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LE POINT SUR…

LE POINT SUR... - TVA SOCIALE ET FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE

TVA SOCIALE
et financement
de la protection sociale
Jean-Marie Monnier
Professeur d’économie au Centre d’économie de la Sorbonne
(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne­), spécialiste des questions fiscales

Depuis trente ans, la France débat du mode de financement de la protection sociale. Au-
delà des cotisations sociales attachées à la fonction assurancielle de la Sécurité sociale,
le choix s’est d’abord porté sur la fiscalité directe des revenus avec la contribution sociale
généralisée (CSG). Il s’agissait surtout d’élargir l’assiette de ce financement. Plus récemment,
la désindustrialisation et la perte de compétitivité extérieure des entreprises françaises ont
abouti à la décision contestée de création d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sociale.
D’après Jean-Marie Monnier, cette taxe pourrait provoquer un cycle inflationniste et avoir
un impact négatif sur la croissance en raison de la ponction opérée sur le pouvoir d’achat
des ménages.
C. F.

Jusqu’à la fin des années 1980, l’édifice fiscal qui lui était associé, leur objet par l’État. Les partenaires
la France a semblé se satisfaire en particulier le solde de la pro- sociaux notamment, sont toujours
d’un système fiscal bâti sur une tection sociale. L’élargissement attachés à cette règle.
spécialisation fonctionnelle et insti- de ce financement à l’impôt a été
tutionnelle des prélèvements. Durant réalisé dans un premier temps par La CSG : plus d’équité
les Trente Glorieuses, le financement le recours à une nouvelle forme de dans le financement
de la protection sociale dépendait fiscalité des revenus privilégiant
presque exclusivement des cotisa- l’équité horizontale (élargissement
de la protection sociale
tions de nature assurancielle. Pour de l’assiette), avec la CSG, à l’équité
sa part, l’État bénéficiait des impôts verticale (réduction des inégalités
De l’élargissement
du financement
« modernes », sur les bénéfices, les de revenus). Cependant, depuis le de la protection sociale…
revenus et la consommation. Les début des années 2000, les termes
collectivités locales recevaient les du débat ont été renouvelés en faveur À la fin des années 1980, l’élar-
impôts à base foncière hérités de de l’utilisation de la TVA. Si la CSG gissement du financement de la
la période révolutionnaire. n’est pas abandonnée, l’adoption protection sociale au-delà des coti-
de la TVA sociale marque une nou- sations sociales devient un enjeu
Selon cette architecture, le finan-
velle orientation vers l’utilisation majeur avec la dégradation des
cement des principales institutions
plus active des finances sociales conditions économiques consécu-
publiques et sociales reposait sur
comme instrument de la politique tive à la crise, la déstabilisation des
des prélèvements compatibles avec
économique. Or, originellement comptes sociaux en résultant, mais
les besoins du régime économique
en 1945, les cotisations étaient de également en raison de l’émergence
fordien.
nature assurancielle et n’avaient pas de besoins nouveaux. Il faut bien
Dans ce contexte fiscal, la crise d’objectif de politique économique sûr répondre aux défis financiers
du régime fordiste a déstabilisé car on craignait un détournement de que représentent un chômage de

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masse devenu chronique, l’arrivée aux plus démunis selon le modèle On peut bien sûr rappeler la créa-
à l’âge de la retraite d’un nombre d’État-providence résiduel(1). tion en 1996 sur des fondements
grandissant de personnes mais aussi très proches de ceux de la CSG, de
l’émergence d’une nouvelle pau- …à la création de la CSG la contribution au remboursement
vreté laborieuse. La création du C’est dans ce contexte qu’est de la dette sociale (CRDS) affec-
revenu minimum d’insertion (RMI) créée la CSG en 1991. Bien qu’elle tée à la Caisse d’amortissement de
en 1988 après une phase d’expé- puisse jouer comme un supplément la dette sociale (CADES). Surtout,
rimentations locales, confirmait, de recettes, elle apparaît lors de sa la montée en puissance de la CSG
semblait-il à cet égard, la nette création comme une forme nouvelle s’est accompagnée de celle des taxes
réorientation de la protection et alternative de financement. indirectes, notamment des taxes sur
sociale vers l’universalisation des le tabac et l’alcool affectées aux
Par la suite, elle a connu d’im-
prestations. Enfin, l’évolution de ressources de la protection sociale.
portantes évolutions qui en ont
la structure des revenus plaidait En 2009, l’ensemble des taxes
changé la cohérence interne. Alors
en faveur d’une modification de indirectes affectées aux régimes
que ses taux étaient progressivement
celle des financements de la protec- sociaux représentait près de 20 %
augmentés, elle était utilisée soit
tion sociale. Entre 1980 et 1990 en des impôts et taxes affectés à la pro-
comme substitut aux cotisations,
effet, la part des salaires nets dans tection sociale. Parmi elles, figure
soit comme complément en raison
le revenu disponible brut était pas- depuis 2006 une fraction des recettes
de son caractère universel. Enfin,
sée de 53,8 % à 48,6 % tandis que de la TVA.
les dispositifs qui introduisaient au
la part des revenus de la propriété
avait crû de 6,6 % à 9,6 % et que
sein de la CSG une certaine pro- TVA sociale,
la part des prestations sociales en
gressivité(2), au demeurant faible et renouvellement
indirecte, ont été fortement réduits. du débat
espèces était passée de 25,1 % à
28,5 %. Pour de nombreux experts Cependant, si l’on constate une
comme pour les pouvoirs publics, amplification du processus de fis- Des besoins de financement
croissants
ces évolutions conduisaient néces- calisation de la protection sociale
sairement à une réforme du mode à partir du début des années 1990, Au seuil des années 2000, les
de financement de la protection ce mouvement n’est pas uniquement interrogations relatives aux formes
sociale. imputable à la montée en puissance du financement de la protection
de la CSG. sociale n’ont pas cessé. Après la
Pour les défenseurs de la fis-
création du RMI, celle de la cou-
calisation de la protection sociale, (1) Modèle dans lequel l’État intervient en
dernier ressort quand les solidarités familiales, verture maladie universelle (CMU)
l’égal accès de tous les citoyens aux
communautaires et professionnelles ou le mar- en 2000 témoigne de l’universali-
prestations justifiait un financement ché se sont révélés incapables de répondre aux sation croissante de la protection
plus équitable faisant appel à toutes besoins des individus. Cf. Titmuss­R. M. (1971),
Social Policy, Londres­, Allen and Unwin. sociale, et accroît les besoins finan-
les sources de revenus et pas seu-
(2) Par exemple, le taux réduit a disparu. ciers de cette dernière.
lement aux salaires. Aussi, à la fin
des années 1980, émergeaient les
thèses favorables à une segmen- Tableau 1. Évolution des ressources de la protection sociale hors
tation des prestations entre celles transferts (en milliards d’euros et en %)
qui relèveraient de l’assurance et 1990 2000 2009
seraient financées par des cotisa- € % € % € %
tions, et celles qui tiendraient de Cotisations sociales 227,4 79,5 284,9 66,7 392,0 64,6
l’assistance, par définition univer- Impôts et taxes 8,9 3,1 82,8 19,4 132,8 21,9
selles, justifiant d’un financement Transferts et subventions 39,7 13,9 48,4 11,3 60,8 10,0
par l’impôt. Les opposants à la fis- Produits financiers 4,6 1,6 2,2 0,5 2,9 0,5
Autres recettes 5,5 1,9 9,0 2,1 18,2 3,0
calisation redoutaient quant à eux,
Total 286,1 100 427,3 100 606,7 100
que cette évolution ne préfigure
Sources : Bourgeois A., Duée M. et Hennion M. (2008), « Vingt-cinq ans de comptes de la
une rétraction de l’État social vers protection sociale : une rétropolation de 1981 à 2006 », Études et résultats, n° 647, août
un simple filet de sécurité destiné et comptes de la protection sociale 2009.

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De plus, la forte croissance Ils constatent en effet que de manière Selon une étude réalisée pour la
des exonérations de cotisations courante, l’assiette de la TVA est Direction du Trésor(6), cette évolu-
depuis 1990 contribue aussi à dés- plus large que celle des cotisations tion serait liée à trois déterminants
tabiliser les comptes sociaux et à sociales qui reposent sur les seuls structurels. En premier lieu, la
accentuer leur dépendance à l’égard salaires. En conséquence, l’équité recherche d’une plus grande effi-
du budget de l’État. Elle indique par horizontale sortirait améliorée d’une cacité aurait conduit les entreprises
ailleurs un usage de plus en plus substitution de la TVA aux cotisa- industrielles à externaliser une partie
intense des finances sociales dans le tions sociales. Par ailleurs, la TVA de leurs activités vers le secteur des
cadre de la politique de l’emploi, et est considérée comme un impôt services. Cela expliquerait par­tiel­
plus généralement au sein de la poli- économiquement neutre, et donc lement l’expansion des services aux
tique économique. La TVA sociale plus favorable au développement entreprises ainsi que, pour 20 à 25 %,
marquerait une étape supplémentaire des activités économiques que les la baisse de l’emploi industriel.
dans cette direction. cotisations sociales qui pénalise- Le second facteur correspondrait
raient notamment le travail. De fait, à une modification de la structure
Recourir à la TVA, la dégradation de la situation éco- de la demande, elle-même liée à
un débat ancien
nomique de la France justifierait le d’importants gains de productivité
Le recours à la TVA pour financer passage à la TVA. ayant permis une augmentation des
la protection sociale avait déjà été salaires et donc du pouvoir d’achat
envisagé dans le débat sur l’élar- Perte de compétitivité des ménages (à l’origine de 30 %
de l’industrie française
gissement des finances sociales de la baisse de l’emploi industriel).
avant 1990(3). Cette solution avait été Depuis le début des Enfin, l’ouverture à la concurrence
écartée en raison du caractère régres- années 2000, la forte détérioration étrangère liée à la mondialisation des
sif de cet impôt indirect. En effet, la du solde du commerce extérieur échanges serait le troisième facteur
part des dépenses de consommation français semble traduire la perte dont l’impact sur l’emploi est diffici-
des ménages est d’autant plus faible de parts de marché des entre- lement quantifiable. Néanmoins, les
que les revenus individuels sont éle- prises françaises à l’étranger, et défenseurs du projet de TVA sociale
vés. En conséquence, un prélèvement de manière générale une altération voient dans la dégradation de la posi-
proportionnel à la consommation de l’influence économique de la tion de l’industrie française dans la
comme la TVA est régressif par rap- France. Les résultats décevants des compétition internationale la cause
port au revenu. En outre, le fait qu’il entreprises françaises à l’exporta- majeure de la désindustrialisation.
s’agisse d’un impôt de ren­dement tion ne seraient que l’aspect le plus Ils soulignent en particulier le rôle
(dont la fonction est d’apporter apparent de la désindustrialisation des délocalisations explicable par
le plus de recettes possible) justi- que l’on peut mesurer par la régres- la perte de compétitivité des entre-
fiait, notamment pour son créateur sion du poids de l’industrie dans prises françaises. À l’appui de leur
Maurice Lauré, qu’elle ne soit pas la valeur ajoutée produite par la thèse ils invoquent le poids jugé
détournée vers d’autres usages(4) au nation. Entre 1980 et 2007, elle est trop élevé des charges sociales qui
risque de la déformer par le jeu de passée de 24 % du PIB à moins de pousserait le coût des productions
l’interventionnisme fiscal. 14 % tandis que l’emploi industriel françaises à la hausse, par rapport à
a diminué de 36 %, passant de 5,3 à ce que l’on observe chez nos prin-
Pour les défenseurs du recours
3,4 millions d’emplois. Ce faisant, cipaux concurrents, en particulier
à la TVA dans le financement de
la part de l’industrie dans l’emploi l’Allemagne.
la protection sociale, la question
total a baissé de 11 points, passant
centrale n’est pas celle de son Le tableau 2 compare les taux
de 24 % à 13 %(5).
impact en termes d’équité verticale. implicites d’imposition de trois
assiettes différentes entre la France
(3) Dupuis J.-M. (1992), « Le financement et un certain nombre de ses parte-
de la protection sociale en France : 45 ans naires européens. Il montre le niveau
de projets de réformes », Droit social, n° 2,
février, p. 100-107. (5) Direction Générale du Trésor (2010),
(4) Lauré M., Babeau A., Louit C. « Le recul de l’emploi industriel en France (6) Demmou L. (2010), « La désindustria-
(2001), Les impôts gaspilleurs, Paris, PUF, de 1980 à 2007 : quelle est la réalité ? », Tré- lisation en France », Documents de travail de
coll. « Quadrige ». sor-éco­, n° 77, septembre. la DG Trésor, n° 2010/01, juin.

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Tableau 2. Taux implicites d’imposition (TII) (a) en Europe en 2009 (en %) sociale. Toutefois, il en accentue la
TII Revenus fiscalisation et renforce la tendance
TII Travail TII Consommation
du capital consistant à employer les prélève-
Allemagne 38,8 18,3 31,5 ments sociaux pour atteindre des
Danemark 35,0 22,4 19,8 objectifs de politique économique.
Espagne 31,8 18,3 12,3 On s’écarte donc un peu plus de
France 41,1 16,2 18,5 la logique assurancielle originelle,
Italie 42,6 29,0 16,3 et l’on s’inscrit pleinement dans le
Royaume-Uni 25,1 22,3 16,8 processus de recentralisation des
Suède 39,4 25,8 27,6 finances sociales opéré par l’État(7).
Moyenne UE 32,9 17,3 20,9
(a) Les taux d’imposition implicites (TII) mesurent la charge fiscale moyenne constatée sur différentes
Avec la TVA sociale, qualifiée
grandeurs économiques formant la base d’imposition calculée des différents impôts (travail – évalué de TVA « anti-délocalisation »,
principalement par les salaires bruts –, consommation et revenus du capital). Les TII expriment donc les l’objectif est triple. Il s’agit d’une
recettes fiscales cumulées, en pourcentage de leur base d’imposition potentielle. On dit « implicite » car
l’assiette fiscale ne correspond généralement pas à son équivalent économique réel ou « explicite ». part de créer des emplois par la
Source : Eurostat 2011. baisse du coût du travail et d’autre
part d’améliorer la position concur-
rentielle des entreprises françaises
élevé des prélèvements reposant sur sociales patronales, offre l’exemple
via leur compétitivité. Le prix des
le travail en France, par compa­rai­son de ce type de mesure.
marchandises importées serait
avec ce que l’on observe généra-
Dans le cas français, la solu- majoré alors même que les entre-
lement en Europe. Mais il met
tion retenue dans la première loi prises françaises dont les produits
également en évidence la faiblesse
de finances rectificative pour 2012 sont vendus en France pourraient
de la taxation de la consommation en
(voir encadré) est plus complexe, compenser la hausse de la TVA
France, justifiant ainsi la majoration
puisqu’elle cumule une augmenta- par la baisse des charges sociales.
de la TVA et son utilisation pour
tion du taux normal de TVA et une Par ailleurs, grâce à cette baisse,
financer la Sécurité sociale.
majoration de la CSG sur les reve- le prix des exportations françaises
nus du capital en contrepartie d’une diminuerait.
La TVA sociale diminution des cotisations sociales.
dans la pratique Ce dispositif nouveau accroît (7) Monnier J.-M. (2010), « La politique
fiscale », in La politique économique et ses
certes la diversification des formes instruments, Les Notices de la Documentation
Exprimée de manière simple, du financement de la protection française, p. 111-123.
la TVA sociale pourrait consister
à majorer de quelques points la LA PREMIÈRE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE
TVA, le supplément de recettes en POUR 2012 DU 14 MARS 2012
résultant étant affecté aux budgets
Elle prévoit une modification du financement de la protection devant s’appli-
sociaux. En d’autres termes, la TVA
quer au 1er octobre 2012.
sociale, comme la CSG, intervien- 1) Les cotisations sociales patronales destinées à la branche famille jusqu’alors
drait en complément ou en substitut fixées au taux de 5,4 % des salaires bruts versés par les entreprises sont sup-
aux cotisations sociales. Cependant, primées pour les salaires allant jusqu’à 2,1 salaires minimum interprofession-
les défenseurs de la TVA sociale nel de croissance (SMIC). Elles sont dégressives jusqu’à 2,6 SMIC. L’allégement
en France soutiennent plutôt la de cotisations sociales en résultant au bénéfice des entreprises est évalué à
13,2 milliards d’euros.
solution dans laquelle elle rempla- 2) En compensation, le taux normal de TVA est augmenté de 1,6 point. Il passe
cerait une fraction des cotisations donc de 19,6 % à 21,2 %, soit un gain de 10,6 milliards d’euros destiné à la
sociales employeurs qui seraient branche famille.
ainsi diminuées afin de réduire le 3) En compensation également, le taux de la CSG sur les revenus du capital est
coût du travail. L’Allemagne, qui majoré de 2 points. Il passe donc de 8,2 % à 10,2 %, soit un gain de 2,6 milliards
d’euros également destiné à la branche famille.
en 2007 a porté son taux normal
de TVA de 16 % à 19 % en contre- Jean-Marie Monnier
partie d’une diminution des charges

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C’est la raison pour laquelle, différenciation de cette diminu- BIBLIOGRAPHIE


l’instauration de la TVA sociale tion selon les niveaux de salaires
l Carré M., Carton B. et Gauthier S.
équivaudrait à une dévaluation. en atténue l’impact sur l’emploi. (2007), « Financement de la protection so-
Enfin, pour les pays à bas coût dont La mesure contenue dans la loi ciale : l’attrait des grandes assiettes », La lettre
du CEPII, n° 269, août.
la concurrence pénalise les entre- de finances rectificative revient à
prises françaises, elle reviendrait étendre l’exonération totale des l Concialdi P., Monnier J.-M. (2002),
à les contraindre de financer par- cotisations employeurs au risque « Scénarios­ de réforme de la CSG », Revue
française de finances publiques, n° 78, juin,
tiellement notre protection sociale famille jusqu’à 2,1 SMIC puis de p. 113-138.
en taxant les importations qui en manière décroissante jusqu’à 2,6
l Benard Y., Nicolas J.-B., Delpal B. ,
proviennent. SMIC. Compte tenu des dispositifs, Rapport­ du groupe de travail sur l’é­lar­g is­
déjà existants, cela signifie que les sement de l’assiette des cotisations employeurs
Cependant, pour ce faire, un de Sécurité­sociale, Conseil d’orientation des
nouveaux allégements de charges
certain nombre de conditions retraites.
seraient concentrés entre 1,6 et 2,1
doivent être réalisées. Il faut en l Lauré M. (1993), Science fiscale, Paris, PUF.
SMIC. Or, s’agissant du travail
particulier que le prix hors taxe des
qualifié (au-delà de 1,4 SMIC) les l Le Cacheux J. (2012), « Soutenabilité et
produits importés reste inchangé justice économique », in Allègre G. et Plane M.
déterminants de l’emploi sont moins
et que les entreprises françaises (dir.), Réforme fiscale, Revue de l’OFCE, n° 122,
directement liés au coût du travail. avril, p. 15-34.
répercutent la baisse des cotisa-
C’est pourquoi une diminution du
tions sociales sur leurs prix afin de l Owens J., Battiau P. et Charlet A. (2012),
coût du travail qualifié a un impact « Un demi-siècle de TVA », Problèmes éco­
limiter les risques d’inflation et de
restreint sur l’emploi(8). La « TVA nomiques, n° 3039, Paris, La Documentation
ne pas peser sur le pouvoir d’achat française, mars, p. 36-41.
anti-délocalisations » peut ainsi se
des consommateurs français. Dans
révéler moins favorable à l’emploi
le cas contraire, un cycle inflation-
et à la compétitivité des entreprises
niste pourrait s’enclencher avec
françaises que l’escomptaient les
deux conséquences possibles : le
promoteurs de ce projet.
tassement de la croissance et la
montée des revendications sala- lll
riales susceptibles à terme de
conduire à un accroissement des François Hollande s’était engagé
coûts salariaux, ce qui provoque- avant l’élection présidentielle à ne
rait une boucle prix-salaires. Or, pas appliquer la TVA sociale adoptée
comme le montre l’exemple de quelques semaines avant la consul-
la TVA sur la restauration, une tation. La décision de revenir sur ce
partie des entreprises françaises dispositif ne règle cependant pas la
pourraient capter cette baisse des question des besoins de financement
charges pour restaurer leur ren- de la protection sociale, de sorte
tabilité sur leurs prix français et que les diverses options envisagées
étrangers au lieu d’en répercuter depuis trente ans restent ouvertes.
l’intégralité. Par ailleurs, rien ne
permet de justifier l’hypothèse
selon laquelle les entreprises
étrangères resteraient passives. Il
est en fait probable qu’elles sup-
porteraient une compression de
leurs marges pour ne pas perdre
leurs parts de marché en France.
Enfin, si la réduction des coti- (8) Cf. Heyer E., Plane M. et Timbeau X.
(2012), « Impact économique de la ‘‘quasi-
sations sociales pesant sur les TVA sociale’’ », in Allègre G. et Mathieu P.
bas salaires est de nature à favo- (dir.), Réforme fiscale, Revue de l’OFCE,
riser le travail peu qualifié, une n° 122, avril, p. 373-397.

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LA CSG ET LA TVA
La CSG est un prélèvement de nature fiscale dû par les personnes physiques fiscalement domiciliées en France, sur leurs
revenus d’activité et de remplacement d’une part et sur leurs revenus du capital financier et immobilier d’autre part.

Tableau 3. Taux de la CSG (2012)


Revenus Taux Déductibilité IRPP
Salaire brut 7,5 % 5,1 %
Allocation de chômage 6,2 % 3,8 %
Pensions de retraite 6,6 % 4,2 %
Revenus du capital taxés à l’IRPP (a) 8,2 % 5,8 %
Revenus du capital non taxés à l’IRPP 8,2 % non
(a) Impôt sur le revenu des personnes physiques.

La TVA est un impôt indirect sur la consommation. C’est une taxe en cascade grâce au droit à déduction. La charge de la
taxe repose sur celui qui n’a pas le droit à déduction (le consommateur final).
La TVA collectée est obtenue en multipliant le chiffre d’affaires imposable par le taux s’appliquant à la catégorie de produits
vendus. On déduit de la TVA collectée, la TVA acquittée sur les achats de biens et de services et sur les investissements.
La TVA est due sur les opérations effectuées en France et sur les importations. Les exportations et les livraisons dans un
autre État de l’Union européenne sont exonérées en France.

Tableau 4. Taux de la TVA (2012)


Taux normal : toutes les opérations ne relevant pas des autres taux. 19,6 %
Taux réduit : restauration, travaux immobiliers, spectacles, services à la personne 7,0 %
Taux intermédiaire : produits alimentaires, électricité… 5,5 %
Taux particulier : presse écrite, médicaments remboursés 2,1 %

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