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Cours 1 : Mers et océans, moteurs de la mondialisation

En quoi les mers et les océans sont-ils essentiels au fonctionnement de la mondialisation ?

I) Des ressources maritimes et littorales riches et variées (doc 3 p. 35)

Ressources halieutiques. L’abondance des ressources halieutiques confèrent aux espaces maritimes une
fonction nourricière. La production mondiale de la pêche de capture et de l’aquaculture a dépassé les 179 M de t. en
2018 : 96,4 M de t. provenant de la pêche de capture 1 et 82,6 M de t. issus de la production aquacole. La mer
Méditerranée et la mer Noire, le Pacifique Sud-Est et l’Atlantique Sud-Ouest comptent parmi les principales zones de
pêche. Sept Etats se distinguent par leur volume de pêche : Chine (15 %), Indonésie (7 %), Pérou (7 %), Inde (6 %), EU
(5 %), Russie (5 %) et Viet Nam (3 %). Au total, le secteur primaire de la pêche emploie 59,5 M de personnes à travers
le monde pour un nombre total de navires de pêche dépassant les 4,5 M (dont 68 % en Asie).
Ressources fossiles et énergétiques. L’exploitation des énergies fossiles offshores s’effectue principalement en
mer du Nord (RU, Norvège, Pays-Bas, Danemark), dans le golfe Persique, dans le Golfe du Mexique (côtes
américaines et baie de Campêche au Mexique), en mer Caspienne, au large du Brésil, près des côtes de la Malaisie et
de l’Indonésie. Les archipels d’Hawaï et de Polynésie recèlent d’importantes quantités de nodules polymétalliques 2
et de terres rares3.
Le potentiel énergétique maritime est considérable. Parmi les énergies marines renouvelables qui se
développent, citons principalement : l’éolien, l’énergie houlomotrice (énergie des vagues), l’énergie marémotrice 4
(énergie potentielle des marées dans les zones de fort marnage) et l’énergie osmotique (énergie exploitable à partir
de la différence de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce).
Aménités maritimes et littorales. Sur leur marge, à savoir sur les littoraux, les mers et océans génèrent une
intense activité balnéaire liée aux aménités des lieux : paysages, ensoleillement, sites remarquables (diapo). Les
plages des Caraïbes (Bahamas, Barbade) et de la Méditerranée (Espagne, Grèce) sont les plus attractives de la
planète. Au large, le tourisme de croisière est un secteur d’activité en pleine expansion : le nombre de passagers a
atteint 28,2 M en 2018. Si la majeure partie de l’activité reste centrée sur ses traditionnels bassins privilégiés que
sont les mers des Caraïbes et de la Méditerranée, elle se diffuse à travers le monde, de l’océan Pacifique aux rivages
de la mer de Chine, de l’Alaska à la Patagonie (diapo).

II) Des espaces traversés par des flux mondialisés de marchandises

La maritimisation de l’économie mondiale. La mondialisation s’accompagne du processus de maritimisation de


l’économie mondiale : plus des quatre cinquièmes du commerce mondial de marchandises en volume 5 empruntent
les grandes routes océaniques qui relient les principaux pôles de la mondialisation (carte p. p. 32-33). L’essentiel du
transport maritime est assuré par les navires citernes (pétrole, gaz et produits chimiques), les vraquiers 6 (minerai de
fer, céréales et charbon) et les porte-conteneurs (produits manufacturés). Au total, en 2018, 11 milliards de tonnes
de marchandises ont transité par voie maritime, soit près de deux fois plus qu’en 2000 (5,9 milliards).

1
Trois espèces se distinguent pour leur prélèvement record : l’anchois du Pérou (7 M de t. en 2018), le lieu d’Alaska (3,4 M) et le
thon listao (3,2 M).
2
Concrétions rocheuses reposant sur les fonds marins riches en manganèse, fer, silicium aluminium, nickel, cuivre et cobalt.
3
Métaux indispensables à la fabrication de produits de haute technologie. L’yttrium par exemple sert à la fabrication des écrans,
des disques durs, des lecteurs MP3, des voitures électriques et des machines à laver.
4
L’usine marémotrice de la Rance (Bretagne), longue de 750 m, est restée la plus grande usine marémotrice du monde de son
inauguration en 1966 jusqu’en 2011, date de la mise en service de la centrale de Sihwa Lake en Corée du Sud.
5
90 % des échanges, en tonnage, se font par voie maritime.
6
En 2018, les principaux vracs secs − minerai de fer, céréales et charbon − représentaient plus de 40 % du total des expéditions
de marchandises solides, tandis que le commerce de marchandises conteneurisées et les vracs de moindre importance
représentaient respectivement 24 % et 25,8 %.
La conteneurisation de l’économie. La maritimisation a été rendue possible par la révolution du transport
maritime. Le gigantisme des navires et l’utilisation du conteneur7 (EVP8) ont permis un abaissement du coût des
transports de biens manufacturés (doc 3 p. 32 + dossier p. p. 38-39) : la dernière génération de porte-conteneurs de
classe Algeciras (2020), longs de 400 m, permettent de charger plus de 24 000 boîtes. Depuis les débuts de la
conteneurisation du fret maritime dans les années 1970, la part du volume transporté par conteneur n’a cessé
d’augmenter, atteignant 90 % du transport maritime en volume en 2019.
La littoralisation. Corollaire et point d’appui de la maritimisation de l’économie, la littoralisation est un
processus de concentration des populations et des activités humaines sur les littoraux. L’intensification des flux
maritimes a généré la création de vastes ZIP (Shanghai, Rotterdam) qui constituent des plateformes intermodales
entre l’avant-pays (foreland) et l’arrière-pays (hinterland) (schéma diapo).

III) Des espaces de circulation des hommes et des informations

Des espaces migratoires : le cas méditerranéen. Les courants migratoires clandestins se font en grande partie
par voie maritime. C’est le cas de la Méditerranée, traversée par 113 482 migrants en 2018, soit par 9 migrants sur
10 parvenus en Europe (diapo). L’Espagne est devenue la première porte d’entrée en Europe, avec 57 215 arrivées
en 2018. Le premier pays d’origine des migrants est la Guinée, suivi du Maroc et du Mali, avant la Syrie. Mais la voie
maritime est aussi la plus meurtrière pour les migrants : plus de 2 260 personnes sont mortes en tentant de traverser
la Méditerranée en 2018. Depuis 2014, ce sont plus de 20 000 migrants qui ont péri en mer en voulant gagner
l’Europe.
Les « routes du fond des mers9 ». Entamée au milieu du XIX siècle10, la pose de câbles de télécommunication
sous-marins assure désormais la quasi-totalité des communications et des transferts d’informations à l’échelle du
globe : aujourd’hui, 473 câbles optiques, dont 25 traversent l’océan Atlantique et 22 le Pacifique, totalisant 1,3 M de
km, transportent 99 % des données numérisées (doc 2 p. 34 + diapo). Propriétés historiques des entreprises privées
ou publiques des télécoms, les câbles sous-marins appartiennent désormais pour plus de la moitié aux géants du
numérique : le câble Dunant qui relie depuis l’été 2020 les EU à la France appartient en totalité à Google ;
l’entreprise déploie également le gigantesque câble Equiano qui borde toute la côte ouest du continent africain.

7
Le principe du conteneur a été inventé en 1956 par un transporteur routier américain, Malcom McLean, qui a d’abord
embarqué ses camions sur des navires afin d’accélérer le transport des marchandises puis les remorques seulement, donnant
naissance au conteneur.
8
La capacité de charge d’un porte-conteneur se mesure en conteneurs de 20 pieds (6,1 m de long). On parle d’« équivalent vingt
pieds » (EVP) pour désigner un conteneur embarqué. Mais la plupart des porte-conteneurs transportent des boîtes de 40 pieds
(12,2 mètres).
9
Florence Smits et Tristan Lecoq, Les routes du fond des mers, la colonne vertébrale de la mondialisation, Annuaire français des
relations internationales 2017, Volume XVIII.
10
Le premier câble télégraphique transatlantique est posé en août 1858 entre Valentia (Irlande) et Trinity Bay (Terre Neuve). La
transmission du premier message de 509 lettres entre la reine Victoria et le président des EU, James Buchanan, avait mis 17
heures et 40 minutes à traverser l’océan Atlantique.

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