Vous êtes sur la page 1sur 5

Répertoire de droit international

Section 3 - Recherche et exploitation des hydrocarbures en mer

Art. 1er - Opérations minières et libertés des mers

50. La Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 sur le droit de la mer (V. Décr. no 96-
774 du 30 août 1996, JO 7 sept.) précise d'une part que les droits de l'État riverain sur le plateau
continental ne sauraient porter atteinte au régime des eaux surjacentes en tant que haute mer, et
d'autre part que l'exploration du plateau continental et l'exploitation de ses ressources naturelles
ne doivent pas avoir pour effet de gêner d'une manière injustifiable la navigation, la pêche ou la
conservation des ressources biologiques de la mer. Il appartient aux États de prévoir, dans leur
législation interne, les mesures garantissant l'exercice de ces libertés. Mais la Convention
reconnaît à l'État côtier le droit exclusif d'autoriser et de réglementer les forages sur le plateau
continental, quelles qu'en soient les fins (V. Plateau continental [Internat.]).

§ 1er - Protection de la pêche

51. Les explosions provoquées par les campagnes sismiques, présentant un danger pour la faune
marine, font souvent l'objet d'interdiction ou de réglementations très strictes dans certaines zones
poissonneuses, bien que des procédés modernes aient atténué sensiblement ces inconvénients. À
l'inverse, certains procédés de pêche tels que la pêche au chalut risquent de causer de graves
dommages aux installations sous-marines, à tel point qu'il peut s'avérer nécessaire d'enterrer les
pipelines et de protéger les têtes de puits.

§ 2 - Protection de la navigation

52. La Convention sur le droit de la mer (préc.) prévoit d'une part qu'un avis doit être dûment
donné lors de la construction des installations de forage et de production en mer, d'autre part que
ces installations doivent être signalées en permanence et, enfin, qu'il puisse être établi autour
d'elles des zones de sécurité sur une distance maximale de 500 mètres.

§ 3 - Conservation des ressources biologiques de la mer

53. Les opérations de forage et les travaux entrepris sur les plates-formes elles-mêmes peuvent
entraîner une pollution des eaux. La Convention sur le droit de la mer (préc. supra, no 50) se
borne à prévoir que tout État est tenu d'édicter des règles visant à éviter la pollution des mers par
les hydrocarbures résultant de l'exploitation du sol et du sous-sol marins, en tenant compte des
dispositions conventionnelles existant en la matière. La Convention MARPOL (V. infra, no 67)
ne régit que les déversements des produits d'hydrocarbures utilisés pour le fonctionnement des
équipements de la plate-forme. La Convention de l'OMI du 30 novembre 1990 sur la préparation,
la lutte et la coopération en matière de pollution par les hydrocarbures (Décr. n o 96-663 du
22 juill. 1996, JO 27 juill.) prévoit que les pays signataires imposent aux exploitants
d'installations pétrolières situées au large relevant de sa juridiction d'avoir des plans d'urgence de
bord contre la pollution par les hydrocarbures, coordonnés avec le système national de
préparation et de lutte contre la pollution. Cette convention prévoit des procédures de notification
et les mesures à prendre ; en cas de pollution, elle impose la mise en place de systèmes nationaux
et régionaux de préparation et de lutte, ainsi qu'une coopération internationale (V. infra, no 68).

§ 4 - Sécurité et démantèlement des plates-formes

54. Un protocole signé à Rome le 10 mars 1988 (Protocole pour la répression d'actes illicites
contre la sécurité des plates-formes fixes situées sur le plateau continental, publié par Décr. n o 92-
266 du 20 mars 1992, JO 26 mars) et entré en vigueur le 1 er mars 1992 étend et complète les
dispositions de la Convention de Rome de la même date pour la répression d'actes illicites contre
la sécurité de la navigation maritime (JO 27 févr. 1992).

ACTUALISATION

54 s. Répression d'actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes. - La loi du


17 novembre 2017 autorise la ratification du protocole relatif à la convention pour la
répression d'actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime et du protocole relatif
au protocole pour la répression d'actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes
situées sur le plateau continental, fait à Londres le 14 octobre 2005, signé par la France le
14 février 2006 (L. no 2017-1576 du 17 nov. 2017, JO 18 nov.).

Publication des protocoles. Le décret du 10 septembre 2018 porte publication du protocole


relatif à la convention de 1988 pour la répression d'actes illicites contre la sécurité de la
navigation maritime et du protocole relatif au protocole de 1988 pour la répression d'actes
illicites contre la sécurité des plates-formes fixes situées sur le plateau continental, adoptés à
Londres le 14 octobre 2005, signés par la France le 14 février 2006 (Décr. no 2018-782 du
10 sept. 2018, JO 12 sept. – V. Marin [Internat.] et Plateau continental [Internat.])

55. La Convention sur le droit de la mer (préc. supra, no 50) prévoit que les installations ou
ouvrages abandonnés ou désaffectés doivent être enlevés afin d'assurer la sécurité de la
navigation, publicité devant être donnée à la position, aux dimensions et à la profondeur des
éléments restants d'une installation qui n'a pas été complètement enlevée. La résolution A/672/16
du 19 octobre 1989 de l'Organisation maritime internationale (V. le site www.imo.org.) a imposé
le démantèlement des plates-formes de moins de 4000 tonnes installées par moins de 75 mètres
de profondeur d'eau ; les infrastructures des installations plus importantes immergées dans de
plus grandes profondeurs d'eau peuvent être laissées en place à condition que les eaux situées au-
dessus d'elles soient laissées libres sur une hauteur de 55 mètres par rapport au niveau de la mer.
L'autorisation de démantèlement est donnée par l'État côtier qui doit s'assurer, d'une part, de la
réalité de la propriété des parties des installations restant sur place et, d'autre part, de la stabilité
de celles-ci et, enfin, de la capacité financière des propriétaires des installations à couvrir des
dommages éventuels. La Convention « Ospar » pour la protection du milieu marin de l'Atlantique
Nord-Est des 21 et 22 septembre 1992 (V. Décr. no 2000-830 du 24 août 2000, JO 31 août)
soumet l'immersion d'une installation off-shore ou d'un pipeline désaffectés à la délivrance d'un
permis de l'autorité compétente de la partie contractante concernée ; la même procédure est à
respecter pour laisser en place une installation désaffectée ; en application de cette dernière
Convention et de celle sur le droit de la mer, ont été prises deux décisions qui concernent
l'industrie pétrolière : l'une (no 98/3 du 22 juill. 1998, publiée par Décr. no 2001/867 du 17 sept.
2001, JO 22 sept.) a trait à l'élimination des installations off-shore désaffectées, et l'autre
(no 2000/3 du 30 juin 2000, non encore publiée au JO) interdit l'utilisation des fluides de forage à
phase organique.

56. Deux conventions, la Convention « Ospar » (préc.), d'une part, et la Convention de Londres
du 29 décembre 1972 modifiée en 1980 (Convention sur la prévention de la pollution des mers
résultant de l'immersion des déchets, publiée par les décrets n o 77-1145 du 28 sept. 1977 [JO
14 oct.] et no 82-193 du 18 févr. 1982 [JO 27 févr. ]), d'autre part, soumettent à l'autorisation des
autorités nationales compétentes toute immersion d'un certain nombre de substances et matériaux,
dont conteneurs et ferrailles, composants des plates-formes, qui doivent être immergés en eau
profonde tout au moins dans la zone de compétence de la Convention « Ospar », soit à plus de
150 milles marins de la côte la plus proche et dans un site d'au moins 2000 mètres de profondeur.

§ 5 - Réparation des dommages

57. Les principales sociétés pétrolières ont constitué le 4 septembre 1974 un groupement, l'OPOL
(Off-shore Pollution Liability Association), qui garantit, à concurrence d'un maximum de
120 millions de dollars par dommage, l'indemnisation des dommages directs causés par la
pollution provenant des opérations de recherche et d'exploitation du sol marin dans des zones
bien définies, dont les côtes françaises. Cette garantie concerne également les moyens mis en
œuvre pour lutter contre la pollution, et les mesures préventives visant à contrôler et à éliminer
une fuite d'hydrocarbures. Est exclu de l'indemnisation le coût des opérations de contention d'un
puits éruptif ainsi que les puits abandonnés. La responsabilité de l'auteur des dommages est
objective ; il ne peut s'en exonérer qu'en cas de force majeure, d'intervention de l'État ou de faute
de la victime. Ce mécanisme d'indemnisation est entré en vigueur le 1 er mai 1975, pour une durée
indéterminée.

Art. 2 - Statut des engins de forage

58. L'État riverain étend généralement sa propre législation aux plates-formes et autres engins de
forage ainsi qu'au personnel qui y travaille. En raison de leur caractère hybride, ces engins
soulèvent des questions de droit complexes. En fait, leur statut dépend de leurs aptitudes
nautiques et de leur situation : en cours de déplacement, ces engins peuvent être assimilés à des
navires puisqu'ils flottent et qu'ils sont exposés aux périls de la mer ; sur leur lieu de travail, ces
engins peuvent être soit flottants (navires de forage, engins semi-submersibles) et sont alors
assimilés à des navires, soit reposer sur le fond de la mer et sont alors assimilés à des engins fixés
au sol, et, en cas de dommages subis ou causés par eux, il est fait appel aux règles du droit
international privé sur la responsabilité civile.

Copyright 2019 - Dalloz – Tous droits réservés

Vous aimerez peut-être aussi