Vous êtes sur la page 1sur 160

NOUVELLES QUESTIONS CONCERNANT

LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE
INTERNATIONALE

par

JULIO A. BARBERIS
J. A. BARBERIS
149

TABLE DES MATIÈRES

Première partie 157


Chapitre unique. La personnalité juridique internationale 157
Introduction 157
Section I. La notion de sujet en droit international 160
1. La théorie pure du droit
2. La théorie de la responsabilité
3. Le sujet en tant que destinataire direct et effectif d'un droit
ou d'une obligation sur le plan international
4. La qualité et le contenu de la personnalité internationale
Section II. La communauté juridique internationale 170
1. L'uniformité des sujets du droit international
2. L'apparition de nouvelles entités et le recours à un troisième
ordre juridique
3. La communauté juridique internationale ne constitue pas
un sujet du droit des gens
4. La communauté juridique internationale actuelle
Deuxième partie 181
Chapitre I. Les personnes privées 181
Généralités 181
Le droit international et la protection des personnes privées . . . . 182
Section I. Les droits des personnes privées 185
1. Traités qui accordent aux personnes privées une action
devant un tribunal international
2. Les accords quasi internationaux
a) Leurs caractéristiques
b) Les accords quasi internationaux et le droit interne des
Etats
c) Normes appliquées en vue de déterminer le droit appli-
cable
d) Le droit applicable à l'accord quasi international
e) La procédure arbitrale
f) Les accords quasi internationaux et le droit des gens
Section II. Les obligations des personnes privées 206
Les obligations des personnes privées dans l'ordre juridique
international 206
Chapitre II. Les organisations internationales 213
1. Introduction 213
2. Antécédents 215
3. Caractéristiques 216
a) Création par traité international
b) Attribution des actes à l'organisation
c) Compétence fonctionnelle
d) Réglementation par le droit international
150 Julio A. Barberis

4. L'ordre juridique des organisations internationales 220


5. Organisations internationales indépendantes et dépendantes . . 225
6. Les organisations internationales et le droit des gens 227
7. Les entreprises publiques internationales 232
Chapitre III. Les mouvements de libération nationale 239
1. Introduction 239
2. L'évolution de la notion aux Nations Unies 241
3. Les mouvements de libération nationale et le droit des gens . . 253
a¡ Le droit humanitaire
b) Le droit des traités
c) Les relations diplomatiques
4. Caractéristiques des mouvements de libération nationale . . . . 265
Notes . 269
Annexe : Table de la jurisprudence relative aux accords quasi interna-
tionaux 286
Bibliographie 289
151

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Julio A. Barberis, né le 12 avril 1936 à Buenos Aires.


Diplômé de l'Institut universitaire des hautes études internationales
(Genève). Docteur en droit (Buenos Aires).
Professeur à l'Université catholique de Buenos Aires.
Ambassadeur d'Argentine. Membre de la Cour permanente d'arbitrage.
Associé de l'Institut hispano-luso-américain de droit international.
Assistant (1958), chargé de cours (1959) et chargé de recherches (1962-
1964) à l'Université de Buenos Aires. Assistant (1960-1961) et professeur
invité (1975) au Max Planck Institut für ausländisches öffentliches Recht und
Völkerrecht (Heidelberg). Professeur aux facultés de droit de l'Université
catholique de Mar del Plata (1965-1973) et de l'Université catholique de
Buenos Aires (depuis 1968).
Conseiller du ministère des Affaires étrangères (1966-1967). Conseiller
juridique de la Commission des limites interprovinciales ( 1968-1969). Directeur
de la politique fluviale internationale (1970). Représentant permanent de
l'Argentine auprès du Comité intergouvernemental des Etats du bassin du
Plata (1970-1973), Jurisconsulte du ministère des Affaires étrangères (1976-
1978). Ambassadeur aux Pays-Bas (depuis 1978). Consultant de la mission
spéciale de l'Argentine auprès du Saint-Siège pour la médiation dans le diffé-
rend de la zone australe entre le Chili et l'Argentine (depuis 1983).
Il a été le représentant de l'Argentine dans de nombreuses négociations et
conférences internationales concernant l'aménagement des fleuves interna-
tionaux, la protection de l'environnement et l'exploitation des ressources
naturelles.
Consultant de l'Institut pour l'intégration de l'Amérique latine (INTAL)
de la Banque interaméricaine du développement (1973) et du Programme des
Nations Unies pour l'environnement ( 1973). Conseiller juridique de la Commis-
sion mixte paraguayo-argentine du Paraná (1973-1974). Directeur adjoint de
l'Entité binátionale Yacyretá (1974-1976).
Membre du Conseil international du droit de l'environnement (Bonn) et de
l'International Association for Water Law (Rome).
152

PRINCIPALES PUBLICATIONS

«Verfassungsgerichtsbarkeit in Argentinien», Beiträge zum ausländischen


öffentlichen Recht und Völkerrecht, vol. 36, Cologne-Berlin, 1962, pp. 39-
74.
«Verfassungsgerichtsbarkeit in Mexiko», Beiträge zum ausländischen öffent-
lichen Recht und Völkerrecht, vol. 36, Cologne-Berlin, 1962, pp. 392-416.
«La costumbre bilateral en derecho internacional público», Revista jurídica
de Buenos Aires, vol. 1962-I/II, pp. 313-324.
«La influencia de la concepción jusnaturalista en las fuentes del derecho
internacional positivo», Iustitia, Año I, no 2, Buenos Aires, 1965, pp. 69-
88.
« El límite argentino-uruguayo en el Río de la Plata -»Jurisprudencia argentina,
1967-11, section «Doctrina», pp. 30-33.
«La prescripción adquisitiva y la costumbre en el derecho internacional»,
Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, 1967,
pp. 233-243.
« Vopinio juris comme élément constitutif de la coutume d'après la Cour de
La Haye », Rivista di diritto internazionale, 1967, pp. 563-583.
« L'élément matériel de la coutume internationale d'après la Cour de La Haye »,
Nederlands Tijdschrift voor Internationaal Recht, 1967, pp. 367-381.
«Les arrêts des tribunaux nationaux et la formation du droit international
coutumier», Revue de droit international, de sciences diplomatiques et
politiques, 1968, pp. 247-253.
«La Provincia de Buenos Aires y la libre navegación del Río de la Plata», Jus
(Revista jurídica de la Provincia de Buenos Aires), vol. 11-12, La Plata,
1968, pp. 417-432.
«Régimen de las telecomunicaciones en la Cuenca del Plata», dans l'ouvrage
La Cuenca del Plata, Buenos Aires, 1969, pp. 52-55.
«Nuestras Malvinas », Cuadernos del Sur, no 57, Buenos Aires, 1969, pp. 233-
241.
«Régimen jurídico internacional del Río de la Plata», dans l'ouvrage de Julio
A. Barberis et Eduardo A. Pigretti, Régimen jurídico del Rio de la Plata,
Buenos Aires, 1969, pp. 7-173.
« L'activité des personnes privées et la formation de la coutume internationale
d'après la Cour de La Haye», Revue de droit international, de sciences
diplomatiques et politiques, 1969, pp. 285-288.
« La liberté de traiter des Etats et le jus cogens », Zeitschrift für ausländisches
öffentliches Recht und Völkerrecht, 1970, pp. 19-45.
«Principios jurídicos que regulan la libre navegación de la Cuenca del Plata»,
dans l'ouvrage Ríos y canales navegables internacionales, Buenos Aires,
1971,pp. 197-211.
« La jurisprudencia internacional como fuente de derecho de gentes según la
Corte de La Haya», Zeitschrift für ausländisches öffentliches Recht und
Völkerrecht, 1971, pp. 641-672.
Fuentes del derecho internacional, La Plata, 1973.
«El aprovechamiento industrial y agrícola de los ríos de la Cuenca del Plata y
el derecho internacional», Derecho de la integración, no 16, 1974, pp. 47-
84.
«La regla del intercambio de información o de consulta en el derecho interna-
cional fluvial», Asociación para la protección del ambiente - Primeras
Jornadas argentinas de derecho y administración ambientales. Documentos
de trabajo, Buenos Aires, 1974, pp. 281-308.
La personnalité juridique internationale 153

« Los recursos minerales compartidos entre Estados y el derecho internacional »,


Derecho dela integración, nos 18-19, 1975, pp. 45-58.
«Entidades públicas multinacionales para obras hidráulicas internacionales en
América latina», Annales Juris Aquarum (International Association for
Water Law), vol. II, t. 2, Caracas, 1976, pp. 1039-1068.
Los recursos naturales compartidos entre Estados y el derecho internacional,
Madrid, 1979.
«La Convention panamericaine: développements récents», Environmental
Policy and Law, 1980, pp. 31-33.
« Sujetos del derecho internacional vinculados a la actividad religiosa », Anuario
de derecho internacional público (Buenos Aires), vol. I, 1981, pp. 18-33.
«La personalidad jurídica internacional», Völkerrecht als Rechtsordnung -
Internationale Gerichtsbarkeit - Menschenrechte (Festschrift für Hermann
Mosler), Berlin-Heidelberg-New York, 1983, pp. 25-44.
155

ABREVIATIONS

AC DI Annuaire canadien de droit international


A FDI Annuaire français de droit International
AJIL The American Journal of International Law
ALADI Asociación latinoamericana de integración
Arch. VR Archiv des Völkerrechts
BGBl. Bundesgesetzblatt (République fédérale d'Allemagne)
BYB The British Year Book of International Law
CECA Communauté européenne du charbon et de l'acier
CU Cour internationale de Justice
Comecon Conseil d'assistance économique mutuelle
CPJI Cour permanente de Justice internationale
CTS Parry, The Consolidated Treaty Series
doc. document
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FNLA Front national de libération de l'Angola
FRELIMO Front de libération du Mozambique
FW Die Friedens-Warte
GPRA Gouvernement provisoire de la République algérienne
GU Gazzetta ufficiale del Regno d'Italia
ICLQ The International and Comparative Law Quarterly
IJIL The Indian Journal of International Law
ILM International Legal Materials
ILR International Law Reports
Investissements Centre de recherche sur le droit des marchés et des inves-
étrangers tissements internationaux de la faculté de droit et des
sciences économiques de Dijon, Investissements étrangers
et arbitrage entre Etats et personnes privées, Paris, 1969
I. UWR. Internationales Umweltrecht - Multilaterale Verträge,
Herausgeber: W. E. Burhenne
IDI Journal du droit international
LNTS League of Nations, Treaty Series
MPLA Mouvement populaire de libération de l'Angola
Niemeyers ZIR Niemeyers Zeitschrift für internationales Recht
NRG Martens, Nouveau recueil général de traités
OCDE Organisation de coopération et de développement écono-
miques
OEA Organisation des Etats américains
OIT Organisation internationale du Travail
OLP Organisation de libération de la Palestine
OMM Organisation météorologique mondiale
OMPI Organisation mondiale de la propriété intellectuelle
OMS Organisation mondiale de la Santé
156 Julio A. Barberis

ONU Organisation des Nations Unies


ÖZöR Österreichische Zeitschrift für öffentliches Recht
ÖZöRV Österreichische Zeitschrift für öffentliches Recht und
Völkerrecht
PL Petroleum Legislation - Basic Oil Laws and Concession
Contracts (New York)
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
Recueil des cours Recueil des cours de l'Académie de droit international
de La Haye
RDILC Revue de droit international et de législation comparée
REDI Revista española de derecho internacional
Rev. internat. Revue internationale de la théorie du droit
RGDIP Revue générale de droit international public
RIAA Reports of International Arbitral A wards
Rivista Rivista di diritto internazionale
Schw. MR Schweizerisches Jahrbuch für internationales Recht
Société des Nations
SdN
Selected Readings International and Comparative Law Center — The South-
western Legal Foundation, Dallas, Texas. Selected Read-
ings on Protection by Law of Private Foreign Investments,
Albany-San Francisco-New York, 1964
SWAPO South West Africa People's Organisation
TAM Recueil des décisions des tribunaux arbitraux mixtes
institués par les traités de paix
UIT Union internationale des télécommunications
Unesco Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la
science et la culture
Unidroit Institut international pour l'unification du droit privé
UNITA Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola
UNTS United Nations, Treaty Series
UPU Union postale universelle
WVR Wörterbuch des Völkerrechts, 2e éd., Berlin, 1960-1962
ZaöR V Zeitschrift für ausländisches öffentliches Recht und
Völkerrecht
ZfRV Zeitschrift für Rech tsvergleichung
157

PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE UNIQUE

LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE INTERNATIONALE

Introduction

Le langage est un instrument dont nous nous servons pour trans-


mettre aux autres des idées, des désirs, des opinions, des sentiments,
des émotions, des ordres, des suggestions. Sa structure est aussi
subtile que complexe, et sa richesse est telle qu'il met à notre
disposition un très grand nombre de mots pour exprimer les nuances
les plus diverses de nos pensées.
Parfois, au cours d'une lecture ou d'une conversation, nous
rencontrons un mot que nous ne connaissons pas et dont le sens
n'est pas clarifié par le contexte. Il nous faut alors demander ou
chercher la définition de ce mot. Définir un mot, c'est expliquer sa
signification.
Certains mots peuvent avoir plusieurs sens et il peut arriver que
dans le contexte l'on ne voie pas clairement lequel d'entre eux
attribuer à un mot. L'on dit alors que ce terme est ambigu. L'am-
biguïté peut donner naissance à des sophismes consistant à utiliser
au cours d'un raisonnement des mots en des sens différents. On
peut éliminer les ambiguïtés en définissant avec précision les termes
utilisés.
L'ambiguïté ne mène pas seulement à des raisonnements erronés ;
elle provoque parfois des discussions ou des controverses verbales.
Il se produit souvent des divergences d'opinion entre deux personnes
qui, en réalité, constituent un désaccord seulement apparent car il
est dû au fait que ces personnes utilisent un même mot dans des
sens différents. Sur le plan juridique, certaines polémiques célèbres
dans le droit civil de plusieurs pays, comme celle qui oppose ceux
qui affirment que la location est un contrat et ceux qui répondent
qu'il s'agit d'un droit réel, ou le différend concernant la question
de savoir si la possession est un fait ou un droit, toutes ces contro-
158 Julio A. Barberis

verses tiennent en grande partie, sinon entièrement, à ce que l'on


n'a pas précisé le sens des termes utilisés.
Une autre source de divergences apparente est due au fait que
dans le langage l'on utilise le même terme pour désigner un objet
déterminé et le mot qui désigne ledit objet. L'on peut avoir des
doutes dans un contexte sur le point de savoir si l'on utilise un
terme pour se référer au mot en soi (par exemple, le mot « chien »)
ou à l'objet désigné par ce mot (un chien). En matière de droit des
gens, telle est la cause de certaines controverses doctrinales. Ainsi,
la discussion qui existe concernant la question de savoir si une règle
coutumière internationale ne peut être créée que par une répétition
de faits «positifs» ou si elle peut l'être également par l'intermé-
diaire de faits «négatifs» (abstentions) est une controverse qui
se situe sur le plan du langage et non sur celui de la réalité des
choses1.
Mais l'ambiguïté n'est pas l'unique source des difficultés rencon-
trées dans l'utilisation du langage. Dans un grand nombre de cas,
l'on connaît le sens d'un mot, mais il existe des doutes sur les
limites de son applicabilité. L'on dit alors que le terme est vague.
Par exemple, l'adjectif «riche» s'applique indiscutablement aune
personne qui possède un revenu mensuel de deux millions de francs
suisses, qui a plusieurs résidences dans différents pays d'Europe
et une étendue considérable de terrains au Brésil. C'est là un cas
typique ou paradigmatique. Mais nous pouvons facilement imagi-
ner d'autres cas de personnes ayant un patrimoine déterminé pour
lequel il sera difficile de décider si le terme «riche» lui est ou non
applicable. Et ce qui se produit avec ce mot arrive avec beaucoup
d'autres adjectifs: haut, intelligent, étendu, etc. Les substantifs
présentent également cette caractéristique. Un édifice de cent
étages est indubitablement un gratte-ciel: mais combien d'étages
doit comporter au minimum un édifice pour être dénommé gratte-
ciel?
En fait, il existe des cas où l'on peut appliquer un terme sans
aucun doute: ce sont les cas typiques. Mais en dehors d'eux il
existe un nombre indéterminé de cas où l'on se trouve dans une
zone grise, dans un halo de pénombre, où il est difficile de décider
si un certain terme est approprié ou non.
L'application des règles juridiques soulève également cette diffi-
culté, car ces règles sont exprimées par des mots qui appartiennent
à nos langages courants. Par exemple, lorsqu'un code pénal prévoit
La personnalité juridique internationale 159

une certaine sanction pour celui qui dérobe quelque chose à un


autre en se servant d'une «arme», doit-on considérer comme une
arme un revolver qui n'est qu'un jouet d'enfant ou un tronçon de
tuyau de fer ?
Les codes civils établissent également une distinction entre les
contrats de vente et de donation. Si quelqu'un vend sa maison pour
100 000 dollars, ou s'il en fait cadeau à une société de bienfaisance,
il n'y a pas de doute sur la nature du contrat conclu. Mais l'on peut
se demander si cette personne effectue vraiment une vente, si elle
vend sa maison pour 2000 dollars, pour 100 ou pour 20 dollars. Où
se trouve la limite entre la vente à vil prix et la donation déguisée?
Dans une certaine mesure, l'imprécision des termes peut être
éliminée, lorsqu'il s'agit de préciser ou de définir leur sens, en ajou-
tant dans ce but certains autres mots à la définition fournie. Mais,
comme les nouveaux termes introduits dans la définition contien-
nent aussi une certaine dose d'imprécision, il s'avère impossible de
toujours établir avec une précision absolue la limite des cas aux-
quels il convient d'appliquer un certain terme. Ce phénomène est
appelé : «texture ouverte du langage».
Les sciences sociales se servent généralement du langage courant
pour exprimer leurs propositions. Pour le langage juridique, l'on
part souvent de mots communément utilisés. L'on utilise des termes
courants: ainsi, l'on parle de navire, de salaire, de lésion, de fruit,
etc. Mais, étant donné que ces termes ont une signification extrê-
mement imprécise, les juristes ont déterminé de façon détaillée les
caractéristiques définitoires de chaque mot et les limites de leur
application.
Lorsque l'on explique le sens attribué à chaque mot par les
personnes qui parlent une langue déterminée, l'on dit qu'il s'agit
de leur définition informative ou lexicographique. Ce type de défi-
nition décrit un usage déterminé des mots et, par conséquent, elle
peut être vraie ou fausse.
Au contraire, lorsque quelqu'un introduit dans une langue, pour
la première fois, un terme nouveau, il est entièrement libre de déci-
der du sens de ce mot. Les définitions de ces nouveaux termes, qui
consistent en l'attribution d'un sens à ces termes, sont appelées
définitions stipulatives. Par exemple, les termes introduits par
Edmund Husserl dans sa «phénoménologie» pour décrire les élé-
ments distincts d'un vécu de conscience sont définis de façon sti-
pulativi Lorsque le mathématicien Kasner a constaté qu'il avait
160 Julio A. Barberis

souvent besoin dans ses travaux de se référer à dix puissance dix, il


a demandé à son petit-fils encore enfant comment il désignerait ce
nombre, et celui-ci l'a intitulé «googol». Ce terme est actuellement
incorporé au langage mathématique. Les définitions stipulatives
n'ont pas un caractère informatif mais directif. Elles constituent
une directive concernant la façon d'utiliser un nouveau terme. Par
conséquent, elles ne peuvent être ni vraies ni fausses.
Au cours de son travail de description et de systématisation du
droit, le juriste s'efforce d'utiliser les concepts les plus précis pos-
sible. Il prend pour base les mots du langage commun, mais les
modifie en déterminant leurs caractéristiques définitoires et en
fixant les limites de leur application. Cela signifie que le juriste
utilise les termes du langage commun, mais qu'il leur attribue une
certaine signification spécifique, ou qu'il les définit de manière
stipulative. C'est pourquoi il est possible de s'apercevoir que dans
les travaux de plusieurs juristes figurent des termes tels que respon-
sabilité, sanction, droit subjectif, etc., qui n'ont pas toujours le
même sens. Il ne s'agit pas ici d'affirmer qu'il existe une vraie
définition de chaque concept, car toutes sont également valables.
Le juriste est libre de choisir les concepts selon lesquels il va décrire
les normes juridiques, tout comme n'importe quel autre scientifique,
botaniste ou géologue, est libre de définir les termes qu'il utilisera
pour décrire l'objet de sa connaissance.
Chaque auteur détermine les caractéristiques définitoires ainsi
que les limites d'application des concepts qu'il utilise en tenant
compte de l'utilité de la définition adoptée, de sa simplicité et
de son exactitude. De la sorte, il s'efforce d'éliminer l'ambiguïté
et, dans la mesure du possible, de réduire l'imprécision des
termes.

Section I. La notion de sujet en droit international

Les auteurs donnent des définitions différentes du sujet du droit


des gens. Nous exposerons d'abord deux conceptions caractéri-
sées par leur rigueur et leur originalité en la matière et qui ont
été acceptées par une partie de la doctrine. Il s'agit de la théorie
pure du droit et de celle que l'on peut appeler la théorie de la
responsabilité. Puis nous proposerons un concept du sujet qui
permet, à notre avis, d'éviter les critiques adressées à ces deux
théories.
La personnalité juridique internationale 161

1. La théorie pure du droit

Il est une notion communément acceptée par la théorie générale


du droit : c'est qu'il existe des domaines déterminés dans lesquels
les normes juridiques sont valables, c'est-à-dire sont considérées
comme telles. Le domaine de validité spatial d'une règle juridique
indique l'espace dans lequel ladite norme est valable ; elle vaut à
l'intérieur de cet espace déterminé. La période de temps pendant
laquelle cette norme est valable délimite le domaine de validité
temporel. Ce que l'on appelle généralement le contenu de la norme,
c'est-à-dire la conduite qui est définie comme autorisée, interdite
ou obligatoire, constitue le domaine matériel de la norme. Enfin,
le domaine de validité personnel de la norme juridique est constitué
par les personnes dont les conduites sont réglées par ladite norme 2 .
Le concept de sujet de droit est lié à la notion du domaine de
validité personnel de la norme juridique 3 . Lorsqu'on dit qu'un
individu est sujet d'une obligation juridique, cela signifie que l'ordre
juridique établit une conduite de cet individu comme obligatoire.
De même, lorsqu'on affirme qu'un individu a une certaine compé-
tence juridique pour créer des normes, cela veut dire que certaines
conduites de cet individu, relevant de l'ordre juridique, contribuent
à l'élaboration de normes juridiques. En général, lorsqu'on affirme
que l'ordre juridique confère la personnalité juridique à un individu,
cela signifie que la conduite de cet individu y apparaît comme
contenu de droits et d'obligations4.
Il en découle que, pour qu'un individu soit sujet de droit, il suffit
qu'une norme de l'ordre juridique prévoie sa conduite comme
contenu d'un droit ou d'une obligation juridique.
Kelsen a appliqué cette idée fondamentale tant aux personnes
physiques qu'aux personnes morales, selon la terminologie de la
théorie traditionnelle.
Nous avons déjà mentionné que le droit considère quelqu'un
comme un sujet de droit dans la mesure où sa conduite apparaît
comme le contenu d'un droit ou d'une obligation. Donc, les êtres
humains auront une personnalité juridique dans la mesure où ce
sera le cas pour eux. L'étendue de cette personnalité peut être plus
ou moins large, et, en fait, c'est ce qui se produit dans les divers
ordres juridiques. Par exemple, l'enfant à naître a une personnalité
très réduite qui est limitée à la possibilité d'acquérir des biens par
donation ou par héritage. Une personne majeure jouit, en principe,
162 Julio A. Barberis

d'une personnalité entière. Dans certains pays, les étrangers ont


une personnalité juridique restreinte car ils ne peuvent être titu-
laires de certains droits.
Etant donné que, pour la théorie pure du droit, ce qui importe
ce sont les normes juridiques qui prévoient les conduites d'un indi-
vidu déterminé en tant que contenu de droits ou d'obligations,
Kelsen définit la personne physique comme l'ensemble de normes
ayant comme contenu les droits et les obligations d'un individu
déterminé 5 . En d'autres termes, la personne physique est l'expres-
sion de l'ensemble des normes qui définissent comme juridique-
ment autorisées, interdites ou obligatoires les conduites d'un même
individu. Il faut remarquer que la théorie traditionnelle affirme
que la personne possède des droits et des obligations, en établissant
ainsi une distinction entre l'être humain d'une part et ses droits et
obligations d'autre part. Par contre la théorie pure affirme que la
personne physique est l'ensemble de normes qui ont comme conte-
nu les droits et les obligations d'un même être humain.
En ce qui concerne ce que l'on appelle les personnes morales,
Kelsen fait un raisonnement analogue6. Une société est sujet d'un
ordre juridique dans la mesure où elle est titulaire de droits et
d'obligations.
La personne morale agit par l'intermédiaire d'individus qui sont
ses organes. Les statuts de la corporation déterminent dans chaque
cas quels actes ou omissions de ces organes sont attribués (zuge-
schrieben) à la personne morale comme ayant été réalisés par elle.
Les individus qui représentent la personne morale sont ses organes
dans la mesure où leurs actes sont réglés par les statuts de cette
dernière. Les statuts de la personne morale constituent un ordre
juridique partiel.
Cet ordre juridique partiel a un rapport déterminé avec l'ordre
juridique de l'Etat. Par exemple, lorsque le droit étatique prescrit
qu'une personne morale est obligée de faire quelque chose, ce droit
laisse aux statuts de la personne morale la détermination de l'indi-
vidu qui, agissant comme son organe, devra remplir l'obligation.
Les statuts de la personne morale préciseront si c'est la fonction
du gérant, du secrétaire ou d'un autre de ses membres. Dans ce cas,
le droit de l'Etat détermine le domaine de validité matériel de la
norme (ou ce qu'il faut faire), tandis que le domaine de validité
personnel (ou qui doit le faire) est indiqué par les statuts de la
personne morale. De même, lorsque l'ordre juridique de l'Etat
La personnalité juridique internationale 163

confère un droit à la personne morale, cet ordre laisse aux statuts


de cette entité le soin de déterminer l'individu qui, agissant en tant
que son organe, exercera ou fera valoir le droit attribué. En ce qui
concerne les individus qui dans ce cas agissent en tant qu'organes
de la personne morale, l'on peut dire que leur conduite est réglée
directement par les statuts de la personne morale et indirectement
par l'ordre juridique de l'Etat.
Ainsi, pour la théorie pure du droit, de même que la personne
physique est l'expression de l'unité des normes qui règlent la
conduite d'un même individu, de même la personne morale est
l'expression de l'unité des normes qui règlent la conduite des
membres de ladite personne morale. En d'autres termes, la personne
morale est constituée par les normes qui composent ses statuts. Il
faut remarquer que, dans la théorie traditionnelle, la personne mo-
rale possède ses statuts, et que l'on établit ainsi une distinction
entre la corporation et les normes qui la règlent. Par contre, la
théorie pure affirme que la personne morale est ses statuts.
Kelsen analyse en détail les droits et les obligations de la personne
morale et il montre que, en tout cas, ils peuvent être décrits en tant
que droits et obligations collectifs de ses membres. Pour la théorie
pure, la personne morale est une construction auxiliaire de la
science du droit et non une construction du droit lui-même7. Le
juriste peut en faire abstraction et décrire les droits et les obliga-
tions de la personne morale en tant que droits et obligations col-
lectifs de ses membres. Toutefois, son emploi est utile car il sim-
plifie dans une grande mesure la description du droit positif. Ce
concept peut être utilisé en tenant compte du fait que, finalement,
tout droit ou tout devoir est toujours celui d'un homme, car l'ordre
juridique ne règle que des conduites humaines.
La théorie pure applique les concepts que nous avons exposés
au domaine du droit international 8 . Il nous faut distinguer ici, selon
qu'une conduite humaine est réglée par le droit des gens de façon
directe ou indirecte. Kelsen estime qu'il existe des situations où la
conduite d'un individu est réglée directement par l'ordre interna-
tional comme étant autorisée, interdite ou obligatoire. Toutefois,
dans la majorité des cas, il n'en est pas ainsi, car le droit internatio-
nal se réfère directement à des personnes morales telles que l'Etat,
l'Eglise catholique, les organisations internationales, etc. Pour leur
part, les ordres juridiques de ces personnes morales se rapportent
de façon directe aux individus. Par conséquent, ces derniers sont
164 Julio A. Barberis

régis indirectement par le droit international. Cela étant, le droit


des gens règle la conduite des individus de la même façon que l'ordre
juridique d'un Etat le fait pour les membres d'une personne morale.
Les normes du droit international, comme toute norme juridique,
règlent toujours des conduites humaines, mais elles le font de façon
directe ou indirecte. La théorie pure considère comme sujet de
l'ordre juridique international toute entité ou tout individu qui est
destinataire direct d'une norme dudit ordre. Lorsque l'on dit qu'une
entité ou une personne morale est le destinataire direct d'une norme
du droit des gens, cela signifie que les individus qui la composent
ont un droit ou une obligation collectifs et que leurs conduites ne
sont réglées qu'indirectement par l'ordre juridique international.
2. La théorie de la responsabilité
La théorie intitulée théorie de la responsabilité a été exposée
principalement par Eustathiades et par Wengler, bien qu'il existe
certaines différences entre ces deux auteurs.
Eustathiades a développé sa conception dans le cours qu'il a fait
à cette Académie sur les sujets du droit des gens et la responsabilité
internationale 9 . Cet auteur considère comme sujet du droit inter-
national toute personne qui se trouve au moins dans l'une des deux
situations suivantes: i) être titulaire d'un droit et pouvoir le faire
valoir sur le plan international, ou, ii) être titulaire d'une obligation
juridique et avoir la capacité de commettre un délit international 10 .
Ces deux cas ont en commun, selon Eustathiades, l'élément de la
responsabilité internationale. Dans le premier cas, il s'agit de quel-
qu'un qui peut invoquer et faire valoir la responsabilité internatio-
nale, dans le second cas, il s'agit de quelqu'un qui peut l'assumer.
Mais il convient de préciser à présent les termes employés par
l'auteur.
En ce qui concerne la première situation, il n'existe pas de diffé-
rence avec ce qui est enseigné par la théorie pure du droit, car le
fait d'être titulaire d'un droit et de pouvoir le faire valoir par une
réclamation est ce que Kelsen appelle être titulaire d'un droit
subjectif11.
En ce qui concerne le second cas, Eustathiades entend par capa-
cité de commettre un délit le fait d'en être responsable, ou d'en
subir les conséquences12. Par conséquent, ce fait se produit lorsque
quelqu'un enfreint une obligation juridique et doit assumer les
conséquences de son inexécution.
La personnalité juridique internationale 165

Wengler a développé plus largement la théorie de la responsabi-


lité 13 . A la différence d'Eustathiades, le professeur de Berlin établit
une distinction nette entre l'acte illicite ou délit, d'une part, et la
responsabilité, d'autre part 14 . L'acte illicite est la condition d'une
sanction tandis que la responsabilité consiste à être le destinataire
de cette sanction, indépendamment du fait que l'on ait été ou non
l'auteur de l'acte illicite. Cette distinction est importante, car il y a
des cas où il n'y a pas identité entre l'auteur de l'acte illicite et le
destinataire de la sanction.
Après s'être livré à une série de considérations sur les raisons
pour lesquelles le droit utilise parfois la technique consistant à
convertir en destinataire d'une sanction quelqu'un qui n'est pas
l'auteur de l'acte illicite, Wengler étudie quels sont les destinataires
des sanctions dans l'ordre international, c'est-à-dire qui sont les
responsables. Au cours de cet examen, il constate que ce n'est pas
seulement l'Etat, par exemple, mais également une fraction de
l'Etat qui peut faire l'objet de représailles15 et il affirme que ladite
fraction possède alors la qualité de sujet du droit international 16 . Il
analyse également le droit de la guerre et considère que tout individu
ou toute communauté qui fait l'objet d'une sanction dans ce do-
maine est sujet du droit international n .
Puis Wengler généralise cette analyse et il parvient à la conclusion
que celui qui est responsable internationalement ou celui qui peut
être le destinataire d'une sanction internationale est sujet du droit
des gens18.
3. Le sujet en tant que destinataire direct et effectif d'un droit ou
d'une obligation sur le plan international
Ainsi que nous l'avons indiqué précédemment, selon la théorie
pure, est sujet de droit quiconque voit sa conduite réglée direc-
tement par l'ordre juridique en tant que contenu d'une obligation
ou d'un droit. Wengler, par contre, identifie le sujet de droit avec
le responsable, avec le destinataire d'une sanction.
Ainsi que nous l'avons indiqué au début de cette étude, le juriste
est libre d'adopter le concept de sujet qu'il désire : il doit seulement
être conséquent avec la définition choisie dans sa description du
droit. Toutefois, en pratique, le juriste choisit les concepts qu'il
utilisera en se guidant sur des critères d'utilité, de simplicité et de
précision. En tenant compte de ces critères, il convient de se livrer
à un bref commentaire des deux théories exposées.
166 Julio A. Barberis

En ce qui concerne la conception de Wengler, cet auteur admet


que le droit est toujours une réglementation de la conduite hu-
maine I9. Toutefois, il adopte une notion du sujet qui peut englober
des individus dont la conduite n'est pas réglée juridiquement. En
effet, le droit règle des conduites déterminées comme étant auto-
risées, interdites ou obligatoires. Autrement dit, lorsqu'un individu
est juridiquement autorisé à faire quelque chose, ou qu'un acte
déterminé lui est interdit, ou bien qu'il est obligé à une certaine
prestation, sa conduite, en tant qu'homme, est réglée par l'ordre
juridique. Mais, lorsque la norme juridique fait de lui le destinataire
d'une sanction, l'on ne peut pas dire que le droit règle sa conduite
en tant qu'homme. La sanction est un acte de contrainte que l'au-
torité impose à l'individu indépendamment de sa volonté. Par
conséquent, il ne s'agit pas d'un acte humain de l'individu, l'on ne
peut pas dire dans ce cas que le droit règle la conduite du destina-
taire de la sanction. Celui-ci n'est qu'un objet.
Il est donc possible d'imaginer, et cela arrive en pratique, qu'une
norme juridique prévoie des sanctions pour certains individus, ou
qu'elle les rende responsables, sans leur conférer aucun droit ni
obligation. Dans ce cas, selon la conception de Wengler, les individus
seraient sujets de droit sans que leur conduite soit réglée par la
norme juridique. Dans cette hypothèse, la théorie de la responsabi-
lité pourrait répondre que, lorsque le droit établit dans une norme
que, si un individu A n'effectue pas un certain acte, l'individu F
fera l'objet d'une sanctionna conduite de Fest réglée juridiquement.
L'on pourrait dire que, si cette norme existe, Fs'efforcera d'exercer
son influence d'une façon quelconque pour que A effectue l'acte
prescrit par celle-ci20. Mais il faut reconnaître que même lorsque
cette possibilité d'influer sur la conduite d'un autre existe en réa-
lité, ce n'est pas une réglementation de la conduite humaine éta-
blie par la norme juridique. C'est pourquoi il ne semble pas utile
d'adopter un concept du sujet de droit qui puisse conduire à ce
résultat.
Au contraire, la conception de la théorie pure peut servir comme
point de départ pour une définition du sujet de droit. Pourtant le
concept élaboré par son fondateur possède une certaine dose d'im-
précision, ce qui fait qu'en l'appliquant en pratique il est difficile
de déterminer dans certains cas si l'on est en présence d'un sujet
du droit des gens ou non.
Tout d'abord, il est nécessaire de préciser un point qui ne l'est
La personnalité juridique internationale 167

pas suffisamment dans différents passages des ouvrages de Kelsen. Il


s'agit de savoir si le sujet de droit est celui dont la conduite est prévue
par l'ordre juridique en tant que contenu de droits et d'obligations,
ou s'il suffit qu'elle soit le contenu de droits ou d'obligations. Au
cours de la présente étude, nous adoptons la seconde alternative et
nous considérons comme sujet du droit international quiconque
dont la conduite est prévue directement par le droit des gens en
tant que contenu d'un droit ou d'une obligation21.
En second lieu, il faut analyser d'une façon plus détaillée ce que
l'on entend par être le destinataire direct d'une norme internatio-
nale qui confère un droit ou impose une obligation. Le titulaire du
droit ou de l'obligation peut ne pas être celui qui figure comme tel
dans le texte d'un traité, mais celui qui fait effectivement valoir le
droit ou qui assume l'obligation. Si une organisation figure dans un
traité comme titulaire d'une obligation ou d'un droit international,
mais qu'il apparaît que cette obligation ou ce droit est effectivement
assumé par une autre entité, cette organisation ne possédera pas de
personnalité internationale et sera considérée seulement comme un
organe de cette dernière, qui sera le véritable sujet international.
Un cas de cette nature qui se présente en pratique est celui des
membres d'un Etat fédéral. Si le membre S d'un Etat fédéral B
contracte des obligations sur le plan international et s'il advient
que, dans tous les cas, les obligations de S sont assumées en dernier
ressort par B, l'on ne peut pas parler d'obligations internationales
propres à S. De même, si les droits de S se traduisent par des droits
que, dans tous les cas, B fait valoir sur le plan international, l'on ne
pourra pas non plus parler ici des droits internationaux de S. Par
conséquent, si l'on considère que les obligations et les droits de la
province, du Land ou du canton S sur le plan international se ré-
duisent, dans tous les cas, aux obligations et aux droits de l'Etat
fédéral B, il s'ensuit que S n'a pas de personnalité en droit des gens,
mais qu'il est simplement un organe de B.
Pour cette raison, déterminer si une province, un canton ou un
Land est sujet du droit des gens équivaut à préciser s'il existe des
cas où leurs droits sur le plan international sont distincts de ceux
dont, en dernier ressort, l'Etat fédéral est titulaire. Si cette diffé-
rence existe, l'Etat membre est sujet du droit international. Si,
au contraire, les droits ainsi que les obligations de l'Etat membre
sont dans tous les cas des droits et obligations de l'Etat fédéral,
l'Etat membre n'est qu'un organe de l'Etat fédéral, car toutes les
168 Julio A. Barberis

conséquences juridiques de ses actes dans l'ordre international sont


attribuées à l'Etat fédéral.
Il nous faut préciser que nous parlons ici d'obligation juridique
et non de responsabilité. Celui qui assume effectivement une obli-
gation est celui qui effectue la prestation, et, en cas d'inexécution,
paie les indemnités, les intérêts ou les dommages et intérêts corres-
pondants.
En conséquence de ce que nous avons indiqué, l'on peut définir
le sujet du droit international comme étant celui dont la conduite
est prévue directement et effectivement par le droit des gens en
tant que contenu d'un droit ou d'une obligation.

4. La qualité et le contenu de la personnalité internationale

La qualité de sujet ne dépend pas de la quantité des droits et


obligations dont une entité est titulaire. La désignation est valable
aussi bien pour celui qui ne jouit que d'un droit attribué par une
norme coutumière que pour un Etat souverain. C'est pourquoi, du
fait qu'une entité est titulaire de façon directe et effective d'un
droit ou d'une obligation dans l'ordre international, l'on peut dé-
duire que cette entité est un sujet du droit des gens, mais du fait
que quelqu'un est sujet du droit des gens, l'on ne peut pas déduire
qu'il est titulaire d'un droit ou d'une obligation déterminés 22 .
La catégorie de sujet de droit est une systématisation de la
science du droit. Cette dernière effectue une analyse du droit positif
et, à la suite de cette analyse, elle détermine dans chaque cas quelles
entités jouissent de la personnalité internationale. Une partie de la
doctrine estime, au contraire, qu'il existe une ou plusieurs normes
du droit des gens qui attribuent à certaines entités la personnalité
internationale 23 . Plusieurs auteurs qui soutiennent cette thèse
affirment également que l'attribution de la qualité de sujet interna-
tional entraîne l'attribution de droits déterminés.
L'existence de normes indiquant que certaines entités possèdent
la personnalité internationale, et d'autres normes conférant à tout
sujet des droits déterminés, n'a pas été établie dans le droit inter-
national positif. La pratique internationale ne permet pas de cons-
tater l'existence de telles normes. Seul le Droit confère la person-
nalité à une entité en lui attribuant des droits ou des obligations,
mais non pas en indiquant qu'il est sujet de droit.
La doctrine que nous étudions semble commettre une confusion
La personnalité juridique internationale 169

entre le droit positif et la science du droit. Les normes valables qui


constituent un ordre juridique sont une chose et la description et
la systématisation desdites normes, effectuées par le juriste, en sont
une autre. Cette distinction entre l'objet de la connaissance et la
science qui décrit ledit objet devient plus évidente en ce qui concerne
les sciences naturelles. Le royaume animal est une chose, et la zoo-
logie qui décrit et classifie les animaux en est une autre. La nature
ne décide pas, par exemple, que les chiroptères, les cétacés et les
ongulés appartiennent à la catégorie des mammifères. Cela, c'est
l'homme de science qui l'élabore en prenant pour point de départ
la réalité de la nature. Il en va de même dans le domaine juridique.
La catégorie de sujet de droit est une construction des juristes qui
décrivent le droit et non une construction du droit lui-même.
Sujet de droit est la dénomination que les juristes donnent aux
destinataires de droits ou d'obligations dans les conditions indi-
quées. Le droit ne peut pas prescrire dans une norme juridique que
«X est sujet de droit», parce que cela serait dépourvu de sens.
Même si un ordre juridique contenait une norme énonçant que «X
est sujet de droit», X ne serait pas sujet si cet ordre juridique ne
lui attribuait pas au moins un droit ou une obligation. Les normes
juridiques ne peuvent pas imposer au juriste de considérer comme
sujet de droit une personne qui n'est titulaire d'aucun droit ni
d'aucune obligation.
Cela n'a pas été toujours bien compris par la pratique internatio-
nale: on y trouve des cas où les Etats déclarent qu'une certaine
entité est un sujet international et d'autres cas où ils déclarent le
contraire. Ainsi, par exemple, dans les concordats conclus par le
Saint-Siège avec l'Espagne (27 août 1953), la République Domini-
caine (16 juin 1954) et le Venezuela (6 mars 1964), l'Etat en
question déclare qu'il «reconnaît la personnalité juridique interna-
tionale du Saint-Siège et de la Cité du Vatican » 24 . Un autre exemple
intéressant nous est fourni par l'article 3 des Conventions de Genève
de 1949. Il contient certaines prescriptions qui, dans le cas d'un
conflit armé non international, doivent être observées par les par-
ties au conflit, c'est-à-dire qu'il impose aux parties au conflit
certaines obligations. Ce même article dispose ensuite que «l'appli-
cation des dispositions qui précèdent n'aura pas d'effet sur le sta-
tut juridique des parties au conflit». L'article 3 des Conventions
de Genève attribue la personnalité juridique aux parties au conflit
mais, pour des motifs politiques, il déclare que le fait de leur imposer
170 Julio A. Barberis

des obligations internationales n'implique pas de les considérer


comme des sujets internationaux. Cette déclaration de l'article 3
in fine des Conventions de Genève n'a pas de conséquences sur le
plan juridique.
Les sujets internationaux sont très différents et la quantité des
droits et obligations dont ils sont titulaires est également très va-
riable. Dans un passage bien connu de l'avis consultatif relatif à la
Réparation des dommages subis au service des Nations Unies, la
Cour internationale de Justice a déclaré en ce sens que :
« Les sujets de droit, dans un système juridique, ne sont pas
nécessairement identiques quant à leur nature ou à l'étendue
de leurs droits.» 25
La quantité ou l'étendue des droits et obligations de chaque sujet
international ne peut être précisée que grâce à une analyse des
normes du droit des gens positif.

Section II. La communauté juridique internationale

La communauté internationale évolue au cours des siècles


et se modifie constamment. La principale caractéristique de son
évolution au cours de ces dernières décennies est l'augmentation
importante du nombre de ses membres 26 .
La doctrine du droit des gens a eu à certaines époques de la
difficulté à reconnaître la réalité de la communauté juridique
internationale et à la décrire telle qu'elle se présente. Ceci était dû
parfois au manque d'éléments d'une théorie générale du droit, à
des conceptions a priori, à la tendance consistant à vouloir se rat-
tacher à des catégories juridiques du droit privé, ou simplement à
des raisons idéologiques ou politiques. Au cours des paragraphes
suivants, nous analyserons certaines des façons dont la communauté
juridique internationale a été conçue.

1. L'uniformité des sujets du droit international

Certaines théories présentent une vision uniforme de la commu-


nauté internationale et ont prétendu que tous ses membres appar-
tiennent à une même catégorie.
Un premier courant en ce sens a été constitué par la théorie qui,
en d'autres temps, a soutenu que les Etats étaient les seuls sujets
La personnalité juridique internationale 171

du droit des gens27. Cette opinion a exercé une certaine influence


sur la Cour permanente de Justice internationale, qui, dans l'affaire
du Lotus, a considéré le droit international en tant que droit régis-
sant les relations entre des Etats indépendants 28 .
Selon cette conception, la communauté internationale serait
une communauté d'Etats. Chacun d'entre eux aurait son propre
ordre juridique et, par ailleurs, tous seraient liés par le droit des
gens. Le droit interne des Etats et le droit interétatique formeraient
le cadre complet de l'ordre juridique universel. C'est ce que recon-
naît la Cour permanente de Justice internationale lorsqu'elle af-
firme que «tout contrat qui n'est pas un contrat entre des Etats en
tant que sujets du droit international a son fondement dans une loi
nationale » 29 .
Cette théorie uniforme de la communauté internationale modi-
fiait, dans une certaine mesure, la réalité. Devant toute entité non
étatique qui apparaissait, les partisans de la théorie susmentionnée
adoptaient la position suivante : ou ils lui refusaient la personnalité
internationale ou ils la considéraient comme un Etat. En ce sens,
l'on peut rappeler que certaines commissions internationales char-
gées de l'administration de neuves ont été définies comme des
«Etats fluviaux»30.
Toutefois, l'on s'est rendu compte à l'époque que cette théorie
ne constituait pas une description fidèle de la réalité internationale
et elle a été abandonnée ; les juristes soviétiques ont été les derniers
à le faire.
Le second courant tendant à uniformiser la communauté inter-
nationale est celui qui soutient que les seuls sujets du droit des gens
sont les individus. Cette théorie ne tient pas compte de l'Etat ni
d'un quelconque type d'organisation et n'envisage que.les hommes.
« Il faut définitivement bannir de la jurisprudence les concepts mé-
taphysiques de substance, de sujet de droit, de droit subjectif,
source de controverses sans fin, épuisantes et stériles», écrit Léon
Duguit dans la préface de l'un de ses ouvrages31. Et, se référant de
manière spécifique au droit des gens, il déclare : «les sujets de droit
international sont, non pas les Etats, mais les individus membres
des Etats » 32 . Parmi les auteurs qui sont partisans de cette théorie,
figurent également Krabbe 33 et Scelle34.
Il n'existe actuellement aucune conception juridique sérieuse
qui conteste que le droit règle toujours les conduites humaines. Au
reste, il s'agit d'une proposition qui était déjà acceptée à l'époque
172 Julio A. Barberis

où les auteurs susmentionnés ont publié leurs ouvrages. Mais cette


théorie ne semble pas distinguer clairement un élément que nous
avons précisé précédemment au cours de cette étude, à savoir la
différence qui existe entre le cas où une norme juridique règle
directement une conduite humaine et celui où elle le fait indirecte-
ment 35 . Nous avons déjà indiqué qu'il est possible de décrire en
propositions juridiques les droits et les obligations d'un Etat en
faisant entièrement abstraction de ce concept et en définissant ces
droits et obligations comme les droits et obligations collectifs des
individus qui composent un Etat. Ces droits et obligations collectifs
sont différents de ceux dont un individu peut être le destinataire
direct du fait d'une norme juridique. Cette différence est essentielle
et il ne s'agit pas d'une fiction quelconque qui pourrait être éliminée
par une analyse juridique réaliste. Si l'on ne tient pas compte de
cette distinction, toute description du droit des gens sera inexacte.
Si, au contraire, cette distinction est effectuée, il sera alors possible
de décrire fidèlement le droit international en ne considérant que
les individus comme destinataires de ces normes. Mais alors, l'on
pourra constater que la description effectuée par un juriste partisan
de cette théorie et celle faite par un autre qui se sert des concepts
d'Etat, d'organisation internationale, etc., seront identiques et ne
différeront que par le langage employé. En effet, lorsque le second
juriste se référera à un droit de l'Etat, il parlera d'un droit collectif
de certains individus, et il devra avoir recours à une formulation
longue et compliquée pour expliquer son mode et ses conditions
d'exercice, mais les deux descriptions seront également exactes.

2. L'apparition de nouvelles entités et le recours à un troisième


ordre juridique

La doctrine n'a pas toujours su interpréter les modifications que


la communauté internationale subit continuellement, en particulier
lorsqu'il s'agit de vérifier si certaines entités non étatiques pos-
sèdent la personnalité juridique internationale. En ce sens, les
auteurs ont élaboré à plusieurs reprises des théories qui postulent
l'existence d'un autre ordre juridique distinct à la fois du droit des
gens et des ordres internes. Donc, en présence d'une entité déter-
minée, l'on affirme qu'elle est réglée par un droit particulier, qui
n'est ni le droit international ni le droit interne. De la sorte, l'entité
en question passe pour être le sujet de ce nouvel ordre juridique,
La personnalité juridique internationale 173

et elle est exclue de la communauté internationale et des ordres


nationaux.
Le recours à un troisième ordre juridique est utilisé depuis le
début du siècle pour expliquer la situation de l'Eglise catholique.
Selon une théorie, les relations entre l'Eglise catholique et les Etats
seraient réglées par un ordre juridique particulier, qui serait distinct
du droit des gens36. Par conséquent, l'Eglise catholique ne serait
pas un sujet du droit international, mais seulement un sujet de ce
troisième ordre juridique.
A la suite des crimes de guerre commis pendant la seconde
guerre mondiale est née l'idée d'un «droit humanitaire», distinct
aussi bien du droit international que du droit interne des Etats,
afin de justifier le châtiment individuel de ses auteurs 37 . Ce troi-
sième ordre juridique sanctionnerait certains délits appelés «crimes
contre l'humanité».
Une autre théorie soutient que certains accords conclus entre
des Etats et des entreprises étrangères, accords qu'une partie im-
portante de la doctrine intitule accords quasi internationaux (quasi-
völkerrechtliche Verträge), n'appartiennent ni au droit des gens, ni
à l'ordre juridique des Etats 38 .
Le droit interne des organisations internationales a été également
considéré, au début, comme un troisième ordre juridique 39 .
Les accords conclus par les églises évangéliques, en particulier en
Allemagne, qui portent le nom de Staatskirchenverträge, ont été
interprétés comme constituant un droit distinct des ordres juri-
diques internes et de l'ordre international 40 .
L'on a également soutenu que certaines entreprises multinatio-
nales publiques seraient réglées par un ordre juridique intermé-
diaire41.
L'existence d'un troisième ordre juridique a été également
mentionnée en tant que possibilité pour résoudre les questions
posées à propos des normes qui régissent les accords transfronta-
liers42 et les luttes de ce que l'on a appelé «mouvements de libéra-
tion nationale» 43 .
La question du recours à un troisième ordre juridique pour
expliquer certaines situations qui se présentent peut être analysée
soit au point de vue pratique et particulier, soit au point de vue
théorique et général. L'analyse pratique consiste à étudier chaque
cas particulier et à vérifier s'il existe réellement des normes qui
n'appartiennent ni au droit des gens ni au droit interne. L'analyse
174 Julio A. Barbeas

théorique consiste à déterminer si, selon la structure du droit


international et des ordres juridiques internes, l'existence de ce
troisième ordre juridique est possible.
Pour donner une réponse au point de vue théorique général, il
convient d'examiner les hypothèses relatives à un troisième ordre
juridique qui peuvent être formulées.
Il arrive qu'à un certain moment il apparaisse une entité qui se
place, si nous pouvons nous permettre cette expression, «à côté»
des membres de la communauté internationale. En général, il s'agit
d'une nouvelle entité, bien qu'il puisse s'agir également d'un sujet
déjà existant du droit des gens qui, pour des raisons particulières,
prétend abandonner la communauté internationale et se placer en
marge de celle-ci. Dans cette hypothèse, nous supposons que l'en-
tité en question a des relations juridiques avec les membres de la
communauté internationale car, s'il n'en était pas ainsi, l'on ne
pourrait pas penser à l'existence d'un troisième ordre juridique.
Les raisons pour lesquelles une entité peut être considérée comme
étant située à côté de la communauté internationale sont diverses.
Ainsi, un courant antireligieux inspire sans doute l'idée de mettre
l'Eglise catholique en marge du droit des gens. En ce qui concerne
les accords quasi internationaux, une certaine idéologie s'oppose à
ce que les entreprises multinationales puissent occuper une place,
aussi réduite soit-elle, parmi les sujets internationaux. Une autre
idéologie, peut-être distincte, se refuse à considérer les mouvements
de libération nationale comme faisant partie de la communauté
internationale. L'on peut penser aussi qu'un Etat qui dispose de
ressources importantes et d'un pouvoir extraordinaire prétende se
situer en marge de la communauté internationale et vouloir imposer
les règles juridiques qui le lieront aux membres de cette commu-
nauté. En résumé, les raisons pour lesquelles une entité est située
en marge ou prétend se situer en marge de la communauté interna-
tionale sont idéologiques. Dans certains cas, c'est la communauté
internationale qui se refuse à admettre dans son sein la nouvelle
entité et, dans d'autres cas, c'est cette entité qui, pour des raisons
à sa convenance, prétend se maintenir en dehors de cette commu-
nauté. Mais, dans un cas comme dans l'autre, l'on a recours au
moyen consistant à considérer les rapports juridiques de l'entité en
marge avec les sujets de la communauté internationale comme
appartenant à un troisième ordre juridique, distinct du droit des
gens et du droit interne des membres de ladite communauté.
La personnalité juridique internationale 175

La relation juridique de l'entité qui se trouve «à côté» de la


communauté internationale avec les sujets de cette dernière peut
avoir la caractéristique d'une relation de subordination ou de coor-
dination.
Une relation de subordination peut avoir lieu, par exemple, si
une entité qui a un pouvoir militaire et économique très supérieur
à celui des membres de la communauté internationale s'érige en
législateur et' dicte les normes juridiques qui régleront ses relations
avec chacun desdits membres. Un autre exemple de subordination
se produit si, au contraire, les membres de la communauté interna-
tionale imposent à l'entité leurs propres règles juridiques, qui ré-
gleront leurs relations avec elle. Dans le premier exemple, le droit
des gens aura disparu pour se transformer et constituer le droit
interne d'un Etat mondial ou d'un empire universel. Dans le second
cas, les normes qui régleront la relation avec l'entité marginale
appartiendront au droit interne des divers membres de la commu-
nauté internationale.
Il se produit une relation de coordination si les membres de la
communauté internationale, par des accords avec l'entité marginale
(accords que l'on pourra intituler «accords particuliers» pour les
distinguer des traités du droit des gens), établissent des normes en
vue de régler leurs rapports réciproques. Dans ce cas, les normes
ainsi établies feront indiscutablement partie du droit international
en raison de leur forme de création. Seul un préjugé idéologique
pourra empêcher que ces normes soient incluses dans le droit des
gens. Le juriste, qui doit décrire le droit en faisant abstraction des
intérêts politiques et des idéologies, devra inclure dans le cadre du
droit international, car c'est le droit qui coordonne les diverses
juridictions, les relations avec l'entité marginale. Si ces relations
ont un contenu distinct, et peut-être opposé au droit des gens en
vigueur jusqu'à ce moment entre les autres membres de la commu-
nauté internationale, le juriste devra expliquer ce fait comme s'il
s'agissait d'un droit régional ou l'expliquer d'une autre façon, mais
il ne pourra pas faire abstraction de ces normes dans sa description
du droit international positif.
Ainsi que cela découle de l'analyse précédente, les relations juri-
diques entre les sujets de la communauté internationale et une
entité «en marge» peuvent prendre la forme d'une relation de
subordination ou de coordination. S'il s'agit d'une relation de su-
bordination, les nonnes relèveront du droit interne d'un Etat
176 Julio A. Barberis

mondial qui se crée ou du droit interne des membres de la commu-


nauté internationale. S'il s'agit d'une relation de coordination, les
normes relèveront du droit international : il existe donc une alter-
native, la subordination ou la coordination, qui se traduit en droit
interne ou en droit international.
L'hypothèse d'un troisième ordre juridique est complètement
exclue. La relation entre deux entités a lieu sur un plan d'égalité
(la coordination), ou bien elle a lieu sur un plan d'inégalité (la
subordination), tertius non datur. L'hypothèse d'un troisième ordre
juridique est impossible.

3. La communauté juridique internationale ne constitue pas un


sujet du droit des gens

L'ordre juridique de chaque Etat précise, par l'octroi de droits


et obligations, quels sont les sujets dudit ordre.
Mais il existe, en outre, des normes qui attribuent des conduites
à l'ordre juridique étatique ; autrement dit il y a des actes qui sont
imputés à l'Etat comme ayant été effectués par lui. Ce sont les
actes accomplis par les organes de l'Etat. Dans l'ordre juridique
étatique, le législateur édicté des lois au nom de l'Etat, les juges
prononcent et exécutent des sentences au nom de l'Etat, l'admi-
nistration publique agit également en son nom. Par conséquent,
dans l'ordre interne de chaque Etat, outre les personnes physiques
et morales, qui sont sujets de droit, l'Etat lui-même est également
sujet.
Ce que nous disons ici de l'Etat peut être dit également des
ordres juridiques d'autres sujets du droit des gens, comme l'Eglise
catholique, les organisations internationales, la communauté belli-
gérante, etc.
Comme les ordres juridiques internes, le droit international
détermine quels sont ses sujets, par l'octroi de droits et d'obligations.
Mais le droit des gens est un ordre juridique décentralisé et il ne
contient aucune norme qui attribue des actes déterminés à l'ordre
international. Il n'existe aucune entité ni aucun individu qui agisse
en tant qu'organe de l'ordre international : il ne lui est attribué ni
droits ni obligations. Cela veut dire que l'ordre juridique interna-
tional n'est pas un sujet, la communauté internationale ne possède
pas de personnalité sur le plan du droit des gens.
Etant donné que l'ordre international manque de subjectivité et
La personnalité juridique internationale 177

qu'il n'existe pas d'organes exécutifs, législatifs ni judiciaires dont


les actes soient attribués à cet ordre, les membres de la communauté
internationale ont créé, selon leurs besoins et pour des cas déter-
minés, des organismes appelés à remplir certaines fonctions qui ne
concernent qu'eux-mêmes. Par exemple, un certain nombre d'Etats
ont créé une cour internationale pour résoudre les litiges qui sur-
gissent entre eux; d'autres Etats ont établi une organisation inter-
nationale pour administrer la navigation et l'exploitation d'un
bassin fluvial international, etc. Mais aucun des organismes ainsi
créés ne personnifie l'ordre juridique international. Cela ne se pro-
duit pas non plus dans le cas de l'Organisation des Nations Unies.
Devant l'absence de personnalité de la communauté internatio-
nale, certains auteurs ont prétendu voir dans I'«humanité» un sujet
du droit des gens44. Sa personnalité naîtrait principalement des
articles 1 et 5 du Traité sur l'exploration et l'utilisation de l'espace
extra-terrestre, y compris la Lune et d'autres corps célestes (27 jan-
vier 1967) et des articles 136 et 140 de la Convention sur le droit
de la mer (10 décembre 1982) 45 .
Toutefois, l'analyse de ces textes ne permet pas d'arriver à la
conclusion que l'«humanité» serait destinataire directe et effective
de droits ou d'obligations internationaux. Il est certain qu'il est
fait mention de 1'«humanité» dans ces textes, mais une simple
déclaration ou énonciation ne suffit pas pour l'ériger en sujet de
droit. Quant aux fonds marins, la Convention des Nations Unies
sur le droit de la mer a prévu une certaine organisation internatio-
nale ainsi que des droits et des devoirs pour les Etats, mais non
pour l'«humanité». Il en est de même du Traité de 1967 sur l'es-
pace extra-terrestre qui se borne à considérer les astronautes comme
des «envoyés de l'humanité», sans ajouter à cette dénomination
de droits ni d'obligations.

4. La communauté juridique internationale actuelle

Le concept de sujet du droit des gens étant précisé, la procédure


à suivre pour identifier les membres de la communauté juridique
internationale actuelle consiste à analyser à la lumière dudit concept
quelles sont les entités qui la composent. L'examen de chaque
sujet de droit en particulier dépasse indubitablement le cadre de ce
cours, qui traite seulement de certains cas de la personnalité inter-
nationale qui sont apparus ou se sont manifestés plus nettement au
178 Julio A. Barberis

cours de ces dernières décennies. Il semble toutefois intéressant de


faire ici quelques observations générales.
Certains sujets du droit international appartiennent à une caté-
gorie ou à un genre déterminé. Ainsi, les Etats souverains ou les
organisations internationales constituent des catégories qui en-
globent un nombre considérable de sujets. Mais d'autres sujets sont
uniques, ils constituent des cas particuliers qui ne peuvent pas être
classés en catégories. La Cité du Vatican ou le Comité international
de la Croix-Rouge en sont des exemples.
Tous les sujets du droit international sont de ce fait régis, dans
une certaine mesure, par cet ordre juridique. Mais certains d'entre
eux, comme les Etats souverains, ne sont soumis qu'au droit des
gens. On peut les appeler sujets indépendants. D'autres, bien qu'ils
soient régis par le droit des gens, dépendent également dans une
certaine mesure de l'ordre juridique d'un autre sujet international.
L'on peut alors les appeler sujets dépendants. Il existe des sujets
internationaux qui dépendent d'un Etat souverain, comme le
royaume du Bhoutan, la principauté de Monaco, le sultanat de
Brunei, l'Union postale universelle ou la Conférence de droit inter-
national privé de La Haye 46 . Il en existe d'autres qui dépendent de
l'Eglise catholique, comme c'est le cas de la Cité du Vatican et de
l'Ordre souverain militaire de Malte ; ou d'une organisation interna-
tionale, comme la Société financière internationale 47 ; ou de plu-
sieurs sujets simultanément, comme les vallées d'Andorre 48 .
La communauté juridique internationale actuelle est constituée
d'un ensemble très hétérogène de sujets. Chacun dispose de sonordre
juridique interne. Non seulement les Etats ont leur ordre interne,
mais également les autres sujets ; le jus melitensis est l'ordre juridique
de l'Ordre souverain militaire de Malte, le droit canon est celui de
l'Eglise catholique, les organisations internationales ont le leur, les
communautés belligérantes ont également leur ordre juridique, etc.
Ces ordres juridiques internes sont liés au droit des gens, qui remplit
essentiellement une fonction de coordination de ces ordres.
Il faut souligner que l'ordre juridique universel est composé du
droit des gens et des ordres juridiques des divers sujets internatio-
naux. En dehors de ces ordres, il n'existe pas d'autres normes juri-
diques. Toutefois, certaines théories affirment qu'il en existe et
elles donnent comme exemples ce que l'on a appelé les contrats in
vacuo et une hypothétique lex mercatoria qui réglerait certains
aspects du commerce international 49 .
La personnalité juridique internationale 179

Les personnes reçoivent toujours d'une loi interne le droit de


contracter. Chaque ordre juridique détermine le degré d'autonomie
dont les personnes disposeront pour conclure leurs contrats. En
général, dans les pays occidentaux, l'autonomie de la volonté est
très large. Mais l'on considère toujours que lorsque quelqu'un
conclut un contrat il le fait en vertu d'une loi qui lui donne capa-
cité de le faire, et cette loi est la source de la validité du contrat. Il
ne peut y avoir de contrat sans une norme antérieure qui octroie à
un particulier la capacité de contracter ; et cette règle est également
valable pour ce que l'on appelle les contrats in vacuo.
La question de l'existence des contrats in vacuo a été l'objet du
passage suivant de la sentence arbitrale de YAramco :
« Il est certain qu'un contrat quelconque ne peut pas exister
in vacuo, mais doit reposer sur un droit ; ce n'est pas une opé-
ration pleinement abandonnée à la libre volonté des parties;
elle est nécessairement fondée sur un droit positif donnant
des effets juridiques aux manifestations réciproques et concor-
dantes de la volonté des cocontractants. Sans un droit qui
préside à sa création, la convention n'est pásmeme concevable.
La volonté ne peut engendrer un rapport conventionnel que
si le droit dont elle relève lui en donne préalablement le
pouvoir. » s 0
L'impossibilité de l'existence d'un contrat in vacuo semble obéir
à une raison fondamentale : l'accord de volontés (contrat, traité,
etc.) dans n'importe quel ordre juridique n'est jamais une forme
originale de création de normes. Il s'agit d'un mode d'élaboration
du droit qui présuppose une autre forme antérieure de création
juridique, comme par exemple la loi ou la coutume. De ce point de
vue, les concepts de «traité», «contrat», «accord» semblent se
comporter dans le monde juridique comme les concepts de «fils»
ou de «mandataire», qu'on ne peut concevoir sans les concepts
antérieurs de «père» ou de «mandant».
L'on affirme également qu'une lex mercatoria, créée par la cou-
tume, régirait certains contrats commerciaux internationaux. Une
analyse des normes faisant partie de cette prétendue lex mercatoria
montre cependant que, dans la mesure où il s'agit véritablement de
normes juridiques, elles tiennent leur validité du droit des gens ou
d'un ordre juridique interne.
Ainsi que nous l'avons indiqué au cours du paragraphe 2 de
180 Julio A. Barberis

cette section et dans le présent paragraphe, l'on peut donc affirmer


que toute norme juridique appartient soit au droit des gens, soit à
l'ordre juridique d'un sujet du droit des gens. Si l'on veut utiliser
la phrase du célèbre dictum de la Cour permanente de Justice
internationale dans l'affaire des Emprunts serbes pour décrire la
situation actuelle, l'on pourrait dire que toute norme juridique qui
n'appartient pas au droit international appartient à l'ordre juridique
d'un sujet du droit international.
181

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE I

LES PERSONNES PRIVÉES

Généralités

La personnalité internationale de l'individu a été l'objet, ajuste


titre, d'une attention toute particulière de la part des juristes, qui
lui ont consacré de nombreuses et intéressantes études 51 . Une par-
tie de leurs réflexions est faite de considérations d'ordre philoso-
phique sur la personne humaine et sa qualité de sujet de droit. Il
est hors de doute, et cela ne semble d'ailleurs démenti par aucune
théorie, que le Droit ne règle que des conduites humaines. Ceci ne
signifie pas que les individus soient toujours considérés comme des
sujets de droit car, parfois, des normes appartenant à certains
ordres juridiques, et c'est le cas de l'ordre international, ne se rap-
portent pas directement aux individus, mais seulement de façon
indirecte.
En droit des gens, le thème de la personne privée en tant que
sujet de droit n'a pas de rapport avec la conception philosophique
de l'être humain. Il s'agit de quelque chose de plus simple et il
consiste à déterminer si l'ordre juridique international contient des
normes qui établissent des droits ou des obligations dont les desti-
nataires directs sont les personnes privées.
Traditionnellement, l'analyse de cette question a été limitée aux
personnes physiques, mais il faut envisager également ce que l'on
appelle les «personnes morales» ou personnes collectives, et c'est
ce que nous exposerons au cours du présent chapitre.
Etant donné que le Droit règle toujours des conduites humaines,
il est nécessaire d'indiquer que nous n'étudions ici que les cas dans
lesquels la personne agit en tant que telle et non en tant qu'organe
de l'Etat ou d'un autre sujet international. En effet, les actes que
l'on attribue aux Etats, aux organisations internationales, etc., sont
des actes humains, mais les personnes qui les réalisent n'agissent
qu'en tant qu'organes et non à titre personnel.
182 Julio A. Barberis

Le droit international et la protection des personnes privées

Dans l'ordre international il existe deux formes fondamentales


ou, si l'on veut, deux techniques juridiques fondamentales pour
protéger les personnes privées. La première consiste à permettre à
un sujet international de faire sienne la réclamation d'une personne
privée contre un autre sujet du droit des gens et de porter cette
réclamation sur le plan international. Cette technique comporte
plusieurs variantes, telles que la protection diplomatique exercée
par un Etat ou par une organisation internationale, ou bien, dans les
ordres juridiques régionaux d'Europe et d'Amérique, l'action que
la Commission peut engager devant la Cour des droits de l'homme.
Une autre variante très atténuée de cette technique est prévue par
exemple dans le protocole facultatif se rapportant au Pacte inter-
national relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies.
La seconde technique fondamentale pour protéger les personnes
privées est l'octroi, par l'ordre international, de droits à ces per-
sonnes, qui peuvent les faire valoir au sein d'un ordre juridique
interne.
a) En ce qui concerne la première de ces techniques juridiques
fondamentales, il semble intéressant d'analyser séparément quatre
variantes qui se présentent dans la pratique internationale :
i) Selon le droit international général, lorsqu'une personne est
lésée dans l'un de ses droits dans un pays étranger, l'Etat dont elle
est le ressortissant peut lui accorder, après que certaines conditions
ont été remplies, sa protection diplomatique et effectuer une récla-
mation auprès de ce pays étranger en raison du préjudice subi. Dans
cette hypothèse, l'Etat fait sienne la cause de son ressortissant et
présente la réclamation en tant qu'Etat et non en représentation
de la personne lésée. L'Etat peut réclamer une indemnité, fixer un
montant, parvenir à un accord avec l'autre Etat et même renoncer
à l'exercice de la protection, sans que le consentement de la per-
sonne «protégée» diplomatiquement soit nécessaire. Un passage
bien connu de la décision de la Cour permanente de Justice inter-
nationale dans l'affaire Mavrommatis décrit la protection diploma-
tique dans les termes suivants :
«C'est un principe élémentaire du droit international que
celui qui autorise l'Etat à protéger ses nationaux lésés par des
actes contraires au droit international commis par un autre
La personnalité juridique internationale 183

Etat, dont ils n'ont pu obtenir satisfaction par les voies ordi-
naires. En prenant fait et cause pour l'un des siens, en mettant
en mouvement, en sa faveur, l'action diplomatique ou l'action
judiciaire.internationale, cet Etat fait, à vrai dire, valoir son
droit propre, le droit qu'il a de faire respecter, en la personne
de ses ressortissants, le droit international. »S2

La protection diplomatique est une institution de l'ordre inter-


national qui apporte une aide aux personnes dont les droits ont été
lésés à l'étranger, mais, ainsi qu'on peut le déduire de ce que nous
avons exposé, la personne n'y participe que dans une très faible
mesure. Cette personne engage la procédure en demandant la pro-
tection diplomatique, mais ensuite toutes les mesures postérieures
sont prises par l'Etat, dans l'exercice de son droit propre et non en
représentation de la personne lésée. D'après la jurisprudence de la
Cour internationale de Justice, la protection diplomatique peut
également être exercée par une organisation internationale en
faveur de ses fonctionnaires53.
ii) Bien qu'en matière de protection diplomatique l'Etat exerce
un droit qui lui est propre, il existe une pratique qui permet à la
personne protégée de participer dans une plus ou moins large me-
sure à la défense de ses intérêts lésés.
C'est ainsi qu'il y a des cas où l'Etat protecteur a demandé le
consentement de la personne lésée avant de soumettre un différend
à l'arbitrage54, ou bien où il l'a fait sur l'initiative de la personne
protégéess, ou encore ou il a demandé le consentement de la per-
sonne lésée pour la désignation de l'arbitre56. De même, il existe
un précédent où le représentant de l'Etat était aussi le mandataire
du particulier lésé et, à ce titre, il fit savoir à l'avance qu'il accep-
terait la sentence arbitrale qui serait rendue57. Quant à la procédure
arbitrale elle-même, les personnes protégées ont pu agir en présen-
tant leur propre défense ou des documents que l'Etat protecteur a
fait siens, ou en participant à cette procédure de diverses autres
façons58. Il est aussi possible de trouver des précédents dans lesquels
les Etats ont accepté de soumettre à l'arbitrage un litige concernant
la lésion d'intérêts privés, mais où la procédure arbitrale a été
poursuivie par les particuliers intéressés59.
ili) Une tout autre variante de la protection des personnes pri-
vées est constituée par les accords régionaux sur les droits humains
conclus par les pays européens (Rome, 4 novembre 1950) et amé-
184 Julio A. Barberis

ricains (San José de Costa Rica, 22 novembre 1969). Selon ces


traités, la personne dont les droits ont été lésés peut avoir recours
à la Commission des droits de l'homme, qui est habilitée à porter
l'affaire devant la Cour. Il faut préciser que, d'après la procédure
des conventions de Rome et de San José de Costa Rica, seuls la
Commission et les Etats peuvent soumettre une requête à la Cour
des droits de l'homme. Le particulier présente l'affaire à la Com-
mission, qui décide si elle la porte ou non devant l'organe judiciaire.
Au point de vue de la technique juridique, la procédure établie
par les conventions européenne et américaine des droits de l'homme
présente une certaine analogie avec la protection diplomatique. En
effet, dans cette dernière, l'Etat, ou exceptionnellement une orga-
nisation internationale, fait sienne la réclamation d'un particulier
et la porte sur le plan international, sans que ce particulier soit
partie à l'affaire. Dans les traités de Rome et de San José de Costa
Rica, la fonction de l'Etat protecteur, ou exceptionnellement de
l'organisation internationale protectrice, est remplie par la Com-
mission des droits de l'homme qui engage l'action devant la Cour
sans la participation de la personne lésée.
iv) On trouve une autre variante, certes très atténuée, de la
technique juridique décrite au cours des paragraphes précédents,
dans les instruments qui donnent aux personnes privées la faculté
de présenter une pétition ou une communication à un organisme
international, qui ensuite, s'il l'estime approprié, la transmet à
l'Etat qu'on prétend avoir violé les droits des particuliers. La pro-
cédure prévue dans le protocole facultatif se rapportant au Pacte
international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies
(1966) en constitue un exemple. D'après ce protocole, toute per-
sonne alléguant la violation de l'un quelconque de droits énoncés
dans le pacte peut présenter une communication écrite au Comité
des droits de l'homme. Le Comité analyse la communication pré-
sentée et, si elle remplit les conditions requises, il la transmet à
l'Etat incriminé. Ce dernier dispose d'un délai pour expliquer
l'affaire et indiquer quelles mesures il a prises. Il est prévu dans le
pacte que le Comité fera parvenir ses observations à l'Etat intéressé
et à la personne ayant présenté la communication.
Ainsi qu'on peut le remarquer, la technique du protocole facul-
tatif a une certaine analogie avec les cas précédents en raison du
fait que le Comité reçoit la communication du particulier et la
porte sur le plan international. La différence réside en ceci qu'il ne
La personnalité juridique internationale 185

s'agit pas ici d'une action judiciaire engagée par le Comité, mais
seulement d'une communication qu'il adresse à l'Etat incriminé et
d'observations postérieures, ce qui diminue sensiblement l'efficacité
de la méthode utilisée.
b) La deuxième technique juridique fondamentale dont se sert
l'ordre international pour protéger les personnes privées consiste à
leur accorder une action judiciaire leur permettant de faire valoir
leurs droits devant les tribunaux internes d'un Etat. Ainsi, par
exemple, les traités signés par la France et la Grande-Bretagne avec
l'Argentine le 10 juillet 1853, toujours en vigueur, stipulent que
l'Argentine «autorise la libre navigation des fleuves Paraná et
Uruguay ... aux navires marchands de toutes les nations» 60 . En
vertu de cette clause, tout armateur privé dont l'accès aux fleuves
mentionnés serait entravé pourrait faire valoir son droit devant les
tribunaux argentins, sans qu'il soit nécessaire que sa demande soit
présentée ou appuyée par l'Etat dont il est ressortissant61. Mais le
précédent le plus connu en cette matière est sans doute l'avis
consultatif du 3 mars 1928 sur la compétence des tribunaux de
Dantzig. Dans l'un de ses passages la Cour permanente de Justice
internationale affirme :
«on ne saurait contester que l'objet même d'un accord inter-
national, dans l'intention des parties contractantes, puisse
être l'adoption, par les parties, de règles déterminées, créant
des droits et obligations pour les individus, et susceptibles
d'être appliquées par les tribunaux nationaux» 62 .
Dans cette hypothèse, la personne fait valoir sa prétention devant
un tribunal de l'Etat, c'est-à-dire qu'elle possède un véritable droit
subjectif dans l'ordre juridique interne, droit qui découle directe-
ment d'un traité international.

Section I. Les droits des personnes privées

Le droit international se sert des structures juridiques exposées


précédemment pour assurer une certaine protection aux personnes
privées. On ne peut pourtant pas affirmer que, dans les exemples
analysés, la personne possède un droit subjectif dans l'ordre juri-
dique international. Dans ces cas, la personne est l'objet de la
protection mais elle n'est pas sujet ou titulaire d'un droit qui lui
permette de réclamer cette protection.
186 Julio A. Barber is

Il convient d'examiner maintenant s'il existe en droit interna-


tional positif des normes qui accordent directement aux per-
sonnes privées un droit subjectif. Quelques auteurs citent en tant
qu'exemples en ce sens certains cas que nous avons exposés dans
les paragraphes précédents et pour lesquels nous avons déjà indiqué
qu'il n'existe, dans aucun d'eux, un droit que les particuliers puissent
faire valoir sur le plan international. L'on a, de même, soutenu,
que le réfugié serait un sujet de droit international 63 . Ainsi, l'on
prétend que l'individu aurait le droit vis-à-vis de l'Etat d'être admis
dans son territoire, ce qui revient à dire que cet Etat aurait l'obli-
gation de lui accorder l'asile territorial. Ce thème a été longuement
examiné par la Conférence sur l'asile territorial convoquée par les
Nations Unies (Genève, janvier et février 1977). Bien qu'en cette
occasion il n'ait été conclu aucun accord, il a été bien établi que ce
prétendu droit de l'individu n'existe pas dans l'ordre international
positif.
Il est néanmoins possible de trouver dans le droit des gens actuel
des normes accordant aux personnes privées un véritable droit
subjectif. Dans cet ordre d'idée, il est intéressant d'analyser deux
hypothèses, à savoir: celle où un traité international accorde à la
personne privée une action devant un tribunal international et
l'hypothèse de ce que l'on a appelé les accords quasi internationaux.

1. Traités qui accordent aux personnes privées une action devant


un tribunal international

Parmi les fonctions gouvernementales remplies par tout Etat


figure la fonction juridictionnelle. Les Etats considèrent le pouvoir
juridictionnel comme l'un des attributs principaux de la souverai-
neté. C'est pourquoi ce n'est que dans des cas extraordinaires et
pour des causes extrêmement particulières que les Etats renoncent
à l'exercice de ce pouvoir en faveur d'un Etat étranger ou d'une
instance internationale.
D'après le droit des gens, un Etat peut renoncer au pouvoir
juridictionnel dans des cas déterminés et laisser un tribunal inter-
national en connaître 64 . Ainsi, il peut arriver qu'une personne
privée se voie investie par un traité international d'une action de-
vant un tribunal international.
Dans la pratique il existe des situations qui parfois peuvent se
confondre avec l'octroi à l'individu du droit d'agir devant une
La personnalité juridique internationale 187

instance internationale. En ce sens, nous avons déjà mentionné la


technique utilisée par les conventions sur les droits de l'homme de
Rome (4 novembre 1950) et de San José de Costa Rica (22 no-
vembre 1969), consistant à permettre à la personne de porter son
cas devant une commission qui, si elle l'estime juridiquement fondé,
engagera l'action auprès de la Cour internationale.
Une autre situation qu'il faut distinguer est celle où un traité
prévoit la création par les Etats contractants de tribunaux ayant
une compétence déterminée 65 . Bien que lesdits tribunaux figurent
dans un accord international et que leur création soit, parfois, une
obligation internationale de l'Etat, il s'agit d'une juridiction éta-
tique et non d'une instance internationale.
En matière d'investissements étrangers, l'une des questions fon-
damentales consiste à déterminer quel sera le tribunal compétent
pour régler les différends qui surgissent entre l'investisseur privé et
l'Etat sur le territoire duquel l'investissement a lieu. La technique
généralement employée est la suivante : les Etats exportateurs de
capitaux signent des traités avec les Etats qui les reçoivent, traités
selon lesquels les litiges pouvant surgir entre les entreprises qui
investissent et les Etats seront réglés par un tribunal arbitral. En ce
sens, il convient de mentionner principalement la convention de la
Banque pour la reconstruction et le développement (18 mars
1965) 66 . Les traités de ce type, à vrai dire, n'autorisent pas l'indi-
vidu à agir devant un tribunal international, car ils prévoient seule-
ment la possibilité pour l'Etat et l'entreprise qui investit de conclure
un accord par lequel tous deux conviendront de donner compé-
tence à un tribunal arbitral. Mais quoique la création de ce tribunal
relève du traité international, la compétence pour connaître de
chaque cas concret dépend de l'accord entre les parties. Par consé-
quent, ce n'est pas le traité qui donne à l'individu le droit d'agir
éventuellement devant une instance internationale, mais l'accord
postérieur conclu entre l'Etat et l'entreprise qui investit.
Il peut y avoir aussi des cas dans lesquels un traité accorde à des
personnes privées la possibilité d'agir devant un tribunal interna-
tional, mais celui-ci ne peut être constitué sans le consentement
d'un ou de plusieurs Etats contractants. Dans cette hypothèse, le
droit subjectif du particulier est subordonné au consentement de
l'Etat et peut même disparaître si ce consentement fait défaut.
Dans cette étude nous considérons que la personne privée n'a un
droit subjectif devant une instance internationale que lorsqu'un
188 Julio A. Barberis

traité lui confère directement ce droit et lorsque le tribunal devant


lequel elle peut agir est déjà constitué, ou que sa constitution ne
dépend que de sa volonté. L'un des premiers exemples, dans notre
siècle, d'un traité accordant aux personnes privées la faculté d'in-
tenter une action auprès d'un tribunal international est la conven-
tion du 20 décembre 1907 qui a créé la Cour de justice centre-
américaine67. Il convient de mentionner aussi les commissions de
réclamations établies par les traités signés par les Etats-Unis d'Amé-
rique avec le Mexique (8 septembre 1923) 68 et lePanama(28 juillet
1926) 69 . La plupart des autres exemples qu'on cite généralement
sont les instances internationales créées à la suite des deux guerres
mondiales. Ainsi, les traités qui ont mis fin à la guerre de 1914-
1918 ont créé les tribunaux arbitraux mixtes et la Convention de
Genève du 15 mai 1922 a institué le tribunal arbitral de la Haute-
Silésie70, instances devant lesquelles les personnes privées pouvaient
agir. En ce qui concerne la seconde guerre mondiale, l'on peut
mentionner la Cour suprême des restitutions et la Commission
arbitrale sur les biens, droits et intérêts en Allemagne, créées par la
Convention de Paris du 23 octobre 1954 sur le règlement des ques-
tions découlant de la guerre et de l'occupation 71 , ainsi que le tri-
bunal arbitral créé par le traité germano-autrichien du 15 juin
1957 72 .
Il existe actuellement des traités en vigueur qui confèrent aux
personnes privées une action devant une instance internationale. A
titre d'exemple, il est utile de citer le traité conclu entre l'Allemagne,
la France et le Luxembourg (27 octobre 1956) relatif à la Moselle73.
Cette convention prévoit la création de tribunaux nationaux pour
les questions civiles et pénales relatives à la navigation, mais la per-
sonne privée a la possibilité de faire appel de la décision de ces
tribunaux, soit devant un tribunal supérieur national, soit devant
un comité d'appel, qui est un tribunal international composé de
trois juges 74 . La Commission du Rhin, après la réforme introduite
par la Convention de Strasbourg de 1963, a établi un système juri-
dictionnel analogue75. Le Traité du 20 décembre 1957 sur l'éta-
blissement d'un contrôle de sécurité dans le domaine de l'énergie
nucléaire constitue un autre exemple d'instance internationale
accessible aux personnes privées76. Ce traité institue un tribunal
international dont la compétence est déterminée par ses articles 13
et 14 et devant lequel peuvent intenter une action aussi bien les
Etats que les entreprises intéressées77.
La personnalité juridique internationale 189

Les traités susmentionnés accordent aux personnes privées un


droit sur le plan international, ce qui fait qu'elles deviennent sujets
du droit des gens.

2. Les accords quasi internationaux

Dans la structure classique du droit international, l'étranger dont


l'un des droits est lésé par un Etat est couvert par la protection
diplomatique. Cependant, cette institution n'a pas toujours été une
garantie utile ni efficace pour les entreprises qui investissaient ou
qui étaient concessionnaires de travaux publics à l'étranger.
A partir principalement de la seconde décennie de ce siècle, l'in-
dustrie pétrolière commença à se développer sur une grande échelle,
ce qui entraîna l'installation d'importantes sociétés étrangères dans
les pays producteurs, en particulier dans ceux du Moyen-Orient.
Après la seconde guerre mondiale, un mouvement important d'in-
vestissement de capitaux européens et nord-américains s'est égale-
ment accentué vers les pays en voie de développement. De nom-
breuses entreprises ont obtenu de ces Etats des concessions pour la
prospection et l'exploitation des hydrocarbures, la construction de
ports, de chemins de fer, de routes ou autres travaux d'infrastruc-
ture. Dans d'autres cas, il s'agit de crédits à long ou moyen terme
qui leur ont été accordés par des sociétés financières ou des banques
étrangères.
Ces accords, conclus entre des entreprises étrangères et un Etat,
sont soumis, en principe, au droit interne de l'Etat en question.
Par conséquent, celui-ci peut modifier sa législation administrative
sur les concessions, ou les normes du droit du travail ou de la sécu-
rité sociale, nationaliser certaines entreprises, exproprier leurs biens,
modifier le régime douanier ou établir un contrôle des changes,
toutes mesures susceptibles de porter gravement préjudice à la
situation financière ou économique des entreprises étrangères.
La protection diplomatique ne peut couvrir un investisseur ou
un concessionnaire à rencontre de toutes les mesures de ce genre
qu'un Etat peut prendre : elle ne peut le faire que si ces mesures
portent atteinte aux droits acquis garantis par le droit internatio-
nal 78 . Par ailleurs, l'exercice de la protection diplomatique est
facultatif pour l'Etat et il peut s'en abstenir pour des raisons
politiques.
Les entreprises étrangères ont cherché à trouver de nouvelles
190 Julio A. Barbem

formes juridiques qui les protègent des modifications éventuelles


que l'Etat pourrait introduire dans sa législation interne, et qui
leur permettent, en outre, d'intervenir directement dans la récla-
mation concernant les préjudices qu'elles pourraient subir. A cette
fin, elles ont institué la pratique de conclure des accords avec les
Etats sur un plan d'égalité, accords dont l'interprétation et l'appli-
cation sont exclues de la juridiction étatique et soumises à la déci-
sion d'un tribunal arbitral. Ces accords ont reçu d'une partie de la
doctrine le nom d'accords quasi internationaux (quasi-vôlkerrecht-
liche Verträge).
a) Leurs caractéristiques
La première caractéristique des accords quasi internationaux est
que l'Etat et l'entreprise privée étrangère concluent l'accord sur un
plan d'égalité, inter pares. Cela signifie que l'Etat ne peut se préva-
loir de sa qualité d'entité souveraine pour modifier unilatéralement
son droit interne de telle façon que les droits et les obligations
stipulés dans l'accord puissent en être altérés. Dans ce but, les
conventions quasi internationales comportent une clause générale-
ment appelée « clause de stabilisation » 79 .
Une autre caractéristique de ces accords est l'établissement d'une
juridiction arbitrale qui devra connaître de tous les litiges qui pour-
raient surgir à propos de leur interprétation, de leur application ou
de tout autre aspect s'y rapportant 80 . Il est d'usage aussi d'établir
la procédure à suivre pour la désignation des arbitres, même dans
l'hypothèse où l'une des parties s'y refuserait. Ainsi, les organes judi-
ciaires de l'Etat contractant sont dispensés de connaître de toute
controverse relative à l'accord conclu avec l'entreprise étrangère.
En ce qui concerne le droit applicable à l'accord, la pratique fait
apparaître une grande diversité, ce qui est une conséquence du
principe de l'autonomie de la volonté. Il y a des cas où l'on applique
à l'accord le droit de l'Etat contractant, ou les normes communes
aux ordres juridiques en vigueur dans l'Etat contractant et dans
celui dont l'autre partie est ressortissante, ou bien les règles com-
munes à divers ordres juridiques déterminés. Il existe d'autres cas
dans lesquels on a recours à l'application des principes généraux de
droit reconnus par les nations civilisées. Certains accords prescrivent
d'appliquer les principes de la bonne volonté et de la bonne foi, ou
de l'équité, alors que d'autres stipulent seulement que leurs clauses
doivent être interprétées de façon raisonnable81.
La personnalité juridique internationale 191

Il faut indiquer que la question du droit applicable à l'accord


doit être distinguée du problème concernant l'ordre juridique dont
relève ledit accord, car ce sont deux sujets différents. En effet, il
est possible, par exemple, que deux personnes décident, selon la
règle de l'autonomie de la volonté, d'appliquer le droit autrichien
à un contrat qui relève de l'ordre juridique français et qui a été
conclu entre elles. Selon la doctrine, le renvoi fait par les parties à
une norme qui doit être appliquée à un accord est intitulé incorpo-
ration ou materiellrechtliche Verweisung, tandis que le renvoi à un
ordre juridique dans son ensemble est appelé choice of law ou
kollisionsrechtliche Verweisung.
Les accords de cette sorte, que les entreprises étrangères con-
cluent avec les Etats, sont généralement soumis par ces derniers à
la procédure interne applicable à l'approbation des traités interna-
tionaux.
b) Les accords quasi internationaux et le droit interne des Etats
Une fois précisées les caractéristiques principales de ces accords,
il est utile d'en examiner quelques aspects particuliers, dont on
pourra déduire s'ils font vraiment partie du droit des gens ou bien
s'ils trouvent leur fondement de validité dans un autre ordre juri-
dique. L'analyse que nous effectuerons ensuite aura pour base la
jurisprudence existant en la matière.
11 est intéressant d'examiner tout d'abord le rapport entre les
accords quasi internationaux et l'ordre juridique de l'Etat contrac-
tant. Selon l'une des théories relatives à cette question, ces accords
sont soumis au droit étatique et, s'il y est stipulé que l'on doit appli-
quer les principes généraux de droit reconnus parles nations civilisées,
ces principes ne sont applicables que dans la mesure où le permet
ce droit interne 82 . Les principes généraux de droit ne s'applique-
raient pas en tant que normes du droit international, mais il s'agirait
seulement d'une application indirecte ou médiate (eine mittelbare
Anwendung)*2'. Elle consisterait en une application matérielle,
c'est-à-dire que les principes généraux de droit s'appliqueraient
parce que le droit interne permet, en raison de la liberté contrac-
tuelle, que les parties règlent leur conduite d'après ces normes.
Si l'on admettait cette thèse, l'on parviendrait à la conclusion
qu'un accord quasi international qui serait en contradiction avec
les normes constitutionnelles, ou autres normes d'une catégorie
supérieure, dans l'ordre juridique de l'Etat, pourrait être contesté
192 Julio A. Barberis

comme inconstitutionnel et être déclaré nul ou inapplicable à


l'affaire, selon les dispositions de l'ordre interne.
Dans la pratique, lorsqu'un Etat a attaqué pour inconstitution-
nalité un traité international, la jurisprudence a tranché la question
en appliquant la règle du droit international coutumier d'après
laquelle un Etat ne peut pas se prévaloir de son droit interne pour
s'abstenir d'exécuter un traité international 84 . Un traité peut être
considéré comme inconstitutionnel en raison de l'incompétence
des fonctionnaires qui l'ont conclu, à cause de son contenu ou pour
ne pas avoir respecté la procédure prescrite pour son approbation.
Malgré ces vices qu'un traité pourrait présenter dans l'ordre interne,
il est, en principe, valable sur le plan international 85 .
La règle susmentionnée s'applique également ainsi que nous
l'avons indiqué aux accords quasi internationaux. Selon cette
norme, l'Etat ne peut se prévaloir de son droit national pour s'abs-
tenir de remplir ses obligations vis-à-vis de l'entreprise étrangère
contractante. Dans le cas de la Compagnie des eaux de Beyrouth 86 ,
la partie gouvernementale allégua l'inconstitutionnalité de la pro-
rogation d'une concession en raison de l'absence d'homologation
légale et la nullité de certains accords entre les parties concernant
l'approbation des comptes en raison de l'incompétence des fonc-
tionnaires signataires. La sentence rejeta ces deux prétentions de
l'Etat 87 . Dans le litige entre la Société d'électricité d'Athènes et du
Pirée et le Gouvernement grec 88 , le tribunal déclara que l'accord
conclu «l'emporte dans les relations entre les parties, sur le droit
grec, même promulgué postérieurement à la convention» 89 .
La même question s'est posée au cours du différend entre l'Equa-
teur et la Guayaquil and Quito Railways Company. La compagnie
soutenait que l'accord de concession conclu avec l'Etat était
valable en dépit des clauses contraires au droit équatorien qu'il
contenait.
Les dispositions de droit interne en question étaient celles qui
interdisaient au Président de la République de s'ériger en arbitre et
à l'Etat de se soumettre à une juridiction arbitrale. Bien que le
tribunal arbitral ne soit pas parvenu à une décision, les parties
finirent par admettre, après des négociations qui se déroulèrent à
Quito et à Washington, que les arbitres n'appliqueraient le droit
national d'aucun Etat 90 . Le problème de l'inconstitutionnalité de
l'accord entre l'Etat et l'entreprise étrangère s'est posé récemment
dans l'affaire de YAminoil. Le Koweït prétendait que la clause de
La personnalité juridique internationale 193

stabilisation contenue dans la concession était nulle, car elle était


contraire à la constitution nationale, entrée en vigueur en 1962 91 .
Les tribunaux arbitraux ont examiné aussi les relations entre
l'accord quasi international et le droit interne dans les cas où l'Etat
a unilatéralement annulé l'accord et a soutenu que, par conséquent,
l'obligation de soumettre le différend à l'arbitrage n'avait plus de
fondement juridique. Les Etats ont fait valoir à plusieurs reprises
cet argument, mais la jurisprudence l'a toujours rejeté en affirmant
que les dispositions relatives à l'arbitrage contenues dans l'accord
quasi international l'emportaient sur la loi ou le décret de l'Etat
qui annulait ledit accord 92.
c) Normes appliquées en vue de déterminer le droit applicable
Les accords quasi internationaux indiquent, en général, quel
sera le droit applicable. Cependant, il arrive parfois que les parties
omettent de prévoir des dispositions à ce sujet, ou qu'elles confèrent
à l'arbitre la tâche de déterminer la loi applicable. Dans ces cas, les
tribunaux arbitraux se sont vus dans l'obligation de déterminer le
droit qui régira tout l'accord ou certains de ses aspects.
La question fondamentale que les arbitres doivent décider
consiste à trouver la norme qui leur indique quel est le droit appli-
cable. Du point de vue théorique, ce problème présente un intérêt
particulier. Il faut remarquer que l'arbitre est appelé à résoudre
une question juridique, à savoir la norme sur laquelle se baser pour
déterminer le droit applicable. Or, en fait, le choix de cette norme
règle déjà implicitement la question du droit applicable. En effet,
lorsque l'arbitre a recours à une norme lui précisant quelle est la
loi qu'il doit appliquer, il est déjà en train d'appliquer le droit dont
cette norme fait partie, car toute norme de conflit, en tant que
norme juridique, appartient à un ordre juridique déterminé.
Examinons maintenant, en tenant compte de cette considération
théorique, les cas où les tribunaux arbitraux ont dû résoudre expres-
sément la question du droit applicable. La jurisprudence a eu re-
cours, dans ces cas-là, à des critères divers.
Un premier critère consiste à s'efforcer de déduire du texte de
l'accord la volonté présumée des parties. Ainsi, dans le litige entre
l'International Marine Oil Company et le cheikh de Qatar, l'arbitre
a décidé que la loi applicable devait être dégagée de la volonté des
parties telle qu'elle ressort du texte de l'accord et, subsidiairement,
des circonstances particulières de l'affaire. En vertu de ce critère,
194 Julio A. Barberis

l'arbitre est parvenu à la conclusion que la concession devait être ré-


gie par les « principes de justice, d'équité et de bonne conscience» 93 .
De même, dans la controverse opposant la Société d'électricité
d'Athènes et du Pirée au Gouvernement grec, il a été décidé que le
droit applicable devait être déduit d'une interprétation de l'ac-
cord 94 . Le tribunal a alors considéré comme particulièrement indi-
quée l'application par analogie des principes généraux de droit
reconnus par les nations civilisées, au sens de l'article 38 du Statut
de la Cour internationale de Justice. La décision insiste sur le fait
que cette conclusion ne découle pas d'une position théorique, mais
d'une recherche de la vonlonté des parties, telle qu'elle se manifeste
dans le texte de l'accord 95 .
Un autre critère adopte comme règle, pour déterminer la loi
applicable, «les principes généraux des conflits des lois». Ainsi,
dans le litige de la Caisse autonome des monopoles du Royaume
de Roumanie, la sentence arbitrale invoqua les «general principles
of conflict of laws» et prit en considération la nature de l'accord
et les circonstances de l'espèce, pour arriver à la conclusion que
les emprunts qui faisaient l'objet de la controverse étaient régis par
les droits anglais et américain96. Le même critère a été suivi dans
l'affaire de VA rameo. D'après l'article 4, alinéa b), de la convention
d'arbitrage, le litige devait être tranché «conformément au droit
que le tribunal arbitral jugera applicable, dans la mesure où il s'agit
de questions en dehors de la juridiction de l'Arabie Saoudite» 97 .
En ce qui concerne la détermination du droit applicable, la sentence
affirme :
«Le tribunal de céans en conclut qu'il lui appartient de
déterminer la loi applicable au fond du litige en se conformant
aux indications des parties, et, à défaut d'indications adéquates
de celles-ci, de la rechercher en considérant toutes les circons-
tances de l'affaire.
Dans la présente cause, l'accord des parties ne porte pas sur
un droit unique, et, dans la mesure où le tribunal arbitral a la
compétence de déterminer le droit applicable, il le dégagera
de la doctrine générale du droit international privé.» 98
Conformément à cette doctrine la sentence accepta le principe de
l'autonomie de la volonté, mais constata que les parties n'avaient
choisi explicitement aucune loi et qu'il n'y avait pas non plus
d'éléments permettant de déduire quel droit ces parties pou-
La personnalité juridique internationale 195

vaient être présumées avoir choisi". Le tribunal décida, en s'ins-


pirant des «tendances les plus avancées du droit international
privé» 100 , d'adopter la solution prédominante dans les pratiques
britannique et suisse, d'après laquelle le droit applicable est celui
qui correspond le mieux à la nature des relations établies entre les
parties. Selon ce critère, le tribunal conclut que les droits et.obli-
gations des parties seraient régis par la convention de concession
et, subsidiairement, par les principes généraux de droit 101 .
D'après les décisions que nous venons d'examiner, lorsqu'un
accord quasi international ne contient pas de disposition relative
au critère à adopter pour déterminer le droit applicable, les tribu-
naux ont recours à des règles généralement admises par le droit
international privé, telle que la règle de l'expression de la volonté
présumée des parties selon le contexte de l'accord. Les décisions
arbitrales emploient des formules qui indiquent que ces règles ont
été généralement reconnues dans les divers ordres juridiques:
«principe universellement admis de droit international privé»,
«doctrine générale du droit international privé», « principes géné-
raux des conflits des lois» 102 . Ces normes de conflit appliquées
par la jurisprudence sont soit des règles coutumières internatio-
nales, soit des principes généraux de droit et, dans l'un ou l'autre
de ces deux cas, elles font partie du droit des gens 103 . La Cour
permanente de Justice internationale reconnut dans l'affaire des
Emprunts serbes la possibilité que certaines règles de droit
international privé soient créées par la voie d'une coutume inter-
nationale :
« La question de savoir quelle est cette loi fait l'objet de la
partie du droit qu'aujourd'hui on désigne le plus souvent sous
le nom de droit international privé ou de théorie du conflit
des lois. Les règles en peuvent être communes à plusieurs
Etats et même être établies par des conventions internatio-
nales ou des coutumes, et dans ce dernier cas avoir le caractère
d'un vrai droit international, régissant le rapport entre des
Etats.» 104
La Cour permanente appliqua précisément dans l'affaire en question
une norme coutumière de conflit créée par la pratique des tribu-
naux internes 105 .
196 Julio A. Barberis

d) Le droit applicable à l'accord quasi international


En matière de droit applicable à l'accord entre l'Etat et l'entre-
prise étrangère, les parties disposent d'une large autonomie ainsi
que nous le confirme l'analyse de la jurisprudence.
Parmi les précédents, il est possible de trouver des exemples où
l'on a décidé de résoudre la question ou certains de ses aspects selon
le droit interne de l'Etat partie au litige. Ainsi, dans l'affaire de la
Compagnie du Katanga, l'on appliqua le droit de la colonie du
Congo belge106. De même, dans l'affaire de YAramco, conformé-
ment à l'article 4, alinéa a), du compromis arbitral, le tribunal ap-
pliqua le droit de l'Arabie Saoudite aux questions relevant de cette
juridiction 107 . Dans le litige sur le chemin de fer de Hedjaz, la par-
tie gouvernementale était le haut comité pour la réhabilitation de
cette ligne ferroviaire, composé par les ministères des Communica-
tions de la Jordanie, de l'Arabie Saoudite et de la Syrie, et la sen-
tence se basa sur le droit syrien108. Le tribunal arbitral qui décida
l'affaire de VAminoil appliqua aussi le droit de l'Etat partie à la
controverse, l'émirat du Koweït 109 . Mais la sentence fournit une
considération intéressante pour expliquer le fondement de la déci-
sion : à savoir que le droit du Koweït constitue un système juri-
dique développé dont le droit international public fait partie, ainsi
que le déclara son représentant devant le tribunal arbitral n0 .
Dans d'autres cas, le litige a été tranché d'après le droit national
des parties. L'on peut mentionner en ce sens la sentence qui mit
fin à la controverse entre la Radio Corporation of America et
l'Administration tchèque 111 .
Dans le conflit relatif à la Rialet, il est dit que, vu l'absence de
normes spécifiques en droit éthiopien, les parties se sont mises
d'accord pour qu'on applique le «droit public européen», c'est-
à-dire les «droits et usages des pays européens en matière de
concession des services publics» 112 .
Les sentences arbitrales qui ont résolu les différends entre la
Libye et les entreprises BP Exploration Company, Texaco-Calasiatic
et la Liamco appliquèrent le régime juridique convenu dans les
accords et qui était le suivant: l'on appliquerait les principes de la
loi libyenne dans la mesure où ils étaient les mêmes que les principes
du droit international et, subsidiairement, l'on s'en tiendrait aux
principes généraux de droit 113 .
Dans la pratique jurisprudentielle, il est possible de trouver
d'autres cas dans lesquels les parties n'ont indiqué que leur volonté
La personnalité juridique internationale 19 7

de se soumettre à certains principes, sans déterminer l'ordre juri-


dique précis qui régirait l'accord. Ainsi, dans la convention entre le
Gouvernement soviétique et la Lena Goldfields Ltd., il est indiqué
que les relations entre les parties seront régies par les principes de
la bonne volonté et de la bonne foi, et par une interprétation rai-
sonnable des termes de l'accord114. Dans le contrat de concession
conclu entre le cheikh d'Abu Dhabi et 1'Abu Dhabi Petroleums Co.
Ltd., il est également stipulé que les parties s'y conformeront dans
un esprit de bienveillance et d'intégrité et qu'elles l'interpréteront
de façon raisonnable115. Nous trouvons un cas analogue dans l'ac-
cord conclu entre la NIOC et la Sapphire International Petroleums
Ltd. Son article 38, paragraphe 1, stipule que les contractants exé-
cuteront l'accord conformément au principe de la bonne volonté
et de la bonne foi et qu'ils respecteront son esprit et sa lettre116.
Il est intéressant d'indiquer que les tribunaux arbitraux chargés
de connaître de ces litiges ont décidé dans ces trois cas que les
références à des principes applicables indiquaient une soumission
aux principes généraux de droit117. En effet, dans la sentence de la
Lena Goldfields Ltd., il est fait mention expresse de l'article 38 du
Statut de la Cour permanente de Justice internationale118. Dans
l'affaire d'Abu Dhabi, l'on parle d'une «pratique commune à la
généralité des nations civilisées»119. Dans la sentence relative à la
Sapphire International Petroleums Ltd., l'arbitre interprète l'ar-
ticle 38, paragraphe 1, de l'accord de concession comme signifiant
que la relation entre les parties doit être régie par les «principes
généraux du droit, fondés sur la raison et sur la pratique commune
à l'ensemble des pays civilisés», et il ajoute que lesdits principes
ont été reconnus comme source de droit par l'article 38 du Statut
de la Cour internationale de Justice 12°.
Dans la jurisprudence arbitrale il existe de nombreux cas où le
tribunal a décidé d'appliquer les principes généraux de droit pour
résoudre le fond du litige. Une analyse détaillée des normes appli-
quées nous permet pourtant de constater que, malgré la dénomi-
nation de «principes généraux de droit», il s'agit en réalité, non
seulement de ces principes, mais aussi de normes coutumières
internationales et de précédents jurisprudentiels.
En ce qui concerne les principes généraux de droit, il faut rap-
peler que dans l'affaire de la Lena Goldfields Ltd., le tribunal
arbitral fonda sa décision sur le principe de l'enrichissement sans
cause, auquel il reconnut la qualité de principe général de droit121.
198 Julio A. Barberis

Dans le différend entre la NIOC et la Sapphire International Pe-


troleums Ltd., la sentence souligne que c'est un « principe général
de droit reconnu par les nations civilisées» que l'inexécution
coupable d'un accord par l'une des parties donne droit à l'autre
partie de le dénoncer et d'exiger des dommages et intérêts 122 .
Dans la sentence prononcée en l'affaire de YAramco, il est dit que
pour certains aspects l'on appliquera les principes généraux de droit
mais, en réalité, les normes appliquées ont une origine coutumiére.
Ainsi la règle du respect des droits acquis est une norme générale-
ment reconnue par la jurisprudence et la doctrine comme ayant été
créée par la coutume 123 . De même, quelques règles d'interprétation
invoquées dans ladite sentence 124 , par exemple celles du recours au
contexte et du sens naturel et ordinaire des mots, sont le produit
d'une pratique constante et ininterrompue de la jurisprudence 125 .
Dans la sentence relative à la Sapphire International Petroleums
Ltd., l'arbitre devait évaluer le montant de l'indemnisation à verser
par la NIOC : il déclara que l'indemnisation devait être intégrale et
placer la partie indemnisée dans la même situation économique
que celle qu'elle aurait eue si l'accord avait été respecté. L'indem-
nisation doit comprendre, selon la décision arbitrale, le lucrum ces-
sans et le damnum emergens126. Cette norme a été reconnue comme
règle coutumiére par la jurisprudence de la Cour de La Haye 127 .
Il nous faut citer aussi la règle selon laquelle une partie ne peut
pas se prévaloir de son droit interne pour s'abstenir d'exécuter une
obligation internationale, norme coutumiére qui a déjà été exposée
précédemment à la lettre b) du présent paragraphe.
Enfin, il est nécessaire de mentionner aussi la règle pacta sunt
servanda. Elle fut appliquée expressément dans les affaires de la
Compagnie universelle du Canal de Suez128, de la Sapphire Interna-
tional Petroleums Ltd., de YAramco et dans les trois sentences
arbitrales relatives aux nationalisations libyennes. Ces dernières
reconnaissent que pacta sunt servanda est une norme coutumiére
internationale, mais elles interprètent différemment sa portée. Ce
sujet a donné lieu à une ample littérature 129 qui manifeste un cer-
tain contenu idéologique. La question fondamentale qui se pose
peut être énoncée dans les termes suivants : Un Etat qui a signé un
accord quasi international contenant une clause de stabilisation
peut-il ensuite, selon le droit des gens, procéder à la nationalisation
des biens de l'entreprise et à l'annulation de l'accord?
La sentence arbitrale du professeur René-Jean Dupuy dans le cas
La personnalité juridique internationale 199

des entreprises Texaco-Calasiatic tranche décisivement la question


dans le sens que la règle pacta sunt servanda doit être appliquée et
que l'Etat doit respecter strictement les termes de l'accord. Etant
donné que l'accord quasi international ne permet pas à l'Etat de
procéder à la nationalisation, la réponse à la question posée est
négative130. Dans la décision arbitrale sur la BP Exploration Com-
pany, il est dit que la loi libyenne de nationalisation constitue
«une rupture fondamentale» de la concession et qu'elle «viole
clairement le droit international public» ,31 .
En revanche, la décision de l'arbitre S. Mahmassani dans le cas de
la Liamco reconnaît que l'Etat, quoiqu'il ait signé un accord quasi
international lui interdisant de nationaliser, est autorisé à le faire132.
La thèse soutenue dans la sentence de la Liamco implique la
reconnaissance de l'existence, en droit des gens, d'une norme de
jus cogens interdisant aux Etats d'inclure dans les accords quasi
internationaux l'obligation de ne pas nationaliser. Si l'Etat insérait
dans un accord une telle clause, elle serait nulle.
Si nous laissons de côté l'opinion politique que chacune de ces
thèses peut impliquer, nous devons constater que cette prétendue
norme de jus cogens n'existe pas dans le droit international positif
actuel 133 . L'Etat jouit d'une pleine liberté pour conclure des traités
et des accords quasi internationaux concernant ses ressources na-
turelles propres. Dans la sentence rendue le 28 février 1971 dans
l'affaire entre la Compagnie de recherches et d'exploitation du
pétrole au Sahara (CREPS) et l'Algérie, il est dit que
«le droit appartenant à tout Etat de disposer librement de
ses richesses naturelles trouve une limite dans les engagements
résultant pour lui des actes qu'il a pu conclure pour organiser
l'exploitation de ces richesses»134.
En vertu de ce principe la sentence décida que l'Algérie était liée
par les engagements souscrits par elle pour l'exploitation de ses
richesses pétrolières et que ces engagements limitaient les « pouvoirs
et droits naturels» sur les ressources naturelles invoqués par ce
pays. De même, dans la sentence récente sur l'Aminoil (24 mars
1982), le tribunal arbitral présidé par le professeur Paul Reuter
reconnut qu'il est juridiquement possible qu'un Etat limite par un
accord son droit à nationaliser135. On peut citer aussi des traités
internationaux dans lesquels les Etats ont renoncé à ce droit dans
certaines circonstances136.
200 Julio A. Barberis

En ce qui concerne les accords signés entre Etats et entreprises


étrangères, il faut distinguer entre les accords quasi internationaux
et les contrats ordinaires de concession, de fourniture, de travaux
publics, etc. Dans le cas des premiers, la règle pacta sunt servanda
est appliquée régulièrement, c'est-à-dire que les parties sont obli-
gées à tenir leurs engagements. Mais il n'en est pas de même des
autres contrats dans lesquels l'Etat traite en tant que pouvoir public
avec les entreprises étrangères. Dans ce cas, selon le droit adminis-
tratif interne, l'Etat peut, pour des raisons d'intérêt public, mettre
fin unilatéralement au contrat en payant la compensation appro-
priée 1 3 '.

e) La procédure arbitrale
La procédure à suivre par le tribunal est généralement prévue
dans le compromis arbitral ou dans l'accord conclu à l'origine entre
l'Etat et l'entreprise étrangère. Certains accords stipulent que le
tribunal arbitral aura la faculté d'adopter de nouvelles règles de
procédure ou de modifier celles qui existent déjà 138 .
En général, l'on peut affirmer que la conception qui prédomine
dans la jurisprudence est que la procédure arbitrale doit être régie
par les normes choisies par les parties d'un commun accord, ou
établies par le tribunal, indépendamment de la législation en vigueur
au lieu de l'arbitrage. Il existe une tendance bien définie à séparer
ces controverses de la loi locale de procédure.
Un premier exemple en ce sens est constitué par la décision du
juge Python dans l'affaire The Aising Trade Co. Ltd. rendue à
Lausanne le 22 décembre 1954 139 . Cet arbitrage fut régi par les
normes de procédure adoptées d'un commun accord par les parties
et par les normes indiquées par l'arbitre en vertu des pouvoirs que
les parties lui avaient conférés. Les normes fédérales en matière de
procédure furent déclarées applicables subsidiairement. Il est inté-
ressant de souligner que l'arbitre décida que même les normes
imperatives de la loi suisse de procédure devaient céder devant la
volonté des parties 140 .
Dans l'affaire entre la Yougoslavie et la Société européenne
d'études et d'entreprises, la sentence arbitrale fut rendue à Lausanne
le 2 juillet 1956 et déposée auprès du secrétaire du tribunal canto-
nal, selon la procédure en vigueur dans le canton de Vaud. Pour sa
part, la Yougoslavie présenta un recours en annulation, en s'ap-
puyant sur la loi de procédure de ce canton. Le Tribunal fédéral
La personnalité juridique internationale 201

suisse décida le 18 septembre 1957 que la sentence arbitrale pro-


noncée n'était pas susceptible de révision selon le droit local et que
la justice suisse ne serait compétente que
«si les parties avaient manifesté d'une manière reconnaissable
leur volonté concordante d'obtenir d'un tribunal arbitral sou-
mis à la souveraineté judiciaire vaudoise un jugement arbitral
ayant tous les caractères et les effets d'un jugement rendu par
une autorité judiciaire ordinaire du canton de Vaud» 141.
Nous pouvons citer dans le même sens la décision bien connue
qui a mis fin au différend entre le Royaume de l'Arabie Saoudite
et l'Aramco. Le tribunal adapta sa procédure aux règles établies
dans le compromis arbitral, règles qui par la suite furent modifiées
et complétées par les arbitres conformément à la faculté que leur
accordait l'article 6 de ce compromis. Selon cette sentence, la
procédure arbitrale dépend du droit des gens et est entièrement
indépendante du droit en vigueur dans le lieu de l'arbitrage142.
La décision du 19 janvier 1977 concernant le différend opposant
la Libye aux entreprises Texaco et Calasiatic invoqua le précédent
de l'Aramco pour établir également que l'arbitrage était régi par le
droit international 143 . Dans le cas de la Liamco, la sentence dit à
cet égard :
«C'est un principe accepté de droit international que les
règles de la procédure arbitrale doivent être déterminées par
l'accord des parties ou, à défaut de cet accord, par la décision
du Tribunal arbitral, indépendamment de la loi locale du lieu
de l'arbitrage. » 144
En vertu de ce raisonnement, il fut décidé que l'arbitrage serait
régi par les principes généraux contenus dans le projet de traité sur
la procédure arbitrale élaboré par la Commission du droit interna-
tional des Nations Unies en 1958 14s . Les mêmes principes avaient
déjà été appliqués dans l'arbitrage sur le chemin de fer du Hedjaz146.
Dans le cas de la Sapphire International Petroleums Ltd., la
décision souleva des critiques sévères quant à la procédure suivie147,
mais dans une grande mesure ces critiques ne semblent pas justifiées.
Conformément à l'article 41, paragraphe 7, de la convention entre
la NIOC et la Sapphire, faute d'accord entre les parties, le siège du
tribunal et la procédure devaient être fixés par le ou les arbitres,
selon le cas. L'ordonnance arbitrale du 13 juin 1961 adopta la pro-
202 Julio A. Barberis

cédure de la loi fédérale suisse du 4 décembre 1947 ' . Il est vrai que
l'arbitre a soutenu que le pouvoir qui lui avait été conféré impliquait
nécessairement que l'arbitrage devait être soumis à la souveraineté
judiciaire d'un Etat 149 , mais la Confédération helvétique n'accepta
pas que la sentence pût être considérée comme ayant été prononcée
par un tribunal arbitral suisse 15°. Par conséquent, dans ce cas encore
la décision arbitrale fut déclarée indépendante de la juridiction de
l'Etat sur le territoire duquel avait lieu l'arbitrage.
Un autre précédent qui mérite d'être analysé est celui de.la BP
Exploration Co. Ltd. L'arbitre déclara dans sa sentence qu'il jouis-
sait d'une pleine liberté pour déterminer la loi applicable à la
procédure arbitrale 151 . En vertu de cette liberté, l'arbitre décida
d'appliquer à l'arbitrage le droit danois, en tenant compte particu-
lièrement du fait que Copenhague était le lieu de l'arbitrage et que
le droit danois conférait aux arbitres une autonomie et une indé-
pendance très larges. Mais il doit être clairement précisé que le
choix fait par l'arbitre ne revient pas à admettre que cette procé-
dure arbitrale relève de la juridiction danoise. En effet, l'arbitre
reconnut qu'il n'était pas compétent pour dire que sa sentence était
une décision nationale danoise et précisa en outre que cette ques-
tion ne pouvait être tranchée que par les tribunaux danois ou tous
autres tribunaux devant lesquels l'exécution de la sentence pourrait
être sollicitée152. Dans un autre passage de sa décision, l'arbitre
réaffirma son opinion et reconnut que l'arbitrage en question n'avait
pas de lex fori, ce qui est admettre implicitement qu'il ne s'agit pas
d'un tribunal national 153 .
Il est intéressant de souligner que, dans tous ces précédents, il
est de pratique constante que la procédure arbitrale est considérée
comme indépendante de la juridiction du lieu de l'arbitrage, soit
par le tribunal arbitral, soit par l'Etat territorial. Dans les cas où
l'arbitre ou l'une des parties a essayé d'avoir recours à la juridiction
locale, celle-ci s'est déclarée incompétente en la matière. Ce fait
démontre que la pratique de l'Etat où se déroule l'arbitrage, ainsi
que les précédents analysés, concordent pour considérer la procé-
dure arbitrale comme indépendante de la compétence judiciaire de
l'Etat territorial.
f) Les accords quasi internationaux et le droit des gens
L'analyse de la jurisprudence effectuée dans les sous-paragraphes
précédents nous permet de dégager quelques conclusions. Premié-
La personnalité juridique internationale 203

rement, l'on peut constater que lorsqu'il se présente un conflit


entre le droit interne et l'accord quasi international, c'est ce dernier
qui l'emporte et que l'Etat ne peut se prévaloir de son droit interne
pour ne pas exécuter un accord quasi international. En second lieu,
la pratique montre que, lorsque l'arbitre doit déterminer le droit
applicable à l'accord quasi international, il a recours à certaines
normes générales de droit international privé qui sont en même
temps des règles coutumières du droit des gens. En ce qui concerne
le droit applicable, les parties disposent d'une liberté très large.
Dans les cas où elles se sont mises d'accord pour qu'on applique
les principes généraux de droit, la pratique nous indique qu'on a
appliqué aussi d'autres normes de droit international qui ne sont
pas des principes généraux, mais des normes coutumières. En outre,
dans les cas où les parties ont stipulé que l'accord quasi internatio-
nal serait régi par certains principes, sans préciser l'ordre auquel ils
appartiennent, la jurisprudence a décidé qu'il s'agissait de principes
généraux de droit reconnus par les nations civilisées. Enfin, d'après
une pratique constante, la procédure arbitrale appliquée pour tran-
cher les litiges relatifs aux accords quasi internationaux est indé-
pendante de la compétence judiciaire de l'Etat territorial.
Une fois précisées ces conclusions tirées de la pratique jurispru-
dentielle, il convient à présent de répondre à la question fondamen-
tale qui est celle de l'ordre juridique dont ils relèvent. Ainsi que
nous l'avons déjà précisé plus haut, la question de la détermination
de l'ordre juridique dont relève les accords quasi internationaux
doit être nettement distinguée de celle relative au droit applicable.
Il y a, en principe, trois réponses possibles à la question de l'ordre
juridique dont un accord quasi international tire sa validité : l'ordre
juridique de l'Etat, le droit international, un droit autre que le droit
international et le droit national.
La solution de cette question a donné lieu à une littérature
extrêmement abondante. Dans la jurisprudence, ce problème a été
mentionné par le tribunal arbitral présidé par Paul Guggenheim qui
trancha la controverse entre la Grèce et la Société d'électricité
d'Athènes et du Pirée. Le tribunal affirma qu'il s'agissait d'une
question doctrinale et qu'il n'était pas nécessaire de la résoudre
dans la sentence 154 . L'autre décision qui traite expressément de
cette question est celle de M. René-Jean Dupuy dans le différend
entre la Libye et les entreprises Texaco et Calasiatic ; nous y revien-
drons plus loin.
204 Julio A. Barberis

Avant de répondre d'une façon adéquate à la question posée, il


faut examiner la pratique en la matière et, compte tenu de cet
examen, décider quel est le schéma théorique qui s'adapte le mieux
à la réalité et la décrit le plus fidèlement.
La première solution possible est celle qui affirme que les accords
quasi internationaux tirent leur validité d'un ordre juridique éta-
tique. Même si ces accords renvoient aux principes généraux de
droit ou à d'autres normes internationales, il s'agirait d'une simple
détermination du droit applicable. Les principes généraux seraient
appliqués parce que le droit de l'Etat autorise les contractants à le
faire1SS.
Cette première conception ne décrit pas fidèlement la pratique
jurisprudentielle. En effet, nous avons indiqué ci-dessus à la lettre b)
du présent paragraphe 2, que les accords quasi internationaux pré-
valent sur le droit interne, et qu'il en a été ainsi décidé dans les
affaires où le problème de leur inconstitutionnalité a été soulevé.
S'il s'agissait d'accords fondés sur le droit interne, l'on aurait dû
décider qu'ils étaient nuls ou inconstitutionnels. En outre, la juris-
prudence a toujours reconnu aux parties la plus large autonomie
dans le choix du droit applicable et il n'existe aucun cas dans lequel
l'arbitre ait examiné si cette autonomie était autorisée ou non par
le droit interne. Il faut ajouter aussi que l'existence d'une procé-
dure arbitrale absolument indépendante de la juridiction nationale
est incompatible avec l'idée que les accords quasi internationaux
relèvent du droit étatique.
La seconde solution consiste à affirmer que les accords quasi
internationaux se situent en dehors du droit interne et même en
dehors du domaine du droit des gens. Parmi les auteurs qui sou-
tiennent cette conception, il faut mentionner Alfred Verdross, qui
a consacré de nombreuses études à cette question. Selon cette
théorie, les accords quasi internationaux tirent leur validité de la
règle pacta sunt servanda. Cette norme n'appartiendrait pas à l'ordre
juridique international, mais il s'agirait d'un principe dont il ne
serait pas nécessaire de démontrer la force obligatoire, car il se
trouverait dans la conscience juridique de tous les peuples et de
toutes les nations 156 . Verdross a commencé par affirmer que l'ac-
cord quasi international réglerait de façon exhaustive la relation
entre les parties et constituerait en soi un ordre juridique indépen-
dant 157. Puis il a soutenu que les accords quasi internationaux ne
sont pas inclus dans un troisième ordre juridique, distinct du droit
La personnalité juridique internationale 205

des gens et du droit étatique, mais qu'il s'agit d'accords dépourvus


d'un quelconque ordre juridique (rechtsordnungslose Verträge)158.
Verdross explique que les accords quasi internationaux sont régis
par les principes généraux de droit, dont l'un serait la règle pacta
sunt servanda. D'autres principes généraux de droit seraient celui
du respect des droits acquis, la règle selon laquelle la réparation du
préjudice doit tenir compte du dommage subi et de la perte de gain,
celui de la nullité des contrats dont le contenu est immoral, etc.
Les principes généraux de droit ne constitueraient pas un ordre
juridique concret, mais il s'agirait plutôt de principes élaborés par
abstraction et à l'aide du droit comparé, à partir des divers systèmes
juridiques 159 . Les accords quasi internationaux ne seraient soumis
à aucun ordre juridique, mais aux principes généraux de droit. Ces
accords seraient des accords dépourvus d'ordre juridique (rechts-
ordnungslose Verträge), mais non dépourvus d'une réglementation
émanant des principes généraux de droit (rechtsgrundsatzlose
Verträge) 160. L'idée de l'existence d'un régime particulier pour les
accords quasi internationaux, différent de l'ordre juridique interne
et du droit des gens, a aussi été suivie par d'autres auteurs 161 .
Cette conception ne constitue pas, elle non plus, une description
fidèle de la pratique en vigueur. Dans la première partie de ce cours,
nous avons déjà exposé les raisons d'ordre théorique concernant
l'inadmissibilité d'un troisième ordre juridique. Il convient d'ajou-
ter aussi les considérations suivantes tirées de la jurisprudence :
tout d'abord, la règle pacta sunt servanda ainsi que les principes
cités et qui régiraient les accords sont en réalité des normes du
droit international positif. En outre, ainsi que nous l'avons indiqué
ci-dessus à la lettre d), même lorsque dans les accords et dans
certaines sentences arbitrales on ne se réfère qu'aux principes
généraux de droit, il y a, parmi les normes appliquées en vue de
déterminer le droit applicable et celles appliquées pour décider du
fond du problème et des aspects de la procédure, non seulement
des principes généraux, mais également des règles coutumières
internationales.
On peut décrire fidèlement la pratique concernant les accords
quasi internationaux en les considérant comme faisant partie du
droit international 162 . Cette solution fournit une explication théo-
rique satisfaisante des caractéristiques et des aspects des accords
quasi internationaux exposés ici. En ce sens, il faut mentionner que,
dans la décision relative au différend entre la Libye et les entreprises
206 Julio A. Barberis

Texaco et Calasiatic, il est déclaré expressément que « dans la pré-


sente affaire, l'ordre juridique dont dérive le caractère obligatoire
du contrat est le droit international lui-même » 163 ; et dans un autre
passage il est indiqué à nouveau que «les contrats de concession
litigieux se situent dans le domaine du droit international » 164 .
Etant donné que les accords quasi internationaux font partie du
droit des gens, il en résulte, et c'est une conséquence logique, que
les parties contractantes sont titulaires de droits et d'obligations
sur le plan international. Cela signifie donc que les personnes pri-
vées qui concluent des accords quasi internationaux avec les Etats
ou avec d'autres entités internationales acquièrent, de ce fait, la
qualité de sujets du droit des gens165.

Section II. Les obligations des personnes privées

Les obligations des personnes privées dans l'ordre juridique inter-


national

La question des obligations des personnes privées dans le domaine


du droit des gens a donné lieu à de nombreuses études où l'on
utilise des concepts apparemment identiques, mais auxquels les
auteurs attribuent des sens différents. C'est pourquoi il est souhai-
table de fournir certaines précisions préalables afin d'éviter des
confusions.
Tout d'abord, nous n'étudierons ici que la conduite des personnes
privées, c'est-à-dire des conduites qui ne sont pas attribuées à l'Etat
ni à un autre sujet du droit des gens ; il sera donc question des per-
sonnes n'agissant pas en tant qu'organes d'un sujet international.
En conséquence, nous n'examinerons pas dans la présente section
les actes des agents diplomatiques, des fonctionnaires, des membres
des forces armées, des fonctionnaires des organisations internatio-
nales, etc., agissant en tant que tels.
Il est également nécessaire de rappeler la distinction établie au
cours du chapitre précédent entre les notions d'obligation et de
responsabilité. En général, dans un ordre juridique, la personne
obligée à une conduite déterminée est également le destinataire de
la sanction, ou le responsable. Mais il peut également arriver que la
personne tenue à cette obligation et celle qui subit la sanction
soient deux personnes différentes, bien qu'il existe un certain lien
entre elles.
La personnalité juridique internationale 207

Cette situation se produit lorsqu'une «personne morale» est en


jeu. L'organe de la personne morale peut commettre un délit pénal,
lequel est attribué à celle-ci. Si la sanction est pécuniaire, la question
n'offre pas de difficultés car elle est exécutée sur le patrimoine de
la personne morale. S'il s'agit d'une sanction corporelle, cette der-
nière peut retomber soit sans discrimination sur tous les membres de
la personne morale, soit sur certains d'entre eux (par exemple ceux
qui exercent des fonctions de direction), soit seulement sur l'organe
ayant commis l'acte illicite. Que la sanction retombe sur tous les
membres de la personne morale, ou de façon sélective sur un ou
plusieurs d'entre eux, ne modifie pas le fait que l'individu ayant
commis l'acte illicite a agi en tant qu'organe de la personne morale.
Dans les ordres juridiques internes, il est rare que l'organe puisse
commettre, au nom de la personne morale, un délit puni d'une
peine corporelle. Mais cela se produit en droit international, par
exemple en cas de représailles. L'auteur de l'acte illicite peut être
un fonctionnaire diplomatique de l'Etat, tandis que les destinataires
des représailles pour cet acte illicite peuvent être des personnes
qui ne sont que des ressortissants de l'Etat offenseur, et dont on
confisque les biens. Ces personnes dont on confisque les biens à
titre de représailles ne sont que responsables, elles sont destinataires
d'une sanction internationale, mais elles n'étaient tenues à aucune
obligation selon le droit des gens. Dans ce cas, le lien existant entre
l'auteur de l'acte illicite et les personnes sanctionnées est celui de
la nationalité: tous sont des ressortissants du même Etat. Le fait
d'être l'objet d'une sanction ne donne naissance à aucune obliga-
tion : la responsabilité et l'obligation sont des concepts différents.
Et le sujet de droit est seulement celui auquel l'ordre juridique, de
façon directe, impose une obligation ou confère un droit.
Conformément à ce qui vient d'être exposé, nous étudierons
donc maintenant s'il existe des cas dans lesquels le droit des gens
impose des obligations (et non des responsabilités) à des personnes
qui n'agissent pas en qualité d'organes d'un sujet international.
Nous analyserons d'abord quelques hypothèses que l'on présente
généralement comme des exemples de cas où le droit des gens im-
pose directement des obligations à des personnes privées.

a) Le droit international, soit au moyen de normes coutumières,


soit par la voie de traités, oblige parfois les Etats à imposer dans
leur ordre juridique interne certaines obligations aux individus.
208 Julio A. Barberis

Ainsi, dans l'affaire du Détroit de Corfou, la Cour internationale


de Justice a reconnu l'existence d'une règle coutumière selon la-
quelle aucun Etat ne doit permettre que l'on utilise son territoire
pour y commettre des actes portant préjudice aux droits d'un autre
Etat 166 .
En ce qui concerne les conventions internationales, l'on peut
mentionner celles qui répriment le trafic d'esclaves167, la traite des
êtres humains 168 , le trafic de publications obscènes 169 , la pirate-
rie 170 , la discrimination raciale et Vapartheid111, le faux mon-
nayage 172, le génocide 173 et la piraterie aérienne 174 .
Dans tous ces exemples, les obligations des individus ont été
établies par le droit interne. Dans l'ordre international, l'obligation
appartient à l'Etat et elle consiste à rendre illicites de nouveaux
actes dans la législation interne. En l'occurrence, par conséquent,
aucune obligation n'est imposée aux personnes privées sur le plan
international 175 .
b) Dans les exemples analysés précédemment l'Etat est dans
l'obligation de créer dans sa propre législation interne une certaine
obligation juridique pour les individus. Il existe d'autres cas où
l'Etat n'est pas obligé, mais seulement autorisé à le faire. Ainsi, le
droit des gens permet aux Etats belligérants de réprimer la contre-
bande de guerre effectuée par les navires marchands neutres, en
traduisant ceux qui seraient en infraction devant les tribunaux de
prises176. L'obligation faite aux individus de ne pas se livrer à la
contrebande de guerre découle du droit interne et non de l'ordre
juridique international.
c) D'après certains auteurs, la violation du droit de la guerre
(crimes de guerre) par les forces armées des Etats belligérants offre
des exemples de normes internationales établissant des obligations
pour les individus. Mais, en réalité, il n'en est pas ainsi, car les
membres des forces armées sont des organes de l'Etat et non des
personnes privées. Les actes effectués par eux sont imputés à
l'Etat 177 , et cela aussi bien lorsque l'organe agit dans l'exercice de
sa compétence que lorsqu'il le fait en dehors d'elle178. Le fait qu'une
sanction individuelle soit appliquée à un membre des forces armées
ayant violé le droit de la guerre ne modifie pas sa situation d'« or-
gane» de l'Etat. La sanction que subit le soldat ayant commis un
crime de guerre lui est appliquée pour avoir violé, en tant qu'organe
de l'Etat, le droit de la guerre. La violation du droit de la guerre
par les combattants légitimes crée une obligation de réparer à la
La personnalité juridique internationale 209

charge de l'Etat 179 et en outre elle donne lieu à des sanctions indi-
viduelles contre les transgresseurs. Pourtant, il n'existe pas dans ce
cas d'obligations internationales à la charge de personnes privées.
d) L'on a aussi considéré comme exemple d'obligations interna-
tionales incombant à des individus le traité de Londres du 8 août
1945 qui a créé le Tribunal militaire international pour juger les
grands criminels de guerre. Ce traité contient, en annexe, le statut
du Tribunal 18 °, dont l'article 6 dispose que celui-ci sera compétent
pour juger et punir
« toutes personnes qui, agissant pour le compte des pays euro-
péens de l'Axe, auront commis, individuellement ou à titre
de membres d'organisations, l'un quelconque des crimes
suivants...»
La phrase «agissant pour le compte des pays» pourrait donner à
entendre qu'il s'agissait de fonctionnaires de l'Etat 181 . De toute
façon, sur les vingt-quatre individus accusés par le ministère public
il n'y en avait qu'un seul (Gustav Krupp von Bohlen und Halbach)
qui n'avait pas été fonctionnaire du Reich. Mais, vu l'état de santé
mentale de Krupp, le Tribunal décida de suspendre le procès 182 ,
lequel n'eut jamais lieu, ce qui fait que la question des obligations
internationales d'une personne privée ne se posa pas. En ce qui
concerne le procès à rencontre des criminels de guerre japonais,
cette question n'a jamais été posée non plus, car tous les accusés
devant le Tribunal de Tokyo étaient fonctionnaires de l'Etat 183 .
e) Le droit de la guerre contient des normes qui, dans certaines
circonstances, obligent directement les personnes privées.
Les Etats belligérants sont obligés de sanctionner les violations
du droit de la guerre commises par leurs propres forces armées. De
même, il existe une norme coutumière internationale permettant
à un Etat belligérant de juger les soldats ennemis et les autres per-
sonnes capturées pour les violations du droit de la guerre qu'ils
auraient commises184. En général, l'Etat a l'obligation internationale
de faire respecter le droit de la guerre par ses troupes et il a la fa-
culté, mais non l'obligation, déjuger celles de l'ennemi accusées de
l'avoir violé185.
En vertu de ces normes internationales, les Etats ont édicté des
codes de justice militaire, des ordonnances sur le droit de la guerre,
etc., qui précisent les délits ainsi que les sanctions à appliquer. Par
conséquent, dans ce cas, les infractions au droit de la guerre sont
210 Julio A. Barberis

jugées par des tribunaux internes, qui appliquent également le droit


interne.
La loi nationale s'applique aussi à l'individu étranger. Mais cette
loi ne peut sanctionner en tant que délits que les conduites inter-
dites par le droit international de la guerre ; elle ne peut établir en
tant que délits des actes permis en temps de guerre selon le droit
des gens, car cela rendrait l'Etat responsable internationalement.
Du point de vue du droit international, il n'est pas nécessaire
que l'Etat qui se propose de juger des personnes déterminées pour
violation du droit de la guerre ait établi, dans son système juridique
interne, les normes pénales appropriées et les sanctions correspon-
dantes. En l'absence de normes pénales internes, les tribunaux
nationaux peuvent appliquer directement le droit international et
imposer dans chaque cas la peine adéquate 186 .
Le droit de la guerre prescrit aussi des obligations pour des per-
sonnes qui ne sont pas membres des forces armées. Ainsi, par
exemple, les civils, qui ne font pas partie des troupes d'un Etat
belligérant, ont l'obligation de ne pas participer à la lutte. S'ils le
font, ils violent le droit de la guerre et, en cas de capture, ils ne sont
pas considérés comme des prisonniers de guerre. Dans l'hypothèse
où l'Etat qui les a capturés n'aurait pas édicté de normes internes,
il pourrait juger ces personnes et les sanctionner en vertu du droit
des gens. Il s'agit, dans ce cas, de personnes privées qui sont sanc-
tionnées pour avoir violé les normes internationales du droit de la
guerre dont elles étaient les destinataires directes.
Le Protocole I additionnel aux Conventions de Genève (1977)
considère précisément cette situation dans son article 75, para-
graphe 4, aline e). Cet article se rapporte au minimum de garanties
que l'on doit accorder à un individu qui n'est ni prisonnier de
guerre ni bénéficiaire d'aucun autre traitement favorable selon les
Conventions de 1949 ou ledit protocole. L'alinéa susmentionné
stipule qu'aucune personne ne sera accusée ou condamnée pour
des actions ou omissions qui ne constituent pas un acte délictueux
«d'après le droit national ou international qui lui était applicable
au moment où elles ont été commises». Cette disposition prévoit
donc l'hypothèse de l'application directe à des personnes privées
de normes du droit des gens leur imposant des obligations.
La jurisprudence des tribunaux créés par suite de la seconde
guerre mondiale contient quelques exemples de sentences rendues
contre des personnes privées pour violation du droit international.
La personnalité juridique internationale 211

En ce sens, l'on peut citer les affaires Flick, I. G. Farbenindustrie


et Alfried Krupp qui ont été jugées par les tribunaux militaires
américains187. Dans ces trois cas étaient impliqués des industriels
allemands qui n'avaient pas été fonctionnaires du Reich.
Friedrich Flick était directeur d'un consortium d'importantes
entreprises et, ainsi que trois autres directeurs de ces entreprises,
il fut condamné pour violation de règlement sur les lois et coutumes
de la guerre terrestre (annexe à la IVe Convention de La Haye, 1907)
et de la Convention de Genève de 1929 sur les prisonniers de guerre.
Le tribunal dit dans sa décision qu'il est appelé à appliquer le droit
international 188 et que les individus, même s'ils ne sont pas fonc-
tionnaires publics, sont également les destinataires de ces normes 189 .
Dans le procès contre l'I. G. Farbenindustrie, les accusés étaient
aussi des dirigeants industriels auxquels on imputait entre autres
chefs d'accusation d'avoir utilisé des prisonniers de guerre pour des
activités liées à l'effort de guerre, de les avoir soumis aux travaux
forcés, de s'être livrés à la déprédation de la propriété dans les
zones occupées, d'avoir fourni des gaz toxiques pour éliminer des
personnes et d'avoir procuré certaines drogues à des fins d'expé-
riences médicales dans les camps de concentration. La sentence
confirme, dans ce cas, la possibilité que des individus, par la signa-
ture de contrats commerciaux, violent les normes internationales
relatives au droit de la guerre 190 .
Dans le cas d'Alfried Krupp, les accusés étaient les dirigeants de
l'entreprise, et la majorité d'entre eux fut condamnée pour avoir
utilisé des prisonniers de guerre dans des industries de guerre et
pour les avoir soumis aux travaux forcés, pour déportation, tor-
tures et traitement inhumain de personnes, et pour déprédation de
la propriété dans les territoires occupés. Le tribunal indique dans
un passage de sa sentence que les lois et coutumes de là guerre
obligent autant les personnes privées que les fonctionnaires publics
et le personnel militaire191.
Dans la jurisprudence des tribunaux militaires britanniques, il
faut mentionner les affaires du gaz Zyklon B et d'Erich Heyer.
Dans la première, deux des industriels accusés furent condamnés
à mort pour avoir fourni, en ayant connaissance de leur utilisation
ultérieure, des gaz toxiques pour l'extermination des prisonniers
dans les camps de concentration 192 . Dans le procès contre E. Heyer
et six autres personnes, le tribunal condamna trois civils, habitants
d'Essen, pour avoir participé au lynchage de prisonniers de guerre 193 .
212 Julio A. Barberis

Enfin, l'on peut citer également la décision de la Commission


militaire des Etats-Unis d'Amérique, rendue à Shangaï en janvier
1947, concernant un groupe de citoyens allemands qui étaient tous
employés à l'ambassade et dans les consulats de leur pays en Chine,
à l'exception d'un particulier de la même nationalité qui y résidait.
La Commission soutint que la capitulation du Reich était obliga-
toire pour tous les citoyens allemands, qu'ils fussent militaires,
fonctionnaires civils ou simples personnes privées194.
f) Un autre cas dans lequel on se trouve en présence d'obligations
internationales à la charge de personnes privées est celui des accords
quasi internationaux. Ces accords, déjà étudiés dans ce chapitre,
constituent une source d'obligations et de droits internationaux
pour les personnes privées.
213

CHAPITRE II

LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

1. Introduction

Toute communauté organisée en Etat possède un gouvernement ;


ce gouvernement tend à réaliser les objectifs déterminés qu'il s'est
fixés : maintien de la paix intérieure, développement de l'instruction
publique, protection de la salubrité publique, défense des frontières,
etc. Parfois, l'Etat se trouve dans une situation telle que, pour la
réalisation d'un de ses objectifs, il a besoin de la collaboration
d'autres pays. Ainsi, pour la construction de certains travaux pu-
blics — par exemple, une centrale hydroélectrique —, il peut être
nécessaire à la bonne exécution de l'ouvrage qu'un pays voisin
fournisse des renseignements sur son propre territoire ; pour instal-
ler un service météorologique, il peut également être nécessaire
d'obtenir des renseignements qui dépassent le cadre des frontières
de l'Etat.
Dans d'autres cas, il ne s'agit plus d'une simple communication
de renseignements ou d'informations mais bien de la coordination
indispensable pour la réalisation de certains objectifs des opérations
entreprises par plusieurs Etats. On peut citer à titre d'exemple la
lutte contre certaines maladies contagieuses, la lutte contre certains
types de délinquance, ou encore la protection de certaines espèces
animales.
Les Etats peuvent considérer également qu'une activité aura
plus d'efficacité s'ils coordonnent leurs efforts que si elle est prise
en charge individuellement par chaque Etat. On peut donner comme
exemple la coordination existant entre les pays producteurs de
pétrole, d'étain, de café et d'autres produits de base, ainsi que
l'organisation en commun par les pays d'une région déterminée de
leur défense militaire.
En dehors des objectifs spécifiques poursuivis par chaque Etat,
il y a d'autres raisons qui poussent ceux-ci à coordonner leurs
efforts sur le plan international. En premier lieu, il convient de
remarquer que les hommes ne cantonnent pas leurs activités aux
limites territoriales d'un Etat, mais qu'au contraire leurs actes
214 Julio A. Barberis

débordent le cadre des frontières. La poste, la radio, la télévision,


le téléphone, les lignes aériennes et maritimes permettent aux indi-
vidus d'être en communication d'un bout à l'autre de la planète.
Le commerce, les investissements, les transactions financières, les
documents bancaires, tout a aujourd'hui une dimension internatio-
nale. C'est cette extension des activités humaines à toute la planète
qui nécessite de la part des pays un travail de coordination. Cette
coordination nous apparaît comme tellement naturelle que, par-
fois, nous ne mesurons pas son énorme importance. Considérons
quelques exemples empruntés à la vie de tous les jours : l'égalité de
l'écartement des rails des chemins de fer qui permet de voyager
dans le même train en traversant plusieurs pays, la standardisation
des prises électriques, la signalisation uniforme des routes, les ré-
seaux automatiques de téléphone et de télex, la protection des
marques commerciales et industrielles qui permet d'acheter le même
médicament dans plusieurs pays, etc. Tout cela repose sur la coor-
dination et la collaboration internationales.
En second lieu, il convient de remarquer que, dans l'ordre inter-
national, il n'y a pas d'organes centralisés chargés de l'administration
de la justice, de la réglementation de la navigation, de la distribution
des fréquences pour les postes émetteurs de radio, etc., comme il y
en a dans les communautés étatiques. L'ordre international est
avant tout un système de coordination ; les Etats remédient à cette
carence d'organes centraux en créant des entités spécifiques char-
gées de cette coordination.
Pour les raisons ci-dessus exposées, et aussi pour d'autres motifs,
les Etats, ont donc été amenés à coordonner leur travail et à unir
leurs efforts. C'est dans ce sens qu'ils concluent des accords, for-
mulent des déclarations communes, se réunissent en conférences,
concluent des alliances, créent des organes communautaires, etc.
Il arrive que les Etats ne désirent pas donner aux accords aux-
quels ils sont parvenus une forme juridique quelconque ; tout se
réduit alors à des déclarations politiques, à des communiqués
conjoints ou à d'autres types de déclarations d'intention sans conte-
nu juridiquement obligatoire. En revanche, si les pays désirent
convertir en règles juridiques cette volonté commune de coordina-
tion et d'unification de leurs efforts, les formules juridiques à leur
disposition sont diverses: signature d'un traité international éta-
blissant un régime de consultation ou un système d'échange d'in-
formations, création d'organes spéciaux dans l'administration
La personnalité juridique internationale 215

publique de chaque pays, établissement d'entités qui agiront selon


le droit interne d'un pays déterminé, création d'organisations in-
ternationales, etc.
Le présent chapitre a précisément pour objet une étude analy-
tique des organisations internationales qui ont été créées par les
membres de la communauté internationale et auxquelles les Etats
ont attribué une compétence déterminée pour agir dans le cadre
du droit des gens.
Les organisations internationales jouent dans le droit des gens
un rôle analogue à celui des autres institutions dans le droit interne
des Etats. On peut tout d'abord noter une certaine analogie entre
les organisations internationales et les sociétés civiles ou commer-
ciales de droit privé ; dans les deux cas, on retrouve cette idée d'unir
ses efforts et de travailler ensemble pour la réalisation d'un objec-
tif commun. Mais les organisations internationales remplissent en
outre dans l'ordre international des fonctions analogues à celles
qui sont remplies dans l'ordre interne par certains organes de l'Etat.
L'administration de la justice, la défense militaire, la prestation de
certains services sont des fonctions qui, dans l'ordre international,
sont exercées par des organisations internationales créées par les
Etats, puisqu'il n'existe pas de communauté internationale centra-
lisée.

2. Antécédents

Les organisations internationales, telles qu'on les connaît au-


jourd'hui, sont le fruit d'une évolution lente dont l'origine remonte
au début du siècle passé. En effet, la première organisation inter-
nationale dont on ait connaissance est l'Administration générale de
l'octroi de navigation du Rhin, constituée par le traité du 15 août
1804 conclu entre la France et le Saint-Empire19s, érigée par la
suite en Commission centrale pour la navigation du Rhin, selon les
termes de l'annexe du 24 mars 1815 au Traité de Vienne 196 .
A leurs débuts, certaines organisations présentèrent un caractère
rudimentaire et on pouvait à peine les différencier d'une conférence
internationale. Parmis les organisations internationales créées au
siècles dernier et au début du XXe siècle, on peut distinguer divers
types d'organisations197. Le premier groupe comprend les commis-
sions fluviales internationales, les plus connues étant celle du Rhin,
déjà mentionnée, et les deux commissions du Danube créées par le
216 Julio A. Barberis

Traité de paix de Paris (30 mars 1856) 198 . Le second groupe com-
prend les commissions sanitaires qui furent créées notamment pour
appliquer les mesures tendant à éviter la propagation des épidémies.
On peut citer à titre d'exemple le Conseil supérieur de santé de
Constantinople (1839) 199 , le Conseil international de Bucarest
(1881 ) 2 0 0 et le Conseil sanitaire, maritime et quarantenaire d'Egypte
(1881) 201 . Le troisième groupe comprend les commissions finan-
cières qui furent créées pour surveiller l'administration de certains
Etats débiteurs en raison de créances ou d'emprunts étrangers,
comme par exemple les Commissions de la dette publique égyp-
tienne (1880) 202 et celle de la dette publique grecque (1897) 203 .
Enfin, il convient de mentionner le groupe de ce qu'on appelait
alors les «unions administratives»; c'est le plus important et il
comprend notamment l'Union postale universelle (1874) 204 , le
Bureau international des poids et mesures (1875) 205 , l'Union pour
la protection de la propriété industrielle ( 1883) 206 , l'Union interna-
tionale pour la publication des tarifs douaniers (1890) 207 , l'Office
central des transports internationaux par chemins de fer (1890) 208
et l'Office international d'hygiène publique (1907) 209 .

3. Caractéristiques
Les organisations internationales, telles qu'on les connaît actuel-
lement, possèdent certaines caractéristiques qui permettent de les
différencier des autres institutions juridiques : a) elles sont créées
par traité international, b) il y a des actes qui leur sont attribués,
c) elles possèdent une compétence fonctionnelle, et d) elles sont
régies, du moins dans une certaine mesure, directement par le droit
international.
a) Création par traité international
A l'origine de toute organisation internationale, on peut toujours
trouver un acte conventionnel émanant des sujets de droit qui l'ont
créée. Cette caractéristique spécifique des organisations internatio-
nales présuppose deux aspects qu'il convient d'analyser séparément,
à savoir: le traité international proprement dit et les parties à ce
traité.
Le premier élément est l'existence d'un traité international.
Celui-ci est fondé sur l'accord de volontés — exprès ou résultant de
faits concluants — entre deux ou plus de deux sujets du droit des
La personnalité juridique internationale 217

Toute organisation internationale a pour base juridique cet ac-


cord de volontés211. Ledit accord de volontés fait généralement
l'objet d'un traité international formel qui détermine la structure
de l'organisation, la compétence qui lui est attribuée ainsi que les
objectifs qu'elle devra poursuivre. Généralement, le traité prévoit
aussi tous les détails de la constitution de l'organisation.
Dans d'autres cas, l'accord ne prend pas l'aspect d'un traité
formel. Ainsi, il existe des organisations internationales qui, comme
le Comecon, ont été constituées par décision d'une conférence
internationale; cette organisation reconnaît en effet comme acte
constitutif une résolution des Etats ayant participé à la Conférence
économique de Moscou (25 janvier 1949)212. La décision d'établir
une organisation internationale peut également résulter de décisions
parallèles émanant des gouvernements des Etats membres. La créa-
tion du Commonwealth Agricultural Bureau constitue un cas
intéressant : cet organisme a d'abord été une institution de droit
britannique mais, par suite de l'accession à l'indépendance des ter-
ritoires qui en faisaient partie, il est devenu une organisation inter-
nationale. La décision de chaque Etat d'en faire partie résulte du
fait que chaque Etat a continué à participer à ses activités213.
L'Organisation mondiale du tourisme nous fournit un autre exemple
de procédé inhabituel de création d'une organisation internationale :
cette organisation fut originairement une organisation non gouver-
nementale (l'Union internationale des organismes officiels du tou-
risme) régie par le droit suisse ; puis elle se transforma en organisa-
tion internationale214. Toutefois, dans tous les exemples cités, bien
qu'il n'y ait pas de traité formel ou que celui-ci n'ait pas existé lors
de la création de l'organisation internationale, il y a eu sans aucun
doute possible accord de volontés entre les Etats qui sont à l'origine
de la constitution de l'organisation.
Le deuxième aspect de la caractéristique ici analysée a trait aux
sujets qui concluent l'accord constitutif de l'organisation interna-
tionale. Les parties au traité qui crée une organisation internatio-
nale sont généralement des Etats souverains; c'est le cas qui se
présente le plus souvent dans la pratique. Toutefois, d'autres enti-
tés dotées de la personnalité internationale peuvent participer éga-
lement à des traités qui créent des organisations internationales.
C'est ainsi que des Etats dépendants, comme Monaco et le Bhoutan,
font partie de quelques-unes d'entre elles21S. La Cité du Vatican
est membre de l'UPU, de l'OMPI et d'Unidroit, entre autres.
218 Julio A. Barberis

L'Ordre souverain militaire de Malte est membre du Comité inter-


national de médecine et de pharmacie militaires.
Les organisations internationales peuvent également participer
elles-mêmes à la création d'autres organisations216. A titre d'exem-
ples, on peut citer les cas suivants: la Société des Nations et l'Italie
créèrent en 1926 l'Institut international pour l'unification du droit
privé (Unidroit) 217 ; l'Union économique belgo-luxembourgeoise
fut un des membres de l'Organisation internationale du sucre 218 et
elle est actuellement membre du Conseil international del'étain 219 ;
la Communauté économique européenne est membre du Conseil
international du blé 22° et du Conseil oléicole international ; elle a
également conclu de nombreux traités d'association avec des Etats
tiers aux termes desquels elle est membre des associations créées
par chacun de ces traités 221 . On peut trouver aussi des cas où une
organisation internationale et ses Etats membres sont conjointe-
ment membres d'une autre organisation internationale 222 .
Certaines organisations internationales admettent la participation
de territoires et de régions déterminées qui ne sont que des frac-
tions d'Etats et n'ont pas de personnalité juridique selon le droit
des gens. C'est ainsi que l'OMM admet qu'un territoire soit repré-
senté au sein de son organisation du moment qu'il dispose d'un
service météorologique qui lui est propre 223 . L'Organisation inter-
nationale du sucre 224 , l'Institut international du froid225, l'UPU 226 ,
le Conseil de coopération douanière 227 et le Conseil international
de Pétain 228 sont également des organisations qui permettent à des
fractions d'Etats d'agir en tant que membres. Cette situation appa-
remment anormale s'explique aisément si l'on analyse les statuts
de chacune de ces organisations. Il s'agit en effet d'organisations
ayant des buts spécifiques et la représentation de territoires ou de
régions non autonomes obéit à des impératifs techniques. C'est
ainsi que la localisation de la production de sucre ou des mines
d'étain dans une région déterminée ou encore l'autonomie de l'ad-
ministration douanière ou postale dans certaines zones servent de
fondement à la représentation de ces régions ou territoires, repré-
sentation qui est distincte de celle du pays auquel ils appartiennent.
Toutefois, il convient de signaler que, selon les statuts de ces orga-
nisations, la participation d'un territoire ou d'une région autonome
dépend du consentement de l'Etat qui a la charge des relations
extérieures de ce territoire ou de cette région229. En réalité, donc,
il ne s'agit que d'un système qui permet de donner à certains Etats
La personnalité juridique internationale 219

une participation plus importante qu'à d'autres au sein de l'organi-


sation internationale concernée ; mais rien ne permet d'en conclure
que, de ce fait, les régions ou territoires admis dans l'organisation
acquièrent une personnalité juridique internationale.
b) Attribution des actes à l'organisation
La création par traité international ne constitue pas, à elle seule,
une condition suffisante pour qu'il y ait organisation internationale.
En effet, les Etats constituent parfois, par traité international, des
alliances, des systèmes de consultation, des conférences qui fixent
un régime de coopération ou de collaboration entre les signataires,
mais qui ne constituent pas pour autant des organisations interna-
tionales proprement dites. La différence entre les entités ainsi créées
et les organisations internationales réside dans le fait suivant : en ce
qui concerne l'organisation, on considère qu'un certain nombre
d'actes réalisés par tel ou tel de ses agents est attribué à l'organisa-
tion elle-même. Autrement dit, il y a attribution (Zuschreibung)
des actes à l'ordre juridique que constitue l'organisation230. En
d'autres termes, on peut dire que l'organisation possède une volonté
distincte de celle des membres qui la composent et que les individus
dont les actes sont attribués à l'organisation sont, dans la mesure
où cette attribution a lieu, des organes de l'organisation interna-
tionale 231 . En principe, ce sont les statuts de l'organisation qui dé-
terminent quand un individu agit en tant qu'organe, c'est-à-dire
quand ses actes sont attribués à l'organisation.

c) Compétence fonctionnelle
Une des caractéristiques des ordres juridiques étatiques est que
leurs normes ont un domaine de validité spatial exclusif, c'est-à-dire
qu'elles ont une validité exclusive dans un territoire déterminé. Les
organisations internationales, au contraire, n'exercent de juridiction
exclusive dans aucun territoire. Elles reçoivent des sujets de droit
international qui leur ont donné naissance une compétence spéci-
fique dans certains domaines pour exercer une fonction déterminée.
C'est pourquoi on dit généralement que la compétence des organi-
sations internationales est fonctionnelle232.
d) Réglementation par le droit international
Nous avons exposé jusqu'à présent trois des caractéristiques
spécifiques des organisations internationales, à savoir : leur création
220 Julio A. Barberis

par traité, l'attribution aux organisations des actes accomplis par


leurs organes et leur compétence fonctionnelle. Dans la pratique, il
y a des entités qui réunissent ces conditions et ne sont pas pour
autant considérées comme des organisations internationales. Par
exemple, la Société internationale de la Moselle a été créée par le
traité du 27 octobre 1956 conclu entre la France, l'Allemagne et
le Luxembourg ; elle possède ses organes et sa compétence spéci-
fiques sans constituer pour autant une organisation internationale.
Cette entité est une société à responsabilité limitée de droit alle-
mand (Gesellschaft mit beschränkter Haftung) et elle est régie par
l'ordre juridique allemand. C'est pourquoi, aux caractéristiques
déjà examinées, il convient d'en ajouter une quatrième : le fait que
ses activités, du moins dans une certaine mesure, soient régies
directement par le droit des gens. Et l'on peut dire que l'organisa-
tion est régie directement par le droit des gens lorsqu'elle est des-
tinataire d'au moins une norme internationale lui conférant un
droit ou lui imposant une obligation.

4. L'ordre juridique des organisations internationales

Toute organisation internationale possède une structure et un


personnel qui lui permettent d'exercer ses fonctions. La dimension
des organisations internationales, tout comme celle des Etats, peut.
varier considérablement. Il y a des organisations qui ne disposent
que d'un petit local et de cinq ou six employés pour assurer un
service de secrétariat, comme par exemple le Comité intergouver-
nemental de coordination des pays du bassin du Plata, créé par le
traité signé le 23 avril 1969 entre le Brésil, la Bolivie, l'Uruguay, le
Paraguay et l'Argentine, et dont le siège se trouve à Buenos Aires.
Il y en a d'autres, au contraire, comme l'Organisation des Nations
Unies ou la Communauté économique européenne, qui disposent
de centaines de fonctionnaires et d'employés et dont la structure
est comparable à celle d'un Etat de moyenne importance.
L'ordre juridique de l'organisation règle alors le fonctionnement
de ses divers organismes et dépendances internes, leurs compétences
respectives, la procédure à suivre pour chacun d'eux et leurs rela-
tions réciproques. De même, cet ordre juridique détermine les
droits et obligations de ses fonctionnaires et employés, c'est-à-dire
tout le régime juridique de la fonction publique internationale. Le
droit de l'organisation indique également quels sont les organes
La personnalité juridique internationale 221

compétents pour la représenter au niveau international et il traite


des relations de l'organisation avec les autres sujets de la commu-
nauté internationale.
L'ordre juridique qui régit chaque organisation est formé par le
traité qui lui a donné naissance et les règles édictées en application
de ce traité. Le traité constitue la norme fondamentale et c'est sur
lui que repose un ordre de structure hiérarchique. Les règles édic-
tées par les organes de l'organisation internationale habilités à cet
effet par le traité constituent une catégorie inférieure de règles
juridiques; et les décisions et résolutions émanant des organes
secondaires constituent des règles juridiques d'un degré hiérar-
chique encore inférieur.
Comme il a été indiqué dans un paragraphe précédent, une des
caractéristiques spécifiques des organisations internationales réside
dans le fait que toutes possèdent au moins un organe dont les actes
sont attribués à l'organisation. L'existence d'organes qui agissent
au nom de l'organisation constitue un premier indice de centrali-
sation de cet ordre juridique. La centralisation manifeste plus clai-
rement et avec plus d'intensité son existence lorsque les organes
assument des fonctions administratives, législatives et juridiction-
nelles comme c'est le cas pour les ordres juridiques étatiques. Mais
il y a également des organisations internationales qui présentent un
degré développé de centralisation car elles disposent d'organes
administratifs et juridictionnels propres ; tel est le cas de l'ONU, de
l'Unesco ou de l'OIT.
Les ordres juridiques des organisations internationales sont éga-
lement autonomes. L'autonomie réside principalement dans le fait
que les organes de l'entité sont régis, pour l'exercice de leurs fonc-
tions, par un droit qui leur est propre. C'est ce qui se passe dans les
organisations internationales, puisque les fonctionnaires et em-
ployés de ces organisations sont régis, dans l'exercice de leurs
fonctions, par l'ordre juridique qui est propre à ces organisations.
L'ordre juridique des organisations présente une analogie mar-
quée avec le droit des Etats. Ainsi, les relations qui existent entre
une organisation et ses employés sont comparables à celles qui
existent entre l'Etat et ses fonctionnaires. Et c'est pour cette raison
que certains tribunaux ont appliqué à titre subsidiaire des règles
du droit étatique aux conflits entre une organisation et ses fonc-
tionnaires 233 . Bon nombre d'institutions de droit administratif, de
droit civil et de droit de la procédure propres aux ordres étatiques
222 Julio A. Barberis

ont servi de modèle à l'ordre juridique des organisations interna-


tionales. Leur forme de centralisation présente également des
similitudes avec le droit étatique. En effet, les organisations ont
essayé de se structurer conformément au principe de la séparation
des pouvoirs et on peut trouver, dans les organisations les plus
développées, une assemblée générale — qui exerce la fonction d'or-
gane parlementaire - , un secrétaire général ou un directeur exécutif
— qui est la personne qui dirige l'administration de l'entité — et
enfin un organe juridictionnel. Outre ces caractéristiques, déjà
signalées, la doctrine a précisé d'autres faits qui contribuent à
montrer l'analogie existant entre les organes juridiques étatiques et
les organisations internationales 234 .
L'analyse des ordres juridiques des organisations internationales
a donné lieu à une intéressante controverse : il s'agit de savoir si
leurs règles font partie du droit international ou si elles constituent
des ordres juridiques autonomes. Certains juristes situent ces ordres
dans le cadre du droit international, bien qu'ils se voient obligés
d'en élargir certains concepts 235 ; d'autres les considèrent comme
des ordres distincts du droit des gens ; enfin, il y a des juristes qui,
tout simplement, leur refusent tout caractère d'ordre juridique 236 .
Un des arguments principaux invoqués par ceux qui soutiennent
que ces ordres font partie du droit des gens est que la règle fonda-
mentale, ou règle constitutive, est un traité international. Mais cet
argument n'est pas décisif. En effet, il y a des Etats, comme l'Uru-
guay et Chypre, dont la constitution résulte également d'un traité.
Le fait est qu'un traité international peut être à l'origine d'une
entité réunissant les caractéristiques d'un Etat ; les règles édictées
en application de ce traité deviennent alors des règles de droit
étatique, et non des règles du droit des gens, même si la source de
leur validité réside dans une convention internationale 237 .
Un autre argument est avancé pour soutenir que le droit des
organisations internationales appartient au droit des gens : c'est son
manque d'autonomie. On entend par là que les ordres juridiques
des organisations internationales se trouvent « imprégnés » par des
règles du droit des gens. A cette affirmation, on peut répondre par
les considérations suivantes: l'autonomie propre des ordres juri-
diques étatiques n'est pas absolue, mais relative. L'exemple le plus
clair en ce sens est la Communauté économique européenne, à la-
quelle les Etats membres ont cédé une partie de leurs compétences. Il
y a donc certains ordres juridiques étatiques qui sont «relativement
La personnalité juridique internationale 223

autonomes ». Les ordres juridiques des organisations internationales


ne présentent pas, eux non plus, une autonomie absolue. Ils ne
présentent qu'une autonomie relative et le degré d'autonomie dont
jouissent ces organisations est, dans certains cas, comparable à celui
que possède un ordre juridique étatique. Arrêtons-nous à quelques
exemples. Considérons l'activité du directeur du bureau du person-
nel de l'ONU ou encore celle d'une secrétaire administrative de
l'OIT à Genève. Dans quelle mesure le premier doit-il appliquer
des règles du droit des gens dans l'exercice de ses fonctions et dans
quelle mesure la seconde est-elle obligée par ces règles? Le premier
comme la seconde sont régis de manière pratiquement exclusive
par le droit des organisations auxquelles ils appartiennent et seule-
ment à titre exceptionnel par le droit international. Mais considé-
rons maintenant les activités d'une personne qui possède une
entreprise d'exportation de traitement de viandes à Maastricht ou
encore celles du ministre de l'Agriculture et de la Viticulture du
Luxembourg. Ces personnes sont-elles régies exclusivement par le
droit hollandais dans le premier cas et par le droit luxembourgeois
dans le second? Pour être fidèle à la vérité, il faut dire que l'une
comme l'autre sont aussi régies par des règles édictées par la Com-
munauté économique européenne; et que ces règles-là sont plus
nombreuses que les normes internationales qui peuvent régler la
conduite du directeur du bureau du personnel de l'ONU ou de la
secrétaire administrative de l'OIT à Genève. Ces exemples, que
l'on pourrait multiplier; nous montrent que l'autonomie des ordres
juridiques étatiques, tout comme celle des ordres juridiques des
organisations internationales, n'est que relative et que, dans cer-
tains cas, elle est similaire238.
Avant de trancher la controverse et de décider si les ordres
juridiques des organisations internationales appartiennent bien au
droit international, il convient de faire deux observations préalables.
Notons en premier lieu que chaque organisation internationale
constitue un ordre juridique. Or, cet ordre doit être considéré dans
son ensemble, c'est-à-dire que toutes les règles juridiques qui le
composent doivent être prises en considération, tant celles qui se
rapportent à l'aspect interne de l'organisation que celles qui règlent
ses relations avec l'extérieur. Ainsi, tout comme on considère l'ordre
juridique étatique comme une unité englobant tant le droit qui
règle son organisation interne que les règles constitutionnelles qui
régissent les relations de l'Etat avec l'extérieur, on doit, pour les
224 Julio A. Barberis

organisations internationales, considérer l'ordre juridique de cha-


cune d'elles comme une unité qui englobe toutes ces normes 239 . Or
on ne le fait pas toujours; et certains auteurs essaient d'établir une
distinction dans l'ordre juridique des organisations entre les normes
qui concernent sa structure interne et celles qui concernent sa
représentation à l'extérieur.
En second lieu, il convient de rappeler une question de termi-
nologie déjà mentionnée au commencement de ce cours. En général,
chaque science — ou domaine de la connaissance humaine — s'est
forgé un vocabulaire plus ou moins précis et les scientifiques s'ef-
forcent de le respecter pour disposer ainsi d'un langage commun.
Néanmoins, un scientifique a toujours la possibilité d'élaborer son
propre vocabulaire ; il peut, par exemple, écrire un traité de bota-
nique et dire que son ouvrage traitera de tous les êtres du monde
végétal et également des éléphants. Dans de tels cas, si on veut faire
une comparaison entre les opinions des différents savants, il est
nécessaire de vérifier s'ils utilisent bien le même vocabulaire et, si
ce n'est pas le cas, d'établir une équivalence entre les termes utilisés
par chacun d'eux.
Ces observations préliminaires une fois formulées, nous pouvons
maintenant déterminer la place qu'occupe le droit des organisations
internationales dans le monde juridique.
Le droit de chaque organisation internationale se présente comme
un ordre juridique relativement autonome. En principe, l'ordre
juridique de chaque organisation est indépendant de celui des
autres organisations. De même, l'ordre juridique de chaque organi-
sation est, en principe, indépendant de l'ordre juridique de chacun
des autres sujets internationaux. Ainsi, le droit étatique, le droit
canon, le jus melitensis, l'ordre juridique des belligérants, l'ordre
juridique des mouvements de libération nationale, etc., sont, en
principe, indépendants des ordres juridiques des organisations
internationales.
En dépit de l'indépendance qui existe entre les ordres juridiques
cités, il convient de signaler ici un point qui leur est commun. Cha-
cun de ces ordres appartient à un sujet de droit international.
L'Eglise catholique, l'Odre souverain militaire de Malte, les belli-
gérants, les Etats, les mouvements de libération nationale, etc.,
possèdent chacun leur ordre juridique propre. Tous ont pour objet
de donner des structures juridiques à une personne internationale ;
mais ils restent distincts du droit des gens. Même si certains de ces
La personnalité juridique internationale 225

sujets reconnaissent comme fondement de leur validité un traité


international, ce qui est notamment le cas du Vatican ou de cer-
tains Etats, personne n'a jusqu'à présent prétendu que cet ordre
juridique faisait partie du droit des gens.
On doit raisonner de la même manière pour les ordres juridiques
propres à chaque organisation internationale. Ces organisations
sont des sujets du droit des gens; mais l'ordre juridique propre à
chacune d'elles ne doit pas être confondu avec le droit des gens. Le
droit des organisations internationales appartient à la même caté-
gorie que l'ordre juridique de tout autre sujet du droit des gens.
S'il fallait décrire cette situation en termes généraux, il faudrait
dire que, d'une part, nous avons l'ordre juridique international et
que, d'autre part, nous avons les ordres juridiques propres aux
divers sujets internationaux.
Néanmoins, une partie de la doctrine prétend inclure les ordres
juridiques des organisations internationales dans le droit interna-
tional. Cette prétention nous obligerait, comme nous l'avons déjà
dit, à modifier le contenu de certains concepts. En outre, il convient
de préciser que certains principes n'ont pas la même validité en
droit international classique et dans les ordres juridiques des orga-
nisations240. Pour nous résumer, nous dirons que la tentative d'ab-
sorber dans le droit des gens les ordres juridiques des organisations
rend nécessaire une modification du vocabulaire juridique généra-
lement utilisé. En outre — il ne s'agit pas ici d'un problème de ter-
minologie mais d'un problème de fond — nous avons démontré
que les arguments cités à l'appui de cette thèse ne trouvent pas de
fondement dans la pratique internationale.
En conséquence, il conviendra de considérer l'ordre juridique de
chaque organisation internationale comme l'ordre juridique de
toute autre personne internationale et non comme faisant partie
du droit des gens241.

5. Organisations internationales indépendantes et dépendantes


Certaines organisations internationales relèvent seulement du
droit des gens ; ce qui veut dire que leur ordre juridique ne reconnaît
comme norme supérieure que le droit international. On peut don-
ner à ces organisations le nom d'« organisations internationales
indépendantes». D'autres, au contraire, reconnaissent en outre une
certaine dépendance vis-à-vis d'autres ordres juridiques; on peut
226 Julio A. Barberis

donc les désigner comme «organisations internationales dépen-


dantes». La relation de dépendance envisagée n'est pas totale mais
elle touche un ou plusieurs aspects des activités de l'organisation.
Si cette dépendance était totale, on ne pourrait plus parler d'orga-
nisation internationale, puisque, justement, pour avoir droit à ce
titre, l'organisation concernée doit relever, ne fût-ce que dans une
certaine mesure, des règles du droit des gens.
L'ordre juridique d'une organisation peut être assujetti à la fois
au droit international et à l'ordre juridique d'un Etat. C'est ainsi
que la Constitution de l'Union postale universelle dispose, à son
article 20, que le Bureau international est placé sous la «haute
surveillance» du Gouvernement de la Confédération suisse242. Voici
un autre exemple, peut-être plus éloquent : c'est celui de la Confé-
rence de La Haye de droit international privé. Le statut de cette
organisation, en vigueur depuis le 15 juin 1955, lui impose une
certaine dépendance vis-à-vis des Pays-Bas. En effet, il est précisé
à l'article 3 du statut que le fonctionnement de la Conférence est
assuré par une commission d'Etat néerlandaise qui dirige les acti-
vités du Bureau permanent de l'organisation. Le Gouvernement
des Pays-Bas, sur proposition de cette commission, désigne le
secrétaire général ainsi que les secrétaires du Bureau permanent
(art. 4).
Les relations de dépendance entre organisations internationales
sont des phénomènes plus courants. Des organisations telles que
l'OEA, l'OCDE et l'ONU, pour ne citer que celles-là, sont liées à
d'autres organisations qui se trouvent à leur égard dans une relation
plus ou moins étroite de dépendance. Il existe des cas où la relation
de dépendance résulte du fait que certaines décisions de l'organi-
sation principale ont un caractère obligatoire pour les institutions
dépendantes. La relation de dépendance peut aussi résulter de
limitations et restrictions imposées à l'institution dépendante. Elle
peut encore résulter du fait que certains des responsables de l'ins-
titution dépendante n'exercent leurs fonctions que parce qu'ils
sont titulaires d'une autre fonction dans l'organisation principale.
Enfin, dans d'autres cas, il s'agit d'un travail de coordination réalisé
par l'organisation principale et affectant les organisations qui lui
sont liées. En ce qui concerne les Nations Unies, la Charte consacre
plusieurs articles aux institutions spécialisées243. Entre les institu-
tions spécialisées de l'ONU elles-mêmes, il existe de nouveau des rela-
tions de dépendance : ainsi en est-il de l'Association internationale
La personnalité juridique internationale 227

de développement et de la Société financière internationale à


l'égard de la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement, qui est l'organisation principale. Le lien entre
PONU et les institutions spécialisées est fondé sur un traité inter-
national244. Une situation analogue existe dans le cadre de l'OEA,
la relation de cette organisation avec ses organes spécialisés ayant
également fait l'objet d'une convention internationale245.

6. Les organisations internationales et le droit des gens.


L'on a déjà indiqué quelles étaient les relations qui se trouvaient
régies par l'ordre juridique de l'organisation internationale. Mais ces
organisations ont également des activités dans d'autres domaines
juridiques. Ainsi, elles concluent régulièrement des contrats de
vente, de dépôt d'argent, de location, etc., qui sont régis par le droit
d'un certain Etat246. En outre, les organisations internationales
participent activement à la vie internationale et maintiennent des
liens étroits avec les Etats, avec d'autres organisations internatio-
nales et avec les autres sujets du droit des gens. Afin de donner une
idée de cette participation, nous allons procéder à un examen suc-
cinct des quatre aspects suivants : le droit des traités, les relations
diplomatiques, la protection des fonctionnaires et le droit de la
guerre.
Les organisations internationales concluent habituellement des
traités avec les Etats et les autres sujets du droit des gens. Il s'agit là
d'une pratique qui, semble-t-il, remonte aune centaine d'années247,
mais qui n'a pris de l'importance qu'à partir de la création de la
Société des Nations. Les conventions conclues par les organisations
internationales se rapportent généralement à leur existence admi-
nistrative et aux activités qu'elles peuvent exercer en fonction des
objectifs figurant dans le traité qui les a créées. Les traités relatifs
à l'existence administrative de l'organisation internationale sont
les accords de siège, les conventions sur les immunités et privilèges
dont jouissent l'entité et ses fonctionnaires, ainsi que les accords
conclus avec d'autres organisations internationales pour assurer la
coordination de leurs activités respectives ou une coopération réci-
proque. Quant aux traités conclus par les organisations interna-
tionales pour la réalisation de leurs objectifs, ils sont aussi variés
que ces objectifs eux-mêmes. En général, on peut dire qu'il s'agit de
conventions portant sur des opérations telles que prêts, assistance
228 Julio A. Barberis

technique, réalisation d'études ou de projets pour des ouvrages


publics, évaluation des ressources naturelles, etc. 248 .
Le régime des conventions conclues par des organisations inter-
nationales présente une similitude avec celui des traités interéta-
tiques. Toutefois, il présente certains aspects particuliers. C'est
ainsi qu'on peut citer le cas des accords « tripartites » qui sont
signés, par exemple, entre un Etat qui fournit le matériel nucléaire,
un autre Etat qui reçoit ce matériel, et PAIEA qui contrôle l'opé-
ration. La situation d'un Etat membre d'une organisation vis-à-vis
d'un traité conclu par cette organisation constitue un autre pro-
blème spécifique249.
A l'heure actuelle, il ne fait aucun doute que les traités des
organisations internationales sont régis par le droit des gens250. La
Commission du droit international des Nations Unies est actuelle-
ment en train d'élaborer un projet de convention sur le régime des
traités conclus par les organisations internationales. Les rapports
annuels présentés à la Commission depuis 1972 par le professeur
Paul Reuter, membre rapporteur de ladite Commission, constituent
une des études les plus complètes sur ce sujet.
Les organisations internationales entretiennent des relations
avec les autres sujets du droit des gens ; et il existe actuellement
des normes juridiques qui règlent ce qu'on pourrait appeler le droit
diplomatique des organisations internationales.
Les Etats membres d'une organisation désignent habituellement
des missions permanentes auprès de celle-ci. Il s'agit là d'une pra-
tique qui a débuté lorsque la Société des Nations a commencé ses
travaux 251 et qui s'est aujourd'hui généralisée pour les organisations
les plus importantes. Par exemple, les Etats membres d'organisations
internationales ont des missions permanentes auprès des Nations
Unies (New York, Genève, Vienne), de l'OEA (Washington), de
PUnèsco (Paris), de l'OTAN (Bruxelles), de l'ALADI (Montevideo),
du Conseil de l'Europe (Strasbourg). Parfois, les diplomates accré-
dités dans le pays où l'organisation a son siège agissent également
en tant que représentants permanents auprès de celle-ci. Comme
les organisations internationales ne possèdent pas de territoire,
l'établissement d'une organisation dans un pays et l'installation de
ses représentants sont en général réglés par un accord de siège
conclu entre l'organisation et l'Etat hôte 252 . Contrairement à ce
qui se passe lorsque l'ambassade d'un Etat est accréditée auprès
d'un autre, dans le cas d'une mission permanente auprès d'une
La personnalité juridique internationale 229

organisation internationale on peut dire, d'une certaine manière,


que trois sujets interviennent: l'Etat qui envoie son représentant,
l'organisation internationale et l'Etat hôte.
En dépit des quelques similitudes entre les missions permanentes
auprès d'une organisation internationale et les ambassades auprès
d'un Etat, une différence fondamentale mérite d'être signalée.
L'ambassade qu'un Etat accrédite auprès d'un autre représente
l'Etat qui l'envoie et agit en son nom vis-à-vis de l'Etat qui la reçoit ;
aussi ses fonctionnaires sont-ils tenus notamment de ne pas s'im-
miscer dans les affaires intérieures du pays qui les accueille (article41
de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques). En
revanche, la mission permanente d'un Etat membre auprès d'une
organisation internationale ne se borne pas à représenter ce pays et
à agir en son nom auprès de l'organisation ; elle remplit aussi une
autre fonction. En effet, les membres de la mission font également
partie des différents organes de l'organisation et participent à l'éla-
boration de ses décisions. Dans ce sens, on peut dire que les repré-
sentants de l'Etat auprès d'une organisation exercent un double
rôle : ils représentent l'Etat devant l'organisation et ils font partie
de l'organisation elle-même. Prenons un exemple : lorsque le repré-
sentant du Niger à New York négocie une convention avec les
Nations Unies en vue d'obtenir une assistance technique pour une
recherche sur les maladies tropicales dans son pays, il s'agit de deux
sujets du droit international qui négocient en tête-à-tête et essaient
de parvenir à un accord. Mais, lorsque le représentant du Niger
participe à l'Assemblée générale de l'ONU, il n'agit pas en tant que
partie traitant avec l'organisation internationale, mais il constitue,
avec les délégués des autres pays, un organe de l'organisation ; il en
fait partie. Cette double fonction exercée par les missions perma-
nentes auprès d'une organisation internationale présente un certain
parallélisme avec la situation d'un associé dans une société com-
merciale, différente lorsqu'il agit en tant que tel, d'une part, ou
qu'il passe à titre individuel un contrat de vente ou de location
avec ladite société, d'autre part.
Il arrive aussi que certains Etats, pour des raisons politiques ou
économiques, aient intérêt à être représentés auprès d'une organi-
sation internationale sans en être membres. La Suisse et Monaco,
par exemple, ont une représentation permanente auprès des Nations
Unies ; l'Espagne a une représentation auprès de l'OEA à Washington
qui est indépendante de son ambassade auprès de la Maison-Blanche.
230 Julio A. Barberis

Un nombre considérable d'Etats a accrédité une représentation


permanente auprès des Communautés européennes. Des entités qui
ne sont pas des Etats, comme l'Eglise catholique et l'OLP, ont éga-
lement une représentation permanente auprès de l'ONU.
La représentation des Etats auprès des organisations internatio-
nales à caractère universel est régie par la Convention de Vienne
du 14 mars 1975 253 .
Les organisations internationales envoient des représentants
auprès d'autres organisations internationales dont elles ne sont pas
membres, cela dans le but de suivre les travaux de ces organisations
et éventuellement de coordonner des programmes de travail com-
muns. L'OIT, la FAO, le Fonds monétaire international, l'OMS,
l'Unesco et la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement, qui sont des institutions spécialisées, possèdent un
bureau permanent auprès des Nations Unies à New York. L'AIEA,
la Ligue des Etats arabes, l'OEA et le Comecon 254 ont également
une représentation auprès de l'Organisation mondiale. A Bruxelles,
le Conseil de l'Europe, les Nations Unies et l'OIT sont représentés
auprès des Communautés européennes.
Dans la pratique internationale actuelle, il arrive également que
certaines organisations aient une représentation auprès de certains
Etats, bien que les Etats en question n'en soient pas membres. Il
convient de signaler que, dans certains cas, le représentant en ques-
tion n'est pas là à titre de représentant de l'organisation interna-
tionale proprement dite, mais seulement d'un de ses organes.
Dans le cadre de l'Organisation mondiale, le Programme des
Nations Unies pour le développement (PNUD) dispose de plus
d'une centaine de représentants qui résident dans divers pays 255 .
Certains représentants exercent leurs fonctions auprès d'un seul
Etat, tandis que d'autres travaillent dans deux ou plusieurs pays
d'une région. Les fonctions principales du représentant résident
sont d'assurer la réalisation des programmes de développement
ainsi que leur coordination, d'effectuer les paiements et autres
prestations à la charge du PNUD, de contrôler l'activité des experts
et du reste du personnel engagé pour le Programme, de conseiller
l'Etat bénéficiaire pour la présentation des demandes d'assistance
technique et d'informer les autorités du Programme de la bonne
marche des projets 256 .
Les institutions spécialisées des Nations Unies ont également
des représentants dans de nombreux Etats 257 .
La personnalité juridique internationale 231

Afin de pouvoir coordonner les divers programmes d'aide et de


développement réalisés dans un même pays par les différents bu-
reaux des Nations Unies ainsi que par d'autres organismes spécia-
lisés, l'Assemblée générale a créé en 1977, par la résolution 31/197,
la fonction de coordinateur résident 258 .
Dans le cadre du droit des Communautés européennes, le premier
cas de désignation d'une mission des Communautés auprès d'un
Etat a été la constitution de la délégation permanente de la Haute
Autorité de la CECA auprès du Royaume-Uni259. Le Gouvernement
britannique promulgua en 1955 une loi (European Coal and Steel
Community Act) qui déterminait les privilèges et immunités dont
jouirait la délégation et, en avril 1956, le premier représentant de
la Haute Autorité présenta ses lettres de créance.
Les missions de la Commission des Communautés européennes
présentent des caractères distincts suivant les Etats auprès desquels
elles sont envoyées. Il y a d'abord les représentants de la Commission
auprès d'un Etat déterminé, comme par exemple le Japon, le
Canada, les Etats-Unis d'Amérique et l'Australie, ou encore auprès
des pays d'une région déterminée, comme par exemple la représen-
tation pour l'Amérique latine avec son siège à Caracas et son siège
secondaire à Santiago du Chili. Ensuite, la Commission a des délé-
gués dans la plupart des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,
pays qui ont signé un accord d'association avec les Communautés.
La protection diplomatique est également une institution dont
les principes sont appliqués dans le droit des organisations interna-
tionales. En 1948, la Cour internationale de Justice fut saisie d'une
demande pour avis consultatif sur la question de savoir si l'Organi-
sation des Nations Unies était fondée à présenter une réclamation
internationale contre un Etat en vue d'obtenir la réparation de
préjudices subis par ses fonctionnaires. La Cour répondit que l'Or-
ganisation mondiale était fondée à assurer «une protection fonc-
tionnelle de ses agents» et que, en le faisant, elle ne représentait
pas l'agent mais qu'elle exerçait un droit propre. Elle déclara éga-
lement que l'Organisation était fondée à réclamer une réparation
adéquate et que le montant du préjudice subi par le fonctionnaire
pouvait être un élément aux fins de l'évaluation de la réparation 26 °.
Les organisations internationales peuvent également constituer
des forces armées et participer à des opérations militaires. Les
Nations Unies l'ont fait lors de la crise d'Egypte ainsi qu'au Congo
et à Chypre. Dans les cas susmentionnés, l'Organisation mondiale
232 Julio A. Barberis

a signé des accords avec les pays impliqués dans le conflit261, a


conclu des conventions avec les Etats qui lui avaient fourni les
troupes 262 et a établi un règlement pour les forces armées qui, de
cette manière, restaient sous son contrôle 263 . Il ressort des conven-
tions et des règlements susmentionnés que les forces militaires
agirent dans tous ces cas en tant qu'organe des Nations Unies et
restèrent sous leur autorité 264 . L'Organisation mondiale a également
assumé les obligations qui découlaient de cette situation 265 .
L'Organisation des Etats américains nous fournit un autre
exemple de constitution de forces armées par une organisation
internationale : à la suite de la crise survenue en République Domi-
nicaine, la dixième réunion consultative des ministres des Relations
extérieures créa, par la résolution du 6 mai 1965, une Force inter-
américaine de paix ; cette décision fut complétée par des décisions
ultérieures 266 . Dans les attendus de la résolution susmentionnée, il
est précisé que l'OEA a la compétence requise pour créer cette,
force du fait qu'elle a la qualité «pour assister les Etats membres
et les aider à maintenir la paix et à rétablir la normalité démocra-
tique» ainsi que «pour fournir les moyens exigés par la réalité des
situations et par les circonstances de fait et qui, en toute prudence,
semblent appropriés pour la réussite de ces objectifs». La Force
interaméricaine fut intégrée à l'organisation au moyen de conven-
tions signées entre l'OEA et les Etats membres; et elle agit en tant
qu'organe de l'organisation.
L'activité des organisations internationales ne se limite pas aux
aspects signalés ici ; elle s'étend à bien d'autres domaines du droit
des gens. C'est ainsi que certaines organisations sont dépositaires
des traités conclus entre leurs membres, qu'elles les enregistrent et
les publient ; elles peuvent aussi avoir à leur disposition des navires
et -des avions qui battent leur pavillon et portent leurs couleurs ;
elles peuvent encore signer des engagements d'arbitrage et ester en
justice, délivrer des passeports (laissez-passer) à leurs fonctionnaires,
etc.
7. Les entreprises publiques internationales
Nous avons déjà expliqué au début du présent chapitre qu'une
des formules juridiques auxquelles les Etats avaient recours pour
coordonner leurs efforts dans des domaines d'intérêt commun ou
pour coopérer entre eux était la création d'organisations internatio-
nales. Il convient de faire ici une distinction entre ces organisations
La personnalité juridique internationale 233

et d'autres formules juridiques auxquelles les Etats ont également


recours pour réaliser des travaux et des ouvrages d'intérêt commun,
les exploiter ou les administrer. A cet égard, il convient de men-
tionner les entreprises créées par les Etats dans un but spécifique
et auxquelles on a donné le nom d'entreprises publiques interna-
tionales.
La différence essentielle entre les organisations internationales
et les entreprises publiques internationales réside dans le fait que,
si le traité international joue bien un rôle dans la constitution des
entreprises publiques internationales — soit que ces entités soient
créées par traité international, soit qu'un traité international fixe
leurs statuts ou certaines conditions auxquelles elles devront se
soumettre pour exercer leurs activités - , ces entités juridiques ne
sont pas pour autant l'objet de droits ou d'obligations dans le
domaine du droit des gens.
Dans certains cas, les Etats ne créent pas d'entité spécifique ; ils
se contentent de fixer dans une convention internationale les
conditions et caractéristiques techniques d'un travail déterminé à
exécuter. Ces conditions et caractéristiques techniques auxquelles
l'entreprise concessionnaire d'un ouvrage public à exécuter devra
soumettre son travail constituent ce qu'on appelle, dans le vocabu-
laire de droit administratif de nombreux Etats, le «cahier des
charges». Nous avons un exemple de ce type dans l'agrandissement
de l'aéroport de Genève à Cointrin. Le 25 avril 1956, la Suisse et
la France signèrent une convention pour l'aménagement de cet
aéroport267. Ce travail devait être réalisé sur la limite qui sépare les
deux pays et il fut même nécessaire d'effectuer une légère rectifi-
cation de la frontière pour que la piste de l'aéroport reste en terri-
toire suisse. L'on constitua en outre quelques servitudes non aedi-
ficandi sur le territoire français. Le travail fut réalisé par une entre-
prise suisse, mais le traité de 1956 établit un cahier des charges
auquel il fallait se conformer pour la réalisation des travaux. S'il
est exact que le cahier des charges fut établi par un traité interna-
tional, ce dernier n'imposa pas pour autant des obligations interna-
tionales à l'entreprise suisse.
Comme autres exemples d'ouvrages publics réalisés par des
entreprises nationales auxquelles a été imposé un cahier des charges
international, on peut citer la construction du tunnel du mont
Blanc et l'amélioration du canal de Terneuzen. Dans le premier
cas, la France et l'Italie signèrent un traité le 14 mars 1953 pour la
234 Julio A. Barberis

construction dudit tunnel. Celle-ci fut confiée à une entreprise


italienne et à une autre entreprise française, mais le cahier des
charges fut élaboré à l'échelon international par les deux pays 268 .
Quant au canal de Terneuzen, il fit l'objet d'un traité signé le
20 juin 1960 entre la Belgique et les Pays-Bas, afin d'améliorer cette
voie de navigation269. Les Pays-Bas demeurèrent maîtres de l'ou-
vrage et, par licitation publique, ils adjugèrent à certaines entreprises
publiques la fourniture des matériaux ainsi que l'exécution du
travail. Mais la description des travaux à réaliser et le cahier des
charges des entreprises furent décidés d'un commun accord par la
Belgique et les Pays-Bas (articles 2, 5 et 7 du traité, ainsi que les
annexes I et II).
Les Etats peuvent également décider, par traité international, de
la création d'une entité spécifique et soumettre cette entité à l'ordre
juridique d'un pays déterminé. Parmi les exemples les plus connus
de ce type d'entreprise publique internationale, on peut citer
Eurofima et la Société internationale de la Moselle.
Le 20 octobre 1955, à Berne, une convention fut signée par
quatorze pays européens, convention aux termes de laquelle était
constituée l'Eurofima, Société européenne pour le financement
de matériel ferroviaire270. L'article 1 du traité précise qu'Eurofima
sera régie par les statuts et par le droit du pays où la société aura
son siège social, dans la mesure où ce droit ne sera pas modifié par
les dispositions dudit traité. Puis, l'article 2 énumère une série de
dispositions qui devront figurer dans les statuts de la société, même
si elles sont en contradiction avec le droit du pays où sera établi le
siège social. Les statuts de la société furent approuvés le 20 no-
vembre 1956, date de son assemblée générale constitutive 271 . Les
associés sont les entreprises ferroviaires des pays européens signa-
taires de la Convention de Berne. Bâle fut choisie comme siège
social de la société et, par conséquent, il fut précisé que celle-ci
serait régie par le droit suisse. Le 22 novembre 1956, les statuts
d'Eurofima furent enregistrés au registre du commerce de la ville
de Bâle et, conformément au droit suisse, c'est à ce moment-là
que la société acquit la personnalité juridique. Mais, selon le droit
des gens, Eurofima n'est pas un sujet de droit international puis-
qu'elle n'est destinataire directe d'aucun droit ni d'aucune obliga-
tion sur le plan international.
Le 27 octobre 1956, la France, l'Allemagne et le Luxembourg
signèrent un traité dont le but était de rendre la Moselle accessible,
La personnalité juridique internationale 23 5

entre Thionville et Coblence, aux bateaux de plus de 1500 ton-


neaux 272 . Cette convention prévoyait la création de la Société
internationale de la Moselle, société qui devait avoir la forme d'une
société à responsabilité limitée et être régie par la convention elle-
même, ses statuts et le droit allemand (art. 9). Le traité ne crée pas
la société, mais il fixe les statuts de la société à constituer et com-
porte en outre quelques dispositions concernant son régime fiscal.
La convention précise également que la société devra être inscrite
au registre du commerce allemand et qu'elle sera considérée comme
ayant une existence juridique à compter de la date de cette ins-
cription. Les statuts comportent les clauses usuelles des contrats
de société à responsabilité limitée de droit allemand, mais certaines
clauses prévoient des modifications à ce régime juridique 273 . La
Société internationale de la Moselle est une personne juridique de
droit allemand mais elle n'est pas un sujet du droit international
puisque le traité de 1956 ne lui confère ni droits ni obligations
dans le domaine du droit des gens.
Dans les exemples analysés ci-dessus, les entreprises publiques
internationales sont régies par les dispositions d'un traité, par leurs -
statuts et par le droit d'un Etat déterminé. Il est intéressant de
faire remarquer que les dispositions des statuts prévalent sur le
droit de l'Etat, même s'il s'agit de normes auxquelles il ne peut
être dérogé par la volonté des parties (jus cogens). Les entreprises
que nous avons examinées n'ont pas acquis la personnalité juridique
de par le traité ; elles l'ont acquise après avoir rempli les conditions
que le droit étatique prévoyait à cet effet. La Société internationale
de la Moselle est une société à responsabilité limitée de droit alle-
mand et Eurofima est une société anonyme de droit suisse. Mais ni
l'une ni l'autre n'ont de personnalité juridique internationale. En
effet, les traités qui prévoient la création de ces sociétés ne leur
accordent aucun droit et ne leur imposent aucune obligation dans
le cadre du droit des gens. Bien au contraire, ces traités prescrivent
que les sociétés en question resteront soumises au droit d'un État
déterminé.
Enfin, il existe d'autres entreprises publiques internationales qui
ont été créées par traité international et qui sont régies par leurs
statuts ainsi que par d'autres règles spécifiques fixées par les Etats
contractants. Dans ce cas-là, l'entreprise ne se trouve pas soumise
à l'ordre juridique d'un Etat déterminé, mais à un droit spécial
élaboré par les Etats qui l'ont créée.
236 Julio A. Barberis

Les exemples les plus intéressants dans ce domaine sont ceux


des traités conclus par le Paraguay avec le Brésil le 26 avril 1973 et
avec l'Argentine le 3 décembre de la même année. Ces traités ont
pour objet les aménagements hydroélectriques les plus grands du
monde, sur le fleuve Paraná. Ces conventions créent deux entités
binationales, Itaipú et Yacyretá, qui présentent entre elles une
grande similitude. Les traités prévoient ensuite les statuts des enti-
tés binationales, les cahiers des charges des travaux à réaliser, les
bases de financement et de prestation de services (fourniture
d'électricité par Itaipú et par Yacyretá).
Les deux entités binationales sont régies par les traités de 1973,
leurs statuts et les règles spécifiques que les Etats ont établies à cet
effet. C'est ainsi que l'article 3, alinéa 3, du traité argentino-para-
guayen prévoit que Yacyretá
«sera régie par les règles figurant dans le présent traité ainsi
que dans ses annexes, les autres actes diplomatiques actuelle-
ment en vigueur et ceux qui entreront ultérieurement en
vigueur».
L'article 3, paragraphe 1, du traité paraguayo-brésilien contient
une clause similaire.
Les traités de 1973 indiquent quelques-unes des matières qui
pourront faire l'objet d'une réglementation aux termes de futurs
accords à conclure entre les Etats signataires. Ces accords consti-
tueront le droit spécial auquel seront soumises ces entreprises.
C'est ainsi que l'article 18 de la convention d'Itaipu prévoit que
pourront être signés des protocoles additionnels portant sur les
sujets suivants: diplomatiques et consulaires, administration et
finances, droit du travail et de la sécurité sociale, problèmes fiscaux
et douaniers, droit de passage à travers la frontière, urbanisme,
police et sécurité, ainsi que sur le contrôle de l'accès aux secteurs
affectés par les travaux et ouvrages de l'entité. Le traité de Yacyretá
contient les mêmes dispositions et prévoit en outre que pourront
être signés des protocoles sur la pêche ainsi que sur la conservation
de la faune fluviale et sur le tourisme (art. 18).
Lorsque ces entités binationales commencèrent les travaux, on
se rendit compte de la nécessité d'établir immédiatement un régime
juridique spécial pour les travailleurs qui exerçaient leurs activités
dans la zone de l'ouvrage. Dans les deux cas, il s'agit de la cons-
truction d'un barrage sur un fleuve frontalier. Le droit du travail
La personnalité juridique internationale 237

en vigueur au Paraguay est très différent de celui de l'Argentine et


il présente également des différences avec le droit brésilien.Comme
les travaux doivent se dérouler précisément dans la zone frontalière
de deux Etats, il est impossible de déterminer dans chaque cas si
un ouvrier est soumis, à un moment donné, au droit d'un pays ou
à celui d'un autre. En outre, il s'agit de travaux d'ingénierie néces-
sitant la collaboration de milliers d'ouvriers. Pour ces raisons, des
protocoles ont été signés entre les Etats concernés, afin de fixer
le régime du droit du travail applicable aux entités binationales.
Comme on peut le constater, les Etats créent dans ces cas-là, au
moyen de conventions internationales, un droit spécial qui règle
les activités des entités binationales. Mais il convient de signaler que
les droits et obligations découlant de ces conventions internatio-
nales ne peuvent être invoqués que devant un tribunal national.
Les traités de 1973 et les protocoles signés en exécution desdits
traités déterminent dans quels cas les organes juridictionnels d'un
pays ou d'un autre sont compétents; mais il faut souligner que
c'est toujours une juridiction nationale qui est compétente.
Les traités de 1973, les statuts des entités binationales et les
protocoles conclus ultérieurement pour régler les activités de ces
entités sont tous indubitablement des actes internationaux, c'est-
à-dire des règles qui font partie du droit des gens274. Ces normes
confèrent à leurs destinataires des droits qui ne pourront être in-
voqués que dans le cadre de l'ordre juridique d'un Etat. Aussi n'y
a-t-il pas dans ce cas-là de droits subjectifs internationaux puisque
leur titulaire n'a pas la possibilité d'exercer une réclamation sur le
plan international 275 . Il en est de même pour les obligations qui
résultent de ces normes. Par conséquent, les entités binationales
Itaipú et Yacyretá ne sont pas des sujets du droit des gens.
Cet exposé nous montre clairement la différence qui existe entre
les entreprises publiques internationales et les organisations inter-
nationales. Dans le premier cas, les Etats instaurent divers degrés
d'internationalisation, allant de la convention interétatique dont
l'objet est simplement de fixer les conditions du cahier des charges
des travaux publics à réaliser à l'élaboration d'un droit spécifique
pour le régime de l'entreprise publique internationale. Ce qui est
constant, en tout état de cause, c'est que l'entreprise publique
internationale n'est destinataire directe ni de droits ni d'obligations
sur le plan international, c'est-à-dire qu'elle n'est pas un sujet du
droit des gens.
238 Julio A. Barberis

Les entreprises publiques internationales, telles qu'elles ont été


décrites au présent paragraphe, doivent également être distinguées
d'une autre forme juridique à laquelle les Etats recourent quelque-
fois : forme qui consiste à concéder par traité à une société com-
merciale privée certains droits — ou à lui imposer certaines obliga-
tions — dans le domaine international276.
239

CHAPITRE III

LES MOUVEMENTS DE LIBÉRATION NATIONALE

1. Introduction

A certains moments de l'histoire se produisent des changements


fondamentaux dans les entités qui exercent le pouvoir politique sur
les différents peuples : naissance d'un empire, établissement d'une
alliance continentale, rupture d'une confédération, liquidation d'un
régime colonial, etc. Parfois, ces événements sont la conséquence
d'une guerre internationale. Les traités de Münster et d'Osnabrück
de 1648, ainsi que les traités de paix de Versailles, de Saint-Ger-
main, de Neuilly et de Trianon en sont des exemples. Dans d'autres
cas, les causes en sont politiques, religieuses, sociales ou écono-
miques.
Nous avons cité comme exemple d'un changement fondamental
de structure politique la disparition d'un système colonial. Dans
cet ordre d'idée, citons la fin de la domination espagnole en Amé-
rique au cours de la première moitié du XIXe siècle et la liquidation
de l'Empire britannique et du système colonial français après la
deuxième guerre mondiale — liquidation non encore achevée en ce
qui concerne les deux derniers.
La plupart des peuples sous domination coloniale, tant ceux de
l'Amérique latine au siècle dernier que ceux de l'Afrique et de l'Asie
au cours de ce siècle, ont conquis leur indépendance grâce à une
lutte difficile. En Amérique, on parlait alors de guerres d'indépen-
dance, en Afrique aujourd'hui on parle de guerre de libération.
Dans cette lutte pour l'indépendance, les peuples ont agi et
agissent dans différents domaines: politique, économique, juri-
dique, culturel et militaire.
Du point de vue juridique, l'un des objectifs immédiats poursuivis
par les peuples coloniaux qui luttent pour leur indépendance est
d'obtenir la reconnaissance internationale d'un statut, de façon à
ce que le conflit armé qui les oppose à leurs métropoles ne soit
plus exclusivement régi par le droit interne.
Au moment des luttes pour l'indépendance des colonies espa-
gnoles d'Amérique, leur combat était considéré comme une affaire
240 Julio A. Barberis

intérieure au Royaume d'Espagne et relevant exclusivement de son


ordre juridique.
La pratique qui s'est développée principalement pendant les
guerres d'indépendance en Amérique a donné naissance à une nou-
velle institution du droit des gens : la reconnaissance de belligérance.
La première reconnaissance d'une communauté belligérante a eu
lieu en 1817. Cette institution s'est consolidée depuis et fait actuel-
lement partie du droit international positif. L'Institut de droit
international a codifié les règles essentielles qui gouvernent la
reconnaissance de belligérance à sa session de Neuchâtel en 1900.
Bien que certains auteurs soutiennent que la reconnaissance de
belligérance est tombée en désuétude 277 , il s'agit d'une institution
de droit international qui demeure en vigueur. Une preuve en est
la reconnaissance de belligérance du mouvement «sandiniste» au
Nicaragua par les Etats du Pacte andin ( j u m 1979). Selon le droit
des gens, la communauté belligérante a des droits et des devoirs sur
le plan international et, par conséquent, est un sujet du droit
international.
En quelques rares occasions, il y eut aussi une reconnaissance
d'insurrection sur le plan international. Le cas le plus connu fut
celui du gouvernement du général Francisco Franco pendant la
guerre civile espagnole278. La reconnaissance d'insurrection donne
au groupe révolutionnaire une personnalité internationale moindre
que celle de belligérance.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, la possibilité pour un
peuple colonial en lutte ou pour un groupe révolutionnaire d'ac-
quérir une personnalité juridique internationale passait par la re-
connaissance de sa qualité de communauté belligérante ou insurgée.
Il est vrai que, pendant la première et la deuxième guerres mon-
diales, les puissances alliées ont également reconnu certaines enti-
tés en exil, gouvernements ou comités nationaux, mais il faut
situer ces reconnaissances plutôt sur le plan politique que sur le
plan juridique.
Après 1945, il s'est dessiné un courant d'opinion favorable à
l'application de certaines normes du droit des gens à des conflits
armés non internationaux. On peut citer à cet égard l'article 3
commun aux Conventions de Genève de 1949 et l'article 19 de la
Convention de La Haye sur la protection de certains biens culturels
(14 mai 1954). Ces normes créent des obligations pour toutes les
parties à un conflit armé : tant pour les Etats que pour les parties
La personnalité juridique internationale 241

non gouvernementales. En conséquence, ces dernières acquièrent


le statut de sujets du droit international.
Tel était, dans ses grandes lignes, le régime en vigueur dans le
droit des gens lorsqu'à débuté, au milieu de ce siècle, le processus
de décolonisation en Afrique, en Asie, en Oceanie et dans la région
des Caraïbes. Ce processus de décolonisation a introduit une nou-
velle catégorie de sujets du droit international : les mouvements de
libération nationale.
Cette nouvelle catégorie, comme toute institution juridique
nouvelle, ne naît pas tout d'un coup ; ce n'est qu'après une période
de gestation que tous les aspects en seront parfaitement réglés. On
pourrait peut-être considérer comme exemple caractéristique de
cette étape de formation des mouvements de libération nationale
le combat pour l'indépendance algérienne. La reconnaissance du
Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) fit
précisément l'objet d'un vaste débat de doctrine sur la question de
savoir s'il s'agissait d'une communauté belligérante, d'un gouver-
nement en exil ou de quelque chose d'autre sur le plan juridique
international 279 .

2. L'évolution de la notion aux Nations Unies


Le 14 décembre 1960 l'Assemblée générale a adopté la résolution
1514 (XV) intitulée «Déclaration sur l'octroi de l'indépendance
aux pays et aux peuples coloniaux». Cette résolution constitue le
point de départ d'un processus par lequel cet organe des Nations
Unies a soutenu de façon de plus en plus ferme ce que l'on a appelé
les «mouvements de libération nationale». On peut distinguer,
dans ce processus, plusieurs étapes que nous allons exposer.
La résolution 1514 (XV) stipule :
«Il sera mis fin à toute action armée et à toutes mesures
de répression, de quelque sorte qu'elles soient, dirigées contre
les peuples dépendants, pour permettre à ces peuples d'exercer
pacifiquement et librement leur droit à l'indépendance com-
plète, et l'intégrité de leur territoire national sera respectée. »
L'idée fondamentale de cette résolution est l'interdiction de l'usage
de la force par le gouvernement légal contre les peuples coloniaux.
Les résolutions 2131 (XX), 2160 (XXI), 2625 (XXV), 2734 (XXV)
et 2993 (XXVII) de l'Assemblée générale et les résolutions 180
(1963), 218 (1965) et 322 (1972) du Conseil de sécurité, entre
242 Julio A. Barberis

autres, réaffirment cette notion. Rappelons que la Charte des Na-


tions Unies interdit aux Etats l'usage de la force dans les relations
internationales (art. 2, par. 4). Par contre, cette résolution interdit
aux Etats l'usage de la force dans des affaires qui, jusqu'alors, ne
relevaient que du droit interne de l'Etat. En effet, les rapports
entre la métropole et ses colonies n'étaient pas régis par le droit
international 28 °.
Dans la résolution 1514 (XV) et dans quelques résolutions
ultérieures (par exemple la résolution 1654 (XVI)), il est question
de l'interdiction de l'usage de la force par les gouvernements pour
que les peuples coloniaux puissent accéder pacifiquement à l'indé-
pendance. Cette interdiction n'a pas été suivie d'effets pratiques et
l'Assemblée générale, cinq ans après l'adoption de la résolution
1514 (XV), a fait un autre pas important en adoptant la déclaration
sur la légitimité de la lutte des peuples coloniaux. Cette idée appa-
raît pour la première fois dans la résolution du Comité des Vingt-
quatre, en date du 28 mai 1965, sur la Rhodésie. Ensuite, la réso-
lution 2022 (XX) de l'Assemblée générale reconnut la légitimité de
la lutte qui se déroulait en Rhodésie. Mais c'est la résolution 2105
(XX) qui proclame cette légitimité en termes généraux :
«L'Assemblée générale ... reconnaît la légitimité de la lutte
que les peuples sous la domination coloniale mènent pour
l'exercice de leur droit à l'autodétermination et à l'indépen-
dance. »
Cette notion se retrouve régulièrement dans les résolutions adoptées
par l'Assemblée générale au cours de ses sessions. On peut citer les
résolutions 2107 (XX), 2189 (XXI), 2326 (XXII), 2465 (XXIII),
2548 (XXIV), 2649 (XXV), 2708 (XXV), 2787 (XXVI), 2878
(XXVI), 2908 (XXVII), 3163 (XXVIII), 3328 (XXIX), 3481
(XXX), 31/34, 31/143, 32/14, 33/24, 34/94, 35/119 et 36/68. En
outre, de nombreuses résolutions de l'Assemblée générale recon-
naissent la légitimité de la lutte pour la libération dans des cas spé-
cifiques, tels que ceux des colonies portugaises, de la Namibie, du
Zimbabwe, etc. Dans la résolution 2105 (XX), ainsi que dans celles
qui ont été citées précédemment, on trouve aussi une invitation
adressée à tous les Etats à fournir une aide matérielle et morale
aux mouvements de libération. D'autres résolutions demandent la
même aide aux différents organes des Nations Unies et aux institu-
tions spécialisées281.
La personnalité juridique internationale 243

Cinq ans après avoir reconnu la légitimité de la lutte des peuples


pour leur autodétermination, l'Assemblée générale a considéré les
moyens utilisés au cours de cette lutte. A ce sujet, la résolution
2621 (XXV) indique que l'on peut employer «tous les moyens
nécessaires», idée réaffirmée ensuite dans d'autres résolutions, telles
que les résolutions 2649 (XXV), 2708 (XXV), 2878 (XXVI), 2908
(XXVII), 3163 (XXVIII), 3328 (XXIX), 31/143, 32/42^34/94 et
35/118. En outre, un grand nombre de résolutions traitent de
l'emploi de tous les moyens de lutte nécessaires dans différentes
situations spécifiques.
Les expressions qui figurent dans les résolutions citées, telles
que «tous les moyens nécessaires» ou «tous les moyens dont ils
disposent», ne signifient pas qu'un mouvement de libération peut
en toute liberté employer n'importe quel moyen de lutte, sans
restriction aucune. Rappelons à ce sujet que la résolution 2787
(XXVI) confirme
«la légitimité des peuples qui combattent pour exercer leur
droit à disposer d'eux-mêmes ... par tous les moyens en leur
pouvoir qui sont compatibles avec la Charte des Nations
Unies».
De même, la résolution 2955 (XXVII) fait allusion à tous les moyens
«qui sont compatibles avec la Charte et avec les résolutions de
l'Organisation des Nations Unies».
L'Assemblée générale a précisé dans sa résolution 3070 (XXVIII)
que la lutte armée figure parmi les moyens dont peut disposer un
mouvement de libération. Les résolutions 3246 (XXIX), 3382
(XXX), 31/34, 32/14, 32/105, 33/24 et 36/9 réaffirment cette
idée 282 .
Ayant reconnu la légitimité de la lutte armée des mouvements
de libération nationale, l'Assemblée générale a fait un autre pas en
s'occupant de la réglementation de cette lutte. Un grand nombre de
résolutions appellent les Etats sur le territoire desquels ont lieu les
combats des mouvements de libération nationale àtraiterlescombat-
tants selon les dispositions des Conventions de Genève de 1949. On
peut citer ainsi les résolutions 2383 (XXIII), 2395 (XXIII), 2396
(XXIII), 2446 (XXIII), 2508 (XXIV), 2547 (XXIV), 2652 (XXV),
2678 (XXV), 2707 (XXV), 2714 (XXV), 2795 (XXVI), 2871
(XXVI) et 2918 (XXVII). D'autres résolutions déclarent formelle-
ment que les combattants doivent être traités conformément à ces
244 Julio A. Barberis

normes internationales283. Les résolutions 2674 (XXV) et 2852


(XXVI) exigent aussi l'application de la Convention de La Haye de
1907. La résolution 2795 (XXVI) demande au Portugal de ne pas
faire usage de substances chimiques dans la guerre coloniale en
Angola, au Mozambique et en Guinée, car il s'agirait d'actes
contraires «aux règles généralement reconnues du droit internatio-
nal» énoncées dans le Protocole de Genève de 1925. La résolu-
tion 2936 (XXVII) rappelle aux Etats l'interdiction d'utiliser des
armes nucléaires. Mais il faut attendre la résolution 3103 (XXVIII)
du 12 décembre 1973 pour que les guerres de libération nationale
soient considérées comme un conflit armé international.
Nous avons ainsi donné un aperçu du processus qui se déroule
de 1960 à 1973 et au terme duquel l'Assemblée générale des Nations
Unies assimile dans ses résolutions une guerre de libération nationale
à un conflit armé international. Le travail de l'Assemblée générale
constitue un antécédent immédiat de l'article 1, paragraphe 4, du
Protocole I additionnel aux Conventions de Genève (1977), qui
sera étudié plus loin.
Il y importe ensuite de déterminer ce qu'entend l'Assemblée
générale par «mouvement de libération nationale». Il y a eu à ce
sujet également une évolution qui mérite d'être exposée.
Les termes «mouvement de libération nationale» apparaissent
surtout à partir de 1965 (résolution 2105 (XX)). Dans les résolu-
tions antérieures, il est généralement fait allusion aux peuples en
lutte; d'autres encore parlent de «partis politiques» (résolution
1819 (XVII)), de «dirigeants légitimes» des peuples (résolution
1810 (XVII)), de «chefs nationalistes» (résolution 1755 (XVII)),
de «partis politiques du territoire» (résolution 1889 (XVIII)), etc.
D'après les résolutions de l'Assemblée générale, les mouvements
de libération nationale se caractérisent par les objectifs de leur
combat, par la qualité de ceux qui en font partie et du gouverne-
ment contre lequel ils luttent. L'objectif poursuivi par les mouve-
ments de libération nationale est l'autodétermination de leur pays.
Quant à ceux qui en font partie, il s'agit toujours de la population
autochtone ou indigène. En ce qui concerne le régime contesté, il
s'agit en tout premier lieu de régimes coloniaux contre lesquels se
battent les mouvements de libération pour obtenir l'indépendance
du pays 284 . Il peut s'agir aussi de régimes racistes et d'occupation
illégale ou étrangère. C'est ainsi que nous pouvons citer un grand
nombre de résolutions concernant les mouvements qui luttent
La personnalité juridique internationale 245

contre la politique de Yapartheid™ en Afrique du Sud et ceux


qui combattaient «le régime illégal de la minorité raciste de Rho-
désie» 286 . Il s'agit surtout, en ce qui concerne 1'« occupation illé-
gale» et 1'«occupation étrangère», des mouvements pour l'auto-
détermination de la Namibie, territoire que l'on considère soumis
à un régime d'occupation par l'Afrique du Sud, le mandat que
cette dernière détenait ayant été révoqué 287 .
D'autres résolutions ont recours à des formules plus complexes
pour caractériser les régimes contre lesquels luttent les mouvements
de libération. Citons en ce sens la résolution 2649 (XXV), qui se
réfère aux «peuples assujettis à une domination coloniale et étran-
gère», la résolution 3103 (XXVIII), qui fait allusion à la «domina-
tion coloniale et étrangère et à des régimes racistes», et la résolu-
tion 2787 (XXVI), qui parle de «la domination coloniale et étran-
gère et de l'emprise étrangère». Les termes de cette dernière réso-
lution ont été repris par d'autres qui essaient de cerner la notion
au moyen des expressions suivantes: «domination coloniale»,
«domination étrangère» et «emprise étrangère» (résolutions 3246
(XXIX), 3382 (XXX), 31/34 et 32/14).
Il y a lieu de préciser que les formules citées s'appliquent éga-
lement à la lutte du peuple palestinien. L'Assemblée générale a
reconnu à plusieurs reprises le droit à l'autodétermination du
peuple palestinien288 et ceux qui luttent pour sa libération figurent
expressément parmi les mouvements de libération nationale 289 . En
outre, une partie de l'opinion considère que le peuple palestinien
combat un régime raciste. En effet, selon la résolution 3379 (XXX),
le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale.
Or, si l'on accepte la prémisse (soutenue par l'Organisation de
l'unité africaine ainsi que par certains auteurs) d'après laquelle la
politique d'Israël a un caractère sioniste290, le mouvement palesti-
nien lutterait non seulement contre l'occupation étrangère ou
l'emprise étrangère, mais aussi contre le racisme.
Bien que de nombreuses résolutions de l'Assemblée générale
citent la domination étrangère, le racisme et l'emprise étrangère
comme des caractéristiques des régimes combattus par les mouve-
ments de libération, d'autres essaient d'englober toutes ces mani-
festations de dépendance dans une notion large de «colonialisme».
C'est ainsi que les résolutions 2189 (XXI), 2326 (XXII) et 2465
(XXIII) tiennent le racisme et l'apartheid pour des formes de colo-
nialisme. La résolution 2517 (XXIV) considère pour sa part que le
246 Julio A. Barbem

droit à l'autodétermination prévu dans la résolution 1514 (XV)


s'applique aussi aux peuples soumis à une occupation étrangère,
et assimile ainsi cette dernière situation au colonialisme291. La
résolution 2548 (XXIV) élargit cette notion et fait allusion au
« colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses mani-
festations, y compris le racisme, l'apartheid et les activités des
intérêts étrangers, économiques et autres qui exploitent les
peuples coloniaux».
La même notion se retrouve dans les résolutions 2708 (XXV), 2878
(XXVI), 2908 (XXVII), 3163 (XXVIII), 3328 (XXIX) et 3481
(XXX). En 1976, l'Assemblée générale a adopté une définition
encore plus large du colonialisme: il comprend «le racisme, Vapar-
theid, l'exploitation par des intérêts étrangers et d'autres des res-
sources économiques et humaines» (résolution 31/143). La même
définition est reprise dans les résolutions 32/42, 33/44, 34/94 et
36/68 et, avec une légère variante, dans la résolution 35/118.
On peut en conclure que le terme «colonialisme», tel qu'il est
défini par les résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies,
comprend toutes les autres hypothèses énoncées ci-dessus. Nous
pouvons donc affirmer que, pour les Nations Unies, un mouvement
de libération nationale est celui qui lutte contre le colonialisme
pour obtenir l'autodétermination de son pays.
Cette définition n'est pourtant pas complète : il lui manque un
élément auquel les résolutions de l'Assemblée générale accordent
une importance toute particulière. Il s'agit de l'unité politique et
de l'intégrité territoriale des Etats. La résolution 1514 (XV) pré-
voit déjà que :
« Toute tentative visant à détruire partiellement ou totale-
ment l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est
incompatible avec les buts et les principes de la Charte des
Nations Unies. »

Plus tard, la résolution 2625 (XXV), qui analyse le droit des peuples
à l'autodétermination, stipule ce qui suit :
«Rien dans les paragraphes précédents ne sera interprété
comme autorisant ou encourageant une action, quelle qu'elle
soit, qui démembrerait, totalement ou partiellement, l'inté-
grité territoriale ou l'unité politique de tout Etat souverain et
La personnalité juridique internationale 247

indépendant se conduisant conformément au principe de


l'égalité des droits et du droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes énoncé ci-dessus et doté ainsi d'un gouvernement
représentant l'ensemble du peuple appartenant au territoire
sans distinction de race, de croyance ou de couleur. »
Le droit à l'autodétermination est établi dans ces résolutions, la
limite étant le cas de sécession, qui porte atteinte à l'intégrité
territoriale ou à l'unité politique d'un Etat. Là où il y a sécession
ou guerre civile, on ne peut parler d'autodétermination dans le sens
accepté par les Nations Unies; en conséquence, il n'y a pas non
plus de mouvement de libération nationale. On peut mentionner à
ce sujet la résolution 36/155 de l'Assemblée générale, qui ne consi-
dère pas qu'il existe au Salvador un mouvement de libération na-
tionale, menant une lutte qui serait un conflit armé international ;
elle attire l'attention des parties en conflit sur le fait que

«les règles de droit international qui figurent dans l'article 3


commun aux Conventions de Genève ... sont applicables aux
conflits armés ne présentant par un caractère international».

Nous pouvons donc affirmer que, selon les résolutions de


l'Assemblée générale, les mouvements de libération nationale sont
ceux qui luttent contre le colonialisme et pour l'autodétermination
de leur pays, pourvu que cette dernière ne porte pas atteinte à
l'unité politique ou à l'intégrité territoriale d'un Etat.
Les Nations Unies ne se sont pas bornées à créer cette nouvelle
catégorie : les mouvements de libération nationale ; elles ont égale-
ment réglementé leur statut vis-à-vis de l'Organisation. Du point de
vue institutionnel, il y a trois étapes que nous étudierons par la
suite : l'aide accordée aux mouvements de libération nationale, leur
qualité de représentants authentiques ou légitimes de leurs peuples
et l'octroi du statut d'observateur.
En ce qui concerne la situation des mouvements de libération
nationale vis-à-vis des Nations Unies, la démarche de l'Assemblée
générale présente certaines particularités. Pour ce qui est des mou-
vements de libération nationale en général, aucune condition
formelle préalable n'est requise pour être considérés comme tels.
En revanche, pour qu'ils aient accès à un certain statut dans le sys-
tème des Nations Unies, la pratique de l'Assemblée générale consiste
à exiger une sorte de «reconnaissance», qui passe par la recon-
248 Julio A. Barberis

naissance préalable du mouvement par l'organisation régionale


concernée. C'est ainsi que l'Organisation de l'unité africaine et la
Ligue des Etats arabes jouent un rôle important à ce sujet. L'Orga-
nisation des Etats américains s'est en revanche abstenue de toute
initiative292.
Tout d'abord, les mouvements de libération nationale peuvent
être les destinataires de l'aide fournie par les organismes et les ins-
titutions du système des Nations Unies. En effet, l'Assemblée
générale demande régulièrement l'assistance des organismes spécia-
lisés, de l'Agence internationale de l'énergie atomique et des insti-
tutions internationales associées à l'ONU en faveur des mouve-
ments de libération nationale. Elle demande aussi généralement
que l'aide soit accordée par l'intermédiaire des organisations régio-
nales. En ce qui concerne l'Afrique, par exemple, les résolutions
indiquent que l'assistance sera fournie avec la coopération et par
l'intermédiaire de l'Organisation de l'unité africaine. Ces disposi-
tions se retrouvent tant dans les résolutions générales sur tous les
mouvements de libération africains293 que dans celles qui traitent
d'un cas particulier294.
La reconnaissance d'un mouvement de libération nationale en
tant que représentant de son peuple (parfois «authentique» ou
«unique») constitue une deuxième étape. Dans cet ordre d'idée,
la résolution 3111 (XXVIII) précise :
«L'Assemblée générale ... reconnaît que le mouvement
de libération nationale de la Namibie, la South West Africa
People's Organization, est le représentant authentique du
peuple namibien.»
Les résolutions 3295 (XXIX) et 3399 (XXX) réaffirment cette
reconnaissance de la SWAPO en tant que représentant authentique
de son peuple.
En ce qui concerne le Zimbabwe, la résolution 3115 (XXVIII)
estime que les représentants des mouvements de libération nationale
sont «les représentants uniques et authentiques des aspirations
réelles du peuple du Zimbabwe », ce que confirme la résolution 3297
(XXIX). En 1975, l'Assemblée générale reconnut l'African National
Council du Zimbabwe comme le «représentant unique et authen-
tique» de ce peuple (résolution 3396 (XXX)).
Pour les colonies portugaises, la procédure suivie est similaire :
d'abord, l'Assemblée générale reconnaît les mouvements de libé-
La personnalité juridique internationale 249

ration comme leurs représentants authentiques, sans les nommer,


ce qu'elle fera plus tard. La résolution 2918 (XXVII)
«affirme que les mouvements de libération nationale de l'An-
gola, de la Guinée (Bissau) et du Cap-Vert et du Mozambique
sont les représentants authentiques des véritables aspirations
des peuples de ces territoires».
La résolution 3113 (XXVIII) réaffirme cette idée ; ensuite, la réso-
lution 3294 (XXIX) confirme que
«le Frente Nacional para a Libertação de Angola, le Movi-
mento Popular de Libertação de Angola, le Partido Africano
da Independência da Guiné e Cabo Verde, le Frente de Liber-
tação de Moçambique et le Movimento de Libertação de São
Tomé et Príncipe ... sont des représentants authentiques des
peuples intéressés ».
L'OLP est régulièrement qualifiée de «représentant du peuple
palestinien» dans les résolutions de l'Assemblée générale295.
L'Assemblée générale ne se borne pas à conférer un caractère de
représentativité aux mouvements de libération nationale, elle dé-
clare aussi que le gouvernement d'un Etat membre n'a pas le droit
de représenter son peuple. La résolution 3151 G (XXVIII) déclare
ainsi
«que le régime sud-africain n'a aucun droit de représenter le
peuple d'Afrique du Sud et que les mouvements de libération
reconnus par l'Organisation de l'unité africaine sont les repré-
sentants authentiques de la majorité écrasante du peuple sud-
africain ».
L'African National Congress of South' Africa et le Pan-Africanist
Congress of Azania ont été reconnus comme «représentants authen-
tiques» par la résolution 31/6 I.
Le fait de conférer un caractère de représentativité à un mouve-
ment de libération ou de la dénier aux gouvernements a eu des
conséquences sur l'admission des représentants de certains Etats
membres à l'Assemblée générale. La résolution 31811 (XXVIII) a
accepté les pouvoirs des représentants portugais uniquement en
tant que délégués du Portugal limité à ses frontières européennes,
mais leur a dénié toute représentativité en ce qui concernait le
Mozambique, l'Angola et la Guinée (Bissau); la résolution 2636 A
250 Julio A. Barberìs

(XXV) de 1970 n'a pas accepté les pouvoirs des représentants de


l'Afrique du Sud, ce qui s'est reproduit depuis à toutes les sessions
de l'Assemblée générale.
La reconnaissance d'un mouvement de libération nationale
comme représentant d'un peuple a toujours lieu s'il a été préala-
blement reconnu par l'organisation régionale concernée, l'Organi-
sation de l'unité africaine ou la Ligue des Etats arabes 296 .
Les représentants des mouvements de libération nationale ont
été invités à plusieurs reprises par des organes subsidiaires des
Nations Unies et, à partir de 1972, par la Quatrième Commission
de l'Assemblée générale, pour y être entendus ou pour participer
de diverses façons à leurs travaux. Mais ce n'est qu'en 1974 qu'ils
ont franchi une troisième étape en obtenant le statut d'observateurs.
En effet, la résolution 3280 (XXIX) décide d'inviter, en qualité
d'observateurs,
«les représentants des mouvements de libération nationale
reconnus par l'Organisation de l'unité africaine à participer
aux travaux pertinents des grandes commissions de l'Assemblée
générale et de ses organes subsidiaires intéressés, ainsi qu'aux
conférences, séminaires et autres réunions organisées sous les
auspices de l'Organisation des Nations Unies qui intéressent
leur pays».
L'année suivante, la résolution 3412 (XXX) confirmait cette dis-
position.
Deux mouvements de libération ont, en outre, un statut particu-
lier au sein du système des Nations Unies : l'OLP et la SWAPO.
En 1974, l'Assemblée générale a invité l'OLP à participer à ses
délibérations en séance plénière sur la question de la Palestine
(résolution 3210 (XXIX)). Ensuite, la résolution 3237 (XXIX)
invitait l'OLP à participer, en qualité d'observateur, aux séances
et aux travaux de l'Assemblée générale ainsi qu'à toutes les confé-
rences internationales organisées sous ses auspices. L'OLP a donc
acquis le statut d'observateur permanent : sa participation n'est
plus liée à la question palestinienne, comme c'était le cas dans la
première résolution. Une résolution analogue a conféré à la SWAPO
le statut d'observateur permanent (résolution 31/152).
L'Assemblée générale a également demandé que l'OLP soit invi-
tée à participer, sur un pied d'égalité avec les autres parties, à
toutes les conférences ou délibérations relatives au Moyen-Orient
La personnalité juridique internationale 251

tenues sous les auspices des Nations Unies (résolution 3375 (XXX)).
L'OLP est aussi observateur permanent auprès de certaines
institutions spécialisées des Nations Unies, telles que l'Unesco, la
FAO, l'OIT et l'OMS297.
Nous avons vu de quelle façon l'Assemblée générale des Nations
Unies a fait des mouvements cie libération nationale une catégorie
particulière, par un processus qui s'étend de la résolution 1514
(XV) à la résolution 3103 (XXVIII). En même temps, sur le plan
institutionnel, ils sont devenus les destinataires d'une certaine aide
et, plus tard, des représentants authentiques de leurs peuples et des
observateurs, parfois à caractère permanent.
Dans notre étude, nous avons cité les résolutions de l'Assemblée
générale sans traiter de leur valeur juridique en droit international.
Nous y venons.
Les résolutions de l'Assemblée générale, selon les dispositions de
la Charte des Nations Unies, n'ont pas un caractère obligatoire.
Dans certains cas d'espèce, une résolution peut être obligatoire
pour les Etats membres 298 mais il n'en va pas ainsi dans le domaine
qui nous occupe. On ne trouve pas non plus de règle coutumière
dans le droit international positif actuel d'après laquelle les résolu-
tions de l'Assemblée générale des Nations Unies seraient obligatoires
pour les Etats membres. La pratique internationale ne permet
évidemment pas de prouver l'existence d'une telle coutume qui
modifierait la Charte. Notre première conclusion préliminaire serait
donc que les résolutions de l'Assemblée générale, en tant que telles,
ne constituent pas des normes juridiques internationales. Nous
soulignons en tant que telles, car, si elles ne sont pas des normes
juridiques du seul fait d'avoir été adoptées comme résolutions par
l'Assemblée générale, elles peuvent acquérir un caractère obligatoire
si elles deviennent des normes coutumières. Nous traiterons cette
question par la suite.
Examinons d'abord la valeur juridique des résolutions de l'As-
semblée générale en tant que telles. La série de résolutions adoptées
par l'Assemblée générale à partir de 1960, qui culmine dans la
résolution 3103 (XXVIII), en 1973, et qui déclare que les combats
des mouvements de libération nationale sont «légitimes», que ces
mouvements peuvent avoir recours à la lutte armée et enfin que la
guerre menée par eux est un conflit armé international, ne constitue
pas un ensemble de normes du droit des gens.
Nous pouvons en dire autant des résolutions de l'Assemblée
252 Julio A. Barberis

générale qui confèrent à des mouvements de libération nationale le


statut de représentants authentiques de leurs peuples ou d'observa-
teurs auprès des Nations Unies. On peut toutefois arguer de certains
effets juridiques de ces résolutions. Ainsi, par exemple, si un fonc-
tionnaire des Nations Unies dénie au représentant de la SWAPO
l'accès à certains documents ou si le président d'un comité ne lui
donne pas la parole en séance, le représentant pourra se prévaloir
de son statut d'observateur auprès du Secrétaire général de l'ONU
ou de l'organe compétent de l'Organisation pour demander que
l'on respecte ses droits. Cette demande est justifiée et on peut af-
firmer, dans ce cas, que la résolution constitue une règle juridique
et que l'observateur a le droit d'accès à certains documents, ainsi
que celui de prendre la parole en comité. Néanmoins, il faut rappe-
ler ici la distinction établie clairement dans le précédent chapitre
entre l'ordre juridique international et l'ordre juridique de l'orga-
nisation internationale. L'observateur de la SWAPO que nous
citions en exemple est un sujet de l'ordre juridique de l'ONU, mais
non un sujet du droit international. Certaines résolutions ayant
trait aux mouvements de libération nationale peuvent en effet
avoir le caractère de normes juridiques dans l'ordre juridique de
l'ONU et prévoir des droits, tels que ceux susmentionnés ou même
d'autres, sur le plan financier, mais il ne s'agit pas de droits dans le
cadre du droit des gens.
Il faudrait aussi savoir si des résolutions relatives aux mouvements
de libération nationale, constamment reprises au cours des diffé-
rentes sessions de l'Assemblée générale, ont donné naissance à des
normes de droit coutumier. De nombreuses études sur le droit des
gens 299 ont examiné cette question de la création d'une coutume
par une répétition constante de traités, de recommandations ou de
résolutions d'organisations internationales.
En général, nous les diplomates et les professeurs universitaires
accordons une importance peut-être excessive à la répétition de
clauses de traités ou de résolutions ; nous sommes enclins à admettre
de façon relativement facile la création d'une norme coutumière.
Nous tenons essentiellement compte des termes des traités ou des
résolutions et nous ne nous occupons pas beaucoup de savoir si ces
traités ou ces résolutions ont réellement été suivis d'effet. Les ar-
bitres et les juges internationaux, en revanche, sont plus circonspects
et accordent une plus grande importance à la réalité de la situation.
Il est vrai que la coutume est créée par une répétition ininter-
La personnalité juridique internationale 253

rompue et constante de certains faits, mais il s'agit d'une répétition


de faits réels et non de déclarations sans effets pratiques. Les normes
coutumières en matière de pêche sont faites surtout par ceux qui
pèchent ou par ceux qui, de fait, interdisent la pêche dans une zone
donnée ou imposent des conditions précises. Les normes coutu-
mières de droit de passage d'une frontière sont créées principalement
par la pratique de ceux qui la franchissent et par les fonctionnaires
qui ne s'y opposent pas ou qui y mettent certaines conditions. De
la même façon, les normes coutumières relatives à la guerre se
créent essentiellement sur le champ de bataille.
Nous ne voulons nullement amoindrir la portée d'une répétition
de traités, de lois ou de résolutions en tant que créatrice de coutume.
A notre avis, cette répétition est importante pour prouver l'existence
de l'élément matériel de la coutume, ainsi que de Yopinio juris,
mais cette importance ne doit pas être surestimée. Nous considérons
que l'importance de la répétition de clauses de traités ou de réso-
lutions en tant qu'élément créateur de coutume dépend pour
beaucoup de sa traduction dans les faits.
En ce qui concerne les résolutions de l'Assemblée générale des
Nations Unies, nous estimons que la répétition ininterrompue de
certaines d'entre elles, relatives aux mouvements de libération
nationale, ne constitue pas en soi un élément suffisant pour prouver
l'existence d'une coutume sur le plan international. Si nous étudions
les travaux préparatoires, les débats dans les commissions et en
séance plénière de l'Assemblée générale, au sujet de l'adoption de
ces résolutions, surtout de celles qui ont trait à la lutte armée, et
leur degré d'application pratiqué par les parties en conflit, à la
lumière des conditions requises par la jurisprudence de la Cour
internationale de Justice pour l'élément matériel et pour Yopinio
juris du processus de création du droit coutumier 300 , nous arrivons
à la conclusion que la seule répétition de ces résolutions ne satisfait
pas aux conditions d'une pratique générale, ininterrompue et cons-
tante acceptée comme étant le droit. A notre avis, les résolutions
de l'Assemblée générale sur les mouvements de libération nationale,
indépendamment du fait qu'elles constituent dans certains cas des
normes juridiques dans l'ordre juridique de l'ONU, ont contribué,
parmi d'autres éléments, à la formation de certaines normes inter-
nationales. Parmi ces autres éléments, citons l'activité de guerre
des mouvements de libération nationale et le travail très important
accompli par le Comité international de la Croix-Rouge. Il faut
254 Julio A. Barberis

rappeler aussi que les résolutions de l'Assemblée générale de PONU


sont l'antécédent immédiat de l'article 1, paragraphe 4, du Proto-
cole I additionnel aux Conventions de Genève.

3. Les mouvements de libération nationale et le droit des gens

La personnalité juridique internationale des mouvements de


libération apparaît dans divers domaines du droit des gens, surtout
en droit humanitaire, dans le droit des traités et dans les relations
diplomatiques.
a) Le droit humanitaire
Avant d'étudier cette question, il convient de rappeler ce que
nous avons dit dans la première partie de ce cours sur un type de
raisonnement qui est erroné, à savoir que, d'après certains auteurs,
il existerait une norme juridique internationale conférant une per-
sonnalité internationale à certaines entités. Ils en déduisent que
ces entités auraient des droits et des obligations déterminés 301 .
Quelques auteurs commettent la même erreur au sujet des mouve-
ments de libération nationale. En effet, ils partent de la prémisse
selon laquelle les conflits armés auxquels participe un mouvement
de libération nationale ont un caractère international et arrivent à
la conclusion que le droit international général leur est applicable.
A vrai dire, le raisonnement juste est exactement l'inverse : on
applique le droit international aux conflits armés auxquels participe
un mouvement de libération nationale, ergo ce conflit armé a un
caractère international.
Cela posé, rappelons que ce que l'on appelle le droit de La Haye
a acquis aujourd'hui un caractère coutumier 302 , tandis que le droit
de Genève n'est toujours que conventionnel. Une pratique, que
nous pouvons qualifier de générale, a étendu l'application du droit
de La Haye aux luttes des mouvements de libération nationale, en
particulier la Convention IV sur les lois et coutumes de la guerre
terrestre. Le fait que les mouvements de libération soient les desti-
nataires de certaines normes du droit de La Haye implique par lui-
même quexes mouvements sont des sujets du droit des gens.
L'application des Conventions de Genève de 1949 et du Protocole
additionnel I aux mouvements de libération nationale comporte
des aspects particulièrement intéressants tant pour la théorie que
pour la pratique.
La personnalité juridique internationale 255

On a estimé parfois que les Conventions de Genève sont des


traités ouverts à la signature ou à l'adhésion des Etats uniquement,
et non d'autres sujets internationaux 303 . Dans l'article de chaque
convention concernant l'adhésion, on fait allusion aux « Puissances »
(art. 60/59/139/155); de là l'interprétation exposée ci-dessus.
Néanmoins, ces termes n'ont pas empêché l'Eglise catholique
d'adhérer aux conventions en 1951. L'adhésion du Gouvernement
provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1960 constitue
un autre cas intéressant. Ce gouvernement n'ayant pas de relations
diplomatiques avec la Suisse, pays dépositaire des conventions, la
Libye a déposé l'instrument d'adhésion algérien à Berne, le 20 juin
I960 304 . La France s'est toutefois opposée à l'adhésion du GPRA.
Le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du
Vietnam adhéra aux conventions en 1973. A l'exception de ces
deux cas, il n'y a eu, à notre connaissance, aucune autre adhésion
aux Conventions de Genève de la part de communautés belligérantes
ou de mouvements de libération nationale avant 1977.
En pratique, on a appliqué les Conventions de Genève à certaines
guerres de libération au moyen de l'article 2, paragraphe 3, qui
leur est commun et qui dit :
«Si l'une des Puissances en conflit n'est pas partie à la
présente convention, les Puissances parties à celle-ci resteront
néanmoins liées par elle dans leurs rapports réciproques. Elles
seront liées en outre par la convention envers ladite Puissance,
si celle-ci en accepte et en applique les dispositions. »
Le paragraphe 3 in fine permet donc à une partie au conflit qui
n'est pas partie contractante aux conventions de 1949 d'accepter
et d'appliquer les dispositions des conventions, qui deviennent ainsi
obligatoires pour toutes les parties belligérantes. Les Conventions
de Genève ont parfois été appliquées à des conflits armés entre un
Etat partie et un mouvement de libération lorsque ce dernier a
déclaré qu'il avait l'intention de respecter leurs dispositions305. Les
Conventions de Genève ainsi appliquées, les parties en conflit de-
viennent titulaires de droits et d'obligations sur le plan international.
Les Conventions de Genève ont été complétées au moyen de
deux protocoles additionnels en 1977. Ils avaient été élaborés par
la conférence diplomatique dont les travaux ont débuté en 1974.
Le Protocole I, en vigueur depuis le 7 décembre 1978, élargit le
champ d'application des conventions de 1949. En ce qui concerne
256 Julio A. Barberis

les mouvements de libération nationale, l'article 1, paragraphe 4,


du Protocole I indique que ses dispositions, ainsi que celles des
quatre conventions de 1949, s'appliquent
«aux conflits armés dans lesquels les peuples luttent contre
la domination coloniale et l'occupation étrangère et contre
les régimes racistes dans l'exercice du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes, consacré dans la Charte des Nations
Unies et dans la Déclaration relative aux principes du droit
international touchant les relations amicales et la coopéra-
tion entre les Etats conformément à la Charte des Nations
Unies» 306 .
L'article 96, paragraphe 3, du Protocole I prévoit à son tour
l'acceptation des Conventions de Genève et du Protocole I par les
mouvements de libération nationale : elle peut se faire au moyen
d'une déclaration du représentant du mouvement de libération
adressée au pays dépositaire.
Il faut souligner l'existence de cette disposition, car elle est très
importante : elle permet à un mouvement de libération nationale
d'accepter tant le Protocole I que les quatre conventions de 1949.
Au jour où j'écris ces lignes (juin 1983) aucun mouvement de libé-
ration n'a toutefois fait usage de cet article. Cette abstention des
mouvements de libération nationale est due au fait qu'ils savent
d'avance que les Etats contre lesquels ils luttent pour leur autodé-
termination ne ratifieront pas le Protocole I et éviteront ainsi qu'il
n'entre en vigueur entre les parties en conflit.
Malgré cette abstention, un problème théorique se pose : celui
de savoir si les mouvements de libération nationale peuvent être
considérés comme des sujets de droit du seul fait qu'ils ont été
désignés dans un traité comme ayant des droits et des obligations
bien que dans la pratique le traité ne soit en vigueur pour aucun
mouvement de libération. Il s'agit du cas particulier d'une norme
juridique prévoyant une hypothèse qui ne se traduit nulle part dans
les faits à un moment donné : c'est une classe momentanément vide.
Par exemple, un pays pourrait promulguer une loi qui établisse un
impôt spécial pour les contribuables ayant un revenu mensuel su-
périeur à un million de dollars, ceci n'étant en pratique le cas
d'aucun citoyen. Dans ce cas, peut-on parler de sujet de droit? La
réponse est simple si nous suivons les idées exposées dans la pre-
mière partie de ce cours.
La personnalité juridique internationale 25 7

Nous avons déjà signalé que l'article 96, paragraphe 3, du Proto-


cole I offre aux mouvements de libération une voie possible pour
accepter les conventions de 1949 et le Protocole I. Il s'agit d'une
voie spécifique destinée aux mouvements de libération nationale,
qui n'a pas été utilisée par eux pour les raisons déjà exposées. En
revanche, depuis 1977, les mouvements de libération nationale ont
choisi une autre démarche : celle qui consiste à faire une déclaration
unilatérale, adressée parfois au Comité international de la Croix-
Rouge, par laquelle ils s'engagent à respecter les dispositions des
Conventions de Genève et du Protocole I. Nous pouvons mentionner
ainsi les déclarations faites le 16 juin 1977 par PAfrican National
Council-Zimbabwe African People's Union (ANC-ZAPU), le 8 sep-
tembre 1977 par l'African National Council et le 23 septembre
1977 par l'United African National Council (UANC)307. Le 25 juil-
let 1980 le secrétaire à l'information de l'Union nationale pour
l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) a adressé un message
au Comité international de la Croix-Rouge par lequel il
«renouvelle son attachement aux Conventions de Genève et
souscrit aux règles fondamentales du droit international
humanitaire applicables dans les conflits armés...»308
Le 25 août 1980 la SWAPO a remis officiellement au Comité inter-
national de la Croix-Rouge une déclaration d'intention par laquelle
elle
«s'engage à respecter les principes du droit international
humanitaire applicables en cas de conflits armés, contenus
dans les Conventions de Genève de 1949 et leur Protocole I
additionnel » 309.
L'African National Congress et l'OLP ont adressé des déclarations
similaires au Comité international dela Croix-Rouge respectivement
le 28 novembre 1980310et le 7 juin 1982311.
Il y a lieu maintenant d'analyser cette attitude des mouvements
de libération nationale à l'égard des Conventions de Genève et du
Protocole I. D'abord, il faut constater que ces déclarations des
mouvements de libération nationale ont été suivies d'effets dans la
pratique et que, par la suite, les Conventions de Genève ont été
appliquées ; au moins, elles l'ont été dans la mesure où les circons-
tances le permettaient. Cette constatation peut être faite surtout
en se fondant sur l'attitude des parties belligérantes vis-à-vis de
258 Julio A. Barberis

l'activité de la Croix-Rouge, principalement de son Comité inter-


national. Si les travaux du Comité ne sont pas l'objet d'une grande
publicité dans la presse et si les agences de presse internationales ne
s'occupent pas souvent de ses activités, il y a des faits qui confirment
nos assertions, par exemple les échanges de prisonniers qui ont lieu
entre les parties belligérantes dans les guerres de libération nationale.
Ces faits n'auraient pu se produire et ne pourraient s'expliquer si
certaines règles du droit de Genève n'étaient pas en vigueur.
Nous estimons donc que ces déclarations des mouvements de
libération nationale constituent un instrument efficace pour l'ap-
plication des conventions de 1949 et du Protocole I de 1977,
selon le cas, aux guerres de libération nationale dans lesquelles ils
sont engagés. Les déclarations ont trait aux Conventions de Genève
et au Protocole I, mais, en principe, leurs effets se bornent aux
instruments ratifiés par l'Etat contre lequel lutte le mouvement de
libération nationale.
Cette pratique de l'acceptation unilatérale des Conventions de
Genève par les mouvements de libération nationale est expressé-
ment prévue dans l'article 7, paragraphe 4, alinéa b), de la Conven-
tion du 10 avril 1981 sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi
de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme
produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant
sans discrimination. Cette disposition reconnaît que l'acceptation
unilatérale des Conventions de Genève par un mouvement de
libération nationale, au moyen d'une déclaration, constitue un
moyen efficace pour que ces conventions soient appliquées au
conflit mené contre un Etat partie à ces dernières.
L'acceptation du Protocole I de la part des mouvements de libé-
ration, quand les Etats contre lesquels ils combattent ne l'ont pas
ratifié, a les effets d'un acte juridique unilatéral. Or, si un mouve-
ment de libération se conforme aux règles du Protocole I, selon sa
déclaration unilatérale et si l'Etat accepte de faire de même, le
Protocole I devient obligatoire pour les deux parties au conflit
(article 7, paragraphe 4 in fine, de la convention du 10 avril 1981).
Selon la convention du 10 avril 1981 3 n , les mouvements de
libération nationale ont aussi des droits et des obligations sur le
plan international. L'article 1 de la convention détermine son
champ d'application et indique qu'elle s'applique aux situations
prévues dans l'article 2 commun aux Conventions de Genève «y
compris toute situation décrite au paragraphe 4 de l'article premier
La personnalité juridique internationale 259

du Protocole additionnel I aux conventions». Ce qui veut dire que


cette convention attribue aux termes «conflit armé international»
la même portée que le Protocole I de 1977. Par conséquent,
« les conflits armés dans lesquels les peuples luttent contre la
domination coloniale et l'occupation étrangère et contre les
régimes racistes dans l'exercice du droit des peuples à disposer
d'eux-mêmes»
sont compris dans cette définition.
L'article 7, paragraphe 4, prévoit la manière dont peut être ap-
pliquée la convention de 1981 à une guerre de libération nationale
menée contre un Etat partie à cette convention. L'article énonce
deux hypothèses, selon que le Protocole I de 1977 est ou non en
vigueur pour les parties belligérantes. Si l'Etat et le mouvement de
libération nationale en conflit se conforment au Protocole I, il
suffit que le mouvement de libération en question «s'engage à
appliquer ... la présente convention et les protocoles y annexés
pertinents». Si, par contre, l'Etat seul a ratifié les conventions de
1949 et si le mouvement de libération les accepte et les applique à
son tour, il suffit que ce dernier «accepte et applique ... les obliga-
tions ... de la présente convention et des protocoles y annexés per-
tinents». Au jour où j'écris ces lignes, selon les informations four-
nies par le secrétariat général des Nations Unies, aucun mouvement
de libération nationale n'a fait la déclaration prévue dans l'article 7,
paragraphe 4.

b) Le droit des traités


La personnalité internationale des mouvements de libération
nationale se traduit aussi dans la pratique conventionnelle dans des
domaines très différents. Les mouvements de libération ont conclu
entre eux des accords et ont fait de même avec les Etats.
Les traités conclus avec les Etats se rapportent essentiellement à
la fin de la guerre de libération et à l'obtention de l'indépendance,
aux questions limitrophes et à la présence des forces armées de
libération sur le territoire de certains pays.
Parmi les traités portant sur la fin de la guerre de libération et
l'indépendance d'un nouvel Etat, il faut citer les accords d'Evian,
ceux qui mirent fin à la domination portugaise en Afrique et les
conventions de Lancaster House.
Les accords d'Evian furent conclus après les négociations entre la
260 Julio A. Barbeas

France et le Front de libération nationale algérien en mars 1962 313 .


Les deux parties sont convenues de mettre fin aux opérations mili-
taires ainsi qu'à toute action armée en Algérie le 19 mars 1962. Il
fut également convenu de soumettre à une consultation populaire
par suffrage direct et universel dans toute l'Algérie le destin poli-
tique du pays. On établit l'organisation d'un gouvernement provi-
soire jusqu'à ce que la consultation populaire ait lieu et l'on convint
que, si l'indépendance était acceptée par les votants, l'Algérie
deviendrait un Etat souverain. En ce sens, la Déclaration générale
d'Evian stipule ce qui suit :
«L'Etat algérien exercera sa souveraineté pleine et entière
à l'intérieur et à l'extérieur.
Cette souveraineté s'exercera dans tous les domaines, no-
tamment la défense nationale et les affaires étrangères.
L'Etat algérien se donnera librement ses propres institutions
et choisira le régime politique et social qu'il jugera le plus
conforme à ses intérêts. Sur le plan international, il définira
et appliquera en toute souveraineté la politique de son choix. »
Outre la Déclaration générale, d'autres déclarations furent signées,
portant sur des questions militaires, la solution de différends, la
coopération économique, financière, culturelle et technique ainsi
que pour la mise en valeur des richesses du sous-sol du Sahara.
Le Portugal mit fin à sa domination en Afrique en concluant
des traités avec les mouvements de libération nationale de ses colo-
nies. Le 26 août 1974, le Portugal signa à Alger un traité avec le
Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-
Vert (PAIGC). Il y eut un cessez-le-feu, la reconnaissance de l'indé-
pendance de la Guinée-Bissau et l'on établit les bases de la coopé-
ration entre le Portugal et le nouvel Etat souverain314. Par cette
convention, le Portugal reconnut également le droit du Cap-Vert à
devenir un Etat indépendant. Quelques jours plus tard, le 7 sep-
tembre 1974, le Portugal signa à Lusaka un autre accord avec le
FRELIMO, qui mettait fin à la guerre de libération en Mozam-
bique 315 . On convint d'un cessez-le-feu, un gouvernement provi-
soire fut formé pour la période de transition et la proclamation
solennelle de l'indépendance fut prévue pour le 25 juin 1975. Un
traité analogue fut signé entre le Portugal et le Mouvement de libé-
ration nationale de São Tomé-et-Principe le 26 novembre 1974 316 .
Par cette convention le Portugal reconnut le mouvement de libé-
La personnalité juridique internationale 261

ration de São Tomé-et-Principe comme unique interlocuteur et


comme représentant légitime du peuple de São Tomé-et-Principe.
Enfin, le 15 janvier 1975, le Portugal signa un traité à Alvor avec
les trois mouvements de libération de l'Angola : le FNLA, le MPLA
et l'UNITA317. Dans cet accord le Portugal reconnaît ces trois
mouvements comme les «uniques et légitimes représentants du
peuple angolais». Son contenu ressemble à celui des accords signés
antérieurement : il fixe la date de la déclaration de l'indépendance,
un gouvernement est formé pour la période de transition et on
établit les bases de la coopération entre le Portugal et le nouvel
Etat souverain.
Les traités de Lancaster House furent conclus en décembre 1979
entre le Royaume-Uni, l'évêque Muzorewa, pour l'African National
Council (ANC), et le Front patriotique composé de la Zimbabwe
African National Union (ZANU) et de la Zimbabwe African Na-
tional People's Union (ZAPU). Ces traités comprennent un cessez-
le-feu, un accord sur la période transitoire prévue avant l'indépen-
dance et un autre accord sur les bases de la Constitution du nouvel
Etat du Zimbabwe 318 .
Pour ce qui a trait aux conventions sur les limites, on peut citer
surtout celle qui fut conclue entre le Gouvernement provisoire de
la République algérienne (GPRA) et le Maroc le 6 juillet 1961 319 .
Le Maroc avait proclamé son appui sans réserves au GPRA lors de
ses négociations avec la France sur la base du respect de l'intégrité
territoriale de l'Algérie et son opposition à toute tentative de divi-
sion ou d'amputation de ce territoire. Quant au problème territorial
entre l'Algérie et le Maroc, le traité stipule qu'il «trouvera sa réso-
lution dans des négociations entre le Gouvernement du Royaume
du Maroc et le Gouvernement de l'Algérie indépendante». On peut
également mentionner le traité du 10 août 1979 entre la Mauritanie
et le Frente Popular para la liberación de Saguia el-Hamra y de Rio
de Oro (Polisario), par lequel la Mauritanie renonce à ses revendi-
cations territoriales sur le Sahara occidental 320 . Le Front polisario,
de son côté, déclare qu'il ne revendiquera aucun territoire se trou-
vant à l'intérieur des limites de la Mauritanie. La résolution 34/37
de l'Assemblée générale de l'ONU a considéré que ce traité consti-
tue «une importante contribution à la dynamique de paix en vue
d'un règlement définitif, juste et durable de la question du Sahara
occidental».
En ce qui concerne les traités sur l'établissement des forces armées
262 Julio A. Barberis

sur le territoire de certains pays, il convient d'analyser les accords


conclus par l'OLP avec le Liban et la Jordanie 321 . En général, ces
traités reconnaissent une certaine autonomie au mouvement de
libération nationale de la Palestine sur le territoire de l'Etat et lui
accordent certains des droits qui normalement appartiennent à un
Etat souverain.
Le 3 novembre 1969 M. Arafat conclut au Caire un accord avec
le Liban322. Cet accord comprend deux chapitres: le premier porte
sur la présence palestinienne dans ce pays et le second concerne
l'action de la résistance palestinienne. En vertu de ce traité, les
palestiniens ont le droit de résider au Liban, de se déplacer libre-
ment sur ce territoire et de participer à la lutte armée. Dans les
camps de réfugiés palestiniens sont créés des organismes chargés de
réglementer la détention d'armes et de coopérer avec les autorités
locales. En ce qui concerne l'action armée, le traité indique les
points de la frontière où peut s'effectuer le passage des fedayin et
stipule que le commandement de la lutte armée de l'OLP s'occupera
de la discipline des membres de l'organisation et de la non-ingérence
desdits membres dans les affaires intérieures du Liban. De même, il
est prévu de désigner un représentant des forces armées palesti-
niennes auprès de Pétat-major libanais pour résoudre les problèmes
urgents qui se présentent. Ultérieurement, en janvier et en février
1970, deux accords complémentaires au traité du 3 novembre 1969
furent signés concernant le maintien de l'ordre dans les camps de
réfugiés palestiniens, les lieux d'entraînement des fedayin et les
théâtres d'opération contre Israël323.
L'organisation palestinienne a conclu aussi une série d'accords
avec la Jordanie. Certains d'entre eux, tels ceux des 8 et 15 sep-
tembre 1970 324 , concernent surtout la manière de parvenir à mettre
fin aux hostilités. D'autres élaborent un régime pour les forces
palestiniennes en Jordanie qui, indubitablement, leur confère un
statut international. En ce sens, il faut mentionner les accords
d'Amman des 10 juillet et 13 octobre 1970 et celui du Caire du
27 septembre 1970.
Dans la convention du 10 juillet 32S , la Jordanie garantit l'action
palestinienne et son droit à la mobilisation «dans les limites de la
souveraineté de l'Etat». Cependant, en dépit de cette stipulation,
deux annexes au traité imposent certaines obligations à l'Etat jor-
danien. Celui-ci s'engage à appuyer la lutte armée dans le combat
pour la libération de la Palestine et s'engage à ce qu'aucun organisme
La personnalité juridique internationale 263

de l'Etat n'agisse à rencontre des intérêts de la révolution. Pour sa


part, l'OLP s'engage dans une des annexes à ce qu'on n'établisse
pas de bases de fedayin dans les villes et à ce que ses membres ne
fassent pas usage des armes lors de manœuvres ou d'entraînements
à l'intérieur desdites villes.
La Convention du Caire du 27 septembre 1970326 entre le roi
Hussein et M. Yasser Arafat prévoit surtout un arrêt des activités
militaires. Il est donc intéressant de remarquer que, bien que les
révolutionnaires palestiniens se soient trouvés en territoire jorda-
nien, on convint d'un retrait réciproque des troupes, les Jordaniens
«vers leurs bases habituelles» et les fedayin « en vue de leur concen-
tration dans les régions propres à l'action des commandos». On
s'accorde aussi sur une libération de prisonniers des deux adver-
saires. L'article 8 du traité crée un comité supérieur, grâce auquel
se conclurent des accords destinés à assurer la «pérennité de
l'action des fedayin» et «le respect de la souveraineté du pays
dans les limites de la loi, à l'exception des nécessités de l'action
des fedayin».
L'Accord d'Amman du 13 octobre 1970327, qui se compose de
six chapitres, montre clairement la situation internationale dont
bénéficie l'OLP. Par cet accord, la Jordanie s'engage à prendre
toutes les mesures nécessaires pour créer la solidarité entre les forces
armées jordaniennes et la révolution palestinienne. La Jordanie
reconnaît aux Palestiniens le droit d'organiser la lutte et la liberté
d'action et de mouvement dans les domaines politique, militaire, so-
cial et financier. De même, la Jordanie s'engage à n'avoir aucune acti-
vité susceptible de léser les intérêts de la révolution palestinienne.
Le chapitre II concerne les organes des forces palestiniennes.
Amman devient le siège du Comité central de la résistance, lequel
a la possibilité d'ouvrir des bureaux dans d'autres endroits du pays.
L'OLP assure la protection de ces bureaux et de ses dirigeants. Le
Comité est responsable envers le Gouvernement jordanien des activi-
tés palestiniennes et sert d'organisme d'union entre ce gouvernement
et les forces palestiniennes. Un autre chapitre de l'accord, dont
certaines clauses sont demeurées secrètes, traite de l'établissement
des bases de fedayin et de la liberté de mouvement de ceux-ci. L'OLP
se charge de réprimer les infractions commises par ses membres, à
l'exception des délits de droit commun. Le chapitre IV précise que
les fedayin bénéficient des mêmes droits que les membres des forces
armées jordaniennes, à la seule exception de ne pouvoir être en
264 Julio A. Barberis

armes dans les villes. Les deux chapitres restants portent sur la
mise en place d'un comité chargé de veiller à l'application de ce
traité et de celui du Caire.
Les mouvements de libération nationale concluent aussi des
accords entre eux destinés à coordonner l'action dans la lutte armée
ou dans les négociations à venir avec l'Etat qu'ils combattent. A
titre d'exemple, on peut citer l'accord de Mombasa, signé le 4 jan-
vier 1975 entre le FNLA et le MPLA, deux mouvements de libéra-
tion nationale angolais328. En vertu de cette convention, les deux
mouvements de libération mirent un terme à leurs hostilités, déci-
dèrent de coopérer au sein d'organismes communs pour le bien de
la population angolaise et chacune des parties s'engagea à ne pas
intervenir dans les affaires intérieures de l'autre mouvement de
libération nationale.
c) Les relations diplomatiques
Les mouvements de libération nationale entretiennent des rela-
tions officielles avec les Etats et plusieurs d'entre eux participent
en tant que membres aux activités de certaines organisations inter-
nationales.
Les relations avec les Etats se concrétisent surtout par des visites
officielles que des dirigeants des mouvements de libération font
dans d'autres pays, en particulier ceux qui leur apportent une
aide économique ou qui soutiennent politiquement leur cause. En
ce sens, il faut se souvenir des nombreux voyages effectués par
M. Yasser Arafat tant dans des pays de l'Orient que dans des pays
de l'Occident.
En second lieu, les relations officielles des mouvements de libé-
ration nationale avec les Etats se traduisent par l'établissement de
missions permanentes ou de bureaux dans les différents pays. Dans
le domaine de la représentation extérieure, il existe d'importantes
différences entre les mouvements : certains d'entre eux, telles l'OLP
et la SWAPO, ont un service extérieur très développé alors que
d'autres ne disposent que de quelques bureaux dans les pays qui
leur apportent un appui très net 329 .
L'OLP a signé des accords pour établir des représentations ou
des bureaux dans divers Etats. Les représentants de l'OLP appar-
tiennent à différentes catégories selon la nature des relations avec
l'Etat hôte. L'OLP a des ambassades dans certains pays comme par
exemple la République démocratique allemande ou le Sénégal. Ces
La personnalité juridique internationale 265

ambassades sont analogues à celles de tout autre Etat. Son ambas-


sadeur est l'égal des autres ambassadeurs accrédités en ce lieu et la
préséance est déterminée uniquement par la date de présentation
des lettres de créance. La représentation de l'OLP à Athènes est
une «mission diplomatique». Il ne s'agit pas d'une ambassade,
mais d'une «mission» et son statut est analogue à celui de la mis-
sion diplomatique d'Israël auprès du Gouvernement grec. Une
troisième catégorie de représentation de l'OLP est constituée par
ses bureaux de liaison et d'information établis dans certains pays
tels que la Belgique. Enfin, dans d'autres Etats, comme la Répu-
blique fédérale d'Allemagne, l'OLP ne possède aucun type de
représentation propre, mais un fonctionnaire de la délégation de la
Ligue des Etats arabes accrédité dans ce pays s'occupe de l'organi-
sation palestinienne. En sa qualité d'observateur permanent, l'OLP
a des bureaux auprès des Nations Unies (New York, Vienne, Genève)
et auprès de l'Unesco et de la FAO.
La SWAPO a aussi diverses représentations extérieures, parmi
lesquelles on peut citer celles de La Havane, New Delhi, Dakar,
Berlin, New York (ONU) et Addis-Abeba (OUA).
La Conférence des Nations Unies sur la représentation des Etats
dans leurs relations avec les organisations internationales a approuvé
une résolution invitant l'Assemblée générale à examiner la question
de la représentation des mouvements de libération nationale auprès
de ces organisations330.
En ce qui concerne la participation des mouvements de libéra-
tion nationale en tant que membres des organisations internatio-
nales, il convient de mentionner essentiellement la situation de
l'OLP dans la Ligue des Etats arabes. En vertu d'une disposition
annexe de la Charte de la Ligue des Etats arabes (22 mars 1945),
les Etats contractants font référence à la situation particulière de
la Palestine et décident que, jusqu'à ce qu'elle puisse exercer effec-
tivement les droits inhérents à son indépendance, il appartiendra
au Conseil de la Ligue de désigner un représentant arabe pour ce
pays afin qu'il participe à ses travaux 331 . En mars 1969, la Ligue a
accepté que M. Arafat, président du Comité exécutif de l'OLP,
représente la Palestine par sa résolution 2485/51 332 . Finalement,
l'OLP fut admise comme vingt et unième membre de la Ligue des
Etats arabes sur décision du conseil ordinaire des ministres des
Relations extérieures réuni au Caire le 6 septembre 1976 3 .
Dans le cadre des Nations Unies, il convient de signaler que l'OLP
266 Julio A. Barberis

est membre à part entière de la Commission économique pour les


pays de l'Asie occidentale. Ainsi en a décidé l'ECOSOC en juillet
1977 par la résolution 2089 (LXIII) 334 .
Il est intéressant de mentionner un autre antécédent : le 26 no-
vembre 1973, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et
du Cap-Vert (PAIGC) fut admis comme membre de la FAO.
L'analyse à laquelle nous nous sommes livrés dans ce paragraphe
nous permet de conclure que les mouvements de libération natio-
nale sont sujets du droit des gens, car ils sont titulaires de droits et
d'obligations sur le plan international. Nous avons pu constater
cette personnalité internationale dans les domaines du droit huma-
nitaire, du droit des traités et des relations internationales. Il
convient de signaler aussi que la personnalité juridique internatio-
nale de ces mouvements n'est fondée ni sur les résolutions des
Nations Unies ni sur d'autres dispositions de l'ordre juridique de
cette organisation, mais sur des normes faisant partie du droit des
gens.

4. Caractéristiques des mouvements de libération nationale

Une fois que nous sommes parvenus à la conclusion que les


mouvements de libération nationale sont des sujets du droit des
gens, nous devons essayer de voir s'ils appartiennent aune catégorie
déjà connue dans l'ordre juridique international ou s'ils constituent
une nouvelle institution.
Les mouvements de libération nationale ont un ordre juridique
propre, comme toutes les autres entités ayant personnalité interna-
tionale. Ainsi, l'OLP a sa charte nationale et une structure admi-
nistrative importante; la SWAPO et les autres mouvements de
libération africains ont aussi une constitution et une organisation
juridique qui précise la compétence de ses organes.
Les mouvements de libération nationale ont d'autres caractéris-
tiques communes avec les autres sujets du droit international nés
d'une situation de belligérance, comme la communauté belligérante,
les insurgés, les sujets de droit humanitaire (article 3 des Conven-
tions de Genève) et les sujets tenus à la protection de certains biens
culturels en temps de guerre (article 19 de la Convention de La
Haye du 14 mai 1954). La principale caractéristique commune est
qu'ils naissent tous d'une situation de belligérance et disparaissent
avec elle. Parfois cela dure peu, mais dans d'autres cas la lutte peut
La personnalité juridique internationale 267

durer des années. Dans le cas des mouvements de libération natio-


nale, leur existence se termine avec la guerre de libération et l'indé-
pendance du nouvel Etat.
Mais les mouvements de libération nationale ont aussi des carac-
téristiques propres qui les différencient des autres sujets nés d'une
situation de belligérance.
En premier lieu, l'existence d'un mouvement de libération
nationale n'est pas soumise à sa reconnaissance préalable par un
sujet international. La communauté belligérante et les insurgés, au
contraire, ont besoin d'une reconnaissance qui a un caractère cons-
titutif. Sans reconnaissance, il n'y a ni communauté belligérante,
ni insurgés. Dans le paragraphe 2 de ce chapitre, nous avons men-
tionné que l'Organisation des Nations Unies, afin d'octroyer un
certain statut aux mouvements de libération nationale, exige leur
reconnaissance préalable de la part des organisations régionales.
Cette exigence de reconnaissance est une question qui dépend de
l'ordre juridique de l'Organisation mondiale, mais il ne s'agit pas
d'une condition exigée par l'ordre juridique international. Néan-
moins, en août 1981, une déclaration franco-mexicaine fut inter-
prétée comme une «reconnaissance» du Frente Farabundo Martí
para la liberación nacional et du Frente Democrático Revolucionario
de El Salvador. Nous avons déjà dit que, dans le cas du Salvador, il
ne s'agit pas d'une guerre de libération nationale, mais d'un mou-
vement révolutionnaire qui veut renverser le gouvernement de son
pays, phénomène malheureusement commun en Amérique latine.
En outre, la déclaration franco-mexicaine ne reconnaît pas ces
groupes révolutionnaires comme des mouvements de libération
nationale, mais se limite à affirmer qu'il est légitime que ces deux
fronts révolutionnaires participent « à l'instauration des mécanismes
de rapprochement et de négociation nécessaires à la solution poli-
tique de la crise». Il s'agit donc d'une déclaration politique ne pro-
duisant pas d'effets dans le domaine de la personnalité juridique
internationale.
En second lieu, une autre caractéristique particulière des mouve-
ments de libération nationale est qu'il n'est pas nécessaire qu'ils
exercent une juridiction sur un territoire déterminé. Les mouve-
ments de libération nationale constituent une catégorie de sujets
fonctionnels et ce n'est pas une exigence essentielle qu'ils exercent
le contrôle exclusif sur un espace territorial. L'exemple le plus
éloquent, dans ce domaine, est l'OLP, dont la personnalité juridique
268 Julio A. Barberis

est bien définie bien qu'elle n'exerce de juridiction exclusive sur


aucun territoire.
Enfin, la personnalité juridique des mouvements de libération
nationale est plus large que celle de la communauté belligérante ou
que celle des insurgés. Comme nous l'avons exposé plus haut, les
mouvements de libération nationale exercent des activités dans
d'autres domaines que celui du droit de la guerre, comme par
exemple les relations diplomatiques et le droit des traités.
Ces considérations nous amènent à conclure que les mouvements
de libération nationale constituent une nouvelle catégorie de sujets
du droit des gens, qui se différencie clairement des Etats, de la
communauté belligérante, des insurgés et des organisations interna-
tionales.
269

NOTES

1. Pour l'analyse de cette question, voir Barberis, Fuentes del derecho


internacional. La Plata, 1973, pp. 37 ss. et 40 ss.
2. Cf. Kelsen, General Theory of Law and State, Cambridge (Mass.), 1946,
pp. 42 ss.; «Théorie du droit international public», Recueil des cours, tome84,
1953-111, pp. 62 ss. ; Reine Rechtslehre, 2 e éd., Vienne, 1960, pp. 9 ss.
3. Kelsen, «Théorie du droit international public», Recueil des cours,
tome 84, 1953-III, p. 66.
4. «Wenn man sagt, die Rechtsordnung verleihe einem Menschen Rechts-
persönlichkeit, bedeutet das nur, dass die Rechtsordnung das Verhalten eines
Menschen zum Inhalt von Pflichten und Rechten macht» ( Kelsen, Reine
Rechtslehre, pp. 193-194).
Il faut indiquer que le concept «droits» est utilisé au sens de «droits sub-
jectifs» (Cf. Kelsen, Reine Rechtslehre, p. 177). Pour le concept de «droit
subjectif», voir Kelsen, Reine Rechtslehre, pp. 130 ss.
5. Cf. Kelsen, General Theory of Law and State, p. 95 ;Reine Rechtslehre,
p. 178.
6. Kelsen, General Theory of Law and State, pp. 96 ss.; «Théorie du droit
international public», Recueil des cours, tome 84, 1953-III, pp. 67 ss.;Reine
Rechtslehre, pp. 178 ss.
7. «... diese Personifikation und ihr Ergebnis, der Hilfsbegriff der juris-
tischen Person, ist ein Produkt der das Recht beschreibenden Wissenschaft,
nicht des Rechts» (ReineRechtslehre, p. 194).
8. Kelsen, Principles of International Law, New York, 1952, pp. 96 ss.;
«Théorie du droit international public», Recueil des cours, tome 84, 1953-
III, pp. 66 ss. et 85 ss.;Reine Rechtslehre, pp. 325 et 326.
9. Eustathiades, «Les sujets du droit international et la responsabilité
internationale. Nouvelles tendances, Recueil des cours, tome 84, 1953-III,
pp. 397 ss.
10. Eustathiades, op. cit., Recueil des cours, tome 84, 1953-III, pp. 414-
415.
11. Kelsen, Reine Rechtslehre, p. 140. En ce qui concerne le droit subjectif
en droit international, voir Reine Rechtslehre, p. 325.
12. Eustathiades, op. cit., Recueil des cours, tome 84, 1953-III, pp. 416
et 424.
13. Wengler, «Der Begriff des Völkerrechtssubjektes in Lichte der poli-
tischen Gegenwart »,FW, t. 51, 1951-1953, pp. 113 ss.
14. «... das menschliche Objekt der sogenannten Unrechtsfolge und der
Urheber des Unrechtstatbestandes können verschieden sein, ohne dass dem
normativ Wesentlichen etwas gestört wird» (Wengler, op. cit., FW, t. 51,
1951-1953,p. 114).
15. Wengler, op. cit., FW, t. 51, 1951-1953, p. 122.
16. Ibid., pp. 123 et 124.
17. Ibid., p. 125.
18. Ibid., pp. 128, 141 et 142.
19. Ibid., p. 114.
20. Ibid., p. 117.
21. Cf. Anzilotti, Corso di diritto internazionale, 3 e éd., Rome, 1928,
t. I, p. 112; Guggenheim, Traité de droit international public, Genève, 1953,
t. I, p. 171 ; Verdross-Simma, Universelles Völkerrecht, Berlin, 1976, p. 200.
22. La résolution de l'Assemblée parlementaire européenne du 19 novembre
270 Julio A. Barberis

1960 {Journal officiel des Communautés européennes, 1960, p. 1496/60)


offre un exemple de raisonnement erroné. Cette résolution part de la prémisse
que les Communautés européennes possèdent personnalité juridique interna-
tionale pour parvenir à la conclusion qu'elles jouissent du droit de légation
actif et passif.
23. Voir en ce sens Balladore Pallien, Diritto internazionale pubblico,
8e éd., Milan, 1962, pp.e 105 ss.; Diez de Velasco, Instituciones de derecho
internacional público, 5 éd., Madrid, 1980, t. I, pp. 179 et 180.
24. Acta Apostolicae Sedis, vol. 45, p. 627; vol. 46, p. 434, et vol. 56,
p. 627.
25. CU Recueil 1949, p. 178. La Cour a invoqué ce précédent dans son
avis consultatif sur le Sahara occidental {CIJRecueil 1975, p. 63).
26. Voir en ce sens Mosler, « Die Erweiterung des Kreises der Völkerrechts-
subjekte », ZaöR V, 1962, pp. 1 ss. ; Truyol y Serra, La sociedad internacional,
2e éd., Madrid, 1977, pp. 81 ss. et 101 ss.
27. Voir, par exemple, von Ullman, Völkerrecht, 2e éd., Tübingen, 1908,
p. 88; Von Liszt, DÛÎ Völkerrecht, lOe éd., Berlin, 1915, p. 47.
28. CPJI série A no 10, p. 18.
29. «Tout contrat qui n'est pas un contrat entre des Etats en tant que
sujets du droit international a son fondement dans une loi nationale » {CPJI
série A nos 20/21, p. 41).
30. Voir, par exemple, von Holtzendorff, Rumäniens Uferrechte an der
Donau, Leipzig, 1883, p. 107.
31. Duguit, Traité de'droit constitutionnel, 2e éd., Paris, 1921,1.1, p. VI.
Voir aussi op. cit., t. I, pp. 319 ss. et 385 ss.
32. Duguit, op. cit., t. I, p. 561.
33. Krabbe,Die moderne Staats-Idee, 2e éd., La Haye, 1919, pp. 272 ss.
34. Scelle, Précis de droit des gens, Paris, 1932, t. I, pp. 42, 43 et 49.
35. Sur cette question, voir en particulier Kelsen, «Zur Grundlegung der
Völkerrechtslehre», OZöR, t. 1, 1946-1948, pp. 69 ss.
36. De Taube, «La situation internationale actuelle du Pape et l'idée d'un
«droit entre pouvoirs» (jus inter potestates) », Archiv für Rechts- und Wirt-
schaftsphilosophie, vol. I, e 1907-1908, pp. 368 et 510 ss. ; Quadri, Diritto
internazionale pubblico, 5 éd., Naples, 1968, p. 510; Berber, Lehrbuch des
Völkerrechts, 2e éd., Munich, 1975, t. I, pp. 163 et 164.
37. Nuvolone, La punizione dei crimini di guerra e le nuove esigenze
giuridiche, Rome, 1945, pp. 43 ss., 59 ss. et 73 ss.
38. Voir en ce sens les publications suivantes de Verdross: «Protection of
Private Property under Quasi-International Agreements», Varia juris gentium
- Liber amicorum aangeboden aan Jean Pierre Adrien François, Leyde, 1959,
pp. 355 ss.; «The Status of Foreign Private Interests Stemniing from Econo-
mic Development Agreements with Arbitration Clauses», OZöR, 1958-1959,
pp. 449 ss.; «Zwei Schweizer Schiedssprüche über quasi-völkerrechtliche
Verträge», Schw. JiR., 1964, pp. 15 ss.; «Gibt es Verträge, die weder dem
innerstaatlichen Recht noch dem Völkerrecht unterliegen?», ZfRV, 1965,
pp. 129 ss.
39. Faisant allusion aux normes créées par les organisations internationales,
von Liszt écrit : « Sie bilden eine selbständige Gruppe von Rechtssätzen zwi-
schen dem staatlichen Recht und Völkerrecht» {op. cit., p. 48).
40. Huber, Verträge zwischen Staat und Kirche im Deutschen Reich,
Breslau, 1930, pp. 83, 84 et 85; Hollerbach, Verträge zwischen Staat und
Kirche in der Bundesrepublik Deutschland, Franciort-sur-le-Main, 1965,
pp. 100 et 101; Grundmann, « Verträgskirchenrecht », dans Evangeliches
Staatslexikon, 2" éd., Stuttgart-Berlin, 1975, colonne 2760.
Il faut indiquer que Hollerbach a modifié son opinion au cours de publi-
cations postérieures.
41. «L'entreprise considérée est détachée, au moins à titre principal, de
La personnalité juridique internationale 271

l'ordre juridique interne et de l'ordre juridique international. Comme telle, elle


est soumise à un ordre juridique intermédiaire commun à plusieurs Etats et juri-
diquement distinct du droit des gens et du droit de chaque Etat» (Libbrecht,
Entreprises à caractère juridiquement international, Leyde-Genève, 1972,
p. 152).
42. Witmer, Grenznachbarliche Zusammenarbeit, Zurich, 1979, pp. 186
et 187.
43. Conférence d'experts gouvernementaux sur la réaffirmation et le déve-
loppement du droit international humanitaire applicable dans les conflits
armés (Genève, 24 mai-12 juin 1971), Rapport sur les travaux de la Conférence,
p. 61, par. 319.
44. Voir par exemple Marcoff, Traité de droit international public de
l'espace, Fribourg-Genève-Paris-New York, 1973, pp. 272 ss.
45. ONU.doc. A/CONF.62/122.
46. Bhoutan, Monaco et Brunei se trouvent respectivement dans une cer-
taine dépendance vis-à-vis de l'Inde, de la France et de la Grande-Bretagne.
Les organisations internationales précitées se trouvent respectivement dans
une certaine dépendance vis-à-vis de la Suisse et des Pays-Bas.
47. Celle-ci dépend de la Banque internationale pour la reconstruction et
le développement.
48. Les vallées d'Andorre dépendent dans une certaine mesure de l'Eglise
catholique et de la France, car ce sont les ordres juridiques de ces deux
sujets (le droit canon et le droit français) qui règlent la désignation des co-
princes.
49. Pour une analyse de ces théories, voir Reinmann, Zur Lehre vom
«rechtsordnungslosen» Vertrag, Bonn, 1970.
50. «Arbitration between Saudi Arabia and The Arabian American Oil
Company (Aramco)»,.4ward, pp. 57-58.
51. Parmi celles-ci, l'on peut consulter les ouvrages de Grassi, Die Rechts-
stellung des Individuums im Völkerrecht, Winterthur, 1955, et de N^rgaard,
The Position of the Individual in International Law (thèse d'Aarhus), Copen-
hague, 1962.
52. CPJIsérieA no 2, p. 12.
53. CU Recueil 1949, pp. 181-184 et 187.
54. Voir, par exemple, l'affaire du Macedonian, entre le Chili et les Etats-
Unis d'Amérique (La Pradelle-Politis, Recueil des arbitrages internationaux,
2<= éd., Paris, 1957, t. II, p. 189).
55. Voir, par exemple, l'affaire du Colonel Lloyd A spinwall, entre l'Espagne
et les Etats-Unis d'Amérique (La Pradelle-Politis, op. cit., t. II, p. 671).
56. Voir, par exemple, l'affaire Croft, entre le Portugal et la Grande-
Bretagne (La Fontaine, Pasicrisie internationale, Berne, 1902, p. 372).
57. Voir, par exemple, l'affaire du Queen entre le Brésil et la Suède et
Norvège (La Pradelle-Politis, op. cit., t. II, pp. 707 et 711).
58. Cf. Guyomar, «L'arbitrage concernant les rapports entre Etats et par-
ticuliers», AFDI, 1959, p. 347. Voir aussi les affaires Benson-Lasarte (La
Pradelle-Politis, op. cit., t. II, p. 255), White (La Pradelle-Politis, op. cit., t. II,
p. 318), Tinoco (RIAA, vol. I, p. 390), Campbell (RIAA, vol. II, p. 1151) et
Salem (RIAA, vol. II, p. 1176).
59. Cf. Guyomar, op. cit., AFDI, 1959, pp. 347-349, et la jurisprudence
qui y est mentionnée.
60. Ministerio de Relaciones Exteriores y Culto de la República Argentina,
Instrumentos internacionales de carácter bilateral suscriptos por la República
Argentina, Buenos Aires, 1950, t. Ill, pp. 1851 et 1975.
61. Cf. Barberis, «Régimen jurídico internacional del Río de la Plata»,
dans l'ouvrage de Barberis-Pigretti, Régimen jurídico del Río de la Plata,
Buenos Aires, 1969, p. 90.
62. CPJI série B no 15, pp. 17-18.
272 Julio A. Barberis

63. Krenz, «The Refugee as a Subject of International Law»,ICLQ, 1966,


pp. 90 ss.
64. Cf. la décision du tribunal arbitral mixte gréco-allemand du 23 août
1926 dans l'affaire Démètre Karmatzucas c. Etat allemand, TAM, t. VII,
pp. 19 et 20.
65. Voir, par exemple, les tribunaux pour la navigation du Rhin prévus
dans les articles 33 et suivants de la Convention de Mannheim du 17 octobre
1868 (CTS, vol. 138, pp. 176 et 177). Celle-ci fut modifiée par la Convention
de Strasbourg du 20 novembre 1963 (/. UWR., vol. II, pp. 9 6 3 : 87/1 ss.) et
par le protocole du 25 octobre 1972 (/. UWR., vol. III, pp. 972: 79/1 ss.).
66. UNTS, vol. 575, pp. 159 ss. Pour une analyse de ce traité, voirPirrung,
Die Schiedsgerichtsbarkeit nach dem Weltbankübereinkommen für Investi-
tionsstreitigkeiten, Berlin, 1972.
67. CTS, vol. 206, pp. 79 ss. Voir en particulier l'article 2.
68. NRG, 3 e série, t. 17, pp. 292 ss. Ce traité fut modifié par la convention
du 16 août 1927 (NRG, 3 e série, t. 20, pp. 74 ss.). Voir aussi les traités du
17 août 1929 et du 2 septembre 1929 dans NRG, 3<= série, t. 2 1 , pp. 359 ss.
et 761 ss.
Dans l'affaire North American Dredging Company of Texas v. United
Mexican States, la Commission générale de réclamations américano-mexicaine
déclara :
«The Commission . . . denies that the rules of international public
law apply only to nations and that individuals cannot under any circums-
tances have a personal standing under it» (RIAA, vol. IV, p. 28).
69. NRG, 3 e série, t. 25, pp. 3 ss.
70. NRG, 3 e série, t. 16, pp. 645 ss. Voir en particulier les articles 587 et
suivants.
71. BGBl, 1955-11, pp. 405 ss. Voir particulièrement chap. Ill, art. 6;
chap. V, art. 7, et chap. X, art. 12.
72. BGBl, 1958-11, pp. 129 ss. Voir en particulier les articles 91 et suivants.
73. BGBl, 1956-11, pp. 1838 ss. Voir aussi le Protocole de Trêves du 28 no-
vembre 1974, qui modifie la convention (/. UWR., vol. IV, pp. 974: 88/1 s.).
74. Voir l'article 34, paragraphe 4, du traité.
75. Voir en particulier les paragraphes i) et j) de l'article 2 de la Conven-
tion de Strasbourg du 20 novembre 1963, qui introduisent les articles 45 bis
et 45 ter à la Convention de Mannheim (I. UWR., vol. II, pp. 963 : 87/15 s.).
76. BGBl, 1959-II, pp. 586 ss.
77. Le statut de ce tribunal se trouve dans le protocole annexe au traité
(BGBl, 1959-II, pp. 610 ss.).
78. Cf. la sentence arbitrale du 30 juin 1930 mettant fin à un litige entre
le Portugal et l'Allemagne, et dans laquelle il est dit :
« Le droit des gens impose le respect de la propriété privée, mais il
reconnaît à l'Etat le droit de déroger à ce principe, lorsque son intérêt
supérieur l'exige. Il admet ainsi, en temps de paix, l'expropriation pour
cause d'utilité publique, en temps de guerre, la réquisition» (RIAA,
vol. II, p. 1039).
Voir aussi la décision arbitrale du 18 juin 1929 entre la Compagnie du chemin
de fer vicinal de Sopron-Köszeg et les Gouvernements de l'Autriche et de la
Hongrie (RGDIP, 1930, pp. 324 ss.).
79. Ainsi, l'article 39 du contrat conclu entre la National Iranian Oil
Company (NIOC) et l'AGIP Mineraria du 3 août 1957, stipule que:
«No general or special measure, legislative or administrative, or any
other act of this kind emanating from the Iranian Government, central
or local, can annul this Agreement, amend or change its provisions,
prevent or hold up the necessary and effective execution of these stipul-
La personnalité juridique internationale 273

ations. The abrogation, amendment or modification of this Agreement


shall not take place without the unanimous consent of the parties » {PL,
Middle East, vol. I, Iran, p. D-20).
L'on peut trouver des stipulations similaires dans l'article 41, B, de l'accord
du 19-20 septembre 1954 entre l'Iran et le Consortium {PL, Middle East,Iran,
p. C-46) ; l'article 38, paragraphe 3, de l'accord du 24 avril 1958 entre la NIOC
et la Pan American Petroleums Ltd. {PL, Middle East, vol. I, Iran, p. E-27);
1'article 27 de l'accord du 15 janvier 1961 entre le Koweït et la Kuwait Shell
Petroleum Development Co. Ltd. {PL, Middle East, supplément no III,Kuwait,
P. A-7).
80. Cette clause apparaît déjà dans la première concession pétrolière ac-
cordée au Moyen-Orient, qui est l'accord conclu entre la Perse et William Knox
d'Arcy le 28 mai 1901 (art. 17) (SdN, Journal officiel, décembre 1932,
p. 2307).
A titre d'exemple, l'on peut citer également les dispositions suivantes:
l'article 22 de l'accord du 29 avril 1933 entre la Perse et l'Anglo-Persian Oil
Company (Hurewitz, Diplomacy in the Near and Middle East, Princeton, N.J.-
Toronto-New York-Londres, 1956, t. II, pp. 194 et 195); l'article 31 de l'ac-
cord du 29 mai 1933 conclu entre l'Arabie Saoudite et l'Arabian American
Oil Company {PL, Middle East, vol. I, Saudi Arabia, p. A-l 5) ; 1'article 26 de
l'accord du 6 juin 1949 entre la Syrie et les Maritime Refineries Ltd. (Verdross,
«The Status of Foreign Private Interests Stemming from Economic Develop-
ment Agreements with Arbitration Clauses», ÖZÖR, 1958-1959, p. 455);
1'article 44 de l'accord du 3 août 1957 entre la NIOC et l'AGIP Mineraria
{PL, Middle East, vol. I, Iran, pp. D-22 et D-23); 1'article 34 de l'accord du
20 mars 1969 entre le Qatar et le Consortium japonais {PL, Middle East,
supplément no XXIII, Qatar, p. A-l 8).
81. Voir, par exemple, l'article 17 de l'accord du 11 janvier 1939 entre
Abu Dhabi et l'Abu Dhabi Petroleum Co. Ltd. {PL, Middle East, supplément
no VIII, Abu Dhabi, p. A-3); l'article 38, paragraphe 1, de l'accord du 24 avril
1958 entre la NIOC et la Pan American Petroleum Corporation {PL, Middle
East, vol. I, Iran, p. B-25) et l'article 38, paragraphe 1, de l'accord du 16 juin
1958 entre la NIOC et la Sapphire Petroleums Ltd. {PL, Middle East, vol. I,
Iran, p. E-27).
82. Voir en ce sens Guggenheim, «Die Awendung allgemeiner Rechts-
prinzipien des Völkerrechts im Landesrecht », Festschrift für Gerhardt Leibholz
zum 65. Geburtstag, Tübingen,e 1966, t. I, p. 709 ; et, du même auteur, Traité
de droit international public, 2 éd., Genève, 1967, t. I, p. 311.
83. Guggenheim, op. cit.. Festschrift für Gerhardt Leibholz zum 65. Ge-
burtstag, t. I,p. 712.
84. Cf. CPJI série B no 15, pp. 26 et 27 ; série B no 17, pp. 32 et 35; série A
no 24, p. 12; iene A/B no 44, p. 24; série A/B no 46, p. 167; CU Recueil
1951, p. 181 (opinion dissidente de sir Arnold McNair);Recueil 1958, p. 74
(opinion individuelle de sir Percy Spender); Recueil 1958, p. 138 (opinion
dissidente de Winiarski).
85. Voir les articles 27 et 46 de la Convention de Vienne sur le droit des
traités. Voir aussi Geck, Die völkerrechtlichen Wirkungen verfassungswidriger
Verträge, Cologne-Berlin, 1963.
86. La sentence arbitrale fut rendue par le conseiller de la Cour suprême
des Pays-Bas, le docteur G. J. Wiarda, le 3 novembre 1953. Cette sentence est
inédite. Il s'en trouve un exemplaire à la bibliothèque du palais de la Paix (La
Haye) auquel nous nous référons.
87. Cf. pp. 26, 27, 48 et 49 de la sentence arbitrale. Voir aussi pp. 51-54.
88 La décision arbitrale fut rendue à Lausanne le 1er octobre 1965, et
l'Exposé des motifs de la décision fut donné à Genève le 7 juillet 1966. Ces
deux documents sont inédits.
274 Julio A. Barberis

89. Exposé des motifs, p. 44.


90. Cf. la note du ministre de l'Equateur à Washington au Secrétaire d'Etat
(8 août 1913) dans Papers relating to the Foreign Relations of the United
States, 1913, p. 405.
91. ILM, 1982, p. 1021.
92. Cf. les affaires Lena G oldfields Ltd. (The Times, 3 septembre 1930,
p. 7), Losinger et Cfe (CPJI série C no 78, p. 110), Liamco (ILM, 1981, p. 40)
et Texaco-Calasiatic (ILR, vol. 53, pp. 408 ss.).
Dans l'affaire de la Liamco, le tribunal s'est exprimé de la façon suivante :
« It is widely accepted in international law and practice that an arbitra-
tion clause survives the unilateral termination by the State of the con-
tract in which it is inserted and continues in force even after that ter-
mination » (ILM, 1981, p. 40).
93. ILR, 1953, pp. 544 et 545.
94. Exposé des motifs, p. 21.
95. Dans l'affaire de la Liamco, le tribunal arbitral estima que, pour déter-
miner la loi applicable au contrat, il «has to refer to guidance to the general
principles governing the conflict of laws in private international law» (ILM,
1981, p. 32). Conformément à ces principes, le tribunal soutint que la loi
régissant le contrat est celle «by which the parties to a contract intended, or
may fairly be presumed to have intended, the contract to be governed » (ILM,
1981, pp. 32-33).
96. La sentence arbitrale fut prononcée par le docteur Gilbert W. J. Bruins
le 10 juin 1937 à Wassenaar, et elle est inédite. Il en existe un exemplaire à la
bibliothèque du palais de la Paix (La Haye) auquel nous nous référons. Cf. en
particulier pp. 12 et 13 de la sentence arbitrale.
97. «Arbitration between Saudi Arabia and the Arabian American Oil
Company (Aramco)», Award, p. iv.
98. Ibid., p. 48.
99. Ibid., p. 59.
100. Ibid., p. 60.
101. Ibid., p. 6 1 .
102. Cf. supra, notes 96 et 98. L'expression «principle universally admitted
in Private International Law » figure dans « Arbitration between Saudi Arabia
and the Arabian American Oil Company (Aramco) »,Award, p. 48.
Les tribunaux arbitraux mixtes ont aussi eu recours à des formules ana-
logues. Ainsi, dans le cas «Zéppenfeld», le tribunal arbitral mixte franco-
allemand invoqua « les principes généraux du droit international privé » pour
déterminer la loi applicable (TAM, t. VI, p. 247).
103. Cf. Hambro, «The Relation between International Law and Conflict
Law», Recueil des cours, tome 105, 1962-1, pp. 16 ss. Voir aussi Bastid, «Le
droit international public dans la sentence de \ Aramco i>,AFDI, 1961, p. 304.
104. CPJI série A nos 20/21, p. 4 1 .
105. CPJI série A nos 20/21, p. 4 1 . La même règle fut appliquée par la
Cour dans l'affaire des Emprunts brésiliens (CPJI série A nos 20/21, p. 121).
Dans l'affaire des Emprunts norvégiens, le juge Badawi invoqua cette même
règle et la considéra comme une des « règles généralement admises de droit
international privé» (CU Recueil 1957, p. 30). Cf. Barberis, «Les arrêts
des tribunaux nationaux et la formation du droit international coutumier»,
Revue de droit international et de sciences diplomatiques et politiques, 1968,
p. 250.
106. Cf. le texte de la sentence arbitrale du 11 décembre 1931 dans le
journal L'Echo de la Bourse de Bruxelles du 17 février 1932, p. 3.
107. «Arbitration between Saudi Arabia and the Arabian American Oil
Company (Aramco) », Award, p. 45.
108. La sentence fut rendue le 22 septembre 1972 et elle est inédite. Il en
La personnalité juridique internationale 275

existe un exemplaire à la bibliothèque de la Cour internationale de Justice


auquel nous nous référons. Voir particulièrement pp. 90 et 9 1 .
109. ILM, 1982, p. 1000.
110. ILM, 1982, pp. 1000 et 1001. Voir aussi p. 1032.
111. Cf. le texte de la sentence dans^4//Z,, 1936, pp. 523 ss.
Voir aussi dans la sentence arbitrale relative à l'affaire entre la Radio
Corporation of America et la Chine (13 avril 1935) les références faites aux
droits américain et chinois {RIAA, vol. III, pp. 1626, 1629 et 1630).
112. TAM, t. VIII, pp. 748-749.
113. ILR, vol. 53, p. 329; JDI, 1977, pp. 353, 362 et 3 6 3 ; ILM, 1981,
p. 33.
114. Voir l'article 89 de l'accord de concession reproduit dans le para-
graphe 6 de la sentence arbitrale du 2 septembre 1930 (The Times, 3 septembre
1930, p. 7).
115. Voir supra note 81 et aussi ICLQ, 1952, pp. 249-250. L'entreprise
Abu Dhabi Petroleum Co. Ltd. modifia sa raison sociale et prit le nom de
Petroleum Development (Trucial Coast) Ltd.
116. PL, Middle East, vol. I,Iran, p. E-27.
117. Cf. aussi, dans ce sens, l'affirmation du tribunal arbitral qui décida
le litige concernant la Société d'électricité d'Athènes et du Pirée (Exposé des
motifs, p. 21).
118. The Times, 3 septembre 1930, p. 7.
119. ICLQ, 1952, p. 251.
120. Schw. JiR, 1962, pp. 285-286.
121. The Times, 3 septembre 1930, p. 7.
122. Schw. JiR, 1962, p. 289.
123. Cf. CPJI série A no 7, p. 42 ; série A no 9, p. 27 ; série B no 6, p. 36 ;
série B n° 10, p. 2 1 ; Kelsen, «Théorie du droit international coutumier»,
Rev. internat., 1939, p. 267 ; Hambro, « Quelques remarques sur les relations
entre le droit international public et le droit international privé», JDI, 1962,
p. 622; Wengler, Völkerrecht, Berlin-Göttingen-Heidelberg, 1964, t. II,
pp. 1002 ss.
124. «Arbitration between Saudi Arabia and the Arabian American Oil
Company (Aramco) », A ward, pp. 66 ss.
125. Cf. CPJI série B no 11, p. 39 ; CU Recueil 1947-1948, p. 84 (opinion
dissidente de Basdevant, Winiarski, sir Arnold McNair et Read) ¡.Recuei/ 1950,
p. 8; Recueil 1960, pp. 159 et 160; Recueil 1961, pp. 32 et 33 ; Recueil 1962,
p. 230.
126. Schw. JiR, 1962, pp. 290 et 291.
127. Cf. CPJI série Ano 17, p. 47.
128. La Pradelle-Politis, op. cit., t. II, p. 363.
129. Voir, par exemple, Lalive, «Un grand arbitrage pétrolier entre un
Gouvernement et deux sociétés privées étrangères», JDI, 1977, pp. 319 ss.;
Cohen-Jonathan, «L'arbitrage Texaco-Calasiatic contre Gouvernement
libyen», AFDI, 1977, pp. 452 ss.; Bowett, «Libyan Nationalisation of Ame-
rican Oil Companies' Assets», The Cambridge Law Journal, 1978, pp. 5 ss.;
Rigaux, «Des dieux et des héros — Réflexions sur une sentence arbitrale»,
Revue critique de droit international privé, 1978, pp. 435 ss.; Verhoeven,
«Droit international des contrats et droit des gens», Revue belge de droit
international, 1978-1979, pp. 209 ss.; Von Mehren-Kourides, «The Libyan
Nationalizations: Topco/Calasiatic v. Libya Arbitration», Natural Resources
Lawyer, 1979, pp. 419-434; Gruss, «Enteignung und Aufhebung von Erdöl-
konzessionen: Der Schiedsspruch im libyschen Erdölstreit», ZaöRV, 1979,
pp. 782 ss.; Varma, «Petroleum Concessions in International Arbitration:
Texaco Overseas Petroleum Company v. Libyan Arab Republic», The Colum-
bia Journal of Transnational Law, vol. 18, 1979-1980, pp. 259 ss. ; Rambaud,
« Un arbitrage pétrolier : la sentence Liamco », AFDI, 1980, pp. 274 ss. ; Stern,
276 Julio A. Barberis

«Trois arbitrages, un même problème, trois solutions», Revue de l'arbitrage,


1980, pp. 3 ss.; White, «Expropriation of the Libyan Oil Concessions - Two
Conflicting International Arbitrations», ICLQ, 1981, pp. 1 ss. ; Von Mehren-
Kourides, «International Arbitrations between States and Foreign Private
Parties: The Libyan Nationalization Cases», AJIL, 1981,pp.476ss.; Catranis,
«Probleme der Nationalisierung ausländischer Unternehmen vor internatio-
nalen Schiedsgerichten — Die libyschen Schiedsfälle», Recht der internatio-
nalen Wirtschaft, 1982, pp. 19 ss.
130. JDI, 1977, pp. 363, 370, 372 et 380.
131. ILR, vol. 53, p. 329.
132. ILM, 1981, pp. 50 ss. et 53.
133. Il est intéressant de remarquer que, dans l'affaire de la Liamco, l'ar-
bitre n'a pas fondé sa décision sur le droit international positif, mais sur la
«recent dominant trend of international opinion concerning the sovereign
right of States over their natural resources» (ÌLM, 1981, p. 53).
134. Sentence arbitrale, p. 14 (texte inédit).
135. «No doubt contractual limitations on the State's right to nationalise
are juridically possible » (ILM, 1982, p. 1023).
136. Voir, par exemple, l'article 3, paragraphe 1, du traité du 29 septembre
1982 entre l'Egypte et les Etats-Unis d'Amérique (ILM, 1982, pp. 934 ss.).
137. Cf., par exemple, les affaires Shufelt (RIAA, vol. II, p. 1095); Com-
pany General of the Orinoco (RIAA, vol. X, p. 280) et Oliva (RIAA, vol. X,
p. 609).
Pour la distinction entre les accords quasi internationaux et les contrats
administratifs communs, cf. en doctrine: Bourquin, «Arbitration and Econo-
mie Development Agreements», Selected Readings, p. 132; Barberis, Fwen f ei
del derecho internacional, La Plata, 1973, p. 249; Weil, «Droit international
et contrats d'Etat », Mélanges offerts à PaulReuter, Paris, 1981, pp. 580 et 581.
138. Cf. par exemple les affaires de The Aising Trade Company Ltd., de
VAramco, de la Sapphire International Petroleums Ltd. et de la Liamco.
139. Sentence inédite. Il en existe un exemplaire à la bibliothèque du
palais de la Paix (La Haye) auquel nous nous référons.
140. « . . . in international arbitration . . . even the imperative provisions
of the internal law must give way to the will of the parties» (sentence, p. 33).
141. Revue critique de droit international privé, 1958, p. 361.
La société demanderesse intenta, sans succès, l'exequatur de la sentence en
Uruguay (Anuario uruguayo de derecho internacional, 1962, pp. 247 ss.), aux
Pays-Bas (Revue de l'arbitrage, 1974, p. 311 ; Revue de droit uniforme, 1978-
II, pp. 338 ss.), et en France (JDI, 1971, pp. 131 ss. ; 1976, pp. 136 ss.; 1977,
pp. 864 ss.).
142. «Arbitration between Saudi Arabia and the Arabian American Oil
Company (Aramco)», A ward, pp. 46 et 47.
143. ILR, vol. 53, pp. 43 ss.
144. ILM, 1981, p. 42.
145. ILM, 1981, p. 43.
146. Sentence arbitrale, p. 5.
147. Voir, en ce sens, Suratgar, «The Sapphire Arbitration Award, the
Procedural Aspects: a Report and a Critique», The Columbia Journal of
Transnational Law, vol. 3, pp. 152 ss.
148. Il faut observer que l'on applique la loi fédérale suisse et non la pro-
cédure en vigueur dans le canton de Vaud, siège du tribunal. Lalive a insisté à
plusieurs reprises sur le fait que l'arbitre Cavin avait appliqué la procédure
civile fédérale dans l'ordonnance du 13 juin 1961 (Académie de droit interna-
tional de La Haye, Colloque 1968, p. 354), réfutant ainsi la critique sévère de
Suratgar, qui affirme que l'arbitrage a été régi par la loi de procédure en vigueur
dans le canton de Vaud (Suratgar, op. cit., The Columbia Journal of Transna-
tional Law, vol. 3, p. 175).
La personnalité juridique internationale 277

149. Schw.JiR, 1962, p. 283.


150. Le tribunal cantonal de Lausanne en décida ainsi le 4 juillet 1962
(dans l'affaire Sapphire International Petroleums Ltd. c. National Iranian Oil
Company). La sentence est inédite et elle est mentionnée par Carabiber,
«L'exécution en Suisse des sentences arbitrales internationales», Revue de
l'arbitrage, 1963, p. 85, note 6.
151. ILR, vol. 53, p. 309.
152. «The Tribunal is not competent to establish conclusively the natio-
nality of its Award, for this can only be decided by the courts of Denmark
and of other jurisdictions in which enforcement of the Award may be sought »
(ILR, vol. 53, p. 309).
153. «In contradiction to all national courts, the ad hoc international arbi-
tral tribunal created under an agreement between a State and an alien, such as
the present Tribunal, at least initially has no lex fori» (ILR, vol. 53, p. 326).
154. «Le Tribunal arbitral n'estime ... pas nécessaire de se prononcer sur
la question doctrinale de savoir si, comme on l'affirme souvent actuellement,
une telle convention relève d'un système de droit sui generis ou même du droit
international, ou s'il a sa base de validité dans le droit grec» (Exposé des
motifs, p. 22).
155. Voir l'exposé de cette thèse dans Guggenheim, «Die Anwendung
allgemeiner Rechtsprinzipien des Völkerrechts im Landesrecht», Festschrift
für Gerhardt Leibholz zum 65. Geburtstag, t. I, pp. 701 ss.; et, du même
auteur, Traité de droit international public, 1.1, 2e éd., pp. 307 ss.
156. Verdross, «Protection of Private Property under Quasi-International
Agreements», Varia juris gentium - Liber amicorum aangeboden aan Jean
Pierre Adrien François, Leyde, 1959, p. 358.
157. Verdross, «The Status of Foreign Private Interests Stejmming from
Economic Development Agreements with Arbitration Clauses», OZÖR, 1958-
1959, p. 452, et, du même auteur, op. cit., Varia juris gentium, p. 358.
158. Verdross, «Gibt es Verträge, die weder dem innerstaatlichen Recht
noch dem Völkerrecht unterliegen?», ZfR V, 1965, pp. 133 et 134.
159. Verdross, «Zwei Schweizer Schiedssprüche über quasi-völkerrecht-
liche Verträge», Schw. JiR, 1964, p. 24;et, du même auteur, op. cit., ZfRV,
1965,p. 133.
160. Verdross, op. cit., ZfRV, 1965, p. 134.
161. Cf., par exemple, Pazarci, « La responsabilité internationale des Etats
à l'occasion des contrats conclus entre Etats et personnes privées étrangères»,
RGDIP, 1975, pp. 388 ss.
162. Cf. Böckstiegel, Der Staat als Vertragspartner ausländischer Privat-
unternehmen, Francfort-sur-le-Main, 1971, pp. 303 ss.; Fischer, Die interna-
tionale Konzession, Vienne-New York, 1974, pp. 447 et 451 ; Weil, «Droit
international et contrats d'Etat», Mélanges offerts à Paul Reuter, p. 581.
163. JDI, 1977, p. 353.
164. Ibid., p. 357.
165. Cf. particulièrement les paragraphes 46 et 47 de la sentence arbitrale
du 19 janvier 1977 dans l'affaire entre la. Libye et les entreprises Texaco-
Calasiatic (JDI, 1977, p. 361). Cf. aussi Cohen-Jonathan, « L'arbitrage Texaco-
Calasiatic contre Gouvernement libyen», AFDI, 1977, pp. 458 et 459.
166. CU Recueil 1949, p. 22.
167. Convention du 25 septembre 1926 (LNTS, vol. LX, pp. 253 ss.),
convention supplémentaire du 7 septembre 1956 (UNTS, vol. 266, pp. 47 ss.),
article 13 et 22, paragraphe 1, alinéa b), de la Convention du 29 avril 1958
sur la haute mer (UNTS, vol. 450, pp. 91 et 93) et article 99 de la Convention
sur le droit de la mer ( 10 décembre 1982).
168. Convention relative à la traite des Blanches du 4 mai 1910 (NRG,
3 e série, t. 7, pp. 252 ss.), Convention pour la suppression de la traite des
femmes et des enfants du 30 septembre 1921 (NRG, 3 e série, t. 18, pp. 758 ss.),
278 Julio A. Barberis

traité du 11 octobre 1933 (LNTS, vol. CL, pp. 431 ss.) et Convention du
21 mars 1950 pour la répression de la traite des êtres humains (UNTS, vol. 96,
pp. 271 ss.).
169. Traité du 12 septembre 1923 (NRG, 3 e série, t. 19, pp. 135 ss.).
170. Articles 14-21 et 22, paragraphe 1, alinéa a), de la Convention du
29 avril 1958 sur la haute mer (UNTS, vol. 450, pp. 91 et 93) et articles 100-
107 de la Convention sur le droit de la mer (10 décembre 1982).
171. Conventions du 7 mars 1966 sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination raciale (UNTS, vol. 660, pp. 195 ss.) et du 30 novembre
1973 sur l'élimination et la répression de l'apartheid (Nations Unies, doc. A/
9030, Résolutions adoptées par l'Assemblée générale au cours de sa vingt-
huitième session, vol. I, pp. 82 ss.).
172. Convention du 20 avril 1929 (LNTS, vol. CXII, pp. 371 ss.).
173. Convention du 9 décembre 1948 (UNTS, vol. 78, pp. 277 ss.).
174. Convention de Tokyo du 14 septembre 1963 (UNTS, vol. 704,
pp. 219 ss.) et Conventions de La Haye du 16 décembre 1970 et du 23 sep-
tembre 1971 (Ruda, Instrumentos internacionales, Buenos Aires, 1976,
pp. 282 ss. et 288 ss.).
175. Cf. Verdross, Völkerrecht, 5e éd., Vienne, 1964, pp. 217-218 et 643.
176. Cf. Hoffmann, Strafrechtliche Verantwortung im Völkerrecht,
Francfort-sur-le-Main-Berlin, 1962, pp. 51 et 52 ; Verdross, Völkerrecht, p. 217.
e
177. Cf. Anzilotti, Corso di diritto internazionale, 3 éd., Rome, 1928,
p. 254; Guggenheim, Traité de droit international public, Genève, 1954, t. II,
p. 318.
178. Cf. article 3 de la Convention de La Haye de 1907 sur les lois et
coutumes de la guerre terrestre (CTS, vol. 205, p. 284) et article 91 du Proto-
cole I additionnel de 1977. En doctrine, cf. Anzilotti, op. cit., pp. 254 et 255 ;
Guggenheim, op. cit., t. II, p. 5 ; Verdross, Völkerrecht, p. 395.
179. Cf. article 3 de la Convention de La Haye ( 1907) précitée et article 91
du Protocole I additionnel de 1977.
180. Voir le traité dans Procès des grands criminels de guerre devant le
Tribunal militaire international, Nuremberg, 1947, yol. I, pp. 8 ss., et le statut
aux pages 11 et suivantes.
181. Le texte anglais dit: «persons who, acting in the interests of the
European Axis countries . . . »
182. Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire
international, vol. I, p. 150.
183. United States of America - Department of State, Trial of Japanese
War Criminals, Washington, 1946, pp. 97 ss.
184. Il s'agit d'une règle coutumière dont l'existence remonte à plusieurs
siècles. Cf. Verdross, Die Völkerrechtswidrige Kriegshandlung und der Straf-
anspruch der Staaten, Berlin, 1920, pp. 8 ss., 24 et 31 ; Lauterpacht, «The
Law of Nations and the Punishment of War Crimes», BYB, 1944, p. 61 ;
Eustathiades, « Les sujets du droit international et la responsabilité interna-
tionale. Nouvelles tendances», Recueil des cours, tome 84, 1953-III, pp. 507
et 508; Guggenheim, Traité de droit international public, t. II, p. 35 ; Dahm,
Völkerrecht, Stuttgart, 1961, t. III, p. 296.
185. En matière conventionnelle, l'obligation internationale des Etats en
ce sens peut être plus large qu'en droit coutumier. Voir les articles 49, 50 et
53 de la première Convention de Genève (1949), les articles 50 et 51 de la
deuxième convention, les articles 129 et 130 de la troisième convention, les
articles 146 et 147 de la quatrième convention et les articles 85 et 86 du
Protocole I additionnel de 1977.
186. Cf. Lauterpacht, op. cit., BYB, 1944, p. 6 4 ; Eustathiades, op. cit.,
Recueil des cours, tome 84, 1953-III, pp. 513 ss. ; Guggenheim, op. cit., t. II,
pp. 30 ss.
Lorsqu'il s'agit de normes coutumières du droit de la guerre qui établissent
La personnalité juridique internationale 279

des crimes ou délits déterminés, ces normes n'indiquent pas la peine à appli-
quer, qui est laissée au discernement du juge. En ce qui concerne les normes
pénales coutumières en droit international, voir Triffterer, Dogmatische
Untersuchungen zur Entwicklung des materiellen Völkerstrafrechts seit
Nürnberg, Fribourg-en-Brisgau, 1966, pp. 35 ss., voir en particulier pp. 91 et
139.
187. On peut voir les sentences dans Trials of War Criminals before the
Nuernberg Military Tribunals, vol. VI, pp. 1187 ss.; vol. VIII, pp. 1081 ss. et
vol. IX, pp. 1327 ss.
188. «The Tribunal administers international law» {Trials of War Crimi-
nals before the Nuernberg Military Tribunals, vol. VI, p. 1188).
189. Ibid., pp. 1191-1192.
190. Ibid., vol. VIII, p. 1136.
191. «The laws and customs of war are-binding no less upon private
individuals than upon government officials and military personnel». {Ibid.,
vol. IX, p. 1375.)
192. Law Reports of Trials of War Criminals, vol. I, pp. 93 ss. Voir en
particulier le commentaire de la page 103.
193. Ibid., pp. 88 ss.
194. Ibid., vol. XIV, p. 22.
195. CTS, vol. 57, pp. 465 ss.
196. CTS, vol. 64, pp. 16 ss.
197. Anzilotti, Corso di diritto internazionale, 3 e éd., Rome, 1928,
pp. 281 ss.; Reuter,Institutions internationales, 6 e éd., 1969, pp. 187 ss.
198. CTS, vol. 114, pp. 409 ss.
199. L'origine du Conseil est la note que le Sultan adressa aux ambassa-
deurs à Constantinople le 18 avril 1836 (voir le texte dans von Toll, Der
Oberste Gesundheitsrat von Konstantinopel in seiner völkerrechtlichen Be-
deutung, Munich, 1922, pp. 1 et 2). Voir les Règlements du Conseil du lOjuin
1839 et du 27 mai 1840 dans Martens, Nouveau recueil de traités, t. XVI,
pp. 920 ss., et NRG, t. 1, pp. 115 ss.
200. Créé par l'Acte de Galatz du 28 mai 1881 (CTO, vol. 158,pp. 389 ss.).
201. Le Conseil a comme origine le décret du khédive d'Egypte du 3 janvier
1881. Son organisation fut révisée par la Convention sanitaire de Venise du
30 janvier 1892 et ses annexes {CTS, vol. 176, pp. 395 ss.).
202. Etablies par le khédive d'Egypte par la loi de liquidation du 11 juillet
1880, avec le consentement des puissances européennes. Cf. Andreadis, «Les
contrôles financiers internationaux», Recueil des cours, tome 5, 1924-IV,
pp. 20 ss.
203. Article 2 du traité du 18 septembre 1897 {CTS, vol. 186, p. 11).
204. Originairement dénommée «Union générale des postes», voir le
Traité de Berne du 9 octobre 1874 {CTS, vol. 147, pp. 136 ss.).
205. Convention de Paris du 20 mai 1875 {CTS, vol. 149, pp. 237 ss.).
206. Convention de Paris du 20 mars 1883 {CTS, vol. 161, pp. 409 ss.).
207. Convention de Bruxelles du 5 juillet 1890(CTO, vol. 173, pp. 329 ss.).
208. Convention de Berne du 14 octobre 1890 {CTS, vol. 174, pp. 1 ss.).
209. Traité de Rome du 9 décembre 1907 {NRG, 3" série.t. 2,pp. 913 ss.).
210. Cf. Guggenheim, Traité de droit international public, 2e éd., Genève,
1967, t. I, pp. 138 et 139; Verdross-Simma, Universelles Völkerrecht, Berlin,
1976,p. 270. Pour la jurisprudence, cf. CPJI série A no 5, p. 27 ; série A no 15,
pp. 23, 24 et 25;série A no 17, p. 24; CURecueil 1951, p.l8;Recueil 1962,
p. 40 (opinion individuelle du juge Alfaro).
211. Cf. Sereni, Diritto internazionale, t. II, Sezione seconda, Milan, 1960,
pp. 808 et 809. Seidl-Hohenveldern, Das Recht der internationalen Organisa-
tionen einschliesslich der supranationalen Gemeinschaften, 3 e éd., Cologne-
Berlin-Bonn-Munich, 1979, p. 52; Schermers, International Institutional Law,
2e éd., Alphen aan den Rijn-Rockville (Maryland), 1980, vol. I, pp. 9 ss.
280 Julio A. Barberis

212. Le traité formel fut signé dix ans après, le 14 décembre 1959 (UNTS,
vol. 368, pp. 253 ss.). Voir d'autres exemples d'organisations créées par des
résolutions d'une conférence internationale dans Schermers, op. cit., vol. I, p. 9.
213. Peaslee, International Governmental Organizations - Constitutional
Documents, 3 e éd. révisée, Part II, La Haye, 1975, pp. 55 ss.; Schermers, op.
cit., vol. I, p: 10.
214. Castañeda, «Une nouvelle méthode pour la création d'organismes
internationaux - Le cas récent de l'UIOOT», AFDI, 1970, pp. 625 ss.;
Peaslee, op. cit., Part V, pp. 643 ss. ; Diez de Velasco, Instituciones de derecho
internacional público, t. II, Madrid, 1977, pp. 237 ss.
215. Le Bhoutan est membre de l'ONU et de l'UPU ; Monaco est membre
de l'OMS, de l'UPU et de l'UIT.
216. Othman, «Multilateral Treaties Between States to Which Internatio-
nal Organizations Are also Parties », East African Law Journal, 1970, pp. 279 ss. ;
Schermers, « International Organizations as Members of Other International
Organizations», Völkerrecht als Rechtsordnung - Internationale Gerichts-
barkeit - Menschenrechte (Festschrift für H. Mosler), Berlin-Heidelberg-New
York, 1983, pp. 823 ss.
217. GU, 1927, pp. 62 ss.
218. UNTS, vol. 385, pp. 137 ss., 330 et 349.
219. Peaslee, op. cit., Part II, p. 426.
220. Ibid., p. 508.
221. Schermers, International Institutional Law, vol. I, pp. 892 et 893.
222. Schermers, op. cit., Völkerrecht als Rechtsordnung - Internationale
Gerichtsbarkeit - Menschenrechte (Festschrift für H. Mosler), pp. 832 ss.
223. Cf. article 3 de la convention (Peaslee, op. cit., Part III-IV, p. 546).
Voir aussi l'article 11.
224. Cf. articles 4 et 66 de l'accord approuvé par la Conférence du 3-
24 décembre 1968 (Peaslee, op. cit., Part II, pp. 386, 418 et 419).
225. Cf. article 3 du traité (2 septembre 1967), Peaslee, op. cit., Part II,
p. 279.
226. Cf. article 2 de la Constitution de l'Union. Voir aussi les commen-
taires à cette disposition dans Les actes de l'Union postale universelle révisés
à Lausanne (1974) et annotés par le Bureau international, fascicule I, Berne,
1976, pp. 9 ss.
227. Cf. article 2, paragraphe a), alinéa ii), de la convention ( 15 décembre
1950), Peaslee, op. cit.. Part I, p. 374.
228. Cf. article 49 de l'accord (1« juillet 1970), Peaslee, op. cit., Part II,
p. 458.
229. Cf. Kovar, «La participation des territoires non autonomes aux
organisations internationales »,AFDI, 1969, p. 540.
230. Cf. Seidl-Hohenveldern, op. cit., p. 37.
231. Kelsen, Reine Rechtslehre, 2 e éd., Vienne, 1960, pp. 154 ss.
232. Cf. Sereni, op. cit., t. II, Sezione seconda, p. 794.
233. Voir, par exemple, ILR, vol. 20, pp. 523 ss. ; vol. 24, pp. 757 ss.
234. Ainsi, par exemple, pour la relation entre l'organisation internationale
et ses fonctionnaires, voir l'ouvrage d'Akehurst, The Law Governing Employ-
ment in International Organizations, Cambridge, 1967. L'analyse réalisée par
cet auteur permet de voir les nombreuses analogies qui existent entre la fonc-
tion publique internationale et celle de l'Etat.
235. Cf. en ce sens Verdross, «On the Concept of International Law»,
AJIL, 1949, p. 438, et, du même auteur, Völkerrecht, p. 5; Seidl-Hohenveldern,
op. cit., pp. 219-220.
Sur la conception d'un droit international dans un sens large, voir Focsa-
neanu, «Le droit interne de l'Organisation des Nations Unies»,AFDI, 1957,
pp. 322 ss. Voir aussi CU Recueil 1956, p. 165 (opinion dissidente du juge
Cordova).
La personnalité juridique internationale 281

236. Pour un exposé des différentes conceptions, voir Berichte der Deut-
schen Gesellschaft für Völkerrecht (Heft 12), Qualifikation und Anwendungs-
bereich des internen Rechts internationaler Organisationen (Bad Godesberg,
14-16 Juni 1971), Karlsruhe, 1973, pp. 22 ss. (Referat von Prof. Dr. Bern-
hardt) et pp. 74 ss. (Referat von Prof. Dr. Miehsler).
237. Kelsen, General Theory of Law and State, Cambridge (Mass.), 1946,
pp. 324 et 325.
238. Cf. aussi Ballaloud, Le Tribunal administratif de l'Organisation
internationale du Travail et sa jurisprudence, Paris, 1967, pp. 112 ss. et 132 ss.
Cet auteur décrit la pratique du Tribunal administratif de l'OIT et il affirme
que ce n'est qu'exceptionnellement que le Tribunal applique des normes du
droit international et qu'il le fait dans les cas où un tribunal étatique les ap-
pliquerait aussi.
239. Cf. Sereni, op. cit., t. II, Sezione seconda, pp. 904 et 905.
240. Cf. dans ce sens CU Recueil 1954, pp. 55-56 ; Recueil 1956, p. 97.
241. Cf. Focsaneanu, op. cit., AFDI, 1957, p. 325; Sereni, op. cit., t. II,
Sezione seconda, pp. 902 et 905 ss. ; Cahier, « Le droit interne des organisations
internationales», RGDIP, 1963, p. 579; Seyersted, «Jurisdiction over Organs
and Officials of States. The Holy See and Intergovernmental Organisations»,
ICLQ, 1965, pp. 62 et 517.
242. Voir aussi l'article 102, paragraphe 6, alinéa j), du Règlement général
de l'UPU et la note explicative du Bureau international, dans Les actes de
l'Union postale universelle révisés à Lausanne (1974) et annotés par le Bureau
international, fascicule I, Berne, 1976, pp. 91 et 98, note 18.
243. Articles 17 (par. 3), 57, 58, 63 et 64 de la Charte de l'ONU.
244. ONU, doc. ST/SG/14, Accords entre l'Organisation des Nations
Unies et les Institutions spécialisées et l'Agence internationale de l'énergie
atomique.
245. Articles 130 à 136 de la Charte. Voir particulièrement la résolution
de l'Assemblée générale de l'OEA du 21 avril 1972 sur «Normas para la apli-
cación y coordinación de las disposiciones de la Carta sobre los organismos
especializados interamericanos» (AG/RES.87 (II-0/72) dans doc. OEA/Ser.
P/II-0.2, vol. II, pp. 61 ss.).
246. Un aspect de ces contrats est examiné par Seyersted, «Applicable
Law in Relations between Intergovernmental Organizations and Private Par-
ties », Recueil des cours, tome 122, 1967-III, pp. 427 ss.
247. Le traité le plus ancien semble être l'accord de siège conclu le 4 oc-
tobre 1875 entre la France et le Bureau international des poids et mesures
(Chiù, The Capacity of International Organization to Conclude Treaties, and
the Special Legal Aspects of the Treaties so Concluded, La Haye, 1966, p. 6).
248. Voir sur ce sujet Karunatilleke, « Essai d'une classification des accords
conclus par les organisations internationales, entre elles ou avec des Etats»,
RGDIP, 1971, pp. 12 ss.
249. Reuter, « Le droit des traités et les accords internationaux conclus
par les organisations internationales», Miscellanea W. J. Ganshof van der
Meersch, Bruxelles-Paris, 1972, t. I, pp. 213 et 214;Annuaire de la Commis-
sion du droit international, 1977, vol. II, première partie, pp. 137 ss. (rapport
de M. Paul Reuter); Reuter, «L'ordre juridique international et les traités des
organisations internationales», Völkerrecht als Rechtsordnung - Internatio-
nale Gerichtsbarkeit - Menschenrechte (Festschrift für H. Mosler), Berlin-
Heidelberg-New York, 1983, pp. 745 ss. Voir la disposition spéciale sur cette
question contenue dans l'article 228, paragraphe 2, du traité de Rome qui
créa la Communauté économique européenne.
250. Cf. Zemanek, Das Vertragsrecht der internationalen Organisationen,
Vienne, 1957, pp. 53 ss.; Chiù, op. cit., pp. 186 ss. et 210 ss.
251. Cf. Ghebali, «Les délégations permanentes auprès de la Société des
Nations», Les missions permanentes auprès des organisations internationales
282 Julio A. Barberis

(publication de la Dotation Carnegie pour la paix internationale), t. 1, Bruxelles,


1971, pp. 41 et 42.
252. Cahier, Etude des accords de siège conclus entre les organisations
internationales et les Etats où elles résident (thèse de Genève), Milan, 1959.
253. Pour un commentaire général de ce traité, voir El-Erian, « La Confé-
rence et la Convention sur la représentation des Etats dans leurs relations avec
les organisations internationales», AFDI, 1975, pp. 445 ss.
254. Nations Unies, Annuaire juridique, 1975, pp. 162-163.
255. Nations Unies, doc. E/5524/Add.3, p. 26.
256. Pour les représentants résidents, voir Stoll, «Le statut juridique du
représentant résident du Bureau de l'assistance technique des Nations Unies
dans l'Etat où il est accrédité», AFDI, 1964, pp. 514 ss.; Mangone, «Field
Administration: The United Nations Resident Representative», UN Adminis-
tration of Economie and Social Programs, New York-Londres, 1966,pp. 15 8 ss.
257. L'on peut voir la liste des représentations et bureaux des institutions
spécialisées dans Nations Unies, doc. E/5524/Add.3, pp. 20-26.
258. Sur les fonctions des coordinateurs résidents, voir Nations Unies,
doc. E/1979/34/Add. 1 /Rev. 1, annexe.
259. Costanza, Il diritto di legazione delle organizzazioni internazionali,
Palerme, 1973, pp. 61 ss.
260. CU Recueil 1949, p. 184. Il est intéressant d'observer la similitude
entre la protection fonctionnelle reconnue par la Cour et la protection diplo-
matique dont les caractéristiques sont précisées dans CPJI série A no 2, p. 12.
Voir d'autres exemples de protection fonctionnelle dans Annuaire de la
Commission du droit international, 1967, vol. II, pp. 239 et 240.
261. Cf. les accords de l'ONU avec l'Egypte (8 février 1957), UNTS,
vol. 271, pp. 144 ss.;avec le Congo (27 novembre 1961), ONU, doc. A/4986;
et avec Chypre (31 mars 1964), Australia, Treaty Series, 1966, no 5, pp. 8 ss.
262. Cf. les accords pour constituer la Force d'urgence de l'ONU avec la
Finlande {UNTS, vol. 271, pp. 135 ss.), la Suède (UNTS, vol. 271, pp. 187 ss.), la
Norvège (UNTS, vol. 271, pp. 223 ss.), le Canada (UNTS, vol. 274, pp. 47 ss.), le
Danemark (UNTS, vol. 274, pp. 81 ss.), le Brésil (UNTS, vol. 274, pp. 199 ss.),
l'Inde (UNTS, vol. 274, pp. 233 ss.) et la Yougoslavie (UNTS, vol. 277,
pp. 191 ss.).
Cf. les accords pour constituer la Force à Chypre conclus par l'ONU avec
l'Autriche (Bundesgesetzblatt für die Republik Österreich, 1966, pp. 301 ss.)
et avec l'Australie (Australia, Treaty Series, 1966, no 5, pp. 1 ss. et 29).
263. Règlement de la Force d'urgence des Nations Unies (UNTS, vol. 271,
pp. 172 ss.); règlement de la Force des Nations Unies au Congo (doc. ST/
SGB/ONUC/1); règlement pour la Force des Nations Unies à Chypre (Austra-
lia, Treaty Series, 1966, no 5, pp. 21 ss.).
264. Cf. Seyersted, United Nations Forces in the Law of Peace and War,
Leyde, 1966, pp. 127 ss. et 399 ss.; Bothe, «Le droit de la guerre et les
Nations Unies», Etudes et travaux de l'Institut universitaire de hautes études
internationales, n<> 5, Genève, 1967, pp. 195 et 208, et, du même auteur,
Streitkräfte internationaler Organisationen, Cologne-Berlin, 1968, pp..37 ss.
265. Cf. Seyersted, op. cit., p. 108; Bothe, op. cit., Etudes et travaux de
l'Institut universitaire de hautes études internationales, no 5, p. 210. Cf. aussi
l'accord entre l'ONU et la Belgique du 20 février 1965 (Moniteur belge, 1965,
pp. 9071 et 9072).
266. Cf. les résolutions dans doc. OEA/Ser.C/II.10, pp. 5 ss.
267. Journal officiel de la République française, 1962, p. 10237.
268. UNTS, vol. 284, pp. 221 ss. Cf. le texte du cahier des charges dans
Adam, Les organismes internationaux spécialisés, Paris, 1965, t. II, pp. 290 ss.
269. UNTS, vol. 423, pp. 19 ss.
270. UNTS, vol. 378, pp. 159 ss.
271. Cf. les statuts dans UNTS, vol. 378, pp. 182 ss.
La personnalité juridique internationale 283

272. BGBl, 1956-11, pp. 1838 ss.


273. Cf. article 10, paragraphe 8; article 13, paragraphe 2 in fine, et
article 26 des statuts {BGBl, 1956-II, pp. 1859, 1860 et 1862).
274. Ces normes ont été considérées comme faisant partie d'un troisième
ordre juridique, différent à la fois du droit des gens et du droit étatique. Cf.
en ce sens Libbrecht, Entreprises à caractère juridiquement international,
Leyde, 1973, p. 152.
Sur la prétendue existence d'un troisième ordre juridique, ci. supra, partie I,
chapitre unique, section II, par. 2.
275. Cf. supra, partie I, chapitre unique, section I, par. 3, et partie II,
chapitre I, section I, par. 1.
276. Cf. par exemple, le traité du 12 novembre 1959 entre la France et
l'Ethiopie concernant la Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien de
Djibouti à Addis-Abeba (UNTS, vol. 381,pp. 44 ss.).
277. Voir dans ce sens Lombardi, Bürgerkrieg und Völkerrecht, Berlin,
1976, p. 42.
278. Dans sa thèse présentée à l'Université de Hambourg en 1965, Figert
fait une analyse d'une dizaine de cas dans lesquels il y aurait eu une recon-
naissance d'insurrection (Das Problem der Anerkennung von Aufständischen
als Insurgenten und ihrer Rechtswirkungen, insbesondere auch die Geltend-
machung der staatlichen Immunität, pp. 24 ss.). Pourtant on n'en peut retenir
que deux ou trois comme des exemples de cette institution.
279. Voir sur ce sujet Charpentier, « La reconnaissance du GPRA »,AFDI,
1959, pp. 799 ss.; Flory, «Algérie et droit international», AFDI, 1959,
pp. 817 ss.; Bedjaoui, La révolution algérienne et le droit, Bruxelles, 1961,
pp. 79 ss. Voir aussi Oppermann, «Die Anwendbarkeit der Genfer Abkommen
zum Schutze der Kriegsopfer im Algerien-Konflikt», Arch. VR, 1961-1962,
pp. 47 ss.
280. En 1958 Jiménez de Aréchaga faisait le commentaire de l'article 2,
paragraphe 4, de la Charte et il disait : « un Estado, en sus relaciones internas,
en sus problemas coloniales — como Francia en Argelia o Gran Bretaña en
Chipre — sigue estando autorizado a emplear la fuerza » (Jiménez de Aréchaga,
Derecho constitucional de las Naciones Unidas, Madrid, 1958, p. 82).
281. Voir, par exemple, les résolutions 2704 (XXV), 2708 (XXV), 2874
(XXVI), 2980 (XXVII), 3118 (XXVIII), 3300 (XXIX), 3421 (XXX), 31/30,
32/36, 33/41, 34/42 et 36/52.
282. Voir aussi la résolution 32/122.
283. Cf. les résolutions 2506 (XXIV), 2621 (XXV) et 3113 (XXVIII).
284. Cf., par exemple, les résolutions 2105 (XX), 2189 (XXI), 2311 (XXII),
2326 (XXII), 2395 (XXIII), 2465 (XXIII), 2548 (XXIV), 2621 (XXV), 2707
(XXV), 2795 (XXVI), 2918 (XXVII) et 3113 (XXVIII).
285. Cf. les résolutions 2307 (XXII), 2396 (XXIII), 2547 (XXIV), 2627
(XXV), 2671 (XXV), 2714 (XXV), 2775 (XXVI), 2923 (XXVII), 3055
(XXVIII), 3151 (XXVIII), 3324 (XXIX), 3411 (XXX), 31/6,32/105,33/183,
34/93, 35/206 et 36/172.
286. Cf. les résolutions 2022 (XX), 2151 (XXI), 2262 (XXII), 2383
(XXIII), 2508 (XXIV), 2652 (XXV), 2796 (XXVI), 2945 (XXVII), 3115
(XXVIII), 3297 (XXIX), 3396 (XXX), 31/154, 32/116 et 33/38. Voir aussi la
résolution 34/192.
287. Cf. les résolutions 2372 (XXII), 2403 (XXIII), 2498 (XXIV), 2517
(XXIV), 2678 (XXV), 2871 (XXVI), 3031 (XXVII), 3111 (XXVIII), 3295
(XXIX), 3399 (XXX), 31/146, 32/9, 33/182, 34/92, 35/227 et 36/121.
288. Cf. les résolutions 2535 B (XXIV), 2649 (XXV), paragraphe 5,
2672 C (XXV), 2792 D (XXVI), 2963 E (XXVII), 3089 D (XXVIII), 3236
(XXIX), 3376 (XXX), 31/20, 32/40, 33/28, 34/65, 35/169 A et 36/120 D.
Sur cette question voir aussi les documents de l'ONU, ST/SG/SER.F/3 et
ST/SG/SER.F/4.
284 Julio A. Barberis

289. Cf. parmi d'autres les résolutions 2787 (XXVI), 31/34 et 32/14.
Voir aussi Travers, «The Legal Effect of United Nations Action in Support
of the Palestine Liberation Organization and the National Liberation Move-
ments of Africa », Harvard International Law Journal, 1976, pp. 569 ss.
290. Résolution 77 (XII) de la Conférence des chefs d'Etat et de gouver-
nement de l'Organisation de l'unité africaine (28 juillet-1 er août 1975). Parmi
les auteurs, voir Mallison, The Legal Problems Concerning the Juridical Status
and Political Activities of the Zionist Organization/Jewish Agency, Beyrouth,
1968. Dans les pages 73 et suivantes, il est publié le texte d'un accord de 1954
entre Israël et l'organisation sioniste.
291. Voir aussi les résolutions mentionnées supra dans la note 287.
292. Nations Unies, doc. E/CN.4/Sub.2/377/Add.l, p. 29, par. 154.
293. Cf. les résolutions 2311 (XXII), 2426 (XXIII), 2555 (XXIV) et les
résolutions mentionnées supra dans la note 281.
294. Voir, par exemple, sur le Zimbabwe les résolutions 2508 (XXIV),
2652 (XXV) et 2945 (XXVII).
295. Cf. lesrésolutions3210(XXIX),3236(XXIX),3375(XXX),32/40 A,
33/28 A et 34/65.
296. Hasbi, Les mouvements de libération nationale et le droit interna-
tional, Rabat, 1981, pp. 228 ss.
297. Sur cette question, voir Silverburg, «The Palestine Liberation Organiz-
ation in the United Nations: Implications for International Law and Rela-
tions», Israel Law Review, 1977, pp. 382 ss.
298. Cf. Virally, «La valeur juridique des recommandations des organisa-
tions internationales »,AFDI, 1956, p. 88.
299. Voir, par exemple, Baxter, «Treatiesand Custom», Recueil des cours,
tome 129, 1970-1, pp. 25 ss.; Barberis, Fuentes del derecho internacional,
pp. 141-165; Doehring, «Gewohnheitsrecht aus Verträgen», ZaöRV, 1976,
pp. 77 ss.
300. Cf. Barberis, Fuentes del derecho internacional, pp. 33 ss. et 60 ss.
301. Cf. supra, partie I, chapitre unique, section I, par. 4.
302. Cf. Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire
international, vol. XXII, pp. 528 et 624.
303. Voir, par exemple, Pictet, La Convention de Genève pour l'amélio-
ration des blessés et des malades dans les forces armées en campagne, Genève,
1952, t. I, p. 459.
304. Voir le texte de l'adhésion du GPRA dans Bedjaoui, op. cit., p. 201.
305. Cf., par exemple, Comité international de la Croix-Rouge, Rapport
d'activité 1975, p. 9.
306. Pour les antécédents et le commentaire de cette disposition, cf. Abi-
Saab, «Wars of National Liberation in the Geneva Conventions and Protocols »,
Recueil des cours, tome 165, 1979-IV, pp. 374 ss.
307. International Committee of the Red Cross, Annual Report 1977,
p. 16.
308. Revue internationale de la Croix-Rouge, 1980, p. 328.
309. Comité international de la Croix-Rouge, Rapport d'activités 1981,
p. 11.
310. Revue internationale de la Croix-Rouge, 1981, p. 21.
311. Neue Zürcher Zeitung, 8 juin 1982.
312. Nations Unies, doc. A/CONF.95/15.
Pour le commentaire de cette convention, voir Bretton, « La Convention
du 10 avril 1981 sur l'interdiction ou la limite de l'emploi de certaines armes
classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets trauma-
tiques excessifs ou comme frappant sans discrimination», AFDI, 1981,
pp. 127 ss.
313. Journal officiel de la République française, 1962, pp. 3019 ss. La
jurisprudence française a reconnu que les accords d'Evian sont une convention
La personnalité juridique internationale 285

internationale (cf. Conseil d'Etat, 18 janvier 1969, Jurisclasseur périodique,


1969, II, no 15847).
314. ILM, 1974, p. 1244.
315. Ibid., pp. 1468 ss.
316. ILM, 1975, pp. 39 ss.
317. Europa-Archiv, 1975, pp. D 293 ss.
318. ILM, 1980, pp. 387 ss.
319. Voir le texte dans Boutros-Ghali, Lesconflits de frontières en Afrique,
Paris, 1972, pp. 116 et 117.
320. Nations Unies, doc. A/34/427, annexe I.
321. Sur ce sujet, voir Feuer, « Les accords passés par les Gouvernements
de Jordanie et du Liban avec les organisations palestiniennes», AFDI, 1970,
pp. 177 ss.
• 322. Voir le texte intégral de cet accord dans Le Monde, 22 avril 1970, p. 2.
323. Les textes n'ont pas été publiés, voir un bref commentaire dans Le
Monde, 10 janvier 1970, p. 2, et 6 février 1970, p. 2.
324. LeMonde, 10 septembre 1970, p. 2, et 17 septembre 1970, p. 3.
325. LeMonde, 12-13 juillet 1970, p. 2.
326. LeMonde, 29 septembre 1970, p. 2.
327. Le Monde, 15 octobre 1970, p. 5. Deux accords complémentaires
furent signés le 22 octobre 1970 (Le Monde, 24 octobre 1970, p. 2) et le
13 décembre 1970 {Le Monde, 15 décembre 1970, p. 6).
328. Voir le texte dans Angola rumo à independência; O Governo de
transição - Documentos e personalidades, Luanda, 1975, pp. 21 ss.
329. Par exemple, en 1976, l'UNITA avait un bureau à Lusaka (Zambie)
et le Front de libération de l'Erythrée avait un bureau à Aden (Yemen du
Sud).
330. Nations Unies, doc. A/CONF.67/15, annexe. Voir aussi la résolu-
tion 35/167 de l'Assemblée générale.
331. Reuter-Gros, Traités et documents diplomatiques, Paris, 1963, p. 424.
332. Boutros-Ghali, «La Ligue des Etats arabes», Recueil des cours,
tome 137, 1972-111, p. 36.
333. LeMonde, 8 septembre 1976, p. 5.
334. Sur cette question, voir Meron, «The Composition of the UN
Regional Economie Commissions and the PLO»,ICLQ, 1979, pp. 52 ss.
286

Annexe

TABLE DE LA JURISPRUDENCE
RELATIVE AUX ACCORDS QUASI INTERNATIONAUX

Compagnie universelle du Canal de Suez


Décision du 6 août 1864.
Texte dans La Pradelle-Politis, Recueil des arbitrages internationaux, 2e éd.,
Paris, 1957, vol. II, pp. 362 ss.
Süddeutsche Grenzbahnen
Décision du 1er décembre 1897.
Texte dans Zeitschrift für den internationalen Eisenbahntransport, t. V, 1897,
pp. 893 ss.
Rialet
Décision du 15 janvier 1929.
Texte dans Recueil des décisions des tribunaux arbitraux mixtes, t. VIII,
pp. 742 ss.
Lena Goldfields Ltd.
Décision du 2 septembre 1930.
Texte dans The Times (Londres) du 3 septembre 1930, p. 7.
Compagnie du Katanga
Décision du 11 décembre 1931.
Texte dans L'écho de la Bourse (Bruxelles) du 17 février 1932, p. 3.
Tchécoslovaquie c. Radio Corporation of America
Décision du 1er avril 1932.
Texte dans AJIL, 1936, pp. 523 ss.
Losinger & Cie SA
Décisions du 31 octobre 1934 et du 11 octobre 1935.
Textes dans CPJI série C no 78, pp. 54 ss. et 105 ss.
Radio Corporation of America c. Chine
Décision du 13 avril 1935.
Texte dans RIAA, vol. III, pp. 1623 ss.
Société commerciale de Belgique
Décisions du 3 janvier 1936 et du 25 juillet 1936.
Textes dans CPJI série C no 87, pp. 36 ss. et 44 ss.
Caisse autonome des Monopoles du Royaume de Roumanie
Décision du 10 juin 1937.
Texte inédit, il en existe un exemplaire à la bibliothèque du palais de la Paix
(La Haye).
Petroleum Development (Qatar) Ltd.
Décision du 27 mars 1950 (?)
Texte dans ILR, 1951, pp. 161 ss.
La personnalité juridique internationale 287

Petroleum Development (Trucial Coast) Ltd.


Décision de septembre 1951 (?)
Texte dans ICLQ, 1952, pp. 247 ss.
International Marine Oil Co. Ltd.
Décision de juin 1953.
Texte dans ILR, 1953, pp. 534 ss.
Compagnie des eaux de Beyrouth
Décision du 3 novembre 1953.
Texte inédit, il en existe un exemplaire à la bibliothèque du palais de la Paix
(La Haye).
The Aising Trade Co. Ltd.
Décision du 22 décembre 1954.
Texte inédit, il en existe un exemplaire à la bibliothèque du palais de la Paix
(La Haye).
Société européenne d'études et d'entreprises
Décision du 2 juillet 1956.
Texte dans JDI, 1959, pp. 1074 ss.
Jordan Investments Ltd.
Décision du 3 juillet 1958.
Texte dans Revue de l'arbitrage, 1960, pp. 92-97.
A ram co
Décision du 23 août 1958.
Texte dans «Arbitration between Saudi Arabia and The Arabian American
Oil Company (Aramco) », Award.
Sapphire International Petroleums Ltd.
Décision du 15 mars 1963.
Texte dans ILR, vol. 35, pp. 136 ss.
Ditta Luigi Galloni
Décision du 5 décembre 1964.
Texte dans ILR, vol. 40, pp. 158 ss.
Société d'électricité d'Athènes et du Pirée
Décision du 1er octobre 1965, exposé des motifs du 7 juillet 1966.
Textes inédits.
Turriff Construction (Sudan) Ltd.
Décision du 23 avril 1970.
Texte inédit.
Compagnie de recherches et d'exploitation de pétrole au Sahara (CREPS)
Décision du 28 février 1971.
Texte inédit.
Société des Grands Moulins de Dakar
Décision du 1er mai 1972.
Texte inédit, il en existe un exemplaire à la bibliothèque de la Cour interna-
tionale de Justice.
288 Julio A. Barberis

Hedjaz Railway Line


Décision du 22 novembre 1972.
Texte inédit, il en existe un exemplaire à la bibliothèque de la Cour interna-
tionale de Justice.
BP Exploration Co. (Libya) y. Libyan Government
Décisions du 10 octobre 1973 et du 1er août 1974.
Textes dans ILR, vol. 53, pp. 297 ss. et 375 ss.
Texaco/Calasiatic c. Libye
Décisions du 27 novembre 1975 et du 19 janvier 1977.
Textes dans ILR, vol. 53, pp. 393 ss., et JDI, 1977, pp. 350 ss.
Liamco v. Libyan Government
Décision du 12 avril 1977.
Texte dans ILM, 1981, pp. 1 ss.
Revere Copper and Brass Inc.
Décision du 24 août 1978.
Texte dans ILM, 1978, pp. 1321 ss.
Kuwait v. Aminoil
Décision du 24 mars 1982.
Texte dans ILM, 1982, pp. 976 ss.
289

BIBLIOGRAPHIE

I. Sujets du droit international en général


Aguilar Navarro, M., «La crisis del derecho internacional y la teoria de sus
sujetos y,, REDI, 1954, pp. 11-57.
Akzin, B., «Les sujets du droit international», Revue de droit international,
t. IV, 1929, pp. 45M89.
Apelt, F., Abhängige Mitglieder völkerrechtlicher Verbände. Ein Beitrag zur
Lehre der Rechtspersönlichkeit im Völkerrecht, Brünn-Vienne-Leipzig,
1937.
Arangio-Ruiz, G., Gli enti soggetti dell'ordinamento internazionale, Milan,
1951. — Sulla dinamica della base sociale nel diritto internazionale, Milan,
1954. — «Stati e altri enti (soggettività internazionale)», Novissimo digesto
italiano, voi. XVIII, Turin, 1971, pp. 132-213. - Diritto internazionale e
personalità giuridica, Bologne, 1972.
Aufricht, H., «Personality in International Law», The American Politicai
Science Review, 1943, pp. 217-243.
Baumgarten, A., «Souveränität und Völkerrecht — Das Subjekt völkerrecht-
licher Verpflichtungen)>,ZaöRV, t. 2, 1931, partie I, pp. 320-334.
Berenstein, A., « La théorie des sujets du droit international et les organisations
professionnelles»,Rev. internat., 1937, pp. 125-136.
Berezowski, C, «Les sujets non souverains du droit international», Recueil
des cours, tome 65, 1938-III, pp. 5-85. — «Les problèmes de la subjectivité
internationale », Mélanges offerts à Juraj Andrassy, La Haye, 1968, pp. 31 -
53.
Bernhardt, R., «Das Auftreten neuer Völkerrechtssubjekte und die Stellung
der Staaten», Der Mensch als Person des Völkerrechts (Eine Bilanz des
internationales Jahres des Menschenrechts), IV. internationales Völker-
rechts-Kolloquium vom 8. bis 10. März 1969, Evangelische Akademie
Loccum, 1969, pp. 35-46.
Buonvino, M., Diritto e personalità giuridica internazionale, Rome, 1909.
Caflisch, L., Chr. Verdon, H.-J. Geiser, H. B. Reimann, Les sujets du droit
international (répertoire des décisions et des documents de la procédure
écrite et orale de la Cour permanente de Justice internationale et de la
Cour internationale de Justice, série I, vol. 3), Genève, 1973.
Castro Rial, J. M., «Considérations sur la personnalité internationale•»,Revue
hellénique de droit international, 1951, pp. 29-39.
Cavaglieri, A., «I sogetti del diritto internazionale »¡Rivista, 1925, pp. 18-32
et 169-187.
Dickinson, E. D., «The Analogy between Natural Persons and International
Persons in the Law of Nations», Yale Law Journal, 1917, pp. 564-591.
Dutoit, B., «Die Souveränitätsbeschränkungen im Lichte der westlichen und
sowjetischen Theorie der Subjekte des Völkerrechts», Völkerrecht in Ost
und West (Herausgegeben von R. Maurach und B. Meissner), Stuttgart-
Berlin-Cologne-Mayence, 1967, pp. 71-99.
Ebers, G., «Sind im Völkerrecht allein die Staaten parteifähig 1 »Mitteilungen
der Deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, Heft 7, 1926, pp. 7-29.
Enriques, G., 77 concetto astratto di «persona giuridica» e la sua applicazione
al diritto internazionale, Rome, 1928.
Eustathiades, C. Th., «Les sujets du droit international et la responsabilité
internationale. Nouvelles tendances», Recueil des cours, tome 84,1953-III,
pp. 397-633.
290 Julio A. Barberis

Fedozzi, P., «Il concetto di personalità internazionale nell'articolo 1 del Patto


della Società delle Nazioni», Rivista internazionale di filosofia del diritto,
voi. I, 1921,pp. 100-105.
García Amador, F. V., « Le sujet passif de la responsabilité et la capacité d'être
demandeur en droit international», Revue de droit international, des
sciences diplomatiques et politiques, 1956, pp. 266-279.
Grimaldi, J.-D., Délimitation juridique de la communauté internationale
contemporaine, Paris, 1943.
Gölz, L., Entstehung und Untergang von Vòlkerrechtssubjekten seit 1918
(thèse de Giessen), Giessen, 1937.
Hamburger, L., «Die Theorie von den Subjekten und Mitgliedern der Völker-
rechtsordnung und die Internationale Arbeitsorganisation», Niemeyers
ZIR, vol. XXXVI, 1926, pp. 117-196.
Heilborn, P., «Subjekte des Völkerrechts», Wörterbuch des Völkerrechts und
der Diplomatie, Berlin-Leipzig, 1925, t. Il, pp. 684-686.
Herz, H., «Le sujet de droit en droit international public»,-Rev. internat.,
1936, pp. 100-11 1.
Heydte, F. A. Frhr. von der, «Rechtssubjekt und Rechtsperson im Völker-
recht», Grundprobleme des internationalen Rechts (Festschrift für Jean
Spiropoulos), Bonn, 1957, pp. 237-255.
Iannaccone, C , La personalità giuridica internazionale, Ferrare, 1926.
Jessup, Ph. C , «The Subjects of a Modern Law of Nations», Michigan Law
Review, vol.45, 1946-1947, pp. 383-408.
Jewgenjew, W. W., «Rechtssubjektivität, Souveränität und Nichteinmischung
im Völkerrecht», Rechtswissenschaftlicher Informationsdienst, 1955,
colonnes 567-577.
Knorr, W., «Parteifähigkeit im Völkerrecht», Hanseatische Rechts-Zeitschrift,
1926, colonnes 633-636.
Knubben, R., Die Subjekte des Völkerrechts, Stuttgart, 1928.
Korte, H., Grundfragen der völkerrechtlichen Rechtsfähigkeit und Handlungs-
fähigkeit der Staaten, Berlin-Grunewald, 1934.
Lachance, L., «Le sujet du droit international», Anuario de la Asociación
Francisco de Vitoria, vol. VII, 1946-1947, pp. 43-83.
Lador-Lederer, J. J., «Nichtstaatliche Organisationen und die Frage der Erwei-
terung des Kreises des Völkerrechtssubjekte », ZaöR V, 1963, pp. 657-678.
Lauterpacht, H., «The Subjects of the Law of Nations», The Law Quarterly
Review, 1947, pp. 438-460; 1948, pp. 97-119.
Leu, H.-J., «Sujetos de derecho internacional y actores de la estructura inter-
nacional», Politela, 1976, pp. 273-289.
Longo, A., «Persone giuridiche internazionali», Rivista di diritto pubblico,
1915,pp. 129-158.
Luhe, H. von der, Die internationale juristische Person, Göttingen, 1931.
Lundborg, R., «Die völkerrechtliche Handlungsfähigkeit der nichtsouveränen
Staaten und einiger internationaler Rechtspersönlichkeiten», Niemeyers
ZIR, vol. LH, 1937, pp. 113-143.
Mazzoleni, G., Personalità giuridica e soggetti del diritto internazionale, Pavie,
1933.
Miaja de la Muela, A., «Problemática permanente y realidades actuales acerca
de la personalidad en derecho internacional», Anales de la Universidad dé
La Laguna, 1966, pp. 7-43.
Miehsler, H., «Das Auftreten neuer Völkerrechtssubjekte und die Stellung der
Staaten »,Der Mensch als Person des Völkerrechts (Eine Bilanz des interna-
tionales Jahres des Menschenrechts), IV. internationales Völkerrechtskol-
loquium vom 8. bis 10. März 1969, Evangelische Akademie Loccum, 1969,
pp. 24-34.
Modshorjan, L. A., « Zur Frage der Völkerrechtssubjekte », Rechtswissenschaft-
licher Informationsdienst, 1956, colonnes 683-692.
La personnalité juridique internationale 291

Modzorjan, L. A., Subjekte des Völkerrechts, Göttingen, 1963.


Molen, G. H. J. van der, Subjecten van volkenrecht, La Haye, 1949.
Moreno Quintana, L. M., et C. M. Bollini Shaw, «Las personas del derecho
internacional », Revista de la Facultad de derecho y ciencias sociales, Buenos
Aires, 1948, pp. 549-580.
Mosler, H., «Die Erweiterung des Kreises der Völkerrechtssubjekte », Berichte
der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, Heft 4, Karlsruhe, 1961,
pp. 39-79. — «Die Erweiterung des Kreises der Völkerrechtssubjekte»,
ZaöRV, 1962, pp. 1-48. - «Völkerrechtsfähigkeit», WVR, t. Ill, pp. 665-
677. — «Réflexions sur la personnalité en droit international public»,
Mélanges offerts à Henri Rolin, Paris, 1964, pp. 228-251.
Mugerwa, N., «Subjects of International Law», Manual of Public Interna-
tional Law, publié sous la direction de Max S^rensen, Londres-Melbourne-
Toronto-New York, 1968, pp. 247-310.
O'Connell, D. P., «La personnalité en droit international», RGDIP, 1963,
pp. 5-43.
Okeke, Chr. N., The Expansion of New Subjects of Contemporary Interna-
tional Law through Their Treaty Making Capacity (thèse de l'Université
libre d'Amsterdam), Rotterdam, 1973. — Controversial Subjects of Con-
temporary International Law, Rotterdam, 1974.
Pasquazi, I., «De fundamento personalitatis iuridicae internationalis», Apol-
linaris - Commentarium iuridico-canonicum, 1929, no 1, pp. 61-70.
Piotrowski, G., «L'ordre international et la question de sujets du droit»,
Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, 1954,
pp. 12-37.
Riesen, W., «Der Adressat der Völkerrechtsnormen», Jahrbuch der Basler
Juristenfakultät, XXII.-XXIV. Heft, 1943-1945, pp. 131-133.
Scelle, G., «Some Reflections on Juridical Personality in International Law»,
Law and Politics in the World Community (Essays on Hans Kelsen's Pure
Theory and Related Problems in International Law), Berkeley-Los Angeles,
1953, pp. 49-58.
Scerni, M., «Personalità giuridica internazionale ed autonomia normativa»,
Rivista, 1931, pp. 389-391.
Schlochauer, H.-J., «Völkerrechtssubjekte», Handwörterbuch der Sozial-
wissenschaften, t. 11, Göttingen, 1961, pp. 358-361.
Schoen, P., «Zur Lehre von den Subjekten des Völkerrechts», Zeitschrift für
Völkerrecht, 1939, pp. 411-448.
Siotto Pintor, M., «Les sujets du droit international autres que les Etats»,
Recueil des cours, tome 41,1932-III, pp. 245-361.
Sperduti, G., «Sulla soggetività internazionale». Rivista, 1972, pp. 266-277.
Szászy, I., «La règle juridique, le droit subjectif et le sujet de droit en droit
international », Mélanges offerts à Juraj Andrassy, La Haye, 1968, pp. 307-
350.
Uibopuu, H.-J., «Die Subjekte des Völkerrechts», Osteuropa-Handbuch, vol.
Sowjetunion, partie « Aussenpolitik III», Cologne-Vienne, 1976,pp. 62-74.
Visscher, Ch. De, «La technique de la personnalité juridique en droit interna-
tional public et privé »,RDILC, 1936, pp. 475-487.
Wengler, W., «Der Begriff des Völkerrechtssubjektes im Lichte der politischen
Gegenwart», FW, t. 51, 1951-1953, pp. 113-142. - « La noción de sujeto
de derecho internacional público examinada bajo el aspecto de algunos
fenómenos políticos actuales »,REDI, 1951, pp. 831-859.

II. Les personnes privées


Arangio-Ruiz, G., «L'individuo e il diritto internazionale», Rivista, 1971,
pp. 561-608.
Asbeck, F. M. baron van, «De mens in het volkenrecht», Gedenkboek uit-
292 Julio A. Barbeas

gegeven ter gelegenheid van het vijf en twintig jarig bestaan van het rechts-
wetenschappelijk hoger onderwijs in Indonesië op 28 October 1949,
Groningue-Djakarta, 1949, pp. 58-83.
Balladore Pallien, G., «Stato e individuo secondo il diritto internazionale»,
Rivista, 1936, pp. 34-54.
Borchard, E. M., «The Access of Individuals to International Courts»,AJIL,
1930, pp. 359-365.
Bourquin, M., «La position de l'individu dans l'ordre juridique internatio-
nal», Revue internationale de la Croix-Rouge, 1954, pp. 880-897 et
pp. 973-988.
Cassin, R., «L'homme, sujet de droit international et la protection des droits
de l'homme dans la société universelle», La technique et les principes du
droit public (Etudes en l'honneur de G. Scelle), Paris, 1950, t. I, pp. 67-91.
Corbett, P. E., The Individual and World Society, Princeton, New Jersey, 1953.
Cowles, W. B., «The Impact of International Law on the Individual», Pro-
ceedings of the A merican Society of International Law, 1952, pp. 71-85.
Dahm, G., Die Stellung des Menschen im Völkerrecht unserer Zeit, Tübingen,
1961.
Durante, F., Ricorsi individuali ad organi internazionali, Milan, 1958.
Eagleton, C , «Some Questions as to the Place of the Individual in the Inter-
national Law of the Future i>,AJIL, 1943, pp. 642-644.
Geöcze, B. de, «Les personnes privées sont-elles sujets de droit international?»,
Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, 1934,
pp. 119-134.
Glaser, S., «Der einzelne vor dem Völkerrecht », ÖZöR, 1966,pp. 111-127.
Grassi, M., Die Rechtsstellung des Individuums im Völkerrecht, Winterthur,
1955.
Guerry, E., Recherches sur la personnalité internationale de l'individu, 2 e éd.,
Paris.
Hallier, H.-J., Völkerrechtliche Schiedsinstanzen für Einzelpersonen und ihr
Verhältnis zur innerstaatlicher Gerichtsbarkeit, Cologne-Berlin-Bonn-
Munich, 1962.
Heilborn, P., Die Stellung des Menschen im Völkerrecht, Breslau, 1927.
Heydte, F. A. von der, «L'individu et les tribunaux internationauxD,Recueil
des cours, tome 107, 1962-III, pp. 287-359.
Huber, M., Das Völkerrecht und der Mensch, Saint-Gall, 1952.
Isay, H., «Die Stellung der Privatpersonen im Völkerrecht», Juristische
Wochenschrift, 1924, pp.' 1317-1318.
Kelsen, H., «Collective and Individual Responsibility for Acts of State in
International Law», The Jewish Yearbook of International Law, 1948,
pp. 226-239.
Kimminich, O., «Der internationale Schutz des Einzelneny>,Arch. VR, 1971-
1972, pp. 402-424.
Korowicz, M. S., «The Problem of the International Personality of Indivi-
duals», AJIL, 1956, pp. 533-562.
La Pradelle, A. de, «La place de l'homme dans la construction du droit inter-
national », Current Legal Problems, 1948, pp. 140-151.
Lauterpacht, H., «The Law of Nations and the Punishment of War Crimes»,
BYB, 1944, pp. 58-95.
Manner, G., «The Object Theory of the Individual in International Law»,
AJIL, 1952, pp. 428-449.
Meurer, Chr., «Klagen von Privatpersonen gegen auswärtige Staaten», Zeit-
schriftfür Völkerrecht, 1914, pp. 1-47.
Morelli, G., «Stati e individui nelle organizzazioni internazionali», Rivista,
1957, pp. 3-25.
Musso, G: D., L'individuo e le minoranze come soggetti del diritto internazio-
nale, Rome, 1937.
La personnalité juridique internationale 293

Nawiasky, H., «Die Stellung der Einzelperson im Völkerrecht», FW, t. 52,


1953/55, pp. 235-243.
Ntfrgaard, C. A., The Position of the Individual in International Law (thèse
d'Aarhus), Copenhague, 1962.
Obilade, A. O., «The Individual as a Subject of International Law», IJIL,
1974, pp. 90-99.
Parry, C, « Some Considerations upon the Protection of Individuals in Inter-
national Law », Recueil des cours, tome 90, 1956-11, pp. 653-726.
Partsch, K. J., «Die Einzelperson im Völkerrecht», FW, 1949, pp. 249-256.
— «Individuum im Völkerrecht», WVR, t. Il, pp. 12-17.
Pilotti, M., «Le recours des particuliers devant les juridictions internationales»,
Grundprobleme des internationalen Rechts (Festschrift fürJ. Spiropoulos),
Bonn, 1957, pp. 351-362.
Rapisardi Mirabelli, A., «La capacità giuridica internazionale degl'indivi-
dui», Scritti giuridici in onore di Santi Romano, Padoue, 1940, voi. Ili,
pp. 63-73.
Rehm, H., «Untertanen als Subjekte völkerrechtlicher Pflichten », Zeitschrift
für Völkerrecht und Bundesstaatsrecht, 1907, pp. 53-55.
Remec, P. P., The Position of the Individual in International Law according
to Grotiusand Vattel, La Haye, 1960.
Reuter, P., «Quelques remarques sur la situation juridique des particuliers en
droit international public», La technique et les principes du droit public
(Etudes en l'honneur de G. Scelle), Paris, 1950, t. II, pp. 535-552.
Ruchette, J., L'individu devant le droit international, Paris, 1956.
Salvioli, G., «L'individuo in diritto internazionale »,Rivista, 1956, pp. 5-11.
Séfériadès, S., «Le problème de l'accès des particuliers à des juridictions
internationales », Recueil des cours, tome51, 1935-1, pp. 1-120.
Segal, S., L'individu en droit international positif (thèse de Paris), Paris, 1932.
Soto, J. de, «L'individu comme sujet du droit des gens», La technique et les
principes du droit public (Etudes en l'honneur de G. Scelle), Paris, 1950,
t. II, pp. 687-716.
Sperduti, G., «L'individu et le droit international», Recueildes cours, tome 90,
1956-11, pp. 727-849. - «La personne humaine et le droit international»,
AFDI, 1961, pp. 141-162.
Spiropoulos, J., «L'individu et le droit international», Recueil des cours,
tome 30, 1929-V, pp. 191-270.
Tardu, M., « Le droit de recours des particuliers devant un organe internatio-
nal », Revue de droit international pour le Moyen-Orient, 1956, pp. 20-41.
Ténékidès, G., L'individu dans l'ordre juridique international, Paris, 1933.
Wegner, A., «Die Stellung der Einzelperson im gegenwärtigen Völkerrecht»,
Gegenwartsprobleme des internationalen Rechtes und der Rechtsphiloso-
phie (Festschrift für R. Laun), Hambourg, 1953, pp. 241-365.
Wehberg, H., « Die völkerrechtliche Verantwortlichkeit von Individuen wegen
Friedensbruch im Zeitalter des Völkerbundes», Gegenwartsprobleme des
internationalen Rechtes und der Rechtsphilosophie (Festschrift für R.
Laun), Hambourg, 1953, pp. 379-394.

III. Les personnes privées :


le cas des accords quasi internationaux
Adam, H. T., « Les accords de prêt de la Banque internationale pour la recons-
truction et le développement», RGDIP, 1951, pp. 41-72.
Amerasinghe, Ch. F., «State Breaches of Contracts with Aliens and Interna-
tional Law», AJIL, 1964, pp. 881-913. — State Responsibility for Injuries
to Aliens, Oxford, 1967.
Angelo, H. G., «Multinational Corporate Enterprises», Recueil des cours,
tome 125, 1968-III, pp. 443-607.
294 Julio A. Barberis

Asante, S. K. B., «Stability of Contractual Relations in the Transnational


Investment Process»,ICLQ, 1979, pp. 401-423.
Atkey, R. G., « Foreign Investment Disputes : Access of Private Individuals to
International Tribunals», ACDI, 1967, pp. 229-240.
Bastid, S., «Le droit international public dans la sentence de YAramco-»,
AFDI, 1961, pp. 300-311.
Batiffol, H., «La sentence Aramco et le droit international privé», Revue
critique de droit international privé, 1964, pp. 647-662. — «Arbitration
Clauses Concluded between French Government-Owned Enterprises and
Foreign Private Parties», Columbia Journal of Transnational Law, 1968,
pp. 32-47.
Böckstiegel, K.-H., «Arbitration of Disputes between States and Private En-
terprises in the International Chamber of Commerce», AJIL, 1965,
pp. 579-586. — Der Staat als Vertragspartner ausländischer Privatunter-
nehmen, Francfort-sur-le-Main, 1971. - «Besondere Probleme der Schieds-
gerichtsbarkeit zwischen Privatunternehmen und ausländischen Staaten
oder Staatsunternehmen y>,Neue Juristische Wochenschrift, 1975, pp. 1577-
1582.
Bogouslavsky, M., « L'Etat en tant que partie à des contrats de concession ou
d'investissement conclus avec des sociétés privées étrangères i>, New Direc-
tions in International Law, Dobbs Ferry, NY, vol. I, pp. 307-316.
Borchers, K. G., Verträge von Staaten mit ausländischen Privatpersonen,
Göttingen, 1966.
Bourquin, M., «Arbitration and Economie Development Agreements», Selec-
ted Readings, pp. 99-116.
Bowett, D. W., «Libyan Nationalisation of American Oil Companies' Assets»,
The Cambridge Law Journal, 1978, pp. 5-8.
Broches, A., «The Convention on the Settlement of Investment Disputes:
Some Observations on Jurisdiction», Columbia Journal of Transnational
Law, 1966, pp. 263-280. — «The Convention on the Settlement of Invest-
ment Disputes between States and Nationals of Other States: Applicable
Law and Default Procedure», International Arbitration. Liber Amicorum
for Martin Domke, La Haye, 1967, pp. 12-22. — «The Convention on the
Settlement of Investment Disputes between States and Nationals of Other
States », Recueil des cours, tome 136, 1972-11, pp. 331-410.
Carabiber, Ch., Les juridictions internationales de droit privé, Neuchâtel,
1947. — «L'arbitrage international entre gouvernements et particuliers»,
Recueil des cours, tome 76, 1950-1, pp. 221-318. — «L'évolution de l'arbi-
trage commercial international», Recueil des cours, tome 99, 1960-1,
pp. 125-231. — «L'évolution de la jurisprudence en matière d'exécution
des jugements étrangers et des sentences arbitrales étrangères et interna-
tionales», Revue de l'arbitrage, 1961, pp. 168-183. — «L'exécution en
Suisse des sentences arbitrales internationales», Revue de l'arbitrage, 1963,
pp. 78-88. — «L'exécution des sentences arbitrales internationales », Revue
de l'arbitrage, 1964, pp. 3-9.
Carlston, K. S., «Concession Agreements and Nationalization», AJIL, 1958,
pp. 260-279. — «International Role of Concession Agreements», Selected
Readings, pp. 237-271.
Cassoni, G., «I contratti di concessione stipulati fra Stati o enti pubblici statali
e società commerciali straniere», Diritto internazionale, 1965, Parte
prima, pp. 235-260.
Catranis, A.; «Probleme der Nationalisierung ausländischer Unternehmen vor
internationalen Schiedsgerichten - Die libyschen Schiedsfalle»,.Rec/¡f der
Internationalen Wirtschaft, 1982, pp. 19-27.
Cattan, H., The Law of Oil Concessions in the Middle East and North Africa,
Dobbs Ferry, NY, 1967. - The Evolution of Oil Concessions in the Middle
East and North Africa, Dobbs Ferry, NY, 1967.
La personnalité juridique internationale 295

Cohen-Jonathan, G., «L'arbitrage Texaco-Calasiatic contre Gouvernement


libyen », AFDI, 1977, pp. 452-479.
Delaume, G. R., «The Proper Law of Loans Concluded by International
Persons: a Restatement and a Forecast», AJIL, 1962, pp. 63-87. — «La
Convention pour le règlement des différends relatifs aux investissements
entre Etats et ressortissants d'autres Etats»,JDI, 1966, pp. 26-61. — «Des
stipulations de droit applicable dans les accords de prêt et de développe-
ment économique et de leur rôle», Revue belge de droit international,
1968, pp. 336-364. - «Excuse for Non-Performance and Force Majeure
in Economie Development Agreements», Columbia Journal of Transna-
tional Law, 1971, pp. 242-266. - «State Contracts and Transnational
Arbitration »,AJIL, 1981; pp. 784-819.
Domke, M., «The Israeli-Soviet Oil Arbitrationi>,AJIL, 1959, pp. 787-806. -
«Arbitration between Governmental Bodies and Foreign Private Firms»,
Arbitration Journal, 1962, pp. 129-144.
El-Kosheri, A. S., «Le régime juridique créé par les accords de participation
dans le domaine pétrolier», Recueil des cours, tome 147,1975-IV, pp. 219-
393.
El-Shishini, M., «Les contrats quasi internationaux», Revue égyptienne de
droit international, 1968, pp. 81-94.
Erades, L., «The Sudan Arbitration», Nederlands Tijdschrift voor Internatio-
naal Recht, 1970, pp. 200-222.
Farer, T. J., «Economie Development Agreements: a Functional Analysis»,
Columbia Journal of Transnational Law, 1971, pp. 200-241.
Fatouros, A. A., Government Guarantees to Foreign Investors, New York-
Londres, 1962. — «The Administrative Contract in Transnational Trans-
actions: Reflections on the Uses of Comparison», Jus Privatum Gentium
(Festschrift für Max Rheinstein zum 70. Geburtstag am 5. Juli 1969),
Tübingen, 1969, pp. 259-274. - «International Law and the Internationa-
lized Contract y>,AJIL, 1980, pp. 134-141.
Fawcett, J. E. S., «Legal Aspects of State Trading», BYB, 1948, pp. 34-
51.
Ferrari Bravo, L., «Le operazioni finanziarie degli enti internazionali», An-
nuario di diritto intemazionale, 1965j pp. 80-129.
Fischer, P., «Die schiedsgerichtliche Beilegung von privaten Investitionsstrei-
tigkeiten im Lichte d.er Weltbankkonvention vom 18. März 1965», Verfas-
sung und Recht in Übersee, 1968, pp. 262-302- - «Die Privatperson als
völkerrechtliche Vertragspartner des Staates», OZöR, 1973, pp. 339-366.
- Die internationale Konzession, Vienne-New York, 1974. - «Bemerkun-
gen zur Lehre von Alfred Verdross über den «quasi-völkerrechtlichen»
Vertrag im Lichte der neuesten Entwicklung», JusHumanitatis(Festschrift
für Alfred Verdross), Berlin, 1980, pp. 379-401.
Fouchard, Ph., L'arbitrage commercial international, Paris, 1965.
Friedmann, W., «The Growth of State Control over the Individual, and its
Effect upon the Rules of International State Responsibility »,BYB, 1938,
pp. 118-150. — «Some Impacts of Social Organization on International
Lav/»yAJIL, 1956,pp. 475-513. -The Changing Structure of International
Law, Londres, 1964.
Geiger, R., «The Unilateral Change of Economic Development Agreements»,
ICLQ, 1974, pp. 73-104.
Goldman, B., «Le droit des sociétés internationales», JDI, 1963, pp. 320-388.
— «Le droit applicable selon la Convention de la BIRD, du 18 mars 1965,
pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d'autres Etats», Investissements étrangers, pp. 133-156. —
« La lexy mercatoria dans les contrats et l'arbitrage internationaux : réalité
et perspectives », JDI, 1979, pp. 475-505.
Goldschmidt, W., «Transactions between States and Public Firms and Foreign
296 Julio A. Barberis

Private Firms (A Methodological Study)», Recueil des cours, tome 136,


1972-11, pp. 203-329.
Guggenheim, P., «Der völkerrechtliche Schutz von Investitionen im Ausland»,
Schw. JiR, 1956, pp. 57-78. — «Die Anwendung allgemeiner Rechtsprin-
zipien des Völkerrechts im Landesrecht», Festschrift für Gerhardt Leibholz
zum 65. Geburtstag, vol. I, pp. 701-712, Tübingen, 1966.
Guldberg, T., «International Concessions. A Problem of International Econo-
mic Law», A eta scandinavica juris gentium, 1955, pp. 18-34.
Guyomar, G., «L'arbitrage concernant les rapports entre Etats et particuliers»,
AFDI, 1959, pp. 333-354. - «Le règlement de la Cour permanente d'arbi-
trage relatif aux conflits internationaux entre deux parties dont une seule-
ment est un Etat», AFDI, 1962, pp. 377-390.
Gruss, H. J., «Enteignung und Aufhebung von Erdölkonzessionen: Der
Schiedsspruch im libyschen Erdölstreit», ZaöRV, 1979, pp. 782-806.
Hecke, G. van, Problèmes juridiques des emprunts internationaux, Bibliotheca
Visseriana, t. XVIII, Leyde, 1964. — «Réflexion sur l'arbitrage au point de
vue de son intégration dans les divers ordres juridiques », Multitudo Legum
Jus Unum (Festschrift für Wilhelm Wengler zu seinem 65. Geburtstag),
Berlin, 1973, t. Il, pp. 357-368.
Hurewitz, J. C , Diplomacy in the Near and Middle East, deux volumes, Prin-
ceton (NJ)-Toronto-New York-Londres, 1956.
Hyde, J. N., «Economie Development Agreements», Recueil des cours,
tome 105, 1962-1, pp. 271-374.
Jennings, R. Y., «State Contracts in International Law»,BYB, 1961, pp. 156-
182.
Jiménez de Aréchaga, E., «L'arbitrage entre les Etats et les sociétés privées
étrangères», Mélanges en l'honneur de Gilbert Gidel, Paris, 1961, pp. 367-
382.
Khadjavi-Gontard, B., et R. Hausmann, «Zurechenbarkeit von Hoheitsakten
und subsidiäre Staatshaftung bei Verträgen mit ausländischen Staatsunter-
nehmen », Recht der internationalen Wirtschaft, 1980, pp. 533-544.
Kipp, H., «Verträge zwischen staatlichen und nichtstaatlichen Partnern»,
Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht (Verhandlungen der
8.Tagung), Heft 5, Karlsruhe, 1964, pp. 133-188.
Kissam, L. T., et E. K. Leach, «Sovereign Expropriation of Property and
Abrogation of Concession Contracts», Selected Readings, pp. 353-406.
Kojanec, G., «The Legal Nature of Agreements Concluded by Private Entities
with Foreign States», Académie de droit international de La Haye, Col-
loque 1968: Les accords de commerce international, pp. 299-341. —
«Problèmes juridiques internationaux des concessions pétrolières», An-
nuaire de l'Association des auditeurs et anciens auditeurs de l'Académie de
droit international de La Haye, 1966, pp. 48-56.
Kopelmanas, L., «La place de la Convention européenne sur l'arbitrage com-
mercial international du 21 avril 1961 dans l'évolution du droit international
de l'arbitrage», AFDI, 1961, pp. 331-354. - «The Settlement of Disputes
in International Trade», Columbia Law Review, 1961, pp. 384-401. -
«L'application du droit national aux sociétés multinationales», Recueil
des cours, tome 1 50, 1976-11, pp. 295-336.
Kovar, R., « La compétence du Centre international pour le règlement des dif-
férends relatifs aux investissements », Investissements étrangers, pp. 25-51.
Kronfol, Z. k., Protection of Foreign Investment, Leyde, 1972.
Lalive, J.-F., «Un récent arbitrage suisse entre un organisme d'Etat et une
société privée étrangère», Schw. JiR, 1962, pp. 273-302. - «Contracts
between a State or a State Agency and a Foreign Company y>,ICLQ, 1964,
pp. 987-1021. - «Aspects procéduraux de l'arbitrage entre un Etat et un
investisseur étranger dans la Convention du 18 mars 1965 pour le règlement
des différends relatifs aux. investissements entre Etats et ressortissants
La personnalité juridique internationale 297

d'autres Etats», Investissements étrangers, pp. 111-129. — «Un grand


arbitrage pétrolier entre un Gouvernement et deux sociétés privées étran-
gères», JDI, 1977, pp. 319-349.
Lalive, P., «L'influence des clauses arbitrales», Revue belge de droit interna-
tional, 1975, pp. 570-580. — Réflexions sur l'Etat et ses contrats interna-
tionaux, Genève, 1976. — «L'Etat en tant que partie à des contrats de
concession ou d'investissement conclus avec des sociétés privées étrangères »,
New Directions in International Law, Dobbs Ferry, NY, vol. I, pp. 3 17-373.
Lienard-Ligny, M., « L'autonomie de la volonté face aux lois imperatives dans
lese contrats internationaux», Annales de la faculté de droit de Liège,
13 année, 1968, no 1, pp. 5-37.
Logie, J. A. R., «Les contrats pétroliers iraniens», Revue belge de droit inter-
national, 1965, pp. 392-428.
Loquin, E., L'amiable composition en droit comparé et international, Paris,
1980.
Mann, F. A., «The Law Governing State Contracts», BYB, 1944, pp. 11-33.
— « Reflections on a Commercial Law of Nations », BYB, 1957, pp. 20-51.
— «The Proper Law of Contracts concluded by International Persons»,
BYB, 1959, pp. 34-57. — «Die Verträge der Völkerrechtssubjekte und die
Parteiautonomie», lus et Lex. Festgabe zum 70. Geburtstag von Max
Gutzwiller, pp. 465-487, Bale, 1959. - «State Contracts and State Res-
ponsibility», AJIL, 1960, pp. 572-591. — «State Contracts and Inter-
national Arbitration», BYB, 1967, pp. 1-37. — «Lex facit arbitrum»,
International Arbitration. Liber Amicorum for Martin Domke, pp. 157-
183, La Haye, 1967. — «The Theoretical Approach towards the Law
Governing Contracts between States and Private Persons», Revue belge de
droit international, 1975, pp. 562-567.
Mehren, R. B. von, et P. N. Kourides, «The Libyan Nationalizations: Topeo/
Calasiatic v. Libya Arbitration »¡Natural Resources Lawyer, 1979, pp. 419-
434. - «International Arbitrations between States and Foreign Private
Parties: The Libyan Nationalization Cases», AJIL, 1981, pp. 476-552.
Meron, Th., « Repudiation of Ultra Vires State Contracts and the International
Responsibility of States»,ICLQ, 1957, pp. 273-289.
Miaja de la Muela, A., « Aspectos jurídicos de las diferencias entre Estados y
personas privadas extranjeras»,REDI, 1969, pp. 9-41.
O'Connell, D. P., «A Critique of the Iranian Oil Litigation», ICLQ, 1955,
pp. 267-293.
Olmstead, C. J., «Economic Development Loan Agreements», California Law
Review, 1960, pp. 424-437, 1961, pp. 504-516. - «Nationalization of
Foreign Property Interests, Particularly Those Subject to Agreements with
the State», Selected Readings, pp. 215-236.
Oppetit, B., «L'adaptation des contrats internationaux aux changements de
circonstances: la clause de «hardship», JDI, 1974, pp. 794-814.
Pazarci, H., Responsabilité internationale des Etats en matière contractuelle,
Ankara, 1973. — «La responsabilité internationale des Etats à l'occasion
des contrats conclus entre Etats et personnes privées étrangères »,RGDIP,
1975, pp. 354-421.
Pirrung, J., Die Schiedsgerichtsbarkeit nach dem Weltbankübereinkommen
für Investitionsstreitigkeiten, Berlin, 1972.
Ramazani, R. K., « Choice-of-Law Problems and International Oil Contracts :
a Case Study »,ICLQ, 1962, pp. 503-518.
Rambaud, P., «Un arbitrage pétrolier: la sentence Liamco», AFDI, 1980,
pp. 274-292.
Rengenling, H.-W., Privatvölkerrechtliche Verträge, Berlin, 1971.
Reuter, P., « Réflexion sur la compétence du centre créé par la Convention
pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d'autres Etats»,Investissements étrangers, pp. 9-24.
298 Julio A. Barberis

Rigaux, F., «Des dieux et des héros. Réflexions sur une sentence arbitrale»,
Revue critique de droit international privé, 1978, pp. 435-459.
Robert, J., «Observations sur une sentence arbitrale internationale», Revue
de l'arbitrage, 1960, pp. 76-86.
Roulet, J. D., «La Convention du 18 mars 1965 pour le règlement des diffé-
rends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants d'autres Etats »,
Schw.JiR, 1965, pp. 121-154.
Sacerdoti, G., / contratti tra Stati e stranieri nel diritto internazionale, Milan,
1972.
Sanders, P., «Trends in the Field of International Commercial Arbitration»,
Recueil des cours, tome 145, 1975-11, pp. 205-296.
Sarojini, K. P., «Arbitration of Trade Controversies between Governments
and Foreign Firms », IJIL, 1960-1961, pp. 443-472.
Schlesinger, R. B., et H.-J. Gündisch, «Allgemeine Rechtsgrundsätze als
Sachnormen im Schiedsgerichtsverfahren», Rabeis Zeitschrift für auslän-
disches und internationales Privatrecht, 1964, pp. 4-46.
Schlochauer, H.-J., «Die Verfahrensordnung des Ständigen Schiedshofes für
Streitigkeiten zwischen einem Staat und einer nichtstaatlichen Partei»,
Arch. VR, vol. 12, 1964-1965, pp. 173-186.
Schmitthoff, C. M., «The Claim of Sovereign Immunity in the Law of Inter-
national Trade », ICLQ, 1958, pp. 452-467.
Schwebel, S. M., «The Aising Case»,ICLQ, 1959, pp. 320-345.
Seidl-Hohenveldern, I., Investitionen in Entwicklungsländern und das Völker-
recht, Cologne-Berlin-Bonn-Munich, 1963. — «The Theory of Quasi-
International and Partly International Agreements», Revue belge de droit
international, 1975, pp. 567-570. — «Schiedsspruch über Nationalisierung
von Erdölkonzessionen der Texaco und der Calasiatic durch Libyen y>,Recht
der internationalen Wirtschaft, 1977, pp. 502-504.
Sereni, A. P., «International Economic Institutions and the Municipal Law of
States », Recueil des cours, tome 96, 1959-1, pp. 133-239.
Shawcross, H. W., « The Problems of Foreign Investment in International Law »,
Recueil des cours, tome 102, 1961-1, pp. 339-363.
Siorat, L., « Les limitations apportées à la souveraineté des Etats par la Conven-
tion pour le règlement des différends relatifs aux investissements privés
internationaux», Investissements étrangers, pp. 59-103.
Spofford, Ch. M., «Third Party Judgement and International Economic
Transactions », Recueil des cours, tome 113, 1964-III, pp. 121-236.
Stern, B., «Trois arbitrages, un même problème, trois solutions», Revue de
l'arbitrage, 1980, pp. 3-43.
Suratgar, D., «Considerations Affecting Choice of Law Clauses in Contracts
between Governments and Foreign Nationals»,IJIL, 1962, pp. 273-317. —
«The Sapphire Arbitration Award, the Procedural Aspects : a Report and a
Critique», Columbia Journal of Transnational Law, vol. 3, no 2, pp. 152-
209.
Sutherland, P. F., «The World Bank Convention on the Settlement of Invest-
ment Disputes»,ICLQ, 1979, pp. 367-400.
Varma, A., «Petroleum Concessions International Arbitration: Texaco Over-
seas Petroleum Company v. Libyan Arab Republic», Columbia Journal of
Transnational Law, vol. 18, 1979-1980, pp. 259-288.
Vedel, G., «Le problème de l'arbitrage entre gouvernements ou personnes de
droit public et personnes de droit privé», Revue de l'arbitrage, 1961,
pp. 116-130.
Verdross, A., « Die Sicherung von ausländischen Privatrechten aus Abkommen
zur wirtschaftlichen Entwicklung mit Schiedsklauseln», ZaöRV, 1957-
1958, pp. 635-651. — «The Status of Foreign Private Interests Sternming
from Economic Development Agreements with Arbitration Clauses »,OZöR,
1958-1959, pp. 449-462. - «Protection of Private Property under Quasi-
La personnalité juridique internationale 299

International Agreements», Varia juris gentium. Liber amicorum aange-


boden aan Jean Pierre Adrien François, pp. 355-362, Leyde, 1959. —
«Zwei schweizer Schiedssprüche über quasi-völkerrechtliche Verträge»,
Schw. JiR, 1964, pp. 15-24. — «Quasi-International Agreements and
International Economic Transactions», The Year Book of World Affairs,
1964, pp. 230-247. — «Gibt es Verträge, die weder dem innerstaatlichen
Recht noch dem Völkerrecht unterliegen?»,ZfRV, 1965, pp. 129-134.
Verhoeven, J., «Droit international des contrats et droit des gens»,Äev«e
beige de droit international, 1978-1979, pp. 209-229.
Wadmond, L. C, «The Sanctity of Contract between a Sovereign and a Foreign
National », Selected Readings, pp. 139-174.
Wall, E. H., «The Iranian-Italian Oil Agreement of 1957», ICLQ, 1958,
pp. 736-752.
Weil, P., « Problèmes relatifs aux contrats passés entre un Etat et un particulier »,
Recueil des cours, tome 128, 1969-III, pp. 101-240. — «Les clauses de
stabilisation ou d'intangibilité insérées dans les accords de développement
économique», Mélanges offerts à Charles Rousseau, Paris, 1974, pp. 301-
328. — «Droit international et contrats d'Etat», Mélanges offerts à Paul
Reuter, Paris, 1981, pp. 549-582.
Wengler, W., «Agreements of States with Other Parties than States in Interna-
tional Relations», Revue hellénique de droit international, 1955, pp. 113-
130. - Bemerkungen zu den Verträgen nichtstaatlicher Verbände und ihrer
Organe mit Staaten und Staatsorganen », Scrii ti di diritto internazionale in
onore di Tomaso Perassi, t. Il, pp. 421-446, Milan, 1957. — «Agreements
of States with other Parties than States in International Relations »,^4ktuelle
Probleme des internationalen Rechts, t. I, pp. 149-164, Berlin, 1957. -
«Les accords entre Etats et entreprises étrangères sont-ils des traités de
droit international?» RGDIP, 1972, pp. 313-345. — «Neue Aspekte in der
Problematik der Verträge zwischen Staat und ausländischen Privatperso-
nen », Estudios de derecho internacional (Homenaje al profesor Miaja de la
Muela), Madrid, 1979, t. II, pp. 1013-1023.
Wetter, J. G., The International Arbitral Process, cinq volumes, Dobbs Ferry,
NY, 1979.
Wetter, J. G., et S. M. Schwebel, «Some Little-known Cases on Concessions»,
BYB, 1964, pp. 183-232.
White, R. C. A., «Expropriation of the Libyan Oil Concessions — Two Con-
flicting International Arbitrations»,ICLQ, 1981, pp. 1-19.
Zweigert, K., «Verträge zwischen staatlichen und nichtstaatlichen Partnern»,
Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht (Verhandlung der
8.Tagung), Heft 5, pp. 194-214, Karlsruhe, 1964.

IV. Les organisations internationales


Abi-Saab, G., «The Concept of International Organization: a Synthesis»,dans
The Concept of International Organization, Paris, 1981, pp. 9-24.
Adam, H. T., Les organismes internationaux spécialisés, quatre volumes, Paris,
1965-1977.
Akehurst, M. B., The Law Governing Employment in International Organiza-
tions, Cambridge, 1967.
Balladore Pallieri, G., «La personalità delle organizzazioni internazionalit,Di-
ritto internazionale, 1960, Parte I, pp. 230-255. - «Le droit interne des or-
ganisations internationales », Recueil des cours, tome 127,1969-11, pp. 1-37.
Bernhardt, R., «Qualifikation und Anwendungsbereich des internen Rechts
internationaler Organisationen», Berichte der deutschen Gesellschaft für
Völkerrecht, Heft 12, Karlsruhe, 1973, pp. 7-42.
Bindschedler, R. L., «Internationale Organisation (Grundfragen)», WVR, t. II,
pp. 70-89.
300 Julio A. Barberis

Bleckmann, A., «Zur Verbindlichkeit des allgemeinen Völkerrechts für inter-


nationale Organisationeni>,ZaöRV, 1977, pp. 107-121.
Bothe, M., Streitkräfte internationaler Organisationen, Cologne-Berlin, 1968.
Bowett, D. W., The Law of International Institutions, 4 e éd., Londres, 1982.
Cahier, Ph., Etude des accords de siège conclus entre les organisations interna-
tionales et les Etats où elles résident, Milan, 1959. — «Le droit interne des
organisations internationalesy>,RGDIP, 1963, pp. 563-602.
Carroz, J., et Y. Probst, Personnalité juridique internationale et capacité
de conclure des traités de l'ONU et des institutions spécialisées, Paris,
1953.
Castañeda, J., «Une nouvelle méthode pour la création d'organismes interna-
tionaux. Le cas récent de l'UIOOT»,yl.F.D/, 1970, pp. 625-632.
Chiù, H., The Capacity of International Organizations to Conclude Treaties,
and the Special Legal Aspects of the Treaties so Concluded, La Haye, 1966.
Costanza, C. E., Il diritto di legazione delle organizzazioni internazionali,
Palerme, 1973.
Dehousse, J.-M., Les organisations internationales. Essaid'une théorie générale,
Liège, 1968.
Dotation Carnegie pour la paix internationale, Les missions permanentes
auprès des organisations internationales, quatre volumes, Bruxelles, 1971-
1976.
Dupuy, R.-J., «Le droit des relations entre les organisations internationales»,
Recueil des cours, tome 100, 1960-11, pp. 457-589.
El-Erian, A., «La Conférence et la Convention sur la représentation des Etats
dans leurs relations avec les organisations internationales», AFDI, 1975,
pp. 445-470,
Focsaneanu, L., «Le droit interne de l'Organisation des Nations Unies»,
AFDI, 1957, pp. 315-349.
Haas, M., International Organization -An Interdisciplinary Bibliography,
Stanford (Californie), 1971.
Jenks, C. W., «The Legal Personality of International Organizations», BYB,
1945, pp. 267-275. - The Proper Law of International Organisations,
Dobbs Ferry, NY, 1962.
Karunatilleke, K., «Essai d'une classification des accords conclus par les orga-
nisations internationales, entre elles ou avec des Etats», RGDIP, 1971,
pp. 12-91.
Kovar, R., «La participation des territoires non autonomes aux organisations
internationales»,AFDI, 1969, pp. 522-549.
Lang, W., « Das Wiener Übereinkommen über die Vertretung von Staaten in
ihren Beziehungen zu internationalen Organisationen universellen Charak-
ters y>,ZaöRV, 1977, pp. 43-86.
Lauterpacht, E,, «The Development of the Law of International Organization
by the Decisions of International Tribunals », Recueil des cours, tome 152,
1976-IV, pp. 377-478.
Lavieille, J.-M., «Les typologies des organisations internationales », Revue de
droit international, de sciences diplomatiques et politiques, 1979, pp. 278-
290.
Medina, M., Las organizaciones internacionales, Madrid, 1976.
Meron, T., «Status and Independence of the International Civil Servant»,
Recueil des cours, tome 167, 1980-11, pp. 285-384.
Miehsler, H., «Qualifikation und Anwendungsbereich des internen Rechts
internationaler Organisationen», Berichte der deutschen Gesellschaft für
Völkerrecht, Heft 12, Karlsruhe, 1973, pp. 47-81.
Monaco, R., «Les principes régissant la structure et le fonctionnement des
organisations internationales», Recueil des cours, tome 156, 1977-III,
pp. 79-225. — Scritti di diritto delle organizzazioni internazionali, Milan,
1981.
La personnalité juridique internationale 301

Mosler, H., «Remarques sur la superposition du droit des organisations inter-


nationales au droit des gens interétatique», Estudios de derecho inter-
nacional (Homenaje al profesor Miaja de la Muela), Madrid, 1979, t. I,
pp. 429-439.
Othman, H. M., «Multilateral Treaties between States to which International
Organisations Are also Parties», East African Law Journal, 1970, pp. 279-
297.
Peaslee, A. J., International Governmental Organizations - Constitutional
Documents, 3 e éd., La Haye, 1974-1976.
Ress, G., « Die Bedeutung der Rechtsvergleichung für das Recht internationaler
Organisationeny>,ZaöRV, 1976, pp. 771-219.
Reuter, P., «Le droit des traités et les accords internationaux conclus par les
organisations internationales», Miscellanea W. J. Ganshof van der Meersen,
Bruxelles-Paris, 1972, t. I, pp. 195-215. — «L'ordre juridique international
et les traités des organisations internationales», Völkerrecht als Rechts-
ordnung •- Internationale Gerichtsbarkeit - Menschenrechte (Festschrift
für H. Mosler), Berlin-Heidelberg-New York, 1983, pp. 745-757.
Reuter, P., et J. Combacau,Institutions et relations internationales, Paris, 1980.
Schermers, H. G., International Institutional Law, 2e éd., Alphen aan den
Rijn-Rockville, Maryl., 1980. — «International Organizations as Members
of Other International Organizations», Völkerrecht als Rechtsordnung -
Internationale Gerichtsbarkeit - Menschenrechte (Festschrift für H. Mos-
ler), Berlin-Heidelberg-New York, 1983, pp. 823-837.
Seidl-Hohenverldern, I., Das Recht der internationalen Organisationen ein-
schliesslich der supranationalen Gemeinschaften, 3e éd., Cologne-Berlin-
Bonn-Munich, 1979.
Seyersted, F., Objective International Personality ofIntergovernmental Organ-
izations, Copenhague, 1963. — United Nations Forces in the Law of Peace
and War, Leyde, 1966. - «Applicable Law in Relations between Intergov-
ernmental Organizations and Private Parties », Recueil des cours, tome 122,
1967-III, pp. 427-616.
Virally, M., «La notion de fonction dans la théorie de l'organisation interna-
tionale», Mélanges offerts à Charles Rousseau, Paris, 1974, pp. 277-300. -
« Definition and Classification of International Organizations : a Legal Ap-
proach », The Concept of International Organization, Paris, 1981, pp. 50-66.
Zemanek, K., Das Vertragsrecht der internationalen Organisationen, Vienne,
1957.

V. Les mouvements de libération nationale


Abi-Saab, G., «Wars of National Liberation and the Laws of War», Annales
d'études internationales (Genève), 1972, pp. 93-117. - «Les guerres de
libération nationale et la Conférence diplomatique sur le droit humanitaire »,
Annales d'études internationales (Genève), 1977, pp. 63-78. - «Wars of
National Liberation and the Development of Humanitarian Law», Declara-
tions on Principles (Liber Amicorum Discipulorumque Prof. Dr. Bert
V. A. Röling), Leyde, 1977, pp. 143-170. - «Wars of National Liberation
in the Geneva Conventions and Protocols», Recueil des cours, tome 165,
179-IV, pp. 353-445.
Baxter, R. R., «The Geneva Conventions of 1949 and Wars of National
Liberation i>, Rivista, 1974, pp. 193-203.
Bedjaoui, M., La révolution algérienne et le droit, Bruxelles, 1961.
Belkherroubi, A., « Essai sur une théorie juridique des mouvements de libération
nationale », Revue égyptienne de droit international, 1972, pp. 20-43.
Benedek, W., «Die Anerkennung der PLO durch Österreich», ZaöRV, 1980,
pp. 841-857.
Blishchenko, I. P., «The National Liberation Movement and International
302 Julio A. Barberis

Humanitarian Law », Revue de droit pénal militaire et de droit de la guerre,


1973, pp. 308-313.
Blishchenko, I., et M. Solntseva, «The Struggle Against Portuguese Colonialism
in the Light of International Law », International Affairs (Moscou), août
1971, pp. 60-65.
Bothe, M., «Völkerrechtliche Aspekte des Angola-Konflikts»,ZaöRV, 1977,
pp. 572-603.
Bretton, Ph., «L'incidence des guerres contemporaines sur la réaffirmation et
le développement du droit international humanitaire applicable dans les
conflits armés internationaux et non internationaux »,ƒ£>ƒ, 1978, pp. 208-
271. — «La Convention du 10 avril 1981 sur l'interdiction ou la limitation
de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées
comme produisant des effets traumatiques ou comme frappant sans discri-
mination y>,AFDI, 1981, pp. 127-145.
Cahin, G., et D. Çarkaçi, «Les guerres de libération nationale et le droit
international», Annuaire du tiers monde, 1976, pp. 32-56.
Charpentier, J., «La reconnaissance du GPRA», AFDI, 1959, pp. 799-816.
Colin, J.-P., et G. Petit, «L'Organisation de libération de la Palestine»,
Annuaire du tiers monde, 1975, pp. 112-148.
Dinstein, Y., «Terrorism and Wars of Liberation Applied to the Arab-Israeli
Conflict: an Israeli Perspective», Israel Yearbook on Human Rights, 1973,
pp. 78-92.
Djordjevic, S., «La lucha de liberación nacional y el derecho internacional»,
Jugoslovenska revija za mejdunarodnp.pravo, 1968, pp. 150-168.
Dugard, C. J. R., «The Organisation of African Unity and Colonialism »,ICLQ,
1967, pp. 157-190.
Dugard, J., «Swapo: The Jus ad Bellum, and the Jus in Bello», The South
African Law Journal, 1976, pp. 144-158.
Espada Ramos, M. L., « Legalidad de las luchas de liberación nacional », Anuario
de estudios sociales y jurídicos (Grenade), 1976, pp. 117-175.
Freuer, G., « Les accords passés par les Gouvernements de Jordanie et du Liban
avec les organisations palestiniennes»,AFDI, 1970, pp. 177-203.
Firmage, E. B., «The "War of National Liberation" and the Third World»,
Law and Civil War in the Modern World (publié sous la direction de J. N.
Moore), Baltimore-Londres, 1974, pp. 304-347.
Fischer, R. A., «Following in Another's Footsteps: The Acquisition of Inter-
national Legal Standing by the Palestine Liberation Organization », Syracuse
Journal of International Law and Commerce, 1975, pp. 221-253.
Flory, M., «Algérie et droit international»,AFDI, 1959, pp. 817-844.
Fujita, H., « La guerre de libération nationale et le droit international humani-
taire », Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques,
1975, pp. 81-142.
Gibson, R., African Liberation Movements, Londres-New York-Toronto,
1972.
Ginsburgs, G., « "Wars of National Liberation" and the Modem Law of Nations
— The Soviet Thesis», Law and Contemporary Problems, vol. XXIX (The
Soviet Impact on International Law), 1964, pp. 910-942.
Ginther, K., « Die völkerrechtliche Stellung nationaler Befreiungsbewegungen
im südlichen Afrika», OZöR, 1981, pp. 131-157. - «Liberation Move-
ments», Encyclopedia of Public International Law, Instalment 3, Amster-
dam-New York-Oxford, 1982, pp. 245-249.
Gorelick, R. E., «Wars of National Liberation : Jus ad Bellum », Case Western
Reserve Journal of International Law, 1979, pp. 71 -93.
Gregory, M.,« Rhodesia: From Lusaka to Lancaster House »,77ie World Today,
1980,pp. 11-18.
Gross, L., «Voting in the Security Council and the PLO», AJIL, 1976,
pp. 470-491.
La personnalité juridique internationale 303

Hasbi, A., Les mouvements de libération nationale et le droit international,


Rabat, 1981.
Iglesias Buigues, J. L., «La prohibición general del recurso a la fuerza y las
resoluciones descolonizadoras de la Asamblea General de las Naciones
Unidas »,#££>ƒ, 1971, pp. 173-206.
Jouve, E., «L'OUA et la libération de l'Afrique», Annuaire du tiers monde,
1975, pp. 149-169.
Kassim, A. F., «The Palestine Liberation Organization's Claim to Status: a
Juridical Analysis under International Law», Denver Journal of Interna-
tional Law and Policy, vol. 9, 1980, pp. 1-33.
Klein, E., «Nationale Befreiungskämpfe und Dekolonisierungspolitik der
Vereinten Nationen: Zu einigen völkerrechtlichen Tendenzen», ZaöRV,
1976,pp.618-653.
Lazarus, C, «Le statut des mouvements de libération nationale à l'Organi-
sation des Nations Unies»,AFDI, 1974, pp. 173-200.
Meneer, G., «Colonialisme et droit international», Revue de droit contem-
porain, 1961, no 1, pp. 48-57.
Meron, Th., «Some Legal Aspects of Arab Terrorists' Claims to Privileged
Combatancy », Acta scandinavica juris gentium, 1970, pp. 47-85. - «The
• Composition of the UN Regional Economic Commissions and the PLO»,
ICLQ, 1979, pp. 52-64.
Meyrowitz, H., «Les guerres de libération et les Conventions de Genève»,
Politique étrangère, 1964, pp. 607-627.
Miaja de la Muela, A., «La descolonización y el derecho de la descolonización
en la Organización de las Naciones Unidas»,REDI, 1971, pp. 207-240.
Musamirapamwe, O. N., «The Evian Agreements on Algeria and the Lancaster
Agreements on Zimbabwe: a Comparative Analysis», Georgia Journal of
International and Comparative Law, 1982, pp. 153-170.
Petit, G., «Les mouvements de libération nationale et le droit i>, Annuaire du
tiers monde, 1976, pp. 57-75.
Prill, N. J., «Die Anerkennung der PLO durch die Vereinten Nationen»,FW,
1976, pp. 208-225.
Quade, Q. L,, «The US and Wars of National Liberation», The Vietnam War
and International Law (publié sous la direction de R. A. Falk), Princeton,
NJ, 1968, vol. I, pp. 102-126.
Röling, B. V. A., «Volkenrechtelijke aspecten van hulp aan bevrijdingsbewe-
gingen », Internationale Spectator, 1973, pp. 717-721.
Ronzitti, N., Le guerre di liberazione nazionale e il diritto internazionale,
Pise, 1974. — «Resort to Force in Wars of National Liberation», Current
Problems of International Law (publié sous la direction de A. Cassese),
Milan, 1975, pp. 319-353. - «Wars of National Liberation - A Legal
Definition», Theltalian Yearbook of International Law, 1975,pp. 192-205.
Salmon, J. J, A., «La conférence diplomatique sur la réaffirmation et le déve-
loppement du droit international humanitaire et les guerres de libération
nationale», Revue belge de droit international, 1976, pp. 27-52; 1977,
pp. 353-378. — «Les guerres de libération nationale», The New Humani-
tarian Law of Armed Conflict (publié sous la direction de A. Cassese),
Naples, 1979, pp. 55-112.
Schwebel, S. M., «Wars of Liberation - as Fought in UN Organs», Law and
Civil War in the Modern World (publié sous la direction de J. N. Moore),
Baltimore-Londres, 1974, pp. 446-457.
Seidl-Hohenveldern, I., «Befreiungskriege und Neutralität », if udì in onore di
Manlio Udina, Milan, 1975, t. I, pp. 645-661.
Silverburg, S. R., « The Palestine Liberation Organization in the United Nations :
Implications for International Law and Relations», Israel Law Review,
1977, pp. 365-392.
Starushenko, G. B., «Abolition of Colonialism and International Law», Con-
304 Julio A. Barberis

temporary International Law (publié sous la direction de G. Tunkin),


Moscou, 1969, pp. 77-96.
Tiewul, S. A., «Relations between the United Nations Organization and the
O AU in the Settlement of Secessionist Conflicts», Harvard International
Law Journal, 1975, pp. 259-302.
Toman, J., «La conception soviétique des guerres de libération», Current
Problems of International Law (publié sous la direction de A. Cassese),
Milan, 1975, pp. 355-375.
Travers, P. J., «The Legal Effect of United Nations Action in Support of the
Palestine Liberation Organization and the National Liberation Movements
of Africa», Harvard International Law Journal, 1976, pp. 561-580.
Uibopuu, H.-J., «Wars of National Liberation t>, Encyclopedia of Public Inter-
national Law, Instalment 4, Amsterdam-New York-Oxford, 1982, pp. 343-
346.
Varela Barraza, H., Los movimientos de liberación en Africa, Mexico, DF,
1975.
Verwey, W. D., «Decolonization and lus ad Bellum: a Case Study on the
Impact of the United Nations General Assembly on International Law»,
Declarations on Principles (Liber Amicorum Discipulorumque Prof. Dr.
Bert V. A. Röling), Leyde, 1977, pp. 121-140. - «The International
Hostages Convention and National Liberation Movements», AJIL, 1981,
pp. 69-92.
Veuthey, M., «Guerres de libération et droit humanitaire», Revue des droits
de l'homme, 1974, pp. 99-107.
Virally, M., «Droit international et décolonisation devant les Nations Unies»,
AFDI, 1963, pp. 508-541.
Vuckovic, V. J., «L'influence des guerres de libération des peuples yougos-
laves sur l'évolution du droit international public s>, Jugoslovenska revija za
v mejdunarodno pravo, 1956, pp. 173-181.
Zourek, J., « La lutte d'un peuple en vue de faire prévaloir son droit à l'auto-
détermination constitue-t-elle au regard du droit international un conflit
interne ou un conflit de caractère international? », Studi in onore diManlio
Udina, Milan, 1975, t. I, pp. 895-919.

Vous aimerez peut-être aussi