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Bibliographie indicative
Ouvrages
- Jean Marie Breton, Droit de la Fonction publique des Etats d’Afrique Francophone,
EDICEF/AUPELF, 1990.
- Jean Marie Auby, Droit de la fonction publique, Dalloz,2005.
- Jacques Moreau, Droit public, Droit administratif, Tome 2, économica 1995.
- Gustave Peiser, Droit de la fonction publique, Dalloz 20e en 2010.
- Tablizi Ben Salla, Droit de la fonction publique, 2e éd. Arnaud Paulin 2003.
- Réné Chapus, Droit administratif, Tome 2, éd. Montchrestien 2001.
- Karim DOSSO, la situation statutaire des fonctionnaires ivoiriens à l’épreuve des
récentes mutations, cahiers administratifs et politistes du ponant, ; voir également la
revue de la recherche juridique, droit projectif Presses Universitaires Aix Marseille.
Introduction
Au sens large du terme, la FP est l’ensemble des personnes mises à la disposition des
gouvernements pour faire fonctionner les services publics (S.P).
Tant que l’Etat se bornait à ses fonctions régaliennes, un nombre restreint d’agents
suffisait à faire face à ses tâches. Toutefois, l’interventionnisme de l’État en matière
économique et sociale a occasionné une augmentation du nombre de personnes pour faire
fonctionner le service public. Ces agents des services publics sont subordonnés au
gouvernement. L’Administration doit ainsi exécuter la décision du pouvoir politique.
Très longtemps, cette considération a paru tellement primordiale qu’on avait estimé
que les agents devaient être choisis en fonction des critères politiques. Cependant, tout en
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Apprécier tous ces enjeux conduit à voir dans un premier temps la notion et
l’environnement de la fonction publique avant de voir la nature des liens unissant le
fonctionnaire à l’administration.
Ces deux termes sont d’une grande imprécision. Un bref rappel de l’ancrage historique
de ces deux concepts permettra d’appréhender leurs significations actuelles. Un tel
éclaircissement conceptuel conduira aisément à l’analyse des systèmes de fonction
publique.
Dans une assertion étroite, la fonction publique peut être appréhendée comme
désignant que les seuls agents publics, voire même, parmi ceux-ci, les seuls qui ont acquis la
qualité de fonctionnaire.
§2 : Le fonctionnaire
Pour assurer l’exécution des tâches qui leur sont confiées, les personnes publiques
utilisent une masse considérable de personnels. Pour l’homme de la rue, tous ces
collaborateurs de l’Administration sont des fonctionnaires. En réalité, il n’en est rien et
l’Administration utilise les services des personnes dont les régimes juridiques sont très variés.
Il convient dès lors, pour préciser la notion de fonctionnaire, d’établir au préalable une
distinction des salariés de droit commun et des agents publics avant de voir la distinction
des agents publics fonctionnaires et des agents publics non fonctionnaires.
1. Critère de la distinction
toujours un personnel de salarié de droit privé. C’est pourquoi la jurisprudence assimile les
agents publics mis à la disposition d’un organisme de droit privé à des agents de droit privé
lié par un contrat de travail avec l’employeur (C.E. 20 décembre 1996, REY-ALLIANCE
FRANÇAISE).
Évoquons d’abord les services publics industriels et commerciaux avant de voir les
services publics administratifs.
-Les SPIC : Dans ces services, si les agents subalternes n’ont pas la qualité de fonctionnaire,
en revanche, ont cette qualité l’agent chargé de la direction de l’ensemble des services et le
chef de la comptabilité s’il a la qualité de comptable public (C.E. Jalenques de Labeau-
Level 08 mars 1957. A l’origine, tous les agents exerçant des fonctions de direction avaient
été considérés comme étant des agents publics CE 26 janvier 1923 de Robert Lafreygère).
-Les SPA : Dans ces services, plusieurs distinctions peuvent être faites :
Lorsque l’agent est soumis à un statut, on est en présence d’un agent public.
Lorsque l’agent est lié à l’Administration par un contrat, il fallait déterminer jusqu’à une
décision de 1996 si on était en présence d’un contrat administratif ou de droit privé (salarié
de droit commun). Depuis l’Arrêt Berkani du T.C., 25 mars 1996, les agents non statutaires
travaillant pour le compte d’un service public à caractère administratif sont des agents
contractuels de droit public, quel que soit leur emploi. Il faut noter que le droit ivoirien ne
connait pas la distinction ci-dessus évoquée. Les agents non fonctionnaires des SPA et SPIC
sont en Côte d’Ivoire des agents relevant du droit privé.
2. L’intérêt de la distinction
Les salariés de droit commun sont soumis au droit privé. Le Code du travail est
applicable et leurs litiges avec leur employeur relèvent des tribunaux judiciaires. Quant aux
agents publics, ils sont soumis à un régime de droit public exorbitant du droit commun. Ils
sont soumis soit à un statut (fonctionnaire) soit à un contrat de droit public comportant un
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régime exorbitant de droit commun. Leurs litiges avec l’Administration relèvent des
tribunaux administratifs.
1. La notion de fonctionnaire
c-La titularisation
C’est une décision qui intervient ultérieurement et de façon explicite après l’entrée
du fonctionnaire à la fonction publique. Avant d’être titularisé, le fonctionnaire doit
effectuer un stage probatoire. Ce stage est généralement d’une année. Il est en période
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d’apprentissage des fonctions auxquelles les agents sont destinés et au cours de laquelle ils
doivent faire preuve de leur aptitude à ces fonctions. À l’issue de stage, si les résultats sont
probants, le fonctionnaire stagiaire est titularisé. Dans le cas contraire, il lui est accordé une
seconde année. La titularisation confère au fonctionnaire un statut c'est-à-dire la garantie
de l’emploi, donc une situation stable et protégée qui s’améliore par le déroulement
régulier de sa carrière jusqu’à son terme : la retraite à moins d’un incident, parcours
(révocation, invalidité).
2. L’intérêt de la distinction
Selon les États, selon les régimes politiques et administratifs, diffèrent les conceptions de
la fonction publique. Les spécialistes de droit comparé distinguent dans un souci de
simplification deux modèles antithétiques, deux pôles extrêmes, que l’on appellera avec
eux fonction publique à structure ouverte et fonction publique à structure fermée :
§ I : Le système de l’emploi
Mettons d’abord en exergue les traits caractéristiques de ce système avant de voir ses effets.
En principe l'agent est libre de quitter l'administration, sur simple préavis, pour
aller vers le secteur privé. En sens inverse, l'administration peut mettre fin à ses
fonctions soit pour suppression d'emploi, soit lorsqu'elle considère que l'agent ne
répond pas aux qualités voulues. Par ailleurs, la situation de l'agent dans
l'administration ne peut être modifiée tant qu'il occupe l'emploi qui lui a été confié
initialement. Certes, le contrat peut prévoir par exemple un avancement financier,
mais il ne saurait y avoir d'occupation de nouvelles fonctions sans la conclusion d'un
nouveau contrat.
Ce système est souvent qualifié d' « ouvert » à cause de la possibilité qui est
offerte aux agents de quitter l'administration et d'y revenir, et à l'administration de
pouvoir faire appel à tout moment à des personnes ayant les qualifications
correspondant aux fonctions. Le mouvement du personnel qui en résulte ainsi est
considéré comme enrichissant à la fois pour les agents et la fonction publique elle-
même. Mais il présente l'inconvénient de ne pas offrir à l'administration publique un
personnel permanent rompu aux pratiques administratives. Dans ce système, les
fonctionnaires ne sont pas soumis en principe soumis à un régime juridique particulier. En
conséquence le contentieux va ressortir de la compétence des juridictions ordinaires.
Le système de carrière s’éclaire par l’étymologie du terme qui lui a donné naissance.
La carrière, c’était l’arène pour les courses de chars dans l’Antiquité. Cette course, comme la
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Fonction publique de service, car le service de l’État ne saurait y être conçu comme
un métier parmi d’autres, la fonction publique de carrière est dominée par l’idée de régime
dérogatoire de la fonction publique. La fonction publique est donc soumise à un régime
autonome, différent du droit privé, exclusif des clauses et des règles qui s’appliquent au
contrat de travail. Ce système est tout entier dominé par le souci d’assurer le
fonctionnement continu, efficace, régulier du service public. Dans l’intérêt du service, il est
nécessaire de les soumettre à un régime dérogatoire : le régime particulier à la fonction
publique.
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La fonction publique est une réalité sociale. Cette réalité a des implications économiques
importantes.
Dans les pays en voie de développement, l’on note la faiblesse du secteur privé.
Cette faiblesse de secteur privé fait de la fonction publique le premier secteur pourvoyeur
d’emplois. En CI, les recettes fiscales affectées à la masse salariale sont au-dessus de 43%
alors que la norme communautaire est de 33%. Le volume total de la masse salariale en
Côte d’Ivoire a carrément doublé en 10 ans passant de 453,5 milliards en 2000 à 800,5
milliards en 2010.
Quel que soit le régime politique, quelle que soit la période, l’organisation juridique
de la fonction publique pose toujours certains problèmes. Ces problèmes de base tournent
en somme autour des rapports la fonction publique et les pouvoirs.
- Le parlement a d’abord compétence pour fixer les règles de droit qui s’imposent à
l’administration. (principe de légalité) et elle doit alors assurer l’application
règlementaire des liens unissant l’État à ses agents. Cette situation statutaire prend place
dans le statut général de la fonction publique et dans les statuts particuliers.
§1 : la controverse doctrinale
Jusqu’à ce que la controverse soit définitivement tranchée par les textes. Il est classique
d’opposer deux thèses :
Ce contrat était qualifié de contrat de droit public ou de contrat fonction publique. Les
tenants de l’analyse contractuelle ont pu trouver confirmation de leur thèse dans un arrêt
de C.E. intervenu en 1909. En effet, dans le célèbre arrêt WINKELL, la haute juridiction a
fait appel à la notion de contrat de fonction publique pour justifier la révocation d’un
fonctionnaire gréviste sans communication préalable de son dossier. Elle estimait qu’ “en se
mettant en grève, les agents préposés au service public se placent eux-mêmes par un acte
collectif en dehors de l’application des lois et règlements, édictés dans le but de garantir
l’exercice des droits résultant pour chacun d’eux du contrat de droit public qui les lie à
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l’administration“. Cette thèse fut dénoncée et rejetée sous l’impulsion des doyens HAURIOU
et DUGUIT.
B. La thèse statutaire
Le doyen DUGUIT abonda dans le même sens quand affirme : « … dans la nomination
des fonctionnaires il y a concert de volontés, mais il n’y pas contrat parce que l’acte de
volonté de l’État (le décret) qui nomme n’est point déterminé par l’acte de volonté du
fonctionnaire qui accepte, mais seulement par la nécessité d’assurer le fonctionnement du
service public. Dès lors, l’acceptation est simplement la condition à l’arrivée de laquelle est
subordonné l’effet de l’acte de volonté de l’Etat qui a nommé ; mais comme tout acte
conditionnel, l’acte de volonté est juridiquement parfait en lui-même. L’idée de contrat de
service public est dès lors étrangère à la fonction publique. C’est cette position qui sera
consacrée par le droit positif.
A. La consécration jurisprudentielle
Par ce considérant principal, l’idée de l’existence d’un contrat de fonction publique est
abandonnée. C’est cette position qui sera confirmée par le législateur.
B. La consécration législative
Le statut général a vocation à régir la majeure partie des agents publics. Cette
situation connait quelques exceptions dues à l’existence de statuts particuliers. Avant
d’examiner en profondeur le champ d’application de la situation du fonctionnaire, il n’est
pas inutile de préciser la notion de statut.
§1 : La notion de statut
A. La définition
Le statut est défini par Alain PLANTEY comme « l’idée de dispositions législatives et
règlementaires relatives à la situation aux obligations et à l’avantage du fonctionnaire ».
On peut y voir dans un esprit comparable le cadre juridique soumettant les fonctionnaires
à des règles spécifiques régissant leur carrière et définissant leurs droits et obligations. Dire
alors que le fonctionnaire est dans nue situation statutaire signifie qu’il est soumis à
l’ensemble des mesures applicables au fonctionnaire et émanant de l’autorité publique
qu’elle législative ou règlementaire. Pour Serge SALON l’expression « situation statutaire »
revoie à l’idée, de « soumission du fonctionnaire à l’ensemble des mesures applicables au
fonctionnaire émanant de l’autorité publique ».Une telle conception de relation de travail
a été qualifiée d’administratif en ce qu’elle est en réalité selon Jaen-Louis MOREAU
« L’écho d’une certaine conception du droit administratif autonome par rapport au droit
privé, unilatéral et directif… ».
pour occuper un emploi dans l’administration centrale de l’État, les services extérieurs qui
en dépendent, les établissements publics de l’État et qui ont été titularisés dans un grade de
la hiérarchie administrative. Dans la tradition du droit français, c’est le cas en Côte d’Ivoire,
le statut général peut néanmoins connaitre à la fois des exceptions, des dérogations
règlementaires et législatives. À côté du statut général, l’on note l’existence de statuts
autonomes, de statuts particuliers.
A. Le statut général
Dans leur rédaction originelle conservée jusqu’à présent encore dans nombre d’États les
statuts de la fonction publique formulent un certain nombre de dispositions générales dont
l’objet est de définir leur portée vis-à-vis des personnels auxquels ils sont applicables avant
d’énoncer les règles qui ont trait à la gestion ainsi qu’aux droits et obligations des
fonctionnaires. Le statut de la fonction publique désigne donc l’ensemble des règles
juridiques qui régissent les conditions et l’activité professionnelle des fonctionnaires. Ces
dernières portent respectivement selon une présentation formelle pouvant varier ici ou là
sur le recrutement, la rémunération, les avantages sociaux, la notion et l’avancement, la
discipline, les positions et la cessation des fonctions. Le domaine d’application du statut
comme le suggère le qualificatif utilisé est assez large, sans s’étendre pour autant à la
totalité des fonctionnaires à fortiori des agents de l’administration (État et collectivités
territoriales). L’art. 1er du statut général de la fonction publique précise le champ
d’application des statuts généraux. Il se réserve de l’application des statuts généraux au
personnel titulaire de l’État et des États publics administratifs de l’État. Ce statut ne
s’applique donc pas aux agents tels que les agents temporaires et les agents contractuels.
Cependant, l’existence du statut général n’est pas incompatible avec d’autres statuts.
Ces statuts n’ont aucun lien avec le statut général. Cette autonomie par rapport au
statut général résulte soit de la loi. C’est le cas de la loi de 1992 portant statut général de la
F.P. qui indique clairement que : « le statut général ne s’applique pas aux magistraux de
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Alors que le statut général est de nature légale, les statuts particuliers revêtent un
caractère règlementaire et sont librement déterminés par l’administration dans le respect
de celui-ci et afin d’en permettre l’application à toutes les catégories de fonctionnaires. Ces
statuts particuliers visent à prendre en compte les difficultés particulières à certaines
fonctions. Ils fixent en général pour chaque corps de fonctionnaires les dispositions
d’application du statut général dont ils relèvent. On peut citer le décret 93-609 du 02
juillet 1993 portant modalité particulière d’application au statut général de la F.P.