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THEME 1 

: MERS ET OCEANS DANS LA MONDIALISATION


CHAPITRE I : LES MERS ET LES OCEANS, DES ESPACES ESSENTIELS DE LA
MONDIALISATION.

La mondialisation est un processus de mise en relation des différentes parties du monde par
l’intensification des flux de toutes natures. Elle résulte de la diffusion mondiale du
capitalisme et engendre une intégration différenciée des territoires dans un monde de plus en
plus interdépendant.
Les mers et océans couvrent 71% de la surface terrestre et composent l’espace maritime
mondial, essentiel au processus de mondialisation en tant que support des flux et espace de
ressources exploitées. Ils génèrent ainsi des tentatives d’appropriation des différents acteurs
de la mondialisation, créant des conflits et des tensions géopolitiques.
Pourquoi les mers et les océans sont-ils devenus des espaces majeurs de la mondialisation ?

I)Mers et océans : vecteurs essentiels de la mondialisation.


A)Une économie mondiale de plus en plus maritime
Repère 2 p.342 : évolution du transport maritime
1-2-4 p.344 : CMA-CGM, taille des bateaux et FTN
1p.340 : carte des câbles sous-marins.
Quelle est l’importance des MO dans l’évolution des flux de la mondialisation ?

Le trafic maritime mondial a augmenté de 25% entre 2007 et 2017, alors que 90% des
marchandises sont exportées par bateau. En 2018, 380 câbles sous-marins posés sur le
plancher océanique supportent 99% du trafic internet mondial. Cet accroissement des
échanges par les voies maritimes depuis les années 1970 définit le processus de
maritimisation de l’économie mondiale, conséquence du processus de mondialisation.
Pour s’adapter à cette croissance de la demande, les navires grossissent et se spécialisent
(pétroliers, méthaniers, porte-conteneurs). Les plus gros porte-conteneurs font aujourd’hui
400m de long pour 21000 boîtes empilées : on parle de conteneurisation du transport maritime
depuis les années 60, basée sur la standardisation pour faciliter le transport et la manutention.
Cela permet de réduire le coût du transport maritime, qui représente seulement 2% du prix de
revient des marchandises.
Cette course au gigantisme est menée par des armateurs : personne ou entreprise qui possède
une flotte de navires et qui s’occupe de son exploitation commerciale. Le marché est dominé
par des groupes européens malgré la croissance des groupes asiatiques. Ils investissent dans
les infrastructures portuaires et dans l’innovation (portiques connectés, grues porte-conteneur
automatisées…)

Carte p.338-339 : carte mondiale (routes et ports)


Dossier canal de Panama p.348
Quels sont les routes maritimes privilégiées par la mondialisation ?

La route circumterrestre relie les principaux pôles de l’économie mondiale. Le Pacifique est
devenu l’océan de la mondialisation, devant l’océan indien puis l’océan atlantique. Cette route
est jalonnée de hubs, qui redistribuent les marchandises vers des ports secondaires et leur
arrière-pays. Le réseau des échanges maritimes est complété par des lignes spécialisées : les
routes des hydrocarbures depuis le Moyen-Orient (45% des exportations) et l’Afrique de l’Est
traversent les océans indien et atlantique, les routes du fer et du charbon partent depuis
l’Amérique et l’Australie, les routes agricoles depuis l’Europe et l’Amérique. Mais la
compétition pour le transport de marchandises entraîne la recherche de nouvelles routes, plus
rapides : la route polaire du nord-est permet un gain de distance entre l’Europe et l’Asie de
40%, mais elle reste encore incertaine en raison de sa dangerosité (iceberg, glace, fonds et
littoraux peu cartographiés) et de son coût.
Le trafic doit se concentrer dans des goulets d’étranglement que sont les détroits et canaux,
points de passage incontournables. Si Suez et Panama ont connu des travaux d’élargissement
et d’approfondissement pour augmenter le nombre et la taille des bateaux pouvant y passer,
les détroits principaux connaissent des règles de circulation et de contrôle. Ils peuvent être des
lieux de tensions géopolitiques.

B-Des espaces maritimes aménagés par la mondialisation.


Repère 1 p.346 (les 10er ports)
4-5 p.325 (port de Dubaï)
Photo port de Colombo (5 p.333) et de Singapour (4 p.335) (échelle locale : Malacca)
Carte des flux p.338-339
Comment la maritimisation de l’économie transforme-t-elle les territoires ?

Pour accompagner la maritimisation, les ports s’agrandissent et se modernisent, en


développant leur robotisation et leur automatisation pour gagner en productivité. Les
principaux ports sont devenus des pôles logistiques, espace de stockage et de redistribution de
marchandises favorisant l’implantation d’entreprises, mêlant les ZIP et les activités de
redistribution du trafic (hub). Se développent donc les activités de feedering, technique qui
consiste à redistribuer des conteneurs entre des ports secondaires et le port principal où ils
sont chargés et déchargés sur des navires transocéaniques, qui permet une complémentarité
entre les ports d’une même façade.
Cette adaptation concentre les flux maritimes entre les 3 grandes façades maritimes de l’Asie
orientale, de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord-est : espace littoral concentrant
plusieurs ports permettant de mettre en relation l’espace continental de l’arrière-pays avec le
reste du monde. 75% des flux maritimes circulent entre ces espaces littoraux qui connectent
les 3 grands pôles de la mondialisation.
Les ports asiatiques dominent aujourd’hui la mondialisation : 14/20 ports en 2019, dont 9
chinois, le 1er port est Shanghai (Yangshan) avec 42M de conteneurs par an (5,6M en 2000).
Les ports occidentaux connaissent un déclassement alors que leur trafic augmente, ce qui les
poussent à se spécialiser dans un type de marchandise (charbon à Baltimore, céréales à
Rouen). Les ports africains et sud-américains sont moins intégrés aux flux de la
mondialisation en raison de la faiblesse de leurs arrière-pays, même s’ils connaissent une
modernisation et le développement du feedering qui les hiérarchise : Santos au Brésil devient
le principal hub sud-américain sur l’Atlantique.
La mondialisation hiérarchise tant les pays et continents que les mers et océans : les océans
pacifique et indien sont devenus les nouveaux cœurs des échanges mondiaux, mais leur
intégration est inégale : seule la partie septentrionale indien et orientale pacifique sont
dynamisées par les flux mondiaux, le reste de ces océans étant plutôt à l’écart des flux. De
même, certaines mers sont intégrés par leurs flux régionaux : la pratique du feedering en
Baltique depuis Rotterdam et Hambourg, ou les croisières dans les Caraïbes, ou sont
traversées par des flux mondiaux comme la mer de Chine méridionale ou le Golfe persique.
La maritimisation est donc un processus sélectif intégrateur et marginalisant, aussi bien des
océans que des pays enclavés.

II)Les mers et les océans : espaces de ressources, entre appropriation et protection.


A-Les mers et océans : des espaces riches en ressources variées…
Carte 3 p.341 : les ressources maritimes (pêche, hydrocarbures, ressources minérales)
Repère 1 p.342 : les pays de pêche (2017)
4p.339 et photo p.336 (exploitation offshore pétrole et éolienne)
Quelles sont les ressources proposées par les mers et océans ?

La ressource est la mise en valeur d’un bien naturel (minéral, énergétique…).


1. Les ressources halieutiques
Ressources halieutiques : ressources vivantes animales et végétales des mers et des océans
ainsi que des eaux douces exploitées par l’homme.
Les zones de capture les plus exploitées dans le monde se situent sur :
- les fronts de mer (près des ports pour le déchargement, la consommation et la
distribution),
- les plateaux continentaux (90% des captures se font à moins de 500m de profondeur),
- dans les mers froides, les courants froids.
L’aquaculture est pratiquée dans les rades et dans les baies.
Les océans sont plus ou moins exploités par les Etats :
- L’Océan Pacifique représente 60% de la pêche mondiale. C’est la zone où les
captures ont le plus augmenté entre 1970 et 2010. La Chine à elle seule représente 20%
des prises mondiales. La consommation locale y est très importante mais la Chine
exporte aussi dans le monde entier. Les autres géants de la pêche sont le Japon,
l’Indonésie, le Pérou, le Chili.
- L’Océan Atlantique représente 25% de la production. Les mers tempérées y sont le
plus exploitées (Ex : hareng) mais on pêche aussi du lieu en Alaska. Les besoins sont
croissants mais la production diminue en raison de restrictions et d’une baisse de la
ressource.
- L’Océan Indien est également une zone de pêche très importante (l’Inde et la
Birmanie).
La production halieutique représente 160 millions de tonnes : la pêche = 100 millions de
tonnes, l’aquaculture = 60 millions de tonnes.
Les poissons pêchés : Les pélagiques (poissons de surface) petits (comme les sardines ou
les anchois) ou gros (comme le thon) représentent l’essentiel des captures. La moitié de la
production repose sur 70 espèces seulement.
La pêche emploie des millions de personnes dans le monde mais les pêcheurs
traditionnels, les plus nombreux, qui pratiquent leur activité le long des côtes dans des
chalutiers de petite taille sont concurrencés par les acteurs de la pêche industrielle qui
naviguent en haute mer dans des chalutiers industriels (de 30 à 50m) voire dans des
chalutiers congélateurs qui stockent et transforment sur le navire leur production. Les
chalutiers industriels prélèvent beaucoup plus que les petites embarcations y compris le
faux poisson rejeté mort.

2. Les ressources énergétiques


* Volume de la production d’hydrocarbures off-shore : Les ressources énergétiques off-
shore sont au cœur des économies actuelles. Elles sont donc stratégiques :
- 35% de la production mondiale de pétrole et 30% de la production mondiale de gaz
sont off-shore
- 22% des réserves de pétrole et 37% des réserves de gaz sont off-shore.
* Chronologie et localisation de la production d’hydrocarbures off-shore : Les 1ères
exploitations off-shore sont installées au large de la Californie et du Venezuela (fin XIXe),
puis dans le golfe du Mexique (années 1930). Les forages se multiplient dans les années
1960-1970 en Mer du Nord (Ecosse, Norvège) et en Alaska.
Cette technologie off-shore est désormais largement employée au Moyen Orient, dans le
Golfe persique, en Asie du S-E, dans le Golfe de Guinée, au N-O de l’Australie, au large du
Brésil, en Afrique de l’Ouest et en Inde. A l’heure actuelle, plus de 700 stations off-shore sont
en service.
* Pour exploiter ces gisements d’hydrocarbures off-shore, les plateformes récupèrent les
hydrocarbures de plus en plus profondément (jusqu’à 2 000 à 3 000m).
Le transport des hydrocarbures se fait ensuite par pipeline ou par tankers pour le pétrole
et par des navires gaziers (gaz).

* Outre les hydrocarbures, les EMR (= Energies marines renouvelables, c’est-à-dire


l’ensemble des technologies permettant de produire de l’électricité à partir du milieu marin :
la houle, les courants, les marées, les températures des eaux) offrent des perspectives de
production importantes. Par exemple, les champs d’éoliennes localisés au large des côtes
pourraient progresser dans la consommation énergétique mondiale dans les prochaines
décennies (le Royaume-Uni envisage que l’éolien off-shore couvre 1/3 de ses besoins
énergétiques d’ici 2030). Les 3 principaux pays producteurs d’éolien off-shore sont le R-U
(34%), l’Allemagne (27%) et la Chine (20%).

3. Les ressources minérales


Les principales ressources minérales sont constituées d’accumulations de matériaux
ferreux situées en de fortes profondeurs, très recherchés car ils entrent dans la
composition des batteries de voitures électriques, des puces de portables ou des ampoules
LED. Cependant, leur récupération constitue un véritable défi technique en raison des
profondeurs abyssales (entre 3 000 et 6 000m) sans compter les risques écologiques de
destruction des habitats des organismes marins des grandes profondeurs.

B-Des espaces réglementés et territorialisés


Cartes 1 et 3 p.354-355 (Montego Bay et puissances navales)
Repère 1 p.356 (schéma droits de la mer)
Doc 1 et 5 p.358-359 : l’Arctique (carte et article sur les tensions géopolitiques)
Quels sont les enjeux de l’appropriation des espaces maritimes ?

Le partage des espaces maritimes repose sur le droit international. Le droit de la mer a
été défini par la Convention Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) signée à Montego
Bay en 1982 : elle règle les relations entre Etats concernant l’utilisation de la mer et l’exercice
de leurs pouvoirs sur les espaces maritimes ; ainsi, plus on est proche des côtes d’un Etat, plus
les droits souverains sont importants. Cela donne lieu à l’établissement des eaux territoriales
(limite des 12 milles), des ZEE (200 milles), et enfin de la haute mer, ou eaux internationales,
dans laquelle la libre circulation est la règle et l’exploitation des fonds réglementés par les
Nations-Unies. La pêche d’espèces protégées y est interdite et un navire y circulant doit être
immatriculé (cad respectant les lois du pays dans lequel il est enregistré), mais seuls 20% de
ces fonds marins sont cartographiés.
Les ZEE symbolisent donc l’appropriation des mers et océans par les Etats, qui peuvent y
réglementer l’accès et l’exploitation de ses ressources naturelles. Elles représentent
aujourd’hui 36% des mers du globe. Les Etats côtiers ont la possibilité de demander une
extension de leur ZEE s’ils peuvent démontrer scientifiquement que leur plateau continental
se prolonge sur le fond des océans : cf France en 2015 +579000 km² autour des Antilles et de
la Nouvelle-Calédonie.
Les richesses maritimes et leur partage attisent les tensions entre Etats, en particulier
pour tracer les limites des ZEE dans les régions où les ressources sont nombreuses, ou dans
les passages stratégiques actuels ou futurs. Certaines îles sont devenues stratégiques car elles
ouvriraient la possibilité d’étendre la ZEE des Etats auxquelles elles appartiendraient : îles
Spratley et Paracels en mer de Chine méridionale.
Les détroits sont particulièrement surveillés par les puissances voisines, voire par les
puissances mondiales, en fonction du trafic maritime qu’ils connaissent. Des actes de piraterie
sont fréquents sur différentes mers comme les Caraïbes, au large de l’Afrique (golfe de
Guinée, golfe d’Aden/détroit de Bab-el-Mandeb), ou en Indonésie.
L’essentiel des flux illicites passe par les flux maritimes : drogues, armes, migrants passent
par les conteneurs. La cocaïne d’Amérique latine voyage par les Caraïbes et l’Afrique de
l’Ouest, les passeurs de Méditerranée n’hésitent pas à utiliser des bateaux de fortune pour
faire traverser les migrants par les routes moins surveillées mais dangereuses (Libye,
Canaries).
Ces tensions géopolitiques croissantes accélèrent la militarisation des océans. Seuls un
petit nombre d’Etats dispose d’importantes flottes militaires leur permettant de protéger leurs
intérêts. EU, RU, France, Russie sont parmi les premières puissances navales, mais doivent
compter sur la croissance militaire chinoise, voire indienne. A l’échelle régionales, certains
Etats achètent du matériel militaire pour assurer leurs positions face à un voisin jugé
menaçant : cf Chine en Asie du Sud-est, voire pour l’Australie (achat de 12 sous-marins
français en 2016).
La multiplication des bases navales le long des routes maritimes majeures assurent des points
d’accès et de contrôle de ce réseau pour ces pays différents pays : Djibouti cumule 3 bases
navales étrangères sur son sol (FR, EU, Chine).

C-Des espaces à protéger.


Carte 2 p.354 (aires marines protégées)
Repère 2 p.356 (vidéo plastique 7e continent)
Quels problèmes environnementaux se posent pour les mers et océans ?

Ils sont gravement menacés par les activités humaines. La surpêche risque de produire une extinction
massive, en particulier en Méditerranée et mer Noire. Selon la FAO, plus de 60% des espèces pêchées
sont à la limite de leur capacité de renouvellement et 30% sont surexploitée. Les océans sont aussi
touchés par de nombreux polluants, dont 80% sont d’origine terrestre (rejet de pesticides, déchets non
traités). Cette concentration des déchets a donné naissance à de véritables « continents » de plastiques
dans les gyres (le plus important fait 3 fois la superficie de la France), dégradant les eaux océaniques
et retombant dans la chaîne alimentaire.
L’appropriation permet néanmoins aux Etats de mettre en place des mesures de protection et favoriser
la patrimonialisation de leurs domaines insulaires et maritimes : préservation des mangroves, des
barrières de corail, des espèces halieutiques. 5000 aires marines protégées existent aujourd’hui dans le
monde, soit 26M de km², mais qui ne représentent que 7% de la surface des océans, même si celle-ci a
doublé depuis 2017.
Les Etats maritimes sont partagés entre les logiques de valorisation et de protection. Le potentiel de
création de richesses des mers et océan est élevé mais en contradiction avec la nécessité de préserver
le milieu marin et la biodiversité. La coopération entre les Etats ne fait donc pas consensus alors que la
remontée du niveau marin menace l’existence même de certains Etats.

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