LA MER DE CHINE DU SUD
Un espace géostratégique devenu la source de nombreuses
tensions entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est.
Un géographie
atypique
La mer de Chine méridionale,
ou mer de Chine du Sud, est
une mer semi-fermée de 3 500
000 km² située en Asie du Sud-
Est entre la Chine, le Vietnam,
les Philippines et la Malaisie.
Elle est constituée de plus de
200 iles ou atolls dépendants
des États alentours comme la
Chine, La Thaïlande, Le
Vietnam, les Philippines,
Taïwan, Hong Kong,
Singapour, le Cambodge, la
Malaisie ainsi que le sultanat
du Brunei. L’accès à cette mer
est restreint puisque seuls
certains détroits comme celui
de Malacca, de la Sonde ou de
Lombok permettent l’accès à la
mer de Chine orientale ou
l’océan Indien. Cette mer atteindre son objectif de
inclue l’archipel des Paracels, devenir la première puissance
sous contrôle de la Chine, les mondiale.
iles Spratleys, dépendantes de
plusieurs pays différents,
ainsi que le récif de
Scarborough, revendiqué par
le Chine et les Philippines. La
mer de Chine méridionale et
ses îlots font l’objets de
nombreuses revendications
de la part des nations
limitrophes et de nombreuses
concurrences pour les Image libre de droit
richesses halieutiques et une dure histoire
énergétiques présentes dans La mer de Chine méridionale
cet environnement. Mais la à fait l’objet de plusieurs
Chine est particulièrement occupations par différents
réticente sur le partage de ce états au cours des dernières
territoire, qui lui permettrait années. Dès le XIIIème siècle,
une avancé militaire et les dynasties chinoises
économique appréciable pour Page 1
ont revendiqué l’intégralité
des iles et récifs de cette
mer, mais le Vietnam et les
Philippines ont eux aussi
déclaré la possession de
certaines îles, créant des
tensions avec la Chine.
le droit de la
mer
Le droit de la mer à été fixé
la 1ere fois en 1958 par la
Convention de Genève puis
remanié en 1982 par le
Convention des Nations
Unis sur le Droit de la Mer,
Source : VIF Brief, août 2018
cause de leur possession de
certaines îles dans cette mer.
De plus, la Chine déclare
que plus de 80% des eaux de
cette mer leurs
appartiennent. Ils se
reposent sur une carte
chinoise apparue en 1947,
nommé « la ligne des neuf
traits » qui défini plus
précisément les espaces
maritimes détenus par le
Chine, avec pour argument
la référence historique de
l’occupation chinoise de
pêche, de navigation et
à Montego Bay (Jamaïque).
Elle permet de définir les
limites des droits de chaque
pays sur la mer en fonction
de leurs côtes. On retrouve
d’abord les eaux territoriales
sur les 12 miles nautiques
suivant la côtes, équivalent à
22km, dans laquelle le pays
dispose d’une souveraineté
presque totale, laissant juste
un droit de passage aux
navires étrangers. Ensuite il
y a les Zones Economiques
Exclusives, ou ZEE, qui
s’étendent
d’exploitation de ressources
sur cette zone depuis le XII°
siècle. Cela crée une
interférence puisque le Chine
à signé la convention de
Genève sur le droit de la
mer, et doit donc se
conformer à l’ensemble de
ces règles. Pour la Chine,
cela semble impossible. Elle
va donc trouver un autre certains montrent de la résistance.
moyen d’exercer son
contrôle sur cette zone, en
allant occuper les iles et
atolls, et en utilisant la
puissance de son armée si
sur 200 miles nautiques, soit
370km à partir des côtes. Ici, le
pays dispose de tous les droits
d’exploitation des ressources,
mais doit garantir la libre
circulation des navires
étrangers. Pour l’exploitation
des ressources dans ces zones,
les nations étrangères doivent
avoir une autorisation du pays
possédant la ZEE. Au-delà des
ces 200 miles nautiques, c’est la
haute-mer, ou « eaux
internationales », un espace qui
n’appartient à personne et dans
lequel tout le monde dispose de
la liberté de navigation et de
pêche.
des zee fixées
Dans la mer de Chine
méridionale, les délimitations
des ZEE ont été clarifiés. Sauf
que le Vietnam, les Philippines,
l’Indonésie et le Brunei
revendiquent des ZEE plus
grandes que celles déterminés à
Source : UNCLOS, CIA - BBC
Page 2
un contrôle
des îles

Tout commence au niveau

des îles Paracels, qui en 1974
était détenu par le Vietnam.
Par la force des
bombardements, la Chine
put s’emparer de l’archipel
sans trop de problèmes. La Source : Images satellites - AMTI CSIS

2ème opération visait les îles
Spratleys, majoritairement
détenues par le Vietnam, la
Malaisie, les Philippines et
Taiwan. Pour entamer la
prise de force, Pékin fit
construire sur le récif de
Fiery Cross, un atoll qui
était complètement
submergé en marrée haute,
une base
prévue pour « l’étude de la
vie marine » qui se
transforma rapidement en
base militaire. Cela sera
suivi de nombreuses autres
tentatives de prise de force
de petits îlots de l’archipel,
afin d’agrandir l’espace
chinois, et continuer
l’aménagement de
constructions militaires sur
ces petites îles et rochers peu
adaptés au départ. Toutes ces
tensions à l’encontre de la Chine
ont mené à plusieurs intrusions
dans les ZEE des pays côtiers et
ainsi causé des incidents avec la
Chine, qui fait pression sur les
autres états avec sa puissance
navale qui est largement
supérieure à celle de tous les
autres états côtiers réunis.

Puis, en 2012, Pékin nautiques autour, mais ne

s’attaque à l’annexion du
récif de Scarborough, et en
interdit l’accès à tous navires
étrangers. Annexion qui
montre un aspect ridicule
puisque ce récif est constitué
de seulement 2 petits rochers
qui culminent à 3 mètres
d’altitude en période de
marrée basse. C’est donc
évident que la prise de
possession de ces îles par la
Chine n’a pas un but
d’expansion du territoire,
mais plutôt de la mer en
étendant sa ZEE. Sauf que
la Convention de Montego
Bay ajoute également que les
îles de ce type, permettent
une possession des eaux
territoriales sur les 12 miles
sont pas éligible à une Zone
Economique Exclusive. Les
Philippines ont même tenté
un recours en justice, qui
leur donnera raison et
condamnera la Chine, mais
celle-ci ne reconnait pas la
juridiction internationale, et
n’a donc pas changé les Source : Technip Paris, 2010
problèmes sur cette mer de mer est très riche en poisson, et
Chine méridionale. la pêche dans cette zone y est
très développé. Les ressources
un espace si
alimentaires constituent une
convoité
grande importance pour
Si les espaces maritimes de certain, comme le Vietnam ou
cette mer de Chine la Malaisie qui regroupent
méridionale sont autant environ 80% de leur total de
convoités par les états pêche dans les eaux de cette
proches, c’est pour plusieurs mer. Sur le plan mondial, c’est
raisons, économiques en 15% de la pêche qui s’effectue
partie. En premier lieu, cette
Page 3
en mer de Chine
méridionale, avec la moitié
des navires de pêche du
monde qui y exercent. D’où
l’importance pour certains
de contrôler ces espaces et
d’y exploiter les richesses
halieutiques présentes,
sachant que la
consommation mondiale ne
fait qu’augmenter. Cela
favorise donc la
multiplication des parcs
d’élevage et des pêcheries
dans la mer de Chine du
Sud. Du côté des chinois,
Source : US Energy Information Administration - Août 2020
que la mer de Chine
méridionale détiendrait
l’équivalent de 25 ans de
consommation de pétrole et
45 ans pour le gaz. Mais ces
estimations sont nuancées
par une compagnie
américaine, la US Energy
Information
Administration, qui en 2013
estime la présence de
seulement 11 milliards de
barils et 190 TCF dans cette
mer. Ce qui représenterait
uniquement 2 années de
consommation de pétrole et
une quinzaine d’année pour
le gaz. Tout cela sans
ce sont les plus gros
pêcheurs de la mer, avec plus
de 4 millions de tonnes en
2018, représentant 41% de la
pêche chinoise. Un chiffre
plus faible, mais cohérent du
fait de la plus grand
superficie et démographie du
pays. La pêche représente
certainement une forme de
richesse importante, mais
cela parait tout de même
limité pour attirer une aussi
grande convoitise de la
Chine.
prendre en compte l’éternelle
hausse de consommation
chaque année. De plus, tous
les gisements ne seront pas
forcément exploitables à
cause de leur localisation ou
d’une rentabilité trop faible.
On voit aussi sur la carte ci-
contre que les tous les
gisements de gaz et de
pétrole de la région ne sont
pas dans la ZEE de la Chine.
On comprend donc l’intérêt
que la Chine porte à
l’exploitation énergétique,
mais nous doutons que les
ressources énergétiques et
halieutiques soient la
une Source
d’énergie
La mer de Chine méridionale
n’est pas riche qu’en denrées
marines, elle abrite également
de nombreux gisements
d’hydrocarbures. Mais les
estimations sont impossibles à
réaliser précisément, et elles
varient largement en fonction
des sources. Une estimation de
la China National Offshore Oil
Corporation en 2012, estime
qu’il y aurait l’équivalent de
125 milliards de barils de
pétrole, et 500 TCF de gaz
(TCF correspond à Trillion
CubicFeet, ou milliard de pieds
cubes). Pour se rendre compte
des chiffres, la Chine aurait
consommé plus de 5 milliards
de barils de pétroles en 2019, et
11 TCF de gaz. Cette
compagnie annoncerait donc
première raison de la volonté
de possession de ces eaux.
une route
fréquentée
Il faut savoir que la Chine
n’est pas autosuffisante en
hydrocarbures, et ce ne sont
pas les faibles ressources de
cette mer qui vont les aider.
C’est pour cette raisons
qu’elle importe de grande
quantité de pétrole et de gaz
du Moyen-Orient en passant
donc par ces routes
maritimes stratégiques de la
mer de Chine méridionale.
Environ 75% des
Page 4
importations de pétrole de
la Chine passent par ces
chemins. De même pour les
portes conteneurs. La
Chine, qui abrite 7 des 10
plus grands ports
mondiaux, a besoin de cet
emplacement stratégique,
puisque 90% de son
commerce avec les autres
puissances, soit la moitié du
transit mondial, passe par
le détroit de Malacca, et
donc par ces eaux. C’est
donc évidemment un
endroit très stratégique
étrangers. Mais depuis la fin
de la seconde guerre
mondiale, les Etats-Unis
sont très présents
militairement dans
Pacifique et l’Asie du Sud-
Est. Ils ont fait construire de
nombreuses bases militaires,
et la 7ème flotte y est
présente avec un grand
nombre de soldats. Ajoutant
à cela qu’ils ont plusieurs
alliés comme le Japon, la
Corée du Sud, le Taiwan, les
Philippines et la Thaïlande.
La Chine a donc de bonnes
raisons de se sentir menacée,
et un enjeu fondamental
pour sa flotte est de pouvoir
quitter la mer de Chine
méridionale et atteindre les
océans Pacifique et Indien,
avançant donc une menace
pour ses rivaux, les Etats-
Unis et l’Inde. Un contrôle
de cette zone par la Chine
lui permettrait de mieux
pour l’économie chinoise, et un lieu de
même pour l’économie défense
mondiale. Elle a donc tout Enfin, la mer de Chine
intérêt à conserver ces méridionale est aussi un point
espaces puisque si dans un de passage très privilégié sur le
contexte de fortes tensions, plan militaire, d’autant plus
elles venaient à être pour la Chine qui souhaite
bloquées, la Chine serait protéger et surveiller à 100% ses
plus qu’embêtée. frontières afin d’avoir une
capacité à agir aux quatre coins
du monde. On peut donc dire
qu’en quelques sortes, la Chine
chercherait à protéger sa
souveraineté, en contrôlant ses
territoires, et en allant dérober
une partie des territoires
Image libre de droit
le
Source : Strategic Trends
maitriser les entrées et des sous-marins de sa base navale
sorties de sa flotte, et d’avoir sur l’île du Hainan, à 100km au
une totale discrétion pour nord de l’archipel. Pour élargir,
mieux surveiller ses l’objectif militaire principal de la
adversaires. Cette Chine est donc de diminuer la
surveillance commence domination militaire des Etats-
d’abord avec les îles Unis sur cette zone pour
Spratleys, une zone peu largement accroitre la sienne.
profonde et difficilement
navigable. La Chine
commence donc à prendre le
contrôle de certaines îles
pour pouvoir observer les
déplacements des sous-
marins adverses, qui perdent
de leur discrétion au vu du
relief de la zone. C’est le cas
aussi pour l’archipel des
Paracels, qui permet à la Image libre de droit
Chine de protéger la sortie Page 5
 les tensions sont inarrêtables
Il est donc clair que la mer
de Chine méridionale est une
zone compliquée du fait des
nombreuses revendications
de territoires qui se
chevauchent parmi les états.
Chacun souhaite une zone
plus grande de ZEE pour y
exploiter les ressources qui
s’y trouvent. Des ressources
qui sont alimentaires avec la
pêche qui contribue
énormément à l’économie de
certains pays. Mais aussi
des ressources énergétiques
en gaz et en pétrole. Mais
ces ressources restent en
quantité limité et
décroissante. Le contrôle
de la mer de Chine du Sud
permet aussi de protéger
son transport maritime,
l’import et l’export de
ressources énergétiques et
du commerce mondiale.
Aussi, le président chinois Xi
Jinping accorde beaucoup
d’importance sur le plan
militaire et économique, qui
sont le fondement de la
puissance chinoise, et qui
pourrait bientôt lui permettre
d’être la plus grande puissance
mondiale. Pour cela, elle
n’hésite pas à désobéir aux
règles internationales, et
s’approprier terre et mer au
détriment des autres nations.
Page 6