Vous êtes sur la page 1sur 17

Ecole Superieure de la Comptabilité et Finances

Cours
Assurances

DR. LAGUER Djamel EDDINE


2023/2024
Première Partie : HISTORIQUE DE L’ASSURANCE

L'assurance, telle que nous la connaissons aujourd'hui, a une origine relativement récente.
Le premier contrat d'assurance a été établi à Gênes en 1347, portant sur une expédition
maritime. Avant cette période, l'homme, toujours en quête de moyens pour se protéger
contre les préjudices auxquels il était exposé, avait recours à des solutions qui différaient
notablement de l'opération d'assurance telle que nous la pratiquons de nos jours.
Les historiens qualifient cette période, remontant jusqu'à 4500 ans avant J.C, de "pré
assurance".
Dans la suite, nous examinerons quelques exemples des moyens utilisés par l'homme
pour compenser les préjudices possibles, puis nous aborderons la formation de
l'assurance à l'ère moderne, répondant aux besoins induits par le développement de
l'industrie, l'augmentation des échanges commerciaux et le progrès social.
A / LA « PREASSURANCE »

L'instinct d'association chez l'homme, présent depuis l'origine, le pousse à rechercher de


l'aide en cas de malheur, organisée autour de la famille, de la tribu, et de la communauté.
De nos jours, cette solidarité s'organise également à l'échelle mondiale lors de grandes
catastrophes. Un malheur touchant un individu concerne en réalité l'ensemble du groupe
auquel il appartient, entraînant une répartition des conséquences du dommage au sein de
la communauté, plutôt qu'une réparation au profit de la victime.

Cette entraide et solidarité se manifestent aujourd'hui à travers des associations caritatives


ou de bienfaisance, tout en conservant un caractère philanthropique distinct de l'opération
d'assurance. Des exemples historiques, tels que la caisse d'entraide des tailleurs de
pierres en Égypte ancienne et le contrat des Darmatha dans le code de Hammourabi,
illustrent des formes d'entraide où l'intervention externe au groupe est limitée.

Sans omettre d’aborder également le prêt à la grosse aventure, pratique médiévale à la


frontière de l'assurance maritime, ainsi que les gildes, associations médiévales offrant une
assistance mutuelle. L'idée d'assurance se précise progressivement avec le
développement du commerce et des banques, conduisant à des accords de groupe pour
partager les conséquences des sinistres. La pratique du prêt à la grosse évolue vers des
contrats d'assurance maritime au 15e siècle, marquant une étape importante dans
l'émergence de l'assurance moderne.
B / L’ASSURANCE

L'analyse de l'évolution des principales branches de l'assurance offre une perspective sur
le développement continu de cette industrie, allant de l'assurance maritime aux branches
plus complexes des temps modernes. Afin de saisir la genèse, l'évolution et l'organisation
d'une branche d'assurance, nous nous pencherons sur l'assurance maritime, l'assurance
vie, l'assurance incendie, et enfin, les assurances accidents.
1-L’assurance maritime
L'assurance maritime, issue du commerce maritime, a des origines anciennes, avec les
premiers contrats datant de 1347 à Gênes. En France, le plus ancien contrat retrouvé
remonte à 1584, couvrant un transport maritime entre Marseille et Tripoli. Les contrats
varient d'un pays à l'autre, chacun suivant sa propre conception de l'assurance et tenant
compte des pratiques locales.

Avec le développement du commerce maritime international, le Comité Maritime


International (C.M.I) a été créé à Bruxelles en 1897, élaborant des conventions
internationales auxquelles adhèrent de nombreux pays. Les législations nationales ont été
adaptées en conséquence, y compris en Algérie.

La première société d'assurance maritime a été fondée à Gênes en 1424. En Angleterre,


des clubs de particuliers pratiquant l'assurance maritime ont émergé, donnant naissance
aux actuels clubs de protection (P&I CLUB). En France, la Chambre des Assurances
Maritimes de Paris a été créée en 1668, suivie en 1686 de la première compagnie
d'assurance française.
2- L’assurance sur la vie

L'origine de l'assurance vie remonte à l'assurance maritime, où les premières garanties


"vie" étaient accordées pour assurer les esclaves transportés par mer, considérés comme
une valeur commerciale à sauvegarder. Progressivement, cette garantie s'est étendue au
capitaine, à l'équipage, puis aux passagers à partir du 16e siècle.
La première police d'assurance vie connue remonte à 1583, émise par la Bourse Royale
de Londres au profit de seize marchands. Au 17e siècle, plusieurs sociétés anglaises ont
vu le jour, appliquant des conditions d'assurance fondées sur des méthodes empiriques
malgré le développement des mathématiques et des statistiques. Les lois de probabilité
n'ont été intégrées qu'en 1774 par les Anglais.
En France, face à des difficultés financières publiques, le banquier italien Lorenzo Tonti a
présenté en 1653 un projet aux autorités françaises visant à attirer des souscripteurs aux
emprunts d'État. Ce projet proposait la création de tontines, regroupant des adhérents
pour une durée déterminée (10 à 15 ans), avec des cotisations capitalisées. À la fin de la
période, les valeurs étaient réalisées, et les intérêts produits étaient répartis entre les
adhérents survivants.

3- L’assurance contre L’incendie


L'assurance contre l'incendie a émergé à la fin du 17e siècle, en réponse à l'augmentation
en nombre et en intensité des incendies liés au développement des agglomérations. Un
événement marquant fut l'incendie de Londres le 2 septembre 1666, débuté dans une
boulangerie et ayant dévasté 13 000 maisons sur 175 hectares en quatre jours. Une
taverne épargnée, tenue par Edward Lloyd, devint le point de départ d'un office
d'assurance contre l'incendie, évoluant au fil du temps pour devenir l'organisme
prééminent au niveau mondial dans l'industrie de l'assurance et de la réassurance, connu
sous le nom de Lloyd's.
En réponse à cet incendie, les autorités anglaises créèrent dès 1667 le "fire office" (bureau
du feu), stimulant la création de plusieurs compagnies d'assurance contre l'incendie.

4- L’assurance contre les accidents


De création relativement récente, l’assurance « accidents »ne prend place
chronologiquement qu’après les autres assurances.
A l’origine, elle concernait surtout la branche accidents du travail.
Le développement technologique, l’expansion économique et démographique ont
contribué grandement à la naissance des autres branches d’assurance accidents telles
que l’automobile ou le bris de machines.
Enfin, les nouvelles découvertes et les progrès technologiques et scientifiques dans divers
domaines (pétrochimie, énergie nucléaire, informatique, conquêtes spatiales…)
constituent des sources de risques complexes et d’une importance telle que pour les
couvrir, les assureurs ont été conduits à s’organiser au plan international.
Deuxième Partie : SYSTEME D’ASSURANCE ALGERIEN

Cette partie vise à retracer l'évolution du marché algérien de l'assurance depuis la


période coloniale jusqu'à nos jours, mettant en lumière les liens entre l'organisation du
marché des assurances et le modèle économique recherché. Nous examinerons d'abord
les caractéristiques du secteur des assurances en Algérie à la veille de l'indépendance,
puis nous passerons en revue les différentes phases du monopole de l'État sur les
opérations d'assurance pour analyser la situation découlant des réformes économiques
de 1988.

1- La période antérieure à l’indépendance

À la veille de l'indépendance, environ 270 entreprises opéraient sur le marché de l'assurance


en Algérie. Majoritairement de statut privé, la plupart étaient de nationalité française, avec le
reste constitué de succursales de sociétés étrangères. Parmi ces 270 entreprises, seules 230,
dont 133 avaient leur siège en France, fournissaient des statistiques de manière plus ou moins
régulière, rendant l'évaluation précise du marché difficile. Les primes émises, toutes branches
confondues, étaient estimées à 20 milliards d'anciens francs, avec une croissance annuelle de
10 à 15% dans les années précédant l'indépendance.

En raison de l'absence d'efforts d'industrialisation et de la prédominance d'activités


spéculatives, les branches d'assurance les plus importantes étaient l'automobile (rendue
obligatoire en 1958) et les accidents du travail.

Le contrôle de l'État se limitait à l'examen de documents à des fins statistiques. Cette absence
de contrôle complet, notamment en ce qui concerne la solvabilité, le règlement des sinistres et
la constitution des réserves techniques, profitait aux entreprises. Les primes collectées
localement, ainsi que les placements destinés à couvrir les engagements pris pendant près
d'un demi-siècle en Algérie, étaient principalement orientés vers l'économie métropolitaine,
avec des placements effectués principalement sur le marché financier français.

Malgré l'existence de quelques biens immobiliers en Algérie, leur valeur était bien inférieure à
la somme des engagements des compagnies d'assurance. En outre, en raison des charges de
gestion élevées et des commissions élevées des intermédiaires (20 à 23% des primes), les
résultats techniques étaient déficitaires. Voilà les principales caractéristiques du marché
algérien de l'assurance à la veille de l'indépendance.
2 – Période de 1962 à l’institution du monopole

A l’indépendance le marché algérien de l’assurance profitait aux sociétés étrangères. Ainsi la


première intervention de l’état a été de prendre des mesures de sauvegarde en instituant dès
1963 la réassurance légale à un organisme d’assurance et de réassurance public créé à cet
effet d’une part et en édictant des règles et des normes à même de faire profiter l’économie
algérienne naissante de l’activité d’assurance d’autre part.

Ainsi deux lois furent promulguées le 8 juin 1963 :

- la première institua la réassurance légale et créa la compagnie algérienne d’assurance


et de réassurance (CAAR) à laquelle devait profiter la cession légale.
Ainsi toutes les sociétés pratiquant l’assurance sur le marché devaient céder
obligatoirement une proportion de toute prime émise à la CAAR.

Le taux de cette cession a été fixe par un arrêté du ministère des finances à 10%.
L’objectif recherché était de contrôler l’ensemble des émissions de primes, des
règlements de sinistres, des provisions techniques et de leur représentation à travers
cet établissement public dont la solvabilité était par ailleurs garantie par l’état.

- la seconde fixe les garanties et obligations des compagnies désireuses de poursuivre


leur activité en Algérie et organise le contrôle du ministère des finances.

Le nouveau cadre réglementaire stipule que tous risque situé en Algérie doit être
obligatoirement assuré en Algérie auprès d’une compagnie agréée par le ministère des
finances.

L’agrément est subordonné au dépôt d’une caution équivalant à 25% du montant de la


moyenne des primes des cinq dernières années.

Par ailleurs, les réserves techniques doivent être intégralement constituées par des valeurs
algériennes. Il est exigé également la conversion, dans les deux mois, en bons du trésor
algérien des provisions techniques constituées antérieurement.

Cette situation entraîna la cessation d’activité de la quasi-totalité des sociétés qui ont fui sans
le respect de leurs engagements et de la procédure de liquidation.

Cela a constitué la source du contentieux algéro-français en matière d’assurances qui n’a


connu son dénouement que dans le milieu des années 2000.
Ce départ a amené le renforcement de la CAAR qui par arrêté du 26 février 1964 est autorisée
à pratiquer les opérations d’assurance directes en plus de la cession légale.
Il est à noter que 14 sociétés étrangères ont accepté la situation nouvelle et poursuivi la
souscription à coté donc de la CAAR et de quatre organismes nouvellement agréés :
- la société algérienne d’assurance (SAA) société à capitaux algéro-egyptiens
- la société tunisienne d’assurance et de réassurance (STAR) société anonyme à capitaux
tunisiens, français et suisses
- la mutuelle des assurances des travailleurs de l’éducation et de la culture (MAATEC)
- la caisse centrale de réassurance des mutuelles agricoles (CCRMA)

Ce marché de type concurrentiel fonctionna ainsi jusqu’à l’institution du monopole de l’état sur
les opérations d’assurances.

3 – Les assurances en Algérie après l’institution du monopole

L’Algérie, engagée dans une orientation socialiste et la socialisation de l’économie, a établi le


monopole de l’État sur les opérations et les sociétés d'assurance dès 1966. Cette décision a
entraîné le rachat des parts détenues par des sociétés étrangères, la liquidation de celles-ci,
et la consolidation des activités d'assurance sous le monopole de l’État, principalement géré
par la CAAR et la SAA. Les mutuelles CCRMA et MAATEC ont été autorisées à maintenir leurs
activités.
Des mesures restrictives ont été adoptées à l'égard des intermédiaires d'assurance, le courtage
étant supprimé et les agents généraux soumis à un agrément sous la tutelle du wali. En 1973,
l'intermédiation a été éliminée au profit de bureaux de souscription directe gérés par des
salariés des compagnies.
Concernant la réassurance, un pool a été créé pour répondre aux besoins de réassurance,
conduisant à la création de la Compagnie Centrale de Réassurance (CCR) en 1973.
La CCR avait pour objectif de compenser les flux de devises, limitant ainsi les sorties de
devises et renforçant les capacités nationales de rétention des risques.
D'autres initiatives ont été prises pour organiser le marché, telles que la séparation des
assurances sociales et économiques, la réorganisation de la mutualité, et la spécialisation des
compagnies d'assurance.
La période de réorganisation économique de 1985 a vu la poursuite de la spécialisation des
compagnies d'assurance. En 1995, l'ordonnance a mis fin au monopole de l'État sur les
opérations d'assurance, permettant l'entrée de la concurrence sur le marché des assurances
en Algérie.

4 – L’ordonnance 95-07 et la levée du monopole

La constitution de février 1989 a amorcé la fin du monopole d'État sur les assurances en
Algérie, et l'ordonnance de janvier 1995 a officialisé l'ouverture du marché aux capitaux privés
nationaux et étrangers. Les entreprises publiques ont pu demander l'agrément pour des
branches qui n'étaient pas autorisées sous le monopole.
Cependant, l'objectif d'attirer des grandes compagnies internationales n'a pas été pleinement
réalisé. La réglementation a ensuite permis la création de filiales pour les compagnies
étrangères, et malgré des différences de capital social, aucune demande d'agrément n'a
concerné les assurances de personnes et de capitalisation.
Dans le cadre de la refonte de la distribution de l'assurance, les intermédiaires tels que les
agents généraux et les courtiers ont été réintroduits pour combler les lacunes en structures
commerciales des compagnies et rapprocher les assureurs des assurés.
Sur le plan technique, des changements ont été introduits, tels que la liberté de souscrire ou
non une assurance, à l'exception des assurances de responsabilité civile envers les tiers.
L'assurance incendie reste obligatoire pour les organismes publics.
En 2021, un nouveau dispositif d'assurance Takaful, conforme à la Charia islamique, a été
introduit. Les sociétés d'assurance algériennes ont été autorisées à exercer des activités
d'assurance Takaful, soit exclusivement, soit au sein d'une organisation interne appelée
"Fenêtre".
Concernant la réassurance, le monopole d'État est levé pour les traités de réassurance, mais
la CCR a la priorité pour la réassurance facultative si elle offre des conditions avantageuses.
Une commission de supervision des assurances a été créée pour assurer un contrôle accru de
l'État sur les compagnies d'assurance, veillant à la régularité des opérations et à la solvabilité
des sociétés, ainsi qu'à la promotion et au développement du marché national des assurances.
Troisième Partie : TECHNIQUES D’ASSURANCE
Dans ce chapitre seront données diverses définitions de termes liés à l’opération
d’assurance. Leur analyse permettra de tirer et d’expliciter tous les termes nécessaires à
la compréhension de toute opération d’assurance.
1- Définition de l’assurance
Selon le professeur Hemard, l'assurance peut être définie comme une opération par
laquelle une partie, l'assuré, moyennant une rémunération (prime ou cotisation), obtient
de l'autre partie, l'assureur, la promesse d'une prestation pour lui-même ou un tiers en cas
de réalisation d'un risque. Cette opération, prenant en charge divers risques et se
conformant aux lois de la statistique, établit des rapports contractuels spécifiques entre
l'assuré et l'assureur. Les obligations essentielles comprennent le paiement de la prime
par l'assuré et la prestation en cas de survenance du risque par l'assureur.
Cette définition souligne l'aspect technique et organisé de l'opération d'assurance, la
distinguant d'un simple pari où le risque est déplacé. L'objectif central de l'assurance est
d'atténuer l'impact du hasard, et l'assureur joue un rôle crucial en regroupant un grand
nombre d'individus au sein d'une mutualité. La gestion efficace de cette mutualité garantit
la sécurité recherchée par l'assuré.

La définition met en lumière cinq éléments clés :

L'assuré : La partie contractante qui cherche une protection contre les risques.
L'assureur : L'entité qui s'engage à fournir la prestation en cas de réalisation du risque,
moyennant le paiement d'une prime.
La prime : La rémunération versée par l'assuré à l'assureur pour bénéficier de la
couverture.
La prestation : L'avantage ou l'indemnisation fourni par l'assureur à l'assuré en cas de
survenance du risque.
Le risque : L'événement incertain et aléatoire qui, s'il se produit, déclenche la prestation
de l'assureur.
La partie suivante expliquera en détail la signification de chacun de ces termes, tandis
qu'un chapitre ultérieur se penchera sur l'organisation statistique de la mutualité dans le
contexte de l'assurance.
2 – Définitions usuelles
A / L’assuré
L’assuré est la personne physique ou morale dont le patrimoine ou la personne est exposé
au risque. En général l’assuré souscrit le contrat, paie la prime et bénéficie de la prestation
promise en cas de réalisation du risque.
Dans cette hypothèse, la qualité d’assuré se cumule avec celles de souscripteur et de
bénéficiaire de contrat. Dans la réalité, il est souvent important de distinguer souscripteur,
l’assuré, et bénéficiaire de contrat.
• Le souscripteur (ou preneur d’assurance) signe la police et s’engage au paiement
des primes. C’est le cas du courtier en assurance qui mandaté par l’assuré pour
son professionnalisme signe la police, suit la gestion du contrat et s’engage vis-à-
vis de l’assureur au paiement de la prime.
• L’assuré est la personne dont les intérêts (patrimoine, personne…) sont exposés
au(x) risque(s).
• Le bénéficiaire est la partie qui recevra en cas de survenance du risque, la
prestation due par l’assureur. Ce bénéficiaire peut parfois être un tiers.

B / L’assureur
L’assureur est une personne morale société commerciale ou civile (mutuelle ou à forme
mutuelle).

L’assureur groupe en mutualité des personnes désireuses d’éliminer les effets du hasard
en les mettant en mesure de s’indemniser mutuellement d’une perte éventuelle en puisant
dans la masse commune constituée par l’ensemble des primes.

L’assureur n’est donc que le gestionnaire des fonds appartenant à la mutualité des assurés
qui s’oblige à payer les indemnités prévues au contrat d’assurance. Il lui incombe donc de
remédier aux effets du hasard en organisant cette mutualité sur des bases scientifiques.
C / La prime ou cotisation
La prime est le prix de l’assurance. C’est donc la contribution que verse l’assuré à
l’assureur en contre partie de la garantie qui lui est accordée.
En principe la prime est déterminée à partir de la valeur du bien à garantir ou du capital à
assurer et par la probabilité de réalisation du risque durant la période considérée.
Cette probabilité est assimilée au taux de prime qui varie en fonction de la nature du risque,
sa gravité et d’un ensemble d’autres éléments propres à chaque type d’assurance.
Cette prime est en général fixe et ne peut être modifiée en cours de contrat sans le
consentement du souscripteur quels que soient les résultats dégagés par l’assureur
société commerciale.
D / Le sinistre ou la prestation
L'obligation de l'assureur consiste à verser une prestation en cas de réalisation partielle
ou totale de l'événement assuré. Cette prestation prend généralement la forme d'une
somme d'argent versée à l'assuré qui a subi un préjudice (comme dans le cas d'un assuré
industriel dont l'usine a été endommagée), à un tiers (victime d'un assuré en responsabilité
civile) ou au bénéficiaire (dans le cadre d'un contrat d'assurance décès, par exemple).
Le montant de la prestation peut être déterminé à l'avance, comme c'est le cas dans les
assurances de capitalisation ou pour certaines garanties en assurance de personnes, où
l'on parle de prestations forfaitaires. En revanche, dans les cas de dommages subis ou
causés par l'assuré, la prestation dépendra de la valeur réelle du bien assuré et de
l'ampleur du préjudice, qualifiée alors d'indemnité. Il est important de souligner que la
somme assurée représente la limite des engagements de l'assureur.
Un autre aspect émergent dans le domaine de l'assurance est la prestation en nature, où
l'assureur, au lieu de verser une somme d'argent à l'assuré sinistré, paie directement au
prestataire le coût de la réparation des dommages ou du service rendu
E / Le risque
Au plan juridique le risque est un événement futur et aléatoire ou d’un terme indéterminé,
indépendant de la volonté des parties.
En assurance le mot « risque » revêt plusieurs sens :
-il désigne l’objet assuré (l’immeuble, la personne ...)
-il peut correspondre à l’objet de l’assurance ou l’événement assurable (incendie,
crédit, décès…)
-il peut avoir pour sens l’événement dommageable (survenance du risque ou sinistre.)
Il est également utilisé dans la profession pour la classification (risque simple /risque
industriel, risque d’entreprises / risques des particuliers)

Au point de vue technique on notera que le risque, matière première de l’assureur, est
caractérisé par la probabilité de survenance d’un événement.

3-Détermination de la prime
La partie précédente nous montre qu’un risque est caractérisé par une probabilité que
l’assureur s’efforce de déterminer avec le plus grand soin pour être en mesure de calculer
la charge de sinistres à laquelle il sera exposé et prendre ses dispositions pour prévenir
toute rupture d’équilibre entre les recettes (primes ou cotisations collectées) et les
dépenses (sinistres et prestations).
On sait également que le calcul de la prime se borne à multiplier l’assiette de la prime
(capital assuré en général) par la probabilité (taux de prime ou fréquence)
On remarquera cependant que :
- la réalisation du risque n’est pas nécessairement totale : les éléments de la mutualité
peuvent n’être que partiellement sinistrés (immeuble incendié à 25%, machine
endommagée à 60% …). Les statistiques permettent justement de déterminer pour chaque
catégorie de risques le coût moyen du sinistre qui s’obtient en divisant le coût total des
sinistres par le nombre de sinistres pour la période considérée.
- la durée de l’assurance influe sur le montant de la prime : Le taux de prime est
généralement calculé pour une année. Ainsi si une assurance est conclue pour plus d’une
année moyennant une prime payable en une seule fois, cette prime unique tiendra compte
de la durée de l’assurance.
En somme la prime est proportionnelle :
- à la probabilité de réalisation du risque
- au capital assuré ou au coût moyen du risque
- à la durée de l’assurance.
La prime ainsi déterminée est appelée prime pure et permet le règlement des sinistres
frappant la mutualité des assurés. Elle est aussi appelée prime d’équilibre, prime technique
ou également prime de risque.
Généralement elle est calculée comme suit :

PRIME PURE = FREQUENCE X COUT MOYEN

Les deux éléments de ce produit sont susceptibles de varier indépendamment l’un de


l’autre ce qui implique une révision des tarifs en conséquence.
On ne peut cependant jamais prévoir à coup sur la fréquence des sinistres. C’est pour cela
qu’on majorera la prime pure d’un chargement de sécurité destiner à corriger les écarts et
à faire face aux mauvaises années.
Pour couvrir ses frais d’acquisition et de gestion des contrats, l’assureur ajoute à la prime
pure un chargement et détermine ainsi la prime nette
ou commerciale.

PRIME NETTE = PRIME PURE + CHARGEMENTS

L’assuré paie en définitive une prime totale qui correspond à la prime nette augmentée
des impôts et taxes perçus par l’assureur.
Les impôts sont calculés en pourcentage de la prime nette et reversés à l’état.
PRIME TOTALE = PRIME NETTE + IMPOTS + DROITS DE TIMBRES

Exemple : le patrimoine de l’école supérieure de comptabilité et de finances de


Constantine est évalué a 900.000.000 DA, Quelle serait la prime d'assurance incendie à
payer si le taux de prime moyen est de 0.65‰ ?
Quatrième Partie : CLASSIFICATION DES OPERATIONS D’ASSURANCE

1- LA NOTION DE RISQUE ASSURABLE

Cette partie nous a montré dans quelles limites il peut y avoir assurance. Il s’ensuit qu’un
risque ne peut faire l’objet d’une assurance que s’il satisfait à des conditions techniques.
Il doit cependant répondre également à des conditions juridiques.

Pour être juridiquement assurable, L’objet du contrat (i.e. le risque objet de l’assurance)
doit être :

- réel : on ne peut en effet assuré qu’un objet qui existe. On ne peut conclure un contrat
incendie et risques annexes sur un immeuble qui n’est pas construit

-réalisable : c'est-à-dire possible et donc être l’objet d’un aléa. Peut-on imaginer un
contrat d’assurance en cas de survie à l’Age de 300 ans !
- licite : c'est-à-dire que le risque ou l’activité garantie doit être conforme aux lois et
règlements et ne doit pas être contraire aux bonnes mœurs. Un contrat d’assurance
facultés maritimes ne peut pas porter sur une cargaison de drogue par exemple.
Les conditions d’ordre techniques sont en fait les conditions nécessaires à la
constitution d’une mutualité. Rappelons brièvement :
-que la probabilité de réalisation du risque doit être calculable : en principe, une
compagnie d’assurance ne pourra garantir que des risques connus depuis longtemps et
ayant fait l’objet d’une étude statistique ce qui implique une réalisation du risque
relativement fréquente permettant des observations nombreuses.
- la nécessité d’un grand nombre de risques : Les risques rares sont donc soit refusés
soit traités avec une extrême prudence. La réassurance contribue grandement à la
réalisation de cette condition.
- l’importance de classer les risques dans des catégories bien cernées de façon à
leur donner la plus grande homogénéité possible
- la nécessité pour l’assureur à diviser et à éparpiller les risques de façon à éviter
les sinistres collectifs.
Le devoir de respecter ces deux conditions a amené le législateur de plusieurs pays à
dresser la liste des risques assurables et même rendre obligatoires certaines assurances
tout en laissant aux assureurs la latitude de garantir d’autres risques.
2- NOMENCLATURE ALGERIENNE DES OPERATIONS D’ASSURANCE

L’article 2 du décret exécutif 95-338 du30 octobre 1995 relatif à l’établissement et à la


codification des opérations d’assurance classe en catégories branches et sous branches
les opérations d’assurance.
Cette codification permettra une collecte d’informations plus homogène et aidera à
l’élaboration d’une statistique à même de mener à une tarification plus proche de la réalité
des risques algériens.
Elle comporte, avec la réassurance six catégories renfermant 22 branches :
1- Les assurances terrestres
1.1 Assurances automobile
1.2 Assurances contre l’incendie et les éléments naturels
1.3 Assurances en matière de construction
1.4 Assurances de responsabilité civile générale
1.5 Assurances des autres dommages aux biens
1.6 Assurances des pertes pécuniaires diverses
2- Les assurances agricoles
2.1 Assurances contre la grêle
2.2 Assurances contre la mortalité des animaux
2.3 Autres assurances agricoles

3- Les assurances transports


3.1 Assurances transports terrestres
3.2 Assurances transports ferroviaires
3.3 Assurances transports aériens
3.4 Assurances transports maritimes

4- Les assurances de personnes


4.1 Assurances en cas de vie, en cas de décès et mixtes
4.2 Assurances contre les accidents corporels
4.3 Assurances de groupes
4.4 Assurances de capitalisation
4.5 Assurances assistance
4.6 Autres assurances de personnes

5- Les assurances crédit et assurances caution


5.1 Assurances crédits
5.2 Assurances cautions
5.3 Autres

6- Réassurance
(Toute opération d’acceptation)
3 LES DISTINCTIONS USUELLES

Les opérations d’assurances sont gérées soit en répartition soit en capitalisation. Elles
sont également classées en assurances de dommages et assurances de personnes.
- Répartition et capitalisation
Les assurances gérées en répartition sont celles gérées strictement selon les techniques
de l’assurance définies aux chapitres précédents.
(Définition et mutualité) ou l’assureur ne fait que repartir entre les assurés sinistrés les
primes payées par l’ensemble des membres de la mutualité.
On note que dans ce type d’assurance la fréquence du risque est constante et ne varie
pas sensiblement d’une année sur l’autre.
Les assurances IARD (incendie, accidents et risques divers) entrent dans cette catégorie.
Les assurances gérées en capitalisation sont souscrites pour le long terme (longue durée)
et comportent un aspect épargne.
De plus le risque assuré n’est pas constant et sa fréquence augmente ou diminue en cours
de contrat. C’est le cas de la probabilité de décès ou de la probabilité de survie de la
personne humaine.
Dans la gestion de cette catégorie l’assureur doit provisionner tout ou partie de la prime
pour pouvoir faire face à ses engagements à terme.
Les primes doivent être capitalisées.
Les assurances vie, décès et mixtes entrent dans cette catégorie.
-Assurances de dommage/ assurances de personnes
Les assurances de dommages ont pour but la réparation des conséquences pécuniaires
d’un événement dommageable affectant le patrimoine d’un assuré et se subdivisent en
assurances de choses et assurances de responsabilités.
Le patrimoine d’une personne (physique ou morale) se compose d’un actif et d’un passif :
* Les assurances de choses protègent les éléments de l’actif de l’assuré
(Garantie directe des biens meubles et immeubles, des créances…)
*Les assurances de responsabilités garantissent le passif en ce sens que par exemple
l’assuré n’aura pas à prélever les sommes nécessaires pour payer des dettes de
responsabilité nées de dommages causés aux tiers.
Les assurances de dommages sont soumises au principe indemnitaire et en aucun cas la
prestation de l’assureur ne saurait excéder le montant du préjudice réel subi par l’assuré.

Les assurances de personnes ont pour but le versement de prestations en cas


d’événements touchant l’intégrité physique de la personne humaine.
On y trouve essentiellement les assurances maladie et accidents (gérées en répartition)
et les assurances vie et de capitalisation qui sont forfaitaires et n’obéissent donc pas au
principe indemnitaire.

Cinquième Partie : LE CONTROLE DE L’ETAT SUR LES OPERATIONS ET SOCIETES


D’ASSURANCE

I- JUSTIFICATION ET CARACTERISTIQUES DU CONTROLE

A- JUSTIFICATION

1- Protection des assurés et bénéficiaires de contrats en veillant à la régularité des


opérations d’assurance et à la solvabilité des sociétés d’assurance du fait
particulièrement de l’inversion du cycle de production qui fait que le prix de vente (la
prime d’assurance) est fixé avant le prix de revient (cout des sinistres).
2- L’existence d’enjeux économiques et financiers (épargne) considérables influant
sur l’économie nationale et donc risque de désordre voir d’anarchie sur l’économie en
cas d’absence de règles
3- Réguler le marché et garantir une saine concurrence et donc protection des
compagnies contre des pratiques malsaines

B- CARACTERISTIQUES DU CONTROLE

- Le contrôle est exercé par la commission de supervision des assurances par le


biais de la structure chargée des assurances relevant du ministère des finances
- Il est préventif (agrément, visa des polices et tarifs …)
- Il s’effectue à posteriori : (examen des résultats ou de la marge de solvabilité …)
- Il est administratif : Il est exercé par les fonctionnaires du ministère des finances)
- Il est permanent (tout au long de la vie de la société)
- Il est actif : l’Etat peut imposer des tarifs, des règles…

II- LES DIFFERENTES FORMES DE CONTROLE

A- Le contrôle sur place

1. Il est effectué par les agents de la direction des assurances du ministère des
finances
2. Concerne aussi bien les sièges d’entreprises que leurs structures décentralisées
(succursales régionales, agences directes, agences générales)
3. Contrôle de toute la comptabilité et autres documents et constate les éventuels
manquements et établissent un rapport pour la commission de supervision
B- Le contrôle sur pièces

1. L’agrément des sociétés : autorisation de pratiquer après examen du dossier et avis


du conseil national des assurances (C.N.A), tout comme le retrait d’agrément ;
2. Durant la vie et le fonctionnement de la société :
- Expertise et évaluation de l’actif et du passif de la société
- Visa des polices
- Visa des tarifs
- Transfert de portefeuille
- Programme de réassurance
- Solvabilité et marge de solvabilité trimestriellement
3. Vérification des documents et états comptables en fin d’exercice
- Bilan et comptes de résultats
- Représentation des engagements techniques

Vous aimerez peut-être aussi