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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE DE KINSHASA
« I.S.C/KINSHASA »

B.P. 16596
KINSHASA/GOMBE

NOTES DE COURS DE
LEGISLATION ET TECHNIQUES
DES ASSURANCES.

2ème Licence en Sciencs Commerciales et Financières

Willy-Patrick IKANSHA UKANTIK’YE


Professeur Ordinaire.

Année Académique 2022-2023


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INTRODUCTION
L’entreprise qu’elle soit exploitée sous forme de société ou non, qu’elle exerce son
activité dans le domaine commercial, industriel, artisanal ou en tant que prestataire de
service, qu’elle n’ait aucun salarié ou qu’elle en ait de milliers, met en œuvre un ensemble
de ressources humaines, matérielles, immatérielles exposées à des risques.
Les ignorer, volontairement ou non, peut conduire à un déséquilibre financier grave,
voire au dépôt de bilan.
Les grandes sociétés ont en général les moyens de se doter d’un service spécialisé,
mais dans les PME-PMI, le plus souvent, le chef d’entreprise ou éventuellement son
épouse, s’occupe personnellement des questions d’assurance.
Or, préoccupé par le souci légitime de faire prospérer son entreprise, celui-ci manque
de temps et d’information pour mettre en œuvre une politique cohérente de gestion de
risques. Les problèmes d’assurance se trouvent souvent reportés après les tâches urgentes,
ce qui aboutit parfois à une situation paradoxale où plus la conjoncture est difficile et
l’entreprise vulnérable, plus les préoccupations quotidiennes prennent de l’importance et
moins le responsable consacre de temps aux assurances. C’est précisément le moment
pendant lequel l’entreprise aurait le plus besoin de protection.
Qui de nous a pensé à assurer, sans y être contraint par un sinistre, par un ami ou par
les pouvoirs publics, son entreprise, son habitation, son véhicule ou sa personne ?
L’objectif de ce cours est donc de sensibiliser les chefs d’entreprises, les cadres, les
employés que vous êtes ou que vous serez, sans oublier les sociétés d’assurance, aux
différents risques encourus par l’entreprise lors de sa vie et aux différentes possibilités de
les assurer dans de bonnes conditions.
Nous n’avons pas l’ambition de traiter toutes les assurances en détail mais de tenter
de toucher un domaine qui reste souvent méconnu, surtout dans les pays en voie de
développement, afin de le vulgariser et de faire comprendre aux différents individus sa
place dans la société comme le seul élément garantissant notre sécurité et celle de nos
activités.
Pour ce faire, notre étude sera menée en deux temps. Dans un premier temps, nous
traiterons du Contrat d’assurance qui concerne les aspects juridiques et économiques de
cette matière. Enfin, nous abordons dans un deuxième temps, la gestion des risques qui est
une fonction spécifique et nouvelle au sein des entreprises et que l’on présente comme
une technique de garantie dans la recherche de sécurité face aux risques.
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CHAPITRE I : HISTORIQUE ET EVOLUTION DES ASSURANCES.

Section 1 : Historique.
L'assurance s'est développée de manière pragmatique, sous les contraintes économiques et
sociales liées à la nécessité d'entreprendre.
A- LA PRE-ASSURANCE.
On retrouve des "traces" de la pré-assurance dans la plus haute antiquité :
 Caisse d'entraide des tailleurs de pierres de la Basse-Egypte,
 2.250 ans avant J.C., dans le Code d'Hamourabi, en ce qui concerne les transports
par caravane (Darmatha),
 Le législateur athénien Solon (640-558 avant J.C.) obtint des Hétairies
(groupements et artisans) leur intervention en faveur de leurs membres frappés par
l'adversité.
 Théophraste (371-286 av. J.C.) fait état d'une caisse commune alimentée par des
cotisations, et dont le contenu servait à prodiguer des secours.
 A l'époque romaine, le Collège funéraire de Lanuvium assure à ses membres,
moyennant droit d'entrée et cotisations, un bûcher et un tombeau, tandis que les
légionnaires cotisent pour permettre à leurs membres de faire face à des frais de
mutation, de retraite, ou de décès.
B - NECESSITES DU COMMERCE MARITIME.
Les Romains et les Athéniens connaissaient le mécanisme qui a donné lieu au "prêt à la
grosse aventure", et selon lequel le préteur de deniers touchait un intérêt de 15 à 40 % si la
cargaison arrivait à bon port. Mais cette pratique fut frappée d'interdit par les autorités
religieuses, comme usuraire, et fut frappée d'interdit par Grégoire IX en 1227. C'est
pourquoi, des riches commerçants s'engagèrent à "garantir" une cargaison moyennant le
paiement préalable d'une somme d'argent.
C'est dans le domaine des risques maritimes qu'est apparue la notion d'assurance, comme
l'attestent les lois Rhodiennes du Ville siècle, le statut de Marseille de 1256, ou les Statuts
Maritimes de Venise de 1255.

Un des plus anciens contrats a été retrouvé à Gènes en 1347 et est destiné à garantir un
transport de marchandises contre les aléas d'un voyage.
Les premières entreprises d'assurance maritime apparaissent en 1424 à Gênes, puis en
Angleterre avec des Clubs de particuliers.

2. En France, l'assurance maritime a été pratiquée à Rouen par des assureurs espagnols,
comme en font foi les actes de Tabellionnage des années 1525 à 1530 qui reprennent des
pratiques espagnoles de Séville ou de Bilbao, selon deux types de transports :
 Assurance sur un bateau déterminé jusqu'au port de Rouen, portant sur des
marchandises débarquées au Havre ou Barfleur, et retransportées sur embarcations
plus légères jusqu'à Rouen.
 Assurance sur un navire dont le nom est encore inconnu lors de la souscription du
contrat, à charge de dénoncer le nom du vaisseau à bref délai à l'assureur.
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Un contrat français a été conclu en Octobre 1584 pour un transport de marchandises entre
Marseille et Tripoli.
Une réglementation accompagnait ces premières conventions :
 Un Edit de 1563 institue une juridiction consulaire à Bordeaux.
 En France, le Guidon de la Mer, rédigé vers 1570 et édité en 1608, réunit les usages
en vigueur dans les différents ports français.
 Mais c'est la Grande Ordonnance de la Marine, œuvre de Colbert inspirée des
coutumes et statuts des Provinces Unies (Amsterdam et Anvers) qui a codifié
l’assurance maritime.
 C'est par l’Edit du Conseil du Roi du 5 Juin 1668 qu'est instituée par Colbert la
Chambre des Assurances Maritimes de Paris.
 Le Code de Commerce de 1807, exécutoire à compter du 1er janvier 1808, consacre
son Livre II au Droit Maritime, et incorpore dans ses articles 332 à 396 les premiers
principes du droit des assurances.
L'assurance s'est développée dans un but de protection de l'intégrité des patrimoines
contre les risques de toute nature pouvant les affecter.
Son évolution est directement liée à celle de société et de l'activité économique.
De nos jours, l'ampleur des échanges internationaux renforce la nécessité d'assurance de
cette activité économique.
C - TRANSFORMATION ECONOMIQUE ET SOCIALE
Le XIXe siècle voit une transformation importante des structures sociales due à l'expansion
économique.
Le regroupement des terres agricoles et leur concentration entre les mains de gros
propriétaires fonciers ont favorisé l'exode rural, ainsi que l'amélioration des moyens de
communication, notamment ferroviaires.
1- Concentration des patrimoines
L'obligation pour les propriétaires fonciers de faire exploiter leurs terres ou leurs
immeubles de les donner en location les a exposés au risque de la ruine.
De même, en a t'il été du risque des entreprises en plein essor, exposées à la perte de leurs
bâtiments, outils de production, stock et marchandises.
Ceci a favorisé le développement des entreprises d'assurances incendie dont les plus
anciennes sont les Assurances Générales, le Phénix, T Union, le Soleil qui subsistent
toujours même si elles se sont regroupées.
2- Elargissement du domaine de la responsabilité civile
L'élargissement constant du domaine de la responsabilité civile, ainsi que la constitution de
patrimoines de plus en plus dispersés, ont nécessité leur protection contre le risque de
disparition, soit du fait d'une perte matérielle, soit du fait d'une dette de responsabilité.
La loi française du 9 Avril 1898 sur la réparation des accidents du Travail rendant la
responsabilité des employeurs pratiquement automatique, a conduit les entrepreneurs à
assurer massivement leurs ouvriers, ce jusqu'à la loi du 30 Octobre 1946 créant la Sécurité
Sociale.
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Section 2 : Naissance de l'assurance.


1- ASSURANCE TERRESTRE
1. C'est à la fin du XVIIème siècle qu'apparaît l'assurance incendie, compte tenu de
l'accroissement de la population et le développement des agglomérations, qui étaient
composées d'habitations en bois extrêmement rapprochées et vulnérables au feu.
A Londres en pleine nuit, le 2 Septembre 1666, un incendie se déclare dans une
boulangerie de Londres, et s'étend avec une telle ampleur qu'il faudra quatre jours pour le
maîtriser. Il détruira 13.000 maisons de 400 rues sur 175 hectares.
Une des rares maisons épargnées est une taverne exploitée par un certain Edward Lloyd,
qui eut l'idée de créer un office d'assurance couvrant les risques les plus variés, et qui
deviendra avec le temps la plus grande organisation mondiale d'assurance : le Lloyd's de
Londres.
2. En France, il faudra attendre l'année 1717 pour voir se créer à Paris le Bureau des
Incendiés, organisme municipal qui présente davantage le visage d’une caisse de secours
que d'un organisme d’assurance. De nombreuses municipalités suivent cet exemple.
Au XVIIIe siècle, des caisses diocésaines sont fondées dans des grandes villes dans un but
d’entraide et de bienfaisance, et trouvent leurs ressources dans des quêtes bi annuelles.
La révolution les transformera en Caisses départementales, dont une, la Caisse
départementale des Incendiés des Ardennes, existe toujours.
En 1754 est créée la Chambre Générale des Assurances, et en 1786 la Compagnie des eaux
de Paris des Frères Périer, ainsi que la Compagnie d'assurances contre les incendies qui
pratiqua également des opérations vie.
2- ASSURANCE VIE
1. L'assurance sur la vie a eu des débuts très difficiles puisqu'elle passait pour immorale
dans la mesure où le décès de l'assuré était susceptible de procurer un avantage matériel à
un tiers.
Elle apparaissait également dangereuse pour l'assuré, dans la mesure où elle pouvait
donner un intérêt au bénéficiaire de l'indemnité de « hâter le trépas de l'assuré »
Mais c'est encore dans le domaine maritime qu'elle se développa puisqu'il devint l'usage
d'assurer les cargaisons d'esclaves comme marchandises à transporter, puis le capitaine et
l'équipage, et enfin, au XVIe siècle, des Compagnie d'Anvers l'appliquèrent aux passagers.
Par ailleurs, en 1653, un banquier napolitain a suggéré à Mazarin la création d'association
dont les membres verseraient des cotisations dans une caisse commune, dont le contenu
serait réparti, entre les membres survivants, à la fin d'une période déterminée (10 à 15
ans) : les Tontines.
La Révolution marque un coup d'arrêt au développement des assurances en France.
La loi Le Chapelier prohibe tout groupement ayant pour but la défense de "prétendus
intérêts communs", et c'est ainsi qu'un décret du 24 Août 1793 a supprimé les Compagnies
pratiquant des opérations d'assurance vie. Ceci n'empêchait pas Napoléon lui-même de
souscrire une assurance vie auprès du Lloyd's de Londres en 1813.
2. Si la nécessité de protéger les patrimoines a donné lieu à l'invention du mécanisme
contractuel de l'assurance, celui-ci a "débordé" sa vocation initiale. Mais surtout, en
garantissant la solvabilité de l'assuré, et en le mettant à l'abri d'une dette de responsabilité,
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elle a permis de développer le domaine de la responsabilité civile, dans le but d'indemniser


les victimes de dommages.
3. L'assurance est également devenue un instrument de CREDIT :
Par une assurance de chose :
o en garantissant l'intégrité du patrimoine de l'assuré, gage général de ses créanciers.
o en prémunissant l'entreprise contre les conséquences d'une perte d'exploitation ou
de production consécutive à un sinistre, elle garantit sa solvabilité à l'égard des
tiers.
Par une assurance de responsabilité civile :
o en garantissant son patrimoine contre une dette de responsabilité,
Par une assurance de personne :
o en garantissant le remboursement des échéances de prêt, en cas d'atteinte à ses
capacités de revenus (maladie, décès, perte d'emploi) elle lui permet d'obtenir des
concours bancaires, et des prêts mobiliers et immobiliers.
Ce produit purement contractuel mis sur le marché par les assureurs peut se révéler
également trompeur, lorsqu'il ne correspond pas à l'attente de l'assuré qui se voit parfois
refuser des garanties qu'il avait pourtant cru souscrire de bonne foi.
L'attitude de certains assureurs, se réfugiant derrière des clauses ambiguës ou équivoques,
voire abusives, pour dénier leur garantie à un assuré qui se croyait garanti, a discrédité les
Compagnies d'Assurances aux yeux du public, des consommateurs et des Tribunaux.
En République Démocratique du Congo, l’industrie des assurances semble avoir
une existence assez vieille. Charles Le jeune, pour ne citer que cette compagnie
d’assurance, exerçait déjà ses activités depuis 1889 c’est-à-dire à l’époque de l’Etat
Indépendant du Congo. Cette industrie congolaise des assurances avait, comme les autres
sociétés qui travaillaient dans la colonie, un caractère extraverti en ce qu’elle avait un
marché très étroit qui recrutait sa clientèle essentiellement parmi les expatriés et qui ne
couvrait que quelques gros risques.
Au 20è siècle, on assiste dans les pays développés à un changement d’échelle
dans la pratique de l’assurance à savoir, extension des anciens risques, utilisation des
statistiques, création de nouvelles garanties pour de nouveaux risques, développement
considérable des assurances de responsabilité civile. Cela étant, l’assurance est un domaine
tellement paradoxal qu’il a toujours été l’objet, dans son principe, des craintes les plus
graves. Par exemple, l’assurance vie a longtemps été considérée comme immorale.
Quant aux assurances garantissant les conséquences de la responsabilité civile,
nombreux sont ceux qui pensent qu’elles entraînent l’irresponsabilité des assurés qui en
bénéficient. Mais dans le même temps, chacun attend beaucoup de l’assurance qui joue un
rôle de sécurité en cas de sinistre car on est sûr d’être indemnisé. C’est en cela que
l’assurance présente un aspect intéressant dont le recours devient presque obligatoire, en
droit et en pratique, permettant ainsi d’obtenir une indemnisation complète et intégrale
des dommages subis.
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CHAPITRE II : DEFINITION ET CARACTERES DU CONTRAT D'ASSURANCE.

Section 1 : Définitions.
1. Définition juridique : L'assurance est le contrat par lequel une partie, dénommée le
souscripteur se fait promettre par une autre partie, dénommée l'assureur, une
prestation en cas de réalisation yh
2. d'un risque, moyennant le paiement d'un prix appelé prime ou cotisation.
2. Définition technique : L'assurance est l'opération par laquelle un assureur organise en
mutualité une multitude d'assurés exposés à la réalisation de risques déterminés, et
indemnise ceux d'entre eux qui subissent un sinistre grâce à la masse commune des primes
collectées.
3. Définition économique : Il s'agit d'un produit commercialisé par les entreprises
d'assurance, sous la forme d'un package de garanties, souvent à prendre ou à laisser. C’est
pourquoi, on parle souvent de contrats d'adhésion, notamment à l’égard des particuliers.
Il s'agit d'un produit purement juridique, puisqu'il n'est constitué que des seules obligations
prises par l'assureur.
L'assurance est un moyen de couvrir les conséquences financières des risques qui ne
peuvent être éliminés par les mesures de prévention.
Comme les autres mesures de prévention, l'assurance a un coût proportionnel au montant
des garanties prévues et qui se trouve donc nécessairement inclus dans celui des produits
ou prestations vendues ou fournies par l'assureur. C'est pourquoi, l'entreprise doit essayer
d'adapter au plus juste le montant de ses primes par rapport aux risques encourus.
Elle le fait avec l'aide de professionnels de l'assurance, et notamment d'intermédiaires, tels
que Cabinets de Courtage ou Agents Généraux, dont les compétences peuvent aller de la
réalisation d'audit, jusqu'à la souscription de polices auprès des Compagnies d’assurance
les mieux placées sur le marché international de l'assurance.
Ainsi, le chef d'entreprise choisira selon son budget :
 Soit une Garantie partielle :
- Plafond de garantie en matière de responsabilité civile.
- Franchises systématiques.
- Sous-assurance en matière de dommages aux biens.
 Soit une Garantie totale, c'est-à-dire équivalente au montant maximum du
dommage prévisible en assurance de chose, ou illimitée dans son montant.
Il faut savoir que selon le principe indemnitaire, lequel est d'ordre public, et aux termes de
l'article L 121-1 du Code des Assurances, l'indemnité due par l'assureur ne peut excéder le
montant des dommages et ne peut être une source d'enrichissement, en matière
d'assurance de chose.
Section 2 : La technique de l’assurance.
La technique de l’assurance se base sur des méthodes statistiques, reposant sur la
loi des grands nombres, dite de Bernouilli : plus le nombre d’expériences augmente, plus
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les écarts absolus augmentent, et plus les écarts relatifs diminuent pour devenir
pratiquement négligeables pour un nombre très élevé d’expériences. Ceci explique que
l’assureur va utiliser des méthodes mathématiques pour sélectionner les risques qu’il prend
en charge, se les répartir avec d’autres, et ajuster le montant des primes en conséquence.
Il va faire appel à des « actuaires », Conseils indépendants chargés d’appliquer
les mathématiques aux problématiques financières, et de contrôler le bon fonctionnement
d’un contrat d’assurance ou de réassurance. Ils sont chargés également de l’actualisation
des tables de mortalité.
L’assureur va donc veiller à maîtriser un rapport sinistre+rj s / primes favorable .
On comprend immédiatement qu’une augmentation soudaine et imprévue de la
sinistralité, telle que pouvant notamment résulter d’un changement de jurisprudence en
matière de risque de responsabilité civile, va désorganiser ce rapport sinistres / primes.
I. Homogénéisation des risques.
L’assureur doit choisir des risques homogènes, normaux, présentant
approximativement les mêmes caractéristiques que les risques observés pour
l’établissement des statistiques. Les risques aggravés sont, soit refusés, soit acceptés
moyennant une surprime.
On sait cependant que :
- En assurance de dommages : l’assureur ne peut refuser d’assurer les risques dans
certains domaines d’assurances obligatoires (automobile, médical...), moyennant la
fixation de la prime par un bureau de tarification ;
- En assurance de personnes : l’assureur ne peut refuser de garantir les salariés
bénéficiant d’une police d’assurance groupe obligatoire souscrite par une
entreprise, pour des affections préexistantes à leur adhésion.
II. L’assurance de groupe.
Plusieurs techniques permettent à un souscripteur de contracter une police d’assurance
pour le compte d’un tiers, avec ou sans mandat.
La loi prévoit le mécanisme de l’assurance pour compte :
- D’une personne déterminée,
- Pour le compte de qui il appartiendra si le bénéficiaire n’est pas déterminé.
Dans ce dernier cas, « la police vaut autant au profit du souscripteur de la police que
comme stipulation pour autrui au profit du bénéficiaire connu ou inconnu de ladite
clause ».
- Mais le souscripteur peut, dans certaines conditions, contracter pour les membres d’un
groupe. Il s’agit d’une technique extrêmement répandue par laquelle un souscripteur
contracte pour le compte des membres d’un groupe ».

Pour le Code des Assurances : « Est un contrat d’assurance de groupe, le contrat souscrit
par une personne morale ou un chef d’entreprise en vue de l’adhésion d’un ensemble de
personnes à des conditions définies au contrat , pour la couverture des risques dépendant
de la vie humaine, des risques portant atteinte à l’intégrité de la personne ou liés à la
maternité, des risques d’incapacité de travail ou d’invalidité ou des risques de dommage ».
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Exemples : 1) un banquier contracte pour le compte de ses clients emprunteurs une


garantie d’assurance concernant le remboursement des prêts en cas de maladie,
d’invalidité ou de chômage ;
2) Les membres d’une association sportive sont assurés par l’intermédiaire d’une
fédération.
Section 3 : La classification des assurances.
On distingue entre les assurances de dommages et les assurances de personnes.
I. Les assurances de dommages.
A) Assurance de choses.
Il s’agit de l’indemnisation dans le patrimoine de l’assuré ou dans l’actif de
l’entreprise :

- Des pertes matérielles directes telles que :


 Incendie,
 Bris de machine,
 Avaries subies par les marchandises transportées,
 Vol, vandalisme,
 Dégâts des eaux, bris de glace,
 Tous risques chantiers (T.R.C.),
 Dommages à l’ouvrage,
 etc.
- Des pertes immatérielles, dites indirectes :
 Pertes d’exploitation après un sinistre,
 Frais de reconstitution de médias (risque informatique),
 Assurance-crédit (en cas d’insolvabilité de son débiteur),
 Assurance caution,
 Pertes de loyers ou de revenus (en cas de non-paiement par le locataire),
 Assurance annulation de voyage,
 Annulation de spectacle ou de manifestation sportive,
 Prestation d’assistance,
 Protection juridique.
B) Assurance de responsabilité.
Le patrimoine d’un individu constitue le gage général de ses créanciers, il est donc
exposé à une dette, en raison de dommages causés à des tiers, et qui engagent sa
responsabilité.
Ainsi, il est possible de faire garantir par un assureur l’amputation faite à son patrimoine
par une « dette de responsabilité » tant pour les particuliers que pour les entreprises :
- Pour les particuliers:
 Assurance automobile,
 Assurance chef de famille : multirisques habitation,
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- Pour les entreprises:


 Assurance responsabilité civile exploitation (RCE),
 Assurance responsabilité civile après travaux ou après livraison,
 Assurance de responsabilités professionnelles,
 Assurance de responsabilité décennale (construction).

II. Les assurances de personnes.


A) Personnes des particuliers.
- Assurances sur la vie:
 en cas de vie à une date donnée (retraite),
 en cas de décès avant une date donnée,
- Assurance contre l’invalidité en cas d’accident corporel ou de maladie,
- Assurances chômage.
B) Personnes des entreprises.
- Protection des dirigeants contre leur faute inexcusable en cas d’accident du travail,
- Prévoyance sociale temporaire,
- Protection de l’entreprise en cas de disparition d’un homme clé,
- Transmission de P.M.E. (versement d’un capital aux associés ou héritiers repreneurs).
Section 4 : Caractères du contrat d’assurance.
Il s'agit d'une technique contractuelle qui repose sur les règles du droit des
obligations.
/ - CARACTERE CONSENSUEL.
En principe, le contrat ne nécessite que l'échange de volonté des parties, même s'il
est astreint à des exigences de forme. En principe on peut librement aménager le contenu
du contrat.
Toutefois, l'institution d'assurance présente un intérêt social évident, et des dangers pour
les assurés consommateurs, qui ont amené le législateur à instituer des règles d'ordre
public, auxquelles il ne peut être dérogé.
Enfin, le Code des Assurances, dispose que " l'autorité administrative peut
imposer l'usage de clauses type de contrats". Il existe de nombreuses clauses type,
notamment dans les contrats d'assurance obligatoires, tels que ceux portant sur le risque
automobile, la construction, les catastrophes naturelles...
Il- CARACTERE SYNALLAGMATIQUE.
Le contrat d'assurance met à la charge des parties, des obligations
nécessairement réciproques. L’assuré doit toujours payer le prix de la sécurité vendue par
l’assureur qu’il s’agisse de primes dans les entreprises commerciales ou de cotisations dans
les entreprises d’assurance à caractère mutuel.
A) Pour l’assureur :
La loi dispose que :
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Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de
l’assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue dans la
police.
Toutefois, l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d'une faute
intentionnelle ou dolosive de l'assuré.
L'assureur doit exécuter la prestation prévue au contrat dans le délai convenu. Il ne peut
être engagé au-delà. L'obligation de l'assureur consiste donc en l'exécution d'une
prestation en cas de réalisation du risque assuré , laquelle peut prendre plusieurs formes :
 Paiement d'une indemnité ou d'un capital,
 Désintéressement direct de la victime,
 Organisation de la défense de son assuré : garantie défense et recours, protection
juridique,
 Prestation d'assistance...
B) Pour l’assuré:
1- L’obligation de déclaration du risque, ou de son aggravation :
- Dans toutes les formes d'assurance, l’assuré doit répondre exactement aux questions
posées par l'assureur, notamment dans le formulaire de déclaration du risque par lequel
l'assureur l'interroge lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances qui sont de
nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend à sa charge.
- Dans les contrats d'assurance de dommage, l’assuré doit déclarer, en cours de contrat, les
circonstances nouvelles qui ont pour conséquence soit d'aggraver les risques, soit d'en
créer de nouveaux et rendent de ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à
l'assureur, notamment dans le formulaire précité, dans un délai de 15 jours (ou de 10 jours
selon les pays).
2- L’obligation de payer la prime d'assurance.
Le contrat d'assurance met nécessairement à la charge de l'assuré le paiement d’une prime
ou cotisation :
 Proportionnée à l'importance et à la probabilité de réalisation du sinistre,
 Aux dates convenues sinon il s'expose à la procédure de suspension de la garantie,
et de résiliation du contrat d'assurance, prévue dans le Code des Assurances.

3- L’obligation de respecter les conditions de garantie.


4- L’obligation de prendre des mesures conservatoires en cas de sinistre.
5- L’obligation de déclaration du sinistre :
- L'assureur doit être averti le plus rapidement possible de la survenance d'un sinistre ,
de manière à lui permettre de prendre les mesures nécessaires pour en limiter les
conséquences, ou exercer ses recours éventuels.
- Le Code des Assurances oblige l'assuré à donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu
connaissance et au plus tard dans le délai fixé par le contrat de tout sinistre de nature
à entraîner la garantie de l'assureur, sous peine de déchéance de garantie.
Ce délai ne peut être inférieur à 5 jours ouvrés. Toutefois, lorsqu'elle est prévue par
une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive ne peut être opposée à
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l'assuré que si l'assureur établit que ce retard lui a occasionné un préjudice. De plus,
elle ne peut être opposée dans tous les cas où le retard est dû à un cas fortuit ou de
force majeure.
Enfin, la déchéance de garantie, est inopposable à la victime exerçant l'action
directe.

III- CARACTERE ALEATOIRE


Le contrat d'assurance est une convention réciproque dont les effets, quant aux avantages
et aux pertes, soit pour toutes les parties, soit pour l'une ou plusieurs d'entre elles,
dépendent d'un événement incertain, accidentel et imprévisible.
Cela signifie que l'assureur ne répond que des "cas fortuits" ou des conséquences
dommageables de la faute simple de l'assuré, à condition que celle-ci ne soit pas
volontaire.
Le sinistre ne doit donc pas être réalisé lors de la souscription du contrat et, ce caractère
aléatoire du contrat d'assurance s’oppose à ce qu'un assureur prenne en charge un sinistre
que l'assuré savait déjà réalisé au moment de la souscription du contrat : notion de passé
inconnu.
C'est ainsi qu'en matière d'assurance de chose, l'assureur ne prendra pas en charge les
sinistres "volontaires," tel que la destruction d'un bien assuré, d’un véhicule, ou l’incendie
d'un bâtiment, dans le but de toucher une indemnité.
Le sinistre volontaire possède alors un caractère "frauduleux" qui peut constituer un délit
d'escroquerie à l'assurance.
En matière d'assurance de responsabilité, l'assureur ne couvrira pas les dommages
volontairement causés à autrui : dégradations ou blessures volontaires.
Conformément à la loi, c'est à l'assureur, qui entend s'exonérer de son obligation de
garantie, de rapporter la preuve du caractère intentionnel du fait dommageable.
En matière d'assurance de responsabilité professionnelle, le risque dans lequel la
survenance du dommage dépend davantage de la volonté de l'assuré que de l'aléa lui-
même, perd son caractère aléatoire.
Il en est ainsi notamment en matière de risque d'entreprise, où la violation délibérée des
règles de l'art, ou la réalisation systématique de dégâts au cours de l'exécution de travaux,
vont à coup sûr provoquer des dommages.
Afin de sauvegarder le principe aléatoire, l'assureur pourra donc insérer une condition de
garantie, subordonnant par exemple celle-ci au respect des règles de l'art.
IV- CARACTERE ONEREUX
Il ne peut y avoir d’intention libérale dans le contrat d’assurance. L’assuré doit toujours
payer le prix de la sécurité vendue par l’assureur qu’il s’agisse de primes ou de cotisations.
En effet, la garantie de l'assureur n'est due qu'en contrepartie d'une prime ou cotisation.
Si l’assuré ne règle pas sa prime, l'assureur a la possibilité de suspendre sa garantie, et de
résilier son contrat en respectant la procédure tel que nous le verrons plus loin.
V- CARACTERE DE CONTRAT D’ADHESION
A - Contrats type : les contrats d'assurance appartiennent à diverses catégories telles
qu’automobile, multirisques habitation, risques d'entreprises, qui sont vendus à la clientèle
comme un "produit packagé" comprenant :
 la nature du risque assuré
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 les conditions de garantie comprenant :


 les conditions auxquelles sont soumises l'application de la garantie : Constatation
d'une effraction (Garantie Vol), Utilisation de moyens préventifs: d'un système
d'alarme...
 les exclusions de risques : garanties "Tous risques sauf..." Ex.: Responsabilité Civile
après livraison : non garantie du fait des sous- traitants, Non garantie de la chose
livrée elle-même... Garantie Dégâts des eaux : non garantie des entrées d'eau par
les fenêtres ouvertes...
Ces types de contrat, sont d’ailleurs soumis au contrôle formel de l'administration et
tombent sous le coup de la loi réprimant les clauses abusives.
B - Adhésion de l'assuré : Normalement, c'est l'assureur qui propose un type de contrat à
son futur assuré, lequel est libre ou non de l'accepter.
L'assuré consommateur ne peut généralement négocier la totalité des stipulations du
contrat qui entre généralement dans un modèle déterminé, variable selon les Compagnies.
Mais une négociation reste cependant possible, notamment en ce qui concerne les
franchises, les plafonds, les taux de prime ou les conditions de garantie.
Il résulte de la loi que "dans le doute, la convention s'interprète contre celui qui a stipulé,
et en faveur de celui qui a contracté l'obligation. Il en résulte que l'interprétation d'un
contrat d'assurance doit se faire en faveur de l'assuré.
Toutefois, en ce qui concerne les grandes entreprises, les Polices d'assurance sont souvent
négociées par l’intermédiaire des Courtiers, qui établissent parfois eux-mêmes les contrats.
On ne peut plus alors parler de "contrat d'adhésion".
Dans tous les cas, c'est à l'assuré de rechercher quel est le type de contrat qui répond le
mieux à ses besoins spécifiques, et il peut avoir intérêt à se faire conseiller par des
professionnels qui connaissent bien le marché de l'assurance : intermédiaires tels que
agents généraux, courtiers.
C - Obligation de conseil de l'assureur : Comme tout professionnel, l'assureur est
cependant tenu d'une obligation de prudence et de diligence lors de la conclusion des
contrats (notion d'avant-contrat spécifique du contrat de vente), ainsi que d'une obligation
de conseil.
L'assureur doit s'informer des besoins spécifiques du client, et lui proposer une couverture
adaptée. Le problème se rencontre notamment à l'occasion de l'activité déclarée par
l'assuré. Ainsi, l’assureur devra conseiller une garantie couvrant sa responsabilité en cas de
dommages causés à l'occasion des divers aspects de son activité professionnelle.
Ex.: Une entreprise commercialisant des meubles de salle de bains, devra également se voir
proposer une garantie concernant les conséquences de travaux de raccordement de
plomberie, qui relèvent normalement d'une autre activité.

Il doit notamment s'assurer lors de la conclusion d'un contrat automobile que le permis de
conduire d'un étranger est bien valable pour la conduite d'un véhicule automobile en
France.
15

La faute commise par l'assureur dans son devoir d'information et de conseil, engage sa
responsabilité contractuelle à l'égard de l'assuré, permettant à ce dernier d'obtenir
réparation du préjudice que cette faute lui causerait, notamment du fait d'un défaut
d'assurance.
Le montant des dommages et intérêts auquel peut prétendre l'assuré peut correspondre au
montant de l'indemnisation dont la faute de l'assureur l'a privée.
VI- CONTRAT DE BONNE FOI
La bonne foi doit précéder et accompagner toute la vie du contrat. Les parties doivent
coopérer dans la mise en œuvre du contrat.
A - La bonne foi de l'assureur :
1) Au moment de la souscription du contrat.
L’assureur est tenu d'une obligation de conseil tout au long de la vie du contrat, et
notamment lors de la souscription du contrat.
Il doit faire preuve de loyauté, en conseillant à son client des garanties adaptées, et en
l'informant clairement sur les clauses et conditions du contrat.
2) A l'occasion du règlement du sinistre.
Il est fait appel à la notion de bonne foi pour sanctionner l'assureur qui se comporte de
manière déloyale à l'égard de l'assuré, en refusant ou en retardant le règlement du sinistre
par :
 Des manœuvres dilatoires,
 L’absence de réaction à l'approche de l'expiration de la prescription biennale,
 L'assureur doit attirer l'attention de son assuré sur la nécessité de souscrire une
assurance complète, alors que l'exclusion de garantie contenue dans la police
recelait un piège indécelable pour l'assuré.

D'une manière générale, les juges estiment que la résistance de l'assureur à honorer ses
engagements devient abusive lorsque l'assureur maintient son refus de régler alors qu'il
détient tous les éléments selon lesquels le sinistre est effectivement couvert par le contrat.

B - La bonne foi de l'assuré :

1) L'assuré doit répondre de bonne foi aux questions qui lui sont posées par l'assureur lors
de la déclaration du risque et doit déclarer les circonstances nouvelles d'aggravation de
risque faute de quoi, il s'expose à la nullité du contrat en cas de preuve de mauvaise foi de
sa part.

A défaut de mauvaise foi, il s'expose seulement à la réduction proportionnelle de taux de


prime.

2) L'assuré doit respecter les conditions de garantie prévues dans la police d'assurance
(mesures de prévention, utilisation de moyens de protection...) faute de quoi il s'expose à
une non garantie.

3) Les conséquences de la faute intentionnelle de l'assuré sont légalement inassurables.

4) Il devra faire preuve de bonne foi dans la déclaration de sinistre (prise de mesures de
sauvegardes, préservation des recours de l'assureur, respect du délai de déclaration du
16

sinistre, accomplissement des formalités prévues au contrat, établissement d'un état de


pertes ...), faute de quoi il s'expose à une déchéance de garantie.

En cas de réalisation d'un sinistre frauduleux, l'assuré est non seulement déchu de la
garantie, mais pourra être poursuivi pour le délit d’escroquerie à l'assurance.

5) La mauvaise foi de l'assuré peut entraîner la nullité du contrat en cas d'assurances


excessives, susceptibles de faire obstacle au principe indemnitaire, à savoir :

 surassurance frauduleuse,
 assurances cumulatives frauduleuses

VII. UN CONTRAT SUCCESSIF

Le contrat d’assurance est un contrat qui s’échelonne dans le temps. La garantie


est prévue pour une durée qui peut être plus ou moins longue selon la période garantie.

CHAPITRE III : LE DEROULEMENT DU CONTRAT D'ASSURANCE.


Section 1 : La conclusion du contrat d’assurance.

Le contrat d’assurance comporte toujours une certaine durée au cours de


laquelle l’assureur garantit l’assuré en cas de sinistre. Or, au cours du temps, le contexte du
besoin d’assurance peut changer ; c’est pourquoi, il convient de compléter la conclusion
initiale du contrat par celle de la modification de celui-ci.

1) La conclusion initiale du contrat d’assurance.

Il s’agit de repérer les parties en présence, d’étudier la formation du contrat, de voir sa


prise d’effet et enfin sa preuve.

a) Les parties au contrat.

Nous avons vu que le contrat d’assurance est une convention entre un assureur et
un assuré (souscripteur). L’assureur ne peut être qu’une entreprise d’assurance, l’assuré est
la partie au contrat au nom de laquelle la police est signée et qui s’engage au paiement des
primes. C’est souvent l’assuré lui-même qui souscrit pour son compte, mais ce n’est pas
obligatoire comme le montre l’assurance pour le compte d’autrui c’est-à-dire au profit d’un
tiers.

b) La formation du contrat

Consensuel, le contrat d’assurance est formé dès l’accord des parties sur l’objet
de la garantie et son prix. Mais le moment où l’on peut être sûr de l’accord des volontés est
celui de signature de la police par l’assuré. Cette signature est précédée par deux étapes :
17

- la proposition d’assurance tout d’abord qui est le document par lequel le futur assuré
demande une garantie d’assurance pour les risques qu’il déclare. Il s’agit en fait d’un
imprimé comportant un questionnaire qui permet à l’assureur de recueillir tous les
renseignements que l’assuré potentiel peut lui fournir. Ce sont des déclarations qui
serviront de base à la souscription du contrat. La proposition d’assurance ne constitue
qu’une offre de contracter et n’engage ni l’assureur ni l’assuré.

- Vient ensuite une deuxième étape qui est le consentement de l’assureur qui peut refuser
de garantir un risque qui ne rentre pas dans son activité ou qui lui semble trop élevé. Il peut
aussi demander des précisions complémentaires, et n’accepter le contrat que moyennant
certaines limitations ou exclusions. Quand il accepte de garantir le risque qui lui est
proposé, il établit le contrat, appelé la police qu’il signe, et le fait signer à l’assuré. Ce sont
donc ces deux signatures qui marquent la formation du contrat d’assurance.

c) La prise d’effet du contrat

En principe, le contrat prend effet dès qu’il est conclu. Mais trois clauses précisent
clairement la prise d’effet :
- une clause de prise d’effet à midi du jour de la conclusion du contrat. Cette clause
évite les incertitudes sur l’heure et la minute de signature du contrat;
- une clause de prise d’effet à telle date : la garantie ne part que le jour où l’assuré
prend possession d’un bien ou résilie un autre contrat d’assurance;
- une clause de prise d’effet le lendemain à midi du paiement de la première prime.
L’obligation de garantie de l’assureur est liée à l’exécution de paiement de la prime
par l’assuré.

d) La preuve du contrat

C’est la police ou la note de couverture qui constate l’engagement réciproque de


l’assureur et de l’assuré.
La police d’assurance est le document, signé des parties, qui constate l’existence et
les conditions du contrat d’assurance, et qui en constitue donc l’élément de preuve.
La note de couverture encore appelée note de garantie ou lettre de garantie de
couverture est le document constatant l’existence d’une garantie provisoire, avant
l’établissement de la police d’assurance. Ce document permet à l’assuré d’être
immédiatement garanti sans attendre la rédaction définitive de la police.

2. La modification du contrat d’assurance.


a) Les conditions de la modification.
Il faut qu’il existe tout d’abord un contrat d’assurance en cours. Si le contrat a
définitivement pris fin, il ne peut être modifié. En revanche, un contrat seulement suspendu
peut reprendre son efficacité pour l’avenir. La deuxième condition est qu’une proposition
écrite soit présentée à l’assureur. Enfin, si celui-ci ne répond pas dans les 10 jours, à
18

compter du lendemain du jour de la première présentation de la lettre, c’est qu’il a accepté


la modification proposée par l’assuré.

b) Le contenu de la modification
Le contrat peut être prolongé, il peut être remis en vigueur s’il était suspendu sauf
dans le cas de non-paiement de la prime.

c) La preuve de la modification
Normalement, la modification proposée prend effet dès l’expiration de 10 jours.
Mais le mode de preuve normale de la modification est l’avenant il fait corps avec la police
qui demeure applicable sur tous les points qui n’ont pas fait l’objet des modifications.

d) Les modifications apportées par l’assureur


Il arrive que pour substituer à une police de rédaction ancienne une police type plus
récente, les compagnies d’assurance envoient à la signature de l’assuré un nouveau contrat
qui annule et remplace le précédent.

Section 2 : Durée, tacite reconduction et résiliation du contrat d’assurance .


1) La durée du contrat.
Elle est fixée par la police et fait l’objet du libre accord des parties. Cependant les
contrats d’assurance sont généralement passés pour une durée déterminée, 1 an, 5 ans et
plus. Il est obligatoire que la durée du contrat soit mentionnée en caractère très apparent
afin que l’assuré soit prévenu du temps pendant lequel il devra exécuter son obligation de
paiement des primes.
2) La tacite reconduction.
Elle permet de prolonger la durée de la garantie. Les conditions de la tacite
reconduction sont l’existence d’un contrat à durée déterminée, l’arrivée du contrat à
l’expiration de la durée prévue, et l’insertion dans la police d’une clause expresse prévoyant
que, par accord tacite des parties, il y aura reconduction du contrat. Par ailleurs, les effets
de la tacite reconduction sont les suivants : - le contrat est renouvelé pour un an et peut
ainsi être indéfiniment prolongé d’année en année par le jeu de la clause ;
- un nouveau contrat remplace l’ancien ;
- la tacite reconduction étant facultative, une des parties peut y renoncer en
respectant le délai de préavis contractuel.
3) La résiliation du contrat d’assurance.
Chaque partie a la possibilité de résilier le contrat moyennant un préavis de 3 mois
avant l’échéance. Ce délai de préavis est surtout valable pour des contrats annuels tels que
l’incendie, le vol, le dégât des eaux, la responsabilité civile, etc. Il n’existe pas de forme
particulière pour présenter la résiliation, une lettre écrite par l’assureur ou par l’assuré
suffit largement. Et en cas de résiliation tardive pour une échéance déterminée, la lettre de
résiliation n’a pas de valeur pour l’échéance suivante, et doit être renouvelée. Lorsque l’une
des parties a utilisé la faculté de résiliation qui lui est offerte, en respectant le délai de
préavis applicable, le contrat prend fin à la date anniversaire de sa prise d’effet, et les
19

obligations des parties n’existent plus notamment, l’obligation au paiement de la prime de


l’assuré et l’obligation de garantie de l’assureur.
Il est à noter également que certaines modifications importantes dans les conditions
d’existence de l’assuré peuvent entraîner la résiliation du contrat d’assurance. Il s’agit :
- du changement de domicile,
- du changement de situation matrimoniale ;
- du changement de profession ;
- de cessation définitive d’activité professionnelle ;
- du non-paiement des primes par l’assuré.
Cela étant, pour que la résiliation du contrat soit effective, il faut que les
événements précités influencent directement l’objet du contrat c’est-à-dire que le risque
garanti dans la situation antérieure de l’assuré ne se retrouve pas dans sa situation
nouvelle. Par exemple, un changement de profession ouvrira éventuellement une faculté
de résiliation pour les contrats d’assurance de responsabilité professionnelle ou d’assurance
accidents corporels. Inversement, un simple changement de domicile est sans effet sur les
risques professionnels si l’emploi antérieur demeure.
CHAPITRE IV : LES ELEMENTS DU CONTRAT D'ASSURANCE.

La définition de l’assurance (Cf. Supra) permet de dégager les trois éléments que
l’on retrouve dans tout contrat d’assurance :
- un risque à garantir ;
- une prime qui est le prix de la sécurité ;
- une prestation de l’assurance en cas de sinistre.

Section 1 : Le risque.
Des trois éléments de l’assurance - risque, prime, sinistre - le risque est le plus
fondamental et détermine les deux autres car le calcul de la prime, comme la réalisation du
sinistre sont fonction du risque assuré. Le mot « risque » peut être interprété de plusieurs
façons :
- Le risque est d’abord l’éventualité d’un événement aléatoire, par exemple l’incendie, le
décès, la responsabilité civile. Cet événement est donc le fait générateur du sinistre.
- Le risque peut être également l’objet de la garantie c’est-à-dire l’élément du patrimoine,
l’activité ou la personne menacée par le risque-événement, et auxquels s’applique la
garantie. Par exemple, le risque est l’habitation ou l’usine assurée contre l’incendie.
- Par extension, le risque est le dommage lui-même causé par le sinistre.
Le risque étant l’élément fondamental du contrat d’assurance, il est l’objet même du
contrat, c’est pourquoi il doit être réel et licite.
Le risque est réel lorsque sa réalisation est possible. Bien entendu, cette réalisation
présente un caractère d’incertitude (aléatoire). En revanche, si le risque n’existe pas, le
contrat d’assurance devient nul faute d’objet. Par exemple, on ne pourrait assurer un bien
déjà détruit.
20

Le risque doit être licite, et l’objet du contrat ne saurait être contraire à l’ordre public (ex.
opérations de contrebande) ou aux bonnes mœurs.
Une fois que le risque s’avère réel et licite, donc bien caractérisé, il appartient à
l’assuré de le déclarer afin de porter à la connaissance de l’assureur l’objet de la garantie
demandée : quels éléments du patrimoine ou quelle activité sont à assurer contre quels
risques ? Ensuite, cet objet du contrat est délimité et précisé par les exclusions de risques
qui ne prennent pas en compte certains événements ou certains dommages.
1) La déclaration des risques.
La déclaration des risques est l’une des obligations fondamentales de l’assuré car
elle permet à l’assureur de former son opinion sur le risque à garantir, de le classer dans les
catégories de risques répertoriés par ses statistiques et de déterminer ainsi le prix de cette
garantie.

Du fait que le contrat d’assurance est à exécution successive, les risques qu’il
couvre peuvent se modifier en cours du contrat et notamment s’aggraver. C’est pourquoi le
législateur a imposé à l’assuré non seulement la déclaration des risques lors de la
conclusion du contrat, mais encore la déclaration des aggravations de risques.

Le non-respect de ces obligations entraîne des sanctions très graves. En effet,


l’assuré est obligé « de déclarer exactement lors de la conclusion du contrat , toutes les
circonstances connues de lui qui sont de nature à faire apprécier par l’assureur les risques
qu’il prend à sa charge ».

Quand la loi impose à l’assuré de ne déclarer que les circonstances connues de


lui, cela implique que si une circonstance est inconnue de l’assuré, celui-ci ne commet
aucune faute en ne la déclarant pas, il est normalement garanti même si cette circonstance
est de nature à changer totalement l’opinion de l’assureur sur le risque. Les circonstances
connues de l’assuré et qu’il doit déclarer peuvent être de deux sortes :
 Les circonstances objectives qui sont celles qui permettent à l’assureur de mesurer
la probabilité et l’intensité du risque et de le tarifer en conséquence ;
 Les circonstances subjectives sont celles qui concernent la personne même de
l’assuré : est-il déjà assuré pour le même risque ? A-t-il déjà subi des sinistres ? S’est-
il déjà vu retirer son permis de conduire ? etc.

Une fois conclu, le contrat doit en principe s’exécuter conformément à la volonté


des parties. Mais il peut arriver que les circonstances qui ont présidé à la conclusion du
contrat s’aggravent, il faudra alors adapter le contrat, et l’assuré est obligé de « déclarer à
l’assureur les circonstances spécifiques qui ont pour conséquences d’aggraver les risques ».
Dès que la déclaration d’aggravation des risques est effectuée, l’assuré est en situation
régulière et totalement garantie si un sinistre survient. Il faut faire remarquer que si des
irrégularités sont commises dans la déclaration des risques et de celle des aggravations de
risques, avant de sanctionner, il faut vérifier si l’assuré est de mauvaise foi ou s’il est de
bonne foi.
21

a) L’assuré est de mauvaise foi.

En cas de fausse déclaration intentionnelle de la part de l’assuré, le contrat d’assurance est


nul, et les primes payées demeurent acquises par l’assureur qui a droit au paiement de
toutes les primes dues à titre de dommages et intérêts. La nullité du contrat implique la
disparition rétroactive de la garantie de l’assureur envers l’assuré. Il en résulte que
l’assureur pourra demander à l’assuré le remboursement de toutes les indemnités versées
pour régler des sinistres antérieurs.

b) L’assuré est de bonne foi.

Si on oublie ou on fait une déclaration inexacte, sans mauvaise foi aucune, cela
n’entraîne pas la nullité du contrat d’assurance. Deux situations peuvent se présenter.

*) L’irrégularité est découverte avant un sinistre ; l’assureur dispose alors de deux options :
- le maintien du contrat d’assurance moyennant une augmentation de prime que
l’assuré peut accepter ou refuser. Dans le cas d’acceptation, le contrat se trouve
modifié à dater du nouvel accord. En cas de refus, l’assureur peut résilier le contrat
et demander une indemnité de résiliation ;
- la résiliation du contrat qui peut être sollicitée directement par l’assureur dès la
découverte de l’inexactitude. Il la notifie au préalable à l’assuré. La divisibilité de la
prime s’applique dans ce cas-ci et l’assureur doit restituer à l’assuré de bonne foi le
prorata de prime qui correspond à la période non garantie.
*) L’irrégularité est découverte après sinistre : « la règle proportionnelle de prime »
s’applique. Dans la plupart des cas, l’irrégularité est découverte par l’assureur à l’occasion
d’un sinistre. La sanction est alors la réduction de l’indemnité en proportion du taux de
prime payée par rapport au taux de prime qui aurait dû être payé si les risques avaient été
complètement et exactement déclarés.

Il s’agit de la règle proportionnelle de taux de prime dont la formule est :

Réduction proportionnelle de prime


(Sanction de la sous-tarification de risque)
Indemnité = dommage x taux de prime payée (1)
taux de prime due

Cette sanction appelée « la réduction proportionnelle de prime » rétablit donc


l’équilibre de l’opération d’assurance, elle est applicable si les circonstances inexactement
déclarées ont été sans influence sur la réalisation du sinistre, car c’est l’équilibre technique
de l’assurance qui a été faussé et la réduction proportionnelle de prime le rétablit.
Enfin, la résiliation est aussi l’une des sanctions en cas de découverte de l’inexactitude à
l’occasion d’un sinistre.
c) Les déclarations irrégulières non sanctionnées
22

Il peut arriver qu’une déclaration irrégulière n’entraîne aucune sanction, soit du


fait de l’assuré, soit du fait de l’assureur.
*) Du fait de l’assuré : il peut d’abord évoquer un cas de force majeure l’ayant empêché de
remplir son obligation. Il faut remarquer que si l’assuré ignore les faits à déclarer, il n’est
pas en faute et n’encourt aucune sanction. La rétractation c’est-à-dire la déclaration
spontanée du sinistre, rétablit la bonne foi de l’assuré.

*) Du fait de l’assureur : trois exceptions peuvent être évoquées par l’assuré.


- La connaissance par l’assureur des faits omis ou inexactement déclarés peut être
interprétée comme une renonciation à demander des sanctions. Dans tous les cas, la
preuve de la connaissance des faits par l’assureur ou son mandataire qualifié incombe à
l’assuré.
- D’une manière plus générale, l’assureur peut renoncer expressément ou tacitement à
appliquer les diverses sanctions.

*) Il peut renoncer expressément et par avance, en insérant à la police une « clause


d’incontestabilité ».

*) Il y a renonciation tacite lorsque par un comportement clair, l’assureur a manifesté son


intention d’exécuter le contrat : encaissement des primes au taux initial, déclaration de
prise en charge du sinistre. Par conséquent, il est exigé de l’assureur une grande prudence
dès qu’il a connaissance des irrégularités.
- La prescription peut enfin être évoquée par l’assuré c’est-à-dire après un laps de temps, si
l’assureur n’évoque pas les omissions ou inexactitudes commises par l’assuré, ce dernier ne
peut être sanctionné pour ces faits-là. Le point de départ du délai est le jour où l’assureur a
eu connaissance de la réticence, omission fausse ou inexacte.

Le cadre du contrat ainsi défini, les limites apportées à la garantie sont contenues dans les
« exclusions des risques », qui mettent hors de l’assurance, un certain nombre
d’événements ou de dommages pour lesquels il y a dès lors « non-assurance ».

2. Les exclusions de risques.

Certains risques ne peuvent être couverts par l’assurance.

a) Les risques de guerre, émeutes et mouvements populaires .

L’assurance ne peut couvrir que des risques suffisamment dispersés pour que
puisse jouer la compensation par la loi des grands nombres. Les faits de guerre entraînent
des destructions massives de biens matériels, et des pertes en vies humaines que
l’assurance ne pourrait prendre en charge.

b) La faute intentionnelle ou dolosive.

Celle-ci existe lorsque l’assuré réalise le dommage garanti et provoque


sciemment et volontairement le sinistre, tout en ayant parfaitement conscience des
conséquences de son acte (il y a donc sinistre volontaire).
23

En effet, introduire la garantie de l’assurance pour une faute intentionnelle dans


l’opération d’assurance en fausserait les prémisses ; la technique de l’assurance exige que le
risque assuré soit un événement aléatoire, dont la réalisation ne dépend pas de la volonté
de l’assuré ni du bénéficiaire du contrat.

Deux exemples peuvent être signalés :


- le suicide conscient : le suicide est l’action de causer volontairement sa propre mort.
Cet acte, dans l’esprit de celui qui le commet, doit entraîner à coup sûr la mort ;
- le meurtre de l’assuré par le bénéficiaire.

Section 2 : La prime.

La prime-prix de l’assurance représente techniquement la valeur du risque


garanti, son calcul relève d’une évaluation essentiellement technique. Le vocable « prime »
est le terme générique désignant la somme payée à une entreprise d’assurance pour la
garantie d’un risque.

1. Le calcul de la prime.
La fixation de la prime est librement effectuée par les parties.

1.1. La prime pure technique.

Le montant de la prime pure correspond techniquement au coût probable du


risque garanti, il est déterminé par deux paramètres, le taux de prime et le montant des
capitaux assurés.

Prime pure = taux de prime x capitaux assurés (2)

Pour que la prime soit juste, il faut que le taux de prime applicable au contrat soit
correctement calculé, et que les capitaux assurés qui constituent l’assiette de prime
correspondent à la valeur du bien. L’assureur dispose de deux « règles proportionnelles »
dont l’application lui permet de rétablir l’équilibre du contrat s’il est rompu, c’est d’une
part « la règle proportionnelle de prime » que l’on pourrait appeler « règle proportionnelle
de capitaux » et d’autre part, «la règle proportionnelle d’assiette de prime ».

A La tarification et la règle proportionnelle.

a) La tarification.
Techniquement, les risques sont appréciés par des critères statistiques de
probabilités (fréquences) et d’intensités (coût moyen) qui permettent d’en établir la
tarification.

a.1. Les fréquences des sinistres.


24

Le calcul des probabilités permet, par référence au recensement statistique des


événements passés, groupés en risques homogènes de même nature, d’estimer les chances
de réalisation des sinistres.
Par exemple, si en un an, il se produit pour tel type d’habitation 15 incendies pour 10.000
maisons, la probabilité, qui est le rapport du nombre de cas favorables à l’arrivée d’un
événement au nombre total de cas possibles, se traduit par la fraction 15/10.000.
Statistiquement, ce rapport traduit la « fréquence » des sinistres.

a.2. Le coût moyen des sinistres.

La probabilité doit être pondérée par la considération de l’intensité moyenne des


sinistres. En effet, la réalisation du risque n’est pas obligatoirement totale, et sur 15
maisons incendiées, 4 peuvent l’être totalement, 5 à moitié et 6 pour une faible part, de
sorte qu’en moyenne, on peut estimer par exemple les sinistres à 60% du risque total. Cette
intensité permet de calculer « le coût moyen » des sinistres pour une unité de valeur
donnée. Ainsi, pour une valeur assurée de 1.000 Fc, le coût moyen par sinistre sera de
60/100 x 1.000 = 600 Fc.

a.3. Le taux de prime.

Il peut être établi sur les deux paramètres statistiques de la fréquence et du coût
des sinistres :
Taux de prime = fréquence x coût moyen des sinistres (3)

Ex : Taux de prime = 15/10.000 x 600 = 0,9 pour 1.000 Fc


(9/10 = 0,9 pour 1.000 Fc )

b) La règle proportionnelle de prime.

C’est par l’examen de la proposition d’assurance que l’assureur apprécie le risque et peut le
classer dans les tarifs préétablis. Si par suite d’une erreur dans la déclaration des risques*
l’assureur a sous-estimé le risque, l’équilibre du contrat ne pourra être rétabli au jour du
sinistre que par une réduction de l’indemnité, proportionnelle au rapport exigé entre le
taux de prime payé et celui qui aurait dû si le risque avait été correctement déclaré. Voir
formule (1), supra.
B. L’assiette de la prime et la proportionnelle de capitaux.

La valeur des biens assurés n’est pas toujours identiques, dans chaque cas
particulier la prime doit être calculée en fonction de la valeur du capital que l’assuré
entend garantir. Dans l’exemple précédent, la prime pure d’assurance incendie d’une
maison de 100.000 Fc tarifé au taux de 0,9 pour 1.000 sera donc de 90 Fc par an.

Pp = tx prime x capitaux assurés


= 0,9/1.000x 100.000
= 90 Fc / an
25

a) Détermination de la valeur d’assurance.

a1. Les biens assurés à valeur déterminée.


Les biens meubles ou immeubles des particuliers, les actifs fixes ou les
immobilisations des entreprises ont une valeur déterminée.
*) La valeur d’assurance est :
o la « valeur d’usage » pour les biens utilisés par le propriétaire. La valeur d’usage est
la valeur de remplacement moins une dépréciation pour vétusté ;
o la « valeur à neuf » comprend une garantie de la vétusté qui permet à l’assuré de
bénéficier d’une garantie plus complète.

*) La fixation de la valeur d’assurance peut être opérée de deux manières lors de la


souscription du contrat :
o la « valeur déclarée » c’est-à-dire celle souscrite par l’assuré sans aucun contrôle de
la réalité. Elle ne constitue pas une preuve de la valeur du bien pour le jour du
sinistre, mais seulement l’assiette de la prime et la limite d’engagement de
l’assureur ;
o la « valeur agréée ». Celle établie de manière contradictoire entre l’assureur et
l’assuré au moment de la souscription du contrat. La valeur agréée, établie par
expertise, constitue un élément de preuve de la valeur du bien au jour du sinistre.

a2. L’assurance des stocks : les assurances à risques et primes variables.

Dans les assurances des stocks, il est prévu, dès la conclusion du contrat, des
variations de la valeur du risque au cours de son exécution. On appelle « la police flottante
ouverte » ou « la police d’abonnement » la police d’assurance portant sur des objets qui
peuvent être constamment modifiés au cours du contrat, la quantité de marchandises, de
biens ou d’objets dont la valeur est assurée doit être déclarée périodiquement afin que
l’assureur ait une idée sur les variations de la valeur du risque.

b) La règle proportionnelle de capitaux = règle proportionnelle d’assiette de


prime.

Lorsqu’au jour du sinistre, il apparaît que la valeur déclarée des capitaux assurés
est inférieure à leur valeur assurable réelle, on dit qu’il y a sous-assurance, et l’indemnité
est obtenue par la règle proportionnelle de capitaux, qui se traduit par une réduction de
l’indemnité en cas de sinistre dans la proportion du rapport, entre la valeur déclarée et la
valeur assurable.

Réduction proportionnelle de capitaux


(conséquence de la sous-assurance)

Indemnité = Dommage x Valeur déclarée (4)


Valeur assurable
26

L’assurance relative aux biens est un contrat d’indemnisation : l’indemnité due


par l’assureur à l’assuré ne peut dépasser le montant de la valeur de la chose assurée au
moment du sinistre. En effet, la mise en jeu du contrat d’assurance ne peut en aucun cas
être une occasion d’enrichissement pour l’assuré ou sa victime dont la réparation doit être
strictement proportionnelle au dommage subi.
Donc, surévaluer les capitaux conduit à payer un excès de prime alors que de
toute façon l’indemnité sera toujours limitée au dommage subi.

c) Autres paramètres de la prime : durées de l’assurance et taux des intérêts.

Dans le calcul de la prime pure, deux autres éléments doivent être pris en
compte :
- la durée de l’assurance qui et généralement l’année. Si le risque apparaît constant
d’une année à l’autre, l’assuré paiera annuellement la prime correspondant au coût
de l’assurance d’une année. Pour de brèves périodes inférieures à une année, la
prime due est une fraction de la prime annuelle ;
- le taux des intérêts: l’assureur peut retirer un intérêt des primes qu’il collecte à
l’avance et qu’il place.
1.2. Les chargements de la prime.

Le chargement est la somme qu’il faut ajouter à la prime pure d’une assurance
afin de couvrir un certain nombre de frais inhérents à la gestion de l’entreprise d’assurance
et à la gestion particulière du contrat souscrit.
On rencontre :
- le chargement commercial = il s’agit des frais généraux nécessaires au
fonctionnement de l’entreprise tels que loyers, salaires, expertises, impôts, etc.
- le chargement fiscal = il s’agit des différentes taxes selon la branche d’assurance.
2. Le paiement de la prime.

L’assuré est obligé de paver la prime au taux et à la date convenue, sinon


l’assureur ne peut pas garantir le risque. En principe, la prime est payable au début de la
période garantie afin de pouvoir régler les sinistres qui surviennent au cours de l’année.
Mais si pour une raison quelconque, le contrat est résilié avant la fin de l’année de garantie,
l’assureur ne doit plus sa garantie et corrélativement, la portion perçue pour cette période
doit être restituée à l’assuré. Il s’agit du principe de la divisibilité de la prime.

En cas de non-paiement des primes à l’échéance, l’assureur doit respecter une


procédure bien précise avant la résiliation du contrat ; tout d’abord la mise en demeure,
ensuite la suspension de la garantie et enfin la résiliation.

En effet, l’assureur doit au préalable, adresser à l’assuré une lettre « de mise en


demeure » qui doit rappeler le montant de la prime et la date d’échéance, et le fait que
l’assuré risque une prochaine suspension de garantie. Pendant ce temps, la garantie est
maintenue durant un délai de 30 jours et si un sinistre survient, l’assureur doit le régler. Au
27

début de ces 30 jours, si l’assuré n’a toujours pas payé, il y a suspension de la garantie. Et
dès qu’il paie, la garantie est remise en vigueur.

Enfin, il y a résiliation du contrat par l’assureur seulement 10 jours après le délai


de 30 jours qui ouvre la suspension de la garantie, donc après la mise en demeure.

Tableau récapitulatif

- Echéances de prime + 10 jours = Mise en demeure possible


- Mise en demeure + 30 jours = Suspension de la garantie
- Suspension de la garantie + 10 jours = Résiliation
- Ou Mise en demeure Résiliation + 30 jours + 10 jours = Suspension de la garantie +
N.B. : Ces délais sont impératifs, dans la loi française, et ne sauraient être réduits dans la
police.

Section 3 : Le sinistre.

Il y a sinistre lorsque le risque prévu dans un contrat en cours d’exécution se réalise et


suscite l’obligation de garantir de l’assureur. La survenance d’un sinistre est un élément
normal dans le processus d’assurance, et le contrat se poursuit jusqu’au terme prévu. La
réalisation du sinistre suscite des obligations de l’assuré et de l’assureur.

1. Les obligations de l’assuré en cas de sinistre et la théorie de la déchéance.

L’assuré est légalement tenu d’une seule obligation : déclarer le sinistre à


l’assureur dans un certain délai.

1.1. L’obligation de déclaration du sinistre.

L’assuré est obligé « de prévenir l’assureur dès qu’il en a eu connaissance et au


plus tard dans les 8 jours, de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de l’assureur ».
Ce délai de 8 jours ne peut être réduit, en revanche il peut être prolongé d’un
commun accord entre les parties contractantes. Le délai commence à courir le lendemain
du jour où l’assuré a eu connaissance du sinistre.

1.2. La théorie de la déchéance.

La déchéance se définit comme la perte d’un droit. En matière d’assurance, la


déchéance est la perte du droit à la garantie de l’assureur à rencontre d’un assuré qui n’a
pas exécuté ses obligations en cas de sinistre. La déchéance qui est une sanction, s’applique
non seulement en cas de déclaration tardive du sinistre mais aussi pour une inexécution de
toutes les autres obligations imposées par l’assureur.

Son résultat est de supprimer toute indemnisation de l’assuré pour le sinistre à


propos duquel la faute a été commise, sans que le contrat lui-même n’en soit affecté. On
ne fait pas de distinction entre l’assuré de bonne foi et l’assuré de mauvaise foi. Dans tous
28

les cas, la déchéance suppose qu’il y ait eu sinistre donc la réalisation du risque prévu au
contrat. Elle doit être claire, précise et mentionnée en caractères très apparents dans la
police.

2. Les obligations de l’assureur en cas de sinistre.

L’obligation fondamentale de l’assureur est le règlement du sinistre. Néanmoins,


il peut diriger la défense de son assuré dans le procès intenté contre lui par la victime.
Lorsqu’au moment de la conclusion du contrat, l’éventualité de la réalisation du risque était
aléatoire, l’obligation de l’assureur était alors « conditionnelle », elle devient « certaine »
par la réalisation du sinistre. Le créancier de la prestation est souvent l’assuré-souscripteur
du contrat, soit l’assuré pour le compte duquel le contrat a été souscrit, soit le bénéficiaire
désigné dans l’assurance de personne en cas de décès. C’est au créancier, assuré ou
bénéficiaire, d’apporter la preuve du sinistre (déclaration) et la preuve de l’obligation de
garantie de l’assureur (la police en est l’instrument essentiel). Quant à la prestation de
l’assureur, c’est souvent une somme d’argent.
29

CHAPITRE V: LES ENTREPRISES D'ASSURANCE.

L’activité d’assurance comprend un aspect technique d’organisation et de gestion


que l’on ne peut appréhender que par les entreprises d’assurance. Dans tous les pays
développés, on s’est efforcé d’élaborer une législation homogène établissant un véritable
statut des entreprises d’assurance.

Section 1: Notions générales sur l’organisation professionnelle de


l’assurance.

1) L’organisation d’une entreprise d’assurance.

Si l’organisation interne d’une entreprise d’assurance varie avec sa taille et les


branches exercées, on peut néanmoins donner un organigramme type de société où sous
l’autorité du P.D.G., assisté d’un Secrétaire Général, quatre directions mettent en œuvre les
quatre fonctions principales : administrative, commerciale, financière et technique.

1.1. La direction administrative.

Elle a sous son autorité les services généraux de l’entreprise c’est-à-dire : :


- les services du personnel,
- les bureaux d’études et d’organisation,
- les services de dactylographie, d’expédition des polices, des quittances, des
bordereaux aux agents et courriers,
- le service de comptabilité.

1.2. La direction technigue.

Elle a sous sa responsabilité les services de production et de règlement des sinistres.

1.3. La direction commerciale.

Elle comporte généralement :

- un service financier chargé en général du portefeuille des valeurs mobilières de la


société,
- un service immobilier qui est chargé de gérer le domaine immobilier.

2) Les intermédiaires d’assurance.

L’entreprise d’assurance propose un produit, la sécurité, qu’elle doit vendre. Pour


placer les contrats d’assurance auprès du public, il existe un réseau d’intermédiaires
souvent appelés « producteurs » qui sont de deux sortes, les agents généraux et les
courtiers.
30

Les intermédiaires d’assurance sont donc des personnes chargées de la présentation au


public des opérations pratiquées par les entreprises d’assurance, ils sont rémunérés par des
« commissions » qui sont des pourcentages sur les primes d’assurance versées par les
entreprises en contrepartie de l’apport de contrats nouveaux et éventuellement de
l’activité de gestion effectuée. Ces intermédiaires agissent sous le contrôle des entreprises
mandantes.

2.1. Les agents généraux d’assurance.

C’est par leur réseau d’agences que les entreprises d’assurance sont en contact
avec le public : l’agent général est une personne physique qui a la charge de placer des
opérations d’assurance et éventuellement de les gérer pour la société dont il est le
mandataire. L’agent général exerce une profession libérale, il peut recruter des sous-
agents qui sont ses propres mandataires.
Jusqu’il y a peu, les agents généraux d’assurance n’existaient pas au Congo Démocratique.
Cette structure est née depuis le 17 Juin 1993 lorsque la SONAS a procédé à l’ouverture
d’une agence à la Gombe qui avait la compétence de percevoir des primes et de régler
directement les sinistres.

a) Le contrat d’agence.

Le contrat d’agence détermine les relations qui naissent entre l’agent et la


société. L’agent est lié par deux règles d’exclusivité à la société d’assurance qu’il représente
: une exclusivité de production et une exclusivité territoriale.
*) L’exclusivité de production.
L’agent général est obligé de réserver l’exclusivité de sa production à la société qu’il
représente et il ne doit donc, ni personnellement ni par personne interposée, accepter la
représentation d’autres sociétés dans les mêmes catégories d’assurances. Cette exclusivité
de production est cependant atténuée par les dispositions suivantes :
- un agent peut représenter plusieurs sociétés pratiquant des branches différentes,
- un agent peut faire souscrire auprès d’un autre assureur des risques que sa société
ne pratique pas, ou qu’elle a refusés ou résiliés, ou encore qu’elle n’a acceptés que
pour partie (il ne peut alors présenter à une autre compagnie que la partie du risque
non couverte).

*) L’exclusivité territoriale.

En contrepartie de l’exclusivité de production, l’agent bénéficie d’une exclusivité


territoriale de souscription et de gestion portant sur les risques situés dans sa
circonscription. Le principe de la « territorialité des agences » ne permet à la société de
créer une nouvelle agence dite « agence B » dans la circonscription, que par accord des
parties.

L’exclusivité de production et territoriale imposée à l’agent général suppose en


contrepartie, que celui-ci bénéficie des mêmes avantages que ceux accordés au
producteur le plus favorisé. En effet, les sociétés ne doivent pas de leur côté, accepter pour
31

le même risque, de traiter avec un autre producteur à des conditions différentes que celles
qui ont été fixées à leur agent général.

Mandataire de sa compagnie, l’agent général apparaît parfois comme le


mandataire de l’assuré, son client, qu’il conseille. S’il dépasse ses pouvoirs, la société
mandante est débitrice à l’égard des assurés abusés. Bien entendu, la société peut ensuite
se retourner contre son mandataire et mettre en jeu sa responsabilité s’il a mal rempli son
mandat.

b) L’activité de l’agent et sa rémunération.

Le contrat qui lie l’agent à la société prévoit le contenu et les limites de son
activité qui peut être restreinte à la seule transmission à la société des propositions
d’assurés, ou étendue à la signature des polices, l’encaissement des primes et les
règlements des sinistres courants.
Selon donc l’étendue du mandat qui lui est conféré, l’agent reçoit une commission
d’apports et une commission de gestion.

La commission d’apports rémunère son travail de « production », c’est-à-dire d’apport de


contrats nouveaux à. la société. Quant à la commission de gestion, elle rémunère l’agent
des travaux de gestion qui sont déterminés dans le traité de nomination. Enfin, le taux des
commissions est fixé par accord entre les parties, sous réserve des certaines limites établies
par le ministère de tutelle.

Les fonctions de l’agent général cessent par la révocation, la suppression


d’agence ou la création d’une agence B dans la circonscription, la démission, la cessation
volontaire des fonctions, le décès.

2.2. Les courtiers d’assurance.

Le courtier est un commerçant indépendant inscrit au registre de commerce et


soumis à toutes les obligations des commerçants, spécialisé dans une branche d’assurance,
il a la faculté de présenter les demandes de garantie des assurés à l’entreprise d’assurance
de son choix. Il est également admis que le courtier est le mandataire de l’assuré.

a) Le courtier, mandataire de l’assuré.

Le courtier d’assurance, souvent appelé « assureur-conseil », effectue des actes


en plaçant les risques de ses clients auprès des compagnies qui lui semblent les mieux
disposées à les garantir. Propriétaire de son portefeuille, peut le céder à un successeur qu’il
choisit en toute indépendance. Mandataire de ses clients-assurés, il engage sa
responsabilité lorsqu’il commet une faute dans l’accomplissement de son mandat.

b) Le courtier et ses rapports avec les entreprises d’assurance.


32

Mandataire de l’assuré, le courtier peut également être mandataire de l’assureur


pour lequel il opère le recouvrement des premières primes ou délivre des notes de
couverture.

Au Congo Démocratique, le courtier doit, avant d’exercer ses fonctions, être


obligatoirement agréé par la SONAS qui détient le monopole sur le marché des assurances.
Le courtier peut être une personne physique ou une personne morale de droit privé.
L’agrément est donné pour une durée indéterminée mais il peut être à tout moment retiré
par la SONAS sous certaines conditions, par exemple quand le courtier manque à ses
devoirs professionnels.

Au terme de l’article 5 du statut de courtier, la SONAS conserve le droit de traiter


directement avec les assurés contrairement aux usages en vigueur dans d’autres pays où il
est interdit à l’assureur d’entrer directement en contact avec les clients. Cette dérogation
intervient dans le souci de la SONAS d’asseoir son monopole. En contrepartie du service
rendu, le courtier perçoit une commission qui est fixée, soit forfaitairement par la SONAS,
soit en pourcentage de la prime nette.

Le mandat du courtier d’assurance peut prendre fin pour les causes suivantes : le
décès du courtier, sa faillite, le non versement du cautionnement, la cessation volontaire
des activités, le retrait de l’agrément, la condamnation du courtier pour certaines
infractions.
3. Les relations entre les entreprises d’assurances : la coassurance et la réassurance.
Les relations entre les entreprises d’assurance sont multiples et s’exercent sur
divers plans. Mais sur le plan strictement juridique, ce sont ces rapports nés des contrats en
coassurances et des contrats de réassurances qu’il faut souligner.

3.1. La coassurance.

La coassurance est l’opération par laquelle plusieurs sociétés d’assurance


garantissent, au moyen d’un seul contrat, un même risque important, chacune d’elles
prenant en charge une fraction des capitaux en fonction de sa capacité financière. La
coassurance permet le placement des gros risques sur le marché international de
l’assurance, elle se distingue des assurances multiples et, pour couvrir le risque à 100%, les
capitaux sont divisés, chaque coassureur accepte de couvrir le nombre de parts qui
correspond à sa partie.
En pratique, la coassurance est réalisée par le biais d’un contrat d’assurance
unique, appelé « police collective », souvent « à quittance unique » sur lequel s’engage
partiellement chaque coassureur.

On appelle « société apéritrice » la société qui, au nom des autres sociétés


d’assurance appelées « coassureurs », discute des conditions du contrat, rédige la police, et
constitue l’interlocuteur normal de la coassurance auprès de l’assuré. Le placement du
risque par l’assuré peut être effectué à la souscription.
33

En ce qui concerne le paiement des primes, c’est la société apéritrice qui reçoit la
prime globale et la répartie ensuite entre tous les coassureurs. Si la prime n’est pas payée,
c’est encore la société apéritrice qui, pour le compte de tous les co-assureurs, entame la
procédure de suspension de la garantie.

Quant au règlement des sinistres, la déclaration du sinistre est faite à la société


apéritrice qui procède seule aux opérations de règlement moyennant une compensation
forfaitaire des coassureurs. Si le sinistre est trop important (en termes financiers), une «
commission de règlement » est formée entre les coassureurs, et lorsque le montant de
l’indemnité est arrêté, la société apéritrice demande aux coassureurs le paiement de leur
quote-part.

Si l’assuré désire résilier globalement la police d’assurance à l’égard de tous les


coassureurs, il doit adresser sa lettre de résiliation à la société apéritrice en respectant les
conditions et délais de préavis légaux, et en précisant bien que c’est l’ensemble du contrat
qu’il résilie. Si ce sont les coassureurs qui veulent résilier le contrat, par exemple après un
gros sinistre, la résiliation est notifiée à l’assuré par la société apéritrice au nom de tous. La
résiliation partielle peut être souhaitée. Et dans le cas où cela émane de l’assuré, son
intermédiaire d’assurance doit d’abord trouver de nouveaux coassureurs pour que la
garantie soit maintenue complètement, et adresser la lettre de résiliation aux seuls
coassureurs visés. Si c’est un ou plusieurs coassureurs qui désirent résilier leur participation
à la coassurance, chacun d’eux notifie à l’assuré la résiliation pour sa propre part.

3.2. La Réassurance.

La réassurance est l’opération par laquelle une entreprise d’assurance se fait


assurer à son tour pour tout ou partie des risques qu’elle demeure seule à garantir à l’égard
de l’assuré. En fait, c’est un contrat par lequel un assureur, dénommé « cédant », se réassure
pour tout ou certains des risques qu’il a pris en charge auprès d’un assureur spécialisé,
appelé « réassureur ».
La réassurance permet de diluer les risques au maximum en laissant à chaque assureur la
seule charge de ce qu’il doit conserver pour son propre compte, afin de respecter son «
plein d’assurance ». La réassurance peut être facultative et ne porter que sur une affaire ou
un groupe d’affaires, sans que les parties soient liées en permanence.

Sans réassurance, il ne peut y avoir couverture des grands risques. Elle diffère de la
coassurance, dans la mesure où l'assuré n'a aucun lien de droit avec le réassureur qu'il ne
connaît pas. Mais elle résulte, le plus souvent d'un partage d'affaire entre la société
cédante et le réassureur, concrétisé par la conclusion d'un Traité de réassurance.

Celui-ci porte non pas sur un risque isolé, mais sur un volume d'affaires. C'est pourquoi, elle
a vocation à garantir l'assureur contre le risque présenté par la prise en charge de sinistres
trop importants par rapport à ses capacités financières. La société cédante conserve à sa
charge une part de sinistre appelée "plein de rétention".

La garantie du réassureur s'applique par risque et par réclamation.


34

Le marché de la réassurance est techniquement très complexe, il porte sur des


engagements importants et, il a un caractère international. La réassurance n'est pas
soumise aux règles du Code des Assurances.
Dans tous les cas, il faut comprendre qu’à l'occasion de nombreux sinistres, les assureurs
doivent non seulement rendre des comptes à leurs assurés, mais également à leurs
coassureurs ou leurs réassureurs. Ces derniers, souvent étrangers, comprennent mal
l'évolution de la jurisprudence dans des domaines particuliers de risques de responsabilité
civile (médical, industriel...) et obligent les assureurs à se "débarrasser" de certains risques,
les rendant inassurables.

Section 2 : Les formes juridiques des entreprises d'assurance.

La technique d’assurance impose une organisation de l’entreprise capable de


mettre en œuvre une large neutralité des risques basée sur la loi des grands nombres : la
petite et moyenne entreprise ne saurait donner des garanties suffisantes.

Seules les formes juridiques suivantes peuvent s’organiser en entreprise d’assurance :

- Les sociétés commerciales telles qu’une société anonyme qui peut être une société privée
ou une société nationalisée. De telles sociétés sont obligées d’avoir une provision
financière suffisante pour leur permettre de faire face aux paiements qu’elles auront à
effectuer. Malgré cela, pour plus de sécurité, les entreprises d’assurance doivent posséder
un patrimoine libre pour affronter tous les aléas de l’activité qu’ils soient d’ordre interne ou
liés aux difficultés économiques extérieures aux entreprises. C’est le rôle de la Marge de
solvabilité. Toute entreprise d’assurance doit en posséder une, suffisante par rapport à
l’importance de son activité. Au Congo Démocratique, la seule entreprise d’assurance qui
existe est une société publique ayant adopté la forme d’une société par actions à
responsabilité limitée (S.A.R.L. = S.A. en France).
- Les sociétés d’assurance mutuelles ou entreprises d’assurance à force civile. Ces sociétés
ont un objet non commercial, elles sont fondées sur une mutualité d’adhérents et
constituées pour assurer les risques apportés par leurs sociétaires. Moyennant le paiement
d’une cotisation fixe ou variable, elles garantissent à ces derniers le règlement intégral des
engagements qu’elles contractent.

Section 3 : Le contrôle de l’Etat sur les entreprises d'assurance.

L’activité d’assurance intéresse l’Etat de très près, c’est pourquoi dans les pays
comme la France, pour compléter les attributions du ministère de ¡’Economie, une
Commission de contrôle des assurances et un Conseil national des assurances ont été mis
en place. L’ensemble de ce dispositif intervient à tous les instants dans la vie de la société
d’assurance et fonctionne sous forme de contrôles, contrôle administratif d’une part,
contrôle financier de l’autre. A la création de la société, on a tout d’abord la procédure de
l’agrément de la nouvelle société, puis c’est le contrôle continu de sa solvabilité au cours de
son activité, et enfin, au terme de sa vie, c’est le contrôle du transfert de son portefeuille ou
le contrôle de sa liquidation qui intervient.
35

Dans nos propos, nous ne traiterons pas cette dernière étape.

1. Le contrôle administratif.

L’agrément est l’acte par lequel le ministre de tutelle des assurances (Finances)
permet à une société d’assurance d’entreprendre son activité sur le territoire national,
après avoir exercé son contrôle sur les garanties présentées par l’entreprise. Aucune
entreprise d’assurance, quelle que soit sa forme juridique, ne peut commencer son
exploitation sans avoir au préalable obtenu un agrément administratif. Ce dernier peut lui
être par la suite retiré à tout moment. L’Agrément est demandé par l’entreprise pour
opérer dans une ou plusieurs branches d’assurance mais bien entendu celle-ci voit son
activité limitée aux branches pour lesquelles l’agrément est donné. C’est la règle de la
spécialité de l'agrément.

Il faut noter une exception importante au contrôle administratif de l’Etat sur les
entreprises d’assurance : les entreprises ayant exclusivement pour objet la réassurance ne
sont pas soumises au contrôle de l’Etat. Cette exception se justifie par des raisons
techniques car la réassurance est une activité essentiellement internationale, et ne saurait
être entravée par d’excessifs contrôles se superposant d’Etat à Etat.

2. Le contrôle financier.

En vue de maintenir constamment la solvabilité de l’entreprise face à ses


créanciers, notamment face à ses créanciers privilégiés que sont les assurés, la commission
de contrôle des assurances contrôle très étroitement les provisions techniques. En outre,
elle exige la constitution d’une marge de solvabilité et d’une réserve de garantie qui
doivent permettre à l’entreprise de rester à un niveau suffisant pour ne pas mettre en péril
les droits des assurés.

Lorsqu’il semble que les intérêts des assurés sont menacés, la commission peut
mettre en garde l’entreprise ou lui adresser l’injonction de prendre des mesures permettant
son rétablissement financier.

N.B. : Les provisions techniques représentent au bilan des entreprises d’assurances, les
dettes de la société à l’égard de ses créanciers et notamment à l’égard des assurés et
bénéficiaires des contrats d’assurance.

Les principales provisions en assurance-dommage sont les provisions


mathématiques de rentes, la réserve de capitalisation, les provisions pour sinistres restant à
payer, les provisions pour risques divers. En assurance-vie, les provisions techniques sont les
provisions mathématiques, la provision pour participation aux excédents, la provision de
capitalisation.
Les autres engagements réglementés sont les dettes privilégiées, la provision de
prévoyance, une réserve pour l’amortissement des emprunts, les dépôts de garantie des
agents, des assurés et des tiers.
36

Il faut noter que pour le Congo Démocratique, l’agrément est sans objet à l’heure
actuelle étant donné qu’il n’existe qu’une seule société d’assurance et que celle-ci est la
propriété de l’Etat congolais. S’il existe des contrôles, ce sont ceux prévus par la loi cadre
de 1978 sur les entreprises publiques.

Section 4 : Le marché congolais des assurances.

- Naissance de la Société Nationale d’Assurance (SONAS).

Ce sont les ordonnances-lois n° 66/622 et 66/622 bis du 23 Novembre 1966 qui


ont créé la SONAS. Actuellement, la SONAS est régie, au niveau de sa structure organique
et financière, par l’Ordonnance-loi n° 78/194 du 5 Mai 1978 et par la Loi n°78/02 du 6
Janvier 1978 sur les entreprises publiques congolaises. La SONAS est une entreprise
publique à caractère technique et commerciale dotée de la personnalité juridique.

- Objet social de la SONAS et garanties offertes.

L’article 2 de l’Ordonnance-loi n° 78/194 du 5 Mai 1978 définit la mission dévolue à la


SONAS :
- toutes opérations d’assurance, de coassurance et de réassurance avec les sociétés
étrangères établies à l’étranger ;
- toutes opérations relatives aux transactions immobilières notamment l’achat, la
location ou la vente d’immeuble aux particuliers et dont la gestion lui aura été
confiée ;
- le service spécial de contrôle technique des véhicules auto-moteur.

Elle peut aussi faire toutes opérations se rattachant directement ou


indirectement à son objet social. La SONAS couvre deux grandes catégories d’assurances
comprenant plusieurs branches :
- l’assurance des personnes (assurance-vie)
- l’assurance des choses avec 4 grandes branches :
o branche automobile o branche transport
o branche incendie
o branche responsabilité civile et risques divers.

- Raisons d’être de monopole de l’Etat sur le secteur des assurances.

Le droit exclusif que s’est attribué l’Etat Congolais dans l’exploitation du marché
des assurances avait un double fondement : c’était d’abord le souci de réorganiser le
secteur des assurances et ensuite celui de protéger une industrie nationale naissante.

a) Souci de réorganisation du secteur des assurances.

Avant la création de la SONAS, le secteur des assurances était extraverti et


inféodé à l’économie des pays développés (Cf. la Compagnie Charles Lejeune). Cette
dépendance occasionnait une fuite des capitaux au préjudice de l’Etat congolais. Il faut
37

aussi rappeler que les années 1966-1967 qui ont vu naître la SONAS sont celles au cours
desquelles l’Etat congolais réorganisait son économie. Ce sont donc tous ces éléments qui
ont poussé l’Etat à intervenir dans ce secteur économique afin de remettre le pouvoir de
décision aux mains des nationaux. Mais compte tenu de la quasi-inexistence de l’initiative
privée nationale, les pouvoirs publics ont dû confier le monopole d’exploitation des
assurances à une entreprise publique, la SONAS.

b) Souci de protection d’une industrie nationale naissante.

Par le monopole qui lui a été conféré, les pouvoirs publics voulaient encadrer une
jeune industrie nationale d’assurance. Et certaines compagnies qui existaient avant la
SONAS, furent agréées comme intermédiaires. Toutefois, le monopole de la SONAS
revêtait au départ un caractère provisoire car accordé pour une durée ne dépassant pas 5
ans. Après ce délai, l’industrie des assurances devait être soumise à la concurrence au profit
essentiellement des nationaux. Nous constatons que jusqu’à ce jour ce monopole de la
SONAS continue et s’est même consolidé.

- Organisation administrative de la SONAS.

Les structures de la SONAS sont celles arrêtées pour toutes les entreprises
publiques par la loi n° 78/08 du 6 Janvier 1978 à savoir, le Conseil d’Administration, le
Comité de Gestion, le Collège des Commissaires aux Comptes. En dehors de la Direction
Générale, la SONAS s’organise autour des directions suivantes :

- les directions techniques qui s’occupent de la production c’est-à-dire la tarification,


la confection des documents d’assurance, l’examen de propositions d’assurance ;
- les directions fonctionnelles qui sont chargées des problèmes relatifs aux activités
générales d’administration, d’organisation, de gestion financière intervenant dans
l’ensemble de la société ;
- les directions des provinces (régions) : l’organisation des services de la SONAS a des
ramifications à l’intérieur du pays où sont installés des directions provinciales
(régionales).

- Le contrôle de l’activité de la SONAS par l’Etat congolais.

Le contrôle de l’activité d’une entreprise constitue un handicap par rapport à


l’autonomie dont elle pourrait jouir. Mais ce contrôle s’impose pour le respect de la légalité
et de l’intérêt général, ce qui légitime la surveillance administrative et financière dont la
SONAS est l’objet de la part de l’Etat.

En effet, l’article 22 des statuts de la SONAS précise que les contrôles auxquels
cette entreprise publique est soumise sont selon les cas préventifs. Ce contrôle s’exerce sur
les personnes comme sur les actes, à tous les niveaux et à tous les stades. L’article 23
détermine les organes sous la tutelle desquels la SONAS est placée :
- Le Ministère des Finances et Budget pour les domaines suivants : la conclusion des
marchés des travaux et fournitures, le cadre organique, le statut du personnel, le
38

barême des rémunérations, l’organisation des services, les rapports annuels,


l’établissement d’agences et bureaux en provinces ;

- La Présidence de la République (en lieu et place de l’ancien ministère du Portefeuille)


pour les domaines ci-après : les acquisitions et aliénations immobilières, les emprunts et
les prêts, les prises et cessions des participations financières, le plan comptable
particulier, le budget ou l’état des prévisions des recettes, le compte de fin d’exercice, le
bilan.

- Liste des nouveaux produits de la SO NAS

ASSURANCE AUTO AU KMVIP


2 ASSURANCE COUREUR CYCLISTE
3 ASSURANCE CREDIT COMMERCIAL
4 ASSURANCE DE PROTECTION JURIDIQUE
5 ASSURANCE DE SOLDE RESTANT DU
6 ASSURANCE DES COLLECTIVITES LOCALES
7 ASSURANCE DES EXPLOITATIONS FORESTIERES
8 ASSURANCE GLOBALE DES BANQUES
9 ASSURANCE GLOBALE INDUSTRIELLE MINIERE
10 ASSURANCE GROUPE VIE
11 ASSURANCE INDEMNITE JOURNALIERE
12 ASSURANCE INDIVIDUELLE ETUDIANT
13 ASSURANCE INDIVIDUELLE OCCUPANT
14 ASSURANCE INDIVIDUELLE VIE
15 ASSURANCE MANIFESTATIONS FORAINES
16 ASSURANCE MEDECIN, DISPENSAIRE, HOPITAL, CLINIQUE, DENTISTERIE
17 ASSURANCE MULTIRISQUES AGRICOLES
18 ASSURANCE MULTIRISQUES INCENDIES
19 ASSURANCE OBSEQUES
20 ASSURANCE PME & PMI
21 ASSURANCE RC AUTO
22 ASSURANCE RC HIPPIQUE
23 ASSURANCE RC IMMEUBLE
24 ASSURANCE RC MEDECIN, DISPENSAIRE, HOPITAL, CLINIQUE, DENTISTERIE
25 ASSURANCE RC PROPRIETAIRES DES CHIENS
26 ASSURANCE RC VELO & CHARRETTES A BRAS
27 ASSURANCE SANTE
28 ASSURANCE SPECIALE MULTIRISQUES D'ENTREPRISE
29 ASSURANCE TITULAIRE DE COMPTE BANCAIRE
30 ASSURANCE TOUS RISQUES HOPITAL
31 ASSURANCE TOUS RISQUES SPORTIFS
32 ASSURANCE TRANSPORT FACULTE
33 ASSURANCE TRANSPORTS CORPS AERONEF
34 ASSURANCE VIE EN CAS D’INVALIDITE
35 ASSURANCE VOYAGE
39

CHAPITRE VI : LA GESTION DES RISQUES.

LES RISQUES DE L'ENTREPRISE.

Les sujets présentés dans ce chapitre devraient nous faire mieux connaître les
assurances professionnelles et nous inciter à prêter attention aux différentes formules et
options offertes sur le marché. Il est impératif pour tous les propriétaires et dirigeants des
entreprises de comprendre les différents aspects des assurances et la façon dont elles
peuvent aider leur firme à mieux réussir.

Votre agent d’assurance, personnage clé de la protection de votre entreprise,


contribue finalement à votre réussite. Les agents généralistes offrent aux entreprises une
large gamme couvrant l’assurance incendie, accident et risques divers, et les services
financiers.

Votre entreprise est-elle une entreprise à risque? Bien sûr, comme toute
entreprise ! Songez une minute aux centaines de choses que la plupart de propriétaires
d’entreprise redoutent :
certaines d'entre elles sont prévisibles , ou du moins vous pouvez dans une certaine mesure
vous y préparer ou les maîtriser, notamment :
- le chiffre d’affaires prévu ;
- les coûts salariaux ;
- les impôts ;
- les frais généraux ;
- le coût de l’équipement et des fournitures ;
- le prix que vous demandez en échange des produits et services offerts à vos clients.

D'autres sont imprévisibles. Par exemple :


- les initiatives éventuelles de vos concurrents ;
- les évolutions des goûts et des modes ;
- l’effet de ces évolutions sur votre marché et vos clients ;
- l’économie locale et son incidence sur votre clientèle (fermetures d’usines et
chômage, par exemple).

Ces événements sont susceptibles d’affecter directement vos activités quotidiennes, de


peser sur vos bénéfices et de provoquer des pertes financières suffisamment graves pour
mettre votre entreprise en péril ou même causer sa perte. Sans doute avez-vous déjà
envisagé les risques les plus évidents et avez- vous déjà souscrit des assurances pour vous
protéger contre les pertes qui pourraient en résulter. La plupart des propriétaires
d’entreprise sont conscients des conséquences que peuvent avoir un incendie ou une
blessure.
40

- L’incendie peut endommager ou détruire l’immeuble occupé par votre entreprise et


transformer son contenu en un tas de cendres fumantes. Que vous soyez locataire
ou propriétaire, l’emplacement de votre entreprise et votre aptitude à poursuivre
votre activité risquent d’être sérieusement affectés.
- Si quelqu’un est blessé dans vos locaux, ou par un produit que vous fabriquez ou que
vous vendez, ou à cause d’une de vos prestations de service, votre firme peut être
tenue pour responsable des frais médicaux, perte de salaires et manques à gagner
futurs.

La destruction de biens par l’incendie et la responsabilité au titre des dommages


causés à autrui (ou aux biens d’autrui) sont des risques familiers. Mais les entreprises sont
confrontées à des centaines d’autres dommages et responsabilités qu’elles ont souvent
tendance à ignorer ou à sous-évaluer.
Les grandes sociétés emploient souvent à plein temps des responsables des risques ou «
risk-manager » chargés d’analyser les risques ou responsabilités encourus. Le responsable
des risques prend ensuite des mesures pour protéger la firme contre les pertes
accidentelles et évitables, et pour limiter les conséquences financières des risques auxquels
elle ne peut échapper. Mais la plupart des petites entreprises ne peuvent s’offrir les
services d’un responsable des risques, même à temps partiel, et il revient souvent à leur
propriétaire de jouer ce rôle.

Section 1 : Définition de la gestion des risques.

La gestion des risques ou « risk-management » consiste à :

- Identifier et analyser ce qui peut être cause de perte,


- Choisir le meilleur moyen d’y remédier.

1. Identification et analyse des risques.

Il est vital de commencer par identifier les risques car tant que vous ne
connaissez pas l’ampleur des dommages possibles, vous ne parviendrez pas à mettre au
point une stratégie réaliste et rentable pour y faire face.

Il n’est pas facile de détecter les centaines de risque ou de périls susceptibles


d’entraîner des dommages inattendus. Si vous n’avez jamais subi d’incendie, par exemple,
vous ne savez pas à quel point les dommages dus au feu peuvent être étendus. Les dégâts
subis par les immeubles et leur contenu sont évidents, mais il faut aussi considérer :

- les dommages ou destructions causés par la fumée ou par les dizaines de lance
incendie ;

- les dommages subis par les biens appartenant aux salariés (vêtements, outils,
affaires personnelles) et à des tiers (équipements informatiques en location, ou
objets appartenant aux clients et confiés pour contrôle ou réparation, par
exemple) ;
41

- le volume d’affaires que vous allez perdre pendant les semaines (ou les mois) que
demandera la remise en état ;
- le passage à la concurrence d’une partie de vos clients, qui ne reviendront peut-être
pas quand vous reprendrez votre activité.

Le processus d’identification des risques commence par l’examen attentif de


chaque activité exercée en se demandant :
1) Qu’est-ce qui pourrait provoquer un dommage ? Si les risques se comptent par
dizaine, vous devriez trouver des dizaines de réponses.

Pour chaque risque identifié, demandez-vous :


2) Quelle serait l’étendue de ce dommage ? Cette question vous aide à cerner la
gravité potentielle de chaque dommage. Quel est le prix exact attaché à chaque
risque ? L’objectif n’est pas ici de déterminer d’où viendra l’argent mais quel
pourrait être le coût du dommage.

De nombreux propriétaires d’entreprises utilisent des listes de contrôle, des


questionnaires d’analyse des risques, disponibles auprès des agents d’assurance qui vous
aideront dans cette tâche, grâce à leur compétence et à leur expérience. Ainsi vous
risquerez moins de sous-estimer les risques. Ils pourront aussi répondre à vos questions
quand vous essaierez de déterminer la gravité éventuelle des pertes dues à un risque
donné.

2. Quel genre de risques examiner.

En général, la plupart des questionnaires prévoient les possibilités suivantes :

- Pertes concernant les biens,


- Pertes dues à l’interruption de l’activité,
- Pertes dues à la responsabilité civile,
- Pertes relatives aux personnes clés,
- Pertes concernant les véhicules.

2.1. Pertes concernant les biens.

Les pertes concernant les biens ont pour cause :

- des dommages matériels causés aux biens


- la perte de l’usage des biens
- des actes délictueux.

a) Les dommages matériels.

Les dommages affectant les biens peuvent provenir de nombreux périls


classiques : feu, ouragan, vandalisme sont les premiers qui viennent à l’esprit. Rares sont les
entreprises qui ne s’assurent pas contre eux. Mais pour faire face efficacement à
42

l’éventualité d’un dommage matériel aux biens, le propriétaire d’entreprise ne doit pas
considérer seulement les dégâts causés aux immeubles ou la destruction de ceux-ci.

Leur contenu peut être encore plus vulnérable : les industriels peuvent perdre
aussi bien leurs matières premières que les produits finis prêts à être expédiés. Les
commerçants peuvent perdre leurs précieux livres comptables (ce qui rend difficile la
facturation des clients ou les recouvrements auprès de ceux qui leur doivent de l’argent).
Des machines ou équipements indispensables peuvent devenir inutilisables à cause du feu
et, s’il n’est pas possible de trouver et d’installer immédiatement le matériel de
remplacement, l’entreprise peut se trouver obligée de fermer momentanément.

b) La perte de l'usage des biens.

Votre entreprise peut perdre l’usage de certains biens sans subir le moindre
dommage matériel. Il se peut qu’une administration ferme une usine pour infraction aux
lois sur l’hygiène et la sécurité. L’administration ou une ligne électrique peut empêcher
tout un quartier de fonctionner pendant un ou plusieurs jours.
c) Les actes délictueux.

Les entreprises sont également vulnérables aux délits commis par d’autres. Les
cambriolages sont des périls évidents, mais ne sous-estimez pas ceux qui proviennent de la
délinquance en col blanc, de l’indélicatesse des salariés, des détournements ou des faux.
Les négociants en particulier peuvent avoir à se protéger contre les chèques falsifiés ou
l’emploi irrégulier de cartes de crédit.

A l’évidence, les biens d’une banque ne courent pas les mêmes risques que ceux
d’un libraire. Un agent d’assurance expérimenté connaît bien les risques encourus par
différents types d’entreprise. De même que vous faites confiance à un comptable pour vous
guider à travers les dédales de la législation fiscale et des règles comptables, vous pouvez
vous reposer sur l’expérience d’un spécialiste des assurances pour vous aider à identifier les
risques auxquels votre entreprise peut être confrontée.

2.2. Pertes dues à l’interruption de l’activité.


Vous avez déjà vu comment la perte directe due au feu peut entraîner la
fermeture provisoire d’une entreprise. Même si l’assurance fournit l’argent nécessaire à la
reconstruction ou à la réparation des dommages résultant directement de l’incendie, la
plupart des polices ne couvrent pas les dommages indirects, comme la perte de bénéfices
provoquée par l’interruption de l’activité pendant les réparations.

Un type d’assurance spécial couvrira les pertes indirectes consécutives à un


dommage direct (résultant d’un risque couvert, tel que l’incendie) qui provoque une
interruption de l’exploitation, par exemple :
- Une tornade endommage un magasin de jouets en octobre. Fin novembre, le
magasin est réparé et ses stocks sont renouvelés. Mais la saison des ventes de Noël
est trop avancée pour que le niveau des ventes se rapproche de la normale. Au lieu
43

de faire 55% de ses bénéfices annuels en décembre, comme d’habitude, il n’en


réalise que 15%. Soit une perte de 40%.
- Si une école privée qui brûle au mois d’août ne peut ouvrir ses portes avant
novembre, elle risque de perdre la moitié de ses droits de scolarité pour une année,
si ce n’est leur totalité.

Les assurances perte d’exploitation remboursent à leurs assurés la différence


entre leur revenu normal et ce qu’ils auront gagné pendant la période d’interruption forcée
de leur activité.

L’interruption d’activité entraîne aussi des charges supplémentaires. Il se peut


ainsi que l’entreprise autorise les heures supplémentaires pour réduire sa période de
fermeture, ou qu’elle rouvre avec un effectif élevé (salaires supplémentaires) dans des
locaux temporaires (loyers supplémentaires) en utilisant du mobilier et des équipements de
location (frais généraux supplémentaires). Ces charges supplémentaires obèrent encore
davantage ses finances à un moment où son revenu est nul ou peu important.

Il est même possible pour l’entreprise de s’assurer contre les interruptions


d’activité dues à un sinistre direct affectant les biens de quelqu’un d’autre.
- Si un fournisseur clé doit cesser son activité à la suite d’un incendie et ne peut livrer
des matières premières essentielles à un industriel, ce dernier risque d’avoir à fermer son
usine aussi sûrement que si elle avait elle-même subi un incendie.
- Les dommages subis par les biens d’un client clé peuvent produire le même résultat.
Si vous dépendez de votre client pour la plus grande partie de votre chiffre d’affaires et
que son interruption d’activité l’amène à suspendre ses achats, votre production risque de
vous rester sur les bras. Les difficultés d’autrui provoquent une perte de revenu pour vous.

Chaque année, des centaines d’entreprises bien assurées contres les sinistres
directs touchant leurs biens disparaissent pour avoir sous-estimé leurs risques indirects.
N’oubliez pas de protéger votre entreprise contre les pertes de revenu et les dépenses
inhabituelles que vous pourriez subir si un sinistre direct vous imposait une fermeture
temporaire.

2.3. Pertes dues à la responsabilité civile.

Toute entreprise est aussi exposée aux sinistres dus à la mise en jeu de sa
responsabilité civile. Une entreprise peut être tenue pour légalement responsable (c’est-à-
dire financièrement responsable) des blessures corporelles subies par une ou plusieurs
personnes tierces, ou des dommages ou destructions causés aux biens d’autrui. Cette
responsabilité peut résulter :
- d’une décision de justice (comme lors d’un procès pour négligence) ;
- des dispositions réglementaires (comme les lois de certains Etats sur la
rémunération des salariés) ;
- de la violation des termes du contrat (lorsque le contrat fait peser sur l’une des
parties la responsabilité de certains types de pertes).
44

a) La responsabilité à l’égard du public.

Une entreprise peut être tenue pour responsable des blessures ou autres
dommages subis par une personne quelconque à la suite d’une faute ou d’une négligence
commise par elle (ou par l’un de ses salariés).
- Un client trébuche sur une marche cassée.
- Un produit défectueux blesse son utilisateur.
- L’ouvrier chargé d’installer un ventilateur commandé par un client ne le fixe pas
bien. Les pales blessent le client en tombant.
- Une firme de secrétariat loue un étage dans un immeuble de bureaux et signe un
bail qui fait peser sur le preneur (et non sur le propriétaire des lieux) la
responsabilité de toute blessure ou dommage matériel subis par des tiers à
l’intérieur des locaux loués.

S’il y a procès, peu importe qui le gagne : une action judiciaire prend du temps et
coûte cher, le procès fait perdre des heures de travail productif, il faut payer des avocats et
faire face à d’autres frais.

b) La responsabilité à l’égard des salariés.

Beaucoup de pays ont instauré des lois protégeant les intérêts des salariés
victimes d’une blessure ou d’une maladie en raison de leurs activités professionnelles.
Les lois sur la rémunération des travailleurs obligent la plupart des employeurs à
indemniser les salariés des pertes de salaires et frais médicaux résultant d’une blessure ou
d’une maladie professionnelle (exception faite de certaines blessures volontaires). En cas
de décès d’un salarié à la suite d’une blessure ou maladie professionnelle, sa famille reçoit
également une somme déterminée.

Bien que dans certains pays les règles d’indemnisation des travailleurs ne
s’appliquent pas à tous les types d’entreprises ou à toutes les petites entreprises, une firme
en principe non concernée peut se trouver obligée, par décision de justice rendue à l’issue
d’un procès, d’indemniser ses salariés des dommages résultant d’une blessure ou maladie
d’origine professionnelle.

Les risques examinés ci-dessus étaient plus ou moins externes à l’entreprise. Or, il
existe aussi des risques importants tenant à l’entreprise elle- même.

2.4. Pertes relatives aux personnes clés.

Qu’adviendra-t-il de votre entreprise si un accident ou une maladie vous


empêche de travailler? Ou si votre responsable des ventes, ou l’un de vos associés, meurt
soudainement? La plupart d’entre nous préfèrent ne pas envisager de telles éventualités.
Néanmoins, il est important de préparer la survie de votre entreprise longtemps avant
qu’une personne clé ne meure ou ne devienne invalide. Malheureusement, cette
précaution est souvent négligée.
45

Les questions suivantes évoquent un certain nombre de problèmes susceptibles


de se poser.
- Comment l’entreprise survivra-t-elle si son propriétaire tombe sérieusement malade
ou devient invalide ?
- De quelles sources de revenu le propriétaire disposera-t-il ? Quelle sera sa situation
fiscale ?
- Qui prendra les rênes pour assurer la poursuite de l’activité ?
- Que se passera-t-il si cette personne est mineure ou non qualifiée ?

- Et si le propriétaire mourrait ?
- Si le propriétaire n’a pas rédigé de testament, qu’adviendra-t-il de l’entreprise ?
Fermera-t-elle ? Quelqu’un en héritera-t-il, et qui ?
- Si le propriétaire a investi toutes ces économies dans l’entreprise, sa famille sera-t-
elle contrainte de les voir s’évaporer faute de savoir quoi faire ni comment ?
- Si l’entreprise doit être vendue, d’où proviendra le fonds de roulement pendant la
période de transition ?
- Comment la juste valeur de marché de l’entreprise sera-t-elle déterminée ?
- Quels coûts supplémentaires auriez-vous à supporter pour assurer un remplacement
?
- Combien de temps faudrait-il pour que le remplaçant se forme et devienne
productif ?

L’identification et l’analyse des risques et des dangers qu’une entreprise peut


encourir nous a montré que de nombreuses hypothèses étaient à considérer. Une fois que
les risques ont été identifiés, que leur gravité a été analysée et que la couverture des
salariés a été étudiée, l’étape suivante consiste à choisir les mesures de gestion des risques
qui protégeront le mieux notre entreprise.

Section 2 : L’exposition aux risques et le risk-management.

Les deux étapes suivantes du processus de gestion de risques rappellent la démarche de


gestion de ses finances personnelles.

1. La limitation des pertes : que peut-on faire pour prévenir ou limiter l’exposition aux
risques ?
2. Quels moyens utiliser pour être sûr de disposer de fonds pour faire face aux pertes
qui ne pourront être évitées ou prévenues ?

1. La limitation des pertes.


1.1. Prévenir ou limiter l’exposition aux risques.

L’un des principes de la prévention et de la maîtrise des risques vaut aussi bien
dans notre entreprise que dans notre vie privée : évitons les actes trop dangereux.
Exemple : un négociant peut décider de ne pas vendre un produit qui risquerait de blesser
les clients ; il écarte ainsi les risques de voir sa responsabilité civile engagée.
46

Si vous ne pouvez écarter totalement un risque, réduisez-le.


Exemple : un propriétaire immobilier peut renoncer à construire un nouvel immeuble dans
un site rural plusieurs fois ravagé par des incendies de forêt. Il se rabat sur un terrain plat en
zone urbaine, raccordé au service d’eau et proche d’une caserne de pompiers. Même s’il est
difficile d’éliminer totalement le risque d’incendie, il a réduit la gravité éventuelle de ses
pertes en choisissant un site plus sûr et plus proche des services de lutte contre l’incendie.

1.2. Les risques supportables.

Le propriétaire d’une entreprise peut considérer que celle-ci est en mesure


d’assumer certains risques, parce que leur coût est supportable.
- Une firme possède plusieurs véhicules professionnels. Ses chauffeurs sont
d’excellents conducteurs et le risque de collision est faible car ces camionnettes
desservent des routes de campagne peu fréquentées. Comme ce sont des véhicules
d’un certain âge, leur valeur comptable est sensiblement réduite.
- Au lieu de continuer à payer des assurances collision pour ces camionnettes, la
firme décide d’y renoncer totalement. Si l’un de ses véhicules est endommagé dans
un accident, elle paiera elle-même les dégâts. Elle a ainsi décidé de supporter elle-
même le risque au lieu de le transférer à une compagnie d’assurance moyennant le
paiement d’une prime.
- La firme pourrait aussi décider d’assumer une partie du risque tout en assurant le
reste.

1.3. Le transfert du risque.

Le transfert du risque est une autre méthode de gestion du risque. Bien que la
plupart des entreprises le réalisent par souscription d’une police d’assurance, il existe aussi
des possibilités indépendantes des assurances.
- La firme peut décider d’éliminer complètement le risque de collision en vendant ses
camionnettes et en faisant appel à un service local de livraison. Cette solution élimine non
seulement le risque de collision mais aussi les risques afférents à la possession et à
l’entretien des camionnettes. Dans ce cas, l’entreprise transfère toutes les charges au
service local de livraison.
C’est le cas dans la location de véhicules ou de matériels au lieu d’effectuer leurs achats.
- Pour limiter le risque encouru par ses biens, un commerçant peut décider de réduire ses
stocks et commander certaines pièces à la demande. Ses commandes de réassort auprès de
ses fournisseurs seront plus fréquentes. Résultat ? La valeur des stocks détenus en magasin
est plus faible, ce qui représente un risque plus faible. Ce commerçant transfère en fait une
partie de son risque à ses fournisseurs.

1.4. L’assurance comme stratégie de gestion du risque.

La méthode la plus commune de transfert du risque est l’assurance. En assurant


votre domicile et votre voiture, vous transférez une grande partie du risque de perte à la
47

compagnie qui émet la police. La prime que vous payez est relativement faible par rapport
au risque que vous supporteriez si vous ne vous assuriez pas.
Pour les assurances professionnelles, comme pour les assurances privées, vous
avez seulement à choisir les risques contre lesquels vous voulez absolument vous assurez.
Cependant, certaines décisions ont déjà été prises pour vous :
- celles imposées par la loi (comme la couverture sociale des salariés),
- celles imposées par d’autres. Dans la plupart des provinces, par exemple, vous ne
pouvez immatriculer ou faire circuler un véhicule professionnel sans apporter la
preuve qu’il est assuré.

Très peu d’entreprises ou de particuliers ont aujourd’hui assez de liquidités ou de


réserves financières pour se protéger contre les centaines de risques mettant en jeu leurs
biens ou leur responsabilité auxquels la plupart des entreprises sont confrontées.

La nature de ces risques, les montants qu’ils mettent en jeu et le niveau de


protection satisfaisant sont des questions délicates. C’est pourquoi il est si important de
recourir à l’expérience et aux connaissances professionnelles d’un agent d’assurance, qui
vous aidera à protéger l’essentiel.

1.5. Le rôle du spécialiste des assurances.

L’agent d’assurance est le principal représentant des compagnies d’assurance


auprès de la clientèle. Professionnel indépendant, il est formé à l’analyse du risque. Il a
l’habitude des garanties et des stratégies financières possibles et il connaît les lois qui les
régissent. Grâce à son expérience, l’agent peut mettre en évidence des risques que vous
auriez sans cela sous-estimés.

Enfin, votre assureur professionnel peut vous aider à trouver des solutions
possibles. Les décisions finales vous appartiennent, mais votre agent peut vous proposer
des choix parmi une grande variété des stratégies de gestion du risque.
Il a les connaissances techniques nécessaires pour amender les polices de base en y
ajoutant des couvertures et garanties spéciales. Il en résulte une police adaptée aux
besoins de protection particuliers de votre entreprise.

Votre agent peut aussi vous conseiller des stratégies hors assurance répondant à
vos besoins. S’il y a lieu, il suggérera d’associer à vos réflexions votre comptable et votre
avocat, pour qu’ils étudient les implications juridiques et fiscales des stratégies proposées.

2. Comment organiser vos assurances.

Un bon programme d’assurance est aussi important pour le succès de votre


entreprise que son financement, son marketing, sa gestion des ressources humaines ou
toute autre fonction de gestion. Comme pour les autres fonctions, la bonne gestion des
risques et des assurances n’est pas affaire du hasard, mais d’organisation et de prévoyance.
Une vie entière de travail et d’espérance peut être anéantie en quelques minutes si votre
48

programme d’assurance comporte certaines failles. Pour être sûr d’être protégé, vous
devez prendre des dispositions dans quatre directions distinctes :
1) Détecter les différentes manières dont vous pourriez subir des dommages.
2) Appliquer les règles indiquées pour vous assurer aux meilleures conditions.
3) Organiser la gestion de vos assurances.
4) Faire appel aux conseils d’un professionnel.

2.1. Détecter les risques.

Pour bien vous protéger, vous devez en premier lieu détecter les risques qui
pèsent sur vous et vous décidez ensuite d’agir. L’optimisme béat ou le sentiment que « cela
ne peut vous arriver » n’amoindrira en rien le risque de sinistre fatal pesant sur votre
entreprise.

Certaines entreprises devront faire appel à des garanties spéciales. Par exemple,
si vous utilisez pour votre activité des outils ou équipements professionnels coûteux, vous
pouvez avoir besoin d’une assurance spéciale couvrant les destructions ou dommages subis
par eux, ou l’interruption d’activité résultant de leur indisponibilité.

2.2. Etudier le coût de vos assurances.

Avant de souscrire une assurance, examinez les méthodes grâce auxquelles vous
pourrez réduire le coût de vos garanties. Veuillez tenir compte des points suivants :
- Choisissez les risques contre lesquels vous assurerez et fixez le montant des
dommages que chacun d’eux pourrait vous causer.
- Couvrez d’abord vos risques les plus importants.
- Profitez au maximum des déductions fiscales.
- Evitez les couvertures faisant double emploi.
- Evitez de multiplier les contrats. Beaucoup de polices « clé en main » sont indiquées
pour les petites entreprises appartenant aux catégories pour lesquelles elles ont été
prévues, et elles sont souvent le seul moyen pour une petite entreprise d’obtenir
une protection vraiment appropriée.
- Rélisez de temps à temps vos contrats d’assurance pour vérifier que votre
couverture est correcte et que vos primes sont aussi modiques que possible tout en
conservant une protection raisonnable.

2.3. Fixez-vous un plan.

Pour gérer votre programme d’assurance de façon à avoir une bonne couverture
au plus fable coût possible, vous devrez définir un plan répondant à tous les objectifs de
votre entreprise. Voici quelques suggestions pour bien gérer vos risques et vos assurances :
1. Indiquer clairement par écrit ce que vous attendez de votre assurance.
2. Choisissez un seul agent pour traiter vos assurances. En avoir plusieurs entraînerait
une dilution et un affaiblissement des responsabilités.
3. Si un employeur ou un associé doit avoir la responsabilité de votre programme
d’assurance, vérifiez qu’il est conscient de sa responsabilité.
49

4. Faites tout votre possible pour éviter les dommages et pour limiter l’ampleur de
ceux qui se produiraient.
5. Ne cachez pas à votre agent d’assurance des informations sur votre entreprise et sur
les risques auxquels elle est exposée. Traitez-le comme un spécialiste dont le métier
est de vous aider.
6. N’essayez pas de faire des économies en renonçant à vous assurer suffisamment ou
à couvrir certains risques susceptibles de causer des dommages, même si vous
pensez qu’ils ont peu de chance de se produire. Si la probabilité d’un dommage est
vraiment peu élevée, la prime sera peu élevée elle aussi.
7. Gardez la trace de vos assurances, des primes payées, des sinistres et des
indemnisations. Ces renseignements vous aideront à 0obtenir une meilleure
couverture pour un coût plus faible dans l’avenir.
8. Faites évaluer périodiquement vos biens par des experts indépendants. Cela vous
renseignera sur vos risques et vous serez mieux en mesure de prouver vos
dommages le cas échéant.

2.4. Ayez recours aux conseils d’un spécialiste.

L’assurance est un objet complexe. Un agent, un courtier ou un conseil spécialisé


peut vous expliquer les choix à effectuer, vous conseiller la bonne couverture et vous aider
à éviter des pertes financières.

Pour obtenir plus d’informations sur les produits et services évoqués ci- dessus,
contactez votre agent d’assurance.
50

CONCLUSION.

Certains propriétaires de petites entreprises considèrent l’assurance comme une


sorte d’impôt. Ils admettent qu’ils ne peuvent s’en dispenser, mais ils la considèrent comme
une dépense fâcheuse, à réduire au maximum. Cet avis est-il justifié ?

Si vous voyez les choses de façon plus raisonnable, la réponse est non. Bien
utilisée, l’assurance peut amplement contribuer à votre réussite en réduisant les
incertitudes pesant sur votre activité. Elle peut fidéliser votre personnel, améliorer votre
crédit auprès de votre banque, permettre de vendre à vos clients dans des conditions
favorables et aider votre entreprise à tenir le coup en cas d’interruption d’activité due à
l’un des risques assurés. Une bonne gestion de vos assurances comporte de tels avantages
potentiels que vous avez tout intérêt à lui accorder de votre temps et de votre attention.
51

BIBLIOGRAPHIE

1. BIGOT Jean : Traité de droit des assurances, entreprises et organismes d’assurance,


L.G.D.J., Paris, 1996.
2. EWALD F., LORENZI J.H. : Encyclopédie de l’assurance, Economica, Paris, 1997.
3. DRISSI-LOUIZ Hadhemi : Techniques des assurances, Agence Universitaire de la
Francophonie, Tunis, 2007.
52

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION.........................................................................................................................1
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET EVOLUTION DES ASSURANCES..................................................2
Section 1 : Historique..................................................................................................................2
Section 2 : Naissance de l'assurance............................................................................................4
CHAPITRE II : DEFINITION ET CARACTERES DU CONTRAT D'ASSURANCE ...............................8
Section 1 : Définitions..................................................................................................................8
Section 2 : La technique de l’assurance........................................................................................9
I. Homogénéisation des risques...................................................................................................9
II. L’assurance de groupe........................................................................................................10
Section 3 : La classification des assurances................................................................................10
I. Les assurances de dommage..............................................................................................10
II. Les assurances de personnes..............................................................................................11
Section 4 : Caractères du contrat d’assurance...........................................................................12
I- CARACTERE CONSENSUEL....................................................................................................12
Il- CARACTERE SYNALLAGMATIQUE........................................................................................12
III- CARACTERE ALEATOIRE.......................................................................................................14
IV- CARACTERE ONEREUX........................................................................................................15
V- CARACTERE DE CONTRAT D’ADHESION.............................................................................15
VI- CONTRAT DE BONNE FOI...................................................................................................16
VII. UN CONTRAT SUCCESSIF...................................................................................................18
CHAPITRE III : LE DEROULEMENT DU CONTRAT D'ASSURANCE.............................................19
Section 1 : La conclusion du contrat d’assurance .......................................................................19
Section 2: Durée, tacite reconduction et résiliation du contrat d’assurance.............................21
CHAPITRE IV : LES ELEMENTS DU CONTRAT D'ASSURANCE...................................................23
Section 1 : Le risque...................................................................................................................23
Section 2 : La prime...................................................................................................................27
Section 3 : Le sinistre.................................................................................................................31
CHAPITRE V: LES ENTREPRISES D'ASSURANCE........................................................................33
Section 1: Notions générales sur l’organisation professionnelle de...........................................33
l’assurance.................................................................................................................................33
Section 2 : Les formes juridiques des entreprises d'assurance....................................................38
Section 3: Le contrôle de l’Etat sur les entreprises d'assurance..................................................39
Section 4 : Le marché congolais des assurances.........................................................................40
CHAPITRE VI : LA GESTION DES RISQUES................................................................................44
Section 1 : Définition de la gestion des risques.........................................................................45
Section 2 : L’exposition aux risques et ie risk-management.......................................................51
CONCLUSION...........................................................................................................................56
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................57
53

TABLE DES MATIERES................................................................................................................58

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