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1
Thème
de conquête
La logique du thème
Le Thème 1 propose d’aborder « de nouveaux espaces de conquête ». Bien que l’espace et les océans
soient chacun très spécifiques, la mise en parallèle fonctionne bien et s’avère féconde sur plusieurs
plans, tant les points communs et les convergences sont nombreux. En effet, ces espaces restent
situés en dehors de l’œkoumène, l’espace habité et approprié par les hommes, et à ce titre, ils sou-
lèvent des enjeux bien particuliers, qu’il s’agisse de leur contrôle, de leur appropriation entendue
au sens large (culturelle, juridique, économique), de leur exploitation, et enfin de leur protection.
Ils alimentent des ambitions concurrentes et des rivalités entre États, chaque puissance cherchant
également à s’affirmer dans ces sphères, comme en témoigne la politique très volontariste, et par-
fois même agressive, de la Chine dans ces deux champs. L’approche géopolitique trouve donc toute
sa pertinence ici, autour de l’étude des relations entre États, qui balance entre rivalités et néces-
saire coopération.
La photographie du cosmonaute réalisant une sortie extra-véhiculaire depuis la station spatiale
internationale est doublement révélatrice. D’abord par le niveau de maîtrise technique qu’elle sup-
pose (station spatiale, sortie dans l’espace, équipement). D’autre part par la nationalité (russe) du
cosmonaute, qui incarne une coopération internationale de très haut niveau dans le cadre de la
station spatiale internationale, en rupture avec l’âpre concurrence spatiale qui a prévalu entre
États-Unis et URSS pendant toute la durée de la guerre froide.
p. 20-21 Introduction dans les années 1930 dans le golfe du Mexique, mais
s’est surtout accélérée après le premier choc pétrolier.
Une connaissance et une maîtrise Les forages sont de plus en plus éloignés des côtes et de
plus en plus profond (le record est détenu par le Brésil
en constante évolution qui maîtrise les techniques de forage ultra-profond). La
En dépit de décalages dans les temporalités, ces deux plateforme russe Prirazlomnaïa inaugure les forages
espaces qui environnent les espaces terrestres sont de russes dans l’océan Arctique, une région au niveau de
mieux en mieux connus et maîtrisés par les sociétés, contraintes très élevé (englacement saisonnier, tem-
qui les observent et/ou les pratiquent depuis les temps pêtes, usure rapide des matériaux par le froid) imposant
préhistoriques. Les innovations techniques et technolo- des infrastructures robustes et coûteuses, mais aussi un
giques jouent dans ce domaine un rôle déterminant pour environnement extrêmement fragile (manifestations
approfondir la connaissance de l’espace et des océans, de militants Greenpeace à proximité de cette même
dont une large part demeure néanmoins encore mécon- plateforme en 2013 pour dénoncer les ravages environ-
nue ou même inconnue. nementaux de cette opération). La Russie extrait une
grande partie de son pétrole et la quasi-totalité de son
gaz naturel, fondements de sa puissance retrouvée, au
Document 1 nord du cercle polaire.
Résultant d’une élaboration personnelle, la chronologie
permet de mettre, en dépit de leurs différences fonda-
mentales, les deux espaces en parallèle pour dégager Document 3
quelques idées constantes : maîtrise progressive, explo- Le document permet de prendre conscience du carac-
ration et connaissance accrue, rôle des progrès tech- tère progressif de la conquête spatiale, avec un statut
niques, connaissance encore inégale et incomplète. de puissance spatiale qui reste pour l’heure réservé à
un tout petit cercle (même s’il tend à s’élargir). Très peu
d’États ont en effet les moyens, aussi bien techniques
Document 2 que financiers, d’élaborer et d’exploiter leur propre lan-
La photographie de la plateforme off-shore russe ceur spatial. En 2017, les États-Unis consacraient 40 mil-
Prirazlomnaïa illustre le haut niveau de maîtrise tech- liards de dollars par an à l’espace, activités civiles et
nique nécessaire pour exploiter les ressources du plan- militaires confondues, quand l’UE y dépensait 7 milliards
cher océanique. L’extraction off-shore (littéralement : et la Russie 5 (source : CNRS).
« au-delà des côtes ») d’hydrocarbures a commencé
Bibliographie
–– H. Couteau-Bégarie a écrit l’ouvrage de référence sur le domaine maritime : L’Océan
globalisé, Economica, 2007.
–– P. Royer a rénové l’approche avec son très riche ouvrage Géopolitique des mers et
océans, PUF Major, 2012.
–– Le magazine Diplomatie a sorti un numéro sur le monde maritime dans la catégorie
Grands dossiers : « Géopolitique des mers et des océans », n° 33, 2016. D’un abord aisé
et très pratique.
–– Le magazine Carto, Dossier « Mers et océans. Géopolitique des espaces maritimes »,
n° 28, mars-avril 2015.
–– Le magazine Questions internationales, « Mers et océans », n° 14, juillet-août 2005.
–– On peut consulter avec profit l’Histoire de la conquête spatiale de J.-F. Clervoy et F.
Lehot, De Boek Sup, une synthèse récente parue en 2019.
Sitographie
–– Le site Géoconfluence donne une liste très complète des ressources mobilisables
concernant mers et océans : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/concours/
mers-et-oceans-ressources-classees
–– I. Sourbès-Verger, « Espace et géopolitique », L’Information géographique, 2010/2,
https ://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2010-2-page-10.htm
–– P. Verschuuren, « Géopolitique spatiale, vers une course à l’espace multipolaire ? »,
Revue Internationale et Stratégique, 2011/4, https ://www.cairn.info/revue-internatio-
nale-et-strategique-2011-4-page-40.htm
–– J.-L. Lefebvre, « L’espace est stratégique », Diploweb, 29 décembre 2010, https://
www.diploweb.com/L-espace-est-strategique.html
Bibliographie et sitographie
1. Océans
–– Le n° 8104 de La Documentation photographique réalisé par A. Frémont et A. Fré-
mont-Vanacore est consacré à la « Géographie des espaces maritimes » (2014, La Do-
cumentation française).
–– Le magazine Carto, réputé pour la qualité de ses synthèses et de sa cartographie, a
édité en 2015 un dossier dédié aux mers et océans (n° 28, mars-avril 2015).
–– A. Louchet, 2015, Atlas des mers et des océans : conquêtes, tensions, explorations,
Autrement. Ouvrage de synthèse le plus complet doté de riches illustrations.
–– T. Lecoq (dir.), Enseigner la mer. Des espaces maritimes aux territoires de la mondia-
lisation, collection Trait d’union Géographie, SCEREN CNDP/CRDP, Rennes, 2013. Un
ouvrage avec une double visée, scientifique et didactique.
–– Les notes de synthèse de l’ISEMAR fournissent des mises au point rapides et précises
sur le monde maritime. Certaines peuvent concerner notre sujet, comme la note n° 114
« délimitation des espaces marins et relations internationales », n° 168 « exploitations
des ressources maritimes », ou encore n° 213 « les grands fonds marins : quel avenir
pour les ressources minérales ». On les trouve sur cette page : https://www.isemar.fr/
fr/notes-de-synthese/
–– Le quotidien Le Monde a consacré un hors-série en 2017 en partie aux océans : Atlas
de l’eau et des océans. Mises au point rapides et précises, de nombreux exemples uti-
lisables avec les élèves, et une cartographie de grande qualité.
2. Espace
–– Une mise au point assez concise par la géographe I. Sourbès-Verger, interrogée ici
sur le site du CNRS, et qui aborde les enjeux actuels de la conquête spatiale, entre col-
laboration et essor de nouveaux acteurs et de nouvelles problématiques : https://le-
journal.cnrs.fr/articles/les-puissances-de-lespace. Les travaux de cette spécialiste des
politiques spatiales sont particulièrement intéressants, on pourra aussi consulter avec
profit « Espace et géopolitique », L’Information géographique, 2010/2 (vol. 74), p. 10-35,
https ://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2010-2-page-10.htm. Voici
ses articles les plus récents : https ://www.cairn.info/publications-de-Isabelle-Sourb %
C3 % A8s-Verger--21064.htm
–– Sur le site du CNES, une mise au point très accessible en une vingtaine de pages « 1964-
2014 : 50 ans de coopération spatiale européenne » http://www.cnes-csg.fr/automne_
modules_files/standard/public/p11317_d26004c134fc49255a6495a0c0285957Lati-
tude_5_n105_-_50_ans_dEurope_spatiale.pdf
–– Un épisode très récent (janvier 2019) de l’émission d’Arte « Le dessous des cartes » :
« L’espace, enjeu de puissance » https://www.arte.tv/fr/videos/083964-003-A/le-des-
sous-des-cartes-l-espace-enjeu-de-puissance/
p. 44-45 O u ve r t u r e Document 4
Cette actualité récente marque l’aboutissement d’un
Éléments de réponse aux questions p. 44 vieux conflit territorial autour de la mer Caspienne, qui
1. Ce conflit oppose des acteurs économiques, les n’avait pas été réglé par la convention de Montego Bay,
pêcheurs anglais et français. en raison du caractère fermé de la mer et de l’impor-
tance des ressources en hydrocarbures qu’elle renferme.
2. Leur conflit se noue autour de la répartition d’une Ce conflit a finalement été dépassé par une négociation
ressource halieutique, les coquilles Saint-Jacques. On a multilatérale entre les riverains.
donc là un conflit d’acteurs caractérisé autour de l’ex-
ploitation d’une ressource.
Éléments de réponse aux questions p. 46
1. L’espace et les océans sont de plus en plus investis par
Éléments de réponse aux questions p. 45 les sociétés. Il y a en effet de plus en plus de puissances
1. Lors de la guerre froide, les deux principales puissances spatiales, de plus en plus d’acteurs économiques impli-
s’opposent dans le domaine spatial, caractérisé par une qués, ou encore de plus en plus d’espaces protégés.
forte compétition. La logique de la station spatiale inter-
nationale est complètement inverse, puisqu’elle corres- 2. Cet investissement croissant passe par des logiques
pond à une collaboration, comme on le voit par exemple d’exploitation des ressources, de protection des milieux
à la composition d’équipage. L’utilisation de l’ancien ou de régulation des usages.
centre de contrôle de la station Mir est, de ce point de
vue, très symbolique. 3. On distingue deux logiques a priori contradictoires à
l’œuvre :
–– d’une part des logiques de concurrence (enjeux de
p. 46-47 Re p è r e s puissance, compétition pour l’appropriation des res-
sources) ;
Coopérer sur les mers et dans l’espace –– d’autre part des logiques de coopération (politique
spatiale européenne, négociations internationales, dans
le cadre de l’ONU ou non, politique environnementale).
Document 1
Le lanceur Ariane, mis au point par l’ESA, est un exemple
particulièrement abouti de coopération dans le domaine p. 48-49 Jalon 1
spatial, qui a permis aux pays européens de s’autono-
miser vis-à-vis des deux Grands, et qui est ici présenté
comme un motif de fierté.
Coopérer pour développer
la recherche :
la station spatiale internationale
Document 2 La SSI constitue un exemple très approfondi de coopé-
Cet article de presse très récent, que l’on peut mettre en ration scientifique internationale de haut niveau. La
lien avec l’introduction du chapitre, souligne les risques collaboration entre États-Unis et Russie en particulier
d’un investissement croissant de l’espace par les socié- marque de façon très symbolique le dépassement de
tés privées et met en évidence la nécessité d’établir une la logique de compétition de la guerre froide entre les
régulation internationale. deux puissances spatiales. C’est de surcroît un exemple
spectaculaire, bien souvent connu des élèves, grâce au
retentissement médiatique des participations françaises
Document 3 et à la fascination que suscite l’aventure spatiale. Pour
Les AMP, bien que de taille et de niveau de protection très autant, des enjeux géopolitiques émergent, en lien entre
divers, tendent aujourd’hui à se multiplier, notamment autres avec le programme spatial chinois, qui pose de
sous l’impulsion de l’ONU. Pour autant, elles sont encore nouvelles questions.
loin d’atteindre les objectifs minimums nécessaires à
une protection efficace des océans, ce qui témoigne de
l’importance des pressions exercées sur ces milieux.
Document 1
Cet extrait d’article permet de retracer la genèse de
la station spatiale, tout en soulignant le caractère
Éléments de réponse aux questions p. 49 Exploiter les mers et les océans,
1. La SSI fait collaborer un grand nombre de pays : le entre rivalités et partage
document 1 évoque quinze nations, le document 3 Il s’agit ici de montrer que l’exploitation croissante des
montre le travail commun de cinq agences spatiales, espaces maritimes, par des acteurs de plus en plus nom-
tandis que le document 2 montre que les astronautes breux, débouche sur des relations de compétition dans
viennent de tous les continents. Des pays aussi divers l’appropriation des ressources. Ces tensions rendent
que des pays du Nord, du Sud émergent ou de l’ancien nécessaires une régulation à différents niveaux des
bloc soviétique sont amenés à travailler ensemble afin usages. Celle-ci est effective depuis la mise en applica-
de mettre en commun leur expertise technologique tion de la convention de Montego Bay. Mais paradoxa-
et de mutualiser le coût exorbitant de la conquête spa- lement, elle a accru la conflictualité autour de certains
tiale. Ce faisant, ils marquent symboliquement la fin de territoires, notamment insulaires, qui donnent accès à de
la guerre froide. très vastes ZEE. Cependant la Convention pose égale-
2. Les pays occidentaux, en associant la Russie à la SSI, ment de nouvelles questions pour les espaces maritimes
effectuent un geste diplomatique très fort, après la chute qu’elle ne couvre pas, en particulier la haute mer sur
de l’URSS. Mais derrière le symbole, il s’agit surtout d’uti- laquelle l’ONU doit statuer dans les prochaines années.
liser l’expérience et l’avance technique de la Russie en
matière de station orbitale. Document 1
3. Le projet chinois s’inscrit dans la quête de puissance Ce texte issu de l’Atlas de la mer et des océans permet
de la Chine, qui se traduit aussi dans le domaine mari- de remettre en perspective l’émergence d’un droit de la
time. De plus, il leur permet de s’autonomiser vis-à-vis mer sous l’égide de l’ONU, et explique le changement
des États-Unis, alors que la fin de la SSI est programmée radical de perception qu’implique l’appropriation juri-
pour 2024. Pour autant, la logique est bien différente, dique des espaces maritimes, comparée à la conception
puisque la Chine reste le maître d’œuvre du projet et la qui a longtemps prévalu d’une mer ouverte.
seule instance décisionnelle, bien qu’elle développe des
discours d’ouverture en direction des autres acteurs de
l’aventure spatiale.
Bibliographie
N.B. La progression rapide de la « conquête » chinoise dans les domaines maritimes et
spatiaux incite à privilégier des revues spécialisées ou/et des ouvrages très récents.
–– Les dossiers sur la puissance chinoise, ainsi que ceux sur les espaces maritimes et
spatiaux sont très nombreux dans les revues spécialisées et le thème est régulière-
ment abordé, avec les mises à jour correspondantes, dans les revues suivantes :
–– Diplomatie – Les grands dossiers (numéros spécialisés) :
• n° 34 (« Géopolitique de l’espace », août-septembre 2016)
• n° 45 (« Géopolitique de la Chine », juin-juillet 2018)
• n° 53 (« Indo-Pacifique – Géopolitique d’un nouveau théâtre d’influence »,
octobre-novembre 2019)
• n° 55 (« Géopolitique des mers et des océans », février-mars 2020)
–– Diplomatie :
• n° 90 (« Les nouvelles routes de la soie », janvier-février 2018)
• n° 101 (« la Chine au xxie siècle – Quelles ambitions ? Quelle puissance ? »
novembre-décembre 2019)
–– Conflits – hors-série : n° 8 (« Atlas de la renaissance chinoise », automne 2018)
–– Cargo : n° 58 (« L’Asie du Sud-Est », mars-avril 2020)
–– S. Colin, La Chine, puissance mondiale, La Documentation française, coll. « documen-
tation photographique », novembre-décembre 2015. Une reconstitution des étapes
historiques et des aspects de la puissance chinoise.
–– T. Sanjuan, Atlas de la Chine, Les nouvelles échelles de la puissance, Autrement,
2018. Une vision générale de la puissance chinoise actuelle, largement illustrée.
–– S. Boisseau du Rocher et E. Dubois de Prisque, La Chine e(s)t le monde, Odile Jacob,
2019. Un travail de synthèse de spécialistes mettant l’accent sur les logiques et les
dynamiques des ambitions chinoises.
Sitographie :
–– Site de l’Administration spatiale chinoise (CNSA), en anglais : http://www.cnsa.gov.
cn/english/
–– Site anglophone consacré à l’Armée populaire de Libération (il ne s’agit pas du site
officiel du ministère de la Défense chinoise, mais d’un site sponsorisé par celle-ci,
contenant des articles sur son actualité, des dossiers, etc.) : http://eng.chinamil.com.
cn/
–– Diploweb : https://www.diploweb.com/ Articles et entretiens sur les relations inter-
nationales
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 18
p. 60-61 O u ve r t u r e p. 64-65 Jalon 1A
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 19
aujourd’hui, incluant Taïwan (montrant ainsi la réaf- 4. L’étendue des revendications chinoises en mer de
firmation des revendications sur l’île abritant la Répu- Chine méridionale s’explique par des facteurs historiques
blique de Chine). (la reprise par la République populaire de la « ligne en
onze traits » élaborée par la République de Chine), géo-
graphiques (l’étendue du littoral chinois), géopolitiques
Document 4 (la volonté de s’affirmer face aux autres puissances asia-
Ce tableau a été élaboré en compilant les données de tiques) et économiques (le désir de sécuriser les routes
Flottes de combat, publication qui s’adresse principale- maritimes vers l’océan Indien)
ment aux marins et spécialistes des marines militaires.
L’absence de données précises pour la Marine chinoise Synthèse Les revendications maritimes chinoises sont
en 1990 doit appeler des commentaires sur l’opacité de anciennes (première ligne en onze traits en 1947). Elles
la communication de la République populaire de Chine ont été conceptualisées en stratégie maritime dans les
en matière de données militaires. Le rang secondaire (9e années 1980 (amiral Liu Huaqing) et se sont concrétisées
ou 10e) s’explique par le fait que la Marine chinoise dis- lorsque la Marine chinoise a atteint une puissance suf-
pose à cette époque d’un arsenal conséquent mais en fisante pour pouvoir relayer ses revendications. Désor-
partie obsolète (calqué sur d’anciens bâtiments sovié- mais deuxième puissance navale au monde et première
tiques) et ne peut pas mener des opérations combinées dans le Pacifique, la Chine entend que ce statut soit
en haute mer. reconnu en mer de Chine face à d’autres puissances qui
lui ont pendant longtemps fait de l’ombre et devant les-
quelles elle n’entend désormais plus battre en retraite,
Document 5 voire chercher des compromis.
L’analyse d’Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation Travailler à l’oral
pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Le but de l’exposé est triple :
Po, donne quelques clés d’explication des éléments –– permettre aux élèves de distinguer différents types de
notamment issus des Livres blancs (« LB » dans le texte) bâtiments de guerre maritimes, leur importance (ton-
de la Défense. Il montre également l’évolution rapide nage), leur force de frappe (armement) ;
des positions chinoises en mer de Chine méridionale –– mettre en évidence les rôles très différents de ces
dans la seconde moitié des années 2010. bâtiments dans la Défense nationale (allant au-delà des
questions maritimes, comme les sous-marins) ;
–– montrer pour conclure que le nombre de porte-avions
Éléments de réponse aux questions p. 65 et de sous-marins américains garantit pour un temps
1. Le concept de « défense au large comme stratégie encore aux États-Unis la suprématie maritime mondiale.
navale » développé par l’amiral Liu Huaqing permet de
rompre avec la logique quasi exclusivement terrestre,
qui prévalait jusqu’alors dans la Défense chinoise. C’est p. 66-67 Jalon 1B
un concept de défense progressive, visant d’abord à sécu-
riser l’espace maritime proche des côtes chinoises (pre-
mière chaîne d’îles), avant de pouvoir passer à une zone
Document 1
plus étendue, après que la Marine se sera r enforcée. Cet extrait du Livre blanc 2019 du ministère de la Défense
nationale permet de compléter l’extrait précédent rela-
2. La flotte chinoise, d’une importance secondaire en tif à la puissance maritime (doc 2 p. 64). Il incite par ail-
1990, compte dès 2002 parmi les cinq premières mon- leurs à une comparaison entre les deux extraits, celui-ci
diales. Sa puissance franchit encore un palier supplé- mettant bien davantage l’accent sur la coopération
mentaire en 2012 et elle est en 2019 la seconde flotte internationale et le caractère « ouvert » de l’espace, tan-
après celle des États-Unis. Cette ascension fulgurante, dis que l’extrait précédent insiste sur les revendications,
s’accompagne d’une extension de ses missions et d’une la nécessité de résister et la multiplicité des missions.
présence accrue en mer de Chine, notamment depuis la
seconde moitié des années 2010 (militarisation d’îlots en
mer de Chine méridionale). Document 2
Ce tableau doit permettre une comparaison des grandes
3. La puissance chinoise en mer de Chine n’est cependant
puissances spatiales dans le monde. Il doit cependant
pas sans limites. Elle se heurte à des contestations de ter-
être nuancé. La date de création de l’agence spatiale
ritoires par la quasi-totalité des États asiatiques proches
indiquée n’est pas forcément synonyme de l’accession au
(à l’exception de la Corée du Nord, traditionnel allié de
statut de « puissance spatiale ». Le Japon a lancé son pro-
la Chine). La présence militaire des États-Unis dans le
gramme spatial au début des années 1950 et, jusqu’en
Pacifique (bases américaines dans plusieurs pays alliés
2003, trois agences différentes (la première ayant été
et présence de la VIIe flotte américaine) constitue une
fondée en 1964) se chargeaient du développement des
autre limite, de même que l’existence de la République
missions spatiales. Le parallèle peut être fait avec la
de Chine (Taïwan), qualifiée de « province rebelle » par la
Chine, en notant que son budget reste encore secret.
République populaire mais qui, dans les faits, est un État
souverain et une puissance maritime non négligeable.
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 20
Document 3 les mérites de la République populaire : drapeaux mis
en évidence, nom des catégories de fusées (la Longue
Cet article d’un journal économique reconnu a pour Marche fait référence à un mythe fondateur du Parti
but de montrer aux élèves que la Chine n’a de cesse communiste chinois en 1934-1935), etc.
d’étendre ses ambitions dans le domaine spatial et que
cette « aventure spatiale » s’inscrit dans une logique de 2. La Chine entend développer ses propres capacités en
développement bien plus générale prônée par le pou- matière d’espace et se confronter aux autres puissances
voir chinois, visant à autonomiser le pays dans tous les spatiales. Ainsi, la création d’une grande agence spa-
domaines, à monter en puissance et à ne plus se conten- tiale unique en 1993 et le développement de ses propres
ter d’être une puissance exportatrice. fusées de catégorie « lanceurs lourds » confirment qu’elle
considère bien l’espace comme « un domaine crucial
dans la compétition stratégique internationale » (Livre
Document 4 et 5 blanc 2019).
Ces deux photographies doivent mettre en évidence
3. Le Livre blanc de la Défense nationale chinoise com-
les progrès technologiques récents de la conquête spa-
porte plusieurs développements sur l’espace. Celui-ci est
tiale chinoise (2003 puis 2016), mais aussi et surtout
vu comme un des « domaines majeurs de la sécurité ». La
leur caractère symbolique et leur mise en scène. Ainsi,
base de lancement de Wenchang sur l’île de Hainan a été
Yang Liwei (né en 1965), premier taïkonaute (du man-
installée après accord de la Commission militaire cen-
darin taikong = espace), a fait l’objet d’une importante
trale du Parti communiste chinois et est contrôlée par
médiatisation. De même, la base de lancement de Wen-
l’armée. On peut également ajouter que le taïkonaute
chang (entrée en fonction en 2016) est bâtie sur un site
Yang Liwei est un officier de l’armée et ancien pilote de
immense et dégagé sur la plus grande île de Chine, der-
combat.
nière conquête de l’Armée populaire de Libération en
1950 (son débarquement marquant la quasi-disparition
Synthèse Le programme spatial chinois, après des débuts
de la présence de la République de Chine sur le littoral
timides dans les années 1960-1970, se dote d’importants
chinois).
moyens à partir des années 1990 (création d’une agence
spatiale, développement de nouvelles bases de lance-
Éléments de réponse aux questions p. 67 ment, etc.), soutenu et encadré par la technostructure
militaire. Ses réussites sont récentes, mais spectaculaires
1. La Chine a marqué sa conquête de l’espace par trois (exploration de la face cachée de la Lune en 2019) et soi-
grandes réussites développées par les documents : l’en- gneusement mises en scène. La Chine ambitionne désor-
voi d’un premier homme dans l’espace en 2003, celui mais d’être la première puissance spatiale mondiale
de fusées chargées non seulement de mettre en orbite dans un avenir proche.
différents éléments mais également de poursuivre l’ex-
ploration du système solaire et, enfin, en 2019, l’alunis- Travailler autrement
sage d’un engin sur la face cachée de la Lune, pour la La chronologie peut s’organiser sous forme d’un grand
première fois dans l’histoire de la conquête spatiale. Ces tableau chronologique comparatif, en plaçant la Chine
réussites sont médiatisées et mises en scène, vantant au centre afin de faciliter la comparaison en conclusion.
Russie
Chine
États-Unis
p. 68-69 Jalon 2A
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 21
Document 2 plus gros ports à conteneurs du monde) renforce encore
l’importance économique de la mer de Chine.
Ce tableau fréquemment utilisé permet d’affiner l’ana-
lyse sur la puissance des ports chinois. Il peut donner lieu 3. Les ports chinois présentés sur la carte sont peu nom-
à une définition détaillée des ports à conteneurs (et d’ex- breux : il s’agit de Shanghai et de Shenzhen. Ces deux
pliquer la notion d’EVP, Équivalent Vingt Pieds, soit envi- villes portuaires ont été parmi les pionnières de la poli-
ron 6 × 2,6 × 2,4 mètres), à une localisation des ports sur tique d’ouverture du littoral chinois en 1978 : en 1980,
le littoral pour voir où ceux-ci sont les plus concentrés et une zone économique spéciale (ZES) est inaugurée à
à un rappel de la distinction entre la Chine et la Répu- Shenzhen, ville créée l’année précédente, et Shanghai,
blique de Chine (Taïwan), en insistant également sur le vieille métropole commerçante, a le statut de « ville
concept de RAS (région d’administration spéciale) pour ouverte » en 1984. Leurs ports, étalés sur plusieurs sites et
Hong Kong. régulièrement modernisés et agrandis, figurent en 2018
parmi les trois premiers ports à conteneurs au monde,
illustrant la puissance de la production manufacturière
Document 3 chinoise. Ils sont intégrés au projet BRI.
Le document donne un aperçu de l’étendue de la pré-
sence chinoise dans les ports chinois ou dans lesquels 4. Le réseau mondial de ports développé par la Chine
la Chine a investi. La carte fait référence au projet des pour le projet BRI permet à ce pays de disposer de bases
« routes de la soie », BRI (ex-OBOR), vu en classe de pre- de départ et de relais fiables pour assurer l’exportation
mière, permettant des rappels. Elle donne à la fois la et l’approvisionnement des produits. Les investissements
vision chinoise de ce projet (il convient bien de rappe- dans les ports asiatiques, africains et européens, garan-
ler le caractère encore inachevé du projet BRI) et la per- tissent à la Chine de ne jamais voir s’interrompre les
ception états-unienne avec la stratégie du « collier de routes maritimes. La base militaire chinoise de Djibouti,
perles », expression utilisée pour la première fois en 2004 inaugurée en 2017, constitue un moyen supplémentaire
aux États-Unis et qui n’a jamais été reprise par le gouver- de sécuriser un port essentiel dans le détroit de Bab
nement chinois. el-Mandeb.
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 22
Autrefois équipée et organisée pour un débarquement tions, qui pèsent peu au regard de la dépendance écono-
sur le continent en vue de « libérer » le territoire chinois mique de ces États vis-à-vis de la Chine.
de la présence communiste, la Marine taïwanaise, qui fut
longtemps bien mieux équipée que la Marine chinoise, 2. Taïwan est considéré par la République populaire
a désormais pour objectif d’empêcher ou de repousser de Chine comme la « province rebelle ». Mais, bien que
un débarquement venu du continent. La photographie n’étant plus reconnue par l’ONU depuis 1971, la Répu-
présente deux sous-marins taïwanais lors de la visite blique de Chine reste de facto un État entièrement sou-
de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, durant laquelle verain (et entretient encore des relations diplomatiques
est officialisé un programme national de construction officielles et exclusives avec 16 États dans le monde). Les
de nouveaux sous-marins afin de remplacer les quatre revendications chinoises sur Taïwan se heurtent à une
exemplaires obsolètes actuellement existants. Cette réalité plus sérieuse : l’armée taïwanaise, soutenue par
construction est un défi pour l’industrie taïwanaise. La les États-Unis, dispose d’un équipement bien supérieur
présidente Tsai a déclaré en 2017 : « Je comprends qu’il aux standards internationaux d’un État de 23 millions
est difficile de construire des sous-marins […]. Mais la d’habitants, et elle s’entraîne depuis des décennies à
règle de la politique internationale est que vous devez empêcher puis éventuellement repousser un débarque-
vous aider par vous-mêmes avant d’obtenir l’aide des ment en provenance de Chine continentale. L’acquisition
autres. » Depuis, les États-Unis et le Japon, entre autres, prévue de nouveaux sous-marins par Taïwan renforce
ont officialisé leur soutien technologique dans la encore cette politique dissuasive. Si une invasion de
construction de ses nouveaux engins. Taïwan par l’Armée populaire de libération ne pourrait
pas être repoussée sur le long terme, un échec ou même
un ralentissement de la progression de cette armée sur
Document 3 le sol taïwanais au bout de quelques jours aurait un
impact désastreux, sans parler des conséquences sur
Cette dépêche AFP donne quantité d’informations sur la
les relations internationales et l’image de la Chine dans
géopolitique de l’espace et le problème essentiel qui se
le monde.
pose avec l’accélération de la conquête spatiale : l’ap-
propriation d’un tel espace. L’article donne l’occasion de
faire le parallèle avec la territorialisation des espaces 3. La rivalité entre les États-Unis et la Chine sur les mers
maritimes depuis la conférence de Montego Bay et de et dans l’espace apparaît à travers ces documents d’une
montrer ainsi les difficultés que poserait une lutte amé- triple manière : une compétition aux enjeux symboliques
ricano-chinoise dans l’espace, non seulement juridiques, (la Lune) ; un affrontement indirect (Taïwan n’a plus de
mais aussi technologiques. relations diplomatiques officielles avec les États-Unis
depuis 1979, mais bénéficie depuis cette année d’un sou-
tien militaire officiel de la part des États-Unis afin de
Document 4 protéger son territoire) ; une rivalité technologique, dans
laquelle la maîtrise de nouvelles techniques de guerre
La photographie, abondamment relayée sur des sites (cyberguerre) devient essentielle.
officiels, illustre la coopération franco-chinoise. On peut
noter que cette coopération se fait dans un domaine peu
sensible, les questions climatiques et environnementales
4. Il y a un « vide géopolitique » car, à la différence des
espaces maritimes, le vide spatial n’a fait l’objet d’au-
étant de plus en plus traitées par la France et la Chine
cun traité international de régulation. L’appropriation
qui tentent dans ce domaine une approche multilatéra-
de l’espace est donc le résultat d’une maîtrise par des
liste.
puissances qui en ont les capacités technologiques. Un
même vide géopolitique règne dans la définition du
Document 5 règlement des tensions et rivalités entre États en cas
notamment de heurts ou de piratages d’engins spatiaux.
L’objectif de cette photographie est de montrer le
contraste avec les autres documents iconographiques 5. Ces deux exemples montrent que la Chine, si elle
mettant en évidence les réussites chinoises dans la enchaîne les réussites et met en avant une capacité à
conquête spatiale. La dislocation d’une station spatiale coopérer dans son programme spatial, subit également
constitue pour les autorités chinoises un échec sans des revers de taille, comme la perte de contrôle puis
précédent, amenant celles-ci à en minimiser la portée la dislocation de sa première station spatiale en 2016
avant de réagir par la mise en avant d’une nouvelle réus- et 2018.
site : l’exploration de la face cachée de la Lune l’année
suivante. Synthèse En affirmant sa puissance maritime et spa-
tiale, la Chine multiplie les contentieux, les tensions
et les litiges avec d’autres États. Il y a tout d’abord les
Éléments de réponse aux questions p. 71
grandes puissances spatiales, comme les États-Unis, qui
1. La pêche illégale chinoise en Afrique pose trois pro- n’apprécient pas la compétition chinoise. Des États en
blèmes essentiels : la disparition de la biodiversité développement, tels les pays africains, subissent sans
dans les eaux côtières ; l’appauvrissement des pêcheurs pouvoir l’empêcher, une concurrence économique mari-
locaux, confrontés à une concurrence à laquelle ils ne time chinoise. Enfin, les États d’Asie orientale (Taïwan,
peuvent faire face ; enfin, la perte de facto de souverai- Vietnam notamment) voient avec méfiance les revendi-
neté économique des États africains, le gouvernement cations et prises de possession en mer de Chine par la
chinois étant resté globalement sourd à leurs protesta- République populaire.
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 23
Travailler autrement et surtout militaire est extrême pour Taïwan (qui subit
L’exposé peut mettre en évidence trois types de pression moins de pression économique, compte tenu des inté-
chinoise : économique, politico-diplomatique et mili- rêts chinois sur l’île). On peut ainsi mettre en avant l’iso-
taire. Il peut aboutir à la conclusion que toutes les puis- lement de la Chine dans cet espace, où elle ne compte
sances asiatiques en mer de Chine sont économiquement finalement qu’un seul allié (la Corée du Nord).
menacées, tandis que la pression politico-diplomatique
Exercice 1
1.
Mots du sujet Connaissances liées au sujet
Les ambitions chinoises Depuis le début du xxe siècle, la Chine est peu à peu redevenue une puissance mondiale
majeure et vise à atteindre la première place dans les deux domaines suivants :
– maritimes Une présence accrue sur les mers et les océans (développement d’une Marine militaire
puissante, construction de ports, investissements dans les ports étrangers, appropriation d’îles)
– spatiales Une présence accrue dans l’espace (moyens alloués au programme spatial contrôlé par l’armée,
multiplication des réussites symboliques et technologiques, œuvre pionnière dans l’exploration
spatiale)
Un rêve hégémonique ? La Chine se considère comme « le pays du Milieu » : être au centre du monde signifie-t-il pour
elle diriger le monde ou être une puissance incontournable dans les domaines maritimes et
spatiaux ?
Exercice 2
–– le site du CNES, qui contient des ressources pédago-
La réalisation de cet exposé peut se faire en s’appuyant giques qui ne se limitent pas au programme spatial fran-
sur les sources suivantes : çais : https://cnes.fr/fr/
–– le site de l’agence spatiale chinoise (cf. sitographie en –– des articles de presse sur les résultats des derniers lan-
introduction) cements de fusées
Exercice 3
1.
Océans glacials Arctique Mer Rouge
Océan Indien
et Antarctique et mer Méditerranée
Formes de la présence • Présence militaire et • Ports et stations relais • Ports gérés par la Chine
chinoise mentionnées commerciale (ports et stations • Ports et stations relais
sur la carte relais) • Base militaire de Djibouti
• Axe maritime du projet BRI
Explication de la • Le « collier de perles » • Intérêt pour une nouvelle • Nécessité pour la Chine de
présence chinoise • Les objectifs du projet BRI, route maritime à objectif sécuriser la mer Rouge (deux
visant à relier l’Afrique et scientifique et stratégique détroits)
l’Europe à la Chine • Prise de position dans les
ports de commerce européen,
aboutissement du projet BRI
2. Les ambitions chinoises dans le domaine maritime se 4. La Chine nourrit des ambitions mondiales, mais
jouent désormais à l’échelle mondiale. Elles se caracté- celles-ci restent dans le cadre d’une conception du
risent par le développement de voies maritimes commer- monde autocentrée. La Chine se considère comme « le
ciales (projet BRI), scientifiques et stratégiques (contrôle pays du Milieu » et la carte met bien en évidence qu’elle
de nouvelles routes d’accès). développe ses ambitions maritimes en partant toujours
de son territoire et vise d’abord à maîtriser les mers
3. Les outils utilisés sont essentiellement la prise de d’Asie (océan Indien).
contrôle ou le développement de ports civils et/ou mili-
taires, qui constituent des relais et points d’ancrage de
ces routes.
THÈME 1 Étude conclusive La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 24
BAC p. 78-79 Dissertation : sujet guidé
SUJET : Mers et océans, coopérations, rivalités stratégiques et économiques
Introduction
– Accroche : avec 71 % de la surface de la Terre, les mers et océans suscitent presque autant de
convoitises que les espaces terrestres.
– Analyse des termes : voir p. 78, tous les termes sont analysés.
– Annonce de la problématique : Comment les rivalités entre États s’étendent-elles sur les mers et
les océans, mettant en échec les volontés de coopération ?
– Annonce du plan : Une coopération limitée pour gérer des richesses communes (I), des rivalités
stratégiques et militaires pour assurer le commerce et l’exploitation des ressources des mers et
océans (II) et des rivalités économiques fortes (III)
THÈME 1 BAC 25
II. Vers une militarisation de l’espace 1969-1991
A. Une coopération qui ne réduit pas les rivalités
B. L’IDS et les satellites d’observations réduisent les ambitions d’exploration
2. En 1969, les États-Unis avaient permis à un homme de marcher sur la Lune, plus de quarante
plus tard, une autre planète suscite de nombreuses ambitions. L’année 2020 sera l’année de la
« ruée vers Mars ». Quatre puissances se sont lancées dans la course mais avec des ambitions bien
différentes.
La rivalité Chine-EU
Les deux projets les plus ambitieux sont ceux de la Chine et des États-Unis. Mars 2020, avec un
budget de 2 milliards, affirme bien les ambitions des États-Unis qui entendent rester leader dans
la conquête spatiale alors que l’administration Trump poursuit le désengagement international
des États-Unis. Le projet s’inscrit donc dans le Make America Great Again puisqu’il va permettre
un atterrissage sur Mars en février 2021 après « sept mois de voyage ». Le lancement aura lieu en
juillet et devrait assurer aux États-Unis sa position de tête de pont dans cette conquête. Pourtant
le projet chinois tend à concurrencer sérieusement les États-Unis. HX-1 est une première pour
la Chine, il permettra de commémorer en grande pompe « le centenaire du Parti communiste
chinois ». La mission va ainsi, comme celle des États-Unis, déposer un engin sur Mars et donc per-
mettre de rivaliser avec le projet Mars 2020 mais également de célébrer les réussites du régime.
Le nouvel homme fort de Pékin, Xi Jinping est attentif aux signes de la puissance chinoise. Après
son exploration de la Lune, la Chine est en passe de devenir la rivale des États-Unis également
dans la conquête spatiale.
THÈME 1 BAC 26
II. « Le contrôle des mers […] permet d’exercer une influence prépondérante sur le monde »
(Alfred Mahan)
A. Des bases militaires complètent la stratégie commerciale
B. Une influence mondiale qui conteste la puissance des États-Unis.
THÈME 1 BAC 27
Faire la guerre, faire la paix :
2
Thème
Bibliographie
–– B. Badie et D. Vidal, Nouvelles Guerres, comprendre les conflits du xxie siècle, La
Découverte, 2016 : les auteurs montrent les conséquences du passage de la guerre
comme moyen de conforter sa puissance, à la guerre comme fin en soi. On glisse d’une
guerre entre puissances pour conforter une domination, à une guerre révélatrice de
l’impuissance des États à assurer leur propre sécurité, notamment les États faillis, où
la guerre est le mode normal de fonctionnement des sociétés. Devant cet état de fait,
l’ordre international consiste à maintenir le désordre à un niveau acceptable.
–– B. Cabanes (dir.), Une Histoire de la guerre, du xixe siècle à nos jours, Seuil, 2019 :
une entreprise collective remarquable, qui traque les formes de la guerre du xixe au
xxie siècle, montrant l’intrication encore actuelle des guerres classiques et asymé-
triques. L’auteur explore successivement l’histoire des conflits depuis le congrès de
Vienne (1815), pour « penser la guerre », puis les mondes et les expériences combat-
tantes, avant d’analyser les sorties de guerre.
–– G. Chaliand, Pourquoi perd-on la Guerre ? Un nouvel art occidental, Odile Jacob,
2016 : après avoir analysé ce qui longtemps avait fait la supériorité des armées euro-
péennes (connaissance du terrain, de l’ennemi, supériorité technique et stratégique),
le chercheur expose les raisons de l’incapacité des Occidentaux à gagner politique-
ment des guerres malgré leur supériorité au combat : il insiste notamment sur l’aver-
sion contemporaine à la mort au combat des militaires, de moins en moins acceptée
par les opinions publiques.
p. 96-97 O u ve r t u r e 2. Les civils sont touchés parce que les villes sont des
cibles militaires bombardées, parce qu’ils sont enrôlés
de force, ou parce qu’ils sont massacrés comme popula-
Éléments de réponse aux questions p. 96 tions-cibles (religieuses, culturelles, politiques).
1. Les États font la guerre pour contrôler des territoires,
contrôler des ressources et surtout pour maintenir ou
transformer les hiérarchies de puissance, c’est-à-dire p. 98-99 Re p è r e s
atteindre des objectifs politiques.
2. Les civils sont touchés par la guerre par les sièges des Clausewitz et la guerre
villes, l’enrôlement forcé ou la déportation. Il s’agit évidemment de comprendre la pensée de
Clausewitz, centrale, en replaçant le stratège dans le
contexte des guerres révolutionnaires. L’auteur, lui-
Éléments de réponse aux questions p. 97 même protagoniste des guerres napoléoniennes, du côté
1. Une paix n’est possible que lorsque les combattants de la Prusse puis de la Russie, explique la supériorité des
considèrent que l’adversaire, en temps de paix, peut être armées révolutionnaires et impériales par leurs motiva-
un partenaire. Ce n’est pas le cas lorsque l’idéologie des tions politiques et idéologiques. Leur victoire tient pour
combats pousse à considérer l’adversaire comme devant l’auteur à la croyance dans la supériorité des valeurs
être détruit. d’égalité et de liberté au nom desquelles ils combattent,
Bibliographie
–– K. Annan, Interventions : une vie dans la guerre et dans la paix, Odile Jacob, 2013.
Kofi Annan relate ses années de mandats à la tête de l’ONU. Ouvrage très structuré et
riche en précisions et anecdotes sur les actions menées.
–– B. Durieux, J.-B. Jeangène Vilmer et F. Ramel (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la
paix, PUF, 2017. Un dictionnaire qui est aussi une encyclopédie des conditions de la
guerre et de la paix.
–– H. Drévillon, Les Rois absolus 1629-1715, coll. « Histoire de France » dirigée par
J. Cornette, Belin, 2011. Très bonne mise en contexte (avec cartes) dans les développe-
ments consacrés au rôle de la France dans la guerre de Trente Ans.
–– Diplomatie – Les grands dossiers (numéros spécialisés) : n° 54 (« L’état des conflits
dans le monde » – décembre 2019-janvier 2020). Pour une actualisation (régulière-
ment faite par la revue) de l’état des conflits et des avancées des processus de paix
dans le monde d’aujourd’hui.
–– Questions internationales, n° 99-100, septembre-décembre 2019, « La paix – illu-
sions et réalités » Un ensemble très complet de synthèses, chronologies et articles
développant des exemples précis
–– Y. Krumenacker, La Guerre de Trente Ans, Ellipses, 2008. Un manuel clair et précis
sur le conflit.
–– F. Mestre-Lafay, L’ONU, PUF, collection « Que sais-je ? », 2013. Une étude synthétique
à la fois historique et institutionnelle sur l’ONU.
–– L’Histoire, n° 454, décembre 2018, dossier : « 1618-1648 : la guerre de Trente Ans ».
Un dossier complet, fait d’entretiens, de synthèses, d’articles et de « zooms » portant
sur des aspects spécifiques de la guerre (la figure du mercenaire, les traités de paix).
Sitographie
–– Le site du ministère des Affaires étrangères de la République française : www.diplo-
matie.gouv.fr :
–– Le site officiel de l’ONU, très riche en ressources, articles, synthèses, chronolo-
gies, etc. : https://www.un.org/fr/
p. 116-117 O u ve r t u r e p. 118-119 Re p è r e s
Exemple d’action
Succès Échec (+ raisons)
pour la paix
Mission en Irak X (Maintien de la présence de l’ONU malgré Attentat de 2003 à Bagdad affaiblissant
après la guerre de l’attentat de Bagdad, renforcement de la cohésion la présence de l’ONU
2003 internationale autour de l’organisation)
Mission X
de reconstruction
au Timor
Prévention X Guerre menée en Irak en 2003 par une
des conflits coalition internationale sans l’aval du Conseil
de sécurité
Réforme du Conseil X Opposition de membres permanents
de sécurité du Conseil de sécurité à toute réforme
Ensemble X Reconnaissance internationale (prix Nobel
des actions menées de la paix 2001)
à la fin du xxe siècle
3.
Moyens et actions de l’ONU
De 1945 à 1991 : de la fin de la Seconde Guerre Organisation souvent paralysée après 1953 et le veto
mondiale à la fin de la guerre froide systématique des deux Grands
De 1991 aux années 2000 : un monde unipolaire « Renaissance » de l’ONU, dans un monde davantage
(les États-Unis « hyperpuissance ») multilatéraliste (projet de New World Order du Président
G. H. Bush 1989-1993)
Depuis la fin des années 2000 : un monde multipolaire Action de l’ONU importante mais dépassée par des puissances
qui veulent s’affranchir de son approbation et remettent en cause
sa capacité d’action
Exercice 3
1. Les principales puissances alliées sont : la France, le 2. Il s’agit de l’Alsace-Moselle (couramment désignée
Royaume-Uni, l’Italie, le Japon et les États-Unis (consi- sous le terme « Alsace-Lorraine »).
dérées comme « puissance associée »).
3.
Mesures destinées à réparer Mesures visant à réprimer Mesures visant à empêcher
les dommages de la guerre l’État vaincu le retour d’un conflit généralisé
Articles Art. 51, 119, 232 Partie II Préambule
concernés Art. 42, 43, 51, 119, 160, 198, 231 Partie I
(éventuellement art. 42, 43, 160
et 198)
Termes « réparés tous les dommages », « l’Allemagne le reconnaît, « une paix solide, juste et
employés « territoires […] réintégrés dans l’Allemagne et ses alliés sont durable »
la souveraineté française », responsables » « garantir la paix et la sécurité »
« l’Allemagne renonce en « il est interdit à l’Allemagne »
faveur… »
4. L’Allemagne est considérée comme l’unique respon- 6. Les articles 160 et 198 ne seront pas respectés. Dès
sable de la guerre. Elle doit par conséquent payer des le début des années 1920, l’armée de la République de
réparations aux États qu’elle a combattus. Weimar, la Reichswehr, met en place un programme
d’entraînement et de réarmement afin de recréer une
5. L’Allemagne perd ses différentes colonies (Rwanda, armée plus puissante dans un futur indéterminé. Toute-
Burundi, Cameroun) et ses concessions et territoires à fois, l’armée de l’air (Luftwaffe) n’est officiellement créée
bail en Chine (Qingdao). qu’en 1935.
La logique du chapitre
Le Moyen-Orient demeure la région du monde la plus fracturée depuis la fin de la
guerre froide. Ce chapitre a pour but de présenter les nombreux acteurs impliqués dans
l’organisation passée (depuis 1948) et actuelle du Moyen-Orient : États ou nations de
la région, États extérieurs, groupes armés, milices, qui se confrontent pour des causes
économiques, idéologiques ou énergétiques. L’articulation des échelles nationale,
régionale et mondiale explique pourquoi l’ONU et les États-Unis ont tenté d’y prendre
le rôle de médiateurs pour le maintien de la paix.
Deux Jalons organisent le chapitre autour des deux conflits moteurs de la transfor-
mation du Moyen-Orient : le conflit israélo-arabe et palestinien, et les deux guerres du
Golfe et leurs prolongements.
Bibliographie
–– P. Blanc et J.-P. Chagnollaud, Atlas du Moyen-Orient : Aux racines de la violence,
Autrement, octobre 2019.
–– P. Blanc, J.-P. Chagnollaud, et S. A. Souiah, Atlas des Palestiniens, Autrement, 2017.
–– F. Encel, Atlas géopolitique d’Israël, Autrement, 2018 (nouvelle édition).
–– G. Corm, Le Proche-Orient éclaté, Tomes 1 et 2, La Découverte, 2012.
–– A. Dufay, Géopolitique du Proche-Orient, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2013.
–– A. Gresh, Israël, Palestine, vérités sur un conflit, Pluriel, 2017.
–– A.-C. Larroque, Géopolitique des islamismes, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2016.
Sitographie :
Le dessous des cartes :
–– « Jordanie, la discrète du Moyen-Orient », 22 février 2020
https://www.youtube.com/watch?v=5vm86obhQ7I
–– « Comprendre les guerres du Moyen-Orient », 22 novembre 2016
https://www.youtube.com/watch?v=tu1Yvxf4fcQ
Les experts du dessous des cartes, Arte :
–– 4 mars 2020, Hamit Bozarslan, « Trump et le Moyen-Orient »
https://www.youtube.com/watch?v=qVhtyVfKf_Q
–– Octobre 2019 : Anne-Clémentine Larroque, « Existe-t-il plusieurs islamismes ? »
https://www.youtube.com/watch?v=SnBfjbVlT8w
–– Novembre 2018 : Léïla Seurat et Frédéric Encel, « Israël-Palestine : deux États ? »
https://www.youtube.com/watch?v=Dku7dUJ07VQ
Travailler à l’oral
Tout en rappelant l’ancienneté de l’opposition entre sun- Exercice 2
nites et chiites (la succession du Prophète Mahomet), on
insistera sur l’importance de la révolution islamique ira- 1. Le panarabisme est l’idéologie politique et culturelle
nienne. visant à défendre l’identité arabe et à unifier les peuples
arabes au Moyen-Orient.
5.
I. II. III.
Des ressources stratégiques Des tensions religieuses Des guerres asymétriques renforcées
convoitées par les États de plus en plus nombreuses par le terrorisme
Sous-partie A Idée : pétrole et gaz convoités Idée : retour du religieux, Idée : nucléarisation illégale en
partout dans le monde arabe Iran : vue comme menace terroriste
potentielle en Israël et Occident
Citation : « il y a bien sûr l’énergie Citation : « dans un temps Citation : « si l’Iran arrivait à se doter
et les intérêts commerciaux long, un retour du religieux de l’arme nucléaire » « nucléarisation
[…] importations de pétrole et dans toute la région » de l’ensemble de la région »
de gaz »
Sous-partie B Idée : dépendances du Moyen- Idée : réislamisation dans Idée : groupes transnationaux
Orient à l’Europe en biens les pays arabes terroristes en constitution entre
et produits l’Occident et le Moyen-Orient
Citation : « l’Europe exporte Citation : « la réislamisation Citation : « de jeunes Européens
quantité de biens et de services est vraisemblablement prennent le chemin des madrasas
vers cette région » une mutation du […] attentats au Caire, à Londres
“panarabisme” » ou à Madrid »
Des guerres Mobilisation d’une armée Batailles/guérillas. L’État mobilise une armée
asymétriques professionnelle bien équipée Bilan des victimes asymétrique professionnelle ou dans l’autre
d’un côté, mobilisation de la côté toute la population/guerre
population de l’autre interétatique
Des nouvelles Pas de mobilisation générale, Guérilla, actes terroristes isolés Pas d’État/rejet des règles
guerres irrégulières pas de service militaire mais ou organisés de la guerre
des petits groupes d’activistes.
II. Les stratégies nouvelles des puissances : de Hiroshima aux guerres asymétriques (1945-2001)
A. La menace d’une déflagration nucléaire
– La peur de la fin du monde/la dissuasion nucléaire
– La lente diffusion de l’arme nucléaire au sein des États, malgré le traité de non-
prolifération
– De petites puissances nucléaires : Israël, Pakistan
B. Les guerres asymétriques des grandes puissances contre des États émergents
– Les guerres coloniales : guerre d’Indochine, guerre d’Algérie
– La guerre du Vietnam
– La guerre d’Afghanistan
– La guerre du Golfe
Gérard Chaliand dans Le Nouvel Art de la guerre (2008) montre que les guerres
asymétriques ont jeté les bases des guerres irrégulières fondées sur la mobilité
et la guérilla.
THÈME 2 BAC 27
III. L’émergence des nouvelles guerres irrégulières
A. Les attentats du 11 septembre 2001 : une rupture dans le modèle clausewitzien
de la guerre
B. La prolifération des actes terroristes dans des modes opératoires variés : attentats
dans les grandes capitales occidentales (Paris, Londres, Bruxelles, Madrid)
mais également dans les pays musulmans.
C. Des nouvelles formes de combat technologiques et des guérillas traditionnelles :
cyberattaques, drones et technologies
Des formes de guérillas se maintiennent notamment en Afrique : Libye, Darfour etc.
p. 158-159 Dissertation : sujets d’entraînement
SUJET 1 : Les populations civiles dans les guerres, enjeux et vulnérabilités
I. Les populations civiles dans les guerres conventionnelles
A. Des populations civiles, cibles collatérales
B. Les sièges de villes
C. Le viol, une arme de guerre ancienne
II. Les populations civiles, une cible stratégique dans les guerres aux logiques d’anomie
A. Les civils bombardés : Blitz
B. Les génocides prennent pour cible des civils
III. Le terrorisme et les formes irrégulières : la surprise des attaques sur les populations civiles
offre un nouveau mode opératoire aux guerres
A. Des actes terroristes sur des bâtiments ou des vols dont la cible demeure les civils
B. Des actes terroristes, crimes de masse seulement contre les civils
THÈME 2 BAC 28
p. 160-161 Étude de document : sujet guidé
SUJET : Les attentats du 11 septembre 2001, exemple de guerre irrégulière
1.
Éléments extraits des déclarations
Éléments d’analyse Mise en perspective
de Ben Laden
Les critiques « Je jure par Dieu que l’Amérique Menace est faite aux États-Unis de Ben Laden relie son action
contre ne connaîtra plus jamais la la poursuite des actes terroristes. terroriste au soutien indéfectible
les États-Unis sécurité avant que la Palestine L’attaque s’adresse aussi à l’ONU des États-Unis à Israël et sa
ne la connaisse » et aux autres puissances. politique vis-à-vis de la Palestine
Le djihad, « Avant que toutes les armées Dans ses annonces Ben Laden Ben Laden souhaite transformer
un combat occidentales athées ne quittent multiplie les références à la sa haine des EU en une guerre
religieux les terres saintes » guerre sainte. Il évoque les terres religieuse afin de rassembler
saintes : Jérusalem mais aussi les autour de sa cause, tous les
autres lieux saints de la région, musulmans qui contestent
La Mecque, la présence militaire l’hégémonie occidentale.
des États-Unis en Irak, en Arabie
saoudite.
« La guerre est entre nous et Outre la dimension anti- La haine des juifs mais plus encore
les Juifs » occidentale, anti-chrétienne, Ben d’Israël permet de mobiliser de
Laden attaque les Juifs du monde. nombreux musulmans du monde.
Un terrorisme Des vidéos clandestines diffusées Ben Laden est représenté Les méthodes clandestines,
assumé par la chaîne d’information arabe, en djihadiste, en combattant, la diffusion de vidéos devenant
Al-Jazeera la barbe longue, son fusil à côté virales montrent que la stratégie
de lui. Il menace les États-Unis du terrorisme fonctionne avec peu
de moyens. Une grande capacité
de nuisance et peu de soldats.
Plan
I. Ben Laden en guerre contre les États-Unis, l’ONU et Israël
II. Un terrorisme qui se présente comme un djihad
III. Une guerre irrégulière sans moyen mais qui fragilise pourtant les États-Unis et leurs alliés
2. Dans ces différents messages Ben Laden tente de définir une ligne idéologique
qui pourrait mobiliser de nombreux combattants islamistes radicalisés partout dans
le monde. Il fait ainsi la liste des ennemis d’Al-Qaïda.
– C’est d’abord une guerre contre les États-Unis. Ben Laden critique la politique
hégémonique des États-Unis depuis la fin de la guerre froide : ses interventions durant
la guerre du Golfe, en Afrique et surtout son soutien à Israël dans le conflit avec
les Palestiniens.
– Ben Laden suit sa logique et condamne donc les Juifs en général et remet en cause
l’existence même de l’État d’Israël.
– Parmi les autres ennemis d’Al-Qaïda, on retrouve l’ONU qui, selon Ben Laden,
est au service de la cause des athées, des États-Unis. C’est sous mandat de l’ONU,
qu’une grande coalition est intervenue au Koweït en 1991.
– Plus généralement, Ben Laden s’en prend aux Occidentaux, la France, le Royaume-Uni
notamment alliés des États-Unis. Ces deux puissances ont une politique active
au Moyen-Orient. Ben Laden identifie tous ces ennemis sur le registre de la foi, il les
nomme les infidèles ou athées ce qui donne à son combat une dimension religieuse.
p. 162-163 Étude de documents : sujets d’entraînement
SUJET 1 : La présence des États-Unis en Irak depuis 1990
Les contextes : le 1er document évoque la victoire de la guerre du Golfe en 1990-1991.
C’est une victoire écrasante de la grande coalition sur l’Irak, très isolée. Néanmoins,
le mandat de l’ONU ne prévoyait que la reconquête du Koweït, Saddam Hussein reste
en place en Irak.
Le 2e document évoque la seconde intervention en Irak des États-Unis en 2003. Entourés
de quelques alliés (dont les Britanniques), George W. Bush (fils) a permis de renverser
THÈME 2 BAC 29
le dictateur irakien Saddam Hussein. La victoire est toute aussi écrasante mais la
perspective d’une paix durable semble s’éloigner dans la région tant la légitimité de
l’intervention états-unienne dans la région n’est plus aussi forte.
I. Les États-Unis une puissance forte et respectée au sortir de la guerre du Golfe
George Bush (père) fixe les conditions de la paix. Ces conditions sont alors plutôt
favorables surtout dans le processus de règlement de la question palestinienne
(accords d’Oslo, 1993).
II. Les États-Unis occupent l’Irak après la victoire militaire de 2003.
Les tensions sont alors très vives, les résistances très fortes. Par ailleurs, les États-Unis sont
aussi présents en Afghanistan et cela suscite les mêmes difficultés. Le processus de paix
entre Israël et Palestiniens et au point mort. L’intifada a d’ailleurs repris à partir de 2000.
p. 166-167 Vers le Sup’ : Organiser un débat
La double page propose deux visions de la paix, une vision morale, une vision pessimiste. Cette
opposition pourra nourrir le débat : Faut-il toujours éviter la guerre ? Quelle guerre est légitime ?
Pour compléter le débat : il est possible de partir également des accords de Munich (1938) ou
encore du projet de paix perpétuelle (1795) d’Emmanuel Kant.
Emmanuel Kant envisage une paix perpétuelle dans une période charnière où la guerre aristo-
cratique est remise en cause par les victoires des armées révolutionnaires françaises. C’est dans
ce contexte de guerres européennes incessantes que le philosophe constate que la guerre est
l’état naturel des rapports entre puissance et qu’il faut établir de manière raisonnée la paix.
Texte
« L’état de paix n’est pas un état de nature, lequel est au contraire un état de guerre, c’est
pourquoi il faut que l’état de paix soit institué. […]
1re section contenant les articles préliminaires en vue de la paix perpétuelle entre les États
1. Aucune conclusion de paix ne doit valoir comme telle, si une réserve secrète donne
matière à une guerre future […].
2. Aucun État indépendant (petit ou grand, cela est indifférent ici) ne doit être acquis par
un autre État à la faveur d’un échange, d’un achat ou d’un don […].
3. Avec le temps, les armées permanentes doivent disparaître totalement […].
4. Aucun État ne doit s’immiscer par la violence dans la constitution et le gouvernement
d’un autre État […].
5. Aucun État en guerre avec d’autres ne doit se permettre des hostilités telles qu’elles
rendraient impossible la confiance réciproque dans la paix future, comme le sont
le recrutement d’assassins […], d’empoisonneurs […], la violation de la capitulation,
l’instigation de la trahison […] dans l’État avec lequel on est en guerre […].
2e section – Les articles définitifs en vue de la paix perpétuelle entre États
1. La constitution civique de chaque État doit être républicaine1 […]
2. Le droit des gens doit être fondé sur un fédéralisme d’États libres […]
3. Le droit cosmopolitique doit se restreindre aux conditions de l’hospitalité universelle
[…]. »
Emmanuel Kant, Vers la Paix perpétuelle, 1795, dans Vers la Paix perpétuelle –
Que signifie s‘orienter dans la pensée ? – Qu‘est-ce que les Lumières et autres textes,
F. Proust, trad. J.-F. Poirier et F. Proust, Garnier-Flammarion, 1991.
1. Selon Kant, un État républicain est un État avec un gouvernement représentatif et une séparation
des pouvoirs, au moins un contrôle de l’exécutif. Il n’évoque cependant pas le suffrage universel.
THÈME 2 BAC 30
3
Thème
Histoire et mémoires
La logique du thème
Le programme de HGGSP de Terminale n’a pas pour vocation de suivre un ordre déterminé. Mais
faire suivre le thème « Faire la guerre, faire la paix » par « Histoire et mémoires » semble obéir
à une triple logique intellectuelle qui permet une incarnation pédagogique liée au monde très
contemporain :
1) La paix n’est pas la non-guerre. La guerre peut se maintenir par des symboles, des tensions,
des coopérations, qui transcendent les territoires et les générations. La paix vit, apaise et parfois
souffle sur les braises d’un souvenir de la guerre qui devient mémoire collective et s’incarne dans
une mémoire individuelle. Les causes de la Première Guerre mondiale (Axe 1, Jalon 1) sont un sup-
port politique autant que générationnel : le débat incarne un regard que la mémoire, en Europe
comme aux États-Unis ou dans l’Empire ottoman, vient conforter ou remettre en cause, apaiser ou
recréer. Si la mémoire de la Grande Guerre est pour l’essentiel apaisée, celle de la guerre d’Algérie
(Axe 1, Jalon 2) montre comment la mémoire individuelle, les tensions nationales et les mémoires
collectives s’interpénètrent et se modifient les unes les autres.
2) La paix peut éviter le retour à la guerre par l’action d’une justice consentie dont l’objectif n’est
pas le pardon individuel mais l’apaisement collectif. Les jeux d’échelles peuvent montrer les choix
politiques et les réalisations sociales : à l’échelle mondiale, les tribunaux internationaux ont une
histoire récente, des tribunaux de Nuremberg et Tokyo jusqu’au Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie (TPIY, Axe 2 Jalon 2) ou à l’idéal d’une justice internationale (Cour pénale inter-
nationale). La comparaison avec les tribunaux gacaca (Axe 2, Jalon 1) créés pour juger les respon-
sables du génocide des Tutsis permet de mettre en avant des valeurs, des acteurs, des réalisations,
et de s’interroger sur l’échelle la plus efficace selon les contextes.
3) Mémoire et justice s’incarnent dans un sujet que nos élèves ont pu aborder avant la Terminale :
« L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes ». Le temps long de la mémoire et
sa relation aux travaux des historiens et de la justice depuis les années 1970, mais sans cesse renou-
velé et réinterrogé, permettent de poser les fondements des Axes précédents (mémoire des conflits,
action de la justice) en les incarnant autour de ce qui construit une part très forte de l’identité euro-
péenne : le génocide des Juifs et des Tsiganes, son histoire, ses mémoires souvent troublées et pro-
gressivement judiciarisées. En relation avec les enseignements de la spécialité en Première, cet
objet de travail conclusif interroge le citoyen : que dit l’historien de la construction de la preuve ?
comment construire la paix par le droit ? comment faire mémoire par l’histoire ? comment lutter
contre les faussaires de l’histoire ?
Comme l’écrit l’historien Johann Chapoutot dans son introduction à La Loi du sang. Penser et agir
en nazi (Gallimard, 2014) : « L’époque qui a vu l’émergence du nazisme a été en effet travaillée en
profondeur par la question des valeurs et des impératifs moraux ». L’histoire ne donne pas de leçon,
mais son étude permet à nos élèves d’interroger leur époque.
1. Jacques Chirac consacre la première partie de ce Les notions de crime contre l’humanité
discours à la mémoire avec plusieurs passages : « des
moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se
et de génocide
fait de son pays » (lignes 1-2) car la rafle du Vel d’Hiv Le juriste Raphaël Lemkin a joué un rôle capital pour
va à l’encontre des valeurs de la République française ; penser et qualifier les crimes relevant du génocide. S’il
« trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour n’est pas nécessaire d’énumérer tous les génocides en
dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragé- introduction, il peut être utile de rappeler que le pre-
die » (lignes 4-5), le Président est ici dans le registre du mier perpétré est celui des Hereros et des Namas de
souvenir ; « ces journées de larmes et de honte » (ligne 6), Namibie (alors Sud-Ouest africain ou Südwestafrika) en
l’historien doit essayer, autant que faire se peut, d’éviter 1904-1905 dans le cadre d’une colonisation allemande
une approche sentimentale, ce qui n’est pas le cas ici. brutale. Si le génocide arménien conduit de nombreux
La seconde partie se détache de l’émotion pour poser penseurs à réfléchir à une nouvelle catégorie de crimes,
des faits précis et incontestables sur le plan historique : c’est la Seconde Guerre mondiale qui amène le concept
« Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 poli- de génocide, d’autant plus que Raphaël Lemkin est polo-
ciers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs nais et juif. Cette double page doit permettre de suivre,
chefs, répondaient aux exigences des nazis » (lignes 10 à de façon succincte, comment a été élaboré le concept
12), Jacques Chirac insiste ici sur la responsabilité fran- et la complexité à qualifier, ou non, certains crimes de
çaise, ce sont des fonctionnaires français qui ont commis masse de génocides.
la rafle à la demande de leurs supérieurs hiérarchiques ;
« près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs
furent arrêtés à leur domicile au petit matin, et rassem-
Éléments de réponse aux questions p. 172
blés dans les commissariats de police » (lignes 14 à 17), 1. Les crimes contre l’humanité et les génocides sont
le Président donne ici un chiffre, l’identité des victimes et principalement l’assassinat, l’extermination, la réduc-
les lieux, il pose donc des faits historiques. tion en esclavage et la déportation de populations
civiles. Dans le cadre du génocide, ces mêmes crimes
2. Plantu montre d’un côté l’église d’Oradour-sur-Glane sont commis contre un groupe social précis dans le but
pour rappeler la violence du massacre. Dans l’église de le faire disparaître.
avaient été enfermés les femmes et enfants avant que
les SS de la division Das Reich n’y mettent le feu. Près 2. À Nuremberg, les responsables nazis sont accusés
de 70 ans plus tard, Plantu y représente une commémo- de crimes contre l’humanité et non de génocide car la
ration avec les Présidents allemand et français, devant répression de ce dernier n’entre en vigueur qu’en 1948.
un public. Il caricature le tout en y rajoutant des larmes
aux deux Présidents, les cœurs et la colombe. Il y a donc 3. La Haye, aux Pays-Bas, apparaît comme la ville
un contraste entre l’aspect inhumain du massacre et la accueillant la plupart des tribunaux compétents pour
volonté des deux hommes d’avancer ensemble. juger les génocides. La Cour pénale internationale y est
la seule juridiction pénale permanente pouvant juger les
responsables de génocides, crimes contre l’humanité et
3. La caricature de Plantu n’en est pas moins une crimes de guerre. Les autres tribunaux sont temporaires
condamnation. En effet, au moment où les deux Prési-
afin de juger un génocide précis comme le Tribunal
dents commémorent le massacre d’Oradour-sur-Glane,
pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye qui
la communauté internationale laisse Bachar El-Assad
devait juger les responsables de crimes de guerre dans
bombarder son peuple en Syrie. La scène est représentée
cet espace. Il a été dissous en 2017. Le Tribunal pénal
dans une télévision pour montrer que le monde entier
international pour le Rwanda a été installé à Arusha en
est informé de la situation mais demeure passif. Si les
Tanzanie. Il devait juger les personnes responsables de
Allemands et Français commémorent le massacre d’Ora-
génocide et autres violations graves du droit internatio-
dour, ils en laissent un se dérouler sous leurs yeux.
nal humanitaire commis au Rwanda au cours de l’année
1994 contre les Tutsis. Il a été dissous en 2015.
4. L’historien Henry Rousso explique que le « devoir de
mémoire » est un mythe, selon lui, car les sociétés, mal- 4. Les trois génocides ayant provoqué le plus de victimes
gré leur bonne volonté, ne peuvent réparer le passé. De sont ceux des Juifs et Tsiganes (1941-1945), le génocide
plus, elles se trompent, car la reconnaissance des crimes des Arméniens en 1915 et celui des Tutsis en 1994. Les
commis par leurs prédécesseurs ne leur permet pas de trois génocides reconnus officiellement par l’ONU sont
devenir meilleures. celui des Juifs et Tsiganes, celui des Tutsis et celui des
musulmans à Srebrenica.
Bibliographie
–– R. Branche, La Guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?, Gallimard, coll. Folio, 2014.
–– H. Rousso, Vichy. L’événement, la mémoire, l’histoire, Gallimard, coll. Folio, 2001.
–– B. Stora, La Gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, La Découverte,
2005.
p. 180-181 Jalon 1B 3. Fritz Fischer s’est concentré sur les sources alle-
mandes, il est donc normal qu’en ressorte avant tout la
responsabilité de l’Empire allemand. Il faudrait complé-
Document 1 ter son travail par des sources françaises, britanniques et
Pierre Renouvin est le premier historien français à avoir russes pour voir dans quel état d’esprit la Triple Entente
travaillé sur les causes du conflit. Il a participé à la a abordé les mois de juin et juillet 1914.
guerre et perdu un bras au Chemin des Dames. Si son
objet d’étude ne porte pas sur cette question, le ministre 4. Christopher Clark fait des Russes les principaux res-
de l’Instruction publique André Honnorat le charge de ponsables de la guerre. Ils ont encouragé la Serbie à
mener une enquête sur les causes de la guerre. Il devient rejeter l’ultimatum de l’Autriche-Hongrie. Leur but était
dès lors l’un des plus grands spécialistes de la Première d’intervenir pour s’étendre dans les Balkans. Les Russes
Guerre mondiale. avaient été également rassurés par le soutien français.
Comme la Russie est la première à avoir mobilisé son
armée, l’Empire allemand était obligé d’attaquer rapide-
Document 2 ment et a donc déclaré la guerre à la Russie.
L’étude des manuels permet de montrer l’état d’esprit
des deux pays. En France, la ligne défendue par Jules Synthèse
Isaac l’emporte pour réconcilier les deux pays en pas-
sant par l’éducation alors qu’en Allemagne les manuels Responsables Lacunes
Auteur
présentent le traité de Versailles comme une injustice et de la guerre de leurs travaux
certains en ont fait un argument permettant de justifier
Pierre Plusieurs responsables, Il s’interroge
une revanche.
Renouvin mais l’Autriche-Hongrie peu sur le rôle
et l’Empire allemand de la France
Document 3 ont la plus grande part
de responsabilité
Le livre de Christopher Clark, Les Somnambules, paru
juste avant le centenaire, montre que le débat sur les Auteurs Responsabilités La volonté de
causes est loin d’être terminé. Les somnambules seraient de manuels partagées réconciliation
les différents chefs d’États européens qui ont avancé en franco- peut l’emporter
se trompant sur les intentions de leurs adversaires. Par allemands sur l’analyse des
un solide travail sur les sources, il replace l’attentat de faits historiques
Sarajevo dans un cadre plus global et insiste sur le rôle
Fritz Empire allemand Sources
de la Russie, soutenue par la France, qui voulait la guerre
Fischer allemandes.
des Balkans. L’Empire allemand a, selon lui, tenté de dis-
suader les Russes, mais ces derniers sont les premiers à Christopher Principalement la Minimise
avoir mobilisé et ont donc mis l’Allemagne devant le fait Clark Russie, puis la France la responsabilité
accompli. de l’Allemagne
Travailler autrement
Document 4 L’historien allemand Gerd Krumeich revient sur les
Nicolas Offenstadt présente ici les idées de Fritz Fischer causes de la Première Guerre mondiale à l’occasion du
qui, en 1961, a créé, avec son livre, une polémique centenaire. Il montre que les puissances européennes
L’histoire et les mémoires ont d’abord été prisonnières Longtemps sujet tabou, la torture a été peu à peu mise
des enjeux immédiats de 1914 à 1945 car les archives en lumière par des témoins, des chercheurs et des per-
n’étaient pas toutes accessibles et l’ensemble des acteurs sonnalités politiques. Symbole de la réalité de la guerre,
essayaient de rejeter la responsabilité de ce conflit sur le il était nécessaire que les autorités françaises recon-
camp adverse. De 1947 à 1991, la guerre froide a faci- naissent ce système pour faciliter la réconciliation pro-
lité le rapprochement entre la France et la RFA, ce qui gressive entre les deux pays.
s’est ressenti dans les mémoires. Depuis 1991, l’histoire
n’a cessé de se renouveler et de progresser alors que les
mémoires ont oscillé entre unité et diversité.
Exercice 3
1. La source du document est un mensuel allemand paru
en février 2014.
Exercice 2
2. Cet article est publié à l’occasion du centenaire de la
Pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), les différentes Grande Guerre.
parties impliquées ont pratiqué la torture contre leurs
adversaires. Si certains intellectuels tels que Pierre 3. Courrier international est un hebdomadaire français
Vidal-Naquet ont dénoncé cette pratique dès les années qui traduit des articles issus de la presse internationale.
1950, elle a pourtant été tue en France pendant près Il s’agit ici de montrer les débats sur les causes de la
d’un demi-siècle par les autorités politiques. Reconnaître guerre en Allemagne 100 ans après le début du conflit.
la torture était aussi une façon de reconnaître que les
« événements » d’Algérie étaient bien une guerre. Des 4. Au lendemain de la guerre, les Allemands récupèrent
travaux d’historiens et historiennes, des témoignages et l’argument du Premier ministre britannique David Lloyd
des gestes politiques ont été nécessaires pour mettre en George selon lequel aucun État n’a voulu la guerre. Un
lumière cette question sensible. Comment la question de ensemble de circonstances auraient conduit les Euro-
la torture pendant la guerre d’Algérie est-elle passée de péens dans la guerre.
l’ombre à la lumière en France depuis 1962 ?
La question de la torture a longtemps été occultée car 5. L’auteur contredit cela car l’Allemagne était dominée
la Ve République refusait de qualifier ce conflit comme par les milieux militaires, liés aux élites. Ensemble, ils ont
une guerre. De plus, la loi d’amnistie de 1964 a empê- délibérément provoqué la guerre en sachant la forme
ché toute poursuite judiciaire et témoigne de la volonté qu’elle prendrait et sans écouter les discours pacifistes.
du politique de ne pas aborder cette question. L’étude
des témoignages et l’ouverture des archives en 1992 6. Wolfram Wette met en avant la grande responsabilité
ont permis aux historiens de rédiger de solides travaux allemande. À l’occasion du centenaire et au moment où
sur la question. L’historienne Raphaëlle Branche a ainsi les personnalités politiques françaises et allemandes
réalisé sa thèse au cours des années 1990 et publié ses consolident les liens entre les deux pays, puis gardent
travaux en 2001 dans son ouvrage La Torture et l’armée un discours modéré, il cherche à pointer la responsabi-
pendant la guerre d’Algérie (1954-1962). Elle y décrit lité allemande. D’autant plus, qu’au même moment, les
de façon complète la pratique de la torture par les sol- idées de Christopher Clark, minimisant la responsabi-
dats français. D’un autre côté, des témoins et des acteurs lité de l’Empire allemand, sont diffusées dans les pays
prennent la parole, aussi bien des victimes que des bour- d’Europe centrale et occidentale.
Bibliographie
–– I. Delpla et M. Bessone (dir.), Peines de guerre, la justice pénale internationale et
l’ex-Yougoslavie, Éditions de l’EHESS, 2010. Un livre de synthèse sur le sujet, publié
avant que le tribunal ait fermé ses portes en 2017.
–– P. Hazan, La Paix contre la justice, comment reconstruire un État avec des criminels
de guerre ?, André Versaille Éditeur, 2010. De nombreux exemples concrets sur le rôle
de la justice dans la construction de la paix.
–– P. Hazan, Juger la guerre, juger l’histoire, PUF, 2007. Une synthèse et une définition
de ce qu’est la justice transitionnelle, le livre date un peu mais il éclaire bien cette
notion.
–– F. Piton, Le Génocide des Tutsi du Rwanda, La Découverte, 2018. Une belle synthèse
récente sur le génocide rwandais, qui tente d’éclairer de manière équilibrée le rôle
qu’a joué la France dans cet événement.
–– O. Rovetta, Un Génocide au tribunal, Le Rwanda et la justice internationale, Belin,
2019. Un travail récent sur le rôle du tribunal pénal international pour le Rwanda mais
peu d’informations sur les tribunaux populaires, les gacaca.
Sitographie
–– Le site officiel du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, on y trouve
une documentation très riche sur les procès, les dossiers tes condamnés : https://www.
icty.org/fr
–– Le site du Tribunal pénal international pour le Rwanda fournit lui aussi de précieux
documents, tels que la liste des accusés, des condamnés et des fugitifs. https://unictr.
irmct.org/fr/tribunal
–– Deux vidéos intéressantes sur le TPIR d’Arusha (https://enseignants.lumni.fr/fiche-
media/00000001174/le-tribunal-penal-international-tpi-d-arusha-pour-le-rwanda.
html) et le siège de Sarajevo (https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000207/
le-siege-de-sarajevo.html).
2. Il s’agit de troupes paramilitaires, les Tigres d’Arkan 2. Les commémorations œuvrent généralement pour la
que le photojournaliste Ron Haviv a suivi en 1992. Ces réconciliation. Elles permettent de rappeler la vérité his-
supplétifs de l’armée serbe s’occupaient des tâches les torique et de rendre hommage aux victimes.
Bibliographie
–– G. Bensoussan, Atlas de la Shoah. La mise à mort des Juifs d’Europe, 1939-1945,
Autrement, 2014. En une centaine de cartes et d’infographies, cet atlas permet une ap-
préhension globale de cet événement, ses origines, sa chronologie, son déploiement
géographique et ses conséquences démographiques.
–– V. Duclert, « Les Génocides », La Documentation photographique, n° 8127, mars 2019,
CNRS Éditions. Un numéro qui rend compte des êtres humains qui ont conçu les pro-
jets génocidaires et les ont mis en œuvre, de l’histoire des victimes à qui tout a été
soustrait jusqu’à leur mort même et dont on continue pour beaucoup d’ignorer le nom
et le passé, de l’histoire des rares témoins et sauveteurs…
–– M. Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah. L’extermination des Juifs en Union sovié-
tique occupée, 1941-1944, éditions Passés composés, 2019. L’historienne Marie Mou-
tier-Bitan amène son lecteur sur les lieux de l’extermination des Juifs dans le contexte
de l’avancée allemande en URSS.
–– C. Ingrao, La Promesse de l’Est : espérance nazie et génocide (1939-1943), éditions
du Seuil, 2016. Christian Ingrao revient sur l’histoire de l’utopie nazie, de sa conception
à ses tentatives de mise en œuvre et de ses rapports intimes avec le génocide des Juifs
et des Tsiganes. Il décrit l’hallucinant projet qui devait vider les territoires de l’Europe
de l’Est de ses millions d’habitants pour les remplacer par des colons allemands.
–– « Les écrans de la Shoah », Revue d’Histoire de la Shoah, n° 195, 2011. La télévision
et le cinéma construisent un savoir sur la destruction des Juifs d’Europe largement
partagé. Pourtant, ce rôle dévolu aux images animées ne va pas de soi et il alimente
débats et polémiques. Ce recueil offre un état de la question et de ses enjeux de 1941
à nos jours, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.
–– G. Steinacher, Les Nazis en fuite, Perrin, 2015. Comment certains sbires d’Hitler ont-
ils échappé à la justice après la chute du IIIe Reich ? Gerald Steinacher démêle ici le
vrai du faux, laissant de côté fantasmes et théories du complot.
Sitographie :
–– Les ressources documentaires proposées par le site Mémoires tsiganes : http://www.
memoires-tsiganes1939-1946.fr/accueil.html
–– Les ressources documentaires du United States Holocaust M useum Memorial :
https://www.ushmm.org/fr
–– Les ressources documentaires proposées par le site du Mémorial de la Shoah : http://
www.memorialdelashoah.org/
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 16
p. 214-215 O u ve r t u r e rien n’était prévu pour les abriter, moins encore pour les
nourrir ne serait-ce que 24 heures. Il s’agit donc plutôt
de centres de mise à mort que de camps. Indépendants
Éléments de réponse aux questions p. 214 du système concentrationnaire nazi, ils échappaient à
1. Cette photographie fixe la mémoire de la Shoah son système d’inspection, à l’exception d’Auschwitz et de
d’abord car elle témoigne d’un des moments du proces- Majdanek, initialement « simples » camps de concentra-
sus, l’arrestation dans les ghettos avant la déportation tion avant de devenir mixtes (camp de concentration, de
dans les centres de mise à mort. Elle est ainsi utilisée travail et centre d’extermination).
comme preuve à charge lors du procès de Nuremberg.
Mais cette photographie fixe aussi la mémoire car son
impact visuel la rend emblématique. Enfin, reprise dans Éléments de réponse aux questions p. 217
des films ou dans de nombreux manuels scolaires et 1. Les Juifs sont d’abord concentrés dans des ghettos,
publications, elle devient « iconique ». notamment en Pologne, où la mortalité est forte de par
la faim ou la maladie. Les Einsatzgruppen ont assassiné
Éléments de réponse aux questions p. 215 des Juifs et des Tsiganes, essentiellement sur le front
russe. L’expression « Shoah par balles » est utilisée pour
1. Les historiens peuvent contribuer à faire mieux cette phase du génocide. Mais la « Solution finale » est
connaître les évènements passés par leurs recherches surtout mise en œuvre avec les camps d’extermination
et leurs publications, mais aussi parfois en témoignant ou centres de mise à mort, où environ 3 millions de Juifs
lors de procès mémoriels comme ici Jean-Pierre Azéma et Tsiganes sont morts.
lors du procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire du
régime de Vichy, ayant activement participé à la collabo- 2. L’Europe de l’Est est de loin l’espace le plus concerné
ration et la déportation. Cependant, certains historiens par le génocide. La Pologne est le pays le plus touché
sont en désaccord sur ce rôle de témoin pour l’historien, en valeur absolue (3 millions de morts) et en pourcen-
comme Henry Rousso car selon lui « la capacité d’exper- tage (plus de 80 % de morts pour les Juifs, plus de 60 %
tise de l’historien s’accommode mal des règles et des pour les Tsiganes). L’URSS est le 2e pays le plus touché
objectifs d’un tribunal ». en nombre.
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 17
semblant de parler avec Hitler mais attendait la réac- dont le procès s’ouvre après la mort de Mitterrand. Les
tion de De Gaulle. Aron s’appuie sur des arguments de la propos de Marine Le Pen sont qualifiés de « révision-
défense de Pétain pendant son procès. Pour l’historien, nistes », en lien avec les thèses de Robert Faurisson à par-
les responsables de la collaboration sont Pierre Laval et tir de 1978, ou la déclaration de Jean-Marie Le Pen en
les chefs de la Milice qui ont arrêté les Juifs et les résis- 1987 qui parle des chambres à gaz comme d’un « point
tants. Face à cette thèse aucune réaction officielle n’est de détail de l’histoire ». En 1990, le législateur réagit avec
faite car cela permet d’oublier et de continuer à conser- la loi Gayssot qui réprime le négationnisme autour de
ver l’unité nationale. la Shoah.
En 1964, de Gaulle propose d’organiser une cérémonie
en l’honneur de Jean Moulin. Il décide de faire transfé-
Documents 4 et 5
rer les cendres de celui-ci au Panthéon le 19 décembre.
La cérémonie est grandiose et le discours de Malraux, Ces documents permettent de montrer que les « lieux
ministre de la Culture, est célèbre notamment par la de mémoire » et commémorations ne suffisent pas pour
phrase suivante : « entre ici Jean Moulin, avec ton terrible entretenir un « devoir de mémoire » autour de la Shoah.
cortège ». Mais dans ce discours, les Juifs, les travailleurs Sans explications, cela reste vain. Les historiens cri-
du STO ou encore les prisonniers de guerre ne sont pas tiquent le manque d’informations face aux évènements
mentionnés. Il n’y a toujours pas de place pour les autres et l’inutilité de ces commémorations si l’on n’en connaît
victimes. Le réveil d’une mémoire du sort spécifique pas le sens. Ici, dans le document 4, Auschwitz n’est qu’un
réservé aux Juifs, se produit lors du procès du respon- lieu touristique parmi d’autres, et le souvenir de la Shoah
sable nazi Adolf Eichmann en 1961-1962 à Jérusalem. s’efface. Dans le document 5, Auschwitz est utilisé à
Suivent d’autres procès comme ceux de Klaus Barbie en contre-emploi par l’extrême droite polonaise, pour mini-
1987 ou de Maurice Papon en 1997-1998, « procès mémo- miser la place de Shoah dans l’histoire polonaise.
riels » qui permettent une réflexion sur le rôle de Vichy
et de l’administration française dans les déportations. Un
autre tournant majeur a lieu en 1973 avec Robert Paxton, Éléments de réponse aux questions p. 219
historien américain et donc plus neutre par rapport aux
mémoires concurrentielles. Il travaille sur les archives 1. La mémoire de la Shoah a eu du mal à s’exprimer, car
allemandes et remet en cause la thèse de Robert Aron le pays avait besoin d’union nationale, et les résistants
dans son ouvrage La France de Vichy. Il affirme que Vichy devaient donc être mis en avant et non les victimes du
a sa propre dynamique idéologique et politique c’est-à- conflit ou Vichy : « Buchenwald symbolisait la réalité
dire indépendamment des Allemands, avec un rôle actif concentrationnaire. ». « Auschwitz l’incarne doréna-
et volontaire notamment dans la déportation des Juifs. vant » car une mémoire spécifique de la Shoah est pos-
Pétain n’a pas répondu à la pression d’Hitler de dépor- sible grâce au retentissement mondial du procès d’Adolf
ter mais c’est une initiative qu’il a eue de lui-même (ex : Eichmann à Jérusalem en 1961, et en France après la
le Statut des Juifs dès octobre 1940). Cet ouvrage et ces publication en 1973, par l’historien américain Robert
procès remettent au cœur de l’actualité et du débat Paxton, d’un ouvrage mettant en avant la collaboration
public ces mémoires et ces questionnements autour de du régime de Vichy et son rôle dans la déportation. Des
Vichy, occultés par le résistancialisme. lieux de mémoire apparaissent partout en Europe, le
premier étant Auschwitz. Le Vél’ d’Hiv, où plus de 13 000
Juifs avaient été entassés avant d’être, pour la plupart,
Document 2 déportés puis exterminés dans des camps nazis, est un
lieu important en France.
Jacques Chirac est le Président qui a reconnu officielle-
ment la responsabilité de l’État français dans le géno- 2. C’est là, au Vél’ d’Hiv, que Jacques Chirac a choisi de
cide des Juifs en 1995. Simone Veil est une déportée prononcer son discours sur « les fautes du passé ». C’est
victime de ce « grand silence », comme elle en témoigne la première fois qu’il y a une reconnaissance officielle
dans son autobiographie. Ils se rendent tous deux ici à que l’État français porte une part de responsabilité dans
une commémoration faite à Auschwitz. les déportations et les crimes commis sous l’Occupation.
Jacques Chirac participe aussi à d’autres commémora-
tions, notamment celle du 60e anniversaire de la libéra-
Document 3 tion du camp d’Auschwitz, en 2005.
La campagne présidentielle de 2017 a été une nouvelle
occasion de relancer les polémiques autour du devoir de 3. Jacques Chirac est gaulliste et sa reconnaissance offi-
mémoire et de la responsabilité de l’État français. Nico- cielle de la responsabilité de l’État français n’a que plus
las Sarkozy remettait déjà en cause la « repentance » en de poids après la promotion du résistancialisme par le
2007. Et il avait ensuite insisté sur la Résistance avec la général de Gaulle. Pour Marine Le Pen, candidate du FN
dernière lettre de Guy Môquet à lire devant les élèves. à l’élection présidentielle, la France n’était « pas respon-
Marine Le Pen invoque ici de Gaulle et Mitterrand, qui sable » de la rafle du Vél’ d’Hiv. Elle refuse les critiques
avait des difficultés à se positionner sur la mémoire de envers les pages sombres du passé, rappelant les figures
Vichy. En effet, comme l’a analysé le journaliste Pierre de De Gaulle et de Mitterrand, avec un argumentaire
Péan dans Une Jeunesse française, en 1994, Mitterrand reprenant celui du résistancialisme.
est un ancien fonctionnaire du régime de Vichy. Il col-
labore jusqu’en 1943 puis devient résistant. Il a protégé Synthèse L’objectif, en mobilisant ici les documents 4
certaines personnalités vichystes comme Maurice Papon et 5, est d’analyser comment les lieux de mémoire et
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 18
commémorations permettent d’entretenir le devoir de tration. Mais des lieux spécifiques sont réservés aux Juifs
mémoire. Mais il faut aussi montrer que, sans explications, et aux Tsiganes, avant leur déportation. Il y a des camps
ces lieux peuvent être utilisés à mauvais escient et récu- dans la zone occupée, notamment le plus célèbre, celui
pérées pour faire passer un message politique ou pour de Drancy, en banlieue parisienne. Mais il y en a aussi
participer à un révisionnisme voire un négationnisme, qui dans la zone libre, montrant le rôle actif du régime
permet d’occulter les pages sombres de certaines his- de Vichy dans l’internement de ces populations. Cer-
toires nationales, en France ou en Europe de l’Est. tains camps enferment à la fois les Juifs et les Tsiganes,
comme celui de Rivesaltes.
Travailler à l’oral
Les élèves peuvent ici élargir les bornes du sujet et ana- 2. La mémoire du génocide des Tsiganes a d’abord été
lyser la montée du révisionnisme en Europe de l’Est, refoulée, comme celle de la Shoah, après le conflit.
notamment en Pologne, en Hongrie ou en Russie. Mais cet article de 2007 montre que les lieux du géno-
cide n’ont pas été préservés pour en faire des lieux de
Quelques liens pour orienter leur travail :
mémoire et que des commémorations n’ont pas été
–– http://www.rfi.fr/fr/europe/20180321-pologne-fierte-
organisées. De plus, les historiens ont tardé à s’emparer
nationale-pis-histoire-shoah-mars-1968-andrzej-duda
de cet objet d’étude. Ainsi, la mémoire commune, celle
–– https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/04/12/orban-
des ouvrages de vulgarisation et des manuels scolaires,
reecrit-lhistoire-de-la-shoah-en-hongrie/
ne permet pas d’y inclure celle du Porajmos.
–– https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/05/17/
holocauste-ne-se-dit-pas-en-russe_1703190_3246.html
3. L’État allemand a reconnu officiellement le génocide
en 1982. En France, en octobre 2016, François Hollande
reconnaît la responsabilité du régime de Vichy dans l’in-
p. 220-221 Jalon 1B ternement de Tsiganes lors d’une cérémonie d’hommage
sur le site d’un ancien camp à Montreuil-Bellay, le plus
Document 1 grand des 31 camps gérés par les autorités françaises.
« L’amnésie républicaine » face au sort des Tsiganes
Cette carte permet de rappeler les conséquences du pourrait ainsi être remise en cause avec la valorisation
conflit sur le territoire français, et de visualiser la géo- ce lieu de mémoire et les dernières recherches des his-
graphie des camps en France, ceux des Juifs et ceux des toriens.
Tsiganes.
Synthèse L’objectif est de continuer le parallèle et la
comparaison entre la construction des mémoires de la
Document 2 Shoah et du Porajmos, en se concentrant spécifique-
Le mémorial pour les Sintis et Roms d’Europe, inauguré ment sur l’utilisation des lieux de mémoire cités dans les
par Angela Merkel en 2012 rappelle le Porajmos, qui deux doubles pages, et leur fonction dans les politiques
est reconnu par l’État allemand depuis 1982. Il est situé mémorielles en France et ailleurs.
face au Reichstag et consiste en un bassin d’eau circu-
laire au milieu duquel se trouve une stèle en pierre de la Travailler autrement
forme d’un triangle, comme ceux de couleurs différentes Cette recherche peut permettre de réfléchir au concept
qui ornaient les vêtements des détenus pour les iden- de concurrence mémorielle. Elle permet aussi d’aborder
tifier. Sur le bord de la fontaine, on peut lire le poème la mémoire des républicains espagnols dans cette région
« Auschwitz » du Rom italien Santino Spinelli. Le docu- de France.
ment peut permettre de faire le point sur les différentes Un lien pour orienter le travail des élèves : http://
dénominations associées à ce peuple (Roms, Tsiganes, www.slate.fr/story/164894/societe-histoire-camp-rive-
Sintis, mais aussi les noms péjoratifs Gitans, Gipsys, etc.) saltes-stele-soldats-nazis-prisonniers-guerre-alle-
mands-memoire
Documents 3 et 4
Ces deux textes peuvent permettre de faire le parallèle p. 222-223 Jalon 2A
et de comparer la construction des mémoires de la Shoah
et du Porajmos. Le chancelier allemand Helmut Kohl a
reconnu officiellement le génocide en 1982. En France,
Juger les crimes nazis après Nuremberg
à partir de 2007, une première proposition de loi visait à L’objectif de ce Jalon est de montrer comment la justice
la reconnaissance du génocide tzigane. En octobre 2016, et ses acteurs (juges, avocats, témoins, accusés) ont per-
François Hollande reconnaît la responsabilité du régime mis de construire la mémoire du génocide, le plus sou-
de Vichy dans l’internement de Tsiganes de 1940 à 1946 vent à travers les procès mémoriels.
lors d’une cérémonie d’hommage sur le site d’un ancien
camp à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), le plus grand
des 31 camps gérés par les autorités françaises. Document 1
Du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, 24 criminels
nazis sont jugés à Nuremberg. Le lieu du procès est sym-
Éléments de réponse aux questions p. 221 bolique car Nuremberg était la « capitale idéologique »
1. Des opposants à l’Occupation nazie comme les résis- du Reich où se déroulaient les congrès du parti nazi. Les
tants peuvent être internés dans les camps de concen- accusés ont tous ont occupé des fonctions politiques ou
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 19
économiques importantes. Ce sont donc les principaux nombreux responsables nazis ont fui à l’étranger pour
chefs nazis capturés. Ils sont accusés de crimes contre la éviter les procès et condamnations. Eichmann se réfugie
paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les en Argentine. Le Mossad monte une opération pour le
magistrats chargés de ce procès sont des juges des 4 puis- capturer en pleine rue à Buenos Aires, bafouant la souve-
sances vainqueurs. Le procès est retransmis en direct à la raineté de l’Argentine. Pour sortir le prisonnier du pays,
radio et couvert par plus de 400 journalistes. Ses réper- le commando d’agents secrets se déguise en stewards et
cussions sont nationales et internationales. Il est donc un drogue Eichmann ce qui permet de l’amener à son pro-
instrument de la dénazification et une œuvre de répa- cès. Cette exfiltration reste très polémique. En suivant le
ration vis-à-vis des victimes qui vise à « ne pas oublier » procès, Hannah Arendt parle de « banalité du mal ». Mais,
« la barbarie qui (a) horrifié le monde ». Mais la justice de ce procès donne aussi pour la première fois la parole aux
Nuremberg est celle des vainqueurs. Le rôle de l’URSS témoins : 111 témoins vont se succéder à la barre. Cela
dans l’entrée en guerre ou les massacres en Pologne permet de libérer la parole des victimes, qui se sentent
(Katyn) n’apparaissent pas et sont pour elle, un « terrible légitimes pour parler, raconter leur expérience person-
non-dit de Nuremberg ». La seconde imperfection est nelle qu’il ne faut plus refouler. Les victimes retrouvent
l’indifférenciation entre « les camps de concentration et une identité, celle de victimes mais également de sur-
les camps d’extermination » même si les crimes contre vivants de la Shoah. C’est le début de la mémoire de
les Juifs d’Europe sont au centre du procès. La définition la Shoah.
du crime contre l’humanité et la dimension internatio-
nale du tribunal ont ouvert la voie à l’idée d’une justice
pénale internationale qui existe aujourd’hui avec la CPI Document 4
qui siège à La Haye. Ce document permet d’insister sur un aspect qui précède
la tenue de ces procès, la poursuite des criminels nazis.
Simon Wiesenthal, rescapé des camps, a consacré sa vie
Document 2 à la traque de 1 100 criminels de guerre nazis en fuite. Il
a créé un centre en 1977 à Los Angeles qui œuvre pour
Hannah Arendt évoque ici la difficile poursuite de la
la mémoire de la Shoah, mais qui est surtout connu pour
dénazification après Nuremberg. Pour sortir le pays du
publier chaque année une liste des criminels nazis les
conflit, notamment après la partition RFA/RDA, l’admi-
plus recherchés. En 2002, le nouveau directeur du centre,
nistration a pu employer des fonctionnaires au passé
Efraim Zuroff, lance l’opération « Dernière chance » pour
compromettant. Mais le chancelier Adenauer, à la façon
accélérer la traque des anciens nazis avant qu’ils ne
de De Gaulle et son résistancialisme, voyait cela comme
meurent de vieillesse.
un mal nécessaire pour permettre la reconstruction du
pays. Ainsi, le 3e chancelier de la RFA, Kurt Georg Kie-
singer (1966-1969, CDU) est un ancien membre actif du
parti nazi. À la défaite du Troisième Reich, il est empri-
Éléments de réponse aux questions p. 223
sonné dans un camp d’internement de 1945 à 1946 avant 1. Le lieu du procès est d’abord symbolique car Nurem-
d’être libéré en 1948. La publication tardive en 1966 par berg était la « capitale idéologique » du Reich. Ce pro-
le Spiegel des archives du NSDAP saisies par les Amé- cès a aussi un but pédagogique car pour la première
ricains, confirme la défense de Kiesinger selon laquelle fois dans l’histoire, la procédure est filmée pour que
il n’avait jamais entretenu de sentiment antisémite. Il les crimes ne tombent pas dans l’oubli. La définition
y était expressément dénoncé par ses collaborateurs du crime contre l’humanité et la dimension internatio-
auprès de la SS en 1944, comme principal responsable nale du tribunal ont ouvert la voie à l’idée d’une justice
faisant obstacle à la mise en œuvre de la politique antisé- pénale internationale incarnée aujourd’hui dans la CPI
mite au sein de son département. Sa nomination comme qui siège à La Haye.
chancelier n’en fut pas moins controversée. Il fut publi-
quement giflé par Beate Klarsfeld, le jeudi 7 novembre 2. Hannah Arendt évoque ici la difficile poursuite de la
1968. Dans la zone soviétique, l’impact de la dénazifica- dénazification après Nuremberg. Pour sortir le pays du
tion est également limité pour plusieurs raisons : le souci conflit, notamment après la partition RFA/RDA, l’admi-
est moins de punir les nazis que d’asseoir solidement le nistration a pu employer des fonctionnaires au passé
pouvoir communiste et l’interprétation communiste, qui compromettant. Mais le chancelier Adenauer voyait cela
fait du fascisme un produit du capitalisme. Cela amène comme un mal nécessaire pour permettre la reconstruc-
les autorités à cibler la répression sur les hommes d’af- tion du pays.
faires et les fonctionnaires soupçonnés d’avoir servi les
intérêts de la classe dirigeante. Au début des années 3. Des civils, anciens déportés, et les services secrets
1960, 10 % des parlementaires communistes est-alle- israéliens poursuivent la traque des responsables nazis.
mands sont d’anciens nazis et beaucoup de cadres de Cela permet la tenue de plusieurs procès dont celui
la Stasi, la police politique communiste, sont d’anciens d’Adolf Eichmann en 1961-1962 à Jérusalem. Ce procès
membres de la Gestapo. permet de libérer la parole des victimes, qui retrouvent
une identité. Cela marque le début de la mémoire de la
Shoah, qui permet aux États de ne plus oublier et d’ad-
Document 3 mettre leurs responsabilités passées.
Ce texte évoque le moment majeur pour le réveil de Synthèse L’objectif est, après avoir utilisé les lieux de
la mémoire de la Shoah : le procès du responsable mémoire, de montrer comment les procès de criminels
nazi Adolf Eichmann en 1961-1962 à Jérusalem. De nazis permettent aussi de retrouver les différentes étapes
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 20
de la construction de la mémoire de la Shoah, d’abord rejoint l’idée du « grand silence ») et finalement le réveil
avec Nuremberg, puis avec la difficile dénazification (qui de cette mémoire avec le procès Eichmann.
Travailler autrement
Accusations
Accusé Crimes Crimes Crimes Verdict
Complot
contre la paix de guerre contre l’humanité
Martin Bormann Acquitté Non inculpé Coupable Coupable Condamné à mort par
contumace
Karl Dönitz Acquitté Coupable Coupable Non inculpé 10 ans de prison
Hans Frank Acquitté Non inculpé Coupable Coupable Peine de mort
Wilhelm Frick Acquitté Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Hans Fritzsche Acquitté Acquitté Acquitté Non inculpé Acquitté
Walther Funk Acquitté Coupable Coupable Coupable Prison à perpétuité
Hermann Göring Coupable Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Rudolf Hess Coupable Coupable Acquitté Acquitté Prison à perpétuité
Alfred Jodl Coupable Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Ernst Acquitté Non inculpé Coupable Coupable Peine de mort
Kaltenbrunner
Wilhelm Keitel Coupable Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Gustav Krupp Inculpé Inculpé Inculpé Inculpé Considéré comme
von Bohlen und médicalement inapte à
Halbach être jugé
Robert Ley Inculpé Inculpé Inculpé Inculpé Mort avant le verdict
Konstantin von Coupable Coupable Coupable Coupable 15 ans de prison
Neurath
Franz von Papen Acquitté Acquitté Non inculpé Non inculpé Acquitté
Erich Raeder Acquitté Coupable Acquitté Non inculpé Prison à perpétuité
Joachim von Coupable Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Ribbentrop
Alfred Rosenberg Coupable Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Fritz Sauckel Acquitté Acquitté Coupable Coupable Peine de mort
Hjalmar Schacht Acquitté Acquitté Non inculpé Non inculpé Acquitté
Baldur von Coupable Non inculpé Non inculpé Coupable 20 ans de prison
Schirach
Arthur Seyss- Acquitté Coupable Coupable Coupable Peine de mort
Inquart
Albert Speer Non inculpé Non inculpé Coupable Coupable 20 ans de prison
Julius Streicher Acquitté Non inculpé Non inculpé Coupable Peine de mort
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 21
de nombreux personnages ont été poursuivis en justice Travailler autrement
grâce à l’initiative des époux Klarsfeld comme René Quelques pistes pour orienter les élèves dans leurs
Bousquet (1991), Paul Touvier (1994) et Maurice Papon recherches : le livre Gérald Steinacher, Les Nazis en
en 1997-1998. fuite, Perrin, 2015 ; un dossier de L’Express : https://www.
lexpress.fr/actualite/societe/la-derniere-traque-des-na-
zis_1297589.html
Document 3
Ce texte permet de réfléchir au sens de ces procès de
criminels nazis aujourd’hui. Leur médiatisation qui reste
p. 226-227 J a l o n 3A
importante reflète une demande sociale. Mais quel sens
y a-t-il à poursuivre des criminels présumés plus de 70
ans après les faits ? Pour le professeur Jérôme Vaillant,
Le génocide dans la littérature
directeur de la revue Allemagne d’aujourd’hui (Presse et le cinéma
universitaire du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq), la por- L’objectif de ce Jalon est de montrer si la littérature et
tée de cet acte est « moins judiciaire que pédagogique ». le cinéma sont des médias pertinents pour permettre de
Surtout dans une Europe où les idées d’extrême droite rendre compte de la réalité du génocide et ainsi partici-
restent encore présentes. per à la construction de sa mémoire.
Document 4 Document 1
Tous ces procès sont permis par la loi de 1964 sur l’im-
Le film documentaire Nuit et Brouillard, réalisé à la
prescriptibilité des crimes contre l’humanité, contraire-
demande d’une association de déportés résistants, est le
ment aux autres crimes prescriptibles après 20 ans. Ces
premier à prendre pour objet le système concentration-
procès, surtout celui de Maurice Papon, permettent de
naire nazi. Le film connaît un grand succès à sa sortie.
réfléchir à la responsabilité des fonctionnaires, qui exé-
Cependant une critique est faite, car Alain Resnais ne
cutent des ordres immoraux sans se soucier des consé-
parle pas de la spécificité du cas des Juifs par rapport
quences de leurs actes administratifs. La parcellisation
aux résistants. Mais surtout, la censure frappe le film car
du processus permet aux exécutants de se déresponsa-
une image y apparaissait montrant un gendarme fran-
biliser, au point qu’à la Libération beaucoup ne verront
çais et son képi gardant le camp de Pithiviers (Loiret).
même pas ce qu’on pourrait leur reprocher. Lors du pro-
Une bande noire apposée sur cette scène du film per-
cès Maurice Papon, haut fonctionnaire sous l’occupation,
met d’oublier cette image de la complicité française qui
est mise en avant la notion de « crime de bureau ».
dérange. En 1987, Henry Rousso parle de « syndrome de
Vichy » pour désigner les difficultés de la société fran-
Éléments de réponse aux questions p. 225 çaise à assumer ses années sombres dans les années
1950-1960. Il faut attendre 1997 pour que le film soit dif-
1. En 1979, Serge Klarsfeld créé l’association « Fils et filles fusé sans cette bande.
de déportés de France » pour la mémoire des victimes
de la Shoah. Avec sa femme Beate, ils vont chercher à
démasquer des anciens nazis. Cette chasse va permettre Document 2
de révéler le passé du chancelier allemand Kurt Georg
Ce texte permet d’opposer deux points de vue d’histo-
Kiesinger, et amener la tenue de procès comme celui
riens. D’abord celui d’Annette Wieviorka, qui parle de
de Klaus Barbie. Tous ces procès sont permis par la loi
« grand silence » après la Libération car les sociétés n’au-
de 1964 sur l’imprescriptibilité des crimes contre l’hu-
raient pas été prêtes à écouter les rescapés des camps.
manité, contrairement aux autres crimes prescriptibles
La littérature et le cinéma n’auraient fait que répondre
après 20 ans.
à cette demande sociale et politique d’oubli, célébrant
plutôt la Résistance comme dans l’immense succès en
2. Leur médiatisation importante reflète une demande
salles qu’est La Grande Vadrouille en 1966. Mais François
sociale. Ces procès hautement symboliques permettent
Azouvi relativise ce « grand silence » dans un ouvrage de
de réfléchir un peu plus profondément à la question de
2012. Pour lui, au moment même où se déroule à Jéru-
l’antisémitisme de Vichy. Le procès Barbie a un retentis-
salem le procès Eichmann, en France l’opinion est ins-
sement national.
truite sur ce que les nazis ont fait aux Juifs. Il montre
qu’en 1957, la sortie parisienne au théâtre Montparnasse
3. Selon Eva Kor, ces procès ont une utilité moins judi-
de la pièce tirée du Journal d’Anne Frank et la réédition
ciaire que pédagogique. Le négationnisme est ainsi com-
à cette occasion du livre lui-même témoignent que le
battu par le témoignage, ce qui demeure nécessaire
génocide des Juifs est connu de la presse populaire de
dans une Europe où les idées d’extrême droite restent
grande diffusion.
encore présentes.
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 22
que celle des documentaires ou des livres d’histoires, dans ce nouveau contexte mémoriel, et qu’il soit traduit
entraînant des réactions fortes en Allemagne, entre en français en 1987.
menaces de l’extrême droite et catharsis pour les autres.
Documents 2 et 3
Document 4 Le premier document permet de réfléchir aux débats
On pourra compléter l’évocation de ce film par le vision- nombreux entre réalisateurs et critiques de cinéma pour
nage de quelques extraits. savoir s’il faut rendre compte de la réalité du génocide
par la rigueur documentaire, comme Claude Lanzmann
dans Shoah, ou par le drame historique hollywoodien
Éléments de réponse aux questions p. 227 grand public comme Steven Spielberg dans La Liste de
Schindler (1993). Le deuxième document montre que ce
1. Le film documentaire Nuit et Brouillard, réalisé par débat et ces controverses tendent à s’apaiser, et que la
Alain Resnais est marqué par ce « résistancialisme » et
mémoire de la Shoah devient une mémoire grand public.
ce « syndrome de Vichy » décrits par Henry Rousso car il
ne parle pas de la spécificité du cas des Juifs par rapport
aux résistants. Mais surtout, la censure frappe le film car Document 4
une image montrant un gendarme français et son képi
gardant le camp de Pithiviers est masquée d’une bande Le positionnement et le rôle de l’Église catholique pen-
noire. dant la Seconde Guerre mondiale sont un sujet tou-
jours très sensible aujourd’hui. Le cinéaste Costa-Gavras
2. Le Journal d’Anne Frank, publié en français en 1950, relance la polémique sur le silence du pape Pie XII face
porté à la scène en 1957 et au cinéma en 1959, fait péné- au génocide avec son film Amen, et cette affiche provo-
trer le drame juif chez un large public. Au moment même catrice. La papauté s’est clairement positionnée face à
où se déroule à Jérusalem, en 1961, le procès Eichmann, Hitler avec le Pape Pie XI, qui en 1937 fait lire l’encycli-
en France l’opinion est largement instruite sur ce que les que Mit brennender Sorge (« Avec une brûlante inquié-
nazis ont fait aux Juifs. tude ») critiquant l’idéologie nationale-socialiste. Il
meurt au début de l’année 1939 et son successeur, Pie XII,
3. Holocaust choisit de parler du génocide à travers des observe un lourd silence pendant la guerre. Son attitude
personnages auquel le public peut s’identifier. La charge ambiguë peut aussi s’expliquer par une peur du commu-
émotionnelle est beaucoup plus forte que celle des nisme. Il faut aussi rappeler le rôle trouble d’Alois Hudal
documentaires ou des livres d’histoires. Shoah de Claude (évêque des Allemands en Italie) et de prélats croates à
Lanzmann choisit de rendre compte du génocide avec Rome dans la « route des rats », qui a permis l’exfiltra-
minutie. Il met 12 ans à réaliser le film, qui dure près de tion de responsables nazis vers l’Amérique latine et le
dix heures, le rendant plus complet mais peu accessible Moyen-Orient. Aujourd’hui, la Papauté empêche l’ouver-
à une partie du public. Les deux œuvres ont cependant ture totale des archives du Vatican, notamment celles de
connu un grand succès critique à leur sortie, participant Pie XII. Mais des traces du rôle de la Papauté peuvent
à la dénomination du génocide. être retrouvées dans les archives argentines (ouvertes
en 2000) et celles des services de renseignement amé-
Synthèse Il faut montrer comment le cinéma et la télé- ricains (où l’on y voit aussi rôle des États-Unis dans ces
vision ont répondu à une demande d’oubli, par le « résis- exfiltrations, avec l’opération Paperclip et la récupéra-
tancialisme » et le « grand silence » auprès du grand tion de scientifiques nazis comme Wernher von Braun
public, même si la spécificité du sort réservé aux Juifs qui travailla ensuite sur les fusées pour la NASA).
est connue dans les foyers de ceux qui lisent et vont au
cinéma. Le nouveau contexte mémoriel des années 1970
montre la modification de cette demande du public avec Document 5
les grands succès de Holocaust ou Shoah. Tony Gatlif est né d’un père kabyle et d’une mère gitane.
Après une enfance à Alger, il arrive en France en 1960
Travailler autrement durant la guerre d’Algérie. S’ensuit un parcours difficile
L’objectif est ici de sortir des exemples proposés par le et éclaté, qui ira d’une maison de redressement à une
manuel pour que l’élève trouve des exemples personnels rencontre avec l’acteur Michel Simon en 1966, en pas-
parlants. sant par des cours d’art dramatique. Il joue dans des
pièces de théâtre puis réalise son premier film en 1975.
À partir de 1981, il aborde le thème qu’il approfondira de
p. 228-229 film en film : les Roms du monde entier.
Jalon 3B
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 23
2. La Shoah est utilisée par Steven Spielberg pour faire Asie du Sud-Est lui donnent un vaste empire organisé en
un drame historique hollywoodien grand public dans La « sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale », en
Liste de Schindler (1993). Cette démarche est critiquée théorie libéré de la tutelle coloniale européenne mais
par Claude Lanzmann et Tom Segev car pour eux la soumis à une administration particulièrement brutale.
Shoah ne peut être dramatisée, elle ne doit être abordée
que comme un événement unique sous forme documen- 2. Conflits territoriaux avec la Chine (îles de la mer de
taire. Chine), la Russie (Sakhaline et Kouriles) et la Corée (îles
de la mer de l’Est/du Japon).
3. Depuis 1993, le traitement de la Shoah a fait l’ob- • Conflits mémoriaux liées au passé militariste nip-
jet d’autres polémiques, mais elles tendent à s’apaiser, pon : femmes de réconfort coréennes, sac de Nankin et
comme le montre la sortie du film Le Fils de Saul du Hon- brutalité de l’occupation en Chine, mauvais traitement
grois Laszlo Nemes en 2015. des prisonniers occidentaux ou chinois et des travail-
leurs asiatiques, recherches bactériologiques criminelles
4. Le génocide des Tsiganes reste très peu abordé par menées par l’Unité 731.
la littérature et le cinéma, tout comme par les histo- • Traumatisme du bombardement atomique.
riens. La mémoire du génocide des Tsiganes reste encore • Action des nationalistes japonais qui refusent de
aujourd’hui marginale car elle a une faible visibilité dans reconnaître l’ampleur des crimes de guerre commis
l’espace public, dans les discours politiques ou les créa- en Asie.
tions culturelles.
3. Les questions de souveraineté territoriales génèrent et
se nourrissent des tensions tandis que l’action des natio-
Synthèse En se concentrant sur le cinéma, il faut mon-
nalistes contribue à jeter de l’huile sur le feu des pas-
trer comment il a facilité l’émergence de cette mémoire
sions.
auprès du grand public, par-delà les critiques de cer-
taines victimes, lorsque le traitement de l’événement
paraissait trop « trivial ».
p. 234-235 Exercices Bac
Travailler à l’oral
Pour orienter les élèves sur le génocide arménien, deux
liens : http://ecrannoir.fr/blog/blog/2015/04/24/7-films-
Exercice 1
pour-ne-pas-oublier-le-genocide-armenien/ et http:// Une proposition de plan chronologique :
ecrannoir.fr/blog/blog/2015/04/24/7-films-pour-ne-pas- I. L’impossible émergence face à la mémoire
oublier-le-genocide-armenien/ « résistancialiste »
A. Des procès de Nuremberg sans lendemain.
B. La Résistance héroïsée.
p. 230-231 C. Le « grand silence ».
Grand angle
II. La lente reconnaissance de ces mémoires
L’histoire et les mémoires A. Une prise de conscience dès les années
1950-1960.
des crimes de guerre en Asie de l’Est B. Les tournants Eichmann et Paxton.
Cet exposé doit permettre de montrer que la mémoire C. La Shoah présente dans les arts.
est loin d’être apaisée sur ce sujet de la Seconde Guerre III. Le « devoir de mémoire » actuel
mondiale de l’autre côté de la planète, en Asie de l’Est. Le A. Le temps de la reconnaissance officielle.
Japon n’a toujours pas exprimé officiellement envers ses B. Le temps des procès mémoriels.
voisins les regrets que ceux-ci attendent. Cela engendre C. Une mémoire dans la culture commune ?
aujourd’hui encore des tensions, largement perceptibles
dans les polémiques récurrentes autour du sanctuaire
Yasukuni, des « femmes de réconfort », du contenu des Exercice 2
manuels japonais, ou des litiges frontaliers persistants et Les élèves doivent montrer les étapes progressives qui
plus tendus depuis que la Chine cherche à imposer ses ont mené au génocide depuis les premiers interne-
vues sur la mer de Chine. ments dans les camps de concentration de Dachau et de
Buchenwald pour « insociabilité » entre 1933 et 1936.
Éléments de réponse aux questions p. 231
1. On insistera sur le projet expansionniste du Japon,
Exercice 3
entamé à la fin du xixe siècle avec les guerres contre la 1. C’est l’avant-propos à la seconde édition de l’ouvrage
Chine, puis contre la Russie et l’annexion de la Corée. de Robert Paxton, La France de Vichy, 1940-1944. La pre-
Le développement du militarisme dans les années 1930 mière édition date de 1973, la 2e édition de 1997.
s’accompagne de l’invasion de la Mandchourie et de la
création d’un quasi-État dans l’État : l’armée du Kwan- 2. Paxton est un historien américain qui souhaite travail-
tung, bastion de militaires radicaux n’hésitant pas à ler sur le régime de Vichy.
fomenter des « incidents » pour forcer la main du gouver-
nement. La guerre sino-japonaise, à partir de 1937, est 3. Un avant-propos permet à l’auteur d’ajouter des élé-
pour certains historiens le véritable début de la Seconde ments d’informations au lecteur, par exemple ici sur les
Guerre mondiale. Bientôt, les conquêtes japonaises en conditions de rédaction de l’ouvrage.
THÈME 3 Étude conclusive L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 24
4. En 1973, le syndrome de Vichy est encore bien pré- 7. Robert Paxton, historien américain, est neutre par rap-
sent, et le Président Pompidou reste attaché au « résis- port aux mémoires concurrentielles. Il travaille sur les
tancialisme ». Paxton ne pouvait ainsi pas accéder aux archives allemandes pour pouvoir remettre en cause la
archives françaises, closes pour 50 ans. Il se tourne vers thèse de Aron dans son ouvrage La France de Vichy. Il
les archives allemandes. affirme que Vichy a sa propre dynamique idéologique
et politique indépendamment des demandes des Alle-
5. La seconde édition de l’ouvrage a lieu dans le contexte mands, avec un rôle actif et volontaire dans la déporta-
du début du procès Papon (1997-1998), avec la mémoire tion des Juifs sans répondre à la pression d’Hitler. Ainsi,
de Vichy au cœur de l’actualité. Pétain n’a pas été le « bouclier » comme le présentait
Robert Aron. Pétain a aggravé la vie des Français en
6. Les archives étaient closes (classifiées 50 ans) contrai- livrant les matières premières des Français. Il n’y a pas
rement à celles des Allemands. L’influence du résis- de « double jeu » comme cela a été défendu par Robert
tancialisme et les thèses de Robert Aron empêchent le Aron car il espère obtenir une place pour la France dans
travail sur la mémoire de l’Occupation. l’Europe façonnée par l’Allemagne victorieuse.
Le contexte de 1945 • Victoire des alliés • Arrestation et poursuite des dignitaires nazis
• Découverte des crimes perpétrés durant • Ouverture des camps par les troupes américaines,
la guerre films et photographies
Le tribunal militaire • Mise en place par les États-Unis • Un tribunal qui se tient en Allemagne, dans la ville
de Nuremberg des grands rassemblements nazis.
• Les juges • 4 juges un pour chaque puissance : EU, URSS, RU
et France
• Les accusés • 24 inculpés, et des organisations politiques (NSDAP,
SA, SS) ou militaires (État-major)
• De nouveaux chefs d’inculpation • Crimes de guerre, crimes contre la paix et crimes
• Les condamnés contre l’humanité
• 12 condamnations à mort
Le tribunal militaire • Juger les criminels japonais • 11 juges de 11 États dont les EU, URSS, RU, France
de Tokyo Avec les mêmes chefs d’inculpation qu’à Nuremberg
• 28 prévenus mais l’empereur n’est pas • 7 condamnations à mort
inquiété
2.
II. Les années 1990 : la justice internationale, une réponse à des crimes de guerre
Les progrès de l’idée de justice internationale dans un contexte favorable : la fin
de la guerre froide, l’affaiblissement de la Russie. Quelques victoires diplomatiques
du multilatéralisme (guerre du Golfe) et les États-Unis, hyperpuissance qui est assez
favorable à cette idée.
A. La mise en place du TPIY : rendre justice
1. La guerre en ex-Yougoslavie, des crimes de guerre pour un « nettoyage ethnique »
• La complexité du conflit, dislocation de l’ex-Yougoslavie, les nationalismes
s’expriment dans tous les nouveaux États notamment en Serbie : des États
multinationaux et une volonté de séparer les populations : « nettoyage ethnique »
• Une stratégie de guerre contre les civils : massacres, viols, crimes de guerre
2. Instauration d’un Tribunal pénal international entre 1999 et 2017
• Une justice difficile à passer : 169 personnes mises en accusation, 90 condamnés,
4 650 témoins. Les principaux criminels sont condamnés
• Une justice qui n’empêche pas les crimes : massacre de Srebrenica en 1995 alors que
le TPIY est déjà en place
• Des acquittements qui fragilisent la réputation du tribunal.
B. Le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), une réponse incomplète
1. Des crimes qui impliquent une grande partie de la population
• « Génocide des voisins »
• Seulement 93 personnes inculpées, le TPIR ne répond pas aux attentes de justice
2. Mise en place des gacaca, tribunaux traditionnels
• 2 millions d’affaires sont alors traitées par ces tribunaux inédits
• Échec relatif du TPIR
D’autres tribunaux temporaires voient le jour le Tribunal spécial pour la Sierra Leone
en 2002 et le Tribunal spécial pour le Liban en 2009.
THÈME 3 BAC 26
B. Les premiers résultats et critiques de la jeune institution
1. Seulement 60 États ratifient le traité d’adhésion, de nombreux États importants ne sont
pas membres, les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde.
2. La jeune institution a certes jugé quelques chefs d’États, quelques ministres et surtout
des miliciens mais son action se limite à des puissances secondaires. Les grandes
puissances tombent d’une certaine manière dans l’impunité.
3. Les poursuites se concentrent essentiellement en Afrique et parfois les jugements
prononcés sont contestés : ex. de l’acquittement de l’ex-Président ivoirien,
Laurent Gbagbo pourtant accusé de crime contre l’humanité.
3.
Idées Exemples
Réponse à Une justice internationale qui s’est 1946 : Tribunaux de Nuremberg et
la problématique mise en place en deux temps, d’abord Tokyo
après la Seconde Guerre mondiale 1993-1994 : TPI ex-Yougoslavie et TPI
puis dans les années 1990 Rwanda
2002 : Cour Pénale internationale
Élargir le sujet/voir Une CPI fragilisée par le retrait de La politique de désengagement
les perspectives nombreux États. de Trump au sein des instances
Des régimes autoritaires et populistes internationales
ne souhaitant rendre aucun
compte à la justice internationale :
la démarche unilatérale l’emporte sur
le multilatéralisme
Conclusion
Une justice internationale s’est mise en place en deux temps : après la Seconde Guerre
mondiale et dans les années 1990. La création de la Cour pénale internationale marque
une victoire de l’idée d’une justice internationale.
Néanmoins, les résultats de cette justice internationale sont limités. Les grandes
puissances, grandes contributrices à l’ONU ne sont jamais inquiétées.
Les populismes et l’unilatéralisme des États-Unis ne renforcent pas l’idée de justice
internationale, bien au contraire.
p. 240-241 Dissertation : sujets d’entraînement
SUJET 1 : Les enjeux mémoriels de la guerre d’Algérie
Les mémoires de la guerre d’Algérie peuvent-elles devenir un instrument de réconciliation ?
I. Des mémoires longtemps contenus par les États
B. Pour la France, une guerre qui ne porte pas son nom, la pratique de la torture oubliée
C. Pour l’Algérie une guerre de libération héroïque
II. Des mémoires qui tardent à s’apaiser
A. Des mémoires officielles qui résistent à la vérité
B. Des communautés qui agissent sur la mémoire : pieds-noirs, harkis, anciens combattants
français ou algériens
THÈME 3 BAC 27
SUJET 3 : La justice est-elle suffisante pour réconcilier un peuple ?
Vous vous aiderez en particulier du cas du Rwanda.
La justice peut-elle réconcilier seule un peu déchiré par un génocide ?
I. Un « génocide des voisins » qui impliquent une grande partie de la population rwandaise
A. Deux communautés antagonistes avant même l’époque coloniale
B. Un génocide orchestré par une partie de la population hutue.
II. Une justice internationale d’exception
A. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda juge les principaux responsables
B. Une réponse incomplète, des milliers de coupables non jugés.
III. Une justice traditionnelle pour juger des milliers de coupables
A. Deux millions d’affaires jugées mais une réconciliation difficile à imposer
B. Une justice transitionnelle qui s’appuie sur des commémorations et la réussite
économique
p. 242-243 Étude de document : sujet guidé
SUJET 1 : Histoire et mémoire de la Shoah
1. Nature des documents :
Le 1er document : deux couvertures de livre sur l’histoire de Vichy dont les auteurs
sont Robert Aron et Robert Paxton. Le second document est un extrait d’un entretien
de Ginette Kolinka rescapée des camps.
Résumé et contexte :
Les deux couvertures témoignent du débat historiographique sur le rôle du régime de
Vichy, notamment sur sa participation au génocide des Juifs. Robert Aron évoque dès
1954 dans son essai, l’idée d’un double jeu du maréchal Pétain. Mais cette hypothèse sera
complètement remise en cause, presque vingt ans plus tard par l’historien Robert Paxton.
Après 1973, le contexte change, les voix, les témoignages de déportés se multiplient, le
mythe résistancialiste s’effondre. Ginette Kolinka, 94 ans fait partie des derniers témoins
et publie ses mémoires. Elle souhaite désormais faire œuvre utile en allant dans les écoles
et raconter son expérience dans les camps.
2.
Connaissances du cours
Idée Citation du document
pour enrichir le commentaire
Robert Aron « Son ouvrage incite à une certaine La volonté des gouvernements d’après-guerre d’éviter
alimente le mythe indulgence pour le maréchal, héros la guerre civile, des jugements cléments, des amnisties.
du bouclier de Verdun » Reconstruire la France
La question « notamment l’envoi de 76 000 Politique antisémite du régime de Vichy qui exclut les Juifs
de la complicité Juifs français dans les camps de nombreuses professions. Port de l’étoile jaune, rafles,
du régime d’extermination » déportation
dans la Shoah
Le rôle déterminant « Il critique la vision française d’Aron Paxton montre qu’en comparant les États européens
de Robert Paxton et le mythe du bouclier » occupés, les Juifs de France n’ont pas moins souffert.
et la fin du mythe
résistancialiste
La culpabilité du « La responsabilité écrasante 76 000 Juifs français ont été assassinés avec la complicité
régime de Vichy du régime de Vichy » du régime de Vichy. La police, la gendarmerie française ont
participé aux rafles des Juifs.
3.
A. Cinquante ans de silence dans le contexte du mythe résistancialiste, du « bouclier »
de Pétain.
« Ce que les survivants des camps ont le mieux partagé, à leur retour, c’est le silence ».
Dans l’immédiat après-guerre, même si beaucoup parlent et que l’idée d’un silence
général et volontaire est fausse, un grand nombre de déportés n’ont qu’une envie :
oublier, réintégrer la société, travailler. Le retour des déportés se fait à l’hôtel Lutetia,
un peu dans l’indifférence. Les déportés, les prisonniers, les STO, les malgré-nous :
les mémoires se mélangent et les parcours ne sont pas très étudiés avant les années
THÈME 3 BAC 28
1980. « Je n’ai jamais rien raconté de l’univers concentrationnaire à ma mère ni à ma
sœur », le traumatisme, l’incompréhension et la nécessité de tourner la page ont contribué
à ce silence des témoins.
B. Une parole libérée tardivement
Ginette Kolinka avec l’aide de Marion Ruggieri publie Retour à Birkenau en 2019.
Les témoignages se multiplient entre les années 1990 et 2010. Mais les premiers textes
sur les camps sont apparus plutôt autour des années 1960 : Primo Levi publie une
première édition de Si c’est un homme en 1947, sans réel succès, puis une seconde
en 1958, puis La Trève en 1963.
« Bientôt, il n’y aura plus personne pour témoigner ». Ginette Kolinka publie également
à 94 ans parce qu’elle fait partie des derniers témoins encore vivants. Elle succède
d’une certaine manière aux témoignages de ses amies déportées, Simone Veil et
de Marcelin Loridan-Ivens.
C. Une transmission à la jeunesse
« C’est pourquoi il est si important de le transmettre aux jeunes générations ». On voit
ici que la mémoire, le témoignage a toute sa place dans notre société, notamment
à l’école. Malgré son grand âge, Ginette Kolinka arpente les écoles et les établissements
secondaires pour faire passer un message humaniste.
« Méfiez-vous de la haine, et combattez-la dès qu’elle pointe, sous quelque forme
que ce soit, car c’est la haine qui conduit tout droit à Birkenau ». Son message semble
clair, Ginette Kolinka fait œuvre de sagesse, d’exemple pour la jeune génération.
Elle peut convaincre par son exemplarité, par son expérience vécue. On s’interrogera
malgré tout sur les limites de cette démarche. Les moteurs des haines, de l’intolérance
et de l’antisémitisme ont la vie dure.
p. 244-245 Étude de documents : sujets d’entraînement
SUJET 1 : Génocides et justice internationale
I. Le TPIY, une justice internationale sous mandat de l’ONU
A. Le contexte d’une mise en place
B. La victoire du principe d’une justice internationale
II. Poursuivre les criminels de guerre et les convoquer au tribunal à La Haye
A. La poursuite des criminels
B. Des crimes reconnus
III. Rendre justice aux victimes du « nettoyage ethnique » notamment en Bosnie
A. Des victimes qui témoignent, une vérité qui s’impose
B. Une réconciliation qui tarde
p. 248-249 Vers le Sup’ : Rédiger une note de synthèse
Ce dossier rassemble plusieurs documents sur les mémoires de la guerre d’Algérie.
Il permet de constituer un dossier autour de trois thèmes : La mémoire des rapatriés
d’Algérie, La mémoire des autres victimes de la guerre (harkis et nationalistes algériens)
et la délicate politique mémorielle de la France (commémorations, conflits mémoriels
autour d’une date de célébration).
THÈME 3 BAC 29
Identifier, protéger et valoriser
4
Thème
Bibliographie
–– J.-Y. Andrieux, Patrimoine et société, Presses universitaires de Rennes, 1998. Cet ou-
vrage aborde les enjeux et les usages sociaux du patrimoine aujourd’hui.
–– J.-Y. Andrieux (dir.), Patrimoine. Sources et paradoxes de l’identité, actes du cycle
de conférences prononcées à l’université Rennes 2, 5 nov. 2007-2 avril 2008, Rennes,
Presses universitaires de Rennes, 2011. Une réflexion sur les rapports entre patrimoine
et identité, notamment concernant les risques de l’instrumentalisation celui-ci.
–– P. Beghain, Le Patrimoine : culture et lien social, Presses de Sciences Po, Paris, 1998.
L’auteur insiste sur une nécessaire redéfinition du concept de patrimoine pour qu’il
renforce le lien social.
Sitographie
–– Une vidéo de l’INA sur le conflit entre la Grèce et le Royaume-Uni concernant le
retour des dalles de la frise du Parthénon exposées au British Museum : https://ensei-
gnants.lumni.fr/fiche-media/00000001518/athenes-et-londres-se-disputent-les-frises-
du-parthenon.html
–– Une vidéo de l’INA sur la nouvelle offre culturelle du château de Versailles : https://
www.ina.fr/video/I05270389
–– Une vidéo de l’INA (1973) sur la restauration du château de Versailles et le mécénat
états-unien qui en permit la sauvegarde : https://www.ina.fr/video/I05250826
–– Une page de l’UNESCO sur la question du retour des biens culturels, avec de nombres
documents, publications, vidéos disponibles dans l’onglet « ressources » situé à droite :
–– http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/restitution-of-cultural-property/
–– Un article d’Alain Babadzan autour du phénomène récent de patrimonialisation :
https://lersem.www.univ-montp3.fr/fr/revue-num%C3%A9ro-2/les-usages-sociaux-du-
patrimoine-alain-babadzan
Bibliographie
–– A. Fermigier, La Bataille de Paris. Des Halles à la Pyramide. Chroniques d’urbanisme,
Gallimard, 1991. André Fermigier, grand critique d’architecture, témoigne des trans-
formations de Paris, des Halles ou de la gare d’Orsay, jusqu’à la bataille perdue contre
la pyramide du Louvre.
–– P. Pinion, Paris détruit, Parigramme, 2011. Un panorama illustré des destructions qui
ont affecté Paris, des destructions symboliques sous la Révolution aux réhabilitations
actuelles en passant par les grandes opérations urbaines traumatisantes des années
1960-1970.
–– E. Hazan, L’Invention de Paris, Seuil, 2012. Une histoire de la ville et de ses révolu-
tions à travers une déambulation dans ses rues et ses quartiers.
–– F.-X. Fauvelle et I. Surun (dir.), Atlas historique de l’Afrique. De la Préhistoire à nos
jours, Autrement, 2019. Cet atlas permet de comprendre à l’aide de cartes les civilisa-
tions et empires qui se sont développés sur le continent africain au fil des siècles.
–– F.-X. Fauvelle (dir.), L’Afrique ancienne, Belin, 2018. Un manuel d’histoire des civilisa-
tions de l’Afrique ancienne richement illustré pour se renseigner sur l’empire du Mali.
–– A. Zorzi, Histoire de Venise, Perrin, collection Tempus, 2015. Un voyage à travers
l’histoire de la ville et de ses habitants, par l’un des meilleurs spécialistes du patri-
moine vénitien.
Éléments de réponse aux questions p. 277 Paris entre protection et nouvel urbanisme
1. Un visiteur est un touriste s’il passe une nuit sur place, L’objectif de ce Jalon est de montrer les hésitations pari-
et un excursionniste si son voyage n’inclut pas de nuit siennes entre développement économique et préser-
sur place. vation du patrimoine, car souvent les deux objectifs ne
Pour aller plus loin : https://media.unwto.org/fr/content/ peuvent être conciliés dans les projets d’urbanisme. Et
comprende-le-tourisme-glossaire-de-base. l’exemple parisien permet aussi de montrer comment
la préservation du patrimoine est devenue un impératif
2. Le lien entre patrimoine et tourisme est très fort dès de plus en plus important dans la prise de décision poli-
le xviiie siècle, avec le « Grand Tour » déjà évoqué dans tique, à l’image de la France dans son ensemble.
l’introduction du thème. Un acteur apparaît très tôt et il
est toujours très présent : le guide de voyage, qui permet
d’accompagner le touriste, mais qui sélectionne aussi à Document 1
sa place les lieux patrimoniaux dignes d’un détour. Ces
guides sont donc des acteurs centraux qui impulsent Cette peinture représente deux ponts sur la Seine, en plein
la construction des espaces touristiques nationaux. centre de Paris, en contrebas de ce qui est aujourd’hui
L’UNESCO a aussi un rôle important, par la labellisa- la place de l’Hôtel de Ville. Hubert Robert permet ainsi
tion « patrimoine mondial » qui permet de structurer une de conserver une trace des maisons qui recouvraient les
mise en valeur touristique, mais aussi des actions de pré- ponts parisiens, remplis d’échoppes, comme on le voit
servation. encore aujourd’hui sur le Ponte Vecchio à Florence. Une
p. 288-289 Jalon 3B
Document 3
Document 1 En juin 2019, suite à une panne de moteur, le paquebot
géant MSC Opera heurte un quai puis un autre bateau
Cette carte permet d’abord de situer le centre historique
touristique à son arrivée sur Venise, suscitant la panique.
à une autre échelle, dans son environnement proche,
L’accident relance la question des dommages infligés
celui de la lagune. À travers trois petits passages, appe-
par ces énormes navires qui naviguent près du rivage,
lés « bouches de port » ou passes, le flux de la marée
car ils contribuent à l’érosion des fondations de cette
se propage dans la lagune et les canaux de la ville. La
ville déjà régulièrement inondée et qui s’enfonce lente-
lagune dans son ensemble accueille d’autres activités en
ment dans la mer. En 2012, le décret Clini-Passera inter-
plus du tourisme culturel. Et les moyens de transport y
dit les paquebots dans la lagune. En théorie seulement,
sont nombreux, et à toutes les échelles, pour permettre
car les passages restent autorisés tant qu’aucune solu-
la mobilité des touristes et des locaux. Cette carte per-
tion n’a été trouvée.
met aussi de voir les risques que font courir toutes ces
activités sur l’environnement local. En 1981, le projet
MOSE est lancé pour contenir les grandes marées, accen- Document 4
tuées notamment par le passage des grands paquebots.
Ce projet MOSE vise à installer 78 digues flottantes sur Des mesures d’encadrement sont mises en œuvre dans
les trois passes séparant la lagune de la mer Adriatique de nombreuses villes de tourisme de masse comme
afin de protéger Venise quand le niveau de l’eau dépasse Venise. Une taxe à l’entrée de la ville y est régulière-
110 cm. Ces digues, en conditions normales, sont rem- ment évoquée pour permettre la limitation d’un « tou-
plies d’eau et invisibles. Quand une marée haute est risme pendulaire ». On peut aussi penser à la Ligurie, où
prévue, les digues se soulèvent grâce à l’envoi d’air com- un système est expérimenté pour contrôler le nombre de
primé en vidant par la même occasion l’eau. Le chantier personnes autorisées à visiter cinq villages de pêcheurs
a déjà coûté plus de 6 milliards d’euros, et a été marqué classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais la
par un scandale de corruption avec un détournement volonté politique est faible à Venise et les aménage-
d’un milliard d’euros. Par ailleurs, les travaux avancent ments pour garantir l’équilibre du site difficiles à mettre
très lentement, les Vénitiens espérant leur fin pour 2022. en œuvre car la ville et ses résidents sont dépendants de
la manne touristique.
Document 2
Éléments de réponse aux questions p. 289
En 1897, une mesure de la marée a été effectuée à la
Punta della Salute. Le niveau moyen de la mer mesuré
est devenu le niveau zéro de référence de la ville pour 1. Les touristes, à l’échelle mondiale, sont acheminés
l’élévation du niveau de la mer. Depuis, les autorités par l’aéroport puis la lagune ou le port du centre histo-
parlent de marée soutenue (marea sostenuta) lorsque rique, via la passe du Lido. À l’échelle continentale ou
l’eau s’élève au-dessus de 80 cm. Le centre historique est nationale, ils peuvent aussi utiliser le train, qui arrive en
faiblement inondé (de 0 à 10 % de sa surface). Mais une centre-ville, ou encore le car. Mais il y a aussi des flux de
marée très soutenue (marea molto sostenuta) de 110 cm marchandises par les porte-conteneurs, qui utilisent les
à 139 cm ou une acqua alta exceptionnelle (acqua alta deux passes au sud et le port industriel de Porto Mar-
eccezionale) à partir de 140 cm peuvent avoir des consé- ghera. À l’échelle locale, les pêcheurs circulent mais
quences catastrophiques. Ainsi, en novembre 2019, suite surtout de nombreux travailleurs liés à l’industrie du
à une violente tempête, l’eau a atteint à Venise des tourisme, qui résident sur le continent et qui utilisent les
niveaux historiques, à 187 centimètres au-dessus de la ferrys pour leurs mobilités pendulaires, en attendant la
mer. 75 % du centre historique était inondé et les fon- construction d’un tramway sur le pont ferroviaire.
dations de la basilique Saint-Marc sont fragilisées. Avec
le dérèglement climatique, les inondations ont tendance
5.
Un patrimoine culturel riche …mais des conflits entre acteurs …et des menaces qui appellent
et mis en valeur… quant à son utilisation… des réponses rapides.
Idée : Un site et un patrimoine uniques Idée : Les tensions dans le centre Idée : L’engloutissement de la ville
historique
Citation : « Venise, endroit unique, est Citation : « une Autrichienne de 28 ans, Citation : « Venise a connu un
l’héritage de tout le monde. » juge aussi la situation “étrange : les nouveau pic de marée haute vendredi
touristes prennent des photos mais la 15 novembre, trois jours après avoir été
ville souffre”. » dévastée par des inondations records »
Idée : Le tourisme, activité vitale pour Idée : Les tensions pour préserver Idée : Des solutions difficiles à mettre
Venise l’écosystème de la lagune en œuvre
Citation : « les églises, commerces, Citation : « Les écologistes montrent Citation : « De nombreux responsables
musées et hôtels de ce joyau classé au aussi du doigt l’expansion du grand port dont le maire de Venise ont appelé
Patrimoine mondial. » industriel de Marghera, situé en face sur à mettre en service “au plus vite” le
la terre ferme, et le défilé des bateaux projet de digues MOSE. Lancé en 2003
de croisière géants. » et retardé par des malfaçons et des
enquêtes pour corruption »
Bibliographie
–– M. Fumaroli, L’État culturel : essai sur une religion moderne, Le Livre de poche
n° 4158 Biblio essais, LGF, 1999. Une enquête historique sur les origines et les précé-
dents de la politique culturelle en France jusqu’à celle qui a eu cours sous les mandats
de F. Mitterrand.
–– N. Heinich, La Fabrique du patrimoine. De la cathédrale à la petite cuillère. Éditions
de la Maison des sciences de l’Homme, 2009. L’auteure détaille les diverses opérations
par lesquelles un édifice ou un objet se retrouvent intégrés au corpus du patrimoine.
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 23
–– C. Hottin et Y. Potin, « Le Patrimoine. Pourquoi, comment, jusqu’où ? », La Documen-
tation photographique n° 8099, mai-juin 2014. Un ouvrage de synthèse sur la question,
qui s’interroge sur la notion de patrimoine, l’évolution de celle-ci et sur les formes
actuelles de patrimoine.
–– D. Irvoas-Dantec et F. Morel, C’est quoi le patrimoine ?, Éditions Autrement, 2008. Un
ouvrage court (63 p.), mais qui fait une synthèse utile sur ce qu’est le patrimoine, en
expliquant pourquoi cette volonté de cataloguer et préserver les biens s’est faite jour.
–– F. Lucchini (dir.), La Mise en culture des friches industrielles, Presses universitaires
de Rouen et du Havre, 2016. Cet ouvrage explore les reconversions et les réappro-
priations des friches industrielles par les milieux artistiques, en lien ou non avec des
instances locales.
–– P. Moulinier, Les Politiques publiques de la culture en France, PUF, 2005. L’auteur
analyse la politique volontariste du ministère de la Culture lors des décennies 1990
et 2000.
–– P. Poirrier, Les Politiques culturelles en France, La Documentation française, 2002.
L’auteur a rassemblé des textes législatifs, réglementaires, discours de responsables
de l’administration publique, afin d’évaluer la politique culturelle impulsée par l’État
depuis 1789.
Sitographie
–– Un article évoquant la mise en lumière du haut-fourneau U4 d’Uckange, inscrit à
l’inventaire annexe des Monuments historiques : https://www.usinenouvelle.com/ar-
ticle/un-parc-du-haut-fourneau-mis-en-lumiere-en-moselle.N20888
–– Un article sur la reconversion de ce même site, où s’est implanté un centre de re-
cherche sur la métallurgie et ses procédés : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-
de-thionville-hayange/2019/01/27/metafensch-a-uckange-le-defi-de-l-aluminium
–– Un rapport sur les politiques publiques en France concernant le patrimoine, télé-
chargeable sous format PDF, rédigé par deux universitaires, l’une à Paris XIII (Françoise
Benhamou), l’autre à HEC (David Thesmar) : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/
var/storage/rapports-publics/114000512.pdf
–– Un autre rapport, également téléchargeable, concernant l’éducation artistique et
culturelle dans les musées nationaux : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/
storage/rapports-publics/134000635.pdf
–– Une vidéo référencée sur le site de l’INA sur le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais,
alors candidat à l’éligibilité au patrimoine mondial de l’UNESCO : https://fresques.ina.
fr/memoires-de-mines/fiche-media/Mineur00263/le-bassin-minier-du-nord-pas-de-
calais-candidat-a-l-unesco.html
–– Une vidéo qui suit la précédente, annonçant justement le classement de 353 élé-
ments du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l’UNESCO :
https://fresques.ina.fr/memoires-de-mines/fiche-media/Mineur02026/annonce-du-
classement-du-bassin-minier-a-l-unesco.html
–– Un article évoquant les menaces qui pèsent sur certains sites du bassin minier du
Nord-Pas-de-Calais, pourtant classés à l’UNESCO : https://www.francetvinfo.fr/econo-
mie/industrie/patrimoine-mondial-de-l-unesco-une-partie-du-bassin-minier-du-pas-
de-calais-menace-de-disparition_2824871.html
–– Un article de Philippe Faure, ancien ambassadeur, qui a assuré la présidence délé-
guée du Conseil de promotion du tourisme et Jean-Claude Ribout, ancien chroniqueur
au Monde, dans lequel ils analysent l’importance de la gastronomie dans les relations
internationales (article téléchargeable en PDF) : https ://www.cairn.info/revue-geoe-
conomie-2016-1-page-151.htm ? contenu = resume#
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 24
p. 298-299 O u ve r t u r e Éléments de réponse aux questions p. 301
1. Mérimé est devenu en 1834 le deuxième inspecteur
Éléments de réponse aux questions p. 298 général des monuments historiques. Il entreprend des
1. En 1872, l’architecte Édouard Corroyer est chargé par voyages dans toute la France pour inventorier, inspec-
la Commission des monuments historiques de la restau- ter et faire protéger les édifices remarquables. Il abat un
ration du site. Pour faciliter ces travaux, le site est classé travail colossal, renforcé par la collaboration d’Eugène
deux ans plus tard. Viollet-le-Duc.
2. Après la Révolution, le site a été transformé en pri- 2. Le principal acteur de la protection du patrimoine en
son puis délaissé. Des destructions et des incendies ont France est l’État ; il est représenté par le ministère de la
dégradé le mont, et certaines parties menacent de s’ef- Culture, qui dispose de commissions comme la Commis-
fondrer. sion nationale des monuments historiques qui inven-
torie, classe et propose des mesures pour protéger les
monuments historiques, les immeubles et les objets
Éléments de réponse aux questions p. 299 d’art. Néanmoins, il y a d’autres acteurs comme la Fonda-
tion du patrimoine qui est un organisme privé, mais qui a
1. Pour sauvegarder le haut-fourneau, l’association reçu une délégation de la part de l’État pour accorder un
MECILOR (Mémoire culturelle et industrielle de Lor- label qui permet au propriétaire réalisant des travaux de
raine), soutenue par la Direction régionale des affaires bénéficier de déductions fiscales significatives. Enfin, les
culturelles de Lorraine et la municipalité d’Uckange, entreprises privées jouent également un rôle important
obtient l’inscription du haut-fourneau à l’inventaire sup- (mécénat…).
plémentaire des monuments historiques en 2001.
2. L’ancien site industriel est reconverti en pôle culturel 3. La notion de patrimoine culturel s’est considérable-
et en centre de recherche sur la métallurgie. ment enrichie depuis sa première définition (xixe siècle).
Aujourd’hui, le patrimoine culturel englobe aussi bien
3. La notion de patrimoine évolue car au xixe siècle, ce
le patrimoine matériel, qu’immatériel. Ce dernier (voir
sont les monuments « classiques » qui sont visés par les la définition de PCI) regroupe par exemple des objets,
politiques de préservation du patrimoine. Au xxe siècle, des artefacts, des pratiques (l’alpinisme), des savoir-faire
comme le montrent aussi les définitions de l’UNESCO, le (la dentelle au point d’Alençon ; tapisserie d’Aubusson).
patrimoine culturel peut aussi être un patrimoine indus- Ainsi, certains historiens ont pu dire que, finalement,
triel ou un patrimoine immatériel. « tout est patrimoine » !
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 25
esthétique et historique. Cette politique s’élargit et évo- de protection appelée « zone cœur » à la réglementation
lue au cours du xxe siècle, avec l’intégration des vestiges stricte de protection de la nature et une « aire d’adhé-
historiques dans le patrimoine (loi de 1941), ainsi que les sion » où les communes sont partenaires du développe-
sites naturels exceptionnels (loi de 1957 ; création des ment durable du parc. La législation du parc national est
parcs nationaux en 1960). Celle-ci est principalement plus stricte que celle du parc naturel régional. En 2019,
définie et mise en œuvre par l’État via le ministère de la France compte onze parcs nationaux : huit en métro-
la Culture, qui entreprend des actions visant à valoriser pole dont quatre en haute montagne (Vanoise, Pyrénées,
le patrimoine (Journées européennes du patrimoine). Écrins, Mercantour), le parc national des Cévennes situé
Néanmoins, il n’est pas inutile de se questionner sur la en moyenne montagne, le parc national de Port-Cros et
pertinence ou l’efficacité des mesures étatiques adop- le parc national des Calanques mi-terrestres, mi-marins
tées dans ce domaine (document 4). ainsi que le parc national des forêts en plaine ; et trois en
outre-mer, en Guyane, à la Réunion et en Guadeloupe.
Document 1
Le 13 octobre 1790, Charles-Maurice de Talleyrand-Pé-
Document 4
rigord, alors évêque d’Autun, tient un discours resté Le loto du patrimoine, commercialisé sous l’appellation
célèbre devant l’Assemblée constituante. Il évoque « Super Loto Mission Patrimoine », est un jeu de loto créé
principalement la nécessité de réformer l’instruction par la Française des jeux afin de récolter des fonds des-
publique, et, à la fin de son allocution, il formule un cer- tinés à la Fondation du patrimoine pour assurer l’entre-
tain nombre de propositions concernant la classification tien de monuments considérés comme étant en péril,
et la sauvegarde des monuments, des objets d’art et des qu’il s’agisse de monuments historiques ou non. Ce dis-
archives. positif a été adopté grâce à un amendement au projet
de loi des finances rectificative pour 2017 adopté en
décembre 2017. Les monuments qui bénéficient de cette
Document 2 nouvelle ressource ont été identifiés dans le cadre de la
Les Journées européennes du patrimoine sont des mani- mission confiée à Stéphane Bern par Emmanuel Macron
festations nationales annuelles, organisées actuelle- en novembre 2017. Cette mission a permis d’identifier
ment dans une cinquantaine de pays, sur le modèle des 270 monuments, dont 18 sites « emblématiques » (aque-
« Journées Portes ouvertes des monuments historiques » duc romain du Gier, château de Bussy-Rabutin… qui ont
créées en 1984 par le ministère de la Culture français. figuré sur les billets de loto vendus. Le premier tirage de
Ces manifestations locales dont les dates s’étalent de fin ce loto a lieu à l’occasion des Journées européennes du
août à début novembre, permettent au public la décou- patrimoine, les 15 et 16 septembre 2018. L’affectation
verte de nombreux édifices et autres lieux qui ne sont des fonds est déterminée par une convention entre le
souvent qu’exceptionnellement ouverts au public, ou ministère de la Culture et la Fondation du patrimoine. La
de musées dont l’accès devient alors provisoirement deuxième édition de la Mission Patrimoine se déroule en
gratuit ou à prix réduit. En 1991, le Conseil de l’Europe deux temps en 2019. Le tirage du Loto du Patrimoine a
institue officiellement des « Journées européennes du lieu le dimanche 14 juillet, pour la fête nationale. Le jeu
patrimoine », auxquelles l’Union européenne s’associe de grattage est quant à lui mis en vente pour les Jour-
en soutenant le bureau de coordination dans sa mission nées européennes du patrimoine (13 au 15 septembre).
de promotion internationale dont la création est alors
confiée aux Pays-Bas. En 1995, ce sont 34 pays européens
qui s’associent à la manifestation et 13 millions d’Euro-
Éléments de réponse aux questions p. 303
péens qui visitent les 26 000 monuments ouverts pour 1. Talleyrand utilise l’expression : « Les chefs-d’œuvre des
l’occasion. En 2000, six États supplémentaires (princi- arts sont de grands moyens d’instruction, dont le talent
pautés d’Andorre et de Monaco, Islande, Vatican, Macé- enrichit sans cesse les générations suivantes » ; il veut
doine, Ukraine) ouvrent les portes de leur patrimoine. dire par là que les édifices et objets d’art permettent
En 2002, la Turquie crée la même manifestation que les d’éduquer les enfants à l’art et à l’histoire, mais servent
pays européens. En 2001, Taïwan imite les 47 pays déjà aussi à former des citoyens.
associés à la manifestation, pourtant toujours qualifiée Pour lui, d’autres éléments méritent d’être protégés
d’européenne. En 2019, on compte plus d’une cinquan- comme les églises, les maisons devenues domaines natio-
taine de pays participant à cette opération. naux, mais aussi les dépôts des chartes, etc., c’est-à-dire
tout ce qui constitue ce qu’on appelle aujourd’hui les
archives.
Document 3
2. Les partenaires sont nombreux et sont aussi bien des
C’est par la loi n° 60-708 du 22 juillet 1960 (bien après acteurs publics (ministère de la Culture, musées natio-
la Suède en 1909), que le statut officiel de parc national naux), des acteurs privés (Lidl, Crédit Agricole, etc.) et des
est créé en France métropolitaine, par une loi élaborée institutions comme l’Union européenne.
par le ministère de l’Agriculture. Le premier parc natio- Pour les acteurs privés, le fait d’investir de l’argent
nal français, le parc national de la Vanoise, est créé le dans les opérations de valorisation du patrimoine leur
6 juillet 1963. En France, un parc national est une zone permet d’améliorer leur image auprès du public et, sur-
naturelle qui est classée du fait de sa richesse naturelle tout, de bénéficier de déductions fiscales.
exceptionnelle. Il a la particularité d’être structuré en
deux secteurs à la réglementation distincte : une zone
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 26
3. Les parcs nationaux en France ont principalement été Document 1
créés dans des sites naturels de montagne ou donnant
sur la mer. On retrouve dans ces zones une flore et une La fosse Arenberg de la Compagnie des mines d’Anzin
faune tout à fait exceptionnelles, qui nécessitent une est un ancien charbonnage du bassin minier du Nord-
protection particulière, décidée par les pouvoirs publics Pas-de-Calais, situé à Wallers. La fosse commence à
à partir de 1960 (date de création des parcs nationaux extraire en juin 1903. Très vite, elle devient un des sièges
en France). d’extraction les plus importants de la compagnie. Des
cités, avec école, école ménagère, église, salle des fêtes…
sont édifiées autour de la fosse. La Compagnie des mines
4. L’État français finance la restauration de monuments
d’Anzin est nationalisée en 1946, et intègre le Groupe de
remarquables, comme le château de Voltaire à Ferney,
Valenciennes. La fosse est choisie pour devenir l’un des
mais il a aussi créé une loterie et un jeu de grattage,
plus grands sièges de concentration du bassin minier.
dont les bénéfices sont affectés au patrimoine national.
Les crises pétrolières des années 1970 donnent à la fosse
Le député LR Gilles Carrez estime qu’il y a eu des coupes
quelques années de fonctionnement en plus. L’extrac-
budgétaires très importantes, et que les dividendes du
tion cesse à la fin du mois de mars 1989. Les installations
loto du patrimoine ne pourront les couvrir.
ont ensuite été sauvées grâce au tournage du film Ger-
minal qui accélère les premières mesures de protection
Synthétiser Dans leur paragraphe, les élèves doivent uti- (1992) et la patrimonialisation du site. La salle des fêtes
liser à la fois les documents et les informations tirées du et l’école ménagère sont inscrites aux Monuments his-
bloc Repères. Il s’agit de montrer que l’État français agit toriques en 2009. La fosse est classée le 22 février 2010,
tout d’abord en promulguant des lois visant à protéger quelques années après sa rénovation complète. La fosse
le patrimoine. Il complète les mesures législatives en Arenberg, la cité pavillonnaire de Bellaing, la cité de
sanctuarisant certains sites (parcs nationaux), mais éga- corons d’Arenberg, la salle des fêtes, l’école ménagère,
lement en menant des actions de promotion du patri- l’église Sainte-Barbe, l’école, le dispensaire de la Société
moine (via le ministère de la Culture) visant à mieux faire de Secours minière, la cité pavillonnaire du Nouveau
connaître les monuments, les édifices auprès du public. Monde et son école, les cités modernes de la Drève et du
Il n’hésite pas pour cela avec faire également appel aux Bosquet, l’école de la cité du Bosquet, la mare à Goriaux
acteurs privés (entreprises). et le terril plat no 171, ainsi que l’embranchement fer-
roviaire de la fosse, ont été inscrits le 30 juin 2012 au
Travailler à l’oral
patrimoine mondial de l’UNESCO. En septembre 2015, le
Les élèves peuvent utiliser les ressources à disposition
centre de création cinématographique « Arenberg Créa-
au CDI, mais aussi celles numériques (sites web…). Ils
tive Mine » est inauguré.
doivent donc citer notamment la date de l’inscription de
ce patrimoine, les entités gérant le site, les actions de
protection et de valorisation mises en place, les conflits Document 2
d’usage potentiels, etc.
Nœux-les-Mines a transformé l’un de ses terrils en piste
de ski artificielle, la deuxième plus vaste d’Europe, der-
rière celle d’Édimbourg en Écosse. Inaugurée le 25 mai
p. 304-305 Jalon 2 1996, la « station la plus basse de France » fonctionne
ainsi toute l’année. Elle était constituée d’une sorte de
Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, paillasson en plastique vert fluo, arrosé en permanence
entre héritage culturel et reconversion par des buses automatiques pour faciliter la glisse et pour
éviter l’échauffement de la piste. Elle a subi un important
Ce jalon est centré sur le bassin minier du Nord-Pas-de- lifting en 2006, car son premier revêtement l’empêchait
Calais, une zone qui a vu se développer une intense acti- d’accueillir les planches de surf. Le domaine skiable offre
vité industrielle et minière entre le xixe et le xxe siècle. une hauteur de 74 mètres, la longueur de la piste est de
Néanmoins, celle-ci a énormément souffert dans les 320 mètres pour 35 mètres de large, avec une inclinaison
années 1970 et 1980, à la fois des effets de la crise qui va jusquʼà 28°, mais également trois tremplins, une
économique consécutive aux chocs pétroliers, et de la corniche de 2 m de haut, un champ de 21 bosses, un half
concurrence étrangère (charbon moins cher venant pipe de 44 m, trois rails de 5 m, un quarter pipe, et la pos-
de l’étranger). Cela a entraîné la fermeture de la tota- sibilité de pratiquer du ski ou du snowboard. L’originalité
lité des mines et une explosion du chômage dans ces du site a permis l’apparition d’une discipline : le skiath-
territoires. Dès les années 1970, la société civile (asso- lon, qui mélange la course à pied, le VTT et le ski. La piste
ciations, citoyens) et les collectivités territoriales ont attire plus de 30 000 skieurs par an, avec un pic de fré-
pris conscience de l’importance des différents sites, qui quentation (près de 20 000) entre décembre et mi-mars
constituaient autant de témoignages prégnants d’une quand elle sert à la population locale notamment de
activité industrielle désormais disparue, et donc de leur terrain d’entraînement en préparation d’un séjour aux
valeur patrimoniale et historique. Elles ont alors entamé sports d’hiver dans les stations de montagne. Près de ce
des démarches pour obtenir leur classement en tant terril se trouve une base nautique, ouverte généralement
que patrimoine remarquable (monuments historiques, entre avril et fin septembre. Elle accueille un téléski nau-
UNESCO). Les pouvoirs publics, de leur côté, ont sou- tique, une plage, des locations de pédalos et canoës, un
tenu ces projets et ont émis le souhait de voir se réali- minigolf et divers terrains de sport. L’ensemble, appelé
ser une reconversion économique afin de redynamiser Loisinord, est inauguré en 1994.
ces espaces.
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 27
Document 3 minier, c’est-à-dire un musée sur la mine, les hommes et
les activités. La création du site Loisinord a été portée
La fosse Delloye de la Compagnie des mines d’Aniche est par la municipalité de Nœux-les-Mines et il est mainte-
un ancien charbonnage du bassin minier du Nord-Pas-de- nant géré par la communauté d’agglomération de l’Ar-
Calais, situé à Lewarde. La fosse est commencée en 1911. tois. Le projet du Centre historique minier de Lewarde a
Les travaux sont interrompus par la Première Guerre reçu le soutien de l’État et des collectivités territoriales
mondiale et ne reprennent qu’en 1921 ; le puits est mis (région Pas-de-Calais à l’époque ; département du Nord,
en service en 1927, lorsqu’il a atteint la profondeur de commune de Lewarde). Les deux projets, malgré une
360 mètres. La Compagnie des mines d’Aniche est natio- baisse de fréquentation, peuvent être envisagés comme
nalisée en 1946, et intègre le Groupe de Douai. Des cités des réussites, car ils ont créé de l’emploi et ils perdurent
de taille relativement modeste sont alors construites, dans le temps.
la Compagnie d’Aniche n’en ayant pas bâti. La fosse
ferme en 1971. En 1973, les Houillères décident de créer 3. Dix sites du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, pour-
un musée de la mine sous l’impulsion d’Alexis Detruys, tant classés, sont menacés de ruine, car leur entretien
secrétaire général du bassin du Nord-Pas-de-Calais, et nécessite des investissements financiers énormes, que
le site de la fosse Delloye est choisi. Le Centre histo- ne peuvent pas assumer la plupart des municipalités qui
rique minier ouvre ses portes en 1984. La fosse Delloye les hébergent. Plusieurs actions sont envisagées pour les
constitue avec la fosse Arenberg un des sites majeurs sauver : une souscription nationale, mais aussi la sollici-
de la mémoire du bassin minier. En plus de présenter au tation de fonds provenant des collectivités territoriales,
public toutes les installations d’une fosse du xxe siècle, de l’État et de l’Union européenne.
y compris des galeries reconstituées, le Centre histo-
rique minier possède également 2 700 mètres linéaires
Synthétiser Les élèves doivent d’abord mettre en évi-
d’archives, parmi lesquelles on trouve 7 000 ouvrages,
dence que les politiques de reconversion ont pris plu-
550 000 documents photographiques, 500 films, 350 vidé-
sieurs aspects : la fosse Arenberg a été sauvegardée,
ogrammes et 300 enregistrements sonores. Le 21 sep-
est devenue un site touristique, mais aussi un centre
tembre 2009, les installations de surface sont classées
de recherche. Le terril et le charbonnage de Nœux-
aux monuments historiques. La fosse Delloye a été ins-
les-Mines ont été transformés en une piste de ski et un
crite le 30 juin 2012 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
centre de loisirs aquatiques. Alors que la fosse Delloye
à Lewarde s’est métamorphosée en un musée. De nom-
Document 4 breux acteurs ont pris part à ses projets : dans chaque
cas, les municipalités sont parties prenantes ; mais
Sur les 353 éléments du bassin minier Nord-Pas-de-Ca- on retrouve aussi les autres collectivités territoriales
lais inscrits, en 2012, sur la Liste du patrimoine mondial (département, région), l’État, voire l’Union européenne.
de l’UNESCO, dix sites sont menacés, et particulièrement Les acteurs privés (entreprises) peuvent également ame-
trois chevalements : celui de la fosse n° 6 à Haines-lez-la- ner des fonds, et les associations jouent aussi un rôle
Bassée ; la fosse 5 à Billy-Berclau ; la fosse 2 de Flinnes à dans la sensibilisation des populations locales et dans
Anhiers. Ils ont en commun de ne pas appartenir aux com- l’exposition médiatique de situation concernant les sites
munes mais à divers propriétaires. Si on prend chaque (potentialités ou, au contraire, dégradations, etc.).
chevalement, il faut minimum 1 à 1,5 million d’euros
juste pour les travaux de consolidation, les travaux de Travailler autrement
reconversion représentent des investissements encore Le compte rendu réalisé par les élèves doit suivre la
plus énormes. C’est pourquoi une souscription nationale trame proposée par le reportage de France 3 : tout
« Patrimoine minier en danger » (www.fondation-patri- d’abord, l’inscription validée par l’UNESCO du bassin
moine.org/les-projets/patrimoine-minier-en-danger) a minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial.
été lancée au siège de l’UNESCO en 2019 par la Fonda- Cette réussite est à mettre au crédit d’associations qui
tion du patrimoine et la Mission Bassin minier. Il s’agit de se sont mobilisées pour la reconnaissance de cet espace
lever des fonds autant que de sensibiliser les pouvoirs historique singulier, mais aussi à la pugnacité du maire
publics à l’importance de ce patrimoine. de Loos-en-Gohelle, Jean-François Caron. Celui-ci espère
que cela va amener du dynamisme à ce bassin minier qui
a largement été frappé par une crise économique, prin-
Éléments de réponse aux questions p. 305 cipalement dans les années 1970 et 1980 avec la ferme-
1. Les éléments de l’ancienne fosse d’Arenberg (cheva- ture des mines, mais qui a perduré ensuite. Les bénéfices
lements, puits, etc.) ont été conservés pour leur valeur attendus de ce classement au patrimoine mondial sont
patrimoniale, car ils représentent une architecture sin- d’abord une médiatisation accrue, et, certainement, des
gulière issue du monde industriel. De plus, leur préserva- retombées économiques provenant de la mise en tou-
tion a permis de se servir du site comme lieu de tournage risme de cet espace, qui suit généralement l’annonce de
du film Germinal. Aujourd’hui, le site est à la fois un lieu l’UNESCO.
touristique, mais également le siège d’un centre de
recherche dédié à l’image et aux médias numériques.
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 28
p. 306-307 Jalon 3 mettre en relation ce document et ce thème avec l’Axe
1 du Thème 4 sur les usages politiques et sociaux du
patrimoine, et notamment le Jalon 1 sur les usages du
Le patrimoine, facteur de rayonnement château de Versailles (et le document 5 sur l’utilisation
culturel et objet d’action diplomatique de Versailles). Ici, c’est le château de Chantilly qui est le
théâtre de la rencontre entre le chef de l’État français et
Ce Jalon aborde le thème du patrimoine français (maté-
le Premier ministre indien Narendra Modi, avec, à la clé,
riel et immatériel) qui est, depuis longtemps, un outil
des négociations importantes concernant des ventes de
au service de la diplomatie française, qui cherche, en
réacteurs nucléaires EPR et des avions de chasse Rafale.
l’utilisant, à faire rayonner la France dans le monde et à
accroître sa notoriété au niveau international. Les diplo-
mates et les dirigeants français mettent ainsi en avant
le patrimoine architectural français à l’étranger (doc. 1 Document 3
l’ambassade de France en Thaïlande), mais aussi celui Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les rela-
du territoire national (doc. 2 le château de Chantilly). tions entre la France et les États-Unis sont à la fois cor-
Il s’agit ainsi de promouvoir l’image de la France, mais diales et nuancées. Lors de la guerre froide, la priorité
également en invitant les chefs d’État étrangers dans des Américains est de lutter contre la montée du com-
des lieux prestigieux, de les mettre dans de bonnes dis- munisme dans le monde. À la fin des années 1950, les
positions afin de mener des négociations à l’avantage de États-Unis, en désaccord avec la politique de la France
notre pays. Ils disposent d’un autre atout pour réaliser face à la guerre d’Algérie, accueillent favorablement
ces objectifs : la réputation d’excellence dont bénéficie l’arrivée de Charles de Gaulle au pouvoir. De son côté,
la gastronomie française qui a été considérée par des celui-ci émet des réserves à l’égard de la superpuissance
hommes politiques (Talleyrand, L. Fabius) comme une d’outre Atlantique. Il conteste la politique américaine
« arme » au service des intérêts français. voulant dominer l’Europe. Refusant l’influence des États-
Unis et celle de l’URSS, Charles de Gaulle prône la sou-
veraineté et l’indépendance de la France dans tous les
Document 1 domaines : politique, économique, militaire… C’est donc
Les Journées européennes du patrimoine concernent dans un contexte tendu que le chef de l’État français
également les monuments français à l’étranger, notam- accueille John Fitzgerald Kennedy en 1961. Du 31 mai
ment les ambassades. Dans le cadre de cette opéra- au 2 juin, le Président américain et son épouse Jackie
tion, certaines sont ouvertes au public. L’ambassade Kennedy sont en voyage officiel en France et sont reçus
de France en Thaïlande est la représentation diploma- au palais de l’Élysée par de Gaulle. Le 1er juin, un dîner de
tique de la République française auprès du royaume gala dans la galerie des Glaces du château de Versailles
de Thaïlande. Elle est située à Bangkok, la capitale du est offert en l’honneur du couple présidentiel. Lors de
pays. La photographie montre l’édition de 2018 des cette visite, les Français ont beaucoup apprécié la « Pre-
Journées européennes du patrimoine, mais cet événe- mière Dame » américaine et sa parfaite maîtrise de notre
ment s’est poursuivi en 2019. Ci-après un extrait du site langue due à ses origines françaises. De cette rencontre
web de l’ambassade concernant son bilan : « Une aug- au sommet va naître une estime mutuelle entre les deux
mentation de 100 % des visiteurs à l’ambassade et à la hommes d’État, interrompue tragiquement par l’assassi-
résidence de France à Bangkok dimanche dernier par nat de Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas. Charles
rapport à l’année dernière [en 2018] : c’est la marque du de Gaulle se rendra à Washington pour ses obsèques.
grand succès des Journées européennes du patrimoine
le 16 septembre dernier. […] Reçus par des membres du
personnel de l’ambassade puis guidés par des volon- Document 4
taires du Musée national et des membres du Service de
En complément à ce document, un extrait d’un article de
coopération et d’action culturelle de l’ambassade, les
Philippe Faure et Jean-Claude Ribaut paru dans la revue
quelque 2 000 visiteurs ont ensuite découvert ces murs
Géoéconomie en 2016 [voir la sitographie] : « La diplo-
chargés d’histoire, entre œuvres d’art, masques de khon
matie a de tout temps regardé l’art culinaire comme
et anciens panneaux de bois, lesquels sont des vestiges
un moyen d’améniser la négociation, de créer une
des premiers bâtiments de la fin du xixe siècle. L’occasion
ambiance de détente, sinon de bonne humeur, autour de
rêvée de se plonger dans les profondeurs historiques de
discussions ardues ou crispantes : “Peut-on douter que ce
relations franco-thaïes, […]. M. Jacques Lapouge, ambas-
soit la France qui ait apporté le plus d’ingéniosité dans
sadeur désigné de France en Thaïlande, s’est mêlé aux
l’exploitation de cette technique paraprotocolaire ?”
visiteurs, leur souhaitant la bienvenue sur la véranda […].
écrivait Albert Mousset dans Le Monde Diplomatique en
90 % des visiteurs étaient thaïlandais, ce qui atteste de
1956. La légende d’un Talleyrand se rendant au Congrès
l’étroitesse des liens entre les deux, mais une propor-
de Vienne pour solder les conséquences de l’épopée
tion importante de Français, des Belges, des Anglais et
napoléonienne, accompagné d’Antonin Carême, le plus
des Russes ».
célèbre cuisinier de l’époque, a entretenu longtemps le
sentiment d’une invulnérabilité de la cuisine française.
Fin diplomate et gourmet avisé, Talleyrand écrivait au
Document 2
roi Louis XVIII, à la veille de son départ : “Sire, j’ai plus
Le Président Emmanuel Macron, comme ses prédéces- besoin de casseroles que d’instructions écrites”. Au
seurs, ne se prive pas d’utiliser le patrimoine français Palais Questenberg-Kaunitz où s’installe la brigade de
à des fins politique et diplomatique. Il faut d’ailleurs Carême, de septembre 1814 à juin 1815, le “Congrès
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 29
s’amuse”. La magnificence des banquets subjugue les du congrès de Vienne par Talleyrand pour le compte
Altesses, Metternich et tous les plénipotentiaires de la de Louis XVIII, afin d’amoindrir les répercussions de la
Quadruple Alliance. La gastronomie mise au service de défaite de Napoléon et du désir des autres souverains
la diplomatie scellait pour un siècle le destin de l’Europe. européens d’abaisser la puissance française. Le ministre
De nos jours, la plupart des pays considèrent la gastro- des Affaires étrangères de François Hollande, Laurent
nomie comme une composante habituelle des relations Fabius, développe l’idée de promouvoir la gastrono-
internationales. Hillary Clinton elle-même a lancé, en mie française dans le monde avec le festival « Goût de
2012, le Diplomatic Culinary Partnership (Partenariat France/Good France », car celle-ci génère d’importants
diplomatique culinaire), qui visait, en faisant intervenir revenus ; pour cela, il mobilise des chefs connus mondia-
plusieurs dizaines de chefs cuisiniers de tout le pays, à lement comme Alain Ducasse.
faire reconnaître le rôle de la cuisine dans la diplomatie
américaine ».
p. 310-311 Exercices Bac
Éléments de réponse aux questions p. 307
1. Les bâtiments qui abritent les ambassades de France à Exercice 1
l’étranger sont ouverts au public. Le but est de leur faire Pour l’accroche de cette introduction, les élèves peuvent
découvrir non seulement l’architecture de l’édifice, ses utiliser la déclaration de Barrère de Viuezac, prononcée
objets et/ou collections, mais aussi l’histoire des rela- devant l’Assemblée constituante le 26 mai 1791, inscrite
tions entre la France et le pays d’accueil (via une exposi- dans la double page cours : « Les révolutions des peuples
tion généralement). barbares détruisent tous les monuments et la trace des
arts semble effacée. Les révolutions des peuples éclairés
2. Emmanuel Macron se sert du château de Chantilly, l’un les conservent, les embellissent ». Ils peuvent l’exploiter
des plus beaux en France et très connu par les Indiens, en précisant que ce député estime essentiel de préserver
pour montrer l’estime qu’il porte à son invité de marque, les monuments remarquables et les objets, ce qui est un
le Premier ministre indien Narendra Modi. En l’accueil- des objectifs de l’Assemblée depuis les préconisations
lant somptueusement dans ce haut-lieu du patrimoine faites par Talleyrand.
français, il va chercher à le mettre dans de bonnes dispo- Dans la contextualisation, il faut indiquer que les pré-
sitions afin de mener des négociations fructueuses avec mices de la politique du patrimoine apparaissent au
lui (concernant la vente de réacteurs nucléaires EPR et moment de la Révolution française et évoquer les pre-
d’avions de chasse Rafale à l’Inde). mières mesures prises par les députés constituants.
En ce qui concerne le plan, il semble nécessaire
3. Le but pour Charles de Gaulle était d’améliorer les d’en adopter un qui soit chronologique, car les bornes
relations franco-américaines relativement tendues à s’étalent de 1789 à nos jours. Les parties montreront
cette époque-là. Il organise pour le Président améri- les évolutions de cette politique du patrimoine dans le
cain et sa femme la visite du domaine de Versailles et temps : de 1830 à 1930 : la naissance de la politique du
un somptueux dîner le 1er juin 1961. Les deux invités sont patrimoine ; entre 1930 et 2003, un élargissement de la
fortement impressionnés. De là découle une entente notion de patrimoine ; et, enfin, depuis 2003, une poli-
mutuelle entre les deux présidents. tique qui compte de nouveaux acteurs (collectivités ter-
ritoriales) et qui s’inscrit dans un cadre mondialisé.
4. Talleyrand faisait servir beaucoup de vin à table pour
« délier les langues », c’est-à-dire pousser les diplomates
à révéler des secrets qu’ils n’auraient pas divulgués à Exercice 2
jeun. De même, les excellents déjeuners et dîners créent La biographie fournie est courte. Les élèves doivent donc
une atmosphère cordiale, propice à la négociation. la compléter par des recherches utilisant les ressources
du CDI et celles que l’on peut trouver sur Internet.
Synthétiser Les élèves doivent développer ces différents Ils doivent articuler leur exposé autour de plusieurs
éléments : parties : une première pourrait être consacrée à la pré-
–– Les chefs de l’État français et leurs diplomates ont sentation de Viollet-le-Duc (jeunesse, formation, profes-
compris depuis longtemps l’utilisation politique et diplo- sion) ; la deuxième pourrait être axée sur son importante
matique qui pouvait être faite du patrimoine. œuvre de restauration dans toute la France, mais qui sus-
–– Les lieux remarquables et la finesse de la gastronomie cite des critiques de certains de ses contemporains, car il
française permettent de créer une atmosphère propice ne restaure pas « à la mode de l’époque » et n’hésite pas
aux négociations. à inventer des styles architecturaux (le néogothique) ;
–– De même, la valorisation du patrimoine français qui enfin, la dernière partie pourrait se concentrer sur la
est ponctuellement ouvert au public sert la France en postérité de Viollet-le-Duc : certains édifices transformés
lui permettant de mieux faire connaître son histoire, sa par lui sont considérés comme des chefs-d’œuvre et ne
culture, et d’améliorer son image. sont pas remis en question, alors que d’autres (basilique
Saint-Sernin à Toulouse) ont été dérestaurés.
Travailler à l’oral
Les élèves doivent synthétiser et organiser les différents
éléments apportés par l’émission. Ils peuvent struc-
turer leur exposé avec une logique chronologique : la
« gastrono-diplomatie » a été utilisée au xixe siècle lors
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 30
Exercice 3 la Française des jeux, qui est une société anonyme, mais
dans laquelle l’État français détient des parts. Enfin, on
1. Ce document est une affiche ; il s’agit d’une campagne voit la photographie du présentateur Stéphane Bern,
nationale d’appel aux dons pour le patrimoine en péril. chargé par le Président Emmanuel Macron de promou-
Le commanditaire de l’affiche est la Fondation du patri- voir le loto du patrimoine.
moine.
2. Cette affiche a été réalisée en 2018. 5. L’affiche insiste sur la situation catastrophique de cer-
tains sites ou édifices patrimoniaux en France, qui sont
en ruines ou menacés par la ruine.
3. Le décor utilisé pour l’affiche est le théâtre de Mire-
court (département des Vosges). Le choix du concepteur
de l’affiche s’est porté sur ce théâtre précis car il a été 6. L’affiche s’adresse avant tout aux Français qui sont
classé monument historique, et, pourtant, il est en ruine. invités à verser des dons à la Fondation du patrimoine,
chargée de récolter des fonds pour financer les travaux
de restauration de certains sites en péril. La campagne
4. On constate la présence de nombreux acteurs sur cette
vise également les entreprises en espérant que certaines
affiche : tout d’abord la Fondation du patrimoine qui est
se positionnent en tant que mécène.
l’auteur de celle-ci. On peut observer les logos du minis-
tère de la Culture (représentant l’État français), celui de
THÈME 4 Étude conclusive La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection 31
BAC p. 314-315 Dissertation : sujet guidé
SUJET : Le patrimoine et ses enjeux : nécessités, limites et débats
2. Plan détaillé sous forme de tableau
Parties Idées Exemples
I. Une nécessité • Protéger le patrimoine en danger • Le petit patrimoine local est oublié, succès
Pour protéger, restaurer et de l’initiative du Loto du patrimoine en 2018
valoriser le patrimoine • Restaurer le patrimoine • Des grands programmes de restauration :
Carcassonne
• Valoriser le patrimoine pour en faire • Les derniers aménagements du Mont Saint-
un atout économique Michel, la passerelle et la destruction de la
route d’accès.
II. Les limites de • Risque de muséifier les centres-villes • Le centre de Paris, ville musée, spéculation
la patrimonialisation foncière. Dans les plus petites villes : Sarlat
Muséifier les villes, surexploiter en Dordogne
les sites, mettre en danger • Surexploitation de certains sites • Venise, les pyramides d’Égypte
les patrimoines des pays les patrimoniaux par le tourisme de masse
pauvres • Protection du patrimoine dans les • Le Machu Picchu, le temple d’Angkor
pays développés mais pas forcément souffrent de la surexploitation touristique
dans les pays en développement
III. Les débats liés au patrimoine • Faut-il refuser des apports • La question se pose sur la restauration de
Le patrimoine est devenu contemporains ? Notre-Dame de Paris et avant sur le Haut-
un enjeu de société : Koenigsbourg.
pour l’architecture • Doit-on patrimonialiser le vivant ? • La forêt amazonienne doit-elle être protégée
contemporaine, comme un patrimoine ?
pour l’environnement, • Doit-on rendre les œuvres confisquées • Les crânes surmodelés mélanésiens
pour l’histoire et l’éthique durant la colonisation ?
3 et 4.
Reprise des principaux arguments : Le patrimoine est devenu une nécessité pour les sociétés
contemporaines, elles ont pris conscience que les vestiges du passé doivent être protégés, res-
taurés et aussi valorisés. Cette patrimonialisation montre cependant certaines limites, elle est
parfois excessive, elle favorise la surexploitation de certains sites devenus très touristiques. Ce
phénomène est réservé aux pays développés, on peut parfois constater l’abandon de certains
vestiges aux pillards ou au tourisme sauvage dans les pays les plus pauvres.
Réponse à la problématique : Le patrimoine est donc devenu un enjeu central dans les sociétés
contemporaines.
Ouverture du sujet : La mise en valeur du patrimoine est bien devenue une stratégie de
développement économique. La France ou encore l’Italie entretiennent leur patrimoine pour
des raisons scientifiques, historiques mais aussi économiques.
THÈME 4 BAC 32
SUJET 2 : pourquoi protéger et valoriser le patrimoine ?
Quels sont les enjeux du patrimoine dans nos sociétés ?
I. Le patrimoine est devenu une nécessité pour tous les États, les régions, les villes, les villages
A. Le patrimoine pour forger une identité
B. Patrimoine régional/Patrimoine national : des projets concurrents ?
II. Une notion élargie du patrimoine qu’il faut désormais protéger
A. Du petit patrimoine au patrimoine industriel et immatériel
B. Mobiliser les acteurs publics et privés pour financer et protéger ces patrimoines
III. Valoriser le patrimoine pour en faire une richesse mais aussi un instrument d’éducation
A. Quel rôle peuvent jouer l’État et les collectivités territoriales
B. Le patrimoine un outil d’éducation pour tous
THÈME 4 BAC 33
La dimension « utilisé pour de La ville de Nîmes se défend d’être une ville-musée.
environnementale et nombreux évènements
les effets du tourisme et spectacles » (doc. 2) Quel est le risque de patrimonialiser des
de masse monuments ?
« Plus que l’efficacité Une ville sans habitants, une ville qui développe
économique, il faudrait une mono-activité
donc interroger la
compatibilité entre Quels sont les travers de la surexploitation
développement touristique d’un patrimoine ?
durable et promotion Dégradation du patrimoine, augmentation des
des sites du patrimoine prix, spéculation foncière
mondial » (doc. 1, lignes → Reprendre l’exemple de Venise. Le centre-ville
43-46) est déserté par les Vénitiens. La ville est envahie
par les touristes, Venise une étape des paquebots
« La surspécialisation de croisière.
touristique » (doc. 1,
ligne 39)
3. L’inscription d’une ville comme Nîmes au patrimoine mondial de l’UNESCO est un véritable
enjeu stratégique pour cette collectivité territoriale. Elle permet de mobiliser les habitants mais
aussi de les rendre fiers de leur patrimoine en renforçant l’adhésion à une identité locale. Ce label
a un impact direct sur le développement économique et touristique de la ville. Mais l’afflux de
touristes en masse nécessite des équipements et une prise en compte du développement durable.
Les exemples de réussite de villes tels que Carcassonne, Albi ou Strasbourg ont donné les mêmes
ambitions à des villes en quête de reconnaissance comme Nice ou Metz.
Il est possible de faire un parallèle avec un autre site industriel patrimonialisé et valorisé :
la Saline royale d’Arc-et-Senans. https://www.salineroyale.com/accueil/
THÈME 4 BAC 34
L’environnement, entre exploitation
5
Thème
L’origine des épidémies est souvent asiatique. La zone intertropicale est de loin la plus riche
en biodiversité et donc aussi en agents pathogènes, et la forte concentration de popula-
tion de l’Asie (qui abrite plus de la moitié de l’humanité) augmente les risques de zoonoses.
Mais d’autres zoonoses proviennent d’Afrique centrale, également en zone intertropicale,
connaissant une dynamique de déforestation active et de nombreux de déplacements
contraints de populations (flux de réfugiés et de déplacés) particulièrement vulnérables.
D’une façon générale, les populations exposées dans les pays du Sud sont plus vulnérables
(plus pauvres, moins bien nourries, accédant plus difficilement aux soins)
Quelques ressources
• Gérard Salem et Zoé Vaillant Atlas mondial de la santé, Autrement, 2008, rééd. 2020.
• Les épisodes du Dessous des cartes consacrés au Covid-19 et à ses implications géo
politiques : https://www.arte.tv/fr/videos/096952-001-A/covid-19-une-lecon-de-geopoli
tique-01-les-deux-coree-face-au-virus/
Bibliographie
–– J. Arnould, Au plaisir des forêts, promenade sous les feuillages du monde, Fayard,
2014. Une série de « leçons » pour découvrir et comprendre la forêt, son histoire et
ses métiers.
–– J. Boulier et L. Simon, Atlas des forêts dans le monde. Protéger, développer, gérer
une ressource vitale, Autrement, 2009. Une approche différenciée des probléma-
tiques et dynamiques forestières autour du globe.
–– J. Gadan (dir.), Atlas des forêts de France, De Monza, 2002. Un inventaire carto
graphique de la diversité des milieux forestiers métropolitains et ultramarins.
–– A. Lehoërff, Préhistoires d’Europe, Belin, 2016. Un ouvrage très richement illus-
tré sur la préhistoire européenne, consacrant plusieurs chapitres à l’agriculture
et aux cultures néolithiques.
–– C. Louboutin, Au Néolithique, les premiers paysans du monde, Gallimard, collection
Découvertes, 1990. Un historique illustré des civilisations du Néolithique.
–– P. Verley, La Révolution industrielle, Gallimard, collection Folio, 1997. Une synthèse
pour comprendre comment s’est construit depuis le xixe siècle la notion de révolu-
tion industrielle et un zoom sur les personnages, produits, processus et inventions
qui y sont associés.
–– J.-P. Rioux, La Révolution industrielle 1770-1880, Seuil, collection Points, 2015.
Un petit ouvrage pour comprendre la révolution industrielle, saisir la pertinence
de ce thème et les débats que le phénomène suscite.
Sitographie
–– www.onf.fr : le site présente ses missions et actions sur le terrain. Il contribue à faire
connaître les espaces forestiers, leur diversité, leur richesse, leur fragilité.
–– www.parcsnationaux.fr : outre une présentation de tous les parcs, le site propose des
outils pédagogiques en lien avec le paysage et la biodiversité.
–– www.agriculture.gouv.fr : le ministère de l’Agriculture dispose de dossiers notam-
ment sur la restauration des terrains de montagne.
Bibliographie
1. Approche historique
–– Les ouvrages d’E. Le Roy Ladurie ont été fondateurs dans l’approche historique du
climat, ce sont des classiques incontournables. L’Histoire du climat depuis l’An Mil
(1967) peut être approfondi avec l’Histoire humaine et comparée du climat (tome I :
Canicules et glaciers xiiie-xviiie siècle ; tome II : Disettes et révolutions 1740-1860 ;
tome III : Le réchauffement climatique de 1860 à nos jours), paru entre 2004 et 2009
chez Fayard.
–– La synthèse de P. Acot, 2003 (réed. 2009), Histoire du climat, Perrin, coll. « Tempus »
est très accessible et commode pour aborder de façon efficace et concise ces problé-
matiques.
–– Enfin le court ouvrage de C. Bonneuil et J.-B. Fressoz, 2013 (réed. 2016), L’Évènement
anthropocène, chez Folio Histoire, offre une réflexion particulièrement stimulante au-
tour de la notion d’Anthropocène.
–– Pour terminer une référence très pointue, qui croise les approches d’une façon bril-
lante : A. Metzger, 2018, L’Hiver au siècle d’or hollandais : art et climat, Sorbonne
université presse.
2. Approche géographique et géopolitique
–– La référence la plus commode est certainement F.-M. Bréon et G. Luneau, 2018
(réed.), Atlas du climat : face aux défis du réchauffement, Autrement. Comme tous les
atlas Autrement, il est organisé en doubles pages richement illustrées qui permettent
d’aborder chaque point d’une façon très synthétique.
–– Les travaux de F. Gemenne sont des références essentielles sur la question cli-
matique en géographie. Son très récent Atlas de l’anthropocène (2019, Presses de
Sciences Po) est une réussite ; très accessible, il balaye de nombreuses thématiques,
des négociations internationales aux migrations environnementales ; les illustrations,
réalisées par l’Atelier de cartographie de Sciences Po, sont formidables.
On retrouve nombre d’entre elles dans l’Atlas mondial de Sciences Po, désormais dis-
ponible gratuitement en ligne, et qui propose, parmi les très nombreuses thématiques
traitées (et accessibles y compris pour des élèves de terminale, avec à signaler une très
belle cartographie et un précieux glossaire), une entrée « Changements climatiques » :
https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-ressources/article-5A02-chan-
gements-climatiques.html
Sitographie
Les rapports officiels des différentes agences de l’ONU sont accessibles en ligne, comme :
–– GIEC, 2014-2017, Assessment Report 5 Climate Change, https://www.ipcc.ch/report/
sixth-assessment-report-cycle/
–– OIM, 2019, Climate change and migration in vulnerable countries, https://publica-
tions.iom.int/system/files/pdf/climate_change_and_migration_in_vulnerable_coun-
tries.pdf
p. 350-351 O u ve r t u r e p. 352-353 Re p è r e s
Document 1
Éléments de réponse aux questions p. 357
À partir d’un article de presse résumant les conclusions
1. On attribue la disparition des colonies vikings du d’un rapport du GIEC, le document permet de saisir les
Groenland au refroidissement climatique, ce qui consti- transformations nécessaires à une lutte significative
tue en fait un raccourci. Si le refroidissement a effective- contre le changement climatique. Il peut être intéres-
ment eu des conséquences directes comme les difficultés sant d’ailleurs d’analyser le titre de l’article, autour
grandissantes voire l’impossibilité de pratiquer l’agricul- des expressions « changement radical » et « mode de
ture, ce sont plutôt les effets indirects du rafraîchisse- croissance » ; un parallèle peut être établi avec les pro-
ment qui auraient mené les colonies à leur perte, telles positions du Club de Rome dans les années 1970 qui prô-
que le recul du commerce avec l’Europe pourtant indis- naient une « croissance zéro », tandis que dans la phase
pensable pour s’approvisionner (en bois par exemple), actuelle de la mondialisation, l’objectif de croissance
ou encore la concurrence croissante avec d’autres com- n’est pas remis en cause. Le document permet en effet
munautés (les Inuits) pour des ressources, notamment de de soulever la question du niveau d’action pertinent : si
chasse, amoindries par les conditions climatiques. l’action individuelle est nécessaire, aucune amélioration
réelle n’est envisageable en l’absence d’un effort mar-
2. Le refroidissement du climat se manifeste par des qué de la part des États, dans le cadre d’une gouver-
effets directs, comme l’augmentation de la glace de mer nance globale et coordonnée.
3. Il existe une relation à double sens entre la pauvreté 7. On peut répondre en trois temps :
de certains pays et leur vulnérabilité face aux effets du I. Des pays inégalement responsables
changement climatique. De fait, les manifestations de du réchauffement climatique
celui-ci peuvent fragiliser nombre d’activités, notam- II. Une plus grande vulnérabilité que les pays
ment des activités de subsistance comme l’agriculture et du Nord, qui aggrave les difficultés des pays du Sud
la pêche, dans des pays dont les populations dépendent
plus largement que dans les pays du Nord de leur envi- III. Des capacités d’action très différenciées
ronnement pour survivre. La résilience des pays du Sud
8. En avril 2020, le cyclone Harold a dévasté plusieurs
est également plus faible, notamment dans le cas des
archipels du Pacifique comme les Vanuatu. Le risque
réfugiés environnementaux qui voient leurs conditions
cyclonique tend à s’aggraver avec le réchauffement cli-
de vie bouleversées sans pouvoir bénéficier, comme les
matique, et a des conséquences désastreuses pour ce
réfugiés politiques, de la protection des États, en raison
petit État du Sud à l’IDH très faible (0,670, 119e rang mon-
d’un vide juridique problématique dans la définition de
dial en 2019). C’est une injustice environnementale ter-
leur statut.
rible pour ce pays qui est l’un des plus petits émetteurs
mondiaux de GES (179e sur 186) et qui est parmi les terres
les plus menacées par l’élévation du niveau de la mer.
p. 366-367 Exercices Bac
Exercice 2
Exercice 1 On peut partir de la photographie et de sa légende
1. Changement climatique : changement des conditions pour sensibiliser les élèves aux différents modes d’ac-
climatiques dans l’atmosphère terrestre lié aux activités tions possibles : sommets internationaux pour favoriser
humaines, se caractérisant le plus souvent par une élé- une action à l’échelle de la communauté internatio-
vation des températures, et de multiples effets indirects. nale, action des États, rôle des ONG dans une prise de
Les Suds : par opposition au Nord, le Sud est une notion conscience collective et pour faire pression sur les gou-
géoéconomique qui désigne les pays en développement. vernements. Les actions individuelles sont aussi à mobi-
liser. On peut ainsi réfléchir aux différentes échelles
2. Les effets du changement climatique touchent beau- d’action, et à l’efficacité différenciée de ces interven-
coup plus les pays du Sud, qui en raison d’un plus faible tions. On pourra renvoyer les élèves vers des sites ins-
développement, y sont de surcroît les plus vulnérables. titutionnels comme ceux de l’ONU (GIEC, PNUD, PNUE),
2. Le document rassemble sous forme de carte les per- 7. Si les pays européens sont engagés de longue date
formances de plusieurs États en matière de lutte contre dans des politiques environnementales ambitieuses, la
le changement climatique. communauté internationale s’est saisie du problème cli-
matique assez récemment, notamment depuis le Som-
3. Le calcul de l’indice intègre plusieurs paramètres tels met de la Terre à Rio en 1992 qui a placé au centre du
que le niveau des émissions de CO2 et leur évolution, débat les questions environnementales. Le protocole de
l’efficacité énergétique (la quantité d’énergie utilisée Kyoto (1997) a été déterminant dans la mobilisation des
pour produire une unité de PIB), la proportion d’énergie pays riches, mais c’est surtout depuis la COP21 (2015)
renouvelable dans le mix énergétique, et des indicateurs que l’ensemble de la communauté internationale a pris
plus qualitatifs comme la politique climatique mise en la mesure du problème et s’efforce de promouvoir des
œuvre par le gouvernement. actions plus volontaristes.
Bibliographie
–– G. Billard, J. Chevalier (coord.), Géographie et géopolitique des États-Unis, Hatier
Initial, 2012. Un ouvrage général et thématique sur les États-Unis, comportant de nom-
breuses cartes.
–– O. Delbard, Prospérité contre écologie, l’environnement dans l’Amérique de G.W.
Bush, Ed. Lignes de repères, 2005. Comment le Président a assumé de sacrifier l’écolo-
gie à la prospérité…
–– F. Duban, « L’écologisme américain, des mythes fondateurs de la nation aux aspira-
tions planétaires », Hérodote n°100, 2001. Un retour sur les origines et des aspects de
la question environnementale et ses impacts au quotidien.
–– A. Gore, Une Vérité qui dérange, La Martinière, 2007. Un livre référence qui dénonce
les atteintes à l’environnement et les effets du changement climatique à l’échelle
mondiale.
–– L. Henneton, La fin du rêve américain ?, Odile Jacob, 2017. Une réflexion sur les
discours et réalités du déclin américain, en lien avec les enjeux contemporains, dont
la question environnementale.
Sitographie :
–– www.blm.gov : le site du Bureau of Land Management propose de nombreuses
cartes des espaces protégés aux États-Unis, les activités de plein air…
–– www.nps.gov : le site des parcs nationaux américains, leur action sur le terrain, leur
organisation, des données chiffrées sur la fréquentation, une banque d’images sur les
milieux concernés.
–– www.seashepherdlegal.org : l’ensemble des actions et opérations menées par l’ONG.
Il existe aussi un site de l’organisation en France.
–– www.environmentcalifornia.org : (en anglais) l’association californienne milite en
faveur de la protection de l’environnement et lutte contre la pollution, mène des ac-
tions pour la transition énergétique.
Ce que montre le document Un seul homme, obèse, addict, qui Des individus nombreux, serrés, maigres
prend ses aises, en couleur. et sombres.
Ce que suggère le document L’Américain type, le poids élevé (il La misère, le manque de nourriture,
va faire craquer sa chaise/la Terre), la tristesse, l’exiguïté, on ne leur
égoïsme, il est mal élevé, négligé, il demande pas leur avis, ils subissent,
considère que tout lui est dû, il n’a ils sont chassés.
pas conscience de ce que son attitude
implique.
• Élévation du niveau de la mer, disparition d’îles • Disparition d’îles, fonte des glaces : les
et de territoires, érosion des côtes. « espaces sentinelles » sont en première ligne
des changements climatiques.
• Augmentation du nombre de réfugiés • On estime à 50 M le nombre de réfugiés
climatiques. climatiques d’ici 2050.
• Accroissement des incendies. • Augmentation des incendies de forêt
dévastateurs : Amazonie, Californie, Australie.
III. La difficile • Différents acteurs : • Des États œuvrent activement pour la transition
lutte contre – les organisations internationales ; écologique : Norvège, Costa Rica par ex.
le réchauffement – les États et les collectivités territoriales ; Greenpeace : une ONG fondée en 1971,
climatique – les ONG ; 3 M de membres dans 55 pays
– les citoyens ; Des entreprises affichent une éthique
– les entreprises. écoresponsable : marketing ?
• Des décisions politiques internationales : • Les COP (conférence des parties) dont
– l’accord de Paris contre le réchauffement la 1re réunion remonte à 1979
climatique (2015) ; Les accords de Paris marquent une étape
– le départ des États-Unis de cet accord ; importante dans la prise de conscience,
– seulement 16 États sur 157 signataires respectent un symbole presque tous les États ont signé.
leurs engagements en matière de GES ; Son application semble être beaucoup difficile.
– aux dernières COP 24 et 25, peu de décisions Retrait des EU de cet accord.
prises.
• Le GIEC, groupe d’experts de l’ONU, multiplie • Le GIEC fondé en 1988 a joué un rôle
les rapports pour alerter sur la nécessité dans la prise de conscience de l’accélération
d’une gouvernance mondiale en matière de du réchauffement climatique.
réchauffement de la planète.
• Les entreprises cherchent à être • Des entreprises parfois très polluantes
écologiquement plus vertueuses dans leurs affichent des campagnes publicitaires très
activités, parfois il s’agit seulement d’une stratégie « environnementales » notamment des
de communication (green washing). multinationales dans les hydrocarbures : Total
par exemple.
THÈME 5 BAC 31
p. 390-391 Dissertation : sujets d’entraînement
THÈME 5 BAC 32
2.
Idées Citations des documents Pistes de commentaire
Pourquoi ?
Des arguments religieux • « La mise en avant de concepts • Les Amérindiens ont un rapport religieux
religieux dans de nombreux mouvements avec la Terre mère, Gaïa. La place de la
indigènes » nature est centrale dans leurs croyances.
« Le grand esprit n’est plus avec nous » doc. 1
Des arguments • « La pollution de la terre et de l’eau et ses • Le procédé d’extraction du gaz dit de schiste
environnementaux contrecoups à long terme sur la santé » est très polluant. Les fuites des oléoducs
• « La dépendance de l’économie nord- également.
américaine envers une énergie carbonée ». • Une partie des États-uniens sont sensibilisés
• « La vie (naturelle, humaine et sociale) est à la transition écologique mais ils ne
un ensemble de relations. » constituent sans doute pas la majorité de
la population.
• Les Amérindiens ont une conception de
la vie très proche de l’idée de développement
durable, une forme d’harmonie, d’équilibre
en contradiction avec la société capitaliste.
Des arguments de justice • « Défendant le peu qu’il leur reste de droits
fonciers et les reliquats de leur souveraineté.
Des arguments politiques • Se « posent à nouveau la question de la • Le projet Dakota Access Pipeline est
place des « indigènes », des « autochtones la dernière illustration de la place marginale,
des premières nations » dans notre monde » de la relégation des Amérindiens dans
la société états-unienne.
Comment ?
Par des manifestations • « La plus forte mobilisation a eu lieu fin • Il y a une unité des tribus indiennes contre
2016 contre le Dakota Access Pipeline » ces projets. Ces luttes permettent aussi de
mobiliser ces populations marginalisées
Par des occupations • « Le camp de Standing Rock a été expulsé et de poursuivre la prise de conscience
de terres par des groupes de sécurité privés et par la politique indienne qui a débuté dans les
police utilisant gaz lacrymogènes, canons à années 1960 par exemple par l’occupation
eau, grenades explosives » d’Alcatraz (1969-1971). On peut constater le
recours à des forces privées pour défendre
Par la mobilisation • La mobilisation a permis une couverture les intérêts des grandes sociétés pétrolières
des médias médiatique des articles de presse dans la mais sous couvert de l’administration Trump.
presse américaine et internationale dont les On constatera que ces luttes n’ont pas
deux documents sont les témoins rencontré un grand succès, une humiliation
supplémentaire pour les populations
amérindiennes appauvries et marginalisées.
THÈME 5 BAC 33
II. Des ONG, des militants qui parodient la communication des grandes entreprises
A. La parodie, l’appel au boycott, l’usage des réseaux sociaux
B. Des résultats obtenus sur certaines entreprises
p. 398-399 V
ers le Sup’ : Exploiter des cartes topographiques
Autres pistes de réalisation pour les élèves :
Au lieu de rédiger une synthèse, il est possible de demander aux élèves de réaliser
un croquis de synthèse ou encore une infographie avec un logiciel en ligne du type Canva.
Il est possible aussi de demander aux élèves de réaliser une affiche sur le massif de
l’Estérel : un groupe réaliserait une affiche qui proviendrait des autorités du parc naturel
départemental, un second groupe une affiche de l’office du tourisme de Fréjus.
THÈME 5 BAC 34
6
Thème
L’enjeu de la connaissance
La logique du thème
Ce Thème 6 a un double objectif : mettre en avant les conditions nationales et internationales
de la construction de la connaissance, en particulier de la connaissance scientifique, et expliquer
la manière dont les États favorisent ou contrôlent, entre coopérations et conflits, la production
ou la diffusion de celle-ci. Pour cela, il souligne l’importance de l’alphabétisation des sociétés
afin d’accroître le nombre de personnes susceptibles de produire, de recevoir et de diffuser de la
connaissance, et examine le fonctionnement d’une communauté savante à partir de l’exemple des
recherches sur la radioactivité au xxe siècle. Il montre aussi comment des États se sont saisis de
l’enjeu de la connaissance dans leurs affrontements, comme lors de la guerre froide ou dans leur
souci de favoriser leur développement économique, restreignant ou favorisant la circulation des
connaissances scientifiques et technologiques. Enfin, il fait le point sur la situation actuelle vis-à-vis
du cyberespace, où technologie, tensions et affrontements peuvent être à l’œuvre pour tenter de
préserver sa souveraineté.
Le choix de Marie Curie en document d’accroche s’explique car c’est personnage le plus connu
à la jonction de deux enjeux importants du thème, ceux de l’alphabétisation des femmes et des
recherches sur la radioactivité qui ont mené à la bombe atomique. Née et alphabétisée en Pologne,
Marie Curie poursuit des études de physique et de chimie à Paris. Symbole du mouvement d’alpha-
bétisation des femmes en Occident à partir du xixe siècle, elle mène des recherches sur la radioac-
tivité. Avec sa fille Irène et son gendre, Frédéric Joliot, ils font des découvertes qui aboutissent à la
possibilité de créer une bombe atomique.
Bibliographie
1. Sur l’alphabétisation des filles
–– F. Mayeur, L’Éducation des filles en France au xixe siècle, Tempus, 2008. Un ouvrage
très complet sur la façon dont les filles sont éduquées et sur les différences avec les
garçons, malgré les progrès de l’alphabétisation.
–– A. Prost, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, Armand
Colin, 1968. L’ouvrage est ancien mais il retrace bien toutes les politiques mises en
place notamment par l’État, contre la religion, en matière d’alphabétisation et notam-
ment des filles.
2. Sur la radioactivité
–– R. Bimbot, Histoire de la radioactivité, l’évolution d’un concept et ses applications,
Vuibert, 2006. L’avantage de cet ouvrage est de proposer une histoire mondiale de la
radioactivité.
–– P. Reuss, L’Épopée de l’énergie nucléaire : une histoire scientifique et industrielle,
EDP Sciences, 2013. Cet ouvrage est très complet sur l’histoire du nucléaire mais il ne
porte que sur la France.
Sitographie
1. Sur l’éducation des femmes
–– https://fr.unesco.org/themes/education-egalite-genres Le site de l’UNESCO sur les
inégalités en matière d’éducation et de genre. Il donne des informations précises et
actualisées sur l’évolution de la situation.
2. Sur les recherches en matière de radioactivité
Deux documentaires qui montrent bien comment la communauté scientifique cesse de
collaborer face à la perspective de la guerre. Ils montrent bien aussi comment les nazis
étaient assez loin d’obtenir la bombe nucléaire.
–– N. Jallot, La course à la bombe, La case du siècle, 2018.
–– N. Jallot, Le IIIe Reich n’aura pas la bombe, La case du siècle, 2019.
Deux sites qui résument bien l’histoire des recherches et des applications en lien avec
la radioactivité.
–– https://www.andra.fr/les-dechets-radioactifs/la-radioactivite/lhistoire-de-la-ra-
dioactivite
–– https://musee.curie.fr/decouvrir/documentation/histoire-de-la-radioactivite
Travailler autrement
Document 3 Pour démarrer les recherches, ce site institutionnel :
Ce document montre que les créations d’écoles de https://www.legiondhonneur.fr/fr/page/presentation-
femmes sont soumises au bon vouloir de grands aristo- des-maisons-deducation/279 ; et cette page Internet
crates. On voit également que peu de femmes y parti- avec de nombreuses photos : https://artcorusse.org/l-ins-
cipent ici et qu’elles appartiennent en réalité à un milieu titut-smolny-pour-jeunes-filles-de-bonnes-familles/.
privilégié. L’exposé doit aussi prendre en compte la réflexion de
Cette maison inspira Napoléon Bonaparte qui créa en la question 3 sur les inégalités sociales dans l’accès à
1805 les maisons d’éducation de la Légion d’honneur et l’alphabétisation.
même Madame Lafont qui fonda à Saint-Pétersbourg
l’institut Smolny en 1764.
p. 414-415 Jalon 1B
Document 4
La question de l’alphabétisation des femmes se pose
Document 1
aussi dans les colonies. En 1954, dans l’Algérie fran- Il s’agit d’un planisphère de 2018 qui montre le taux d’al-
çaise, 100 % des enfants pieds-noirs sont scolarisés phabétisation des femmes adultes par pays. Cette carte
dans le primaire, mais seulement 14 % des Arabes et ne prend donc pas en compte la scolarisation des petites
Kabyles, malgré les lois Ferry (cf. aussi les pages 182-183 filles de moins de 15 ans. On peut y retrouver la géo-
du manuel). graphie du mal-développement, et la rapprocher d’une
carte de l’IDH.
Document 2
Ce document interroge, via une interview du documen- p. 422-423 Exercices Bac
tariste Nicolas Jallot, l’arrêt de la collaboration entre
savants en lien avec la Seconde Guerre mondiale. On
comprend bien ici les enjeux stratégiques liés aux décou- Exercice 1
vertes. Enfin, on entrevoit le basculement de la recherche 1. Plan proposé
vers les États-Unis. I. L’alphabétisation des femmes n’a cessé de
faire des progrès pour atteindre l’égalité avec
Document 3 les hommes dans nombre de pays aujourd’hui.
II. Pourtant, celle-ci reste encore très inférieure
La photo montre la puissance du rayonnement nucléaire à celle des hommes dans certaines régions
puisque l’ombre d’un homme avec son échelle a été du monde.
imprimée sur un mur. Après 1945, le risque réside dans la III. Cela représente donc un enjeu de lutte pour
prolifération de la bombe nucléaire. divers acteurs et notamment la communauté
internationale.
Document 4
Cette photographie montre les applications civiles liées Exercice 2
au nucléaire. Mais le nucléaire civil n’est pas exempt de L’Allemagne était un pays à la pointe de la recherche
risques. En 1957, un accident touche un des réacteurs à en matière de radioactivité puisque c’étaient des scien-
uranium du site nucléaire de Windscale, en Grande-Bre- tifiques allemands qui avaient découvert le principe de
tagne. Lors d’une opération d’entretien, des produits de la fission nucléaire en 1938. Dès avril 1939, les autorités
la fission sont libérés dans l’atmosphère et forment un nazies lancèrent un programme de recherche sur les
nuage radioactif qui survole l’Europe continentale. L’ac- potentialités de l’atome, baptisé « projet Uranium ». Des
cident est classé au niveau 5 sur l’échelle internationale sommes assez importantes ont été allouées à ce projet,
des événements nucléaires. D’autres vont ensuite suivre dirigé par Werner Heisenberg.
jusqu’à Tchernobyl en 1986. Pourtant, les recherches ont tardé à donner des résul-
tats tangibles. En 1942, nous savons par exemple que les
chercheurs allemands ne faisaient pas la différence entre
Éléments de réponse aux questions p. 419 le processus d’un réacteur nucléaire, qui fonctionne avec
1. Un cyclotron est un accélérateur de particules. Le but des neutrons lents, et une bombe nucléaire qui nécessite
est qu’elles entrent en collision pour former de nou- des neutrons rapides. Cette erreur de conception empê-
velles molécules. cha vraisemblablement les savants nazis de faire aboutir
leurs recherches.
2. La radioactivité connaît des applications civiles dans De plus, le ministre de l’Armement, Speer, définit éga-
le domaine médical et dans la production d’énergie. lement d’autres priorités au vu des avancées en matière
d’aéronautique et de fusées à longue portée. L’accent
3. La coopération entre scientifiques a été stoppée pen- fut mis sur la conception de fusées V1 et V2, de proto-
dant la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, toute types de soucoupes volantes, d’avions à réaction ou d’un
coopération entre Français et Allemands est terminée. sous-marin furtif.
Cela dit, des scientifiques qui se trouvent dans le même
camp coopèrent. Ce fut le cas pour permettre d’élaborer
Exercice 3
la première bombe atomique aux États-Unis.
I. Malala et sa famille, sa scolarisation
4. Les recherches sur la radioactivité ont mené à la Le livre raconte d’abord l’histoire de la famille de Malala,
création de la bombe atomique. Elle a été utilisée par issue d’une famille pauvre du Swat, un district reculé
les États-Unis en août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki, d’une province du Nord du Pakistan, où l’armée natio-
occasionnant environ 200 000 morts. nale et les talibans s’affrontent depuis plusieurs années.
Bibliographie
1. Sur le renseignement pendant la Guerre froide
–– C. Andrew et V. Mitrokhine, Le KGB contre l’Ouest (1917-1991), Fayard, 2000. L’ou-
vrage déborde de la période de la guerre froide mais présente bien l’organisation et
les opérations menées par le KGB pour espionner l’Occident.
–– N. Marie-Schwartzenberg, Le KGB, PUF, « Que sais-je ? », no 2757, 1993. Un ouvrage
complet sur le rôle de ce service d’espionnage pendant la guerre froide.
–– K. Philby, Ma Guerre silencieuse, Éditions Robert Laffont, 1968. Il s’agit des mémoires
de l’agent double MI6-KGB
–– R. Pietrini, Vostok, missions de renseignement au cœur de la guerre froide, Mission
spéciale production, Témoin des temps, 2008. Il s’agit d’un récit de la part d’un expert
dans le domaine du renseignement qui effectua une large partie de sa carrière comme
sous-officier à l’Est, pendant la guerre froide.
2. Sur l’Inde
–– I. Saint-Mézard et H. Piolet, Atlas de l’Inde : Une nouvelle puissance mondiale,
Autrement, 2016. Un ouvrage général sur l’Inde avec des cartes intéressantes sur le
développement économique et le système universitaire.
Sitographie
1. Sur l’espionnage
–– Pour des biographies d’espions : https://www.geo.fr/histoire/guerre-froide-et-es-
pionnage-le-pantheon-des-agents-secrets-156044
–– Un site qui résume bien les affaires d’espionnage entre États-Unis et URSS : https://
cf2r.org/historique/la-guerre-du-renseignement-est-contre-ouest-pendant-la-guerre-
froide/
2. Sur l’Inde, les étudiants indiens et les transferts de technologie
–– Un site sur l’organisation de l’enseignement supérieur en Inde : https://cft19.edufair.
fr/infos-utiles/l-enseignement-superieur-en-inde.html
–– Sur Narendra Modi et sa politique : https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/video-
qui-est-narendra-modi-reelu-premier-ministre-de-l-inde_3458677.html
3. Sur le concept des transferts de technologie
–– Un article complet ; https ://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-
2009-2-page-229.htm
Éléments de réponse aux questions p. 427 2. La guerre froide est une compétition entre deux
1. L’Inde est la 5e puissance économique du monde en superpuissances qui ont chacune leur modèle poli-
2019, devant la France. tique, économique, social et culturel. Pour l’emporter
sans affrontement direct (impossible en raison de l’équi-
2. Cette puissance repose entre autres sur la formation libre des forces), chacune développe différents services
de ses étudiants et sur les transferts de technologie. secrets (CIA et NSA pour les États-Unis, KGB – qui est
également une police secrète – pour l’URSS), chargés
3. En 2016, l’Inde et la France ont signé un contrat selon d’espionnage et de contre-espionnage. La guerre froide
lequel la France livre à l’Inde 36 avions Rafale. Ce contrat est souvent qualifiée de « guerre des espions », dont les
comporte des transferts de technologie. C’est positif résultats, sur le plan scientifique, ont été notamment
pour l’Inde car elle achète du matériel et acquiert égale- visibles dans le domaine aérien et spatial.
ment de la technologie.
3. Depuis les années 1990, les activités d’espionnage
reposent moins sur les États et se développent dans un
monde marqué par l’accélération de la mondialisation,
p. 428-429 Re p è r e s l’importance des FTN et l’émergence de nouveaux États.
Ces activités ne sont pas pour autant plus visibles, leur
La connaissance, un enjeu politique discrétion est favorisée par le développement du numé-
et géopolitique rique, qui rend plus difficile la traçabilité, et par le rôle
de paravent de grandes entreprises mondialisées, étroi-
La double page s’articule autour de deux déclinaisons
tement liées à certains États (comme les FTN chinoises).
majeures de l’Axe : le renseignement et les transferts
de technologie (cette notion étant probablement nou-
velle pour les élèves, elle est plus précisément défi-
nie). Un tableau chronologique simplifié permet tout p. 430-431 Jalon 1A
d’abord de remettre en perspective et d’en comparer
quelques aspects dans l’histoire du monde depuis 1945, Les services secrets soviétiques
grâce à des exemples variés (d’autres pouvant être sol-
licités par le professeur à partir des connaissances des et américains durant la guerre froide
élèves acquises lors de l’étude de la guerre froide ou de Le Jalon s’organise autour de deux doubles pages. La
la Seconde Guerre mondiale, comme le cas de Wernher première a pour but de présenter les agences de rensei-
von Braun). Deux autres documents insistent sur les acti- gnement et leurs méthodes. La seconde insiste plus sur
vités d’espionnage dans deux cadres chronologiques dif- les enjeux de ces opérations de renseignement, pour le
férents, mais dont les méthodes et les objectifs sont tout pays, pour les agences et pour les espions, voire pour la
à fait comparables. population.
La logique du chapitre
Le cyberespace est à coup sûr le nouvel espace où les puissances s’affrontent désormais.
Encore peu réglementé, une nouvelle hiérarchie s’établit en son sein. Il s’agit alors, face
à des menaces de plus en plus graves, de favoriser la coopération entre des acteurs de
plus en plus divers. Le premier Jalon porte sur le cyberespace, nouveau territoire formé
à partir d’infrastructures stratégiques où la question de la liberté est posée. Le second
traite de l’Europe et de la coopération en matière de cyberdéfense face à la souveraine-
té nationale des États.
Bibliographie
–– Revue Hérodote, « cyberespace, enjeux géopolitiques », mai 2014. Des articles qui
abordent les principales thématiques liées à la géopolitique du cyberespace : cyber-
guerre, coopérations régionales et mondiales, nouveaux acteurs, darknets…
–– L. Bloch, L’Internet, vecteur de puissance des États-Unis ? géopolitique du cyberes-
pace, nouvel espace stratégique, éditions Diploweb, 2017. Un ouvrage intéressant
pour étudier la recomposition de la puissance dans le cyberespace.
–– L. Gayard, Darknet, GAFA, Bitcoin, l’anonymat est un choix, Sltakine et Cie, 2018. Un
bon ouvrage qui présente les aspects positifs et négatifs des darknets notamment.
Sitographie
–– Le site officiel du ministère français de la Défense, en matière de cyberdéfense :
https://www.defense.gouv.fr/portail/enjeux2/la-cyberdefense/la-cyberdefense/pre-
sentation.
–– Cyberattaques : les braqueurs de l’ombre, Envoyé spécial, reportage, France 2, 2017 :
Une enquête sur les logiciels de rançon qui se multiplient : en France, une entreprise
sur deux aurait déjà été piratée de cette façon. https://www.francetvinfo.fr/internet/
securite-sur-internet/cyberattaques/video-les-braqueurs-de-l-ombre_2512161.html
–– À voir aussi le documentaire d’Arte Netwars, la guerre sur le Net, 2014. À l’heure
des automatisations et des mises en réseau, les infrastructures sont de plus en plus
vulnérables à des cyberattaques. Pour protéger leurs intérêts, les États commencent
à s’armer.
Un exemple de cyberattaque :
Document 4 le hacking de TV5Monde et ses enjeux
Cette photo illustre les protestations en Russie contre Le but de cette double page est de donner un exemple
la mise au pas d’Internet par le pouvoir de Poutine. Cer- précis de cyberattaque et ses enjeux.
tains régimes autoritaires tendent en effet à contrôler le
cyberespace et à restreindre les libertés pour leurs utili-
sateurs. En Chine, par exemple, les géants du net améri- Document 1
cains sont interdits au profit des géants chinois. La capture d’écran que l’on pouvait voir sur le site Face-
book de TV5 Monde présentait un message provenant
Document 4
Document 4
L’article présente l’augmentation des coûts en matière
de cybersécurité pour tous les acteurs, États, entreprises, Le texte présente les difficultés européennes pour har-
particuliers. moniser les règles en matière de cybersécurité et pour
mettre en place une cyberdéfense européenne. L’UE a
cela dit mis en place la directive SRI (sécurité des réseaux
Éléments de réponse aux questions p. 453 et des systèmes d’information) et le règlement RGPD
pour protéger les données sur Internet. La loi relative à
1. En 2015, la chaîne française TV5 monde a été atta- la protection des données personnelles sur Internet a été
quée. Pendant 2 jours, la chaîne a été dans l’impossibilité adoptée en 2018 en France. Elle procède d’une réglemen-
d’émettre et ses réseaux sociaux diffusaient un message tation européenne de 2016, appelée RGPD (règlement
de propagande en faveur de l’État islamique (Daech). général sur la protection des données). Elle étend les
pouvoirs de la CNIL (Commission nationale informatique
2. L’attaque a été menée par des pirates russes qui se et liberté) dont les pouvoirs de contrôle et de sanction
faisaient passer pour des djihadistes. Cette cyberat- sont étendus. Ses agents peuvent par exemple visiter des
taque est à replacer dans le contexte des troubles en locaux qui traitent des données personnelles. Certaines
Ukraine. La Russie avait en effet annexé de fait certaines données sont considérées comme sensibles (origine
provinces du pays, dont la Crimée et le Donbass, et les ethnique, orientation sexuelle, choix politiques…) et ne
relations entre l’Europe et Moscou s’étaient considéra- doivent faire l’objet d’aucun traitement. Des amendes
blement refroidies. La France avait même finalement peuvent être infligées aux entreprises qui ne respecte-
refusé de livrer à la Russie des porte-hélicoptères Mis- raient pas la vie privée des individus sur Internet.
tral, commandés en 2010.
Exercice 3
Les darknets,
Les darknets : Les darknets,
des espaces difficiles
des espaces de liberté des espaces très dangereux
à contrôler et à réglementer
L. Gayard montre que le « darknet », c’est l’ensemble C’est le lieu privilégié des La police peut difficilement
des réseaux cryptés qui existent sur Internet. Cela ne cybercriminels, pédophiles, tout contrôler. Il a fallu deux
représente que moins de 0,05 % du volume de données terroristes, trafiquants de ans d’enquête au FBI pour
sur Internet et on devrait parler plutôt des darknets, drogue et d’armes. infiltrer le site Silk Road,
car il y en a plusieurs : Freenet, I2P, Tor… Les attaques d’avril et mai 2017 véritable supermarché de
WikiLeaks, le site fondé par Julien Assange en 2006, utilise ont été les premières attaques la drogue sur Tor, et arrêter
notamment Tor pour permettre aux « lanceurs d’alerte » pirates globales (plus de 150 son propriétaire Ross
de poster documents, révélations et informations pays touchés) et elles ont utilisé Ullbricht. Et encore le site
sans compromettre leur identité. Le réseau Tor est des logiciels vendus sur des a-t-il redémarré rapidement
actuellement le plus populaire des darknets. Il comptait forums du darknet devenus de sur Tor, puis sur le réseau
quelque 400 000 à 500 000 utilisateurs quotidiens avant véritables places de marchés I2P.
que n’éclate l’affaire Snowden et sa fréquentation a été pour les pirates qui monnayent
multipliée par quatre en deux mois après les révélations identifiants mails ou de
de l’ancien agent de la NSA. Il s’agit d’un réseau parallèle comptes en banque, données
et confidentiel qui rassemblerait plus de 60 000 sites et piratées, logiciels, failles
garantit l’anonymat et la confidentialité des échanges. d’exploitation.
Exercice 4
1. Il s’agit d’un extrait d’un article du journal Les Echos 3. Le but affiché est la sécurité des personnes.
intitulé « En Chine, la vie sous l’œil inquisiteur des camé-
ras ». Il a été écrit par Julie Zaugg, le 7 mars 2019. Il 4. Les Chinois sont partagés. Certains estiment que
aborde le thème des caméras de vidéosurveillance que cela peut faire baisser la délinquance et augmenter le
la Chine est en train de mettre en place à très grande civisme. D’autres refusent cette remise en cause de leur
échelle dans de nombreuses villes pour surveiller ses vie privée.
citoyens et leur attribuer des points de citoyenneté.
5. Cela est problématique dans le Xinjiang, une région du
2. La liberté des Chinois est remise en cause par le sys- Nord-Ouest car les Ouïgours y sont surveillés et mena-
tème de reconnaissance faciale puisque n’importe qui cés en permanence. Les Chinois veulent mieux contrôler
peut être identifié à partir de son visage dans l’espace cette région qui ouvre sur l’Asie centrale et se servent
public. Le texte évoque la surveillance généralisée des des caméras de surveillance pour lutter contre toute
Ouïgours, les musulmans chinois. Les caméras sont aussi opposition.
utilisées pour surveiller le travail des employés.
THÈME 6 BAC 21
p. 468-469 Étude de document : sujet guidé
SUJET : L’exécution des époux Rosenberg, une affaire d’espionnage aux retombées
importantes
I. Une affaire d’espionnage entre les États-Unis et l’URSS
A. Les origines dans une ambiance maccarthyste.
B. Le procès et les enjeux.
II. Des répercussions mondiales
A. Une campagne internationale pour sauver les Rosenberg, orchestrée par les partis
communistes
B. L’exécution finale en 1953 et la culpabilité de ces acteurs
On peut ensuite enchaîner sur les recherches de Google en matière d’immortalité avec
cet article : https://www.atlantico.fr/decryptage/2279143/et-maintenant-google-annonce-
l-immortalite-pour-la-fin-du-siecle-laurent-alexandre-vincent-pinte-deregnaucourt
Pour s’appuyer sur des exemples d’œuvres de science-fiction qui permettent de réfléchir
au transhumanisme : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/05/huit-uvres-de-science-
fiction-pour-reflechir-au-transhumanisme_5378846_4408996.html
On peut ensuite faire réfléchir les élèves sur les conséquences de ces progrès en matière
d’innovation : conséquences positives et négatives. On peut aussi les amener à réfléchir aux
conséquences à court terme (confort…) et à plus long terme (problèmes de droit, d’inéga-
lités…).
La classe peut ensuite être répartie en deux groupes pour débattre de plusieurs élé-
ments :
– Faut-il continuer les recherches ?
– Si on doit les arrêter, comment faire ?
– Si un État arrête les recherches, ne va-t-il pas se placer en situation d’infériorité par rap-
port aux autres ?
THÈME 6 BAC 22