Des points de passage stratégiques

Introduction

En mars 2021 le canal de Suez a été fermé pendant quelques jours en raison d'un accident
de navigation, un porte conteneur bloquant le passage. Cela a révélé au monde entier que
la mondialisation commerciale ne tenait qu'à un fil ou à quelques passages stratégiques. La
mondialisation a donc rendu certains points de passages des espaces stratégiques. Pour
étudier les raisons de cet état de fait, il faut tout d'abord bien repérer le phénomène en
étudiant ces points de passages. Ensuite les raisons apparaissent dans l'organisation de
l'économie mondiale et la configuration des espaces maritimes eux-mêmes. Enfin, comme le
montrent les changements en cours dans le secteur maritime, cette situation présente des
inconvénients et des limites.

La mondialisation dépend des détroits, c'est-à-dire des passages naturels étroits mettant en
communication deux étendues maritimes et dépend aussi des canaux, des voies de
passage artificielles permettant de faire communiquer deux parties de la haute mer. Ces
détroits et ces canaux assurent le passage des navires,chargés de marchandises, d'un
espace à un autre et permettent aussi d'assurer le fonctionnement des voies maritimes entre
les différents continents : ce sont des lieux stratégiques.
Sur la voie maritime principale qui relie l'Amérique du Nord à l'Asie, en passant par l'Europe,
on recense le Canal de Panama, le Détroit de Gibraltar, le Canal de Suez, le Détroit de
bab-el-mandeb, ainsi que le Détroit de Malacca.
Cependant tous ces passages stratégiques n'ont pas la même importance en termes de
transit et de source de devises pour les pays frontaliers. Le canal de Suez par exemple
estppppppbien plus fréquenté que le Canal de Panama. En effet, il représente 9% du
commerce maritime mondial tandis que le canal de Panama n'en représente que 3,5%.
De plus, le Canal de Suez, qui est une voie navigable artificielle d'environ 190 km de long,
ouverte sur la mer rouge sans aucune écluses, est un choke point, en matière de transport
par conteneur. En effet, 22% des conteneurs transportés par voie maritime dans le monde
passent par le canal de suez. Pour permettre l'accroissement et la fluidification du trafic dans
ce passage, des travaux d'élargissement et le creusement d'une nouvelle voie ont été
réalisés. Ces travaux sont fondamentaux dans la mesure où le canal de suez est le passage
le plus court et donc le moins cher entre l'Asie et l'Europe.

Situé à proximité de cette voie maritime principale; le détroit d'Ormuz est un point clé dans le
domaine des hydrocarbures. 21% de la consommation mondiale de
pétrole transitent par ce détroit. Les pays asiatiques, Chine et Japon en
tête, sont particulièrement dépendants de cette filière d'approvisionnement.

Cependant, face à l’importance de ces points de passage, les grandes puissances

maritimes cherchent à exploiter le plus de leurs ressources, ce qui crée des désagréments.
C'est pourquoi, ces puissances mettent en place des forces navales pour permettre le
passage des navires dont la valeur se compte en centaine de millions d’€. Ainsi, en 2012,
une force internationale s’est mise en place pour sécuriser le détroit du Bab-el-Mandeb
dans lequel s’était développée une activité de piraterie depuis la Somalie. Le détroit
d’Ormuz, contrôlé par l’Iran, les Émirats Arabes Unis et Oman concentre près de 40 % du
trafic mondial d’hydrocarbures et devient un enjeu majeur lors des crises diplomatiques
entre l’Iran et les États-Unis.

Ainsi, les points de passage maritimes sont des espaces stratégiques car ils facilitent le
commerce mondial, sont situés dans des zones géopolitiques clés et peuvent être utilisés à
des fins militaires, ce qui justifie l'attention portée par les États à ces zones.
D'où l'intérêt de les protéger car même si avec la Convention de Montego Bay de 1992, les
règles de territorialisation des mers et océans ont vu le jour, elles ont permis une exploitation
intensive des ressources de ces espaces, les fragilisant toujours plus alors qu’ils sont déjà
touchés par de graves pollutions et par le réchauffement climatique.