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Le droit de la mer est const it ué par l’ensemble des règles relat ives à l’ut ilisat ion des espaces marit imes, c’est -à-dire « les ét endues d’eau salée, en
communicat ion libre et nat urelle » par les sujet s du droit int ernat ional, au premier rang desquels figurent les Ét at s.
Le droit de la mer définit donc juridiquement d'une part les espaces marit imes (eaux int érieures, mer t errit oriale, zone cont iguë, zone économique
exclusive, plat eau cont inent al, haut e mer, régimes part iculiers des dét roit s int ernat ionaux et des Ét at s archipels), d'aut re part les droit s et les devoirs
des Ét at s dans ces espaces, not amment ceux de navigat ion et d'exploit at ion des ressources économiques, ainsi que ceux de la prot ect ion du milieu
marin. Le droit de la mer est au cent re d'enjeux géopolit iques.
En août 1681, avec la grande ordonnance de la Marine, la France réunit le droit des affaires privés (marit imes) et le droit de la police de la mer.
Jusqu'à la Révolut ion française, les t ribunaux d'Amiraut é ét aient seuls à t rait er du cont ent ieux de la Mer. La Révolut ion française confia aux t ribunaux
de commerce les procès de droit marit ime excluant , de fait , les affaires concernant le droit public de la Mer. Ainsi donc ont ét é séparés, l'espace
(physique) et les biens mobiliers (navires).
Le droit de la mer s'est ainsi longt emps limit é à ce principe de la libert é des mers : la mer et les océans sont ouvert s à t ous et n'appart iennent à
personne, à l'except ion d'une bande de 3 milles marins (1 mille marin équivaut à 1,852 km) depuis le rivage où l'Ét at côt ier exerce une pleine
souverainet é, correspondant à la port ée du boulet de canon de l'époque.
Le progrès des t echniques milit aires, de la pêche haut urière, des exploit at ions minières et pét rolières offshore ainsi que les risques croissant s que font
peser les act ivit és humaines sur l'environnement ont ent raîné au cours du xxe siècle une mult iplicat ion des revendicat ions t errit oriales, souvent
concurrent es, sur les mers, voire des rest rict ions unilat érales de droit s de navigat ion et de pêche. Cet t e sit uat ion a conduit la communaut é
int ernat ionale à élaborer un régime commun, adapt ant la doct rine de la libert é des mers, pour résoudre les t ensions ent re les Ét at s.
La convention de Genève (1958)
Pour la première fois, durant la convent ion de Genève en 1958, le droit de la mer est codifié sur la base des t ravaux de la Commission du droit
int ernat ional. Quat re convent ions sont adopt ées, qui port ent sur :
En 1970, à l’init iat ive du représent ant malt ais Arvid Pardo, l’Assemblée générale des Nat ions unies adopt e la résolut ion 2749 (XXV). qui qualifie de
« Pat rimoine mondial » le fond des mers et des océans sit ués au-delà des limit es des juridict ions nat ionales.
La convent ion de Mont ego Bay prévoit la compart iment at ion du droit de la mer. Elle ajout e quat re zones marit imes aux zones définies précédemment :
Signature et ratification
ratifié
signé mais non ratifié
non-signé
juin 2016[8] : 168 pays ont rat ifié ou adhéré à la Convent ion et 157 pays ont signé (ce qui s'explique par les simples adhésions de cert ains Ét at s, comme
le Royaume-Uni, et les aut res cas, comme celui de la Slovénie).
Pays ayant signé mais non encore ratifié — (14) Afghanist an, Bhout an, Burundi, Cambodge, Colombie, Corée du Nord, Émirat s arabes unis, Ét hiopie, Iran,
Libye, Liecht enst ein, République cent rafricaine, Rwanda, Salvador.
Pays n'ayant pas signé — (17) Andorre, Éryt hrée, Ét at s-Unis, Israël, Kazakhst an, Kirghizist an, Ouzbékist an, Pérou, Saint -Marin, Soudan du Sud, Syrie,
Tadjikist an, Timor orient al, Turquie, Turkménist an, Vat ican, Venezuela.
Typologie des espaces maritimes
On ent end par mers ou espaces marit imes, au regard du droit int ernat ional, les ét endues d’eau salée, en communicat ion libre et nat urelle. Ceci exclut
donc les eaux douces et les mers int érieures comme la mer Caspienne ou la mer Mort e.
La souverainet é de l’Ét at y est t ot ale. L’accès à ces eaux est du seul ressort de l’Ét at côt ier, dont les lois et règlement s sont pleinement applicables.
Les navires privés ét rangers bénéficient d’un droit de libre ent rée dans les port s sur la base d’une disposit ion convent ionnelle (convent ion de Genève
de 1923). L’Ét at peut réglement er voire int erdire l’accès à ses port s des navires de guerre ét rangers, lesquels disposent en t out ét at de cause d’une
immunit é complèt e.
La mer territoriale (des lignes de base jusqu'à 12 milles au
maximum)
Aut refois, la mer t errit oriale s’ét endait à 3 milles marins de la côt e (à une port ée de canon). Aujourd’hui, elle peut s’ét endre jusqu'à 12 milles marins à
part ir des lignes de base [a] qui la séparent des eaux int érieures.
L’Ét at exerce sa souverainet é sur les eaux t errit oriales : sur la nappe d’eau, mais aussi sur le fond et le sous-sol ainsi que sur l’espace aérien surjacent .
Les navires ét rangers, qu’il s’agisse de navires de commerce ou de navires de guerre, ont un droit de passage inoffensif dans la mer t errit oriale. Le
passage ne doit pas cependant « port er at t eint e à la paix, au bon ordre et à la sécurit é de l’Ét at côt ier ». L’Ét at côt ier peut suspendre t emporairement
le droit de passage inoffensif des navires ét rangers (en raison de manœuvres milit aires).
Le détroit de Malacca.
Les dét roit s font communiquer deux mers par une port ion de mer insérée ent re deux bandes de t erre. La convent ion de Mont ego Bay ne remet pas en
cause le régime juridique des dét roit s où le passage est réglement é depuis longt emps par des convent ions ad hoc (les dét roit s t urcs – Dardanelles et
Bosphore – sont régis par la convent ion de Mont reux de 1936, le dét roit de Gibralt ar par une convent ion de 1912). Cependant , elle reconnaît un droit
de passage en t ransit , sans ent rave et pacifique, à t ous les navires. Ce droit de passage en t ransit , qui ne peut êt re suspendu, s’applique t ant aux
navires qu’aux aéronefs sur l’espace aérien surjacent , pourvu qu'il demeure pacifique.
Le plateau continental
Géographiquement , il s’agit de la bordure immergée du lit t oral descendant en pent e douce sous la mer. La définit ion juridique est différent e : t ous les
Ét at s en ont un, de 200 milles marins à part ir des lignes de base mesurant la largeur de la mer t errit oriale. Il s’agit d’une définit ion complexe et bancale,
pour des raisons plus polit iques et diplomat iques que juridiques qui est le fruit d’un compromis ent re les Ét at s n’ayant géographiquement pas de
plat eau cont inent al nat urel et ceux en ayant un t rès vast e. La convent ion de Mont ego Bay en définit les crit ères :
De plus, l'Ét at côt ier dét ient les droit s souverains en ce qui concerne les aut res act ivit és t endant à l'exploit at ion et à l'explorat ion de la ZEE à des fins
économiques comme la product ion de l'énergie via le vent ou les courant s marins. L'Ét at côt ier possède également le droit exclusif de procéder à la
const ruct ion et d'aut oriser et de réglement er la const ruct ion, l'exploit at ion et l'ut ilisat ion d'îles art ificielles, inst allat ions et ouvrages. L'Ét at côt ier a
juridict ion exclusive sur ces îles art ificielles, inst allat ions et ouvrages y compris en mat ière de lois et règlement douaniers, fiscaux, sanit aires, de
sécurit é et d'immigrat ion.
L'Ét at côt ier a cependant les droit s non exclusifs de réglement er, d'aut oriser et de mener des recherches marines à but scient ifiques dans la ZEE
t enant compt e des int érêt s des aut res ét at s engagés dans la recherche scient ifique marine. Néanmoins, les recherches dans la ZEE sont menées
avec le consent ement de l'Ét at côt ier en quest ion. Les droit s concernant la prot ect ion de l'environnement marin sont aussi non exclusifs, mais l'Ét at
côt ier garde la compét ence législat ive et exécut ive concernant l'immersion, la pollut ion causée par les aut res navires et de la pollut ion résult ant des
act ivit és menées dans la zone des fonds marins.
L'Ét at côt ier doit en plus assurer la libert é de navigat ion, la libert é de survol ainsi que la libert é de poser des câbles et pipelines sous-marins, t oujours
avec le consent ement de l'Ét at côt ier.
Les convent ions int ernat ionales se sont mult ipliées pour réglement er la pêche en haut e mer, pour la prot ect ion d’espèces spécifiques (baleine, t hon)
ou même en 1995 à propos des st ocks chevauchant s (les ressources halieut iques qui sont à cheval sur la ZEE et sur la haut e mer) et dans ce cas, vers
une ext ension des compét ences de l’Ét at côt ier.
Néanmoins, la perspect ive de l’exploit at ion des ressources des fonds marins, not amment des nodules polymét alliques, et l’enjeu économique que "la
zone" représent e ont poussé les pays développés à négocier un accord de mise en œuvre des disposit ions de la convent ion de Mont ego Bay. Sous la
pression des Ét at s-Unis, l’accord du 28 juillet 1994 a subst ant iellement remanié la part ie XI de la convent ion en donnant plus de pouvoirs aux pays
indust rialisés au sein de l’Aut orit é (ils se voient reconnaît re un droit de vet o au Conseil) et en faveur de l’invest issement privé, aux dépens de l'object if
init ial plus alt ruist e du t ext e de 1982, qui visait une redist ribut ion équit able de ces richesses à l’échelle planét aire. Huit Ét at s dont la France ont
obt enu auprès de l'Aut orit é Int ernat ionale des Fonds Marins des cont rat s d'explorat ion dans la Zone.
Délimitation des espaces maritimes
Si la seule limit e exist ant e est avec la haut e mer, ou la zone, un act e unilat éral (c'est -à-dire sans concert at ion) est suffisant . S’il s’agit de deux Ét at s
adjacent s, ou se faisant face, il est nécessaire que la délimit at ion ait un caract ère convent ionnel (accord ent re les deux Ét at s). Avec l’art icle 15 de la
convent ion de Mont ego Bay, et surt out depuis l’arrêt de la Cour int ernat ionale de just ice (20 février 1969, Plat eau cont inent al de la Mer du Nord), on
observe une volont é de dégager des « principes équit ables » pour cet t e délimit at ion. Par exemple, s’agissant de la délimit at ion du plat eau cont inent al
de deux Ét at s voisins, la règle de l’équidist ance peut êt re corrigée par la prise en compt e de « circonst ances spéciales ».
De nombreux Ét at s n'ont pas encore délimit é complèt ement leurs espaces marit imes.
Protection de l'environnement
L'environnement marin est menacé par de nombreuses pollut ions, dont la plus grande part (plus de 80 %) provient de sources t errest res et arrivent
dans le milieu marin par les fleuves et rivières, ou par l'at mosphère ; il peut s'agir de pollut ions chimiques (produit s phyt osanit aires, hydrocarbures…) ou
biologiques (résidus médicament eux, espèces envahissant es…). La prot ect ion de l'environnement est désormais un volet majeur du droit de la mer.
Pollution
La responsabilit é des Ét at s en mat ière de lut t e cont re la pollut ion s'exerce conformément au droit int ernat ional, not amment aux convent ions signées
dans le cadre de l'Organisat ion marit ime int ernat ionale (OMI) ; elle concerne en part iculier les zones sous leur juridict ion (responsabilit é de l'État côtier
vis-à-vis des pollut ions liées aux act ivit és marit imes et t errest res), les navires qui fréquent ent leurs port s (responsabilit é de l'État du port) et les
navires sous leur pavillon (responsabilit é de l'État du pavillon).
Des convent ions mult ilat érales part iculières associent not amment plusieurs Ét at s côt iers qui définissent des plans pour lut t er cont re les pollut ions
accident elles (« Manche Plan » pour la Manche, « Biscay Plan » pour le golfe de Gascogne, par exemple).
D'aut res inst rument s spécifiques ont ét é mis en œuvre, par exemple des inst rument s financiers comme le Fonds int ernat ional d’indemnisat ion pour les
dommages dus à la pollut ion par les hydrocarbures (Fipol) qui conjugue un syst ème de responsabilit é des pollueurs et un fonds d’indemnisat ion des
vict imes depuis novembre 1992 ; son plafond d’indemnisat ion apparaît cependant t rop bas compt e t enu des impact s économiques et
environnement aux considérables des cat ast rophes marit imes récent es. La nécessit é apparaît désormais clairement au niveau int ernat ional d’un
syst ème de responsabilit é et de réparat ion plus efficace qui prenne mieux en compt e les dommages à l'environnement .
Conventions générales
Out re la Convent ion des Nat ions unies sur le droit de la mer, un cert ain nombre de convent ions int ernat ionales concernent part iculièrement le milieu
marin ; c'est not amment le cas de la Convent ion sur la diversit é biologique et de la Convent ion sur la prot ect ion du pat rimoine cult urel subaquat ique.
Conventions régionales
Plusieurs convent ions int ernat ionales dit es « régionales » sont consacrées à la prot ect ion du milieu marin et des ressources marines. On peut cit er
not amment :
Cet t e direct ive vise à obt enir pour 2011 « l'ut ilisat ion durable des mers et la conservat ion des écosyst èmes marins » via un cadre int égré fixant les
orient at ions opérat ionnelles et des mesures spécifiques. Les Ét at s membres part ageant une même région marine devront élaborer – en coopérat ion
ét roit e – des plans garant issant le « bon ét at écologique » de leurs eaux marit imes, s'appuyant sur des évaluat ions dét aillées de l'ét at de
l'environnement marin et définissant des act ions à ent reprendre et des object ifs à at t eindre. La subsidiarit é est mise en avant : aucune mesure ne sera
prise au niveau communaut aire (mais ces programmes nat ionaux seront cont rôlés et approuvés par la Commission).
Trois t ypes de mesures const ruisent cet t e st rat égie pour les milieux marins :
protéger et conserver les écosystèmes, ou rétablir leur
fonctionnement, les processus et la structure de la biodiversité ;
prévenir et éliminer progressivement la pollution ;
contenir l'utilisation des services et des biens marins et les
autres activités menées dans ce milieu à des niveaux
compatibles avec les usages futurs et les écosystèmes marins.
L'object if est d'« assurer de façon const ant e la prot ect ion et la conservat ion de ce milieu et à évit er sa dét ériorat ion » pour at t eindre un « bon ét at
écologique du milieu marin », au plus t ard en 2021.
Notes et références
Notes
Références
1. ONU 1958.
2. ONU 1958.
3. ONU 1958.
4. ONU 1958.
5. ONU 1982.
6. Didier Cormorand, « Droits maritimes, un enjeu géopolitique :
Et pour quelques rochers de plus… », Le Monde diplomatique,
juin 2016, p. 14-15 (ISSN 0026-9395 (https://portal.issn.org/resource/is
sn/0026-9395) , lire en ligne (https://www.monde-diplomatique.fr/2016/06/
CORMORAND/55727) [archive], consulté le 2 juin 2020).
7. « Intergovernmental Conference on Marine Biodiversity of
Areas Beyond National Jurisdiction | (https://www.un.org/bbn
j/) [archive] », www.un.org (consulté le 29 mai 2023)
8. « Tableau récapitulant au 10 octobre 2014 l'état de la
Convention et des accords y relatifs (http://www.un.org/dept
s/los/reference_files/status2010f.pdf) [archive] », sur un.org,
10 octobre 2014 (consulté le 21 septembre 2015).
9. Jochen Sohnle, « L’environnement marin en Europe : De la
diversité normative vers un droit commun panrégional »,
Annuaire français de droit international, no 51,2005, p. 411-
432 (lire en ligne (http://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_2005_num_51
_1_3890?h=jochen&h=sohnle) [archive]).
Articles connexes
Traité international sur les ressources phytogénétiques pour
l'alimentation et l'agriculture
Tribunal international du droit de la mer
Autorité internationale des fonds marins
Convention des Nations unies sur le droit de la mer
Cour internationale de justice
Directive-cadre sur l'eau
Droit international de l'eau
Enquête publique
Étude d'impact
Géopolitique des espaces maritimes
Mesure conservatoire (droit de l'environnement)
Compensation écologique
Éthique de l'environnement
Res communis
Déchet en mer
Pollution marine
Munition immergée
Trafic de stupéfiants
Liens externes
Notices d'autorité :
BnF (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11974248t)
(données (https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11974248t) ) ·
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·
Israël (http://olduli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_
· Tchéquie (http://aut.nkp.cz/ph168249) ·
Corée du Sud (https://lod.nl.go.kr/resource/KSH1998018486)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Store norske leksikon (https://snl.no/havrett) [archive] ·
Universalis (https://www.universalis.fr/encyclopedie/droit-de-la-
mer/) [archive]
Bibliographie
Annexe