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INFRACTIONS
24/03/2023
MARITIMES
UE : droit pénal maritime
Ousmane Kanté
USSEIN
SANCTIONS DES INFRACTIONS MARITIMES
Introduction :
L’espace maritime a, historiquement était considéré comme un danger abritant des montres
sacrées et vaisseaux fantômes. Ce n’est que récemment que la communauté internationale a
pris conscience de l’imaginaire de ces croyances surannées et commence à considérer les
océans comme les autres espaces. Alors que la période contemporaine semble avoir
procéder à la conjuration de ses croyances anciennes, les océans demeurent toutefois
soumis à un certain nombre de menaces bien plus tangible. Qu’il s’agisse d’acte de violence
en mer (piraterie en haute mer, vol à main armée dans les eaux territoriales, terrorisme
maritime), de trafic illicite (migrants, stupéfiants) ou d’atteinte à l’environnement marin, la
mer se présente comme un espace vulnérable sur le quel prospère de nombreuses activités
criminelles et délictueuses. Nos eaux sont à la merci de grand bandit de chemin qui y
commettent quasi impunément les actes de mal vaillance. Les multiples instruments
juridiques ainsi que les stratégies adoptées demandent plus spécifiquement aux États de
veiller à ce que les auteurs des actes perpétrés en mer soient appréhender et traduisent en
justice.
En effet, dans le contexte actuel de la mondialisation, les acteurs de la vie juridique sont
amenés à interagir plus facilement sur la scène internationale afin de neutraliser les réseaux
criminels. En tant que voie de communication la plus utilisée aujourd’hui, la mer se présente
comme le terreau des actes criminels. Ce constat est dotant plus vrai que la répression des
actes réalisés en mer doit trouver immanquablement une action internationale du fait de la
dimension internationale de la mer.
Des lors, les actes illicites accomplis à son sein renferment nécessairement une composante
transnationale car l’arsenal juridique répressif de bon nombre d’État est confronté à des
insuffisance. Pourtant le droit de la mer incarné par la CNUDM de 1982 n’apporte qu’une
réponse partielle à ses menaces. Elle reconnait aux État un panel de compétence qui varie
en fonction des espaces maritime appréhender mais ne s’inscrit pas à proprement parlé
dans une dimension répressive. Elle ne contribue pas, exception faite aux disposition relative
à la piraterie, à frapper d’interdire à l’échelle internationale les actes pernicieux qui émanent
des acteurs privés ni à en définir les éléments constitutifs. Alors que la CNUDM constitue le
cadre de référence et d’exercice des compétences des États en mer, d’autres conventions
internationales visant essentiellement la répression ont été adopté en vue d’apporter une
réponse commune à ses actes illicites transnationaux. Ces conventions dites « suppression
convention » sont des textes de droit pénal international dont l’objectif est de façon général
de traiter des problèmes pénaux qui se pose au plan international.
Les suites à la contestation par les pays en voie de développement de certaines règles
adopté par les conventions de Genève de 1958, la communauté internationale s’est
finalement engagée à l’adoption d’une convention Générale sur le droit de la mer. Cette
convention signée le 10 Décembre 1982 a Monté Gobay est entrée en vigueur en 1994,
régit désormais les activités en mer dans la mesure où elle prévoit la compartimentation
du droit de la mer. Elle institue par ailleurs un tribunal international du droit de la mer et
ajoute Quatre zones maritime que sont les eaux archipélagiques, la ZEE, les détroits
navigables et le fond des mers.
Le cadre normatif international de sanction des infractions pénales comporte à la fois des
règles universelles et des règles issues des organisations régionales destinées
essentiellement à réprimer les actes illicites commis en milieu marin.
La CNUDM traite de nombreux aspects dont ceux relatifs au régime propre aux différentes
zones maritimes (eaux intérieures, mer territoriales, eaux archipélagiques, zone contiguë,
ZEE, plateau continental, haute mer et grand fond marin), les droits et obligations dont
notamment les droits sur les ressources, les droits de passages inoffensifs et autres liberté
qui prévale dans chacune de ses zones (droit d’installer des pipelines). En outre le CNUDM
comporte des dispositions relatives aux infractions maritimes (piraterie) et les sanctions
prévues. Ainsi, en vertu de la présente convention les États doivent coopérer pour réprimer
les infractions de piraterie, de trafic illicite de pollution du milieu marin. Au terme de l’article
100 de ladite convention « tous les États coopèrent dans tout la mesure du possible à la
répression de la piraterie en haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la juridiction
d’aucun État ».
À cela s’ajoute l’article 220 paragraphe 2 de la CNUDM qui dispose que, «… lorsqu’un État à
de sérieuse (preuve) raison de penser qu’un navire naviguant dans sa mer territoriale a
enfreint lors de son passage, des lois et règlements qu’il a adopté en conformité de la
convention ou des règles et normes internationales applicables visant à prévenir, réduire
et maitrisé la pollution par les navires, il peut procéder, sans préjudice de l’application des
dispositions pertinentes de la SECTION 3 de PARTIE II à l’inspection matérielle du navire
pour établir l’infraction et, lorsque les éléments de preuve le justifie, intenter une action et
notamment ordonner l’immobilisation du navire conformément à son droit interne, sous
réserve de la SECTION 7… »
Outre les nombreuses règles internationales portant expressément sur la mer, un grand
nombre de traité d’application plus générale ont été également adoptés. C’est le cas de la
CNU contre la criminalité transnationale organisée (Palerme) et les protocoles s’y
rapportant. Cet ensemble de règles s’appliquent aux auteurs des infractions commises et
prévoient des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives de nature pénale ou non
pénale. Ainsi pour réprimer efficacement les auteurs des infractions maritimes. La
convention sur la criminalité transnationale organisée encourage dès la coopération des
services de détections et de répression des États parties. À cela s’ajoute le protocole
contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer.
L’acte additionnel contre a la convention des Nations unies contre le crime organisé ainsi
que la convention pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL) . Laquelle a
été modifiée les protocoles de 1978 et de 1997 est actualisée par le biais de devers
amendements. Cette convention pose la pollution par les hydrocarbures, la pollution par
les substances liquides nocives, la pollution par les substances nuisibles, transportées par
mer en colis, les eaux usées des navires les ordures et la prévention de la pollution de
l’atmosphère par les navires. Elle prévoit en même temps à l’article 4 une sanction par la
législation de l’État partie lorsque l’infraction est commise dans la juridiction d’un état
partie et d’une sanction par la législation de l’autorité dont dépend le navire en cause
quelques soit l’endroit où l’infraction se produise.
Ces droits général pénal ou particulier prévoient des sanctions qui peuvent dissuader les
auteurs des infractions maritimes. Toutefois, avec l’émergence aujourd’hui des organisations
internationales, des règles à vocation régionale sont mises en place pour garantir la sécurité
et la sûreté Maritime ou pour sanctionner les auteurs des actes illicites commis en milieu
marin.
Toutes ces dispositions sont destinées à sanctionner les infractions et à garantir une sécurité
et une sûreté de la navigation maritime en Afrique. En adoptant cette charte ainsi que
d’autres instruments juridiques spéciaux, le législateur africain pose les règles de la lutte
contre les infractions commises en mer et se donne les compétences et les pouvoirs de faire
face aux auteurs de ses infractions. Toutefois, l’efficacité de la lutte n’est possible qu’avec
une prise de conscience collective, une mutualisation des forces. C’est ainsi que l’article 3
paragraphe e) de la présente charte décline parmi les objectifs la nécessité de créer des
institutions nationales, régionales et continentales appropriées et la mise en œuvre de
politiques et de stratégies susceptibles de garantir la sécurité et la sûreté Maritime en
Afrique.
L’article 3 définissant les différents objectifs se souci de « la protection et la préservation de
la vie et des biens, le bien-être des populations africaines et de leur environnement ». Il est
de ces rares textes continentaux qui font allusion expressément à l’environnement et au
cadre de vie des populations. Les paragraphes d et e semblent être de véritables piliers du
droit international africain de lutte contre les menaces asymétriques. Le paragraphe d
recommande une coordination et une harmonisation des efforts africains pour éradiquer
efficacement « le terrorisme international sous tous ses aspects ». Ce texte adopté au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001, événement marquant le point culminant du
terrorisme international, permet de lutter contre le terrorisme maritime en Afrique. Ce
paragraphe peut constituer à lui seul la base légale d’une action en mer pour enrayer des
actes de terrorisme. Le paragraphe e qui se libelle de la sorte : « élaborer une politique de
défense commune de l’Union, conformément à l'Article 4(d) de l'Acte constitutif » est une
prise de conscience continentale de mutualisation des forces et forces pour combattre
toutes infractions en mer.
Certains textes spéciaux contribuent à éradiquer les infractions en mer. En septembre 1968,
l’OUA a adopté la Convention d’Alger sur la conservation de la nature et des ressources
naturelles. Son principe fondamental, défini en son article II est que : « Les États
contractants s'engagent à prendre les mesures nécessaires pour assurer la conservation,
l'utilisation et le développement des sols, des eaux, de la flore et des ressources de la
faune, en se fondant sur des principes scientifiques et en prenant en compte les intérêts
majeurs de la population. »
Pour chacun de ces éléments constitutifs de l'écosystème, la Convention prescrit tour à tour
et de façon détaillée, dans ses articles IV à VII, les mesures à prendre par les États
contractants afin d'assurer soit leur protection, soit leur conservation, soit une meilleure
utilisation. Elle détermine par ailleurs les règles de protection des espèces protégées (article.
VIII).
Ceux-ci renvoient aussi bien à des activités identifiées qu’à des préoccupations plus
générales. Ainsi, l’état côtier peut être amené à légiférer pour se prémunir contre des
infractions à des intérêts nationaux identifiés tels que la pêche, la pollution, l’immigration
illégale ou clandestine et les infractions douanières qui constituent autant de situations
assimilables à des menaces à la sûreté maritime. C’est ainsi que le Sénégal, en tant que
membre de la communauté internationale disposant de façades maritimes, consacre dans le
code de la marine marchande ainsi que dans celui du code de l’environnement des règles
vivant à réprimer toutes activités illégales ou toutes atteintes à l’environnement marin
relevant de sa juridiction.
Est puni à travaux forcés à tps de 10 à 20 ans et d’une amende de 1 Million à 10 Millions de
FCFA, l’auteur d’une infraction de piraterie. Il en est de même des actes illicites contre la
sécurité et la sûreté de la navigation maritime. Le même code qualifié d’infractions
maritimes, les actes illicites contre la sécurité de la navigation.
Cependant, en cas d’infraction d’abordage survenant dans les eaux intérieures, les ports et
rades ou dans les eaux territoriales sénégalaises, le code prévoit en son article 688 la
compétence des autorités judiciaires ou administratives du Sénégal d’entreprendre des
poursuites lorsque l’infraction est de nature à entraîner la responsabilité pénale du capitaine
ou de tout autre membre de l’équipage ou service d’un navire battant pavillon d’un État
étranger. Les infractions aux dispositions du présent code relatif à la sécurité de la navigation
maritime ou celle des textes pris pour leur application sont constatés par des procès-verbaux
établis par des agents assermentés de l’administration maritime relevant du ministère
chargé de la Marine marchande.
À cet égard, l’auteur d’une infraction portée au milieu est civilement responsable du
préjudice ainsi causé à toute autre personne physique ou morale. Toutefois, en l’absence de
fautes, la responsabilité du pollueur est engagée lorsque l’établissement a l’origine du
dommage causé est un établissement à risque. Dès lors cette responsabilité sans faute ne
peut être écartée qu’en apportant la preuve que la pollution et ses conséquences
dommageables sont uniquement dues à un événement ayant un caractère de force majeure.
Il convient cependant de préciser que ces infractions sont constatées par tout agent
assermenté muni d’une carte et habilité à matière de police des eaux dans les conditions
prévues par le code de l’environnement, le code de l’eau et le code de la Marine marchande.
En cas de pollution par les hydrocarbures provenant de cargaison d’un navire pétrolier, le
propriétaire de ce navire est, en vertu de l’article L72, responsable de la réparation des
préjudices causées conformément aux conventions internationales auxquelles le Sénégal a
adhéré.
Le capitaine ou l’exploitant de tout navire transportant une cargaison de plus de 2M tonnes
d’hydrocarbures, transitant dans les eaux territoriales ou dans les ports Sénégalais, doit
pouvoir justifier d’un certificat d’assurance conforme à la convention internationale.
L’article L74 considère que le rejet d’hydrocarbures comme une infraction punissable.
Aux termes dudit article, le capitaine ou l’exploitant du navire est coupable de pollution
marine par rejet accidentel d’hydrocarbures ou de mélange d’hydrocarbures ou de toutes
autres substances nocives.
Selon le législateur, le propriétaire ou l’exploitant d’un tel navire doit être mis en demeure
par les autorités maritimes compétences, en application du code de la marine marchande.
Lorsque cette mise en demeure reste sans effet ou n’a pas produit les effets attendus dans le
délai imparti, les autorités compétences doivent exécuter les mesures nécessaires aux frais
de l’armateur, de l’exploitant ou du propriétaire.
Le navire qui est servi à commettre l’une des infractions aux règles de la pollution peut
être immobilisée sur décision du procureur de la république ou du juge d’instruction saisi.
L’autorité judiciaire compétente peut à tout moment ordonner la levée de
l’immobilisation du navire s’il est fourni un cautionnement dont elle fixe le montant et les
modalités de versement. Les conditions d’affectation, d’emploi et de restitution du
cautionnement sont réglées conformément aux dispositions en vigueur au Sénégal.
L’infraction pénale de rejet illicite d’hydrocarbure ne peut en réalité se présumer. S’il en est
ainsi la répression ne peut être se prononcée lorsqu’il y a des preuves irréfutables de la
commission de l’infraction de rejet illicite d’hydrocarbure. Cette preuve doit avoir un lien
direct avec l’auteur présumé en vue de permettre une condamnation définitive.
Aux termes de l’article 102 paragraphe 2 l’officier de police judiciaire peut en cas de flagrant
délit, faire procéder immédiatement à l’arrestation du délinquant qu’il met à la disposition
de la justice.
Les constatations sont normalement effectuées par 2 agents qui signent le procès-verbal
d’infraction qui fait foi jusqu’à inscription de faux sur les constatations effectuées. Les
procès-verbaux dressés par un seul agent font foi jusqu’à preuve du contraire.
Concernant les peines encourues par le capitaine, il faut avant tout préciser qu’il n’est
responsable qu’en raison de son fait personnel. Cependant, en matière de rejet illicite
d’hydrocarbure la peine encourue est modulée selon le type et la taille du navire.
Systématiquement il est possible de distinguer trois catégories de peines : des peines
fortes, des peines moins et des peines faibles.
Sont considérées comme peine forte celle résultant de rejet illicite d’hydrocarbure
issu de navire citerne d’une jauge brut supérieur ou égale à 150 tonneaux, de navire
autre que les navires citernes d’une jauge brut supérieur ou égale 500 tonneaux et
les plates-formes.
Sont assimilées de peines moins celle résultant de rejet illicite d’hydrocarbure issu de
navire citerne d’une jauge brut inférieur ou égale à 150 tonneaux, de navire autre
que les navires citernes d’une jauge brut inférieur ou égale à 500 tonneaux.
Enfin les peines faibles concernent tous les navires soumis à la convention de
MARPOL mais qui n’appartiennent à aucune des deux autres catégories.
Dans tous les cas le défi de la sécurité et de la sûreté maritime constituent aujourd’hui un
défi international il a pour seul soubassement la mise ne place de règles efficace de sanction
des infractions maritime.
CONCLUSION :
Dans une économie mondialisée où la voie maritime est prépondérante, le principe de la
souveraineté des Etas côtiers a du évolué sous la pression des réalités contemporaines que
sont : la piraterie maritime, le trafic de stupéfiant et de migrant, le rejet illicite
d’hydrocarbure. Ainsi pour répondre à toute cette perturbation croissante de l’ordre public
en mer. La communauté internationale a mis en place un instrument juridique considéré par
la doctrine internationaliste comme une constitution de la mer. Désormais les activités
maritimes tels que la pêche, la navigation, le passage, les recherches sont régies par les
règles de la convention de Montego Bay du 10 décembre 1982. Conformément aux
dispositions de la présente convention, les Etats membres peuvent adopter des règles de
droit visant à sanctionner les infractions commises en milieu marin et même de coopérer
ensemble en vertu de l’article 100 pour pouvoir combattre efficacement certaines
infractions maritimes telles que la piraterie.