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DE LA COUTUME INTERNATIONALE
DANS LA PRATIQUE DES ÉTATS
par
L. FERRARI BRAVO
237
NOTICE BIOGRAPHIQUE
PRINCIPALES PUBLICATIONS
CHAPITRE I
COUTUME INTERNATIONALE
ET PRATIQUE DES ÉTATS
ans fait que le nombre des Etats auprès desquels il faut vérifier
l'adhésion aux valeurs exprimées par une règle coutumière ait
énormément augmenté. De plus, on constate une augmentation
incessante des «Etats clés», c'est-à-dire des Etats dont l'opposition
est en mesure de bloquer le processus d'évolution du droit interna-
tional coutumier8.
Mais si le nombre des protagonistes de la vie juridique de la
communauté internationale augmente (et cela comporte, comme
on le verra mieux par la suite, une complexité accrue, même du
point de vue pratique, de toute recherche concernant les compor-
tements des Etats), il est aussi vrai que.les occasions, pour tous les
Etats, de prendre position sur les règles juridiques internationales
générales se multiplient.
Cela est dû essentiellement à deux facteurs qui sont, en large
mesure, convergents. Il s'agit de l'œuvre de codification du droit
international qui a pris une allure très rapide à la suite de l'établis-
sement de l'organe subsidiaire de l'Assemblée générale des Nations
Unies chargé de cette tâche, c'est-à-dire de la Commission du droit
international établie en 1947 en conformité à l'article 13, para-
graphe 1, de la Charte. Il s'agit aussi du fait que la mise sur pied
des règles générales du droit international, qu'elle passe ou non par
l'activité de la Commission du droit international, voit, presque
inévitablement, la participation de l'Assemblée générale des Nations
Unies, organe à compétence générale et indéterminée mais aussi
organe à composition pratiquement universelle. Cela implique que,
ne fût-ce qu'au sein de l'Assemblée générale, tous les Etats ont
l'occasion et parfois sont « forcés » de prendre position sur des prin-
cipes généraux, même dans les cas où la prudence aurait conseillé
de garder une attitude ambiguë et interlocutoire.
Du point de vue de notre recherche ce qui précède implique la
nécessité d'une attention constante aux prises de position des Etats
dans les organes à composition universelle lorsqu'il s'agit de pro-
blèmes généraux du droit international. Mais cette attention ne
doit pas être aveugle. Il nous incombe de cerner les prises de posi-
tions étatiques selon la nature, le texte et le contexte du document
en discussion. Malgré toute apparence, il ne s'agit nullement d'une
œuvre facile.
c
257
CHAPITRE II
diplomatique. Quoi qu'il en soit, il reste que les entités que nous
venons de mentionner sont les éléments classiques de la pratique
des Etats qui relève du point de vue de la recherche de la dyna-
mique des coutumes internationales.
ver devant un document qui relève d'un double titre : en tant que
manifestation d'opinion d'un Etat dans ses rapports individuels
avec d'autres Etats, et en tant qu'acte régi par le droit interne de
l'organisation. Mais, jusqu'à ce niveau de pénétration dans le sys-
tème de l'organisation, cette situation n'a pas de conséquences aux
fins de notre discours. En effet on est encore sur le plan des relations
interétatiques non structurées.
Pour s'en tenir au cadre des Nations Unies, qui sont l'organisation
où de pareilles situations se présentent le plus souvent, il s'avère que
les Etats sont libres, dans la pratique, de demander au Secrétaire
général la publication de n'importe quel document sur n'importe
quel point de l'ordre du jour soit de l'Assemblée générale soit du
Conseil de sécurité. Evidemment, si le but de l'envoi du document
est aussi de saisir l'un des deux organes, l'Etat envoyeur pourra, s'il
le juge bon, demander en outre l'inscription à l'ordre du jour d'un
point nouveau26.
Si la circulation du document est assurée sous un point déjà
existant de l'ordre du jour, le choix de celui-ci est parfois un indice
qui peut avoir son importance pour interpréter la manifestation
d'opinion de l'Etat qui s'exprime dans le document dont on de-
mande la publication 27 . De ce point de vue-là elle peut être mise
en relief aux fins de la présente étude, étant donné la liaison qui,
de ce fait, s'établit avec d'autres documents afférents au même
point, notamment les prises de position de l'organe de l'organisa-
tion adoptées sous ce même point de l'ordre du jour dans le passé,
ainsi que les débats qui les ont précédées. On a dans ces cas un
contexte dans lequel le document en question vient s'insérer, ce
qui peut avoir une influence sur l'interprétation de celui-ci même
lorsque la demande de publication n'est pas accompagnée, ou
suivie, par le début d'un débat sur les circonstances, de fait ou de
droit, énoncées dans le document dont il est question.
est perçu par l'Etat dont la législation émane. Traduction qui est
souvent nécessaire, comme c'est le cas du droit de la guerre, car la
règle du droit international demande à être appliquée par une série
assez vaste d'organes étatiques qui ne sont pas des organes spécialisés
en droit international. Pour qu'elle soit applicable exactement, la
règle du droit international demande alors d'être soigneusement
spécifiée par un acte législatif46.
Mais à d'autres occasions l'acte de législation est la manifestation
d'une intention innovatrice. Sans doute, le fait que dans les années
récentes un nombre toujours croissant d'Etats ait adopté des me-
sures législatives visant à élargir l'ampleur de la mer territoriale
jusqu'à la limite de 12 milles (et parfois au-delà) a été un facteur
fondamental pour que la communauté internationale tout entière
reconnaisse la validité internationale de la nouvelle limite maxi-
male de la mer territoriale ainsi qu'il ressort de l'article 3 de la
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer47 ; une disposi-
tion que l'on s'accorde à considérer comme correspondant à l'état
actuel du droit international coutumier. Et cela s'applique aussi
pour d'autres innovations contenues dans la même convention.
Evidemment, l'orientation dominante de la législation des Etats
dans des matières régies par le droit international coutumier n'est
pas, à elle seule, la preuve du contenu desdites règles. D'autres
facteurs doivent concourir, tels que, le cas échéant, des prises de
position dans le même sens d'organes, surtout judiciaires, interna-
tionaux ou, plus encore, l'acquiescement progressif d'Etats autres
que ceux dont la législation émane. Cet acquiescement peut de-
mander à être démontré par l'absence, ou par l'assouplissement
progressif, d'oppositions, ou par d'autres indices. De ce point de
vue-là, reste toujours valable, à notre avis, le célèbre passage de
l'arrêt de la Cour permanente de Justice internationale dans l'affaire
du vapeur Lotus, là où il est dit que la concordance des actes légis-
latifs (et de la jurisprudence) nationaux ne suffit pas en soi pour
justifier l'existence d'une règle coutumière de droit international ;
il faut vérifier l'existence aussi d'autres éléments et notamment de
l'élément psychologique de la coutume, c'est-à-dire et pour ce qui
concerne les Etats qui adoptent les pratiques législatives (ou judi-
ciaires) en question, la conviction chez lesdits Etats de se conformer
par cela à une obligation internationale48.
D'après les caractères propres à chaque système constitutionnel,
la législation nationale connaît des articulations très variées. A
282 Luigi Ferrari Bravo
f
Prenons par exemple les circulaires. Il arrive souvent que par voie
de circulaire administrative un Etat prenne position sur des sujets
comme les impôts (ainsi que les critères pour leur calcul) auxquels
pourraient être soumis des agents diplomatiques ou consulaires ou
des fonctionnaires internationaux. Il en est de même pour ce qui
concerne les obligations découlant de la législation nationale en
matière de travail et/ou de sécurité sociale auxquelles pourraient
être soumis des Etats étrangers, des organisations internationales
ou les agents (diplomatiques ou non) de ces entités lorsqu'ils em-
bauchent du personnel non diplomatique résidant dans l'Etat.
Dans toutes ces matières la pratique des Etats pertinente aux fins
de notre recherche consiste souvent et presque exclusivement
dans ces circulaires qui tantôt se veulent comme des éléments
d'interprétation de textes législatifs nationaux, tantôt sont indé-
pendantes de ceux-ci. En conclusion, il y a donc toute une zone
grise entre la pratique législative et la pratique administrative de
l'Etat, une zone qui est pourtant importante aux fins de savoir ce
que sont, globalement, les comportements des Etats pertinents à
une recherche sur la contribution des Etats à l'évolution du droit
international coutumier50.
Cette situation a d'ailleurs de l'importance du point de vue de la
mise en œuvre des prises de position en question. Il est évident, en
effet, que les tribunaux du pays ne se sentiront pas liés par des
actes édictés par voie non législative de la même manière qu'ils se
sentiraient liés s'il s'agissait de véritables actes de législation.
Pour ce qui concerne les éléments de la pratique des Etats que
nous venons de mentionner, ainsi que, plus en général, pour ce qui
est de la pratique administrative des Etats, l'autre remarque qu'il
nous paraît opportun de formuler ici c'est qu'il est souvent très
difficile, pour un observateur étranger, de retenir les prises de po-
sition pertinentes. A la différence de la législation les entités en
question ne sont pas toujours publiées systématiquement, même
dans des pays importants. Ceci peut soulever des problèmes. Par
exemple, lorsqu'il est question de vérifier, à l'occasion d'un diffé-
rend international, l'épuisement 'effectif des voies internes de re-
cours avant de faire heu à l'exercice de la protection diplomatique.
neté (the act of State doctrine)53. On peut aussi songer aux sé-
quelles judiciaires, à l'échelon national, de la prise d'otages améri-
cains à Téhéran en novembre 1979 au vu des mesures de rétorsion
adoptées par le Gouvernement des Etats-Unis et des contre-mesures
iraniennes54.
Une dernière remarque qui a trait, à bien y regarder, à la façon
de «lire» la jurisprudence nationale, concerne l'optique dans la-
quelle celle-ci se situe. De toute évidence cette optique est celle du
litige entre les parties en justice, alors que les soucis concernant la
position internationale des Etats et la responsabilité que l'Etat
pourrait encourir à cause des prises de position de ses juges restent
souvent à l'arrière-plan. On en a eu quelques exemples dans la
matière des relations commerciales d'entreprises occidentales opé-
rant en Afrique du Sud et de l'impact des condamnations de la
politique d'apartheid pratiquée par le Gouvernement sud-africain
sur la valeur juridique des actes accomplis par les entreprises en
question.
288
CHAPITRE III
sus est facilitée, parfois pour des raisons de prestige des Etats par-
ticipants, si un texte n'a pas de parents bien reconnaissables ; si, en
d'autres mots, il peut apparaître comme le produit de l'effort col-
lectif de tous les participants, dont l'heureux résultat est annoncé
par un organe de la conférence, normalement le président.
Or, pour arriver à ce résultat, il faut souvent que des proposi-
tions précises ne soient pas présentées officiellement au nom de tel
ou tel Etat, qu'elles ne soient non plus discutées ; et cela pour per-
mettre aux mêmes Etats un changement de leurs positions de base
en sauvant toutefois la face.
Evidemment, nous ne voulons pas dire que dans les conférences
contemporaines les Etats ne mettent jamais sur papier, et en leur
propre nom, leurs propositions. Mais la tendance est celle que nous
venons de mentionner. Parfois, et même souvent, des Etats, tout
en ayant l'intention de se rallier au consensus sur un texte autre
que celui qu'ils avaient souhaité, demandent un vote sur certaines
de leurs propositions, tout en sachant à l'avance que le résultat
sera négatif. Il s'agit alors d'un vote de principe, non assisté par un
effort de négociation, qui est demandé pour qu'il y ait constat d'une
position, car cela pourra servir un jour ou bien devant l'opinion
publique nationale ou, le cas échéant, pour justifier certaines
interprétations du texte adopté par consensus.
Comme toute règle admet des exceptions, il existe pourtant des
conférences pour ainsi dire à l'ancienne où les Etats participants
abondent en propositions présentées en leur propre nom, et offi-
ciellement. L'exemple qui nous vient à l'esprit ici est celui de la
Conférence diplomatique sur la réaffirmation et le développement
du droit humanitaire applicable aux conflits armés qui, au bout de
quatre sessions de négociations très intenses, a produit, en 1977, les
deux protocoles additionnels aux quatre Conventions de Genève
du 12 août 1949 sur le droit humanitaire de la guerre65.
toutefois ne pas appuyer trop sur cette donnée mais évaluer toujours
dans son ensemble le contexte de la négociation. En effet, des textes
sont parfois présentés pour des raisons purement tactiques quitte
à être retirés ou simplement oubliés par la suite.
Il arrive aussi, et très souvent, que les textes changent au cours
de la négociation à la suite d'amendements présentés par d'autres
Etats, ou bien à la suite de révisions proposées par leurs auteurs
mêmes. Il arrive aussi qu'un Etat déclare vouloir retirer sa proposi-
tion, mais qu'un autre Etat la fasse sienne; la proposition, alors,
change de parrain. Il arrive, enfin, que des amendements soient
adoptés qui changent si radicalement le sens de la proposition ori-
ginaire que l'Etat qui en avait été l'auteur décide de la répudier en
s'en dissociant et, en l'occurrence, en votant contre sa propre pro-
position telle qu'amendée. Tout cela peut ou non être accompagné
par des déclarations. Mais, que ces déclarations existent ou non,
c'est seulement à la fin du processus de négociation sur le point en
question qu'on peut évaluer, à un degré suffisant de fiabilité et en
vue de l'ensemble des autres propositions en discussion, l'attitude
de l'Etat sur le point de droit qui était visé par l'initiative de celui-
ci. Isoler le document tel qu'il était présenté sans tenir compte soi-
gneusement de l'ensemble de la discussion risque de donner une
idée fausse des attitudes de l'Etat considéré, donc de sa pratique.
Ce que nous venons de dire permet de répondre à la question
suivante : est-ce qu'il faut prétendre des Etats une cohérence totale
dans leur activité au sein d'une conférence internationale? La ré-
ponse est: oui, mais; car une conférence est une entité, comme on
dirait en anglais, in progress. Elle se juge plutôt par ses résultats
(positifs ou négatifs), que par les différents moments dans lesquels
elle se déroule. Cela vaut aussi pour les attitudes des Etats partici-
pants qui sont, inévitablement, influencées par l'ensemble des
circonstances dans lesquelles se développe l'activité du forum mul-
tilatéral.
Les remarques qui précèdent s'appliquent aussi à l'activité des
organes collectifs de la plupart des organisations internationales,
surtout de l'Assemblée générale des Nations Unies, quand le fonc-
tionnement de ces organes et le déroulement des débats qui y ont
lieu ne présentent pas des différences substantielles avec le fonc-
tionnement des conférences internationales. Et, en effet, telle est
la situation chez la vaste majorité des organisations à vocation
universelle.
296 Luigi Ferrari Bravo
entité que les Etats tiers seront libres de considérer ou non comme
autonome vis-à-vis des Etats qui en font partie. A son tour le fait
que la Commission de la Communauté puisse s'exprimer au nom
des Etats membres de celle-ci, tout en représentant, dans la négo-
ciation en question, une entité qui a un statut d'observateur et non
pas de membre à part entière, c'est un problème qui relève du règle-
ment intérieur qui régit la négociation mais, qui n'affecte pas notre
discours. D'ailleurs cela n'est pas toujours vrai car il y a des instances
où le statut de la Communauté est plus élevé que le statut d'obser-
vateur 83 . Mais de toute manière rien n'empêche que des participants
à part entière à une négociation puissent se faire représenter par
un observateur soit dans le débat, soit, le cas échéant, au moment
de la prise de décision et, en l'occurrence, du vote. Il y aura donc
une pratique des Etats membres de la Communauté qui se sera
formée à travers les prises de position de la Présidence ou de la
Commission. A cette pratique s'ajoute celle, évidemment conforme,
de la Communauté en tant que telle. D'autre part, dans les rares
cas où la Commission agit seule on pourra, à la limite, parler de
pratique de la Communauté qui, par le truchement du système
juridique communautaire, lie aussi les Etats membres de la Com-
munauté et qui, de ce fait, leur est aussi attribuable par les entités
tierces.
309
CHAPITRE IV
NOTES
1985, a été précédée par des moments de tension entre les deux Etats qui
s'accusaient réciproquement du retard dans l'échange des ratifications du
compromis. Cette question fut portée par Malte devant le Conseil de sécurité
des Nations Unies (voir parmi les différents documents publiés à l'époque le
rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité, doc. S/14786, du 9 dé-
cembre 1981).
Toutefois les parties réussirent à régler leurs divergences sans qu'il y eût de
prise de position du Conseil et l'échange des ratifications eut lieu en juillet
1982.
26. En effet tout Etat peut demander l'inscription à l'ordre du jour de
l'Assemblée générale de n'importe quel point (règles 13 et 14 du règlement).
Il y a seulement des limites temporelles (règle 15). Bien évidemment, l'ordre
du jour tout entier doit être approuvé par l'Assemblée sur rapport du Comité
général et l'Assemblée pourrait éliminer des points (règle 22). Mais dans la pra-
tique on ne recourt presque jamais à cette procédure et si la discussion de cer-
tains points est jointe, cela se fait d'habitude avec l'accord de l'Etat intéressé.
27. Lorsqu'un point est inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée générale
(ou du Conseil de sécurité) la mention de ce point est accompagnée par des
références aux documents pertinents : par exemple, les résolutions adoptées
par l'Assemblée à des sessions antérieures sur ce même point de l'ordre du
jour. Or, si, en prenant pour base le point en question, l'Etat X décide d'y lier
un document qu'il désire porter à la connaissance des autres membres de l'Or-
ganisation, on peut présumer que cet Etat reconnaisse une certaine validité à
l'objet de la discussion prévue par le point en question. La chose peut avoir de
l'importance si, par exemple, la discussion dont il s'agit porte sur le point de
vérifier les suites données par les Etats à une résolution adoptée dans le passé
et si l'Etat qui se sert de ce point de l'ordre du jour avait, en son temps, voté
contre la résolution en question (ou s'il s'était abstenu). On pourrait alors voir
dans le nouveau comportement un indice de consentement successif au texte
de la résolution à laquelle l'Etat s'était, auparavant, opposé.
28. Tant à l'occasion de la signature qu'à celle de la ratification de la Con-
vention des Nations Unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 10 décembre
1982) un grand nombre d'Etats signataires (ou ratifiants) ont assorti leur si-
gnature (ou ratification) de déclarations, parfois très longues et détaillées, sur
différents aspects, importants même, de la convention. Il faudra donc, si et
quand la convention entrera en vigueur, faire état de tout ce matériel pour
en comprendre la portée dans une affaire déterminée qui pourrait concerner,
le cas échéant, aussi les rapports entre la convention et le droit coutumier
préexistant, auquel celle-ci fait, à plusieurs reprises, référence.
29. Ce revirement consista essentiellement dans le refus d'accepter la par-
tie XI de la convention qui vise à établir une Autorité internationale des fonds
marins (au-delà des limites de la juridiction nationale) qui serait seule compé-
tente à accorder les permis d'exploitation minière moyennant le paiement de
royalties en faveur de l'Autorité elle-même (qui les redistribuerait à tous les
Etats contractants, notamment aux pays sous-développés) et d'autres obliga-
tions spécifiées par la convention. La position américaine, qui a aussi porté
sur la signature, à Genève, le 3 août 1984, d'un mini-accord entre huit pays
industrialisés, dont la compatibilité avec la Convention de Montego Bay est
contestée, est aussi à l'origine du refus de signer la convention non seulement
des Etats-Unis mais aussi d'autres pays développés tels que le Royaume-Uni et
l'Allemagne fédérale. Ces mêmes pays, ainsi que d'autres Etats qui, tout en
partageant les soucis des Etats-Unis, ont pourtant décidé de signer la conven-
tion, s'efforcent de convaincre les autres à entamer un processus de renégocia-
tion de la partie XI en vue d'arriver à un texte acceptable par tous.
30. Voir arrêt du 20 décembre 1974, CU Recueil 1974, pp. 253 ss., et sur-
tout 268 ss. (Australie c. France), et pp. 457 ss., notamment 473 ss. (Nouvelle-
Zélande c. France). On pourra rappeler aussi l'arrêt de la Cour du 19 décembre
La coutume internationale dans la pratique des Etats 321
58. La troisième Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer a été
précédée, entre 1968 et 1973, par l'intense activité du Comité des utilisations
pacifiques du fond de la mer et des océans au-delà des limites de la juridiction
nationale, dont les travaux sont consacrés dans les documents publiés sous les
cotes A/AC.135 et A/AC.138, ainsi que dans le rapport final, en plusieurs
tomes (doc. A/9021). Voir aussi Stevenson et Oxman, «The Preparation for
the Law of the Sea Conference », A merican Journal of In ternational Lavi, 1974,
pp. 1 ss.
59. En 1980, au bout de sept ans de négociations on était encore au texte
de négociation composite officieux qui seulement par la suite et vers la fin de
la Conférence a été appelé projet de convention. Voir Buzan, «Negotiating by
Consensus : Developments in Technique at the UN Conference on the Law of
the Sea», American Journal of International Law, 1981, pp. 324 ss.¡Treves,
La Convenzione delle Nazioni Unite sul diritto del mare del 10 dicembre 1982,
Milan, 1983, pp. 4 ss. Voir aussi, pour un tableau des groupes (officieux) de
négociations dans lesquels la Conférence s'est articulée dans sa phase centrale,
la décision prise à sa quatre-vingt-dixième séance plénière (13 avril 1978) et
reproduite dans le document A/CONF.62/62.
60. Les travaux de la Conférence des Nations Unies (UNCTAD) sur ce code
de conduite piétinent. Des sessions de la Conférence sont convoquées de temps
en temps mais sans résultat (la dernière a eu lieu en mai 1985). Il n'y a presque
pas de documents nouveaux ni de procès-verbaux, le dernier texteer consolidé
du projet de code remontant à 1983 (doc.TD/CODE.TOT/41 du 1 décembre
1983). Toutefois la négociation n'est pas abandonnée.
61. Ceci est vrai surtout pour la Conférence de Vienne de 1983 sur la
succession d'Etats en matière de biens, dettes et archives d'Etats où l'affron-
tement ainsi que l'on l'a rappelé plus haut {supra, chapitre I, paragraphe 5, et
note 13) a été très net.
62. Il serait à souhaiter que les Etats s'expriment de manière plus.précise
lorsqu'ils commentent (par écrit ou à la Sixième Commission de l'Assemblée
générale) les travaux de la Commission du droit international au fur et à mesure
que ceux-ci progressent. Ils éviteraient alors de donner l'impression d'approu-
ver des résultats (en encourageant la CDI à continuer dans la voie qu'elle a
choisie) quand, au contraire, ils ont des réserves très lourdes qui voient sou-
vent le jour seulement quand le projet d'articles est achevé. Peut-être un des
facteurs de la réticence des Etats à critiquer à temps l'œuvre de la Commission
du droit international est le fait que souvent ce sont les mêmes membres de la
Commission qui siègent en tant que délégués des Etats à la Sixième Commis-
sion de l'Assemblée générale; ils ne sont donc pas disposés à faire... l'autocri-
tique !
63. Tendance regrettable car le règlement doit s'adapter aux besoins de la
Conférence qui ne sont pas toujours les mêmes. Dans cette optique nous par-
tageons l'accueil très froid que la Sixième Commission de l'Assemblée générale
a réservé à une initiative visant à faire approuver par l'Assemblée générale un
règlement type pour les conférences internationales. Voir le dernier rapport
concernant cette matière, doc. A/38/298 (8 août 1983) et les Add.1 et 2 qui
contiennent les observations de nombreux Etats. Par décision 39/419 du 13 dé-
cembre 1984 l'Assemblée générale a encore une fois renvoyé toute décision
sur la question.
64. Le règlement intérieur de la Conférence est reproduit dans le docu-
ment A/CONF.62/30/Rev.l. L'article 37 dit, entre autres, que
«avant de procéder à un vote sur une question de fond, il y a lieu
d'adopter une décision confirmant que tous les efforts tendant à par-
venir à un accord général ont été épuisés... »
Le même article spécifie dans les détails la procédure de prise de décision qu'il
envisage.
La coutume internationale dans la pratique des Etats 325
BIBLIOGRAPHIE