Vous êtes sur la page 1sur 66

Vous êtes connecté anonymement (Connexion)

Français (fr)

AP5333 : Droit international de la mer

Search courses !

" Cours UFR Economie, Management et Ingénierie Juridique

Département Ingénierie Juridique Master 2 Droit Administration Publique Semestre 3

AP5333 - droit international de lamer Généralités Droit international de la mer

Droit international de la mer


SYLLABUS

Enseignant : Dr. Babou CISSE

Langue du cours : Français

Lieu d'enseignement : Bambey


Le cours postule l'étude approfondie du Droit de la mer, une branche du droit international
public régie essentiellement aujourd'hui par la Convention de Montego Bay de 1982.
Le droit de la mer répond à l'anarchie et au désordre du milieu marin afin de réguler les
rapports entre les sujets de droit international en leur fixant des droits et des obligations.
L'activité de l'enseignement vise en particulier à donner les instruments d'analyse pour
permettre une compréhension du Droit de la mer. Elle implique notamment la réponse aux
Thèmes abordés : questions suivantes : Pourquoi un droit de la mer ? Comment définir ce droit et quel est son
champ d'application ? En tant que corps de règles, qu'elles sont ses sources ? Quels sont les
droits et les obligations des Etats dans chaque partie du territoire maritime ? Quel juge est
compétent pour connaître des différends internationaux nés dans le milieu marin ? Comment
ce droit règlemente-il la circulation des engins et des appareils ainsi que la fixation des
installations, câbles et pipelines dans l'eau de mer ? Quelles sont les règles pertinentes en
matière de protection de l'environnement marin ?

Ce cours est dispensé avec des illustrations tirées, principalement des conventions
internationales, de la pratique des Etats et des organisations internationales à travers la
jurisprudence internationale. A titre accessoire, les controverses doctrinales seront mises en
exergue.
Le cours doit permettre de cerner la différence entre le régime juridique de la mer qui relève
du droit public et celui concerne les rapports de droit privé, ce qui implique, notamment, de
pouvoir :
Acquis d'apprentissage :
1identifier les règles s'appliquant aux pavillons des navires ;
2comprendre les activités maritimes à des fins commerciales ou non, les règles de droit
applicables dans chaque situation ;
3maîtriser les termes techniques et les termes juridiques appropriés ;
4élucider et expliquer les problèmes du tracé des frontières maritimes ;
5procéder à une analyse profonde de la problématique de l'environnement marin, de la
gestion des fonds marins comme patrimoine commun de l'humanité.
Contenu : Le cours s'articule autour de trois Parties :
-Les sources du droit la mer ;
-Le régime juridique des espaces marins ;
-Le règlement des différends et le contentieux dans le cadre du droit de la mer.
Autres Infos : Pré-requis : Une initiation préalable en Droit international général, des connaissances en
géographie, une bonne culture générale, des connaissances en géopolitique sont nécessaires.
Le cours met souvent l'accent sur la prise en compte des rapports de paix et de conflit entre
les Etats dans le milieu marin.
Support : Lecture des éléments de la bibliographie pertinente ; prise de notes ; syllabus
(Synthèse du cours) ; polycopie du cours sous format PDF.
Cycle et année d'étude: -Cycle : Deuxième
-Année d'études : Master 2
Faculté ou entité en charge : UFR ECOMIJ / Département IJ

Background
DROIT DE LA MER GENERAL
1494 : Traité de Tordesillas, signé le 7 juin entre la Castille (Espagne) et le Portugal, première manifestation de
l'appropriation et de la délimitation des espaces maritimes. A la suite des découvertes de Christophe Colomb, le Portugal
et l'Espagne prirent la décision de fixer une nouvelle ligne de partage. Ce traité a été signé en vertu de Bulle inter coetera du
4 mai 1493 du Pape Alexandre VI. Ce qui se trouvait à l'est de cette ligne revenait au Portugal, ce qui est à l'ouest, à la
Castille. C'est en vertu de ce traité de Tordesillas que le Brésil est revenu au Portugal et le reste de l'Amérique du Sud aux
:
Espagnols. Les autres puissances (France, Angleterre en particulier) contestèrent ce traité qui les excluait totalement du
partage. Cette ligne se situait alors à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert. Il a fallu alors attendre un peu plus d'un
siècle pour que la liberté des mers soit théorisée.
1609 : Théorie du droit de la mer développée par Grotius, juriste Hollandais, en soutenant la liberté des mers (mare
liberum). Pendant cette période, l'Anglais Selden soutenait la thèse inverse (mare clausum), mer close en 1635.
1856 : Traité de Paris abolit la guerre de course : « La course est et demeure abolie » : Emergence de l'idée de Droit de la
mer à la suite de la règlementation de la guerre maritime
ère ème
1899 et 1907 : 1 et 2 Conf. de La Haye : précision sur les règles de la guerre maritime
1923 : Convention sur le régime inter. des ports (conclue 9 déc.), appelé Statut de Genève
1930 : Tentative de codification du droit de la mer dans le cadre de la SDN : échec, aucun accord signé, divergences sur la
largeur de la mer territoriale
28 septembre 1945 : H. Truman revendique l'emprise exclusive sur le Plateau continental
1949 : Début du mouvement de codification du droit de la mer aux Nations unies
ère
1958 : 1 Conférence des NU sur le droit de la mer débouchant sur 4 Conventions (la mer territoriale et la zone contiguë ; la
haute mer ; le plateau continental ; la pêche et la conservation des ressources biologiques). Ces conventions entrent en
vigueur entre 1962 et 1966
ème
1960 : 2 Conférence des NU sur le droit de la mer : Echec encore sur la mer territoriale
1967 : Allocution de l'ambassadeur maltais Arvid Pardo devant l'Assemblée générale des Nations Unies, demandant
l'établissement d'un régime pour les fonds marins situés au-delà des limites actuelles de la juridiction nationale, considérés
comme le patrimoine commun de l'humanité.
1972 : Convention de Londres sur les abordages en mer (déf. du navire faite ici seulement)
ème
1973 : 3 Conf. des NU sur le droit de la mer débouchant sur la signature de la CMB
1975 : Le 4 juin accord de délimitation maritime entre le Sénégal et la Gambie, entré en vigueur le 27 août 1976
10 décembre 1982 : La convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) ou (UNCLOS en Anglais), signée à
Montego Bay lors d'une cérémonie lui dédiée (117 signatures enregistrées ce jour), (entrée en vigueur le 16 novembre
1994) ; 319 articles, 17 parties, 9 annexes ; les 11 premières parties traitent des questions d'espace marin. Les suivantes
concernent les relations entre les Etats et l'exploitation des ressources et des espaces marins. Elle compte aujourd'hui 157
Etats signataires et 168 Etats parties, (Cf. état de la CMB en 2018). Ratification par le Sénégal le 25 octobre 1984
Montego Bay fixe les règles :
• de libre communication et circulation entre les pays ;
• d'utilisation pacifique des mers ;
• d'exploitation équitable et efficace des ressources ;
• de préservation du milieu marin.
Montego Bay délimite les différentes zones maritimes bordant les Etats côtiers, mais aussi les îles et les Etats archipels.
Ces délimitations structurent et rationalisent l'espace marin. Chaque « tranche » de mer ainsi définie obéit à un régime
juridique déterminé où l'Etat côtier a des droits et des obligations spécifiques vis-à-vis des navires battant son pavillon, des
navires étrangers et des ressources marines
29 juillet 1994 : Un Accord modifie substantiellement les dispositions de la Convention de Montego Bay relatives à la partie
XI (régime des grands fonds marins), accord qui est en fait une réécriture partielle de la Convention, levant ainsi l'obstacle à
la ratification ou à l'adhésion de puissances maritimes industrielles (entrée en vigueur le 28 juillet 1996) : 79 Etats
signataires, 150 Etats parties (état en janvier 2018)
Novembre 1994 : l'Autorité internationale des fonds marins
Octobre 1996 : le Tribunal international du droit de la mer
ème
1 mille marin = 1,852 Km (On parle aussi de mille nautique) ; 3 milles marins était la portée moyenne des canons au 18
siècle et c'était la largeur de la mer territoriale dans cette époque.

DROIT SENEGALAIS DE LA MER


1961 : Le 25 avril le Sénégal adhère aux 4 Conventions de Genève de 1958 (droit de la mer)
:
1961 : Loi n°61-51 du 21 juin 1961 portant délimitation des eaux territoriales, de la zone contiguë et du plateau continental
au large des côtes du Sénégal, JORS, 10 juillet 1961 et Loi n°61-46 relative à la pêche dans les eaux territoriales et dans la
zone contiguë : 6 milles marins.
1971 : Le 3 juin, le Sénégal dénonce 2 des 4 Conventions de Genève de 1958 (mer terri et Pêche)
1971 : Les 7, 8 et 9 janvier, décision de la Conf. interministérielle entre le Sénégal et la Mauritanie pour fixer la frontière
maritime entre les 2 Etats (ce n'est pas un accord formel)
1976 : Loi n° 76-54 du 9 avril 1976, le Sénégal a fixé la largeur de ses eaux territoriales à 150 milles marins (Causes :
désaccord des Etats sur la largeur de la mer territoriale)
1984 : Le 25 octobre, le Sénégal ratifie la Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982
1985 : Loi N° 85-14 du 25 fév.1985 portant délimitation de la mer territoriale, de la zone contiguë et du plateau continental
(abrogation de la loi de 1976 et application des dispositions de la Convention de Montego de Bay qui n'était pas entrée en
vigueur dans cette période)
1990 : Décret n° 90-670 du 16 juin 1990 relatif au tracé des lignes de bases pour délimitation au Sénégal (remplacé par le
décret 2014 -1062 du 5 septembre 2014 qui fixe désormais les lignes de base au Sénégal)
1993 : Le 17 février, Accord de délimitation maritime entre le Sénégal et le Cap vert, application de l'équidistance pour les
zones économiques et les plateaux continentaux
1993 : Le 14 octobre, Accord de délimitation maritime entre le Sénégal et la Guinée Bissau après un long différend frontalier
sur la mer réglé en arbitrage en 1989 puis devant la CIJ (tous les procès étant gagnés par le Sénégal qui s'est basé sur les
traités entre la France et le Portugal, alors pays colonisateurs). Cet accord de 1993 ayant prévu la mise sur pied d'une Agence
internationale chargée de l'exploitation en commun d'une zone maritime de coopération, à la place les deux Gouvernements.
Ce sera l'objet d'un Protocole signé entre les 2 Etats en 1995
1995 : Le 12 juin, Protocole d'accord ayant trait à l'organisation et au fonctionnement de l'Agence de gestion et de
coopération entre la République du Sénégal et la République de la Guinée-Bissau, entré en vigueur le 21 déc. 1995 pour 20
ans. (Négociations pour le renouvellement en cours depuis 2015)
2002 : Loi 2002-22 du 16 août 2002 portant Code de la Marine marchande au Sénégal.

Introduction
Les rapports internationaux se déroulent dans le temps aussi longtemps que les Etats
occupent leur territoire. Mais ces rapports s'étendent à des espaces hostiles à l'installation
permanente de l'homme. Parmi ces espaces hostiles se situe la mer qui représente un enjeu
d'occupation territoriale pour les Etats. En effet, sa superficie est immense ; elle couvre 70 % de
2
la surface du globe (362 millions de Km ). Cette immensité accueille une circulation dense des
navires publics ou privés, de guerre ou de commerce. Le commerce maritime a un poids
économique grâce à son faible coût de transport. Il est même le premier mode de transport avec 9
milliards de tonnes de marchandises par an.

Les navires transporteurs sont de plus en plus grands. Ils dépassent aujourd'hui 350 m de long (plus que la hauteur
de la Tour Eiffel !). Chaque conteneur mesure 6,06 m de long, 2,44 m de large et 2,60 m de hauteur. Il peut
transporter 18 000 kg de marchandises. Le prix du transport maritime pour aller au bout du monde a beaucoup
diminué : cela coûte aujourd'hui moins cher de transporter une voiture de Chine en Europe que de prendre un taxi
pour aller du centre de Paris à l'aéroport d'Orly !
:
La mer regorge, outre les ressources halieutiques, de richesses dans son sous-sol. En tant
qu'espace, elle constitue indéniablement un champ d'exercice des activités pour les Etats. La mer
fait partie ainsi des espaces d'usage international. Pourtant, les Etats n'ont pas les mêmes
avantages vis-à-vis de la mer. Certains ont des territoires terrestres adjacents à la mer tandis que
d'autres sont éloignés de l'espace maritime. La mer n'est pas un simple espace, elle est un espace
plein de richesse. Les Etats riches peuvent exploiter les ressources de la mer avec une plus
grande facilité au moment où les Etats faibles ne disposent pas de moyens à ce niveau. La mer
représente une zone de tension entre les Etats pour son contrôle. Cette tension a commencé à
se manifester d'abord autour de la navigation. La liberté des mers (mare liberum) posée pour la
ème
première fois par Grotius, avocat hollandais du XVII siècle et tant revendiquée depuis, n'a pas
empêché des rivalités entre puissance. L'opposé de cette liberté des mers (mare clausum) a été
soutenu par l'Anglais Selden dans la période contemporaine à Grotius.

Eu égard à cette liberté, la mer et les océans sont ouverts à tous et n'appartiennent à
personne. Peu à peu, les Etats se sont partagés quelques zones et en ont revendiqué d'autres. En
effet, à la fin du Moyen Age et pendant la Renaissance, les grandes puissances maritimes ont
prétendu exercer une juridiction exclusive sur certaines parties de la mer en avançant des
prétextes comme la contiguïté pour ce qui est de l'Angleterre, le contrôle effectif pour ce qui
est de Gênes et Venise, à propos, respectivement de la Mer Tyrrhénienne et de l'Adriatique, le
titre pontifical pour ce qui est de l'Espagne et du Portugal qui se sont fondés sur la Bulle[1]
papale inter coetera du 4 mai 1493 (du Pape Alexandre VI).

Les enjeux sont, notamment, l'exploitation des ressources (pêche), le droit de navigation,
la protection de certaines zones. Cette situation a engendré un peu de désordre.

Il fallait donc mettre de l'ordre. Comme il est de règle, le désordre fait naître le besoin
de régulation. Cet espace devait donc être soumis au droit. Le droit mis en place, jadis, à cet
effet, était réduit à quelques règles simples basées sur le fait que la mer n'est utile que pour la
navigation. La mer était conçue comme étant une route. Le droit constituait traditionnellement
un ensemble de règles applicables aux mouvements des navires, des marchandises et des
personnes, il s'est rapidement étendu au domaine des droits de propriété, plus précisément
l'extension de revendications territoriales nationales à une grande partie du domaine maritime
mondial. Ce droit a pris la dénomination de « droit de la mer »

La tension est exacerbée par les progrès techniques qui ont exhumé les nombreuses
richesses de la mer. Parallèlement, les connaissances scientifiques ont permis de rendre compte
de la fragilité de l'écosystème marin dont les conséquences n'épargneront pas les populations au
sein de tous les Etats. Il est né ainsi un autre désordre, cette fois-ci dans l'exploitation démesurée
de la mer. Subséquemment, le droit devrait donc subir de profondes modifications dans le but
:
d'amener plus d'ordre dans les rivalités mais aussi dans l'exploitation des ressources afin de
maintenir la pérennité des richesses marines. Le droit de la mer est composé de divers types de
règles mais il n'est pas le seul corps de règle qui s'intéresse à la mer.

Toutefois, ce cours est axé sur le Droit de la mer qui doit être défini et comparé aux
autres droits qui concernent la mer. Mais avant tout, l'objet même de la matière, à savoir la mer,
doit faire l'objet d'une approche définitoire afin de préciser son sens insaisissable, à l'image d'un
serpent de mer.

Puisque c'est un espace soumis au droit, il est nécessaire de délimiter le milieu marin pour
déterminer le champ d'application du droit de la mer. La mer est définie par les géographes
comme étant une étendue d'eau salée. Le problème est que le DIP ne régit pas tous les espaces
d'eau salée. En fait, il existe des espaces d'eau salée à l'intérieur des territoires terrestres comme
les lacs et les mers fermées. Donc, l'étendue d'eau couverte par le DIP est l'espace servant à
la navigation, à la communication internationale. Même dans cet espace de navigation ou de
communication, une partie est couverte par les eaux intérieures qui sont dépendances du
territoire terrestre. Au final, la mer comme espace juridique commence à partir de la limite
supérieure des eaux intérieures. Elle exclut donc cesdites eaux intérieures et les espaces d'eau
salée à l'intérieur des terres. Le droit international ne s'intéresse pas seulement à la masse d'eau
en procédant à des délimitations, il régit les activités s'y déroulant, les richesses de la mer, la
protection de l'environnement marin et même l'espace aérien surplombant toute cette zone.

Le droit de la mer qui régit cet espace juridique fait partie du DIP et se limite aux droits
et aux obligations que les différents Etats possèdent sur la mer et les océans concernant la
souveraineté sur une partie de l'étendue maritime, la pêche, l'exploitation des ressources
minérales, la liberté de faire naviguer des navires battant leurs pavillons et leurs juridictions sur
ces bâtiments.

Le Droit de la mer a évolué. Tout d'abord, il visait le contrôle des communications en


matière commerciale et stratégique. Jusqu'à présent, la mer remplit ce rôle mais elle est
rattrapée par les progrès techniques. Désormais, le Droit de la mer doit intégrer l'exploitation
des ressources marines. Il devient un droit important de la société internationale dans la mesure
où cette société enregistre de nouveaux venus qui revendiquent un droit de regard sur
l'appropriation des espaces marins.

Les auteurs s'accordent, alors, de définir le droit de la mer comme un ensemble de règles
juridiques régissant le milieu marin et les utilisations dont il est l'objet.
:
Il doit être distingué du droit maritime. Ce dernier est défini par le doyen La Rondière
comme étant une branche de droit privé largement teintée par le droit commercial s'appliquant à
la navigation de la mer.

La différence entre le droit de la mer et le droit maritime s'atténue surtout quant à leurs
sources. Certains auteurs ont défendu l'unité du droit des activités maritimes et ont même
parlé de l'indivisibilité du droit de la mer et du droit maritime. La distinction apparait même
artificielle face à la difficulté de ranger dans une catégorie bien déterminée des règles relatives à
la science de la navigation ou celle de la nationalité des navires.

Certes, le Droit de la mer s'applique à des espaces mais il régit également les
activités qui se déroulent sur ces lieux. C'est ainsi qu'il englobe le régime juridique relatif aux
engins et installations utilisés pour mener ces activités. Ces engins et installations sont diverses
natures. On constate que les engins sont mobiles alors que les installations sont statiques, c'est-à-
dire fixes. Aux engins mouvant correspond ce qui est appelé navire.

Pour comprendre ce que c'est un navire, il faut se référer à l'étymologie. En Latin, navire
vient de « navigare » qui signifie « naviguer » ou bien « nager ». Dans le mot « navire », l'idée
de mouvement est très présente. C'est pourquoi, en définissant le navire, il ne suffirait pas dire
qu'il est un simplement engin flottant ; il faudrait ajouter qu'il a l'aptitude à naviguer en
mer. Beaucoup d'instruments internationaux ont omis de définir le navire. La Charte de Lomé
(Charte africaine sur la sûreté et la sécurité maritimes et le développement en Afrique) a défini le
navire comme « une installation mobile de tout type exploitée dans les environnements marins
ou les voies navigables y compris les hydroptères, les aéroglisseurs, les sous-marins, les engins
flottants ainsi que les plateformes fixes ou flottantes, exploités à des fins de transport de
marchandise et de personnes, et pour la prestation de services maritimes ».

La Convention de Londres du 20 octobre 1972 sur la prévention des abordages en mer


qui propose une définition et qui est la suivante : « le terme « navire » désigne tout engin ou tout
appareil, de quelque nature que ce soit, y compris les engins sans tirant d'eau utilisé comme
moyen de transport sur l'eau ». Voici une illustration.
:
Glossaire
Tirant d'eau: la distance verticale depuis la ligne de flottaison au point le plus bas de la quille
Franc-bord: la distance verticale de la ligne de flottaison jusqu'au plat-bord
Plat-bord: le rebord supérieur de la coque, ceinturant le pont
La coque: la structure du corps du bateau; ne comprend pas la superstructure, mâts ou le gréement
Le cockpit: Creux aménagé dans le pont arrière qui permet à l'équipage d'être protégé (ne pas confondre avec le
cockpit d'un avion)
Bâbord: le côté gauche du bateau
Tribord: le côté droit du bateau
La poupe: l'arrière d'une embarcation
La proue: l'avant d'une embarcation
La quille: la colonne vertébrale, sous la surface de la coque qui contribue à la stabilité et à réduire la dérive latérale
d'un bateau
LA NATIONALITÉ DES NAVIRES
Chaque Etat est libre d'accorder sa nationalité. Il fixe les conditions d'immatriculation des navires (Art. 91). Les
obligations des États du pavillon sont nombreuses et définies dans la Convention de Montego Bay complétée par
des conventions internationales de l'Organisation Maritime Internationale. L'État du pavillon exerce un contrôle
administratif, technique et social (Art. 92 à 94). Il a également juridiction exclusive sur ses navires naviguant en
haute mer. Tout navire ayant plusieurs pavillons est considéré comme n'ayant pas de nationalité.
Le code sénégalais de la marine marchande définit le navire comme suit : « Tout bâtiment
ou engin flottant ou submersible quel que soit son tonnage ou sa forme avec ou sans propulsion
mécanique immatriculé par les soins de l'Autorité compétente et qui effectue à titre principal une
navigation maritime ». Cette définition est complète dans la mesure où elle fait référence aux
navires flottants et submersibles ainsi qu'à leur destination à la navigation.

Il existe des navires à des fins commerciales et des navires à des fins non commerciales.
Pour les Etats, les navires à des fins non commerciales comprennent les navires de guerre. La
Convention de Montego Bay définit ces navires de guerre comme étant tout navire qui fait
partie des forces armées d'un Etat et porte les marques extérieures distinctes des navires
militaires de sa nationalité, qui est placé sous le commandement d'un officier de marine au
service de cet Etat et inscrit sur la liste des officiers ou un document équivalent, et dont
l'équipage est soumis aux règles de la discipline militaire. Aujourd'hui, les navires de guerre
:
sont différentes sortes : on a les navires de surface, les sous-marins. Les navires de surface
comptent une variété : navire de transport, les dragueurs de mine, les pétroliers, les porte-avions
etc.

Quant aux installations fixes, la Convention de Montego Bay prévoit à son article 60 un
régime juridique qui leur est applicable. C'est ainsi par exemple qu'elle dispose que « [l]a
construction de ces îles artificielles, installations et ouvrages doit être dûment notifiée et
l'entretien de moyens permanents pour signaler leur présence doit être assuré ». Elle prévoit
également la détermination d'une zone de sécurité autour de ces installations que l'Etat côtier doit
assurer et que les autres navires doivent respecter.

Le droit de la mer était ancien et coutumier. Il a évolué en passant de la coutume à la


ème
codification. Cette dernière a véritablement commencé au 19 siècle, soit en 1856 avec le
Traité de Paris sur la guerre maritime, œuvre collective des vainqueurs de la guerre de Crimée. Il
s'agissait d'une règlementation axée sur la guerre en mer. Les règles dans ce sens seront précisées
ère
à la deuxième conférence de la Haye en 1907 (la 1 était tenue en 1899).

A partir de 1897, les privés (transporteurs maritimes et assureurs) seront à l'origine de la


signature de plusieurs conventions internationales sur la sécurité maritime. La règlementation des
activités maritime n'est plus concentrée sur la guerre mais désormais elle touche à la paix. De
plus, elle échappe aux droits nationaux pour être orientée par le DIP. C'est en ce moment que la
distinction droit maritime (droit privé) et droit de la mer (droit public) commence à être
atténuée.

Dès 1930, un besoin de codification générale du droit de la mer se fait sentir autour de la
SDN avec comme ligne de mire la règlementation de la mer territoriale. Malheureusement, il n'y
aura pas d'accord sur la largeur de cette zone de la mer et aucune convention n'a pu être signée.

La déclaration Truman du 28 septembre 1945 sur les ressources biologiques de la mer et


sur le plateau continental va précipiter et accentuer le besoin de codification[2]. Les ressources
économiques et énergétiques que renferme la mer démultiplie les appétits des Etats sur
l'appropriation des territoires maritimes.

Dès 1948, le SG de l'ONU suggère une codification complète du droit de la mer. La CDI
l'inscrit à l'ordre du jour.

En 1958, une première Conférence des Nations unies sur le droit de la mer est réunie à
Genève. Le 29 avril de cette année, 4 Conventions sont signées et elles portent sur la mer
territoriale, la haute mer, la pêche et la conservation des ressources biologiques de la haute mer et
:
enfin sur le plateau continental. Il est ajouté à ces conventions, un protocole de signature
facultative concernant le règlement obligatoire des différends.

Toutefois, comme en 1930, la largeur de la mer territoriale ainsi que celle des zones de
pêche des Etats n'a pas réuni l'accord des parties. Cela a motivé la convocation d'une deuxième
conférence des Nations unies deux ans plus tard. Cette conférence n'a pas non plus résolu les
problèmes.

A partir de 1960, le droit de la mer déjà élaboré est critiqué par les Etats du tiers monde
qui, faute de moyens, n'avaient pas de possibilité de profiter de l'exploitation des ressources de la
mer. Certains ont décidé unilatéralement d'étendre les limites de leur territoire maritime à des
surfaces considérables.
Les déclarations unilatérales des pays de l'Amérique de sud riverains du pacifique qui ont établi une juridiction
exclusive en matière de pêche sur une zone de 200 milles (Chili et Pérou en 1947, Salvador en 1950, Equateur en
1951), une position commune exprimée dans la déclaration de Santiago de 1952.
Par la loi n° 76-54 du 9 avril 1976, le Sénégal avait fixé la largeur de ses eaux territoriales à 150 milles marins. Cette
loi sera modifiée en 1985 pour se conformer à la CV MB de 1982. Selon l'exposé des motifs de la loi de 1985, la
décision de fixer unilatéralement la largeur des eaux territoriales en 1976 « était motivée par l'incapacité de la
Communauté internationale, malgré les multiples conférences organisées par les Nations-Unies sur le droit de la mer
et auxquelles le Sénégal avait activement pris part dans un esprit d'ouverture et de collaboration franche, à se mettre
d'accord sur un droit de la mer qui s'impose à tous les Etats et qui organise de manière équitable l'exploitation des
ressources halieutiques ».

L'initiative de revoir en profondeur le droit de la mer fut prise par l'Ambassadeur de


Malte, Arvid Pardo lors de la session de l'AG de l'ONU en 1967. A la suite de cela,
L'Assemblée Générale des Nations Unies avait déclaré, dès le 17 décembre 1970, à travers la
Résolution 2749, comme « patrimoine commun de l'humanité », insusceptible d'appropriation
nationale, le fonds des mers et des océans ainsi que leur sous-sol et les ressources de la zone
située au-delà des limites de la juridiction nationale. En même temps, une troisième conférence
des Nations unies sur le droit de la mer est convoquée en 1973.

Cette conférence est préparée non pas par la CDI mais par le Comité des fonds marins
créé en 1968. La Troisième Conférence des NU sur le droit de la mer débute ses travaux le 3
décembre 1973[3]. Le texte de l'accord fut adopté le 30 avril 1982. Sa signature a eu lieu lors
d'une cérémonie convoquée à cet effet à Montego Bay (Jamaïque) le 10 décembre 1982. 157
Etats ont signé cette Convention et 168 y sont parties[4]. Elle est entrée en vigueur le 16
novembre 1994, conformément au paragraphe 1 de son article 308. Elle définit les espaces
maritimes, les droits et les devoirs des Etats dans ces espaces, notamment ceux de la navigation
et de l'exploitation des ressources. La convention définit également les obligations en matière de
protection du milieu marin. Elle crée le tribunal international de la mer (TIDM) dont le siège
est à Hambourg en Allemagne.
:
Le droit international de la mer a établi alors des solutions diverses qui se résument en
deux catégories : une utilisation libre pour tous les Etats d'une partie de la mer et une acquisition
exclusive pour les Etats riverains des zones de la mer contiguës à leur territoire terrestre.

La mer est ainsi répartie en zone d'utilisation différente : la première catégorie correspond
à l'espace internationalisé et la seconde à l'espace territorialisé.

Les neuf zones maritimes fixées par la convention de 1982 peuvent se définir
schématiquement comme suit :

- les eaux intérieures : ports, havres, estuaires...(souveraineté territoriale)

- la mer territoriale : de 12 milles marins à partir des lignes de base (souveraineté limitée par le
libre passage inoffensif...) ; autrefois 3 milles marins (3x 1,852km), portée maximum des canons
anciens ;

- la zone contiguë : 12 milles marins à partir de la mer territoriale (Contrôles douaniers, fiscaux,
sanitaires, immigration...) ;

- la zone économique exclusive : jusqu'à 200 milles marins à partir des lignes de base ;

- le plateau continental ou prolongement sous-marin du continent (forfait 200 milles à partir


des lignes de base, Art.76 CMB) ;

- la haute mer ou l'ensemble des espaces marins s'étendant au-delà de la zone économique
exclusive ; les compétences de l'Etat y sont limitées : nationalité des navires, abordage, piraterie ;

- le fonds des mers ou la Zone (un traité de 1971 consacre la dénucléarisation du fonds des
mers) ;

- les eaux archipélagiques : situation spéciale des Etats archipels ;

- les détroits (Bosphore : convention de Montreux de 1936 ; détroits danois : traité de 1857).

Première partie : Les sources du droit de la mer


Les sources sont des procédés par lesquels s'élaborent les règles de droit. Les règles du
droit de la mer ont diverses sources. En dehors de la coutume qui était au début la principale,
d'autres sources ont fait leur apparition. Il en est ainsi des conventions internationales qui ont
codifié une bonne partie de la coutume et de la jurisprudence internationale laquelle, ces
dernières années, a connu une progression à cause du nombre d'affaires de plus en plus
nombreuses soumises aux différentes juridictions internationales (CIJ et TIDM) et aux arbitres.
:
Les sources seront étudiées en accordant une place privilégiée aux conventions du fait de
leur importance sans égal. Elles seront suivies par la coutume, la jurisprudence et la doctrine.

Chapitre I : Les Conventions internationales

Le droit de la mer est devenu un droit essentiellement régi par les conventions
internationales. Pour rappel, en DIP convention, traité et accord traduisent la même réalité. Il
s'agit, selon la définition produite par la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités,
« d'un accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit international, qu'il
soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes, et
quelle qua soit sa dénomination particulière ».

Toutefois le principe de l'effet relatif est une réalité du droit des traités qui ne favorise pas
une application généralisée. En fait, les conventions n'engagent que les Etats qui manifesté à leur
égard leur consentement à être lié. Or, le droit de la mer tel qu'il sort des conférences des Nations
unies devrait être appliqué par tous les Etats.

Le nombre de textes internationaux relatif au droit de la mer a considérablement


augmenté. Ils couvrent des domaines divers de ce droit. Ils sont généralement des traités
multilatéraux. On peut, malgré tout, les classer en deux catégories : les conventions sectorielles
et les conventions générales.

Section I : Les conventions sectorielles

Elles portent en général sur des problèmes particuliers tels que la conservation d'espèces,
la pollution, la sécurité maritime, la piraterie. Elles sont plus nombreuses. Les quatre conventions
de Genève de 1958 étaient des conventions sectorielles : elles portent sur la mer territoriale, la
haute mer, la pêche et la conservation des ressources biologiques de la haute mer et enfin sur le
plateau continental.

Section II : Les conventions générales

Elles entendent codifier tout le droit de la mer ou une partie importante de cette branche.
Elles comptent un nombre moins important de conventions. On classe la Convention de Montego
Bay dans cette catégorie.

La convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) ou (UNCLOS en


Anglais), signée 10 décembre 1982 à Montego Bay lors d'une cérémonie qui lui a été dédiée.
117 signatures ont enregistrées le même jour. Cette convention est entrée en vigueur, presque 12
ans après la cérémonie de signature, le 16 novembre 1994). Dans contexture, elle comprend 319
:
articles répartis dans 17 parties. Le texte de l'accord est suivi de 9 annexes ; les 11 premières
parties du texte de l'accord traitent des questions d'espace marin. Les suivantes concernent les
relations entre les Etats d'une part et l'exploitation des ressources et des espaces marins d'autre
part. Pour son application, la Convention compte aujourd'hui en dehors des 157 Etats signataires,
168 Etats parties (Cf. état de la CMB en 2018). Sa ratification par le Sénégal a eu lieu le 25
octobre 1985.

Au niveau de son contenu, voici ce que l'on peut retenir de manière générale :

Montego Bay fixe les règles :

• de libre communication et circulation entre les pays ;

• d'utilisation pacifique des mers ;

• d'exploitation équitable et efficace des ressources ;

• de préservation du milieu marin.

Montego Bay délimite les différentes zones maritimes bordant les Etats côtiers, mais aussi les
îles et les Etats archipels. Ces délimitations structurent et rationalisent l'espace marin. Chaque «
tranche » de mer ainsi définie obéit à un régime juridique déterminé où l'Etat côtier a des droits
et des obligations spécifiques vis-à-vis des navires battant son pavillon, des navires étrangers et
des ressources marines. Les Etats sans littoral sont concernés par les délimitations : à chaque
espace, leurs droits et leurs obligations sont déterminés.

Chapitre II : La coutume

L'existence d'une norme coutumière, selon la Cour, est attestée par la réunion cumulative
et convergente de deux éléments : la pratique et l'opinio juris. Ainsi, rappelle le Professeur
GOUNELLE, « la cohérence de l'élément matériel fait présumer l'élément psychologique : un
faisceau d'actes juridiques convergents, ayant le même objet et accomplis dans des circonstances
semblables, laisse supposer qu'ils sont tous fondés sur le même motif déterminant : se conformer
à une obligation juridique »

Le droit de la mer a eu, pendant longtemps, la coutume comme source principale. Le


Professeur COLOMBOS (C.J.) avait écrit en 1952 que « la coutume forme la source la plus
importante du droit de la mer ». (Cf., « Le droit international de la mer », Paris, Pedone, 1952,
659 p., p. 1). Il confirme ainsi le fait que la coutume ait ce statut. Pourtant, malgré tout, les Etats
en développement la contestaient. La coutume a même subsisté après l'entrée en vigueur de la
CMB. Le fait que les règles conventionnelles soient compliquées à modifier aide à son maintien.
:
La CMB elle-même a terminé son préambule en laissant une porte de survie à la coutume. Voici
ce qui est écrit à ce propos : « Affirmant que les questions qui ne sont pas réglementées par la
Convention continueront d'être régies par les règles et principes du droit international général ».

Toutes les règles contenues dans les conventions sont d'origine coutumière. Le
phénomène de la codification avait semblé annoncer la fin de la coutume. Mais paradoxalement,
il l'a relancé même. Il n'est, dès lors, pas étonnant que l'arrêt de principe de la CIJ en matière de
coutume ait été rendu en droit de la mer. II s'agit bien entendu de l'affaire du Plateau continental
de la mer du Nord (CIJ 1969).

La coutume est de ce fait une source importante du droit de la mer. Elle a encore un jour à
jouer dans l'avenir de ce droit. En effet, le juge ou l'arbitre trouvent dans la coutume un moyen
d'interpréter pour préciser le sens de la règle qui s'y dégage. C'est en cela que leur jurisprudence
va constituer une source non négligeable en droit de la mer.

Chapitre III : La jurisprudence

L'article 38 du Statut de la Cour cite les sources du DIP. Toutefois, ce texte ne reconnaît
pas la qualité de source principale à la jurisprudence. Il l'a classée dans la catégorie des sources
« auxiliaires ». En même temps, le Statut de la CIJ dispose que les décisions de la CIJ sont
frappées de l'autorité relative de la chose jugée. Malgré cela, en pratique, l'influence exercée par
les arrêts de la Cour dépasse souvent le cas d'espèce. Cela veut que dire que la Cour elle-même
se réfère à ses propres arrêts dans ses raisonnements. Après avoir appliqué une solution à une
affaire, elle peut la transformer en règle et l'appliquer à une autre affaire. Ainsi, en droit de la
mer, l'importance de la jurisprudence n'est plus à démontrer. En effet, la CIJ ne se contente pas
seulement de dire le droit. Elle crée donc une règle. On peut dire alors qu'elle fait une lecture
audacieuse de l'article 38 de son Statut pour dépasser le carcan dans lequel ce texte la fermait.

Le droit de la mer est alors un terrain largement favorable à la création prétorienne en


raison de l'évanescence des normes applicables. De plus, il y a également un vide juridique
longtemps constaté en la matière. Dans l'affaire du Plateau continental de la mer du Nord en
1969, par exemple, aucune norme conventionnelle n'était applicable. La coutume était incertaine.
Ensuite, ce rôle s'est trouvé facilité par la conjonction de deux facteurs. D'une part, elle a été
saisie d'un nombre élevé et divers de délimitations. Elle a de la sorte acquis une solide
connaissance de la matière. D'autre part, elle a été saisie dans un contexte juridique en pleine
mutation. De nouveaux besoins sont apparus alors qu'aucune réglementation internationale n'était
opérante. Face à cet environnement juridique pauvre et incertain, « souvent sollicité, le juge,
[rappellent MM. Lucchini et Voelckel], ne pouvait être encouragé à dire le droit ». L'encourager
:
à dire le droit simplement voudrait dire le laisser enfermer dans le libellé paléolithique de
l'article, lequel fige le rôle du juge. Or, le juge a besoin dans le cadre du droit avoir une
possibilité d'avoir un rôle créateur de normes.

L'entrée en vigueur de la CMB est loin d'avoir atténué son pouvoir créateur. Différents
éléments le prouvent. En premier lieu, des Etats importants comme les Etats-Unis n'ont toujours
pas ratifié cette convention. Dès lors, c'est le droit coutumier qui leur est applicable. En
deuxième lieu, la Convention de 1982, comme l'a souligné la CIJ, est un texte de compromis.
Ceci explique que beaucoup de ses dispositions ne sont pas précises. Selon le Professeur Trêves,
« si on compare ce qu'il y avait dans la convention de Genève sur le plateau continental avec ce
que l'on a dans la Convention de Montego Bay, on peut même parler de "décodification " : on a
voulu balayer le terrain pour le laisser libre au juge et aux parties ». Dès lors, le juge, au cours
des procès, s'efforce de préciser le sens des règles contenues dans la CMB. En réalité, c'est bien
le « législateur international » qui a confié ce rôle au juge. Ce dernier ne s'est pas approprié ce
rôle. En outre, la Convention de Montego Bay se réfère beaucoup à l'équité. Plusieurs de ses
articles y font directement référence. Aussi, pour ces différentes raisons, le juge dispose d'une
large marge d'interprétation. Il a donc forgé tout un corps de règle en droit de la mer au travers de
ses différents arrêts. La Cour a mis très largement l'accent sur l'unité de sa jurisprudence. Cela
dit, il ne faut pas se fier aux apparences. En fait, la jurisprudence sur le droit de la mer est très
éclatée. En dehors de la CIJ siégeant à La Haye aux Pays Bas, il existe une juridiction spécialisée
qui est le Tribunal du droit de la mer sis à Hambourg en Allemagne. A côté de ces juridictions
judiciaires, l'arbitrage est très développé dans le contentieux du droit de la mer. Face à cela, une
inquiétude sur l'unité de la jurisprudence semble se révéler logique. Les nombre important de
juridictions cause forcément des problèmes d'unité dans la jurisprudence. Celle-ci risque de
s'affaiblir, alors qu'elle doit jouer un rôle dans la création des normes dans le cadre du droit de la
mer.

Chapitre IV : La doctrine

La doctrine a joué un rôle décisif dans la formation des règles du droit de la mer. En fait,
elle a été la première à poser des règles pour ce droit au moment où la mer était comme une
ème
jungle où régnèrent la course et la piraterie. Dès le 17 siècle, le principe de la liberté des mers
est né de la célèbre querelle doctrinale entre Grotius et Selden. Le premier avait soutenu la
liberté des mers « mare liberum ». Le second avait soutenu la mer fermée « mare clausum ».
Aujourd'hui, les règles du droit de la mer sont encore marquées par ces deux visions à travers la
liberté et la souveraineté des Etats. On retrouve ces deux théories dans la délimitation des
espaces marins. (Pour une synthèse sur le rôle de la doctrine : ORAISON (A.), « Réflexions sur
"la doctrine des publicistes les plus qualifiés des différentes Nations" (flux et reflux relatifs des
:
forces doctrinales académiques et finalisées)», RBDI. 1991, pp. 507-580 et « L'influence des
forces doctrinales académiques sur les prononcés de la CPJI et de la CIJ », R.B.D.I. 1999, pp.
205-236).

On remarquera que le texte anglais de l'article 38 du Statut de la CIJ qualifie la doctrine


de source « subsidiaire » et non de source « auxiliaire ». Il lui accorde ainsi une place plus
importante, en la considérant comme une véritable source et non comme de simples références
documentaires : COMBACAU (J.) et SUR (S.), Droit International Public, Paris, Montchrestien,
ème
5 éd, 2001, 815 p., p. 44.

Deuxième partie : Délimitations et régime juridique des espaces


maritimes
La CMB met en place un régime juridique pour chaque compartiment du territoire
maritime qu'il délimite. Elle procède ainsi : le régime de l'eau de mer est dissocié de celui du sol
et du sous-sol ; les Etats côtiers gardent des droits souverains sur les espaces adjacents à leur
territoire terrestre mais ce ne sont pas des droits exclusifs ; enfin au-delà des zones de
souveraineté fixées à une distance déterminée par les règles, est créé un espace international.

Il convient de prendre comme axe d'étude la distinction entre régime territorialisé où la


souveraineté de l'Etat côtier s'exerce avec affaiblissement progressif en allant vers le large (Chap.
I) et régime internationalisé de la mer symbolisant la liberté et écartant les manifestations de la
souveraineté (chap. II). Voir illustration suivante :
:
:
Chapitre I : Le régime de l'espace territorialisé de la mer

Le régime territorialisé concerne un ensemble d'espaces marins sous juridiction nationale


de l'Etat côtier. Ces espaces sont au nombre de 7 et chacun est régi par des règles relatives à la
navigation et à l'utilisation des ressources. Ils seront étudiés tour à tour.

Section I : Les eaux intérieures

Elles ont fait l'objet d'une définition et d'une délimitation (§I) et son régime juridique est
également déterminé (§ II).

§ I : Définition et délimitation

Ce sont les eaux qui baignent les côtes de l'Etat. Elles sont des espaces complètement
enclos dans le territoire terrestre. Elles sont liées à lui de façon suffisamment intime du fait de la
configuration des côtes et de l'usage qui en est fait habituellement. On les assimile au territoire
terrestre. Les eaux intérieures comprennent les ports, les rades[5], les havres (port côtier naturel
plus ou moins fermé), les baies historiques, le sol, le sous-sol et l'espace aérien surplombant cette
zone aquatique. Elles excluent les mers intérieures, les canaux et les fleuves. (Les géographes
incluent pourtant ces derniers dans les eaux intérieures).
:
En réalité, les eaux intérieure se situent par conséquent en deçà d'une ligne appelée ligne
de base. Cette dernière constitue le point de départ de la délimitation des autres espaces du
territoire maritime comme le précisent dispositions pertinentes de la CMB.
Article 5 Ligne de base normale
Sauf disposition contraire de la Convention, la ligne de base normale à partir de laquelle est
mesurée la largeur de la mer territoriale est la laisse de basse mer le long de la côte, telle qu'elle
est indiquée sur les cartes marines à grande échelle reconnues officiellement par l'Etat côtier.

La « ligne de base » marque la fin des eaux intérieures et le début de la mer territoriale.
C'est à partir de cette ligne de base qu'est calculée la largeur des autres zones maritimes. Lorsque
la côte est relativement rectiligne, c'est-à-dire droite (ex. : côte entre Dakar et Saint-Louis), les
lignes de bases coïncident avec la laisse de basse mer. Quand la côte est accidentée, l'Etat peut
tracer une « ligne de base droite » qui prend appui sur les points les plus avancés de la côte.

En principe, la ligne de base est fixée à la laisse de basse mer.

Laisse de basse mer (ligne de terre) = marque laissée sur la terre de la côte par la plus
grande marée basse de l'année sur le sable et les rochers en dehors des phénomènes
météorologiques exceptionnels (comme le tsunami).

NB : Difficile à fixer dans les côtes découpées : dans ce cas, les Etats utilisent une autre
méthode : la ligne d'eau reliant les points les plus avancés vers le large.

Les lignes de base sont tracées par l'Etat côtier parce qu'il est le seul compétent pour le
faire. Sa liberté n'est pas absolue car l'Etat riverain doit le faire en respectant le droit international
qui fixe les règles dans ce cadre. La CIJ a eu à rappeler que « la délimitation des espaces
maritimes a toujours un aspect international » (CIJ, Affaire Pêcheries, Royaume-Uni c/
Norvège, arrêt du 18 décembre 1951).

L'Etat sénégalais utilise la méthode de ligne de base droite contenue dans le décret n° 90-
670 du 16 juin 1990. Depuis 2014, c'est le décret 2014-1062 du 5 septembre 2014 qui prévoit le
tracé des lignes de base.

A partir des lignes de base, commencent les délimitations des zones maritimes faites pour
des distances exprimées en mille marin. Il y est prévu des droits pour les Etats et des règles de
navigation.

§ II : Le régime juridique

Le régime juridique est déterminé en fixant d'une part les droits et devoirs des Etats et
d'autre part en prévoyant des règles de navigation pour les navires.
:
A - Droits et devoirs des Etats côtiers et des Etats sans littoral

L'Etat riverain exerce sa souveraineté sur les eaux intérieures. Il a une compétence
exclusive sur cette zone. Le principe est que, les eaux intérieures sont assimilées au territoire
terrestre de l'Etat côtier. C'est ce que prévoit l'article 2 §1 de la CV de MB. La CIJ l'a affirmé
aussi dans l'affaire « Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci » (Arrêt
du 27 juin 1986, Recueil., p. 111).

Les Etats sans littoral[6] ou enclavés ont certes un droit d'accès mais leurs mouvements
sont contrôlés ou limités par l'Etat riverain. La CMB consacre sa partie X, à savoir de l'article
124 à l'article 132 aux « Droits d'accès des Etats sans littoral à la mer et depuis la mer [à la]
liberté de transit ».

Le droit d'accès des Etats sans littoral est rattaché au principe de la liberté des mers et au
concept de patrimoine commun de l'humanité, en vertu de l'article 25 de la CMB.

Quant à la « liberté de transit », elle se traduit par le fait que l'Etat riverain est « l'Etat de
transit » du trafic destiné à l'Etat sans littoral. Le trafic en transit « ne représente qu'une fraction
[c'est-à-dire, une partie seulement] du voyage complet qui commence ou se termine sur le
territoire de l'Etat sans littoral ». Puisque le transit dans les eaux intérieures est une liberté, elle
peut être restreinte par l'Etat côtier. Cette « liberté de transit » doit être distinguée du « passage
en transit dans le détroit » lequel, comme on le verra, un passage rapide et continu.

Les modalités de transit dans les eaux intérieures de l'Etat de transit restent soumises à un
accord entre Etat riverain et Etat sans littoral mais il n'y a plus de réciprocité qui permettait aux
Etats côtiers de monnayer chèrement la liberté de transit. Les Etats sans littoral bénéficient
aujourd'hui d'un traitement égal dans tout port. En vertu de l'article 131 de la CMB : « Les
navires battant pavillon d'un Etat sans littoral jouissent dans les ports de mer d'un traitement
égal à celui qui est accordé aux autres navires étrangers ». On parle ici de clause de la nation la
plus favorisée (Cf., Cours de DIP en L3).

B - Règles de navigation pour les navires étrangers

Ces règles ont trait à la condition d'accès et à la condition de séjour dans les eaux
intérieures. Elles distinguent les navires privés et les navires d'Etat à des fins non commerciales.

1 - Les règles relatives aux navires privés


:
Les navires privés comprennent les navires appartenant à des privés mais aussi les navires
d'Etat à des fins commerciales. Les règles navigation dans les eaux intérieures sont regroupées
autour de l'accès et au séjour.

Pour ce qui est de l'accès, l'article 2 du Statut de Genève de 1923 pose le principe de la
liberté d'accès aux ports maritimes pour ces navires. A cause de cette liberté, les Etats côtiers ne
peuvent fermer leurs ports à ces navires qu'à titre exceptionnel, pour des raisons sanitaires ou
pour le maintien de l'ordre. L'article 13 du Code de la marine marchande au Sénégal prévoit que
« L'Autorité Maritime peut interdire la navigation dans les ports[7] et dans les chenaux d'accès
ainsi que l'entrée et la sortie des navires lorsque les conditions météorologiques et
hydrographiques sont défavorables, lorsqu'il existe des obstacles à la navigation, ou pour des
raisons d'ordre public ». Ce texte est complété par l'article 14 du même code lequel dispose que
« La sécurité de la navigation, à l'entrée et à la sortie des ports, est de la compétence exclusive
de l'Autorité Maritime ».

L'Etat côtier a un droit réduit quant à la fermeture du port. S'il veut fermer, il doit rendre
sa décision publique et celle-ci ne saurait concerner les navires privés en détresse.

Pour ce qui est du séjour, le navire privé est soumis à la souveraineté de l'Etat côtier. La
compétence terrestre de ce dernier prime sur celle du pavillon. C'est ainsi que l'article 48 du code
de la Marine marchande au Sénégal prévoit ceci : « Tout navire battant pavillon sénégalais ou
étranger peut, à tout moment, faire l'objet de contrôles dans les ports du Sénégal, par l'Autorité
Maritime. Ces contrôles ont pour objet de vérifier la validité des titres de sécurité et certificat de
prévention de la pollution détenus par le navire et de s'assurer qu'il est en bon état de
navigabilité, que les conditions de travail, d'hygiène et d'habitabilité à bord sont satisfaisantes et
que, d'une manière générale, l'état du navire correspond aux indications portées sur les titres de
sécurité et de prévention de la pollution ».

Dans le cadre d'une enquête, l'article 268 du code précité prévoit que « Les Autorités
maritimes peuvent également exiger qu'une enquête maritime soit effectuée, conformément aux
dispositions prévues au présent chapitre lorsque l'événement donnant lieu à enquête trouve son
origine à bord d'un navire étranger mais que des intérêts sénégalais sont également concernés et
si ce navire fait escale dans un port du Sénégal. Les Autorités maritimes peuvent, dans une telle
hypothèse, refuser au navire battant pavillon étranger, l'autorisation de départ du port jusqu'à ce
que l'enquête maritime ait été effectuée ».

2 - Les règles relatives aux navires d'Etat à des fins non commerciales
:
Il s'agit en général des navires de guerre. Ils sont soumis à des conditions restrictives pour
ce qui est de leur accès aux eaux intérieures mais durant leur séjour, ils restent soumis à la
compétence de l'Etat du pavillon. L'article 13 du Statut de Genève exclut les navires de guerre
de ses dispositions.

L'Etat côtier détient le pouvoir d'accepter l'accès des navires de guerre de ses eaux
intérieur ou de limiter leur entrée.

En ce qui concerne leur séjour, les navires de guerre sont couverts de l'immunité et restent
sous la juridiction de l'Etat du pavillon. Par contre, les lois de navigation de l'Etat côtier doivent
être respectées par le navire de guerre. En cas d'infraction commise sur terre, l'Etat côtier est
compétent pour juger les auteurs par ses propres tribunaux.

Section II : La mer territoriale

Cette zone maritime a fait l'objet d'une définition et d'une délimitation dans un climat
d'opposition et de contestation avant Montego de 1982. Elle a un régime juridique fixé par ladite
convention.

§ I : Définition et délimitation

La mer territoriale est une zone maritime adjacente, c'est-à-dire voisine, aux eaux
intérieures. Elle est un prolongement maritime du territoire terrestre. En d'autres termes, elle
s'intègre même dans le territoire de l'Etat côtier.

Sa délimitation définitive a eu du mal à avoir lieu pour défaut d'accord. Tout d'abord, à la
ème
suite de la reconnaissance de « la liberté des mers » au 17 siècle, la souveraineté de l'Etat
côtier sur une frange maritime le long de ses côtes a été consacrée pour des raisons de sécurité.
Bynkershoek dans son ouvrage De domino maris (1702) traduisait cela en affirmant que « le
pouvoir de l'Etat finit là où finit la force de ses armes ». En 1782, Galiani avait proposé que la
largeur de mer territoriale soit fixée à 3 milles, ce qui correspondait à la portée moyenne des
canons à cette époque. Les grandes puissances de cette période s'y étaient ralliées mais cette
distance n'a jamais fait l'unanimité. Charles de Visscher (Théories et réalités en DIP, 1970) dit
à cet effet que la largeur de la mer territoriale « n'avait sans doute jamais acquis une autorité
universelle ».

En conséquence, beaucoup d'Etats avaient fait des délimitations unilatérales. Avant la


signature de la CMB, le Sénégal, qui avait adhéré aux Conventions de Genève de 1958 sur le
droit de la mer, avait fixé en 1961[8] la largeur de la mer territoriale à une distance de 6 milles
marins à partir des lignes de base. Par la suite, en 1968, afin de « protéger les fonds de pêche
:
traditionnels de ses nationaux », il a étendu sa mer territoriale à 12 milles marins. Le 3 juin
1971, le Sénégal dénonça les Conventions de Genève de 1958. Le Président Senghor affirmait à
cette époque que le droit international de la mer ne permettait d'assurer « ni la conservation des
pêcheries, ni la protection des droits spéciaux de l'Etat côtier, ni la promotion des pays en voie
de développement lorsque cette promotion dépend en grande partie de l'exploitation des
richesses au large de leurs côtes ». Il adopta alors une délimitation unilatérale des eaux
territoriales du pays en 1976 par une nouvelle loi afin de pallier[9] « l'incapacité de la
Communauté Internationale de se mettre d'accord sur un nouveau droit de la mer qui s'impose à
tous les Etats et qui organise de manière équitable l'exploitation des ressources halieutiques ».
La largeur de la mer territoriale du Sénégal est portée à 150 milles mesurée à partir des lignes de
base. La CMB qui va la porter à 12 milles marins à partir des lignes de base (article 3). C'est
ainsi qu'avant de la ratification par le Sénégal de la Convention sur le droit de la mer le 25
octobre 1984, le Sénégal avait déjà abrogé cette loi de 1976 pour la remplacer par la loi n° 85-14
du 25 février 1985. Ce dernier texte prévoit à son article 2 que la mer territoriale s'étend sur 12
milles marins déterminé à partir des lignes de base : « La mer territoriale est fixée à une distance
de 12 milles marins à partir des lignes de base dont les points de référence sont fixés par
décret ». C'est le décret n° 90-670 du 16 juin 1990 qui fixe les lignes de base au Sénégal. Ce
décret a été remplacé par le décret 2014-1062 du 5 septembre 2014 qui fixe désormais les lignes
de base au Sénégal.

Lorsque deux Etats ont des côtes adjacentes ou se font face, l'article 15 de la CMB règle
le problème en ces termes : « Lorsque les côtes de deux Etats sont adjacentes ou se font face, ni
l'un ni l'autre de ces Etats n'est en droit, sauf accord contraire entre eux, d'étendre sa mer
territoriale au-delà de la ligne médiane dont tous les points sont équidistants des points les plus
proches des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale de
chacun des deux Etats. Cette disposition ne s'applique cependant pas dans le cas où, en raison
de l'existence de titres historiques ou d'autres circonstances spéciales, il est nécessaire de
délimiter autrement la mer territoriale des deux Etats ».

Ce texte consacre deux principes importants à savoir : l'équidistance et la ligne médiane.


A défaut pour chacun des Etats d'avoir 12 milles marins, il ne peut y avoir recours qu'à ces deux
principes pour un partage équitable de l'espace marin.

§ II : Régime juridique de la mer territoriale

Il s'agit en réalité d'une zone maritime où s'étend la souveraineté de l'Etat. L'Etat côtier y
exerce des compétences exclusives tant en matière économique qu'en matière de police.
:
En vertu de l'article 3 de la loi de 1985 précitée, «Le Sénégal exerce sa souveraineté sur
toute l'étendue de sa mer territoriale ». Cette souveraineté s'étend, en vertu des alinéas 1 et 2 de
l'article 1 de CMB, à l'espace aérien au dessus de la mer territoriale ainsi qu'au fond de cette mer
et à son sous-sol.

Cependant, le droit international impose à l'Etat côtier de respecter les droits reconnus
aux autres Etats. Le plus important parmi ces droits est le droit de passage inoffensif. En vertu de
l'article 17 de la CMB « Sous réserve de la Convention, les navires de tous les Etats, côtiers ou
sans littoral, jouissent du droit de passage inoffensif dans la mer territoriale ».

Dans ce texte, l'expression centrale est « passage inoffensif ». Le caractère inoffensif du


passage est formel s'il ne porte pas atteinte à la paix, au bon ordre ou à la sécurité de l'Etat côtier
(Article 19 de la CMB).

Le droit de passage inoffensif est une coutume ancienne figurant aujourd'hui aux articles
17 et suivants de la CMB. Il s'agit d'un passage pour entrer ou sortir des eaux territoriales, vers
ou depuis un port de l'Etat côtier. Il doit être continu et rapide mais le navire peut s'arrêter et
mouiller en cas d'incidents ordinaires de navigation, cas de force majeure, de détresse ou dans le
but de porter secours à des personnes, des navires ou des aéronefs en danger.

Au Sénégal, la législation a pris en compte le droit de passage inoffensif. Elle dispose en


vertu de l'article 5 de la Loi de 1985 sur les délimitations maritimes que « [l]es dispositions ci-
dessus concernant la mer territoriale ne portent pas atteinte au droit de passage inoffensif
reconnue à tous navires étrangers, conformément à la Convention des Nations Unies sur le Droit
de la Mer, signée par le Sénégal, le 10 décembre 1982, à Montego Bay (Jamaïque) ».

Section III : La zone économique exclusive (ZEE)

Cet espace a fait l'objet d'une définition et d'une délimitation par la CMB. Son régime
juridique est également fixé par ladite convention.

§ I : Définition et délimitation

La zone économique exclusive est une zone maritime située au delà de la mer territoriale
et adjacente à celle-ci.

Cette zone a une histoire particulière dans le droit de la mer. Elle a été créée dans un
ème
climat difficile. Sa création fut l'un des grands enjeux de la 3 conférence des Nations unies sur
le droit de la mer (1973-1982). Les Etats côtiers avaient affiché leur détermination à avoir plus
d'espace dans la mer depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ils s'étaient basés sur les
:
proclamations du Président Truman du 28 septembre 1945. Ces proclamations portaient d'une
part, des revendications pour les Etats-Unis sur le fait d'avoir, la juridiction, le contrôle sur le lit
de la mer et le sous-sol du plateau continental. Elles portaient d'autre part des revendications
pour autoriser le gouvernement américain à édicter des mesures de conservation et de protection
des ressources halieutiques dans la haute mer adjacente à la côte de ce pays. S'en suivront de
nombreuses déclarations unilatérales revendiquant des droits souverains sur une zone
adjacente[10]. Ainsi par exemple, par la déclaration sur la zone maritime signée le 18 août 1952,
le Chili, le Pérou et l'Equateur proclament la souveraineté et la juridiction exclusive sur la mer
qui baigne leurs côtes jusqu'à une distance minimum de 200 milles marins (370Km). Ces Etats
ajoutent aussi le sol et le sous-sol de cette zone. Cette période était assez chaotique pour le droit
de la mer. Elle s'achèvera avec la CMB qui va créer une nouvelle zone maritime : la zone
économique exclusive (ZEE).

Elle prolonge la mer territoriale vers le large sur 188 milles au plus soit un total de 200
milles à partir des lignes de base : « La zone économique exclusive ne s'étend pas au-delà de 200
milles marins des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer
territoriale » (Article 57 CMB). La ZEE est également définie et délimitée dans la loi portant
Code de la marine marchande de 2002. Il est précisé à l'article 7 de ce code qu'elle ne s'étend
pas au delà de 200 milles marins à partir des lignes de base. On rappelle que la mer territoriale
est de12 milles marins ; (12 + 188 = 200)

En 1972, pour réglementer la ZEE, le Sénégal a institué une « zone de pêche » au delà de
la mer territoriale. Le but recherché était de permettre à l'Etat de bénéficier de ses ressources
halieutiques mais également d'encourager l'expansion des industries nationales évoluant dans la
pêche. Au départ, le droit de la pêche était formé de nombreux textes dispersés. Une codification
était devenue par la suite nécessaire. C'est pourquoi, le 2 juillet 1976, une loi a été adoptée et elle
a consacré l'existence d'un code de la pêche maritime au Sénégal. L'établissement de la ZEE
sénégalaise y est alors présenté comme « un mécanisme de défense et non à une appropriation
ou une extension ». L'objectif était de préserver les ressources marines contre l'exploitation par
des navires battant pavillon étranger munis de techniques de pêche très avancée. L'article 2 du
code des pêches maritimes de 1976 définissait la ZEE comme étant constituée par une mer
territoriale de 150 milles marins dont une zone de pêche de 50 milles. Dans ces limites, l'Etat
pouvait ainsi accorder le droit de pêche d'une part aux navires sénégalais et d'autre part, pour
l'excédent des stocks, aux navires étrangers. Conformément à la Convention de Montego Bay, le
code de la pêche réformé en 1998 a modifié ces dispositions. La ZEE s'étend désormais sur une
largeur de 200 milles marins calculés à partir des lignes de base ayant servi à mesurer la mer
territoriale. Cette distance maintenue par le nouveau code de la pêche adopté en 2015.
:
Lorsque, entre deux Etats séparés par une mer alors qu'aucun d'eux ne peut disposer d'un
ZEE de 200 milles marins, il est procédé à la théorie de l'équidistance et de la ligne médiane.
C'est la situation que l'on trouve dans l'Accord entre la République de Chypre et la République
arabe d'Egypte sur la délimitation de la ZEE signé le 17 février 2003. L'article 1 de cet accord
dispose : « La zone économique exclusive entre les deux Parties est délimitée par la ligne
médiane dont tous les points sont équidistants des points les plus proches des lignes de base des
deux parties ».

§ II : Le régime juridique

Le régime juridique de la ZEE ne confère pas aux Etats côtiers une souveraineté sur
l'ensemble de cet espace comme en mer territoriale. C'est un régime qui va bien au-delà de
quelques prérogatives octroyées dans la zone contiguë. En effet, dans cette ZEE, l'Etat côtier a
des droits souverains et une juridiction non pas générale mais sur des domaines spécifiques. Il a
des droits souverains « aux fins d'exploration et d'exploitation, de conservation et de gestion des
ressources naturelles, biologiques ou non biologiques, des eaux surjacentes aux fonds marins,
des fonds marins et de leurs sous-sol, ainsi qu'en ce qui concerne d'autres activités tendant à
l'exploration et à l'exploitation de la zone à des fins économiques, telles que la production
d'énergie à partir de l'eau, des courants et des vents ». L'Etat côtier a juridiction, conformément
aux dispositions pertinentes de la Convention en ce qui concerne la mise en place et l'utilisation
d'îles artificielles, d'installations et d'ouvrages ; la recherche scientifique marine ; la protection et
la préservation du milieu marin (Article 56 CMB).

Les autres Etats, qu'ils soient sans littoral ou non ont un certain de nombre de droit
comme le prévoit l'article 58 CMB : « Dans la zone économique exclusive, tous les Etats, qu'ils
soient côtiers ou sans littoral, jouissent, dans les conditions prévues par les dispositions
pertinentes de la Convention, des libertés de navigation et de survol et de la liberté de poser des
cibles et pipelines sous-marins visées à l'article 87, ainsi que de la liberté d'utiliser la mer à
d'autres fins internationalement licites liées à l'exercice de ces libertés et compatibles avec les
autres dispositions de la Convention, notamment dans le cadre de l'exploitation des navires,
d'aéronefs et de câbles et pipelines sous-marins ».

Section IV : La zone contiguë

Comme les autres parties de la mer, elle a fait l'objet de définition et de délimitation d'une
part et d'autre part, elle a son régime juridique.

§ I Définition et délimitation
:
Consacrée par la Convention de Genève de 1958 sur la mer territoriale et la zone
contiguë, cette zone apparaît comme une notion de compromis. Elle avait alors permis de contrer
la volonté de plusieurs Etats d'étendre leur mer territoriale à 12 milles marins. En effet, dans le
texte de cette Convention de 1958, la mer territoriale était maintenue à une largeur de 3 milles
tandis qu'était créée une zone contiguë d'une largeur de 12 milles marins dans laquelle l'Etat peut
exercer certaines compétences strictement limitées. Bien que l'extension de la mer territoriale à
12 milles marins est acquise dans le texte de la CMB, la zone contiguë est maintenue et étendue
jusqu'à 24 milles marins des lignes de base (12 milles marins de la mer territoriale + 12 milles
marins de la Zone contiguë = 24 milles marins).

Au Sénégal, la loi n° 85-14 prévoit que la zone contiguë de 12 milles marins est mesurée
à partir de la limite extérieure de la mer territoriale (Article 2 de la loi n° 85-14 ; article 30 de la
Loi 2014-10 du 28 février 2014 portant code des douanes du Sénégal).

§ II : Régime juridique

Dans le cadre de cette zone, l'Etat côtier peut exercer des compétences de police dans
deux cas de figure, prévenir ou réprimer des infractions à ses lois et règlements douaniers,
fiscaux, sanitaires ou d'immigration commises ou qui pourrait l'être sur son territoire ou dans sa
mer territoriale (Article 33 CMB). Le champ d'application des compétences considérées de l'Etat
côtier englobant la législation sanitaire, elle inclut la lutte contre les espèces invasives, la
pollution.

En vertu de l'article 4 de la loi n° 85-14, le législateur sénégalais rappelle les compétences


de l'Etat riverain dans la zone contiguë : il s'agit de pouvoirs de police en matière douanière,
fiscale, sanitaire et d'immigration : « Dans la zone contiguë, le Sénégal exerce le contrôle
nécessaire en vue de prévenir les infractions à ses lois et règlements douaniers, fiscaux,
sanitaires et d'immigration sur son territoire ou dans sa mer territoriale et de réprimer les
infractions à ces mêmes lois et règlements commises sur son territoire ou dans sa mer
territoriale ».

Section V : Le plateau continental

Comme les autres parties de la mer, Il a fait l'objet de définition et de délimitation d'une
part et d'autre part, elle a son régime juridique.

§ I : Définition et délimitation
:
Le plateau continental[11], prolongement du territoire, est longtemps resté hors de
l'emprise de l'Etat côtier. En 1945, la proclamation Truman revendique pour les Etats-Unis la
juridiction et le contrôle sur le lit de la mer et le sous-sol du plateau continental. La CMB définit
le plateau continental comme suit : « Le plateau continental d'un Etat côtier comprend les fonds
marins et leur sous-sol au-delà de sa mer territoriale, sur toute l'étendue du prolongement
naturel du territoire terrestre de cet Etat jusqu'au rebord externe de la marge continentale, ou
jusqu'à 200 milles marins des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer
territoriale, lorsque le rebord externe de la marge continentale se trouve à une distance
inférieure » (Article 76.1 CMB). Lorsque la longueur du plateau continental d'un Etat côtier
s'étend au delà des 200 milles marins autorisées par la CMB depuis les lignes de base, celui-ci
peut en demander l'extension auprès de la Commission des Limites du Plateau Continental
(CLPC), institution créée par l'Annexe II de la CMB. Le plateau continental d'un Etat peut être
étendu jusqu'à 50 milles marins au plus du pied du talus continental[12] et soit à une distance
n'excédant pas 350 milles marins des lignes de base. L'Etat côtier qui se propose de fixer, la
limite extérieure de son plateau continental au-delà de 200 milles marins, doit soumettre à la
#
CLPC les caractéristiques de cette limite, avec données scientifiques et techniques à l'appui dès
que possible et, en tout état de cause, dans un délai de 10 ans à compter de l'entrée en vigueur de
la Convention de Montego Bay pour cet Etat (article 4 de l'Annexe II CMB).

COMMISSION DES LIMITES DU PLATEAU CONTINENTAL (CLPC)

L'idée de créer cette commission provient des Etats-Unis en 1975. L'article 76 al. 8 de la CMB prévoit son
existence.
Composition :
21 membres (experts en géologie, géophysique et hydrographie), élus par les Etats parties à la CMB, mandat 5 ans
renouvelable.
Organes :
Le bureau : un Président et 4 vice-présidents, mandat 2 ans et demi, rééligibles, élection par les membres de la
CLPC.
Le secrétariat : assuré le SG des Nations unies
Fonctionnement :
Les sous-commissions : 7 membres de la CLPC, aucun d'eux ne peut être ressortissant de l'Etat dont la demande
d'extension du plateau continental est examinée.
La sous-commission examine le dossier en premier lieu. Elle donne ses recommandations qui vont être approuvées
ou modifiées par la CLPC.
Réunions : 1 fois par an au siège de l'ONU (session plénière) ; convocation faite par le SG
Documents de base : Règlement intérieur + Modus operandi + Directives scientifiques. Le 30 avril 2004, le
Règlement intérieur et le Modus operandi ont été fusionnés pour former le Règlement de procédure.
Procédure d'examen de la demande d'extension du Plateau continental
Durée normale : 18 mois mais, elle peut s'étaler sur plusieurs années
Pout faire la demande, il faut avoir un plateau continental qui s'étend au-delà des 200 milles marins et il ne faut
avoir de contentieux avec les autres Etats sur le lieu concerné par l'extension.
Le dossier contenant la demande d'extension du plateau continental est envoyé par l'Etat côtier au SG de l'ONU.
Dès réception, le SG avise la CLPC et les autres Etats. Ces derniers peuvent contester les données fournies dans le
dossier.
:
Une sous-commission est désignée pour examiner la demande. La sous-commission donne ses recommandations à
la fin de ses travaux. Les membres décident par consensus ou à défaut par un vote à la majorité absolue.
La CLPC, en session ordinaire, examine le dossier avec les recommandations de la sous-commission. Elle
approuver ou modifier les recommandations de la sous-commission. Elle décide par consensus ou à défaut par vote
à la majorité absolue.
Lorsque la CLPC donne ses recommandations, elle laisse le soin au SG de les transmettre à l'Etat côtier demandeur.
Les recommandations peuvent être favorables ou non. En cas de recommandations favorables, elles ne fixent pas
les limites nouvelles du plateau continental étendu. Il appartient à l'Etat demandeur de le faire.
Lorsque l'Etat côtier est en accord avec la CLPC, il fixe les limites du plateau continental sur la base des
recommandations de cette dernière. C'est ainsi que les cartes et la liste des coordonnées des limites du plateau
continental sont publiées. Les limites vont être considérées comme définitives.
Lorsque l'Etat côtier est en désaccord avec la CLPC, il révise sa demande initiale ou formule une nouvelle
demande.
Gestion de la partie du plateau continental concernée par l'extension
Avant l'extension, cette partie étendue du plateau continental était intégrée dans la Zone, c'est-à-dire les fonds
marins sous la haute mer. La Zone est un patrimoine commun de l'humanité. Ainsi, en étendant le plateau
continental, la partie concernée par l'extension doit être gérée en versant une partie des revenus d'exploitation à
l'Autorité des fonds marins qui gère la Zone. L'Autorité est une organisation internationale créée par la CMB et qui
a son Siège à Kingston en Jamaïque.
Pour la gestion de la zone d'extension du plateau continental, les 5 premières années sont gratuites. A partir de la
ème
6 année jusqu'à 12 ans, l'Etat côtier vers 1 % à l'Autorité ; à partir des 12 ans, l'Etat côtier verse 7 % à l'Autorité.

S'agissant de la définition du plateau continental sénégalais, il comprend le fond de la mer


et le sous-sol des zones sous-marines qui s'étendent au-delà de la mer territoriale sur toute
l'étendue du prolongement naturel du territoire terrestre jusqu'au rebord externe de la marge
continentale, jusqu'à une distance de 200 milles marins des lignes de base (Article 6 loi 85-14 du
2 févr. 1985).

En application de l'article 76 de la CMB, le Sénégal a demandé l'extension de son plateau


continental au delà des 200 milles marins de ses lignes de base auprès de la CLPC. Le 12 mai
2009, avec l'appui de la Norvège, il a constitué et déposé auprès du Secrétaire Général de la
CLPC un dossier d'informations indicatives des limites extérieures de son plateau continental,
conformément à la décision SPLOS/183 de la conférence des parties à la Convention sur le droit
de la mer. Par la suite, sept Etats côtiers d'Afrique de l'ouest ont signé un accord-cadre de
coopération sous régionale sur la fixation des limites extérieures du plateau continental au-delà
de 200 milles marins : le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le
Sénégal et la Sierra Leone. Cet accord a été conclu à New York le 21 septembre 2010 par les six
premiers Etats. La Sierra Leone s'y est rattachée par la suite. Le 25 septembre 2014, les 7 Etats
signataires de cet accord ont déposé conjointement une demande d'extension des limites
extérieures de leur plateau continental (affaire en cours d'examen).

§ II : Le régime juridique
:
L'Etat côtier a des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration
et de l'exploitation de ses ressources naturelles biologiques et non biologiques (Article 77 CMB).
Il a le droit exclusif d'autoriser et de règlementer les forages sur son plateau continental (article
81 CMB). Mais dans l'exercice de ses droits souverains, l'Etat côtier ne doit pas porter atteinte à
la navigation ou aux droits et libertés reconnus aux autres Etats par la CMB. Ainsi par exemple
tous les Etats ont le droit de poser des câbles et des pipelines (article 78 CMB). Il convient enfin
de signaler que lorsqu'il exploite les ressources non biologiques de son plateau continental au-
delà de 200 milles marins, l'Etat côtier s'acquitte de contributions en espèces ou en nature à ce
titre, qu'il verse à l'Autorité qui est une institution créée par la Convention de Montego Bay
principalement pour la gestion de l'exploitation des ressources minérales de la Zone des grands
fonds marins. Les pays en développement sont exemptés de cette contribution lorsqu'ils sont
importateurs net d'un minéral extrait de son plateau continental (Article 82 CMB).

Dans toute cette zone, le Sénégal exerce des droits souverains et exclusifs aux fins de son
exploration et de l'exploitation de ses ressources naturelle : « Sur toute l'étendue du plateau
continental, le Sénégal exerce des droits souverains et exclusifs aux fins de son exploration et de
l'exploitation de ses ressources naturelles » (Article 7 loi 85-14 du 2 févr. 1985).

Section VI : Les eaux archipélagiques

Comme les autres parties de la mer, elles ont fait l'objet de définition et de délimitation
d'une part et d'autre part, elles a un régime juridique particulier.

§ I : Définition et délimitation

On appelle « eaux archipélagiques » l'espace marin à l'intérieur d'un périmètre établi par
un Etat archipel. Un archipel est un ensemble d'îles y compris des parties d'îles, les eaux
attenantes et les autres éléments naturels qui ont les uns et les autres des rapports si étroits qu'ils
forment intrinsèquement un tout géographique, économique et politique ou qu'ils sont considérés
historiquement comme tels. Un Etat archipel est, selon l'article 46 de la CMB, « un Etat constitué
entièrement par un plusieurs archipels et éventuellement par d'autres îles ».

Les eaux archipélagiques constituent une catégorie particulière d'espace maritime. Elles
ne se confondent ni avec les eaux intérieures, ni avec la mer territoriale. En fait, l'Etat archipel
est autorisé à disposer d'eaux intérieures et de mer territoriale (article 50 et 48 de CMB).

Pour la délimitation, on considère que les lignes de base archipélagiques constituent le


point de départ de la délimitation des différentes zones maritimes entourant l'Etat archipel, à
l'exclusion des eaux intérieures.
:
En vertu de l'article 47 de la CMB : « Un Etat archipel peut tracer des lignes de base
archipélagiques droites reliant les points extrêmes des Iles les plus éloignées et des récifs
découvrants de l'archipel à condition que le tracé de ces lignes de base englobe les îles
principales et définisse une zone où le rapport de la superficie des eaux à celle des terres, atolls
inclus, soit compris entre 1 à 1 et 9 à 1.

2. La longueur de ces lignes de base ne doit pas dépasser 100 milles marins, toutefois, 3
p. 100 au maximum du nombre total des lignes de base entourant un archipel donné peuvent
avoir une longueur supérieure, n'excédant pas 125 milles marins.

3. Le tracé de ces lignes de base ne doit pas s'écarter sensiblement du contour général de
l'archipel ».

§ II : Le régime juridique

L'article 49 de la CMB affirme la souveraineté de l'Etat archipel sur ses eaux, le sol et le
sous-sol, l'espace aérien de tout l'archipel. Cette souveraineté est règlementée dans la mesure où
il n'est pas question d'admettre la résurrection de la théorie de mare clausum et les eaux
archipélagiques ne sauraient être assimilées aux eaux intérieures.

Les droits des Etats voisins sont protégés : l'Etat archipel est tenu par une obligation de
négocier et de conclure des accords bilatéraux confirmant les intérêts légitimes de ces Etats et les
droits de pêche traditionnels (Article 51 CMB). La liberté de navigation de tous les Etats est
garantie : un droit de passage leur est reconnu, droit qui est similaire de transit appliqué dans le
cadre des détroits.

Décret-loi n° 37[13] du Gouvernement indonésien sur les droits et obligations des navires
et aéronefs étrangers exerçant le droit de passage dans les voies archipélagiques désignées du 28
juin 2002 (Article 4) : « Les navires et aéronefs étrangers qui exercent le droit de passage dans
les eaux archipélagiques doivent transiter sans tarder à travers ou au-dessus des voies de
circulation archipélagiques en mode normal, aux seules fins d'un passage continu, rapide et sans
interruption [...] Dans l'exercice de leur droit de passage dans les eaux archipélagiques, les
navires de guerre ou aéronefs militaires étrangers n'ont pas le droit de mener des exercices
militaires ou d'exercices faisant appel à des armes munies de munitions ».

Section VII : Les détroits

Ils font l'objet de définition et leur régime est particulier dans le sens où ils sont des lieux
de passage dense de navire.
:
§ I : Définition

Les détroits sont des couloirs naturels par opposition aux canaux qui sont creusés par
l'homme. Les détroits mettent en communication donc deux zones maritimes. Ils sont, en
quelque sorte, des bras de mer étroits, cernés par des terres, et qui font communiquer deux
espaces maritimes. On peut les considérer comme des traits d'union entre ces espaces maritimes
et les terres qui les bordent en ces endroits précis, s'ils sont relativement étroits. Dans le cadre de
la communication, ils sont des points de passage obligés, ils concentrent les flux, locaux et en
transit, et constituent des maillons sensibles des routes maritimes, faciles à fermer ou dont la
sécurité de navigation peut être remise en cause.

Toutefois, ils ne sont pris en considération par le droit international de la mer que s'ils
servent à la navigation internationale. La CIJ juge que le détroit doit être « une route utile au
trafic international » (Affaire du Détroit de Corfou 1949), mais on ne tient pas compte de la
densité du trafic ni de l'importance que le détroit présente pour la navigation.

§ II : Régime juridique

Le Droit international de la mer ne règlement que les eaux du détroit servant à la


navigation. Le régime applicable dans cette zone est un compromis entre l'exigence de contrôle
des Etats riverains du détroit soucieux de sauvegarder l'exercice de leur et la protection du milieu
contre les pollutions à cause du trafic et d'une part les grandes puissances soucieuses de
supprimer ou de limiter les restrictions au passage.

Cela donne lieu à deux modalités de passage : le passage en transit et le passage


inoffensif

Le passage en transit est reconnu aux navires et aux aéronefs de tous les pays dans les
détroits mettant en communication deux zones maritimes dans lesquels la navigation est libre
(haute mer et ZEE).

Le passage en transit est une invention de la CMB et il est défini par l'article 38 de cette
convention comme « l'exercice de la liberté de navigation et de survol à seule fin de transit
continu et rapide par le détroit ».

Particularité du passage en transit par rapport au passage inoffensif :

-reconnaissance de la liberté de survol ;


-faculté pour les sous-marins de passer en plongée ;
-interdiction faite aux Etats riverains de le suspendre.
:
Les Etats riverains ont le droit de mettre en place des règles qui ne doivent pas entraver le
passage dans le détroit. Il peut s'agir de règles interdisant la pêche, la pollution, la sécurité de la
navigation ou permettant de réguler le trafic maritime.

Chapitre II : Le régime de l'espace internationalisé ou coexistence des souverainetés

L'espace internationalisé comprend la haute mer et la zone constituée des fonds marins.

Section I : La haute mer

Comme tous les espaces marins, la haute mer a fait l'objet d'une définition d'une
délimitation. Elle a un régime juridique.

§ I : Définition et délimitation

La haute mer a une définition négative produite par l'article 86 la convention de Montego
Bay. : Il s'agit « de toutes les parties de la mer qui ne sont comprises ni dans la zone économique
exclusive, la mer territoriale ou les eaux intérieures d'un Etat, ni dans les eaux archipélagiques
d'un Etat archipel ». La haute mer commence à la fin de la zone territorialisée de l'Etat, vu
territorialisé. La haute mer peut être vaste ou resserrée ou même inexistante dans les lieux
d'application de la théorie de l'équidistance et de la ligne médiane.

§ II : Le régime juridique de la liberté sur la haute mer

Le régime de la haute mer est caractérisé par le principe de la liberté et par l'application
de la loi du pavillon. Toutefois, il existe des activités prohibées

Les controverses théoriques et historiques sur le statut de la haute mer res nullius ou res
commuais n'ont pas empêché l'imposition du principe de la liberté de la haute mer. Celle-ci est
devenue une règle fondamentale du droit international. La liberté de la haute mer correspondait
aux intérêts des grandes Puissances maritimes au moment de sa consécration par la pratique
ème
coutumière au 19 siècle. Toutefois, ce principe n'a jamais été remis en cause par les
différentes conférences internationales consacrées au droit de la mer. Cette liberté a été
essentiellement l'expression du refus de toute appropriation nationale de l'espace maritime. Elle
signifie de nos jours l'interdiction pour un Etat d'exercer sa juridiction ou son autorité à l'égard
des navires étrangers. La jouissance de cette liberté de la haute mer est reconnue à tous les Etats,
qu'ils soient côtiers ou non-côtiers, mais le contenu de cette liberté n'est pas absolu. Toutes les
:
activités humaines qui peuvent avoir comme cadre d'exercice la haute mer ne jouissent pas de
plein droit du régime de la liberté de la haute mer ; il y a en effet des libertés consacrées et des
activités qui sont prohibées.

1. Les libertés consacrées

Les libertés consacrées sont celles qui ont trait, à titre principal, aux usages traditionnels
de la mer, mais également aux utilisations nouvelles imposées par le progrès technologique et le
développement de la connaissance scientifique. Parmi les libertés traditionnelles, on peut
retrouver la liberté de navigation, la liberté de la pêche, la liberté de poser des câbles et des pipe-
lines sous-marins, ainsi que la liberté de survol. A ces libertés traditionnelles, il convient
d'ajouter de nouvelles libertés : la liberté de la recherche scientifique et la liberté de construire
des îles artificielles et autres installations.

2. Les activités prohibées

Certaines activités sur la haute mer sont interdites. Il s'agit de l'inte rdiction des essais
nucléaires en haute mer, entrepris dans l'espace extra-atmosphérique, dans l'atmosphère, mais
aussi sous l'eau. Cette prohibition résulte explicitement du traité portant interdiction partielle des
essais nucléaires de 1963. Elle a été implicitement confirmée par la convention de 1982 au titre
du régime de l'utilisation pacifique des océans. De même, est également interdit sur la haute mer
le trafic des esclaves. Enfin, la convention de 1982 confirme l'illicéité de la piraterie, du trafic
de stupéfiants et de substances psychotropes, ainsi que celle des émissions non autorisées
diffusées depuis la haute mer à destination du grand public. Le souci a été de veiller à ce que
la liberté de la haute mer ne serve pas de prétexte à la constitution de zones refuges pour
l'accomplissement en toute impunité d'activités nuisibles à la vie sociale. Les besoins de
répression expliquent le recours à la loi du pavillon pour le régime juridique de la haute mer.

§ III La loi du pavillon

La loi du pavillon régit les activités sur la haute mer. Cela signifie que la compétence de
l'Etat dont le pavillon est porté par un navire est exclusive et plénière.

Pour les navires de guerre, le caractère exclusif et plénier de la compétence a une portée
absolue. En revanche, pour les navires marchands, le problème de l'exclusivité de la plénitude de
la compétence est atténué par les règles de conflit de lois, au sens du droit international privé en
matière civile. Mais elle est absolue en matière de répression des infractions pénales. En matière
d'exercice des actes de contrainte, pour la mise en oeuvre des pouvoirs de police de l'Etat du
:
pavillon, se pose le problème de l'exclusivité de la compétence de l'Etat du pavillon. En effet, les
modes d'intervention comprennent l'approche, la reconnaissance et l'enquête du pavillon lorsqu'il
s'agit de vérifier les documents de bord ; la visite et l'inspection qui suivent l'arraisonnement du
navire si des soupçons subsistent après l'enquête du pavillon, le déroutement, la saisie et
l'immobilisation, la confiscation et, à l'extrême limite, la destruction lorsque le navire constitue
un danger grave, notamment pour l'environnement marin, peuvent être envisagés. En raison des
problèmes politiques et aussi juridiques liés à ces questions de police sur la haute mer, les Etats
sont amenés à faire montre de précautions pour éviter de créer des incidents diplomatiques et de
commettre un abus de pouvoirs sur le plan juridique. C'est la raison pour laquelle l'intervention
d'un Etat étranger, à l'encontre d'un navire autre que celui de la nationalité, requiert une
disposition expresse. Les seules exceptions à l'exclusivité de la compétence, concernent la
piraterie, le trafic et la traite des esclaves. Le trafic illicite des stupéfiants soulève plus de
difficultés et l'article 108 de la convention de Montego Bay invite les Etats à coopérer pour la
répression de ce type d'activité. L'importance du pavillon dans la réglementation du régime
juridique de la haute mer, a une autre implication importante : le droit des Etats à un pavillon,
quelle que soit la situation juridique et géographique de cet Etat. La convention n'établit aucune
distinction entre les Etats côtiers et les Etats sans littoral. Ce droit au pavillon est intimement lié
au droit reconnu à chaque Etat de développer ses activités sur tous les plans et dans tous les
domaines.

Pour que ce régime des libertés soit réalité, une condition est souhaitée en ce qui concerne
le pavillon : l'effectivité du droit de juridiction et de contrôle de l'Etat du pavillon sur ses navires.
Sur le plan juridique, les Etats disposent d'une compétence discrétionnaire en ce qui concerne les
conditions d'octroi du droit au pavillon aux différents navires. Mais, face au développement de la
pratique des pavillons de complaisance, et aux risques de tous ordres inhérents à ces pratiques, le
problème s'est posé de savoir s'il fallait déterminer en droit international les critères essentiels à
l'octroi du pavillon

La Commission du droit international, dans la préparation des conventions de Genève en


1958 et 1960, tenta de rappeler le caractère nécessaire du lien substantiel et réel entre l'Etat et le
pavillon revendiqué par le navire. Tant à la conférence de Genève de 1958 qu'à celle de la
troisième conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, seule a été retenue la formule
selon laquelle était souhaitée un lien substantiel entre l'Etat et le navire qui revendique sa
nationalité. Tout effort de précision portant sur l'étendue du droit de direction et de contrôle de
l'Etat du pavillon sur le navire a échoué. Un problème se pose : quelle est la position du droit
international vis-à-vis des dispositions et actes octroyant une nationalité à un navire au mépris de
l'existence de ce lien substantiel mentionné dans les dispositions des conventions de Genève et
:
de 1982. En dernière analyse, c'est au niveau du rattachement à l'Etat du pavillon des actes
illicites effectués par les navires battant son pavillon en haute mer, que le problème pourrait
éventuellement trouver une solution en droit positif.

Section II : La Zone

L'expression « Zone » a été utilisée pour la première fois par l'ambassadeur maltais
er
Arvid Pardo, dans son discours prononcé le 1 novembre 1967 devant l'Assemblée générale des
Nations unies. Pardo avait proposé de réserver les fonds marins et le son sous‐sol, au‐delà des
juridictions nationales, à des fins exclusivement pacifiques et à l'utilisation de leurs ressources
pour l'intérêt commun de l'humanité. Il avait cette idée ans le but de prévenir les dommages
résultant de l'appropriation des ressources des fonds marins par les Etats. Cette allait bien au‐delà
du régime qui a finalement été adopté par la CMB. Dans la convention, la Zone prend en compte
uniquement les ressources minérales sur le sol, ou en dessous, y compris les nodules
polymétalliques (Art. 133 CMB).

Aucun Etat ne peut revendiquer ni exercer de souveraineté ou de droits souverains sur


une partie quelconque de la Zone (Art. 137 CMB). Les objets de caractère archéologique ou
historique trouvés dans la Zone sont également à considérer dans le cadre de la Convention (Art.
149 CMB).

L'Autorité internationale des fonds marins est une organisation internationale autonome
qui organise et contrôle les activités dans la Zone, en vue d'administrer ses ressources minérales
(Art. 157 CMB). L'Autorité est devenue pleinement opérationnelle en juin 1996 et a son siège à
Kingston, en Jamaïque (Art. 156 CMB). Cette est composée de trois organes principaux
(l'Assemblée, le Conseil et le Secrétariat) et de deux organes spécialisés (la Commission
juridique et technique et le Comité des finances) (Art. 158 et 163 CMB). Le Conseil joue le
principal rôle. La Convention prévoyait la création d'un bras minier de l'Autorité, appelé
l'Entreprise, mais à la suite de l'Accord d'application de 1994, ce bras minier n'a pas été établi
comme une entité indépendante.

L'Autorité exerce ses pouvoirs conformément au régime établi dans la Partie XI de la


Convention et de l'Accord d'application de 1994 (Accord relatif à l'application de la partie XI de
la Convention). Cet accord est une véritable révision du régime convenu en 1982.

Les compétences fondamentales de l'Autorité sont de réglementer l'exploration et


l'exploitation minière dans les fonds marins, et de s'assurer que l'environnement marin est
protégé contre tout effet nocif qui surviendrait pendant les activités d'exploration et d'exploitation
minières (Art. 145 CMB). L'Autorité a également des compétences accessoires (Art. 157 CMB).
:
Elle a également la responsabilité de promouvoir et d'encourager la recherche scientifique marine
dans la Zone et de diffuser les résultats de ces recherches (Art. 143 et 256 CMB). En revanche,
l'Autorité n'a pas compétence sur d'autres activités dans les fonds marins et leur sous‐sol, ainsi
que toute activité dans la colonne d'eau au‐dessus des grands fonds. La réglementation ou le
contrôle des activités telles que la navigation, la pêche, la bioprospection des ressources
génétiques, la recherche scientifique marine en général et la pose de câbles ou de pipelines ne
sont pas inclus dans les compétences de l'Autorité (Art. 87, 112 et 147 CMB). Néanmoins, ces
activités doivent être exercées en tenant raisonnablement compte des activités dans la Zone (Art.
87(2) et 147(3) CMB). Bien que l'Autorité soit liée par l'obligation générale de protéger et de
préserver l'environnement marin (Art. 192 CMB), la Convention ne lui donne pas de pouvoirs
spécifiques pour protéger l'environnement marin, y compris sa biodiversité.

LES ZONES MARITIMES


Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 : 319 articles, 168 Etats parties
Orientation générale des règles de délimitation des zones maritimes
La CMB définit 9 zones maritimes et elle fixe leur régime juridique en fonction de leur distance par rapport à
l'Etat côtier. 7 zones sont territorialisées c'est-à-dire où l'Etat côtier exerce des droits souverains très importants
(dont on distingue 6 espaces d'eau : eaux intérieures, mer territoriale, zone contiguë, ZEE, eaux archipélagiques,
détroits et 1 espace de terre : plateau continental) ; 2 sont des zones internationalisées c'est-à-dire où les
souverainetés sont concurrentes (Haute mer et Zone).
La ligne de base : point de départ des zones maritimes
La « ligne de base » marque la fin des eaux intérieures et le début de la mer territoriale. C'est à partir de cette ligne
de base qu'est calculée la largeur des autres zones maritimes. Lorsque la côte est relativement rectiligne, c'est-à-dire
droite (ex. : côte entre Dakar et Saint-Louis), les lignes de bases coïncident avec la laisse de basse mer. Quand la
côte est accidentée, l'Etat peut tracer une « ligne de base droite » qui prend appui sur les points les plus avancés de
la côte. En principe, la ligne de base est fixée à la laisse de basse mer.
Au Sénégal, c'est le Décretn° 90-670 du 16 juin 1990 qui fixe les lignes de base (remplacé par le décret 2014-
1062 du 5 septembre 2014 qui fixe désormais les lignes de base au Sénégal) mais c'est la Loi 85-14 du 2 févr.
1985 qui délimite le territoire maritime (mer terr. 12 milles marins, zone cont. 12 milles marins, ZEE 200 milles
marins et plateau cont. 200 milles marins). Seule la zone contiguë est mesurée à partir de limite extérieure de la
mer terr. Toutes les autres zones maritimes sont mesurées à partir des lignes de base.
La laisse de basse mer
Laisse de basse mer (ligne de terre) = marque laissée sur la terre de la côte par la plus grande marée basse de
l'année sur le sable et les rochers en dehors des phénomènes météorologiques exceptionnels.
NB : Difficile à fixer dans les côtes découpées : dans ce cas, les Etats utilisent une autre méthode : la ligne d'eau
reliant les points les plus avancés vers le large.
De là commencent les délimitations des zones maritimes en utilisant des unités de mesures.

Les unités de mesure


• Un mille marin = 1 852 m ou 1,852 km.
• Un nœud = un mille marin par heure.
• Une encablure = 185,2 m (un dixième de mille marin).
NB : Le mille marin est seul utilisé pour délimiter les zones maritimes comme remarqué dans les tableaux suivants
contenant des règlementations sur chaque espace marin.
LES EAUX INTÉRIEURES LA MER TERRITORIALE
:
Les eaux intérieures sont les ports, les havres (ports Cet espace a rencontré des problèmes de délimitations
naturels), les rades et l'espace maritime contenu dans pendant 200 ans entre 1782 et 1982 avec la CMB.
les petites « échancrures » de la côte, les baies La mer territoriale comprend un espace marin qui
historiques. Elles sont situées en-deçà de la ligne de commence au niveau des lignes de base et qui s'étend
base. La souveraineté territoriale de l'Etat côtier jusqu'à 12 milles marins (22 km). Quand 2 Etats se font
prime surcelle de l'Etat de pavillon pour les navires face, et que la mer qui les sépare n'est pas large, il est
étrangers (Art. 2§1 CMB), CIJ, Activités militaires appliqué l'équidistance et la ligne médiane. L'Etat
au Nicaragua 1986). côtier y est souverain (Art.2 CMB). Cette souveraineté
Etats sans littoral : droit d'accès permis par la liberté des permet notamment à l'Etat côtier de disposer du
mers et liberté de transit pouvant être limitée. monopole de la pêche dans ces eaux. Art. 3 loi 85-14
L'Etat sans littoral bénéficie d'un traitement égal dans « Le Sénégal exerce sa souveraineté sur toute
tous les ports (Art. 131 CMB) l'étendue de sa mer territoriale »
Les navires privés étrangers bénéficient d'une liberté Le droit de passage inoffensif
d'accès aux ports et au mouillage. Cette liberté peut être Sur la mer territoriale
limitée pour raisons d'ordre public, de santé, de Les navires étrangers disposent d'un droit de passage
maintien de l'ordre. Pour le séjour, le navire privé est sur la mer territoriale d'un Etat côtier. Ce passage doit
soumis à la souveraineté de l'Etat côtier. être continu et rapide (Art. 18 CMB). L'arrêt et le
Pour les navires de guerre et les navires de commerce mouillage ne sont tolérés qu'en cas d'urgence. Ce
jugés dangereux, accès limité par l'Etat côtier mais passage doit en outre être inoffensif (Art. 19CMB).
bénéficient de l'immunité sauf pour les infractions Sont donc interdites les manœuvres armées, la collecte
commises sur terre. de renseignements au détriment de la sûreté de l'Etat
côtier, les émissions radio, ou encore la pêche. L'Etat
côtier peut exiger que les navires étrangers empruntent
des voies de circulation « balisées ».
Les navires sous-marins doivent naviguer en surface.
Au Sénégal, l'article 5 de la Loi 85-14 qui prévoit le
droit de passage inoffensif.
LES EAUX ARCHIPÉLAGIQUES LA ZONE CONTIGUË
Certains Etats, comme les Seychelles, les Philippines Consacrée par la Convention de Genève de 1958 sur la
ou l'Indonésie, sont formés d'un ensemble d'îles et sont mer territoriale et la zone contiguë. Sa création était
donc considérés comme des Etats archipels (Art. 46 une façon de contrer la volonté des Etats côtiers
CMB). Les eaux archipélagiques sont celles qui sont d'étendre leur mer territoriale.
incluses à l'intérieur du polygone archipélagique, formé D'une largeur de 12 milles (22 km), la zone contiguë
en reliant les points du littoral des îles les plus commence là où finit la mer territoriale, à 12 milles de
excentrées. La ligne bordant le polygone est la ligne de la ligne de base. L'Etat côtier y dispose du pouvoir de
base. La mer territoriale archipélagique forme donc un police : prévention et répression des infractions à ses
bandeau de 12 milles autour des eaux archipélagiques lois et règlements. La zone contiguë fait partie de la
en partant de la ligne de base. Le régime juridique des Zone économique Exclusive (ZEE).
eaux archipélagiques est intermédiaire entre celui des Au Sénégal, la Loi 85-14 et le Code des douanes issu
eaux intérieures et celui des eaux territoriales. L'Etat de la loi 2014-10 prévoient respectivement aux
archipel doit y assurer la libre circulation des navires articles 2 et 30 une zone contiguë de 12 milles
étrangers, mais fixe des routes de navigation (Art. 53- marins à partir de la mer territoriale.
3, CMB). C'est le cas de l'Indonésie qui réglemente
le droit de passage dans ses eaux archipélagiques en
vertu de son Décret-Loi N°37 du 28 juin 2002.
LA ZONE ECONOMIQUE EXCLUSIVE LE PLATEAU CONTINENTAL
Née de la volonté des Etats côtiers d'étendre leur mer Concept né de la Déclaration de Truman de 1945, il est
territoriale. D'où la déclaration de Truman de 1945 emprunté aux géographes.
suivie des délimitations unilatérales des Etats Le plateau continental est le prolongement sous-marin
d'Amérique du Sud entre 1948 et 1952. du territoire terrestre ou (zone prolongeant
:
La ZEE, créée en 1982, est située au-delà de la mer physiquement le territoire terrestre selon la CIJ,
territoriale et s'étend jusqu'à 200 milles marins de la Affaire Pêcheries 1969). Sa définition est assez
ligne de base (370 km). La mer territoriale ayant une éloignée de sa réalité géologique. En effet, certains
largeur de 12 milles marins, le régime juridique de la Etats n'en ont pas, d'autres en ont un très vaste. La zone
ZEE s'étend sur une largeur réelle de 188 milles marins maritime appelée « plateau continental » s'étend des
(348 km). 99 % des ressources halieutiques se situent lignes de base jusqu'à 200 milles marins au minimum
dans les ZEE, à moins de 200 milles marins des côtes. (370 km). Elle peut s'étendre au-delà si le plateau
La ZEE : une zone d'exploitation continental naturel excède cette limite de 200 milles.
Réservée à l'Etat côtier Dans ce cas, l'Etat côtier peut demander une extension
L'Etat côtier a la maîtrise exclusive de la pêche, de la à la Commission des limites du Plateau continental
création d'ouvrages, de la recherche marine et de la (CLPC, 21 membres experts pour un mandat de 5
préservation du milieu marin (Art. 60 CMB) dans la ans chacun, 2 organes (Bureau et Secrétariat). Elle
ZEE. Les Etats étrangers y ont cependant la possibilité est créée par la CMB mais opérationnelle seulement
de poser librement des câbles et pipelines sous-marins en 1997. La CLPC rend des recommandations
(Art. 58 CMB). De même, les stocks de poissons que définitives mais les limites de l'extension du PC sont
l'Etat côtier n'est pas en mesure d'exploiter doivent être fixées par l'Etat côtier conformément la
mis à disposition des autres Etats, selon des règles recommandation). Toutefois, l'extension ne peut pas
d'équité favorisant les Etats sans littoral (Art. 62 CMB). dépasser 350 milles marins (648 km).
Au Sénégal le code de la pêche de 2015 et le Code la Le plateau continental : une zone de souveraineté
marine marchande de 2002 prévoient tous les 2 une partielle
ZEE de 200 milles marins. L'Etat côtier dispose de droits souverains sur
l'exploitation des ressources du sol et du sous-sol de
son plateau continental sous-marin. Ceci concerne
notamment les ressources en hydrocarbures. Il s'agit
donc d'une souveraineté partielle de l'Etat côtier,
circonscrite aux fonds marins. La surface des eaux
situées au-dessus des plateaux est de facto soumise au
régime juridique des autres zones maritimes (ZEE ou
haute mer).
Au Sénégal, la Loi 85-14 prévoit des droits
d'exploration et d'exploitation à son article 7.
LA HAUTE MER LA « ZONE »
La Convention de Montego Bay énonce une définition La « Zone » est le nom donné par la Convention de
par défaut de la haute mer. Celle-ci comprend toutes les Montego Bay aux fonds marins et aux sous-sols non
parties de la mer qui ne sont pas définies comme eaux soumis à la juridiction des Etats. Elle commence là où
intérieures ou archipélagiques, mer territoriale ou ZEE déclinent les plateaux continentaux. Les avantages tirés
(Art.86 CMB). La haute mer commence donc là où se de la Zone sont partagés entre tous de manière
termine la ZEE. Elle représente 64 % de la surface des équitable. Les recherches scientifiques peuvent y être
océans et constitue un espace maritime international. menées à des fins pacifiques (Art. 143 CMB).
La haute mer : une zone La « zone » : une exploitation soumise à licences
Régie par le droit international Les ressources de la Zone (ressources minérales
En haute mer, tous les Etats ont la liberté de navigation, solides, liquides ou gazeuses) constituent un «
de pêche, de survol, de pose de câbles et pipelines sous- patrimoine commun de l'humanité ». Cette disposition
marins... Le droit de pêche y est, cependant, soumis à a posé des difficultés aux pays industrialisés qui
certaines obligations (préservation de certains stocks de souhaitaient exploiter les ressources des fonds marins à
poissons). La haute mer est affectée à des fins leurs propres bénéfices. C'est l'une des raisons pour
pacifiques, et aucun Etat ne peut prétendre y exercer de lesquelles la Convention de Montego Bay, signée en
droits souverains (Art. 88 et 89 CMB). Il y a le principe 1982, a fait l'objet d'une importante modification en
de la liberté de navigation et le principe de l'application
de la loi du pavillon aux navires. Chaque Etat ne peut
:
donc contrôler que ses propres navires privés, 1994, permettant à certains « pays pionniers » (huit
exception faite en matière de piraterie ou de transport Etats dont la France) d'obtenir des licences
d'esclaves. Pour les navires de guerre la compétence d'exploitation sous certaines conditions.
de l'Etat de pavillon est absolue. Une Autorité de contrôle pour la « zone »
Il y a des libertés consacrées comme la navigation et les L'Autorité est une organisation internationale créée
recherches scientifiques, la construction des îles la CMB et elle est devenue opérationnelle en juin
artificielles et autres installations, mais seulement sur 1996. Elle est composée de 3 organes : l'Assemblée,
l'eau de mer. le Conseil et le Secrétariat.
Il y a des activités prohibées comme les essais À travers une Autorité de contrôle, les Etats parties
nucléaires, les trafics d'esclaves, de drogues, les organisent et contrôlent les activités menées dans la
émissions non autorisées. Zone. Elle est fondée sur l'égalité souveraine de tous
les Etats parties. Les ressources de l'Autorité
proviennent pour l'essentiel des contributions des Etats
membres et des bénéfices dégagés par « l'Entreprise ».
Le budget annuel est élaboré par le Secrétaire général.
L'exploitation collégiale des ressources de la « zone
» : l'Entreprise
C'est grâce à l'Entreprise (Art. 170 CMB) qu'une
gestion et une exploitation équitables des ressources de
la Zone peuvent être menées pour l'humanité tout
entière. L'Entreprise applique des plans de travail, et
mène des activités de transport, de traitement et de
commercialisation des minéraux tirés de la Zone.
LE PARTAGE DES ESPACES MARITIMES LES DÉTROITS NAVIGABLES
ENTRE ÉTATS VOISINS Couloirs naturels par opposition aux canaux creusés
Les délimitations maritimes sont nécessaires dès que les par l'homme, ne sont pris en considération par le DIP
espaces auxquels deux ou plusieurs Etats peuvent que s'ils servent à la navigation internationale. Selon la
prétendre (mer territoriale, zone contiguë, ZEE) se CIJ, le détroit doit être « une route utile au trafic
chevauchent. C'est le cas par exemple quand deux Etats internationale ». Affaire du Détroit de Corfou,
côtiers se font face à moins de 200 milles marins. Les 1949). Le DIP ne tient pas compte de la densité du
délimitations des espaces maritimes sont trafic, ni de l'importance du détroit pour la navigation.
traditionnellement issues de négociations, basées sur Le régime juridique des détroits ne concerne que ceux
l'équité, entre les Etats intéressés (Art. 15, Art. 83). En qui sont strictement nécessaires au passage entre deux
cas de différend persistant, la délimitation peut être espaces maritimes (haute mer ou ZEE). En sont exclus
confiée soit à un tribunal arbitral, si les parties le les détroits appartenant aux eaux intérieures, ceux qui
souhaitent, soit à un tribunal international (la Cour peuvent être contournés par une route alternative et
internationale de justice ou le Tribunal international du comparable, ou encore ceux qui sont déjà régis par une
droit de la mer). convention. Les navires étrangers disposent d'un
droit de passage en transit (continu et rapide) et de
passage inoffensif, sous réserve de respecter
certaines obligations (ne pas recourir à la force, ne
pas polluer, suivre les voies de circulation,
demander l'autorisation pour la recherche) (Art. 38
à 40 CMB). Les Etats riverains doivent s'accorder pour
déterminer des voies de navigation et peuvent édicter
des règles, notamment en matière de pollution et de
sécurité de la navigation. Ils doivent signaler tout
danger pour la navigation et le survol, ne doivent pas
suspendre le passage inoffensif.
:
NB : Dans les détroits suffisamment larges où il ya une
ZEE ou une haute mer, la navigation est libre.

Troisième partie : Protection du milieu marin et règlement des


différends internationaux
La sécurité du milieu marin et l'absence de différends entre Etats dans cet espace d'eau
favorisent la bonne jouissance de la liberté des mers. C'est la raison pour laquelle, la CMB a
prévu des règles sur ces deux points. Mais elle n'est pas la seule à les réglementer. D'autres
instruments internationaux contiennent des dispositions garantissant l'exercice normal de la
liberté des mers. Il sera question, alors, d'aller au-delà des dispositions pertinentes de la CMB
afin d'avoir une vue claire sur la protection du milieu marin qui va être la première à être étudiée
et sur le règlement des différends qui le sera par la suite.

Chapitre I : La protection du milieu marin


La protection de la mer est réglementée par la CMB et d'autres règles du droit
international général. Toutefois, il a été mis en place l'organisation maritime internationale en
vue de promouvoir cette sécurité maritime à travers une production de règles importantes dans la
prévention.

Section I : Promouvoir la sécurité par le biais de l'OMI

L'ORGANISATION MARITIME INTERNATIONALE


(OMI)
CREATION DE L'OMI
La sécurité en mer a depuis longtemps préoccupé les Etats. C'est pourquoi, ils ont décidé d'élaborer des règles
ème
internationales qu'ils devraient suivre. Ce mouvement de règlementation a commencé à partir du 19 siècle et
beaucoup d'instruments internationaux ont ainsi été adoptés. Dans la foulée, la mise en place d'une organisation
internationale permanente en vue de promouvoir la sécurité maritime était aussi une proposition récurrente.
L'organisation devrait permettre, selon les tenants de cette idée, de rendre plus efficace la recherche de la sécurité
en mer. C'est avec la création des Nations unies que cette institution a pu voir le jour. En 1948, une Conférence
internationale est convoquée à Genève et elle a accouché d'une convention portant officiellement création de
l'Organisation maritime internationale (OMI) (dont le premier nom était Organisation intergouvernementale
consultative de la navigation maritime, ou OMCI, qui est ensuite devenue l'OMI en 1982). Cette Convention est
entrée en vigueur en 1958. La première réunion de l'Organisation a pu avoir lieu en 1959. L'OMI est une institution
spécialisée des Nations unies car elle est une organisation internationale faisant partie de la famille des Nations
unies avec une spécialisation : la sécurité maritime.
:
RESUME DES MISSION DE L'OMI
L'OMI a 172 Etats membres (état en janvier 2018). Son siège se situe à Londres.
L'organisation vise à favoriser :
• la collaboration entre les Etats membres dans le domaine de la réglementation maritime ;
• l'adoption de normes de sécurité ;
• la prévention des pollutions du milieu marin par les navires et installations portuaires ;
• l'abandon des mesures discriminatoires, en vue de mettre les ressources des services maritimes à la disposition du
commerce mondial sans discrimination.
L'OMI veut rendre le secteur des transports maritimes plus sûr, mais respectueux de l'environnement. Elle a adopté
des mesures pour la prévention en matière de sécurité et sûreté maritime d'une part et en matière de pollution du
milieu marin d'autre part.

Section II : La règlementation des comportements dans le


milieu marin
Certains comportements des gens de la mer peuvent provoquer une situation d'insécurité.
La CMB et d'autres instruments internationaux ont tenté d'y apporter quelques solutions en guise
de prévention mais aussi de répression. Ces actes doivent être identifiés avant de se pencher sur
la prévention et la répression les concernant.

§ I : Identification des actes d'insécurité dans le milieu marin

La CMB a retenu quelques actes mais il existe d'autres qui réglementées dans les
instruments internationaux du droit international général.

A - Les actes d'insécurité maritime retenus par la CMB

Ils peuvent être classés en deux catégories : on distingue les actes à but lucratif et les
actes à but non lucratif.

1 - Les actes à but lucratif

Ce sont les actes, qui, lorsqu'ils ont exécutés apportent des avantages économico-
financiers à ceux qui en sont leurs auteurs. Il s'agit de la piraterie, du trafic de stupéfiants et de
substances psychotropes, des émissions de radio et télévision à destination du grand public
depuis un navire sans autorisation et le ramassage des objets archéologiques et historiques des
fonds marins.

S'agissant de la piraterie, la CMB l'a définie comme tout acte de violence ou de détention
dirigé contre un navire ou ses occupants (Art. 101). Quatre conditions exclusives caractérisent
l'acte de piraterie :
:
• L'acte doit être commis en haute mer ;
• L'acte doit être commis avec « violence » ;
• Le navire « pirate » doit être un bâtiment civil ;
• L'attaque doit être effectuée à des fins privées (vol, demande de rançon...).

Il convient d'apprécier la portée de cette définition. Le fait que l'acte doive être « commis
en haute mer » est de plus en plus remis en cause par le nouveau visage de la piraterie. Dans la
corne de l'Afrique, par exemple, les pirates opèrent dans les eaux territoriales somaliennes.
Beaucoup d'actes de piraterie se déroulent aussi dans les détroits. Dans le détroit de Malacca
entre la Malaisie et l'Indonésie, des pirates y opéraient mais présentement, depuis la prise en
main de la sécurité de la zone par les Etats riverains, les attaques ont considérablement baissé. Ce
nouveau visage de la piraterie donne un rôle important aux Etats côtier dans la lutte contre ce
fléau. Cette lutte se complique lorsque l'Etat côtier, comme la Somalie, est un Etat effondré où il
n'y a pas un pouvoir politique capable d'agir avec des forces de défense et de sécurité devant
faire face aux pirates.

Sur le fait que le navire pirate doive être « un bâtiment civil », la CMB a prévu à l'article
102 que les navires d'Etat ou navire de guerre dont l'équipage s'est mutiné sont assimilés à des
navires privés pirates.

S'agissant « des fins privées de l'acte », on observe que les pirates demandent des
rançons et cela est une pratique assez courante. Des pirates somaliens l'avaient fait avec le navire
battant pavillon français, le Ponant. Par une opération héliportée, l'armée française est parvenue
à neutraliser les pirates et à récupérer la rançon qui était payée auparavant pour assurer la
libération des otages. En fait, après le paiement de la rançon les pirates ont libéré les otages mais
l'armée française a suivi la route terrestre prise par les pirates contents d'avoir encaissé l'argent.
Seulement, dès qu'ils sont sortis des habitations avec leur véhicule, l'hélicoptère armé d'un
missile a tiré sur le véhicule pour le neutraliser en visant le moteur. Les militaires sont descendus
de l'appareil pour récupérer les mallettes d'argent et partir. La Somalie n'avait plus assez de
contrôle sur son territoire. Cela a facilité l'entrée de l'aéronef français sur le territoire mais
également, c'est à cause de cela que les pirates opèrent dans les eaux territoriales, disent-il pour
lutter contre la pêche illicite et le déversement de produits dangereux comme les déchets
nucléaires dans leurs côtes.

Cet agissement des pirates, dans cet exemple, justice l'emploi de l'expression « violence »
dans la définition. L'acte est toujours exécuté avec violence soit par menace ou par l'emploi réel
des armes. Certaines armes sont dignes d'un champ de bataille d'une guerre. Toutefois, dans la
pratique, on constate que les pirates opérant dans le Détroit de Malacca utilisent la corruption et
le vol.

Pour ce qui est de la lutte contre le trafic de stupéfiants et de substances psychotropes,


:
la CMB l'a prévue à l'article 108. La mer constitue un lieu par excellence où ce trafic connaît une
ampleur. A cause du manque de contrôle de certains Etats faibles, les trafiquants opèrent très
facilement puisqu'ils utilisent l'argent pour corrompre des gardes-côtes et les armes pour parer à
toute intervention douanière, militaire ou policière qui essaie de les arrêter. Certains pays
africains comme la Guinée Bissau constituent des territoires de destinations de prédilection pour
les trafiquants qui viennent souvent d'Amérique du Sud. La voie aérienne étant assez bien
contrôlée, la voie maritime était devenue le choix des trafiquants. Ainsi, en 2005, 563 kg de
cocaïne étaient saisis dans un container, en route vers le Portugal. En février 2006, la marine
espagnole a saisi plus de 5 tonnes de cocaïne dans deux bateaux de pêche au large de la Guinée-
Bissau. Les organisateurs de ce trafic semblaient basés au Cap-Vert et en Guinée-Bissau, alors
qu'une partie de la drogue aurait été stockée dans ce dernier pays. Le pays a plusieurs îles
inhabitées dans l'archipel de Bijagos mais qui, pendant la colonisation, ont été aménagées pour y
construire des pistes où des avions peuvent se poser. Des navires peuvent s'arrêter en pleine mer
et décharger des produits stupéfiants sur de petites embarcations pour les acheminer vers les îles
et la terre ferme. Parallèlement, le pays a connu une longue période d'instabilité gouvernement
avec des coups d'Etat récurrents. Selon le rapport du Secrétaire des Nations unies pour le Conseil
de sécurité du 2 août 2016, « La crise politique [...] a contribué à affaiblir davantage la capacité
des institutions de l'Etat d'élaborer et mettre en oeuvre des moyens de lutte efficaces contre le
trafic de drogues ».

Le Libéria est également concerné puisque le pays abrite une grande flotte de navires
immatriculée dans de ce pays et dont une partie est impliquée dans le trafic de drogue. Ainsi, en
janvier 2008, à quelque 500 km au large de Monrovia, un bâtiment de la marine nationale
française a arraisonné un bateau de pêche battant pavillon libérien et dont l'équipage - composé
de marins ghanéens - venait de jeter desbidons contenant près de 2,5 tonnes de cocaïne. Le
navire, l'équipage et la drogue ont été remis aux autorités libériennes. En juillet 2011, dans le
port de Dunkerque (France), ce sont plus de 250 kg de cocaïne qui ont été découverts à bord d'un
cargo transportant du charbon, battant pavillon libérien et arrivant du Venezuela. Plusieurs
arrestations ont été effectuées, mais l'équipage a été laissé en liberté. La drogue n'était pas
destinée au marché français.

Les trafiquants utilisent des vedettes ultra rapides leur permettant d'échapper à la
poursuite des forces de sécurité des Etats. Avec ces types d'embarcation, ils peuvent pénétrer les
eaux territoriales des Etats qui sont réputés de bien surveiller leurs côtes.

Pour les autres actes à but lucratif que la CMB veut réprimer, on note d'une part les
émissions de radio et de télévision à partir d'un navire à destination du grand public sans
autorisation (art. 109 CMB) et d'autre part, le ramassage d'objet archéologiques ou historique
dans les fonds marins (art. 303 et 149 CMB). Pour ce qui est du premier, il existe un danger de
:
laisser des diffuser des émissions à partir d'un navire sans que le média en question ait
l'autorisation d'un Etat qui va lui un fixer un cahier de charges et qu'il s'acquitte des obligations
financières (impôts) au même titre que les média installés sur la terre ferme. Pour ce qui du
second, les fonds marins ne sont pas des zones considérées comme des res nullius. Ils
appartiennent soit aux Etats par le biais du plateau continental soit à l'humanité par le truchement
de la Zone qui est considéré comme un patrimoine commun du monde. Il ne saurait être tolérable
que des objets ramassés dans les fonds marins soient détenus par des privés.

2 - Les actes opérés ou survenant en dehors du lucre

Il s'agit de la pollution des mers et de l'abordage.

Pour ce qui est de la pollution, l'article 194 CMB prévoit la règlementation relative à son
empêchement. La pollution de la mer peut provenir de plusieurs sources, il en est ainsi des actes
malveillants tendant à déverser des produits toxiques qui sont souvent des déchets d'entreprises,
des marées noires à la suite d'accidents de navires pétrolier, des fuites venants des installations
d'extraction d'hydrocarbure. Ces pollutions peuvent avoir des conséquences sur la vie de la faune
marine mais également sur les humains qui peuvent consommer des captures de pêche
contaminées par des substances toxiques.

Ces pollutions peuvent avoir des liens avec les abordages qui sont accidents quand cela
concerne des navires pétroliers ou transportant des substances chimiques, nucléaires ou même
toxiques.

Pour ce qui est de l'abordage, la CMB l'a défini à l'article 221 : « Aux fins du présent
article, on entend par "accident de mer" un abordage, échouement ou autre incident de
navigation ou événement survenu à bord ou à l'extérieur d'un navire entraînant des dommages
matériels ou une menace imminente de dommages matériels pour un navire ou sa cargaison ».

Le terme abordage vient de verbe « aborder » qui sur le plan étymologique signifie
« heurter un navire afin de l'attaquer, d'y monter ». De ce sens vont sortir l'idée d'attaque, celle
d'approche et même celle de heurt (accident). L'accident peut être volontaire ou involontaire.
C'est en ce sens que le droit s'intéresse à ce phénomène qui est susceptible de causer des
dommages, d'où l'insertion de l'abordage dans la règlementation des activités maritimes.

B - Les actes relatifs à l'insécurité de la mer non prévus par la CMB

La CMB n'a pas prévu les actes terroristes pouvant se produire en mer. On pourrait dire
que ce fléau n'avait pas encore connu l'ampleur qu'on lui connait aujourd'hui. Ce sont des
groupes bien organisés qui perpètrent des actes lesquels détruisent et tuent en grand nombre.
:
Quelques années après l'entrée en vigueur la CMB, le 7 août 1998, Al Qaeda attaque, avec deux
voitures piégées, les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et à Dar es-Salam (Tanzanie)
faisant 224 morts dont 12 américains et plus 5000 blessés.

A partir des évènements du 11 septembre 2001, l'organisation donne un nouveau visage


du terrorisme organisé. C'est avec l'émergence de cette organisation que d'autres groupes vont
naître et ne se limitent plus à la terre ferme mais agissent en mer.

Les groupes terroristes ont mis sur pied des stratégies sophistiquées pour attaquer leurs
cibles en mer. Ils sont capables d'attaquer des plateformes pétrolières ce qui peut provoquer des
marées noires, ainsi que des cibles très protégées comme des navires de guerre, des
infrastructures portuaires et des terminaux pétroliers. Leurs ruses vont jusqu'à utiliser, non
seulement des armes, mais aussi du matériel de loisirs (équipement de plongée, scaphandres,
scooters des mers, bateaux rapides et sous-marins de tourisme) ainsi que des appareils et des
explosifs disponibles dans le commerce. Le problème est le fait qu'il n'est pas compliqué de
disposer de ces articles et cela sans éveiller le moindre soupçon.

Les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) à Sri Lanka, Al-Qaeda au Pakistan et
en Afghanistan (avec des liens très étroits avec d'autres groupes en Asie), le Groupe Abu Sayyaf
aux Philippines ainsi que le Hezbollah, le Hamas et d'autres groupuscules au Moyen-Orient ont
déjà tous donné la preuve de leur capacité à attaquer des cibles en mer ou en agissant depuis la
mer.

Les LTTE (détruits par l'armée sri-lankaise en 2009) étaient le seul groupe terroriste doté
de capacités leur permettant d'être considérés comme une petite puissance maritime non étatique.
Ils contrôlaient les ports et disposaient d'une flotte de haute mer, d'un réseau mondial de
commerce pour financer leur économie, d'une flotte de pêche, de chantiers navals et de forces
navales.

En mer, Al-Qaeda est plus connu pour les attaques impressionnantes qu'il a lancées
contre le navire USS Cole, en 2000, (17 marins américains tués dans le port d'Aden) et contre le
pétrolier MV Limburg battant pavillon français, en 2002. Des agents d'Al-Qaeda s'étaient lancés
contre ces bâtiments avec des bateaux ultra-rapides chargés d'explosifs. Après l'attaque contre le
navire USS Cole, les marines du monde entier durent s'intéresser à l'évolution constante des
instruments et tactiques employés par les groupes terroristes. Au fil des années, les agents d'Al-
Qaeda ont acquis des connaissances pointues des opérations de guerre navale, comme le
confirme la découverte de documents très détaillés qu'avaient en leur possession des agents d'Al-
Qaeda. Ces documents donnent des indications sur l'utilisation des mines magnétiques : ils
précisent comment les accrocher à la coque d'un navire, où les placer selon le type de navire pour
:
un résultat optimum et la quantité d'explosifs nécessaire. L'intérêt d'Al-Qaeda pour des capacités
sous-marines transparaît dans l'interrogatoire d'Abd al- Rahim al-Nashiri, surnommé « le Prince
de la mer », un cerveau présumé d'Al-Qaeda. En 2003, les autorités de Singapour arrêtèrent 15
militants islamiques soupçonnés d'entretenir des liens avec Al-Qaeda : des plans minutieux
avaient été élaborés pour attaquer des navires militaires américains dans la base navale de
Changi.

§ II : La lutte contre l'insécurité en mer

Les règles internationales ont prévu un certain nombre de mesures allant dans le sens de
lutter contre les actes causant l'insécurité en mer. Ces mesures peuvent être scindées en deux
catégories. Certaines ont trait à la prévention et d'autres sont relatives à la répression.

A - Les mesures de prévention

Il existe des mesures de prévention prévues par la CMB et celles qui sont déterminées par
d'autres instruments internationaux.

1 - Les mesures de prévention prévues par la CMB

Dans le cadre de la prévention, les mesures sont soit une règlementation efficace, soit des
opérations de surveillance c'est-à-dire des dispositifs qui marquent la présence des forces de
l'ordre afin de dissuader les personnes physiques et morales à s'adonner à des actes
répréhensibles.

Au niveau de la prévention, tous les Etats qui ont ratifié la CMB ou qui y ont adhéré
doivent prendre les mesures indiquées par les dispositions pertinentes. Par exemple, l'article 99
CMB prévoit que « Tout Etat prend des mesures efficaces pour prévenir [...] le transport
d'esclaves par navire... ». Cela veut dire que dans sa législation des règles doivent être édictées
pour interdire le transport d'esclave par mer.

Les articles 145, 194 et 196 CMB parlent de mesures que doivent prendre les Etats parties
pour prévenir « la pollution du milieu marin ». L'article 194 CMB enjoint également les Etats à
prendre des mesures pour prévenir les accidents au niveau des installations afin que
l'environnement marin ne puisse être pollué.

En vertu de l'article 33 CMB, « Dans une zone contiguë à sa mer territoriale, désignée
sous le nom de zone contiguë, l'Etat côtier peut exercer le contrôle nécessaire en vue de [...]
prévenir les infractions à ses lois et règlements, douaniers, fiscaux, sanitaires ou d'immigration
sur son territoire ou dans sa mer territorial ».
:
2 - Les mesures de prévention déterminées par d'autres instruments internationaux

Certaines sont relatives à l'organisation de la navigation et d'autres à son fonctionnement.

Pour ce qui est de l'organisation, il est mis en place des standards de construction
correcte des navires par l'OMI. Ces normes de construction sont prévues par la Convention
SOLAS[14]. La qualité du matériau est fondamentale comme l'illustre l'effondrement de la plate-
forme de Mobile sur la Mer du Nord en 1985 à cause d'un défaut technique de construction.

En dehors des standards, l'élément humain a une part dans l'organisation. Les gens de la
mer doivent être des professionnels de la navigation. La professionnalisation doit faire l'objet
d'un contrôle par un système de certification. Ces gens de la mer doivent aussi savoir que toute
conduite en mer préserve obligatoirement les valeurs supérieures de la sécurité maritime.

Pour ce qui est du fonctionnement de la navigation, outre la Convention SOLAS qui


développe des règles en matière de sécurité maritime, il existe d'autres instruments comme la
convention de Londres sur le règlement international pour prévenir les abordages en mer adoptée
le 20 octobre1972 et entrée en vigueur le 15 juillet 1977. Cette convention prévoit un certain
nombre de règles à observer par les équipages de navires afin d'éviter les abordages en mer.

En Afrique, la Charte africaine sur la sûreté et la sécurité maritimes appelée aussi Charte
de Lomé a produits des règles à l'égard des Etats du continent soit individuellement, soit en
coopération dans le cadre de la lutte contre l'insécurité dans le milieu marin.

B - Les mesures de répression

Elle passe par la sanction. Elle est faite en vertu des dispositions pertinentes, selon la
nature de l'acte, ou le lieu de commission, soit par un Etat soit par une coopération.

En matière maritime, il existe des sanctions prévues par la CMB et des sanctions
déterminées par d'autres instruments internationaux

1 - Les sanctions prévues par la CMB

L'Etat peut réprimer en vertu de ses dispositions nationales ou dans le cadre de la


compétence universelle. Les actes commis dans les zones maritimes sous juridiction nationale
relève en principe de la compétence de l'Etat côtier. Cette règle peut trouver des exceptions en ce
qui concerne les navires de guerre : c'est l'Etat de pavillon qui est compétent. Mais sur les navires
de guerre, lorsque l'infraction est commise sur terre, c'est l'Etat côtier qui est compétent.
:
Les actes qui relèvent de la compétence universelle des Etats sont la piraterie, le
transport d'esclaves, les trafics de stupéfiants et de substances psychotropes lorsqu'ils sont
commis en haute mer. La compétence revient à l'Etat capteur qui prime sur l'Etat du pavillon du
navire et l'Etat national des auteurs présumés de l'infraction.

Au niveau de la piraterie, l'article 100 CMB prévoit que « Tous les Etats coopèrent dans
toute la mesure du possible à la répression de la piraterie en haute mer ou en tout autre lieu ne
relevant de la juridiction d'aucun Etat ». L'Etat compétent pour juger les pirates est celui qui
a saisi le navire pirate et appréhendé les personnes le contrôlant (Art. 105 à 107).

Article 99 CMB « Tout Etat prend des mesures efficaces pour [...] réprimer le
transportd'esclaves par les navires autorisés à battre son pavillon [...]. Tout esclave qui se
réfugie sur un navire, quel que soit son pavillon, est libre ipso facto ». En vertu de l'article 110
CMB, un navire de guerre peut arraisonner un navire soupçonné de trafic d'esclave.

L'article 108 CMB dispose que « Tous les Etats coopèrent à la répression du trafic illicite
de stupéfiants et de substances psychotropes auquel se livrent, en violation des conventions
internationales, des navires naviguant en haute mer. Tout Etat qui a de sérieuses raisons de
penser qu'un navire battant son pavillon se livre, au trafic illicite de stupéfiants ou de substances
psychotropes peut demander la coopération d'autres Etats pour mettre fin à ce trafic ».

Pour ce qui est de la protection de l'environnement, la CMB prévoit à son article 217
que les Etats doivent prendre des mesures pour interdire aux navires battant leur pavillon
d'appareiller s'ils ne se conforment pas aux règles internationales en matière de protection de
l'environnement et même aux normes de construction. Si un navire commet une infraction en
matière environnementale, il appartient à son Etat de pavillon de mener l'enquête. Cet Etat peut,
le cas échéant, intenter une action en justice contre ce navire quel que soit le lieu de commission
de l'infraction. L'Etat de pavillon peut, dans le cadre d'une enquête, demander la coopération des
autres Etats pour élucider les circonstances de l'affaire. Les sanctions prévues par les législations
nationales doivent être suffisamment rigoureuses pour dissuader les gens de la mer dans leur
projet de polluer.

Les Etats ont le droit d'introduire une action en responsabilité civile en cas de perte ou de
dommage résultant de la pollution (Art. 229 CMB). Lorsqu'un navire étranger commet une
infraction dans les eaux territoriales, l'Etat côtier en informe immédiatement les autorités de
l'Etat de pavillon ou les autorités diplomatiques et consulaires de l'Etat de pavillon se trouvant
l'Etat côtier. Les droits de l'accusé doivent être respectés tout au long de la procédure.
:
En matière d'abordage en haute mer, le principe de l'arrêt Lotus rendu en 1927 par la
CPJI est repoussé au profit d'une nouvelle règle en vertu de laquelle, la compétence de l'Etat du
pavillon est exclusive. Il existe une exception concernant l'Etat dont l'accusé a la nationalité. Cet
Etat est compétent pour juger l'accusé (Art. 97 CMB). Article 97 CMB : « En cas d'abordage ou
de tout autre incident de navigation maritime en haute mer qui engage la responsabilité pénale
ou disciplinaire du capitaine ou de tout autre membre du personnel du navire, il ne peut être
intenté de poursuites pénales ou disciplinaires que devant les autorités judiciaires ou
administratives soit de l'Etat du pavillon, soit de l'Etat dont l'intéressé a la nationalité ».

2 - Les sanctions prévues par les autres instruments internationaux

On peut citer la Convention de Bruxelles du 10 mai 1952 sur la compétence pénale,


entrée en vigueur le 20 novembre 1955. Cette convention adopte la solution inverse de l'affaire
Lotus précitée. Elle admet la compétence exclusive de l'Etat du pavillon. Par contre, elle est
silencieuse sur la compétence de l'Etat de l'accusé alors que la CMB l'a codifiée.

En matière de terrorisme, en l'absence de convention internationale générale, l'on ne se


peut se baser que sur les conventions sectorielles dans ce domaine.

Dans le cadre des attentats au Liban en 2005 contre le Premier ministre Rafic Hariri,
l'ONU, en coopération avec l'Etat libanais a institué un Tribunal spécial pour le Liban. Cette
juridiction spéciale est compétente pour juger des auteurs d'actes de terrorisme. Ce modèle peut
être transposé dans le cadre du droit de la mer.

L'article 7 de la Convention sur le financement du terrorisme du 9 décembre 1999 dispose


que chaque Etat adopte des mesures qui peuvent être nécessaires pour établir sa compétence
lorsque l'infraction est commise à bord d'un navire battant son pavillon ou lorsque l'infraction a
été commise par une personne de sa nationalité. Chaque doit également établir sa compétence
pour le cas où une personne soupçonnée d'être auteur d'une infraction sur le financement du
terrorisme se trouve sur son territoire ou bien déterminer les conditions d'extradition.

REGLEMENTATION DES COMPORTEMENTS DES


PERSONNES PRIVEES DANS LE MILIEU MARIN
LA PIRATERIE LA LUTTE CONTRE LES TRAFICS
La Convention de Montego Bay définit la « piraterie » DE DROGUE EN HAUTE MER
comme tout acte de violence ou de détention dirigé Tous les Etats doivent coopérer à la répression des
contre un navire ou ses occupants (Art. 101). trafics de drogue en haute mer. Si un Etat soupçonne un
Quatre conditions exclusives caractérisent l'acte de navire battant son pavillon de se livrer à de tels trafics,
piraterie : il peut demander la coopération d'autres Etats. Comme
:
• L'acte doit être commis en haute mer ; dans les cas de piraterie, tout Etat a le droit de
• L'acte doit être commis avec « violence » ; poursuivre et d'appréhender un navire présumé
• Le navire « pirate » doit être un bâtiment civil ; trafiquant.
• L'attaque doit être effectuée à des fins privées (vol,
demande de rançon...). Cette définition exclut les actes
de terrorisme. L'incitation à la piraterie et la complicité
de piraterie sont soumises aux mêmes règles.
Les navires pirates
La Convention parle de « navire pirate » pour qualifier
les navires utilisés par les personnes ayant commis des
actes de piraterie ou ayant l'intention d'en commettre
(Art. 103). Un navire pirate peut également être un
navire de guerre ou un navire d'Etat, si son équipage
s'est mutiné (Art. 102).
Piraterie : qui peut intervenir ?
Comme dans le cas des crimes contre l'humanité, les
actes de piraterie créent une « compétence universelle »
des Etats. Tous les Etats ont donc le droit de poursuivre
et d'intervenir, de saisir le navire pirate et d'appréhender
les personnes et les biens à son bord.
Piraterie : qui peut juger les pirates ?
L'Etat compétent pour juger les pirates est celui qui a
saisi le navire pirate et appréhendé les personnes le
contrôlant (Art. 105 à 107). L'interception doit avoir été
menée dans le respect des règles de la Convention. Tous
les Etats ont l'obligation de coopérer et, le cas échéant,
d'extrader les coupables vers l'Etat chargé de juger
l'acte.

LA NATIONALITÉ DES NAVIRES LE « DROIT DE VISITE » EN HAUTE MER


Chaque Etat est libre d'accorder sa nationalité. Il fixe Les navires de guerre (ou d'Etat) peuvent exercer leur
les conditions d'immatriculation des navires (Art. 91). droit de visite (Art. 110). Il s'apparente à un « contrôle
Les obligations des Etats du pavillon sont nombreuses » de navires sans pavillon ou soupçonnés de « faux
et définies dans la Convention de Montego Bay pavillon », de piraterie, de transport d'esclaves ou
complétée par des conventions internationales de d'émissions non-autorisées. Si les soupçons se révèlent
l'Organisation Maritime Internationale. L'Etat du infondés, le navire doit être indemnisé pour tout
pavillon exerce un contrôle administratif, technique et dommage.
social (Art. 92 à 94). Il a également juridiction
exclusive sur ses navires naviguant en haute mer. Tout
navire ayant plusieurs pavillons est considéré comme
n'ayant pas de nationalité.
LE DROIT DE POURSUITE EN HAUTE MER L'ABORDAGE EN HAUTE MER :
Lorsqu'il existe de sérieuses raisons de penser qu'un LA RÈGLE DE L'ÉTAT DU PAVILLON
navire est contrevenu aux lois et règlements d'un Etat L'abordage est une collision entre deux navires. Quand
côtier, et que ce navire se trouve dans les eaux elle survient dans la ZEE ou en haute mer, les
territoriales, les autorités compétentes peuvent se lancer juridictions compétentes, pour poursuivre pénalement
à sa poursuite (Art. 111). Un signal donnant ordre au les personnes fautives, sont celles de l'Etat du pavillon
du navire bordeur, ou celles de l'Etat dont l'intéressé est
ressortissant (Art. 97).
:
navire de s'arrêter doit être préalablement émis. Si la
poursuite n'est pas interrompue, elle peut continuer au-
delà des eaux territoriales.
LES OBJETS ARCHÉOLOGIQUES LES EMISSIONS NON-AUTORISÉES
DÉCOUVERTS EN MER DEPUIS LA HAUTE MER
La Convention de Montego Bay oblige les Etats à Les émissions de radio ou de télévision diffusées à
protéger les objets à caractère archéologiques ou l'intention du grand public depuis un navire ou une
historiques. Jusqu'à la limite extérieure de leur zone installation en haute mer sont interdites
contiguë, les Etats côtiers peuvent contrôler (Art. 109.2). Les auteurs peuvent être poursuivis devant
l'enlèvement de ces objets du fond des mers. Ainsi, un les tribunaux :
Etat partie peut considérer qu'un tel enlèvement sans • De l'Etat du pavillon du navire émetteur ;
son approbation est une infraction à ses lois et • De l'Etat d'immatriculation de l'installation
règlements. La Convention de Montego Bay ne porte • De l'Etat dont l'auteur est ressortissant ;
atteinte, ni aux droits des propriétaires identifiables de • De tout État victime de brouillage de ses propres
récupérer leurs épaves, ni aux lois et pratiques en émissions ;
matière d'échanges culturels. . De tout Etat depuis lequel l'émission peut être captée
(Art. 109.3).

LA POLLUTION DU MILIEU MARIN LES ETATS DOIVENT PROTEGER


La pollution du milieu marin est définie par la ET PRESERVER LE MILIEU MARIN
Convention comme « l'introduction directe ou La Convention de Montego Bay prévoit la coopération
indirecte, par l'homme, de substances ou d'énergie dans entre Etats parties au niveau mondial et régional à
le milieu marin (...) lorsqu'elle a ou peut avoir des l'élaboration de normes de protection du milieu marin
effets nuisibles tels que dommages aux ressources (Art. 197). De plus, elle prévoit un régime de
biologiques et à la faune et la flore marine, risques coopération entre Etats, notamment pour parer aux
pour la santé de l'homme, entrave aux activités pollutions de l'environnement ou encore pour le
maritimes (...), altération de la qualité de l'eau de mer lancement de programmes de recherche (Art. 198 à
du point de vue de son utilisation et dégradation des 201). Les Etats parties doivent, dans la mesure de leurs
valeurs d'agrément. » (Art. 1) moyens, exercer une surveillance et faire une
évaluation scientifique des risques et des effets de la
pollution marine. Cette obligation englobe la
surveillance de toutes les activités que les États
autorisent ou auxquelles ils se livrent.
Les Etats doivent établir
Des normes environnementales
Les Etats parties ont l'obligation d'adopter des normes
environnementales dans le but de prévenir, réduire et
maîtriser la pollution (Art. 207 à 212) :
• D'origine tellurique (par les cours d'eau) ;
• D'origine atmosphérique ;
• Résultant des activités d'exploitation ou d'exploration
des fonds marins ;
• Résultant des activités menées dans la Zone ;
• Provoquée par les navires ou les ouvrages en mer.
L'application des normes environnementales
Les Etats doivent assurer l'application des normes
environnementales.
• L'Etat du pavillon doit veiller au respect de ces
normes. À cette fin, il a la possibilité d'empêcher le
navire d'appareiller et de prononcer des sanctions (Art.
:
217).
• L'Etat du port doit enquêter et intenter une action
contre tout navire
suspecté de rejet illicite (Art. 218).
• L'Etat côtier peut mener une enquête et inspecter ou
saisir le navire s'il a de sérieuses raisons de penser
qu'un navire a commis une infraction de pollution dans
ses eaux.

Chapitre II : Le règlement des différends maritimes


La CMB n'a pas étouffé les tensions latentes et patentes entre Etats. Les rivalités
internationales au sujet de la mer sont créées et attisées par les enjeux d'occupation. Ces enjeux
sont basés sur les énormes richesses de cet espace. Les disputes autour des frontières maritimes
provoquent des relents d'insécurité. Tous ces problèmes récurrents constituent des situations
susceptibles de porter atteinte à la paix et à la sécurité internationale. C'est pourquoi, la CMB a
prévu un certain nombre de règles qui permettent de leur trouver une solution. Dans sa partie XV,
la CMB contient des dispositions portant sur le « règlement des différends » entre Etats parties.
Ces dispositions peuvent être divisées en deux parties : les principes gouvernant l'orientation
générale du règlement des différends et l'organisation du contentieux international maritime.

Section I : Les principes gouvernant l'orientation générale du règlement des


différends

Deux grands principes posés : le règlement pacifique des différends et la liberté pour les
Etats parties de choisir les moyens de règlement des différends internationaux (Art. 287 CMB).

§ I : Le principe du règlement pacifique des différends

L'article 279 CMB prévoit l'Obligation pour les Etats parties de régler les différends par
des moyens pacifiques. Il dispose que : « Les Etats Parties règlent tout différend surgissant entre
eux à propos de l'interprétation ou de l'application de la Convention par des moyens pacifiques
conformément à l'Article 2, paragraphe 3, de la Charte des Nations Unies et, à cette fin, doivent
en rechercher la solution par les moyens indiqués à l'Article 33, paragraphe l, de la Charte ».

Le fondement de cette disposition est que, l'occupation du territoire maritime avec le


problème de détermination de la frontière, la circulation des navires d'Etat sont autant de
situations pouvant débouche sur un différend international. L'expression « différend » doit être
comprise comme existant lorsque des Etats ont émis des prétentions opposées ou bien, lorsque
l'un d'eux rejette la prétention de l'autre.
:
La CMB s'aligne, à travers cette disposition, sur la Charte des Nations unies qui interdit
parallèlement le recours unilatéral à la force (article 2 § 4 de la Charte de l'ONU). Les Etats
parties ne doivent pas prendre les armes pour régler leurs différends dans la mer. Leur devoir est
de recourir aux moyens de règlement pacifiques mentionnés à l'article 33 de la Charte des
Nations unies. Ce texte donne une liste non exhaustive de moyens pacifiques. Ces moyens sont
de deux catégories : les modes diplomatiques et les modes juridictionnels.

Les modes diplomatiques sont la négociation, la médiation, les bons offices, la


conciliation, l'enquête, le recours aux organismes régionaux. Les modes diplomatiques sont
caractérisés par l'inexistence d'une décision obligatoire qui s'impose aux parties en litige. Quant
aux modes juridictionnels, ils sont constitués de l'arbitrage et du règlement judiciaire. Ces modes
aboutissent à des décisions obligatoires qui s'imposent aux parties en litige. C'est du fait de ce
mode juridiction que le principe du choix de procédure est prévu dans la CMB.

§ II : Le principe du choix de la procédure

En vertu de l'article 287 CMB, « Lorsqu'il signe ou ratifie la Convention ou y adhère, ou


à n'importe quel moment par la suite, un Etat est libre de choisir, par voie de déclaration écrite,
un ou plusieurs des moyens suivants pour le règlement des différends relatifs à l'interprétation
ou à l'application de la Convention : Le Tribunal[15] international du droit de la mer, la CIJ, un
tribunal arbitral.

Ce texte a fixé 2 modalités de constituer ce tribunal arbitral, soit conformément à


l'Annexe VII de la CMB, soit conformément à l'Annexe VIII de CMB qui consacre un tribunal
spécial pour certaines catégories de différends.

Le TIDM est une juridiction spécialisée en droit de la mer. Il a pour mission de connaître
des différends relatifs à l'interprétation ou à l'application de la CMB. Il siège à Hambourg en
Allemagne. Il se compose de 21 juges, experts élus pour un mandat de 9 ans reconductible. Un
juge supplémentaire ad hoc peut être nommé pour l'Etat partie à un différend qui ne possèderait
pas de juge de sa nationalité. Le Tribunal détient également une compétence consultative.

La CIJ est une juridiction à compétence générale car elle intervient sur plusieurs
domaines du droit international. Elle est l'un des 6 organes principaux de l'Organisation des
Nations unies. La Cour en est l'organe judiciaire. Son Statut qui est un traité est partie intégrante
de le Charte. La CIJ constitue un organe intégré dans la mesure où ses membres sont élus suivant
leur compétence, donc ne sont pas des représentants de Gouvernement. Les 15 juges qui la
composent sont indépendants. Ils sont choisis parmi les personnes jouissant de la plus haute
considération morale, et qui réunissent les conditions requises pour l'exercice, dans leurs pays
respectifs, des plus hautes fonctions judiciaires, ou qui sont des jurisconsultes possédant une
:
compétence notoire en droit international. L'Assemblée général et le Conseil de sécurité des
Nations les élisent dans cette considération mais ces deux organes s'attellent, quand même, à
assurer une représentation géographique, culturelle, des systèmes juridique du monde. Plus d'un
juge ne peut avoir la même nationalité. Mais sur ce plan, il faut noter que si un Etat est partie à
un procès devant la Cour et qu'aucun juge ne porte sa nationalité, il a le droit à ce qu'un juge ad
hoc (juge occasionnel), qui n'a pas forcément sa nationalité, soit désigné. La mission de ce juge
prend fin en même temps que le procès pour lequel il a été désigné.

La Cour exerce deux compétences : une compétence contentieuse pour vider un conflit et
une compétence consultative pour donner un avis.

En matière contentieuse, la Cour peut être saisie uniquement par le Etats membres
des Nations unies. Les Etats non membres peuvent devenir parties au Statut dans des conditions
fixées par l'Assemblée générale et sur recommandation du Conseil de sécurité. Les Etats qui
saisissent la Cour peuvent le faire pour défendre leurs propres intérêts mais aussi pour la
protection diplomatique de leurs citoyens. Ainsi les personnes privées ne peuvent saisir
directement la Cour. Les Etats sont jugés par la Cour sur leur décision de l'accepter. Les parties à
un différend né signent un accord qui est un compromis dans lequel, elles manifestent leur
consentement à être jugées par l'organe judiciaire des Nations unies. Il est possible que des Etats
manifestent à l'avance, soit dans un traité, soit en souscrivant à la clause facultative de juridiction
obligatoire, leur consentement à être jugés par la Cour.

Après la saisine, la Cour a la compétence de sa compétence. L'arrêt est adopté à la


majorité et il est obligatoire et définitif. Il a l'autorité relative de la chose jugée c'est-à-dire qu'il
n'oblige que les parties au litige. La plupart des arrêts de la Cour sont exécutés mais certains ne
l'ont pas été du fait que l'une des parties était un membre permanent du Conseil de sécurité
(Affaire Corfou 1949 condamnation du Royaume uni, Affaire Nicaragua 1986 condamnation des
Etats-Unis). Le Conseil de sécurité est l'organe qui assure l'exécution forcé « s'il le juge
nécessaire ». Avec cette rédaction permissive et le véto, seule la volonté d'un membre permanent
peut permettre d'assurer l'exécution d'un arrêt de la CIJ.

En matière consultative, la Cour peut être saisie par l'Assemblée générale et le Conseil de
sécurité pour lui demander un avis sur une question de droit international. Les autres organes et
institutions des Nations unies peuvent le faire sur autorisation de l'Assemblée générale.

Pour ce qui est de l'arbitrage, c'est un mode de règlement qui fait intervenir un tiers qui
s'appelle « arbitre » et qui est chargé de donner une solution obligatoire au différend qui lie des
Etats. Il peut s'agir d'un litige entre un Etat et une entité privée. D'ailleurs, dans la pratique cette
forme d'arbitrage commence à se développer du fait de la monté en puissance des entreprises
transnationales. Le recours à l'arbitrage est volontaire.
:
Lorsque le problème est né, les parties signent un accord dénommé compromis par lequel
elles conviennent de confier le règlement à un arbitre unique ou un collège arbitral. Si le
compromis lie des Etats, il s'agit d'un traité mais s'il lie un Etat avec des entités privées, on parle
de contrat d'Etat.

Si le problème n'est pas encore né, les parties à un traité ou un contrat peuvent prévoir de
régler leurs éventuels litiges par le biais de l'arbitrage. Dans ce cas, ils insèrent dans leur accord
une clause compromissoire.

Le compromis et la clause compromissoire déterminent le nombre d'arbitre, l'objet du


litige, le droit applicable (dans le cadre d'un litige entre un Etat et une entité non étatique) et les
éventuels recours contre la sentence.

L'organe arbitral établit la procédure à suivre par les parties. Dans la pratique c'est la
procédure écrite qui est beaucoup plus appliquée. La présence des parties est nécessaire, le défaut
ne se conçoit pas. Des débats oraux peuvent être organisés mais c'est de manière marginale que
cela se fait. A la fin de la procédure, l'organe arbitral prononce une décision qu'on appelle
« sentence ». Elle est obligatoire c'est-à-dire que les parties doivent l'appliquer, elles n'ont pas
besoin de l'accepter et aucune ratification n'est nécessaire. La sentence n'est pas exécutoire. Cela
signifie que son exécution est volontaire. Dans la pratique des refus d'exécution sont
effectivement rares.

La sentence est par contre définitive en ce sens que dès qu'elle est prononcée, la mission
de l'arbitre est terminée. Il peut y avoir des recours en interprétation ou en révision contre la
sentence, le plus souvent devant une juridiction internationale s'il s'agit d'un litige entre Etats.

Section II : L'organisation du contentieux maritime

Le mot « contentieux » vient du Latin « contendere » qui signifie trancher. Le droit du


contentieux maritime est un ensemble de règles d'origine diverse tirées du Statut des différentes
juridictions qui y intervient et de la CMB elle-même. Ces règles permettent de trancher les litiges
entre colitigants. Il ne sera retenu ici que les règles prévues dans la CMB. Celles-ci ont effectué
l'organisation du contentieux en plusieurs étapes dans une logique habituelle d'examen de la
demande en justice : Compétence, recevabilité et déroulement du procès (fond).

§ I : Les compétences des instances juridictionnelles

En vertu de l'article 288 § 1 de CMB, « Une cour ou un tribunal visé à l'article 287 a
compétence pour connaître de tout différend relatif à l'interprétation ou à l'application de la
Convention qui lui est soumis conformément à la présente partie ».
:
Les instances juridictionnelles qui sont citées à l'article 287 CMB ont une compétence
pour connaitre des différends relatifs à l'interprétation ou à l'application de la Convention. Le
ème
2 paragraphe de l'article 288 ajoute que si les parties sont liées par un autre accord, tout
différend portant sur l'interprétation ou l'application de cet accord se rapportant aux buts de la
CMB, peut être soumis à ces instances juridictionnelles.
ème
Toutefois, l'article 288 CMB prévoit à son 3 paragraphe, qu'en cas de contestation de
compétence, il appartient à l'instance juridictionnelle saisie de décider. Sur un point, on peut dire
les instances juridictionnelle ont la compétence de leur compétence.

§ II : La recevabilité de la requête

Le Dictionnaire de la terminologie du droit international définit l'exception


d'irrecevabilité comme un « moyen de procédure tendant à obtenir que le juge compétent pour
connaître d'une affaire ne procède pas à l'examen au fond pour le motif qu'une condition
préalable à cet examen fait défaut... ». En général, ce moyen est soulevé par une partie au procès
ou par le juge lui-même. Pour que la requête soit recevable, il faut qu'elle respecter les conditions
fixées par les textes et qu'elle soit introduite dans le délai imparti.

A - Les conditions de recevabilité

Il y a des conditions relatives à la requête, des conditions relatives aux requérants et


l'épuisement des voies de recours interne aux cas où le DIP l'exige.

1 - Les conditions relatives à la requête

C'est l'article 294 qui les pose. Selon ce texte, « La cour ou le tribunal prévu à l'article
297 saisi d'une demande au sujet d'un différend visé à l'article 297 décide, à la requête d'une
partie, ou peut décider d'office, si cette demande constitue un abus des voies de droit ou s'il est
établi prima facie qu'elle est fondée. Si la cour ou le tribunal décide que la demande constitue
un abus des voies de droit ou qu'elle est prima facie dénuée de fondement, il cesse d'examiner la
demande ».

La rédaction de ce texte montre que cette étape n'est pas forcément suivie par le juge. En
effet, le texte dispose que c'est sur demande d'une des partie ou si le juge le décide d'office que
cet examen est effectué.

Les deux conditions qui sont exigées doivent être respectées par la requête pour que le
juge puisse statuer. L'expression « abus des voies de droit » n'est pas définie dans la CMB, mai
elle peut être comprise comme un recours de trop, c'est-à-dire qu'une affaire déjà jugée par une
:
instance juridictionnelle parmi celles visées par l'article 287 ne saurait être soumise à une autre
parmi celles-ci. Quant à l'expression « prima facie », elle peut être comprise comme « à la
première vue » ou bien « au premier coup d'œil » c'est-à-dire sans qu'il soit besoin de chercher
des preuves. Ici, l'élément, qui permet au juge de « cesser d'examiner la demande », est flagrant.

Le texte emploie deux termes qui sont souvent confondues en droit : il s'agit de la
« requête » et de la « demande ». Il convient de distinguer ces deux termes. La demande est le
contenu de la requête, c'est « l'acte d'ouverture des hostilités ». Quant à la requête, il s'agit de
contenant. Le juge examine la demande et adonne son appréciation là-dessus.

2 - Les conditions relatives aux requérants

En vertu de l'article 291 CMB, « Toutes les procédures de règlement des différends
prévues dans la présente partie sont ouvertes aux Etats Parties. Les procédures de règlement
des différends prévues dans la présente partie ne sont ouvertes à des entités autres que les Etats
Parties que dans la mesure où la Convention le prévoit expressément ».

Les requérants doivent en principe être des Etats parties c'est-à-dire des Etats qui ont leur
consentement à être lié à l'égard de la CMB. Ces Etats sont aujourd'hui au nombre de 168 (état
de la convention en janvier 2018).

3 - L'épuisement des voies de recours internes au cas où le DIP l'exige

En vertu de l'article 295 CMB, « Un différend entre Etats Parties relatif à l'interprétation
ou à l'application de la Convention peut être soumis aux procédures prévues à la présente
section seulement après que les recours internes ont été épuisés selon ce que requiert le droit
international ».

Il ressort de cet article que la question de savoir si les recours internes doivent être
épuisés trouve sa réponse dans le droit international. L'article 44 du projet d'articles sur la
responsabilité des Etats selon lequel : « La responsabilité de l'Etat ne peut pas être invoquée si :
a) La demande n'est pas présentée conformément aux règles applicables en matière de
nationalité des réclamations; b) Toutes les voies de recours internes disponibles et efficaces n'ont
pas été épuisées au cas où la demande est soumise à la règle de l'épuisement des voies de
recours internes ».

Parmi les cas où l'épuisement des voies de recours est exigé, on peut noter la protection
diplomatique. Un étranger ne peut demander la protection de son Etat national face à un Etat
étranger où il réside tant que sa nationalité, c'est-à-dire son lien avec l'Etat d'origine, n'est pas
:
effective avant la naissance du litige et tant qu'il n'a pas épuisé les voies de recours internes dans
cet Etat de résidence.

Toutefois, la règle de l'épuisement des voies de recours interne ne s'applique lorsqu'il


s'agit d'un dommage immédiat, puisque dans ce cas, l'Etat défend ses propres intérêts (CPJI, 14
juin 1938 - Affaire des phosphates du Maroc).

Dans le cadre de la jurisprudence du droit de la mer, ce principe a été invoqué par la


Guinée dans l'affaire SAIGA qui l'opposait à Saint-Vincent-et-Les Grenadines en 1999. En
examinant les arguments de la Guinée, le Tribunal constate que les droits violés sont des droits
directs de l'Etat de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Le Tribunal rejette l'exception d'irrecevabilité. Dans cette affaire, le navire a bien la


nationalité de Saint-Vincent-et-Les Grenadines. De ce fait, le navire est considéré comme un
tout.

Toutefois, lorsque le navire n'a plus de nationalité, comme la situation du « Grand


Prince ». En fait, la France a arraisonné le navire « Grand Prince » battant pavillon de Belize.
Ce navire avait été radié des registres de l'Etat Belize. Après saisine, le TIDM s'est déclaré
incompétent pour statuer sur la mainlevée à propos du navire puisqu'il ne bat plus pavillon de
l'Etat de Belize. En fait le navire été radié des registres de l'Etat Belize, la protection
diplomatique change donc de destinataire. Ainsi, Belize peut bien procéder à la protection
diplomatique de ses propres ressortissants parmi les membres de l'équipage. Les autres membres
peuvent bénéficier de la protection de leur Etat d'origine.

B - Le respect du délai imparti

L'article 294 dispose que « la réception de la demande, la cour ou le tribunal la notifie


immédiatement à l'autre ou aux autres parties et fixe un délai raisonnable dans lequel elles
peuvent lui demander de statuer sur les points visés au paragraphe 1 ».

Les délais de procédure sont des délais francs, c'est-à-dire que s'ils sont fixés, les parties
sont obligées de les respecter sans quoi, elles s'exposent à la forclusion.

§ III : Le déroulement du procès

Le mot « procès » évoque l'idée d'un combat d'arguments entre deux ou plusieurs parties
qui s'affrontent devant les juridictions avec d'un côté un demandeur qui a pris l'initiative de saisir
le juge ou l'arbitre en formulant une prétention, et de l'autre, un défendeur qui y résiste. L'objet
:
de ce combat d'arguments est d'obtenir du juge ou de l'arbitre qu'il tranche la contestation, en
faveur de l'un ou de l'autre, au moyen d'un acte solennel que l'on appelle un jugement. Pour cela,
le juge ou l'arbitre applique le droit dans le procès.

A - Le droit applicable

En vertu de l'article 293 CMB, « Une cour ou un tribunal ayant compétence en vertu de
la présente section applique les dispositions de la Convention et les autres règles du droit
international qui ne sont pas incompatibles avec celle-ci.

Le paragraphe 1 ne porte pas atteinte à la faculté qu'a la cour ou le tribunal ayant


compétence en vertu de la présente section de statuer ex aequo et bonosi les parties sont
d'accord ».

Les instances juridictionnelles ont une large possibilité dans le cadre du droit applicable.
En vertu de ce texte, elles peuvent appliquer la CMB et les autres textes pertinents du DIP à
conditions que ces textes ne soient incompatibles avec la CMB.

L'article 293 donne également latitude aux instances juridictionnelles de statuer en ex


aequo et bono (selon ce qui est équitable et bon), c'est-à-dire en équité.

B - Les incidents de procédures : les mesures conservatoires, la prompte mainlevée

Les mesures conservatoires sont régies par l'article 290 CMB, selon lequel, « Si une,
cour ou un tribunal dûment saisi d'un différend considèreprima facie, avoir compétence en vertu
de la présente partie ou de la section 5 de la partie XI, cette cour ou ce tribunal peut prescrire
toutes mesures conservatoires qu'il juge appropriées en la circonstance pour préserver les droits
respectifs des parties en litige ou pour empêcher que le milieu marin ne subisse de dommages
graves en attendant la décision définitive ».

Ces mesures, comme leur nom l'indique, elles permettent de conserver un état, une
situation, c'est-à-dire, par exemple, le fait d'empêcher une partie de continuer des travaux que
l'autre conteste ou bien d'interdire à une partie de continuer à une violer un droit dont le respect
est réclamé par l'autre. Ces mesures sont prises dans l'urgence pour éviter des risques irréparables
en attendant une décision finale. Donc, elles sont provisoires. Elles visent au maintien provisoire
du statu quo, à une sorte de cristallisation de la situation entre parties jusqu'au moment où
interviendra une décision définitive pour trancher le litige. Par les mesures conservatoires les
tribunaux cherchent à remédier aux lenteurs de la justice, de manière qu'autant que possible
l'issue du procès soit la même que s'il pouvait se terminer en un jour.
:
Les mesures conservatoires sont nécessaires parce que les droits de ces Parties sont
exposés au risque sérieux d'un nouveau préjudice irréparable.

La CIJ a donné une définition de l'urgence qui justifie le prononcé de mesures


conservatoires dans l'affaire du Passage par le Grand-Belt quand elle dit : « considérant que les
mesures conservatoires visées à l'article 41 du Statut sont indiquées en attendant l'arrêt définitif
de la Cour au fond et ne sont par conséquent justifiées que s'il y a urgence, c'est-à-dire s'il est
probable qu'une action préjudiciable aux droits de l'une ou de l'autre Partie sera commise avant
qu'un tel arrêt définitif ne soit rendu », CIJ Recueil, 1991, p. 17, par 23.

Pour ce qui est la prompte mainlevée, l'Article 292 CMB dispose : « Lorsque les
autorités d'un Etat Partie ont immobilisé un navire battant pavillon d'un autre Etat Partie et qu'il
est allégué que l'Etat qui a immobilisé le navire n'a pas observé les dispositions de la Convention
prévoyant la prompte mainlevée de l'immobilisation du navire ou la mise en liberté de son
équipage dès le dépôt d'une caution raisonnable ou d'une autre garantie financière, la question
de la mainlevée ou de la mise en liberté peut être portée devant une cour ou un tribunal
désigné d'un commun accord par les parties, à défaut d'accord dans un délai de 10 jours à
compter du moment de l'immobilisation du navire ou de l'arrestation de l'équipage, cette
question peut être portée devant une cour ou un tribunal accepté conformément à l'article 287
par l'Etat qui a procédé à l'immobilisation ou à l'arrestation, ou devant le Tribunal international
du droit de la mer, à moins que les parties n'en conviennent autrement ».

Article 73 § 2 CMB : « Lorsqu'une caution ou autre garantie suffisante a été fournie, il


est sans délai à la mainlevée de la saisie dont un navire aurait fait l'objet libération de son
équipage ».

La procédure de prompte mainlevée de l'article 292 vise à éviter l'immobilisation indue


du navire, dans le respect des pouvoirs souverains de l'Etat côtier de décider des mesures
répressives en matière de pêche illicite. Le juge, dans sa décision de prompte mainlevée de
l'immobilisation du navire, veille à assurer un équilibre entre les intérêts de l'Etat côtier et l'Etat
du pavillon, sans préjuger le fond de l'affaire. Son contrôle est par conséquent limité au respect
par l'Etat côtier de son obligation de lever l'immobilisation dès lors qu'une caution a été fournie,
ce qui implique que cette caution soit raisonnable pour pouvoir être effectivement versée.

Sur l'évaluation du caractère raisonnable de la caution, aux fins de la mainlevée de


l'immobilisation d'un navire et de la libération de l'équipage, le TIDM met en place un certain
nombre de critères : gravité des infractions imputées, sanctions imposées ou pouvant l'être en
vertu des lois de l'Etat côtier, valeur du navire immobilisé et de celle de la cargaison saisie,
montant et forme de la caution exigée.
:
Dans l'affaire SAIGA déjà citée, l'Etat de Saint-Vincent a soutenu dans son mémoire que
la Guinée a violé l'article 292 de la CMB en ne procédant pas à la prompte mainlevée de
l'immobilisation du navireet à la prompte libération de son équipage dès le dépôt de la caution de
400 000 dollars des Etats-Unis, le 10 décembre 1997.

Dans son arrêt, le TIDM observe que la mainlevée de l'immobilisation du navire est
intervenue le 28 février 1998. Il a été expressément indiqué dans l'acte de mainlevée que cette
mainlevée intervenait en exécution de l'arrêt du 4 décembre 1997. La mainlevée de
l'immobilisation du navire 80 jours après le dépôt de la caution ne peut pas être considérée
comme une prompte mainlevée de l'immobilisation du navire. Toutefois, un certain nombre de
faits ont contribué à retarder cette mainlevée de l'immobilisation du navire, qui ne peuvent pas
tous être considérés comme imputables à la Guinée. Par conséquent, le Tribunal n'estime pas
que, dans les circonstances de l'espèce, la Guinée ne s'est pas conformée à l'arrêt du 4 décembre
1997. Par conséquent, par 17 contre 3, le Tribunal rejette la demande de Saint-Vincent-et-les-
Grenadines selon laquelle la Guinée aurait violé ses droits, aux termes de la Convention, en ne
procédant pas à la prompte mainlevée de l'immobilisation du SAIGA et à la prompte libération de
membres de son équipage.

C - Le caractère définitif et la force obligatoire des décisions des instances


juridictionnelles

Article 296 CMB « Les décisions rendues par une cour ou un tribunal ayant compétence
en vertu de la présente section sont définitives, et toutes les parties au différend doivent s'y
conformer. Ces décisions n'ont force obligatoire que pour les parties et dans le cas d'espèce
considéré ».

Ces décisions ont l'autorité relative de la chose jugée. S'agissant de leur exécution, on
peut remarquer que la CMB n'a pas prévu de garantie. Pour ce qui est de la CIJ, son Statut
dispose que Chaque Membre des Nations Unies s'engage à se conformer à la décision de la Cour
internationale de Justice dans tout litige auquel il est partie (Art. 94 du Statut de la CIJ). Ce
même Statut prévoit également que l'exécution de ses décisions sont garanties par le Conseil de
sécurité en ces termes : Si une partie à un litige ne satisfait pas aux obligations qui lui incombent
en vertu d'un arrêt rendu par la Cour, l'autre partie peut recourir au Conseil de sécurité et celui-ci,
s'il le juge nécessaire, peut faire des recommandations ou décider des mesures à prendre pour
faire exécuter l'arrêt.

En ce qui concerne, le TIDM et les arbitres, leurs décisions peuvent rencontrer des
problèmes d'exécution si les Etats ne sont pas animés d'une bonne volonté dans ce sens.
:
COEXISTENCE PACIFIQUE ET REGLEMENT DES
DIFFERENDS ENTRE ETATS DANS LE MILIEU
MARIN
LES ETATS SANS LITTORAL LE REGLEMENT DES DIFFERENDS
Certains Etats enclavés ne disposent pas de côtes Les Etats parties ont l'obligation de régler
comme, par exemple, la Suisse ou la Bolivie. Dans un pacifiquement leurs différends relatifs à l'interprétation
souci d'équité, la Convention prévoit des règles pour ou à l'application de la Convention de Montego Bay ou
organiser l'accès à la mer de ces Etats via les Etats qui d'autres accords internationaux maritimes. A défaut, la
les bordent. Les Etats sans littoral bénéficient donc Convention prévoit des procédures de règlement des
d'une liberté de transit, par tous moyens de transport, à différends. Les juridictions ne peuvent être saisies
travers les « Etats de transit ». Lors de ce transit, ni le qu'après épuisement des voies de recours internes.
trafic ni les moyens de transport ne sont soumis à des
droits de douane. Les Etats de transit doivent, en outre,
coopérer à la construction et à l'amélioration des
moyens de transport nécessaires au transit.
LES JURIDICTIONS COMPÉTENTES QUI PEUT SAISIR CES JURIDICTIONS ?
POUR LE RÈGLEMENT DES CONFLITS L'Etat partie peut accepter ou refuser la compétence
Pour pouvoir être saisie, une juridiction doit avoir été d'une des juridictions prévues par la Convention. Par
choisie librement par les Etats parties au différend et défaut, le différend est soumis à la procédure
par voie de déclaration écrite expresse. d'arbitrage prévue à l'annexe VII de la Convention. La
Les juridictions possibles (non exclusives) sont : Convention donne cependant compétence obligatoire
• Le Tribunal international du droit de la mer ; au Tribunal international du droit de la mer pour
• La Cour internationale de justice ; certains contentieux. En plus des Etats parties à la
• Un tribunal arbitral (annexe VII) ; Convention, les organisations internationales et certains
• Un tribunal arbitral spécial à certains types de conflits Etats associés et autonomes peuvent avoir accès à ces
(annexe VIII). juridictions (Art. 291.2).
LE TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA PROCÉDURE D'ARBITRAGE
LA MER Une procédure d'arbitrage, distincte du Tribunal
Le Tribunal international du droit de la mer a été international du droit de la mer, est prévue à l'annexe
directement créé par la Convention de Montego Bay, et VII de la Convention de Montego Bay. En principe, les
a pour mission de connaître des différends relatifs à Etats ne peuvent se soustraire à cette procédure.
l'interprétation ou à l'application de cette Convention. Il L'arbitrage permet aux parties d'opter pour une
siège à Hambourg. Il se compose de 21 juges, experts procédure plus souple. La décision s'impose néanmoins
élus pour un mandat de 9 ans reconductible. Un juge aux parties.
supplémentaire ad hoc peut être nommé par l'Etat partie
à un différend qui ne possèderait pas de juge de sa
nationalité. Le Tribunal détient également une
compétence consultative.

[1]Décret du pape plus développé que le bref ; décision du pape sur des matières importantes et rédigée en forme
solennelle. Bulle pontificale; fulminer une bulle.
[2] Les Etats-Unis étaient le premier Etat à installer des plateformes de forage pétrolier offshore, c'est-à-dire en mer.
:
[3] La présidence de la Conférence est assurée par Hamilton Shirley Amerasinghe, un sri lankais. Il a été
décidé que les décisions à cette conférence devaient être prises non à la majorité comme c'était de coutume
dans ces types de rassemblement mais par consensus, c'est-à-dire sans objection dirimante. Le consensus est
une stratégie qui permet de s'assurer que les Etats qui ont participé à des prises de décisions au sein de la
conférence puissent signer et ratifier la future convention.
[4] Voir, état de la Convention de Montego Bay en 2017, Site « Collection des traités de Nations unies »
[5] Bassin naturel ou artificiel de vastes dimensions ayant une issue vers la mer où les navires trouvent un bon
mouillage. (Le mouillage est un terme de marine qui désigne : Un abri sûr pour un navire).

[6] En vertu de l'article 124 de la CMB, « on entend par Etat sans littoral, un Etat qui ne possède pas de côte
maritime ».

[7]Est considéré comme port maritime un lieu aménagé pour accueillir les navires, leurs passagers et leurs cargaisons.
Sont considérés comme faisant partie des ports maritimes :
-sur l'eau : les digues, darses, môles, rades, mouillages, jetées et chenaux d'accès ou de
dérivation ;
-à terre : les bâtiments, installations et équipements, terrains et voies de communication nécessaires aux activités
portuaires et au déroulement satisfaisant de la navigation dans les eaux portuaires.
[8]Loi n°61-51 du 21 juin 1961 portant délimitation des eaux territoriales, de la zone contiguë et du plateau continental
au large des côtes du Sénégal, JORS, 10 juillet 1961 et Loi n°61-46 relative à la pêche dans les eaux territoriales et dans
la zone contiguë
[9] Le verbe « pallier » ne s'emploie pas avec la préposition (à).

[10]Le 29 octobre 1945, le président mexicain Manuel Avila CAMACHO revendiqua « la totalité du plateau
continental contigu aux côtes mexicaines ainsi que l'intégralité des ressources qu'il renferme, qu'elles soient connues
ou non'' (CIJ, 2009, p.61). Et l'Argentine de suivre avec le décret n°14.708/46 du 11 octobre 1946, dans lequel elle
élargit sa souveraineté sur ce qu'elle nomme la « mer épicontinentale ». Les revendications du Mexique et de
l'Argentine eurent, dans la lignée de la Proclamation de Truman, pour unique objet d'étendre le contrôle national sur les
ressources naturelles et ne définirent en rien les limites des nouvelles zones maritimes.

[11]Le concept juridique de plateau continental, emprunté aux géographes, est utilisé pour la première fois par la
Proclamation de Truman du 28 septembre 1945. La découverte de la technologie d'exploitation du pétrole et l'extraction
des autres minéraux dans le contexte économique et politique de l'Après-guerre ont poussé les Etats-Unis à vouloir
mettre la main, le long de leurs côtes, sur les ressources naturelles des fonds marins et du sous-sol du plateau
continental. Les droits revendiqués par les américains reposaient sur la continuité géologique de l'Etat côtier « puisque
le plateau continental peut être considéré comme une extension de la masse terrestre de la nation riveraine et lui
appartient naturellement puisque ces ressources forment fréquemment un prolongement dans la mer d'un bassin ou
dépôt se trouvant à l'intérieur du territoire [...] ». La Convention de Genève de 1958 sur le plateau continental fut le
premier instrument juridique à établir le cadre de base du plateau continental, et définit ses limites extérieures.
[12] Pente raide par laquelle le plateau continentale rejoint en chute les fosses abyssales c'est-à-les profondeurs
des mers.

[13]Ce décret-loi prévoit les normes relatives à la mise en application des règles régissant le droit de passage dans les
eaux archipélagiques, en application de la Loi indonésienne n° 6 de 1996 sur les eaux de cet Etat et d'autres dispositions
sur le droit de passage dans les eaux archipélagiques, conformément à la Convention de 1982 sur le droit de la mer.
[14]Convention internationale pour la Sauvegarde de la Vie Humaine en Mer, conclue le 17 juin 1960 à Londres.
[15] Le mot « Tribunal » est dérivé du mot Latin « Tribunus » qui désignait le « tribun » qui était un magistrat
chargé de défendre les intérêts de la Plèbe (Plèbe était le populus formé des citoyens romains de toutes les
classes (inférieures) sauf les patriciens qui formaient la plus élevée).

Modifié le: mardi 2 juin 2020, 01:27


:
Navigation

Accueil
Pages du site
Cours actuel
AP5333 - droit international de lamer
Participants
Généralités
Droit international de la mer
Bibliographie
Droit international de la mer
salon de discussion générale du cours
Forum général du cours
Forum des nouvelles
Cours

Passer au thème standard


:

Vous aimerez peut-être aussi