Vous êtes sur la page 1sur 13

Le rôle de l’état en matière DE

POLITIQUES SOCIALES

Thématiques concours des IRA

Thierry Nelson
Attaché principal d’administration de l’État

Retrouvez la liste de nos formations sur www.cned.fr


Pour plus d’informations, appelez le 05 49 49 94 94 Fiche 1
Du lundi au vendredi, 8h30-18h.
Coût d’une communication ordinaire.

6-L946-TE-WB-01-14 www.cned.fr
Directeur de publication : Serge Bergamelli Novembre 2014

Ces cours sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes
qui s’en serviraient à d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction, sans le consentement du
Centre ­national d’enseignement à distance, s’exposeraient aux poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par la loi 92‑597
du 1er juillet 1992 relative au code de la propriété intellectuelle plus précisément en ce qui concerne les articles L 122-5 et L 335-2 et suivants.
Le rôle de l’État en matière
de politiques sociales

Introduction de la question
« Les politiques sociales à la croisée des chemins » : tel est le titre de l’édition 2014 de L’Année de l’Action
sociale, ouvrage collectif dirigé par Jean-Yves Guéguen1. Plusieurs auteurs y donnent leur opinion éclairée
sur le défi que constitue aujourd’hui le maintien de politiques sociales, cet immense effort de solidarité envers
les personnes les plus vulnérables.
Est-ce à dire que l’époque, en dépit des nombreuses formes modernes d’assistance, se demande pourquoi
défendre le faible ou s’il faut encore secourir la veuve et l’orphelin ?
Si les politiques sanitaires qui visent un accès aux mêmes soins pour tous quel que soit le revenu reposent sur
un principe de redistribution entre les malades et les non-malades, à l’inverse les politiques sociales prônent
une redistribution en fonction des revenus pour éviter l’extrême pauvreté et pour donner des conditions de vie
décente à tous.
Comment se font les politiques sociales ? Quel rôle jouent les pouvoirs publics ? Quels sont les autres acteurs ?
Autant de questions pour tenter d’appréhender le rôle de l’État en matière de politiques sociales.

Définition
On pourrait définir les politiques sociales comme l’ensemble des dispositifs d’intervention visant à combattre
la pauvreté. Toutefois, il convient de circonscrire le périmètre des politiques sociales. En effet, toute politique
publique a une dimension sociale (fiscale, éducative, industrielle, etc.) : l’action publique a pour objet le
changement et l’organisation des rapports sociaux.
Si les politiques sociales recouvrent principalement le champ des ministères en charge de la santé, des affaires
sociales, de la sécurité sociale, elles n’échappent pas au champ des ministères en charge du travail, de l’emploi
et de la formation professionnelle, ou de l’économie.
La mise en œuvre même des politiques sociales – quelles qu’elles puissent être – implique autant les individus,
les groupes que les institutions.

Les fondements des politiques sociales et leur évolution historique expliquent l’importance des critères qui
seront retenus pour rendre effectives les politiques sociales.

1 L’Année de l’Action sociale, ouvrage collectif dirigé par Jean-Yves Guéguen, Hors collection, Gazette Santé Social, 2013.

3
© CNED – L946-TE-01-14
Historique
Les politiques sociales retracent l’histoire du développement des sociétés en perpétuelle mutation.
On peut retenir qu’une large tradition issue du principe de charité chrétienne a irrigué le Moyen-Age. L’époque
médiévale, surtout à compter du XIIe siècle en France, est celle des hôpitaux qui jouent le rôle d’hospices et
de maisons de charité, qui accueillent notamment les pauvres, les enfants abandonnés, les malades ou les
pèlerins. Ils y trouvent le gîte et le couvert et peuvent y recevoir des soins.
La charité – ce qu’on nommerait aujourd’hui l’action sociale et médico-sociale – a longtemps été assurée par
des instances privées, en particulier religieuses. Puis l’État est intervenu progressivement.
Il faut noter cependant que la figure du pauvre relève alors d’une conception toute autre de celle d’aujourd’hui
puisqu’il s’agit de le prendre en charge pour le réprimer – l’indigence est considérée comme une forme de
corruption morale – voire le soustraire du paysage social.
L’enseignement des enfants pauvres, par exemple, a été institué dans le cadre des hôpitaux et des Bureaux
des pauvres, organismes assurant l’exercice de la charité. Des lettres de patente d’août 1545 précisent que
l’hôpital du Saint-Esprit ou l’hôpital de la Trinité recueillaient les orphelins ou les enfants pauvres.
Ces bureaux faisaient notamment face à l’urgence née des disettes et des épidémies qui avaient généralisées
la misère en ce milieu du XVIe siècle où les mendiants fuyant la peste arrivaient à Paris en provenance de
Picardie ou de Champagne.
Toujours à Paris, un siècle plus tard en 1656, la fondation de l’Hôpital général constitue, nous le rappelle
Michel Foucault1, la procédure inaugurale d’exclusion de la folie, préfigurant une politique d’assistance de l’État.
Il ne faut omettre de citer, au Royaume-Uni, les lois adoptées par le Parlement en faveur des travailleurs
pauvres : les Poor Laws de 1601.
En France, la loi du 7 frimaire an V (27 novembre 1796) accorde aux pauvres le droit à la solidarité publique,
en instituant des bureaux de bienfaisance, chargés de recevoir, gérer et répartir le droit des pauvres (une taxe
sur les spectacles) dont les centres communaux d’action sociale sont les héritiers.
On relève la loi du 30 juin 1838 portant assistance aux aliénés et surtout celle considérée comme marquant
l’apparition des politiques sociales, la loi du 22 mars 18412 relative au travail des enfants employés dans les
manufactures, usines ou ateliers. L’âge minimum d’embauche est fixé à 8 ans et, pour le travail de nuit, à 13 ans !
On constate donc que les premières politiques sociales sont des mesures de protection des salariés des grandes
industries naissantes c’est-à-dire des politiques du travail.
Mais cette période d’émergence de la grande industrie est marquée par un paupérisme de grande ampleur. Or
les mesures prises sous l’Empire, notamment les bureaux de bienfaisance, qui relèvent de la seule assistance
grèvent le budget des communes. Sous la IIe République, l’idée de la prévoyance par l’épargne s’impose alors
pour faire face aux cas d’incapacité temporaire de travail. Mais la proposition d’un système unifié et obligatoire
de prévoyance sociale ne passe pas. Le principe du fractionnement de la prise en charge des risques sociaux
est adopté de même qu’est rejeté celui de l’obligation. Dès lors, et pendant près d’un siècle, la prévoyance
sociale sera l’affaire du mutualisme et de l’assurance privée.
La loi du 15 juillet 1893 par une loi rendant obligatoire la création d’un bureau d’assistance dans toutes les
communes, a posé le principe de la gratuité des soins pour les malades privés de ressources.
Avec le XXe siècle, arrive le temps des régimes d’assurances sociales qui tendent à se généraliser en Europe.
La loi du 5 avril 1928 modifiée par la loi du 30 avril 1930 sur les assurances sociales dispose qu’elles « couvrent
les risques maladie, invalidité prématurée, vieillesse, décès et comportent une participation aux charges de
famille et de maternité3 » (article premier).
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, comme le rappelle Patrick Valtrian4, la sécurité sociale bénéficie de
l’impulsion d’une doctrine nationale – la pensée socialiste française incarnée par Gracchus Babeuf, Charles
Fourier, Pierre Joseph Proudhon – et internationale (rapport Beveridge à la Chambre des Communes en

1 Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Gallimard, 1972


2 http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/loi_22_mars_1841-2.pdf
3 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61493360
4 Patrick Valtriani, Les politiques sociales en France, Hachette, 2011, 2e éd.

4
© CNED – L946-TE-01-14
Grande-Bretagne rendu public en 1942). Ces influences, dans un contexte économique et social fortement
dégradé par la guerre, vont donner lieu à un plan français spécifique combinant le modèle beveridgien et le
modèle bismarckien.
Le modèle beveridgien prend comme base de couverture sociale la résidence sur le sol national. Il prend en
charge les besoins fondamentaux parfois sous forme d’un simple minimum vital ; il est financé principalement
par l’impôt.
Le modèle bismarckien, né en Allemagne dès la fin du XIXe siècle, repose sur des assurances sociales
obligatoires liées au statut de travailleur, la population étant couverte soit à ce titre, soit au titre d’ayant droit.
Les modèles bismarckiens trouvent leur source de financement sur des cotisations assises sur les salaires. Leur
gestion est effectuée par des caisses co-gérées par les représentants des employeurs et ceux des salariés.
Les prestations d’assurance obligatoire sont complétées par des dispositifs d’assistance mis en place par l’État,
les collectivités locales, ou encore le secteur associatif.
Ainsi l’État apparaît-il comme l’acteur prépondérant en matière de politiques sociales, eu égard notamment au
taux de prélèvements obligatoires et au taux des dépenses publiques.
Par ailleurs, le développement de la démocratie et des droits de l’homme a constitué la préoccupation première
du Conseil de l’Europe, institution intergouvernementale instituée le 5 mai 1949 (traité de Londres) qui regroupe
800 millions d’habitants de 47 États membres. Depuis son deuxième Sommet en 1997, la cohésion sociale
est définie comme « la capacité de la société à assurer le bien-être de tous et à évite les disparités ». L’idée
de la coresponsabilité1 a conduit le Conseil de l’Europe à promouvoir la concertation entre les pouvoirs publics
et la société civile.

1 Non seulement la question du droit individuel mais de la responsabilité réciproque entre les acteurs

5
© CNED – L946-TE-01-14
Problématiques et débats actuels
Dépense publique croissante
Les dépenses engagées pour le financement des politiques sociales connaissent une progression qui aggrave
la dépense publique et qui s’explique notamment par les facteurs suivants :
ff effets du vieillissement de la population sur les retraites et les dépenses de santé,
ff progression des autres prestations sociales (règles d’indexation, évolution du nombre de bénéficiaires).
La LOLF mérite une observation particulière, constituant tout à la fois la partie cachée de l’iceberg de la réforme
et le socle de ses développements ultérieurs. LA LOLF a introduit les principes de performance dans la gestion
publique, de fonctionnent par programme et par objectifs, et a généralisé l’évaluation. Ce, dans une volonté de
transparence, de rationalisation et d’amélioration de l’efficacité du service rendu aux citoyens. Ce processus
s’inscrit dans un exercice imposé, au plan européen, de réduction de la dette publique, donc de contraction
des dépenses publiques.

Multiplication des politiques sociales


Les politiques sociales se déclinent en :
ff politique de cohésion sociale : inégalités et redistribution, lutte contre la pauvreté et l’exclusion ;
ff politiques d’égalité des chances et de lutte contre les discriminations : politique de la ville, intégration des
immigrés, lutte contre les discriminations ;
ff politique en matière de logement : aides au logement et hébergement d’urgence ;
ff politique de la famille et la protection de l’enfance ;
ff politique du handicap ;
ff politique de prévention de la dépendance.

On parle donc de politiques sociales catégorielles.

Évolution du rôle de l’État


L’État-providence ne peut plus être le seul régulateur face aux besoins de compensation et de justice auxquels
doivent répondre les politiques sociales. L’État législateur, producteur de normes, préconise l’orientation des
politiques sociales et tente d’impulser les changements attendus par les populations.
Toutefois, toute décision publique nécessite une évaluation des actions mises en œuvre afin de poursuivre ou
d’interrompre une réforme. Le temps de la réflexion n’est pas toujours compatible avec l’urgence budgétaire et
les mesures d’économie que l’État doit rechercher, notamment dans l’effort d’équilibre du système de santé.
Ainsi a-t-on décrété à grands frais publicitaires, la lutte contre la fraude à l’assurance sociale comme priorité.
En novembre 2011, le Président de la République1 désigne ces assurés « voleurs » coupables de fraude aux
prestations sociale ou à l’assurance maladie.
Or, ce sont davantage les professionnels de la santé et les établissements de soins reconnus de surfacturation
qui s’avèrent fautifs. Par ailleurs, le montant des fraudes aux aides sociales est estimée identique au montant
des aides non allouées à tort. La question de la plénitude des droits est régulièrement évoquée par la Cour
des comptes.
Concernant la maîtrise des dépenses de médicaments, La Cour des comptes rappelle le constat qui singularise
notre pays de dépenses de médicaments structurellement élevées, en raison notamment d’une culture de
prescription spécifique qui favorise une forte consommation de médicaments nouveaux et onéreux.

1 Discours de Bordeaux le 15 novembre 2011 de Nicolas Sarkozy

6
© CNED – L946-TE-01-14
Néanmoins, la volonté d’offrir la même qualité de soins sur l’ensemble du territoire conduit les autorités publiques
à favoriser l’installation d’équipements médicaux dans les régions insuffisamment dotées. Dès lors, la dotation
d’un nouvel équipement de radiologie (exemple du scanner) va entraîner l’augmentation des prescriptions
d’examens et donc des dépenses liées.

Rôle des collectivités territoriales


Le rôle des collectivités territoriales dans les politiques sociales est désormais prépondérant en raison des
missions d’ordre social dont les collectivités sont investies.
La territorialisation croissante des politiques publiques répond au mode d’intervention partenariale qui permet de
de mettre en œuvre de politiques sociales, qu’elles soient impulsées par l’État ou par les collectivités territoriales.
Il s’agit notamment de considérer le territoire comme une unité d’actions susceptibles d’être déployées dans
son ressort pour combattre, de manière globale, les disparités sociales, les inégalités d’accès au soin, les
carences économiques.
Le modèle même de ces politiques sociales répond aux objectifs de la politique de la ville et plus généralement
de cohésion sociale.

Actualité législative
Au projet de loi de finances 2015, est réaffirmée la maîtrise des dépenses de protection sociale.
Dans le cadre de la stratégie nationale de santé, l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM)
verra son taux d’évolution abaissé à 2 % en moyenne sur la période 2015-2017, soit un effort global d’économies
de 10 Md€ sur trois ans.
Dès 2015, les dépenses dans le champ de l’ONDAM seront contenues, avec une évolution de 2,1 % par rapport
à l’objectif 2014. Le respect de cet objectif nécessitera un montant inédit d’économies de 3,2 Md€ afin de
compenser une évolution tendancielle des dépenses de 3,9 %. Le plan d’économies qui structure la stratégie
nationale de santé s’articulera autour de quatre axes :
ff renforcement de l’efficacité de la dépense hospitalière (0,5 Md€) : mutualisations qui pourront s’appuyer sur
les nouveaux groupements hospitaliers territoriaux, économies sur les achats hospitaliers ;
ff le virage ambulatoire, qui sera opéré dans les établissements hospitaliers (0,4 Md€) pour une meilleure
articulation entre soins de ville et hôpital (développement de l’hospitalisation à domicile, amélioration
de la prise en charge en sortie d’établissement, optimisation du parcours pour certaines pathologies ou
populations) ;
ff les produits de santé. Au-delà de mesures énergiques de maîtrise des prix (1,1 Md€), un accent particulier
sera placé sur le développement du recours aux médicaments génériques ;
ff améliorer la prise en charge par notre système de soins (1,2 Md€) : réduction des actes inutiles ou redondants,
maîtrise du volume de prescription des médicaments et lutte contre la iatrogénie, ou encore optimisation
des transports de patients.

Les dépenses de protection sociale hors assurance-maladie contribueront à la maîtrise de la dépense publique
à hauteur de 10 Md€, dont un peu plus de 6 Md€ pour l’année 2015. Plusieurs leviers seront mobilisés,
notamment :
ff la poursuite des efforts sur les dépenses de gestion des prestations sociales avec une économie de 0,5
Md€ en 2015 et 1,3 Md€ à horizon 2017, notamment dans le cadre des conventions d’objectifs et de gestion
des caisses de sécurité sociale ;
ff les mesures concernant les prestations familiales avec 0,7 Md€ d’économie dès 2015 ;
ff les efforts nécessaires au redressement de la situation financière des régimes paritaires. Les économies
réalisées par l’Unedic dans la convention du 1er semestre 2014 seront complétés à partir de 2016 pour
atteindre un effort total de 2 Md€ à l’horizon 2017. De la même manière, les efforts importants entrepris
par les régimes Agirc et Arrco dans le cadre de l’accord signé en 2013 devraient être complétés par 2 Md€
d’économies supplémentaires à l’horizon 2017 ;

7
© CNED – L946-TE-01-14
ff les effets de certaines réformes accomplies avant 2014 poursuivent leur montée en puissance sur la période :
effets de la convention d’assurance chômage du premier semestre 2014, effets de la réforme des retraites
adoptée en 2013, mesures de redressement des régimes complémentaires décidées par les partenaires
sociaux en 2013.
Les mesures décidées et détaillées dans le projet de loi de finances 2015 sont nombreuses et résultent d’une
analyse des possibilités d’optimisation dans chaque secteur. Elles reposent souvent sur meilleure articulation de
l’action des différents acteurs publics, à titre d’exemple : financement intégral de certaines aides agricoles par
le budget européen (près de 100 M€ d’économies), adaptation des outils de la politique de la ville à la nouvelle
géographie prioritaire (arrêt des entrées dans le dispositif d’exonérations sociales dans les zones franches
urbaines et de l’expérimentation des emplois francs au bénéfice de nouvelles initiatives en faveur de l’emploi
des jeunes), mobilisation accrue des bailleurs pour le financement des priorités en matière de logement social
(50 M€), etc.

8
© CNED – L946-TE-01-14
Les chiffres clés
D’abord des données démographiques comparatives
France Royaume-Uni Allemagne
Population mi-2013 (en millions) 63,9 64,1 80,6
Taux de natalité (pour 1 000 hab) 13 13 8
Taux de mortalité pour 1 000 hab) 9 9 11
Projection de la population en 2050 (en millions) 72 79 76
Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances) 3 4 3
Indice synthétique de fécondité (enfants par femme) 2,0 2,0 1,4
Proportion de moins de 15 ans (en %) 19 18 13
Proportion de 65 ans ou plus (en %) 17 16 21
Espérance de vie à la naissance (hommes/femmes 79 / 85 80 / 84 78 / 83
en années)
Revenu national brut par hab en 2012 (en dollars US) 36 460 35 800 41 370
Proportion des15-49 ans infectés par le virus VIH en 0,4 0,3 0,1
2011 (%)

Dépenses d’aide sociale des conseils généraux en 2012


2011 (r) 2012 (p) 2012/2011 (en %)
(en euros constants)
Aide sociale aux personnes âgées(1) 6 786 6 933 2,2
Aide sociale aux personnes handicapées 5 821 6 069 4,3
Aide sociale à l’enfance 6 701 6 945 3,6
Dépenses liées au RMI et RSA (2) 7 543 7 807 3,5
Total des dépenses nettes 26 851 27 754 3,4
Source : Drees, enquête Aide sociale
p : données provisoires. r : données révisées.
(1) :  es dépenses d’allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) et de prestation de compensation
L
du handicap (PCH) pour les personnes de 60 ans ou plus sont intégrées aux dépenses à destination
des personnes âgées.
(2) :  épenses d’allocation et d’insertion liées au RMI, aux contrats d’insertion-revenu minimum d’activité
D
(CI‑RMA), aux contrats d’avenir, au RSA expérimental et au RSA « socle » et « socle majoré » à partir
de 2009, ainsi qu’aux contrats uniques d’insertion à partir de 2010. Champ : dépenses nettes en France
métropolitaine, hors aide médicale, service social épartemental, frais communs, aide sociale facultative et
services sociaux sans comptabilité distincte jusqu’en 2003, hors services communs et autres interventions
sociales à partir de 2004; hors frais de personnel, à l’exception de ceux liés au RMI et au RSA

9
© CNED – L946-TE-01-14
Bénéficiaires de minima sociaux en 2012
Évolution Évolution
1999 2009 2010 2011 2010-2011 2012 2011-2012
(en %) (en %)
Revenu de solidarité active
1 313,9 1 373,7 1 589,3 1 687,2 6,2
(RSA) socle (1)
Revenu minimum d’insertion
1 145,0 139,4 140,2 /// 2,9 /// ///
(RMI)
Allocation de parent isolé
168,2 29,8 30,2 /// /// ///
(API)
Allocation aux adultes
693,8 883,3 914,9 956,6 4,6 997,0 4,2
handicapés (AAH)
Allocation supplémentaire
100,2 91,9 87,7 84,2 -4,0 82,1 -2,5
d’invalidité (ASI)
Allocation de solidarité
491,1 348,0 355,4 369,0 3,8 411,0 (p) 11,4
spécifique (ASS)
Allocation d’insertion (AI)
ou Allocation temporaire 27,0 35,7 43,0 47,6 10,7 49,6 (p) 4,2
d’attente (ATA) (2)
Allocation supplémentaire
vieillesse (ASV) et allocation
807,8 583,2 576,3 572,6 -0,6 564,4 -1,4
de solidarité aux personnes
âgées (ASPA) (3)
Allocation veuvage (AV) 19,8 5,8 6,3 6,7 6,3 6,5 -3,0
Allocation équivalent retraite -
remplacement (AER) ou
Allocation transitoire de 0,0 58,5 49,4 37,1 -24,9 28,4 (p) -23,5
solidarité-remplacement
(ATS) (4)
Revenu de solidarité (RSO) 0,0 12,8 13,1 12,1 -7,6 11,2 -7,4
Ensemble 3 452,9 3 502,3 3 590,4 3 675,2 2,4 3 837,4 4,4

http://www.drees.sante.gouv.fr/les-indicateurs-sociaux-departementaux,8626.html
http://www.statistique-publique.fr/index.php?php_action=DOMAINES_selectDomaine&idDomaine=15&critere
Tri=rubrique&ordreTri=asc

Taux de prélèvements obligatoires


2010 2011 2012 2013
Prélèvements obligatoires en milliards
822,1 876,3 913,9 966,9
d’euros (Md€)
Taux de prélèvements obligatoires (TPO) 42,5 % 43,9 % 44,9 % 46,3%

Cette augmentation globale du taux des prélèvements obligatoires a résulté :


ff de la hausse des prélèvements obligatoires destinés aux administrations de Sécurité sociale, passés de
12,7% du PIB en 1970 à 21,5 % en 2000 et 23,9 en 2011 ;
ff dans une moindre mesure, de l’augmentation des prélèvements obligatoires destinés aux collectivités
territoriales, passés de 2,1% du PIB en 1970 à 5,2% en 2000 et 5,9 en 2011 ;
ff la part dans le PIB des prélèvements obligatoires destinés à l’État, aux administrations centrales et à l’Union
européenne étant en baisse (19,3% en 1970 ; 17,5% en 2000 ; 13,2% en 2011).

10
© CNED – L946-TE-01-14
Vision de la thématique au niveau
territorial, national et européen
L’analyse de la diversité des politiques sociales des différents États membres, et leurs convergences éventuelles,
permet d’envisager la notion d’ « Europe sociale », l’ensemble des politiques d’accompagnement de la
construction du marché commun.
Existe-t-il un modèle social européen ?

Il n’existe pas de politique sociale spécifique de l’Union européenne. L’emploi et le chômage, les conditions de
travail, l’égalité hommes-femmes ou la protection sociale relèvent de la compétence des États. Toutefois il existe
une volonté d’harmonisation des législations sociales. Des directives peuvent définir des règles auxquelles
chaque État se pliera (par exemple, en matière de temps de travail). D’autre part, les États membres ont accepté
une Stratégie européenne pour l’emploi, disposition commune de coordination des politiques de l’emploi.
Au fil du temps, la politique sociale s’est affirmée comme constitutive1 du projet européen.
Si le traité de Rome en 1957 ne comportait que peu d’articles concernant spécifiquement la politique sociale, il
prévoyait cependant la création du Fonds social européen (FSE) visant à lutter contre le chômage et à favoriser
la formation et la reconversion professionnelles.
En 1986, l’Acte unique étendit les compétences communautaires à la santé et à la sécurité au travail.
Presqu’une quinzaine d’années plus tard, le Conseil européen de Lisbonne (mars 2000) affichait l’ambition d’un
retour au plein emploi à l’horizon 2010 et la modernisation du modèle social européen. Le traité de Lisbonne
(2007) confirma les objectifs2 et dispositions déjà existants pour la politique de l’emploi et la politique sociale
de l’Union. Le sommet social tripartite pour la croissance et l’emploi (qui réunit les présidences du Conseil des
ministres et de la Commission ainsi que les représentants des employeurs et des travailleurs) est désormais
inscrit dans le traité (art. 152 TFUE).
Ainsi les réalisations de l’Union européenne en matière d’Europe sociale concernent-elles quatre grands
domaines :
ff la libre circulation des travailleurs et la coordination des régimes de sécurité sociale : tout ressortissant de
l’UE a le droit de travailler, sans discrimination, dans un autre pays membre et d’y être socialement assuré ;
ff l’égalité des hommes et des femmes : de nombreuses directives ont été prises depuis 1975 pour garantir
l’égalité de traitement au travail, de rémunération et de sécurité sociale. Un Institut européen pour l’égalité
entre les hommes et les femmes, créé en 2006, est opérationnel depuis décembre 2009 (son siège est à
Vilnius) ;
ff le droit du travail : protection des droits individuels, collectifs, et garantie de la santé et de la sécurité sur le
lieu de travail ;
ff la lutte contre les discriminations.

En décembre 2000, au Conseil européen de Nice, une Charte des droits fondamentaux inscrits les droits
politiques, économiques et sociaux est adoptée. Elle acquiert, par le traité de Lisbonne, la même valeur juridique
que les traités, et devient donc contraignante pour les États membres. C’est la Cour de justice de l’Union
européenne qui est compétente pour en garantir le respect par les États membres.
Le traité de Lisbonne comporte une déclaration interprétative de l’article 156 TFUE sur la coopération des États
membres dans les domaines de la politique sociale3 selon laquelle ces domaines « relèvent essentiellement de
la compétence des États membres. Les mesures d’encouragement et de coordination revêtent un caractère
complémentaire. Elles servent à renforcer la coopération (…) et non pas à harmoniser des systèmes nationaux ».
L’Europe sociale est donc limitée par la volonté des États de rester maître de leur politique en matière de droit
du travail et de fiscalité.

1 Les traités de Maastricht (1992) et d’Amsterdam (1997) renforcèrent la politique sociale européenne, la question de l’emploi devenant
« d’intérêt communautaire » et nécessitant une stratégie de coordination.
2 Notez la mention du « plein emploi », du « progrès social » et de la « cohésion économique, sociale et territoriale ».
3 Emploi, droit au travail et conditions de travail, formation professionnelle, sécurité sociale, droit syndical…

11
© CNED – L946-TE-01-14
Approfondir la question

Bibliographie
VALTRIANI Patrick, Les Politiques sociales en France. Hachette Livre, 2011, 2e éd.

LOCHEN Valérie, Guide des politiques sociales et de l’action sociale. Acteurs et dispositifs - Objectifs et
missions - Enjeux et évolution. Dunod, 2000.

Le droit social, l’égalité et les discriminations, sous la direction de Georges BORENFREUND et Isabelle
VACARIE. Dalloz, 2013.

Ressources web

Actes du colloque « Les questions sociales au Parlement (1789 - 2006) »


http://www.senat.fr/colloques/actes_questions_sociales/actes_questions_sociales2.html

Les politiques de cohésion sociale. Acteurs et instruments, février 2013. Centre d’analyse stratégique – Direction
générale de la cohésion sociale
www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/24_cohesion_sociale_13022013_1_.pdf
http://archives.strategie.gouv.fr/content/rapport-les-politiques-de-cohesion-sociale#les-ressources

Rapport de la Cour des comptes, Sécurité sociale (rapports annuels www.ccomptes.fr ).

Les politiques sociales décentralisées - Rapport annuel 2007-2008 de l’IGAS


http://www.ladocumentationfrancaise.fr/docfra/rapport_telechargement/var/storage/rapports-
publics/084000754/0000.pdf

Base de données de dépenses sociales


http://www.oecd.org/fr/social/depenses.htm

12
© CNED – L946-TE-01-14
Pour continuer à alimenter vos connaissances en les mettant à jour, n’hésitez pas à intégrer ces
différentes thématiques évoquées par l’auteur dans vos moteurs de recherche…

Exemples de pistes de recherches pour approfondir vos connaissances dans le domaine de cette
thématique
ff Dépenses sociales
ff Politique sociale
ff Sécurité sociale
ff Politiques d’insertion
ff Cohésion sociale

13
© CNED – L946-TE-01-14

Vous aimerez peut-être aussi