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SÉQUENCE 1

Partie 4 - Les politiques sociales

SÉANCE 3

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Temps de travail indicatif : 1 heure

Synthèse

1. La politique sociale et la lutte contre les inégalités


A. Les inégalités socio-économiques
Les inégalités peuvent être de nature sociale ou économique. Dans la réalité, ces 2 formes sont parfois
très liées. Si l’on prend l’exemple de la malnutrition, l’on voit bien qu’elle peut résulter tant de causes
économiques (revenus trop modestes pour acquérir des aliments sains et de qualité) que de causes
sociales (hygiène de vie, choix d’affectation du revenu…). Dans le même ordre d’idée, les différences de
salaires entre les hommes et les femmes sont de conséquence économique (le revenu perçu) alors que
les causes sont d’ordre social (mentalités).
Au sein même de l’une ou l’autre de ces 2 natures, les inégalités peuvent prendre des formes très variées.
Par exemple, les inégalités sociales peuvent être illustrées par :
— L
 e décrochage scolaire
48 % des décrocheurs sont des enfants d’ouvriers contre 5 % d’enfants de cadres.
— L’espérance de vie
Elle est de 76 ans pour un ouvrier et de 83 ans pour un cadre.
— Les départs en vacances
40 % de la population française ne part pas en vacances pendant ses congés
— (…)

Les inégalités économiques peuvent être appréhendées par :


—le taux de pauvreté relative dans un pays
Une personne est en état de pauvreté relative lorsqu’elle détient un niveau de vie inférieur à un seuil.
Ce seuil est de 60 % du niveau de vie médian dans les calculs d’Eurostat (U.E.). Il faut préciser que :
— L
 e niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par son nombre d’unités de
consommation (les unités de consommation (uc) sont ainsi calculées : 1 uc pour le premier adulte
du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans).
— L
 a médiane est la valeur pour laquelle la population est divisée en 2 parties égales : 50 % de la
population a un revenu inférieur à ce montant et 50 % un revenu supérieur.
Exemple : en 2016, la moitié des Français avait un niveau de vie mensuel inférieur à 1 710 €. Être pauvre
signifie donc vivre avec moins de 1 026 € par mois.

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—Les rapports interfractiles dans la répartition des revenus au sein de ce pays
La méthode consiste à fractionner la population. Le plus souvent, ce fractionnement est réalisé soit :
— e
 n 10 groupes représentant chacun 10 % de la population, chaque groupe représente alors un
décile de la population.
— e n 5 groupes représentant chacun 20 % de la population, chaque groupe représente alors un quintile
de la population.
Une fois ces 2 groupes constitués, on effectue un rapport entre eux, généralement en divisant le
dernier décile / quintile par le premier.
Exemple : en France en 2016, le niveau de revenu des 10 % de la population les plus riches était de 3 133 €
et celui des 10 % les plus pauvres de 890 €. Le rapport interdécile est donc : 3 133 / 890 = 3.52 => une
personne ayant un haut niveau de vie a l’équivalent de 3.52 personnes dont le niveau de vie est le plus
modeste.

B. La redistribution verticale (dont l’objectif est la réduction des inégalités)


1. La fiscalité : source de redistribution verticale ?
Il faut tout d’abord distinguer :
— Le taux d’un impôt : c’est le taux avec lequel il est calculé ;
— L
 ’assiette d’un impôt : c’est le montant sur lequel ce taux est appliqué. C’est donc la base de calcul
sur laquelle est multiplié le taux pratiqué pour déterminer le montant de l’impôt.

L’impôt doit ensuite être distingué selon qu’il est :


— proportionnel : son taux est fixe quelque soit la valeur de l’assiette d’imposition.
— p
 rogressif : son taux s’accroît au fur et à mesure de l’augmentation de l’assiette sur laquelle il
s’applique.

Enfin, pour évaluer l’effet réducteur d’inégalités d’un impôt, il faut distinguer :
— L’inégalité absolue : c’est l’écart en € entre 2 revenus (ex. M. A perçoit 1 500 €, M. B touche 4 500 €,
l’écart absolue entre ces 2 personnes est de 3 000 € : 4 500 € - 1 500 € = 3 000 €).
— L’inégalité relative : c’est le rapport entre les 2 revenus (dans le même exemple : 4 500 / 1 500 = 3 = >
M. B perçoit 3 fois plus de ressources que M. A).

L’impôt proportionnel a un effet réducteur des inégalités absolues mais pas des inégalités relatives alors
que l’impôt progressif a un effet réducteur des inégalités absolues et relatives. Il est donc vrai que l’impôt
progressif a un effet plus important quant à la réduction des inégalités.

2. L’offre de services sociaux


Les services sociaux sont un ensemble de prestations apportées par l’État ou les collectivités territoriales
aux personnes en situation de vulnérabilité en raison de leur âge, de leur maladie ou handicap, de leur
situation économique (chômage, pauvreté…) ou sociale (isolement, maltraitance…).

3. La justification sociale et économique de la redistribution verticale


La lutte contre les inégalités a une dimension :

—Sociale
Il est délicat, au sein d’un pays développé, d’accepter que des disparités trop excessives puissent

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apparaître entre des personnes pouvant ne pas avoir accès à des besoins primaires et d’autre vivant
dans une opulence importante. Par ailleurs, au-delà d’un certain niveau d’inégalités, les troubles
sociaux peuvent apparaître provoquant une division profonde de la société (exemple du mouvement dit
des « gilets jaunes »).

—Économique
La quiétude sociale est dans un premier temps un facteur de performance économique. En outre,
la présence d’une forte classe moyenne assure un niveau de consommation élevée (la classe trop
modeste ne peut pas consommer autant et la classe aisée constitue un haut niveau d’épargne), ce qui
est un des leviers de la croissance.

C. Les limites de la politique sociale de réduction des inégalités


Le principal reproche adressé à la politique sociale de réduction des inégalités est de reposer sur l’impôt
progressif. Hors ce dernier est très faible en poids au sein des prélèvements obligatoires. : 8.7 % des
P.O. contre 72.9 % pour les prélèvements proportionnels. L’on peut donc constater que près des ¾ de
l’imposition en France repose sur l’impôt proportionnel, lequel est bien moins réducteur d’inégalités.

2. La politique sociale et la protection contre les risques sociaux


A. La redistribution horizontale et ses logiques
La redistribution est dite horizontale lorsqu’elle s’exerce en fonction du risque social vécu,
indépendamment du niveau de revenu.

… les allocations chômage…


… d’une autre personne, peu importe le
… les prestations maladies…
Les cotisations d’un actif niveau des revenus de l’un et l’autre.
occupé financent… … les prestations vieillesses…
… d’une famille, peu importe le nombre
… les allocations familiales…
d’enfant du cotisant.

Les prestations sociales peuvent répondre à trois logiques :

—celle de l’assurance
Par ce principe, une personne cotise pour elle-même : pour s’ouvrir des droits à la perception
d’allocations si elle se retrouve dans la situation donnant à en bénéficier.
Par exemple : un actif occupé cotise aussi pour lui-même : ses allocations chômage en cas de perte
d’emploi, ses remboursements de l’assurance maladie en cas de dépenses de santé…
La logique d’assurance peut imposer des conditions de durée de cotisation pour pouvoir prétendre à
des droits.

—celle de l’assistance
Lorsqu’elle assure la solidarité entre personnes ne subissant pas un risque social et celle subissant
ce risque social, indépendamment de leurs inégalités de revenus.
Par exemple : un salarié au SMIC qui n’a jamais été malade aura « trop cotisé » par rapport aux
prestations santé qu’il aura perçues. Cet excédent de cotisation va couvrir l’insuffisance des cotisants
d’un cadre supérieur gravement malade qui aurait trop peu cotisé par rapport aux coûts des soins dont il
bénéficie.

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On voit bien dans cet exemple que la solidarité repose sur la survenance du risque social, non
l’inégalité de revenus.

—la protection universelle


Les prestations sont accordées sans conditions de cotisations ni de ressources et sont les mêmes
pour tous.

Ces trois logiques se retrouvent dans le modèle de la protection sociale en France : l’actif cotise pour
lui-même : il s’assure donc en mettant de l’argent de côté pour ses propres risques. Néanmoins,
ses cotisations peuvent aussi être utilisées pour autrui : il y a donc bien également une démarche
d’assistance. L’on peut noter que le caractère universel de certaines prestations est parfois constant
(CMU) parfois nuancé par les réformes récentes (allocations familiales).

B. Le financement de la redistribution horizontale et ses déséquilibres


La protection sociale repose sur les cotisations sociales. Ces dernières sont à charge de l’employeur
pour +/- 40 % du salaire brut de ses employés (cotisations « patronales ») et / ou à la charge du salarié
lui-même pour +/- 20 % de son salaire brut (cotisations « salariales », CSG, CRDS).

Ce système de protection sociale découle d’un modèle démographique où de nombreux actifs occupés
finançaient les prestations d’autres actifs ou inactifs peu nombreux (faiblesse du chômage pendant les
« 30 glorieuses » ; « papy crash » de l’après-guerre).
Ce rapport démographique et la relative importance du chômage pendant des années a mis à mal
ce ratio entre les cotisants et les bénéficiaires. Les déficits ne peuvent être comblés que par des
mesures impopulaires (allongement de la durée du travail, baisse des prestations) ou dangereuses
économiquement (hausse des cotisations salariales => risque de baisse de la consommation ; hausse des
cotisations patronales => hausse du coût du travail).
Certains gouvernements tentent donc de réformer ce système pour lui assurer sa pérennité.

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