CHAPITRE 2 : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE AU

MAROC SON APPARITION, SON ORGANISATION ET SON EVOLUTION.

SECTION 1 : L’APPARITION DE LA SECURITE SOCIALE AU

MAROC.

La solidarité sociale remonte loin dans l'histoire de notre nation. Elle

s'enracine dans la continuité des relations familiales, communautaires et
professionnelles de notre nation. Les préceptes de l'islam étendent et
systématisent ses fondements.

La « Zakat » oblige chaque année les musulmans à redistribuer une partie de

leurs biens aux personnes dans le besoin. Par le biais des « wakf » ou habous,
les musulmans peuvent consacrer tout ou partie de leurs biens à des œuvres ou
institutions caritatives.

En dehors de ces règles de solidarité, jusqu'aux vingt premières années du

protectorat, la production et l'échange étaient organisés au sein de sociétés de
négoce, qui réunissaient apprentis, aides, ouvriers et maîtres en leur fixant des
règles, et ces liaisons étaient souvent précises et obligatoires. . Unis face aux
aléas de la maladie et des accidents.

Avec le protectorat, les premières industries s'installent au Maroc, créant un

prolétariat urbain. Cette évolution s'est accompagnée de la mise en place
progressive d'une réglementation basée sur la logique de l'assurance sociale.

Le nouveau régime de prévoyance a été repris de la législation française dans

son financement et son périmètre matériel et s'adresse principalement à la
population européenne.

Le Maroc a connu pour la première fois le dahir du 25 juin 1927 les dispositions
relatives à l'indemnisation des accidents du travail, Le dahir du 31 mai 1943 l'a
étendu aux maladies professionnelles.1

En 1930, un régime de pensions civiles des fonctionnaires est créé pour les
fonctionnaires français, Ce régime est chargé de fournir des pensions et des

1
B.O. du 11 juin 1943 p.450. Ce régime a été étendu par la suite au personnel des exploitation
agricoles.
pensions de survivants et se poursuit depuis l'indépendance du pays dans
l'actuelle Caisse Marocaine de Retraites.2

L’origine du système de sécurité sociale marocain remonte donc à la période

du protectorat, lequel a instauré pour la première fois un système de sécurité
sociale moderne fondé sur l'assurance sociale, ne versant des prestations qu'aux
travailleurs français détachés au Maroc.

Le dahir du 25 juin 1927 instituant un régime d'indemnisation des accidents du

travail et des maladies professionnelles pour les régions du sud est le premier
acte du protectorat en matière de sécurité sociale. Après l'entrée en vigueur du
dahir du 21 mai 1943, les dispositions de ce texte ont été étendues aux maladies
professionnelles. Ce texte constituait une révolution à cet égard, puisqu'il
engageait la responsabilité personnelle des employeurs sans aucune faute. Ainsi,
il dispense les salariés victimes d'accidents du travail ou de maladies
professionnelles d'avoir à justifier de la faute de l'employeur. En échange de ce
programme, les salariés victimes ne perçoivent qu'une indemnité forfaitaire. Les
employeurs ne sont pas obligés de souscrire une assurance auprès des
compagnies d'assurance.3

Parallèlement, les allocations familiales sont pour la première fois versées par
l'État. La première institution à s'occuper de cette action fut le Great Family
Office, créé en 1928. Ces mesures en faveur des familles élargies s'intensifient
dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale avec des politiques de
contingence destinées à stimuler la natalité. Les prestations prévues en ce sens
comprennent les allocations familiales et les prestations de maternité. Ils sont
proposés par la Caisse d'Aide Sociale, créée en avril 1942. Les allocations
2
La Caisse Marocaine de Retraite a été créée par le dahir du 2 mars 1930 B.O du 28 mars
3
A. BOUDAHARAIN, p. 135.
versées par la Caisse d'Aide Sociale ne sont pas les mêmes pour tous les
membres. Les salariés marocains bénéficient moins que les indemnités versées
aux salariés européens4.
L'arrêt du 4 octobre 1950 consolide ce double régime pour l'application
uniforme du régime instauré par le dahir du 22 avril 1942. Cependant, les
travailleurs français détachés de France métropolitaine, notamment de la
fonction publique, y paient parfois des cotisations sociales. La plupart d'entre
eux n'ont probablement pas l'intention de rester à l'infini dans le pays pour
participer au régime de retraite.
Pour ces raisons, les premières mesures de sécurité sociale organisées par les
professions ont sans doute pris place dans le domaine médical entièrement sous
la forme de sociétés de secours mutuels. Ce mouvement connaîtra par la suite un
essor fulgurant, notamment dans le secteur public. Dans le secteur privé, des
actions similaires ont été développées, mais un peu timidement faute d'un
secteur privé assez développé. La scène la plus célèbre est la Caisse
Interprofessionnelle Marocaine de Retraites créée en 1949.
Cette progression s'est traduite par un système de sécurité sociale marocain très
hétérogène avec une couverture insuffisante et inégale des risques
sociaux. Néanmoins, l'organisation actuelle de la sécurité sociale au Maroc est
assez complexe, avec un cadre réglementaire hétérogène et des structures
institutionnelles diverses qui remettent en cause la cohérence du système. Il est
crucial pour nous d'avoir un diagnostic sérieux de l'état actuel du système
marocain de sécurité sociale. Perspectives d'avenir pour le système. ce que nous
allons étudier dans ce projet.
 CONVENTIONS INTERNATIONALES DE SÉCURITÉ SOCIALE :

Le Maroc a conclu des conventions bilatérales en vue de protéger les droits à la

sécurité sociale acquis par les ressortissants marocains dans les pays
d'émigration. -Ces conventions sont régies par les principes :
 Egalité de traitement avec les travailleurs nationaux en matière de
droit aux prestations familiales et sociale.
 La détermination de la législation applicable.
 Maintien des droits acquis ou en cours d'acquisition.
 Transfert des prestations: levée de la condition de résidence et
paiement des prestations hors du pays d'emploi.
Les prestations garanties par ces conventions sont les pensions, les allocations
familiales, les indemnités journalières de maladie ou de maternité, l'allocation au
décès et l'assurance contre les accidents de travail et les maladies
professionnelles. Certaines conventions garantissent également les soins
médicaux.

4
BOUDAHRAIN (A.), p. 136.
  Conventions en application :

La première convention signée par le Maroc avec un pays étranger date du 09

juillet 1965.Il s'agit de la convention Marocco-Française.
Elle a été suivie par les conventions signées avec :
 la Belgique : 24 juin 1968
 les Pays Bas: 14 février 1972
 l'Espagne : 08 novembre 1979
 la Suède : 04 janvier 1980
 l'Allemagne : 25 mars 1981
 la Libye: 05 août 1983
La convention conclue avec la Roumanie le 27 juillet 1983, qui avait pour but de
répondre aux besoins immédiats de détachement du personnel de la société d'état
roumaine titulaire du marché de construction du port de Nador est tombée en
désuétude.

 Conventions en cours de ratification :

Ce sont les conventions signées et en cours de ratification Il s'agit des

conventions concernant :
 le Danemark: 24 avril 1982
 l'Italie: 18 février 1994
 la Tunisie: 05 février 1987
Projets de conventions en cours de négociation Il s'agit des négociations
entreprises avec le Portugal, la Grèce, Norvège, le Canada et le Québec.

 Convention maghrébine de sécurité sociale :

La dernière réunion qui s'est tenue à Nouakchott en 1995 avait pour objet de
finaliser le texte de l'arrangement administratif pour l'application de convention
et les formulaires de liaison.

 Convention U.M.A-C.E.E en matière de sécurité sociale :

La Caisse nationale de sécurité sociale est membre du groupe de travail

maghrébin, chargé de la préparation des projets d'accords-cadres en matière de
sécurité sociale et de main-d'oeuvre entre l'UMA et la CEE.

 Accord de coopération entre le Maroc et la C.E.E :

La Caisse nationale de sécurité sociale a participé aux travaux de la

réunion consacrée à l'aspect social du futur accord Maroc-Union Européenne.