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SECTION 2 : ORGANISATION DE LA SECURITE SOCIALE

DANS LE MONDE.

La Sécurité sociale s'est, à cette époque de 1945, construite notamment autour


de l'assurance vieillesse et des prestations familiales. En Afrique, où la France
avait instauré la sécurité sociale dans un certain nombre de territoires qu'elle
administrait avant 1960, la sécurité sociale a pris un nouvel essor après
l'accession à l'indépendance d'un nombre croissant de pays. Cependant, il
convient de garder à l'esprit qu'en tant que législation du travail, les
conventions ou accords impliquant certaines branches d'activité ou certaines
grandes entreprises contiennent souvent des dispositions importantes relatives
à la sécurité sociale.

1) L'ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ SOCIALE EN FRANCE

La loi du 19 octobre 1945 a modifié et élargi la législation de 1928 et 1930


pour couvrir les risques maladie ,vieillesse , invalidité, maternité et décès. La
loi du 22 août 1946 remplace le système de 1932 et institue un nouveau statut
des allocations familiales. La loi du 30 octobre 1946 avait prévu la réparation
des accidents du travail en modifiant le régime antérieur issu de la loi de 1898
et avait pris effet le 1" janvier 1947.

Le système français de Sécurité sociale, très complexe a néanmoins un régime


principal, celui dit «GENERAL », qui représente 62% des assurés sociaux en
assurance vieillesse et 82 % des assurés actifs pour les prestations en nature de
l'assurance maladie-maternité (3). Le financement de la Sécurité sociale est, en
règle générale, assuré par des cotisations, des salariés et des employeurs, assises
sur le salaire à 90 %. Les salariés versent 30 % et les employeurs 70 %.(1)

1.1 LA GESTION ADMINISTRATIVE :


La Sécurité sociale Française comprend quatre groupe de régimes: le régime
général des travailleurs salariés non agricoles (industrie, commerce, services), il
existe : les régimes agricoles (exploitants et salariés) ; les régimes des
travailleurs non salariés des professions non agricoles, appelés dans le jargon
technique les « non non » (artisans, industriels, commerçants, professions
libérales); les régimes spéciaux (fonctionnaires, militaires de carrière, agents des
collectivités locales, de la S.N.C.F, des industries électriques et gazières, des
mines, de la marine marchande...).
 Le régime général a un effectif de 12 795 000 assurés sur une
population de 54 000 000 habitants (2), soit un taux de 23 % et
fonctionne par l'intervention d'une structure composée de plusieurs
organismes :
 Le Caisse Nationale D'assurance Maladie (C.N.A.M.), est chargée
d'assurer, sur le plan national, le financement, d'une part, des assurances
maladie-maternité-invalidité-décès; d'autre part, des accidents du travail et
des maladies professionnelles, d'organiser et de diriger le contrôle
médical, de coordonner l'action sanitaire et sociale des caisses régionales
et primaires;
 Les Seize Caisses Régionales d'Assurance Maladie (C.R.A.M.) sont
chargées de la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles, de l'application des règles de tarification et de fixation
des taux de cotisation d'accidents du travail, et du versement des
prestations vieillesse ;
 Les Cent Vingt-Neuf Caisses Primaires d'Assurance Maladie (C.P.A.M.),
immatriculent les assurés, assurent le service des prestations d'assurances
maladie-maternité-décès et accidents du travail;
 La Caisse Nationale Des Allocations Familiales (C.N.A.F.), assure le
financement de l'ensemble des régimes de prestations familiales ;
 Les Cent Quinze Caisses d'Allocations Familiales (C.A.F.), sont chargées
de servir les prestations familiales et certaines prestations sociales ;
 La Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse Des Travailleurs Salariés
(C.N.A.V.T.S.), assure la gestion du risque vieillesse et il existe une
Caisse régionale d'assurance vieillesse à Strasbourg. Toutes ces caisses
sont chargées d'exercer directement à leur niveau une action sanitaire et
sociale. Deux autres organismes nationaux complètent cette structure ;
 l'Agence Centrale Des Organismes De Sécurité Sociale (A.C.O.S.S.) est
chargée de la gestion commune de la trésorerie des différents risques
relevant des trois caisses nationales, des cotisations de Sécurité sociale et
d'allocations familiales, lesquelles cotisations sont recouvrées sur le plan
local par cent cinq Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité
Sociale et d'Allocations Familiales (U.R.S.S.A.F.);
 l'Union Des Caisses Nationales (U.C.A.N.S.S.) se voit confier des tâches
communes sur délégation des trois Caisses nationales. Elle est notamment
compétente pour les problèmes relatifs aux conditions de travail du
personnel des organismes de Sécurité sociale et la signature des
conventions collectives de travail.

-L'assurance chômage n'est pas du ressort de la Sécurité sociale. Le régime de


couverture du chômage est piloté paritairement par la CNPF et cinq
organisations représentatives des salariés. Cette organisation regroupe
l'Association de l'Emploi et de l'Industrie (ASSEDIC) et l'Union Nationale des
Syndicats (UNEDIC). Les ASSEDIC perçoivent les cotisations et verse les
prestations du régime d'assurance chômage.

1.2 LA GESTION FINANCIÈRE :


Les cotisations alimentant la Sécurité sociale sont versées à 70% par les
employeurs et à 30 % par les salariés. Le taux global des cotisations est de
46,01%, une partie, soit 22,10 % s'appliquant à la totalité du salaire perçu par le
salarié. Le financement des assurances sociales, c'est-à-dire maladie et vieillesse,
est effectué par une double cotisation des employeurs et des salariés. La
cotisation maladie est calculée sur la totalité de la rémunération; celle de la
vieillesse sur la partie de la rémunération inférieure au plafond fixé.

La cotisation d'allocations familiales est intégralement la charge des


entreprises. Il en est de même de la cotisation d'accident du travail laquelle varie
suivant l'importance du risque dans chaque entreprise ou dans chaque branche
professionnelle. L'objectif constamment recherché dans ce système de
modulation est de faire prendre conscience aux employeurs que l'amélioration
des conditions de travail et de sécurité dans leurs exploitations conduit
naturellement à une diminution du nombre d'accidents du travail, réduire leurs
charges financières.

Au 1er juillet 1990, le plafond salarial soumis à cotisations était de 11 040


francs par mois, le minimum consistant généralement en un salaire minimum
d'échelon interprofessionnel (SMLC) de 5 286,32 francs par mois établi à la
même date. Comme nous l'avons vu, à l'exception des cotisations d'assurance
maladie, les cotisations sont plafonnées en fonction de l'allocation salariale la
plus élevée. Ce plafond est révisé annuellement au 1er janvier, en fonction des
évolutions salariales constatées au cours de la période de référence, et au 1er
juillet, par anticipation, comme c'était le cas en 1990.

Le plafond a été mis en place pour empêcher les entreprises qui emploient du
personnel hautement qualifié de devoir supporter des coûts excessivement
élevés ; cependant, du côté inverse, les entreprises employant du personnel
avec des qualifications inférieures mais un travail plus abondant sont
désavantagées.

2) L'ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ SOCIALE EN AFRIQUE

L'application de la nouvelle législation de sécurité sociale, qui se développe


rapidement, pose d'énormes problèmes aux pays africains. Il était nécessaire de
créer une administration large et efficace adaptée à des fonctions entièrement
nouvelles en très peu de temps. Cet effort est plus difficile car il s'agit en
grande partie d'une création « à partir de rien » car certains pays, comme
d'autres, n'ont pas de noyaux très solides d'administration de cette nature.

Pour éviter un trop grand décalage entre la législation et l'appareil administratif,


force était de profiter de l'expérience d'autrui et par conséquent, de faire appel à
des modèles étrangers; mais il fallait tenir compte aussi des conditions
politiques, techniques, sociales et culturelles du milieu africain.

En termes de gestion financière, les cotisations des secteurs d'activité


concernés ont constitué dès l'origine la principale source de financement des
régimes de sécurité sociale. Dans la majorité des cas, la totalité de la cotisation
est à la charge de l'employeur, mais dans certaines branches, notamment
l'assurance pension, une partie de la cotisation est fréquemment à la charge du
travailleur et déduite de son bénéfice.

1.1 LA GESTION ADMINISTRATIVE :


On n'observe pas en Afrique sub-saharienne une fragmentation en différents
régimes, chacun avec sa propre organisation et ses propres normes de
protection, comme on l'observe en Afrique du Nord « maghrébine ». Dans la
plupart des pays considérés, tous les salariés protégés, quel que soit le secteur
(industrie, commerce, agriculture) dans lequel ils exercent, sont couverts par
un régime général unique et, dans la quasi-totalité des pays, par la même
protection unique de l'organe dirigeant . Par la suite, la création de nouvelles
succursales n'a pas affecté l'organisation administrative. Il s'agit du processus
d'intégration progressive de l'indemnisation des maladies professionnelles et
des accidents du travail dans le régime de sécurité sociale, puis de la mise en
place d'un régime de retraite sans changer l'unité d'origine.

En termes de modèles d'organisation administrative, en Afrique subsaharienne


francophone, le renforcement de l'intervention de l'État. En effet, toutes les
institutions créées pour appliquer le droit du travail des territoires d'outre-mer
ont initialement adopté un statut juridique similaire à celui des fondations
françaises implantées en métropole en 1945.

De nombreuses organisations se sont plus ou moins orientées vers la


décentralisation de la gestion afin de se rapprocher de ceux qui sont liés par la
loi et de résoudre les difficultés de communication.

En Afrique subsaharienne, pour deux États concernés, l'effectif des assurés était
de 534 000 personnes en 1970 pour une population totale de 31 430 000
habitants, soit un taux de 1,70 % .

En Afrique maghrébine, le Maroc , l'Algérie et la Tunisie ne sont


naturellement pas soumis au droit du travail des Territoires d'Outre-Mer et
l'administration est organisée comme suit :

 Maroc : le régime marocain de protection sociale est divisé en


quatre branches: allocations familiales; aide sanitaire et familiale;
indemnités journalières en cas de maladie et de maternité ;
pensions d'invalidité, vieillesse, survivants. Ce régime ne comporte
que des prestations en espèces en cas de maladie et de maternité.
 La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (C.N.S.S.) dont le siège est à
Casablanca, compte un certain nombre de délégations dans les autres
provinces, gère le régime et verse l'ensemble des prestations. Elle mène
également une action sanitaire et sociale.

 Algérie : dès 1986, deux Caisses étatiques gèrent le régime de


Sécurité Sociale :
 La Caisse Nationale d'Assurances Sociales, des Accidents du Travail et
des Maladies Professionnelles (CNASAT), dont le siège est à Alger ;
elle est également chargée de percevoir les prestations de congés payés
pour les services qu'elle administre, les allocations familiales et les
travaux publics de construction secteur Dons de fonds. Le CNASAT est
réparti entre 47 agences wilayas (3 Mot arabe désignant une division
administrative, en Algérie) ;
 La Caisse Nationale de Retraite (CNR), également à Alger, collecte des
dons pour financer les retraites.
 Tunisie: depuis 1986, est intervenue une réforme des structures de
la Sécurité sociale, suivant laquelle, théoriquement:
 la Caisse Centrale de Sécurité sociale (C.C.S.S.), est chargée de la gestion
des services d'intérêt commun à l'ensemble des caisses de Sécurité sociale
et notamment de l'affiliation des assujettis, de l'immatriculation des
assurés et du recouvrement des cotisations;
 la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (C.N.A.M.) est chargée d'assurer
la couverture des soins médicaux en cas de maladie, de maternité,
d'invalidité, d'accidents du travail et de maladies professionnelles ;
 la Caisse des Pensions, gère les pensions et allocations de retraite et de
vieillesse, les pensions de réversion, les pensions d'invalidité. les rentes
d'accidents du travail et de maladies professionnelles, les prestations du
capital-décès, les prestations à caractère familial au profit des pensionnés.
 la Caisse Nationale des Prestations Sociales (C.N.P.S.), est chargée
d'assurer la gestion des régimes de prestations familiales.

Dans la réalité (en mai 1988), cette réforme n'avait pas été mise en œuvre, de
telle sorte que les dispositions législatives et réglementaires précédentes
demeurent en vigueur et continuent de fonctionner avec les organismes suivants:

- d'une part, la Caisse Nationale de Sécurité sociale (C.N.S.S.) à Tunis, qui gère
les régimes de Sécurité sociale par le biais de ses bureaux régionaux implantés
dans les chefs-lieux de gouvernorats (préfectures);

- d'autre part, la Caisse d'Assurance Vieillesse, Invalidité, Survivants


(C.A.V.L.S.) à Tunis, compétente pour ces branches.(4°REGIMETUNISIEN
DE SECURITE SOCIALE)

En Afrique subsaharienne, les structures des organismes, dont les États étaient
soumis au Code du Travail des Territoires d'Outre-mer de 1952, au temps de la
souveraineté française, concernent les régimes suivants :

Les régimes liés aux risques professionnels, initialement avec obligation


ou responsabilité directe de l'employeur, éventuellement accompagnées
de la possibilité ou de l'obligation d'assurance, à partir de 1932 (Côte
d'Ivoire, Mauritanie, Niger), à partir de 1935 (Gabon), 1938
(Madagascar) et 1957 (Togo). Le système n'a été mis en place qu'en
1958 (Sénégal), 1959 (Bénin, Congo, Mali), 1961 (Gabon), 1962
(Madagascar, Niger), 1963 (Mauritanie) et 1964 (Côte d'Ivoire).)
En matière de protection de la maladie, le régime relevait également de
l'employeur depuis 1952 pour l'ensemble des États subsahariens
concernés.
La protection maternité fut organisée notamment en 1955 (Bénin, Côte-
d'Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal), en 1956 (Congo, Gabon,
Madagascar, Togo).
Les prestations familiales ont eu leur régime institué exactement à la
même époque que celle concernant la protection maternité.
L'assurance retraite est plus récente; dans la plupart des cas, le régime a
remplacé un régime conventionnel interétatique institué en 1958 pour les
salariés de certaines entreprises; c'est ainsi que les régimes actuels datent
de 1960 (Côte-d'Ivoire), de 1961 (Mali), de 1962 (Congo), de 1963
(Gabon), de 1965 (Mauritanie), de 1967 (Niger), de 1968 (Madagascar,
Togo) et de 1970 (Bénin).
L'invalidité a fait l'objet d'un régime de protection en 1965 (Mauritanie),
en 1967 (Niger), en 1968 (Madagascar, Togo), en 1970 (Bénin), et en
1971 (Congo).
L'assurance décès ou survivants existe généralement à côté de l'assurance
retraite, sauf au Bénin où elle a débuté en 1960. Apparemment,
l'assurance-chômage n'existe pas, sauf en Côte d'Ivoire, où elle a
démarré tardivement.

La particularité observée dans le groupe des accords bilatéraux de sécurité


sociale avec l'Afrique est le Cap-Vert lusophone. Le système de sécurité
sociale du Cap-Vert offre une protection contre tous les risques autres que le
chômage : maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès (survivants) et
charges familiales.

Des prestations complémentaires sont également versées telles que l'allocation


d'allaitement, l'allocation pour enfant handicapé à charge. L'Instituto De
Segurose Previdencia Social, basé à Praia, administre la plupart des
programmes. Les soins sont dispensés dans le cadre du Service National de
Santé.

1.2 LA GESTION FINANCIÈRE :


C'est un système de cotisations proportionnelles au salaire qui a été adopté ; les
salaires n'entrent en considération que jusqu'à un certain plafond dans la plupart
des cas. Ces cotisations ont relativement augmenté depuis 1956 en raison de la
régression de la participation de l'État au financement. Cette participation qui
avait été prévue lors de l'institution des régimes de prestations familiales,
pouvait prendre des formes différentes selon les territoires. Très souvent, c'est le
produit de certaines taxes ou de certains impôts qui y étaient affectés. En raison
presta- des difficultés budgétaires croissantes des États africains, et aussi parce
qu'il apparaissait peu légitime de financer par l'impôt des Prestations destinées à
une catégorie de la population qui n'est pas considérée, sur place, comme la plus
défavorisée ; cette aide a souvent été réduite, voire supprimée. Bien plus, les cas
sont fréquents où le recouvrement des cotisations dues par l'État à titre
d'employeur soulève de très grandes difficultés (5).

Les montants de cotisations qui sont libellés en devises locales, sont ici, pour
mieux apprécier leur niveau, converties en francs français (taux du printemps
1990); le tableau en annexe restitue les montants en monnaies locales.
En Afrique maghrébine, pour les trois États concernés la participation des
employeurs représente 80 % de la totalité des cotisations:

 Maroc : le taux global est fixé à 15,70 % du salaire minimum


horaire (S.M.I.G.) c'est-à-dire 3,02 FF, soit un S.M.I.G. mensuel de
628,99 FF pour l'industrie et un S.M.A.G. mensuel de 476,77 FF
pour l'agriculture. Les cotisations sont calculées dans la limite d'un
plafond annuel fixé à 25 200 FF depuis le 1er janvier 1988
(novembre 1988).
 Algérie: le taux de la cotisation globale est fixé à 29 % du montant
brut du salaire de « poste ». Sauf en matière de prestations
familiales, les cotisations sont calculées sur un salaire annuel
plafonné à 70 000 FF (mai 1989).
 Tunisie: le taux global est de 26,25% au minimum, de la
rémunération brute non plafonnée dans le régime général (industrie
et commerce), les taux de cotisations d'accident du travail variant
de 0,6 à 12% suivant les risques encourus. Le S.M.L.G. est égal à
631,30 FF mensuels pour 48 heures de travail et de 555,69 FF pour
40 heures, au 1 janvier 1988 (mai 1988).

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