experte ou renseignant, au cours de l’instruction d’une cause, le
juge doit éviter d’en faire, comme c’est le cas, une partie à l’instance.
Dans une décision récente (CC, 19 janvier 2019, RCE001/PR/CR, Aff. La
Dynamique de l’opposition congolaise, en sigle D.O et Martin Fayulu Madidi contre
l’Union pour la démocratie et le progrès social, en abrégé UDPS/Tshisekedi et Félix
Antoine Tshisekedi Tshilombo), le juge électoral a, tout en admettant la qualité
d’expert à la Commission électorale, néanmoins, accepté d’examiner ses observations
et d’y faire partiellement droit. 554

F. Les moyens de preuve

Devant les juridictions contentieuses, les moyens de preuve sont, pour rappel,
constitués des procès-verbaux de vote et de dépouillement, des fiches des résultats,
des observations des membres du bureau de vote ou des témoins des candidats, des
constats des irrégularités relevées par la juridiction elle-même et des réclamations des
électeurs annexées auxdits procès-verbaux (CSJ, 16 décembre 2011, RCE 011/PR,
Aff. Kamerhe Lwa Kanyinginyi Vital et Union pour la nation congolaise, UNC, en
sigle, contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale nationale
indépendante 555).
Ont été, également, admis comme moyen de preuve, les supports amovibles de
stockage des données informatiques produites par la Commission électorale nationale
indépendance (CC, 19 janvier 2019, RCE 001/PR/CR, Aff. La Dynamique de
l’opposition congolaise, en sigle D.O et Martin Fayulu Madidi contre l’Union pour la

553
Art. 33 de la Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi organique
n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale
nationale indépendante.
554
Dix-neuvième, vingt-et-unième, vingt-troisième et vingt-quatrième feuillets, inédit.
555
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice, Contentieux électoraux de 2011-2012, op. cit., p. 101.
272

démocratie et le progrès social, en abrégé UDPS/Tshisekedi et Félix Antoine


Tshisekedi Tshilombo556).
Quoique crédités d’assurer une transmission rapide et sécurisée des résultats
électoraux, les supports amovibles de stockage des données informatiques sont, en
raison de leur accessibilité au seul personnel électoral, une chasse gardée, n’offrant que
très peu de garantie de neutralité et de transparence.
Sollicitée, lors de la gestion du contentieux des résultats aux scrutins présidentiels,
législatifs et provinciaux de 2018 et 2019, la pratique n’a été qu’illusoire, les parties à

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
qui ce mode de preuve avait été exigé n’étaient pas capables de les offrir aux fins de les
opposer, éventuellement, à ceux contenus dans les clés USB de la Commission
électorale nationale indépendante.

§ 4. La décision du juge

Le règlement du contentieux des résultats peut, selon le cas, aboutir à la


recevabilité ou non de la requête ou à son fondement. Une fois rendue, cette décision
est notifiée aux parties et à la Commission électorale nationale indépendante, en vue
de la préparation des dossiers des élus, dont les mandats doivent être validés par
chaque assemblée parlementaire respective.

A. La recevabilité de la requête

À l’instar de nombreux pays africains francophones 557, la République démocratique


du Congo offre l’exemple d’un pays dont le contentieux des résultats pose, en raison
du nombre relativement élevé des cas d’irrecevabilité des recours, le problème de la
connaissance imparfaite des règles du jeu établies dans le Code électoral.
Commentant la jurisprudence de la Cour suprême de justice, dans le cadre de la
gestion du contentieux électoral de 2007, Katuala Kaba Kashala constate que, sur deux
cent quarante-huit recours, contestant les résultats des élections législatives
enregistrés au 6 février 2007, cent soixante-six ont été déclarés irrecevables, quatre
rejetés, pour incompétence du juge électoral, seize dits fondés et quarante-trois non
fondés.

Dix-neuvième et vingt-et-unième feuillets, inédit.


556

Comme le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Gabon, la Guinée, le Mali, la République


557

Centrafricaine, la République du Congo, le Sénégal ou le Tchad.


273

Les causes d’irrecevabilité ont été, selon lui, sériées autour de la prématurité de la
requête, du défaut de qualité ou d’intérêt, d’absence de preuve de l’existence juridique
du parti ou regroupement politique ou des actes juridiques exigés 558.
On observe, à cet égard, que la loi électorale exige que la requête soit rédigée, dans
les formes et délais prescrits, et qu’une action est irrecevable, lorsqu’elle est initiée
avant la publication officielle des résultats, signée par une personne incompétente ou
non porteuse d’un mandat d’agir en justice ou encore une requête introduite après le
délai légal.

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A été déclaré irrecevable pour prématurité, le recours introduit avant la publication
des résultats provisoires d’une élection (CSJ, 1er septembre 2006, RCE/DN/KN/002,
Aff. Kuyakana Mungono Donatien et le Parti politique dénommé Parti des
conservateurs congolais contre la Commission électorale indépendante 559 ; CSJ,
4 septembre 2006, RCE/DN/KN/006, Aff. Mata a N’Kumu contre la Commission
électorale indépendante 560 ; CSJ, 7 novembre 2006, RCE/DN/KN/007, Aff. Mulangu
Muabila contre la Commission électorale indépendante 561).
L’a été, également, la requête en contestation des résultats provisoires introduite
par une personne qui, aux termes des statuts du parti politique produits au dossier,
n’est pas habilitée à agir en justice en son nom (CSJ, 1er février 2007, RCE/DN/319,
Aff. Parti congolais pour la bonne gouvernance, PCBG, en sigle, contre la
Commission électorale indépendante 562 ; CSJ, 23 février 2007, RCE358/DN, Aff. Nsa
Nyangombale Charles contre la Commission électorale indépendante 563), ne prouve
pas avoir été candidate aux élections dans sa circonscription (CSJ, 1er février 2007,
RCE/DN/M MAYI/293, Aff. Ilunga Kasanganayi Valery contre la Commission
électorale indépendante 564) ou ne comparait pas et met la Cour dans l’impossibilité de
se prononcer, sur la recevabilité de sa requête, pour preuve de sa qualité de candidat
(CSJ, 9 mars 2007, RCE/DN/KN/137, Aff. Zubi Yemweni José contre la
Commission électorale indépendante 565).
Ne peut être reçue, la requête visant l’annulation des résultats des élections
législatives d’une circonscription, lorsque ceux-ci ont été annulés par un précédent
arrêt, à la suite du recours d’un candidat (CSJ, 9 mars 2007, RCE 205/DN, Aff.

558
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, Kinshasa, Carter
Center, 2007, p. 41.
559
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 269.
560
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 271.
561
Idem, p. 277.
562
Ibidem, p. 238.
563
Ibidem, p. 243.
564
Idem, p. 241.
565
Ibidem, p. 244.
274

Nkema Liloo Roger et Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle, contre la


Commission électorale indépendante 566).
Le recours en contestation des résultats électoraux introduit après le délai prescrit
par la loi est tardif et, donc, irrecevable (CSJ, 1er février 2007, RCE 325/DN, Aff. Jean
Bosco Mulapa contre la Commission électorale indépendante ; CSJ, 17 octobre 2006,
RCE 075/DN, Aff. Union nationale pour les intérêts des chômeurs, NADIC, en sigle,
contre la Commission électorale indépendante ; CSJ, 11 septembre 2006,
RCE 012/DN, Aff. Union des combattants pour le bien-être social, UCOBES, en

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
sigle, contre la Commission électorale indépendante ; CSJ, 23 octobre 2006,
RCE 340/DN, Aff. Iacko Salaya contre la Commission électorale indépendante 567).

B. L’examen de la requête

Saisie d’une requête, la juridiction contentieuse peut ordonner, soit le rejet, soit le
fondement de celle-ci, sa décision étant, dans l’une ou l’autre hypothèse, amplement
motivée.

1. Le rejet de la demande

Plusieurs causes peuvent justifier le rejet, pour non-fondement, d’un recours. L’on
note, par exemple, que l’absence d’incidence des irrégularités sur l’ensemble des
résultats obtenus par un candidat, dont l’élection est contestée ne peut convaincre le
juge du bien-fondé de sa demande. Pareille requête est tout simplement non fondée
(CSJ, 13 février 2007, RCE 017/DN, Aff. Alliance des bâtisseurs du Congo, ABACO,
en sigle, contre la Commission électorale indépendante 568).
La dénonciation des irrégularités ou des fraudes ne conduit pas, nécessairement, à
l’annulation de l’élection, le juge peut, en cas d’absence de preuves, décréter le non-
fondement du recours (CSJ, 4 septembre 2006, RCE 003/DN, Aff. Olenga Nkoy
contre la Commission électorale indépendante 569).
Est non fondé, le recours dénonçant des fraudes massives non prouvées, mais
supposées avoir été commises, dans le but de faire perdre à un candidat les voix, dans
plusieurs bureaux de vote (CSJ, 8 novembre 2006, RCE 187/DN, Aff. Kangamo
Samato contre la Commission électorale indépendante 570).

566
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., p. 251.
567
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 42.
568
Inédit.
569
Inédit.
570
Inédit.
275

L’est, également, la demande contestant la qualité de chef coutumier à un candidat,


à la cooptation, à l’Assemblée provinciale, au motif que le requérant est soupçonné,
sans preuve, d’avoir participé aux opérations de précooptation et, donc, dépourvu de
qualité d’ester en justice (CSJ, appel, 30 mars 2007, RCE/ADP/005, Aff. Wetshi
contre la Commission électorale indépendante 571).
Il en est de même de la requête visant l’irrecevabilité d’une tierce opposition,
prétendument, initiée en violation des dispositions pertinentes de la loi électorale 572 et
de l’ordonnance-loi organisant la procédure devant la Cour suprême de justice 573

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
(CSJ, 26 février 2007, RCE 350/DN, Aff. Lumbala Mbuyi contre la Commission
électorale indépendante 574).

2. L’acceptation de la requête

Si la juridiction saisie admet le recours, pour erreur matérielle, elle rectifie le


résultat erroné et annule, dans tous les autres cas, le vote en tout ou en partie, lorsque
les irrégularités retenues ont pu avoir une influence déterminante sur le résultat du
scrutin 575. Il peut aussi être amené à interpréter sa décision, antérieurement rendue,
dans la même affaire. Quelques cas spécifiques peuvent lui être également soumis,
pour que des précautions soient prises par les demandeurs.

2.1. La correction de l ’erreur matérielle


À l’issue d’un scrutin, il peut se commettre certains actes susceptibles d’être
sanctionnés par le juge électoral, lorsqu’au moment de leur survenance, il est apparu
une erreur matérielle, notamment le changement ou la permutation des noms des
candidats dans un bulletin de vote, l’affichage des résultats erronés, la discordance des
voix entre les suffrages affichés par le Centre local de compilation des résultats et ceux
rendus publics par la Commission électorale nationale indépendante.
Pour tous ces cas, la loi électorale autorise la juridiction contentieuse à opérer, une
fois saisie, la correction nécessaire en ordonnant la rectification des résultats erronés.
Celle-ci est faite, à la demande des parties ou du ministère public. Il ne peut s’agir que
de l’erreur matérielle commise, au moment de la publication des résultats provisoires
d’une élection ou celle contenue dans la décision rendue en matière de contestation
électorale.

571
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 43.
572
Notamment, en son article 74.
573
En son article 29.
574
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 43.
575
Art. 55 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
276

L’erreur est, en raison de son caractère polysémique, difficile à percevoir, parce que
couvrant plusieurs réalités : excusable ou non, judiciaire ou extrajudiciaire, de fait ou
de droit, erreur matérielle ou intellectuelle.
Collée à l’adjectif matériel, l’erreur est une inexactitude, qui se glisse dans
l’exécution d’une opération, la rédaction d’un acte ou le contenu de celui-ci et qui,
naturellement, appelle une correction.
Cette maladresse peut résulter d’une fausseté, dans le calcul ou la transcription
d’un montant, ou une confusion, dans l’enregistrement du nom ou d’un de ses

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
éléments. Il s’agit, donc, d’une inadvertance générale, qui ne conduit pas
nécessairement à la nouvelle contestation, mais dont le juge apprécie souverainement,
à partir des données, plutôt, évidentes qui lui permettent, le cas échéant, de la
redresser.
Par maladresse, le juge électoral a retenu l’erreur matérielle comme justifiant le
recomptage des voix (CSJ, 22 décembre 2006, RRCE 076, Aff. Lumanda Madda
contre la Commission électorale indépendante 576), opération réalisée, en principe, au
niveau du bureau de vote et de dépouillement.
Devant le juge, le recomptage des voix n’est envisagé que dans la mesure où les
bulletins de vote ont été, avec les autres pièces, communiqués à la juridiction
compétente. À défaut, le juge peut, par une décision avant dire droit, en ordonner la
communication ; sa démarche devant s’inscrire dans le cadre légal.
Le recomptage des voix est, donc, rare et difficile à organiser, au niveau de la
juridiction contentieuse, le dépouillement judiciaire qu’il convoque ne pouvant pas se
confondre à la vérification, au niveau du greffe, des suffrages réellement obtenus par
chaque candidat ou liste.
L’ouverture, même contradictoire, de plis et le redressement des voix ne
définissent pas le recomptage, qui ne peut se dérouler que dans un bureau de
dépouillement ou, à défaut, sur base des bulletins de vote préalablement recensés.
Le relevé du dépouillement, qui est établi, doit comprendre le nombre total de
votants, celui de bulletins sortis de l’urne, utilisés ou non, les bulletins nuls ou annulés,
le nombre de suffrages valablement exprimés, ainsi que ceux obtenus par chaque
candidat ou liste 577.
C’est, donc, par inattention que, saisi d’une contestation des résultats, le juge
électoral congolais a, dans sa décision, assimilé le redressement judiciaire des voix à
l’issue de l’ouverture des plis, en une opération de recomptage des voix, qui exige le
comptage judiciaire des bulletins de vote.

576
Quatrième feuillet, inédit.
577
Art. 63, al.5 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
277

Les réclamations et contestations éventuelles, sur le comptage des voix, sont faites
au bureau de dépouillement, pendant la signature du procès-verbal de dépouillement.
Remise au témoin présent, la copie de ce procès-verbal peut, le moment venu,
servir de preuve devant le juge du contentieux. En cette matière, en effet, l’erreur
matérielle peut résulter des opérations préparatoires à une élection ou des résultats
proclamés par l’autorité administrative compétente, mais rarement sur les résultats
proclamés par le juge lui-même.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, c’est à la juridiction saisie de l’action principale

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
qu’il revient de statuer sur celle en rectification de l’erreur matérielle, sans que sa
décision ne remette en cause celle contenant l’erreur matérielle, question de ne pas
énerver le principe de l’autorité de la chose jugée attachée aux décisions de justice.
Pour emporter la conviction de la juridiction compétente, le requérant doit fournir
toutes les preuves requises. Celles-ci doivent, sous peine d’irrecevabilité, être signées
par les personnes habilitées. Aussi, le recours qui s’appuie sur des pièces non signées
du requérant, son mandataire, celles signées par des personnes non autorisées, est-il
tout simplement irrecevable.
L’est, également, la requête en rectification de l’erreur matérielle, qui ne s’appuie
sur aucune preuve (CSJ, 25 avril 2012, RCE453/713/DN, Aff. Alexis Luwundji
Okitasombo et le Mouvement de solidarité pour la démocratie et le développement,
MSDD, en sigle, contre Owanga Welo et la Convention des Congolais unis, CCU, en
sigle 578).
Dans l’appréciation de la régularité du scrutin, la juridiction compétente prend en
compte, outre les irrégularités qu’elle a relevées, les réclamations des électeurs
annexées au procès-verbal du déroulement du scrutin, celui de dépouillement, ainsi
que les observations des membres du bureau de vote ou des témoins des candidats.
Est irrecevable, la requête qui, sous prétexte, de solliciter la correction de l’erreur
matérielle contenue, dans une décision antérieurement rendue vise, en réalité, le
réexamen, au fond, de la décision critiquée (CSJ, 31 août 2012, RCE
930/931/936/939/394/968/974/976/994/1001/1016/DN, Aff. Parti lumumbiste
unifié, PALU, en sigle, Génération pour la solidarité et le développement du Congo,
GSCO, en sigle, Éveil et conscience pour le travail et le développement, ECT, en sigle,
Union pour le développement du Congo, UDCO, en sigle, Kiluba Longo Justin,
Katandula Kawinisha Héritier, Mulunda Numbi Kabange Shadrack et Mwamba
Mushikonke Mwamus contre l’Union nationale des fédéralistes Congolais, UNAFEC,
en sigle, Avenir du Congo, ACO, en sigle, Alliance des forces démocratiques du

578
Troisième feuillet, inédit. On note que parmi les candidats dont l’élection a été annulée, pour
irrégularités déterminantes, ayant affecté la sincérité des résultats, se trouve le nommé Ngoy Mulunda
Nyanga Emmanuel, proche parent du président de la Commission électorale nationale indépendante en
fonction.
278

Congo, AFDC, en sigle, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie,


PPRD, en sigle, Kitawa Wimwene Edmond, Ilunga Nkulu Nene, Mwepu Kanyama
Bilonda et Mulongo Ngoy Yvan 579).
L’est, de même, la demande en intervention volontaire poursuivant la correction
de l’erreur matérielle commise, dans une décision rendue en matière de contestation
électorale (CSJ, 5 septembre 2012, RCE 969/998/951/DN, Aff. Le Congrès national
congolais, CNC, en sigle, La Solidarité congolaise pour la démocratie et le
développement, SCODE, en sigle, Bialufu Ngandu Albert contre l’arrêt RCE 792/DN

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rendu en date du 25 avril 2012 par la Cour suprême de justice en présence de la
Commission électorale nationale indépendante, le Rassemblement pour l’unité, le
développement et l’environnement du Congo, RUDEC, en sigle, le Mouvement social
pour le renouveau, MSR, en sigle, messieurs Ngoy Kasanji Alphonse, Tshisekedi
Tshilombo Félix, Maweya Muteba Jean, Mpanda Kabangu José, Lumbala Tshitenga
Roger, Ngoy Ntambwe Crispin et Mulumba Muabi Kishi Florent, ainsi que Monsieur
Mutanda Ngoy Muana Alexis, intervenant volontaire 580).
La rectification de l’erreur matérielle n’étant pas une voie de recours ordinaire,
seules les parties au procès sont, à l’exception de toute intervention volontaire,
concernées par la procédure 581.
Est, en revanche, fondé le recours poursuivant la correction de l’erreur matérielle
effectivement commise, à l’occasion de la publication des résultats provisoires de
l’élection des députés nationaux (CSJ, 25 avril 2012, RCE 426/428/625/631/DN,
Aff. Union nationale des fédéralistes congolais, UNAFEC, en sigle, Le Parti du peuple
pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle, Avenir du Congo, ACO, en
sigle, Mwepu Kanzama Bilonda contre Mulunda Numbi Kabange Shadrack,
Katandula Kawinisha, Kiluba Longo, Mwamba Mushikonke et la Commission
nationale électorale indépendante 582).

2.2. L’annulation parti elle ou t otale du vote


La loi électorale congolaise autorise au juge d’ordonner, en cas d’irrégularités ayant
une influence déterminante sur les résultats du scrutin, l’annulation partielle ou totale
du vote. L’idée de performance électorale peut conduire à la validation des résultats et
légitimer le processus lui-même.
Les irrégularités qui peuvent entraîner l’annulation d’un vote sont d’origines
diverses et variées. Elles résultent des bourrages d’urnes, des violences à l’égard des
électeurs, de l’obstruction faite aux délégués des candidats ou partis, régulièrement

579
Troisième feuillet, inédit.
580
Inédit.
581
Deuxième et sixième feuillets, inédit.
582
Deuxième, troisième et quatrième feuillets, inédit.
279

accrédités, d’accomplir leurs missions (CSJ, 6 février 2007, RCE/DN/KN/200, Aff.


Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle, et Okitodihe Okodi Lopango
André contre Forces novatrices pour l’union et la solidarité, FONUS, en sigle, et
Okundji Ndjovu Emery).
Ces irrégularités apparaissent, également, dans l’interdiction faite aux témoins des
candidats, partis ou regroupements politiques de convoyer, avec les membres des
Bureaux de vote et de dépouillement ou des Centres de votes, les résultats aux Centres
locaux de compilation des résultats.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
Constituent des irrégularités électorales, le refus pour les membres des Bureaux de
vote et de dépouillement, ceux des Centres locaux de compilation des résultats de
remettre aux délégués des candidats, partis et regroupements politiques les copies des
procès-verbaux de dépouillement des bulletins ou de compilation des résultats, le
sabotage des lieux de vote et de dépouillement, la poursuite de la campagne électorale
le jour du vote, les fraudes massives occasionnées par la circulation irrégulière et
parallèle des bulletins de vote ou le fait, pour le garde de corps d’un candidat,
d’extorquer les cartes d’accréditation des témoins d’un autre candidat, pour les
remplacer par les personnes non accréditées (CSJ, 2 novembre 2006,
RCE/DN/KN 024, Aff. Lumbala Mbuyi Joseph contre Lumbala Tshitenga Roger et la
Commission électorale indépendante).
Saisi de ces cas, le juge peut ordonner l’annulation partielle (CSJ, 25 avril 2012,
RCE 517/DN, Aff. Parti chrétien-démocrate pour le développement intégral, PCDI,
en sigle, contre Baende Jean-Claude et la Commission électorale nationale
indépendante) ou totale du vote (CSJ, 25 avril 2012, RCE 463/DN, Aff. Parti
démocrate-chrétien, PDC, en sigle, contre Isekemanga et consorts et la Commission
électorale nationale indépendante).
Il peut aussi annuler les résultats d’un candidat, avant de proclamer ceux des autres
(CSJ, 25 avril 2012, RCE 440/DN, Aff. Ligue pour la défense des intérêts des
Congolais, LDIC, en sigle, contre Kabuya) ou l’ensemble des résultats d’une
circonscription électorale (CSJ, 24 avril 2012, RCE 725/DN, Aff. Parti du peuple pour
la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle contre Kabwe Mwewu et consorts,
CSJ, 25 avril 2012, Aff. Convention pour la renaissance et le progrès, CRP, en sigle, et
consorts contre Balaya et consorts).
Tout en reconnaissant l’influence déterminante des irrégularités sur l’issue du
scrutin, le juge peut ordonner l’annulation partielle de l’élection, sans indiquer les
bureaux et centres de vote concernés par ces irrégularités. Il se contente de procéder
au redressement des résultats électoraux par ordre d’arrivée, selon les suffrages exprimés,
tout en excluant les bénéficiaires des résultats falsifiés (CSJ, 25 avril 2012, RCE
426/428/625/631/DN, Aff. Union nationale des fédéralistes congolais, UNAFEC, en
sigle, Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle,
Avenir du Congo, ACO, en sigle, Mwepu Kanzama Bilonda contre Mulunda Numbi
280

Kabange Shadrack, Katandula Kawinisha, Kiluba Longo, Mwamba Mushikonke et la


Commission électorale nationale indépendante).
Bien que conforme à la loi, cette décision ne résiste pas, en raison des insuffisances
de motivation, à la critique. L’est, également, l’attitude du juge électoral, qui examine
indistinctement, et dans la même décision, l’annulation du vote et l’invalidation de
l’élection (CSJ, 25 avril 2012, RCE 425/465/466/DN, Aff. Union nationale des
fédéralistes du Congo, UNAFEC, en sigle, Rassemblement des patriotes pour le
développement du Congo, RPDC, en sigle, Parti du peuple pour la paix et la

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démocratie, PPPD, en sigle, et l’Union nationale des démocrates fédéralistes,
UNADEF, en sigle, contre Ngoy Mulunda Nyanga Emmanuel, Éveil et conscience
pour le travail et le développement, ECT, en sigle, Luhonge Kabinda Ngoy et le Parti
du peuple pour la paix et la démocratie, PPPD, en sigle, Ramazani Masudi Kilele
Mabuga, Union pour le développement du Congo, UDCO, en sigle, et la Commission
électorale nationale indépendante ; CSJ, 25 avril 2012, RCE 517/DN, Aff. Parti
chrétien-démocrate pour le développement intégral, PCDI, en sigle, contre Baende
Jean-Claude et la Commission électorale nationale indépendante).
L’invalidation est une reconnaissance par une autorité administrative ou une
assemblée délibérante des irrégularités d’un acte ou d’une opération 583. Dans le
domaine électoral, elle n’a lieu qu’après le règlement juridictionnel du contentieux.
À la différence de l’invalidation, qui autorise une assemblée parlementaire à vérifier
ou à contrôler, selon sa procédure, la régularité de l’élection de ses membres,
l’annulation est prononcée par la juridiction électorale compétente. C’est l’acte par
lequel l’organe compétent dont l’autorité administrative ou judiciaire, décide du rejet
d’une élection. L’annulation rend, donc, nuls et sans effet les résultats d’une élection,
pour cause d’irrégularités. Elle aboutit à la suppression d’une élection entachée
d’irrégularités 584.
Lorsque le juge décide de l’annulation partielle ou totale du vote, il ordonne la
tenue, dans le délai légal, d’un nouveau scrutin. En droit ivoirien, on observe non, sans
étonnement, qu’après avoir décidé de l’annulation partielle de l’élection présidentielle
du 28 novembre 2010, le juge électoral s’est, curieusement, refusé, comme le veut le
Code électoral, d’ordonner, à la Commission électorale indépendante, l’organisation
de l’élection partielle, dans les zones concernées par les irrégularités et violences.
Il ne lui restait plus qu’à se dédire avec une autre décision, tout aussi critiquable,
par ses motivations, en ce qu’elle proclame, pour la même élection, un candidat, dont
le recours a été rejeté, mais devenu, par la force de choses, nouveau président de la
République, dont l’élection a été officiellement reconnue.

583
CORNU G., Vocabulaire juridique, Paris, 8e éd. PUF, p. 57
584
Idem. p. 478.
281

Plus qu’une question d’agencement légal, la pratique des élections offre une
gamme de cas spécifiques qui sollicitent, chaque jour, l’intervention du juge.

2.3. L’int erprétation de la déci sion antéri eure


Lorsqu’une décision de justice est peu claire, imprécise et cause grief à une partie à
l’instance, celle-ci est fondée à retourner devant le même juge, pour obtenir une
interprétation claire et non équivoque.
L’interprétation désigne, donc, la procédure par laquelle le juge explicite, à la

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demande d’une partie à l’instance, les dispositions peu claires contenues dans son
jugement. Elle ne conduit pas à la modification ou au réexamen, au fond, de cette
décision (CSJ, 5 septembre 2012, RCE 969/998/951/DN, Aff. Le Congrès national
congolais, CNC, en sigle, La Solidarité congolaise pour la démocratie et le
développement, SCODE, en sigle, Bialufu Ngandu Albert contre l’arrêt RCE 792/DN
rendu en date du 25 avril 2012 par la Cour suprême de justice en présence de la
Commission électorale nationale indépendante, le Rassemblement pour l’unité, le
développement et l’environnement du Congo, RUDEC, en sigle, le Mouvement social
pour le renouveau, MSR, en sigle, messieurs Ngoy Kasanji Alphonse, Tshisekedi
Tshilombo Félix, Maweya Muteba Jean, Mpanda Kabangu José, Lumbala Tshitenga
Roger, Ngoy Ntambwe Crispin et Mulumba Muabi Kishi Florent ainsi que Monsieur
Mutanda Ngoy Muana Alexis, intervenant volontaire 585).
Afin d’éviter que, prétextant l’obscurité de la décision attaquée, la partie qui a saisi
le juge ne tente d’influencer sa modification, et faire ainsi échec à l’autorité de la chose
jugée, la procédure, en interprétation, est soumise à des règles de stricte application :
elle a lieu au contradictoire de toutes les parties ou leurs mandataires.
L’interprétation d’une décision de justice n’est pas admise en cas d’appel ni à
l’égard des tiers. Saisi de la contestation, le juge ne peut, sous prétexte d’en déterminer
le sens, apporter une quelconque modification aux dispositions précises de celle-ci,
fussent-elles erronées.

2.4. L’inventaire de quel ques questions spéci fiques


L’organisation et la gestion de l’élection peuvent être à la base des contestations,
dont les motivations résultent, soit du refus de publier les résultats, soit de leur
proclamation différée, soit encore de l’annulation de l’élection, suivie de l’invalidation
du vote, de l’auteur des violences et irrégularités. L’intrusion des personnes non
autorisées, dans un bureau de vote et de dépouillement, peut intéresser le juge
électoral.
Sauf cas de force majeure autorisé, il n’est pas admis de différer, sans motif
légitime, la publication, au-delà du délai légal, des résultats recensés et centralisés des

585
Sixième feuillet, inédit.
282

bureaux et centres de vote. Pareille attitude risque de contribuer aux suspicions de


fraude ou de favoritisme auquel le juge doit, en cas de saisine, être attentif.
L’annulation d’une élection ou l’invalidation d’un candidat, auteur des fraudes ou
violences électorales, n’a lieu qu’après la proclamation officielle des résultats, et pour
autant que la loi l’autorise. Si l’annulation de l’élection est de la compétence du juge,
ce dernier ne peut s’autoriser d’invalider une personne élue, cette attribution étant
exercée par l’assemblée parlementaire qui a validé son mandat.
À l’exception de la Corée du Sud, qui autorise sa commission électorale 586 à

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superviser les élections organisées par les structures socioprofessionnelles, dont les
élections syndicales et les délégations estudiantines ou celles acceptées, dans le cadre
des primaires, au sein des partis politiques, d’agréer la gestion et le financement des
partis politiques, la sanction administrative ou pénale, avec le concours du parquet
contre les contrevenants, troublant le bon déroulement des élections et l’image de la
démocratie coréenne ; l’ensemble des législations électorales sont réservées, pour
reconnaître à l’organe chargé de la gestion des élections le pouvoir, de sanctionner les
actes répréhensibles commis à l’occasion du déroulement du vote.
Elles autorisent, en revanche, la saisine, par des voies légales et ordinaires, des
instances judiciaires compétentes, en cas d’actes répréhensibles commis, pendant le
déroulement du vote ou à l’occasion du dépouillement des résultats.
L’intrusion d’une personne, non autorisée, dans un bureau de vote et de
dépouillement, viole la loi électorale. Elle est de nature à troubler l’ordre public ou à
porter atteinte à la régularité du scrutin. Le juge ne la sanctionnera que, dans la mesure
où elle a pu, de manière déterminante, influencer le comportement des électeurs et
fausser les résultats. Son silence peut, en revanche, être interprété comme un déni de
justice.
L’usage de la fausse qualité de candidat à une élection, la corruption et les
violences faites aux électeurs ou aux agents électoraux, la violation de l’interdiction de
battre campagne le jour du scrutin, l’utilisation du personnel de l’État comme témoins
ou observateurs électoraux, le bourrage d’urnes, sont autant d’actes qui heurtent la
conscience humaine. Ils peuvent déformer les résultats, mais leur dénonciation ne
suffit pas, pour emporter la conviction du juge qui statue sur pièces.

3. La motivation de la décision du juge

Les juges ont l’obligation de motiver leurs décisions, ils sont tenus d’expliquer les
raisons de fait et de droit qui en ont constitué le soubassement.

586
Composée de neuf membres, répartis équitablement entre les trois pouvoirs traditionnels de
l’État, dont trois désignés par le gouvernement, trois par le parlement et trois hauts magistrats
appartenant au pouvoir judiciaire.
283

Dans une instance judiciaire, la motivation des décisions de justice est une garantie
essentielle, pour les justiciables qui, en cas de désaccord avec les motifs, peuvent s’y
appuyer en vue, le cas échéant, de leur contestation.
On signale qu’à l’instar de toute décision de justice ordinaire, celle du juge
électoral doit être motivée 587. Cette obligation concerne, aussi bien, les décisions
rendues au premier degré qu’au degré d’appel.
En droit judiciaire congolais, toute décision non motivée est susceptible de
cassation, à l’exception des arrêts de la Cour constitutionnelle qui sont, dès leur

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prononcé, exécutoires, obligatoires et opposables aux pouvoirs publics et aux citoyens.

4. Les voies de recours

La loi électorale précise que la décision de la juridiction est notifiée au requérant,


au candidat dont l’élection est contestée et à la Commission électorale nationale
indépendante. Elle est, sauf en ce qui concerne les arrêts de la Cour
constitutionnelle 588, susceptible de recours introduit, dans les trois jours à compter de
la signification de la décision entreprise 589.
Au niveau de la juridiction d’appel, la procédure est la même que celle applicable
en droit judiciaire 590. L’appel n’est pas suspensif, sauf exception légale 591, dans la
mesure où, en raison du principe de la représentation nationale, la personne dont
l’élection est contestée continue à bénéficier, jusqu’à la décision définitive contraire 592,
de la présomption de bonne foi ; les actes posés, en qualité d’élu, sont juridiquement
légaux et politiquement justifiés.
S’agissant de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur de province, l’appel
contre la décision rendue, en premier ressort, par la Cour d’Appel est suspensif de leur
entrée en fonction, l’ordonnance présidentielle d’investiture 593 ne pouvant intervenir

587
Art. 21 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
588
Aux termes de l’article 168 de la Constitution du 18 février 2006, les arrêts de la Cour
constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours, ils sont immédiatement exécutoires.
589
Art. 74, quinquies, al. 2 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
590
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., pp. 349-
350.
591
Dans l’arrêt RCE/ADP/021 du 9 mars 2007, la Cour suprême de justice, siégeant en matière
électorale au degré d’appel, note que le délai d’appel et de pourvoi en appel seraient suspensifs en matière
électorale. Cette motivation, dépourvue de fondement légal, entretient, en même temps, une confusion
entre le délai d’appel et le pourvoi en appel, procédure qui n’est pas organisée par la loi.
592
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 350.
593
Aux termes de l’article 198, al. 2 de la Constitution de la République démocratique du Congo, le
gouverneur et vice-gouverneur de province sont élus, pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule
fois, par les députés provinciaux au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale. Ils sont investis par
ordonnance du président de la République.
284

qu’après règlement définitif du contentieux par la juridiction d’appel, en l’occurrence


la Cour constitutionnelle.
À l’instar du droit positif congolais, celui français a tempéré la chose jugée attachée
à la décision du juge électoral rendue au premier degré, uniquement en ce qui
concerne les manœuvres constatées, dans l’établissement des listes électorales, et les
irrégularités observées, lors du déroulement du scrutin.
Saisi d’un tel recours, le tribunal administratif peut, décider, nonobstant appel, de
la suspension du mandat de la personne dont l’élection est contestée, question

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d’écarter des assemblées parlementaires les élus, auteurs des fraudes électorales.
Toujours en France, la jurisprudence a évolué, pour admettre d’autres voies de
recours en matière électorale comme la tierce opposition, la révision, l’interprétation,
la rectification d’une erreur matérielle ou le pourvoi en cassation 594.
Au sujet de la tierce opposition, celle-ci ne peut être décidée que par le Conseil
d’État saisi d’un recours formé devant le jugement de première instance. Il est, en effet,
de plus en plus admis la recevabilité de cette voie de recours contre une décision par
laquelle le Conseil d’État a statué sur la régularité des opérations électorales.
Il en découle qu’initialement étranger au contentieux électoral français, jusqu’à la
réforme du contentieux administratif réalisé, par la Loi n° 87-1127 du 31 décembre
1987, le pourvoi en cassation en matière électorale n’occupe plus qu’une place
relativement réduite. Il n’est, en réalité, ouvert qu’à l’encontre des arrêts de la Cour
administrative d’Appel, à l’exclusion du contentieux des élections politico-
administratives 595.
En droit congolais, la juridiction d’appel n’est pas autorisée de recevoir, en raison
de l’effet dévolutif, la nouvelle demande (CSJ, 9 mars 2007, RCE/ADP/021, Aff.
Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle, contre l’Alliance de la majorité
présidentielle, AMP, en sigle, Kimbuta Yango André et Bafiba Zomba Clément 596).
Elle peut, néanmoins, prendre toutes les mesures d’instruction qu’elle juge utiles,
notamment la communication, par la Commission électorale nationale indépendante,
les autorités politiques ou administratives des informations nécessaires, l’audition des
parties ou des témoins, voire les descentes sur les lieux.
Sont aussi écartées de son champ opérationnel, la demande incidente, celle sur une
erreur matérielle, prétendument, commise au premier degré, l’opposition et la tierce
opposition.

594
MALIGNER B, Droit électoral, op. cit., pp. 853-856.
595
Idem, p. 863.
596
Septième feuillet, inédit.
285

Section 3. L’installation des nouvelles assemblées parlementaires


Après la réception et la centralisation des résultats des centres locaux de
compilation et leur consolidation, au niveau de chaque secrétariat exécutif provincial,
la Commission électorale nationale indépendante dresse un procès-verbal des
résultats provisoires signé par tous les membres. Elle les annonce et les affiche, dans
ses locaux, ou les publie sur son site internet. Les procès-verbaux et les pièces jointes
sont transmis aux juridictions compétentes 597.

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Dans le même temps, et en attendant le règlement juridictionnel du contentieux, la
liste provisoire des élus est transmise, avec les pièces nécessaires, aux différentes
assemblées parlementaires, en vue de la validation de leurs pouvoirs et l’élection des
membres devant composer les bureaux définitifs.

§ 1. La validation des pouvoirs des nouveaux élus

La Constitution fait obligation à l’Assemblée nationale et au Sénat de se réunir, de


plein droit, en session extraordinaire, le quinzième jour suivant la proclamation, par la
Commission électorale nationale indépendante, des résultats provisoires, en vue de
l’installation du bureau provisoire.
Dirigé par le doyen d’âge, assisté des deux moins âgés, le bureau provisoire
s’occupe, essentiellement, de la validation des pouvoirs, l’élection et l’installation du
bureau définitif, ainsi que l’examen et l’adoption du règlement intérieur 598. L’exigence
est la même, pour les assemblées provinciales et celles délibérantes des entités
territoires décentralisées 599.
À l’issue de la validation des pouvoirs, les nouveaux élus peuvent prétendre
bénéficier de la protection juridique conférée à leur mandat et poser les actes y
rattachés, parmi lesquels, l’élaboration du règlement intérieur de la chambre
parlementaire à laquelle ils appartiennent, le choix d’un groupe parlementaire et
l’élection du bureau définitif.

§ 2. L’élection des membres des bureaux définitifs

Une fois les pouvoirs validés, les nouveaux parlementaires s’attèlent à la rédaction
et à l’adoption du règlement intérieur.

597
Art. 71 de la Loi électorale, telle que modifiée et complétée à ce jour.
598
Art. 114, al. 1er de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
599
Art. 55 de la Loi organique n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à
la libre administration des provinces, telle que modifiée à ce jour.
286

Document essentiel dans l’organisation et le fonctionnement d’une assemblée


politique ou celle délibérante, le règlement intérieur contient l’essentiel des
dispositions fixant l’organisation et le fonctionnement d’une assemblée politique ou
d’un organe délibérant.
La Constitution précise qu’avant leur mise en application, les règlements intérieurs
des chambres parlementaires, du Congrès et des institutions d’appui à la démocratie
sont soumis au contrôle de conformité de la Cour constitutionnelle, qui se prononce,
dans le délai de trente jours. Ce délai peut, à la demande du gouvernement et lorsqu’il

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y a urgence, être ramené à huit jours 600.
Déclaré conforme à la Constitution, le règlement intérieur sert de boussole aux
travaux d’une chambre parlementaire ou d’une assemblée politique délibérante,
notamment au moment de l’élection du bureau définitif 601 et de la constitution des
groupes parlementaires. Il est précisé qu’au début de chaque législature, les partis et
regroupements politiques déposent, au Bureau provisoire de l’Assemblée nationale,
une déclaration écrite d’appartenance à la majorité ou à l’opposition politique,
dûment signée par chacun d’eux. La proportionnalité entre la majorité et l’opposition
est, ensuite, constatée par l’Assemblée plénière qui en prend acte 602.
À l’Assemblée nationale et au Sénat, le bureau définitif est composé de sept
membres, dont un président, un premier vice-président, un deuxième vice-président,
un rapporteur, un rapporteur adjoint, un questeur et un questeur adjoint 603. Les
modalités de l’élection des membres du bureau définitif et de la constitution des
groupes parlementaires sont fixées dans le règlement intérieur.
Dans chaque Assemblée provinciale, le bureau définitif est constitué de cinq
membres, dont un président, un vice-président, un rapporteur, un rapporteur adjoint
et un questeur 604, tous élus, selon les modalités fixées dans le règlement intérieur.
Il s’observe que, faute des règlements intérieurs conformes à la Constitution, la
Commission électorale nationale indépendante a organisé, le 12 mars 2019, l’élection
des membres des bureaux définitifs des nouvelles assemblées provinciales suivie, le
15 mars 2019, de celle des sénateurs et, le 10 avril 2019, des gouverneurs de provinces.
Pour contourner cette irrégularité, le président de la République résolut
d’ordonner, à l’issue d’une réunion interinstitutionnelle du 18 mars 2019, à laquelle
fut conviée la Commission électorale nationale indépendante, la suspension de
l’installation du Sénat et le report, sine die, de l’élection des gouverneurs et vice-
gouverneurs de provinces.

600
Art. 160, al.2 et 4 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
601
Art. 27 et 28 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale du 21 mars 2019.
602
Art. 26, al. 3 et 4 du même Règlement intérieur.
603
Art. 111 de la Constitution du 18 février 2006, telle que révisée à ce jour.
604
Art. 18 de la Loi organique n° 08/012 du 31 juillet 2008.
287

Sans une couverture constitutionnelle suffisante, cette décision aurait été dictée
par des considérations politiques, afin de se donner une marge de manœuvre, qui
déboucherait sur la mise en place d’une cartographie politique au sein de laquelle il
jouerait un rôle clé.
De courte durée, ces mesures n’ont pas permis au président de la République de
contourner l’encerclement politique et la stratégie du fait accompli dont il est l’objet.
Ne disposant pas d’un espace politique plus large, il résolut, dix jours après, de faire
profil bas, pour lever les précédentes décisions annoncées, pourtant, avec pompe.

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Ainsi réduite, la marge de manœuvre du nouveau président de la République
pourrait affecter, dans la durée, les relations avec ses électeurs, qui croient encore au
changement de gouvernance politique, qu’il est censé apporter dans la gestion des
affaires de l’État.
Constitué pour la durée de la législature, un groupe parlementaire comprend
uniquement des personnes revêtues d’un mandat électif, en cours de validité. Il
remplit la mission d’un organe consultatif créé à partir des matières déterminées dans
le règlement intérieur de chaque chambre parlementaire.
Dans sa composition, le groupe parlementaire peut-être homogène ou hétérogène,
majoritaire ou d’opposition, selon que ses membres ont affiché leur appartenance ou
non à la coalition ayant le plus grand nombre d’élus, identifiés au sein de l’assemblée
parlementaire.
Logiquement, aucun groupe parlementaire ne peut être formé, avant la validation
des pouvoirs des élus et la déclaration de conformité à la Constitution du règlement
intérieur, exercice qui précède l’identification de la majorité parlementaire, différente
de celle présidentielle 605.
Formée sur la base du nombre des suffrages réellement obtenus, par le président
de la République nouvellement élu, la majorité présidentielle est agencée à partir des
électeurs qui lui ont exprimé un vote favorable.
À l’opposé de la majorité présidentielle, celle parlementaire est uniquement
constituée des groupes parlementaires acceptant de soutenir l’action du
gouvernement. Elle ne change qu’à la suite d’une nouvelle élection générale.
Une fois identifiée, la majorité parlementaire est constituée, pour la nomination du
Premier ministre censé être, lui-même, parlementaire.
Dans un régime parlementaire, l’influence du président de la République dans la
nomination du Premier ministre et la constitution du gouvernement est fonction de la
majorité parlementaire, au sein de l’Assemblée nationale.

605
ESAMBO KANGASHE J.-L., Traité de droit constitutionnel congolais, op. cit., pp. 188 et 275.
288

En cas de convergence des majorités, présidentielle et parlementaire, le chef de


l’État étant également celui de la majorité parlementaire, son autorité sera, de plus en
plus, affirmée. Chef du gouvernement, le Premier ministre est, doublement,
responsable devant l’Assemblée nationale et le président de la République, qui peut
provoquer sa démission ou sa révocation, par la majorité parlementaire acquise à sa
cause.
Lorsque le président n’a pas la majorité parlementaire, sa marge de manœuvre est
réduite et la cohabitation s’invite, dans ses rapports avec le Premier ministre, chef du

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gouvernement. Dans cette hypothèse, une collaboration fonctionnelle entre le
Premier ministre, chef de la majorité parlementaire et le président de la République,
désormais, chef de l’opposition est, obligatoire 606.

Section 4. La question de la vérité des urnes


Depuis quelques décennies, il s’observe, dans le continent, une vague de
contestations des résultats issus des élections, notamment présidentielles, au motif
qu’ils ne refléteraient pas la vérité des urnes.
Tout aussi ambigüe qu’ambivalente, en raison, sans doute, de son usage souvent
abusif ou intéressé, la vérité des urnes dérive, plutôt, de la pratique électorale, qu’elle
n’est consacrée dans le Code électoral. Il importe d’en saisir le contenu duquel
découlent les éléments nécessaires d’appréciation au service de la démocratie.

§ 1. La notion aux contours ambigus

La vérité des urnes est difficile à appréhender, tant son contenu renferme une
énigme, que seuls les esprits avisés et les mains expertes sont capables de révéler.
L’impasse est réelle, même à l’égard de ceux qui l’évoquent ou prétendent en saisir les
contours. Les diverses réalités, qui se mêlent tout au long du processus de préparation,
d’organisation et de gestion d’une élection le rendent plus complexe à saisir.
Aussi, prenant appui sur une fraude électorale avérée ou supposée, la vérité des
urnes porte-t-elle, le coup à la crédibilisation du scrutin et, plus généralement, à la
sincérité des résultats. Elle décline une tradition plus fidèle de la volonté des électeurs
exprimée, au moment du comptage des suffrages issus d’une élection.
La vérité des urnes renforce la foi à la liberté, dont jouissent les électeurs, au
moment du scrutin, l’intégrité de leur vote, la transparence et l’honnêteté des
opérations de compilation et de centralisation des résultats.

606
ESAMBO KANGASHE J.-L, Traité de droit constitutionnel congolais, op. cit., p. 204.
289

Pour une notion dont le rappel peut ou ne pas être à la base des crispations
politiques, la bonne perception semble se cacher, dans le contact que l’on peut ne pas
avoir avec l’organe ou la personne qui détiendrait le secret.
L’observation a permis de se faire l’idée sur une gamme de pistes des réflexions à
même d’en saisir la portée. La première inciterait à se rapprocher du pouvoir
organisateur des élections, pour en obtenir le secret. On pense, non sans raison, que
l’autorité qui prépare, organise et gère un scrutin serait mieux qualifiée pour en
dévoiler, au moment de la publication des résultats, le secret, à condition que la

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volonté des électeurs ne soit pas falsifiée ou détournée, par les manœuvres de toute
nature.
Cette conclusion ne vaut qu’en cas de reconnaissance des résultats électoraux.
Dans le cas contraire, c’est au juge chargé du contentieux électoral qu’il revient d’en
divulguer le contenu.
Là encore, la vérité des urnes n’aurait été que partielle, parce qu’en amont, la
préparation et l’organisation du scrutin, étapes au cours desquelles les stratégies des
fraudes électorales seraient soigneusement peaufinées, auraient échappé au contrôle
du juge, dont l’intervention est postérieure et limitée dans la durée. Les expériences de
la Côte d’Ivoire, du Gabon et de la République démocratique du Congo sont, à cet
égard, évocatrices.
Une autre grille de réflexion serait offerte par la présence d’observateurs, témoins
et journalistes à toutes les étapes du processus électoral : l’inscription sur les listes
électorales, l’enregistrement des candidatures, l’organisation de la campagne
électorale, la tenue du scrutin et la gestion du contentieux.
Plus proche de la vérité des urnes, cette recette pourrait se révéler
contreproductive et, au besoin, illégale, au cas où la législation nationale 607 organise
autrement la répartition des compétences, dans la gestion du scrutin.
Pour une solution circonstancielle, ne permettant pas toujours d’avoir une
perception plus globale du contexte d’organisation d’une élection, son acceptation,
par les acteurs impliqués, pourra se révéler difficile.
Bien que poursuivant la transparence et la sincérité des résultats, la présence
d’observateurs, notamment, internationaux pose, de toute évidence, le problème de
l’authentification des résultats rendus publics par les institutions nationales
compétentes.
Une opinion y voit d’ailleurs un droit d’ingérence électorale, qui devrait difficilement
cohabiter avec la souveraineté, au demeurant discutable, dont se prévalent les États
africains. Les exemples congolais et ivoirien en sont éloquents.

607
À l’exemple de la Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo.
290

§ 2. Le contenu de la vérité des urnes

Sur le plan strictement technique, la vérité des urnes est comptable de la


connaissance des règles de jeu, des principaux acteurs, du terrain sur lequel se joue le
jeu électoral et de l’arbitre.
Les règles de jeu sont constituées du dispositif juridique, qui préside à
l’organisation d’une élection. Sa connaissance induit celle du système électoral, du
mode de scrutin, des conditions d’éligibilité et des cas d’inéligibilité du droit de vote

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ou de l’organisation de la campagne électorale, souvent d’inspiration étrangère.
Une bonne répartition des compétences et des responsabilités entre les différents
acteurs impliqués permet de crédibiliser le scrutin et de garantir, en même temps, la
sincérité des résultats : on doit savoir qui fait quoi et quand.
Du point de vue des acteurs du jeu électoral, tels que les partis ou regroupements
politiques et les candidatures indépendantes, dont l’identification préalable paraît
indispensable, il importe de s’assurer du bénéfice égal que leur procure le code
électoral, notamment, en matière des droits et avantages tout au long du processus
électoral.
Le jeu électoral se cristallise, au niveau des structures opérationnelles de vote, de
dépouillement, de recensement et de centralisation des résultats. La connaissance du
rôle dévolu à chaque structure conduit à réduire l’écart, souvent, constaté entre le
besoin de veiller à la régularité du scrutin et celui de rechercher, impérativement, la
sincérité des résultats.
Comme arbitre, le juge chargé du contentieux électoral doit être capable de
garantir, au-delà de la régularité du scrutin, la sincérité des résultats. Il doit éviter de
rendre la gestion du contentieux des résultats une source des conflits politiques 608.
Pour servir de gage à la sincérité des urnes, les élections doivent être tenues, dans
un contexte politique et social exempt de suspicions, à l’endroit du pouvoir
organisateur et du juge chargé du contentieux. Il semble que le Bénin, le Botswana, le
Ghana et la République sud-africaine ont compris la leçon, pour servir d’exemple aux
autres pays d’Afrique.
Tout compte fait, la vérité des urnes n’est pas à rechercher, dans un discours
politique comportant, souvent, une certaine dose de passion et d’autosatisfaction, ni
dans un tabou électoral que l’on ne veut pas dénicher ; elle se retrouve dans le
domaine du vécu.
La notion relève, de toute évidence, du relativisme justifié par rapport au contexte
politique de chaque élection et à la confiance que pourront se faire les acteurs

608
Comme en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Guinée, au Kenya, au Mali, en République démocratique
du Congo, en République du Congo ou au Zimbabwe.
291

impliqués au processus électoral et, notamment, à la reconnaissance d’une défaite


électorale.

§ 3. La vérité des urnes est au service de la démocratie

Indispensables au développement de l’Afrique, les élections ne sont pas, en elles-


mêmes, une condition sine qua non d’accession au mieux-être. Elles dépendent, donc,
du rôle que l’on veut bien leur faire jouer et la finalité qu’elles se seraient assignée, à
savoir la conquête ou reconquête du pouvoir, technique au service de la communauté.

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Au regard de multiples crises provoquées par l’organisation des élections en
Afrique, la question du lien entre élection et démocratie demeure toujours d’actualité.
Plusieurs grilles de réflexions sont, à cet égard, envisageables.
La première suggère de confier l’organisation des élections aux administrations
publiques, en vue de tenter une explication sur la problématique de la légitimité des
scrutins préparés et gérés par les commissions électorales.
Si, théoriquement, la démarche paraît séduisante, elle risque de porter, au plan
politique, un coup réel sur le renouveau démocratique, dont la remise en question
serait difficilement acceptable.
La deuxième tient à une claire et équitable répartition des responsabilités entre
administration publique traditionnelle et commission électorale. Si judicieuse que
puisse apparaître cette piste, on lui objecte de laisser insoluble le problème de la
composition de chaque administration et son autonomie vis-à-vis du pouvoir
politique.
La troisième induit le maintien des commissions électorales comme pouvoir
organisateur des élections, quitte à aménager la composition tripartite, associant aux
acteurs politiques, ceux de la société civile et les magistrats, supposés être par leur
fonction, indépendants.
La gestion électorale étant une question éminemment politique, l’angélisme des
animateurs semble se trouver, dans les collines de la terre promise, que l’on n’a
toujours pas atteintes.
Dans cette recherche, a priori, difficile des solutions toutes faites, seule la
conviction que, dans une élection, le pouvoir se gagne ou se perd, selon les règles de
jeu établies, pour que soit réduite la fracture souvent remarquée entre une élection
souhaitable et celle envisageable.
Les contraintes auxquelles les pays africains sont confrontés, dans l’organisation
des élections, incitent à reconnaître, au regard de leur ampleur, qu’il n’y a pas lieu de se
plaindre, sur l’utilité ou non des élections qui sont, en dépit des contingences des
divers ordres, indispensables pour le continent.
292

Il n’y a pas, non plus lieu, de relancer le débat sur le rôle des commissions
électorales africaines, plusieurs études et évaluations faites ont convaincu de leur
maintien. L’enjeu des élections congolaises suggère que soit assurée une bonne et
correcte éducation civique et électorale capable de contribuer à la démocratie et au
développement du pays.

Section 5. La gestion du contentieux électoral par le juge africain

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La démocratisation des systèmes politiques africains reste un phénomène
relativement récent et lent, l’élection qui en constitue l’instrument de mesure,
permettant de jauger le degré de participation démocratique et de compétition, pour
le pouvoir.
Dans ce cadre, le contentieux électoral se prête à connaître une gestion si difficile
que l’implantation, dans le continent, se révèle variable, selon les pays 609 et les types
d’élections, chaque espèce répondant aux contextes et enjeux diversifiés.
Suivant les pays, en effet, le contentieux électoral bénéficie d’une attention
particulière. Alors que les uns observent un effort, dans l’enracinement des règles de
compétition électorale et de gestion acceptable du contentieux 610, les autres y trouvent
un terrain d’expression des agitations et violences politiques 611.
Plaçant l’action du juge entre le feu croisé du droit et de la politique, la gestion du
contentieux électoral pose plus de problèmes qu’elle n’offre des solutions justes,
équitables et apaisées.
Prenant en compte chaque type de scrutin, la mobilisation, autour du contentieux
électoral, n’a pas la même ampleur, dans tous les pays. Bien évidemment, en Afrique
comme ailleurs, le contentieux de l’élection présidentielle semble être pris comme
celui qui, par ses enjeux, captive le plus d’acteurs politiques, les électeurs et la nation
toute entière. L’importance que jouent les élections législatives, dans la représentation
nationale mérite, également, que l’on s’y intéresse.

§ 1. Le contentieux de l’élection présidentielle

L’enjeu politique que procure, en Afrique, comme partout ailleurs, l’élection


présidentielle conduit à ce que le contentieux d’éligibilité soit soigneusement
réglementé. On n’est pas loin de se trouver devant un contentieux, pour lequel le juge
éprouve, selon les pays, d’énormes difficultés à se positionner clairement. Il développe,

MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », op. cit., p. 140.


609

Comme le Bénin, le Ghana ou la République sud-africaine.


610

611
On cite en exemple, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Kenya, la République démocratique
du Congo, la République du Congo, l’Ouganda et le Zimbabwe.
293

au contraire, une posture extrêmement délicate, qui fait de lui, tantôt, allié du pouvoir,
dont il serait le porte-voix 612, tantôt, mais rarement, proche de l’opposition.
Un autre problème qui échappe, difficilement, à l’attention du juge électoral
africain porte sur la gestion de la campagne électorale et, notamment, son
financement, ainsi que la problématique du traitement égalitaire des candidats, partis
ou regroupements politiques, pendant la campagne électorale.

A. Le contentieux d’éligibilité

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À l’état actuel de la prospection jurisprudentielle en la matière, on se trouve devant
une carence des décisions suffisamment élaborées, les quelques espèces répertoriées
n’échappant pas, au regard des motivations proposées, à la critique scientifique. Elles
ne sont pas, pour la plupart, accommodées dans une synergie aisément exploitable,
chaque décision répondant à ses enjeux et défis spécifiques.
La première décision est produite par la juridiction électorale Burkinabée, qui a
rejeté le recours, sollicitant l’annulation, pour violation de la Constitution 613, laquelle
limite, à deux, le mandat du président de la République en fonction et son
empêchement tiré du fait que, pendant sa présidence, il aurait commis des crimes de
guerre et crimes contre l’humanité.
Cette position aurait été dictée par l’absence de preuve et la méconnaissance des
règles de procédure ordinaire en la matière 614.
Dans sa décision du 4 octobre 2005, rendue en matière de contentieux de
candidatures 615, le Conseil constitutionnel burkinabé note que :
pour que la loi du 11 avril 2000 puisse rétroagir et prenne en compte les deux
mandats antérieurement exercés par le président de la République, il aurait fallu que
le législateur le dise expressément, ce qui ne fut pas le cas.

Prenant appui sur la rétroactivité éventuelle de la loi constitutionnelle, il précise


que :
si la loi nouvelle ne vaut que pour l’avenir, ses conditions ne commencent à
s’appliquer qu’à l’expiration du mandat présidentiel, lequel a pris naissance sous

612
MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », op. cit., p. 146.
613
Il s’agit de la Constitution du 2 juin 1991, telle que modifiée par les Lois constitutionnelles du
23 janvier 1997 et 11 avril 2000.
614
Aux termes de l’article 163 de la Constitution Burkinabée, le Conseil constitutionnel est
l’institution compétente en matière constitutionnelle et électorale.
615
DCC n° 2005-007/CC/EPF dans la cause opposant Stanislas BENEWENDE SANKARA,
Philippe ALI LANKOANDE, Norbert Michel TIENDREBEOGO et Ram OUEDRAOGO à Blaise
COMPAORE.
294

l’empire de la loi ancienne, en l’occurrence, celle du 23 janvier 1997, et qu’une telle


compréhension a reçu application, en 2000, à propos des députés.

Répondant à la demande d’annulation de la candidature de Monsieur Blaise


Compaoré, à l’élection présidentielle, pour raison d’empêchement dirimant,
découlant, d’une part, de sa prise du pouvoir par coup d’État et, d’autre part, de la
commission par lui, pendant sa présidence, des crimes de guerre et de crimes contre
l’humanité, le Conseil constitutionnel s’est, tout simplement, déclaré incompétent,
pour apprécier de telles allégations.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
Appelé à trancher sur le conflit de lois dans le temps, le même juge a, visiblement,
eu du mal à se positionner, car si sa décision pouvait satisfaire le président de la
République en fonction, il aurait été accusé d’être sous ses ordres. Dans le cas
contraire, il serait pressenti proche de l’opposition, et sa décision à la base des
conséquences politiques évidentes.
Ce dilemme a finalement eu raison sur sa prudence qui a, manifestement, tenu
compte, à la fois, des exigences légales et procédurales, combinées aux impératifs de
stabilité politique.
Cette jurisprudence a visiblement inspiré le Conseil constitutionnel du Sénégal,
dans la gestion du contentieux de candidatures, à l’élection présidentielle du 28 février
2012.
Par sa décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/E/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E du
29 janvier 2012, en réponse aux onze requêtes visant l’annulation, pour violation de la
Constitution 616, de la candidature de Monsieur Abdoulaye Wade, président en
fonction, le Conseil affirme que le président de la République effectue, sous la
Constitution de 2001, un premier mandat, durant la période de 2007 à 2012 et qu’il
est en droit de se présenter à l’élection du 28 février 2012 617.
Donnant son interprétation de l’article 104 de la Constitution, qui oblige le
président de la République en fonction de poursuivre son mandat jusqu’à son terme,
le Conseil affirme que :
sauf mention expresse de la Constitution, la limitation du mandat du
président de la République à un seul renouvellement consacré par l’article 27
ne peut concerner, sans incohérence, le mandat que l’article 104 a placé hors
de son champ d’application en le faisant régir par la Constitution de 1963 618.
Statuant sur le conflit de lois dans temps, il conclut que :

616
Notamment, ses articles qui limitent, à deux, le mandat du président de la République. Il s’agit de
la Constitution du 22 janvier 2001, telle que modifiée par la Loi n° 2008-34 du 7 août 2008.
617
Décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E, p. 4, inédit.
618
Idem, pp. 3-4.
295

la durée du mandat, traduction temporelle de celui-ci, ne peut en être


dissociée ; que dès lors, le mandat écarté sans équivoque par l’article 104
de la Constitution ne peut servir de décompte référentiel 619.
De l’analyse de cette décision, il s’observe que le Conseil constitutionnel a
visiblement glissé vers la rallonge tacite du nombre de mandats imposés, par la
Constitution, au président de la République, enfreignant, du coup, la volonté
populaire exprimée, le l9 mars 2000, à l’occasion de l’élection, pour un premier terme
de cinq ans, de Monsieur Abdoulaye Wade, alors président de la République.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
Se servant, par ailleurs, du principe de la continuité de l’État, pour régler la
question du nombre de mandats présidentiels, il en a profité pour créer un lien
insidieux entre deux domaines rigoureusement et in tempore non suspecto, aménagés
par la Constitution.
Fondant sa décision sur le principe de non-rétroactivité de lois, en matière
constitutionnelle, le juge s’est permis de réduire les effets de la représentation
populaire comme fondement de toute légitimité démocratique 620.
La juridiction électorale sénégalaise a, en perspective du premier tour de l’élection
présidentielle du 24 février 2019, rejeté plusieurs candidatures 621, dont celles de
Khalifa Ababacar Sall et Karim Meissa Wade.
Elle affirme que la condamnation, par la Cour d’appel de Dakar, de Monsieur
Khalifa Ababacar Sall, à cinq ans d’emprisonnement, et de Monsieur Karim Meissa
Wade, à six ans d’emprisonnement, entraîne, ipso facto, la privation de leurs droits
civils et politiques.
Pour elle,
la condamnation pour une infraction passible d’un emprisonnement supérieur à
cinq ans implique, par elle-même, la privation du droit de vote et la perte de la
qualité d’électeur. Les intéressés ne peuvent pas se prévaloir de la qualité d’électeur
au sens de l’article L 27 et L31 du Code électoral. Ne remplissant pas la condition
prévue à l’alinéa 1er de l’article L. 57 du Code électoral, ils peuvent faire acte de
candidature à l’élection présidentielle.

Le juge précise que,


le caractère suspensif du pourvoi en cassation formé, devant la Cour suprême
de justice, par Monsieur Khalifa Ababacar Sall, contre l’arrêt de la Cour d’appel de
Dakar, a pour effet d’empêcher l’exécution dudit arrêt avant l’expiration du délai
d’exercice du pourvoi en cassation et, en cas d’exercice du pourvoi, dans le délai,

619
Décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E, p. 4.
620
CES, 5 juin 2013, n° 05-CES/D.
621
Par la Décision n° 2/E/2019 du 13 janvier 2019, inédit.
296

jusqu’à la décision de la Cour suprême, il s’agit d’un arrêt de rejet, au-delà, s’il s’agit
d’un arrêt de cassation.

En plus de sa condamnation, au pénal, la candidature de Monsieur Karim Meissa


Wade a été rejetée, pour violation des exigences de parrainage dictées par la loi
n° 2018-22 du 4 juillet 2018 portant révision du Code électoral 622.
Cette loi indique que toute candidature à la présidence de la République doit
comporter les prénoms, nom, date, lieu de naissance et filiation du candidat, la
mention qu’il est de nationalité sénégalaise et jouit de ses droits civils et politiques.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
Le candidat doit, en plus, produire le numéro de la carte d’électeur, la preuve de
son investiture par un parti politique légalement constitué, une coalition de partis
politiques légalement constitués ou une entité regroupant des personnes
indépendantes.
Doivent, également, figurer dans le dossier de candidature, la photo et la couleur
choisie, pour l’impression des bulletins de vote et, éventuellement, le symbole et le
sigle, ainsi que la signature du candidat.
Pour être recevable, la candidature doit être accompagnée de la signature
d’électeurs représentant, au minimum, 0,8 % et, au maximum, 1 % du fichier électoral
général. Ces électeurs doivent être domiciliés dans au moins sept régions, à raison de
deux mille au moins par région. Un électeur ne peut parrainer qu’un candidat 623.
Saisi, en rectification de la décision entreprise 624, le Conseil constitutionnel l’a, tout
simplement, confirmée, le 20 janvier 2019 625, considérant que l’objet des recours vise à
critiquer le raisonnement suivi ou la motivation de sa décision et, qu’aux termes de
l’article 92 de la Constitution, ses décisions ne peuvent faire l’objet d’aucun recours.
La position du Conseil constitutionnel serait fondée sur le caractère inattaquable
de ses décisions prises, en l’espèce, sur pied d’une inéligibilité découlant de la perte,
par une condamnation pénale, nonobstant un pourvoi en cassation, des droits civiques
et politiques et de la non-conformité d’une candidature aux exigences du Code
électoral.
La Cour constitutionnelle du Mali a, après avoir vidé le contentieux de
candidatures, publié la liste définitive des candidats à l’élection du président de la
République du 29 juillet 2018. Dans l’arrêt n° 2018-02/CC-EP du 4 juillet 2018, le
juge a, notamment, fait référence à sa décision du 30 juin 2018, par laquelle il arrêtait
la liste provisoire des candidats à l’élection du président de la République.

622
Journal officiel de la République du Sénégal, numéro spécial du 5 juillet 2018.
623
Art. L. 115 de la Loi 4 juillet 2018.
624
À l’exception de Monsieur Karim MEISSA WADE, qui n’a pas contesté la décision critiquée.
625
Décision n° 3-E-2019, Affaires n° 13 à 24-E-19 du 20 janvier 2019, inédit.
297

Il y est également renseigné que, sur une liste de trente dossiers de candidatures
reçues et transmises à la Cour constitutionnelle, par le ministre de l’Administration
territoriale et de la décentralisation, dix-sept étaient conformes.
Les motifs de rejet de treize candidatures tenaient, soit à la violation des
dispositions légales relatives au parrainage des candidats, soit à la production, en
photocopie libre, des pièces exigées, soit encore au non-paiement de la caution exigée.
De son côté, le juge électoral malgache a rejeté, pour chose jugée, la demande 626
poursuivant la révision de sa décision, prise pendant le règlement du contentieux de

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105371
candidatures. 627
Le même juge 628 a, également, rejeté trois demandes d’invalidation de la
candidature de Monsieur Andry Nirima Rajoelina à l’élection présidentielle du
25 octobre 2013, aux motifs que fondées sur les :
dénonciations de la communauté internationale, prises de position de l’Union
européenne, de l’Union africaine et de la Communauté de Développement de
l’Afrique Australe, ces demandes n’auraient pas, selon le juge, tenu compte de la
force majeure indispensable à la stabilité politique du pays.

On rappelle que, sous la pression de la communauté internationale et pour


permettre la tenue du scrutin, dans un climat politique apaisé, le président de la
transition résolut, contrairement à la décision de la Cour électorale spéciale, de
renoncer à se présenter à ladite élection remportée, du reste, au second tour, par Hery
Rajaonarimampianina avec 53, 49 % des suffrages exprimés 629.
Siégeant en matière de contentieux des candidatures, le juge électoral congolais a,
pour défaut de qualité, dans le chef du requérant (CSJ, 13 avril 2006,
RCDC 003/KIN, Aff. Ndume Pele Ndume, agissant au nom du Mouvement de
solidarité pour le développement, MSD, en sigle, contre la décision
n° 007/CEI/BUR/06 du 7 avril 2006, inscrivant le nom de Monsieur Joseph Kabila
Kabange sur la liste des candidats à l’élection présidentielle) 630, rejeté le recours

626
Dans l’espèce examinée, il s’était, en réalité, agi de trois demandes émanant, respectivement, du
Premier ministre, chef du Gouvernement, à sa seule initiative, de celle qu’il a conjointement signée avec le
président du Conseil de suivi et de contrôle de la feuille de route, le président de Flankevithmy Fanpha
Vanana Malagasy, le président du Comité militaire de la Défense nationale, le ministre des Forces armées,
ainsi que celui de la Sécurité intérieure.
627
En l’espèce, la Décision n° 01-CES/D du 5 mai 2013 validant, notamment, la candidature de
Monsieur Andry NIRIMA RAJOELINA président de la République en fonction.
628
Aux termes de la Loi n° 2012-014 du 30 juillet 2012, il est créé, au sein de la Haute Cour
constitutionnelle malgache, une Chambre Spéciale chargée du contentieux électoral dénommée la Cour
électorale spéciale.
629
Suivant la Décision n° 10-CES/AR du 17 janvier 2014 de la Cour électorale spéciale rendue en
matière de contentieux des résultats.
630
Dans son recours, le requérant évoque l’inéligibilité de Joseph Kabila Kabange qui, au moment du
dépôt de sa candidature, était officier des Forces armées congolaises (Général major) et qui, en cette
298

introduit par le président national d’un parti politique, sollicitant l’invalidation de la


candidature de Kabila Kabange Joseph. Pour lui, le requérant n’a pas apporté la preuve
du dépôt, par l’un des membres de son parti ou regroupement politique, de
candidature à l’élection présidentielle 631.
Pour le même motif, ce juge a rejeté le recours, poursuivant l’invalidation des
candidatures, à l’élection présidentielle, de certains officiers généraux des forces
armées, dont le Général Major Kabila Kabange Joseph (CSJ, 13 avril 2006,
RCDC 012/KN, Aff. La Convention chrétienne pour la démocratie, CCD, en sigle,

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contre Kabila Kabange Joseph, Likulia Bolongo Norbert et la Commission électorale
indépendante 632), soupçonnées d’avoir été introduites en violation de la loi
électorale 633.

B. Le contentieux des résultats

En droit électoral, le juge ne sanctionne pas toute violation de la loi. Sans être,
nécessairement, juge de la légalité du scrutin, il est, néanmoins, celui de la sincérité des
résultats et s’assure que les irrégularités dénoncées sont avérées, constituant des actes
de fraude, susceptibles d’influer sur les résultats électoraux.
Ainsi, toute violation de la loi électorale ou du règlement administratif ne conduit
pas, forcément, à l’annulation partielle ou totale de l’élection. Les actes qui, en eux-
mêmes, ne constituent pas, à proprement parler, des irrégularités, peuvent porter
atteinte à la moralité de l’élection, pour que le juge, s’il les estime altérer la sincérité du
scrutin, ordonne l’annulation du vote 634. Le contentieux électoral étant celui de plein
contentieux, le juge peut vérifier la légalité de l’acte contesté, sans nécessairement
l’annuler.
Poursuivant la régularité des opérations de vote et de dépouillement et, par voie de
conséquence, la sincérité des résultats, la Cour constitutionnelle du Bénin a, en vertu
de sa loi organique 635, compétence de désigner un ou plusieurs délégués 636, dans tous
les centres et bureaux de vote, pour y suivre les opérations de vote et de

qualité, ne pouvait, avant toute démission sollicitée et acceptée, s’inscrire sur aucune liste électorale ou de
candidatures.
631
Bulletin des Arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit. p. 3.
632
Idem, pp. 8-9.
633
Aux termes de l’article 10 point 8 de la Loi électorale, les membres des Forces armées et de la
Police nationale congolaise qui n’auront pas, à la date limite du dépôt de candidatures, donné la preuve de
leur démission acceptée ou de leur mise en retraite, sont inéligibles.
634
MASCLET, J.-C., Droit électoral, op. cit. p. 356.
635
Art. 71 de la Loi n° 91-009 du 4 mars 1991 portant loi organique sur la Cour constitutionnelle,
telle que modifiée et complétée par la Loi du 31 mai 2001.
636
Choisis avec l’accord des ministres compétents, ces délégués sont essentiellement de juristes
constitués, soit des magistrats de l’ordre judiciaire ou administratif, soit des professeurs agrégés de droit.
299

dépouillement ; ce qui contribue à la crédibilisation du processus électoral et sa


jurisprudence.
La décision proclamant les résultats provisoires du premier tour de l’élection
présidentielle du 12 mars 2011 indique que la Cour a considéré les autres pièces,
documents et rapports de ses délégués, ainsi que les réclamations rédigées et annexées aux
procès-verbaux du déroulement du scrutin 637. Elle a été, toutefois, contestée par cinq
requêtes 638 poursuivant, toutes, l’annulation partielle ou totale du scrutin.
Si Yayi Boni Thomas sollicita la rectification des résultats provisoires pour

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violation, par quelques membres de la Commission électorale communale, de
certaines dispositions de la loi électorale 639, Abdoulaye Bio Tchane et Houngbedji
Adrien poursuivirent, quant à eux, l’annulation du scrutin, pour inconstitutionnalité et
plusieurs irrégularités, dans son organisation, ainsi que des graves irrégularités et
violation, par le candidat Yayi Boni Thomas, de la loi électorale, pendant la campagne
électorale 640 et le déroulement, proprement dit, du scrutin 641.
Répondant à tous ces moyens, la Cour reconnaît l’existence de certaines
irrégularités et illégalités, dans l’organisation et la gestion de l’élection présidentielle
du 12 mars 2011, mais relève que, s’agissant du contentieux des résultats :
le juge recherche, en règle générale, quelles ont été les incidences de
l’irrégularité sur les résultats du scrutin, que seules sont retenues les irrégularités
susceptibles de fausser les résultats de l’élection, compte tenu surtout de l’écart des
voix entre les candidats ou de la manœuvre qu’elles révèlent ; que la simple
violation de la loi n’entraîne pas nécessairement l’annulation de l’élection ; que le
juge confirme l’élection s’il estime que les faits allégués ne sont pas établis ou qu’ils

637
Inédit, p. 2.
638
Dont, deux introduites par YAYI BONI Thomas, deux autres par ABDOULAYE BIO TCHANE
et la dernière par le HOUNGBEDJI Adrien, tous candidats à l’élection présidentielle du 13 mars 2011.
639
Notamment, les articles 85 et 86 en rapport avec les irrégularités constatées, lors de la procédure
de comptage des suffrages exprimés, dans le 4e Arrondissement de la Commune de Porto Novo et de la
transmission tardive, soit cinq jours après la fin du scrutin, à la Cour constitutionnelle des registres de
vote par procuration enregistrée dans l’Arrondissement de Katagon, Commune d’Akpro-Missérété.
640
Notamment, l’utilisation abusive des moyens et personnel de l’État, la pratique des dons et
libéralités, la présence de l’effigie du candidat YAYI BONI dans les bureaux de vote ou à proximité de
ceux-ci.
641
Ils citent en exemple l’inexistence et le non-affichage de la liste électorale, l’inexistence de la liste
des bureaux de vote, la désignation irrégulière des agents des bureaux de vote, la création des bureaux de
vote fictifs, l’exagération de vote par dérogation, la discordance entre le nombre d’électeurs inscrits et
celui de votants, les difficultés d’accès aux bureaux de vote par plusieurs électeurs, le démarrage tardif du
vote, la non-disponibilité ou l’insuffisance du matériel électoral, le bourrage d’urnes, le transport massif et
l’intimidation des électeurs, le vote des mineurs et des étrangers, l’approvisionnement opaque de zones
favorables au candidat YAYI BONI en documents électoraux, la distribution de bulletins de vote
préestampillés en sa faveur, la transmission tardive des plis à la Cour constitutionnelle, la déclaration
précipitée et non concertée des grandes tendances par le président de la Commission électorale nationale
autonome.
300

ne sont pas de nature à modifier le résultat malgré l’existence d’une illégalité dans le
déroulement de la campagne électorale ou des opérations électorales 642.

Pour ce qui est des moyens de preuve susceptibles d’être pris en compte, dans
l’appréciation de la régularité du scrutin, elle précise que :
le juge ne retient, à l’exception de toute autre preuve, que le procès-verbal de
déroulement du scrutin, la feuille de dépouillement, les observations des membres
du bureau de vote ou les délégués des candidats, les réclamations des électeurs
annexées audit procès-verbal et le constat des irrégularités que la Cour aurait, par

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elle-même, relevées 643.

Dans cette entreprise, la Cour indique que le constat de fraudes ou d’irrégularités fait
par un huissier de justice est inopposable à la Haute juridiction, surtout lorsqu’il est
contredit par les constatations de la Cour elle-même 644.
Seul juge du contentieux des résultats, à l’élection présidentielle, la Cour les a
sanctionnés 645 en ordonnant, purement et simplement, le rejet des requêtes, qu’elle
déclara non fondées.
Vidant ce contentieux, le juge électoral béninois a finalement confirmé sa décision
du 20 mars 2011 en proclamant Monsieur Yayi Boni Thomas vainqueur, au premier
tour, de l’élection présidentielle du 13 mars 2011, avec une majorité absolue, fixée à un
million quatre cent quatre-vingt-six mille deux cent vingt-trois voix, soit un million
cinq cent soixante-dix-neuf mille cinq cent cinquante voix sur un suffrage exprimé de
deux millions neuf cent soixante-douze mille quatre cent quarante-cinq voix.
Comme au Bénin, le Mali autorise la présence, dans les cercles et bureaux de vote,
des représentants de la Commission électorale nationale indépendante, de la Cour
constitutionnelle et de la Délégation générale aux élections pour, selon le cas, y
superviser les opérations de vote et de dépouillement, la compilation, la centralisation,
la transmission et la proclamation des résultats provisoires, afin qu’en cas de
contestation des résultats, le juge soit autorisé à se référer aux relevés de la
Commission électorale nationale indépendante 646 et compilations de ses délégués.

642
Décision du 29 mars 2011 portant proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle
du 13 mars 2011, inédit, p. 24.
643
Décision du 29 mars 2011 portant proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle
du 13 mars 2011, p. 25.
644
Idem, p. 26.
645
Décision du 29 mars 2011 portant proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle
du 13 mars 2011, p. 5.
646
L’article 99, al. 1er de la Loi électorale malienne précise qu’en cas de perte ou de non-acheminement
du procès-verbal, le récépissé de résultat et/ou le rapport de la Commission électorale nationale indépendante
font foi ».
301

Au Bénin, les délégués de la Cour constitutionnelle sont recrutés sur la base de


critères d’instruction, tels que le diplôme universitaire et d’expérience, selon les
différentes catégories dont le délégué de l’arrondissement, la commune et le
département ; tous prêtant serment, avant de commencer l’observation du scrutin.
Sans être assermentés, les délégués de la Cour constitutionnelle du Mali sont
choisis au sein des milieux scolaires et universitaires, des structures syndicales et de la
société civile. Avant de commencer leur mission, ils reçoivent, néanmoins, une
formation en observation électorale et soumis, de ce fait, au devoir de confidentialité.

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Lors des élections présidentielles, législatives et référendaires, ces délégués appuient la
Cour constitutionnelle, dans l’examen de conformité des opérations électorales.
Dans un arrêt, proclamant les résultats définitifs du deuxième tour de l’élection du
président de la République, la Cour constitutionnelle du Mali n’a pas manqué de faire,
dans ses visas, une part belle aux rapports de ses délégués et de la Commission électorale
nationale indépendante 647, ce qui renforce l’autorité de ses décisions, par ailleurs, assises
sur les relevés et statistiques vérifiés et vérifiables.
Le même juge a, faute des preuves produites par le candidat Soumaila Cisse, rejeté
son recours et déclaré infondés les moyens développés en appui à ses réclamations. Il
a, dans son arrêt du 20 août 2018, proclamé Ibrahim Boubacar Keita vainqueur du
deuxième tour de l’élection présidentielle du 19 août 2018, avec 67, 16 % des suffrages
exprimés contre 32, 84 %, pour Soumaila Cisse 648.
Examinant, à son tour, les mérites de deux requêtes du candidat Abdoulaye Wade,
qui poursuivait l’invalidation, pour violation du code électoral, des résultats du
premier tour de l’élection présidentielle du 28 février 2012, en l’occurrence, des
Sénégalais de l’extérieur 649, de certains bureaux de vote 650 et à la validation, pour son
compte, des relevés des quelques bureaux de vote de la circonscription de Bignona, le
juge électoral sénégalais les a, faute de preuves, rejetées. 651
À l’issue du second tour de l’élection, du 25 mars 2013, qui opposait les deux
candidats arrivés en tête au premier tour, à savoir, Abdoulaye Wade et Macky Sall,
aucune contestation n’a été élevée contre les résultats provisoires annoncés par la
Commission nationale de recensement des votes.

647
Arrêt 2013-06/CC-EP du 20 août 2013, p. 2, inédit.
648
Arrêt 2018-04/CC-EP du 20 août 2018, inédit.
649
Qui auraient été, selon les requérants, communiqués à la Commission nationale de recensement
des votes par des procédés non autorisés, en l’occurrence le téléfax.
650
Notamment, de Touba, Kaolack et Mbacké où plusieurs actes de violences physiques, des coups
de feu et autres intimidations auraient été commis par les partisans de Macky SALL, empêchant le scrutin
de se dérouler dans la sérénité.
651
Décision n° 17/E/18/E/2012 du 6 mars 2012, p. 2, inédit.
302

Le Conseil constitutionnel les a tout simplement validés, proclamant Macky Sall


vainqueur, avec 65,80 % des suffrages exprimés 652, attitude qu’il maintint, deux ans
plus tard. En effet, l’absence de recours en contestation des résultats provisoires, du
premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019, a amené le juge électoral
sénégalais à les valider, après écoulement du délai légal de trois jours.
Dans sa décision du 5 mars 2018, le Conseil constitutionnel sénégalais a confirmé
la victoire acquise, au premier tour, par Macky Sall, avec 58,26 %, aux dépens de
Idrissa Seck, crédité de 20,27 %, sur fond d’un taux de participation estimé à 66 %.

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C’est, également, dans ce sens que s’est positionné le juge électoral congolais en
considérant la simple dénonciation des fraudes massives et des graves irrégularités,
dans plusieurs bureaux et centres de vote, insuffisante, pour convaincre la Cour
suprême de justice d’annuler l’élection du candidat Kabila Kabange Joseph (CSJ,
28 octobre 2006, RCE.PR.009, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en
sigle, contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale indépendante 653).
Par une autre décision (CSJ, 27 novembre 2006, RCE.PR.006, Aff. Mouvement de
libération du Congo, MLC, en sigle, Bemba Gombo Jean-Pierre contre le Parti du
peuple pour la reconduction et la démocratie, PPRD, en sigle, Kabila Kabange Joseph
et la Commission électorale indépendante), ce même juge a, après avoir vidé le
contentieux des résultats, proclamé le candidat Kabila Kabange Joseph vainqueur de
cette élection. Exécutoire, cet arrêt a été reconnu par Monsieur Bemba Gombo Jean-
Pierre 654.
Le règlement du contentieux des résultats, en Côte d’Ivoire, est révélateur des
hésitations de la juridiction incapable d’imprimer une certaine constance à sa
jurisprudence.
On rappelle qu’à l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle du
28 novembre 2010, et devant l’impasse de la Commission électorale indépendante de
proclamer, en raison des divergences internes, les résultats provisoires, dans le délai
légal, le Conseil constitutionnel s’est saisi du dossier.
Aussi, après s’être fait l’écho des irrégularités et fraudes, qui auraient entaché le
scrutin, dans la partie nord du pays, il s’est abstenu de l’annuler, se contentant
d’entériner les résultats non encore, officiellement, proclamés par la Commission
électorale indépendante. Les redressements opérés, sur requête du candidat Laurent
Gbagbo, ont abouti à sa proclamation comme vainqueur de l’élection.

652
Décision n° 19/E/2012 du 30 mars 2012, p. 2, inédit.
653
Bulletin des Arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., pp. 89-
110.
654
Par une déclaration faite, le 27 novembre 2006, sur les antennes de la Radio France Internationale,
édition de 19 heures 30, diffusée, par la suite, dans ses deux chaines de télévision, en l’occurrence, Canal
Congo Télévision et Canal Kinshasa Télévision.
303

Dans le même temps et sous la conjugaison des pressions multiples, ce juge ne


s’était pas gêné de donner à sa jurisprudence un revirement spectaculaire,
reconnaissant la victoire de Monsieur Alassane Dramane Ouattara en qualité de
président de la République de Côte d’Ivoire.
Examinant les mérites de la requête introduite, le 3 mars 2016, contre la décision
du ministre de l’Intérieur, annonçant la victoire du candidat Ali Bongo Ondimba, à
l’élection présidentielle du 27 août 2016, la Cour constitutionnelle gabonaise rendit, le
23 septembre 2016, deux décisions ; l’une déclarant partiellement recevable le recours

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du candidat Jean Ping et l’autre proclamant, élu président de la République, monsieur
Ali Bongo Ondimba, avec 50, 66 % des suffrages exprimés.
Dans un autre registre, on signale que l’élection présidentielle du Zimbabwe du
30 juillet 2018 a été, selon le Mouvement pour le changement démocratique, en
sigle MDC, entachée de nombreuses irrégularités, qui ont bénéficié au candidat de la
Zanu-PF, parti au pouvoir.
Publiant les résultats provisoires de ce scrutin, la Commission électorale déclara
monsieur Emmerson Mnangagwa vainqueur, avec 50,7 % des suffrages exprimés, aux
dépens de Nelson Chamisa, crédité de 44,7 % des suffrages exprimés.
Saisie par le candidat vaincu, la Cour constitutionnelle rejeta, dans sa décision du
24 août 2018, l’ensemble de requêtes, considérant les arguments développés de trop
généraux, sans preuves concrètes, claires et suffisantes des irrégularités alléguées ; le
demandeur n’aurait pas placé les témoins dans les bureaux de vote, pour récolter les
résultats qu’il prétend avoir obtenu, ni demander au juge le décompte de voix en sa
faveur. La position semblable avait été prise par la Cour constitutionnelle du Mali, à
l’occasion de la gestion du contentieux des résultats à l’élection présidentielle de 2018.
Le deuxième tour de l’élection présidentielle malgache du 19 décembre 2018, a
souri à Monsieur Andry Nirima Rajoelina, proclamé vainqueur par Commission
électorale nationale indépendante, avec 55,66 % des suffrages exprimés contre Marc
Ravalomanana, crédité de 44,34 % des suffrages.
Contre les résultats provisoires, 250 requêtes ont été portées devant la Haute Cour
constitutionnelle, dont 75 d’Andry Nirima Rajoelina et 200 diligentées par Marc
Ravalomanana.
Dans son arrêt du 8 janvier 2019, la Haute Cour constitutionnelle a rejeté certaines
requêtes, pour vice de forme et d’autres, pour non-fondement tiré de l’absence des
preuves des irrégularités dénoncées ; décision qui a fini par s’imposer à tous, le
candidat déclaré vaincu ayant reconnu sa défaite et félicité le nouveau président élu.
Dans le domaine électoral, le respect des règles de procédure, pour la forme, et
l’administration de la preuve, pour le fond, détermine l’attitude du juge, pendant le
règlement du contentieux.
304

Pour autant que le scrutin soit bien organisé, la recherche et la production des
preuves s’en trouvent facilitées et la gestion du contentieux aérée. Il est, en revanche,
difficile d’administrer les preuves, si l’organisation et la gestion d’une élection ne lui
offrent pas assez de garanties de transparence et de crédibilité.
Tel que recensé, l’échantillon de la jurisprudence africaine commentée fait
ressortir deux questions, qui prédisposent l’activité du juge électoral, l’une relative à
l’administration des preuves et, l’autre, à l’éligibilité au scrutin présidentiel.
On a pu, par moments, découvrir une jurisprudence peu cohérente et moins

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audacieuse, se rebiffant, soit sur des considérations de forme, notamment le défaut de
qualité, soit sur l’absence de preuves, soit encore sur la force majeure, pour décréter,
tantôt, l’irrecevabilité d’une requête, tantôt, son non-fondement.
Proche d’un déni de justice, cette posture inquiète, tant l’ensemble de législations
électorales africaines, ayant réussi à encadrer ou limiter l’activité du juge électoral,
pour qu’elle ne déborde pas. Dans ces conditions, seule son audace peut faire changer
l’image qu’il présente ou qu’on lui prête.

§ 2. Le contentieux des élections législatives

Le contentieux des candidatures à l’élection législative couvre, en Afrique comme


ailleurs, plusieurs axes. Il peut porter sur les opérations préparatoires au vote, dont
l’éligibilité, ou se limiter aux seuls résultats issus du scrutin.

A. Le contentieux d’éligibilité

Le règlement du contentieux des candidatures à l’élection législative a, également,


intéressé les juridictions électorales du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal.
Suivant les élections législatives du 24 mai 1992, la chambre constitutionnelle de la
Cour suprême de justice reconnut à la Convention nationale des patriotes
progressistes, Parti social-démocrate, douze sièges à l’Assemblée nationale.
Une année plus tard, neuf députés élus sur la liste de cette formation politique
démissionnèrent, pour créer une autre formation politique dénommée Parti pour la
démocratie et le progrès, qui n’existait pas au moment des élections législatives de
1992.
La question de droit soumise au juge était de savoir, si les députés démissionnaires
d’un parti politique pouvaient continuer à siéger, à l’Assemblée nationale, sous
l’étiquette d’une formation politique autre que celle sur la liste de laquelle ils avaient
été élus.
305

Dans sa décision du 20 juin 1994, la Chambre constitutionnelle de la Cour


suprême de justice indiqua que l’adhésion à un parti ou une formation politique ne
saurait conduire les élus ou les citoyens à l’aliénation de leur liberté ; transformant
alors les élus en commis, serviteurs ou préposés, soumis aux ordres, instructions
impératives, directives des électeurs ou des groupes parlementaires 655.
Refusant d’être arbitre ou organe de décision politique, la Cour a, en raison de ses
compétences d’attribution, décrété l’irrecevabilité de la requête 656. L’on doit regretter
qu’après avoir reconnu son incompétente, dans cette cause, la juridiction électorale a,

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tout de même, décrété l’irrecevabilité de la requête portée devant elle.
À l’issue du règlement du contentieux des candidatures, à l’élection des députés à
l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel du Mali est parvenu à rejeter
cinquante-six requêtes, soit pour défaut de qualité, soit pour prématurité, soit encore
pour mauvaise direction ou absence de candidature, de même pour forclusion, à plus
de neuf listes invalidées dans huit circonscriptions électorales.
De cet inventaire, on retiendra que le juge a fait droit à dix-huit requêtes, en
rectification des erreurs matérielles, survenues sur certaines listes de candidatures 657 et
décrété l’irrecevabilité de plusieurs en raison, sans doute, de la méconnaissance, par les
requérants, des dispositions du Code électoral régissant le dépôt de candidature.
Jadis exercé par la Cour suprême de justice, le contrôle de la régularité des
candidatures à l’élection des députés à l’Assemblée nationale du Sénégal est, en vertu
de la loi organique n° 92-23 du 30 mai 1992 sur le Conseil constitutionnel 658, devenu
une attribution de cette juridiction.
C’est ainsi que, par sa décision n° 7/93 659 du 31 mars 1993, le Conseil
constitutionnel a, sur requête du ministre de l’Intérieur, ordonné l’irrecevabilité, pour
minorité d’âge, au moment du dépôt de leurs candidatures 660, les dossiers des
messieurs Moussa Diouf, Touba Diouf, Cheik Diouf, Amadou Moctar Mbacke et
mesdames Amy Ndiaye et Ndeye Amy Ndjone 661.

655
Avis et Décisions commentés de la justice constitutionnelle Burkinabé de 1960 à nos jours,
Ouagadougou, CGD, 2009, p. 17.
656
Avis et Décisions commentés de la justice constitutionnelle Burkinabé de 1960 à nos jours, op. cit., p. 17.
657
Arrêt n° 2013-09/CC-EL du 31 octobre 2013 portant proclamation de la liste définitive des
candidats à l’élection des députés nationaux au scrutin du 24 novembre 2013, pp. 44-47.
658
Modifiée par la Loi organique n° 99-71 du 17 février 1999.
659
Rendue dans les affaires inscrites aux numéros 13 à 18/E/93.
660
Aux termes de l’article LO 127 du Code électoral Sénégalais, nul ne peut être élu à l’Assemblée
nationale s’il n’est âgé de vingt-cinq ans révolus à la date des élections.
661
FALL I.-M (dir), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, Dakar, CREDILA, 2008,
p. 62.
306

Constante, cette jurisprudence a été réitérée dans d’autres espèces 662. Aussi,
considérant le délai de sa saisine comme d’ordre public, ce juge n’a-t-il pas hésité à
sanctionner le non-respect, par le ministre de l’Intérieur, qui sollicitait l’inéligibilité,
pour minorité d’âge, de la candidature de madame Nogaye Ndiaye, suppléante sur la
liste nationale du Parti Action pour le Développement national 663. Introduite hors
délai légal, soit après l’expiration de trois jours du dépôt de la candidature, ce recours a
été déclaré irrecevable 664.
La décision d’irrecevabilité, pour défaut de qualité 665, a été également prise contre

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le recours de Monsieur Iba Der Thiam, candidat aux élections législatives, présenté sur
la liste de Jappo Liggeeyal Sénégalais, une coalition des partis politiques, aux motifs
que l’avocat, qui l’avait signé n’ayant pas prouvé détenir, du candidat qu’il prétendait
représenter, le mandat d’agir en justice en son nom et pour son compte 666.
En application de l’article LO 174 du Code électoral, le mandataire du Parti
socialiste sénégalais a saisi le Conseil, pour contester l’arrêté du ministre de l’Intérieur
du 20 mars 2001, déclarant irrecevable la liste dudit parti, pour le scrutin
départemental de Tivaouane, aux motifs qu’elle serait incomplète 667.
Dans sa décision du 23 mars 2001 668, le Conseil révèle, d’une part, le caractère
irrégulier et illégal de l’arrêté ministériel et, d’autre part, l’irrecevabilité de la liste
présentée par la Coalition Wade, en ce qu’elle comporte la candidature d’Aly LO.
Il conclut au non-fondement de la décision du ministre de l’Intérieur, en précisant
que le caractère complet ou non de la liste de candidatures s’apprécie à la date de son
dépôt 669.

B. Le contentieux des résultats

À l’occasion du règlement du contentieux des résultats, le juge est tenu d’évoquer


d’office les irrégularités survenues au moment du scrutin. Il est, en principe, limité aux
seuls chefs de demandes lui adressées et qui ne sont pas d’ordre public.

662
Notamment, la Décision n° 35/98-AFFAIRES n° 4/E/98-5/E/98-6/E/96 du 15 avril 1998.
663
Décision n° 35/98 – AFFAIRES n° 4/E/98-5/E/98-6/E/96 du 15 avril 1998, pp. 225-226.
664
L’article LO 172 du Code électoral Sénégalais oblige le ministre de l’Intérieur à saisir, dans les trois
jours, suivant le dépôt de la candidature, le Conseil constitutionnel, qui statue dans les trois jours de sa
saisine sur la recevabilité de ladite candidature.
665
Décision n° 1093 du 9 mai 193-AFFAIRES n° 20 à 23/E/93.
666
FALL I.-M (dir), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit., pp. 79 et 84.
667
Le ministre de l’Intérieur justifiait, en fait, sa décision par le fait que le candidat Aly LO, qui se
trouvait sur cette liste figurait bien sûr une autre présentée et déposée au ministère par la coalition Wade,
avant la liste du Parti Socialiste.
668
Décision n° 80-AFFAIRES n° 1/E/2001.
669
FALL I.-M (dir), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit., pp. 411-413.
307

Ayant, cependant, un large pouvoir d’investigation, le juge électoral est autorisé à


se munir de toutes les preuves, dont il a besoin, pour motiver sa décision. Il peut, dans
ce cas, exiger la communication des pièces, ordonner des descentes sur les lieux ou le
déploiement, dans les centres et bureaux de vote, de ses délégués, en vue d’y récolter
les statistiques des opérations de dépouillement et de centralisation des résultats.
Ces preuves doivent avoir un lien direct avec l’organisation et la gestion de
l’élection et fausser les résultats et porter ainsi atteinte à la sincérité du scrutin.
Appelé à se prononcer sur les irrégularités commises et/ou constatées 670, à

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l’occasion des élections législatives du 30 avril 2011, le juge électoral béninois a, en sa
qualité de juge souverain de la validité des élections législatives 671, opéré diverses
rectifications matérielles, procédé aux redressements jugés nécessaires et aux
annulations de suffrages, au niveau de certains bureaux de vote, avant de proclamer les
résultats électoraux.
Il précise que les irrégularités constatées l’ont été en méconnaissance et/ou en
violation de la Constitution et de la loi électorale, dont les dispositions visent à assurer
la régularité et la sincérité du scrutin.
Au Mali, le juge a, après avoir rejeté, pour défaut de qualité et prématurité, certains
recours et déclaré non fondés d’autres, pour absence de preuves, procédé au
redressement de l’ensemble des résultats électoraux 672. Au fond, cette décision n’a pas
manqué de relever le niveau relativement limité, dans la connaissance des règles de jeu
établies par le Code électoral, notamment en ce qui concerne le respect des exigences
de forme : la capacité d’agir en justice, le délai de saisine du juge, sa compétence, etc.
De même, l’absence des preuves à l’appui de la demande d’annulation, d’une
élection ou des résultats provisoires, n’a pas permis au juge d’en apprécier le bien-
fondé. Il a, en revanche, sanctionné la violation, par l’administration territoriale, des
dispositions impératives du Code électoral en matière de composition des centres et
bureaux de vote 673.
Dans l’arrêt du 9 août 2002, le Conseil constitutionnel a proclamé les résultats de
l’élection des députés à l’Assemblée nationale du 28 septembre 2002, après avoir

670
Il s’agit, notamment, de la composition incomplète du bureau de vote, du défaut de signature des
membres des bureaux de vote, du décompte fantaisiste des voix et du bourrage d’urnes par les membres
du bureau de vote.
671
L’expression est tirée de la décision du 19 mai 2011 portant proclamation des résultats des
élections législatives du 30 avril 2011, p. 2, inédit.
672
Arrêt n° 2013-11/CC-EL du 7 décembre 2013 portant proclamation des résultats définitifs du
premier tour de l’élection des députés à l’Assemblée nationale.
673
Aux termes de l’article 82, al.1er de la Loi n° 2013-017 du 21 mai 2013 modifiant la Loi n° 06-44 du
4 septembre 2006 portant loi électorale du Mali, le bureau de vote comprend un président et quatre assesseurs
nommés sous la supervision de la Commission électorale nationale indépendante, quinze jours au moins avant la
date du scrutin par décision du représentant de l’État dans le Cercle et le Distinct de Bamako.
308

procédé à la rectification matérielle de certains résultats publiés par le ministre de


l’Intérieur et à l’annulation d’autres, pour insuffisance d’assesseurs, dans quelques
cercles et bureaux de vote du District de Bamako 674.
Toute autre est la décision réservée à la requête du 18 mars 2005 de Monsieur
Azoukateme Ambroise, candidat à l’élection législative du 13 mars 2005, de la
circonscription électorale de Grimari, qui dénonce la violation, par le candidat
Bangayassi Maurice 675, de la règle de bonne conduite adoptée, par les acteurs
politiques, le 8 février 2005 676.

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Définissant ses compétences, la Cour constitutionnelle centrafricaine indique
qu’en tant qu’organe juridictionnel chargé d’appliquer les règles du droit positif, elle
ne saurait garantir l’application, dans un contentieux électoral, d’une règle purement
morale. Elle précise, pour justifier le rejet de la requête, que faute de preuve de
destruction, le moyen évoqué ne saurait prospérer. Et quand bien même cette
infraction serait établie, la Cour ne peut en examiner le bien-fondé, le litige relevant de
la compétence des juridictions répressives 677.
Dans une autre espèce, le même juge a été saisi de la requête de Monsieur Gilbert
Bitty, candidat au deuxième tour du scrutin législatif de la circonscription électorale de
Boganagane, contestant l’élection, pour les irrégularités 678 et la violation 679 de la loi
électorale de Monsieur Moussambou Moctar Samuel.
Après avoir retenu le caractère irréfutable des irrégularités dénoncées et redressé
les résultats de plusieurs bureaux de vote, le juge a invalidé l’élection de Moussambou
Moctar Samuel au profit du requérant 680.
Au Sénégal, le juge a, après avoir rejeté certains recours, soit parce que les
irrégularités dénoncées n’ont aucune incidence sur les résultats, soit parce qu’elles ne
sont prouvées, reçues et ordonnées, sur pied des preuves fournies, par les requérants et

Par son arrêt n° 02-144/CC-EL portant proclamation des résultats définitifs de l’élection des
674

députés à l’Assemblée nationale.


675
Du Mouvement pour la Démocratie et l’Indépendance, parti politique de l’opposition.
676
Cette violation consisterait au fait que le candidat incriminé aurait dénigré l’effigie du président de
la République sortant, Monsieur François BOZIZE, sous l’œil complaisant de Monsieur YANGBADJA
Edouard, Maire de ladite commune reproché, quant à lui, d’avoir détruit les effigies du président de la
République.
677
Décision n° 002/CC/06 du 23 juin 2006, in Recueil des Décisions et Avis de la
Cour constitutionnelle 2006-2010, Bangui. 2011, pp. 53-58.
678
Le requérant reproche à la structure locale de la commission électorale indépendante d’avoir
opéré, de manière irrégulière, les permutations du personnel électoral de certains bureaux de vote,
pendant le déroulement du scrutin.
679
Notamment, à l’occasion de l’attribution frauduleuse, dans 14 bureaux de vote, des suffrages au
profit du candidat qui ne méritait pas.
680
Décision n° 003/CC/06 du 23 juin 2006, in Recueil des Décisions et Avis de la Cour constitutionnelle
2006-2010, op. cit., pp. 58-68.
309

les rapports de l’Observatoire national des élections 681, le redressement, après


annulation partielle ou totale de vote, des résultats des certains bureaux de vote 682.
La proclamation des résultats définitifs du scrutin, pour l’élection du 24 mai 1998,
des députés à l’Assemblée nationale 683, a naturellement comporté l’annulation des
suffrages attribués, par l’administration électorale, à quelques candidats, auteurs des
fraudes et violences, qui ont entaché la sincérité du vote dans lesdits bureaux de vote.
Mais si, aucun recours en contestation de la régularité des opérations électorales n’a
été, à compter de la publication provisoire, introduit dans le délai légal, le juge

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proclame, après des corrections éventuelles et redressements nécessaires des votes, les
résultats définitifs 684.
L’observation de la vie politique africaine permet d’indiquer que, l’élection
présidentielle est la plus importante et détermine, bien souvent, l’issu des autres
scrutins. Le contentieux, qui s’y rapporte est bien souvent à l’origine de crispations et
crises politiques ; la contestation de la décision du juge étant à la mesure de l’enjeu et
du niveau de conflictualité.
Quantitativement plus important que le contentieux précédent, celui des élections
législatives est tout aussi révélateur du rôle combien déterminant le juge électoral est
appelé à jouer, dans la résolution des conflits politiques 685.
Ses décisions paraissent, selon Djedjro Francisco Meledje, marquées par
l’impartialité, du moins, si on en juge par le fait qu’on assiste, quelquefois, à
l’invalidation de l’élection d’un candidat soutenu par le parti au pouvoir 686.
N’empêche que, dans le règlement du contentieux électoral, l’activité du juge se
trouve cantonnée, dans une chasse croisée entre le droit et la politique. Voulant saisir
la politique par le droit, elle pourra conduire à la validation de l’intégrité du vote par la
certification des résultats, réellement, issus des urnes.

681
Créé par la Loi n° 97-15 du 8 septembre 1997, avant d’être remplacé, en 2005, par la Commission
électorale nationale autonome, créée en vertu de la Loi n° 2005-07 du 11 mai 2005.
682
Concernés par des votes multiples et des graves irrégularités.
683
Décision n° 42/98, 12/E/98 à 29/E/98 du 8 juin 1998 portant proclamation des résultats
définitifs de l’élection des députés à l’Assemblée nationale. Lire également, FALL I.-M (dir), Les décisions
et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit., pp. 239-256.
684
Décision n° 101/2007/7/E/2007 du 14 juin 2007 portant proclamation définitive des résultats
des élections législatives du 3 juin 2007.
685
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le juge constitutionnel ou électoral et la résolution des conflits
liés aux élections. Analyse du contentieux électoral de 2006 et 2007 », communication faite au cours de la
Conférence annuelle du Réseau africain de Droit constitutionnel sur le thème : Constitutionnalisme et
Résolution des Conflits en Afrique, Dakar, Sénégal, du 27 au 30 août 2008, pp. 2-17 disponible sur le site
www.publiclaw.uct.ac.za.
686
MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », op. cit. p. 145.
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311

Conclusion

Né de la pratique des élections, le droit électoral congolais a été, maintes fois,


confronté aux altérités des ajustements, sans cesse, mouvants des règles de jeu et de
l’informatisation des opérations électorales. Qu’il s’agisse, en effet, de la constitution
et la gestion numérique du fichier électoral, du contrôle informatique des dossiers de

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candidatures que de la campagne électorale, de la digitalisation du vote et du
dépouillement ; le droit électoral que l’on croyait coller à l’imagerie se découvre vite
par son prisme, sur la démocratie et la gouvernance politique.
Dans la formation du corps électoral, on relève que, jadis exclus du vote, les
policiers, militaires et Congolais de l’étranger, sujets de droit, ne doivent pas,
indéfiniment, faire les frais d’un dispositif juridique discriminatoire, souvent, mis en
place juste, pour s’assurer un bénéfice politique très éloigné du service à rendre à la
communauté.
L’engouement suscité par les trois cycles électoraux devait interpeler le législateur,
dans la détermination objective du corps électoral et des suffrages exprimés, la fixation
du seuil de représentativité et du quotient électoral, l’attribution des sièges et les
juridictions compétentes, dans la gestion du contentieux. L’exercice traduit, ainsi
qu’on le sait, l’attachement d’un système politique aux procédures juridiques de
règlement des différends électoraux 687.
Plutôt que d’être un pari gagné, la gestion du contentieux électoral a plutôt révélé
une entreprise de récupération politique, qui oblige le juge à emprunter, quelquefois,
les voies insuffisamment ou pas du tout explorées par le droit.
Comparativement aux élections de 2006 et 2011, celles de 2018 ont abouti à
l’enregistrement, au sein du greffe de la Cour constitutionnelle, de deux recours contre
les résultats provisoires de l’élection présidentielle et, de mille deux cent quarante
requêtes contestant les résultats provisoires des législatives nationales 688.
Dans le traitement du contentieux électoral, il a été, ci et là, dénoncé les incursions
politiques, alors que le droit dit, censé l’être, en toute indépendance et impartialité. Il a
été, notamment, rapporté les arrêts rendus hors délai, la contrariété des décisions,
produites par une même juridiction, la proclamation des personnes non-candidates,
celles dont les listes n’ont pas atteint le seuil d’éligibilité ou bénéficiant du seuil

687
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op. cit., p. 153.
688
Pour les élections législatives, la Cour suprême de justice a réceptionné, en 2006, 417 recours
contre 512, pour le scrutin de 2011.
312

d’éligibilité déterminé, non pas par la Commission électorale nationale indépendante,


mais par le juge.
Pour tenter d’apaiser les tensions politiques, la Cour constitutionnelle résolut de
créer, en son sein, une chambre spéciale, chargée d’examiner les cas d’erreurs
matérielles éventuelles, qui auraient été commises par certaines chambres et qui
donnaient tout le sens des limites à l’indépendance de la plus haute juridiction du
pays.
Longtemps prise pour tabou, la neutralité de la Commission électorale nationale

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indépendante a dévoilé les bornes des recettes, jusque-là, proposées et douté de leur
efficacité. On a, par moments, imputé les faiblesses du droit électoral congolais au seul
manque de transparence, dans la détermination du mode de scrutin et du système
électoral 689.
Ajoutés à l’environnement politique fortement agité, l’ostracisme qui couvre les
règles de jeu électoral, leur violation, à ciel ouvert, et la méfiance à l’égard de la
centrale électorale, sont autant d’ingrédients qui affectent l’avenir du droit électoral
congolais.
Dans ce contexte, l’organisation d’une élection, véritablement, crédible et
transparente sollicite que soit évacuée ou, à tout le moins, encadrée la légalisation,
discriminatoire, du seuil de représentativité, l’imposition de la machine à voter et les
conditions scélérates d’éligibilité, juste pour bénéficier à une catégorie particulière des
compétiteurs.
Reconnu, d’abord, par le législateur organique et, ensuite, par celui ordinaire, le
pouvoir réglementaire de la Commission électorale nationale indépendante a conduit
à des abus, voire des excès qu’il convient de limiter.
La révision, le 24 décembre 2017, de la loi électorale, ainsi que ses fréquentes
violations ont constitué une tactique, bien ficelée, de conservation des dividendes
politiques acquis sur tapis vert, à cause, notamment, de la résignation au contrôle et la
tolérance de la politique du fait accompli.
Il vient à l’esprit de dépolitiser la Commission électorale nationale indépendante
par la nomination des personnalités indépendantes, désignées sur la base de leur
neutralité et expérience, dans le domaine électoral.

689
Cette position est, notamment, soutenue par Jacques DJOLI ES’ENGEKELI dans Droit
constitutionnel. L’expérience congolaise, op. cit. pp. 228-230. Ancien vice-président de la Commission
électorale nationale indépendante, du 27 février 2011 au 27 juin 2013, l’auteur regrette l’absence de
neutralité de l’organe de gestion des élections à laquelle il a appartenu, pour induire que sa composition
poursuivait un positionnement arithmétique, en vue d’une majorité opportuniste. Ce repentir tardif
n’occulte pas la responsabilité d’une structure, dont la configuration, six sur sept membres, rendait
clairement compte du déficit d’expertise et du professionnalisme, dans la conduite et la gestion d’un
processus électoral, lui-même, porteur des conflits.
313

Réglementée, l’observation électorale a été effective, dans chaque cycle électoral,


mais comparée à la surveillance domestique, une certaine attache semble se dessiner
en direction de l’observation internationale, au point d’insuffler le spectre d’un droit
d’ingérence électorale, dont les ingrédients seraient produits et exécutés, en dehors du
pays de destination.
Supposée ou avérée, la fraude est une réalité, dans la pratique électorale congolaise,
pour que la mystique de la vérité des urnes soit entière. Par sa permanence, le
phénomène réduit l’espérance à une élection libre, crédible et transparente. Il importe,

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donc, de réajuster les règles de jeu, pour atteindre l’objectif visé.
Loin d’être porté au déclin, le droit électoral congolais résiste aux nombreuses
contraintes. Il s’inscrit dans la dynamique de distribution démocratique du pouvoir
qui sollicite, chaque jour, la mise en cohérence du dispositif juridique en vigueur, avec
une ingénierie politique orientée vers les voies concertées de sortie de crise.
Rien ne permet, en effet, de briser la glace, en dehors d’une appropriation
citoyenne des règles de jeu que commande la connaissance, concomitante, du terrain
où il se joue.
Ainsi qu’on l’a constaté, le droit électoral (congolais) est fort complexe ; il n’est pas
que normatif, parce qu’intéressé au terrain, jadis, occupé par les sciences exactes, telles
que l’arithmétique, la mathématique et la géométrie.
L’arithmétique électorale se découvre dans la numérisation du corps électoral, du
seuil de représentativité, du quotient électoral, du calcul électronique des résultats
électoraux, ainsi que dans la détermination des suffrages exprimés. Réalisées en
application des dispositions légales, ces opérations dépassent le simple artifice
juridique, au profit de la quantification digitale du processus de votation.
L’enjeu de toute compétition électorale est d’établir une relation cohérente entre
les résultats attendus ou obtenus et l’action politique envisagée. Placé dans l’optique
de maximisation des suffrages exprimés, le droit électoral emprunte les techniques que
lui propose la mathématique. On arrive, ainsi, à mettre à contribution la
mathématique dans la gestion d’une élection.
L’une des fonctions essentielles de l’élection est d’assurer la légitimité du pouvoir.
L’entreprise doit, autant que faire se peut, permettre la visibilité de la cartographie
politique comportant, par ailleurs, une diversité de figures, en l’espèce, le carré, le
rectangle et le triangle politique.
Le carré politique représente la situation d’un système dominé par quatre
formations, au poids politique relativement équilibré, se neutralisant mutuellement et
excluant l’émergence d’une force centriste ou périphérique. Un tel système est de
nature à détruire l’édifice institutionnel ; aucun compromis n’est, a priori,
envisageable, en cas de crise politique.
314

Le rectangle politique est constitué de deux grandes tendances politiques qui,


selon les règles du jeu, s’alternent au pouvoir avec, naturellement, l’appui de deux
autres, de taille moyenne. Cette configuration apparaît sous la forme, soit de la
bipolarisation de la vie politique comme en France, soit du bipartisme qui peut, en
raison ou non de la discipline de vote, être rigide, le cas de la Grande-Bretagne, ou
souple aux États-Unis d’Amérique.
Le triangle politique symbolise le tripartisme né, soit du dysfonctionnement du
multipartisme non encadré (le cas de l’Italie), soit de l’existence entre les deux

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formations politiques, qui prétendent contrôler l’échiquier national d’une troisième,
jouant à l’arbitre ou soutenant, selon la conjoncture politique, l’action de l’une ou
l’autre force politique en présence.
Ces différentes figures conduisent à la constitution, à l’issue d’une élection, des
alliances politiques, capables de soutenir ou non l’action gouvernementale. Aussi,
plutôt que servir de cadre à un droit qui naîtrait de la rêverie, le droit électoral est-il
invité à quitter l’autel d’une discipline, uniquement, construite autour des normes,
pour caresser une science appliquée.
315

INDEX ALPHABÉTIQUE

A
Abstention électorale : 8, 177, 202, 203
Acceptation de la requête : 275

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Acteurs électoraux : 118, 221
Affichage des résultats : 191, 275
Aiguilleurs des élections : 65,113, 210,214
Annonce des résultats : 197, 198, 268
Annulation de l’élection : 267, 269, 274, 281s, 299
Apparentements : 61s, 175, 197
Appel en matière de contentieux électoral : 225
Apurement des résultats : 69, 196
Arithmétique électorale : 23, 313
Assemblée nationale : 45, 52, 60, 66, 81s, 111, 153s, 205, 207, 214, 247, 263,
285ss, 304s, 307,309
Assemblée plénière : 65ss, 185, 286
Assemblée provinciale : 52, 90,153, 207, 275,286
Assistance électorale : 177ss, 180s
Attribution de sièges : 50, 51s, 54s, 57, 191,194ss, 311

B
Bipartisme : 45ss, 206, 314
Bipolarisation de la vie politique : 45, 314
Blanchiment d’argent ou capitaux : 153, 156, 166,169
Bourrage d’urne : 52, 214, 217, 262, 282
Bulletin de vote : 37, 70, 87,187s, 194, 198, 200ss, 275
Bureau de vote et de dépouillement : 50, 67, 70, 183,185ss, 190ss, 194ss,
255s, 260ss, 271, 276s, 281s, 300

C
Cadre institutionnel : 7, 39ss
Calendrier électoral : 37, 106s, 131, 136, 140,143ss, 169, 184, 240,242
316

Campagne électorale : 137s


Candidat : 42ss, 69ss, 81ss, 113ss, 146ss, 150ss, 160ss, 170ss, 185ss, 191ss,
200ss, 211ss, 230ss, 250ss, 262ss, 271ss, 280ss, 296ss, 300ss
Caractéristiques du droit électoral : 21ss,
Caractères d’inéligibilité : 91ss
Carré politique : 313
Cartographie électorale : 63s, 130
Centre de vote : 70

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Centre d’inscription : 71
Centre local de compilation des résultats : 69s
Certification du vote : 69, 118, 196,309
Chef de chefferie : 91
Chef de secteur : 91, 157
Chiffre électoral : 53
Chiffre répartiteur : 53, 58
Code électoral : 22, 186, 211
Comparution des parties : 269
Compétence de la juridiction : 269
Compilation des résultats : 275, 279
Conditions d’éligibilité : 72ss, 83ss, 88
Configuration politique : 39s, 204,206s
Conseil communal : 88
Conseil constitutionnel : 253, 293s, 296, 302, 305, 307
Conseil d’État : 241ss
Conseil municipal : 88
Conseil urbain : 90, 153, 157
Conseiller communal : 153
Conseiller urbain : 90
Constitution des plis : 191, 194
Contentieux contradictoire : 258s
Contentieux d’administration des preuves : 254ss
Contentieux d’éligibilité : 229ss, 293ss, 304ss
Contentieux de campagne électorale : 247ss
Contentieux des listes électorales : 223ss
Contentieux des résultats : 251ss ; 298ss, 306ss
Contentieux électoral : 24, 38, 221ss
Contentieux en droit comparé : 292ss
Contentieux objectif : 252s
317

Contentieux politique : 253s


Contentieux préparatoire au vote : 223ss
Contentieux répressif : 226ss, 246s, 260ss
Contenu et mentions de la requête : 266s
Contestation des résultats : 255s, 264, 266, 300
Convocation de l’électorat : 131ss, 259
Cour constitutionnelle : 94, 147, 230, 233, 247, 269, 298, 301ss, 308
Cycle électoral : 207, 313

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
D
Débat contradictoire : 139, 159s
Découpage électoral : 63s
Délai d’appel : 94, 283
Délai de campagne : 156s
Délai de saisine : 268
Dépôt des candidatures : 136s
Dépouillement : 190ss
Député national : 86ss
Député provincial : 88
Dispositif normatif : 41s
Domicile : 107s
Droit administratif des élections : 38
Droit civil : 24, 103
Droit complexe : 23s
Droit constitutionnel : 11, 23s, 38
Droit constitutionnel électoral : 35
Droit contentieux : 24s
Droit des élections : 21
Droit d’ingérence citoyenne : 119
Droit d’ingérence électorale : 18s, 289,313
Droit électoral : 21
Droit international des élections : 35
Droit pénal électoral : 222, 263
Droit politique : 21s
Droit pratique : 25
Droit technique : 22s
318

E
Effets d’inéligibilité : 93s
Égalité des candidats : 148
Électeur : 99ss
Élection : 175
Électorat : 131, 133
Éligibilité : 71ss, 231, 235, 237
Environnement sociopolitique : 39ss

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Erreur matérielle : 275ss
Évaluation de la campagne : 172s

F
Fiche de pointage : 190
Fiche des résultats : 37, 190, 226, 254, 262
Fichier électoral : 125ss
Financement de la campagne : 151ss
Fonction politique : 97
Fondement de la requête : 272ss
Fraude électorale : 210ss

G
Géométrie électorale : 23, 313
Gerry mander : 64
Gouvernance politique : 215, 219,287
Gouverneur de province : 90, 157

H
Haute Cour : 303

I
Identité de l’électeur : 102s
Incompatibilité : 95ss
Indépendance du juge : 254
Inéligibilité : 72
Inscription à la demande des électeurs : 126s
Inscription des citoyens vivant à l’étranger : 71
319

Inscription ordonnée par l’administration électorale : 127s


Inscription sur les listes électorales : 126ss
Invalidation : 280ss, 297s, 301, 309

J
Jouissance des droits civils et politiques : 103s
Juge électoral : 94, 269
Juridiction électorale : 94, 293, 295

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Jurisprudence électorale : 38
Justice électorale : 34, 253, 255

L
Légalité et loyauté des procédés de campagne : 149ss
Législation électorale : 63, 184, 195
Listes bloquées : 49, 87, 204
Listes de candidats : 44, 87, 94, 188
Listes électorales : 126, 128
Listes ouvertes : 49, 87
Loi électorale : 14, 22, 37

M
Machine à voter : 83, 116, 188, 201s, 214,312
Maire : 91, 157
Majorité électorale : 73s, 103, 127
Majorité parlementaire : 64, 87, 204, 206, 222, 287s
Mandat électif : 75s
Marketing politique : 139
Mathématique électorale : 314
Médias et élections : 119ss
Modalités de vote : 198s
Motivation de la décision : 282s
Moyens de campagne : 157ss
Moyens de preuve : 271s

N
Nationalité : 72s, 100ss, 246
Neutralité de l’administration publique : 148s
320

Nombre de sièges : 44, 47, 53s, 57s, 218


Nombre de voix : 43, 45,47ss, 51, 53s, 56ss, 62s, 146, 255, 276, 287
Notification de la décision : 94, 225

O
Observation internationale : 117s
Observation nationale : 116s
Opération de vote : 175s, 195, 215, 256, 298, 300

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Opinion dissidente : 52, 259s
Opinion individuelle : 259s
Organisation du vote : 185s
Ouverture de l’urne : 191s
Ouverture de plis : 276

P
Panachage : 44
Parties au procès : 269ss
Planification des activités : 140s, 171s
Plus forte moyenne : 55ss, 59
Plus fort reste : 54s, 57
Préalable à l’organisation de la campagne : 140ss
Préparation de la campagne : 166s
Préparation du vote : 176ss
Président de la République : 84ss, 132ss
Preuve de nationalité : 100s
Procédure contentieuse : 229ss
Procédure de vote : 186s
Procès-verbal de compilation : 254
Procès-verbal de dépouillement : 37, 190, 254ss, 262, 277
Processus de votation : 8, 35, 114, 142, 169, 260, 313
Processus électoral : 25, 40, 65, 82s, 126, 144, 148, 289
Proclamation des résultats : 25, 52, 143s, 175, 254, 268, 285, 300
Propagande électorale : 138
Propagande politique : 137s, 184, 251

Q
Qualité de l’électeur : 82, 100ss
321

Qualité du contribuable : 109


Qualité du requérant : 264ss
Quotient électoral : 53s

R
Radiation de la liste électorale : 128s
Recevabilité de la requête : 272ss
Recomptage de voix : 276

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Référé-conservatoire : 243s
Référé-liberté : 243s
Référé-suspension : 243s
Registre de vote : 190
Règles du jeu : 41ss
Règlement du contentieux : 251
Rejet de la demande : 274s
Représentation proportionnelle : 47ss, 59ss
Requête valant appel : 240s
Résidence : 108s
Révision de la liste électorale : 128s
Rôle des médias : 158ss

S
Scrutin : 175
Scrutin à deux tours : 45
Scrutin à un tour : 45
Scrutin des listes : 43s
Scrutin uninominal : 43
Secret des délibérations : 259s
Secrétariat exécutif national : 67s
Secrétariat exécutif provincial : 68
Sénat : 81, 89, 95s, 111, 157, 205, 214, 285s
Seuil légal de représentativité : 50ss
Sièges à pourvoir : 51, 56, 62, 90
Sources du droit électoral : 26ss
Spécificités du contentieux des résultats : 252ss
Stratégies de campagne : 167ss
Surveillance du vote : 38, 115
322

Système d’Hondt : 57s


Système des partis : 41
Système électoral : 42ss, 175, 204
Système mixte : 61ss

T
Taux de participation : 112, 201s, 204s, 209
Technique de campagne : 165

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Tierce opposition : 284
Transmission des résultats : 69, 114, 116, 194, 196, 201s, 272, 300
Triangle politique : 314

U
Urne : 191s

V
Vérité des urnes : 288ss
Vote : 175
Vote à l’étranger : 105, 190
Vote des femmes : 110s
Vote des militaires et policiers : 112s, 189s
Vote des noirs : 112
Vote électronique : 201s
Vote par bulletin papier : 198s
Vote par correspondance : 200
Vote par dérogation : 200
Vote par procuration : 199
Vote préférentiel : 44
Vote transférable : 49
323

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE

A. LES TEXTES JURIDIQUES

1. Les conventions et déclarations internationales

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Les Principes et lignes directrices régissant les élections démocratiques au sein de
la Communauté de développement de l’Afrique australe du 20 juillet 2015.
La Déclaration de l’Organisation internationale de la francophonie du
30 novembre 2014.
La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du
30 janvier 2007.
La Charte de la francophonie du 23 novembre 2005.
La Déclaration de Bamako du 3 novembre 2002.
La Déclaration de l’Union africaine sur les principes régissant les élections
démocratiques en Afrique du 8 juillet 2002.
Le Traité de Rome du 1er juillet 2002 sur la Cour pénale internationale.
L’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000.
La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981.
La Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes du 18 décembre 1979.
La Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées du
13 décembre 1979.
Le Protocole facultatif sur le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques du 16 décembre 1966.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale du 21 décembre 1965.
La Convention des Nations unies sur les droits politiques de la femme du
20 décembre 1952.
La Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948.
324

2. Les textes constitutionnels

2.1. En droit comparé


La Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016.
La Constitution sénégalaise du 5 avril 2016.
La Constitution burkinabé du 2 juin 1999, telle que modifiée par la Loi du 2 juin
2012.
La Constitution malgache du 11 décembre 2010.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
La Constitution nigérienne du 18 juillet 1999, telle que modifiée par la Loi du
25 novembre 2010.
La Constitution camerounaise du 18 janvier 1996, telle que modifiée par la Loi du
14 août 2008.
La Constitution française du 5 octobre 1958, telle que modifiée par la Loi n° 2008-
724 du 23 juillet 2008.
La Constitution malienne du 25 février 1992.
La Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
La Constitution américaine du 17 septembre 1787.

2.2. En droit congolais


La Constitution congolaise du 18 février 2006, telle que modifiée par la Loi du
20 janvier 2011.
La Loi n° 74-020 du 15 août 1974 portant révision de la Constitution du 24 juin
1967.
La Loi n° 70-001 du 23 décembre 1970 portant modification de la Constitution du
24 juin 1967.
La Constitution du 24 juin 1967.

3. Les textes législatifs

3.1. En droit comparé

3.1.1. Loi organique


La Loi organique n° 2018-22 du 4 juillet 2018 portant révision du Code électoral du
Sénégal.
La Loi organique n° 2006-41 du 11 décembre 2006 modifiant et complétant la Loi
organique n° 92-23 du 30 mai 1992 portant Code électoral du Sénégal.
325

La Loi organique n° 02-011 du 5 mars 2002 modifiant et complétant la Loi n° 97-010


du 11 février 1997 déterminant les règles d’organisation et de fonctionnement de
la Cour constitutionnelle du Bénin ainsi que la procédure devant elle.

3.1.2. Loi ordinaire


La Loi n° 2013-017 du 21 mai 2013 modifiant et complétant la Loi n° 06-044 du
4 décembre 2006 portant Loi électorale du Mali.
La Loi n° 2012-014 du 30 juillet 2012 portant création au sein de la Haute Cour

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Constitutionnelle malgache de la chambre spéciale chargée du contentieux
électoral dénommé la Cour Électorale Spéciale.
La Loi n° 2011-412 du 14 avril 2011 portant Code électoral français.
La Loi n° 01/22 du 18 septembre 2009 portant révision de la Loi n° 01/015 du 20 avril
2005 portant Code électoral du Burundi.
La Loi n° 011-2000/AN du 7 avril 2007 portant composition, organisation,
attributions et fonctionnement du Conseil constitutionnel du Burkina Faso et de la
procédure devant lui.
La Loi n° 2005-07 du 11 mai 2005 portant création de la Commission électorale
nationale autonome du Sénégal.
La Loi n° 2005-12 du 11 février 2005 portant égalité des droits et des chances,
participation et citoyenneté des personnes handicapées en France.
La Loi n° 2001-514 du 1er août 2000 portant Code électoral de Côte d’Ivoire.
La Loi n° 97-15 du 8 septembre 1997 portant création de l’Observatoire national des
élections au Sénégal.

3.2. En droit congolais

3.2.1. Loi organique


La Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif.
La Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
La Loi organique n° 13/013 du 1er juin 2013 portant statut du personnel de carrière
de la Police nationale.
La Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi n° 10/013
du 8 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission
électorale nationale indépendante.
La Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement
et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire.
326

La Loi organique n° 13/011du 21 mars 2013 portant organisation et fonctionnement


de la Commission nationale des droits de l’Homme.
La Loi organique n° 11/013 du 11 août 2011 portant organisation et fonctionnement
de la Police nationale congolaise.
La Loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attributions et
fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication.
La Loi organique n° 10/011 du 18 mai 2010 portant fixation des subdivisions
territoriales à l’intérieur des provinces.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
La Loi organique n° 08/016 du 7 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’État
et les provinces.

3.2.2. Loi ordinaire et ord onnance -loi


La Loi n° 18/007 du 27 juin 2018 modifiant et complétant la Loi n° 04/028 du
24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en
République démocratique du Congo.
La Loi n° 18/006 du 27 juin 2018 modifiant et complétant la Loi n° 06/006 du 9 mars
2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales,
urbaines, municipales et locales, telles que modifiée et complétée par les Lois
n° 15/001 du 12 février 2015 et n° 17/013 du 24 décembre 2017.
La Loi n° 18/005 du 8 mai 2018 portant adoption de la répartition des sièges par
circonscription électorale pour les élections législatives, provinciales, municipales
et locales.
La Loi n° 17/013 du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la Loi n° 06/006 du
9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales, telles que modifiée et complétée par
la Loi n° 15/001 du 12 février 2015.
La Loi n° 16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services
publics de l’État.
La Loi n° 15/015 du 25 août 2015 fixant le statut des chefs coutumiers.
La Loi n° 11/003 du 25 juin 2011 modifiant et complétant la Loi n° 06/006 du 9 mars
2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales,
urbaines, municipales et locales.
La Loi n° 10/10 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics.
La Loi n° 08-005 du 10 juin 2008 portant financement public des partis politiques.
La Loi n° 07/007 du 4 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique.
La Loi n° 06/020 du 10 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 juin 1930
portant Code pénal Livre 11.
327

La Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des


électeurs en République Démocratique du Congo.
La Loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise.
La Loi n° 04/016 du 18 juillet 2004 portant lutte contre le blanchiment des capitaux et
financement du terrorisme.
La Loi n° 04/009 du 5 juin 2004 portant organisation, fonctionnement et attribution
de la Commission électorale indépendante.
La Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
politiques en République démocratique du Congo.
La Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
L’Ordonnance-Loi n° 196 du 29 janvier 1999 portant réglementation des
manifestations et des réunions publiques.
La loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de
presse.
L’Ordonnance-Loi n° 31/012 du 2 avril 1981 portant statut des journalistes œuvrant
en République du Zaïre.
L’Ordonnance-Loi n° 70-027 du 17 avril 1970 portant organisation de l’élection
présidentielle en République du Zaïre.
L’Ordonnance-Loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des élections
législatives en République du Zaïre.
L’Ordonnance-Loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du référendum en
République Démocratique du Congo.
La Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales au Congo.
L’Ordonnance Législative n° 25/554 du 6 novembre 1959 relative au droit de vote et
d’éligibilité aux élections communales, municipales et législatives.
Le Décret du 26 mars 1957 relatif aux élections des conseillers des communes de
Léopoldville, d’Élisabethville et de Jadotville.

4. Les textes réglementaires

Le Décret n° 05/026 du 6 mai 2005 portant plan de sécurisation du processus


électoral en République Démocratique du Congo.
L’Ordonnance n° 12/295 du 29 septembre 1957 portant mesures particulières
d’exécution du Décret du 26 mars 1957.
La Circulaire n° 002/2006 du 29 juin 2006 relative à des manifestations publiques des
partis et regroupements politiques pendant la campagne électorale.
Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale du 21 mars 2019.
Le Règlement intérieur du Sénat du 12 juin 2019.
328

Le Règlement intérieur du Sénat du 16 avril 2007.


La Décision n° 028/CENI/BUR/19 du 11 juin 2019 portant publication des résultats
provisoires de l’élection législative du 30 décembre 2018.
La Décision n° 002/CENI/BUR/19 du 9 juin 2019 portant publication des résultats
provisoires de l’élection provinciale du 30 décembre 2018.
La Décision n° 001/CENI/BUR/19 du 9 juin 2019 portant publication des résultats
provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018.
La Décision n° 055/CENI/BUR/18 du 26 décembre 2018 complétant la Décision

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
n° 050/CENI/BUR/18 du 20 décembre 2018 portant modification du calendrier
des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et
locales tel que publié par la Décision n° 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre 2017.
La Décision n° 050/CENI/BUR/18 du 20 décembre 2018 modifiant la Décision
n° 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre 2017 portant publication du calendrier des
élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales.
La Décision n° 030/CENI/BUR/18 du 24 août 2018 déclarant irrecevables les
candidatures des indépendants, des partis et regroupements politiques à l’élection
des députés nationaux.
La Décision n° 028/CENI/BUR/18 du 24 août 2018 déclarant irrecevables les
candidatures des indépendants, des partis et regroupements politiques à l’élection
du président de la République.
La Décision n° 018/CENI/BUR/18 du 23 juin 2018 portant convocation de
l’électorat et ouverture des bureaux de réception et de traitement des candidatures
pour l’inscription des candidats aux élections présidentielles, législatives nationales
et provinciales.
La Décision n° 001bis/CENI/BUR/18 du 19 février 2018 portant Mesures
d’application de la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des
élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales,
telle que modifiée et complétée à ce jour.
La Décision n° 065/CENI/BUR/17du 5 novembre 2017 portant publication du
calendrier des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines,
municipales et locales.
La Décision n° 001/CENI/BUR/15 du 12 février 2015 portant publication du
calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales de 2015 et
des élections présidentielles et législatives de 2016.
La Décision n° 064/CENI/BUR/11 du 14 octobre 2011 portant publication de la liste
définitive des candidats à l’élection des députés nationaux du 28 novembre 2011.
La Décision n° 52bis/CENI/BUR/11 du 18 août 2011 portant Mesures d’application
de la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections
329

présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que


modifiée par la Loi n° 11/003 du 25 juin 2011.
La Décision n° 012/CEI/BUR/06 du 30 avril 2006 portant publication de la liste
définitive à l’élection des députés nationaux du 30 juillet 2006.

B. LA DOCTRINE

1. Les ouvrages

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
AVRIL P. et GICQUEL J., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, coll. « Que sais-
je ? », 2005.
BLÉ GOUDÉ C., Côte d’Ivoire. Traquenard électoral, Paris, L’Harmattan, 2013.
BOMANDEKE BONYEKA B., Le parlement congolais sous le régime de la Loi
Fondamentale, Kinshasa, PUZ, 1992.
BOMANDEKE BONYEKA B., Histoire parlementaire congolaise, Kinshasa, FKA,
2007.
BURDEAU G., Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, LGDJ, 1984.
CAMBY J.-P., Le Conseil constitutionnel, juge électoral, Paris, 5e éd., Dalloz, 2009.
CAUCHOIS H., Guide du contentieux électoral, Paris, 2e éd., Berger-Levrault, 2005.
CORNU G., Vocabulaire juridique, Paris, 8e éd., PUF, 2000.
DJOLI ES’ESENGEKELI J., Droit constitutionnel. L’expérience congolaise (RDC), Paris,
L’Harmattan, 2013.
ESAMBO KANGASHE J.-L., Traité de droit constitutionnel congolais, Paris,
L’Harmattan, coll. « Études africaines », Série Droit, 2017.
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia,
2013.
ESAMBO KANGASHE J.-L., La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve
du constitutionnalisme. Contraintes pratiques et perspectives, Louvain-la-Neuve,
Academia-Bruylant, coll. « Bibliothèque de droit africain 7 », 2010.
FALL I.-M. (dir.), Les Décisions et Avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, Dakar,
CRÉDILA, 2008.
GARBER L., Principes directeurs pour l’observation internationale des élections,
Washington, DC, SME, 2005.
KATUALA KABA KASHALA J., La jurisprudence électorale congolaise commentée,
Kinshasa, Carter Center, 2007.
KOUTOUZIS M. et THONY J.-F., Le blanchiment, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »,
2005.
330

LUKOMBE GHENDA R., Droit commercial congolais. Faillite, Concordat et


Banqueroute. Kinshasa, Publication des Facultés de Droit des Universités du
Congo, 2011.
MABIALA MANTUBA-NGOMA P., Les élections dans l’histoire politique de la
République démocratique du Congo (1957-2011), Kinshasa, FKA, 2013.
MALIGNER B., Droit électoral, Paris, Ellipses, 2007.
MARTIN P., Les systèmes électoraux et les modes de scrutin, Paris, 3e éd. Montchrestien,
coll. « Clés politiques », 2006.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
MASCLET J.-C., Droit des élections politiques, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1992.
MASCLET J.-C., Droit électoral, Paris, PUF, 1989.
MASIKA KATSUVA et alii, Régimes électoraux en République du Zaïre : Textes
Législatifs d’organisation, Kinshasa, Co-Édition ISE-Consult, 1994.
MATHIEU B. et VERPEAUX M., Contentieux constitutionnel des droits fondamentaux,
Paris, LGDJ, 2002.
MBOKOLO E. (dir.), Élections démocratiques en République démocratique du Congo.
Dynamiques et perspectives, Kinshasa, AGB, 2010.
MUHOLONGU MALUMALU A. et KAMAL EL FEGHALI, Une seule voix, plusieurs
interprétations. Définitions, caractéristiques et paradoxes des modes de scrutin,
Kinshasa, MOKHTARAT, 2006.
MUKENDI WAFWANA E. et alii (dir.), Contentieux électoral, Tome I, Kinshasa,
Juricongo, coll. « Juridoc », 2011.
MUKENDI WAFWANA E., Contentieux électoral dans la pratique de la Cour suprême
de justice, Kinshasa, Juricongo, coll. « Juridoc », 2010.
MUKUBI KABALI KAMANGO P., La Constitution de la République démocratique du
Congo : annotée, commentée et expliquée, Kinshasa, ITONGYA, 2009.
NDAYIWEL è NZIEM I., Nouvelle histoire du Congo des origines à la République
démocratique du Congo, Bruxelles, Le Cri-Buku Histoire, 2012.
NYABIRUNGU mwene SONGA, Droit international pénal, Kinshasa, Droit et
Société, 2013.
TOUVET L. et DOUBLET, Y. M., Droit des élections, Paris, Economica, 2007.
VETTOVAGLIA J.-P. et alii, Démocratie et élections dans l’espace francophone,
Bruxelles, Bruylant, 2010.
WETSH’OKONDA KOSO M. et BALINGENE KAHOMBO, Le pari du respect de la
vérité des urnes en Afrique. Analyse des élections présidentielles et législatives du
28 novembre 2011 en République démocratique du Congo, Bruxelles, 11.11.11, 2014.
331

2. Les chapitres d’ouvrages

ESAMBO KANGASHE J.-L., « La loi électorale », in M’BOKOLO E. (dir.), Élections


démocratiques en République démocratique du Congo : Dynamiques et perspectives,
Kinshasa, AGB, 2010.
LOFOLI J.-P., « Média, instance de régulation et élection en République
démocratique du Congo » in M’BOKOLO E. (dir.), Élections démocratiques en
République démocratique du Congo. Dynamiques et Perspectives, Kinshasa, OIF-
PNUD, 2010.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
3. Les articles de Revue

BIYOYA P., « Coût des élections », in Fédéralisme-régionalisme, La Troisième


République démocratique du Congo, vol. 5, 2004-2005, Liège, 2005.
DJERDJRO F.-M., « Le contentieux électoral en Afrique », La démocratie en Afrique,
Pouvoirs, n° 129, Paris, PUF, 2009.
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Élections en Afrique, un modèle d’importation
étrangère ou une voie originale de démocratie ? », Cahiers africains des Droits de
l’homme et de la démocratie, vol. I, n° 036, juillet-septembre, Kinshasa, 2012.
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le Code électoral congolais : étude comparée des lois
n° 06/006 du 9 mars 2006 et 11/003 du 25 juin 2011 », Cahiers africains des Droits
de l’homme et de la démocratie, vol. II, n° 035, avril-juin, Kinshasa, 2012.
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le juge constitutionnel ou électoral et la résolution
des conflits liés aux élections. Analyse du contentieux électoral de 2006 et 2007 »,
Constitutionnalisme et résolution des conflits en Afrique, Dakar, Sénégal, du 27 au
30 août 2008.
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Les enjeux électoraux et la stabilité politique en
République démocratique du Congo : analyse de la loi électorale », Congo-Afrique,
n° 402-403, février-mars, Kinshasa, 2006.
KOKOROKO D., « Élections disputées : réussites et échecs », La démocratie en
Afrique, Pouvoirs, n° 129, Paris, PUF, 2009.
MUXEL A., « Abstention : défaillance citoyenne ou expression démocratique ? », Les
Cahiers du Conseil constitutionnel, n° 23, février, Paris, Dalloz, 2008.
OWEN B., « Les fraudes électorales », Voter, Pouvoirs, n° 120, Paris, PUF, 2007.
QUINTIN P., « Pour une analyse comparative des élections africaines », Politique
africaine, n° 69, Paris, 1998.
332

C. LA JURISPRUDENCE

1. En droit comparé

1.1. Cont entieux d’éligibilité

1.1.1. Éligibilité à l’élection présidentielle


Décision du Conseil constitutionnel du Sénégal n° 3-E-2019, Affaires n° 13 à 24-E-19

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
du 20 février 2019 portant publication de la liste définitive des candidats à
l’élection présidentielle du 24 février 2019.
Décision du Conseil constitutionnel du Sénégal n° 2/E/2019 du 13 janvier 2019
portant publication de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle du
24 février 2019.
Arrêt de la Cour constitutionnelle du Mali n° 2018-02/CC-EP du 4 juillet 2018
portant liste définitive des candidats à l’élection du Président de la République du
29 juillet 2018.
Décision de la Cour constitutionnelle du Mali du 30 juin 2018 portant publication de
la liste provisoire des candidats à l’élection du Président de la République du
29 juillet 2018.
Décision du Conseil constitutionnel du Sénégal n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/E/9/
E/10/E/12/E/13/E/14/E du 29 janvier 2012 portant publication de la liste
définitive des candidats à l’élection du Président de la République du 28 février
2012.
Décision du Conseil constitutionnel du Burkina Faso n° 2005-007/CC/EPF du
4 octobre 2005 portant publication de la liste définitive des candidats à l’élection
du Président de la République.

1.1.2. Éligibilité aux élections lé gislatives


Arrêt n° 2013-09/CC du 31 octobre 2013 du Conseil constitutionnel du Mali portant
publication définitive des candidats à l’élection des députés à l’Assemblée
nationale.
Décision n° 80-Affaires n° 1/E/2001 du 23 mars 2001 du Conseil constitutionnel du
Sénégal.
Décision n° 35/98 -Affaires n° 4/E/98-5/E/98-6/E/96 du 15 avril 1998 du Conseil
constitutionnel du Sénégal
Décision n° 1093 du 9 mai 1993-Affaires n° 20/21/22/23/E/93 du Conseil
constitutionnel du Sénégal.
333

1.2. Contenti eux des résultats

1.2.1. De l’élection présidentielle


Arrêt de la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar n° 01-HCC/AR du 8 janvier
2019 portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Arrêt de la Cour constitutionnelle du Mali n° 2018-04/CC-EP du 20 août 2018
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
République.
Décision de la Cour constitutionnelle du Gabon n° 52/CC du 23 septembre 2016
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Décision de la Cour constitutionnelle du Gabon n° 50/CC du 23 septembre 2016
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Décision de la Cour électorale spéciale de Madagascar n° 10-CES/AR du 17 janvier
2014 portant publication des résultats de l’élection du président de la République.
Arrêt de la Cour constitutionnelle du Mali n° 2013-11/CC-EL du 7 décembre 2013
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Arrêt de la Cour constitutionnelle du Mali n° 2013-06/CC-EP du 20 août 2013
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Décision du Conseil constitutionnel du Sénégal n° 19/E/2012 du 30 mars 2012
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.
Décision du Conseil constitutionnel du Sénégal n° 17/E/18/E/2012 du 6 mars 2012
portant publication des résultats définitifs de l’élection du président de la
République.

1.2.2. Des éle ctions légis latives


Recueils des Décisions et Avis de la Cour constitutionnelle de la République
Centrafricaine de 2006 à 2010, Bangui, 2012.
Décision n° 2011-EP 036-04/CC/SG du 5 mai 2011 du Conseil constitutionnel de
Côte d’Ivoire.
Décision n° 2010-EP 340312/CC/SG du 3 décembre 2010 Conseil constitutionnel
de Côte d’Ivoire.
Recueils des Avis et Décisions commentés de la Cour constitutionnelle burkinabé de
1960 à nos jours, Ouagadougou, 2009.
334

Décision n° 101/2007/7/E/2007 du 14 juin 2007 portant proclamation définitive des


résultats des élections législatives du 3 juin 2007.
Décision n° 002/CC/06 du 23 juin 2006 de la Cour constitutionnelle de la
République Centrafricaine.
Arrêt n° 02-144/CC/EL du 28 septembre 2002 de la Cour constitutionnelle du Mali.
Décision n° 42/98/12/E/98-99/E/98 du 8 juin 1998 de la Cour constitutionnelle de
la République Centrafricaine.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
2. En droit congolais

2.1. Contenti eux d’éligibilité

2.1.1. De l’élection présidentielle


CC, 4 septembre 2018, RCE 008/PR.
CC, 4 septembre 2018, RCE 003/PR.
CC, 4 septembre 2018, RCE 001/PR.
CC, 3 septembre 2018, RCE 007 bis/PR.
CC, 3 septembre 2018, RCE 007/PR.
CC, 3 septembre 2018, RCE 005/006/PR.
CC, 3 septembre 2018, RCE 004/PR.
CC, 3 septembre 2018, RCE 002/PR.
CSJ, 13 avril 2006, RCDC 012/KN.

2.1.2. Des éle ctions légis latives


CC, 28 septembre 2018, RCE/DN/KN 021.
CSJ, 6 décembre 2011, RCDC/082.
CSJ, 5 octobre 2011, RCDC/052.
CSJ, 5 octobre 2011, RCDC/DN/006.
CSJ, 3 octobre 2011, RCDC/DN/022.
CSJ, 3 octobre 2011, RCDC/DN/021.
CSJ, 1er octobre 2011, RCDC/024/KN.
CSJ, 28 février 2007, RCDC/DN/KN/372.
CSJ, 9 janvier 2007, RCDC/DN/KN 023.
CSJ, 26 décembre 2006, RCDC/DN/KN.
CSJ, 24 avril 2006, RCDC/DN/061.
CSJ, 13 avril 2006, RCDC/035/KN.
335

CSJ, 13 avril 2006, RCDC/028/KN.


CSJ, 13 avril 2006, RCDC/020/KN.
CSJ, 13 avril 2006, RCDC 015/KN.
CSJ, 13 avril 2006, RCDC 012/KN.
CSJ, 13 avril 2006, RCDC 003/KN.

2.1.3. Des éle ctions provinciales


CE, 9 avril 2019, ROR 011.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
CE, 9 avril 2019, ROR 010.
CE, 27 mars 2019, REA 002.
CAPS, 28 février 2019, RCE 026.

2.2. Cont entieux des résultats

2.2.1. De l’élection présidentielle


CC, 19 janvier 2019, RCE 003/PR/CR.
CC, 19 janvier 2019, RCE 001/PR/CR.
CSJ, 16 décembre 2011, RCE011/PR.
CSJ, 27 novembre 2006, RCE/PR/006.
CSJ, 28 octobre 2006, RCE/PR/009.

2.2.2. Des éle ctions légis latives


CSJ, 3 janvier 2013, RCE/ADP/077.
CSJ, 5 septembre 2012, RCE 969/998/951/DN.
CSJ, 5 septembre 2012, RCE 792/DN.
CSJ, 31 août 2012, RCE 930/931/936/939/394/968/974/976/994/1001/1016/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE/517/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE 463/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE 453/713/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE 440/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE/426/428/625/631/DN.
CSJ, 25 avril 2012, RCE/425/465/466/DN.
CSJ, 24 avril 2012, RCE 725/DN.
CSJ, 23 avril 2012, RCE 676/DN.
CSJ, 18 février 2012, RCE 630/638/673/920/435/DN.
CSJ, 14 janvier 2012, RCE 778/DN.
336

CSJ, 16 avril 2011, RCE761/DN.


CSJ, 30 mars 2007, RCE/ADP/005.
CSJ, 16 mars 2007, RCE/ADP/014/015.
CSJ 9 mars 2007, RCE 205/DN.
CSJ, 9 mars 2007, RCE/DN/KN/137.
CSJ, 9 mars 2007, RCE/ADP//021.
CSJ, 26 février 2007, RCE 350/DN.

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
CSJ, 23 février 2007, RCE 358/DN.
CSJ, 22 février 2007, RCE/DN/KN/372.
CSJ 13 février 2007, RCE 017/DN.
CSJ, 6 février 2007, RCE/DN/KN/200.
CSJ, 1er février 2007, RCE 325/DN.
CSJ, 1er février 2007, RCE/319/DN.
CSJ, 1er février 2007, RCE//DN/MMAYI/293.
CSJ, 1er février 2007, RCE/237/DN.
CSJ, 12 janvier 2007, RCE/DN/KN/324.
CSJ, 10 janvier 2007, RCE/DN/KN/130.
CSJ, 3 janvier 2007, RCE/DN/KN/313.
CSJ, 26 décembre 2006, RCE 100 DN/KN.
CSJ, 8 novembre 2006, RCE 187/DN.
CSJ, 7 novembre 2006, RCE/DN/KN/007.
CSJ, 2 novembre 2006, RCE/DN/KN/024.
CSJ, 26 octobre 2006, RCE 259/DN.
CSJ, 26 octobre 2006, RCE 067/DN/KN.
CSJ, 25 octobre 2006 RCE 232/DN.
CSJ, 23 octobre 2006, RCE 340/DN.
CSJ, 20 octobre 2006, RCE/DN/KN/016.
CSJ, 17 octobre 2006, RCE 075/DN.
CSJ, 11 septembre 2006, RCE 012/DN.
CSJ, 4 septembre 2006, RCE/PR/DN/KN/006.
CSJ, 4 septembre 2006, RCE 003/DN.
CSJ, 4 septembre 2006, RCE/DN/KN/001.
CSJ, 1er septembre 2006, RCE/DN/KN/183.
CSJ, 13 avril 2006, RCE 007/DN/KN.
337

2.3. Cont entieux d’interprétation des t extes


CE, 1ermars 2019, RITE 001.
Bulletins des arrêts de la Cour suprême de justice, Contentieux électoraux 2011-2012,
Kinshasa, Éditions du Service de documentation et d’Études du ministère de la
Justice, 2014.
Guide pratique du contentieux électoral en République démocratique du Congo,
Kinshasa, 2e éd. IDH, 2013.
Bulletins des arrêts de la Cour suprême de justice, Contentieux électoraux 2006-2007,

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Kinshasa, Éditions du Service de documentation et d’Études du ministère de la
Justice, 2007.

2.3.1. Des éle ctions provinciales


CE, 29 mars 2019, ROR 010.
CE, 27 mars 2019, REA.002.

2.4. Contenti eux pénal


CSJ, 26 décembre 2016, RP 019/CR.
CSJ, 26 mars 2014, RP014/CR.
CSJ, 13 août 2013, RP 015/CR.
CSJ, 28 septembre 2012, RP 012/CR.
CSJ, 29 janvier 2011, RP003/CR.
international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
339

TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE ................................................................................... 7

AVANT-PROPOS ........................................................................... 11

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
LISTES DES SIGLES ET PRINCIPALES ABRÉVIATIONS ............................. 17

INTRODUCTION ........................................................................... 21
1. La définition du droit électoral ...................................................................... 21
2. Les caractéristiques du droit électoral ......................................................... 21
2.1. Le droit politique .................................................................................................... 21
2.2. Le droit technique ..................................................................................................22
2.3. Le droit complexe .................................................................................................. 23
2.4. Le droit contentieux ...............................................................................................24
2.5. Le droit pratique .....................................................................................................25
3. Les sources de droit électoral ....................................................................... 26
3.1. Les sources normatives 26
3.1.1. Les sources internationales ............................................................... 26
a. La Déclaration universelle des droits de l’homme .............................. 26
b. La Convention sur les droits politiques de la femme ................. 27
c. La Convention internationale sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination raciale .............................................. 27
d. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ...... 28
e. La Convention relative aux droits des personnes
handicapées ......................................................................................... 28
f. La Convention sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes ........................................ 29
g. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ........ 29
h. La Déclaration de l’Union africaine sur les principes régissant
les élections démocratiques en Afrique ..................................... 30
i. La Charte de la francophonie .......................................................... 30
j. La Charte africaine de la démocratie, des élections et
de la gouvernance .............................................................................. 31
340

k. La Déclaration de l’organisation internationale de


la francophonie sur les femmes et les jeunes ................................ 32
l. Les principes et lignes directrices régissant les élections
démocratiques au sein de la Communauté
de développement de l’Afrique australe ....................................... 33
3.1.2. Les sources nationales ....................................................................... 34
a. La source constitutionnelle ............................................................. 34
b. La source légale .................................................................................. 35
c. La source réglementaire ................................................................... 37

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
3.2. La source jurisprudentielle ................................................................................... 38
3.3. La source doctrinale .............................................................................................. 38
4. Le contenu du droit électoral ....................................................................... 38

I. LE CADRE GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS ............................................. 39


Section 1. L’environnement sociopolitique ................................................................ 39
§ 1. La configuration politique ............................................................................ 39
§ 2. Le cadre institutionnel ................................................................................. 40
§ 3. Le système des partis politiques ................................................................... 41
Section 2. Les règles de jeu ........................................................................................ 41
§ 1. Le dispositif normatif .................................................................................... 41
§ 2. Le système électoral .................................................................................... 42
A. Le système majoritaire ................................................................................. 42
1. La notion du système majoritaire ................................................................. 43
2. Les variétés du système majoritaire ............................................................ 43
2.1. Le système majoritaire uninominal ...................................................................... 43
2.2. Le système majoritaire plurinominal ou des listes ............................................... 43
2.3. Le système majoritaire à un ou deux tours ...........................................................45
3. Les avantages du système majoritaire ........................................................ 46
4. Les inconvénients du système majoritaire .................................................. 47
B. La représentation proportionnelle ............................................................... 47
1. La notion de représentation proportionnelle ............................................... 47
2. Les différentes manifestations de la représentation proportionnelle ......... 48
3. La pratique de la représentation proportionnelle ........................................ 50
3.1. La détermination du seuil de représentativité ..................................................... 50
341

3.2. La fixation du quotient électoral ........................................................................... 53


3.3. L’attribution des sièges ..........................................................................................54
4. Les mérites de la représentation proportionnelle ........................................ 59
5. Les limites de la représentation proportionnelle ......................................... 60
C. Les systèmes mixtes ..................................................................................... 61
§ 3. Le découpage des circonscriptions électorales ........................................... 63
A. L’intervention du législateur ......................................................................... 63

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
B. La pratique électorale. ................................................................................. 64

II. LES ACTEURS DES ÉLECTIONS ................................................... 65


Section 1. Les acteurs principaux .............................................................................. 65
§ 1. La Commission électorale nationale indépendante ..................................... 65
A. Les organes politiques ................................................................................. 65
1. L’Assemblée plénière .................................................................................... 66
2. Le Bureau ...................................................................................................... 67
B. Les structures techniques et opérationnelles .............................................. 67
1. Le Secrétariat exécutif national ................................................................... 67
2. Les Secrétariats exécutifs provinciaux ........................................................ 68
3. Les Antennes ................................................................................................ 68
4. Le Bureau de réception et de traitement des candidatures ........................ 68
5. Le Centre local de compilation des résultats ............................................... 69
6. Le Centre de vote ......................................................................................... 70
7. Le Bureau de vote et de dépouillement ........................................................ 70
8. Le Centre d’inscription .................................................................................. 71
§ 2. Les compétiteurs ........................................................................................... 71
A. L’éligibilité ...................................................................................................... 71
1. Les notions d’éligibilité et d’inéligibilité ........................................................ 72
2. Les conditions d’éligibilité ............................................................................ 72
2.1. Les conditions générales ....................................................................................... 72
2.1.1. La nationalité ....................................................................................... 72
2.1.2. La majorité électorale ........................................................................ 73
2.1.3. La jouissance des droits civils et politiques .................................... 74
2.1.4. L’exemption de toute cause légale d’éligibilité .............................. 74
342

a. La privation des droits civils et politiques ...................................... 75


b. Les crimes excluant toute candidature à un mandat électif ........ 75
c. Les autres condamnations entraînant le rejet
d’une candidature ............................................................................... 76
d. L’incapacité mentale médicalement prouvée ................................. 79
e. Les fonctionnaires et agents de l’administration publique .......... 79
f. Les mandataires actifs dans un établissement public ou une
entreprise publique ............................................................................. 80
g. Les magistrats ..................................................................................... 80
h. Les membres des Forces armées et de la Police nationale

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
congolaise ............................................................................................. 81
i. Les membres du Conseil économique et social, du Conseil
supérieur de l’audiovisuel et de la communication, de la Cour
des comptes et de la Commission électorale nationale
indépendante ....................................................................................... 81
2.1.5. La qualité d’électeur ........................................................................... 82
2.1.6. Le niveau d’instruction ou l’expérience professionnelle .............. 82
2.2. Les conditions spécifiques ................................................................................... 83
2.2.1. Aux scrutins directs ............................................................................ 84
a. Le président de la République .............................................................. 84
b. Les députés nationaux .......................................................................... 86
c. Les députés provinciaux ....................................................................... 88
d. Les conseillers communaux ................................................................. 88
e. Les conseillers de secteur ou de chefferie ............................................ 88
2.2.2. Aux scrutins indirects ......................................................................... 88
a. Les Sénateurs ........................................................................................ 89
b. Le Gouverneur et le vice-gouverneur de province .............................. 90
c. Les Conseillers urbains ........................................................................ 90
d. Le Maire et le Maire adjoint ................................................................. 91
e. Le Bourgmestre et le Bourgmestre adjoint ......................................... 91
f. Le Chef de secteur et le Chef de secteur adjoint .................................. 91
3. Les caractères d’inéligibilité .......................................................................... 91
3.1. L’inéligibilité est organisée par un texte juridique ................................................92
3.2. L’inéligibilité est d’ordre public ..............................................................................92
3.3. L’inéligibilité est toujours rattachée à une catégorie d’élection .......................... 93
3.4. L’inéligibilité est personnelle ................................................................................. 93
3.5. L’inéligibilité est circonscrite dans la durée ......................................................... 93
4. Les effets d’inéligibilité ................................................................................ 93
4.1. L’inéligibilité empêche le dépôt de la candidature ................................................94
4.2. L’inéligibilité doit être constatée par le juge ..........................................................94
343

B. Les incompatibilités ..................................................................................... 95


1. Les incompatibilités d’origine juridique ....................................................... 95
2. Les incompatibilités découlant de la pratique des élections ....................... 97
§ 3. Les électeurs ................................................................................................ 99
A. La qualité d’électeur .................................................................................... 100
1. La nationalité ............................................................................................... 100
2. L’identité ...................................................................................................... 102

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
3. La majorité électorale ................................................................................. 103
4. La jouissance des droits civils et politiques ............................................... 103
4.1. Les droits civils ..................................................................................................... 103
4.2. Les droits politiques ............................................................................................. 104
5. Le cas particulier des Congolais vivant à l’étranger ................................... 105
B. Le rattachement à une circonscription électorale ...................................... 107
1. Le domicile .................................................................................................. 107
2. La résidence ................................................................................................ 108
C. La qualité de contribuable ........................................................................... 109
D. Les conditions liées à la personne .............................................................. 109
1. Les conditions liées au sexe ........................................................................ 109
2. Les conditions liées à la race ....................................................................... 112
3. Le vote des militaires et policiers ................................................................ 112
Section 2. Les aiguilleurs des élections .....................................................................113
§ 1. Les témoins .................................................................................................. 114
§ 2. Les observateurs électoraux ........................................................................ 115
A. L’observation nationale ou domestique ....................................................... 116
B. L’observation internationale ......................................................................... 117
C. Le spectre du droit d’ingérence électorale .................................................. 118
§ 3. Les médias et les élections .......................................................................... 119
A. La notion de médias .................................................................................... 120
1. La définition de médias ............................................................................... 120
2. Les médias et les notions voisines .............................................................. 120
B. Les vertus des médias ................................................................................. 122
C. Les limites des médias ................................................................................ 123
344

III. LA PRÉPARATION À L’ÉLECTION ................................................ 125


Section 1. La constitution du fichier électoral .......................................................... 125
§ 1. Les données du fichier électoral ................................................................. 125
A. L’inscription sur les listes électorales ......................................................... 126
1. L’inscription à la demande des électeurs .................................................... 126
2. L’inscription ordonnée par l’administration ................................................ 127
2.1. L’atteinte de la majorité électorale .......................................................................127

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
2.2. Le recouvrement des droits civils et politiques ...................................................127
B. La mise à jour des listes électorales ........................................................... 128
1. L’inscription des nouveaux électeurs .......................................................... 128
2. La radiation des électeurs ne remplissant plus les conditions légales ....... 128
§ 2. La consolidation et l’entretien du fichier électoral ..................................... 129
Section 2. La convocation de l’électorat ....................................................................131
§ 1. L’élection du président de la République ..................................................... 132
§ 2. L’élection des membres des assemblées parlementaires .......................... 135
Section 3. Le dépôt des candidatures ...................................................................... 136
Section 4. La campagne électorale .......................................................................... 137
§ 1. La notion de campagne électorale .............................................................. 137
A. La définition de la campagne électorale ..................................................... 137
B. La campagne électorale et les notions voisines ......................................... 138
§ 2. La réglementation de la campagne électorale ............................................ 140
A. Les préalables au lancement de la campagne électorale ........................... 140
1. La planification des activités ...................................................................... 140
2. Le recrutement et la formation du personnel .............................................. 141
3. L’acquisition et le déploiement du matériel électoral ................................. 142
4. L’élaboration du calendrier électoral ........................................................... 144
4.1. La préparation du calendrier électoral ................................................................ 144
4.2. La fixation du chronogramme des opérations ..................................................... 145
B. Les principes de la campagne électorale .................................................... 147
1. L’égalité des candidats ................................................................................ 148
2. La neutralité de l’administration publique ................................................... 148
345

3. La légalité et la loyauté des procédés de campagne .................................. 149


C. Le financement de la campagne électorale ................................................. 151
1. Le fondement juridique ................................................................................ 151
2. Les modalités pratiques .............................................................................. 153
3. Le contrôle du financement ........................................................................ 154
§ 3. La pratique de la campagne électorale ....................................................... 156
A. L’intervention du législateur ........................................................................ 156

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
1. La durée de la campagne électorale ........................................................... 156
2. Les moyens de la campagne ....................................................................... 157
2.1. Les moyens légaux ............................................................................................... 157
2.1.1. Les professions de foi ....................................................................... 157
2.1.2. Le recours aux médias ...................................................................... 158
2.2. Les autres moyens d’usage .................................................................................. 160
2.2.1. Les réunions et rassemblements politiques ................................. 161
2.2.2. Les affiches de campagne ................................................................ 162
2.2.3. Les tracts et coupures des journaux ............................................... 163
2.2.4. L’apport des nouvelles technologies de l’information et
de la communication ....................................................................... 164
B. La part des compétiteurs politiques ........................................................... 166
1. La préparation de la campagne ................................................................... 166
2. Les stratégies de campagne ....................................................................... 167
2.1. La connaissance du milieu et de ses besoins ..................................................... 167
2.2. L’identification et l’utilisation des ressources disponibles ................................. 168
2.3. La bonne gestion du temps .................................................................................. 169
2.4. La conception d’une thématique adaptée ........................................................... 170
3. La planification des activités de campagne ................................................. 171
4. L’évaluation de la campagne ....................................................................... 172

IV. LA PARTICIPATION Ā L’ÉLECTION .............................................. 175


Section 1. Les étapes essentielles du vote ............................................................... 176
§ 1. La préparation du vote ................................................................................ 176
A. La préparation psychologique ..................................................................... 177
B. La préparation technique et logistique ....................................................... 177
346

1. L’accompagnement international ................................................................ 178


1.1. L’Organisation des Nations unies ......................................................................... 178
1.2. L’Union européenne ...............................................................................................179
1.3. L’Union africaine ................................................................................................... 180
1.4. L’Organisation internationale de la francophonie et le Commonwealth ............. 180
C. La préparation matérielle ............................................................................. 181
§ 2. L’organisation du vote ................................................................................. 184

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
A. L’ouverture du bureau de vote .................................................................... 185
B. La procédure proprement dite de vote ....................................................... 186
C. Le vote d’une catégorie particulière d’électeurs ......................................... 189
1. Les policiers et militaires ............................................................................ 189
2. Les Congolais vivant à l’étranger ................................................................. 190
D. Le dépouillement et la centralisation des résultats .................................... 190
1. L’ouverture de l’urne ..................................................................................... 191
2. L’identification des livrets ou carnets des bulletins de vote ....................... 192
3. La comptabilisation du nombre d’électeurs sur la liste d’émargement ...... 192
4. La conciliation des votes ............................................................................. 193
5. La constitution des plis et leur transmission aux organes et
institutions compétents .............................................................................. 194
6. La fermeture du bureau de vote et de dépouillement ................................. 195
7. L’attribution des sièges ............................................................................... 195
Section 2. Les modalités de vote .............................................................................. 198
§ 1. Le vote par bulletin papier .......................................................................... 198
A. Le vote par procuration ............................................................................... 199
B. Le vote par correspondance ...................................................................... 200
C. Le vote par dérogation ............................................................................... 200
§ 2. Le vote électronique .................................................................................... 201
Section 3. L’abstention électorale ........................................................................... 202
§ 1. Les causes d’abstention ............................................................................. 203
A. Les causes juridiques ................................................................................. 204
1. Le système électoral .................................................................................. 204
2. Le système politique .................................................................................. 204
347

3. L’exercice d’un droit subjectif .................................................................... 205


B. Les causes politiques ................................................................................. 206
1. L’influence de la configuration politique .................................................... 206
2. La séquence des élections ......................................................................... 207
§ 2. Les électeurs concernés par l’abstention .................................................. 208
§ 3. L’abstention et la légitimité du pouvoir ...................................................... 208
Section 4. La fraude électorale ................................................................................. 210

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
§ 1. La notion de fraude électorale .................................................................... 210
§ 2. Les origines de la fraude électorale ............................................................. 211
A. La fraude d’origine légale ............................................................................. 211
B. La fraude découlant de la pratique des élections ....................................... 213
§ 3. Les conséquences de la fraude électorale .................................................. 214
A. L’entrave à l’exercice démocratique du pouvoir ......................................... 215
1. La modification des règles du jeu ............................................................... 215
2. L’attribution frauduleuse des suffrages ...................................................... 216
3. La déformation des résultats ...................................................................... 218
B. La restriction de la légitimité du pouvoir .................................................... 219
C. La fraude affecte la gouvernance politique ................................................ 219

V. LES MODALITÉS DE RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS ÉLECTORAUX ......... 221


Section 1. Le contentieux préparatoire à l’élection ................................................. 223
§ 1. Le contentieux des listes électorales ......................................................... 223
A. Les règles de procédure ............................................................................. 223
1. La gestion administrative ........................................................................... 225
2. Le règlement juridictionnel ........................................................................ 225
3. Le contentieux pénal .................................................................................. 226
B. La nature et l’autorité des décisions du juge ............................................. 228
§ 2. Le contentieux d’éligibilité .......................................................................... 229
A. La procédure contentieuse ........................................................................ 229
1. Devant l’autorité administrative ................................................................. 229
2. Devant la juridiction compétente ............................................................... 230
2.1. L’éligibilité à l’élection présidentielle ................................................................... 231
348

2.1.1. L’arrêt RCE 002/PR du 3 septembre 2018 ................................. 233


2.1.2. L’arrêt RCE 005/006/PR du 3 septembre 2018 ........................ 234
2.2. L’éligibilité aux élections législatives .................................................................. 235
2.3. L’éligibilité aux élections provinciales .................................................................237
2.3.1. Le principe posé par le législateur .................................................. 240
2.3.2. La nature juridique de la requête valant appel ............................. 240
2.3.3. La compétence du Conseil d’État en matière
de contentieux électoral .................................................................. 241

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
2.3.4. La question de la double nationalité ............................................. 246
3. Le contentieux pénal .................................................................................. 246
B. La nature et les effets de la décision du juge ............................................ 247
§ 3. Le contentieux de la campagne électorale ................................................ 247
A. La procédure contentieuse ........................................................................ 248
1. La procédure administrative ...................................................................... 248
2. La procédure juridictionnelle ..................................................................... 249
B. Le règlement du contentieux ....................................................................... 251
Section 2. Le contentieux des résultats ................................................................... 251
§ 1. Les spécificités du contentieux des résultats ........................................... 252
A. Le contentieux objectif ............................................................................... 252
B. Le contentieux politique ............................................................................. 253
C. Le contentieux d’administration des preuves ............................................ 254
D. Le contentieux gratuit, public et contradictoire ........................................ 258
E. L’exigence du secret des délibérations ...................................................... 259
§ 2. Le contentieux pénal .................................................................................. 260
§ 3. La procédure contentieuse ........................................................................ 264
A. La qualité du requérant .............................................................................. 264
B. Le contenu et les mentions de la requête .................................................. 266
C. Le délai de saisine de la juridiction ............................................................ 268
D. La compétence de la juridiction ................................................................. 269
E. Les parties au procès ................................................................................. 269
F. Les moyens de preuve ................................................................................. 271
§ 4. La décision du juge ..................................................................................... 272
A. La recevabilité de la requête ...................................................................... 272
349

B. L’examen de la requête .............................................................................. 274


1. Le rejet de la demande ............................................................................... 274
2. L’acceptation de la requête ........................................................................ 275
2.1. La correction de l’erreur matérielle ..................................................................... 275
2.2. L’annulation partielle ou totale du vote ................................................................278
2.3. L’interprétation de la décision antérieure ........................................................... 281
2.4. L’inventaire de quelques questions spécifiques .................................................. 281

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
3. La motivation de la décision du juge .......................................................... 282
4. Les voies de recours .................................................................................. 283
Section 3. L’installation des nouvelles assemblées parlementaires ....................... 285
§ 1. La validation des pouvoirs des nouveaux élus ........................................... 285
§ 2. L’élection des membres des bureaux définitifs ......................................... 285
Section 4. La question de la vérité des urnes .......................................................... 288
§ 1. La notion aux contours ambigus ................................................................ 288
§ 2. Le contenu de la vérité des urnes .............................................................. 290
§ 3. La vérité des urnes est au service de la démocratie .................................. 291
Section 5. La gestion du contentieux électoral par le juge africain ....................... 292
§ 1. Le contentieux de l’élection présidentielle ................................................. 292
A. Le contentieux d’éligibilité .......................................................................... 293
B. Le contentieux des résultats ...................................................................... 298
§ 2. Le contentieux des élections législatives ................................................... 304
A. Le contentieux d’éligibilité .......................................................................... 304
B. Le contentieux des résultats ...................................................................... 306

Conclusion ............................................................................... 311

INDEX ALPHABÉTIQUE ................................................................. 315

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE ..................................................... 323


A. LES TEXTES JURIDIQUES ...........................................................................323
1. Les conventions et déclarations internationales .................................323
2. Les textes constitutionnels .....................................................................324
2.1. En droit comparé ................................................................................................. 324
350

2.2. En droit congolais ................................................................................................ 324


3. Les textes législatifs ................................................................................324
3.1. En droit comparé ................................................................................................. 324
3.1.1. Loi organique .................................................................................... 324
3.1.2. Loi ordinaire ...................................................................................... 325
3.2. En droit congolais ................................................................................................ 325
3.2.1. Loi organique .................................................................................... 325

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
3.2.2. Loi ordinaire et ordonnance-loi ..................................................... 326
4. Les textes réglementaires ...................................................................... 327
B. LA DOCTRINE .............................................................................................. 329
1. Les ouvrages ............................................................................................. 329
2. Les chapitres d’ouvrages ......................................................................... 331
3. Les articles de Revue ................................................................................ 331
C. LA JURISPRUDENCE ................................................................................... 332
1. En droit comparé ...................................................................................... 332
1.1. Contentieux d’éligibilité ....................................................................................... 332
1.1.1. Éligibilité à l’élection présidentielle ............................................... 332
1.1.2. Éligibilité aux élections législatives ................................................ 332
1.2. Contentieux des résultats ................................................................................... 333
1.2.1. De l’élection présidentielle ............................................................. 333
1.2.2. Des élections législatives ................................................................. 333
2. En droit congolais ..................................................................................... 334
2.1. Contentieux d’éligibilité ....................................................................................... 334
2.1.1. De l’élection présidentielle ............................................................. 334
2.1.2. Des élections législatives ................................................................. 334
2.1.3. Des élections provinciales ............................................................... 335
2.2. Contentieux des résultats ................................................................................... 335
2.2.1. De l’élection présidentielle ............................................................. 335
2.2.2. Des élections législatives ................................................................. 335
2.3. Contentieux d’interprétation des textes ............................................................. 337
2.3.1. Des élections provinciales ............................................................... 337
2.4. Contentieux pénal ................................................................................................ 337
international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Jean-Louis ESAMBO KANGASHE
D ’apparition relativement récente, le droit électoral congolais
étudie les élections politiques desquelles sont désignés, selon
les procédures en vigueur, les représentants du peuple. Il
régit les opérations préparatoires au vote et les modalités de contes-
tation d’une élection. La discipline a vocation à donner des réponses
aux questions que pose tout système politique, à savoir qui doit voter,
pour qui voter, pourquoi voter, comment voter et qui contrôle le vote ?

international.scholarvox.com:None:785551256:88908405:154.73.21.2:1613105518
Dans sa pratique, le droit électoral participe à l’établissement, suivant
les règles et procédures établies, d’un régime démocratique, mais long-
temps enfermé dans les escarcelles du droit constitutionnel ; il conserve
quelques spécificités qui sollicitent, chaque jour, sa reconnaissance,
d’abord, comme un art exigeant expérience et compétence, ensuite,
en tant que science comportant des règles et procédures propres et, Jean-Louis ESAMBO KANGASHE

2 e ÉDITION
enfin, comme domaine qui emprunte du management l’essentiel de
ses techniques.

LE DROIT ÉLECTORAL
Le besoin de rationalisation des techniques d’organisation et de ges-
tion d’une élection dévoile autant la technicité que la complexité d’une

LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS


CONGOLAIS
discipline, plus que jamais, portée vers le contrôle chiffré de la distribu-
tion démocratique du pouvoir.
Le droit électoral que l’on croyait d’essence normative convoite, de
plus en plus, le domaine autrefois occupé par les sciences exactes,
telles l’arithmétique, les mathématiques et la géométrie.

2 e ÉDITION
Ancien juge à la Cour constitutionnelle, JEAN-LOUIS ESAMBO
KANGASHE est actuellement juge au Conseil d’État et doyen
de la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa. Il a participé
à plusieurs missions d’observation internationales des élections
au Bénin (2015 et 2016), au Brésil (2010), au Cameroun (2011), au
Mali (2013) et au Zimbabwe (2013).

9HSMIKG*bafcbj+
www.editions-academia.be
ISBN : 978-2-8061-0521-9

36 €

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