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SÉQUENCE 2

PARTIE 3

Les dynamiques maritimes

L’importance des routes maritimes et des itinéraires diffère selon la nature des échanges (de matières
premières, de produits intermédiaires, industriels, d’informations…). De même, l’importance des
territoires maritimes varie selon les enjeux qu’ils présentent et selon leur accessibilité. Cependant,
rien n’est figé et les choses sont amenées à changer.

A. Les routes maritimes, nouvel enjeu des relations internationales


Les routes maritimes sont les lieux de passages de nombreuses richesses et attisent des convoitises,
encourageant au développement de nouvelles routes. La situation en mer de Chine méridionale reflète
ces enjeux que la piraterie maritime vient renforcer.

1. La mer de Chine méridionale


La mer de Chine méridionale est un espace maritime aux enjeux importants. Lieu de transports
maritimes de marchandises et d’hydrocarbures, cet espace est source de tensions entre les pays et,
possiblement, d’affrontements militaires. C’est le cas notamment quand les États ont déjà des relations
tendues, comme c’est le cas en Asie orientale entre la Chine et le Japon ou plus récemment entre la
Chine et les États-Unis.
Document 1. Les tensions maritimes en Asie Pacifique

RUSSIE
Nord

îles
MONGOLIE Daqing Kouriles

Xingjiang Vladivostok
Beijing Mer du
Liaohe CORÉEJapon
DU JAPON
SUD
Tarim Shengli Tokyo
Mer de
Chine
CHINE Orientale
Shanghai

TAIWAN îles Senkaku


Hong Kong
Océan
1. Pétrole Pacifique
Gisements de pétrole PHILIPPINES
Ressources présumées
THAILANDE îles Paracels
Mer de
Oléoducs VIET Chine
Océan NAMMéridionale
2. Transport maritime Indien
Route maritime Détroit de
îles Spratley
Malacca
Terminal pétrolier
îles Natuna MALAISIE
Détroit, passage obligé

3. Tensions géopolitiques
Principaux conflits
insulaires INDONESIE
Bases américaines
Zone maritime
revendiquée
par la Chine 0 1 000 km

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Dans cette zone, les conflits s’exacerbent car les enjeux sont plus nombreux :
• C’est une zone de pêche essentielle pour l’économie des pays riverains.
• C’est une zone vitale pour le commerce maritime mondial car plus de 70 000 navires y transitent
par an.
• Cet espace est considéré par la Chine comme un glacis défensif en cas d’attaque. Ainsi, de nombreux
moyens ont été mis en œuvre par la Chine pour moderniser sa flotte de guerre, entraînant en retour
une montée en puissance des marines de guerre de Taïwan, de la Corée du sud et du Japon.
• Il faut aussi prendre en compte la présence américaine dans la région. Une nouvelle base américaine
est en construction aux Philippines à Oyster Bay, depuis janvier 2016 à proximité immédiate des îles
Spratleys. Les États-Unis entendent ainsi contrebalancer le poids grandissant de la Chine, faire face
à la Corée du Nord et soutenir ainsi leurs alliés régionaux. Par la densité des navires militaires et la
fréquence des escarmouches, la mer de Chine orientale apparaît comme l’espace maritime le plus
conflictuel et belligène du monde actuel.

Les îles Senkaku selon les Japonais, ou Diaoyu selon les Chinois, sont situées en mer de Chine
orientale. Elles ont été annexées par le Japon en 1896, ayant précédemment appartenues à l’empire
chinois. Cet archipel administré par les États-Unis de 1946 à 1972 est revendiqué depuis par la
République populaire de Chine, par Taiwan et par le Japon. La Chine argue que ces îles sont situées
sur son plateau continental et sont séparées du Japon par une fosse marine. Plus au sud, les îles
Spratleys sont disputées par la Chine, Taiwan, le Vietnam et les Philippines. Pour entériner sa présence,
le gouvernement chinois a même entrepris la construction d’une île artificielle à partir du récif Mischief
entre janvier et mars 2015. Chinois et Vietnamiens s’affrontent également pour les îles inhabitées des
Paracels, situées à mi-distance entre les Philippines et le Vietnam. Les Chinois y ont adopté la même
stratégie que sur les îles Spartleys en construisant un aéroport en 2014.

2. Piraterie et terrorisme maritime


Les pirates des mers s’emparent des richesses des navires. Pour cela, ils s’approchent des navires
sur de petites embarcations rapides et très maniables. A l’aide de cordes et d’échelles, ils montent dans
le navire, neutralisent l’équipage, s’emparent des objets personnels de l’équipage (téléphone portable,
argent...) puis repartent. D’autres fois, les pirates s’emparent du navire et revendent la cargaison au
marché noir. Enfin, certains pirates font le choix de prendre l’équipage en otage et d’exiger une rançon.
Les pirates opèrent depuis les littoraux et agissent de préférence la nuit afin de gagner en discrétion et
en efficacité. Mais ces dernières années ils ont développé de nouvelles stratégies. De gros navires leur
permettent d’avoir une base navale à partir de laquelle ils peuvent mener des opérations au large afin
d’atteindre plus de navires. C’est donc toute une organisation très structurée qui mène ces actions de
piraterie.
La piraterie maritime sévit dans quelques endroits à travers le monde. En Asie, la mer de Chine
méridionale et le détroit de Malacca sont particulièrement concernés par cette piraterie. En Amérique
latine, le canal de Panama mais aussi au large des villes de Sao Paulo et Rio de Janeiro, des pirates
agissent. Mais c’est le continent africain qui est surtout concerné par les actes de piraterie. Le
continent africain est contourné par les routes maritimes qui passent via le canal de Suez ou alors le
cap de Bonne Espérance. Pourtant, le golfe de Guinée est un lieu de forte piraterie. Le port de Douala
au Cameroun, permet d’accueillir de gros navires qui doivent parfois attendre une semaine avant de
décharger leur marchandise. C’est dans cette situation que s’est développée la piraterie dans le Golfe de
Guinée. Les navires étant à l’arrêt il est plus facile pour les pirates de s’en emparer. A l’est du continent,
le golfe d’Aden est réputé pour être un haut lieu de la piraterie maritime et les consignes de prudence
sont régulièrement rappelées aux navigateurs car protéger tous les navires est difficile.

2 CNED – TERMINALE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE


Le terrorisme sévit également en mer et s’attaque de manière générale à des navires civils comme
militaires. Le 12 octobre 2000, le navire de guerre américain USS Cole a été la cible d’un attentat dans
le port d’Aden. Une embarcation suicide a explosé contre le navire, faisant 17 morts et 39 blessés du côté
des américains. Lourdement endommagé, le navire est alors renvoyé aux États-Unis et ne sera remis en
service qu’après 14 mois de travaux de réparation. Le 6 octobre 2002, une attaque similaire est commise
contre le pétrolier français Limburg transportant 400.000 barils de pétrole dans ses soutes. L’explosion
cause la mort d’un membre d’équipage et la perte de 90.000 barils de pétrole dans la mer. Les espaces
maritimes sont aussi utilisés par les trafiquants de drogue. Des cartels colombiens utilisent maintenant
des sous-marins de poches qui permettent de transporter la drogue d’Amérique du Sud en l’Amérique du
nord. Discrets, ces sous-marins en fibre de carbone, ayant une capacité d’emport de 4 personnes, jusqu’à
7 tonnes de drogue avec une autonomie de 48 heure, ne sont pas détectés par les gardes côtes. En juillet
2014 la police colombienne a arrêté les principaux membres d’un réseau qui convoyaient de la cocaïne
en direction des États-Unis et de l’Europe. En deux ans, trois de ces sous-marins ont été interceptés, l’un
d’entre eux ayant été retrouvé dans une forêt littorale, apparemment abandonné de son équipage ! En
Afrique, le golfe de Guinée est concerné par les actions terroristes menées par des rebelles opposés au
gouvernement. Leur objectif est de récupérer une partie des richesses pétrolières exploitées au large du
pays. Les plateformes de forages, mais aussi les navires d’entretien et de transport de pétrole sont ainsi
attaqués par des pirates. Ils s’emparent de la cargaison pour la revendre sur le marché international,
mais font parfois exploser des plateformes offshores. Ces actions terroristes posent la question du
développement économique et de sa dépendance aux espaces maritimes.

Exercice 1. La piraterie

Document 2. L’enjeu de la lutte contre la piraterie

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Document 3. Les espaces maritimes entre contrôle et gouvernance

ÉTATS-UNIS
1
Océan
RUSSIE
3

CHINE
ROYAUME-UNI 2
2

FRANCE
2 INDE AUSTRALIE
4 3
Océan
Atlantique
E.A.U.
ÉGYPTE 5
4 Atalante

Océan Indien

Golfe
de Guinée

AFRIQUE DU SUD
5

La mer : une question de puissances La mer : une gouvernance mondiale La mer : un monde non-droit
Rang des puissances maritimes : Siège des Nations Unies Lieu de piraterie maritime
1 Siège du Bureau Maritime
Atalante Opération de lutte
Internationale (BMI) à Paris
2 contre la piraterie
Siège de l’organisation maritime
3
internationale et de la Lloyds à Londres
4
Cour Permanente de Justice à La Haye
5
Tribunal International de la Mer à Hambourg
BMI de lutte contre la piraterie à Kuala Lampur
Accords de Montego Bay (1982)

Répondez aux questions suivantes sur votre support de cours.


1. Que nous enseignent les documents 2 et 3 sur la piraterie dans le monde ?
Pour vérifier vos réponses, rendez-vous à la fin de cette partie.
Une présence militaire navale est rendue nécessaire depuis que dans le milieu des années 2000, au
large de la Somalie, certains groupes d’anciens pêcheurs somaliens se tournent vers la piraterie. Ils
n’attaquent plus des navires aux ports mais des navires en circulation, surtout des vraquiers lents et
bas sur l’eau. Cela facilite l’abordage et les prises d’otages. Le champ d’action des pirates se déploie
sur de vastes étendues maritimes, depuis le détroit Bab el-Mandeb jusqu’aux Seychelles, voire l’Inde.
Pour lutter contre ce phénomène, les États-Unis et l’Union européenne se sont alliés dans le cadre de
l’opération Atalante (lancée en 2008) et Ocean Shield (lancée en 2009) de l’OTAN. Des navires militaires
sillonnent le golfe d’Aden et offrent une protection militaire aux convois marchands cibles des pirates.
Cette lutte sur le terrain se poursuit dans le domaine judiciaire puisque les pirates peuvent être déférés
devant la justice des États du pavillon qui les ont capturés.

Vocabulaire

Vraquier : Navire spécialisé dans le transport de marchandise en vrac (charbon, blé, fer…).

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B. De nouvelles dynamiques
Une approche géostratégique suppose de relever les rapports de force (voire d’opposition directe,
armée ou négociée) entre groupes à propos du contrôle et de la possession des ressources d’un
ensemble donné. Riches en ressources, occupés, surveillés et quadrillés, les espaces maritimes
relèvent bien d’une telle approche.

1. Querelles dans l’océan Arctique


Document 4. Les enjeux géopolitiques autour de l’Arctique

Océan
Pacifique

Alaska
(ÉTATS-UNIS)

CANADA

RUSSIE
3

2
Groënland
(DANEMARK)
1

ISLANDE FINLANDE
Océan NORVÈGE
Atlantique SUÈDE

0 400 km

La conscience d'un territoire d'exception Une utilisation de ressources diverses :


la durabilité n'est pas à l'ordre du jour
Pôle Nord
Extraction d'hydrocarbures offshore
Calotte glaciaire estivale
Forages
(exploitation à venir d'hydrocarbures
Pays membre du Conseil offshore)
CANADA de l'Arctique
Projet canadien d'un port en eaux
profondes
Une gestion gagnée par les concessus ? Route maritime utilisable en permanence
d'ici une quinzaine d'années
Délimitation des ZEE
Route des croisières saisonnières
1 Appendice de la ZEE norvégienne

Territoire contesté

Territoire revendiqué par la


2 Norvège aux dépens de la Russie
Territoire revendiqué
3 par plusieurs États (Russie,

Ces querelles sont arbitrées par le droit international. L’océan glacial Arctique est une mer intérieure,
ouverte sur les océans uniquement par le détroit de Béring et la mer de Norvège. Il devient donc, comme
la mer Méditerranée, sources de tensions entre les six différents États riverains : Canada, États-Unis,
Russie, Norvège, Danemark et l’Islande. Dans cette région, les tensions se cristallisent autour des voies

CNED – TERMINALE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE 5


de circulation et des ressources sous-marines. Sous la conjugaison de trois facteurs (le réchauffement
climatique, le besoin grandissant d’énergie et le développement de nouvelles technologies permettant
l’exploitation des ressources dans le sous-sol marin) ont fait de l’Arctique une zone convoitée.

Document 5. Brise-glace au pôle nord

Christopher Michel/Flickr, CC BY 2.0

L’océan glacial Arctique offre un avantage évident concernant le transport maritime. Ces chemins
représentent un gain de temps, de fuel et d’argent non négligeables. Les passages du Nord-Ouest
(au large du Canada) et le passage du Nord-Est (au large de la Russie) permettent de diminuer
significativement les temps de transport entre les pôles majeurs de la Triade. Ainsi pour relier Londres
à Yokohama au Japon, la route maritime mesure 23 000 km en passant par le canal de Panama et
16 000 km en passant par le canal de Suez. Le passage du Nord-Ouest offre quant à lui, un « raccourci »
avec une route de 14 000 kilomètres. Si le réchauffement climatique se poursuit, l’océan glacial
Arctique pourrait voir circuler dans les années 2025 des centaines de cargos.
Ces atouts entretiennent la convoitise de tous les États riverains de l’océan Arctique. La Russie a
défrayé la chronique en déposant à l’aide de deux mini sous-marins, le 2 août 2007, une capsule de titane
contenant le drapeau national, symbole des revendications territoriales. Malgré ces manifestations de
force, tous les États riverains de l’Arctique ont signé la déclaration d’Ilulissat, ville du Groenland, le 29 mai
2008 où ils s’engagent à respecter les principes du droit international de la mer.

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2. Des disparités notables
Le commerce international concerne tous les pays ayant une façade maritime et des infrastructures,
mais cela touche essentiellement trois espaces géographiques qui forment la Triade : l’Amérique du
nord, l’Europe occidentale et l’Asie centrée sur le Japon. La Triade est le cœur de la mondialisation car
ses territoires réalisent 80 % du commerce. De même, 80 % des échanges boursiers. 80 % des
échanges de données relient ces pôles. Mais il existe des disparités à l’intérieur même de cette Triade.
En Amérique du nord, la domination est du fait des États-Unis, en Europe occidentale, c’est l’Union
européenne et en Asie, c’est le Japon plus quelques territoires proches comme la Corée du Sud, Taïwan
et Singapour. Ces trois derniers font partie des 4 dragons d’Asie (le quatrième étant Hong Kong).
Inversement, certains territoires sont à l’écart de ce commerce maritime. À l’échelle mondiale, le
continent africain est majoritairement contourné par les routes maritimes. Quelques passages
stratégiques et quelques ports (dont Tanger Med) sont présents. Il en est de même pour l’Amérique du
Sud ainsi que pour les rivages de l’océan glacial arctique.
Certains États sont coupés de tout accès aux espaces maritimes. Pour eux, l’accès et l’intégration à
la mondialisation via les espaces maritimes est pour ainsi dire impossible. Quelques cas exceptionnels
voient le développement de corridors terrestres vers les océans comme c’est le cas pour la Bolivie en
Amérique du sud.

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