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Avec la création de la Sécurité Sociale en 1945, la protection sociale en France passe d'un

régime libéral (d'assurances privées) à assurantiel (bismarkien), universel et obligatoire, incarné par
l'Etat-Providence, qui a pour but de procurer un bien-être minimal à la société. Mais depuis la fin
des années 50, les dépenses en protection sociale ont augmenté, notamment avec l'apparition du
chômage, la hausse de la précarité ou la crise de 2008, ce qui à conduit à développer
progressivement une logique d'assistance (bévéridgienne). Explicitement, la protection sociale
désigne la totalité des prestations monétaires et en nature perçues par les ménages. De nos jours,
elle vise, et cela coûte excessivement cher, à préserver les citoyens face aux aléas sociaux (maladie,
emploi, vieillesse, famille, dépendance, logement, exclusion sociale), pour plus de la moitié à partir
de cotisations prélevées sur leurs salaires, en leur versant des prestations pour compenser les pertes
économiques. En fin de compte, ces deux dialectiques assurantielle et assistancielle reposent sur un
principe de solidarité collective puisqu'elles procèdent toutes deux à une redistribution sociale. On
peut toutefois se demander comment s'opère cette redistribution, à quelles logiques obéit-elle et si le
système français de protection sociale est réellement redistributif...
Le système de protection sociale français procède à une redistribution horizontale et suit une
logique d'assurance, mais opère aussi à une redistribution verticale tout en adoptant une logique
d'assistance.

Le système français de protection sociale relève d'une redistribution horizontale qui opère un
transfert de revenus entre les ménages ayant approximativement le même ordre de revenu mais dont
leur composition est dissemblable . Par exemple, le montant de l'IR fluctue en fonction des
caractéristiques du ménage : la composition (quotient familial, crédits et réductions d'impôt...) et
l'âge de ses membres, ou les prestations familiales, suivant un principe de compensation,
redistribuent des revenus vers les familles, ou les ménages qui n'ont pas à faire face immédiatement
à un risque cotisent pour les autres : les biens-portant pour les malades, les actifs pour les chômeurs
et les retraités (selon un principe par répartition pour ces derniers), ceux qui n'ont pas d'enfant ou
sont célibataires pour ceux qui en ont...
Affectés au financement de la SS, les ITAF (impôts et taxes affectés) sont des prélèvements
obligatoires qui sont constitués pour moitié au moins de la CSG (Contribution Sociale Généralisée,
qui a petit à petit supplanté les cotisations maladie et famille), la CRDS (Contribution au
Remboursement de la Dette Sociale), de taxes sur les boissons sucrées, énergisantes, l'alcool et le
tabac... Soumise au principe d'affectation de l'impôt, crée en 1991, au taux de 1.1%, avant d'être
graduellement relevé à partir de 1993, la CSG est un impôt de toute nature. En premier lieu, c'est un
impôt, c'est-à-dire dont la base est universelle même si il s'avère non contributif, dans le sens où
tous n'y sont pas assujetti à prélèvement et peuvent néanmoins en percevoir des revenus de
solidarité par son financement. Et en second lieu, elle est une cotisation sociale, dont le financement
s'opère uniquement en direction des prestations sociales. Cependant, son assiette d'imposition est
plus étendue que celle des cotisations sociales : en effet, elle ponctionne non seulement les revenus
d'activité (9.2%), certaines pensions de retraite (8.3%), les indemnités chômage (6.2%), les revenus
du patrimoine (9.2%), les jeux (6.2%) et les produits de placement (9.2%) et en 1998, elle a
augmenté plus fortement dans le but de financer la branche maladie, avant de continuer sa douce
progression, à l'opposé des cotisations sociales dont le taux d'affectation en direction de la
protection sociale diminue. De plus, à l'inverse des cotisations sociales, la CSG ne porte pas
préjudice au coût du travail puisqu'elle est imputée directement sur les salaires, les revenus de
remplacement et les retraites et non sur les cotisations patronales, ce qui ne génère pas de frein à
l'embauche. Cependant, elle demeure également un instrument privilégié des pouvoirs publics, tout
comme le sont les cotisations sociales, servant à faire diminuer le déficit de la protection sociale,
toutefois, en l'augmentant, cela génère une baisse de la consommation, et rend les marchés
instables... Concrètement, elle a pour base d'imposition le total des revenus des individus demeurant
en France, dont le taux qui fluctue de 6 à 10% en fonction de la nature des revenus est
proportionnel. En effet, le prélèvement des impôts et des cotisations sociales se révèle être peu
progressif concernant les bas revenus et principalement régressif pour les revenus les plus élevés, en
vue de restreindre le montant des cotisations payées par les firmes pour financer l'indemnisation du
chômage et des retraites. Finalement, l'Etat perçoit à l'année plus de recettes en provenance de la
TVA (169 milliards), que par la CSG qui elle permet d'en engranger plus que par l'IR (125 milliards
contre 74), même si la CSG reste encore en partie non déductible, pour ce qui concerne les revenus
de placements et du patrimoine, de la base de l'IR pour ne pas entraver l'assiette d'imposition de
l'IR..., ce qui signifie qu'elle est plus qu'un impôt.
En fait, l'indemnisation du chômage et des retraites est gérée entre syndicats de travailleurs
et organisations patronales au sein des organismes de SS et de l'Unedic pour le chômage, ce dernier
regroupant 5 voix pour les syndicats des salariés (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et idem pour
ceux du patronat (CPME, U2P et le Medef ayant 3 voix). Cependant, le taux d'adhésion à un
syndicat en France est un des plus petit du continent européen (11% en 2016). Pourtant, ces
syndicats prennent part aux négociations collectives, notamment avec l’État, afin de fixer le
montant des pensions de retraite, les taux de cotisation, règles d'indemnisation ou aides au retour à
l'emploi concernant les allocations chômage (financées ces dernières depuis juillet 2019 par la CSG
et les cotisations patronales pour le secteur privé- 4%-, et non plus par les cotisations salariales, ce
qui a eu pour effet d'aller à l'encontre de la logique d'assurance par laquelle tout salarié cotise en
vue de lui ouvrir des droits à prestations...). Ainsi, depuis cette réforme du chômage, l'Etat peut
convenir des ordres de négociation au sein de l'Unedic depuis la loi «Avenir professionnel» du 5
septembre 2018, ce qui a bouleversé le mode de gestion d'origine puisqu'avant 1967, la SS était
gouvernée par les syndicats en majorité, depuis le mode de gestion est paritaire (excepté entre 1981,
suite à l'accession au pouvoir des socialistes, et 1996, avec le rétablissement de la parité suite à la
réforme Juppé) aussi bien pour la SS que pour l'Unedic, cela signifie dorénavant que les syndicats
ont encore moins de poids- d'autant plus que les syndicats patronaux ont élaborés des alliances avec
cerrtains syndicats et en ont mis d'autres sur la touche- contrairement à l'Etat, collectrice de la CSG,
concernant les modalités de redistribution. De plus, les pouvoirs publics exercent une tutelle sur les
strutures de protection sociale par le biais de la DSS, rattachée au ministère des Solidarités et de la
Santé et au ministère de l'Emploi et de la Solidarité, et celle-ci élabore les politiques de la SS,
s'assure de leurs applications, vérifie que les prestations octroyées soient bien en lien avec les
besoins de la population, tout en y contrôlant l'équilibre financier.

Il obéit à une logique d'assurance qui repose principalement sur le salariat et l'emploi. Le
système de protection sociale français est bismarckien dans le sens où les cotisations sociales
permettent l'ouverture de droits à la couverture sociale (sauf pour le chômage désormais). Il
s'inspire du modèle des assurances privées fondé sur le principe de mutualisation des risques,
c'est-à-dire que tout le monde cotise pour permettre à ceux ayant à faire face à un risque de pouvoir
être pris en charge. Selon un principe de contributivité, les salariés versent des cotisations sociales
en fonction de leur niveau de revenus respectif (droit objectif) qui permettent de leur ouvrir des
droits à prestations (pensions de retraite, indemnités congé de maternité, remboursement de soins
par la SS), en cas de survenance d'un risque, dont le montant est basé sur leur revenu et sur le risque
rencontré. En complément, les cotisations sociales constituent un élément précieux de la demande,
et joue un rôle de «stabilisateur automatique» : en effet, une diminution de celles-ci entraîne une
baisse de recettes de la SS, une hausse d'impôts, baisse de consommation et donc hausse de
salaires, ainsi depuis les années 1990, des exonérations de cotisations sociales sur les salaires bas
ont été mises en place pour réduire le coût du travail et favoriser l'emploi, le SMIC étant trop élevé,
même si les employeurs doivent prendre garde à ne pas augmenter les salaires, générateurs d'une
hausse des cotisations à partir d'un certain seuil...
En outre, la France a dépensé 742 milliards de dépenses en prestations sociales en 2018,
alors que ses ressources étaient de 800 milliards. En l'espace d'un demi-siècle, elles se sont
multipliées par 2 et l'année précédente, étaient à hauteur de 32% soit 1/3 du PIB. Explicitement,
elles désignent aussi bien les prestations en espèces (telles que les IJ) ou en nature (comme les
remboursements de frais de soins...), que les organes de protection sociale reversent à ses
bénéficiaires. Elles se décomposent ainsi : pour le risque vieillesse-survie (augmentant le plus)
46%, santé (maladie, invalidité, AT et MP, croissant toujours plus) 35%, famille (IJ maternité,
prestations familiales telles que les allocations familiales, aides à la garde d'enfant...) 8%, emploi
(indemnisation du chômage, réinsertion professionnelle, pré-retraites) 6%, logement 3%, pauvreté-
exclusion sociale (RSA...) 3%. Il est vrai que face au fonctionnement incertain des marchés, les
pouvoirs publics doivent entrer en scène pour veiller à l'équilibre financier de la SS. Par exemple,
ils légifèrent la protecion sociale depuis 1996 en établissant annuellement des lois de financement
de la SS et en fixant un ONDAM.
D'ailleurs, la France caracole en tête au niveau européen en termes de prestations de
protection sociale et par conséquent, ses cotisations sociales s'avèrent élevées. Ainsi, ses dépenses
en matière de santé, qui profitent principalement aux ménages les moins riches, sont de 11% du PIB
en 2016 et en 2017, elle dispose du pourcentage de reste à charge des ménages le moins élevé
(moins de 10%) de l'UE des 15. En outre, la SS est un dispositif qualifié de stabilisateur
économique, c'est-à-dire qu'en période de récession, la consommation risque de chuter brutalement,
c'est pourquoi le niveau des prestations sociales est garanti, à savoir conservé ou rehaussé, dans le
but de maintenir des revenus suffisants, de répondre à une demande anticipée et donc de conserver
une certaine croissance. Du coup, les prélèvements sur les salaires comme pour les revenus
d'activité des entreprises baissent afin de gérer au mieux la crise, de maintenir l'activité économique
à flot et donc d'éviter par y être emporté. Grâce à ce type de mécanisme, les conséquences sur
l'activité économique sont diminuées de 16% environ pour les pays de l'OCDE. Néanmoins, ce
procédé a encore plus d'effet sur l'hexagone et est essentiellement en lien avec l'indemnisation du
chômage. D'ailleurs, la SS est souvent en déficit chronique, ce qui se traduit par une augmentation
des cotisations et donc une baisse des salaires, de la demande, la consommation, l'investissement,
l'embauche et donc des recettes de l'organisme, elle est même soupçonnée de creuser les déficits
publics et cela sans compter la fraude de plusieurs milliards par an à laquelle elle doit faire face par
les entreprises, qui ne cotisent pas et emploient de manière illégale ou non déclarée, et les ménages
qui escroquent aux assurances maladie ou aux retraites. Ainsi, tous ces déficits accumulés
constituent la dette sociale de la SS, forme l'un des trois agrégats de la dette publique qui avoisinait
les 11% de la dette publique totale en 2020. Parmi l'UE des 29, la France détient la 5ème place des
pays ayant la plus forte dette publique (98.1% du PIB) en raison de trop grosses dépenses,
notamment dans le domaine de la santé, des exonérations et des niches fiscales accordées aux
grandes entreprises et ménages aisés, des taux d'intérêt modulés au-dessus des taux de croissance,
des investissements à long terme peu judicieux et du niveau de l'imposition. Cependant, le solde de
la protection sociale est redevenu positif en 2017 pour la première fois depuis 2008, tout comme
celui de la SS aussi en raison d'une bonne croissance (2%) et d'une baisse de chômage de 1%, moins
de dépenses pour les chômeurs ou les APL.
Mais à l'époque actuelle, avec l'arrivée sur le marché des indépendants du numérique,
l’uberisation, ayant le vent en poupe, constitue un triple problème pour la SS, à l'instar de l'Etat-
Providence il y a 40 ans, : de financement (baisse des cotisations sociales), légitimité (désaffiliation
du RG...) et d'efficacité (fin de la protection universelle pour tous). Explicitement, cette
plateformisation de l'économie a recours à des contrat de prestation de service mais qui ampute
presque tous les droits sociaux (pas de congés payés, délai de carence plus important, IJ minorées,
cotisation retraite pas toujours accessibles...), même si la couverture des AT (loi Travail 2016) et
l'indemnisation chômage (loi Avenir Professionnel 2018) commencent à montrer le bout de leur nez,
et ce système risque donc de stopper dans son élan la SS et d'aggraver un brin la dette publique.

Cependant, le système de protection sociale français s'appuie sur une redistribution verticale
qui vise à diminuer les divergences de niveaux de vie entre les citoyens en procédant à un transfert
des ménages qui sont les plus aisés vers ceux ayant peu ou pas de revenus (RSA...). Comme
exemples, l'IR comporte un barème progressif qui se focalise plus sur les ménages les plus riches,
ou les minimas sociaux permettent d'améliorer les conditions de vie des ménages les moins riches,
ou les prestations familiales, versées sous condition de ressources et comportant un plafond, ou les
allocations familiales, en faisant partie, étant sans condition de ressources- ce sont généralement les
familles avec enfants et ayant peu de revenus qui les perçoivent-, dont le montant est forfaitaire, qui
permettent d'augmenter le niveau de vie. Dans pratiquement tous les cas, les salariés ne cotisent pas
les mêmes sommes proportionnellement et perçoivent des prestations sociales dont les montants
diffèrent, comme en témoignent les exemples ci-après.
Ainsi, conformément au principe de contribution, la part des cotisations sociales,
versements calculés en pourcentage du salaire et donnant droit à des prestations sociales différées,
varie en fonction du décile de niveau de vie. En 2015, les cotisations sociales (patronales et
salariales) et les contributions (en grande partie la CSG et la CRDS) rapportés au revenu disponible
des ménages est de 51% en moyenne. Pour ce qui est des ménages du 1er décile (c'est-à-dire les
10% des ménages les moins riches), la part ne représente que 15% alors que celle du dernier décile
est de 57%. En fait, plus un ménage est classé dans un décile de niveau de vie aisé, plus sa part de
cotisation et de contribution sera importante. Cependant, les ménages les moins aisés, plus
susceptibles d'être inactifs (femmes au foyer) ou au chômage voient leurs cotisations être moins
proportionnelles à leurs revenus. En effet, les cotisations sociales équivalent à approximativement 1
100 à 1 250 euros constants mensuels par actif occupé depuis une trentaine d'années. En outre, les
cotisations patronales sont relativement faibles pour le premier décile puisqu'elles sont affaiblies sur
les revenus en-dessous de 1,6 SMIC.
Selon le principe de compensation, les prestations sociales, elles s'amenuisent au fur et
à mesure des déciles de niveau de vie (en dehors des prestations de santé). En effet, en 2015, elles
sont de 75% pour ce qui est du premier décile de niveau de vie, celui des ménages les moins riches,
rapportées au revenu disponible, et de 24% pour le dernier décile. Par illustration, les minima
sociaux comme les allocations logement, dont la perception s'effectue sous condition de ressources,
sont destinés principalement aux 20% des ménages les moins dotés et se mesurent à 33% du revenu
disponible à l'intérieur même du 1er décile.
Quant aux prestations familiales, épousant le même principe, elles équivalent à 14% du
revenu disponible des ménages en ce qui concerne le premier décile et à moins de 1% pour ce qui
est du dernier décile. Effectivement, à mesure que le salaire augmente, les allocations familiales
décroissent avec lui. Cependant, il n'est plus possible de pouvoir les percevoir en-dessous d'un
certain plafond (67 140 euros, soit 5 595 euros nets par mois pour une famille avec deux enfants et
5 595 euros par an majoré par enfant supplémentaire en 2015), ce qui a tendance à conforter cette
tendance à la redistribution visant à réduire les inégalités, qui s'avèrent être plus sensibles entre les
ménages aisés et les moins bien dotés comme les familles ayant beaucoup d'enfants,
monoparentales ou avec des enfants en bas âges, plus susceptibles à percevoir des prestations
familiales.
Enfin, conformément au principe de cotisation et d'indemnisation, en ce qui concerne le
chômage pour ce deuxième point, les prestations de chômage et de préretraites sont de l'ordre de
11% du revenu disponible des ménages pour le premier décile de niveau de vie et de 1% à propos
du dixième et dernier décile de niveau de vie. En effet, le premier décile a plus tendance à accueillir
les chômeurs, en raison d'un niveau de qualification en général moins accentué, de revenus plus
faibles, d'une sécurité de l'emploi plus précaire, et donc d'un chômage chronique.

Il répond à une logique d'assistance, établie sur la solidarité collective. Le système de


protection sociale français est bévéridgien dans le sens où la couverture sociale est universelle,
c'est-à-dire ouverte aux personnes ne cotisant pas. De là, suivant un principe de solidarité, il existe
7 minima sociaux: le RSA (Revenu de Solidarité Active), l'AAH (Allocation Adulte Handicapé),
l'ASS (Allocation de Solidarité Spécifique), l'AI (Allocation d'Insertion), le minimum vieillesse, le
minimum invalidité et l'allocation veuvage. En fait, l'Etat a pour obligation de venir en aide aux
personnes qui ont épuisé leurs droits à prestations ou dont les ressources s'avèrent insuffisantes et
les prestations monétaires ou en nature versées sont en grande partie financées par les impôts et
taxes affectées (Itaf 27% dont le montant augmente depuis 2000, notamment par la CSG en opérant
un prélèvement de solidarité sur les revenus du patrimoine et les produits de placement) et les
contributions publiques de l’État et des collectivités locales (15%), dédiées principalement au
financement des minima sociaux. Elles obéissent au principe de non contributivité puisque les
cotisations ne sont pas obligatoires pour tous mais demeurent soumises à des conditions de
ressources et de besoin (droit subjectif) comme les allocations familiales. En 2018, 17,4% de la
population en France est à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale contre 21,8% dans l’UE des
28. Et, plus de 50% de la richesse du pays est socialisée (en dénombrant les prestations sociales et
celles de services publics). Or, les inégalités peuvent amener à une récession économique, c'est
pourquoi la SS a une fonction de stabilisateur automatique qui permet lors d'une phase de
dépression de conserver ou de faire croître les prestations sociales, notamment les minima sociaux,
afin de maintenir la croissance et éviter le chômage de masse. A ce propos, il existerait le chômage
involontaire (keynésien) et volontaire (classique). C'est pourquoi les pouvoirs publics mettent en
place des politiques liées à l'emploi afin d'interagir sur le marché du travail : les politiques passives,
prépondérantes, qui se contentent de contrebalancer l'absence d'emploi par un revenu de
remplacement et l'octroi de revenus minimum, et actives, qui visent à conduire vers le retour à
l'emploi.
En fait, la protection sociale est onéreuse et encourage l’assistanat, c'est-à-dire à toucher le
RSA à la place de travailler, à bénéficier à outrance de l’assurance maladie, percevoir illégalement
des allocations familiales, et cela concerne les catégories les moins aisées. Visant à moins
indemniser les chômeurs, renflouer les caisses de l'assurance sociale, les politiques actives ont
recours aux méthodes incitatives et aux sanctions, en raison du fait que les allocations chômage sont
considérées comme trop abondantes. A titre d'exemple, la réforme de l’assurance chômage en 2019
(qui procède à une baisse de l'indemnisation à partir du 7ème mois au-delà de 3500 euros nets et il
requiert d'avoir travaillé plus longtemps pour toucher des indemnités qui ne dépendent plus que des
cinq derniers mois), le RSA mis en place en 2009 (qui permet le cumul du minima social et du
salaire durant trois mois, que par la suite, le revenu de solidarité décroît proportionnellement moins
à mesure que le salaire croît, cependant pour continuer à le percevoir, le bénéficiaire doit effectuer
des recherches d'emploi ou faire enregistrer sa propre entreprise ou effectuer lui-même les
démarches de réinsertion) en lien avec le PPAE (Projet Personnalisé pour l’Accès à l’Emploi) en
2006 (qui prévoit un suivi par un conseiller et que les demandeurs d'emploi refusant une 3ème fois
une proposition crédible soient radiés et ne soient plus indemnisés) et des forfaits pour le système
d’assurance maladie universelle ont été crées, et cela sans compter la fraude annuelle par les
ménages de 100 millions d'euros au RSA, 276 à la CAF et 120 aux prestations familiales. Le but est
de responsabiliser les individus à reprendre le chemin de l'emploi, peu importe le travail proposé, et
à le justifier, ce qui permettrait de faire croître les cotisations sociales et diminuer les dépenses en
prestations de solidarité. A ce propos, le revenu universel, d'existence ou de citoyenneté est en
projet. Il implique d'accorder un montant identique à tout le monde sans condition de ressources et
permettrait d'inclure les dépenses en consommation dans le PIB des personnes qui accompagnent
les personnes dépendantes, celles qui font du bénévolat, celles qui effectuent du travail domestique.
C'est une alternative proposée face au chômage massif prévu en raison du numérique, qui devrait
prendre la place de nombreux travailleurs, comme c'est le cas actuellement dans le domaine de la
banque-assurance. En cas d'instauration de ce revenu de base, les patrons tenteront de procéder à
des baisses de salaires, ce qui aura pour effet potentiel de décourager les citoyens à travailler pour
un travail mois bien payé. Par conséquent, cela pourrait encourager l'inactivité voire l'assistanat,
toutefois, cela pourrait stimuler les starts-up, les indépendants... En résultat, ce système pourrait être
viable seulement si la demande anticipée serait effective, cependant, son financement est tant
considérable qu'il ne faudrait pas qu'il s'asseye trop sur l'impôt...
En conclusion, ce système est fondé sur l'assurance mais en raison du chômage et de la
précarité, il devient de plus en plus assistanciel et donc redistributif. Ainsi, les deux modes de
redistribution auxquels il opère s'avèrent entremêlés. Cette redistribution se fait par l'Etat, même si
d'autres protagonistes y jouent un rôle également important, comme les assureurs dans les sphères
de la santé (OCAM), retraite (par capitalisation) et du social (ISBLSM) qui détiennent environ 1/3
de la dette publique, et avec le déficit actuel considérable lié à la pandémie, on peut se demander si
ces acteurs ne finiront pas par déposséder, comme après 2008, toujours un peu plus l'Etat...
Bibliographie

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Yoann Le Mouel 20405070 L3 AGT SUP CED

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