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L'assurance a fait son apparition au moyen âge sous la forme de l'assurance maritime. L'assurance
terrestre est encore plus récente. C'est en Angleterre qu'elle apparût en premier, vers le milieu du
17ème siècle, sous la forme de l'assurance contre l'incendie. C'est à la suite d'un grand incendie qui
ravagea Londres en 1666 que l'assurance contre l'incendie prit son essor.
Et c'est vers cette époque seulement que l'activité des compagnies d'assurance commença à se
diversifier. C'est ainsi que l'assurance sur la vie, jusqu'alors considérée comme immorale, fut
admise. De même on assista au 19ème siècle à l'apparition de l'assurance responsabilité, telle que
celle relative aux accidents causés aux tiers par les voitures à chevaux.
Le 20ème siècle connut un développement très rapide de ces formes d'assurances notamment les
assurances de responsabilité. Mais des formes nouvelles d'assurances y ont vu le jour :
L'assurance crédit qui garantit les créanciers contre l'insolvabilité de leurs débiteurs ; L'assurance
aérienne : assurance des aéronefs et assurance de leurs passagers ;
l'assurance contre les risques nucléaires • acier • ues, ainsi que l'assurance contre les risques de la
pollution. Le 20ème siècle se caractérise ainsi par l'établissement d'une
réglementation de l'assurance. C'est ainsi qu'il vit la promulgation, en France, de la loi du 13 Juillet
1930 sur le contrat d'assurance terrestre, loi qui sera vite rendue applicable à la Tunisie par le décret
du 16 Mai 1931.
L'assurance a été introduite en Tunisie à la fin du 19è siècle par la France, alors puissance
protectrice. Des factures d'ordre religieux tenant à l'hostilité des jurisconsultes musulmans au
principe même de l'assurance (assimilé par une majorité d'entre eux au jeu et au pari en raison de
son caractère aléatoire), ont sans doute contribué, peu ou prou, au faible développement de
l'assurance en Tunisie. Mais, ce sont peut-être des motifs d'ordre socio économiques qui justifiaient
plus objectivement le retard accusé par la Tunisie en ce domaine. Le faible niveau de vie des
tunisiens d'une part, et le sentiment de solidarité très développé entre les membres d'une même
famille ou d'une même communauté locale ou régionale d'autre part, ne pouvaient, en effet, que
limiter le marché tunisien de l'assurance. Le développement de l'immigration et l'émergence d'une
agriculture coloniale moderne. Et c'est la préservation de ces richesses qui créa un besoin
d'assurance vite satisfait par l'implantation des compagnies européennes et l'institution de Mutuelles
locales. Le nombre de ces compagnies n'à cessé d'augmenter depuis 1874 atteignant en 1956, 200.
Des mesures légales prises par les pouvoirs publics depuis 1962 visant à l'assainissement et à la
concentration du marché ont permis de ramener ce chiffre à la vingtaine environ.
2-DROIT APPLICABLE
Si l'on excepte l'assurance maritime, on peut dire que c'est la loi française du 13 juillet 1930, rendue
applicable en Tunisie par le décret du 16 mai 1931 et demeurée sans modification depuis, qui
constitue le droit commun du contrat d'assurance en Tunisie et ce jusqu'au 1 er janvier 1993, date
d'entrée en vigueur du nouveau Code des Assurances objet de la loi n°24 du 9 mars 1992 en
décidant la promulgation.
Le premier code tunisien des assurances a vu le jour en 1992. La loi du 9 mars 1992 précitée en a
fixé l'entrée en vigueur au 1 er janvier 1993. II compte 109 articles divisés en quatre titres. Le titre I
concerne le contrat d'assurance ; quant au titre Il, il se rapporte à l'organisation, au fonctionnement
et au contrôle des entreprises d'assurance et de réassurance et des intermédiaires en assurance,
courtiers ou agents. Un titre troisième portant réglementation de l'assurance responsabilité civile des
constructeurs et autres intervenants dans le domaine de la construction s'ajoute aux deux premiers
titres précités et un 4ème titre relatif à l'assurance à l'exportation. Et à cet égard, il importe de
signaler, que dans l'esprit des initiateurs de cet effort de codification, le Code des Assurances est
appelé à intégrer, au fur et à mesure de leurs réactualisations et 1eurs modifications, tous les textes
réglementant les diverses branches de l'assurance (Assurance automobile, voire même assurances
maritimes...).
La modernisation de tout cet arsenal juridique s'impose sans doute. Le rôle de l'assurance dans une
économie moderne est, en effet, d'une importance telle qu'il est nécessaire de tout entreprendre pour
promouvoir et développer cette activité, en faisant en sorte qu'elle cesse d'être le parent pauvre de la
banque.
Ce rôle consiste à conférer aux assurés la sécurité dont ils ont besoin pour se prémunir contre les
coups du sort qui peuvent atteindre, soit leurs biens, soit leurs personnes. II s'agit là bien entendu
d'une sécurité individuelle : c'est ce que recherche l'assuré, et c'est ce à quoi s'engage l'assureur.
Mais par répercussion, la sécurité procurée aux assurés présente un intérêt général et social. En
effet, en permettant la reconstitution rapide des forces productives, l'assurance devient
indirectement, mais certainement un facteur de leur conservation. De ce fait, elle protège et renforce
l'économie nationale.
Deux autres éléments viennent appuyer cette idée que l'assurance renforce l'économie nationale :
- L'accumulation des primes au sein des sociétés d'assurances permet la constitution de capitaux
importants. L'Etat ne se désintéresse par des capitaux ainsi accumulés ; il exerce un contrôle
rigoureux sur l'importance et la nature des placements effectués par les assureurs.
- L'assurance remplit une fonction de crédit. Elle le fait de diverses manières. C'est ainsi qu'on peut
citer l'assurance sur la vie contractée par un acheteur à crédit pour prémunir son créancier contre sa
disparition prématurée. Inversement, un créancier peut-il s'assurer à l'effet de se prémunir contre
l'insolvabilité de son débiteur. Enfin, le domaine de l'assurance sur la vie peut constituer un
excellent placement pour le souscripteur. En effet, certains contrats d'assurances vie comportent au
profit de l'assuré une réserve mathématique sur laquelle il a des droits, et qu'il peut notamment
utiliser comme instrument de crédit par le moyen des avances sur police.
I- DEFINITION DE L 'ASSURANCE :
Dans une première définition, on peut dire que l'assurance est une opération par laquelle une partie,
l'assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération, la prime, une prestation pécuniaire par une
autre partie, l'assureur, en cas de réalisation d'un risque. Cette définition comporte une lacune ; en
effet, elle se contente de mettre en évidence les rapports assureur-assuré ; Or, pour conférer à
l'assuré la sécurité qu'il recherche, l'assurance implique toujours une réunion de personnes qui,
exposées aux mêmes risques, décident de les mettre en commun, et chacune d'entre elles participant
par sa prime au règlement des sinistres susceptibles d'atteindre certaines d'entre elles. C'est avec le
total des primes encaissées que l'assureur peut verser aux assurés sinistrés les sommes promises.
L'assurance constitue donc une mutualité. Cet élément technique lui est propre, et on ne peut la
définir sans en tenir compte. Et à cet égard, la définition donnée par Joseph Hemard paraît plus
complète:« C'est une opération par laquelle une partie, l'assuré, se fait promettre moyennant une
rémunération, la prime, pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d'un risque, une prestation
par une autre partie , l'assureur , qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense
conformément aux lois de la statistique ».
Cette définition fait apparaître les 3 éléments de l'assurance, à savoir, le risque, la prime et la
prestation de l'assureur. Mais il s'en dégage aussi l'aspect technique de l'assurance.
1-LE RISQUE :
C'est pour se couvrir contre des risques que l'assuré traite avec l'assureur, et ce sont des risques que
ce dernier couvre.
Le risque se définit comme étant un événement incertain et qui ne dépend pas de la volonté
exclusive de l'assuré. Cette définition renferme les deux conditions qui sont exigées par la loi pour
que le risque soit assurable. Certains risques sont toutefois inassurables.
Il est à signaler que si l'événement incertain est généralement un événement redouté et craint, dans
certains cas, il peut être un événement heureux, tel que la survie de l'assuré pour l'assurance en cas
de vie.
Le risque suppose l'aléa. Il s'en suit donc que lorsque l'événement dépend de la volonté de l'assuré,
l'aléa est supprimé et il n'y a plus de risque. Aussi bien, les sinistres causés intentionnellement par
l'assuré ne sont jamais couverts. Cette solution est consacrée par l'article 4 al. 2 du Code des
Assurances. Dans le même esprit, et contrairement à la loi de 1930 dont l'article 62 autorisait la
garantit par une clause expresse du suicide volontaire et conscient, l'article 37 du Code des
Assurances déclare sans effet l'assurance sur la vie souscrite en cas de décès si la mort a été
provoquée par un suicide volontaire et conscient. La notion de risque a pour effet également de
rendre inassurable le dol personnel de l'assuré ; en outre, et en raison du principe de la personnalité
des peines, ne sont pas assurables les conséquences pécuniaires de la responsabilité pénale, même si
l'infraction commise n'est pas intentionnelle.
4-A PRIME :
La prime est le prix que l'assuré doit payer à l'assureur en contrepartie du risque pris en charge par
ce dernier.
- L’élément principal de sa fixation est le risque. Ceci est normal puisque la prime est
principalement le prix du risque. Deux considérations interviennent pour le calcul de la prime.
Il faut d'abord tenir compte de la probabilité du risque, ou plutôt de la probabilité de sa
réalisation. En d'autres termes, il faut, par rapport à l'événement envisagé, déterminer le
rapport entre le nombre de chances favorables à l'arrivée de l'événement, et le nombre total
des chances possibles.
Exemple :
Si sur 1000 risques groupés, le risque se réalise 5 fois, la prime s'exprime par la fraction
5/1000 ou 5 millièmes.
La deuxième considération qui intervient est l'intensité du sinistre. Les sinistres qui
interviennent ne causent, en général et en moyenne, que des pertes partielles. Les statistiques
permettent de connaître l'intensité moyenne, et celle-ci va intervenir pour entraîner la
diminution de la prime.
Exemple
Si l'intensité moyenne révélée est de 3/4, par rapport à l'exemple précédent, la prime va être de :8
x 3 = 24 = 6 ou 6 millièmes
1000 4 4000 1000
:
- Les tarifs établissent le prix de l'assurance pour une unité de valeur déterminée. Si la prime est par
exemple fixée à 500 millimes pour un capital de 10.000 Dinars, l'assuré qui veut être couvert pour
100.000 Dinars paiera 10 fois plus, soit 5 Dinars.
- La prime dépend aussi de la durée du contrat :Les tarifs indiquent la prime pour une unité de durée
qui est en principe l'année.
- La prime dépend du taux d’intérêt : En effet, du moment que les assureurs placent les primes et en
retirent profit, le montant de la prime est diminué en proportion.
Ces 4 éléments permettent de calculer la prime pure, c'est-à-dire la valeur théorique du risque, cette
prime est nécessairement majorée : S'y ajoutent, en effet, tous les frais inhérents à l'entreprise : frais
de production, frais de gestion etc...
La prime due par l'assuré est divisée en deux parties : la prime pure ou théorique, et le chargement
de la prime, le total formant la prime chargée ou commerciale.
5- LA PRESTATION DE L 'ASSUREUR :
La prestation de l'assureur est la contrepartie de la prime. Elle intervient lorsque le sinistre se
produit. En matière d'assurances de dommage, elle tend à indemniser l'assuré du préjudice à lui
causé par le sinistre ; cette indemnité ne saurait en aucun cas dépasser le montant du préjudice. C'est
le principe indemnitaire qu'on étudiera plus tard. En matière d'assurances de personnes, ce principe
n'intervient pas, et l'assureur devra, en cas de sinistre, payer la somme prévue au contrat.
Contrairement aux autres secteurs de la vie économique, l'assurance présente une particularité, dite
inversion du cycle économique. Alors qu'ordinairement le prix de revient d'une marchandise
destinée à être vendue est connu avant la vente, dans l'assurance, le prix de revient ne peut être
connu qu'à posteriori, puisque le montant de la prestation de l'assureur dépend de la réalisation des
sinistres, de leur nombre, et de leur importance.
Pour résoudre cette difficulté et préserver l'équilibre de leur entreprise, les assureurs ont été obligés
de calculer à l'avance les probabilités, à l'aide de la statistique.
La loi de probabilité dont ils tiennent compte pour la détermination du prix de l'assurance est
dégagée à partir d'observations, faites à une très grande échelle, du nombre et de l'importance des
sinistres déjà survenus. C'est donc le passé qui aide à dégager l'avenir.
Toutefois, ces calculs ne sont précis que dans les assurances sur la vie ; les tables de mortalité
établies par les actuaires sont, en effet, toujours d'une rigueur mathématique certaine.
Pour les autres catégories d'assurances, ces calculs n'aboutissent qu'à des approximations. Aussi, et
afin de réduire à une quantité négligeable les marges d'erreurs, certaines conditions doivent-elles
être remplies dans l'établissement des statistiques relativement aux risques observés :
C'est là une condition de l'équilibre de la caisse commune. Si les risques n'étaient pas dispersés,
c'est-à-dire s'ils étaient susceptibles d'atteindre la majorité des assurés, l'assurance serait alors
impossible. C'est pour cela que les risques trop généraux tels que les tremblements de terre, les
éruptions volcaniques ou les inondations sont techniquement inassurables.
Ensuite, il faut une homogénéité d'objets au sein d'une même branche. Ainsi, dans l'assurance
incendie par exemple, il faut distinguer entre meubles et immeubles.
3- La fréquence des risques
Il faut des risques qui se soient réalisés assez souvent pour que des observations assez nombreuses
permettent de dégager une loi de probabilité, et, par là même, de déterminer les primes à demander
aux assurés. Les événements qui se réalisent trop rarement ne peuvent donner lieu à assurance, car,
on ne peut les évaluer à l'avance.
Toutes ces considérations font que l'assureur est tenu à opérer un choix en tenant compte des
statistiques ainsi établies :Il doit sélectionner les risques. Si les risques dépassent les conditions des
statistiques, s'ils sont anormaux, dangereux, l'assureur doit, ou les refuser, ou ne les accepter que
moyennant une surprime.
Malgré toutes ces conditions, il demeure que les statistiques ne révèlent que des résultats
théoriques, approximatifs ; et des écarts peuvent exister entre les calculs théoriques et la réalité.
Pour se prémunir contre ces écarts, et éviter ces dangers, on a recours à la réassurance. On entend
par réassurance, le contrat par lequel l'assureur ou cédant se décharge sur une autre entreprise,
réassureur ou cessionnaire, de tout ou partie des risques qu'il a personnellement assumés et qu'il
continue d'assumer intégralement.
Juridiquement, c’est, entre assureur et réassureur, un contrat d'assurance. Mais ce contrat ne produit
d'effets que dans les rapports entre l'assureur et le réassureur. L'assureur reste seul et entièrement
responsable vis à vis de l'assuré, lequel n'a pas d'action directe contre le réassureur.
1- L'assurance maritime
L'assurance maritime a pour but de couvrir le risque de mer, c'est-à-dire le risque qui peut survenir
au cours d'une expédition maritime, soit aux navires (assurance sur corps), soit aux marchandises
(assurance sur facultés) : c'est donc une assurance contre les risques de transport par mer ; elle ne
couvre que les dommages causés aux biens, et ne garantit pas les personnes exposées à ce risque.
Cette branche de l'assurance est soumise à une réglementation spéciale qui ne sera point étudiée ici.
2- L'ASSURANCE TERRESTRE :
Elle couvre tous les autres risques. Le qualificatif terrestre ne rend d'ailleurs pas compte de tout son
domaine, et il n'est employé que par opposition à l'assurance maritime. C'est ainsi que l'assurance
aéronef et les marchandises sont exposés durant un transport aérien, est soumise aux règles
applicables à l'assurance terrestre.
II- ASSURANCES A PRIMES FIXES ET ASSURANCES MUTUELLES :
L'assurance est dite à primes fixes lorsque l'entreprise revêt la forme d'une société par actions qui
est juridiquement distincte des assurés, et qui s'engage envers eux de façon incommutable,
moyennant le paiement d'une prime invariablement fixée.
L'assurance est dite mutuelle lorsqu'un certain nombre de personnes, exposées à des risques
similaires, décident de mettre ces risques en commun et constituent, à cet effet, une société ou plus
exactement une association puisqu'elle ne poursuit la réalisation d'aucun bénéfice.
Les primes, appelées cotisations, sont donc, en principe, variables. Perçues pour un montant
approximatif au début de l'exercice, elles donnent lieu, suivant les résultats, soit à une ristourne, soit
à un complément. Dans certains cas, si les ressources de l'exercice sont insuffisantes pour faire face
à un règlement intégral des sinistres, on réduit proportionnellement les indemnités dues.
Cette distinction nette entre assurances à primes fixes et assurances à cotisations variables s'est
grandement atténuée de nos jours.
D'une part la variabilité des cotisations a pratiquement disparu : Pour éviter à avoir à demander des
compléments de cotisations à leurs adhérents, les assurances mutuelles ont pris l'habitude de fixer
largement le montant des cotisations ; et, en cas d'excédents, les mutuelles constituent des réserves
au lieu de faire des ristournes.
D'autre part, il est désormais interdit aux mutuelles de réduire proportionnellement leur prestation
en cas d'insuffisance de cotisation.
Suivant leur objet, les assurances terrestres se divisent essentiellement en assurances de dommages
et assurances de personnes.
1 - Assurances de dommages :
Les assurances de dommages ont pour but de, garantir rassuré contre les conséquences d'un
événement pouvant causer un dommage à son patrimoine ; elles tendent à réparer ce préjudice
patrimonial.
Les assurances de dommages se subdivisent en deux branches :
Dans ce cas, c'est la personne même de l'assuré qui est prise en considération : il est protégé contre
les risques qui le menacent dans son existence, son intégrité et sa santé. Les prestations promises
par l'assureur n'ont pas un caractère indemnitaire. Leur but n'est pas de réparer un préjudice. Leur
montant n'est pas lié à l'importance du préjudice. Il est fixé dans la police d'assurance, et en cas de
sinistre, l'assureur doit s'exécuter comme convenu.
Il résulte de l'article 7 du Code des Assurances que l'assuré est tenu de payer la prime, d'accomplir
les formalités légales permettant l'appréciation des risques par l'assureur, et de déclarer, s'il y a lieu,
les sinistres.
A- Le Contrat d'Assurance
Article 45 :
« Pour les assurances rendues obligatoires en vertu des textes en vigueur, le Ministre chargé des
finances peut édicter des clauses type de contrats d'assurances et fixer les maxima et les minima de
tarification ainsi que les maxima des taux de commissionnement des intermédiaires en assurance ».
Article 46 :
« Les Conditions Générales des contrats d'assurances et leurs modifications doivent obtenir le visa
du Ministre chargé des Finances préalablement à leur diffusion auprès du public. L'octroi du visa
n'implique qu'une absence d'opposition. Le visa peut être révoqué chaque fois qu'un changement
substantiel affecte les données ayant prévalu au moment dé son attribution ».
Article 47
« Les entreprises d'assurances doivent communiquer au Ministre chargé des Finances les tarifs des
différentes catégories d'assurances avant leur application. Les tarifs de l'assurance sur la vie doivent
être certifiés par un actuaire reconnu par le Ministre chargé des Finances ».
• S'il est vrai que la majorité des assurés adhérents à des contrats préétablis. C'est inexact de
déduire qu'ils sont pour cette raison victimes des abus commis par les Assureurs.
• La panoplie de mesures juridiques est suffisamment efficace pour réduire sinon éliminer le
risque d'inégalité.
• L'Assureur est tenu d'établir le contrat conformément aux règles légales impératives qui
régissent l'assurance.
L'article 2
« Le contrat d'assurance est rédigé en caractères apparents. Toute modification addition au contrat
initial doit être constatée par un avenant signé des deux parties. Toutefois, avant la délivrance du
contrat ou de l'avenant, l'assureur et l'assuré peuvent s'engager l'un à l'égard de l'autre par la remise
d'une note de couverture qui, sauf stipulation contraire, indique que l'engagement est fait sur la base
des Conditions Générales du contrat d'assurance ».
Article 3 :
« L'assurance est contractée, avec ou sans mandat, soit pour le compte du souscripteur du contrat,
soit pour le compte d'une personne déterminée, soit pour le compte de qui il appartiendra».
Le contrat comporte :
9 la date de souscription ;
9 les indications relatives aux parties contractantes ;
9 le risque assuré ou le terme de l'engagement ;
9 la chose ou la personne assurée ;
9 la prime ou la cotisation d'assurance ;
9 la valeur assurée ;
9 la date d'effet du contrat et sa durée ».
Article 5
« La durée de l'assurance est fixée au contrat. Si cette durée excède une année, et sous réserve des
dispositions relatives aux assurances sur la vie, l'assuré a le droit de résilier le contrat tous les ans à
l'échéance du contrat en prévenant l'assureur au moins deux mois avant la date d'échéance dans
l'une des formes de résiliation indiquée au dernier alinéa du présent article. Ce droit de résiliation
doit être mentionnée dans chaque contrat ».
A condition qu'il soit fait mention au contrat, l'assureur dispose également, dans les mêmes
conditions de délai et de forme, de ce droit de résiliation. Nonobstant toute clause la limitant à une
forme particulière, la notification de la résiliation se fait soit par huissier notaire, soit par lettre
recommandée avec accusé de réception, soit par toute autre moyen indiqué au contrat. La résiliation
peut être aussi notifiée à l'assureur au moyen d'une déclaration faite à ses bureaux contre récépissé »
Article 12 :
« Sont nulles : Toutes clauses générales frappant de déchéance l'assuré en cas de violation des lois
ou des règlements, à moins que cette violation ne constitue un crime ou un délit intentionnel. Toutes
clauses frappant de déchéance l'assuré à raison de simple retard apporté par lui à la
déclaration du sinistre aux autorités ou à des productions de documents, sans préjudice du droit
pour l'assureur de réclamer une indemnité proportionnée au dommage que ce retard lui a causé.
Toute clause édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions non mentionnées en caractères
très apparents ».
L'article 2 du Code des Assurances prévoit que l'assureur et l'assuré peuvent, même avant la
délivrance de la police, être engagés l'un à l'égard de l'autre par la remise d'une Note de
Couverture : Aucune forme particulière n'est exigée par la loi.
Tout écrit ou lettre est accepté avec la nécessité d'être signée par l'assureur ou son représentant doit
indiquer les conditions essentielles de la garantie (Nature de l’Assurance, Détermination du risque ,
Prise d'effet , Prime ou cotisation ,durée )La note de couverture tient lieu provisoirement de police
(contrat).
Le contrat d'assurance est aléatoire : Il existe pour les deux parties : chance de gain ou de perte.
En cas d'absence de sinistre pendant la durée du contrat , c'est l'assureur qui gagne.
En cas de réalisation du risque (survenance d'un sinistre) c'est l'assuré qui gagne.
Economiquement le contrat d'assurance a un but anti-aléatoire pour l'assuré qui cherche par
l'assurance à éliminer l'aléa. De son côté l'Assureur doit organiser scientifiquement son entreprise,
afin d'éliminer le hasard au regard de l'ensemble des contrats dont il a la gestion.
C'est un contrat dans lequel chacune des parties est à la fois débitrice et créancière. Il engendre à cet
effet des obligations réciproques.
Chacune des parties cherche à réaliser un avantage personnel, d'ordre pécuniaire, en argent
On distingue le contrat à titre onéreux, du contrat à titre gratuit, dans lequel l'une des parties est
animée par une intention libérale.
Il est prévu et réglementé par le législateur : Code des Assurances et textes d'application.
¾ A l'Assureur et au souscripteur s'ajoutent souvent un tiers (une personne qui peut être
déterminé au contrat, le contrat peut être aussi conclu pour le compte de qui il appartiendra
(Article 3 du Code des Assurances).
Article 3 :
« L'assurance est contractée, avec ou sans mandat, soit pour le compte du souscripteur du contrat,
soit pour le compte d'une personne déterminée, soit pour le compte de qui il appartiendra.
Le contrat comporte :
- la date de souscription ;
- les indications relatives aux parties contractantes ;
- le risque assuré ou le terme de l'engagement ;
- la chose ou la personne assurée ;
- la prime ou la cotisation d'assurance ;
- la valeur assurée ;
- la date d'effet du contrat et sa durée ».
L'Assureur doit être nécessairement l'une des Entreprises d'Assurances agrées, soumises au contrôle
de l'Etat (Article 48 et Suivants du Code des Assurances).
Article 48
« Sont considérées comme «entreprises d'assurances» et soumises de ce fait à agrément, toutes les
entreprises qui se livrent, à titre d'activité habituelle, à la souscription et à l'exécution de contrats
d'assurances tels que définis à l'article premier du présent code ».
¾ Le souscripteur est la personne au nom de laquelle le contrat est signé, qui a notamment
l'obligation du versement des primes ou cotisations d'Assurances.
Le souscripteur est généralement l'assuré lui-même. Mais dans le cas de l'assurance pour compte, le
souscripteur n'est pas l'assuré: article 3 du Code des Assurances.
Article 3
« L'assurance est contractée, avec ou sans mandat, soit pour le compte du souscripteur du contrat,
soit pour le compte d'une personne déterminée, soit pour le compte de qui il appartiendra.
Le contrat comporte :
- la date de souscription ;
- les indications relatives aux parties contractantes ;
- le risque assuré ou le terme de l'engagement ;
- la chose ou la personne assurée ;
- la prime ou la cotisation d'assurance ;
- la valeur assurée ;
- la date d'effet du contrat et sa durée ».
Article 34 :
« Sont considérées comme assurances de personnes, les assurances sur la vie y compris l'assurance
en cas de décès et l'assurance en cas de vie ainsi que les assurances contre les accidents atteignant
les personnes et pour lesquelles les sommes assurées sont fixées par les parties au contrat ».
Article 35
« Dans les assurances de personnes, l'assureur, après paiement de la somme assurée, ne peut être
subrogé aux droits du contractant ou du bénéficiaire contre des tiers à raison du sinistre ».
Article 36 :
« L'assureur en cas de décès contractée par un tiers sur la tête de l'assuré est nulle si ce dernier n'y a
pas donné son consentement par écrit avant la souscription du contrat. Le consentement de l'assuré
est exigé en cas de constitution de gage ou en cas de transfert du bénéfice de l'assurance ».
Article 37 :
« L'assurance en cas de décès est sans effet si l'assuré s'est volontairement suicidé.
Cependant, l'assureur est tenu de payer aux ayants droit une somme égale au montant de la
provision mathématique. En cas de suicide inconscient de l'assuré, l'assureur est tenu de payer les
sommes fixées au contrat. La preuve du suicide de l'assuré incombe à l'assureur, celle de
l'inconscience de l'assuré au bénéficiaire de l'assurance ».
Article 38 :
« L'assurance en cas de décès cesse d'avoir effet quand le bénéficiaire a occasionné volontairement
la mort de l'assuré ».
Article 39 :
« Dans l'assurance en cas de décès, les sommes stipulées au contrat sont payées soit à une ou
plusieurs personnes désignées au contrat, soit à des personnes désignées après la souscription du
contrat. Le bénéficiaire désigné au contrat acquiert un droit propre et direct sur lesdites sommes.
Sont considérées des personnes désignées : le conjoint, les descendants nés ou à naître et les
héritiers sans indication de leurs noms. Si l'assurance est souscrite au profit des héritiers sans
indication de leurs noms ; chacun d'eux a droit au bénéfice de l'assurance en proportion de sa part
héréditaire. Nonobstant les dispositions de l'article 241du Code des Obligations et des Contrats,
celui qui a renoncé à la succession ne perd pas le droit au bénéfice de l'assurance ».
Article 40 :
« Lorsque l'assurance en cas de décès a été conclue sans désignation d'un bénéficiaire, ou lorsque le
bénéficiaire désigné renonce à la stipulation faite à son profit, le capital ou la rente garanti fait partie
de la succession du contractant ».
Article 41 :
« L'assureur n'a pas d'action pour exiger le paiement des primes. Le non-paiement d'une des primes
n'a pour sanction que la résiliation du contrat d'assurance ou la réduction de ses effets. Dans les
contrats d'assurances en cas de décès qu'ils soient faits pour la durée entière de la vie de l'assuré,
sans condition de survie, ou qu'il y soit stipulé que les sommes ou rentes assurées seront payables
après un certain nombres d'années, le défaut de paiement ne peut avoir pour effet que la réduction
du capital ou de la rente assuré, nonobstant toute convention contraire, pourvu qu'il ait été payé au
moins trois primes annuelles ».
Article 42 :
« Dans les assurances sur la vie, le rachat du contrat est obligatoire à la demande du contractant.
Les assurances temporaires en cas de décès ne donnent lieu ni à la réduction du capital ni au rachat
du contrat ».
Article 7
« L'assuré est obligé : de payer la prime ou la cotisation d'assurance aux époques convenues, de
répondre loyalement et avec précision à toutes les questions consignées dans le formulaire de
déclaration du risque par lequel l'assureur l'interroge, lors de la conclusion du contrat, sur les
circonstances qui sont de nature à lui faire apprécier les risques qu'il prend en charge, de déclarer
les circonstances nouvelles intervenues en cours de contrat et rendant inexactes les réponses portées
au formulaire de déclaration du risque. L'assuré doit par lettre recommandée, déclarer ces
circonstances à l'assureur dans un délai de huit jours à partir du moment où il en a eu connaissance,
de donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu connaissance et au plus tard dans un délai ne dépassant
pas cinq jours ouvrés, de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de l'assureur. Ce délai est
ramené à deux jours ouvrés en cas de vol et à vingt-quatre heures en cas de mortalité du bétail. Les
délais prévus aux paragraphes 3 et 4 du présent article peuvent être prolongés d'un commun accord
entre les deux parties contractantes. Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance
pour déclaration tardive au regard des délais prévus au paragraphe 4 du présent article ne peut être
opposée à l'assuré qui justifie qu'il a été mis, par suite d'un cas fortuit ou de force majeure, dans
l'impossibilité de faire sa déclaration dans le délai imparti. Les dispositions mentionnées aux
paragraphes 1, 3 et 4 du présent article ne sont pas applicables aux contrats d'assurances sur la vie ».
Article 8
« Indépendamment des causes ordinaires de nullité, le contrat d'assurance est nul en cas de réticence
ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l'assuré se rapportant aux indications portées sur
le formulaire de déclaration du risque quand cette réticence ou cette fausse déclaration a changé
l'appréciation du risque quand assuré alors même qu'elle a été sans influence sur le sinistre. La
réticence ou la fausse sur déclaration de la part de l'assuré n'entraîne la nullité du contrat que
lorsque l'assurer prouve la mauvaise foi de l'assuré. Dans tous les autres cas, l'assureur, s'il constate
la réticence ou la fausse déclaration avant tout sinistre, a le droit de résilier le contrat dix jours après
la date de la notification adressée à l'assuré par lettre recommandée avec accusé de réception en
rapport avec la réalité du risque assuré. Si le contrat est résilié, l'assureur est tenu de restituer à
l'assuré le reliquat de la prime ou de la cotisation n'a pas couru. Lorsque la constations de la
réticence ou de la fausse déclaration a lieu après sinistre, l'assureur est en droit de réduire
l'indemnité en proportion du taux de prime payé rapporté aux taux de la prime qui aurait été dû s'il
n'y avait pas eu réticence ou fausse déclaration. Les dispositions du présent article s'appliquent aux
déclarations en cours du contrat relatives aux circonstances nouvelles visées au paragraphe 3 de
l'article 7 du présent code ».
Elle présente des aspects différents selon qu'il s'agit de créer une assurance nouvelle, ou de modifier
une assurance préexistante.
Le contrat d'Assurance est un contrat consensuel. L'écrit entre les deux parties n'est exigé qu'à titre
de preuve. L'accord des deux parties suffit à le former, et en principe à lui faire prendre effet.
Il se réalise par la rencontre de leurs volontés respectives (Assureur 'et Assuré) et suppose la
présence d'une offre d'Assurance et une acceptation de cette offre.
L'offre :
Avant la conclusion du contrat, les parties contractantes s'engagent dans une série de pourparlers
(ou présentation d'un cahier des charges avec un appel d'offre...).
-Le souhait du souscripteur du contrat est de connaître les conditions de prise en charge de son
risque par l'assureur.
-Le souci de l'assureur est d'essayer de s'entourer du maximum de renseignements qui sont de
nature à lui faire apprécier le risque et lui fixer donc les conditions tarifaires appropriées. C'est
dans ce but que l'assureur présente à l'assuré une proposition 0. Cet imprimé n'a pas nécessairement
la valeur d'une offre telle que stipulée par les article 23 et suivants du Code des obligations et des
Contrats. Pour être assimilé à une offre, la proposition doit être précise, complète et qu'elle indique
les conditions essentielles du contrat à venir, à savoir le risque, la prime, la somme assurée et les
noms des parties contractantes.
L'acceptation
La confirmation de l'acceptation peut se réaliser par la remise d'une note de couverture donc, il
s'agit d'un écrit comme indiqué clairement à l'article 2 du Code des
Assurances. Cet écrit n'étant pas nécessairement la police d'Assurance proprement dite.
Vu, son caractère consensuel, le contrat d'assurance engage les parties contractantes et prend effet
aussitôt qu'il est conclu. Généralement les parties conviennent de retarder la prise d'effet du contrat
jusqu'à l'échéance d'une date déterminée. Il est courant de reporter la prise d'effet du contrat au
lendemain à 0 heure, de la date de notification de l'acceptation, afin de parer aux difficultés qui
pourraient naître de la survenance d'un sinistre le jour même de la conclusion du contrat (Assurance
auto, ATMP et autres).
Il est courant aussi de voir les assureurs subordonner la prise d'effet d'un contrat d'assurance à
certaines conditions telle la signature de la police ou encore le paiement de la prime. (Arriérés,
Contrats fermes, Créances douteuses, Règlements de sinistres...).
La modification se concrétise par l'élaboration d'un document appelé avenant dont l'objectif est de
constater les modifications que l'assuré et l'assureur décident d'un commun accord d'apporter au
contrat d'assurance en cours d'exécution.
Article 2
« Le contrat d'assurance est rédigé en caractères apparents. Toute modification ou addition au
contrat initial doit être constatée par un avenant signé des deux parties.
Toutefois, avant la délivrance du contrat ou de l'avenant, l'assureur et l'assuré peuvent s'engager l'un
à l'égard de l'autre par la remise d'une note de couverture qui, sauf stipulation contraire, indique que
l'engagement est fait sur la base des Conditions Générales du contrat d'assurance ».
Il est à préciser qu'en cas de clauses contradictoires entre l'avenant et la police initiale, les
stipulations de l'avenant prévalent à partir du moment ou elles sont les plus récemment établies.
La preuve du contrat peut être apportée par écrit, pour prouver l'existence d'un contrat, de produire
la police et l'avenant et à leur défaut la note de couverture.
Article 11 :
« L'assureur peut suspendre le contrat d'assurance quand ; l'assuré n'a pas payé à son échéance la
prime ou la cotisation d'assurance ou la fraction de cette prime ou cotisation. La suspension ne
prend effet que vingt jours après l'envoi à l'assuré, à son dernier domicile connu de l'assureur, et par
lettre recommandée avec accusé de réception, d'une mise en demeure d'avoir à payer. Cette lettre
doit comporter une mention claire indiquant qu'elle est envoyée à titre de mise en demeure à
l'assuré, rappeler la date de l'échéance de la prime et reproduire le texte du présent article.
L'assureur a le droit, dix jours à partir de l'expiration du délai fixé à l'alinéa premier du présent
article, de résilier le contrat ou d'en poursuivre l'exécution en justice.
La résiliation peut se faire par une déclaration de l'assureur contenue dans une lettre recommandée
avec accusé de réception adressée à l'assuré.
Le contrat suspendu ne reprend ses effets que le lendemain du jour où les primes arriérées auront
été payées.
La résiliation fait que l'assureur ne peut plus réclamer le reliquat de la prime afférent à la période
pendant laquelle le risque n'a pas couru. La suspension ou la résiliation est sans effet à l'égard des
tiers de bonne foi, bénéficiaires de l'assurance en vertu d'un transfert antérieur à tout sinistre et à la
notification de la suspension ou de la résiliation. Cependant en cas de sinistre, l'assureur peut
opposer à ces tiers, à due concurrence, la compensation de la prime afférente à l'assurance dont ils
revendiquent le bénéfice ».
En outre conformément à l'article 3 du Code des Assurances, tout contrat doit inclure :
- la date de souscription ;
- les parties contractantes ;
- le risque assuré;
- la chose ou la personne assurée ;
- la valeur assurée ;
- la date d'effet du contrat et sa durée.
L'assureur ne peut équitablement grouper et compenser les risques que s'il connaît avec exactitude
tous les faits et circonstances relatifs à chaque risque pris en charge. Sous le régime de la loi du 13
juillet 1930, il appartenait à l'assuré, sous peine de sanctions, de déclarer spontanément à l'assureur
toutes les circonstances connues de lui qui sont de nature à influer sur l'opinion du risque. Les
rédacteurs du nouveau Code des Assurances ont estimé qu'une telle obligation est trop lourde pour
l'assuré ; que son accomplissement suppose des connaissances techniques dont il est le plus souvent
dépourvu, et que seul l'assureur est, en fait, à même de maîtriser. Aussi bien, ont ils substitué à
l'obligation de déclaration de la loi de 1930, celles de répondre à un questionnaire contrat, les
circonstances nouvelles rendant inexactes les réponses données à ce questionnaire.
L'importance des renseignements ainsi recueillis par l'assureur est telle que les sanctions
relativement sévères qui avaient été prévues par la loi de 1930, en cas de manquement de l'assuré à
ses obligations de déclaration, ont été, avec des modifications mineures, maintenues par le nouveau
Code des Assurances.
L'assuré a une double obligation à cet égard. Il doit, d'abord, répondre au questionnaire qui lui est
soumis. II doit, ensuite, déclarer à l'assureur les circonstances nouvelles intervenues en cours de
contrat et rendant inexactes les réponses portées au formulaire de déclaration du risque.
1-L'OBLIGATION DE REPONSE AU QUESTIONNAIRE :
b- L'objet du questionnaire :
Le questionnaire adressé par l'assureur à l'assuré a pour objet de lui révéler « les circonstances qui
sont de nature à lui faire apprécier les risques qu'il prend en charge ».
II s'agit de celles qui se rapportent aux qualités essentielles du risque et permettent précisément de
déterminer le prix de l'assurance. Ainsi, par exemple, en matière d'assurance incendie portant sur un
immeuble, la prime varie selon que l'immeuble est en bois ou en pierre, selon qu'il est avoisinant ou
non de locaux abritant des industries dangereuses ; et selon qu'il est destiné à un usage d'habitation,
de commerce ou d'industrie. De même, en matière d'assurance automobile, la force, l'âge et l'usage
du véhicule sont ils déterminants du montant de la prime. Les questions de l'assureur porteront
nécessairement sur ces circonstances qui vont lui permettre, par une bonne connaissance de l'objet
du risque, d'évaluer celui-ci correctement et de fixer le taux de prime en conséquence.
Bien que sans influence sur le taux de la prime, certaines circonstances ont cependant une influence
sur l'opinion du risque. Ces circonstances se rapportent généralement à la personne même de
l'assuré (sa moralité et sa solvabilité) ; elles sont importantes en pratique car, connues de l'assureur,
elles peuvent le conduire à ne pas contracter. Ainsi, de façon générale, l'assureur désire-t-il savoir si
l'assuré était précédemment couvert par un autre assureur, et dans l'affirmative, s'il n'a pas été l'objet
d'une résiliation à la suite d'un sinistre, ou si une proposition similaire d'assurance n'avait pas été
refusée par un autre assureur. En matière d'assurance auto l'assureur désire savoir, en particulier, si
l'assuré n'a pas été précédemment condamné pénalement pour blessure ou homicide involontaire,
comme il désire savoir s'il n'avait pas fait l'objet d'une mesure de retrait du permis de conduire.
Lorsque les réponses initiales aux questions consignées dans le formulaire de déclaration du risque
deviennent inexactes par la survenance de circonstances nouvelles, l'assuré est tenu, en vertu des
dispositions de l'article 7 – 31, de les mettre à jour par une déclaration à l'assureur. II importe de
délimiter l'étendue de cette obligation avant d'en indiquer brièvement le ré /me.
a- Notion d'appréciation du risque :
On entend par « circonstances de nature à faire apprécier le risque par f assureur» toutes
circonstances permettant de déterminer la probabilité du risque et son intensité. C'est, en effet, en
tenant compte, d'une part, de la probabilité de la réalisation du risque, c'est-à-dire des chances
d'arrivée du sinistre, et en considérant, d'autre part, son intensité moyenne que l'assureur peut
valablement apprécier le risque ; soit, en d'autres termes, en calculer le coût, et déterminer le taux
de prime applicable.
Les développements qui précèdent montrent, qu'en réalité, le domaine de l'obligation de mise à jour
se limite aux hypothèses d'aggravation de risque. II y a, en effet, aggravation de risque lorsque,
postérieurement à la conclusion du contrat, survient, par rapport aux circonstances initiales, un
changement qui augmente, soit la probabilité, soit l'intensité du risque. Ainsi en est il, par exemple,
de l'introduction d'une matière spécialement inflammable dans un immeuble déjà assuré contre
l'incendie (cas d'augmentation de la probabilité et de l'intensité), ou encore, de la renonciation de
l'assuré à tout recours contre des tiers responsables du sinistre (cas d'augmentation de l'intensité).
La déclaration de mise à jour prévue par l'article 7 – 3°/ obéit à des conditions de formes et de
délai. S'agissant de la forme, la loi prévoit que la déclaration doit être adressée à l'assureur par lettre
recommandée. Ce procédé est conçu dans l'intérêt du déclarant puisqu'il lui fournit le moyen
d'apporter la preuve de son envoi et de celle de la date à laquelle celui ci a été fait.
Quant au délai, l'article 7 – 3°/ prévoit qu'il est de 8 jours à partir du moment où l'assuré a eu
connaissance de la survenance des circonstances nouvelles rendant inexactes ses réponses initiales
portées sur le formulaire _de déclaration de risque. L'inobservation de ce délai n'est toutefois par
sanctionnée par la loi.
Les sanctions légales prévues en cas d'inobservation des formalités envisagées dans le paragraphe
ci-dessus varient selon que la faute reprochée, à cet égard, à l'assuré, a été commise de bonne ou de
mauvaise foi.
L'assureur étant demandeur, c'est à lui qu'il appartient de prouver la mauvaise foi de l'assuré, ainsi
que tous les faits qui lui sont reprochés.
a- CAS DE L’ASSURE DE MAUVAISE FOI :
II résulte de l'article 8 du Code des Assurances que lorsque l'assuré a intentionnellement trompé
l'assureur, soit par réticence soit en faisant une fausse déclaration, concernant les indications portées
sur le formulaire de déclaration du risque, il encourt la nullité du contrat d'assurance. Il s'agit
d'une nullité relative, à laquelle l'assureur peut évidemment renoncer, soit expressément par voie de
confirmation, soit tacitement et ce, en continuant l'exécution du contrat d'assurance après que le
vice entachant ledit contrat soit parvenu à sa connaissance. Ainsi qu'il est prévu, d'autre part, à
l'article 14 - 1 du Code des Assurances, l'action en nullité se prescrit par un délai de deux ans ; ce
délai ne court, toutefois, que du jour où l'assureur a eu connaissance du vice affectant le contrat, à
savoir, la réticence, l'omission, la déclaration fausse ou inexacte.
Il importe, enfin, de signaler que si la nullité est invoquée à l'occasion d'un sinistre, elle reste
encourue, comme le précise expressément l'article 8 al 1 er. Code des Assurances, même si la faute
reprochée à l'assuré «a été sans influence sur le sinistre».
Effets de la nullité :
Conformément au droit commun, la nullité a un effet rétroactif. Elle fait disparaître le La depuis sa
conclusion dans l'hypothèse d'une irrégularité commise de mauvaise foi dans les réponses faites au
questionnaire préalable à la conclusion du contrat, ou depuis la fraude dans l'hypothèse d'une
irrégularité commise à l'occasion d'une déclaration de mise à jour.
La rétroactivité de la nullité a pour conséquence l'obligation pour l'assuré de restituer à l'assureur
toutes les sommes qu'il avait perçues au titre de sinistres antérieurs, et celle pour l'assureur de
restituer à l'assuré la totalité des primes encaissées au titre du contrat nul. Sous le régime de la loi
du 13 juillet 1930, les primes payées demeuraient, en pareille hypothèse, acquises à l'assureur celui-
ci avait, en outre, droit au paiement de toutes les primes échues à titre de dommages intérêts. Pour
la doctrine, une telle exception au principe de la rétroactivité s'analysait en une peine privée
destinée à sanctionner sévèrement les assurés coupables de fraude. Le Code des Assurances n'a pas
repris pareille disposition. Elle peut cependant être insérée dans le contrat d'assurance, et résulter,
par conséquent, de l'accord des parties.
Il importe, enfin, de faire observer que la nullité du contrat est opposable aux tiers et en particulier à
la victime en matière d'assurance de responsabilité.
Est réputé de bonne foi tout assuré dont la mauvaise foi n'a pu être établie. Les sanctions encourues
par l'assuré en cette hypothèse sont celles que prévoient les alinéas 3, 4 et 5 de de dix jours. La
résiliation prend effet à partir du dixième jour de l'envoi de la lettre recommandée. Si la prime a été
payée d'avance, l'assureur doit restituer à l'assuré la partie de la prime correspondant au temps pour
lequel l'assurance ne court plus. Cette restitution, expressément indiquée à l'article 8 al. 4, est
prévue en raison de la bonne foi de l'assuré.
Incidence sur la prestation e l'assureur en cas de sinistre :
Lorsque l'assureur découvre l'irrégularité à l'occasion de la survenance d'un sinistre, il lui importera
non seulement de régler le sort du contrat, ainsi qu'il a été indiqué plus haut, mais encore de
déterminer si, et dans quelle mesure, il sera tenu de prendre en charge ce sinistre.
C'est l'alinéa 5 de l'article 8 qui régit ce deuxième aspect du problème. Il prévoit pour le règlement
dudit sinistre, en pareille hypothèse, l'application de la règle dite de la réduction proportionnelle.
L'assureur est, en effet, en droit, d'après ce texte, «de réduire l'indemnité en proportion du taux de
prime payé rapporté au taux de la prime qui aurait été dû s'il n'y avait pas eu réticence ou fausse
déclaration».
Cette réduction s'applique sans difficulté lorsque les circonstances aggravantes non déclarées ou
inexactement déclarées ont une influence sur le taux de la prime.
Il suffit dans ce cas de comparer le tarif appliqué à celui qui l'aurait été si la déclaration avait été
faite régulièrement.
La réduction proportionnelle est la seule sanction prévue par les textes lorsque l'irrégularité est
découverte après sinistre ; mais ceci n'empêche pas l'assureur de décider, en outre, la résiliation s'il
la juge utile. Ce droit ne saurait lui être retiré sous prétexte qu'un sinistre est survenu ; bien au
contraire, la survenance du sinistre vient démontrer l'utilité pour l'assureur de se décharger de ce
risque pour l'avenir.
Ajoutons que la réduction proportionnelle n'est pas opposable en matière d'assurance responsabilité
automobile au tiers victime et bénéficiaire de l'indemnité (Article 5, décret du 30 janvier 1961).
L'assureur qui aura désintéressé la victime, bénéficie bien entendu d'un recours contre l'assuré.
Il faudrait signaler que l'assuré peut échapper à l'application des sanctions prévues aux alinéas 3, 4
et 5 de l'article 8 s'il établit la renonciation de l'assureur à invoquer ces sanctions légales. Comme
pour l'action en nullité, cette renonciation peut être expresse, mais elle peut aussi être tacite et
résulter du comportement n'implique renonciation que s'il est établi par l'assuré que l'assureur avait
agi de la sorte tout en ayant parfaite connaissance des irrégularités commises par l'assuré.
Nous étudierons dans ce cadre les conditions du paiement de la prime, et les conséquences du
défaut de paiement. Mais avant cela, trois observations préliminaires doivent être faites.
9 Si le paiement de la prime est, en principe, une obligation pour l'assuré, une telle règle,
qu'énonce l'article 11 du Code des Assurances, n'est pas applicable aux assurances sur la vie.
En cette matière, en effet, l'assureur n'a pas d'action pour exiger le paiement des primes
(Article 41 al. 2 du Code des Assurances). Cette exception est traditionnelle : S'agissant de
contrats de prévoyance qui sont souvent de longue durée, il fallait éviter que l'assuré puisse
être l'objet de poursuites judiciaires, de crainte que les gens renoncent, afin d'échapper
d'avance à une telle éventualité, à s'assurer sur la vie. Mais il est bien évident que celui qui
ne paye pas la prame ne sera pas garantie comme celui qui l'avait payé ; des sanctions
particulières sont prévues ici ; elles vont jusqu'à la suppression de la garantie.
9 Elle concerne le principe de la divisibilité de la prime. Ceci veut dire que si le risque n'est
plus à la charge de l'assureur au cours d'une période d'assurance déterminée, l'assureur n'a
pas droit à l'intégralité de la prime correspondant à cette période. Ce principe, qui n'est pas
proclamé expressément par le Code des Assurances, y est toutefois consacré dans quelques
cas particuliers. On en a d'ailleurs déjà rencontré à propos des sanctions frappant l'assuré en
cas d'inobservation des formalités de déclaration des risques et de la déclaration
d'aggravation des risques (Article 8 al. 4).
Mais si le débiteur de la prime est la personne ainsi fixée, rien n'empêche que la prime soit payée
par un tiers ; plus particulièrement, le bénéficiaire d'une assurance peut acquitter la prime au lieu et
place du débiteur pour en conserver le bénéfice.
Ces précisions étant faites, examinons successivement, dans un paragraphe premier les conditions
du paiement de la prime, et dans un paragraphe second, les conséquences du défaut de paiement de
la prime.
1- EPOQUE D U PAIEMENT
Aux termes de l'article 7 -1 er., c'est la convention qui fixe librement l'époque du paiement. Des
usages se sont néanmoins crées, et ils sont régulièrement suivis. Il en ressort que la prime est
payable d'avance et tous les ans. Ces usages ne sont toutefois pas absolus ; ainsi, il y a des
assurances, telle que l'assurance contre la grêle, où la prime est payable à terme échus ; de même, si
la prime est en général payable annuellement, rien n'empêche l'assureur de fractionner le paiement,
soit par semestre, soit par trimestre ; d'un autre côté, les parties peuvent établir un contrat à prime
unique payable dès le début et à l'avance.
2- LIEU DU PAIEMENT :
En disposant qu«à l'exception de la première, les primes sont payables au domicile de l'assuré ou à
tel autre lieu convenu», la loi de 1930 posait ainsi, et sous réserve d'exceptions, le principe de la
quérabilité de la prime qui signifie que c'est l'assureur qui doit, par une démarche directe, en
réclamer le paiement.
Le nouveau Code des Assurances a abandonné cette règle, et consacre désormais le principe de la
portabilité ainsi que l'attestent les dispositions de l'article 6 du Code conçues comme suit : «La
prime ou cotisation d'assurance est payable au domicile de l'assureur désigné par lui à cet effet...».
En décidant par ces termes que l'exécution par l'assuré de son obligation de payer la prime doit être
faite «dans les mains» de l'assureur, les rédacteurs du Code des Assurances ont certes marqué, ici,
un retour à la solution admise en droit commun par l'article 250 du codes des obligations et des
contrats ; mais ils ont, également et surtout, suivi en cela une tendance actuellement dominante en
droit comparé des assurances, et qui s'explique par la volonté de rendre plus performant le système
de recouvrement des primes. Avec ce régime, l'assuré devient, en effet, en faute s'il ne paye pas à
l'échéance. L'assureur en retire, par conséquent, le droit d'engager contre lui la procédure légale
spécifique prévue en cas de défaut de paiement de la prime, sans être obligé de lui rappeler
l'échéance ou de lui réclamer, au préalable, directement le paiement, comme c'était le cas sous
l'empire de la loi de 1930.
La portabilité n'est cependant pas absolue ici. Après en avoir posé le principe, l'article 6 du Code
des Assurances décide, en effet, que «toutefois, elle (la prime) peut être payable au domicile de
l'assuré ou à tout autre lieu convenu dans les cas et dans les conditions qui seront fixés par arrêté du
Ministre chargé des Finances».
Et de fait, un arrêté du 2 janvier 1993 (J.O.R.T. n°1 du 1 – 5 janvier 1993, p.49) a prévu en son
article 1 er que « la prime ou cotisation d'assurance est payable au domicile de l'assuré... pour les
handicapés définis aux article 3, 4 et 5 n°89-52 du 29 mai 1989 »..., à savoir, « toute personne qui
présente une limitation dans une ou plusieurs activités de base de la vie courante consécutive à une
atteinte de ses fonctions sensorielles, mentales ou motrices d'origine congénitale ou acquise »
(article 3 al 1 er., loi du 29 mai 1981) titulaire d'une «carte d'handicapé» délivrée par le ministère
des affaires sociales après que l'état d'handicapé ait été reconnu par «la commission régionale des
handicapés» territorialement compétente (Article 3 et 4 nouveau, loi du 29 1981 modifiée par loi du
14 mars 1989 susvisée).Le bénéfice de la quérabilité de la prime profite également d'après l'article 1
er de l'arrêté du ministre des finances du 02 janvier 1993 aux «personnes ayant atteint l'âge de
soixante dix ans et plus».
Dans tous ces cas la quérabilité sera de droit dès lors que les personnes sus-visés auront informé
l'assureur de leur situation et ce, soit au moment de la souscription du contrat, soit ultérieurement
par lettre recommandée.
3- MODE DE PAIEMENT :
Les modes de paiement sont multiples. L'assuré Peut payer par espèces ; il peut aussi payer par
compensation s'il est créancier de l'assureur, notamment à la suite d'un sinistre ; dans ce cas,
l'assureur retiendra sur l'indemnité le montant de la prime. L'assuré peut aussi envoyer à l'assureur
un mandat poste ou régler sa prime par virement postal ou bancaire. Bien entendu, l'assuré peut
remettre un chèque à son assureur ; mais ce dernier mode suscite quelques difficultés. En droit
commun, la remise d'un chèque ne vaut pas paiement immédiat ; le paiement n'est réputé fait que le
jour de l'encaissement effectif du chèque. Ainsi, le moment du paiement dépend de la diligence que
met l'assureur à encaisser le chèque. Or, en matière d'assurance, le moment du payement est très
important, puisque c'est de ce moment que dépend, soit la prise d'effet d'un contrat nouvellement
conclu, soit la remise en vigueur d'un contrat suspendu. Il est donc impossible d'appliquer la
législation sur le chèque, car, cela reviendrait, dans bien des cas, à faire dépendre la mise en jeu de
la garantie du bon vouloir de l'assureur. Aussi, a-t-on admis qu'en matière d'assurance, la remise
d'un chèque vaut paiement de la prime. En d'autres termes, l'assuré est garanti dès le lendemain de
la remise du chèque.
4- LE DEFAUT DE PAIEMENT DE LA PRIME :
En droit commun, la partie débitrice d'une obligation en somme d'argent peut être contrainte, après
mise en demeure, à l'accomplir (Articles 273 al. 1 er. Et 278 al. 4 du C.O.C.). Si elle ne s'exécute
pas le créancier de l'obligation a le droit de lui opposer l'exception d'inexécution (Article 247 du
C.O.C.).
Pareille pratique n'est guère aisée en matière d'assurance, car la difficulté pour l'assureur de prouver
l'impossibilité de l'exécution rendrait la résiliation pour inexécution difficile à obtenir ; ce qui
implique le maintien de la garantie, chose contraire à l'intérêt de la mutualité des assurés.
Il est d'autre part dangereux de laisser à l'assureur la liberté de prévoir des clauses résolutoires ou
des clauses lui permettant de suspendre sa garantie en cas de défaut de paiement à l'échéance. Pour
ces diverses raisons, il était nécessaire de prévoir un régime légal particulier devant s'imposer
impérativement aux deux parties au contrat d'assurance suite à un défaut de paiement de la prime
par l'assuré. Sans changements significatifs par rapport à celui prévu par l'article 16 de la loi de
1930, ce régime est désormais prévu par l'article 11 du Code des Assurances. II en ressort que le
contrat d'assurance peut être suspendu vingt jours après l'envoi par l'assureur d'une lettre
recommandée de mise en demeure à l'assuré. Si l'assuré reste encore 10 jours sans s'exécuter,
l'assureur pourra résilier le contrat ou en poursuivre l'exécution en justice.
5- LA MISE EN DEMEURE :
II importe d'examiner la forme et le contenu que doit présenter la mise en demeure, avant d'en
indiquer les effets.
La mise en demeure se fait par lettre recommandée adressée au débiteur à son dernier domicile
connu de l'assureur. La mise en demeure sera réputée régulière même si la L.R. a été retournée à
l'assureur par suite du refus de l'assuré de la réceptionner ou de son absence. Toutefois, en cas de
retour de la lettre à l'assureur, celui-ci devra, lorsqu'il décide la poursuite en justice, la présenter
fermée à la juridiction saisie de l'affaire. De la sorte, déclare un arrêt de la cour de Tunis, la
juridiction compétente pourra en vérifier le contenu (Tunis 21/06/67 n°27127) de lui pour arrêter les
progrès du sinistre, sauver les objets assurés et veiller à leur conservation. La différence essentielle
entre l'obligation légale et les obligations conventionnelles réside en ce que ces dernières ne
peuvent pas être toujours sanctionnées par la déchéance.
a- Domaine de la déchéance :
Les parties ne sont pas toujours libres de prévoir la sanction de la déchéance en cas d'inexécution
par l'assuré des diverses obligations qui lui incombent en cas de sinistre. Les clauses de déchéances
sont en effet formellement prohibées dans les trois cas suivants :
Précisions enfin, que l'assuré peut échapper à la déchéance s'il établit la renonciation de l'assureur à
l'application de cette sanction, ou s'il prouve que le manquement à son obligation est dû à un cas de
force majeure ou à un cas fortuit (Article 7, avant dernier alinéa).
Avant d'indiquer les conditions d'application de la règle proportionnelle, il convient de préciser les
principes généraux qui la commandent. Mais il nous importera de savoir, d'autre part, que pour
remédier à la sous- assurance, il existe des substituts conventionnels à la règle proportionnelle.
La valeur déclarée de la chose assurée constitue, tant en assurance de choses qu'en assurance de
responsabilité à objet déterminé, le maximum de l'engagement de l'assureur. Mais cette règle que
rappelle l'article 10 al 1 er du Code des Assurances n'exprime qu'incomplètement le rôle des
sommes assurées dans la fixation de l'indemnité d'assurance. Certes, en cas de sinistre total,
l'assureur ne sera jamais tenu au-delà de cette somme, quelle que soit la valeur réelle de la chose
assurée au jour du sinistre. Qu'en est il cependant si le sinistre est partiel ? L'assureur sera-t-il tenu,
tant que le dommage souffert n'aura pas atteint le montant de la somme assurée, d'en compenser la
totalité à l'assuré ? Et surtout, en sera-t-il ainsi même si cette somme se révèle être inférieure à la
valeur réelle de la chose assurée ?
La réponse est en principe négative. La prime est en effet calculée sur le montant de la somme
assurée ; celui qui assure une chose pour une valeur inférieure à sa valeur réelle paiera donc
nécessairement une prime moins élevée que celui qui couvre l'entière valeur de la chose assurée.
Obliger l'assureur à lui payer la totalité de son sinistre partiel, reviendrait en conséquence à lui faire
supporter un risque supérieur à celui pour lequel il a été rémunéré. Aussi bien, a-t-on généralement
volonté bien consciente de l'assuré de n'être que partiellement couvert, et de demeurer son propre
assureur pour le reste. Mais de telles situations sont rares. Les cas de sous- assurance observés dans
la pratique sont le plus souvent involontaires et résultent, soit de l'ignorance de l'assuré, soit de sa
nég1igence. L'application de la règle proportionnelle auxquelles les sous assurances involontaires
donnent lieu est du reste généralement mal comprise par la clientèle.
Conscients de cette réalité les rédacteurs du Code des Assurances ont montré peu de faveur pour la
règle proportionnelle bien qu'ils en aient admis le principe. Et c'est dans cet esprit qu'il résulte de
l'article 17 du Code des Assurances qu'elle n'est applicable que dans les cas où elle avait été prévue
au préalable par une clause expresse -au contrat. En outre, et dans le but de protéger l'assuré et lui
éviter tout effet de surprise en cas de sinistre, l'article 17 al. 2 a mis à la charge de l'assureur
l'obligation d'adresser à l'assuré conjointement au document du contrat « une notice explicative » du
mécanisme de la règle proportionnelle.
Enfin, il importe de préciser que l'état de sous- assurance s'apprécie, aux dires d'experts, par
référence à la valeur de la chose assurée au jour du sinistre.
L'article 28 al. 2 de la loi de 1930 disposait : «il peut être stipulé que l'assuré restera obligatoirement
son propre assureur, pour une somme, ou une quotité déterminée, ou qu'il supportera une déduction
fixée d'avance sur l'indemnité du sinistre».
Ce texte, qui évoquait la possibilité pour l'assureur de limiter sa garantie par des «découverts» et des
«franchises» prévus dans la police, n'a pas son équivalent dans le Code des Assurances du 9 mars
1992. Mais la pratique des franchises ne sera pas abandonnée pour autant : les parties demeurent
libres, en effet, de limiter volontairement la garantie contractuelle. Il importe par conséquent
d'examiner successivement la notion de franchise.
Pour la franchise l'assureur déclare ne pas couvrir les dommages inférieurs à une somme déterminée
ou à une certaine fraction de la somme assurée. La franchise n'est, en effet, rien d'autre qu'une
modalité de saine gestion ; il s'agit d'éliminer de la garantie les sinistres de faible importance qui
alourdiraient par leur accumulation, les charges de l'assureur.
Il existe deux sortes de franchise.
Il y a d'abord la franchise simple qui constitue une fin de non recevoir pour les sinistres inférieurs à
telle somme. Seuls les sinistres dépassant cette somme sont garantis, et ils le sont intégralement.
Mais la franchise simple présente un inconvénient. Les assurés sont, en effet, tentés d'exagérer leurs
petits dommages afin de recevoir une indemnité intégrale. Pour déjouer cette manoeuvre, les
contrats peuvent prévoir une franchise absolue.
La franchise absolue est une somme fixe qui est déduite de l'indemnité quelle que soit l'importance
du sinistre. La franchise absolue a un caractère non impératif : l'assuré peut en obtenir la garantie
soit auprès de son assureur moyennant surprime (rachat de la franchise), soit auprès d'un autre
assureur.
VII- LA SI TUA TION DES TIERS AYANT UN DROIT REEL SUR LA CHOSE ASSURÉE
:
Deux types de situations seront envisagés dans le cadre de ce chapitre. D'abord qu’advient-il du
contrat d'assurance lorsque la chose assurée est aliénée ? Se transmet-il au nouveau propriétaire en
tant qu'accessoire de la chose, ou y a-t-il rupture du contrat du fait même de cette aliénation ? Quant
à la seconde situation qui retiendra notre attention, elle concerne les droits des créanciers privilégiés
et hypothécaires en cas de sinistre sur l'indemnité due par l'assureur lorsque l'hypothèque ou le
privilège portent sur la chose assurée.
L'article 22 al. 1 er du Code des Assurances est ainsi conçu : « En cas de décès de l'assuré ou
d'aliénation de la chose assurée, l'assurance continue de plein droit au profit de l'héritier ou de
l'acquéreur ou à qui il appartiendra à charge pour ceux-ci d'exécuter toutes les obligations dont
l'assuré était tenu vis à vis de l'assureur en vertu du contrat ».
II ressort de ce texte qu'en cas d'aliénation de la chose assurée, l'assurance est de plein droit
transmise à l'acquéreur.
Pour que l'article 22 al. 1 er s'applique, il faut d'abord qu'il s'agisse d'assurances ayant une chose
pour objet. II ne peut donc concerner que les assurances de choses et les assurances de
responsabilité civile ayant une chose comme objet.
II faut qu'il y ait de transfert de la propriété de la chose assurée. Ce transfert peut avoir lieu entre
vifs ou à cause de mort, à titre onéreux ou à titre gratuit. Il peut porter sur des biens corporels ou
incorporels.
Enfin, pour que la transmission du contrat d'assurances puisse s'effectuer par le transfert du bien, il
faut qu'au jour même du transfert l'assurance propre de la chose existe, et n'ait pas été préalablement
résiliée. Le moment du transfert est le jour du décès dans le transfert à cause de mort, et celui de
l'échange des consentements dans l'aliénation entre vifs ; à moins qu'il ne s'agisse du transfert d'un
bien immeuble auquel cas il conviendra de distinguer selon que l'immeuble est immatriculé ou non
à la conservation de la propriété foncière ; le transfert d'un bien immeuble immatriculé devant être
subordonné à son inscription à la conservation foncière.
c- Effet de la transmission :
Ils sont simples. L'aliénateur n'est plus assuré, et cette qualité revient à l'acquéreur. Il en résulte
notamment que l'assureur peut opposer à l'acquéreur, non seulement toutes les conditions et limites
du contrat, mais' encore toutes les exceptions qu'il pouvait opposer à l'aliénateur et spécialement les
sanctions des articles 8 et 9 pour irrégularités dans la déclaration du risque, et la suspension de
garanties pour défaut de paiement de prime.
Les primes à échoir sont à la charge de l'acquéreur. Toutefois, l'aliénateur reste garant de ces primes
et ce, jusqu'à ce que, par lettre recommandée il avise l'assureur de l'aliénation.
Bien entendu, les primes échues avant le transfert demeurent à la charge de l'aliénateur.
Contrairement à la solution qui prévalait sous le régime de la loi de 1930, ni l'assureur, ni
l'acquéreur (nouvel assuré) n'ont la faculté de résilier le contrat. S'il est vrai qu'assureur et acquéreur
deviennent de la sorte liés par la volonté de la loi, et parfois malgré eux, à un contrat d'assurance,
les conséquences d'une telle situation sont d'une gravité limitée et ce, en raison de la faculté de
résiliation annale prévue par l'article 5 du Code des Assurances.
2- REGIME SPECIAL AU CAS D'A LIENATION D'UN VÉHICULE TERRESTRE A
MOTEUR :
Pour saisir la portée des alinéas 2 et 3 de l'article 22 du Code des Assurances qui déterminent le
régime propre au cas d'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur, il nous paraît important de
souligner, d'abord, qu'en vertu de ces textes, l'aliénation d'un véhicule terrestre entraîne, de plein
droit, transmission provisoire de l'assurance de ce véhicule à l'acquéreur ; et c'est à la lumière de
cette analyse que nous exposerons ensuite le sort définitif qui pourra être réservé à ce contrat.
La transmission provisoire du contrat d'assurance à l'acquéreur :
En disposant que «toutefois en cas d'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur le contrat
d'assurance est suspendu de plein droit dix jours après la date d'aliénation... »
L'alinéa 2 de l'article 22 signifie certainement que l'aliénation d'un véhicule ne met pas fin de plein
droit au contrat. Bien au contraire, il demeurera en vigueur pendant une période de dix jours ;
période à l'issue de laquelle, il ne s'éteindra pas, mais sera seulement suspendu de plein droit.
Mais s'il en est ainsi, à qui faudra-t-il attribuer la qualité d'assuré postérieurement à l'aliénation ? Ce
ne peut être à l'aliénateur puisque celui-ci n'a plus, du fait de l'aliénation, aucun «intérêt légitime »
assurable. Or, d'après l'article 4 du Code des Assurances, seul un intérêt légitime peut faire l'objet
d'un contrat d'assurance.
Le contrat d'assurance ne peut donc plus profiter, dans la mesure où il est maintenu dans son
existence et dans ses effets, qu'au seul acquéreur : A l'exclusion de l'aliénateur, l'acquéreur est seul,
en principe, à pouvoir justifier d'un intérêt légitime assurable.
Ces considérations permettent de conclure que l'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur a pour
effet de transmettre l'assurance à l'acquéreur, et par suite à faire perdre définitivement à l'aliénateur,
et ce à compter de la date de l'aliénation, la qualité de partie à ce contrat. Dès lors, les dispositions
de l'alinéa 2 de l'article 22 d'après lesquelles le contrat d'assurance «peut être résilié par chacune des
parties (et qu'à) défaut de résiliation par l'une des parties... la résiliation intervient de plein droit... »,
S’appliquent à l'assureur et à l'acquéreur et ne peuvent, en bon droit, concerner l'aliénateur qui,
n'étant plus partie au contrat du fait et à dater de l'aliénation, n'eut prétendre à en demander la
résiliation.
La résiliation
Elle peut légalement intervenir à l'initiative de l'une ou de l'autre partie au contrat, à savoir, soit de
l'acquéreur, soit de l'assureur. A défaut, elle a lieu de plein droit et ce à l'expiration de l'aliénation si
le contrat n'est pas remis en vigueur par un accord entre l'assureur et l'acquéreur.
La remise en vigueur :
Le contrat suspendu peut être remis en vigueur par un accord en ce sens de l'assureur et de
l'acquéreur. Cet accord doit toutefois être conclu avant l'expiration d'un délai de deux mois à dater
de l'aliénation, sachant qu'à l'expiration de ce délai la résiliation du contrat a lieu de plein droit.
Aux termes de l'article 20 aller, «Les indemnités dues à raison de contrats d'assurances sont
attribuées, sans qu'il y ait besoin de délégation expresse,... aux créanciers privilégiés ou
hypothécaires suivant leur rang qui ont informé l'assureur de leurs droits avant le règlement de ces
indemnités ».
La question se pose ici de savoir si l'assureur après avoir exécuté son obligation envers l'assuré,
donc après lui avoir payé l'indemnité due en vertu du contrat, peut exercer un recours contre le tiers
responsable du sinistre.
Dès le 1 9è siècle, la jurisprudence française avait répondu par l'affirmative à cette question. Mais le
fondement qu'elle attribuait à cette action de l'assureur était erroné. Si elle accordait ce droit à
l'assureur était, c'est, disait elle, parce que le tiers lui a causé un préjudice en amenant par sa faute la
réalisation du risque, et en obligeant ainsi l'assureur à verser à l'assuré l'indemnité d'assurance.
Le recours de l'assureur aurait donc pour fondement la responsabilité civile du tiers. Mais c'était
oublier que cette action suppose non seulement l'existence d'une faute et d'un préjudice, mais encore
une relation de causalité entre le fait générateur du dommage et le préjudice subi. Or, l'indemnité
d'assurance n'a pas sa cause dans le fait du tiers, mais dans l'obligation de garantie née du contrat
passé entre l'assureur et l'assuré. En outre, l'assureur ne subit pas vraiment de préjudice du paiement
de l'indemnité d'assurance, car, celle ci a sa contrepartie dans les primes payées par l'assuré.
C'est sous l'effet de ces critiques que cette jurisprudence avait été abandonnée. Mais d'un autre côté,
supprimer tout recours de l'assureur reviendrait à permettre à l'assuré de s'enrichir en cumulant les
indemnités. En effet, outre l'indemnité d'assurance à laquelle il a droit, il dispose d'une action en
responsabilité civile contre le tiers, lequel est tenu en vertu du droit commun de réparer l'intégralité
du dommage qu'il a causé. Ceci est bien sûr contraire au principe indemnitaire.
C'est pourquoi on a pensé que si l'assureur ne peut agir personnellement contre le tiers en
responsabilité civile, on pourrait du moins le considérer comme, légalement subrogé dans les droits
de l'assuré. Mais on a objecté, à raison, que la subrogation du droit commun n'est accordée qu'à
celui qui paye la dette d'autrui ; or, l'assureur ne fait qu'acquitter sa propre dette.
Pour sortir de cette impasse, et afin de parvenir au but recherché, à savoir éviter l'enrichissement de
l'assuré, les assureurs avaient inséré dans les polices une « clause subrogatoire » aux termes de
laquelle ils se faisaient subroger dans les droits et actions de l'assuré contre toute personne
responsable et contre ses assureurs. C'est cette solution qui a inspiré ln lé iclateur de 1 Qqn i 'artirla
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Une subrogation légale spécifique au profit de l'assureur, et lui prévoit dans son troisième des
dérogations spécifiques. Ces dispositions ont été reprises intégralement par l'article 21 du code des
assurances.
b- Modalités, nature et étendue de l'action subrogatoire :
L'assureur va agir au lieu et place de l'assuré contre le tiers responsable. Il va intenter l'action même
de l'assuré avec tous ses avantages, mais aussi toutes ses limites.
Il s'en suit que cette action est soumise au même régime de preuve que l'action en responsabilité
civile qu'aurait intentée l'assuré (prouver la responsabilité civile délictuelle ou contractuelle du
tiers). De même, au point de vue de la compétence et de la prescription, ce sont les règles du droit
commun qui s'appliquent. Enfin, l'assureur peut se voir opposer le partage de responsabilité entre
son assuré le tiers le tiers, et même si sa garantie a été intégrale au titre du contrat d'assurance, il ne
dispose alors que d'un recours partiel contre le tiers.
Il convient de relever de prime abord que les sinistres en matière de responsabilité civile peuvent se
régler à l'amiable. Généralement, la victime adresse sa réclamation à l'assuré. Celui ci la transmet à
son assureur lequel vérifie les conditions de sa garantie. Si celle-ci sont réunies dans le cas de
l'espèce, il pourra verser l'indemnité d'assurance si, toutefois, la victime réussit à établir la
responsabilité de l'assuré. Les difficultés n'apparaissent réellement que lorsque la victime décide
d'agir en justice. Et elle peut le faire d'abord contre l'auteur responsable du dommage. Celui-ci
cherchera alors naturellement à mettre en jeu la garantie de son assureur. Aussi, convient-il
d'examiner d'abord la procédure de mise en jeu de cette garantie, et de voir ensuite quel rôle joue
l'assureur dans la défense à l'action en responsabilité civile intentée contre son assuré.
La procédure (le la mise en 'eu de la garantie
Lorsque l'assuré a été assigné par la victime, et dans le cas où son assureur manifeste son désaccord
pour garantir le sinistre, il a deux moyens pour mettre en jeu la garantie; assigner son assureur en
garantie ou le mettre en cause dans le procès en responsabilité intenté par la victime.
L'action principale en garantie de l'assuré contre l'assureur
Cette action naît du contrat d'assurance; elle est donc soumise aux conditions de compétence
prévues par la loi sur les assurances; de même, la prescription biennale lui est-elle applicable. Le
point de départ de cette prescription est, soit le paiement fait directement par l'assuré à a suite d'une
réclamation amiable, fait très rare en pratique compte tenu de l'interdiction faite à l'assuré de
transiger seul, soit le jour où la victime a assigné l'assuré en justice.
Pour mettre en jeu la garantie de son assureur, l'assuré doit établir une double preuve : celle de sa
dette de responsabilité envers la victime - et cette dette sera généralement établie par la décision
judiciaire qui a condamné l'assuré à des dommages intérêts, et la preuve de l'obligation de garantie
de l'assureur.
Pour ce faire, il devra non seulement établir l'existence du contrat d'assurance, mais aussi montrer
que l’obligation de l'assureur résulte de la concordance entre le risque réalisé et les conditions
insérées au contrat.
C'est pour cette raison que les assureurs insèrent dans les contrats d'assurance certaines clauses qui,
ont en fait pour effet de les substituer à l'assuré dans la défense du procès en responsabilité.
CONTENU
La L.R. doit mentionner qu'elle est envoyée à titre de mise en demeure ; elle doit, en outre, rappeler
la date de l'échéance de la prime et reproduire le texte de l'article 11.
La preuve du contenu de la lettre incombe à l'assureur en cas de contestation. Cette preuve est très
difficile à apporter car, l'assuré pourra toujours prétendre avoir reçu un pli non écrit. La L.R.
envoyée avec accusé de réception est de nature à faciliter la preuve du contenu. C'est du moins ce
qui semble résulter de la jurisprudence française qui estime que la signature de l'accusé de réception
par le destinataire crée une présomption devant faire considérer que celui-ci avait eu connaissance
du contenu de la lettre. C'est pourquoi la formalité de l'accusé de réception est souvent emplie par
les assureurs, alors même qu'elle n'était pas exigée par la loi. En exigeant la formalité de l'accusé de
réception, l'article 11 al. 1 er n'aura donc fait que consacrer une pratique antérieure.
Les effets de la mise en demeure :
La mise en demeure produit les effets suivants :
Effets sur le paiement de la prime :
Comme toute sommation de payer, la mise en demeure fait courir les intérêts moratoires au profit
de l'assureur par application de l'article 278 al. 2 du C.O.C. En outre, il ressort de l'article 15 du
Code des Assurances, que la lettre recommandée de mise en demeure interrompt la prescription de
l'action en paiement.
La suspension est la première sanction du défaut de paiement. Elle se caractérise par le fait que
l'assureur est à l'avenir dégagé de son obligation de payer la prime. Elle s'analyse donc
essentiellement en une suppression de la garantie.
Quel est son point de départ, quelles sont les causes de la cessation de la suspension, et à quelles
personnes est elle opposable.
Point de départ de la suspension :
La suspension n'entre en jeu automatiquement qu'à l'expiration du délai de 20 jours consécutif à la
mise en demeure, et durant lequel l'assuré est intégralement couvert. Le point de départ de la
suspension est fonction du point de départ du délai de 20 jours et de son calcul. Ce délai commence
à courir le lendemain à zéro heure de l'envoi de la lettre recommandée. Si le dernier jour de ce délai
est férié, celui-ci sera prolongé jusqu'au lendemain de ce jour. Les causes de la cessation de la
suspension :
La cessation par le paiement de la prime :
C'est l'hypothèse normale. La suspension prend fin par le paiement de la prime arriérée. La remise
en vigueur du contrat ne dépend donc que de l'assuré.
Mais cette remise en vigueur n'est possible que si l'assuré acquitte sa dette à temps ; c'est-à-dire
avant l'expiration d'un délai de 10 jours après la suspension du contrat. L'assureur peut, en effet,
résilier le contrat à l'expiration de ce délai.
D'autre part, il y a lieu de signaler que la remise en vigueur n'est pas immédiate. L'assurance ne
reprend son effet de garantie « que le lendemain du jour où les primes arriérées auront été payées ».
Cette disposition a pour but d'éviter des contestations – en cas de sinistre survenant le jour du
paiement – sur le moment exact du paiement.
Précisions, enfin, que le contrat n'est remis en vigueur que si l'assuré a acquitté la totalité de sa
dette, à savoir, l'intégralité de la prime ou des primes arriérées, les frais et les intérêts courus depuis
la mise en demeure.
La résiliation :
L'assureur peut résilier le contrat lorsque 10 jours au moins de suspension se sont écoulés sans que
l'assuré paye la prime arriérée. Cette résiliation met fin au contrat. Et c'est ainsi que de provisoire, la
sanction devient définitive.
La renonciation de l'assureur :
Elle fait cesser la suspension. Mais comme nous l'avons déjà vu, c'est à l'assuré d'apporter la preuve
de la renonciation.
Opposabilité de la suspension :
La suspension est évidemment opposable à l'assuré et ceci même s'il allègue la non réception de la
lettre recommandée. Toutefois, s'il établit qu'en raison d'un cas fortuit ou d'une force majeure il n'a
pu s'exécuter, il peut échapper à la sanction de la suspension. Mais la suspension est elle opposable
au tiers bénéficiaire ? La réponse est, ici aussi, certainement positive, car, les droits du tiers victime
sur l'indemnité d'assurance trouvent leur fondement dans le contrat d'assurance liant l'auteur
responsable du dommage à l'assureur. Si ce contrat se trouve être suspendu ou résilié, il ne peut
profiter à ce tiers victime. En effet, «nul ne peut conférer à autrui plus de droits qu'il n'en a lui
même» (art. 551 du C.O.C.), à moins que le contraire soit permis par la loi.
En prévoyant que la suspension (ou la résiliation) est sans effet «à l'égard des tiers de bonne foi,
bénéficiaires de l'assurance en vertu d'un transfert antérieur à tout sinistre et à la notification de la
suspension ou de la résiliation», le dernier alinéa de l'article 11 ne nous semble pas déroger au
principe de l'opposabilité ci-dessus examiné. L'hypothèse que semble envisager ce texte est celle
d'une personne qui acquiert la qualité d'assuré par suite du transfert à son profit de la chose assurée,
alors que le contrat d'assurance auquel cette personne est devenue partie par l'effet de la loi (Art. 22
du Code des Assurances), se trouve être suspendu (ou résilié) pour défaut de paiement de la prime.
D'après le dernier alinéa de l'article 11 précité, ou tout au moins d'après ce que nous avons pu en
comprendre, la sanction de suspension ou de résiliation frappant ou menaçant de frapper l'assuré ne
sera pas opposable au nouvel acquéreur devenu nouvel assuré. Mais pour qu'il en soit ainsi, le
dernier alinéa de l'article 11 exige que le transfert de l'assurance au profit «du tiers de bonne foi»
soit «antérieur à tout sinistre et à la notification de la suspension ou de la résiliation». Le texte
précise cependant «qu'en cas de sinistre, l'assureur peut opposer à ces tiers, à due concurrence, la
compensation de la prime afférente à l'assurance dont ils revendiquent le bénéficie».
Il importe, enfin, de préciser qu'en vertu des dispositions de l'article 11 al. 6, en cas de résiliation,
«l'assureur ne peut plus réclamer le reliquat de la prime afférent à la période pendant laquelle le
risque n'a pas couru».
VII- LE SINISTRE :
Avant d'examiner quelles sont les obligations de l'assuré en cas de sinistre, et quelles en sont les
sanctions, il est utile de donner quelques précisions sur la notion de sinistre.
On définit généralement le sinistre comme étant la réalisation du risque prévu au contrat de nature à
entraîner la garantie de l'assureur.
II s'agit donc d'abord de la réalisation du risque prévu au contrat. Cette notion peut soulever
quelques difficultés. Nous en citons deux exemples.
En premier lieu, il peut y avoir discussion sur le point de savoir si, compte tenu des exclusions de
risque, l'événement qui s'est réalisé est ou non couvert par la police.
La difficulté peut, en second lieu, avoir pour origine la complexité du risque couvert. Tel est le cas,
par exemple, de l'assurance contre les accidents corporels : L'accident suppose une atteinte
corporelle, non intentionnelle, provenant de l'action soudaine d'une cause extérieure ; or, sur ce
point l'influence de l'état de santé de l'assuré ou de sa volonté peut être telle que l'on sorte de la
garantie.
Mais il ne suffit pas que le risque réalisé soit prévu au contrat, il faut encore qu'il soit de nature à
entraîner la garantie de l'assureur.
1-LES OBLIGATIONS NAISSANT DU SINISTRE :
Légalement, une seule obligation incombe à l'assuré : déclarer le sinistre à l'assureur. Mais ce
dernier peut conventionnellement soumettre l'assuré à d'autres obligations.
a- L'obligation légale :
Aux termes de l'article 7 — 4è du Code des Assurances «l'assuré est obligé... de donner avis à
l'assureur, dès qu'il en a eu connaissance et au plus tard dans un délai ne dépassant pas cinq jours
ouvrés, de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de l'assureur».
Cette déclaration n'obéit à aucune forme spéciale, elle peut être faite par téléphone, lettre ou
télégramme ; elle peut être écrite au verbale. Elle a en outre un caractère succinct ; elle doit
seulement indiquer les circonstances essentielles du sinistre (moment, lieu, conséquences
apparentes).
Elle doit être faite par le souscripteur de la police. Mais quand il y a distinction entre souscripteur et
assuré, ce dernier a évidemment tout intérêt à faire lui même la déclaration. Et dans l'assurance en
cas de décès, c'est le bénéficiaire qui doit déclarer le sinistre. Quant au destinataire de la déclaration,
c'est évidemment l'assureur. La déclaration doit être en principe envoyée au siège social, à moins
que la police ne prévoit la possibilité de l'adresser à l'agent.
Pour ce qui est du délai de la déclaration, il est de 5 jours aux termes même de l'article 7-4 ; mais
cette règle connaît des exceptions. C'est ainsi que dans l'assurance contre la mortalité du bétail, il est
réduit à 24 heures ; et dans l'assurance contre le vol, il est ramené à deux jours ( Article 7 – 4 ).
Ces délais commencent à courir à partir du moment où l'assuré a eu connaissance du sinistre. Quand
il s'agit de délais fixés par jour, le jour de la connaissance du sinistre ne compte pas, et le délai ne
commence à courir que le lendemain à zéro heure. Quant au délai se comptant par heure (mortalité
du bétail), il se calcule évidemment par heure.
Parmi ces clauses qui sont nombreuses et diverses, nous pouvons citer celle aux termes de laquelle,
en matière d'assurance responsabilité civile, les assureurs se réservent la direction du procès et, à
cette fin, interdisent à l'assuré de reconnaître préalablement sa responsabilité et de transiger seul
avec la victime. De même, les polices assurances automobiles imposent généralement à l'assuré
d'aviser immédiatement les autorités locales du vol et de déposer une plainte au parquet. Enfin,
dernier exemple, les polices incendies contiennent souvent des clauses obligeant l'assuré à faire tout
ce qui dépend.