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CHAPITRE 5 :

Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice


sociale ?
Partie 3

III) En quoi l’action des pouvoirs publics pour la justice sociale fait débat ?

Les pouvoirs publics disposent de trois types d’outils pour agir en faveur de la justice
sociale :
 La fiscalité et la protection sociale qui luttent contre les inégalités économiques et
certaines inégalités sociales.
 La fourniture de services collectifs, qui visent l’égalité des chances et des situations
 La lutte contre les discriminations, qui visent l’égalité des droits.

Ces outils sont utilisés par l’État-providence.


État-providence =
Au sens strict intervention de l’État dans le domaine de la protection sociale.
Au sens large, toute intervention de l’État visant à garantir le progrès économique et social.

A) Comment les pouvoirs publics peuvent-ils agir pour favoriser la justice sociale ?

1) Les pouvoirs publics peuvent agir par la fiscalité pour favoriser la justice sociale

 Définition
Le système fiscal français actuel date de 1914. L’idée d’une imposition remonte à la Révolution, dans
le but premier de financer les dépenses publiques. La réduction des inégalités s’impose au milieu du
XXe siècle.

La fiscalité est l’ensemble des impôts et des taxes perçues par les administrations
publiques.
Les prélèvements obligatoires comprennent les impôts, les taxes et les cotisations
sociales. Ils financent les services collectifs et les revenus de transfert.

 Les différents types d’impôts :


 Direct / indirect : l’Impôt sur le revenu, (IR) est direct, la TVA est indirecte, car reversée
à l’Etat par les entreprises.
 Local / national : la taxe foncière est locale.
 Forfaitaire, proportionnel ou progressif :
Forfaitaire : on paye une somme forfaitaire identique quel que soit le revenu du co
ntribuable.
Proportionnel : le taux d’imposition est le même quel que soit le revenu. Ex. CSG.
Progressif : le taux de l’impôt augmente avec le revenu.

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 Les effets des impôts sur les inégalités

Travail à faire :
1) Définir inégalités relatives et inégalités absolues.
Inégalité absolue : inégalité en euro
Inégalité relative : rapport entre le revenu des riches et celui des pauvres.
2) A partir du document 16, identifiez les effets des trois formes d’impôts sur les
inégalités.
Impôt forfaitaire : on paie une somme forfaitaire identique quelque soit le revenu du
contribuable ( redevance télé). L’impôt forfaitaire ne modifie pas les inégalités
absolues mais augmente les inégalités relatives.
Impôt proportionnel : le taux d’imposition est le même quelque soit le revenu. L’impôt
proportionnel réduit les inégalités absolues (en euros) mais ne change rien aux
inégalités relatives.
Impôt progressif : le taux de l’impôt augmente avec le revenu, l’impôt progressif réduit
les inégalités absolues et les inégalités relatives
Conclusion : au niveau de la fiscalité, seul l’impôt progressif permet de réduire
les inégalités absolues et relatives.

Document 16 :

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Remarques :

1) Analyse de Piketty, Landais et Saez

Le système fiscal français est peu progressif jusqu’au « classes moyennes » (taux
d’imposition global proche de 40 % pour les classes populaires et proche de 50 % pour les
classes moyennes). Il devient régressif pour les classes très aisées (taux global d’imposition
inférieur à 40 %).
Impôt régressif est un impôt dont le taux est plus élevé pour les plus modestes et moins
élevé pour les plus riches.

2) Analyse d’A. Laffer


A. Laffer (économiste libéral qui a inspiré la politique de R. Reagan aux Etats Unis au début
des années 1980) a expliqué qu’au-delà d’un certain seuil, les recettes fiscales régressent
car les salariés se démotivent ou ils préfèrent échapper au fisc par la fraude.

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2) Les pouvoirs publics peuvent agir par la protection sociale pour favoriser la justice
sociale

 Qu’est-ce que la protection sociale ?

À fin du XIXe siècle, on cesse d’expliquer l’accident et la maladie par une fatalité, une
volonté divine ou une imprévoyance individuelle.
On développe alors la notion de risque social : un événement susceptible de survenir à
tout individu et de compromettre sa sécurité économique ou celle de sa famille, en
provoquant une baisse de ses ressources ou une hausse de ses dépenses.
On distingue aujourd’hui plusieurs grandes catégories de risques sociaux : la vieillesse, la
santé, la maternité et la famille, la perte d’emploi, les difficultés de logement et la pauvreté et
l’exclusion sociale.

On considère que les individus ont des « droits sociaux », des droits à une protection contre
les risques sociaux, et on met en place la protection sociale : des mécanismes collectifs
fondés sur la solidarité de protection des individus contre les risques sociaux.

La protection sociale recoupe l’ensemble des mécanismes de prévoyance


collective, permettant aux individus de faire face aux conséquences financières
des risques sociaux (vieillesse, santé, famille, emploi).
Les individus subissant des risques sociaux perçoivent des prestations
sociales = des transferts versés en espèces ou en nature (par exemple
remboursement de soins ou de médicaments

Qui assure la protection sociale ?


En France, la protection sociale est assurée par la Sécurité sociale, qui est gérée par les
partenaires sociaux (représentants des salariés et des employeurs) et se compose, entre
autres, de la Caisse nationale d’assurance maladie, de la Caisse nationale d’assurance
vieillesse et de la Caisse nationale des allocations familiales, mais aussi d’autres organismes
comme l’UNEDIC (Union nationale pour l’emploi dans l’industrie et le commerce) qui gère
l’assurance chômage.

La protection sociale se traduit par une importante redistribution des revenus


(rappels de 1ère)

On désigne par « redistribution » l’ensemble des opérations qui modifient la


répartition primaire des revenus.
Ces opérations sont effectuées par les APU et se font en deux temps :
1er temps : les prélèvements obligatoires : impôts et cotisations sociales

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2è temps : le versement de prestations sociales

On distingue deux formes de redistribution :

De qui ? Objectifs Principe Système de


Vers qui ? protection
sociale
REDISTRIBUTION Riches Réduire les Assistance Beveridgien
VERTICALE inégalités

Pauvres

REDISTRIBUTION 1) Actifs Couvrir les Assurance Bismarckien


HORIZONTALE occupés risques
sociaux

Chômeurs

Retraités

2) Biens
portants

Malades

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 La protection sociale repose sur deux logiques
Le système de protection sociale a été fondé à la fin du XIXe siècle sur une
logique d’assurance initiée par le chancelier allemand Otto von Bismarck. Il s’agit
d’un système de protection contre les risques sociaux qui ne concerne que les
individus (et leur famille) qui ont versé des cotisations : assurance chômage, pension
retraite... En général, les prestations sont proportionnelles aux cotisations versées.

Le système d’assistance a été fondé par l’économiste anglais William Beveridge et


constitue un filet social minimal contre la pauvreté, dans une logique de solidarité. Il
consiste, pour les pouvoirs publics, à verser des minima sociaux (forfaitaires, c’est-à-dire
un même montant pour tous) aux personnes les plus démunies. L’assistance est
financée par les impôts. Exemples de minima sociaux : le Revenu de Solidarité Active,
l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées, l’Allocation aux Adultes Handicapés,
jusqu’en 2016 la Couverture Maladie Universelle, remplacée aujourd’hui par la PUMA
(Protection Universelle Maladie) ...

 Création et évolution de la protection sociale en France :

Au tournant du XXe siècle sont instaurées en France les premières assurances sociales par
branches de métiers (sidérurgie, métallurgie, mines…).
Après la Seconde guerre mondiale, elles sont généralisées à tous les travailleurs et leurs familles.
La protection sociale a ainsi été fondée sur un système bismarckien d'assurances sociales, financé
par des cotisations sociales et géré en partie par les partenaires sociaux (représentants des salariés
et des employeurs).
Ce système est entré en crise avec la fin du plein-emploi et le ralentissement de la croissance
au milieu des années 70.
Différentes réformes ont été engagées concernant le système notamment de retraite. La dernière
réforme a fait l’objet de nombreuses manifestations et de l’utilisation de l’article 49-3 à l’Assemblée
nationale.
De plus, le système d’assurance ne suffisant plus. L’État a développé des dispositifs d'assistance
basés sur les minima sociaux : création de l’allocation aux adultes handicapés en 1975, du Revenu
Minimum d’Insertion en 1988, le RSA en 2007.

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Le système actuel a donc un caractère hybride : il relève des deux logiques.

Document 17
Travail à faire :
Répondre aux questions du document 17

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1. Dans le système de protection sociale fondé sur l’assistance, les aides sont accordées à tous
les citoyens (notion d’universalité) et de la même façon, c’est la notion d’uniformité.
2. L’assurance vis à protéger les actifs qui cotisent en cas de réalisation d’un risque. La
redistribution est horizontale, il n’y a pas de réduction directe des inégalités mais elle sert à
couvrir les risques sociaux.
Au contraire, l’assistance se donne l’objectif de réduire les inégalités directement, la
redistribution est verticale, c'est-à-dire que ce sont les impôts qui vont financer les aides
sociales qui s’adressent.
3. Le système de protection sociale emprunte les deux logiques : l’assurance (concernant la
santé, le chômage et la retraite) et l’assistance (concernant le RSA, les minimas sociaux, la
CMU = couverture maladie accordée aux personnes qui ne sont pas salariées et qui n’ont pas
de revenus)

 La protection sociale et la réduction des inégalités

Travail à faire : Document 18


Répondre aux questions du document 18

896−335
1. ∗100=+167 , 46 %
335

27
Selon l’INSEE en France en 2021, le revenu des 10 % les plus modestes augmente
de 167,46% après les prestations sociales.
2. Le Rapport B/A exprime combien de fois les plus aisés est supérieur à celui des 10 %
les plus modestes.

3) Les pouvoirs publics peuvent agir par la fourniture des services collectifs pour
favoriser la justice sociale

 Définition :

Service collectif : activité d’intérêt général mise en œuvre par les pouvoirs publics et financée
par les prélèvements obligatoires.
Les services collectifs sont des services non marchands, c’est-à-dire soit gratuits, soit payants mais
dans ce cas à un prix bien inférieur au coût de production. Ils peuvent éventuellement être fournis par
des organisations privées ou des administrations publiques.
Exemples : éducation nationale, défense nationale, police, justice, système de soins public, dépenses
culturelles de l’État, restos du cœur...

Remarque :
Les services collectifs sont à distinguer des services publics (seulement exercé par une APU,
soit directement, soit par délégation).
Les services publics peuvent être assurés par une administration (exemple : un lycée
assure une activité de service public), une entreprise publique (par exemple la SNCF ou
EDF GDF) ou concédé à une entreprise privée : par exemple, le ramassage des poubelles,
qui relève du service public, est souvent confié par la commune à une entreprise privée de
nettoiement (contre une rémunération, évidemment). C'est ce que l'on appelle la délégation
de service public

 Objectifs :
 Justice sociale :
– redistribution horizontale (Par exemple, les célibataires contribuent à l’effort d’éducation)
– lutter contre les inégalités de situation (par exemple contre l’inégalité d’accès à la santé) et
parfois recherche de l’égalité des chances (école)

 Efficacité économique : créer des externalités positives : une population bien éduquée et en
bonne santé est plus productive, l’activité économique ne peut fonctionner sans la justice et
la police...

Travail à faire :
Document 19
Répondre aux questions du document 19

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1. L’égalité de l’équipement des territoires permet de réduire les inégalités de situation car elle
permet à chacun d’accéder aux mêmes services (soins, culture ou enseignement), peu
importe son lieu de vie. L’équipement des territoires permet de favoriser l’égalité de situation.
2. L’égalité de l’équipement des territoires permet aussi de favoriser l’égalité des chances car
ces biens et services sont disponibles sans conditions de ressources et permettent à chacun
d’avoir le même bagage culturel ou le même accès à ce bagage.
3. L’éducation permet de contribuer à la réduction des inégalités car elle est prise en charge par
un service collectif : l’Éducation nationale, mais aussi tout ce qui est écoles privées.
L’Éducation nationale vise à fournir à chacun le même enseignement, indépendamment de
son origine sociale ou du revenu de ses parents.
4. Plusieurs phénomènes peuvent relativiser leur efficacité :
- le territoire n’est pas forcément couvert par les services collectifs.
- Certains services collectifs sont disponibles mais ne sont pas forcément utilisés par
manque de connaissance des Français.

4) Les pouvoirs publics peuvent agir par des mesures de lutte contre les
discriminations pour favoriser la justice sociale

 Définition

Une discrimination désigne une différence de traitement entre des personnes en


raison de critères prohibés par la loi, comme l’origine, le sexe, l’orientation sexuelle, le
handicap, etc.
On trouve des discriminations dans de nombreux domaines : accès à l’emploi, accès au
logement, aux responsabilités politiques et médiatiques, aux loisirs...

Les discriminations sont interdites et condamnées.


Aux termes de l'article 225-1 du code pénal, « constitue une discrimination toute distinction
opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation
de famille, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur
handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle,
de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance

L’auteur d’une discrimination encourt :


 une sanction disciplinaire, s’il s’agit d’un salarié de l’entreprise,
 des sanctions pénales (trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende).
Les personnes morales peuvent aussi être déclarées responsables pénalement d’actes de
discriminations. Les peines encourues sont celles prévues par l’article 225-4 du Code pénal.

Attention : Inégalité et discrimination sont des notions différentes. Les inégalités ne sont pas
illégales.

 Comment l’État lutte-t-il contre les discriminations ?


Les discriminations reposent sur des critères prohibés par la loi et sont en contradiction avec l’égalité
des droits et l’égalité des chances. L’État doit intervenir.
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 L’État peut développer des moyens judiciaires pour faire respecter la loi.

Il ne suffit pas qu’une loi existe pour qu’elle soit respectée, d’où la création du Défenseur des
Droits, une institution de l’État complètement indépendante qui défend les personnes dont les droits
ne sont pas respectés et promeut l’égalité de tous et toutes dans l’accès aux droits. (voir vos notes au
cours de l’intervention du Défenseur des Droits).

 L’État peut mettre en œuvre des mesures de discrimination positive.


On appelle « discrimination positive » le fait d'accorder un traitement préférentiel
aux membres d’une minorité traditionnellement désavantagée afin de compenser les
désavantages associés à cette appartenance.
C’est une politique de rattrapage qui cherche à garantir aux membres des groupes
désavantagés une véritable égalité des chances. Cette idée a été exprimée sous forme de
métaphore par le président des États-Unis Lyndon B. Johnson en 1965 « On ne peut pas
rendre sa liberté à un homme qui, pendant des années, a été entravé par des chaînes,
l’amener sur la ligne de départ d’une course et croire qu’on est ainsi parfaitement juste. »
La discrimination positive utilise deux types de moyens :
- des moyens économiques : les Réseaux d’Éducation Prioritaires bénéficient de
plus de moyens, les emplois aidés rendent le recrutement de certains demandeurs
d’emplois plus attractif car l’État prend une partie des frais (cotisations sociales...)
en charge + Convention ZEP Science Po
- des moyens juridiques :

Ex 1 :
L’instauration de lois, par exemple la parité en politique ou la loi imposant un quota de 6% de
salariés handicapés dans les entreprises employant au moins 20 salariés.

Ex 2 :
Loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle
Afin d'accélérer la participation des femmes à la vie économique et professionnelle, la loi
prévoit plusieurs mesures : instauration de quotas de 40% aux postes dirigeants des grandes
entreprises, nouvel index de l'égalité dans l'enseignement supérieur, meilleur accès des
entrepreneures à l'investissement public...

Des quotas dans les postes de direction des grandes entreprises sont instaurés. Les
entreprises de plus de 1000 salariés devront publier chaque année sur leur site internet les
écarts éventuels de représentation entre les femmes et les hommes parmi leurs cadres
dirigeants et les membres de leurs instances dirigeantes (le texte initial parlait de "postes à
plus forte responsabilité"). L’objectif est d’imposer des quotas de 30% de femmes cadres-

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dirigeantes et de 30% de femmes membres des instances dirigeantes en 2027, puis
d’atteindre des quotas de 40% en 2030.

Les écarts de représentation entre les femmes et les hommes seront publiés sur le site
du ministère du travail, dans les deux ans suivant la publication de la loi.

En 2020, seul un quart des entreprises avaient une quasi-parité dans leurs 10 plus grosses
rémunérations.

La loi améliore par ailleurs la transparence concernant l'index de l'égalité femmes-


hommes en entreprise, créé par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son
avenir professionnel pour combattre les inégalités salariales. À partir des indicateurs de
2022, les entreprises devront rendre publics non seulement l’ensemble des indicateurs
composant la note finale de l’index, mais également les mesures de correction et les objectifs
de progression qu’elles se fixent. L'ensemble des indicateurs sera publié sur le site internet
du ministère du travail.

Ces mesures (économiques et juridiques) peuvent permettre de rompre le cercle vicieux


dans lequel certaines minorités sont enfermées en leur donnant l’occasion de montrer
qu’elles sont compétentes et qu’elles ont leur place dans la société.

B) Les limites de l’intervention des pouvoirs publics

L’action des pouvoirs publics visant à favoriser la justice sociale fait l’objet d’une remise en
cause aujourd’hui pour trois raisons.

1) Les contraintes de financement

 Dans un contexte de faible croissance économique et de dette publique élevé, il est plus
difficile pour l’État de financer ses actions.

En 2022, le déficit public s’établit à 126,8 milliards d’euros, soit 4,8 % du produit intérieur
brut (PIB), après 6,5 % en 2021 et 9,0 % en 2020.

 Les administrations publiques centrales portent l’essentiel du déficit public. Leur


besoin de financement se réduit en 2022, à 137,6 milliards d’euros après
144,1 milliards d’euros en 2021, sans toutefois recouvrer son niveau d’avant crise.
 Les administrations de sécurité sociale enregistrent un excédent de 10,0 milliards
d'euros, alors qu’elles affichaient un déficit de 17,2 milliards d'euros en 2021.
 Le solde des administrations locales s’améliore également, affichant un excédent de
0,8 milliard d'euros en 2022, après un déficit de 0,8 milliard d’euros en 2021.

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En 2022, la dette publique s’élève à 111,8 % du PIB, cette hausse étant portée
essentiellement par les administrations publiques centrales et les administrations de sécurité
sociale. Sur longue période, la dette publique en proportion du PIB a augmenté de 21,2 %
en 1978 à 111,8 % en 2022. (Source : INSEE)

Rappel : croissance économique


En 2022, l’activité achève son rebond initié en 2021 : le produit intérieur brut (PIB) en euros
constants augmente de 2,5 %, après +6,4 % en 2021 et -7,5 % en 2020.
Prévisions 2023 : 0,1 % au 1er trimestre + 0,6 % au 2ème trimestre + -0,1 % au trimestre 3.
(Source : INSEE)

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2) Les problèmes de légitimité

Légitimité : l’intervention de l’État est dite « légitime » lorsqu’elle est approuvée par
une grande partie de la population.

Deux raisons sont invoquées les problèmes de légitimité :

 L’intervention de l’État connaît une crise de légitimité car :

Les valeurs sociales évoluent ; avec la montée de l’individualisme, le mérite ou la


liberté sont des valeurs qui prennent de plus en plus d’importance au détriment de la
solidarité.
De plus en plus d’individus sont réticents à payer le prix de cette solidarité obligatoire,
fondement de l’État-providence.

Le système manque de transparence et nombreux sont les individus qui n’établissent


pas le rapport entre ce qu’ils paient et ce qu’ils reçoivent.
Les prestations sociales et les services collectifs sont souvent considérés comme un dû,
alors que les prélèvements obligatoires engendrent des mécontentements.

Ce problème de légitimité se traduit par un moindre consentement à l’impôt de la part de la


population et peut provoquer des colères ( ex : la colère des manifestants « Gilet jaune »
s’est cristallisée sur la question de la fiscalité avec le rejet de la hausse de la taxe carbone).

Consentement à l’impôt = acceptation d’une population ou d’une part de la population


à payer un impôt, implique souvent que l’impôt soit considéré comme juste.

 L’intervention de l’État peut être source d’effets pervers

Une autre critique adressée à l’État-providence concerne les prestations sociales : leur
niveau serait trop élevé, elles désinciteraient donc au travail, constituant des « trappes à
inactivité » (ou, plus rigoureusement « à non-emploi ») en développant « l’assistanat ».

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Trappes à inactivité et assistanat seraient des effets pervers c’est-à-dire des résultats
contraires à ceux attendus. On utilise le terme de désincitations.

Exemple : Le RSA est très critiqué aujourd’hui car cette aide est considérée comme
une trappe à inactivité.
Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau
minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer
Le montant du RSA 2023 à une personne seule sans enfant est de 607,75 euros par mois. Il
s'agit du montant de base versé par la Caf à un célibataire sans enfant à charge.

Désincitations : désigne ici une situation où les individus ne sont pas incités à
occuper un emploi ou à travailler davantage, en raison notamment des aides sociales
qu’ils perçoivent.

3) Les problèmes d’efficacité

Une politique fait preuve d’efficacité si elle permet d’atteindre certains objectifs visés.
Si, malgré l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale, les inégalités
augmentent, alors ces politiques ne sont pas efficaces.

En France, l’action des pouvoirs publics n’atteint pas ses objectifs


Depuis les années 1980 et surtout depuis la crise de 2008, l’action de l’État est inefficace.
Cela se constate en France par une augmentation du taux de pauvreté qui augmente depuis 20 ans
et par l’apparition de nouvelles inégalités comme celles liées au numérique.

Travail à faire :
Répondre aux questions du document 20

1. Le service parcoursup n’est aujourd’hui accessible que par une connexion numérique.
35
2. Les non-diplômés ont des difficultés d’accès au numérique pour des raisons plutôt
financières et les seniors ont des difficultés d’accès au numérique pour des raisons
générationnelles : ils n’ont pas été formés au numérique.
3. La dématérialisation des services public peut engendrer de nouvelles inégalités pour les non-
diplômés et les seniors, pour ceux qui habitent dans des zones blanches et pour ceux qui
connaissent des difficultés dans la maîtrise des outils numériques.

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