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SUPPORT AUDITEUR

Ed. Sept. 2022

CISSE Mamadou
Administrateur des Greffes et Parquets

1
Le travail du corps délivre des peines de l’esprit
et c’est ce qui rend les pauvres heureux.

Maximes

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SOMMAIRE

PRESENTATION DU MODULE

INTRODUCTION

CHAPITRE I : STATUT DU GREFFIER

Section 1 : Aperçu historique sur le statut du Greffier

Section 2 : La carrière

Section 3 – La classification des corps

CHAPITRE II – DEONTOLOGIE DU GREFFIER

Section 1 : Le contenu des règles déontologiques

Section 2 : Les incompatibilités

Section 3 – La portée pratique des règles déontologiques

Section 4 : Des droits du Greffier

CONCLUSION

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PRESENTATION DU MODULE

1 – Contexte et justification

Les Greffiers ont une position importante dans le fonctionnement du système


judiciaire et sont donc garants de son efficacité. Une formation initiale spécifique qui
a pour but de leur permettre de remplir efficacement leurs missions en situation
professionnelle est assurée par l’Ecole des Greffes de l’Institut National de Formation
Judiciaire.

L’accès aux différents grades et corps est assuré soit par concours direct ou
professionnel, soit par concours spécial ou par nomination sur titre.

Le présent module a pour justification la formation des agents éligibles au


concours spécial ;

2 – Public bénéficiaire

La formation vise les Greffiers en service dans les juridictions et administrations


qui ne peuvent plus prétendre aux concours d’entrée à l’Ecole des Greffes, en raison
des dispositions liées à l’âge.

3 – Objectifs de la formation

➢ L’objectif général

L’objectif général vise à renforcer les capacités et les compétences des Greffiers
candidats pour une compréhension et une connaissance plus fine de leur statut et des
implications déontologiques qui en découlent en vue d’un meilleur rendement au sein
des juridictions et de leurs services d’affectation et une meilleure qualité de services
rendus aux usagers et justiciables dans le respect des règles.

➢ Les objectifs spécifiques

A la fin de la session, les bénéficiaires seront capables de :


- déterminer les corps, grades et positionnements hiérarchiques ainsi que le rôle
de chaque Greffier pour un meilleur rendement au sein de leurs services
d’affectation et une meilleure qualité de service rendu aux usagers et
justiciables ;
- résoudre les problèmes rencontrés au quotidien ;
- identifier les pratiques existantes à travers l’échange d’expérience et les
harmoniser.

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Le service public de la justice est assuré par un ensemble de personnels qui
relèvent de façon générale de la Fonction publique et sont soumis, pour certains, à des
statuts particuliers.

Ce personnel est composé de magistrats et de greffiers, mais également d’autres


personnels administratifs selon les besoins et les nécessités du service.
Le personnel qui sert au greffe est composé de greffiers en chef, de greffiers et des
personnels administratifs sous la direction d’un Directeur ou chef du greffe.
Ces personnels sont soumis à différentes règles statutaires dont l’application cohérente
avec les « lois du service public » est la condition essentielle pour un fonctionnement
normal du greffe.

Les règles relatives au recrutement et à l’évolution de la carrière du greffier


paraissent satisfaisantes parce qu’elles ont garanti une certaine réalité juste et légale au
niveau de la hiérarchisation des emplois dans la Fonction Publique.

Cependant, il faut remarquer que la situation statutaire du Greffier est ambiguë.


Elle tient à des éléments attachés à la profession d’auxiliaire de justice puis échappe
par moment à la réglementation de la Fonction Publique.

Selon plusieurs sources de lexiques, un auxiliaire de justice est : « 1‘homme de loi,


dont la mission est destinée à faciliter la marche de l’instance et la bonne administration de la
justice » ; on cite entre autres les avocats, greffiers, huissiers, syndics.

D’après le lexique des termes juridiques, l’auxiliaire de justice est « une personne
dont les fonctions consistent à assister soit le juge (greffier), soit les parties (huissiers,
avocats). »

Pour l’Encyclopédie méthodique Larousse Tome I et l’Encyclopédie Hachette,


les auxiliaires de justice sont « Les personnes non magistrat participant au fonctionnement
des services de la justice sont essentiellement : greffiers, huissiers, notaires, commissaires,
priseurs ».

Le Greffier exerce ses attributions dans la juridiction et obéit ainsi aux règles
d’administration générales de la Fonction Publique. Sa carrière est régie selon lesdites
règles.

Administrer ce personnel, c’est d’une part, assurer la mise en œuvre des règles
déontologiques (chapitre 1) en vue de tenir les effectifs au travail dans le but de
satisfaire l’intérêt général, d’autre part, opérer une gestion du personnel (chapitre 2) ;

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la gestion des carrières des ressources mises à disposition relevant exclusivement de
la compétence de la Direction des Services Judiciaires et des Ressources Humaines.

• Au sens étymologique et abstrait du terme, « la science qui traite des devoirs à


accomplir » ou encore « la science des devoirs ou des obligations qui s’imposent
aux membres d’une institution, c'est-à-dire d’un groupe social autour d’un
projet collectif ».
• Du point de vue objectif, « l’ensemble des règles qui régissent la conduite des
membres d’une profession, ceux-ci étant tenus d’observer une certaine morale
professionnelle à l’égard des usagers du service, à l’égard du service et à l’égard
de leur collègue de travail »
• C’est aussi l’ensemble des règles de conduite, écrites ou non écrites, qui
constituent les obligations professionnelles à respecter par les personnes
appartenant à un certain groupe professionnel et qui cernent tant leurs rapports
internes que leurs rapports avec les tiers, en tenant compte de la finalité de la
profession en question.

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La loi n° 61-155 du 18 mai 1961 portant organisation judiciaire, modifiée par les
lois n° 64-227 du 14 juillet 1964, n° 94-440 du 16 août 1994, n° 97-399 du 11 Juillet 1997,
n° 98-744 du 23 décembre 1998 et n° 99-435 du 06 juillet 1999 contient les règles et les
principes de l’organisation judiciaire. Cette loi prévoit la composition, de
fonctionnement et les attributions des juridictions.

Toutes les juridictions sont assistées d’un Greffier en chef, des Greffiers et des
personnels administratifs régis essentiellement par le Statut Général de la Fonction
Publique mais également et, particulièrement pour les Greffiers, par un statut
particulier depuis la loi n° 2015-492 du 07 juillet 2015.

La situation statutaire des greffiers a beaucoup fluctué depuis 1964 et les


premières lois relatives à la Fonction Publique ivoirienne. Cependant, de tous les
acteurs judiciaires, les greffiers sont sûrement les premiers à avoir bénéficié d’un statut
particulier. En effet, déjà en 1968 (décret n° 68-68 du 02 février 1968), ils étaient régis
par un texte dérogatoire du Statut général de la Fonction publique. On peut sûrement
attribuer cette position à l’héritage colonial, puisque jusqu’en 1965, les greffes
constituaient des charges vénales en France. Cette situation était maintenue par le
décret n° 78-769 du 23 septembre 1978 qui révisait le précédent. Puis, finalement, les
greffiers étaient absorbés par le Statut général de la Fonction publique en 1992 (loi n°
92-570 du 11 septembre 1992). Or, depuis 1990 déjà, le Greffe était régulièrement
secoué par des mouvements de revendications corporatistes, portés par les greffiers
qui avaient fait des projets de réforme pour améliorer leur statut particulier de 1978.

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SECTION 1 : APERCU HISTORIQUE SUR LE STATUT DU GREFFIER

Selon le petit Larousse, la notion de statut renvoie à trois (3) significations dont
la plus importante et la plus courante est ainsi conçue : « Texte ou ensemble de textes
fixant les garanties fondamentales accordées à une collectivité ou un corps ».

Le statut des greffiers a évolué au prix d’une longue lutte des organisations
professionnelles. Mais la profession reste toujours aussi méconnue, du fait de la
diversité de ses missions.

Paragraphe 1 : La période coloniale

En Côte d’Ivoire, jusqu’en 1960, la Justice fonctionnait avec des personnels


techniques relevant soit des corps généraux de la France d’Outre-mer, soit des corps
supérieurs relevant de la fédération de l’ancienne Afrique Occidentale Française
(AOF). Ainsi, le corps des greffiers était constitué de :
- Greffier en chef de la France d’Outre-mer (FOM) ;
- Corps supérieur des greffiers de l’AOF.

Paragraphe 2 : La période post indépendance

Après l’indépendance, il a fallu attendre jusqu’en 1968 pour modifier la


situation statutaire de ce personnel par le décret n° 68-68 du 02 février 1968 portant
statut des secrétaires de justice et greffiers en chef.

Ces corps disparaîtront à leur tour à la faveur de la prise du décret N° 78-769


du 23 septembre 1978 portant statut des personnels des services judiciaires qui prévoit
en son article 1er les corps des assistants, des secrétaires des greffes et parquets et des
attachés des greffes et parquets.

Paragraphe 3 : La période contemporaine

La loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut général de la fonction


publique va extirper du corps des greffiers les assistants des greffes et parquets et
parachever la constitution de la profession en instituant l’emploi des administrateurs.
Cette loi supprime le statut particulier des greffiers et les incorpore à la grande famille
des emplois à caractère administratif, diplomatique et juridique. Elle prévoit les
emplois des Secrétaires, des Attachés et des Administrateurs des greffes et parquets.

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Le décret n° 93-609 du 02 Juillet 1993 portant modalités particulières
d’application du Statut Général de la Fonction Publique, en son article 55, stipule : Les
secrétaires des greffes et parquets, les attachés des greffes et parquets et les
administrateurs des greffes et parquets font partie de la juridiction auprès de laquelle
ils exercent.

Les assistants des greffes et parquets deviennent un corps d’appui aux Greffiers.
Ils peuvent faire office de greffier ad hoc.

En définitive, cette structuration sera fixée par la loi n° 2015-492 du 07 juillet


2015 et le décret subséquent en portant application n° 2016-134 du 09 mars 2016.

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SECTION 2 : LA CARRIERE

Par carrière, il faut entendre l’ensemble des opérations administratives


nécessaires au fonctionnaire pour mieux exécuter ses fonctions. Elles dépendent de ce
qu’il convient d’appeler les « positions administratives ».

Les positions administratives du Greffier sont régies par les articles 21 à 34 de


son statut et 25 à 38 du décret d’application.

Mais avant, nous passerons en revue le recrutement et la formation des


Greffiers.

Paragraphe 1 : Définitions de notions

L’entrée en service se fait par plusieurs actes de gestion administrative.

A - L’affectation

L’affectation consiste à attribuer un poste de travail à un fonctionnaire


conformément à son grade.

B - La nomination

C'est l’acte administratif qui attribue un emploi permanent et la qualité d’agent


public à une personne. Il est subordonné à l’existence d’un emploi vacant. En Côte
d’Ivoire, le Président de la République nomme par décret aux emplois supérieurs pour
les grades A4 à A7 (médecin, administrateur civil, ingénieur de conception) et le
Ministre de la Fonction Publique nomme par arrêté pour les autres emplois relevant
des grades D1 à A3.

C -La catégorie

Les fonctionnaires sont classés en fonction de leur niveau de formation et de


leur qualification professionnelle en quatre (04) catégories : A ; B ; C ; D.

D - Le grade

Le grade est le titre acquis par le fonctionnaire à l’intérieur de sa catégorie et qui


lui donne vocation à occuper un emploi d’un certain niveau, dans sa spécialité et dans
la hiérarchie administrative. Le grade est désigné par une lettre qui est celle de la
catégorie suivie d’un chiffre.

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E - La titularisation

C’est l’acte administratif qui confère à titre définitif, un grade dans la hiérarchie
administrative. Elle confère au bénéficiaire, les droits attachés à ce grade par le Statut
Général de la Fonction Publique et lui ouvre le droit de poursuivre sa carrière dans le
service public. Autrement dit, c’est par la titularisation que l’agent peut acquérir la
qualité de fonctionnaire. L’arrêté de titularisation est signé par le ministre de la
fonction publique.

F -L’emploi

C’est la profession exercée par l’agent en fonction d’une qualification acquise


soit suite à une formation initiale, soit suite une formation continue. Exemples
d’emplois : attaché administratif, médecin, secrétaire, instituteur etc. Les emplois sont
créés ou supprimés en fonction des besoins de l’Administration par décrets en conseil
des ministres.

G - La fonction

C’est la responsabilité, la charge confiée à un fonctionnaire en fonction de son


grade. Exemple de fonction : Chef de service, Directeur, etc.

H - La mutation

C’est le changement de poste de travail à l’intérieur du même organisme


employeur (Ministère ou EPN). Elle peut être prononcée soit d’office à la discrétion de
l’autorité hiérarchique, soit à la demande de l’agent. Elle peut également
s’accompagner d’un changement de résidence ou de localité.

I - La notation

Il est attribué chaque année à tout fonctionnaire en activité ou en détachement,


une note chiffrée suivie d’une appréciation générale, exprimant sa valeur
professionnelle. Elle est prise en compte pour 1’avancement. Les notes chiffrées varient
de 1 à 5 selon la cotation suivante

La note chiffrée est la synthèse de plusieurs séries d’appréciations portant sur


les points suivants

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J -L’avancement

C’est la procédure qui permet au fonctionnaire qui a débuté à l’échelon le plus


bas et à la classe la plus basse de l’Administration d’accéder progressivement aux
échelons et aux classes les plus élevés.

L’avancement des fonctionnaires comprend l’avancement d’échelon et


1'avancement de classe. L’avancement d’échelon est fonction à la fois de l’ancienneté
et de la notation. Il a lieu de façon continue d’un échelon à un autre immédiatement
supérieur tous les deux (02) ans.

Cette durée moyenne de deux ans peut être réduite en faveur des fonctionnaires
particulièrement méritants ou majorée pour les fonctionnaires qui reçoivent au cours
des deux années de référence une note inférieure à 3 sur 5.

Une réduction de trois (03) mois ou de six (06) mois en faveur des fonctionnaires
les mieux notés, sur proposition du Ministre Technique intéressé après avis de la
Commission Administrative Paritaire.

Une majoration de trois (03) mois ou de six (06) mois pour les fonctionnaires
ayant obtenu une note professionnelle inférieure à 3 sur 5 au cours de l’une des deux
années de référence.

Une perte du bénéfice de l’avancement pour le fonctionnaire qui reçoit pour


chacune des deux années de référence une note inférieure à 3 sur 5.

L’avancement des fonctionnaires détachés pour exercer les fonctions de


membre du Gouvernement, une fonction publique élective ou un mandat syndical est
prononcé par référence à l’ancienneté moyenne requise pour l’avancement dans le
grade d’origine.

L’avancement d’échelon a comme conséquence une augmentation du


traitement salarial.

L’avancement de classe se fait uniquement au choix, au profit des fonctionnaires


inscrits pour leur mérite à un tableau annuel d’avancement sur avis de la Commission
Administrative Paritaire.

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K - La promotion

C’est le passage du fonctionnaire de son grade à un grade immédiatement


supérieur. Elle est faite par voie de concours internes sauf dérogations prévues par
décret.

L’acquisition d’un diplôme, d’un titre ou d’une attestation en cours de carrière


n’emporte pas pour le fonctionnaire le droit d’un reclassement automatiquement dans
le grade supérieur. Cependant, elle peut, dans des conditions déterminées par décret
pris en Conseil des ministres, donner droit à promotion.

L -La mobilité professionnelle

Le fonctionnaire peut changer d’emploi au cours de sa carrière, en fonction des


besoins de l’Administration, de la nécessité d’une reconversion professionnelle, ou à
sa demande. Elle se fait dans la même famille d’emploi. Le fonctionnaire qui sollicite
sa nomination dans un autre emploi de son grade doit compter au moins cinq (05)
années de services effectifs et présenter une demande écrite au Ministre chargé de la
Fonction Publique, avec avis du Ministre Technique.

En cas de besoin de l’Administration, le ministre chargé de la Fonction Publique


peut autoriser le fonctionnaire comptant moins de cinq années de service effectif à
participer à la formation professionnelle adaptée prévue en vue de sa nomination dans
un autre emploi de son grade.

Le fonctionnaire reconnu inapte par le conseil de santé à exercer un emploi actif


peut être nommé à un emploi sédentaire de son grade. Cela sera possible par un arrêté
du ministre de la fonction publique après l’avis de la commission de réforme.

M - La mise à disposition

La mise à disposition est la situation du fonctionnaire qui demeure dans son


corps d’origine, est réputé occuper son emploi, continue de percevoir la rémunération
correspondante mais qui effectue son service dans une autre administration que la
sienne.

Paragraphe 2 : Le recrutement et la formation

Le personnel des greffes est constitué de trois corps. Ce sont :


- les administrateurs des greffes et parquets qui ont vocation à exercer les fonctions
d’études générales, de conception, de direction et de supervision ;

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- les attachés des greffes et parquets qui ont vocation à exercer les fonctions
d’application, consistant à traduire en mesures particulières les principes généraux
arrêtés et
- les Secrétaires des greffes et parquets qui occupent les fonctions d’exécution.

A – Conditions générales

Le recrutement du greffier obéit aux dispositions de recrutement de la plupart


des agents de l’État, car elles constituent la première garantie de l’égalité de tous les
candidats. Ces dispositions sont valables pour tous les autres emplois de l’État. Ce
sont :
- avoir la nationalité ivoirienne ;
- remplir les conditions d’âge ;
- jouir de ses droits civiques et d’une bonne moralité ;
- être en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée ;
- remplir les conditions d’aptitude physique et mentale exigées pour occuper
l’emploi ;
- être reconnu indemne de toute affection grave ou contagieuse, conformément à
une liste de pathologies arrêtées par décret pris en Conseil des Ministres.

Pour être dans l’un des grades du personnel judiciaire, tout le recrutement se
fait selon les modes suivants :
- concours direct ;
- concours professionnel ;
- par concours spécial et
- sur titre.

Quant à la formation, autrefois assurée par l’Ecole Nationale d’Administration


(ENA) à travers l’Ecole de la magistrature et des Professions Judiciaires (EMPJ) et ce
jusqu’en 2007, elle est aujourd’hui assurée par l’Institut National de Formation
Judiciaire (INFJ), créé en 2005.

Spécifiquement, le recrutement et la formation sont organisés par les articles 6


à 11 du statut et 5 à 24 du décret.

B – Conditions particulières

B 1 - Les secrétaires des Greffes et Parquets

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Ils sont recrutés par concours direct ouvert aux titulaires du BAC ou d’un
diplôme équivalent. L’admission à ce concours donne accès au cycle de formation des
secrétaires des greffes et parquets, qui se déroule au Cycle Moyen de l’Ecole des
Greffes à l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ).

Après une formation de deux (02) années dans cette école, ils sont nommés dans
la catégorie des Secrétaires des Greffes et parquets. Les secrétaires des Greffes et
Parquets ont vocation à assister le juge dont ils attestent l’authenticité des actes. Ils
s’acquittent ainsi des tâches dévolues au greffier par les textes de procédure.

B 2 - Les attachés des Greffes et Parquets

Ils sont recrutés au moyen de deux (02) types de concours, le concours


professionnel et le concours direct.

Le concours interne ouvert aux Secrétaires des Greffes et Parquets âgés de 42


ans et justifiant d’au moins trois (03) années de services effectifs en cette qualité.

Le second ouvert aux titulaires d’un diplôme d’étude universitaire générale


(DEUG) ou d’un diplôme équivalent.

L’admission à l’un de ses concours donne accès au cycle de formation des


Attachés des Greffes et Parquets qui s’effectue au Cycle Moyen Supérieur de l’Ecole
des Greffes à l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ).

A l’issue de la formation, les attachés des greffes et parquets sont nommés dans
leur catégorie. Les Attachés des Greffes et Parquets exercent les mêmes fonctions que
les Secrétaires des Greffes et Parquets, dont normalement ils doivent en superviser les
activités.

Ils peuvent être nommés greffier en chef d’une juridiction. En cette qualité, ils
sont les dépositaires des décisions de justice dont la conservation par leur soin est
prescrite par la loi.

B 3 - Les administrateurs des Greffes et Parquets

De création récente, depuis l’avènement de la loi n° 92-570 du 11 Septembre


1992, portant statut général de la fonction Publique et le régime juridique qui en a
découlé, l’emploi d’administrateurs des Greffes et parquets (grade A4) n’a longtemps

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été ouvert que par voie de concours interne aux attachés des Greffes et Parquets
justifiant d’au moins trois années de service effectif en cette qualité.

Mais, depuis la loi de 2015 et surtout depuis 2018, cette période transitoire n’a
plus cours. Le concours direct est organisé et ouvert aux diplômés d’une maîtrise de
l’enseignement supérieur ou de tout diplôme équivalent. Leur formation s’effectue
pendant une période de deux (02) années au Cycle Supérieur de l’Ecole des Greffes à
l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ).

Il faut ajouter à ces données relatives à la carrière des personnels judiciaires que
l’âge maximum pour présenter les concours directs pour accéder à l’un des corps de
greffiers est de 40 ans.

Quant aux concours spéciaux, l’âge est porté à 46 ans.

Par ailleurs, le greffier en chef qui justifie de dix (10) années de fonction peut
solliciter sa nomination dans le corps de la magistrature sur titre, s’il justifie de
l’acquisition de la maîtrise en Droit (article 23 alinéa 3 du statut de la magistrature).

C - La classification des corps

Dans le système de la Fonction Publique, la rémunération est fonction de


l’évolution interne dans chaque grade ou classe.

Le corps des Administrateurs des greffes et Parquets comporte quatre grades


avec les spécifications qui suivent :
- le hors-grade qui comprend deux échelons ;
- le grade principal qui en compte trois ;
- le premier grade compte trois échelons et
- le deuxième grade comprend quatre échelons.

Quant aux Attachés et Secrétaires des Greffes et Parquets, leur catégorie


comprennent quatre classes avec des échelons, ainsi qu’il suit par ordre croissant :
- La deuxième classe comprend quatre échelons ;
- la première classe comprend trois échelons ;
- La classe principale comprend trois échelons ;
- La classe exceptionnelle comprend deux échelons ;

La durée du temps passé dans chaque échelon est de deux années.

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Paragraphe 3 : Les positions administratives

Il existe principalement quatre (04) positions administratives (article 2 du


statut), les unes ne nécessitent pas une interruption de carrière, les autres
l’interrompent.

A- Les positions ne nécessitant aucune rupture de carrière

Ce sont :
- l’activité et les positions assimilées que sont le congé ou les autorisations et
permissions d’absence ainsi que les stages de formation ;
- le détachement ;
- sous les drapeaux.

A 1 – L’activité

L’activité c’est la position normale du fonctionnaire qui, régulièrement titularisé


dans un grade, exerce effectivement les fonctions d’un des emplois de ce grade.

Sont également considérés comme étant en activité, les fonctionnaires en congé


ou bénéficiant d’une autorisation ou permission d’absence avec traitement.

Sont aussi assimilés à la position d’activité, les fonctionnaires exécutant un stage


de formation.

A 2 – Le détachement

Le détachement est la position du fonctionnaire autorisé à interrompre


temporairement ses fonctions, pour exercer un emploi ou un mandat public national
ou international, un mandat syndical, ou exercer une fonction ministérielle dans les
cas suivants :
- auprès d’un établissement public national dans un emploi ouvrant droit à
pension ;
- auprès d’une administration ou établissement public ;
- auprès d’une administration ou une entreprise publique ;
- auprès d’un autre Etat ;
- pour exercer un enseignement ou pour remplir une mission publique à
l’étranger ou dans des organismes internationaux ;

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- pour exercer les fonctions de membre du gouvernement ou une fonction
publique élective ou un mandat syndical lorsque la fonction ou le mandat
comporte des obligations incompatibles avec l’exerce normal de l’emploi ;
- auprès d’une entreprise privée après accord du Conseil des Ministres, pour une
période non renouvelable qui ne peut excéder trois (3) ans.

Les conditions du détachement sont déterminées par les articles 27 à 33 du


décret.

Ainsi, le détachement est prononcé à la demande du Greffier, ou d’office, par


arrêté du Ministre de la Justice, après avis de la Commission administrative paritaire.

Il est fait droit à la demande du fonctionnaire en cas de détachement pour


l’exercice d’une fonction de membre du gouvernement ou d’un mandat parlementaire
(Assemblée Nationale).

Par ailleurs, le détachement auprès d’un Etat étranger ou organisme


international requiert l’accord préalable du Conseil des Ministres.

Le détachement peut être prononcé d’office, lorsqu’il s’agit d’exercer auprès


d’un établissement public national dans un emploi ouvrant droit à pension, ou auprès
d’une administration ou établissement public, d’une collectivité territoriale, à
condition que le nouvel emploi soit équivalent à l’ancien.

Le fonctionnaire détaché est soumis aux règles régissant l’emploi pour lequel il
a été détaché à l’exception de toutes dispositions législatives, règlementaires ou
conventionnelles prévoyant le versement d’indemnités de licenciement ou de fin de
carrière.

A 3 – Sous les drapeaux

La position sous les drapeaux concerne le fonctionnaire incorporé dans une


formation militaire pour y accomplir son temps de service légal. Il perd sa
rémunération d’activité et perçoit en remplacement sa solde militaire. Toutefois, si le
fonctionnaire est appelé à accomplir une période d’instruction militaire, il est mis en
congé formation avec traitement d’activité pour cette période.

La situation du fonctionnaire rappelé ou maintenu sous les drapeaux fait l’objet


de dispositions spéciales prévues par décret pris en Conseil des Ministres.

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B- Les positions impliquant une interruption de service

Il s’agit de la position de disponibilité et les interruptions fautives d’activités.

La disponibilité est la position du fonctionnaire dont l’activité est suspendue


temporairement à sa demande pour des raisons personnelles, mais dans les cas
suivants :
- Accident ou maladie grave du conjoint ou d’un enfant ;
- Pour suivre un conjoint fonctionnaire en service ou affecté à l’étranger en
raison de sa profession ;
- Pour suivre un conjoint non-fonctionnaire résidant hors du lieu d’affectation
du fonctionnaire ;
- Pour convenances personnelles.

Dans tous ces cas, la durée de la disponibilité ne peut excéder une année et elle
est renouvelable une seule fois.

La disponibilité est prononcée par arrêté du Ministre de la Justice, après avis de


la Commission administrative paritaire.

C - La cessation définitive d’activité

La cessation définitive de fonction ou d’activité entraînant la perte de la qualité


de fonctionnaire résulte de la démission, du licenciement, de la révocation, de
l’admission à la retraite et du décès (article 52 du Statut). En dehors des cas prévus ci-
dessus, la cessation définitive de fonction entrainant la perte de la qualité de
fonctionnaire ne peut intervenir qu’en vertu de dispositions législatives spécifiques de
dégagement des cadres, prévoyant les conditions de préavis et d’indemnisation.

C 1 - La démission

La démission procède de l’initiative du fonctionnaire de quitter définitivement


l’Administration. Le fonctionnaire doit marquer sa volonté non équivoque de
démissionner par une demande écrite, datée et signée de lui.

La demande de démission ne produit d’effet que si elle est acceptée par


l’autorité investie du pouvoir de nomination. Elle doit faire l’objet d’un acte
réglementaire et prend effet à la date fixée par cette autorité. La décision de l’autorité
compétente doit intervenir dans un délai de deux (02) mois à compter de la date de

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réception de la demande par le Ministre chargé de la Justice, après avis de la
Commission administrative paritaire. Passé ce délai, la démission est réputée acceptée.

La démission régulièrement acceptée est irrévocable et ne peut être rapportée.


Toutefois, elle ne fait pas obstacle aux poursuites judiciaires qui pourraient être
exercées contre le fonctionnaire, en raison de faits qui n’auraient été révélés à
l’Administration qu’après cette acceptation.

Le fonctionnaire ne doit pas cesser son travail avant la date prévue par
l’Administration. S’il part avant cette date, il se met dans une position irrégulière vis-
à-vis de l’Administration (abandon de poste) et s’expose à une sanction disciplinaire.

C 2 - Le licenciement

Le licenciement est une mesure administrative qui met fin aux fonctions de
l’agent de l’Etat pour des motifs non disciplinaires. Le licenciement est prononcé par
le Ministre chargé de la Justice. Les raisons pouvant justifier le licenciement sont :
- inaptitude physique ou mentale, après avis du conseil de santé ;
- insuffisance professionnelle notoire après avis de la commission administrative
paritaire et conformément aux dispositions sur la notation des fonctionnaires ;
- perte de la nationalité ivoirienne.

Le fonctionnaire licencié pour inaptitude physique ou insuffisance


professionnelle notoire reçoit une indemnité dans les conditions fixées par décret
pris en Conseil des Ministres. Le fonctionnaire, frappé par cette mesure, est admis
d’office à la retraite s’il a acquis droit à pension.

C 3 - La révocation

La révocation est une sanction disciplinaire qui met fin aux fonctions de l’agent
de l’Etat pour des motifs disciplinaires (sanction du second degré). Elle est la
conséquence d’une faute professionnelle.

En effet, lorsque le fonctionnaire a commis une faute très grave, il est traduit
devant le Conseil de Discipline. Cette procédure peut aboutir à une sanction de
révocation avec ou sans suspension des droits à pension.

Si le fonctionnaire est révoqué sans suspension des droits à pension et s’il a


accompli au moins trente (30) ans de service effectif, une pension lui sera versée.

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Si le fonctionnaire a moins de trente (30) ans de service effectif, il lui est
simplement remboursé les retenues de 8,33% opérées sur son traitement.

C 4 - La mise à la retraite (la radiation des effectifs)

C’est l’acte par lequel, il est mis normalement fin à la carrière du fonctionnaire.

C’est le cas du fonctionnaire qui a acquis des droits à pension (15 ans de service
au moins) et qui quitte définitivement le service. La mise à la retraite est prononcée
par arrêté du Ministre chargé de la Fonction Publique soit d’office, soit à la
demande du fonctionnaire.

L’admission d’office à la retraite du fonctionnaire a lieu à la date à laquelle il


atteint la limite d’âge statutaire qui lui est applicable suivant son grade (60 ans ou
65ans) :
- 60 ans : du grade D1 au grade A3 ;
- 65 ans : du grade A4 à A7.

L’admission à la retraite du fonctionnaire intervient également en cas


d’invalidité ou encore à sa demande (par anticipation).

C 5 - Le décès du fonctionnaire

Le décès rompt les liens qui unissent le fonctionnaire à l’Administration. Au


décès du fonctionnaire, ses ayants droit peuvent prétendre à la réversion de
pension ainsi qu’au capital décès représentant une année de rémunération du
défunt. S’il n’a pas exercé pendant 15 ans révolus, au lieu de la pension, les ayants
droits auront droit plutôt à un remboursement des 8,33% cotisés par le
fonctionnaire

23
24
Une connaissance approfondie des règles déontologiques est essentielle. La
déontologie peut être définie comme l’ensemble des devoirs d conduite, aussi bien
écrite que non, qui constituent les obligations professionnelles de ceux qui font partie
d’un certain groupe professionnel et qui se rapportent aussi bien à la relation interne
qu’à leur relation vis-à-vis de tiers, tout en considérant la finalité de la profession.

On agit selon les règles de la déontologie si, par ses actions et sa conduite dans
sa vie professionnelle et privée, on ne déséquilibre pas la confiance du justiciable, des
usagers de la justice et de la hiérarchie dans le système juridique, ni la crédibilité de ce
système et de ses acteurs. La confiance et la crédibilité se méritent. Voilà pourquoi, une
connaissance des règles de déontologie s’impose.

Le Greffier est soumis dans l’exercice de ses fonctions à une série d’obligations
spécifiques d’une part à sa profession, telles que définies par la loi n° 2015-492 du 7
juillet 2015 et d’autre part en sa qualité de fonctionnaire ou d’agent de l’Etat bénéficiant
des dispositions globales du Statut Général de la Fonction Publique.

L’essentiel des devoirs des Greffiers est prévu par les articles 35 à 41 de la loi n°
2015-492 du 7 juillet 2015 portant Statut des Greffiers.

Le fondement de la déontologie du Greffier se trouve dans les textes ci-après :


- le Statut Général de la Fonction Publique ;
- les décrets d’applications subséquents à ce statut ;
- la loi n° 2015-492 du 07 juillet 2015 portant statut des Greffiers et
- le décret n° 2016-134 du 09 mars 2016 portant application de ladite loi.

Ainsi, le Greffier est avant tout un fonctionnaire ou un agent de l’Etat. A ce titre,


il est soumis aux dispositions globales du Statut Général de la Fonction Publique. Par
conséquent, ses fonctions sont assorties de droits, tels que :
- le droit à rémunération pour service fait ;
- le droit au congé annuel ;
- la liberté d’opinion et la liberté d’expression ;
- le droit syndical.

Il a aussi des obligations à sa charge, tant bien communes à tous les


fonctionnaires et agents de l’Etat que spécifiques à sa profession. Comme obligations,
l’on peut retenir, entre autres :
- l’obligation d’assurer le service public ;
- l’obligation d’obéissance hiérarchique ;
- l’obligation de discrétion professionnelle ;
- l’obligation de réserve.

25
En raison du caractère particulier de son emploi, il est important pour le Greffier
de retenir les droits et obligations qui suivent.

26
SECTION 1 : LE CONTENU DES RÈGLES DÉONTOLOGIQUES

La nature du greffe, son caractère de service public, les attributions de puissance


publique dont il est revêtu, lui imposent de servir dans le respect d’un certain nombre
de règles. Ces devoirs sont de deux ordres : les obligations de service, et les
obligations d’état.

Paragraphe 1 : Les obligations de service

Ces obligations imposent à tout fonctionnaire non seulement d’assurer les


attributions correspondant à l’emploi où ils sont nommés, mais également de le faire
conformément aux directives et instructions définies par l’autorité hiérarchique dans
l’intérêt général. La nature et le contenu de ces obligations sont donc dominés par
l’intérêt général. A ce titre on distingue les obligations que le greffier a en commun
avec les autres fonctionnaires et les obligations qu’il a de manière spécifique.

A- Les obligations communes à tous les agents publics

Il s’agit de l’obligation d’exercer personnellement ses fonctions, le respect et


l’obéissance hiérarchique, l’obligation de neutralité, l’obligation de discrétion
professionnelle et le secret professionnel.

A 1 : L’obligation d’exercer personnellement ses fonctions

L’obligation d’assurer le service dans le respect de la légalité et exercer ses


fonctions personnellement. C’est également l’obligation de devoir.

Le fonctionnaire a le devoir de se consacrer personnellement à la fonction pour


laquelle il a été recruté et doit le faire d’une manière régulière et continue. Par
conséquent, il doit être physiquement présent à son poste de travail pendant la totalité
des heures de service et consacrer l’intégralité de son activité professionnelle aux
tâches qui lui sont confiées et non à régler des affaires personnelles, à recevoir des
visites, à bavarder et à lire les journaux.

En tant qu’agent de l’Etat, il doit le servir avec loyauté, honneur, dignité,


respect, probité et dévouement.

Le devoir est prévu et aménagé par les articles 37 à 41 du statut des Greffiers. Il
comprend :

27
a – De la disponibilité (obligation d’exercer)

Le Greffier doit être entièrement disponible pour le service. A cet effet, il a


l’obligation :
- d’être ponctuel, c’est-à-dire respecter les horaires et la durée du travail en
vigueur ;
- d’être assidu, c’est-à-dire :
o être présent à son poste tous les jours ouvrables ;
o traiter avec célérité les dossiers et les transmettre dans les délais
prescrits ;
o être attentif aux préoccupations des usagers et de la hiérarchie ;
- se rendre disponible les jours non ouvrables et en dehors des horaires
réglementaires, en cas de nécessité de service ;
- résider au siège de la juridiction à laquelle il appartient (article 40 du Statut
du 07 juillet 2015).

b – De la responsabilité (obligation d’exclusivité)

Le Greffier doit :
- se consacrer à son activité professionnelle à titre inclusif, en évitant des
activités privées sur le lieu de travail ;
- être compétent :
o connaître et respecter les procédures et instructions de travail en
vigueur ;
o assurer pleinement ses fonctions ;
o réaliser les résultats attendus ;
o suivre les formations de renforcement des capacités en vue de
s’adapter à l’évolution des exigences du travail ;
- exécuter les activités, tâches ou opérations avec rigueur.

Ce dernier devoir est assoupli, lorsque l’agent ou le Greffier produit des œuvres
de l’esprit ou enseigne. Il est aussi assoupli pour les Greffiers en Chef qui cumulent
leurs fonctions avec les fonctions de Greffier-Notaire dans certaines juridictions.

A 2- Le respect et l’obéissance hiérarchique

Le greffier doit se conformer aux ordres verbaux et écrits de ses supérieurs qui
est la résultante du pouvoir d’orientation et d’instruction dévolu aux supérieurs
hiérarchiques.

28
L’organisation de l’Administration est basée sur le principe de la hiérarchie.
Ainsi, le fonctionnaire doit faire preuve d’un respect scrupuleux de ses supérieurs en
vertu de l’obligation d’obéissance hiérarchique qui pèse sur lui, dans l’exercice de son
activité.

Cette obligation prévue par l’article 28 du Statut général de la Fonction publique


signifie que le fonctionnaire, doit assurer son service conformément aux instructions
et ordres donnés par son supérieur hiérarchique et aux mesures d’organisation et de
fonctionnement du service même s’il les juge inopportuns. Elle trouve sa raison dans
le souci d’efficacité de l’action administrative et son fondement dans la responsabilité
qui incombe statutairement à toute autorité d’organiser et d’assurer la bonne marche
des services placés sous son autorité.

Cette obligation se manifeste par des ordres individuels, des circulaires, des
notes de service…

Le greffier doit exécuter les instructions du supérieur hiérarchique


conformément aux règles et procédures en vigueur.

A cet effet, il est tenu :


- d’avoir un comportement respectueux vis-à-vis du supérieur hiérarchique ;
- d’exécuter correctement et dans les délais les ordres reçus du supérieur
hiérarchique ;
- de demander des instructions complémentaires éventuelles pour bien
exécuter les tâches et prendre les initiatives nécessaires ;
- d’informer le supérieur hiérarchique immédiatement des instructions
provenant d’autres autorités ;
- de rendre compte de l’exécution des instructions reçues ;
- de s’abstenir d’exécuter des ordres contraires à la réglementation, aux lois
et procédures en vigueurs.

En contrepartie, le supérieur hiérarchique doit de la considération pour ses


collaborateurs et se montrer juste et équitable, en respectant les agents, quels que
soient leurs grades, qualités et positions. Pour ce faire, il doit :
- donner des ordres et des directives clairs, précis et conformes aux règles et
procédures en vigueur ;
- s’assurer du respect et de l’exécution correcte des ordres et des directives
donnés ;
- veiller au respect des règles hiérarchiques en vigueur afin d’éviter
d’entraver l’autorité des hiérarchies intermédiaires ;
- éviter les abus d’autorité.

29
Cette obéissance comporte néanmoins quelques limites. En effet, le
fonctionnaire a le devoir de désobéir à un ordre du supérieur hiérarchique lorsque :
- l’ordre reçu est manifestement illégal et de nature à compromettre un
intérêt public. Autrement dit, il faut éviter l’obéissance aveugle dans
l’exécution d’une tâche lorsqu’elle est compromettante ;
- l’exécution de l’ordre constitue une infraction pénale.

Ainsi, le fonctionnaire n’est pas tenu d’exécuter un ordre lorsque celui-ci est de
nature à porter atteinte à ses droits légitimes, à son statut ou au bon déroulement de
sa carrière. En effet, tout fonctionnaire est responsable des actes qu’il pose dans
l’exécution des tâches qui lui sont confiées, cela n’exclut pas pour autant la
responsabilité du supérieur hiérarchique.

A 3 - L’obligation de neutralité

Elle interdit toute discrimination. Cette obligation se confond avec l’équité et la


probité.

Le Greffier doit faire preuve de désintéressement, de détachement et de


neutralité dans l’accomplissement de ses missions. A cet effet, il a l’obligation :
- de s’abstenir d’avoir des intérêts dans des entreprises justiciables ou de
toutes autres prestations du service ;
- de traiter de façon juste, équitable et objective les justiciables, usagers ou
partenaires et leurs dossiers ;
- observer une attitude de loyauté ;
- d’avoir le sens du service public quels que soient son genre, son
appartenance ethnique, ses croyances ou convictions religieuses, politiques
ou philosophiques ;
- d’avoir une bonne moralité ;
- de cultiver et d’observer un comportement d’incorruptibilité ;
- de refuser toutes formes de concussion, de faux et usage de faux en écriture
et en document, d’abus de pouvoir, de trafic d’influence ou de chantage ;
- s’abstenir de solliciter ou d’accepter une rétribution en espèces ou en nature
pour lui-même ou pour un tiers, en rémunération d’un acte de sa fonction
déjà accompli ou à accomplir (article 38 du statut) ;
- s’abstenir de solliciter ou de recevoir des dons, legs, faveurs de quelque
nature que ce soit des personnes engagées dans un procès ou intéressées de
quelque façon que ce soit audit procès (article 39 du statut).

30
A 4 - L’obligation de discrétion professionnelle

L’agent ne doit divulguer des faits ou informations ou user de documents


que dans la mesure nécessaire à l’exécution du service

A 5 - Le respect du secret professionnel et de la réserve

L’interdiction au greffier de divulguer les renseignements qu’il reçoit dans


l’exercice de ses fonctions.

Le greffier doit observer en tout temps et en tout lieu le devoir de réserve et le


secret professionnel. A cet effet, il est tenu :
- de ne pas diffuser le contenu des documents et les secrets à lui confiés par
les justiciables et les usagers de la justice, si la loi et les règlements ne l’y
autorisent ;
- de s’abstenir d’activités jetant le discrédit sur sa fonction dans sa vie privée ;
- de s’abstenir d’exprimer ses opinions politiques, religieuses et ethniques
dans sa vie professionnelle.

L’obligation de réserve est la contrepartie de la liberté d’opinion et surtout de


la liberté d’expression des opinions.

Cette obligation découle du principe de loyalisme que le fonctionnaire est tenu


d’observer envers les Institutions de l’Etat. Il est imposé au fonctionnaire la réserve
quant à l’expression de ses opinions.

Soumis au devoir de neutralité, il doit s’abstenir des paroles de nature à


compromettre l’Etat qui l’emploie.

Même en dehors du service, l’expression des opinions du fonctionnaire doit être


limitée. Cette restriction est en rapport avec sa situation dans la hiérarchie
administrative.

Les fonctionnaires suspendus, en disponibilité, admis à la retraite et même


ayant quitté définitivement l’Administration sont soumis à l’obligation de réserve.

Ces deux dernières obligations se recoupent. On retiendra donc que le


fonctionnaire est soumis à une obligation de discrétion et de secret professionnel. En
effet, le fonctionnaire est tenu au secret professionnel, dont la violation est réprimée
par le Code Pénal.

31
Il est interdit au fonctionnaire comme à toute personne se trouvant dépositaire
d’un secret en raison de sa profession de révéler les secrets du service et ceux
concernant d’autres personnes dont il a la charge du fait de ses fonctions. Également,
le fonctionnaire doit faire preuve de discrétion pour tous les faits, informations ou
documents dont il a connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions.

Toutefois cette obligation comporte des limites. Elle ne s’applique pas quand il
s’agit de dénoncer des crimes ou délits dont le fonctionnaire a connaissance ou
lorsqu’il est appelé à rendre témoignage à la demande de l’autorité judiciaire.

Seul le Ministre dont relève le fonctionnaire peut l’autoriser à communiquer des


documents secrets à des personnes étrangères au service ou à l’Administration dans la
limite des règles prévues.

B - Les obligations spécifiques au greffier

L’exigence de l’exercice de la fonction du greffier nous renvoie à un certain nombre de


devoirs, notamment le devoir d’authentification, le devoir du respect du principe du
contradictoire, le devoir d’accueil rassurant.

B 1 - Le devoir d’accueil rassurant du justiciable

L’accueil recouvre, outre la manière ou le comportement, un ensemble de


dispositifs organisationnels et visuels permettant d’orienter l’usager, ainsi que des
notions de service public que sont le renseignement et l’information des usagers.

B 2 - Le respect du principe du contradictoire

Elle apparait comme une sorte de droit naturel. Elle est consacrée par la
jurisprudence et par les codes de Procédure Civile. Ce principe s’applique
indifféremment aux deux parties : aussi bien au demandeur qu’au défendeur.

B 3 - Le devoir d’authentification

Corollaire du serment et de sa qualité d’auxiliaire de justice, le greffier assiste le


juge dans tous les actes de son ministère qu’il élabore. Il prépare le dossier de la
procédure, veille, dans le cadre de ses compétences, au respect des règles y relatives,
puis, est présent à l’audience, où il assure les fonctions de témoin légal.

32
B 4 – L’obligation de prêter serment

Au terme de l’article 14 du statut, les Greffiers, lors de leur nomination à leur


premier poste et avant d’entrer en fonction prêtent serment en audience solennelle de
la juridiction où ils affectés, en ces termes :
« Je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions et d’observer en tout,
les devoirs qu’elles m’imposent ».

En cas de nécessité, ils prêtent serment par écrit.

B 5 - Du costume ou le port de la toge

Le costume est prévu par l’article 56 du statut.

Les Attachés et les Administrateurs des Services Judiciaires, remplissant les


fonctions de Greffier en Chef, portent aux audiences ordinaires et solennelles, le même
costume que les magistrats sans galon d’argent à la toque.

Quant au Greffier en Chef de la Cour d’Appel, il a le même costume que celui


des conseillers mais la toque noire est sans galon.

33
Paragraphe 2 : Les obligations « d’état » du greffier

Pour que le justiciable soit rassuré, il faut que le comportement du greffier


puisse être dénué des humeurs personnelles et de ses états d’âme. Le sérieux qui doit
caractériser les gens de justice résulte du respect de ses obligations tenant d’une part à
l’éthique professionnelle, d’autre part aux vertus morales.

A- Les obligations tenant à l’éthique professionnelle

Au titre des obligations liées à l’éthique professionnelle, nous retiendrons le


devoir de probité, le devoir de dignité, le devoir de discipline, l’ordre et la courtoisie.

A 1- Le devoir de probité

« La probité serait la vertu qui, d’une part, permet à l’agent public de respecter
et de gérer la chose publique et d’en répondre, et d’autre part, l’astreint à une
honnêteté totale en toute circonstance ».

Comme indiqué plus haut pour le devoir de neutralité, l e Greffier doit faire
preuve de désintéressement, de détachement et de neutralité dans l’accomplissement
de ses missions. A cet effet, il a l’obligation :
- de s’abstenir d’avoir des intérêts dans des entreprises justiciables ou de
toutes autres prestations du Tribunal de Commerce ;
- de traiter de façon juste, équitable et objective les justiciables, usagers ou
partenaires et leurs dossiers ;
- observer une attitude de loyauté ;
- d’avoir le sens du service public quels que soient son genre, son
appartenance ethnique, ses croyances ou convictions religieuses, politiques
ou philosophiques ;
- d’avoir une bonne moralité ;
- de cultiver et d’observer un comportement d’incorruptibilité ;
- de refuser toutes formes de concussion, de faux et usage de faux en écriture
et en document, d’abus de pouvoir, de trafic d’influence ou de chantage ;
- s’abstenir de solliciter ou d’accepter une rétribution en espèces ou en nature
pour lui-même ou pour un tiers, en rémunération d’un acte de sa fonction
déjà accompli ou à accomplir (article 39 de l’Ordonnance) ;
- s’abstenir de solliciter ou de recevoir des dons, legs, faveurs de quelque
nature que ce soit des personnes engagées dans un procès ou intéressées de
quelque façon que ce soit audit procès (article 40 de l’Ordonnance).

34
A 2- L’obligation de dignité

Elle peut être définie comme l’exigence faite à l’agent public d’avoir un
comportement sans reproche, tant sur le plan professionnel que dans sa vie privée.

A ce titre, le Greffier doit :


- observer, dans l’exercice de ses fonctions, une attitude de dignité dans son
comportement, sa tenue vestimentaire, son langage, ses relations avec ses
supérieurs hiérarchiques, collègues et usagers ou justiciables ;
- en dehors du service, faire preuve de bonne tenue en toutes circonstance,
quel que soit le lieu où se trouve ;
- s’abstenir d’exploiter l’image de son service à des fins personnelles ;
- éviter les comportements, fréquentations, actes ou actions de nature à porter
préjudice à l’image et à la crédibilité du tribunal.

A 3- L’obligation de discipline

C’est le greffier qui respecte l’autorité : l’autorité de la loi, l’autorité


administrative et l’autorité judiciaire.

A 4- Le devoir d’être ordonné

L’ordre, c’est la disposition méthodique des choses ou de l’esprit. Le greffier


doit respecter l’ordre établi par le greffier en chef ou les usages consacrés.

A 5- L’obligation de courtoisie

C’est la politesse, l’absence d’impolitesse.

B- Les obligations tenant aux vertus morales

Le greffier, à qui on confie la mémoire de la juridiction, les informations,


support et document contenant la vie privée des citoyens, les intérêts des entreprisses,
les antécédents judiciaires des personnes, doit inspirer confiance. Confiance physique
d’abord, confiance psychologique ensuite et confiance intellectuelle. Cette confiance le
greffier doit la conquérir ou la préserver

35
B 1- L’obligation de propreté

Le greffe est le service du tribunal qui accueille le justiciable. De l’image de ce


service dépend l’image du tribunal, du palais de justice. L’image du greffe est l’affaire
du greffier, lequel doit être présentable.

B 2- Le devoir d’humilité

L’agent des services judiciaires est par essence un serviteur ; serviteur de la loi,
de la hiérarchie judiciaire. Il doit dès lors, dans ses actes, effacer son « moi » pour ne
laisser prospérer que l’autorité de la loi. Pour ce faire, il se doit d’être probe et sobre.

B 3- Le devoir de charité

Le comportement des agents de la justice doit donc être charitable, empreint de


tolérance.

En marge des obligations ci-dessus citées, il y en a une qui mérite d’être relevée.
Il s’agit d’une obligation de fait.

Il s’agit d’une astreinte à la charge du greffier, sans que celle-ci ne soit prévue
ni prise en compte par les textes. En effet, l’obligation d’assurer le service prescrite par
la loi n° 92-570 du 11 Septembre 1992 portant Statut Général de la F.P dispose que les
fonctionnaires sont tenus d’assurer le service public durant les heures légales
suivantes : de 7 heures 30 minutes à 16 heures.30 minutes les jours ouvrables.

Cependant, le greffier peut travailler ou assister les formations de jugement au-


delà de ses heures légales.

36
SECTION 2 : LES INCOMPATIBILITES

Les incompatibilités ou incapacités frappant ou touchant le greffier dans


l’exercice de ses fonctions sont prévues aux articles 35 et 36 du statut.

Il s’agit d’un certain nombre d’interdictions faites au Greffier. Ainsi, le Greffier


ne peut participer au travail d’un organisme ou de commissions extraordinaires, s’il
n’y a pas été autorisé par le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.

En outre, le Greffier ne peut à peine de nullité des actes intervenus :


- siéger à l’audience de la juridiction à laquelle il appartient, lorsque celle-ci
compte parmi ses membres son conjoint, un parent ou allié en ligne directe
ou en ligne collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement ;
- assister un magistrat exerçant des attributions juridictionnelles lorsqu’il se
trouve par rapport à lui, dans les mêmes conditions de parenté ou alliance ;
- siéger à l’audience ou assister le juge lorsqu’il s’agit de ses propres intérêts,
de ceux de son conjoint ou de ses parents ou alliés ;
- siéger à l’audience ou assister le juge lorsqu’il s’agit de ses propres intérêts,
de ceux d’une personne dont il est le représentant légal ou le mandataire à
un titre quelconque ;
- se porter acquéreur des droits litigieux pendants la juridiction au sein de
laquelle il est en service.

37
SECTION 3 : LA PORTEE PRATIQUE DES REGLES DEONTOLOGIQUES

Trois types de responsabilités individuelles peuvent être imputés au greffier :


la responsabilité pécuniaire, la responsabilité pénale et la responsabilité disciplinaire.

Paragraphe 1 : La responsabilité du greffier convaincu de violation


de ses obligations professionnelles

De nombreux textes évoquent la responsabilité pécuniaire et pénale du Greffier.


Au titre de ces textes, on peut citer le Code Général des Impôts et la loi n° 2015-492 du
7 juillet 2015 portant statut des Greffiers.

A - La responsabilité pécuniaire

La responsabilité pécuniaire du greffier, c'est-à-dire sa responsabilité financière,


peut être retenue suivant deux régimes juridiques : l’un commun à tous les agents
publics, l’autre spécifique aux greffiers.

B -La responsabilité pénale

Elle fait appel à deux types de développement : l’affirmation de la responsabilité


du greffier et la faute pénale qui peut lui être reprochée.

Selon le code pénal « la personne physique responsable de ces actes est seule
soumise à une sanction pénale ». En outre, la loi pénale s’applique à tous également.

Les seules distinctions admises sont celles prévues par la loi elle-même et qui
tiennent notamment aux immunités consacrées par le droit public, à l’importance de
l’infraction et de la faute, à l’âge ou à la qualité spéciale de l’auteur et au danger social
qu’il représente.

Cette prescription laisse apparaître, sauf dispositions légales expresses


contraires, que le greffier est poursuivi, en cas d’infraction à la loi pénale, de la même
manière que tout citoyen. Ainsi sa qualité de greffier ne lui donne point, ni un privilège
de juridiction, ni une protection particulière en raison d’une procédure spécifique.

38
Paragraphe 2- La sanction disciplinaire de la violation
des règles déontologiques

Le non-respect par le fonctionnaire, partant par le greffier, des obligations


auxquelles il est tenu à l’égard du service est sanctionné par sa responsabilité
professionnelle, responsabilité mise en jeu sur le plan disciplinaire. En effet, toute faute
commise par un greffier dans l’exercice et à l’occasion de l’exercice de ses fonctions
l’expose à une sanction disciplinaire, sans préjudice, le cas échéant, des peines prévues
par la loi. Il convient dès lors d’appréhender la notion de faute professionnelle, puis le
régime général de la procédure disciplinaire.

La sanction disciplinaire s’entend toute mesure autre que des observations


verbales prises dans le cadre disciplinaire par l’employeur ou des organes désignés
par lui à cet effet, à la suite d’un agissement de l’agent, jugé fautif, que cette mesure
soit de nature à affecter immédiatement ou non la présence, la fonction ou la carrière
de l’agent (ici, du Greffier).

Le régime disciplinaire des greffiers est prévu aux articles 42 à 51 du statut.

A - La faute susceptible de mettre en jeu l’action disciplinaire

La faute pénale imputable au greffier dans le cadre de ses fonctions peut être
une faute pénale ou simplement une entrave au fonctionnement normal du service.

Les plus importantes pour le greffier sont :


- la prise illégale d’intérêts, c’est le fait, par une personne dépositaire de
l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou par une
personne investie d’un mandat électif public, de prendre, recevoir ou
conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans une
entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l’acte, en tout
ou partie, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation
ou le paiement ;
- la concussion, c’est le fait pour un fonctionnaire de percevoir à son profit
une somme d’argent non due ou une somme supérieure à celle qui était
réellement due ;
- la corruption, c’est un moyen illicite qu’on emploie pour faire agir quelqu’un
contre son devoir, contre sa conscience ;
- le trafic d’influence, c’est une action malhonnête qu’un individu pourrait
utiliser pour favoriser certaines personnes ou lui-même moyennant
rétribution ;

39
- la soustraction et le détournement de biens, c’est le fait de soustraire à son
profit de l’argent ou des fonds des caisses de l’Etat.

Enfin, le fonctionnaire a l’obligation d’être neutre, impartial dans ses rapports


avec les usagers du service public. Il ne doit pratiquer aucune discrimination entre les
usagers du service public et ne doit manifester ouvertement ses différentes opinions

B - La procédure en vue de la sanction disciplinaire

La procédure disciplinaire dépend de la nature de la sanction envisagée. Il y a


traditionnellement deux catégories de sanctions :
- les sanctions de premier degré et
- les sanctions de second degré.

Cependant, le Statut des Greffiers ne fait pas de distinction claire dans ce sens.

L’article 48 énumère par ordre de gravité les sanctions disciplinaires applicables


au Greffier, sans plus :
- l’avertissement (article 46) ;
- le blâme ;
- le déplacement d’office ;
- la suspension à titre conservatoire (article 49) d’une part et d’autre part
- la radiation du tableau d’avancement ;
- l’abaissement d’échelon ;
- la rétrogradation ;
- la mise à la retraite d’office et
- la révocation avec ou sans suspension des droits à pension.

Généralement, toutes ces sanctions sont prononcées par le Ministre en charge


de la Justice.

La procédure proprement dite se décline comme suit :

Le chef du service employeur adresse une demande d’explication à l’agent


fautif. Puis, il adresse au Ministre, par la voie hiérarchique, un rapport sur les faits
reprochés à l’intéressé. Les explications écrites de l’intéressé doivent être jointes au
rapport.

Le Ministre de la Justice saisit l’inspection générale des services judiciaires et


pénitentiaires du dossier. Celle-ci instruit le dossier et émet un rapport circonstancié.

40
Avec ce rapport, le ministre de la justice saisit le Conseil de discipline des
Greffiers qui, après ses délibérations, propose une sanction au Ministre de la Justice.

41
Section 4 - DES DROITS DU GREFFIER.

Les droits statutaires concernent des privilèges ou avantages accordés par la loi
au fonctionnaire pour lui permettre d’être dans les bonnes conditions morales,
psychologiques, intellectuelle et environnementales de travail.

Il s’agit du droit à la rémunération et avantages matériels, des avantages sociaux


et du droit à la protection de la collectivité publique.

Certains droits ou avantages sont accordés au Greffier par des textes épars. Il
s’agit entre autres :
- la carte professionnelle ;
- l’indemnité de participation à la judicature ;
- l’indemnité de suggestion ;
- les émoluments ;
- les fonds d’intéressement.

Les textes de la fonction publique et de la loi portant statut des Greffiers octroient des
droits à chaque agent. Au titre de ces droits, on peut citer les avantages financiers,
matériels et sociaux.

Paragraphe 1 : Les avantages financiers

A -La rémunération et les accessoires

La rémunération est la contrepartie du service fait. Elle est constituée des


éléments suivants : le traitement, l’indemnité de résidence, les allocations familiales et
diverses autres indemnités.

A 1 - Le traitement

Il est fixé de manière impersonnelle en fonction des grades et échelons. Il


s’obtient en multipliant l’indice du fonctionnaire x 233.457 (référence indiciaire).

Il est soumis à retenue pour pension dont le taux est fixé à 8,33%.

A 2 - L’indemnité de résidence

Elle représente 15% du traitement de base.

42
A 3 - Les allocations familiales

Le montant des allocations familiales est uniformément fixé à 7.500 FCFA par
enfant. Le nombre d’enfants y donnant droit ne peut être supérieur à 6.

Ouvrent droit aux allocations familiales :


- les enfants légitimes ;
- les enfants nés hors mariage dont la filiation est légalement établie ;
- les enfants adoptifs (deux enfants au maximum).

Les allocations sont normalement dues jusqu’à l’âge de 15 ans. Toutefois, cette
limite est portée à 17 ans pour l’enfant placé en apprentissage et à 20 ans si l’enfant
poursuit des études ou s’il est dans l’impossibilité permanente de se livrer à un travail
salarié par suite d’infirmité ou de maladie incurable.

A 4 - Diverses autres indemnités.

− Indemnités de logement (tous les fonctionnaires et agents de l’Etat),


− Primes de rendement (régies financières),
− Indemnités de risques (personnels soignants, gardes pénitentiaires)

B- L’indemnité de participation à la judicature

Institué par le décret n° 97-194 du 27 Mars 1997, l’allocation d’une indemnité de


participation à la judicature visait à améliorer la situation financière du Greffier et
surtout à lui permettre de remplir avec quiétude ses missions. Le montant de cette
indemnité a été revalorisé par le décret n° 2016-134 du 09 mars 2016 et est désormais
fixé comme suit :
- l’Administrateur des Greffes et Parquets a droit à la somme de 145.000 F ;
- l’Attaché des Greffes et Parquets a droit à la somme de 125.000 F ;
- le Secrétaire des Greffes et Parquets a droit à la somme de 100.000 F.

Paragraphe 2 : Les droits matériels et sociaux

A – Les avantages matériels et sociaux

A 1 - La carte professionnelle

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La carte professionnelle instituée par le décret N° 93-609 du 02 Juillet 1993
portant modalités particulières d’application du Statut Général de la Fonction
Publique. Elle est délivrée par le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.

Cette carte professionnelle donne à son titulaire la qualité de Greffier. Elle est
perçue comme un laissez-passer pour permettre la libre circulation du Greffier, sans
entraves ni difficultés, dans l’accomplissement des missions à lui confiées et dans le
cadre de l’exercice de sa profession.

A 2- Avantages sociaux

S’agissant des avantages sociaux, il s’agit des congés et des autorisations


d’absences.

- Les congés

Le fonctionnaire peut bénéficier de trois types de congés à savoir le congé


annuel, les congés maladies, le congé pour couche et allaitement.

- Les autorisations d’absences

Les autorisations d’absence n’entrent pas en compte dans le calcul du congé


annuel. Des autorisations sans traitement peuvent être accordées au fonctionnaire sans
traitement, au fonctionnaire candidat à des élections politiques pendant la durée de la
campagne électorale. En outre le fonctionnaire peut bénéficier de permission avec
traitement pour événements familiaux en cas de :
- de décès d’un ascendant ou d’un descendant en ligne direct : cinq jours ;
- de mariage de l’agent ou d’un enfant de l’agent : deux jours ;
- de naissance survenue au foyer du fonctionnaire : trois jours. Ce dernier cas est
souvent appelé, «congé de paternité».

B -La protection de la collectivité et les libertés publiques


du fonctionnaire

La liberté d’opinion est reconnue aux fonctionnaires et aucune distinction ne


peut être faite entre ceux-ci en raison de leurs opinions politiques, philosophiques ou
religieuses. Toutefois l’expression de ces opinions ne doit en aucun cas mettre en cause

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les principes affirmés par la constitution et par les règles statutaires auxquelles il est
soumis (statut général de la Fonction Publique ou statut particulier).

Le droit de grève est reconnu aux fonctionnaires pour la défense de leurs


intérêts professionnels, individuels et collectifs. Ce droit s’exerce dans le cadre défini
par la loi. Outre ces droits qui relèvent des libertés publiques, les fonctionnaires
bénéficient dans l’exercice de leurs fonctions, de protection particulière contre les
agissements dangereux des usagers.

Les fonctionnaires bénéficient, dans l’exercice de leurs fonctions d’une


protection assurée par la collectivité publique dont ils dépendent.

L’Administration protège le fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. Cela


se justifie par les risques et les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de ses activités.

Ainsi, en plus de la protection prévue pour lui par les textes à l’égard de
l’Administration elle-même et qui concerne la procédure disciplinaire (droit à la
communication préalable et intégrale de son dossier avant toute sanction disciplinaire
du second degré) et les garanties juridictionnelles (droit au recours pour excès de
pouvoir et au recours de pleine juridiction), le fonctionnaire est protégé contre
d’éventuels actes et actions des administrés. Il s’agit en la matière d’une protection
pénale et d’une protection civile.

B 1 - La protection pénale

Elle est prévue par l’article 20 du Statut Général de la Fonction Publique et


protège les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures,
diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes dans l’exercice de leurs
fonctions et permet la réparation, le cas échéant du préjudice qui en est résulté.

B 2 - La protection civile

Lorsque le fonctionnaire est poursuivi par un tiers pour faute de service, la


collectivité publique est responsable des condamnations civiles prononcées contre lui
dans la mesure où aucune faute personnelle détachable du service ne peut lui être
imputable.

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En somme, on retiendra que longtemps partagé entre le statut général de la
Fonction Publique et divers autres textes, le Greffier a exercé ses fonctions, dans un
flou juridique en attendant la redéfinition d’un statut particulier qui le replace au cœur
de son métier.

Dans l’attente des décrets d’application de la loi n° 98-744 du 23 décembre 1998


et de l’achèvement de l’œuvre de réforme des greffes, le Greffier doit s’imposer de par
son travail et sa conduite au sein du pouvoir judiciaire.

Le Greffier doit porter en lui une parcelle de crédibilité, ce qui conduit à dire
que la crédibilité de la justice repose sur ses animateurs. En sa qualité d’acteur
judiciaire, le plus en vue, parce qu’au début et à la fin de la procédure, le Greffier doit
être d’accès facile.

En dehors du service, il est en contact permanent avec le peuple qui l’observe


activement, le considérant comme l’un des représentants de l’institution judiciaire. La
crédibilité de la justice pourra donc être appréciée par rapport au sens de
responsabilité du Greffier mais aussi par rapport à sa dignité. Aux yeux de son
entourage, le greffier incarne toutes les vertus morales de la justice.

Par conséquent, il doit mettre un point d’honneur à assurer ses fonctions avec
compétence, rigueur et honnêteté.

En définitive, le Greffier doit se distinguer par une tenue corporelle et morale


exemplaire qui va susciter le respect et la considération à l’égard de ses collègues, de
ses supérieurs, de ses collaborateurs et des justiciables.

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TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE

PRESENTATION DU MODULE

1 – Contexte et justification
2 – Public bénéficiaire
3 – Objectifs de la formation

INTRODUCTION

CHAPITRE I : STATUT DU GREFFIER

Section 1 : Aperçu historique sur le statut du Greffier

Paragraphe 1 : La période coloniale


Paragraphe 2 : La période post indépendance
Paragraphe 3 : La période contemporaine

Section 2 : La carrière

Paragraphe 1 : Définitions de notions

A – L’affectation
B – La nomination
C – La catégorie
D – Le grade
E – La titularisation
F – L’emploi
G – La fonction
H – La mutation
I - La notation
J - L’avancement
K – La promotion
L – La mobilité
M – La mise à disposition

Paragraphe 2 : Le recrutement et la formation

A – Conditions générales

B – Conditions particulières
B 1 - Les secrétaires des Greffes et Parquets
B 2 - Les attachés des Greffes et Parquets
C 3 - Les administrateurs des Greffes et Parquets

C : La classification des corps

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Paragraphe 3 : Les positions administratives

A - Les positions ne nécessitant aucune rupture de carrière


A 1 – L’activité
A 2 – le détachement
A 3 – Sous les drapeaux

B - Les positions impliquant une interruption de service

C – La cessation définitive d’activité


C 1 – La démission
C 2 – Le licenciement
C 3 – La révocation
C 4 – L a mise à la retraite (la radiation des effectifs)
C 5 – Le décès de l’agent

CHAPITRE II – DEONTOLOGIE DU GREFFIER

Section 1 : Le contenu des règles déontologiques

Paragraphe 1: Les obligations de service

A - Les obligations communes à tous les agents publics


A 1 -L’obligation d’exercer personnellement ses fonctions
a – De la disponibilité (obligation d’exercer)
b – De la responsabilité (obligation d’exclusivité)

A 2 - Le respect et l’obéissance hiérarchique


A 3 - L’obligation de neutralité
A 4 - L’obligation de discrétion professionnelle
A 5 - Le respect du secret professionnel et de la réserve

B - Les obligations spécifiques au greffier


B 1 - Le devoir d’accueil rassurant du justiciable
B 2 - Le respect du principe du contradictoire
B 3 - Le devoir d’authentification
B 4 – L’obligation de prêter serment
B 5 - Du costume ou le port de la toge

Paragraphe 2 : Les obligations « d’état » du greffier

A - Les obligations tenant à l’éthique professionnelle


A 1 - Le devoir de probité
A 2 - L’obligation de dignité
A 3 - L’obligation de discipline

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A 4 - Le devoir d’être ordonné
A 5 - L’obligation de courtoisie

B - Les obligations tenant aux vertus morales


B 1 - L’obligation de propreté
B 2 - Le devoir d’humilité
B 3 - Le devoir de charité

Section 2 : Les incompatibilités

Section 3 : La portée pratique des règles déontologiques

Paragraphe 1 : La responsabilité du greffier convaincu de violation


de ses obligations professionnelles

A - La responsabilité pécuniaire

B - La responsabilité pénale

Paragraphe 2 - La sanction disciplinaire de la violation


des règles déontologiques

A - La faute susceptible de mettre en jeu l’action disciplinaire

B - La procédure en vue de la sanction disciplinaire

Section 4 : Des droits du Greffier

Paragraphe 1 : Les avantages financiers

A -La rémunération et les accessoires


A 1 – Le traitement
A 2 – l’indemnité de résidence
A 3 – Les allocations familiales
A 4 – Diverses autres indemnités

B- L’indemnité de participation à la judicature

Paragraphe 2 : Les droits matériels et sociaux

A – Les avantages matériels et sociaux


A1 - La carte professionnelle
A2- Avantages sociaux
- Les congés
- Les autorisations d’absences

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B -La protection de la collectivité et les libertés publiques
du fonctionnaire
B 1 – La protection pénale
B 2 – La protection civile

CONCLUSION

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