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Edition

2023
Organisation du Système
Judiciaire Ivoirien

Professeur N
ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

La loi n°2016-886 du 8 novembre 2016 portant Constitution de la République de Côte


d’Ivoire affirme la détermination du peuple ivoirien à bâtir un Etat de droit dans lequel, les
droits de l’homme, les libertés politiques, la dignité de la personne humaine, la justice et la
bonne gouvernance tels que définis dans les instruments juridiques internationaux
auxquels la Côte d’Ivoire est partie, notamment la Charte des nations unies de 1945, la
Déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples de 1948, la Charte africaine
des droits de l’homme et des peuples de 1981 et les protocoles additionnels, l’Acte
constitutif de l’union africaine de 2001, sont promus, protégés et garantis.
En ses articles 4, 6 et 7, la Constitution proclame la liberté et l’égalité des ivoiriens en droit.
De même, elle proclame la présomption d’innocence et la mise en avant des droits à la
défense, s’agissant des personnes poursuivies.
Pour la mise en œuvre et le suivi de cet idéal du peuple, la Constitution, à son article 143
désigne l’Institution judiciaire.
Elle proclame notamment :
« La justice est rendue sur toute l’étendue du territoire national par la Cour Suprême, la
Cour des Comptes, les Cours d’Appel, les Tribunaux de Première Instance, les Tribunaux
Administratif et les Chambres régionales des Comptes. La Cour Suprême et la Cours des
Comptes sont les deux Institutions représentatives du pouvoir judiciaire. »
Avec la révision de la constitution survenue le 19 mars 2020, la loi constitutionnelle
n°2020-348 du 19 mars 2020 modifiant la loi n°2016-886 du 8 novembre 2016 portant
Constitution de la République de Côte d’Ivoire à son article 143 nouveau énonce
désormais :
« La justice est rendue sur toute l’étendue du territoire national au nom du peuple
ivoirien, par la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes, les Cours d’Appel,
les Tribunaux de Première Instance, les Tribunaux Administratif et les Chambres régionales
des Comptes. »
Article 144 nouveau : la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes sont les
institutions juridictionnelles représentatives du pouvoir judiciaire.
Le texte exprime ainsi le principe de la territorialité qui met en avant l’application uniforme
de la loi sur l’étendue du territoire par des juridictions à compétences territoriale
déterminée sans distinction de nationalité, de conditions sociales et religieuses des
citoyens.
Ceci étant, si la loi n°61-155 du 18 mai 1961 a posé les balises de l’organisation judiciaire, si
elle a identifié les juridictions et défini leur organisation, leur composition et leur
fonctionnement, depuis, des modifications sensibles ont été apportées à ladite loi à
travers les textes essentiels suivants :

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- La loi n°64-227 du 14 juin 1964 ;


- La loi n°94-440 du 16 août 1994 ;
- La loi n°97-243 du 25 avril 1997 ;
- La loi n°98-744 du 23 décembre 1998 ;
- La loi n°99-435 du 06 juillet 1999.
Ces textes législatifs sont généralement accompagnés de textes réglementaires que nous
ne saurions reprendre ici au regard de leur nombre et de leur diversité.
Dans l’immédiat, l’étude de l’approche du contenu de tous ces textes se fera en deux
parties.
La première partie concerne « les acteurs du système judiciaire ivoirien et la garantie des
droits des citoyens par ce système. » Elle porte sur la connaissance des acteurs
indispensables au fonctionnement de l’appareil judiciaire et celle des dispositions légales
qui assurent la protection des droits des citoyens dans le système judiciaire ivoirien.
La seconde partie porte sur « l’étude des juridictions. » Elle se propose de présenter les
juridictions, leur répartition sur l’étendue du territoire national, leur organisation, leur
composition et leur mode de fonctionnement.

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PREMIERE PARTIE
La connaissance des acteurs du Système Judiciaire et
des moyens de protection des citoyens

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Titre I : LES ACTEURS DE L’APPAREIL JUDICIAIRE


Les acteurs de la justice se composent des Magistrats (les Magistrats du Siège et les
Magistrats des Parquets), des Auxiliaires de Justice (Greffiers, Notaires, Avocats,
Commissaires de Justice etc.) et du personnel administratif (Personnel Pénitentiaire,
Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse).

CHAPITRE 1 : LES MAGISTRATS

Il est dans l’ordre, surtout pour faciliter la compréhension du présent chapitre, que
d’entrée, nous fassions la connaissance du rang individuel des Magistrats qui interviennent
dans l’ensemble des juridictions ivoiriennes. Ce rang s’établit comme suit :
- Le Président de la Cour de Cassation ;
- Le Procureur Général près la Cour de Cassation ;
- Le Président du Conseil d’Etat ;
- Le Procureur Général près le Conseil d’Etat ;
- Le Président de la Cour des Comptes ;
- Le Procureur Général près la Cour des Comptes ;
- Les Vices Présidents à la Cour de Cassation, au Conseil d’Etat, à la Cour des Comptes
et les Premiers Avocats Généraux près ces juridictions ;
- Les Conseillers à la Cour de Cassation, au Conseil d’Etat, à la Cour des Comptes et les
Avocats Généraux près ces juridictions ;
- Les Premiers Présidents des Cours d’Appel et les Procureurs Généraux près lesdites
Cours ;
- Les Présidents des chambres des Cours d’Appel ;
- Les Avocats Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Conseillers à la Cour ;
- Les Substituts du Procureur Général ;
- Le Président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan et le Procureur de la
république près ledit Tribunal ;
- Les Présidents des Tribunaux de Première Instance et les Procureurs de la république
près lesdits Tribunaux ;
- Les vices Présidents du Tribunal de Première Instance d’Abidjan et les Procureurs de
la république adjoints près ledit Tribunal ;
- Les vices Présidents des Tribunaux de Première Instance et les Procureurs de la
république adjoints près lesdits Tribunaux ;
- Les Présidents des Sections détachées et les Substituts Résidents ;
- Les Juges d’Instruction des Tribunaux de Première Instance ;
- Les Juges d’Instruction des Sections détachées ;
- Les Juges des Tribunaux de Première Instance ;
- Les Auditeurs à la Cour de Cassation, au Conseil d’Etat, à la Cour des Comptes ;
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- Les Juges des Sections détachées ;


- Les Substituts du Procureur de la République ;
- Les Auditeurs stagiaires à la Cour de Cassation, au Conseil d’Etat, à la Cour des
Comptes ;
Leur rang déterminé, il importe de savoir que les Magistrats sont recrutés par l’Institut
National de Formation Judiciaire (INFJ). Ils sont formés à l’Ecole de la Magistrature de
l’Institut. Leur formation dure deux (02) années au terme desquelles les Magistrats
nommés par décret prêtent serment avant leur prise de service.

Le corps judiciaire comprend : les Magistrats de la Cour de Cassation, du Conseil d’Etat,


de la Cour des Comptes, les Magistrats du siège et des parquets des Cours d'Appel,
des tribunaux de première instance ainsi que les Magistrats en service à
l'Administration centrale du ministère de la Justice.

Il comprend en outre les Auditeurs de Justice.

Nul ne peut être nommé Magistrat s'il n'a accompli préalablement, un stage de formation
professionnelle et satisfait aux examens de fin de stage.

L'admission au stage a lieu par voie de concours ou sur titre dans les conditions fixées à
l'article 24 du statut de la magistrature.

Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret.

Les candidats au concours doivent :

1° être de nationalité ivoirienne ;

2° être titulaire d’une Maîtrise en Droit, d’un Master ou de tout Diplôme équivalent,
délivré dans les conditions arrêtées par le Ministère en charge de l’Enseignement
Supérieur ;

3° jouir de leurs droits civiques et être de bonne moralité ;

4° remplir les conditions d'aptitude physique nécessaires à l'exercice de leurs fonctions, et


être reconnus indemnes ou définitivement guéris de toute affection donnant droit à un
congé de longue durée ;

5° justifier qu'ils se trouvent en position régulière au regard des lois sur le recrutement de
l'Armée ;

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6° être âgés de 21 ans au moins et de 40 ans au plus au 1er janvier de l'année du concours.
Cette limite d'âge peut être prorogée jusqu'à 45 ans au maximum, d'une durée égale à
celle du service militaire effectué et d'un an par enfant en charge au sens de la législation
sur les pensions ;

7° avoir été autorisé à subir les épreuves du concours.

Peuvent être nommés directement auditeurs de Justice s'ils remplissent les conditions fixées
à l'article 21 sous les numéros 1 à 6 :

1° les avocats stagiaires qui justifient de deux (2) années de stage ;

2° les fonctionnaires et agents publics titulaires que leur compétence et leur activité dans
le domaine juridique, économique ou social qualifient pour l'exercice des fonctions
judiciaires ;

3° les docteurs en Droit ;

4° les assistants des facultés de Droit ayant exercé cette fonction pendant trois (3) années
au moins et possédant un diplôme d'Etudes supérieures dans une discipline juridique.

Peuvent être nommés directement aux fonctions des deux grades de la hiérarchie judiciaire
:

1° les anciens Magistrats de l'Ordre judiciaire ;

2° les fonctionnaires et officiers ministériels que leur compétence et leur activité dans le
domaine juridique, économique ou social qualifient pour l'exercice des fonctions
judiciaires, et qui exercent leurs fonctions depuis plus de dix (10) ans ;

3° les Avocats, les Greffiers en Chef et les Secrétaires de Chambre des juridictions
suprêmes ayant au moins dix (10) années d'exercice de leur profession ;

4° les agrégés des facultés de Droit et les chargés de cours ayant enseigné pendant deux
(2) ans au moins dans une faculté de Droit.

Tout Magistrat, lors de sa nomination à son premier poste et avant d'entrer en fonctions,
prête serment en ces termes :

" Je jure de bien et, fidèlement remplir mes fonctions, et de me conduire en tout, comme un
digne et loyal magistrat."

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Il ne peut en aucun cas être relevé de ce serment.

Le corps des Magistrats est régi par le un statut dérogatoire de celui de la Fonction
Publique : la loi 78-662 du 04 août 1978 portant statut de la magistrature modifiée par les
lois n°94-437 du 16 août 1994 et n°94-498 du 06 septembre 1994.

Comment est organisé le corps de la magistrature, à l’occasion de l’accomplissement de


l’œuvre judiciaire ?

Dans l’accomplissement de l’œuvre de la justice, les Magistrats forment deux groupes. On


distingue, d’une part, les Magistrats des Parquets près les juridictions (section 1) et,
d’autre part, les Magistrats du Siège des juridictions (section 2).

Section 1 : Les Magistrats des Parquets


Le Parquet ou Parquet général est l’endroit où la catégorie des Magistrats chargés de
représenter l’exécutif près les juridictions exercent leur fonction. Les Magistrats des
Parquets constituent le Ministère public qui est représenté auprès de toutes les
juridictions : les juridictions suprêmes, les juridictions du second degré et les juridictions
du premier degré. Les textes définissent la composition du Ministère public ainsi que ses
attributions. Par ailleurs, le Ministère public obéit à un ordre hiérarchique institutionnel.

Paragraphe 1 : La composition

Le Ministère Public est représenté auprès de toutes les juridictions : la Cour de Cassation,
la Cour des Compte, les Cours d’Appel, les Tribunaux de Première Instance et les Sections de
Tribunaux.

I- La composition de la représentation du Ministère public près les juridictions


suprêmes
Les juridictions suprêmes comprennent un Parquet général composé :
- D’un Procureur Général ;
- De Premiers Avocats généraux ;
- D’Avocats généraux ;
- D’Avocats généraux référendaires.
NB : Le Parquet général près la Cour des Comptes ne comporte pas d’Avocats généraux
référendaires.

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II- La composition de la représentation du Ministère public près les juridictions du


second degré
Les Cours d’Appel comprennent un Parquet général composé :
- D’un Procureur Général, Chef du Parquet général et Chef du Ministère public ;
- Les Avocats généraux, Adjoint du Procureur général ;
- Les Substituts du Procureur général.

III- La composition de la représentation du Ministère public près les juridictions


du premier degré

A- Les Tribunaux de Première Instance


Ils comprennent un parquet composé :
- D’un Procureur de la République ;
- De Procureurs de la République Adjoint ;
- De Substitut du Procureur de la République.

B- Les Sections de Tribunaux


Les sections de Tribunaux comprennent un Parquet administré par un Substitut Résident
qui est soumis à l’autorité du Procureur de la République près le Tribunal de Première
Instance dont il est d’ailleurs un substitut.

Paragraphe 2 : Les attributions et appartenance institutionnelle

I- Les attributions

A- Le Ministère Public près les juridictions du premier degré


Le parquet représente le Ministère Public près les juridictions de premier degré.

En matière répressive, il exerce l’action publique et requiert ou veille à l’application de la


loi. Il détient l’opportunité des poursuites. Il reçoit les plaintes et dénonciations et
apprécie les suites à leur donner. Il est représenté devant toutes les juridictions
répressives. Il participe à toutes les audiences en matière répressive. Il prend des
réquisitions écrites et orales. Il assure l’exécution des décisions de justice. Il est la porte de
saisine des juridictions répressives. Il dirige les activités des officiers et agents de la police
judiciaire en mettant en mouvement l’action publique. Il peut requérir directement la
force publique, il poursuit les délinquants devant les juridictions, il propose la transaction
aux délinquants.

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En matière civile, il dépose des conclusions écrites dans les dossiers communicables, il
contrôle les registres d’état civil et procède à la rectification administrative des actes
d’état civil, il accorde les dispenses pour célébrer les mariages dans des lieux autres que
ceux prévus par la loi, il accorde des dispenses pour le mariage en dessous de l’âge légal et
ce pour causes graves, il peut lever les prohibitions qui empêchent certains mariages et ce
pour causes graves.

B- Le Ministère Public près les juridictions du second degré


Le Parquet General représente le Ministère Public près la Cour d’Appel. Il est chargé de
veiller à l’application de la loi sur toute l’étendue du ressort de la Cour d’Appel

Il exerce l’action publique et requiert l’application de la loi, il prend des réquisitions écrites
et orales, il reçoit les dossiers correctionnels et criminels frappés d’appel, il les met en état
et les transmet au siège pour jugement, il surveille la police judiciaire, il a autorité sur tous
les Magistrats des Parquets d’instance du ressort de la Cour d’Appel, à cet effet il reçoit
d’eux un état de leurs affaires mensuellement, il assure l’exécution des décisions de la
Cour d’Appel en matière pénale. Il a droit de requérir directement la force publique. Les
officiers et agent de police judiciaire sont placés sous sa surveillance.

II- L’appartenance institutionnelle


Le Ministère public qui prend ses ordres auprès du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice
et membre du gouvernement répond de l’exécutif.

Paragraphe 3 : La hiérarchie institutionnelle du Ministère public

La hiérarchie du Ministère public se décline à travers son fonctionnement comme suit : le


Procureur Général, reçoit des ordres du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, membre
du gouvernement. Le Procureur de la République reçoit, à son tour, des ordres du
Procureur Général et le Substitut Résident, du Procureur de la République.
L’ordre protocolaire (ou rang individuel) auquel obéit le corps des Magistrats du Ministère
public s’établit comme suit :
- Les Procureurs Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Avocats Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Substituts du Procureur Général ;
- Le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan ;
- Les Procureurs de la République près les autres Tribunaux de Première Instance ;
- Les Procureurs de la République Adjoints près le Tribunal de Première Instance
d’Abidjan ;

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- Les Procureurs de la République Adjoints près les autres Tribunaux de Première


Instance ;
- Les substituts Résidents ;
- Les substituts du procureur de la République ;
Qu’en est-il des Magistrats du siège ?

Section 2 : Les Magistrats du Siège


Les Sièges des Cours d’Appel, des Tribunaux de Première Instance et des Sections de
Tribunaux sont animés par des Magistrats appelés pour la circonstance, Juges. Le Siège est
donc le service d’une juridiction ou les Magistrats appelés Juges exerce leur fonction.
Les textes portant organisation judiciaire prévoient pour les Sièges des juridictions,
l’organisation, la composition, les attributions et la hiérarchie.

Paragraphe 1 : L’organisation des Sièges

Les Sièges des juridictions sont organisés en chambres dont reflète la nature des
affaires traitées.

Paragraphe 2 : La composition du Siège des juridictions


On distingue la composition des Cours d’Appel, de celle des Tribunaux. Leurs compositions
seront données dans l’étude des juridictions.

Paragraphe 3 : Les attributions et appartenance institutionnelle

I- Attributions
Les Juges rendent les décisions de justice. On dit alors qu’ils tranchent les litiges ou disent
le droit.
Pour ce statut, ils sont soumis au respect des règles d’incompatibilités suivantes :
Les Magistrats du Siège ne peuvent :
 siéger à une audience à laquelle leur parent ou allié est partie ;
 connaitre d’une affaire dans laquelle l’une des parties est représentée par un
avocat ou mandataire qui leur est parent ou allié ;
 procéder à un acte de leurs fonctions lorsqu’il s’agit de leurs propres intérêts, ceux
de leurs femmes, de leurs enfants ou alliés ; il en va de même lorsqu’il s’agit des
intérêts d’une personne dont ils sont les représentants légaux ou mandataire.

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II- Appartenance institutionnelle


L’article 140 de la loi portant construction de la République de Côte d’Ivoire stipule que les
Juges incarnent l’indépendance de la justice et ils sont soumis à l’autorité des lois. Ils
répondent du pouvoir judiciaire.

Paragraphe 4 : La hiérarchie des Magistrats du Siège

Il faut apprécier la hiérarchie des Magistrats du Siège sur deux plans : sur le plan
juridictionnel puis, sur le plan administratif.

I- Sur le plan juridictionnel


Le Juge est indépendant à l’occasion de la prise des décisions, il n’obéit qu’à
l’autorité de la loi. Conséquemment, dans l’exercice de ses fonctions, le Juge n’est
soumis à aucune hiérarchie.

II- Sur le plan administratif


Les juges sont soumis à la hiérarchie du Premier Président qui est l’organisateur et
le Chef de la compagnie judiciaire de la Cour d’Appel.
L’ordre protocolaire (ou rang individuel) des Magistrats du Siège s’établit comme
suit :
- les Premiers Présidents des Cours d’Appel ;
- les Présidents des Chambres des Cours d’Appel ;
- les Conseillers à la Cour ;
- le Président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan ;
- les Présidents des autres Tribunaux de Première Instance ;
- les vices Présidents du Tribunal de Première Instance d’Abidjan ;
- les vices Présidents des autres Tribunaux de Première Instance ;
- les Présidents des Sections détachées ;
- les Juges d’Instruction des Tribunaux de Première Instance
- les Juges d’Instruction des Sections détachées ;
- les Juges des Tribunaux de Première Instance ;
- les Juges des Sections détachées ;

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CHAPITRE 2 : LES AUXILIAIRES DE JUSTICE

L’auxiliaire de justice est un homme de loi, qui de par ses attributions concourt auprès du
Magistrat à la bonne marche de l’administration de la justice. Il est au début et à la fin de
la procédure. L’auxiliaire de justice peut avoir la qualité d’officier public ou d’officier
ministériel.
Officier public : c’est une personne investit par l’autorité publique du pouvoir de dresser
des actes authentiques et obligatoires.

Officier ministériel : c’est une personne qui détient une charge qui lui a été conféré à vie
par les pouvoirs publics et à laquelle ceux-ci reconnaissent l’attribution d’exercer une
activité qui normalement relève du service public.

Ils sont nombreux les auxiliaires de justice. On peut citer entre autre : les Greffiers, les
Commissaires de justice, les Avocats, les Notaires, les Experts, les Syndics et les Officiers de
Police Judiciaire.

Section 1 : Les Greffiers


Les Greffiers sont recrutés par l’Institut National de Formation Judiciaire et formés, sur
deux années, à l’Ecole des Greffes. Au terme de leur formation et avant leur prise de
service les Greffiers prêtent serment.

Le Greffier est le seul auxiliaire de justice qui est agent de l’état. Il a la qualité d’officier
public. Le corps des Greffiers est régi par la loi n°2015-492 du 07 juillet 2015.

Le corps des Greffiers comprend :

- Les Administrateurs des Greffes et Parquets (maitrise ou master toutes disciplines ou


diplômes équivalents) ;
- Les Attachés des Greffes et Parquets (BAC+2 toutes disciplines ou diplômes
équivalent) ;
- Les Secrétaires des Greffes et Parquets (BAC toutes séries ou diplômes équivalent).

Les Administrateurs sont nommés par décret, les Attachés et les secrétaires par arrêté.

Quelles sont les attributions principales des Greffiers ? Quel est leur rang dans les
juridictions ?

Paragraphe 1 : Les attributions des Greffiers

Les fonctions des Greffiers sont prescrites par divers textes législatifs et réglementaires
dont nous citerons, à titre principal, la loi portant code de procédure pénal, la loi portant
code de procédure civil, la loi portant code de l’OHADA, la loi portant code général des
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impôts. Les Greffiers exercent dans les juridictions et subsidiairement dans


l’Administration centrale du Ministère de la Justice et dans les établissements spécialisés
rattachés audit Ministère.
Les Greffiers :
- Assistent les Magistrats ;
- Sont conservateurs des preuves des procès ;
- Assurent la gestion financière des procédures ;
- Exercent des fonctions fiscales.

I- L'assistance des Magistrats


Elle comprend deux volets :
 L’assistance administrative ;
 Et l'assistance juridictionnelle.

A- L'assistance administrative
Les Greffiers administrent le courrier pénal et civil des juridictions. Ledit courrier est fait de
plaintes, de dénonciations, de requêtes et d'assignations. Ils formalisent les dossiers en
vue de la saisine des Tribunaux et Cours. Ils préparent les séances d’interrogatoires,
d'auditions et de confrontations. Ils préparent aussi les audiences. Ils reçoivent les recours
et mettent en état les dossiers en vue de la saisine des juridictions compétentes à leur
réexamen. Il contribue à l’exécution des décisions de justice, il établit et délivre les titres
exécutoires et les pièces d’exécution. Il appose la formule exécutoire.
Le Greffier peut signifier les actes et décisions de justice et peut convoquer les personnes
(jouer le rôle de Commissaire de Justice, ex Huissier de Justice).

Le Greffier en Chef est un officier public et ministériel, il joue le rôle de notaire dans les
zones où il y’en a pas, il peut être nommé séquestre et assurer la gestion d’immeubles.

B- L'assistance juridictionnelle
Les Greffiers Assistent les juridictions d’instructions et les juridictions de jugement. Ils sont
témoins des instances d'instruction et de jugement dont ils tiennent notes du déroulement,
des déclarations des parties et témoins. Leur présence valide lesdites instances tout comme
leur signature authentifie les procès-verbaux des jugements et arrêts.
En raison de leur qualité de témoin et pour ne pas compromettre le crédit du témoignage
qu’ils portent, la relation du Greffier et du Juge, à l'occasion de la fonction juridictionnelle
est assortie d'incompatibilités prévues à l'article 35 de la loi portant statut des Greffiers. Le
texte visé énonce :

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« Les Greffiers ne peuvent, à peine de nullité des actes intervenus :


 Assister un Magistrat exerçant des attributions Juridictionnelles lorsqu'il se trouve
par rapport à lui dans les mêmes conditions de parenté ou d'alliance ;
 Assister un Juge lorsqu'il s'agit de ses propres intérêts, de ceux de son conjoint, de
ses parents ou alliés en ligne directe ou en ligne collatérale jusqu'au troisième degré
inclusivement ou de ceux d'une personne dont il est le représentant légal ou le
mandataire à un titre quelconque »

II- Les fonctions de conservateur


Les preuves des procès sont constituées des déclarations des parties et témoins, des
pièces à conviction, des minutes des jugements et arrêts. La loi ordonne aux Greffiers, en
tant que témoins des procès, d'en être le Conservateur.
En sa qualité de conservateur des minutes des jugements et arrêts, le Greffier en délivre
des extraits aux parties en vue de l'exécution des décisions.

III- Les fonctions fiscales


Après le prononcé des jugements et arrêts par les Tribunaux et Cours, leurs minutes sont
soumises à la formalité de l'enregistrement en vue de déterminer leur valeur fiscale.
L'exécution de cette obligation, une fois encore, échoit aux Greffiers.

Paragraphe 2 : Le rang des Greffiers dans les juridictions

L'alinéa 2, l'article 5 de la-loi portant statut des Greffiers mentionne que le rang des
Greffiers est déterminé après les Magistrats des Parquets. Le texte énonce notamment :
« Les Greffiers prennent rang après les Magistrats des Parquets. Ce rang est déterminé à la
suite du Greffier en Chef de la juridiction, par l'ordre de catégorie, de Grade et
d'ancienneté dans le grade. »

Section 2 : Les Commissaires de Justice


La profession des Commissaires de Justice est régie par la loi n°2018-974 du 27 décembre
2018. Cette loi abroge les lois n°97-514 du 4 septembre 1997, portant statut des Huissiers
de Justice et n°83-787 du 2 août 1983, portant statut des Commissaires Priseur. Ils sont
recrutés par L’Institut National de Formation Judiciaire parmi les titulaires de la maitrise en
droit après un stage de deux années dans une Etude de Commissaire de Justice.
Le Commissaire de Justice est un officier public et ministériel doté du monopole de la
signification des actes et de l’exécution des décisions de justice et titres exécutoires.

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Le Commissaire de Justice est également un « professionnel libéral » qui exerce sa


profession en s’efforçant d’établir des relations personnalisées avec les personnes qui le
requièrent et en s’assurant du fonctionnement efficace de son office, tel un chef
d’entreprise.
La profession de Commissaire de Justice appartient à la catégorie des professions dite «
réglementées » c’est-à-dire une profession soumise à des règles particulières édictées en
raison de la nature même de la profession (règles déontologiques et contrôle interne par
des instances étatiques…). C’est une profession qui n’est pas libre d’accès : elle ne peut
être exercée que par les titulaires d’un titre délivré par l’Etat sous des critères et
conditions strictes.
Un « officier public » c’est une personne titulaire d’un office conféré par l’Etat et nommé
par décision d’un ministre. L’« office » c’est la charge qui donne à son titulaire le droit
d’exercer, durant toute sa vie, des fonctions en vertu d’une investiture de l’autorité
publique : l’Etat délègue au commissaire de justice une partie de ses attributions : faire
respecter les décisions rendues en son nom par les tribunaux. Le commissaire de justice
est placé sous la tutelle du Ministère de la Justice, en tant qu’auxiliaire de justice. Il agit
pour la garantie des droits de chaque citoyen.

Paragraphe 1 : Attributions
Les Commissaires de Justice exécutent des actes judiciaires et des actes extrajudiciaires.

I- Les actes judiciaires


Ils se définissent comme les actes liés au déroulement d'une procédure contentieuse ou
gracieuse, ou tendant à une exécution forcée.
Ex : Les assignations en Justice, les citations, les significations des décisions, le service des
audiences des Tribunaux et Cours etc.

II- Les actes extrajudiciaires


Ils se définissent comme les actes intervenants en dehors d'une instance judiciaire. Ils ont,
en général, pour objet l'exercice ou la conservation d'un droit.
Ex : la sommation, le protêt, le recouvrement amiable des créances, les constatations à la
requête des particuliers.
Le Commissaire de Justice est l'officier public et ministériel qui a seul qualité, dans les
conditions fixées par les lois et règlements en vigueur, pour :
1° Dresser et signifier les actes de procédure ;
2° Faire toute signification prescrite par la réglementation ;

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3° Exécuter les décisions de justice ainsi que les actes ou titres en forme exécutoire ;
4° Dresser et· mettre à exécution les protêts en cas de non-paiement d'un effet ;
5° Procéder au recouvrement forcé des créances ;
6° Dresser les procès-verbaux de constat toutes les fois que la loi l'exige ;
7° Assurer le service des audiences près les cours et tribunaux ;
8° Faire l'inventaire, l'estimation, la prisée, la vente aux enchères publiques, judiciaire ou
volontaire de tout bien meuble corporel ou incorporel de toute nature, notamment les
fonds de commerce, mobilières, les marchandises, le mobilier, l'outillage, l'équipement, les
aéronefs, les bateaux et navires et tout autre meuble fixé à un immeuble, susceptible
toutefois d'être détaché sans dommages ni pour sa structure propre ni pour celle de son
support de fixation immobilier ;
9° Faire l'inventaire, l'estimation et, le cas échéant, la prisée en matière de succession ;
10° Procéder à la vente aux enchères publiques des biens de l'Etat et des collectivités
territoriales, du secteur parapublic, des établissements publics, des sociétés à participation
publique ainsi que les biens des organisations non gouvernementales, des représentations
diplomatiques, des organismes internationaux et les biens de toute nature saisis par les
administrations douanière et fiscale. Les actes qu'il dresse en application de l'alinéa 1 font
foi jusqu'à inscription de faux.

 Le Commissaire de Justice peut en outre :


- Procéder au recouvrement amiable de toutes créances ;
- Effectuer, lorsqu'il est commis par justice ou à la requête de particuliers, des
constatations purement matérielles, exclusives de tout avis sur les conséquences de
fait ou de droit qui peuvent en résulter ; sauf en matière pénale où elles ont valeur de
simples renseignements, ces constatations font foi jusqu'à preuve contraire ;
- Etre commis en qualité de technicien pour éclairer le juge sur une question de fait ;
- Etre requis par le procureur général pour exercer les fonctions de greffier ad hoc ;
- Dresser procès-verbal des assemblées statutaires de toutes sociétés de droit public et
privé ainsi que de celles des agences ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Procéder aux ventes volontaires des biens mobiliers ;


- Exercer à titre accessoire certaines activités ou fonctions ;
La liste de ces activités et fonctions ainsi que les conditions dans lesquelles les intéressés
sont autorisés à les exercer est, sous réserve des lois spéciales, fixée par décret.
Dans les matières prévues au présent article, les émoluments de commissaire de Justice
sont fixés d'accord partie avec le particulier qui requiert ses services.
- Sauf dispositions contraires, le commissaire de Justice ne peut se livrer à aucun
commerce en son nom, pour le compte d'autrui ou sous le nom d'autrui.

Paragraphe 2 : Nomination

Le Commissaire de Justice titulaire de charge est nommé par le Ministre de la Justice dans
les conditions fixées par décret. Nul ne peut être nommé Commissaire de Justice s'il ne
remplit les conditions suivantes :
1° Etre de nationalité ivoirienne ;
2° Etre âgé de vingt et un ans révolus ;
3° Jouir de ses droits civils et civiques ;
4° N'avoir pas fait l'objet de condamnation pour des faits portant atteinte à l'honneur, à la
probité ou aux bonnes mœurs ;
5° N'avoir pas été déclaré en état de faillite personnelle ou mis en état de liquidation des
biens ou d'interdiction d'exercice d'une profession réglementée ;
6° Ne pas être ancien officier ministériel ou ancien officier public destitué ou fonctionnaire
révoqué par mesure disciplinaire pour faits contraires à la probité et aux bonnes mœurs
ou avocat rayé du barreau ;
7° Etre titulaire de la maîtrise ou du master en droit ;
8° Avoir passé avec succès un concours et un stage dont les modalités sont fixées par
décret.

NB : Sont dispensés du concours et du stage, les clercs assermentés ayant exercé de


manière continue pendant dix ans au moins dans une étude de commissaire de Justice et
titulaires de la maîtrise en droit ou du master en droit.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Sont également dispensés de l'examen professionnel et du stage les personnes suivantes,


sous les conditions indiquées au 7° de l'article précédent :

1° Les anciens Magistrats ;


2° Les anciens Commissaires-Priseurs et Huissiers de Justice titulaires de charges.

Art. 13.- Avant d'entrer en fonction, le Commissaire de Justice titulaire de charge prête
devant la Cour d'Appel de la Juridiction où il est nommé, le serment dont la teneur suit :
« Je jure de me conformer aux lois et règlements avec honneur, Exactitude et probité et
d'observer en tout, les devoirs qu'ils m'imposent »

Section 3 : Les Avocats


Les Avocats sont des auxiliaires de justice. L'accès à la profession d'Avocats est précédé
d'un stage de deux ans dans un cabinet d'Avocats. Sont admis audit stage, les titulaires de
la maitrise en droit et du Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA). L'ensemble
des Avocats du ressort d'une Cour d'Appel forment un barreau. Chaque barreau est
administré par un Conseil de l’Ordre des avocats élu au scrutin secret par tous les avocats
inscrits au tableau de ce barreau. Le Conseil de l'Ordre est présidé par un bâtonnier élu
dans les mêmes conditions.

Paragraphe 1 : Les attributions

Les Avocats assistent ou représentent, sans limitation territoriale, les personnes physiques
ou morales devant toutes les juridictions ou organismes juridictionnels, disciplinaires à
l’effet d'assurer leur défense.
Ils sont dispensés de produire une procuration. Ils peuvent assister ou représenter autrui
devant les administrations publiques. Ils prêtent serment et revêtent dans l'exercice de
leurs fonctions judiciaires le costume de leur profession.
- Il n’a ni la qualité d’officier public ni d’officier ministériel ;
- Il est chargé de conseiller et de représenter ses clients ;
- Il est chargé de plaider devant les juridictions ;
- Il est rattaché à un barreau présidé par un bâtonnier.

Paragraphe 2 : Nomination

Nul ne peut accéder à la profession d'avocat s'il ne remplit les conditions suivantes :

1° Etre Ivoirien ;
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2° Etre majeur ;
3° Etre titulaire soit de la licence en Droit lorsque ce diplôme a été délivré sous le régime
fixé par le décret n° 54-343 du 27 mars 1954 ou le régime antérieur, soit de la maîtrise en
Droit ou du doctorat en Droit ;
4° Etre titulaire, sous réserve des dérogations réglementaires, du certificat d'Aptitude à la
profession d'avocat ;
5° N'avoir pas été l'auteur de faits ayant donné lieu à condamnation pénale pour
agissements contraires à l'honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ;
6° N'avoir pas été l'auteur de faits de même nature ayant donné lieu à une sanction
disciplinaire ou administrative de destitution, radiation, révocation de retrait d'agrément
ou d'autorisation ;
7° N'avoir pas été déclaré en état de faillite ou de liquidation judiciaire

Les fonctions d'Avocat sont assorties d’incompatibilités.

Paragraphe 3 : Les incompatibilités

L'exercice de la fonction est incompatible avec :


- Toute activité à caractère commercial ;
- Toutes fonctions d'associé dans une société ou de dirigeant, à titre quelconque d'une
société ;
- Les charges d'officier public ou ministériel ;
- Les fonctions de Commissaire au compte.

Section 4 : Le Notaire

Paragraphe 1 : Attributions

Le Notaire est un auxiliaire de justice qui a la qualité d’officier public et ministériel, il est
chargé de recevoir les actes et les contrats auxquels les partis doivent ou veulent faire
donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité publique, pour en
assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer des grosses, expéditions, extraits et
copies. Le Notaire a une compétence absolue en matière de vente d’immeuble, de
succession et de constitution des sociétés. L’office de notaire est créé au siège d’un
Tribunal de Première Instance ou d’une Section détachée. Lorsqu’il n’existe pas d’office de

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Notaire au sein d’une juridiction, le Greffier en Chef de ladite juridiction est chargé
d’assurer les fonctions notariales et porte le nom de Greffier-Notaire.
Le Notaire est également chargé de :

 Légaliser des signatures apposées par les particuliers sur des documents sous
seing privé ;
 Certifier la conformité de copie d’acte à leurs originaux.

Le Notaire a un office.

Paragraphe 2 : Nomination

Le Notaire est nommé dans les conditions fixées par décret, après réussite à l’examen
professionnel.

Nul ne peut être nommé Notaire s'il ne remplit les conditions cumulatives suivantes :

1° Etre de nationalité ivoirienne ;


2° Etre âgé de vingt-cinq ans révolus ;
3° Avoir la jouissance de ses droits civiques ;
4° N'avoir pas fait l'objet de condamnation pour des faits portant atteinte à l'honneur, à la
probité ou aux bonnes mœurs ;
5° N'avoir pas été déclaré en état de faillite personnelle ou mis en état de liquidation des
biens ou d'interdiction d'exercice d'une profession réglementée ;
6° Ne pas être officier public révoqué ou avocat rayé du barreau ;
7° Ne pas être fonctionnaire révoqué pour faits contraires à la probité ou aux bonnes
mœurs ;
8° Etre titulaire de la maîtrise ou d'un master en droit ;
9° Avoir accompli un stage pendant deux années au moins en qualité de clerc de première
catégorie ;
10° Avoir subi avec succès l'examen professionnel de notaire.
Art. 7.- Sont dispensés de l'examen professionnel de notaire, sous réserve d'accomplir une
année de stage :
1° Les Magistrats ayant pratiqué leur profession au moins pendant cinq années ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

2° Les enseignants docteurs en Droit ayant au moins cinq années de pratique de leur
profession ;
3° Les Greffiers en chef et les fonctionnaires de l'enregistrement ayant pratiqué leur
profession pendant au moins cinq années ;
4° Les Avocats inscrits pendant cinq ans au moins au barreau ivoirien ou d'un Etat lié à la
Côte d'Ivoire par un accord de réciprocité.
Au siège de chaque Tribunal de Première Instance, il peut être créé un ou plusieurs offices
de Notaire.

Section 4 : L’Expert
L’expert est un technicien qu’un Juge ou une juridiction charge de fournir un appui
technique lorsque l’analyse des faits requiert le recourt aux connaissances d’un spécialiste.
Il existe des experts dans différents domaines :
 La balistique ;
 La médecine ;
 Le bâtiment ;
 La graphologie ;
 La comptabilité.

Section 5 : Le Syndic
Le Syndic est un auxiliaire de justice désigné par le Tribunal en matière de redressement
judiciaire ou de libération des biens d’une entreprise en difficulté. Le Syndic est chargé de
préserver les intérêts des créanciers ou d’assister le débiteur.

Section 6 : Les Officiers et Agents de Police Judiciaire


Les Officiers et Agents de Police Judiciaire procèdent soit d’office soit à la demande de
l’autorité judiciaire pour constatation et enquête relative aux infractions qui seront jugées
plus tard. Ils constituent surtout les auxiliaires du Ministère Public sous le contrôle duquel
ils agissent et mettent ainsi des mesures d’exercer la poursuite.

CHAPITRE 3 : LE PERSONNEL ADMINISTRATIF

En tenant compte de l'appartenance exclusive au Ministère de la Justice, le personnel


concerné comprend :
 Le Personnel Pénitentiaire ;
 Le Personnel de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse.

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Section 1 : Le Personnel Pénitentiaire

Paragraphe 1 : La présentation
Le personnel des établissements pénitentiaires est recruté par l’Institut National de
Formation Judiciaire et formé sur deux années par ladite Institution à l’Ecole du Personnel
Pénitentiaire. Le corps du Personnel Pénitentiaire comprend :
 Les Administrateurs des services pénitentiaires ;
 Les Attachés des services pénitentiaires
 Les Contrôleurs des services pénitentiaires ;
 Les Agents d'encadrement.

Paragraphe 2 : Les attributions

Elles consistent en la gestion des Etablissements pénitentiaires qui se traduit par


 La gestion des délinquants en détention préventive ou condamnés ;
 La gestion des peines, des actes qui constatent et régularisent le séjour carcéral des
détenus ainsi que la fin dudit séjour ;
 La confection des dossiers d'interdiction de séjour en vue de leur communication
au Ministère de l’intérieur pour la prise des arrêtés d'interdiction ;

GENERALITE SUR LES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRE ET


L’EXECUTION DES PEINES

Les inculpés, prévenus et accusés soumis à la détention préventive la subissent dans une
maison d’arrêt.
Chaque maison d'arrêt doit comprendre des quartiers distincts pour les hommes et pour
les femmes, pour les mineurs et pour les majeurs, de telle sorte qu’il ne puisse y avoir
aucune communication entre eux.
Le condamné à l'emprisonnement pour faits qualifiés crime exécute sa peine dans
une maison pénale.
Le condamné à l'emprisonnement pour faits qualifiés délit ou contravention
exécute sa peine dans une maison de correction.
Si la peine prononcée pour les faits qualifiés délits est supérieure à cinq ans, le
condamné peut être transféré dans une maison pénale.
Un même établissement pénitentiaire peut servir à la fois de maison d’arrêt et de maison
de correction.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Des annexes aux maisons d'arrêt servant de maison de correction peuvent être
créées par arrêté du Ministre de la Justice.
Les condamnés sont répartis dans des quartiers différents.
Les condamnés sont soumis dans la maison pénale et dans les maisons de
correction à l'emprisonnement collectif.
Dans les Tribunaux, un Magistrat est nommé pour exercer les fonctions de Juge de
l'application des peines.
Auprès de tout établissement pénitentiaire où sont détenus des condamnés, le juge
de l'application des peines est chargé de suivre l'exécution de leurs peines.
Il détermine pour chaque condamné les principales modalités de son traitement
pénitentiaire en accordant notamment le placement à l'extérieur, la semi-liberté et
les permissions de sortir. II peut prendre l'initiative de faire établir une proposition
de libération conditionnelle.

Section 4 : Le Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse.

Paragraphe 1 : La présentation

II est recruté par l’Institut National de Formation Judiciaire et formé sur deux années à
l’Ecole du Personnel de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la jeunesse de l’Institut.
Le corps du Personnel de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse comprend :
- Les Inspecteurs d'Education Surveillée ;
- Les Conseillers d'Éducation Surveillée ;
- Les Maitres d'Éducation Surveillée.

Paragraphe 2 : Les attributions

L'activité principale du personnel consiste à :


- Réaliser les enquêtes sociales ordonnées par le Juge ;
- Préparer la prise en charge du jeune (accueil, recueil et analyse de renseignements
sur la situation morale, Socioprofessionnelle et familiale) ;
- Renouer, le cas échéant les liens rompus entre le mineur et sa famille ;
- Élaborer en lien avec la famille, le projet éducatif en fonction des besoins du mineur
pris en charge en s'appuyant sur les compétences pluridisciplinaires de la structure
d'accueil ;
- Ils peuvent être assesseurs au Tribunal pour Enfants.

 Les Maitres d'Education Surveillée


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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Educateurs chargés de conduire des actions d'investigation, d'éducation, de réinsertion et


de protection en faveur des mineurs qui entrent en contact avec le système judiciaire. Ils
réalisent ces actions de prise en charge en collaboration avec les parents ou répondants
du mineur bénéficiaire.
Activités principales :
- Participer aux audiences des juridictions pour mineurs en vue d'orienter le Juge dans
sa prise de décision ;

- Réaliser les enquêtes sociales ordonnées par le Juge ;

- Préparer la prise en charge du mineur (accueil, recueil et analyse de renseignements


sur sa situation morale, socioprofessionnelle et familiale) ;

- Instaurer et favoriser une relation éducative avec le jeune à travers l’écoute,


l'observation, les entretiens et toutes autres activités socio-éducatives ;

- Elaborer le projet éducatif en fonction des besoins du mineur pris en charge tout en
s'appuyant sur les compétences pluridisciplinaires de la structure ;

- Rendre compte au Juge ordonnateur de la mesure de placement et aux responsables


de la structure à travers des rapports de toutes ces diligences ;

- Réaliser les activités socio-éducatives à l'attention des mineurs pris en charge ;

- Participer à la vie institutionnelle de son service (réunion de service, auto évaluation)

 Les Conseillers d'Education Surveillée


Professionnel chargé de concevoir, de contrôler et de coordonner les activités
éducatives réalisées dans les structures de la DPJEJ (Direction de la Protection
Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse).

Activités principales :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

 Apporter son expertise à l'équipe éducative placée sous sa responsabilité dans


l'élaboration et l’exécution des actions du projet individuel de prise en charge du
mineur ;
 Coordonner les activités socio-éducative de l'unité éducative du service ou de
l'établissement (planning des activités, suivi et évaluation des activités, bilan et
divers) ;

 Organiser la pluridisciplinarité des interventions éducatives ;

 Assurer des fonctions de direction dans les services et établissements de la DPJEJ.

 Les Inspecteurs d’Education Surveillée

Cadre supérieurs chargés de la formation du personnel de l'éducation surveillée,


de la supervision des activités de prise en charge des services de la DPJEJ et du suivi
évaluation des pratiques éducatives.
Activités principales :
- Veiller à la mise en œuvre effective de la politique de la Protection Judiciaire de
l’Enfance et de la Jeunesse ;

- Assurer des missions d'inspection éducative, mener des activités de recherche sur les
méthodes et pratiques éducatives (élaboration de manuels pédagogiques, publication
d'ouvrage et animation de session de formation) ;

- Assurer des fonctions de direction des services et établissements de la DPJEJ,

- Assurer la gestion des services centraux.

Le Personnel de la Protection Judiciaire est en fonction entre autres dans les services
extérieurs de la DPJEJ :

1- Les établissements de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse à savoir :

- Les Centres d'Hébergement Provisoire pour Mineurs (CHPM) ;


- Les Centres d'Observation des Mineurs (COM) ;
- Les Centres de Réinsertion des Mineurs (CRM).

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2- Les Services Socio-Educatifs de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la


Jeunesse que sont :

- Les Services de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse (SPJEJ) installés


au sein des Tribunaux de Première Instance et leurs Sections détachées.
- Les Services de la Protection Judiciaire pour Mineurs en Milieu Carcéral (SPJMC) créés
au sein des Maisons d’Arrêt et de Correction.
Le système judiciaire compte certes le personnel dont nous venons de faire la
connaissance mais il fonctionne surtout à partir de textes qui mettent en avant les droits
des citoyens.

Titre II : LES DROITS DES CITOYENS DANS LE SYSTEME JUDICIAIRE IVOIRIEN


Dans son mode de fonctionnement, le système judiciaire ivoirien met en avant la
protection des droits des citoyens. Cette politique tire sa logique du préambule de la

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Constitution qui reconnait, en la Côte d’Ivoire, un Etat de droit. La matérialisation de cette


volonté du peuple s’observe à travers les dispositions légales qui sous-tendent le
fonctionnement de l'appareil judiciaire ivoirien. Notamment les dispositions
constitutionnelles, les dispositions statutaires des Acteurs de l’appareil, les dispositions des
textes portant organisation judiciaire.

CHAPITRE 1 : LA PROTECTION RELATIVENENT AUX DISPOSITIONS


CONSTITUTIONNELLES

La constitution proclame l’indépendance de la Justice. Une Justice qu'elle veut voir


fonctionner selon le principe de la séparation des pouvoirs. Une Justice qui n'est pas aux
ordres et qui n’admet pas d'influences d'où qu'elles viennent. Cette volonté du peuple est
matérialisée par deux dispositions constitutionnelles :
 Le principe de l'obéissance du Juge à l'autorité de la loi ;
 Principe de l'inamovibilité du Juge.

Section 1 : Le principe de l’obéissance du Juge à la seule autorité de la loi


Le principe signifie que le Juge n'enquête pas et ne décide pas en dehors des dispositions
légales. Le Juge agit conformément à la loi. Le principe est une conséquence de la
séparation des pouvoirs qui veut qu’au domaine du Juge n'appartienne que l’application
de la loi et non son élaboration.
Pour faire d'une réalité le principe, l'article 140 protège le Juge contre toutes formes
d’ingérence, de pression, d'intervention ou de manœuvre visant à mettre en péril
l'accomplissement de sa mission. Il prévoit ainsi l’inamovibilité.

Section 2 : Le principe de l'inamovibilité


Il signifie que le Juge ne peut être muté sans son consentement. Le Juge est indépendant.
La Constitution, en ses articles 139 et 140, affirme son appartenance au pouvoir judiciaire.
Le principe résulte de la nécessaire conciliation de l'indépendance du Juge, membre du
pouvoir judiciaire et des prérogatives de mutation qu'exerce le Garde des Sceaux, Ministre
de la Justice, membre de l’Exécutif.
La crainte du constituant réside dans l'atteinte du principe de la séparation des pouvoirs.
En effet, les prérogatives du Ministre peuvent être un moyen d'intrusion du pouvoir
exécutif dans le pouvoir judiciaire.
Alors, le Constituant a fait de la consultation du Juge une condition de leur mise en œuvre
de sorte qu’il apparaisse clairement que le déplacement du Juge n'a pas été imposé mais
qu’il a été voulu par le Juge même.

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Ainsi, les pouvoirs gardent leur autonomie et le Juge est sécurisé dans l'intérêt des
citoyens et de leurs biens.

CHAPITRE 2 : LA PROTECTION RELATIVEMENT AUX DISPOSITIONS STATUTAIRES

La loi prescrit aux intervenants dans l'œuvre de la Justice des incompatibilités dont la mise
en œuvre s'analyse comme des mesures protectrices du citoyen.
Les incompatibilités sont des interdictions d'exercer dans certaines conditions qui
pourraient favoriser le soupçon de la partialité du Juge, du Greffier, du Commissaire de
Justice et de l'Avocat.
Ainsi, le Juge est interdit de connaitre du jugement de ses parents et alliés. Le Greffier est
interdit d'assister un Juge lorsque ses intérêts ou ceux de ses parents ou alliés sont en
cause. Le Commissaire de Justice ne peut instrumenter pour ses parents et alliés. Et, enfin,
l’Avocat ne peut être conseil, à la fois, du plaignant et du mis en cause.

CHAPITRE 3 : LA PROTECTION RELATIVEMENT AUX TEXTES PORTANT ORGANISATION


JUDICIAIRE

Nous avons, entre autres, retenu sept (6) principes dans ce domaine. Il s’agit du principe
de l’Assistance judiciaire, du principe de la séparation des fonctions de poursuite et de
jugement, du principe du droit à la défense, du principe du double degré de juridiction, du
principe de la collégialité, du principe des recours extraordinaires.

Section 1 : Le principe de l'Assistance judiciaire


Le procès n'est pas gratuit. Sa mise en œuvre, nécessite l'acquittement d'une somme
d'argent suffisante pour garantir les charges pécuniaires de son déroulement : Ladite
somme est appelée « consignation ». L’impossibilité de son acquittement constitue un
obstacle à la saisine des juridictions alors que l'article 6 de la Constitution prône le libre et
égal accès à la Justice. Dès lors, un mécanisme de conciliation des positions s'est avéré
nécessaire. La solution à laquelle sont parvenues les Autorités ivoiriennes est l’institution
du système de l’Assistance judiciaire.
Prévue par le décret n°75-3I9 du 9/5/75, l'Assistance judiciaire permet à l’initiateur d'un
procès ne justifiant pas de moyen, de saisir d'une requête, accompagnée des preuves de
sa condition sociale, le Bureau de l’Assistance judicaire pour obtenir la couverture des
charges pécuniaires du procès par le Trésor public et, ainsi, mener son action
gratuitement.
L'Assistance judiciaire consacre le droit du libre et égal accès à la Justice.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Le Bureau de l'Assistance judiciaire est logé à la Chancellerie (Ministère de la Justice) et


comprend les membres suivants :
 Le Directeur ou le Sous-directeur des affaires civiles et pénales, Président ;
 Le Directeur des affaires sociales ou son représentant ;
 Le Directeur Général des impôts ou son représentant ;
 Un Avocat résident à Abidjan désigné pour deux années par le Bâtonnier de l'ordre
des Avocats ;
 Un Commissaire de Justice établit à Abidjan et désigné pour deux années par le
Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.
Le secrétariat du Bureau est assuré par un Greffier désigné par le Président du Bureau
(article 4 du décret).
Le bureau est saisi par voie de requête. Ladite requête peut être directe comme elle peut
transiter par le Procureur de la République ou le Substitut résident. Le Bureau siège une
fois que le quorum de trois membres au moins y compris le Président est atteint.

Section 2 : Le principe de la séparation des fonctions de poursuite et de jugement


Il est prévu à l’article premier du code de procédure pénale. Le texte énonce :
« La procédure pénale doit, sauf exception, prévue par la loi, garantir la séparation des
fonctions de poursuite, d’instruction et de jugement. »
Le principe signifie que le Procureur de la République qui ordonne les poursuites par
conviction est mal venu à instruire la même affaire ou à la Juger.
La crainte du législateur réside dans la condamnation mécanique du prévenu par le
Procureur de la République par simple déduction de conviction alors même que l’article 7
de la Constitution met en avant le fait de permettre au mis en cause d’épuiser tous les
moyens de sa défense.
Ici, ce qui est Valable pour le Ministère public, l’est aussi pour le Juge d’instruction dont les
investigations en vue de la manifestation de la vérité débouchent par conviction de la
culpabilité du mis en cause, sur la traduction de ce dernier devant le Tribunal.

Section 3 : Le principe du droit à la défense


Il renferme deux principes : le principe du Contradictoire et celui de l’assistance par un
Conseil.

Paragraphe 1 : Le principe du contradictoire

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L'article 7 la Constitution énonce que les procès sont équitables. Cette disposition est
reprise par l'article 4 du code de procédure pénale qui prévoit aussi le principe du
contradictoire :

« Les droits des parties sont garantis tout le long du procès pénal par l'Autorité judiciaire.
Le procès pénal doit être équitable et contradictoire. La personne poursuivie a le droit
d'être informée des charges retenues contre elle... »
Le principe veut que toutes les parties au procès soient régulièrement convoquées,
entendues et confrontées, au besoin, avant que la juridiction de jugement ne décide.
Le manquement à ce devoir par les Autorités du Ministère public ouvre droit au prévenu
de demander la reprise du procès en formant opposition contre la décision.
L'opposition, au contraire de l'appel, ne dessaisit donc pas le degré de juridiction et la
formation de jugement qui a statué. Elle ne met pas en cause l’impartialité du premier
Juge. Elle lui demande simplement de reprendre le jugement.

Paragraphe 2 : Le principe de l'assistance par un Conseil

Le dernier alinéa de l'article 7 de la Constitution stipule qu'à la personne poursuivie, il faut


offrir foutes les garanties indispensables à sa défense. Cette position du peuple est reprise
aux articles 4 et 90 de la loi portant code de procédure pénale. Ces textes énoncent
notamment :
Article 4 : « Le procès pénal doit être équitable et contradictoire. La personne poursuivie a
le droit d'être informé des charges retenues contre elle et être assisté par un Avocat »
Article 90 : « Toute personne contre qui il existe des indices graves et concordantes de
participation à une infraction peut, au cours de l’enquête se faire assister d'un Avocat). Les
Magistrats ou les Fonctionnaires chargés de la mise en mouvement et de l'exercice de
l'action publique doivent l’informer de ce droit.»
Les dispositions légales parcourues mettent l’accent sur le droit d’être informer des
charges et d'être assisté par un Conseil. Mais le législateur ne s'arrête pas là. Il prescrit au
Juge, en cas de crime ou de poursuite d'un mineur, de commettre d'office un Conseil pour
assister la personne poursuivie. Les articles 281 et 808 du code de procédure pénale en
témoignent :
Article 281 : « Si l'accusé ne choisit pas un Conseil, le Président saisit le bâtonnier de l'ordre
des Avocats qui lui en désigne un d'office »
Article 808 : « A défaut de choix d'un défenseur par le mineur ou son représentant légal, le
Juge des Enfants fait désigner, par le bâtonnier de l'ordre des Avocats, un défenseur
d'office »

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Section 4 : Le principe du double degré de juridiction


Le double degré de juridiction se rapporte à un Système judiciaire qui admet le jugement
des affaires au plus deux fois par deux instances différentes et hiérarchisées.
Dans ce système, le premier jugement est réalisé par les juridictions du premier degré, et
le deuxième par les juridictions du second degré, saisies par voie d'appel.
Il y a donc double degré de juridiction, lorsque, dans un système judiciaire, il peut être fait
appel après un jugement.
C'est le cas du système judiciaire ivoirien qui est adossé au principe du double degré de
juridiction et dont le premier degré de juridiction comprend les Tribunaux de Première
Instance et leurs Sections détachées et, le second degré, les Cours d'Appel.
Le principe met en avant les droits à la défense. Il ne fait pas du premier Juge un homme
infaillible et s’inscrit dans les grandes lignes de la conception de la défense des citoyens
devant les juridictions énoncées au dernier alinéa de l'article 7 de la Constitution :
« Tout prévenu est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite
d'un procès équitable, lui offrant toutes les garanties indispensables à sa défense. »
En Côte d’Ivoire, le principe connait une exception. Il ne s’applique pas aux jugements
rendus en premier et dernier ressort.

Section 5 : Le principe de la collégialité


La loi portant organisation judiciaire en donne la définition comme suit :
« En toute matière, les Cours et Tribunaux délibèrent en nombre impair d'au moins trois
Magistrats, assisté d'un Greffier. »
Le principe plaide pour la qualité et le crédit des décisions de Justice. L'union fait la force
a-t-on coutume de dire. Certes ici, il n'est pas question de force musculaire mais il s’agit
tout de même, d'une mise ensemble d'intelligences et de connaissances qui minimisent les
risques d'erreurs. L'autre avantage du principe est la prise en compte des dispositions de
l'article 40 de la Constitution qui interdisent toutes formes d’influences sur de Juge. En
effet, il est plus facile d'influencer un seul Juge que plusieurs.
Si le principe est d'application totale dans les juridictions supérieures et les juridictions du
second degré, il ne l'est cependant, dans les Sections de Tribunaux, que pour quelques
affaires, Notamment :
- En matière civile, commerciale et administrative lorsque l'intérêt du litige excède
cinquante millions de francs ;
- En matière de faillite et de liquidation judiciaire ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- En matière délictuelle et obligatoirement en présence du Ministère public, lorsqu’il


s'agit d'infractions contre la sûreté de l'Etat, la défense nationale, la sécurité publique
ainsi que des infractions passibles de la peine de mort.

Section 6 : Le principe des recours extraordinaires


Les recours extraordinaires que sont le pourvoi en cassation, la prise à partie, la récusation
ont pour dénominateur commun : la garantie d'un procès équitable. A en juger :
Le pourvoi en cassation
II intervient après l'épuisement de la procédure devant les degrés de juridiction prévus par
la loi portant organisation judiciaire. Il a pour objet le contrôle de l’harmonie de
l'application des lois. A cet effet les décisions qui sont déférées devant la Cour de
Cassation ou le Conseil d’Etat peuvent être cassées et renvoyées soit devant la juridiction
qui a rendu la décision mais autrement composée soit devant une autre juridiction du
même degré pour réexaminer l'affaire.
La récusation
Elle est la procédure par laquelle un plaideur demande que tel Magistrat s'abstienne de
siéger parce qu’il a des raisons de suspecter sa partialité à son égard pour des causes
déterminées par la loi (parenté, alliance, lien de subordination) etc.
La prise à partie
Elle est la procédure par laquelle un plaideur agit en responsabilité civile contre un
Magistrat en vue d'obtenir contre celui-ci une condamnation à des dommages intérêts
pour dol, fraude, concussion ou faute lourde, refus de juger sous le prétexte du silence, de
l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi.

CHAPITRE 4 : QUELQUES NOTIONS DU SYSTEME JUDICIAIRE

Section 1 : La notion de territorialité


L’article 143 nouveau de la constitution énonce que la justice est rendue sur toute
l’étendue du territoire national par la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, la Cour des
Comptes, les Cours d’appel, les Tribunaux de Première Instance, les Tribunaux
Administratifs, les Chambres régionales des Comptes. La notion de territorialité émane de
ce principe qui est le principe de territorialité. Selon ce principe chaque juridiction n’a de
compétence que sur un espace géographique donné qui est appelé territoire et chaque
juridiction ne peut rendre la justice que sur cet espace appelé ressort.
La territorialité des juridictions est la compétence juridictionnelle rattachée à un espace
géographique. Ce n’est que sur cet espace et selon le découpage administratif que toute

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

juridiction a sa compétence propre en matière de compétence territoriale. Ce découpage


permet de saisir la juridiction territorialement compétente. C’est le cas par exemple d’un
litige qui s’est produit à Bongouanou. La Cour d’Appel susceptible de connaître de cette
affaire ne peut être que celle de Bouaké et non celle d’Abidjan, Korhogo ou encore Daloa.
La Cour d’Appel de Bouaké est donc territorialement compétente pour connaitre de cette
affaire.

Section 2 : La notion d’ordre juridictionnel


On appelle ordre juridictionnel l’organisation hiérarchique des juridictions couvrant
l’intégralité d’un territoire. En France il existe deux ordres juridictionnels.

Section 3 : La notion de dualité des ordres de juridiction


La dualité des ordres de juridiction ou dualisme juridictionnel consiste en l’existence de
deux juridictions séparées : l’ordre administratif et l’ordre judiciaire, ayant à leur tête
respectivement le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation. L’existence de ces deux ordres
de juridictions distincts est le fruit de la volonté d’empêcher le juge judiciaire de
s’immiscer dans les questions de l’administration. Cette dualité des ordres juridictionnels
découle du principe de séparation des autorités administratives et judiciaires.

Section 4 : La notion d’unité juridictionnelle


On considère généralement qu’il y a unité de juridiction quand l’ensemble de
l’organisation judiciaire est coiffé par une seule juridiction suprême (Cour Suprême), juge
de dernier recours quelle que soit la matière considérée. C’est aussi la fusion des deux
ordres de juridiction. En d’autre terme c’est faire disparaitre la juridiction administrative
pour l’intégrer à l’ordre judiciaire.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

DEUXIEME PARTIE
La connaissance des Juridictions

Comme nous l’indiquions dans l’introduction générale, la connaissance des juridictions


met en avant leur répartition :
- En juridiction de droit commun
- En juridiction d’exception
Ces deux groupes de juridictions occuperont le développement respectif des sous-parties I
et II de la présente partie.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Les juridictions, en Côte d’Ivoire, sont créées et leurs ressorts respectifs fixés par des
textes règlementaires qui suivent :
- Le décret n° 61-324 du 19 Octobre 1961 ;
- Le décret n° 63-44 du 9 Février 19634 ;
- Le décret n° 65-285 du 25 Août 1965 modifié par le décret n° 73-547 du 5 décembre
1973 ;
- Le décret n° 80-1197 du 28 Octobre 1980 ;
- Le décret n° 97-673 du 3 décembre 1997 ;
- Le décret n° 99-315 du 21AVril 1999 ;
- Le décret n° 2006-308 du 5 Octobre 2006 ;
- Le décret n° 2006-405 du 7 décembre ;
- La décision n° 01/PR du 11 Janvier 2O12 ;
- La loi 2014-424 du 14 juillet 2014 ;
- La loi 2015-494 du 7 juillet 2015 ;
- La loi 2016-1110 du 8 décembre 2016 ;
- La loi 2018-975 du 27 décembre 2018.
Suivant le contexte de son emploi, le mot juridiction varie de signification. Au sens large, le
mot « JURIDICTION » désigne l’autorité, le pouvoir, le ressort etc. Au sens fonctionnel, il
renvoie au pouvoir de dire le droit puis, au sens organique, à l’organe doté du pouvoir du
pouvoir de dire le droit.
Relativement à notre thème, le sens que nous pouvons utilement retenir de ce mot est
son sens organique.

SOUS-PARTIE I : Les juridictions de droit commun


Une juridiction de droit commun est une juridiction qui a vocation de principe à connaitre
de toutes les affaires, sauf si un texte spécial vient expressément exclure une catégorie
affaires de ses compétences.
La Côte d’Ivoire compte à ce jour 43 juridictions de droit commun dont :
- Une (01) Cour de Cassation ;
- Un (01) Conseil d’Etat ;
- Quatre (04) Cour d’appel ;
- Onze (11) Tribunaux de Première Instance ;
- Vingt-six (26) Sections de Tribunaux.
Les juridictions de droit commun sont organisées en juridictions du premier et second
degré. Elles comprennent, en outre, la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat.

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Titre I : LES JURIDICTIONS DU PREMIER DEGRE


Ce sont les organes judiciaires saisis, en premier lieu, des conflits. Les juridictions du
premier degré rendent les premières décisions. Elles sont représentées par les Tribunaux
de Première Instance et leurs Sections détachées. Leurs membres prennent rang suivant un
ordre protocolaire.

CHAPITRE 1 : LES TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE

Leur étude porte sur leur identification, leur organisation, leur composition et leur
fonctionnement.

Section 1 : L’identification
Les Tribunaux de Première Instance (TPI) sont au nombre de onze (11).
Ce sont, dans l’ordre alphabétique :
- Le Tribunal de Première Instance d'ABENGOUROU ;
- Le Tribunal de Première Instance d’ABIDJAN PLATEAU ;
- Le Tribunal de Première Instance de BOUAFLE ;
- Le Tribunal de Première Instance de BOUAKE ;
- Le Tribunal de Première Instance de DALOA ;
- Le Tribunal de Première Instance de DIVO ;
- Le Tribunal de Première Instance de GAGNOA ;
- Le Tribunal de Première Instance de KORHOGO ;
- Le Tribunal de Première Instance de MAN ;
- Le Tribunal de Première Instance de SAN-PEDRO ;
- Le Tribunal de Première Instance de YOPOUGON.

Section 2 : L’organisation des Tribunaux de Première Instance


Les Tribunaux de Première Instance comprennent trois services :
- Un Siège ;
- Un parquet ;
- Un Greffe.
Ils comprennent en outre le Service de Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse
(SPJEJ)

Paragraphe 1 : Le Siège

Le siège est organisé en chambres spécialisées dans le traitement des affaires. On trouve
ainsi au siège d’un Tribunal, les chambres suivantes :

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- Une chambre civile et administrative ;

Le Tribunal de simple police

- Une chambre correctionnelle Le Tribunal correctionnel

Le Tribunal criminel
- Une chambre sociale.
Le siège est en outre composé de cabinets. On a :

- Le cabinet du juge d’instruction ;


- Le cabinet du juge des enfants ;
- Le cabinet du juge des tutelles.
N.B : Une juridiction répressive ou pénale est une juridiction qui connaît des infractions à
la loi pénale et qui peut prononcer des peines d’emprisonnement, d’amende ou des
mesures de sureté.

Paragraphe 2 : Le Parquet
Le Parquet d’un Tribunal de Première Instance comprend le cabinet du Procureur de la
République. Ledit cabinet compte deux services principaux :
- Le service des poursuites ;
- Et le service de l’exécution des décisions.

I- Le service des poursuites


Il saisit des procédures les juridictions d’instruction et les juridictions de Jugements. Son
intervention se situe au début du procès pénal.
Le service des poursuites comprend deux sous-services. On a :
- Un service courrier, chargé de la réception des procès-verbaux, plaintes et
dénonciations, et de leur remise au cabinet du Procureur de la République.
- Un service de l’enrôlement, qui se charge de la confection des dossiers, du dressage
des rôles d’audience, et de la remise des dossiers au juge.

Avec l’intervention de la loi portant code de procédure pénale, la structure du service des
poursuites connait deux subdivisions de travail :
- La subdivision des poursuites des majeurs ;
- Et celle des poursuites des mineurs, dénommée : Section du Parquet.

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II- Le service de l’exécution des décisions


L’une des attributions principales du Ministère public consistant en l’exécution des
décisions, le service organise l’activité se rapportant au suivi de la mise en œuvre de ladite
attribution. L’intervention du service se situe alors, en aval des procès.

Paragraphe 3 : Le Greffe

L’organisation du Greffe est fonction des attributions principales des Greffiers. Elle
s’appuie donc sur :
- L’assistance des Cours et Tribunaux ;
- L’assistance administrative ;
- Les attributions de conservateur.

I- L’organisation du Greffe relativement à l’assistance juridictionnelle


Elle est calquée sur celle du siège des Tribunaux. Le Greffe, connait donc la même
subdivision que ledit service. Il comprend :
- Une chambre civile et administrative dite « Greffe civil » ;
- Une chambre sociale dite « Greffe sociale » ;
- Une chambre correctionnelle dite « Greffe correctionnel ».

II- L’organisation administrative du Greffe


Elle s’étend à l’activité des services suivants :
- Les services du Parquet près le Tribunal ;
- Les services des juridictions d’instruction ;
- Les services administratifs du Greffe

III- L’organisation relative aux fonctions de conservateur


Elle met en avant la protection et la sauvegarde des preuves des procès et de l’état civil. Le
Greffe tient alors :
- Un service de conservation des minutes
- Un service de Conservation des pièces à conviction
- Un service de Conservation du casier judiciaire.
- Un service de conservation des doubles des registres d’état civil des circonscriptions
d’état civil dépendant de l’arrondissement Judiciaire du Tribunal.

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Section 4 : Le Service de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse (SPJEJ)


Les Services de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse sont créés auprès
des Tribunaux de Première Instance et des Sections détachées.

Paragraphe 1 : L’organisation du SPJEJ

Le SPJEJ est structuré en 3 unités spécialisées :


- Une Unité de Protection Judiciaire d'Urgence (UPJU), appelée service éducatif attaché
au tribunal (SEAT), chargé de l'accueil, des investigations rapides, de l'orientation
rapide et de l'aide à la décision des Magistrats.

- Une Unité de Protection Judiciaire Civile (UPJC) qui assiste le Juge des Tutelles, le Juge
des Affaires Matrimoniales et le Juge des Enfants dans la prise de décision et assure le
suivi de toute mesure d'assistance éducative ordonnée par ces Magistrats ;

- Une Unité de Protection Judiciaire en Milieu Ouvert (UPJMO) chargée d'assurer la


mise en œuvre du régime de liberté surveillée et de toute autre mesure alternative à
la détention des mineurs ord enfants.

Chaque unité est coordonnée par un éducateur désigné par le chef de service.

Paragraphe 2 : Les attributions du SPJEJ

Le SPJEJ est un service socio-éducatif de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la


Jeunesse.
Il est chargé d'effectuer sur mandat judiciaire les tâches en milieu ouvert qui lui sont
confiés par le Procureur de la République, le Juge des Enfants, le Tribunal pour Enfants ou le
Juge des Tutelles :
- Dans le cadre des poursuites judiciaires contre les mineurs ;
- Pour prononcer des mesures de protection, d'assistance, de surveillance et
d'éducation ;
- Pour prononcer une condamnation pénale à l'égard du mineur ;
- Pour retenir ou non l'excuse atténuante de minorité (art. 797) ;
- En matière d'autorité parentale .... Etc.
A ce titre le SPJEJ :
- Assure une permanence éducative en liaison avec les services de Police et de
Gendarmerie, le Parquet et les Cabinets du Juge des Enfants et des Tutelles ;

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- Recueille auprès des mineurs par des entretiens éducatifs individuels et


confidentiels, les renseignements sur leur identité, leurs familles et leurs relations
sociales ;

- Assure la liaison entre les établissements et service de prise en charge en milieu


fermé : CHPM, COM, CRM et SPJMC ;

- Formule en fonction des éléments recueillis des propositions éducatives en vue


d'assister les Magistrats pour mineurs dans leur prise de décision ;
- Recueille des données statistiques relatives aux mineurs qu'ils soient infracteurs
(auteurs), victimes ou témoins (en danger) ;

- Assure l'accueil des parents ou répondants des mineurs au sein des juridictions et leur
mise en contact avec les autorités judiciaires ;

- Assure la mise en œuvre du régime de liberté surveillée et toute autre mesure


alternative à la détention du mineur ;

- Assure à l'égard des mineurs en danger, la mise en œuvre et le suivi des mesures
de prévention, de protection et d'assistance éducative.

Section 4 : La composition des Tribunaux de Première Instance


Les Services des Tribunaux de Première Instance sont composés des Acteurs suivants :

Paragraphe 1 : Le Siège

Le siège est composé :


 d’un président :
 de vice-président (s) ;
 de juge (s) d’instruction ;
 de juge (5)

Paragraphe 2 : Le Parquet

Il est composé :
 D’un Procureur de la République ;
 De Procureur (s) de la République Adjoint (s)
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 De Substitut (s) du Procureur de la république.

Paragraphe 3 : Le Greffe

Il s’agit de tout le personnel du Tribunal autre que les Magistrats.

Il est composé d’un personnel Greffier et non Greffier.

Le personnel Greffier : le corps des Greffiers se compose des Secrétaires des Greffes et
Parquet, des Attachés des Greffes et Parquet et des Administrateurs des Greffes et
Parquet. En juridiction les Greffiers se répartissent en :

 Greffier en Chef ;
 Greffiers en Chef adjoints ;
 Greffiers Chefs de section ;
 Greffiers de Chambre.

Le personnel non Greffier est composé du personnel administratif du tribunal. On a le


Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance, les secrétaires de direction, les
archivistes, les adjoints administratifs, les informaticiens etc.

Paragraphe 4 : Le Service de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse

Le personnel du SPJEJ se compose des Educateurs de la Protection Judiciaire


de l'Enfance anciennement appelés éducateurs surveillés (maître, conseiller et
inspecteur), des éducateurs permanents, des éducateurs spécialisés, des assistants sociaux
etc.
Le corps du Personnel de la Protection Judiciaire de l'Enfance et de la Jeunesse comprend :
- Les Inspecteurs d'Education Surveillée ;
- Les Conseillers d'Éducation Surveillée ;
- Les Maitres d'Éducation Surveillée.
Ils ont pour fonction :
 Chef de Service ;
 Chef de Service Adjoint ;
 Chef / Coordonnateur d'unité,
 Agents.

Section 4 : Le fonctionnement du Tribunal

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Il porte sur la connaissance des réunions du Tribunal, la compétence du Tribunal en cas


d’ouverture d’une nouvelle juridiction et les prérogatives des Chefs de service.

Paragraphe 1 : Les réunions du Tribunal

Le Tribunal de Première Instance se réunit :


- en audience solennelle ;
- en assemblée générale ;
- en audience ordinaire ;
- en chambre du conseil.

I- Les Audiences Solennelles


Elles portent sur les rentrées judiciaires et l’installation de nouveaux Magistrats. Elles sont
présidées par le Président du Tribunal. Tous les Magistrats de la juridiction y prennent part.

II- L’Assemblée Générale


Elle est convoquée et présidée par le Président du Tribunal. Elle Comprend tous les
membres du Tribunal ainsi que les Magistrats des Sections détachées rattachées au
Tribunal.
L’assemblée délibère sur le règlement intérieur du Tribunal, Sur la date et le nombre des
audiences de vacation, des audiences foraines, des audiences spéciales du Tribunal et de
ses Sections.
Que signifient les vacances judiciaires, les audiences de vacation et les audiences
foraines ?

 Les Vacances judiciaires


Elles représentent la période dans laquelle les Magistrats, les Greffiers et le personnel
administratif en service dans les Juridictions prennent leur congé annuel.
La période couvre les mois d’Août et de Septembre de chaque année.
Dans cet intervalle de temps, les juridictions ne traitent que les affaires qui présentent un
caractère urgent.
 Une audience de vacation
L’audience de vacation est une audience qui se tient pendant les Vacances judiciaires.
 Une audience foraine

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L’audience foraine est une audience qui se tient en dehors du Siège du Tribunal.
L’objet de ladite audience est d’établir des jugements supplétifs d’actes de naissances et de
décès aux personnes dont les naissances ou les décès n’ont pas été déclarés dans les délais
légaux à l’état civil.

III- Les Audiences Ordinaires


Elles statuent (traitent) les affaires dont les juridictions sont compétentes (affaires civiles,
sociales, administratives et pénales).
Les réunions des Tribunaux de Première Instance sont collégiales (Voir principe de
collégialité : protection des droits des citoyens).
Il en va autrement des Sections de Tribunaux où le Juge siège seul (voir Sections de
Tribunaux).
Qu’en est-il du remplacement des Juges du collège, à l’audience ?
Lorsqu’à l’audience des juridictions siégeant collégialement, il y a lieu de remplacer un
Juge et que les autres Juges sont absents ou empêchés, l’Avocat le plus ancien, présent à la
barre et âgé de plus de 25 Ans, complète la juridiction.

IV- La Chambre du Conseil


Les réunions de cette chambre portent sur les affaires dont l’instruction exige une
publicité restreinte.

Paragraphe 2 : La compétence des Tribunaux en cas d’ouverture d’une nouvelle


juridiction

Les procédures en cours continuent de relever de la compétence de la juridiction


ancienne, C’est-à-dire, la juridiction initialement saisie.

Paragraphe 3 : Les prérogatives des Chefs de service

I- Le Président du Tribunal
Le Président veille á la bonne administration du Tribunal. Il est l’organisateur (1) et le Chef
de la compagnie judiciaire (2) du Tribunal.

A- Les pouvoirs d’organisateur


Le Président du Tribunal :
- Établit le roulement des Magistrats ;
- Distribue les affaires ;

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- Surveille le rôle général ;


- Pourvoit au remplacement, à l’audience, des juges empêchés ;
- Désigne les Magistrats appelés à assurer la collégialité dans les Sections de
Tribunaux ;
- Convoque le Tribunal pour l’Assemblée ;
- Organise et règlemente les services intérieurs.

B- Les pouvoirs de Chef de Compagnie judiciaire


Le Président :
- Représente le Tribunal ;
- Convoque les Magistrats pour les cérémonies publiques ;
- Surveille la discipline de la Compagnie judiciaire (Magistrats, Greffiers, Officiers de
police judiciaire, Officiers Ministériels et Publics du ressort du Tribunal).

 LA JURIDICTION PRESIDENTIELLE : La Chambre Présidentielle

COMPOSITION

C’est une juridiction à juge unique, présidé par le Président du Tribunal assisté d’un
Greffier. Elle statue par ordonnance et est saisie par requête.

ATTRIBUTION

Elle est compétente en matière de référés et d’ordonnance sur requête. Le référé


concerne trois domaines à savoir :

- En matière d’urgence ;
- En matière de difficulté d’exécution d’une décision ;
- En matière de grâce.

L’ordonnance sur requête est une décision rendue par un Magistrat sur la demande d’une
partie présentée en la forme d’une requête et sans qu’aucune autre partie ne soit appelée
pour y contredire éventuellement. C’est le cas de l’ordonnance d’injonction de payer en
matière contractuelle.

NB : En cas d’empêchement, les prérogatives du Président sont exercées par un Vice-


président.

II- Le Procureur de la République


Le Procureur de la République est Chef de la représentation du Ministère Public près le
Tribunal.

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Il est, alors, organisateur du parquet, Il distribue, à ce titre, les affaires dont le Parquet est
saisi et veille à la discipline du service.

III- Le Greffier en Chef


Le Greffier en Chef est le directeur des ressources humaines du Personnel non Magistrats
du Tribunal. Il est organisateur du Greffe et veille à la discipline et au bon fonctionnement
dudit service.

CHAPITRE 2 : LES SECTIONS DE TRIBUNAUX

L’existence des Sections de Tribunaux est la matérialisation de la volonté du peuple, En


effet, au dernier alinéa de son article 6, la Constitution dispose :
« Le droit de toute personne à un libre et égal accès à la Justice est Garanti et protégé (..) ;
L’Etat favorise le développement d’une Justice de proximité ».
La création des Section de Tribunaux est une trouvaille exceptionnelle des Autorité
ivoiriennes. Cette idée Répond, comme indiqué précédemment, à une politique de
rapprochement de la Justice des Justiciables.
Les Sections de Tribunaux sont réparties sur le territoire de compétence des Tribunaux de
Première Instance. Comme les Tribunaux de Première Instance, elles Justifient d’une
organisation, d’une composition. Leur fonctionnement est de type particulier.

Section 1 : La répartition des Sections entre les Tribunaux


A ce jour, il existe vingt-six (26) Sections de Tribunaux reparties entre les onze (11)
Tribunaux de Première Instance suivant le tableau ci-après.

TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE SECTIONS DETACHEES DE TRIBUNAUX


ABOISSSO – GRAND-BASSAM – ADZOPE –
ABIDJAN-PLATEAU
AGBOVILLE
ABENGOUROU BONDOUKOU – BOUNA
BOUAFLE SINFRA
BONGOUANOU – DIMBOKRO - M’BAHIAKRO –
BOUAKE
KATIOLA - TOUMODI
DALOA SEGUELA – ISSIA
DIVO LAKOTA
GAGNOA OUME
KORHOGO BOUNDIALI - ODIENNE
MAN GUIGLO – DANANE – TOUBA
SAN-PEDRO SOUBRE – SASSANDRA - TABOU
YOPOUGON DABOU - TIASSALE
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Section 2 : L’organisation d’une Section de Tribunal


Elle est la même que celle du Tribunal de Première Instance.
La Section de Tribunal comprend :
- Un Siège
- Un Parquet
- Un Greffe
- Elle comprend en outre le SPJEJ

Section 3 : La composition d’une Section de Tribunal

Paragraphe 1 : Le Siège

Il est composé :
- D’un Président ;
- D’un Juge d’Instruction ;
- De Juges (éventuellement).

Paragraphe 2 : Le Parquet
Le Ministère public est représenté par un Substitut Résident.

Paragraphe 3 : Le Greffe
Il est composé :
- D’un Greffier en Chef
- De Greffiers ;
- Du personnel administratif de la Section de Tribunal.

Paragraphe 4 : Le Service de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse


Elle est la même que celle du Tribunal de Première Instance.
- Les Inspecteurs d'Education Surveillée ;
- Les Conseillers d'Éducation Surveillée ;
- Les Maitres d'Éducation Surveillée.

Section 4 : Le fonctionnement des Sections de Tribunaux


Relativement au Tribunal de Première Instance, la fonction juridictionnelle est
indépendante et la fonction administrative dépendante tout comme la représentation du

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Ministère public. Par ailleurs, le principe de la collégialité n’y connait qu’une application
partielle.

Paragraphe 1 : L’indépendance juridictionnelle

La Section de Tribunal appartient au même degré de juridiction que le Tribunal de


première instance.
Les jugements et ordonnances qu’elle rend ne sont pas déférés devant le Tribunal de
Première Instance, en cas de recours. Ils sont déférés, au même titre que ceux du Tribunal
de Première Instance, aux juridictions du second degré.
Du point de vue juridictionnel, la section est donc indépendante.

Paragraphe 2 : La dépendance administrative

Les Sections de Tribunaux ont un devoir de compte rendu de leurs activités administratives
aux Autorités du Tribunal de Première Instance. Cette obligation se justifie, d’une part, par
les prérogatives du Président du Tribunal et, d’autre part, par la hiérarchie entre les
membres du Ministère Public.

Paragraphe 3 : L’application partielle du principe de la collégialité

Le principe de la collégialité, à l’occasion de tenue des réunions ordinaires des sections,


n’est pas observé, Sauf :
- En matière civile, commerciale et administrative lorsque l’intérêt du litige excède
cinquante million de francs ;
- En matière de faillite et de liquidation judiciaire ;
- En matière délictuelle et obligatoirement en présence du Ministère Public, lorsqu’il
s’agit d’une infraction contre la sûreté de l’Etat, la défense nationale, la sécurité
publique ainsi que des infractions passibles de la peine de mort.

Paragraphe 4 : La dépendance du Ministère Public

Le Substitut Résident est un Substitut du Procureur de la République près le Tribunal de


Première Instance auquel la Section est rattachée. Il est dépendant de ce Magistrat qui
peut, à tout moment, se substituer à lui pour exercer les fonctions du Ministère public,
même à l’audience.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

CHAPITRE 3 : L’ORDRE PROTOCOLAIRE DES MEMBRES DES JURIDICTIONS DU PREMIER


DEGRE

L’article 6 (nouveau) de la loi n° 99-435 du 6 juillet 1999 dispose que lorsque les membres
du Tribunal ne marchent pas en corps constitué, leur rang individuel s’établit comme suit :
- Le Président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan et le Procureur de la
République près ledit Tribunal
- Les Présidents des autres Tribunaux de Première Instance et les Procureurs de la
République près lesdits Tribunaux ;
- Les Vice-présidents du Tribunal de Première Instance d’Abidjan et les Procureurs de la
République Adjoints près ledit Tribunal
- Les Vice-présidents des autres Tribunaux de Première Instance et les Procureurs de la
République Adjoints près lesdits Tribunaux ;
- Les Juges d’Instruction ;
- Les Juges ;
- Les Substituts ;
- Les Greffiers en chef des Tribunaux de Première Instance ;
- Les Greffiers en chef des Sections de Tribunaux.
En cas de mécontentement des parties, les décisions des juridictions du premier degré
peuvent faire l’objet d’appel et être déférées, par application du principe du double degré
de juridiction, aux juridictions du second degré.
Quelles sont ces juridictions ?

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Titre II : LES JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE


Comme nous l'avons fait pour les juridictions du premier degré, nous présenterons
d'abord les juridictions du second degré. Ensuite, nous aborderons leur organisation, leur
composition et leur fonctionnement.

CHAPITRE 1 : LA PRESENTATION JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE

Le second degré comprend les Cours d'Appel. A ce jour, elles sont au nombre de quatre
(4). Ce sont :
- La Cour d'Appel d'Abidjan ;
- La Cour d'Appel de Bouaké ;
- La Cour d'Appel de Daloa ;
- La Cour d’Appel de Korhogo.
Ces Cours se partagent l'ensemble des juridictions du premier degré. C'est-à-dire, les onze
(11) Tribunaux de Première Instance et les vingt-six (26) Sections de Tribunaux. Le tableau
ci-après rend compte de cette répartition :
TRIBUNAUX DE PREMIERE SECTIONS DETACHEES DE
COURS D’APPEL
INSTANCE TRIBUNAUX
ABOISSSO – GRAND-BASSAM –
ABIDJAN-PLATEAU
ADZOPE – AGBOVILLE
ABIDJAN DIVO LAKOTA
ABENGOUROU BONDOUKOU – BOUNA
YOPOUGON DABOU - TIASSALE
BONGOUANOU – DIMBOKRO -
BOUAKE BOUAKE M’BAHIAKRO – KATIOLA -
TOUMODI
DALOA SEGUELA – ISSIA
BOUAFLE SINFRA
GAGNOA OUME
DALOA
MAN GUIGLO – DANANE – TOUBA
SOUBRE – SASSANDRA -
SAN-PEDRO
TABOU
KORHOGO KORHOGO BOUNDIALI - ODIENNE

CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION DES JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE

Une Cour d’Appel comprend trois services : un Siège, un Parquet Général et un Greffe.

Section 1 : Le Siège
Il est subdivisé en entités de travail dénommées chambres. La Cour compte ainsi :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Une Chambre civile ;


- Une Chambre Sociale ;
- Une Chambre des Appels correctionnels ;
- Une Chambre d’Instruction ;
- Une chambre criminelle ;
- Une chambre criminelle spéciale ;
- L’audience spéciale.

Paragraphe 1 : La Chambre civile

Elle est compétente pour connaître des appels interjetés contre les jugements ou
ordonnances rendus en matière civile par les Tribunaux et Sections de Tribunaux du
ressort de la Cour d’Appel. La Chambre est présidée par le Premier Président.

Paragraphe 2 : La Chambre sociale

Elle est compétente pour connaître des appels formés contre les jugements rendus en
matière sociale par les Tribunaux et Sections de Tribunaux du ressort de la Cour d’Appel.
La Chambre est présidée par un Président de Chambre. Elle peut aussi l’être par le Premier
Président.

Paragraphe 3 : La Chambre des appels correctionnels

Elle est compétente pour connaitre des appels interjetés contre les jugements rendus en
matière délictuelles ou contraventionnelles par les Tribunaux et Sections de Tribunaux du
ressort de la Cour d’Appel. La Chambre est présidée par un Président de Chambre. Elle
peut aussi l’être par le Premier Président.

Paragraphe 4 : La Chambre d'instruction

I- La présentation
La Chambre est la Juridiction d'instruction du second degré. Elle remplace désormais la
chambre d'Accusation. Chaque Cour d'Appel comprend une ou plusieurs Chambres
d'instruction.
La Chambre est saisie des dossiers criminels dont l’information préalable est achevée. Elle
connait des appels interjetés contre les ordonnances juridictionnelles des Juges
d’Instruction du ressort de la Cour d'Appel.
Au terme de l'examen des affaires, elle saisit :
- Le Tribunal correctionnel pour les affaires délictuelles ou contraventionnelles ;
- Le Tribunal criminel pour les crimes commis par les majeurs ;
- Le Tribunal criminel pour mineurs pour les crimes commis par les mineurs.
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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

La Chambre est présidée par un Président de chambre. Elle peut aussi l’être par le Premier
Président.

II- Les pouvoirs du Président de la chambre


Le Président de la Chambre d'Instruction s'assure du bon fonctionnement des cabinets
d'instruction du ressort de la Cour d'Appel. Il visite les Maisons d’Arrêt du ressort de la
Cour et exerce un contrôle sur l'activité des Officiers de police judicaire à l'exception des
Magistrats, des Maires et leurs Adjoints.

Paragraphe 5 : La Chambre criminelle

Elle est compétente pour connaitre des appels formés contre les jugements rendus par le
Tribunal criminel.

Paragraphe 6 : La Chambre criminelle spéciale

Elle est compétente pour connaître des appels formés contre les jugements rendus par le
Tribunal criminel pour mineurs.

Paragraphe 7 : L'Audience spéciale

I- La compétence de la Chambre
Elle est compétente pour connaître des appels formés contre les jugements rendus par le
Tribunal pour enfants et par le Juge des Enfants

II- Les attributions du Président de la Chambre


- Il exerce les fonctions de rapporteur ;
- Il siège comme membre de la Chambre d’instruction lorsque celle-ci est saisie d'une
affaire dans laquelle est impliqué un mineur
- Il dispose, en cas d'appel, des pouvoirs de Juge des Enfants
Ses fonctions peuvent être cumulées avec d'autres fonctions judiciaires.
Chaque Chambre est composée d’un Président de Chambre, de deux ou plusieurs
Conseillers et assistée d’un Greffier.

Section 2 : Le Parquet Général


Il comprend les services principaux suivants :
- Un service des poursuites ;
- Un service d'exécution des décisions.

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Section 3 : Le Greffe
Le Greffe connait la même organisation que les Greffes des juridictions du premier degré à
l'exception du service administratifs et du service de Conservation des pièces à conviction.

CHAPITRE 3 : LA COMPOSITION DES JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE

Section 1 : Le Siège
Il est composé :
- D'un Premier Président ;
- De Présidents de Chambre ;
- De Conseillers à la Cour.
Les Conseillers sont au nombre de deux par Chambre, à l'exception de ceux de la Chambre
d'instruction qui peuvent excéder ce nombre.

Section 2 : Le Parquet Général près la Cour d'Appel


Il est composé :
- D'un Procureur Général ;
- D'Avocats Généraux ;
- De Substituts du Procureur Général.

Section3 : Le Greffe
Il est composé :
- D'un Greffier en Chef
- De Greffiers ;
- Du Personnel Administratif de la Cour.

CHAPITRE 4 : LE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE

Il concerne les réunions de la Cour d'Appel, les pouvoirs du Premier Président et les
relations de travail entre les juridictions du second degré et les juridictions du premier
degré.

Section 1 : Les réunions de la Cour


La Cour d'Appel se réunit :
- En audience solennelle ;
- En assemblée générale ;

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- En audience ordinaire ;
- En Chambre du conseil.

Paragraphe 1 : L'Audience solennelle

Elle est présidée par le Premier Président et comprend, au moins, cinq (5) Magistrats, y
compris le Président. Elle statue sur les prises à partie, reçoit le serment des Magistrats. La
Cour se réunit aussi en audience solennelle pour la rentrée de la Cour et pour l’installation
des membres de la Cour.

Paragraphe 2 : L'Assemblée Générale

Elle se tient à la demande du Premier Président qui la préside. Les délibérations de


l'Assemblées sont prises à la majorité des Magistrats du Siège composant la Cour.
L’Assemblée établit et modifie le règlement intérieur de la Cour, fixe les dates des
audiences de vacation et des audiences spéciales, statue sur les décisions du Conseil de
l’ordre des Avocats et des autres Auxiliaires de justice, statue sur le contentieux des
élections.
N.B: Les membres du Parquet Général ne prennent pas part aux délibérations de
l'Assemblée.

Paragraphe 3 : L'Audience ordinaire

Elle statue sur les appels interjetés contre les décisions des juridictions du premier degré.
Les audiences ordinaires observent le principe de la collégialité.

Paragraphe 4 : La Chambre du Conseil


La Cour se réunit en chambre du conseil pour statuer sur les appels interjetés contre les
décisions rendues par les chambres du conseil des Juridictions du premier degré.

Section 2 : Les pouvoirs du Premier Président


Ils sont les mêmes que ceux du Président du Tribunal. Le Premier Président est
organisateur de la Cour et Chef de la compagnie Judiciaire de la Cour. Le contenu des
prérogatives étant les mêmes, il ne sera pas repris. Sauf à préciser que la compagnie
judiciaire s’étend à tous les membres des juridictions du premier degré.

Section 3 : Les relations de travail


Les Cours d’Appel entretiennent une double relation de travail avec les Juridictions du
premier degré. Elles exercent, en effet, un contrôle sur leur activité juridictionnelle et leur
activité administrative.

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Paragraphe 1 : Le contrôle de l’activité juridictionnelle

Par la mise en œuvre du principe du double degré de juridiction, les parties saisissent les
juridictions du second degré des décisions des Juridictions du premier degré et demandent
leur réformation.
Les articles 162 du CPCCA et 555 du CPP disposent notamment :
 L’article 162 du CPCCA
« L’appel est la voie de recours par laquelle une partie sollicite de la Cour d’Appel, la
réformation de la décision rendue par une Juridiction de Première instance… »
 L’article 555 du CPP
« Les jugements rendus en matière correctionnelle peuvent être attaqués par la voie de
l’Appel… »
On le voit bien, le contrôle juridictionnel est effectif et exercé par les juridictions du
second degré sur les juridictions du premier degré.

Paragraphe 2 : Le contrôle de l’activité administrative

Les juridictions du premier degré rendent compte périodiquement de leurs activités aux
juridictions du second degré. Cette activité est organisée par la circulaire n°4 du 5 octobre
1959.
N.B :
CPCCA = Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative.
CPP = Code de Procédure Pénale.

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Titre III : LES JURIDICTIONS SUPRÊMES


Comme les autres juridictions, nous présenterons la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat,
et indiquerons leurs organisations, leurs compositions et leurs fonctionnements.

CHAPITRE 1 : La Cour de Cassation

Il ressort de la lecture combinée des articles 147 nouveau et 148 nouveau de la


Constitution que la Cour de Cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire. Elle
statue souverainement sur les recours en cassation contre les décisions rendues en
dernier ressort par les Cours et Tribunaux de l’ordre judiciaire. Elle veille ainsi à
l’application de la loi par ces juridictions. Son examen s’articulera autour de son
organisation et sa composition ainsi que ses attributions et son fonctionnement tels que
prévus par la loi organique n°2020-967 du 17 décembre 2020 déterminant les attributions,
la composition, l’organisation et le fonctionnement de ladite Cour.

Section 1 : Organisation et composition

Paragraphe 1 : Organisation

La Cour de Cassation comprend :


- Un Siège ;
- Un Parquet général ;
- Un Secrétariat général ;
- Un Greffe.

Paragraphe 2 : Composition

Aux termes de l’article 16 de la loi organique précitée, la Cour de Cassation est composée
de Magistrats du Siège. Cet article poursuit pour dire qu’elle est dotée d’un Secrétariat
général et d’un Greffe.
Les fonctions du Ministère public près la Cour de Cassation sont exercées par un parquet
général dont la composition, l’organisation et le fonctionnement sont fixés par une loi.
(Art. 6)

I- Les Magistrats du Siège


Ce sont :
- Le Président est nommé par le Président de la République pour une durée de cinq ans
renouvelable une fois parmi les personnalités reconnues pour leur compétence et
leur expertise en matière juridique. Le Président du Conseil d’Etat est Président
d’Institution ;
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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Les Présidents de Chambre sont des Magistrats hors hiérarchie du groupe A choisis
parmi les conseillers à la Cour de Cassation ;
- Les conseillers sont des Magistrats hors hiérarchie. Ils sont désignés parmi :

- Les Magistrats hors hiérarchie ;


- Les Magistrats appartenant depuis deux ans au moins au premier groupe du
premier grade ;
- Les Conseillers Référendaires comptant au moins deux ans d'ancienneté comme
Conseillers Référendaires du premier groupe ;

- Les Conseillers Référendaires qui sont soit choisis parmi les Magistrats du premier
grade soit parmi les personnes titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme
équivalent et ayant au moins six ans de pratique professionnelle ;

Le nombre de Conseillers Référendaires nommés au titre du présent article ne peut


excéder le dixième du nombre des auditeurs de justice issus du concours prévus par
le Statut de la Magistrature.

- Les Auditeurs sont choisis parmi les Magistrats du deuxième grade.


Ils sont également choisis parmi les personnes titulaires d’un doctorat en droit ayant
au moins cinq années d’expérience professionnelle en cette qualité.

Le nombre des auditeurs nommés au titre de l’alinéa 2 du présent article ne peut excéder
le dixième du nombre des auditeurs de justice issus du concours prévus par le Statut de la
Magistrature.

II- Les Magistrats du Parquet Général


L’article 20 de la loi organique n°2020-883 du 21 octobre 2020 déterminant la composition
et le fonctionnement du Parquet Général près la Cour de Cassation et le Conseil
d’Etat énonce que les membres de l’ancien Parquet Général près la Cour suprême sont de
plein droit, membre du Parquet Général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat
L’article 7 de la loi précitée énonce que :
Le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat est composé de
Magistrats du Ministère Public. Il comprend :
- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;
- Des Premiers Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;
- Des Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Des Avocats généraux référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat.


Le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat est dirigé par le Procureur
général.
Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat est nommé par décret,
sur proposition du ministre de la Justice. Il est choisi parmi les Magistrats hors hiérarchie
du groupe A.
Il peut être également choisi parmi les personnalités reconnues pour leur compétence et
leur expertise avérées en matière juridique et administrative. En ce cas, il prête le serment
de magistrat, en audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du Conseil d'Etat, en
ces termes :
« Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de me conduire en tout comme un
digne et loyal magistrat ».
Avant d'entrer en fonction, le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil
d'Etat est installé au cours d'une audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du
Conseil d'Etat.
Les Premiers Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des
Magistrats hors Hiérarchie du groupe A choisis parmi les avocats Généraux.
Ils sont nommés par décret, sur proposition du ministre de la Justice.
Les Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des Magistrats
hors hiérarchie, Nommés par décret, sur proposition du ministre chargé de la Justice.
Ils sont désignés parmi :
- Les Magistrats hors hiérarchie ;
- Les Magistrats appartenant depuis deux ans au moins au premier groupe du premier
grade ;
- Les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent et
ayant au moins quinze (15) ans de pratique professionnelle en cette qualité. Ce Délai
est de deux (2) ans pour les professeurs agrégés ou titulaires des facultés de droit. Le
nombre d’Avocats généraux choisis parmi ces personnalités ne peut excéder le quart
de l’effectif des Avocats généraux.
Les Avocats généraux référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des
Magistrats du Premier grade, nommés par décret, sur proposition du Ministre chargé de la
Justice.
Ils sont également choisis parmi les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un
diplôme équivalent et ayant au moins six ans de pratique professionnelle en cette qualité.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Le nombre d’Avocats généraux référendaires choisis parmi ces personnalités ne peut


excéder le quart de l’effectif des Avocats généraux référendaires.
Avant d’entrer en fonction, les Magistrats nommés pour la première fois dans les fonctions
judiciaires au Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etats prêtent
serment en audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du Conseil d’Etat en Ces
termes : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de me conduire en tout
comme un digne et loyal magistrat ».
Avant d’entrer en fonction les magistrats nouvellement affectés au Parquet général près la
Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont installés au cours d’une audience solennelle
mixte de la Cour de Cassation et au Conseil d’Etat.
L’audience solennelle mixte est composée :
- Du Président de la Cour de Cassation ;
- De quatre Présidents de Chambre, dont deux de la Cour de Cassation et deux du
Conseil d’Etat ;
- De six Conseillers dont trois de la Cour de Cassation et trois du Conseil d’Etat.
- Elle est présidée par le Président de la Cour de Cassation. En cas d’empêchement, le
Président de la Cour de Cassation est suppléé par le Président du Conseil d’Etat.
- La Cour est assistée du Greffier en Chef ou d’un Greffier de la Cour de Cassation.
L’audience a lieu en présence du Procureur général Près la Cour de Cassation et le Conseil
d’Etat.

III- Le Secrétariat général


Le Secrétariat général est composé d’un Secrétaire général

IV- Les membres du Greffe

Le Greffe de la Cour de Cassation est composé :


- D’un Greffier en Chef
- De Greffiers.
L’article 27 alinéa 1 de la loi organique suscitée dispose que « Le Greffier en chef de la
Cour de Cassation est nommé par décret, sur proposition du ministre de la Justice. Il est
choisi parmi les Administrateurs des greffes et parquets ayant au moins cinq années
d’ancienneté dans cette catégorie. »

Section 2 : Attributions et fonctionnement

Paragraphe 1 : Attributions

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Elles sont énumérées aux articles 4 à 6 de la loi organique. L’article 4 précise que la Cour
de Cassation a des attributions contentieuses et consultatives.

I- Attributions contentieuses
En matière contentieuse, elle statue souverainement sur les pourvois en cassation dirigés
contre les arrêts et jugements rendus en dernier ressort par les juridictions statuant en
matière civile, commerciale, sociale et pénale.
Elle connaît en outre :
- des demandes en révision ;
- des demandes de renvoi d’une juridiction à une autre ;
- des prises à partie ;
- des récusations ;
- des inscriptions de faux ;
- des règlements de juges ;
- des demandes en annulation des actes par lesquels les juges de l’ordre judiciaire
excèdent leurs pouvoirs ;
- des recours contre ses arrêts ;
- des demandes en interprétation et en rectification ;
- de la tierce opposition.
Art. 86 : La tierce opposition est une voie de recours par laquelle une personne autre que
les parties engagées dans l'instance, peut attaquer un arrêt qui lui cause préjudice et
demander à la Cour d'en supprimer les effets en ce qui la concerne personnellement.

II- Attributions consultatives


En matière consultative, la Cour émet des avis sur toute question de droit entrant dans le
champ de ses compétences, qui lui est soumise par voie de requête par les Premiers
Présidents des Cours d’Appel, les Procureurs Généraux près lesdites Cours, les Présidents
des Tribunaux, et les Procureurs de la République près lesdits Tribunaux, les ordres
constitués et les institutions universitaires de sciences juridiques.
La Cour de Cassation émet également des avis sur toute matière entrant dans le champ de
ses compétences, qui lui est soumise par le Président de la République ou par le
Gouvernement.

Paragraphe 2 : Fonctionnement

Il porte sur la connaissance des réunions de la Cour et les pouvoirs des chefs de service.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

I- Les réunions
La Cour de Cassation fonctionne au moyen de ses formations de jugement. Selon le
lexique des termes juridiques, une formation de jugement est la composition du tribunal
ou de la cour qui a pour mission de rendre une décision juridictionnelle. L’article 42 de la
loi organique dispose que « les formations de la Cour de cassation sont les types de
réunions que tient la Cour de cassation. »
Ainsi elle (la Cour) se réunit :
 En Audience Solennelle soit pour son audience de rentrée, soit pour procéder à
l’installation de ses membres. A cette occasion, la Cour est composée :

- du président de la cour de cassation, président ;


- de quatre présidents de chambre, membres ;
- de six conseillers, membres ;
La Cour est assistée du Greffier en chef ou d’un Greffier.

 En Assemblée Générale pour adopter ou modifier le règlement intérieur de la Cour,


débattre de toutes les questions intéressant l’organisation et la discipline de la Cour
et émettre les avis sur les questions qui lui sont soumises en application de l’article
15 de la loi organique précitée. Elle comprend l’ensemble des Magistrats de la
Cour ;

 En Assemblée Plénière, la Cour de Cassation se réunit, lorsqu'une affaire pose une


question de principe, notamment lorsqu'il existe des solutions divergentes soit
entre les juges du fond, soit entre les juges du fond et la Cour de Cassation, et dans
les autres cas prévus par la présente loi organique.

L'assemblée plénière est présidée par le Président de la Cour de Cassation. Elle est
composée, outre le Président, des présidents de chambre et d'un Conseiller par
chambre.

Elle est valablement constituée avec les deux tiers au moins des présidents de
chambre et des conseillers qui la composent.
En Assemblée Mixte pour statuer sur les questions relevant de la compétence de plusieurs
chambres, si la question a reçu ou est susceptible de recevoir, devant ces chambres, des
solutions divergentes. Elle est valablement constituée avec la moitié au moins des membres
composant ces chambres, présidée par le Président de la Cour de Cassation et comprend
les Présidents de chambres et les Conseillers composants les chambres concernées ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

 En Audience Ordinaire pour juger les affaires dont elle est saisie. Pendant ces
formations de jugement, elle siège et délibère en nombre impair.

II- Les pouvoirs des Chefs de service

A- Le Président
Il ressort de la loi organique que le Président de la Cour de Cassation exerce des fonctions
administratives et juridictionnelles.
Le Président de la Cour de Cassation est suppléé en cas d'absence ou d'empêchement, par
le Président de chambre le plus ancien dans le grade le plus élevé.
Le Président de la Cour de Cassation est chargé de l'administration et de la discipline de la
Cour de Cassation. Il assure la direction générale, l'organisation et le fonctionnement des
services intérieurs de la Cour de Cassation.
Le Président arrête le règlement intérieur de la Cour de Cassation, après délibération de
l'assemblée générale.
Le Président de la Cour de Cassation publie annuellement un rapport sur les activités de la
Cour de Cassation.
Le Président de la Cour de Cassation repartit par ordonnance au début de chaque année
judiciaire, les présidents de chambre, les conseillers, les conseillers référendaires et les
auditeurs de la Cour de Cassation entre les différentes chambres.
Le Président de la Cour de Cassation préside, quand il le juge nécessaire, toute chambre de
la Cour.
Le Président de la Cour de Cassation assure, sur proposition du Greffier en Chef de la Cour
de Cassation, la répartition des greffiers entre les différentes chambres.
En effet la Cour de Cassation est composée de Chambres civiles, commerciales, pénales et
sociales présidées chacune par un Président de chambre. Chaque chambre comprend :
- Un Président ;
- Deux Conseillers au moins ;
- Et un Greffier.

B- Le Procureur général
Les articles 15 à 17 et 19 de loi organique n°2020-883 du 21 octobre 2020 déterminant la
composition et le fonctionnement du Parquet Général près la Cour de Cassation et le
Conseil d’Etat précisent les pouvoirs du Procureur général :

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- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat assure les


fonctions du Ministère public. Il assure l'administration et la discipline du Parquet
général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat.
Les premiers Avocats généraux, les Avocats généraux et les Avocats généraux
Référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat participent, sous la
direction du Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat, à
l'exercice des fonctions dévolues au ministère public.
Le Ministère public est soumis au principe de la subordination hiérarchique. Il est
indivisible. (Art.15)

- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat est suppléé, en


cas d'absence ou d'empêchement, par le Premier Avocat général près la Cour de
Cassation et le Conseil d'Etat le plus ancien dans le grade le plus élevé. (Art.16)

- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat requiert, en


toutes matières, l'application de la loi devant la Cour de Cassation et le Conseil
d'Etat.
Il veille à la bonne application des lois et règlements par la Cour de Cassation et
par le Conseil d'Etat.
II exerce les fonctions du Ministère public par voie de réquisitions ou de
conclusions écrites.
Toutefois, il peut faire des observations orales complémentaires devant les
différentes formations juridictionnelles de la Cour de Cassation et du Conseil
d'Etat. (Art.17)

- Outres ces pouvoirs, le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil


d'Etat exerce les fonctions d’ordonnateur délégué dans les conditions
déterminées par le règlement de la comptabilité publique. (Art.19, al.3)

C- Le Secrétaire général
Le Secrétaire général assure, sous l’autorité du Président, le fonctionnement des services
administratifs de la Cour de Cassation.
Le Secrétaire général peut recevoir du Président délégation de signature en matière de
gestion du personnel.
Il assiste le Président dans la coordination, des travaux et organisation des audiences de la
cour.
Il est chargé notamment de :

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- La tenue du fichier général des sommaires des arrêts rendus par la Cour de Cassation;
- La publication des arrêts de la Cour de Cassation ;
- La Préparation, de l’étude et de l’établissement de tous les actes relatifs à la gestion
des Magistrats et autres personnels nommés à la Cour de Cassation ;
- Direction du service de documentation et d’étude de la Cour de Cassation ;
- La réception des copies des décisions de la Cour de Cassation.

D- Le Greffier en Chef
Il est placé sous l’autorité du Secrétaire général. Il propose au Secrétaire général de la
Cour de Cassation, la répartition des Greffiers dans les différents services. Il prépare les
audiences de la Cour de Cassation. Il veille à l’archivage, à la délivrance des expéditions,
certificats et extraits des décisions rendues, assure la réception des consignations et le
recouvrement des frais.

CHAPITRE 2 : Le Conseil d’Etat

L’article 147 alinéa 2 de la Constitution ivoirienne dispose que « Le Conseil d’Etat veille à
l’application de la loi par les juridictions de l’ordre administratif. » L’article 149 nouveau de
la Constitution consacre le Conseil d’Etat comme la plus haute juridiction de l’ordre
administratif. Il statue souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les
Tribunaux Administratifs et par les Juridictions Administratives spécialisées en matière de
contentieux administratif. Hormis le Conseil d’Etat, les autres juridictions de l’ordre
administratif ne sont pas encore créées. Il s’agit des Cours Administratives d’Appel et des
Tribunaux Administratifs.
La loi organique n°2020-968 du 17 décembre 2020 détermine les attributions, la
composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil d’Etat.
L’étude du Conseil d’Etat se fera successivement à travers sa composition et son
organisation d’une part et ses attributions et son fonctionnement d’autre part.

Section 1 : Composition et organisation

Paragraphe 1 : Composition

Il ressort de l’article 19 de la loi organique n°2020-968 du 17 décembre 2020 modifiant la


loi organique n°2018-978 du 27 décembre 2018 déterminant les attributions, la
composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil d’Etat que cette haute
juridiction est composée de Magistrats et de Conseillers en service extraordinaire, tous
membres du siège. Il est doté d’un Secrétariat général et d’un Greffe.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Les membres du Siège sont les Magistrats du Siège et les Conseillers en service
extraordinaire
Les fonctions du Ministère public près le Conseil d’Etat sont exercées par un parquet
général dont la composition, l’organisation et le fonctionnement sont fixés par une loi.
(Art. 5)

I- Les Magistrats du Siège


- Le Président (art. 20) du Conseil d’Etat est nommé par le Président de la République
pour une durée de cinq ans renouvelable une fois parmi les pris les personnalités
reconnues pour leur compétence et leur expertise en matière juridique. Le Président
du Conseil d’Etat est Président d’Institution ;
Art.44 : Le cabinet du Président du Conseil d’Etat est composé :
- D’un directeur de cabinet ;
- D’un chef de cabinet ;
- De cinq conseillers dont au moins trois magistrats ;
- De deux chargés de missions ;
- D’un chef du secrétariat particulier.

- Les Présidents de Section (art.21, alinéa 1) sont des Magistrats hors hiérarchie du
groupe A, choisis parmi les Présidents de Chambre. Ils sont désignés par ordonnance
du Président du Conseil d’Etat en cette qualité ;

- Les Présidents de Chambre (art.21, alinéa 2) sont des Magistrats hors hiérarchie du
groupe A ;

- Les Présidents de Formation (art.21, alinéa 2) sont des Magistrats hors hiérarchie du
groupe A ;

- Les Conseillers d’Etat (art. 22) sont des Magistrats hors hiérarchie

Ils sont désignés parmi :

a) Les Magistrats hors hiérarchie ;

b) Les Magistrats appartenant depuis deux ans au moins au premier groupe du


premier garde ;

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c) Les Conseillers Référendaires comptant au moins deux ans d’ancienneté


comme Conseillers Référendaires du premier groupe ;

d) Les personnalités connues pour leur compétence en matière juridique ou


administrative et comptant vingt années au moins de pratique professionnelle ;

e) Les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent


et ayant quinze ans au moins de pratique professionnelle en cette qualité ;

f) Les professeurs Agrégés ou Titulaires des facultés de droit ayant deux ans au
moins de pratique professionnelle en cette qualité.
Le nombre de Conseillers d’Etat désignés en application des paragraphes d, e et f ne
peuvent excéder le quart de l’effectif des Conseillers d’Etat. Ils acquièrent la qualité de
Magistrat.
Les Conseillers d’Etat totalisant trois ans d’ancienneté et de service effectif au conseil
d’Etat peuvent être élevés au groupe A, sur proposition du Président du Conseil d’Etat et
après avis conforme du Conseil Supérieur de la Magistrature.
- Les Conseillers Référendaires (art.25) sont choisis parmi les magistrats du premier
grade.

Ils sont également choisis parmi les personnes titulaires d’un doctorat en droit ou
d’un diplôme équivalent et ayant au moins six ans de pratique professionnelle en
cette qualité ;

Ils assistent les Conseillers d’Etat dans leurs fonctions et participent à l’élaboration
des rapports et décisions avec voix délibérative.

Ils participent aux audiences.

Les trois quarts au moins des emplois vacants de Conseillers Référendaires sont
réservés aux Auditeurs ayant atteint le grade requis.

Les Conseillers Référendaires du premier groupe sont des Magistrats du premier


grade, premier groupe et ceux du deuxième groupe, des magistrats du premier grade
deuxième groupe.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Les Auditeurs (art.27) du Conseil d’Etat sont choisis parmi les Magistrats du deuxième
grade.

Les Auditeurs sont également choisis parmi les personnes titulaires d’un doctorat en
droit ou d’un diplôme équivalent. Leur nombre ne peut excéder le quart des postes à
pourvoir.

Les Auditeurs prévus à l’alinéa premier du présent article sont des Magistrats du
deuxième grade, premier groupe.

Les Auditeurs prévus à l’alinéa 2 du présent article sont des Magistrats du deuxième
grade, deuxième groupe.

Ils assistent les Conseillers d’Etat dans la préparation des rapports, des décisions et
des travaux du conseil d’Etat.
Les Conseillers en service extraordinaire sont :
- Les Conseillers d’Etat en service extraordinaire (art.23) sont nommés, pour une durée
de quatre ans renouvelables une fois, pour exercer des fonctions consultatives. Ils ne
peuvent être affectés à la Section du Contentieux.

Ils sont choisis parmi les personnalités qualifiés dans les différents domaines de
l’activité nationale.

Ils bénéficient durant leur mandat d’une indemnité fixée par décret. Ils n’ont pas la
qualité de Magistrat.

Toutefois, ils sont soumis, durant leur mandat, aux mêmes obligations que les
Magistrats.
Art.24 : Les Conseillers d’Etat en service extraordinaire qui exercent une activité
professionnelle privée, ne peuvent, dans l’exercice de cette activité, mentionner ou
laisser mentionner leur qualité de membre du Conseil d’Etat.

- Les Conseillers Référendaires en service extraordinaire (art. 26) sont nommés, pour
une durée de quatre ans renouvelables une fois, pour exercer des fonctions
consultatives.
Ils ne peuvent être affectés à la Section du Contentieux.

Ils sont choisis parmi les personnalités qualifiées dans les différents domaines de
l’activité nationale.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Ils bénéficient durant leur mandat d’une indemnité fixée par décret. Ils n’ont pas la
qualité de Magistrat.

Toutefois, ils sont soumis, durant leur mandat, aux mêmes obligations que les
Magistrats.

Les Conseillers Référendaire en service extraordinaire qui exercent une activité


professionnelle privée, ne peuvent, dans l’exercice de cette activité, mentionner ou
laisser mentionner leur qualité de membre du Conseil d’Etat.

II- Les Magistrats du Parquet Général


L’article 20 de la loi organique n°2020-883 du 21 octobre 2020 déterminant la composition
et le fonctionnement du Parquet Général près la Cour de Cassation et le Conseil
d’Etat énonce que les membres de l’ancien Parquet Général près la Cour suprême sont de
plein droit, membre du Parquet Général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat tel
que prévue par l’article 5 de la loi organique n°2020-968 du 17 décembre 2020
déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement du
Conseil d’Etat.
L’article 7 de la loi organique n°2020-883 du 21 octobre 2020 déterminant la composition
et le fonctionnement du Parquet Général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat
énonce que :
Le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat est composé de
Magistrats du Ministère Public. Il comprend :
- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;
- Des Premiers Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;
- Des Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ;
- Des Avocats généraux référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat.
Le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat est dirigé par le Procureur
général.
Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat est nommé par décret,
sur proposition du ministre de la Justice. Il est choisi parmi les Magistrats hors hiérarchie
du groupe A.
Il peut être également choisi parmi les personnalités reconnues pour leur compétence et
leur expertise avérées en matière juridique et administrative. En ce cas, il prête le serment
de magistrat, en audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du Conseil d'Etat, en
ces termes :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

« Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de me conduire en tout comme un


digne et loyal magistrat ».
Avant d'entrer en fonction, le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil
d'Etat est installé au cours d'une audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du
Conseil d'Etat.
Les Premiers Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des
Magistrats hors Hiérarchie du groupe A choisis parmi les avocats Généraux.
Ils sont nommés par décret, sur proposition du ministre de la Justice.
Les Avocats généraux près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des Magistrats
hors hiérarchie, Nommés par décret, sur proposition du ministre chargé de la Justice.
Ils sont désignés parmi :
- Les Magistrats hors hiérarchie ;
- Les Magistrats appartenant depuis deux ans au moins au premier groupe du premier
grade ;
- Les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent et
ayant au moins quinze (15) ans de pratique professionnelle en cette qualité. Ce Délai
est de deux (2) ans pour les professeurs agrégés ou titulaires des facultés de droit. Le
nombre d’Avocats généraux choisis parmi ces personnalités ne peut excéder le quart
de l’effectif des Avocats généraux.
Les Avocats généraux référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont des
Magistrats du Premier grade, nommés par décret, sur proposition du Ministre chargé de la
Justice.
Ils sont également choisis parmi les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un
diplôme équivalent et ayant au moins six ans de pratique professionnelle en cette qualité.
Le nombre d’Avocats généraux référendaires choisis parmi ces personnalités ne peut
excéder le quart de l’effectif des Avocats généraux référendaires.
Avant d’entrer en fonction, les Magistrats nommés pour la première fois dans les fonctions
judiciaires au Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etats prêtent
serment en audience solennelle mixte de la Cour de Cassation et du Conseil d’Etat en Ces
termes : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de me conduire en tout
comme un digne et loyal magistrat ».
Avant d’entrer en fonction les magistrats nouvellement affectés au Parquet général près la
Cour de Cassation et le Conseil d’Etat sont installés au cours d’une audience solennelle
mixte de la Cour de Cassation et au Conseil d’Etat.
L’audience solennelle mixte est composée :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Du Président de la Cour de Cassation ;


- De quatre Présidents de Chambre, dont deux de la Cour de Cassation et deux du
Conseil d’Etat ;
- De six Conseillers dont trois de la Cour de Cassation et trois du Conseil d’Etat.
- Elle est présidée par le Président de la Cour de Cassation. En cas d’empêchement, le
Président de la Cour de Cassation est suppléé par le Président du Conseil d’Etat.
- La Cour est assistée du Greffier en Chef ou d’un Greffier de la Cour de Cassation.
L’audience a lieu en présence du Procureur général Près la Cour de Cassation et le Conseil
d’Etat.

III- Le Secrétariat général


Le Conseil d’Etat est doté d’un Secrétariat général dirigé par un Secrétaire
Le Secrétaire général du Conseil d’Etat est nommé par décret pris en conseil des ministres,
parmi les Magistrats hors hiérarchie, sur proposition du Président du Conseil d’Etat.

IV- Les membres du Greffe


Les membres du Greffe sont :
- Le Greffier en Chef qui est nommé par décret, sur proposition du Ministre chargé de
la Justice. Il est choisi parmi les Administrateurs des Greffes et Parquets ayant au
moins cinq années d’ancienneté dans cette catégorie.
- Les Greffiers.

Paragraphe 2 : Organisation

L’article 36 de la loi organique précitée dispose que « Le Conseil d’Etat est structuré en
deux sections :
- La section du contentieux ;
- La section consultative.

I- La section du contentieux
La Section du Contentieux est juge de toutes les affaires qui relèvent des activités
juridictionnelles du Conseil d’Etat.
La Section du Contentieux, dans sa formation ordinaire comprend plusieurs Chambres.
Chaque Chambre comprend au moins trois Magistrats. Elle est présidée, par un Président
de Chambre, assisté d'au moins un Conseiller d'Etat et d'au moins un Conseiller
Référendaire.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

En cas d'absence ou d'empêchement du Président de Chambre. La Chambre est présidée


par le Conseiller d'Etat le plus ancien dans le grade le plus élevé.
Le Président de la Section du Contentieux peut en accord avec le Président du Conseil
d'Etat, présider chacune des chambres.

II- La section consultative


La Section Consultative comprend deux formations :
- La Formation Administrative ;
- La formation Economie et Finances.
La Section Consultative est composée d’un Président, de deux Présidents de Formation,
de Conseillers d'Etat, de Conseillers d’Etat en service extraordinaire, de Conseillers
Référendaires, de Conseillers Référendaires en service extraordinaire et d'Auditeurs
La Formation Administration est chargée de préparer l'avis du Conseil d’Etat sur toute
question relevant de la réglementation et du fonctionnement de l'administration publique,
La Formation Economie et Finances est chargée de préparer l’avis du Conseil d’Etat sur
toute question à caractère économique et financier.
Chaque Formation comprend un Président, des Conseillers d’Etat, des Conseillers d’Etat en
service extraordinaire, des Conseillers Référendaires, des Conseillers Référendaires en
service extraordinaire et des Auditeurs.
Le Président de la Section Consultative peut, en accord avec le Président du Conseil d’Etat
présider chacune des formations.
Le Président du Conseil d’Etat est chargé de l’administration et de la discipline du Conseil
d’Etat. A ce titre, il arrête le règlement intérieur du Conseil d’Etat après délibérations de
l’assemblée générale et au début de chaque année judiciaire, il répartit, par ordonnance,
les magistrats du siège entre les différentes chambres. Il assure, sur proposition du
Greffier en chef du Conseil d’Etat, la répartition des greffiers mis à la disposition du Conseil
d’Etat, entre les différentes chambres.

Section 2 : Attributions et fonctionnement

Paragraphe 1 : Attributions

Le Conseil d’Etat veille à l’application de la loi par les juridictions administratives et juge la
légalité des actes administratifs et la responsabilité des personnes publiques et services
publics. Il exerce, à cet effet, des attributions contentieuses et consultatives.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

I- Attributions contentieuses
Elles sont énumérées à l’article 13 de la loi organique. Il ressort de cet article que le
Conseil d’Etat statue souverainement :
- Sur les recours en cassation dirigés contre les décisions rendues soit en premier et
dernier ressort, soit en dernier ressort par les juridictions administratives de droit
commun ou par les juridictions administratives spécialisées ;

- En premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de pouvoir
formés contre les décisions administratives émanant des autorités administratives
centrales, ou des organismes ayant une compétence nationale ;

- En premier et dernier ressort sur les recours dirigés contre les actes administratifs
dont le champ d’application s’étend au-delà du ressort d’un seul tribunal
administratif ;

- Sur les recours en interprétation et en appréciation de la légalité des actes dont le


contentieux relève de sa compétence ;

- Sur le contentieux des élections des organes des collectivités territoriales et des
élections à caractère administratif.
Les tribunaux administratifs, juges de droit commun du contentieux administratif, en
premier ressort, sous réserve des compétences attribuées au Conseil d’Etat, les Cours
administratives d’Appel et les juridictions administratives spécialisées peuvent saisir le
Conseil d’Etat pour solliciter des avis contentieux lorsqu’il se présente une question de
droit nouvelle soulevant une difficulté sérieuse.

II- Attributions consultatives


Elles sont énumérées aux articles 15, 16, 17 et 18 de la loi organique. Il ressort de ces
articles que :
- Le Conseil d’Etat émet des avis sur tout projet de texte qui lui est soumis par le
Président de la République et les Membres du Gouvernement.
Il peut être consulté par le Premier Ministre ou les Ministres sur les difficultés en
matière administrative. (Art.15)

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Le Conseil d’Etat donne son avis sur les projets de textes pour lesquels son
intervention est prévue par les dispositions constitutionnelles, législatives ou
réglementaires.
Il propose en outre les modifications qu’il juge nécessaire. (Art.16)

- Le Conseil d’Etat peut, de sa propre initiative, faire des études sur des thèmes
d’intérêt public et faire des propositions aux pouvoirs publics sur les reformes d’ordre
législatif, réglementaire ou administratif qui lui paraissent indispensables ou
conformes à l’intérêt général. (Art.17)

- Les membres du Conseil d’Etat peuvent participer aux travaux des commissions ou
conseils à caractère administratif ou juridique institués auprès des administrations,
établissements ou entreprises publics et être chargés de toutes missions auprès des
mêmes administrations, établissements ou entreprises ainsi qu’auprès des
organisations internationales dont la Côte d’Ivoire fait partie, à condition que ces
activités soient compatibles avec leurs fonctions au sein du Conseil d’Etat et qu’ils
aient préalablement obtenu l’accord du Président du Conseil d’Etat. (Art.18)

Paragraphe 2 : Fonctionnement

Il porte sur la connaissance des réunions de la Cour et les pouvoirs des chefs de service.

I- Les réunions
Le Conseil d’Etat se réunit, en audience solennelle, en assemblée générale, en assemblée
plénière, en assemblée mixte et en audience ordinaire pour les affaires dont il est saisi.
 En Audience Solennelle, le Conseil d’Etat se réunit pour son audience de rentrée,
recevoir le serment des magistrats du Conseil d’Etat et procéder à l’installation de
ses membres.
L’audience solennelle du Conseil d’Etat est composée :
- du Président du Conseil d’Etat, Président ;
- des Présidents des Sections, membres ;
- d’au moins deux Présidents de Chambre, membres ;
- d’au moins deux Présidents de Formation, membres ;
- d’au moins deux Conseillers d’Etat, membres ;
- d’au moins deux Conseillers Référendaires, membres ;
- d’au moins deux Auditeurs, membres ;
Le Conseil d’Etat est assisté du Greffier en Chef ou d’un greffier du Conseil d’Etat.
L’audience a lieu en présence du Procureur général près le conseil d’Etat.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

 En Assemblée Générale, le Conseil d’Etat se réunit pour adopter ou modifier son


règlement intérieur, débattre de toutes questions intéressant l’organisation et la
discipline du Conseil d’Etat et émettre des avis sur les questions qui lui sont
soumises en application de l’article 15 de la loi organique précitée.
L’assemblée générale comprend l’ensemble des Magistrats du conseil d’Etat et des
Conseillers en service extraordinaire. Elle est présidée par le Président du Conseil
d’Etat. Elle ne délibère valablement qu’avec les deux tiers au moins des membres
qui la composent.

 En Assemblée Plénière, le Conseil d’Etat se réunit lorsqu’une affaire pose une


question de principe, notamment lorsqu’il existe des solutions divergentes soit
entre les juridictions administratives, soit entre les juridictions et le Conseil d’Etat,
et dans les autres cas prévus par la loi organique précitée.
L’assemblée plénière est Présidée par le Président du Conseil d’Etat. Elle est
composée outre le Président du Conseil d’Etat,
- Des Présidents de Section,
- Des Présidents de Chambre et de Formation,
- D’un Conseiller d’Etat ;
- D’un Conseiller Référendaire de chacune des chambres.
Elle siège en nombre impair.

 En Assemblée Mixte, le Conseil d’Etat se réunit pour statuer sur les questions de
droit dont il est saisi par l’une des Chambres ou par le Président du Conseil d’Etat.
Elle est présidée par le Président du Conseil d’Etat. Elle est composée :
- Des membres des Chambres ;
- Elle est valablement constituée avec la moitié au moins des membres des
Chambres ;
- En cas d’égalité des voix au moment de la délibération, celle du Président est
prépondérante.

 En Audience Ordinaire, le Conseil d’Etat se réunit pour juger des affaires dont il est
saisi. En audience ordinaire, le Conseil d’Etat comprend :
- Au moins trois Magistrats.
- L’audience est Présidée par un Président de Chambre
- Assisté d’au moins un Conseiller d’Etat ;
- Et d’au moins un Conseiller Référendaire.
En cas d’absence ou d’empêchement du Président de Chambre, la Chambre est présidée
par le Conseiller d’Etat le plus ancien. Le Président du Conseil d’Etat ou Président de la
Section du contentieux peut présider chacune des chambres.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

En audience ordinaire, la chambre siège et délibère en nombre impair.


Le Conseil d’Etat est assisté du Greffier en Chef et d’un Greffier du conseil d’Etat.

II- Les pouvoirs des Chefs de service

A- Le Président
Les pouvoirs du Président du Conseil d’Etat sont énumérés aux articles 32 à 34 de la loi
organique. Il ressort de ces articles que :
- Le Président du Conseil d’Etat exerce des fonctions administratives et
juridictionnelles.
Il peut présider chacune des Chambres et formations du Conseil d’Etat. Le
Président du Conseil d’Etat est suppléé en cas d’absence ou d’empêchement, par
le Président de la Section du Contentieux, et, le cas échéant par le Président de la
Section Consultative.

- Le Président du Conseil d’Etat est chargé de l’administration et de la discipline du


Conseil d’Etat. Il arrête le règlement intérieur du Conseil d’Etat après délibération
de l’assemblée générale.

- Au début de chaque année judiciaire, il repartit, par ordonnance, les Présidents de


chambre, les Conseillers d’Etat, les Conseillers Référendaires et les Auditeurs du
Conseil d’Etat entre les différentes chambres.
Il repartit également par ordonnance les Présidents de Formation, les Conseillers
d’Etat, les Conseillers d’Etat en service extraordinaire, les Conseillers
Référendaires, les Conseillers Référendaires en service extraordinaire et les
Auditeurs du Conseil d’Etat entre les différentes Formations.
Le Président du Conseil d’Etat, assure, sur proposition du Greffier en Chef du
Conseil d’Etat, la répartition des Greffiers entre les différentes chambres.
Une commission consultative chargée de faire des propositions au Conseil
Supérieur de la Magistrature, pour le recrutement, la nomination, l’avancement
et la promotion des Magistrats du Conseil d’Etat est placée auprès du Président
du Conseil d’Etat. Présidée par le Président du Conseil d’Etat, elle comprend les
deux Présidents de Section et les Présidents de Chambre et de Formation.

B- Le Procureur général
Les articles 15 à 17 et 19 de loi organique n°2020-883 du 21 octobre 2020 déterminant la
composition et le fonctionnement du Parquet Général près la Cour de Cassation et le
Conseil d’Etat précisent les pouvoirs du Procureur général :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat assure les


fonctions du Ministère public. Il assure l'administration et la discipline du Parquet
général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat.
Les premiers Avocats généraux, les Avocats généraux et les Avocats généraux
Référendaires près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat participent, sous la
direction du Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat, à
l'exercice des fonctions dévolues au ministère public.
Le Ministère public est soumis au principe de la subordination hiérarchique. Il est
indivisible. (Art.15)

- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat est suppléé, en


cas d'absence ou d'empêchement, par le Premier Avocat général près la Cour de
Cassation et le Conseil d'Etat le plus ancien dans le grade le plus élevé. (Art.16)

- Le Procureur général près la Cour de Cassation et le Conseil d'Etat requiert, en


toutes matières, l'application de la loi devant la Cour de Cassation et le Conseil
d'Etat.
Il veille à la bonne application des lois et règlements par la Cour de Cassation et
par le Conseil d'Etat.
II exerce les fonctions du Ministère public par voie de réquisitions ou de
conclusions écrites.
Toutefois, il peut faire des observations orales complémentaires devant les
différentes formations juridictionnelles de la Cour de Cassation et du Conseil
d'Etat. (Art.17)

- Outres ces pouvoirs, le Parquet général près la Cour de Cassation et le Conseil


d'Etat exerce les fonctions d’ordonnateur délégué dans les conditions
déterminées par le règlement de la comptabilité publique. (Art.19, al.3)

C- Le Secrétaire général
Le Secrétaire général assure, sous l’autorité du Président, le fonctionnement des services
administratifs du Conseil du Conseil de l’Etat.
Le Secrétaire général peut recevoir du Président délégation de signature en matière de
gestion du personnel.
Il assiste le Président dans la coordination, des travaux et organisation des audiences de la
cour.
Il est chargé notamment de :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- La tenue du fichier général des sommaires des arrêts rendus par le Conseil d’Etat ;
- La publication des arrêts du Conseil d’Etat ;
- La Préparation, de l’étude et de l’établissement de tous les actes relatifs à la gestion
des Magistrats et autres personnels nommés au Conseil de l’Etat ;
- La répartition des Greffiers dans les différents services du siège du Conseil de l’Etat ;
- Direction du service de documentation et d’étude du Conseil de l’Etat ;
- La réception des copies des décisions du Conseil de l’Etat.

D- Le Greffier en Chef
Il est placé sous l’autorité du Secrétaire général. Il propose au Secrétaire général du
Conseil d’Etat, la répartition des Greffiers dans les différents services. Il prépare les
audiences du Conseil d’Etat. Il veille à l’archivage, à la délivrance des expéditions,
certificats et extraits des décisions rendues, assure la réception des consignations et le
recouvrement des frais.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

SOUS-PARTIE II : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION


Une juridiction spécialisée est une juridiction qui a une compétence déterminée
spécialement par une loi pour connaitre d’un type particulier d’affaire. C’est aussi une
juridiction expressément restreinte à une catégorie d’affaires. La restriction pouvant avoir
pour cause la nature de l’affaire, la qualité de la personne poursuivie etc. Quant à la
juridiction d’exception la notion est un peu plus complexe, elle s’assimile à une juridiction
spécialisée car elle se réunit exceptionnellement (juridiction non permanente) ou la
procédure en son sein, son fonctionnement et les règles qui la régissent sont dérogatoires
de celle de droit commun. On en trouve tant au premier degré de juridiction, au second et
au niveau supérieur.

Titre I : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION DU 1er DEGRE


Elles concernent tant la matière pénale que la matière civile et commerciale.

CHAPITRE 1 : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION EN MATIERE PENALE


(REPRESSIVE)

Elles comprennent :
- Le Pôle Pénal Economique et Financier ;
- Le Juge des Enfants ;
- Le Tribunal pour Enfants ;
- Le Tribunal criminel ;
- Le Tribunal criminel pour mineurs ;
- Les juridictions militaires ;

Section 1 : Le Pôle Pénal Economique et Financier


Il est créé un pôle pénal économique et financier dont la compétence, la composition,
l’organisation et le fonctionnement sont déterminés par la loi n°2022-193 du 11 mars 2022
portant création, compétence, organisation et le fonctionnement du pôle pénal économique
et financier.
Le pôle pénal économique et financier est une juridiction pénale de premier degré,
spécialisée en matière de délinquance économique et financière, et chargée de la
poursuite, de l’instruction et du jugement des infractions relevant de sa compétence.

Paragraphe 1 : Composition

Le pôle pénal économique et financier est comprend des juges du siège :


- d’un (01) président ;
- d’un (01) ou plusieurs vice-présidents ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- d’un ou plusieurs juges d’instruction ;


- des juges.
Il est institué un parquet près le pole pénal économique et financier qui comprend :
- un (01) Procureur de la République ;
- un (01) ou plusieurs Procureurs de la République adjoints ;
- un (01) ou plusieurs substituts.

Le pôle pénal économique et financier est comprend un greffe composé :


- d’un greffier en chef ;
- de greffiers.

 Il est institué auprès du pôle pénal économique et financier, des unités spécialisées
de police et de gendarmerie. Les officiers de police judiciaire appartenant aux
unités spécialisées apportent leur concours à la bonne exécution des missions du
pôle pénal économique et financier à partir des enquêtes réalisées.

Paragraphe 2 : Compétence

I- Compétence d'attribution
Le pôle pénal économique et financier connait des infractions économiques et financières
qui sont d'une gravité et d'une complexité particulières, ainsi que des infractions
connexes.
Constituent une infraction économique et financière au sens de la loi susmentionnée :
- le blanchiment de capitaux ;
- le financement du terrorisme ;
- la corruption et les infractions assimilées ;
- les infractions douanières, fiscales et en matière de change ;
- les infractions en matière de marchés financiers, de banques et d’institutions
financières ;
- les infractions en matière de financement des partis politiques, des associations et
des élections ;
- les infractions en matière d’activités commerciales et économiques ;
- les infractions en matière de métaux précieux ;
- le financement et la prolifération des armes à destruction massive ;
- les infractions économiques et financières commises par le biais de système
d’information et de communication ;

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- La criminalité environnementale.
L’infraction économique et financière est d’une gravité et complexité particulières
lorsqu’elle présente l’un des caractères ci-après :
- la pluralité des auteurs, complices ou victimes ;
- la commission de l’infraction dans le ressort géographique de plus d’un tribunal ;
- le caractère transnational de l’infraction ;
- le flux financier excédant la somme de cent millions de francs ;
- la gravité des conséquences de l’infraction ou l’importance des dommages qui en
résultent.

II- Compétence territoriale


Le pôle pénal économique et financier exerce sa compétence sur l'ensemble du territoire
national.

Section 2 : Le Juge des Enfants


Il existe au siège de chaque Tribunal de 1ère Instance, un ou plusieurs Juges des Enfants.
Le Juge des Enfants est un Juge d’instruction. Cette fonction peut être cumulée avec
d’autres fonctions judiciaires.

Paragraphe 1 : Le Juge des Enfants, Juge d’instruction

En qualité de Juge d’instruction, le Juge des Enfants effectue toutes diligences et


investigations utiles pour parvenir à la manifestation de la vérité et à la connaissance de la
personnalité du mineur ainsi que des moyens appropriés à sa rééducation.
Juge d’Instruction, le Juge des Enfants décide par ordonnances. Lesquelles peuvent être
déférées à la Chambre d’instruction par voie d’appel.
Au terme de l’enquête le Juge des Enfants peut décider :
- De renvoyer le mineur devant le Tribunal pour Enfants ;
- De renvoyer, en cas de crime, le mineur de seize (16) ans devant le Tribunal pour
Enfants ;
- De saisir la Chambre d’instruction des dossiers des mineurs de plus de 16 ans
poursuivis pour crime ;
- Par jugement rendu en Chambre du Conseil, soit, relaxer le mineur, soit l’admonester,
soit le remettre à ses parents, à un tuteur etc.

Paragraphe 2 : Les autres fonctions du Juge des Enfants

Outre les fonctions de Juge d’Instruction, le Juge des Enfants :

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- Préside le Tribunal pour Enfants ;


- Assure les fonctions, de Juge des tutelles.

Section 3 : Le Tribunal pour Enfants


Sa compétence, sa composition et le mode de jugement

Paragraphe 1 : La compétence du Tribunal

Le Tribunal pour Enfants est compétent en matière de crimes commis par les mineurs, de
seize (16) ans. II est aussi compétent en matière de délits commis par les mineurs.

Paragraphe 2 : La composition du Tribunal

Elle est prévue aux articles 821 du code de procédure pénale qui énonce que le Tribunal
pour Enfants est composé :
- Du Juge des Enfants, Président :
- De deux Assesseurs non Magistrats ;
- Le Procureur de la République ou un de ses Substituts ;
- Le Greffier en Chef ou un Greffier du Tribunal.

Paragraphe 3 : le mode de jugement


- Les affaires sont jugées séparément ;
- Il peut être ordonné le retrait du mineur par le Président ;
- La publicité du compte rendu des débats (notes d’audience) est strictement
interdite ;
- Le jugement est rendu en audience publique, en présence du mineur ;
- Le jugement peut être publié mais sans l’identité du mineur.

Section 4 : Le Tribunal Criminel


La compétence, la composition, les sessions du Tribunal.

Paragraphe 1 : La compétence

Le Tribunal Criminel est compétent pour connaître du jugement des affaires criminelles
dont il est saisi par la Chambre d’instruction.

Paragraphe 2 : La composition du Tribunal

- Le Président du Tribunal ;

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- Quatre (04) assesseurs (le Président peut décider d’ajouter un ou deux assesseurs
supplémentaires qui assistent à l’audience sans participer aux délibérations). Les
assesseurs sont choisis parmi des Juges du Tribunal et, en cas d’insuffisance, parmi les
Juges des Tribunaux du ressort de la Cour d’Appel dont relève le Tribunal Criminel
Les fonctions du Ministère public sont exercées par le Procureur de la République ou ses
substituts.
Les fonctions du Greffe sont exercées par le Greffier en Chef ou un Greffier du Tribunal.

Paragraphe 3 : Les sessions du Tribunal

Elles sont tenues au siège de chaque Tribunal de Première Instance tous les trois (03) mois.
La date de leur ouverture est fixée par le Président du Tribunal, après avis du Procureur de
la République.
Le Président de la session, les Assesseurs et le Greffier sont désignés par Le Président du
Tribunal au début de chaque année judiciaire.

Section 5 : Le Tribunal criminel pour mineurs


La compétence, la composition et les sessions du Tribunal.

Paragraphe 1 : La compétence

Le Tribunal est compétent pour connaitre du jugement en premier, ressort, des affaires
criminelles concernant les mineurs âgés de seize (16) ans au moins.

Paragraphe 2 : La composition du Tribunal

Il est composé :
- D’un Président ;
- De deux membres Magistrats (choisis parmi les Juges du Tribunal de Première
Instance) ;
- De deux Assesseurs non Magistrats.
Les fonctions du Ministère public sont exercées par les membres de la section du Parquet
désignés pour le traitement des affaires des mineurs)
Les fonctions du Greffe sont exercées par un Greffier du Tribunal de Première Instance.

Paragraphe 3 : Les sessions du Tribunal

Le Tribunal se réunit pendant les sessions du Tribunal criminel

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Section 6 : Les juridictions militaires


On en distingue deux types de juridictions militaires :
- Les Tribunaux ;
- Et les Prévôtaux.

Paragraphe 1 : Le Tribunal militaire

La compétence, l’organisation, la composition et le fonctionnement.

I- La Compétence
Le Tribunal est saisi :
- Des infractions militaires prévues aux articles 501 à 563 du code Pénal ;
- Des crimes et délits non justifiés par les lois, et les coutumes de la guerre :
- Des faits d’insoumission ;
- Des infractions contre la sûreté de l’État
- Des infractions commises soit dans le service ou à l’occasion du service, soit en
service de maintien d’ordre, soit à l’intérieur d’un établissement militaire.

II- L’organisation
Il existe deux catégories de Tribunaux. Celle des «Tribunaux Simples» et celle des
«Tribunaux Centraux.»

A- L’organisation des Tribunaux simples


Les Tribunaux «Tribunaux Simples» sont établis sur le Territoire des «Tribunaux Centraux.»
Ils comprennent :
- Une Chambre de jugement ;
- Un Juge d’Instructions ;
- Un Parquet militaire.

B- L’organisation des Tribunaux Centraux


Ils ont la même organisation que les Tribunaux pilotes, à la seule différence qu’ils
comptent une chambre supplémentaire : la Chambre de contrôle de l’instruction.
Ladite chambre est chargée du contrôle de l’activité des Juges d’Instructions des Tribunaux
simple du ressort du Tribunal central. Elle juge des recours d’appel formés contre les
ordonnances desdits Juges.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

III- La composition

A- La Chambre de jugement
Elle est composée :
- D'un Magistrat de l'ordre judiciaire, Président de la chambre ;
- De quatre (4) juges, membres.
La qualité des Juges membres varie selon le grade du militaire poursuivi.
Le tableau ci-après rend compte des différentes formations de jugement.

PREVENU
PRESIDENT JUGES CIVILS JUGES MILITAIRES
(personne poursuivie)
- Un (01) Officier
Supérieur ;
Un Conseiller à la Cour
HOMME DE TROUPE Néant - Deux (02) Officiers
d’Appel
Subalternes ;
- Un (01) Sous-officier.
- Un (01) Officier
Supérieur ;
- Deux (02) Officiers
Un Conseiller à la Cour
SOUS-OFFICIER Néant Subalternes ;
d’Appel
- Un (01) Sous-officier du
même grade que le
prévenu.
- Deux (02) Officiers
Supérieurs ;
Un Conseiller à la Cour - Deux (02) Officiers
OFFICIER SUBALTERNE Néant
d’Appel Subalternes dont un (01)
au moins du même grade
que le prévenu.
Quatre (04) Officiers
Un Président de supérieurs ou généraux
OFFICIER SUPERIEUR Chambre de la Cour Néant dont un (01) au moins du
d’Appel même grade que le
prévenu.
Deux Conseillers à la
Un magistrat hors Cour d’Appel ou Deux (02) Officiers
OFFICIER GÉNÉRAUX
hiérarchie Président de généraux
Chambre.

B- Le Juge d’Instruction
Il diligente les enquêtes. L’activité du cabinet est assurée par un service commun de justice
militaire comprenant :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- des magistrats militaires ;


- des greffiers (officiers et sous-officiers) ;
- des Huissiers-Appariteurs (des Sous-officiers).

C- La Chambre de contrôle de l’instruction


Elle comprend :
- Deux Magistrats de l'ordre judiciaire (l'un, officiant en qualité de Président de la
chambre et l'autre en qualité d'Assesseur) ;
- Un Juge militaire ayant grade ou rang d'Officier Supérieur ;
- Le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal considéré ;
- Un Greffier, désigné par le Commissaire du Gouvernement.

D- Le Parquet militaire
Il est dirigé par un Commissaire du Gouvernement (Magistrat militaire)

E- Le Greffe
Il est composé :
- D’un Greffier en chef (militaire) ;
- De Greffiers (militaires) ;
- D’un personnel administratif.

F- Le fonctionnement
L’article 38 du code de procédure militaire, prescrit que les dispositions du code de
procédure pénale, en matière de poursuite, d’information et de jugement devant les
Tribunaux de droit commun s’appliquent de plein droit, sauf dispositions contraire, devant
les Tribunaux militaires.
Toutefois, s’agissant des poursuites, la décision de mise en mouvement de l’action publique
par le Commissaire du Gouvernement est conditionnée par l’autorisation de l’Autorité
investie du pouvoir judiciaire.
Ladite Autorité comprend :
- Le Ministre de la sécurité intérieur ;
- Et le Ministre de la défense.

Paragraphe 2 : Les prévôtaux

Présentation, compétence matérielle, composition, fonctionnement.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

I- La présentation
Les prévôtaux sont des organes de décision qui exercent :
- Sur l’étendue du territoire de la République en temps de guerre ;
- Hors du territoire de la République, aux endroits où stationnent les grandes unités
des Forces Armées ivoiriennes.

II- La compétence matérielle


Ils sont compétents :
- En matière contraventionnelle ;
- Pour connaître des infractions aux règlements relatifs à la discipline commise par les
justiciables non militaires et par les prisonniers de guerre qui ne sont pas officiers.

III- La composition
Les prévôtaux sont composés de Prévôts qui sont des Gendarmes.

IV- Le fonctionnement
Les prévôts sont saisis par l'Autorité investie du pouvoir judiciaire. Ils peuvent également
procéder d'office dans les conditions fixées par cette Autorité.
Le prévôt juge seul publiquement, assisté d'un militaire assermenté de la Gendarmerie qui
remplit les fonctions de Greffier.
- Les jugements des juridictions prévôtales ne sont pas susceptibles de voie de recours
- Les minutes (originaux) des jugements rendus par les prévôtaux sont conservées au
Greffe du tribunal militaire dans le ressort duquel le Tribunal Prévôtal a siégé.

CHAPITRE 2 : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION EN MATIERE CIVILE

Elles sont deux :


- Le Juge des Tutelles ;
- Le Tribunal du Travail.

Section 1 : Le juge des tutelles.


Cette attribution est exercée par le Juge des Enfants. La tutelle est un mécanisme de
protection autant personnelle que patrimoniale de certains mineurs.
Le mineur, selon l’article premier de la loi sur la minorité se définit comme un individu de
l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas encore atteint l’âge de 18 ans accompli.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

La tutelle connaît des cas d’ouverture. Le tuteur est désigné par un Conseil de famille. Il
exerce sous l’Autorité du Juge des tutelles.

Paragraphe 1 : Les cas d’ouverture de la Tutelle.

La tutelle s’ouvre pour les mineurs dont :


- Le père et la mère sont décédés ;
- Le père et la mère sont déchus des droits de l’autorité parentale ;
- Le parent survivant est déchu de l’autorité parentale ;
- Les deux parents ont été condamnés pour abandon de famille.
Elle s’ouvre, en outre, pour les mineurs nés hors mariage, dont les actes de naissance ne
comportent pas les noms des mères et qui n’ont pas été légalement et volontairement
reconnus par leur père, ni leur mère.

Paragraphe 2 : Le Tuteur

Le tuteur est une personne présentant des garanties sociales et morales irréprochables. Il
a pour attributions de représenter le mineur. Sous le contrôle du Juge des Tutelles et du
Conseil de famille, il exécute les actes d’administration nécessaires à la gestion des intérêts
civils et patrimoniaux du mineur. Il est susceptible de sanctions de la part du Juge. Le
tuteur est désigné par le Conseil de famille.

Paragraphe 3 : Le Conseil de famille.

I- La composition
Le Conseil de famille est composé de 4 à 6 membres équitablement choisis dans les deux
familles du mineur (famille paternelle et famille maternelle).

II- Le mode de mise en place


Le Conseil est mis en place à la demande des parents ou alliés, père et mère, des
créanciers ou du Ministère public.

III- Le mode de délibération


II ne délibère qu’en présence de la moitié de ses membres ou de leurs représentants.
N.B : Le Juge des Tutelles et le Greffier ne sont pas membres du Conseil.

Paragraphe 4 : Les pouvoirs du Juge des Tutelles.


Le Juge des Tutelles :

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Choisit les membres, du Conseil de famille et procède, en cas de nécessité, à leur


remplacement ;
- Préside le conseil avec voix délibérante et prépondérante en cas de partage ;
- Exerce une surveillance générale sur les administrations légales et sur les tutelles de
son ressort ;
- Convoque en cas de nécessité, les membres du conseil, le tuteur.
- Leur demande des explications, leur fait des observations et des injonctions dont
l’inobservation les expose à des sanctions pénales de 1.000 à 10.000 francs d’amende
et d’au plus 10 jours de peine privative de liberté (emprisonnement).

Section 2 : Le Tribunal du Travail

Paragraphe 1 : La compétence d’attribution

II représente la Chambre Sociale du Tribunal. Laquelle est compétente pour le règlement


des conflits qui naissent de l’exécution des contrats de travail entre les employeurs et les
employés. Lesdits conflits peuvent être individuels comme collectifs.

Paragraphe 2 : Le mode de saisine

Le requérant adresse sa requête à l’inspecteur du travail et des lois sociales. Celui-ci tente
une conciliation à l’issue de laquelle, si les parties s’accordent, la procédure prend fin et il
est exécuté les clauses de la conciliation traduites dans un Procès-verbal dit de
conciliation. Si, au contraire les parties n’arrivent pas, à s’accorder, l’inspection, calcule les
droits subséquents à la demande et transmet la procédure au Tribunal du Travail.
Le Tribunal procède à l’enrôlement de l’affaire (fixation de la 1re date d’audience) en
Chambre du Conseil pour une nouvelle conciliation. Au terme de cette audience, si la
conciliation n’a pas été possible entre les parties, l’affaire est renvoyée à l’audience
publique du Tribunal. Si par contre il a été possible de concilier les parties, la procédure
s’arrête et les parties exécutent les clauses de la conciliation mentionnées dans le procès-
verbal constatant la conciliation.

Paragraphe 3 : La composition du Tribunal


Il est composé :
- D’un Président ;
- De deux (02) Assesseurs dont un représentant des employeurs et un représentant
des employés ;
- D’un Greffier.

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CHAPITRE 3 : Le Tribunal de Commerce

Les attributions, mode de saisine, l’organisation, la composition et le fonctionnement du


Tribunal.

Section 1 : Les attributions du Tribunal de Commerce


Le Tribunal est compétent pour connaître :
- Des procédures collectives d’apurement du passif ;
- Des contestations relatives aux engagements et transactions entre les commerçants
au sens de l’acte uniforme ;
- Des contestations entre associés d’une société commerciale ou d’un jugement
d’intérêt économique ;
- Des contestations entre toutes personnes, relatives aux actes de commerce au sens
de l’acte uniforme ;
- Des contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les commerçants à
l’occasion de leur commerce et de l’ensemble de leurs contestations commerciales
comportant, même un objet civil.

Section 2 : Le mode de saisine du Tribunal de Commerce


Les articles 5 et suivants de la loi n°2016-1110 prévoient une tentative de règlement
amiable obligatoire préalable à la saisine du Tribunal.
Au terme de ladite action :
- En cas de conciliation
Le procès-verbal qui constate la conciliation est homologué par le Président du
Tribunal. Un de ses extraits, revêtu de la formule exécutoire est signé par le Greffier
en Chef et délivré à la partie diligente pour l’exécution des clauses de la conciliation.
Le procès-verbal est conservé au rang de minute du Greffe.
L’affaire, prend fin à ce niveau.

- En cas de non conciliation


Le Tribunal est saisi au vue du procès-verbal de non conciliation.

Section 3 : L'organisation du Tribunal de Commerce


Le Tribunal de Commerce comprend :
- Un siège ;
- Un Greffe ;

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- Le Ministère Public y est représenté par les Magistrats du parquet près le Tribunal de
Première Instance du siège du Tribunal de Commerce.

Section 4 : La composition du Tribunal de Commerce

Paragraphe 1 : Le Siège du Tribunal de Commerce

Il est composé de deux catégories de Magistrats : les Magistrats professionnels et les Juges
consulaires.

I- Les Magistrats professionnels


Ils comprennent :
- Le Président du Tribunal ;
- Les Vice-présidents ;
- Des Juges de l’ordre judiciaire.

II- Les Juges consulaires


Ce sont des ivoiriens ou ivoiriennes justifiant d'une expérience professionnelle d'au moins
cinq ans de gestion d'une société commerciale proposés par la Chambre du Commerce et
nommés par arrêté du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.
L'article 39 de la loi n°2016-1110, prescrit la cessation de leur service soit :
- par démission ;
- par expiration de leur mandat ;
- par empêchement absolu ;
- par déchéance ;
- par décès.

Paragraphe 2 : Le Parquet

Se référer à la Composition du Ministère public près les Tribunaux de Première Instance.

Paragraphe 3 : Le Greffe

Se référer à la composition du Greffe des Tribunaux de Première instance.

Section 5 : Le fonctionnement du Tribunal de Commerce


Il concerne les réunions du Tribunal, les pouvoirs et obligations du Président puis, les
attributions et la composition du Conseil de Surveillance.

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Paragraphe 1 : Les réunions du Tribunal, les pouvoirs et obligations du Président

I- Les réunions du Tribunal


Le Tribunal se réunit :
- en assemblée générale
- en audience solennelle
- en audience ordinaire
- en chambre du Conseil

A- L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les membres du Tribunal. Elle est présidée par le Président du Tribunal
et en cas d’empêchement, par le Vice-président le plus ancien. L’Assemblée :
- Délibère sur le règlement intérieur et les dates des audiences de vacation ;
- Fixe le nombre, la durée, les jours et heures des audiences ordinaires ;
Le Ministère public y prend des réquisitions mais ne participe pas aux délibérations et
votes.

B- L'Audience Solennelle
Elle regroupe tous les Juges et Juges consulaires. Elle est présidée par le Président du
Tribunal.
Elle :
- reçoit le serment des juges consulaires,
- statue sur la rentrée du tribunal ;
- procède à l’installation des nouveaux Juges et Juges consulaires.

C- Les Audiences Ordinaires


Elles statuent sur les affaires relevant de la compétence du Tribunal. Les jugements Sont
rendus en nombre impair de trois Juges au moins et assisté d'un Greffier, sans que le
nombre de Juges professionnels soit supérieur à celui des Juges consulaires.
La formation de jugement comprend alors :
- un juge professionnel, président ;
- deux juges consulaires, assesseurs ;
- un greffier
Le Tribunal siège obligatoirement en présence du Ministère public en matière de
procédures collectives d'apurement du passif.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Il statue :
- En premier ressort sur le demandes dont l’intérêt du litige est supérieur à 25 millions
de francs CFA ou n'est pas déterminé ;
- En premier et dernier ressort lorsque l’intérêt du litige n'excède pas 25 Millions de
francs CFA.

D- La Chambre du Conseil
L'article 20 de la loi 2016-1110 énonce que le Tribunal de Commerce statue en Chambre
du Conseil là où la loi le prévoit.

II- Les pouvoirs du Président


Le Président est Chef et Organisateur du Tribunal.
En tant que Chef
Le Président :
- Représente le Tribunal ;
- Convoque les membres du Tribunal pour les cérémonies publiques
En tant qu'organisateur
Le Président :
- Etablit le roulement des Juges professionnels et des Juges consulaires ;
- Distribue les affaires et surveille le rôle général ;
- Pourvoit au remplacement, à l'audience, des Juges professionnels et Juges
consulaires empêchés ;
- Convoque le Tribunal pour les Assemblées générales ;
- Surveille la discipline du Tribunal ;
- Règlemente le service intérieur du Tribunal ;
- Préside la Chambre des procédures collectives d'apurement du passif et, si
nécessaire, préside toutes les chambres.

III- Les obligations du Président


Le Président adresse un compte rendu mensuel de l'activité du tribunal :
- Au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ;
- Au Conseil de Surveillance.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Paragraphe 2 : Le Conseil de Surveillance

Il est prévu à l’article 53 de la loi n°2016-1110 qui définit ses attributions et sa composition.

I- Les attributions du Conseil de Surveillance


Le Conseil assure le suivi, et l’évaluation du fonctionnement du Tribunal.
A ce titre :
- Il rend compte au Président de la République, à travers un rapport annuel, du
dysfonctionnement des juridictions et les mesures visant à améliorer le service ;
- Il assure aussi la discipline des Juges consulaires ;
- Il Constitue le Conseil de discipline des Juges consulaires et prononce à leur égard les
sanctions suivantes :

 L'avertissement,
 Le blâme ;
 La déchéance.
Ces décisions sont susceptibles de recours devant le Conseil d'Etat (ex Chambre
administrative de la Cour Suprême)
S’agissant des manquements des Magistrats professionnels et des Greffiers, le Conseil
saisit le Conseil Supérieur de la Magistrature ou le Conseil de discipline des Greffiers.

II- La composition du Conseil de Surveillance


Le Conseil est composé :
- D’un Président de Chambre à la Cour de Cassation (ex Chambre judiciaire de la Cour
Suprême), Président du Conseil ;
- De l’Inspecteur Général des Services judiciaires et pénitentiaires ou de son
représentant, Vice-président du Conseil ;
- D’un Avocat désigné par le barreau, membre du Conseil ;
- D’un Administrateur des Greffes et Parquets, membre ;
- De deux représentants des Chambres consulaires et autres associations d’opérateurs
économiques.
Tous nommés par arrêté du Ministre en charge de la Justice.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Titre 2 : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION DU SECOND DEGRE


Elles comprennent des juridictions pénales et la Cour d’Appel de Commerce.

CHAPITRE 1 : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION PENALES

Ce sont :
- La Chambre criminelle ;
- La Chambre criminelle spéciale :
- L’Audience spéciale

Section 1 : La Chambre Criminelle


Chaque Cour d’Appel comprend une Chambre Criminelle.

Paragraphe 1 : La compétence de la Chambre

Elle est saisie, en appel de l’examen des jugements rendus par le Tribunal Criminel.

Paragraphe 2 : La composition de la Chambre

La Chambre comprend :
- Un Président (le Premier Président ou un Président de Chambre à la Cour d’Appel ;
- Deux Conseillers (choisis par le Premier Président parmi les Conseillers de la Cour
d’Appel)
Les fonctions du Ministère public sont exercées par le Procureur Général ou ses Substituts ;
Les fonctions du Greffe sont exercées par le Greffier en chef ou un Greffier de la Cour
d’Appel.

Section 2 : La Chambre Criminelle Spéciale


Chaque Cour d'Appel comprend une Chambre Criminelle Spéciale.

Paragraphe 1 : La compétence de la Chambre

Elle connait, en appel, de l'examen des jugements rendus par le Tribunal criminel pour
mineurs.

Paragraphe 2 : La composition de la Chambre

Elle est composée :


- D'un Président (le Premier Président ou un Président de Chambre à la Cour d'Appel)

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- De deux Conseillers (désignés par le Premier Président, parmi les membres de la Cour
d'Appel)
Le Ministère public est représenté par le Procureur Général ou ses Substituts.
Le Greffe y est représenté par le Greffier en Chef ou un Greffier par lui désigné.

Section 3 : L'audience spéciale


Son approche porte sur sa compétence, sa composition et les attributions de son
Président.

Paragraphe 1 : La compétence de l'audience

Elle connait en appel, de l'examen des jugements rendus par le Juge des Enfants ou le
Tribunal pour Enfants.

Paragraphe 2 : La composition de la Chambre

Elle est présidée par un Magistrat de la Cour d'Appel désigné par le Premier président.
Celui-ci est, en cas d'empêchement remplacé par un autre Magistrat désigné par le
Premier président.
Le Ministère public y est représenté par le Procureur Général ou ses Substituts.
Le Greffe y est représenté par le Greffier en chef ou un Greffier désigné par lui.

Paragraphe 3 : Les attributions du Président de l’audience spéciale

Le Président de la Chambre :
- Exerce les fonctions de rapporteur ;
- Siège comme membre de la Chambre d’instruction lorsque celle-ci est saisie d’une
affaire dans laquelle est impliqué un mineur ;
- Dispose, en cas d’appel, des pouvoirs du Juge des Enfants.
Les fonctions du Président peuvent être cumulées avec d’autres fonctions judiciaires.

CHAPITRE 2 : La Cour d'Appel de Commerce

Les Cours d'Appel de Commerce sont créées par la loi nº 2016-1110 du 08 décembre 2016.
Pour l’instant, seule la Cour d'Abidjan fonctionne. La loi portant leur création prévoit leur
mode de saisine, leur organisation, leur composition et leur fonctionnement.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Section 1 : Le mode de saisine de la Cour


La Cour est saisie des recours d'appel exercé contre les décisions rendues en premier
ressort par les Tribunaux de commerce de son ressort territorial.

Section 2 : L'organisation de la Cour


La Cour Comprend :
- Un Siège ;
- Un Greffe ;
- Les fonctions du Ministère public près la Gour d'Appel de Commerce sont exercées
par le Parquet Général près la Cour d'Appel dans le ressort duquel se trouve le
Tribunal de Commerce dont la décision est querellée.
La présence, à l'audience, du Ministère public est facultative

Section 3 : La composition de la Cour

Paragraphe 1 : Le Siège de la Cour

Il est composé :
- Du Premier Président de la Cour ;
- De Présidents de Chambre ;
- De Conseillers ;
- De conseillers consulaires.

Paragraphe 2 : Le Greffe de la Cour

Il est composé
- D'un Greffier en Chef ;
- De Greffiers ;
- D'un Personnel Administratif.

Section 4 : Le fonctionnement de la Cour


Il concerne les réunions de la Cour, les pouvoirs et obligations du Premier Présider et le
contrôle de l'activité de la Cour.

Paragraphe 1 : Les réunions de la Cour, les pouvoirs et obligations du Président

I- Les réunions de la Cour


Elles sont prévues par l'article 26 de la loi 2016-1110 qui énonce que la Cour se réunit :

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- En Audience Solennelle ;
- En Assemblée Générale ;
- En Audience Ordinaire ;
- En Chambre du Conseil.

A- L'Audience Solennelle
La réunion comprend au moins sept (07) Magistrats y compris le Premier Président.
L'audience :
- Statue sur les prises à partie ;
- Reçoit le serment des conseillers consulaires ;
- Statue sur la rentrée de la Cour ;
- Procède à l’installation des membres de la Cour.

B- L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les membres de la Cour. Les décisions y sont prises par la majorité des
Juges de la Cour. L'assemblée :
- Établit et modifie le règlement intérieur de la Cour ;
- Fixe les audiences de vacation et les audiences spéciales.
N.B : Quoique participant à la réunion, le Ministère public ne prend pas part aux
délibérations de l'assemblée.

C- L'Audience Ordinaire
Elle statue sur les appels interjetés contre les jugements rendus par les Tribunaux de
Commerce du ressort de la Cour.
Les arrêts de la Cour sont rendus par une formation de jugement siégeant en nombre
impair d'au moins trois Juges, assisté d'un Greffier.
La formation comprend :
- Le Premier Président ou un Président de Chambre, Président ;
- Un Conseiller, Assesseur ;
- Trois Conseillers Consulaires, Assesseurs ;
- Un Greffier.
N.B : Le nombre de Juges ne doit pas être supérieur à celui des Conseillers consulaires.

D- La Chambre du Conseil
Elle se réunit pour statuer sur les appels interjetés contre les décisions rendues en
chambre du conseil par les Tribunaux de Commerce du ressort de la Cour.
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II- Les pouvoirs du Président et obligations du président de la Cour

A- Les pouvoirs du Président


Le Premier Président est Chef et organisateur de la Cour.

1- Les pouvoirs de Chef de la Cour


En tant que Chef :
- Il représente la Cour ;
- Il convoque les membres de la Cour pour les cérémonies publiques.

2- Les pouvoirs d'organisateur de la Cour


En tant qu'organisateur, le Premier Président
- Etablit le roulement des Conseillers et des Conseillers Consulaires :
- Distribue les affaires et Surveille le rôle général :
- Pourvoit au remplacement, à l'audience, du Président de Chambre, du Conseiller et
du Conseiller Consulaires empêchés ;
- Convoque le Tribunal pour les Assemblées Générales ;
- Veille à la discipline au sein de la Cour ;
- Organise et règlemente le service intérieur de la Cour ;
- Préside les audiences solennelles, les Assemblées Générales ;
- Préside la Chambre des procédures collectives d’apurement du Passif et, si
nécessaire, préside les autres chambres.

B- Les obligations du Premier Président


Il a une obligation mensuelle de compte rendu au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice
et au Conseil de Surveillance du fonctionnement de la Cour.

Paragraphe 2 : Le contrôle de l’activité de la Cour

II est assuré par le Conseil de Surveillance. Cet organe est prévu à l’article 53 de la loi 2016-
1110 qui définit sa composition et ses attributions.

I- La composition du Conseil de Surveillance


Le Conseil est composé :
- D’un Président de Chambre à la Cour de Cassation (Ex Chambre Judiciaire), Président
du Conseil ;
- De l’Inspecteur Général des Services Judiciaires et Pénitentiaires ou de son
Représentant, Vice-président du Conseil ;
- D’un Avocat désigné par le barreau, membre du Conseil ;

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- D’un Administrateur des Greffes et Parquets, membre :


- De deux représentants des Chambres Consulaires et autres associations d’opérateurs
économiques.
Tous nommés par arrêté du Ministre en charge de la Justice.

II- Les attributions du Conseil de Surveillance


Le Conseil assure le suivi et l’évaluation du fonctionnement du Tribunal.
A ce titre :
- Il rend compte au Président de la République, à travers un rapport annuel, du
dysfonctionnement des juridictions et les mesures visant à améliorer le service ;
- Il assure aussi la discipline des Juges consulaires ;
- Il constitue le conseil de discipline des Juges consulaires
- Prononce à leur égard les sanctions suivantes :

 l’avertissement ;
 le blâme ;
 la déchéance ;
Ces décisions sont susceptibles de recours devant le Conseil d'Etat (Ex Chambre
administrative)
S’agissant des manquements des Magistrats professionnels et des Greffiers, le Conseil
saisit le Conseil Supérieur de la Magistrature ou le Conseil de discipline des Greffiers.

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Titre 3 : LES JURIDICTIONS SPECIALISÉES ET D’EXCEPTION SUPRÊMES

CHAPITRE 1 : Le Tribunal des confits

La loi organique n° 2018-976 du 27 décembre 2018 déterminant la composition,


l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême a fixé parmi les attributions de
cette haute juridiction, les dispositions organisant les conflits de compétence entre les
juridictions des ordres judiciaire et administratif.
Cependant, la révision constitutionnelle, opérée par la loi n° 2020-348 du 19 mars 2020
modifiant la loi n° 2016-886 du 08 novembre 2016 portant Constitution de la République
de Côte d’Ivoire, a modifié l’organisation judiciaire en consacrant la Cour de Cassation et le
Conseil d’Etat comme des Institutions représentative du pouvoir judiciaire.
En raison donc de la disparition de la Cour suprême dans la nouvelle organisation
institutionnelle judiciaire, l’option a donc été prise de créer une haute juridiction
spécialement dédiée au règlement des conflits de compétence entre les deux (02) ordres
de juridictions cités plus haut. Il s’agit du Tribunal des conflits.
Cette une juridiction non permanente se réunissant lorsque survient un conflit de
compétence entre les juridictions de l’ordre judiciaire et celle de l’ordre administratif. La
loi n° 2020-884 du 21 octobre 2020 détermine sa composition, ses attributions et son
fonctionnement.

Section 1 : Composition
Le Tribunal des conflits est composé, en nombre égal, de membres de la Cour de Cassation
et du Conseil d'Etat. Le Tribunal des conflits comprend :

-1° Le Président de la Cour de Cassation ;


-2° Le Président du Conseil d’Etat ;
-3° Le Président de Chambre de la Cour de Cassation le plus ancien dans le grade le plus
élevé ;
-4° Le Président de Chambre du Conseil d'Etat le plus ancien dans le grade le plus élevé ;
-5° Deux Conseillers de la Cour de Cassation les plus anciens dans le grade le plus élevé ;
-6° Deux Conseillers d'Etat les plus anciens dans le grade le plus élevé du Conseil d’Etat.

Outre les membres désignés à l’article précédent, le Tribunal des conflits comprend :

- Deux Conseillers de la Cour de Cassation suppléants désignés par le Président de la Cour


de Cassation ;
- Deux Conseillers d’Etat suppléants désignés par le Président du Conseil d’Etat.
Les suppléants remplacent les membres de leur ordre de juridiction en cas
d’empêchement.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Le Tribunal des conflits est présidé alternativement, tous les deux ans, par le Président de
la Cour de Cassation et le Président du Conseil d’Etat.

Lorsque l’un des Présidents de juridiction visé à l’alinéa 1 du présent article assure
présidence du Tribunal des conflits, l’autre Président ne siège pas. Celui-ci est remplacé
par un président de Chambre de sa juridiction qu’il désigne. En cas d’empêchement
provisoire du Président, le Tribunal des conflits est présidé par le président de Chambre le
plus ancien dans le grade le plus élevé appartenant au même ordre de juridiction.

En cas de cessation définitive des fonctions du Président, le Tribunal des conflits est
présidé par le président de Chambre le plus ancien dans le grade le plus élevé du même
ordre, pour la durée du mandat restant à courir ou jusqu’à la désignation du nouveau
Président de la juridiction.

Le Tribunal des conflits siège dans les locaux de la haute juridiction de celui qui en assure
la présidence comme indiqué à l’article 4 de la présente loi. Toutefois il peut siéger en tout
autre lieu en cas de nécessité.

Les fonctions de greffe du Tribunal des conflits sont assurées par le greffe du Conseil
d’Etat.

Section 2 : Attributions

Paragraphe 1 : Dispositions générales

Le Tribunal des conflits règle les conflits de compétence entre les juridictions de l’ordre
administratif et celles de l’ordre judiciaire lorsque :

- Une juridiction de l’un ou l’autre ordre lui a renvoyé la question de compétence


soulevée dans un litige ;

- Le Ministre, le Préfet du département ou le représentant de la collectivité


concernée a élevé le conflit ;

- Les juridictions de l’un et l’autre ordre se sont déclarées respectivement


incompétentes pour connaitre d’un litige ayant le même objet ;

- Des décisions définitives présentant des contrariétés conduisant à un déni de


justice, ont été rendues par les juridictions administratives et judiciaires dans les
instances introduites devant chacune d’elles, pour des litiges portant sur le même
objet.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Le conflit de compétence ne peut être élevé entre les juridictions judicaires et


administratives en matière pénale ou suite à l’exercice de l’action civile née du préjudice
causé par une infraction, conformément aux dispositions du Code de procédure pénale.

Article 662
Lorsque deux juges d’instruction, appartenant à des tribunaux différents dans le ressort de
la même Cour d’Appel se trouvent simultanément saisis de la même infraction, le
ministère public peut, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, requérir l’un
des juges de se dessaisir au profit de l’autre. Si le conflit de compétence subsiste, il est
réglé de juges conformément aux articles 663 à 667.

Article 663
Lorsque deux tribunaux correctionnels, deux juges d’instruction ou deux tribunaux de
simple police du ressort de la même Cour d’Appel se trouvent saisis simultanément de la
même infraction, il est réglé de juges par la Chambre d’instruction qui statut sur requête
présentée par le ministère public, l’inculpé ou la partie civil. Cette décision n’est pas
susceptible d’un recours en cassation.

Article 664
Lorsqu’après renvoi ordonné par le juge d’instruction devant le tribunal correctionnel ou le
tribunal de simple police, cette juridiction de jugement s’est, par décision devenue
définitive, déclarée incompétente, il est réglé de juges par la Chambre d’instruction. Cette
décision n’est pas susceptible d’un recours en cassation.

Article 665
Hors les cas prévus aux articles 663 et 664, tous conflits de compétence sont portés
devant la Cour de Cassation, laquelle est saisie par requête du ministère public, de
l’inculpé ou de la partie civile.

Article 667
En matière criminelle, correctionnelle ou de simple police, la Cour de Cassation peut
dessaisir toute juridiction d’instruction ou de renvoyer la connaissance de l’affaire à une
autre juridiction du même ordre, soit si la juridiction normalement compétente ne peut
être légalement composée, ou si le cours de la Justice se trouve autrement interrompu,
soit pour cause de suspicion légitime.

Paragraphe 2 : La prévention des conflits

Lorsqu’une juridiction de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif a, par une décision


qui n’est plus susceptible de recours, décliné la compétence de l’ordre de juridiction
auquel elle appartient au motif que le litige ne ressortit pas à cet ordre, toute juridiction
de l’autre ordre, saisie du même litige, si elle estime que le litige ressortit à l’ordre de
juridiction primitivement saisi, doit, par une décision motivée qui n’est susceptible d’aucun

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

recours, renvoyer au tribunal des conflits le soin de trancher la question de compétence


ainsi soulevée.
Il est alors sursis à la procédure jusqu’à la décision du tribunal des conflits.

La juridiction saisie en second lieu transmet sa décision et les conclusions des parties ainsi
que s’il a lieu celle du ministère public, au greffe du Conseil d’Etat.
Il est procédé comme indiqué aux alinéas 2 et 3 de l’article 21 de la présente loi.

Si le Tribunal des conflits estime que la juridiction qui a prononcé le renvoi n’est pas
compétente pour connaitre de l’action ou de l’exception ayant donné lieu à ce renvoi, il
déclare nuls et non avenus, sauf la décision de renvoi elle-même, l’ensemble des
jugements et actes de procédure auxquels cette action ou exception a donné lieu devant
la juridiction qui a prononcé le renvoi, ainsi que devant toutes autres juridictions du même
ordre.
Si le Tribunal des conflits estime que la juridiction de l’autre ordre a rendu à tort sur le
même litige ou la même exception, entre les mêmes parties, une décision
d’incompétence, le tribunal des conflits déclare nulle et non avenue la décision de la
juridiction qui a décliné à tort sa compétence et renvoie l’examen du litige ou de
l’exception à cette juridiction.

Lorsqu’une juridiction est saisie d’un litige qui présente à juger, soit sur l’action introduite,
soit sur une exception, une question de compétence soulevant une difficulté sérieuse et
mettant en jeu la séparation des ordres de juridiction, elle peut, par une décision motivée
qui n’est susceptible d’aucun recours, renvoyer au Tribunal des conflits le soin de décider
sur cette question de compétence.
La juridiction saisie transmet sa décision et les mémoires ou conclusions des parties au
Tribunal des conflits.
L’instance est suspendue jusqu’à la décision du Tribunal des conflits.
Il est procédé comme indiqué aux alinéas 2 et 3 de l’article 21 de la présente loi.

Paragraphe 3 : Le conflit positif


Lorsque le Ministre, le Préfet du département ou le représentant de la collectivité
territoriale estime que la connaissance d’un litige ou d’une question préjudicielle portée
en première instance ou en appel devant une juridiction de l’ordre judiciaire, relève de la
compétence d’une juridiction de l’ordre administratif, il peut, alors même que
l’administration ne serait pas en cause, demander à la juridiction saisie de décliner sa
compétence et de renvoyer l’affaire devant la juridiction administrative compétente.

A cet effet, l’autorité administrative visée à l’alinéa précédent, adresse au Procureur de la


République ou au Procureur général, selon le cas, un mémoire de déclinatoire de
compétence dans lequel est rapporté le fondement textuel qui attribue à la juridiction
administrative la connaissance du litige.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Le Procureur de la République ou le Procureur général fait connaitre, sans délai, dans tous
les cas, à la juridiction saisie, la demande formée par l’autorité administrative et requiert le
renvoi, si la revendication lui parait fondée.
A peine d’irrecevabilité, le déclinatoire de compétence doit être motivé.
Les parties en sont informées par le greffe de la juridiction saisie et sont invitées à faire
connaitre leurs observations écrites dans un délai d’un mois à compter de cette
notification. Le greffe communique l’affaire au ministère public qui donne son avis dans le
même délai. Dès réception, le greffe porte cet avis à la connaissance de l’autorité
administrative et des parties.

Le conflit positif ne peut pas être élevé après un jugement rendu en dernier ressort ou
acquiesce, ni après un arrêt définitif.

La juridiction saisie statue, sans délai, sur le déclinatoire de compétence selon les règles de
procédure qui lui sont applicables.

En cas de rejet du déclinatoire, l’autorité administrative peut élever le conflit par arrêté,
dans le délai d’un mois, à compter de la notification de la décision de rejet.
Le conflit peut également être élevé si la juridiction saisie a, avant expiration du délai
prévu à l’alinéa précédent, passé outre et jugé au fond.
En cas d’admission du déclinatoire et si une partie fait appel du jugement, l’autorité
administrative peut saisir la juridiction d’appel d’un nouveau déclinatoire et, en cas de
rejet de celui-ci, élever le conflit dans les conditions prévues à la présente section. (Art. 15)

L’arrêté de conflit doit viser le jugement ou l’arrêt rejetant le déclinatoire. A peine


d’irrecevabilité, l’arrêté de conflit doit être motivé.

L’arrêté de conflit, accompagné des pièces qui y sont visées, est remis contre récépissé,
par l’autorité administrative, au greffe de la juridiction ayant statué.

Si l’arrêté de conflit n’est pas parvenu au greffe dans le délai mentionné à l’alinéa 1 de
l’article 15, le conflit ne peut plus être élevé devant la juridiction saisie de l’affaire.

Dès la réception de l’arrêté de conflit au greffe de la juridiction dans le délai susvisé, la


juridiction saisie doit surseoir à statuer.

L’arrêté de l’autorité administrative et les pièces qui y sont visées sont déposées au greffe.
Le Greffier en Chef avise les parties ou leurs Avocats qu’ils peuvent prendre connaissance
du dossier de la procédure et remettre, dans le délai d’un mois, leurs observations sur la
question de compétence assorties des pièces de nature à les soutenir. Ces observations et
pièces sont versées au dossier.
A l’expiration du délai mentionné à l’alinéa premier de l’article 15 de la présente loi, le
Greffier en Chef transmet au Greffier en Chef du Conseil d’Etat, l’arrêté de conflit, le

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

déclinatoire de compétence, l’avis du ministère public, la décision rejetant le déclinatoire


et, le cas échéant, les observations des parties ainsi que les pièces utiles. Lorsque la
juridiction saisie a passé outre et statué comme indiqué à l’alinéa 2 de l’article 15 de la
présente loi, le Greffier en Chef transmet l’arrêté de conflit, le déclinatoire de
compétence, l’avis du ministère public et le cas échéant les observations des parties ainsi
que les pièces utiles.
Le Greffier en Chef du Conseil d’Etat transmet, sans délai, la procédure au Président du
Tribunal des conflits qui fixe la date de l’audience.
Le Président du Tribunal des conflits désigne un rapporteur qu’il invite à mettre l’affaire en
état et à déposer son rapport dans le délai qu’il fixe. Ce délai est d’au moins un mois avant
la date de l’audience.

Le Tribunal des conflits statue sur le conflit positif dans le délai de trois mois à compter de
la réception du dossier. En cas de nécessité, ce délai peut être prorogé par le président,
dans la limite de deux mois. La juridiction intéressée en est avisée par le Greffier en Chef
du Conseil d’Etat.

Si la juridiction devant laquelle le conflit est élevé n’a pas reçu notification de la décision
du Tribunal des conflits un mois après l’expiration du délai mentionné à l’article précédent,
elle peut procéder au jugement de l’affaire.

Le Tribunal des conflits confirme ou annule l’arrêté de conflit de l’autorité administrative,


ou, le cas échéant, constate qu’il n’y a pas lieu à statuer.
Lorsqu’il juge que les conclusions visées par l’arrêté de conflit n’étaient pas de la
compétence des Tribunaux de l’ordre judiciaire, il confirme l’arrêté et déclare nul et non
avenu, le jugement ou l’arrêt rejetant le déclinatoire de compétence.
Lorsqu’il constate que la juridiction saisie a passé outre comme indiqué à l’article 21 alinéa
1 de la présente loi et statué au fond alors qu’il y a un conflit positif, le Tribunal des conflits
annule le jugement ou l’arrêt de la juridiction qui s’est déclarée à tort compétente et
renvoie les parties devant la juridiction compétente.
Lorsqu’au contraire, il annule l’arrêté de conflit de l’autorité administrative, comme non
fondé ou en raison d’un vice substantiel de la procédure de conflit, la juridiction devant
laquelle celui-ci a été élevé est à nouveau saisie et la procédure y est normalement
poursuivie.
Toutefois, dans le cas où l’arrêté de conflit est annulé en raison d’un vice substantiel de
procédure, la décision du Tribunal des conflits ne fait pas obstacle à ce que l’autorité
administrative puisse à nouveau décliner la compétence de l’autorité judiciaire et élever le
conflit.

Paragraphe 4 : Le conflit négatif

Art. 25. — Lorsque les juridictions de chacun des deux ordres se sont déclarées
incompétentes sur la même question, sans que la dernière qui a statué n’ait renvoyé le
litige au Tribunal des conflits, la partie intéressée peut adresser au Tribunal des conflits

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

une requête aux fins de désignation de la juridiction compétente. Le recours devant le


Tribunal des conflits est introduit dans les deux mois à compter du jour ou la dernière des
décisions d’incompétence est devenue irrévocable. La requête qui est déposée au Greffe
du Conseil d’Etat expose les données de fait et de droit ainsi que l’objet du litige. Elle est
accompagnée de la copie des décisions intervenues.
Il est procédé comme indiqué aux alinéas 2 et 3 de l’article 21 de la présente loi.

Lorsque le Tribunal des conflits constate qu’il y a un conflit négatif, il annule le jugement
ou l’arrêt de la juridiction qui s’est déclarée à tort incompétente et renvoie les parties
devant cette juridiction.
L’initiative de cette procédure appartient également au Ministère public près la juridiction
saisie en dernier lieu.

La décision rendue par le Tribunal des conflits est notifiée aux parties ainsi qu’aux
juridictions initialement saisies par le Greffier en Chef du Conseil d’Etat.

Paragraphe 5 : Le conflit de décisions

Art. 27. — Peuvent être déférées au Tribunal des conflits, lorsqu’elles présentent des
contrariétés conduisant à un déni de justice, les décisions rendues par les juridictions de
l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif dans les instances introduites devant les deux
ordres de juridiction, pour les litiges portant sur le même objet.
Le recours en cas de contrariété de décisions au fond est introduit dans les deux mois à
compter du jour ou la dernière en date des décisions statuant au fond est devenue
irrévocable. En ce cas, la requête est présentée comme précisé à l’alinéa 3 de l’article 25
de la présente loi.

Le Tribunal des conflits juge au fond à l’égard de toutes les parties en cause sur le litige qui
lui est déféré comme il est dit à l’article 27 de la présente loi. Il ordonne, s’il y a lieu, les
mesures d’instruction qu’il estime utiles.
Le Tribunal des conflits statue dans le délai prévu à l’article 22 de la présente loi. Il statue
également sur les dépens des instances poursuivies devant les deux ordres de juridiction
et au besoin devant lui.

Section 3 : Fonctionnement du Tribunal des conflits


Art. 29. — Le Président du Tribunal des conflits désigne le rapporteur parmi les membres
de l’autre ordre de juridiction. Les débats ont lieu en audience publique. Le président
assure la police de l’audience. Le ministère d’Avocat est obligatoire.
L’Etat est dispensé du ministère d’avocat.

Toute personne y ayant intérêt peut intervenir devant le Tribunal des conflits avant la
clôture des débats.

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Dès sa désignation, le rapporteur invite les parties à présenter leurs observations par écrit
dans le délai d’un mois à compter de la réception de l’invitation.

Lorsque l’affaire est en état ou à l’expiration du délai cité à l’article précédent, le


rapporteur communique le dossier au Ministère public pour ses conclusions.
Dès réception des conclusions du Ministère public ou à l’expiration du délai imparti au
rapporteur, celui-ci transmet le dossier au Président du Tribunal des conflits.

A l’audience publique, le rapporteur expose les données de l’affaire ainsi que la position
des parties, sans faire connaitre son avis. Après le rapport, les Avocats représentant les
parties et le Ministère public peuvent présenter des observations orales.

Les délibérations sont secrètes. Les décisions sont prises à la majorité. En cas d’égalité des
voix, celle du président est prépondérante.
Les décisions du Tribunal des conflits sont rendues au nom du peuple ivoirien. Les
décisions sont motivées et comportent les nom, prénoms et qualité des membres qui en
ont délibéré, ceux du rapporteur et des Avocats ainsi que les nom et prénoms, qualité,
professions et domiciles des parties et mention de la présence du Ministère public. Elles
contiennent l’énoncé des moyens produits. Elles sont rendues en audience publique.

Le Président du Tribunal des conflits peut, par ordonnance, donner acte des désistements,
constater qu’il n’y a plus lieu de statuer sur une affaire, rejeter les requêtes
manifestement irrecevables et corriger les erreurs purement matérielles affectant les
décisions rendues.

Les minutes des décisions sont signées, dans les quinze jours du prononcé, par le
Président, le Rapporteur et le Greffier en Chef du Conseil d’Etat.
Les décisions sont notifiées par le Greffier en Chef du Conseil d’Etat aux parties et aux
juridictions intéressées.
Les décisions du Tribunal des conflits s'imposent à toutes les juridictions de l'ordre
judiciaire et de l'ordre administratif.

Les décisions du Tribunal des conflits peuvent faire l’objet d’un recours en rectification et
en interprétation. Elles ne sont pas susceptibles d’opposition. Elles peuvent faire l’objet de
tierce opposition si le Tribunal des conflits statue au fond en matière de contrariété de
décisions.

La tierce opposition contre la décision rendue en matière de contrariété de décisions, le


recours en rectification et le recours en interprétation sont formés par requête adressée
au Président du Tribunal des conflits. La requête est déposée par la partie intéressée au
Greffe du Conseil d’Etat.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

Lorsqu’est reçue la requête en rectification, le Président du Tribunal des conflits peut


corriger les erreurs purement matérielles affectant les décisions rendues comme indiqué à
l’article 37 de la présente loi.
Le Tribunal des Conflits procède comme il est indiqué aux articles 29 à 39 de la présente
loi lorsqu’il est saisi d’une requête en interprétation ou en tierce opposition.

CHAPITRE 2 : La Cour des Comptes

La Cour des Comptes fait partie des institutions qui rendent la justice en Côte d’Ivoire.
L’article 144 nouveau de la Constitution affirme que « la Cour de Cassation, le Conseil
d’Etat et la Cour des Comptes sont les institutions juridictionnelles représentatives du
pouvoir judiciaire.» La loi organique n°2018-979 du 27 décembre 2018 modifiant la loi
organique n°2015-494 du 07 juillet 2015 détermine les attributions, l’organisation, la
composition, le fonctionnement de la Cour des Comptes. L’étude de cette Juridiction
Suprême se fera à travers d’une part sa composition et son organisation et d’autre part à
ses attributions et son fonctionnement.

Section 1 : Organisation et composition

Paragraphe 1 : Organisation
La Cour des Comptes comprend :
- Un Siège ;
- Un Parquet général ;
- Un Secrétariat général ;
- Un Greffe ;
- Un service de vérification

Paragraphe 2 : Composition

La Cour des Comptes se compose de Magistrats du Siège, Magistrats du Parquet et de


membres du Greffe. Elle est par ailleurs dotée d’un secrétariat général.

I- Les Magistrats du Siège


- Le Président de la Cour des Comptes est nommé par le Président de la République
pour une durée de cinq ans renouvelable une fois, parmi les personnalités
reconnues pour leur compétence et leur expertise avérées en matière
d’économie, de gestion, de comptabilité ou de finances publiques. Il prête
serment devant le Président de la République avant d’entrée en fonction ;

- Les Présidents de Chambre sont choisis parmi les Conseillers Maîtres ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- Les Conseillers Maîtres sont des magistrats hors hiérarchie du groupe B choisis
conformément aux dispositions de l’article 26 de la loi organique ;

- Les Conseillers Référendaires sont des Magistrats du premier grade choisis


conformément à l’article 27 de la loi précitée ;

- Les Auditeurs sont des Magistrats du deuxième grade choisis conformément à


l’article 29 ;

II- Les Magistrats du Parquet général (Article 46)


Il est créé près la Cour des Comptes un Parquet général placé sous l’autorité du Ministre
de la Justice. Il comprend :
- Le Procureur Général ;
- Un Premier Avocat Général ;
- Des Avocats Généraux.

III- Le Secrétariat Général (Article 33)


La Cour des Comptes est dotée d’un Secrétariat Général dirigé par un Secrétariat général
nommé par décret pris en conseil des Ministres parmi les Conseillers Maîtres ou les
Conseillers Référendaires de la Cour des Comptes, sur proposition du Président de la Cour
des Comptes.

IV- Les membres du Greffe


Le Greffe de la Cour des Comptes comprend :
- Le Greffier en chef ;
- Les Greffiers.
Le Greffe est dirigé par un Greffier en Chef assisté de greffiers. Le Greffe est placé sous
l’autorité du Secrétariat général.
Le Greffier en Chef est nommé par décret, sur proposition du Ministre chargé de la Justice.
Il est choisi parmi les administrateurs des Greffes et Parquets. Le Greffier en Chef propose
au Secrétaire général la répartition des greffiers dans les différentes chambres et dans les
différents services du Parquet Général près la Cour des Comptes.
Les greffiers sont nommés par arrêté du Ministre chargé de la Justice parmi les attachés
des Greffes et Parquets ou les Secrétaires des Greffes et Parquets ayant au moins cinq ans
d’ancienneté.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

L’article 31 précise le rôle du Greffe. Il enregistre les comptes et les autres documents
comptables produits à la Cour des comptes et en assure la distribution aux chambres selon
le programme des travaux de la Cour.
Il prépare les audiences des différentes formations de la Cour et en assure le secrétariat. Il
veille à l’archivage desdits comptes et documents en relation avec le service des archives.
Le Greffe conserve pendant cinq ans les pièces vérifiées et garde pendant trente ans au
moins les comptes jugés et les pièces frappées d’observations ainsi que les originaux des
rapports et arrêts définitifs.

V- Le service de vérification (Article 32)


La Cour des Comptes dispose d’un service de vérification composé de vérificateurs
comptables, mis à la disposition de la Cour, par le Ministère en charge de la Fonction
publique, à la demande du Président. Ce service est dirigé par un chef de service nommé
par ordonnance du Président.
Des vérificateurs comptables peuvent aussi être recrutés par le Président de la Cour des
Comptes par contrat.
Les vérifications ont lieu sous la responsabilité des Magistrats.

Section 2 : Attributions et fonctionnement

Paragraphe 1 : Attributions
Il ressort de la loi organique suscitée que la Cour des comptes a des attributions
juridictionnelles, de contrôle et de consultation.

I- Attributions juridictionnelles
Elles sont énumérées aux articles 10 à 11 de la loi organique.
- D’abord, la Cour des comptes connaît en premier et dernier ressort des
litiges non dévolus aux Chambres régionales des comptes installées dans les
différents ressorts territoriaux.
- Ensuite, elle est compétente pour connaître des pourvois dirigés contre ses
arrêts définitifs dans les conditions prévues par les articles 53 in fine et 112
de la loi précitée.
- Enfin, la Cour des comptes juge les comptes des comptables publics, les
comptes des comptables de fait et les faute de gestion.

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

II- Attributions de contrôle


La Cour dispose d’un pouvoir de contrôle de la gestion des services de l’Etat, des
établissements publics nationaux et des collectivités territoriales. Elle s’assure de
l’effectivité du recouvrement des ressources publiques, du bon emploi des crédits, fonds
et valeurs gérés par les agents de l’Etat et les autres personnes morales de droit public.
Elle assure la vérification des comptes et le contrôle de la gestion :
- Des sociétés, groupements ou organismes, quel que soit leur statut juridique,
dans lesquels l’Etat, les collectivités territoriales, les personnes ou
établissements publics nationaux, les organismes soumis au contrôle de la
Cour des comptes détiennent directement, séparément ou ensemble, plus de
la moitié du capital ou des voix dans les organes délibérants ;
- Des personnes morales dans lesquelles l’Etat ou les organismes soumis au
contrôle de la Cour des comptes, détiennent directement, séparément ou
ensemble une participation au capital d’exercer un pouvoir prépondérant de
décision ou de gestion ;
- Des services publics concédés.
Par ailleurs, elle contrôle les organismes de sécurité et de prévoyance sociale, y compris
les organismes de droit privé qui assurent en tout ou en partie la gestion d’un régime de
prévoyance obligatoire et la gestion de tout organisme ou association qui bénéficie d’un
concours financier de l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public, ainsi que de
tout organisme bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de leurs
filiales.

III- Attributions consultatives (Article 21)


La Cour des comptes peut être consultée par le Gouvernement, le Parlement et le Conseil
économique, social, environnemental et culturel, sur toute question relative à la gestion
des services de l’Etat et des collectivités publiques.

Paragraphe 2 : Fonctionnement

Il porte sur la connaissance des réunions de la Cour et les pouvoirs des chefs de service.

I- Les réunions
La Cour des comptes se réunit soit en Audience Solennelle, soit en Chambre du Conseil, soit
en Chambres Réunies, soit en Audience Ordinaire, soit en Assemblée Générale.
 En Audience Solennelle, la Cour des Comptes se réunit pour :
- Recevoir le serment des magistrats nouvellement nommés en cette qualité, et
des comptables publics ;

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ORGANISATION JUDICIAIRE – PREPA CONCOURS INFJ Edition 2023

- L’installation des membres de la Cour des Comptes et du Procureur général et


des membres du parquet général près ladite Cour ;
- L’audience de rentrée ;
L’Audience Solennelle comprend, au moins, neuf Magistrats répartis comme suit :
- Le Président de la cour des comptes, Président ;
- Deux Présidents de Chambres, membres ;
- Deux Conseillers maîtres, membres ;
- Deux Conseillers référendaires, membres ;
- Deux Auditeurs, membres.
En cas d’empêchement du Président de la Cour des Comptes, l’Audience solennelle est
présidée par le Président de chambre le plus ancien.
L’audience solennelle est publique, le secrétariat est assuré par le Greffier en Chef de la
Cour des Comptes.
 La Chambre du Conseil se compose du Président, des Présidents de Chambre et des
Conseillers maîtres. Elle est saisie des projets de rapport public, du projet de
rapport sur l’exécution des lois de finances, de la déclaration générale de
conformité et des rapports particuliers, qui peuvent être thématiques ou sectoriels,
les délégations de service public, les organismes de sécurité et de prévoyance
sociale et les organismes bénéficiant d’un concours financier de l’Etat. Elle adopte
le budget, le programme annuel d’activités et les rapports annuels de la Cour des
Comptes.
Elle délibère sur toutes les affaires qui lui sont soumises par le Président de la Cour
et sur toutes les questions en matière d’organisation et de fonctionnement de la
Cour pour lesquelles le Président de la Cour estime cet avis nécessaire.

 En Chambre Réunies, la Cour des Comptes :


- Formule des avis sur les questions de droit ;
- Statue sur des questions relevant de plusieurs chambres ou sur l’examen de
rapports traitant de questions relevant des attributions de plusieurs chambres ;
Les Chambres réunies de la Cours des Comptes comprennent le Président, les Présidents
de Chambres et deux Conseillers maitre par Chambre.
Elle ne délibère valablement que qu’avec les trois quarts au moins de ces Magistrats.

 La Cour des comptes se réunit en Audience Ordinaire pour juger les affaires qui sont
de sa compétence. La Cour comprend plusieurs chambres.

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Chaque chambre est composée d’un Président de Chambre, de Conseillers Maîtres,


de Conseillers Référendaires et d’Auditeurs. La chambre, composée d’au moins
trois Magistrats, siège et délibère en nombre impair.

En cas d’empêchement du Président de Chambre, la présidence de la formation est


assurée par le Conseiller le plus ancien.

 La Cour des comptes se réunit en Assemblée Générale pour :


- Adopter ou modifier le règlement intérieur de la Cour,
- Débattre de toutes questions intéressant l’organisation et la discipline de la
Cour.
L’Assemblée générale comprend l’ensemble des Magistrats de la Cour. Elle est présidée
par le Président de la Cour. Elle ne délibère valablement qu’avec les deux tiers au moins
des Magistrats.

II- Les pouvoirs des Chefs de service

A- Le Président
Le Président est chargé de l’administration et de la discipline de la Cour des Comptes. Il
assure la direction générale, l’organisation et la coordination des travaux de la Cour. En
cela :
Il procède :
- A la répartition des Magistrats dans Chambres ;
- Au contrôle les activités des Magistrats du siège ;
- A la gestion administrative des personnels et des moyens affectés à la Cour ;
- Il arrête le règlement intérieur de la Cour des comptes, après délibération de
l’assemblée générale ;
- Il nomme le chef de service vérification et peut procéder au recrutement des
vérificateurs.
Il est assisté du Secrétaire général.
En cas d’empêchement, le Président est remplacé par un Vice-président.

B- Le Procureur général
Outre les attributions ordinaires du Ministère public, le Procureur général :
- Assure l’administration et la discipline du parquet général ;
- Tient un état des ordonnances et des collectivités locales, des entreprises et
organismes assujettis au contrôle de la Cour des Comptes ;
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- Est consulté par le Président avant toute destruction de liasses ;


- Exerce un contrôle sur les activités des Parquets près Chambres régionales des
comptes ;
- Les rapports et arrêts définitifs sur les gestions, les saisies pour gestion de fait ou de
faute de gestion, les recours en révision ou les pourvois en cassation lui sont
obligatoirement communiqués pour avis ;
- Il veille à la bonne application des lois et règlements au sein de la Cour ;
- Le Procureur général près la Cour des Comptes peut requérir l’application de la loi
devant toutes les Chambres de la Cour des Comptes et en toutes matières.
- Il exerce les fonctions du Ministère public par voie de réquisitions ou de conclusions
écrites.
La présence du Ministère public est obligatoire devant les assemblées générales, la
chambre du conseil, les chambres réunies, lors des audiences ordinaires et solennelles.
Le Ministère public ne participe pas aux délibérations, sauf en assemblée générale, pour
adopter ou modifier le règlement intérieur de la Cour, débattre de toutes questions
intéressant l’organisation et la discipline de la Cour.

C- Le Secrétaire général
Le Secrétaire général assure, sous l’autorité du Président, le fonctionnement du Greffe de
la Cour et des services administratifs.
Le Secrétaire général peut recevoir du Président délégation de signature en matière de
gestion du personnel. Il assiste le Président dans la coordination des travaux et
l’organisation des audiences des formations de la Cour.

D- Le Greffier en Chef
Le Greffier en Chef propose au Secrétaire général la répartition des Greffiers dans les
différentes Chambres et dans les différents services du Parquet général près la Cour des
Comptes.

CHAPITRE 3 : La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA)

Section 1 : Composition
La CCJA est une juridiction collégiale composée :

- De neuf (09) Juges élus par le conseil des Ministres OHADA pour un mandat de sept
(07) ans renouvelable une fois.
- D’un Greffier en Chef
- Et de Greffiers.

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Elle a donc un siège, un Greffe, pas de Parquet. C’est une juridiction supranationale.

Section 2 : Attribution
Elle assure en cassation l’interprétation et l’application commune aux Etats parties du
traité des règlements pris pour son application et des actes uniformes.

Elle est aussi compétente en matière d’arbitrage.

CHAPITRE 4 : La Haute Cour de Justice

Elle est prévue aux articles 156 à 162 de la loi n°2020-348 du 19 mars 2020 modifiant la
n°2016-886 du 8 Novembre 2016 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire.
Nonobstant l’indépendance des Magistrats Judiciaires, on a toujours craint qu’un Tribunal
judiciaire soit impuissant à juger des infractions commises par les représentants du
pouvoir politique les plus hauts placés et tout particulièrement le Président de la
République. Ce constat a été à l’origine de la création des juridictions dont les juges sont le
plus souvent eux-mêmes des représentants du pouvoir politique.

Section 1 : Attributions (Articles 156 à 159 de la Constitution)


La Haute Cour de Justice est une juridiction d’exception.
Elle juge :
 Le Président de la République ;
 Le Vice-Président de la République et les membres du Gouvernement.

 Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans


l’exercice de ses fonctions et traduit devant la Haute Cour de justice qu’en cas
de haute trahison.

 Quant au Vice-Président de la République et les membres du Gouvernement, ils


ne peuvent être traduits devant la Haute Cour de Justice qu’en raison de faits
qualifiés crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
La Haute Cour de Justice est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la
détermination des peines telles qu’elles résultent des lois pénales en vigueur au moment
où les faits ont été commis.

Section 2 : Le mode de saisine de Cour


La mise en accusation est votée au scrutin secret par le parlement :

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 A la majorité des 2/3, pour le Président de la République ;


 A la majorité absolue, pour le Vice-Président et les membres du Gouvernement

Section 3 : La composition et le fonctionnement de la Cour


La composition et le fonctionnement de la Haute Cour de Justice sont renvoyés à une loi
organique. Cependant, la constitution se limite à indiquer en ses articles 160 et 161
nouveaux que la Haute Cour de Justice est composée de membres élus en leur sein en
nombre égal par l’Assemblée Nationale et par le Sénat dès la première session de la
législature. Mais elle est présidée par le Président de la Cour de Cassation.

CHAPITRE 5 : Le Conseil Constitutionnel

Il sera examiné successivement sa composition et ses compétences.

Section 1 : Composition
Le Conseil Constitutionnel est composé de deux catégories de membres. En effet certains
sont des membres de droit tandis que d’autres sont nommés.

Paragraphe 1 : Les membres de droit

Ce sont les anciens Présidents de la République. Mais ceux-ci n’ont pas l’obligation de
siéger car ils peuvent renoncer de façon expresse à être membre de l’institution. En Côte
d’Ivoire, aucun ancien Président de la République n’a de façon express manifesté le désir
d’user son droit d’être membre du Conseil.

Paragraphe 2 : Les membres nommés

Ils sont au nombre de sept (07) répartis comme suit :


- Un (01) Président nommé pour une durée de six ans non renouvelable par le
Président de la République ;

- Six (06) Conseillers dont trois (03) désignés par le Président de la République, deux
(02) par le Président de l’Assemblée Nationale et un (01) par le Président du Sénat.
Les Conseillers sont nommés pour une durée de six (06) ans non renouvelables par le
Président de la République.
Le Conseil Constitutionnel est renouvelé par moitié tous les trois ans et les membres
prêtent serment avant leur entrée en fonction.

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Section 2 : Compétences
Le Conseil Constitutionnel contrôle principalement la constitutionnalité des textes et
possède d’autres attributions.

Paragraphe 1 : Le Conseil Constitutionnel, juge de la constitutionnalité

Ces compétences ne s’exercent que dans le cadre précis des attributions qui lui sont
conférées par la Constitution. Ce contrôle se fait soit par voie d’action soit par voie
d’exception soit sous forme d’avis.

I- Le contrôle par voie d’action


Selon l’article 134 nouveau de la Constitution, les engagements internationaux avant leur
ratification, les lois constitutionnelles adoptées par voie parlementaire, les lois organiques
avant leur promulgation, les règlements des assemblées parlementaires avant leur mise en
application, doivent être déférés par le Président de la République, le Président de
l’Assemblée Nationale ou le Président du Sénat au Conseil Constitutionnel, qui se
prononce sur leur conformité à la Constitution. Dans ces conditions, la saisine du Conseil
Constitutionnel suspend le délai de promulgation ou de mise en application.
En cas de saisine par voie d’action, une loi ou une disposition déclarée contraire à la
Constitution ne peut être promulguée ou mise en application. La loi ou la disposition est
nulle à l’égard de tous.

II- Le contrôle par voie d’exception


Tout plaideur peut, par voie d’exception, invoquer l’inconstitutionnalité d’une loi devant
toute juridiction en vue de la faire annuler. Dans ce cas la décision du Conseil
constitutionnel s’impose à tous, au-delà des parties au procès et la loi ou la disposition
déclarée inconstitutionnelle est abrogée.

Paragraphe 2 : Autres attributions du Conseil Constitutionnel


Le Conseil constitutionnel possède diverses autres attributions. Il est à la fois une
juridiction électorale et référendaire et un organe de constat et de consultation.

I- Le Conseil Constitutionnel, juridiction électorale et référendaire


Le Conseil Constitutionnel statue sur :
- L’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle. A cet effet, il arrête et publie la
liste définitive des candidats à l’élection présidentielle quinze jours avant le premier
tour du scrutin ;

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- L’éligibilité des candidats aux élections parlementaires pour permettre à la


Commission indépendante chargée des élections de publier la liste définitive des
candidatures aux élections des députés et des sénateurs ;
- Les contestations relatives à l’élection du Président de la République, des députés et
des sénateurs ;

- La déchéance des députés et des sénateurs.


Par ailleurs, le Conseil Constitutionnel proclame les résultats définitifs de l’élection
présidentielle et contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les
résultats.

II- Le Conseil Constitutionnel, organe de constat et de consultation


Cette intervention du Conseil Constitutionnel a une portée plus ou moins grande selon les
cas : tantôt il lui est demandé de porter lui-même un constat qui lie le pouvoir politique,
tantôt il n’est consulté que pour émettre un avis qui n’a pas force obligatoire.
D’abord, seul le Conseil Constitutionnel peut constater la vacance de la Présidence de la
République par décès, démission ou empêchement absolu. Si un tel cas survient, le Conseil
est saisi par une requête du Gouvernement approuvée à la majorité de ses membres. Dans
ce cas le Vice-Président de la République après avoir prêté serment devant le Conseil
Constitutionnel réuni en audience solennelle.
Ensuite, sur saisine soit du Président de la République, soit du Président de l’Assemblée
nationale soit du Président du Sénat, les projets ou proposition de loi peuvent être soumis
pour avis au Conseil Constitutionnel.
Enfin, lorsqu’une des circonstances exceptionnelles telles que définies par l’article 73 de la
Constitution se présente, le Président de la République prend les mesures exceptionnelles
exigées par ces circonstances après consultation obligatoire (…)1 du Président du Conseil
Constitutionnel.

N.B : Dans le cadre national, toutes les juridictions sont en principe rattachées soit à
l’ordre judiciaire, avec à sa tête la Cour de Cassation, soit à l’ordre administratif,
avec à sa tête le Conseil d’Etat. Cependant deux juridictions se situent à l’extérieur
de cette double organisation pyramidale. L’une le Conseil Constitutionnel en raison
de la nature des questions dont elle a à connaître ; l’autre la Haute Cour de Justice
en raison de la qualité des personnes susceptibles d’y être déférées.

1
Dans ces circonstances, le Président de la République doit consulter obligatoirement le Président de l’Assemblée
nationale et ceux du Sénat du Conseil constitutionnel.

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